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Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Rapport 2010 sur les progrès en Afrique
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
A PROPOS DE L’AFRICA PROGRESS PANEL L’Africa Progress Panel rassemble, sous la présidence de Kofi Annan, un groupe unique de personnalités dont le rôle est d’évaluer et de promouvoir la notion du partage des responsabilités pour le progrès en Afrique dans trois domaines-clés d’action : la gouvernance politique et économique, le financement pour le développement (y compris l’aide publique au développement) et la réalisation des OMD notamment dans le perspective du changement climatique. L’Africa Progress Panel mesure les progrès effectués en Afrique et attire l’attention sur les obstacles et opportunités présentes sur le continent.
SECRéTARIAT Michael Keating, Directeur exécutif
Le présent rapport peut être reproduit librement, en partie ou dans sa totalité, à condition d’en mentionner la source.
Violaine Beix Sandra Engelbrecht Benedikt Franke
Africa Progress Panel 9-11 rue de Varembé 1202 Genève www.africaprogresspanel.org
Dawda Jobarteh Temitayo Omotola Carolina Rodriguez
REmERCIEmENTS L’Africa Progress Panel tient à remercier de leurs précieuses contributions Dr. Olusoji Adeyi (le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme), M. Hubert Escaith et M. Andreas Maurer (OMC), Pr. Franklyn Lisk (Université de Warwick), Dr. Carlos Lopes (UNITAR) , Mme Kate Norgrove (WaterAid International), M. Paatii Ofosu-Amaah (Banque africaine de développement), Dr. Patrick Osakwe (CNUCED), Mme Judith Randal (Development Initiatives), M. Guido Schmidt-Traub (South Pole Carbon Asset Management), ainsi que Mme Alyson Warhurst et M. Jason McGeown (Maplecroft Maps). Nous tenons également à remercier le Département du développement international du Gouvernement britannique, les gouvernements allemand et néerlandais et la Fondation Bill & Melinda Gates.
Le présent rapport a été imprimé sur du papier Cyclus Print mat couché composé à 100% de papier recyclé. Le processus d’impression est respectueux de l’environnement. Design de la couverture, infographiques et design du rapport : Violaine Beix, Thad Mermer, Carolina Rodriguez et Blossom Communications. Correctrice : Nina Behrman. Imprimé par l’Imprimerie Lenzi, Genève, Suisse.
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TABLE DES mATIÈRES PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOmmANDATIONS AVANT-PROPOS INTRODUCTION PARTIE I : CINQ ANNéES PROmETTEUSES Croissance économique Les tendances économiques avant la crise Effets de la crise économique mondiale Réponses à la crise Premiers Signes de Reprise Gouvernance La gouvernance au niveau national Gouvernance régionale Gouvernance mondiale Développement social Atténuation de la pauvreté Éducation Égalité des sexes et émancipation des femmes Santé publique Eau et assainissement Impact de la crise économique mondiale sur le développement social Paix et sécurité Sécurité alimentaire et nutritionnelle Changement climatique L’impact du changement climatique Aspects politiques du changement climatique Financement et coopération pour le développement Les partenaires traditionnels Les nouveaux partenaires Philanthropie et dons privés Allégement de la dette L’efficacité de l’aide PARTIE II : RéALISER LE POTENTIEL DE L’AFRIQUE Pour une meilleure gestion des relations et des avoirs Pour des partenariats mutuellement bénéfiques Pour la valorisation des ressources naturelles au profit des Africains Exploiter les tendances et les événements opportuns Protéger le développement et la croissance économique des effets du changement climatique Accélérer l’intégration régionale Valoriser le potentiel des technologies de l’information et de la communication La contrainte démographique émanciper les femmes africaines Rendre le système international plus équitable Améliorer la cohérence des politiques de développement Honorer les engagements pris s’agissant des ressources et de l’aide Les besoins de financement de l’Afrique L’avenir de l’aide au développement CONCLUSION LISTE DES ABRéVIATIONS NOTES
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS Croissance économique durable et réduction de la pauvreté Il faut exploiter les vastes ressources de l’Afrique pour le bien de sa population L’Afrique est riche en terres et en ressources naturelles, dont la valeur augmente. Les découvertes de pétrole et de gaz et d’autres ressources précieuses se poursuivent et elles rendent d’autant plus importante une gestion transparente et efficace. Les recettes ainsi dégagées doivent être appliquées à un développement durable et équitable. Nous engageons les dirigeants des pays qui ont la chance d’être dotés de vastes ressources naturelles à honorer les engagements pris (UNCAC et EITI).
Les femmes africaines doivent avoir plus largement accès aux ressources L’accès des femmes aux ressources et le contrôle et la possession de ces ressources et des revenus qui en découlent, s’il s’agit de la terre, des ressources naturelles ou productives, demeurent insuffisants en Afrique. L’investissement consacré aux femmes et ceux réalisés par des femmes sont donc insuffisants et cela retarde ou compromet le progrès. Nous engageons les dirigeants africains à appliquer les plans d’amélioration de l’accès des femmes aux ressources et aux revenus qu’elles produisent.
Les pays africains doivent se doter de leur propre stratégie de développement à l’épreuve du climat Le changement climatique alourdit le coût de la réalisation des OMD – dans la production vivrière, la santé publique, l’adduction d’eau, l’énergie, l’équipement et d’autres secteurs – et il aura des effets disproportionnés sur les femmes et les pauvres. La question du changement climatique ne peut être traitée isolément. Des efforts tels que ClimDev doivent être accélérés par les organisations africaines et internationales telles que la BAfD, les Nations Unies et la Banque mondiale, à l’appui de stratégies de développement à l’épreuve du climat et de réduction de la pauvreté, et pour préparer des programmes directement finançables, créateurs d’emploi, sobres en carbone, et créateurs d’infrastructures.
Il faut mettre les femmes au centre des stratégies de développement à l’épreuve du climat Le changement climatique frappe plus les femmes que les hommes, car ce sont elles qui le plus souvent vont chercher l’eau, trouvent des ressources énergétiques et assurent la sécurité alimentaire; des contraintes résultent des fonctions traditionnelles qui leur sont attribuées, elles n’ont pas suffisamment accès aux ressources et sont peu mobiles, et tout cela fait qu’elles sont les plus touchées par le changement climatique. En même temps, elles ont su mobiliser leur groupe local pour réagir au changement climatique et prévenir les catastrophes naturelles. Les gouvernements et autres acteurs doivent veiller à ce que les initiatives prises au sujet du changement climatique tiennent compte de l’expérience, des connaissances et des capacités de survie des femmes.
L’investissement consacré à l’agriculture et aux biens collectifs ruraux doit augmenter Plus de 70 % des Africains vivent de l’agriculture et pourtant ce secteur ne réalise pas son potentiel dans l’atténuation de la pauvreté et la croissance économique, et ne garantit pas à tous une alimentation suffisante et équilibrée. La faim et la malnutrition chronique sont répandues et l’accélération du changement climatique ne laisse pas de réduire encore la productivité. Nous engageons les dirigeants africains, leurs partenaires internationaux et le secteur privé à appliquer le Programme commun de développement de l’agriculture en Afrique et à réaliser en priorité des investissements dans l’agriculture, notamment pour élargir l’accès aux marchés.
L’émancipation des femmes est la condition de l’augmentation de la productivité agricole En Afrique subsaharienne ce sont les femmes qui produisent 80 % des denrées alimentaires de base pour l’autoconsommation ou la vente. Étant donné leur rôle essentiel dans l’agriculture, l’amélioration de leur situation, en particulier un meilleur accès aux avoirs productifs et à la propriété, ferait progresser le secteur et l’ensemble de l’économie. Nous engageons les dirigeants africains à faciliter en priorité l’accès des femmes rurales à la terre, aux droits de propriété, à l’information, au crédit et à l’aide financière, et aux services d’assurance et de vulgarisation.
Il faut faire connaître et étendre les modèles d’engagement du secteur privé On sait de mieux en mieux comment le secteur privé peut travailler avec les autorités, les acteurs de développement et les collectivités locales pour stimuler l’entreprise, créer des emplois, des échanges et des investissements dans la production de biens et services collectifs. Les enseignements dégagés et les perspectives qui s’offrent doivent être valorisés par le réseau d’organisations africaines et internationales telles que : Business Call to Action, Corporate Council on Africa, et Frontier 100, qui encouragent un engagement des entreprises dans le développement; ces modèles doivent être utilisés pour stimuler et accélérer les partenariats public-privé.
Les dirigeants africains doivent tirer parti de l’esprit d’entreprise des femmes Les femmes chefs d’entreprise jouent un rôle de plus en plus important dans beaucoup de pays africains, dans l’économie formelle et informelle, malgré les nombreuses contraintes avec lesquelles elles sont aux prises. Nous engageons les dirigeants africains à appliquer les recommandations du Sommet économique des femmes africaines et à créer un environnement réglementaire propice à l’inclusion et la protection des femmes dans l’économie formelle. Les chefs d’entreprise peuvent faire plus pour tirer parti des qualifications et de l’énergie des femmes africaines en éliminant les stéréotypes concernant l’emploi, la promotion, les pratiques de rémunération, et en accroissant la part des femmes dans les effectifs de direction, tout en facilitant le développement de leurs compétences.
Les dirigeants africains doivent stimuler la connectivité et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) Malgré des progrès notables, l’Afrique demeure en retard dans la production de matériel informatique et dans l’utilisation des TIC (télématique) dans la gestion, l’entreprise, le développement, les réseaux sociaux et la responsabilisation. Mais ce “déficit de connectivité” de l’Afrique offre également des perspectives de sauter les étapes coûteuses des technologies dépassées et d’appliquer les enseignements recueillis ailleurs. Nous engageons les dirigeants africains, dans le secteur public et le secteur privé, à créer des partenariats pratiques sur des plans de connexion informatique du continent africain, notamment dans les écoles, les centres de soins, les exploitations agricoles, les autorités locales et les médias.
L’accès des femmes à l’informatique, clef de l’économie de la connaissance En raison d’obstacles culturels et comme elles sont moins alphabétisées que les hommes, les femmes ont moins accès qu’eux à la télématique. Améliorer leur participation à l’économie de l’information comporterait tout un ensemble d’avantages, comme une plus grande compétitivité des secteurs technologiques et une meilleure qualification de la main-d’œuvre. Cela facilitera aussi le développement d’une économie de l’information et aidera les plus pauvres, les plus marginalisés, en particulier les femmes et les filles, à exercer leurs droits fondamentaux. Nous engageons les chefs d’entreprise et leurs autorités de tutelle à suivre, encourager et faire connaître l’accès des femmes aux technologies de l’information et de la communication.
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Progrès social Un effort massif pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est urgent L’investissement consacré à l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire est à la base de la croissance économique et de la sécurité humaine. Les progrès dans la réalisation des OMD au cours des cinq prochaines années donneraient d’énormes dividendes sociaux et économiques, permettraient aux collectivités locales et aux pays de devenir plus autonomes. Les dix années écoulées ont vu d’importants progrès dans la réalisation des cibles liées aux OMD, notamment dans les pays les plus pauvres et les plus instables. Ces succès doivent être amplifiés et reproduits, en s’inspirant des interventions éprouvées, en mettant en valeur le potentiel notateur de l’émancipation des femmes, de l’accès à l’informatique et de nouveaux partenariats – avec les autres pays du Sud et avec le secteur privé. La réunion au sommet prévue en septembre 2010 pour examiner les OMD est l’occasion idéale de mobiliser un soutien renouvelé.
Les femmes doivent pouvoir se prononcer sur la planification du développement Les femmes africaines ne sont toujours pas assez engagées et consultées dans la conception, la gestion et l’évaluation des initiatives et des programmes qui les concernent pourtant directement. Cela est particulièrement fâcheux pour la réalisation d’objectifs sexospécifiques tels que la santé maternelle et infantile et l’éducation, qui sont à la base de la réalisation des OMD. Les décisions des pouvoirs publics, des entreprises et de la société civile en faveur de la participation des femmes à tous les niveaux et pour collecter et ventiler des données par sexe sont indispensables. Cela contribuera à la réalisation des OMD et aidera les femmes à mieux connaître et exercer leurs droits fondamentaux.
L’éducation est le fondement du progrès Les faits montrent l’importance essentielle de l’éducation comme moteur de progrès social, économique et politique. L’accès à l’enseignement primaire a considérablement progressé, mais de graves lacunes demeurent dans l’enseignement secondaire et supérieur, et les taux d’achèvement d’études sont insuffisants dans l’ensemble. Le problème est de pouvoir financer des plans nationaux assez détaillés. Nous encourageons instamment des dirigeants politiques et autres africains et leurs partenaires internationaux à n’épargner aucun effort pour mobiliser des ressources, notamment par l’Initiative de réalisation rapide de l’Éducation pour tous.
L’autonomisation des femmes africaines L’éducation des filles a un impact positif direct sur leur état de santé, leurs perspectives sociales et leurs possibilités d’emploi ainsi que sur leur famille, leurs communautés et l’économie en général. L’éducation les aide et les dispose à exercer leurs droits et à participer aux décisions. Il y a pourtant à tous les niveaux d’éducation de fortes disparités entre les sexes. Cela vise les femmes et retarde le développement économique de l’Afrique et la réalisation des OMD. Les hommes politiques, les médias et la société civile doivent suivre avec soin et faire largement connaître les lois prescrivant l’égalité entre les sexes, les politiques suivies dans ce sens et les objectifs éducatifs.
Les stratégies de croissance économique doivent réduire la pauvreté et l’inégalité Bien que l’on manque de données factuelles et de statistiques fiables, il est manifeste que les inégalités, dans les pays africains, augmentent et que les bienfaits de la croissance sont très inégalement partagés. Cela est à la fois injuste et potentiellement dangereux. Il lest essentiel de réduire la pauvreté et l’inégalité pour que le progrès et la stabilité soient durables; nous engageons les dirigeants africains à utiliser leur arsenal de mesures budgétaires et sociales pour produire en priorité des biens et services collectifs profitant à tous et créant des perspectives nouvelles pour toute la population.
La discrimination entre les sexes est un obstacle majeur au développement Les sociétés qui instituent une discrimination sur la base du sexe en paient le prix, sous la forme d’une plus grande pauvreté, d’une croissance économique plus lente, d’une gouvernance plus précaire et de moindres niveaux de vie. La féminisation croissante de la pauvreté et les inégalités persistantes des chances socioéconomiques et éducatives entre les femmes et l’homme doivent d’urgence être éliminées. Les stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté doivent être conçues, appliquées et suivies en fonction de normes et d’objectifs précis en matière d’égalité des sexes et dotées de ressources adéquates pour assurer le suivi, l’évaluation et la publication des progrès, notamment parmi la classe politique et dans les médias.
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Exercice du pouvoir politique et gouvernance Il ne faut plus se contenter de formuler des programmes d’action, il faut les appliquer Au cours des dix dernières années, l’Afrique et ses partenaires internationaux ont adopté des agendas, des plans et des programmes d’action judicieux, souvent visionnaires – au sujet par exemple de la gouvernance, de l’intégration régionale, de l’investissement agricole, de la santé publique et de l’éducation. Nous engageons les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux à accélérer l’application de ces plans en s’en tenant à des calendriers précis convenus.
Il faut en priorité appliquer les mesures d’émancipation des femmes Les politiques et la législation ont été améliorées, mais cela ne se traduit pas encore en progrès suffisants sur le front de l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes. La fragilité des capacités institutionnelles et la part insuffisante des ressources consacrées à ce problème compromettent l’efficacité des lois existantes. Nous engageons les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux à revoir et augmenter le niveau des ressources consacrées à l’application des politiques et des plans visant l’émancipation des femmes et l’exercice de leurs droits.
La bonne gouvernance et le respect de l’obligation comptable détermineront l’avenir de l’Afrique La qualité de la gouvernance est un facteur décisif de la stabilité politique et sociale, de la croissance économique équitable et de la réduction de la pauvreté. Des systèmes de responsabilisation financière et politique sont essentiels pour que ceux qui seront au pouvoir respectent l’obligation de rendre des comptes aux citoyens et de veiller à ce que les recettes publiques soient utilisées dans l’intérêt général. Le droit de la société civile, et notamment des médias et des associations, de jouer un rôle de contrôle doit être légalement protégé. Nous engageons les dirigeants africains à tenir les promesses consignées dans l’Acte constitutif de l’Union africaine et autres conventions d’importance essentielle concernant la gouvernance et la transparence, notamment en coopérant avec le Mécanisme africain d’examen par les pairs du NEPAD et en appliquant ces recommandations.
Les femmes et la responsabilisation Les femmes contribuent aux discussions sur le choix des politiques et l’utilisation des ressources. Participant activement à la vie de leurs familles et de leurs collectivités locales, elles ont beaucoup à gagner à une utilisation équitable et sage des ressources. Elles sont généralement plus efficaces que les hommes dans la gestion du budget du ménage, la tenue des prêts et de l’épargne, si on leur laisse cette possibilité. Elles sont également très efficaces comme dirigeantes dans le secteur public et le secteur privé, apportant souvent des perspectives nouvelles différentes de celles des hommes. Nous engageons les autorités, les entreprises et les organisations de la société civile à adopter et appliquer des stratégies élargissant le rôle des femmes et, le cas échéant, améliorant les possibilités de formation et de recrutement, notamment dans les postes les plus élevés.
L’Afrique doit exprimer plus nettement son opinion dans la création de l’architecture internationale Alors que le continent africain compte plus d’un quart des pays du monde et un milliard d’hommes et qu’il est affecté profondément par la dynamique mondiale, l’Afrique demeure sous-représentée dans beaucoup de processus internationaux formels et informels, notamment dans les nouvelles enceintes qui apparaissent au Sud. Quand elle est adéquatement représentée, l’Afrique manque souvent de capacités et de négociations et n’a pas de position coordonnée. Nous engageons les dirigeants africains à donner de la voix dans l’étude des réformes des structures mondiales de gouvernance et à s’attacher à les rendre mieux représentatives, plus utiles et plus efficaces. Les capacités de négociation doivent être renforcées autour de positions concertées, notamment au sujet du changement climatique, du commerce et de la réalisation des OMD.
Les femmes africaines doivent être adéquatement représentées sur la scène internationale Si bien souvent l’Afrique est sous-représentée dans les processus internationaux formels et informels, les femmes africaines le sont encore plus. Elles doivent être correctement représentées à tous les niveaux de la vie politique, notamment dans les enceintes internationales. Une meilleure représentation des femmes permet de valoriser des synergies, de réduire l’apathie et de veiller à ce que les besoins des groupes vulnérables soient prioritaires. Nous engageons les dirigeants africains à assurer en priorité une représentation égale des femmes dans toutes les administrations et dans la fonction publique, à l’échelle intérieure et internationale, dans les équipes de négociation et dans les missions et délégations régionales et mondiales.
Il faut accélérer l’intégration régionale Les dix dernières années ont vu un approfondissement exceptionnel de la coopération régionale, notamment sur le commerce, la paix et la sécurité, l’énergie et l’équipement. Nous engageons les dirigeants africains à accélérer cette tendance positive, notamment en appliquant le Plan d’action africain du NEPAD, pour éliminer les obstacles au développement que crée la fragmentation politique du continent et à tirer parti des économies d’échelle et à améliorer la compétitivité de l’Afrique dans l’économie mondiale.
Une solidarité régionale des femmes serait précieuse La féminisation des institutions introduit un changement radical dans la façon dont les questions de la condition féminine et d’autres questions voisines sont traitées. Des réseaux transfrontières de femmes apportent des idées nouvelles et une volonté de résultats pratiques à tous les aspects de la coopération économique, politique et sociale. Nous demandons que l’on accroisse la participation des femmes et leur présence dans les réseaux et institutions de coopération régionale. La coopération régionale peut en effet contribuer aux efforts nationaux d’émancipation et de protection des femmes et de défense de leurs droits fondamentaux.
Les efforts communs pour améliorer la sécurité doivent être renforcés et adaptés Comme le montre l’application progressive de l’architecture africaine pour la paix et la sécurité, les États africains et les organisations régionales ont beaucoup progressé dans l’institutionnalisation des efforts de lutte contre le fléau de la guerre, et notamment l’injustice et l’impunité. Cependant, l’une et l’autre demeurent répandues et de nouvelles formes d’insécurité, notamment des formes atomisées et fluides de violence transfrontière, l’extension progressive de zones que l’État ne gouverne plus, et la montée de la criminalité organisée et de toutes sortes de trafic aggravent les souffrances de millions d’Africains. Nous engageons les dirigeants africains à renforcer leur coopération les uns avec les autres et avec la communauté internationale pour éliminer les nouvelles formes d’insécurité et fortifier les mécanismes de sécurité existants pour tenir compte de l’évolution de la situation.
La protection des femmes doit figurer en bonne place dans les dispositifs de sécurité Les conflits entraînent des souffrances pour toutes les personnes concernées. Mais les femmes sont particulièrement vulnérables aux conséquences et à court et à long terme des conflits et sont le plus touchées. Les violences sexuelles et les incidences sexistes tendent à augmenter durant les conflits en raison des perturbations sociales et de la mobilité accrue, du bouleversement des mécanismes traditionnels de protection sociale, d’une modification des rôles des deux sexes et de l’extension de la vulnérabilité. Les gouvernements et les organisations internationales doivent adopter le principe d’une tolérance zéro à l’égard de la violence sexuelle et des autres formes de violence sexiste t prêter plus largement attention, en augmentant les ressources, au problème de la lutte contre la violence sexuelle. Ils doivent chercher à éliminer les violations des droits des femmes et des filles et des crimes à caractère sexuel, qui doivent être considérés comme relevant de la justice pénale.
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Partenariats Les dirigeants africains doivent exiger que les engagements souscrits soient honorés La crise économique mondiale risque de mettre à mal le consensus international, durement acquis, sur le développement, beaucoup de pays se repliant sur soi et les engagements souscrits étant différés ou même abandonnés. Les dirigeants africains doivent de leur côté honorer les engagements qu’ils ont pris en matière de bonne gouvernance et d’investissement dans les biens et services collectifs et, sur cette base, renforcer la justification internationale d’un partage des responsabilités et d’une responsabilisation mutuelle pour les progrès économiques et sociaux en Afrique. Le succès profitera non seulement à l’Afrique mais aussi au reste du monde. Nous recommandons d’accélérer et de coordonner les efforts en cours, en Afrique et ailleurs, pour suivre les progrès, encourager la transparence et améliorer la circulation de l’information, notamment par la création d’un Indice de responsabilisation mutuelle, en tant que ressource et d’instrument d’intérêt général.
Les engagements pris en faveur de l’Afrique le sont aussi en faveur des femmes africaines Les femmes auraient le plus à perdre à une situation où les engagements en matière de gouvernance et de développement pris par les 52 chefs d’État africains (presque tous des hommes) et par leurs homologues internationaux ne seraient pas honorés. L’information sur les femmes en général et les statistiques ventilées par sexe en particulier sont très déficientes. Sans de telles données, la connaissance de la condition et du sort quotidien des femmes est très insuffisante et les politiques suivies inadéquates. Le suivi de l’émancipation et du bien-être des femmes est une responsabilité commune, mais une plus grande participation des femmes au gouvernement augmentera l’attention portée à ce problème. En dehors de l’amélioration de la capacité de collecter des statistiques et des données, des mesures pratiques sont nécessaires, que les gouvernements et leurs partenaires devront prendre pour encourager et accroître la présence des femmes dans les parlements, au moyen par exemple de fonds destinés à encourager les partis politiques à présenter des candidates aux élections.
Les dirigeants africains ont besoin d’un partenariat plus inclusif et pratique Les dirigeants africains devraient plus se mettre en avant dans la création de partenariats efficaces et mutuellement bénéfiques portant sur les objectifs de développement social et économique de leur pays. Cela s’applique à tous les partenariats, avec des investisseurs et donateurs traditionnels ou “nouveaux”, avec les gouvernements ou les secteurs privés. Dans l’immédiat, parmi les possibilités figurent des partenariats Sud-Sud et un engagement avec le secteur privé pour qu’il participe à la production des avantages sociaux et environnementaux. Nous engageons les dirigeants à s’appuyer sur leurs plans nationaux et régionaux de croissance et de développement pour nouer des partenariats pratiques sur des objectifs précis concernant la sécurité alimentaire, la formation, la création d’emplois, l’équipement et une production d’énergie sobre en carbone.
Les partenariats doivent prévoir expressément l’émancipation des femmes La réalisation de l’égalité entre les sexes doit figurer comme objectif précis dans les partenariats constitués soit avec les investisseurs publics ou privés, soit avec des donateurs ou des institutions financières internationales. Les résultats souhaités doivent être définis et quantifiés, suivis régulièrement et publiés par les dirigeants et les médias. Nous engageons les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise à veiller à ce que les objectifs et les cibles relatifs à la participation et l’émancipation des femmes figurent systématiquement dans les accords de partenariat, dans tous les secteurs.
Il faut accélérer la réalisation de plans de financement et d’application pour un développement à l’épreuve du climat Les plans conçus par les pays industrialisés pour mobiliser des ressources supplémentaires pour la lutte contre le changement climatique doivent être accélérés, qu’il s’agisse d’un Fonds vert ou d’initiatives connexes. L’élan engendré par l’élaboration d’une position africaine commune à Copenhague doit être entretenu, en particulier pour la gestion et le versement des fonds, qui doivent être additionnels et prévisibles, en évitant une distinction artificielle entre adaptation et développement. Les pays africains et les diverses régions du continent, avec l’aide des Nations Unies et des institutions financières internationales, doivent veiller à ce que les plans et les capacités soient bien en place pour utiliser au mieux les ressources additionnelles obtenues, autour d’interventions éprouvées et de projets directement finançables.
Il est indispensable de disposer d’informations ventilées par sexe pour un développement à l’épreuve du climat Les besoins urgents créés par le changement climatique sont de mieux en mieux compris, et cela peut être utilisé pour appeler l’attention sur le rôle des femmes dans le développement, renforcer ce rôle, et créer de nouvelles possibilités de réaliser l’égalité entre les sexes. Mais le manque d’informations fiables et de ressources empêche de bien comprendre l’impact du changement climatique sur les filles et les femmes et sur la dynamique des sexes; la conception et l’application de politiques et de stratégies appropriées s’en trouvent retardées d’autant. Les gouvernements et leurs partenaires doivent affecter des fonds à la collecte, la recherche et l’analyse de données ventilées par sexe et veiller à ce que ces données soient utilisées pour formuler des stratégies de lutte contre les effets du changement climatique et les décisions de financement.
Les partenaires de l’Afrique doivent améliorer la cohérence de leurs politiques Les partenaires de l’Afrique pour les investissements et les donateurs de l’Afrique ont défini des politiques officielles à l’égard du continent, qui sont habituellement exprimées dans des déclarations de mission et les objectifs des organismes de développement et des institutions financières. Cependant, ces politiques ne sont pas nécessairement coordonnées avec celles suivies dans d’autres domaines, et cela affecte la capacité des pays africains d’améliorer la gouvernance, de conserver la valeur économique et d’être compétitifs. Un certain nombre de pays de l’OCDE ont examiné la cohérence de leurs politiques; nous demandons que ce processus soit étendu et approfondi, avec une plus grande participation des Africains, pour assurer une démarche commune mieux coordonnée de tous les partenaires.
La cohérence des politiques doit être assurée sans oublier les femmes africaines Les efforts actuels et envisagés pour veiller à ce que les besoins économiques et la gouvernance de l’Afrique soient bien au cœur des politiques suivies doivent être évalués au regard des objectifs d’égalité entre les sexes, par les partenaires, les gouvernements ou les principaux organes intergouvernementaux africains, notamment l’Union africaine, les commissions économiques régionales et les organismes des Nations Unies. Nous recommandons de faire systématiquement cet examen, afin de dégager les moyens de mettre les besoins et les priorités des Africaines au cœur des efforts faits pour assurer une responsabilisation mutuelle des divers partenaires de l’entreprise d’émancipation des femmes.
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
AVANT-PROPOS On parle maintenant, à propos de l’économie africaine, d’une nouvelle zone pionnière. Chaque semaine, pratiquement, on annonce la découverte de nouveaux gisements pétroliers ou gaziers, de nouvelles ressources minérales ou autres ressources précieuses. Les pays africains signent de nouveaux accords avec les partenaires les plus divers, et notamment la Chine, les pays de l’Extrême-Orient ou du Moyen-Orient, d’Asie du Sud ou d’Amérique latine.
On ne saurait trop rappeler que l’Afrique n’est pas un continent homogène. La diversité y est extraordinaire, et est l’heureuse conséquence d’un grand nombre de cultures, de traditions et de paysages différents. Certains pays africains ont la chance d’avoir d’abondantes ressources ; certains autres sont beaucoup moins riches ou n’ont aucune ressource. Les pays sans littoral et les pays à forte densité de population sont dans une situation très différente des autres pays africains. Mais ils sont tous aux prises avec une difficulté commune : la nécessité de l’investissement dans la capacité productive de leurs habitants et de créer des biens et services collectifs susceptibles d’élargir les perspectives de chacun et de mettre à la portée de tous les avantages de la croissance.
Les échanges de l’Afrique augmentent à l’intérieur du continent ou avec d’autres continents, notamment avec les pays du Sud. Les chiffres d’affaires des sociétés et des banques africaines ne cessent d’augmenter. Les recettes intérieures, l’investissement direct étranger, les envois de fonds des travailleurs migrants et l’aide publique au développement (APD) ont progressé régulièrement au cours des 10 dernières années, malgré un infléchissement à la suite de la crise financière et économique mondiale récente. Après une année médiocre, les taux de croissance économique devraient remonter et faire de l’Afrique à nouveau l’une des régions du monde où la croissance est la plus rapide.
Les éléments du succès sont bien connus. Et le changement climatique ajoute une dimension et une urgence nouvelles au problème ; le développement durable et la création d’emplois doivent être solidement compatibles avec une croissance peu gourmande en carbone, avec la prévention des risques de catastrophe et la réduction de la vulnérabilité. Cela ne change rien aux éléments fondamentaux : il est indispensable que les dirigeants africains définissent et appliquent des mesures de croissance équitable et de réduction de la pauvreté ; il est essentiel de constituer progressivement une capacité technique, administrative et institutionnelle de mobiliser des ressources publiques et d’appliquer des plans ; et il est indispensable d’assurer une bonne gouvernance, le respect de la légalité et la responsabilisation, afin que les ressources et leur utilisation fassent l’objet d’un contrôle public rigoureux des dirigeants politiques et des chefs d’entreprise.
Et ces tendances soulèvent à l’évidence plusieurs questions. En dépit de certains succès extraordinaires, pourquoi la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est-elle si lente et si inégale? Pourquoi le nombre et la proportion d’Africains vivant dans la pauvreté restent-ils aussi élevés? Pourquoi les Africains sont-ils toujours aussi nombreux à souffrir de l’insécurité alimentaire et d’une mauvaise alimentation, d’un taux élevé de chômage, d’un accès réduit au minimum aux services essentiels tels que l’énergie, l’eau potable, les soins de santé et l’éducation? Pourquoi les femmes sont-elles marginalisées, loin d’être émancipées? Et pourquoi les inégalités augmentent-elles?
Au cours des 10 dernières années, on a acquis une meilleure connaissance des conditions de l’efficacité du développement. Des programmes d’action excellents et même parfois visionnaires ont été formulés dans chaque domaine, notamment dans l’infrastructure, l’alimentation et la sécurité nutritionnelle, l’émancipation des femmes, les systèmes de soins, l’éducation et la gouvernance. Nous comprenons mieux désormais le rôle essentiel des ressources intérieures, l’importance de l’esprit d’entreprise et un environnement propice à l’investissement responsable, la nécessité d’une action internationale concertée pour lutter contre les flux financiers illégaux et la corruption, la valeur des partenariats public-privé, et l’utilisation la plus rationnelle à terme de l’APD pour réaliser les plans nationaux et régionaux de développement.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’aptitude des pays africains à attirer et mobiliser des revenus ; c’est aussi leur détermination et leur capacité à utiliser les recettes publiques pour obtenir des résultats qui profiteront aux populations. Le taux de croissance économique et l’augmentation des échanges sont des éléments nécessaires mais non suffisants pour assurer des progrès authentiques, c’est-à-dire une amélioration durable de la qualité de vie de tous les Africains – hommes, femmes et enfants. Une croissance peut ne concerner que quelques-uns, peut renforcer ou créer des inégalités et des tensions sociales ; elle peut ne pas parvenir à ouvrir de nouvelles perspectives ou à atténuer l’insécurité dont souffrent les familles rurales et ceux qui sont à la recherche d’un travail dans les villes africaines, en pleine expansion. Ce type de croissance ne représente pas nécessairement un progrès.
Le problème n’est pas le manque de connaissances et l’absence de plans. Le manque de ressources, en soi, n’est peut-être pas non plus le véritable problème, étant donné les vastes ressources naturelles de l’Afrique et le fait que
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’aptitude des pays africains à attirer et mobiliser des revenus ; c’est aussi leur détermination et leur capacité à utiliser les recettes publiques pour obtenir des résultats qui profiteront aux populations
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l’hémorragie de ressources, souvent illicite, se poursuit. Le véritable problème, aussi bien en Afrique qu’à l’échelle internationale, c’est le manque de volonté politique.
pays riches, les nouveaux pays industriels et les donateurs traditionnels. Il est essentiel que leur voix soit entendue pour que soient honorées les promesses relatives à l’APD qui, en dépit de ce que disent ses détracteurs, reste absolument centrale comme source d’investissement dans les biens et services collectifs, en particulier au profit des habitants des États fragiles et pauvres en ressources.
Il y a 10 ans, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) a approuvé l’ambition visionnaire d’un groupe de dirigeants africains influents désireux de promouvoir un programme de développement susceptible de réduire la pauvreté ; le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) était également novateur. Aujourd’hui, plusieurs dirigeants africains se font d’ardents partisans du développement, mais ils demeurent une minorité, et leurs réalisations sont oubliées du fait de ce qu’on apprend au même moment de l’enrichissement personnel et du comportement autoritaire d’autres dirigeants.
La croissance africaine doit être mesurée non seulement par le PIB, mais aussi par la mesure dans laquelle elle se traduit en avantages sociaux pour sa population. En fin de compte, c’est aux dirigeants de l’Afrique qu’il incombe de susciter une croissance équitable et d’investir dans la réalisation des OMD. La société civile peut être leur alliée, si elle a la marge de manœuvre nécessaire pour s’assurer que les recettes publiques et la croissance ne sont pas détournées de leur objet ou limitées au profit des élites, mais qu’au contraire elles sont largement partagées et orientées vers la création d’emplois et de biens collectifs. La méthode et les actes du secteur privé et les partenaires internationaux de l’Afrique, traditionnels ou nouveaux, peuvent également apporter une impulsion décisive au succès des dirigeants africains.
Au niveau international, on constate, avec une préoccupation bien compréhensible, que le consensus relatif au développement a été mis à mal par la crise économique mondiale. Tout doit être fait pour que des engagements obtenus de haute lutte, dans la Déclaration du Millénaire, dans le Consensus de Monterrey et dans la Déclaration de Gleneagles ne soient pas perdus de vue dans la définition des politiques internationales. On peut mesurer cet engagement au niveau de l’APD effectivement accordée. Beaucoup de membres de l’OCDE et du G8 honorent leurs engagements mais plusieurs autres sont en retard à cet égard, ce qui amène à douter de leur crédibilité autour de la table de négociation.
Si tout cela échoue, l’Afrique risque de se trouver face à une exacerbation de l’inégalité, des conflits et de la pauvreté chroniques et de la marginalisation d’une majorité de la population. Si cette entreprise réussit, au contraire, l’avenir est assez brillant. L’élément essentiel est le partage des responsabilités – une responsabilité mutuelle entre les dirigeants africains et leurs partenaires. Non seulement pour le profit des Africains, mais du monde entier.
Or, ces reculs ne sont pas le fait d’une diminution de la solidarité et de la sympathie mutuelle des gens ordinaires, dans le monde, car celles-là sont, selon moi, aussi solides que jamais. Elles ne sont pas non plus causées uniquement par des contraintes budgétaires, étant donné les sommes modestes qui sont en question. Il s’agit plutôt du fait que les hommes politiques ne parviennent pas à faire comprendre combien il est impératif de mettre les besoins des pays africains et des pays les moins avancés au centre de l’action des institutions et des politiques mondiales. Les arguments militant dans ce sens, qu’ils aient trait aux changements climatiques, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, au commerce international, à la défense de la propriété intellectuelle, à la lutte contre la criminalité, à l’interruption des flux financiers illicites, à la nécessité d’accroître l’investissement de la santé publique et l’éducation, ne sont pas simplement de caractère éthique ou altruiste, mais sont bien des arguments pratiques, allant dans le sens de l’intérêt bien compris des pays riches.
Le Président,
Kofi Annan
Les dirigeants politiques, les chefs d’entreprise, ou la société civile peuvent faire beaucoup plus pour préconiser certaines politiques de développement et valoriser les ressources, notamment auprès des dirigeants et des contribuables des
“Lack of knowledge and shortage of plans not the problem. Lack of La croissance africaine doit être évaluée nonare seulement par son PIB, mais resources se may notlaquelle be the elle problem either... Political willsociaux is the issue, aussi par laper mesure dans se traduit en avantages pour both in Africa and internationally.” sa population
9
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
INTRODUCTION Dans le rapport de l’an dernier, nous esquissions un programme d’action pour des progrès en Afrique sur la base de l’expérience acquise et des attentes du continent. Nous appelions les dirigeants africains à prendre l’initiative de réaliser ce programme d’action et leurs partenaires internationaux d’y apporter leur soutien. Nous faisions valoir que les succès que les pays africains ont obtenus démontrent de façon concluante qu’en Afrique les objectifs de développement peuvent être atteints. Nous soulignions la responsabilité que l’Afrique et ses partenaires se partagent s’agissant des progrès à accomplir et de la nécessité d’une responsabilité mutuelle plus nettement affirmée – pour une bonne gouvernance, une utilisation responsable des ressources de façon à promouvoir une croissance durable et équitable, et pour réaliser chacun des objectifs du Millénaire pour le développement. Nous répétons cette exhortation.
que de l’APD fournie par les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). À s’en tenir à cet indicateur, l’élan engendré par la première décennie du vingt et unième siècle, en particulier en faveur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et des décisions de Gleneagles, se maintient, mais semble désormais un peu compromis. Le problème est de formuler de façon convaincante la justification d’une solidarité mondiale et d’une croissance équitable – qui englobent, sans s’en limiter, les chiffres de l’APD. Du fait du changement climatique, cette justification pourrait s’imposer plus vite qu’on ne le prévoit. Un sentiment de déception, sinon d’échec, est apparu à la suite de la XVe Conférence des Parties à la réunion au sommet de Copenhague et au vu de l’accord qui en est issu. Mais les faits scientifiques et physiques qui affectent l’existence quotidienne et les moyens d’existence de millions d’habitants ne disparaîtront pas pour autant. L’impact de la hausse de la température est chaque jour plus évident. On peut s’attendre à une transformation du paysage politique et spécialement s’agissant du développement, une transformation qui fera que c’est la nécessité plutôt qu’un souci altruiste qui obligera les hommes politiques à persuader l’opinion qu’en fin de compte, il est impératif d’investir dans un développement mondial viable à terme.
Nous espérions que la crise économique de l’année dernière servirait d’appel à l’action pour les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux. La crise, en mettant en évidence les liens étroits entre pauvreté, crise alimentaire, crise de l’énergie et changements climatiques, devait assurément mettre en évidence l’importance d’une action plus synthétique que fragmentaire pour promouvoir une croissance économique durable et réduire la vulnérabilité. La crise a-t-elle eu cet effet? Les faits sont peu concluants. Elle a mis en évidence un certain nombre de tendances inquiétantes, non seulement sur le terrain – une inégalité grandissante, des revers dans la réalisation des OMD, une vulnérabilité et une insécurité alimentaire croissantes – mais également, plus généralement, la crainte que la contraction économique et les coupes budgétaires ne relèguent à l’arrière-plan l’engagement de concourir au développement humain.
Notre rapport montre ces changements et d’autres qui sont pratiquement tectoniques, en particulier l’avènement du G20, la place prédominante que prennent de plus en plus, sur le plan politique et économique, le Brésil, la Chine et l’Inde, et le potentiel qu’offre la technologie de la communication de refondre à la base les conditions politiques du développement de l’Afrique. Le rapport commence par une évaluation des progrès accomplis par l’Afrique au cours des cinq dernières années jusqu’à présent, en mettant l’accent en particulier sur les promesses formulées et tenues, ainsi que sur les différentes feuilles de route convenues. Nous poursuivons en dégageant six domaines prioritaires d’action, trois à l’intention des dirigeants africains, et trois à celle de leurs partenaires internationaux.
La crise a mis en évidence un certain déficit de la gouvernance africaine et mondiale. La récession et le chômage ne sont peut-être pas la cause des coups d’État et des conflits, mais ils accroissent certainement les tensions, en particulier quand les griefs politiques sont compliqués par un sentiment d’exclusion économique et d’injustice. À l’échelle mondiale, la crise a accéléré la reconfiguration des grandes structures – pas toujours d’une façon qui profite aux pays les moins avancés ou aux pays africains. Le G20 sera-t-il aussi attentif que le G8 à la situation de l’Afrique?
Étant donné la diversité des 53 pays qui forment le continent africain et la grande variété de leurs économies, ces choix ont un caractère essentiellement général. Nos recommandations devront être adaptées et ajustées à la situation propre à chaque pays. Nous sommes néanmoins convaincus que si elles sont appliquées, elles contribueront à la réalisation de résultats mesurables qui ne pourront qu’améliorer le bien-être des Africains et des possibilités qui s’offrent à eux.
Il est difficile de mesurer la volonté d’action des hommes politiques. Le volume et la part des ressources financières réservées au développement sont un indicateur objectif, qu’il s’agisse tant des recettes publiques des pays africains
La crise a mis en évidence un certain nombre de tendances inquiétantes : une inégalité grandissante, des revers dans la réalisation des OMD, une vulnérabilité et une insécurité alimentaire croissante
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Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
PARTIE I
CINQ ANNÉES PROMETTEUSES Au cours des cinq dernières années, de remarquables progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines; et pourtant plusieurs reculs, divers problèmes chroniques et les effets et de la crise économique mondiale et du changement climatique se sont conjugués pour compromettre les gains obtenus depuis 2005. On examine ici brièvement les principales évolutions observées concernant 1) la croissance économique, 2) la gouvernance, 3) le développement social, 4) la paix et la sécurité, 5) la sécurité alimentaire et nutritionnelle, 6) le changement climatique et 7) le financement et la coopération pour le développement.
11
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
CROISSANCE éCONOmIQUE spectaculaire des échanges internationaux du continent. En termes réels, la valeur des exportations de l’Afrique a quadruplé entre 1998 et 2008, sous l’effet d’une augmentation tant des volumes que des prix2. L’essor du commerce avec des pays en développement est à cet égard non dénué d’intérêt. Neuf pays africains exportent désormais davantage vers les pays en développement (en dehors de l’Afrique) que vers les pays développés, et 26 pays africains exportent plus d’un quart de leurs exportations totales vers des pays en développement3.
Trois questions se présentent. La première est celle des tendances macroéconomiques encourageantes qui précédaient la crise économique mondiale. La deuxième est l’effet que cette crise a eu sur les populations et les économies africaines. La troisième est celle des politiques suivies par les pays africains et leurs partenaires internationaux pour répondre à cette crise.
LES TENDANCES éCONOmIQUES AVANT LA CRISE
C’est vers la Chine que le commerce entre l’Afrique et les pays en développement a le plus progressé. La valeur des échanges entre l’Afrique et la Chine est passé de 6,5 milliards de dollars en 1999 à 107 milliards en 2008, faisant de la Chine le deuxième partenaire commercial de l’Afrique après les États-Unis et, parmi les pays en développement, très nettement son partenaire le plus important. À elle seule la Chine représente plus de 11 % du commerce extérieur de l’Afrique et est son plus important fournisseur4.
Avant la crise, l’Afrique connaissait sa période la plus longue et la plus diversifiée sur le plan géographique de croissance économique, les facteurs expliquant cette poussée de croissance étant la relative qualité des politiques macroéconomiques, la diminution de la dette publique, l’amélioration des libertés politiques, l’ouverture grandissante au commerce international et une conjoncture internationale favorable sous forme d’une forte demande extérieure, d’abondantes liquidités, d’un financement concessionnel élargi et d’un renchérissement des cours des produits de base1.
Commerce entre l'Afrique et ses partenaires 1980 - 2008
Commerce entre l’Afrique et ses partenaires 1980 - 2008
La forte croissance économique de 6 % en moyenne qu’a connue l’Afrique était entraînée par une augmentation
60 55
La croissance économique africaine et la hausse des prix des marchandises
Part de l'Afrique dans le commerce total (%)
La croissance économique africaine et la hausse des prix des marchandies
470 420
INDICE, 2003 = 100
370 320 270 220
50 45 40 35 30 25 20 15
170
10 120
5
70 2
2
004
2
005
006
2
2
007
008
2
009
2
0 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
003 Pétrole
Métaux de l'Afrique subsaharienne États-Unis
Autres marchandises, notamment le cacao, le café, le sucre, le thé et le bois
Source : perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne (2009) du FMI
UE
Pays en développement excepté l'Afrique
Source : rapport sur le développement économique Source : rapport sur le développement économique en Afrique (2010) de la CNUCED en Afrique (2010) de la CNUCED
Source : perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne (2009) du FMI
La valeur des exportations de l’Afrique a quadruplé entre 1998 et 2008
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Afrique
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
L’augmentation des échanges internationaux de l’Afrique s’est accompagnée d’une augmentation de l’investissement direct étranger (IDE) en Afrique, qui entre 2003 et 2008 a plus que doublé5. Là encore, la croissance de l’IDE de la Chine en Afrique a été particulièrement impressionnante, même si en termes réels, les États-Unis et même Singapour continuent à investir davantage dans le continent africain.
On relève également un certain nombre d’évolutions encourageantes au niveau régional. Plusieurs des communautés économiques régionales africaines ont commencé à réaliser d’ambitieux projets pour améliorer l’intégration régionale ; ainsi, la Communauté de l’Afrique de l’Est envisage la création d’une union monétaire et l’adoption avant 2015 d’une monnaie commune7. Des organismes panafricains tels que l’Union africaine, le Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la Banque africaine de développement (BAfD) ont également amélioré leur capacité d’aider les États africains, par des programmes tels que l’Initiative africaine pour le marché financier, l’Initiative pour l’investissement en Afrique et le Partenariat africain de financement.
Mais cette poussée de croissance de l’Afrique ne repose pas uniquement sur des facteurs extérieurs. Il y a eu au cours de ces cinq années également une consolidation d’améliorations structurelles dans les économies africaines et dans la conjoncture économique. Beaucoup de pays se sont efforcés d’améliorer la stabilité économique, de suivre des politiques économiques rationnelles, de diversifier leur économie et de renforcer leurs institutions. Ils ont amélioré Malgré ces tendances encourageantes, les économies la compétitivité, exposéInvestissements des stratégies de directs développement loin de en s’être tirées d’affaire. Elles continuent à l’étrangerafricaines (IDE) desont la Chine Afrique de l’infrastructure matérielle et immatérielle et amélioré les à ployer sous d’énormes obstacles structurels, tant intérieurs conditions d’activité des entreprises. Pour la première fois qu’internationaux, qui limitent leur potentiel productif en 2010, c’est un pays d’Afrique subsaharienne, le Rwanda, et les perspectives de création d’emplois et d’élévation qui vient en tête dans le classement des pays adoptant des des niveaux de vie. Le secteur privé continue à subir une réformes, selon le rapport de la Banque mondiale sur les charge bureaucratique plus lourde qu’ailleurs tandis que les entreprises (Doing Business Report)6. droits de propriété et les droits des investisseurs sont moins
Investissements directs à l’étranger (IDE) de la Chine en Afrique
6
4,5 4,0
3,0
4
2,5
3
2,0 1,5
2
1,0
1
0,5
%
Milliards de $
3,5
Part de l'Afrique dans le stock total d'IDE de la Chine
5
0,0
-
3
200
4
200
5
200
6
200
7
200
8
200
Sorties de l'IDE de la Chine en Afrique Part de l'Afrique dans le stock total d'IDE de la Chine Source : CNUCED (2010) Source : CNUCED (2010)
Les économies africaines continuent de ployer sous d’énormes obstacles structurels, tant intérieurs qu’internationaux, qui limitent leur potentiel productif et les perspectives de création d’emplois et d’élévation des niveaux de vie
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Le coût du transport en Afrique et dans d’autres régions
Les prix du transport en Afrique ont tendance a être plus élevés que dans d'autres Les prix du transport en Afrique ont tendance a être plus élevés que dans d'autres régions mais les différences au sein de la région sont plus frappantes : régions mais les différences au sein de la région sont plus frappantes : FRANCE
FRANCE 53 $ pour transporter 1 tonne 53 $ pour transporter 1 tonne de Lille à Perpignan (1 066 km) de Lille à Perpignan (1 066 km)
États-Unis États-Unis 45 $ pour transporter 1 tonne 45 $ pour transporter 1 tonne de Chicago à Washington (1 123 km) de Chicago à Washington (1 123 km)
5 centimes de dollars 5 centimes dollars par de tonne-km par tonne-km
4 centimes de dollars par tonne-km 4 centimes de dollars par tonne-km
TCHAD-CAMEROUN TCHAD-CAMEROUN 248 $ pour transporter 1 tonne
PAKISTAN PAKISTAN 22 $ pour transporter 1 tonne 22 $ pour transporter 1 tonne de Karachi à Okara (1 117 km) de Karachi à Okara (1 117 km)
2 centimes de dollars 2 centimes dollars par de tonne-km par tonne-km
248 $ pour transporter 1 tonne de Douala à N'Djamena (2 257 km) de 11 Douala à N'Djamena (2 257 km) centimes de dollars par
92 $ pour transporter 1 tonne de Kampala à Mombasa (1 144 km) de Kampala à Mombasa (1 144 km)
8 centimes de dollars par tonne-km 8 centimes de dollars par tonne-km
43 $ pour transporter 1 tonne du Salvador à Ceara (1 219 km) du Salvador à Ceara (1 219 km) 3,5 centimes de dollars par
Remarque : les exemples africains sont trans-frontaliers, tous les autres sont intérieurs Remarque : les exemples africains sont trans-frontaliers, tous les autres sont intérieurs
5 centimes de dollars 5par centimes de dollars tonne-km par tonne-km
OUGANDA-KENYA OUGANDA-KENYA 92 $ pour transporter 1 tonne
11 centimes de dollars par tonne-km tonne-km BRÉSIL BRÉSIL 43 $ pour transporter 1 tonne
3,5 centimes de dollars par tonne-km tonne-km
CHINE CHINE 55 $ pour transporter 1 tonne 55 $ pouràtransporter 1 tonne de Pékin Xi’an (1 100 km) de Pékin à Xi’an (1 100 km)
AFRIQUE DU SUD-ZAMBIE AFRIQUE DU SUD-ZAMBIE 184 $ pour transporter 1 tonne de 184 $ pour transporter 1 tonne de Durban à Lusaka (3 051 km) Durban à Lusaka (3 051 km)
6 centimes de dollars par tonne-km 6 centimes de dollars par tonne-km
Source: Raballand and Teravaninthorn, Transport Prices and Costs in Africa: A Review of the International Corridors (2009)
Comparaison de variables du transport entre l’Afrique centrale, l’Afrique orientale et la France 2,0 2,0
Coûts variables, fixes et totaux Coûts variables, fixes et totaux
1,5 1,5 1,0 1,0
Afrique Afrique centrale centrale
0,5 0,5 0,0 0,0 100 100
Coûts variables ($/km) Coûts variables ($/km)
Coûts fixes ($/km) Coûts fixes ($/km)
Charge utile Charge utile
Âge de la flotte Âge de la flotte
8 8
60 60
6 6
40 40
4 4
20 20
2 2 Utilisation de la charge utile (%) Utilisation de la charge utile (%)
0 0
France France
Coûts totaux de transport ($/km) Coûts totaux de transport ($/km)
10 10
80 80
0 0
12 12
Afrique Afrique orientale orientale
Âge moyen de la flotte (années) Âge moyen de la flotte (années)
Carburant 80 Carburant 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Consommation de carburant (litres/km) Consommation de carburant (litres/km)
Source: Raballand and Teravaninthorn, Transport Prices and Costs in Africa: A Review of the International Corridors (2009)
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Vitesse 80 Vitesse 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Vitesse quotidienne moyenne (km/h) Vitesse quotidienne moyenne (km/h)
150 150
Distance Distance
120 120 90 90 60 60 30 30 0 0
Kilométrage annuel (km) Kilométrage annuel (km)
Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Effets de la crise économique mondiale
protégés que dans d’autres régions. L’absence de normes communes et d’une infrastructure suffisante et fiable de transport, de communication et de production d’énergie, continue à limiter l’essor potentiel des entreprises et le mouvement des marchandises et des services.
Contrairement aux attentes de certains, et des espoirs de nombreux autres, l’impact de la crise économique n’a pas été moins grave en Afrique subsaharienne qu’ailleurs, car ses effets se sont largement propagés dans le continent en 2009. Certes, les institutions financières africaines ont été moins exposées aux bulles spéculatives et aux excès du crédit qu’ailleurs, mais beaucoup de pays ont subi les effets de l’effondrement du commerce international et de la contraction des investissements, de l’aide extérieure, des envois de fonds et des recettes publiques.
Beaucoup de pays africains sont encore presqu’exclusivement dépendants de l’exportation de produits primaires (généralement non transformés) et plusieurs d’entre eux sont encore très lourdement dépendants de l’aide et des envois de fonds des travailleurs émigrés. Le secteur informel est encore trop important, en proportion, la compétitivité et les capacités productives trop faibles, tandis que la corruption imprègne presque tous les pays africains8. En dépit d’une nette amélioration de la collecte des recettes publiques, 11 gouvernements Ainsi, la croissance économique globale de l’Afrique subsahariens ne recueillent toujours pas plus de 15 % du subsaharienne s’est fortement ralentie, passant de 5,4 % en PIB sous forme de recettes publiques, ce chiffre étant 2008 à 1,2 % en 2009. Trois des dix pays les plus gravement considéré comme un minimum nécessaire pour assurer touchés par la crise économique se trouvent en Afrique les principales fonctions d’un État. La crise économique subsaharienne Entrées de capitaux en Afrique (l’Angola, le Botswana et la Guinée mondiale a compliqué la solution de ces problèmes équatoriale) ; dans chacun de ces pays la croissance du Entrées de capitaux en Afrique structurels. PIB s’est effondrée d’au moins 12 points de pourcentage
Entrée de capitaux en Afrique PAYS À REVENU INTERMÉDIAIRE
PAYS EXPORTATEURS DE PÉTROLE 15
20
PAYS EXPORTATEURS DE PÉTROLE
DU PIB % DU % PIB
% DU % PIB DU PIB
15 10 10 5 5 0 0 -5 0 2 4 6 8 9 1 3 5 7 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200
-5
Aide 000
2
-20
Envois de fonds
Investissement direct à l'étranger
2
Portefeuille
PAYS À FAIBLE REVENU
% DU PIB % DU PIB
5
5
Investissement direct à l'étranger
Portefeuille
ÉTATS FRAGILES
20 15
10
Envois de fonds
ÉTATS FRAGILES
20
10
% DU PIB % DU PIB
2 003 00Investissement 4 005 006 007 0Portefeuille 8 9 1 00de Envois 2 2 direct 2 2 0 200 200fonds 2 2 à l'étranger 2
Aide
15
15 10 10 5 5 0
0
0
0 2 4 6 8 9 1 3 5 7 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200
Aide 000
PAYS À FAIBLE REVENU 15
0 5 -5 0 -10 -5 -15 -10 -20 -15
2de 3 4Investissement 8 009 1 5 006 007 00Portefeuille Envois 200 200 200 direct 2 2 200fonds 200 à2l'étranger 2
Aide
PAYS À REVENU INTERMÉDIAIRE
15 20 10 15 510
0 2 4 6 8 9 1 3 5 7 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 Aide 000
2
Aide
0
2 003 00Investissement 4 005 006 007 0Portefeuille 8 9 1 00de 2 2 direct 2 2 0 200 200envois 2 2 à l'étranger 2 fonds envois de
Investissement
0 8 9 2 1 4 3 6 5 7 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200
Aide000
2
Portefeuille
direct à l'étranger Source : FMI, Perspectives économiquesfonds régionales en Afrique subsaharienne (2009)
Aide
2 003 0Investissement Portefeuille Envois 08 2009 01 200de 04 2005 2006 2007 20 20fonds 2 direct 2 à l'étranger Envois de fonds
Investissement direct à l'étranger
Portefeuille
Source : FMI, Perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne (2009)
Source :pays FMI, Perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne (2009) Beaucoup de africains sont encore presqu’exclusivement dépendants de l’exportation de produits primaires et plusieurs d’entre eux sont encore très lourdement dépendants de l’aide et des envois de fonds des travailleurs émigrés
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Les réformes n’ont pas été arrêtées ou inversées et l’instabilité macroéconomique qui a suivi les ralentissements économiques mondiaux antérieurs a généralement pu être évitée.
par suite de la brusque contraction de leurs exportations. La croissance du PIB dans la première économie africaine, l’Afrique du Sud, a diminué de 5,3 points de pourcentage; elle était en 2009 de moins 2,2 %9. Globalement, ce sont les exportateurs de pétrole et les pays à revenu intermédiaire qui ont été particulièrement touchés, les pays à faible revenu l’étant un peu moins.
En valorisant la marge de manœuvre et l’espace financier ménagés par les politiques prudentes qu’ils suivaient avant la crise, la majorité des pays subsahariens ont choisi de répondre à la crise en desserrant les contraintes de leurs politiques budgétaire et monétaire. S’agissant des politiques monétaires, beaucoup de pays ont pu laisser fonctionner les stabilisateurs automatiques et même dans certains cas poursuivre des politiques anticycliques actives qui ont entretenu la demande antérieure et aidé à limiter la progression du chômage. L’Afrique a également tiré avantage des fortes interventions politiques des États-Unis et de l’Europe, qui ont atténué les retombées éventuelles de la crise.
Le commerce international a été particulièrement touché. Alors qu’on estime à 0,8 % en 2009 la contraction du PIB mondial, le commerce mondial, en volume, a diminué de 12,3 %, première baisse des échanges en plus de 60 ans10. Pour beaucoup de pays africains, l’effet du ralentissement de la conjoncture mondiale a été une réduction du volume de leurs exportations et des prix à l’exportation. En outre, la crise financière mondiale a entraîné une réduction brutale du crédit qui a limité l’accès des pays africains aux crédits commerciaux et alourdi les déficits des balances des paiements, suscitant des dépréciations rapides et une grande instabilité des taux de change11. On estime qu’en conséquence la part des exportations dans le PIB de l’Afrique subsaharienne s’est contractée, de 41 % en 2008 à 31,2 % en 200912.
Il faut également louer les partenaires internationaux de l’Afrique d’avoir apporté directement leur appui aux politiques suivies dans le continent face à la crise. Le FMI, en particulier, a répondu aux besoins de l’Afrique. Ses propres ressources ayant été accrues d’un montant de droits de tirage spéciaux (DTS) équivalent à 250 milliards de dollars au Sommet tenu par le G20 à Londres, le FMI a pu augmenter ses opérations de prêt à l’Afrique subsaharienne en les quintuplant, ou presque, par rapport à l’année précédente, à hauteur de 5 milliards de dollars, les taux d’intérêt étant fixés à zéro jusqu’en 201118. Cependant comme dans les crises antérieures, d’autres régions ont reçu une aide proportionnellement plus importante.
Les investissements directs étrangers et les envois de fonds des travailleurs migrants africains ont également beaucoup diminué, les premiers se contractant de 36,2 %, à 55,9 milliards de dollars13. Les transferts de fonds, qui pour beaucoup de ménages africains sont une source fiable de revenu depuis de nombreuses années, augmentant régulièrement quel que soit l’état du cycle conjoncturel, ont cette fois-ci diminué de 6,1 %14. Les pays d’Afrique du Nord ont été le plus gravement touchés par cette baisse des transferts de fonds qui, pour le Maroc, pourrait atteindre 13,8 %, soit une déperdition de 1,1 à 2 % de la croissance du PIB15.
Premiers signes de reprise
Du fait de l’effondrement des courants d’échange et des flux financiers, le taux de croissance réel du PIB en Afrique subsaharienne n’a pas suivi l’accroissement démographique (2,5 %) pour la première fois depuis 1994, ce qui a entraîné une diminution du revenu par habitant. Comme une forte proportion de la population est près du seuil de pauvreté, cette diminution pourrait ajouter 10 millions de personnes au rang des Africains qui, en 2009 et 2010, vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour, le seuil de pauvreté16. La BAfD estime que la crise a exacerbé le chômage en Afrique, le gonflant de 10 % et que 35 millions d’Africains pourraient rejoindre les rangs des travailleurs pauvres17.
Au début de 2010, l’économie mondiale paraissait reprendre son expansion, animée par les bons résultats obtenus par les pays d’Asie et par une stabilisation ou une modeste reprise dans les autres régions. Au début de 2010, le FMI projetait que la croissance, en Afrique, atteindrait 4,3 % en 2010 et 5,3 % en 201119. Le principal souci des dirigeants africains était donc à nouveau de résoudre les problèmes du long terme, et notamment les problèmes structurels tels que le manque de ressources énergétiques fiables, l’infrastructure insuffisante, l’accès aux marchés et l’insuffisante mobilisation des ressources intérieures. La question demeure de savoir dans quelle mesure la crise s’est traduite par des dégâts sociaux permanents et si les politiques envisagées pour y répondre sont suffisamment ambitieuses et généralisées pour réduire la vulnérabilité des pays africains aux crises et aux chocs futurs. Peu semble avoir été fait pour remédier aux lacunes de la réglementation, qui a permis aux marchés financiers de compromettre en premier lieu les choix du secteur physique20.
Réponses à la crise Pour la plupart, les gouvernements africains ont poursuivi des politiques économiques prudentes pendant la crise – alors même que les avantages visibles de ces politiques (croissance et réduction de la pauvreté) s’étaient estompés.
Dans quelle mesure les politiques envisagées pour répondre à la crise sont-elles suffisamment ambitieuses et généralisées pour réduire la vulnérabilité des pays africains aux crises et aux chocs futurs?
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Réponses de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de la Banque africaine de développement la crise financière mondiale Réponses de la Banque mondiale, duàFonds monétaire international et de la Banque africaine de développement à la crise financière mondiale
Engagements d'investissement de la Société financière internationale (SFI) 3,0
2007
2008
Engagements de prêt de l'Association internationale de développement (AID) par région 8,0
2009
Milliards de $
Milliards de $
Banque mondiale (BIRD, AID & SFI)1
1,5 1,0
4,0 3,0
1,0 Afrique (ASS)
Asie de l'Est et Pacifique
Asie du Sud
0
Europe et Moyen- Amérique Asie Orient et latine et centrale Afrique du Caraïbes Nord
Dépenses totales de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD)
7,0
Afrique subsaharienne Asie de l'Est et Pacifique
6,0 Milliards de $
5,0
Europe et Asie centrale
5,0
2,0
Amérique latine et Caraïbes Moyen-Orient et Afrique du Nord
1,0
Asie du Sud
4,0 3,0
0 2004
2005
2006
2007
2008
Prêts nets accordés par la BAfD
Milliards de $
9,0 8,5 8,0
Afrique
7,5 7,0 6,5 2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Afrique (ASS)
Asie de l'Est et Pacifique
Asie du Sud
Europe et Moyen- Amérique Asie Orient et latine et centrale Afrique du Caraïbes Nord
Les nouveaux engagements de la SFI pour l'exercice 2009 s'élevaient à 10,5 milliards de $, soit 1,5 milliards (8 %) de moins que ce que visait la SFI (12 milliards de $). Les nouveaux engagements ont diminué dans toutes les régions, excepté en Afrique subsaharienne où ils ont atteint un pic historique. Les engagements de l'AID d'une valeur de 14 milliards de $ pour l'exercice 2009 ont été marqués par de forts versements en faveur de l'Afrique subsaharienne (53 %) et de l'Asie (33 %), le reste étant destiné aux autres régions. Les dépenses totales de la BIRD sont passées de 10,5 milliards de $ en 2008 à 18,5 milliards de $ en 2009. Les dépenses en faveur de l'Afrique, bien inférieures aux dépenses destinées aux autres régions, ont triplé entre 2008 et 2009 et sont passées de 42 millions de $ à 120 million de $, soit 0,65 % des dépenses totales.
2009
2008
La BAfD a mis en place une facilité de financement des exportations s'élevant à 1 milliard de $ pour aider les entreprises d'Afrique touchées par la crise financière à faire front. Elle a également créé une facilité de liquidité d'urgence de 1,5 milliards de $. Les engagements de la BAfD ont presque doublé entre 2008 et 2009, à la suite de la crise financière. Le montant de l'engagement a doublé et est passé de 5,8 milliards de $ à 11 milliards de $, et l'engagement prendra effet en 2011. Les actionnaires de la BAfD ont enregistré un triplement des ressources en capital de la banque (200 %) qui ont atteint près de 100 milliards de $, en avril 2010.
Fond monétaire international (FMI)3
2003
Banque africaine de développement (BAfD)2
2009
2,0
0,5
8,0
2008
6,0
2,0
0
2007
7,0
2,5
Suite à la crise économique mondiale, lors du sommet de Londres (avril 2009), le G20 a accepté de tripler la capacité de prêt du FMI et de l'élever à 750 milliards de $, lui permettant d'injecter des liquidités supplémentaires dans l'économie mondiale via une allocation de 250 milliards de $ de droits de tirage spéciaux ou DTS. Le FMI a répondu par des engagements de prêt d'une valeur supérieure à 160 milliards de $. Dès juillet 2009, le FMI avait approuvé 18 nouveaux arrangements de prêt dont 82 % étaient destinés à des pays de la zone européenne et seulement 1,6 % à l'Afrique. À la fin de l'année 2009, les nouveaux engagements du FMI en faveur de l'Afrique subsaharienne ont dépassé les 3,6 milliards de $ et l'aide assortie de conditions libérales en faveur des pays à faible revenu est passée de 1,5 milliards de $ en 2008 à 3,8 milliards de $ en 2009. Les ressources supplémentaires (y compris celles issues de la vente envisagée de l'or du FMI) devraient stimuler le prêt assorti de conditions libérales du Fonds qui devrait atteindre 17 milliards de $ en 2014. Le FMI a également promis environ 6 milliards de $ destinés à fournir un financement supplémentaire et flexible assorti de conditions libérales en faveur des pays à faible revenu. L'une des réponses du FMI a consisté à assouplir les programmes d'aide financière. Un financement supplémentaire a été assuré par le FMI en utilisant sa facilité de protection contre les chocs exogènes qui a été modifiée en 2008 et de nouveau en 2009 pour fournir davantage de financements. Les pays suivants ont reçu des prêts dans le cadre de cette facilité : Mozambique (176 millions de $), Tanzanie (336 millions de $), Cameroun (144 millions de $), Kenya (209 millions de $), Éthiopie (240 millions de $) et Sénégal (112 millions de $ supplémentaires).
Source : Banque mondiale et Groupe d'évaluation indépendante (2009), La réponse du groupe de la Banque mondiale à la crise mondiale. Mise à jour sur une évaluation continue de l'IEG Source : la BAfD et le Bank Information Centre 3 Sources : Woods, N. La réponse internationale à la crise mondiale et la réforme de l'architecture financière et de l'aide internationale (2009) ; et FMI, Un FMI en évolution - Fiche technique des réponses à la crise (2010)
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Gouvernance Les cinq dernières années ont été marquées par des modifications importantes de la gouvernance politique et économique mondiale. Ces changements ont été le plus évidents au niveau national, mais un certain nombre de faits nouveaux non dénués d’intérêt ont également eu lieu au niveau régional et mondial.
Mais ces progrès ont été en grande partie contrebalancés par des revers récents et par des tendances déconcertantes. Les problèmes chroniques persistent : fragilité de l’État, corruption, déni largement répandu des libertés fondamentales. Le revers le plus spectaculaire à cet égard est le retour des coups d’État – au cours des cinq dernières années on a vu plusieurs changements inconstitutionnels de régime opérés par la violence, en Guinée, en Guinée-Bissau, à Madagascar, en Mauritanie et au Niger – alors même que l’Union africaine affirme, à cet égard, une politique de tolérance zéro. Durant la même période, on a relevé également la mise en œuvre d’accords, essentiellement instables, de partage du pouvoir dans des pays comme le Kenya, le Niger, le Soudan et le Zimbabwe, ainsi que le refus de la plupart des États africains d’approuver la mise en accusation du Président Omar al-Bashir, du Soudan, par la Cour pénale internationale.
La gouvernance au niveau national Les données publiées par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) dans son Rapport sur la gouvernance en Afrique, 2009, et par le projet des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale attestent des améliorations modérées de la gouvernance au niveau national depuis 2005. Étant donné les circonstances difficiles auxquelles ils font face, plusieurs pays comme le Bénin, le Ghana et le Mali, ont pris des mesures ambitieuses pour améliorer la participation populaire à la vie politique, la représentation politique et la compétition électorale, le respect des droits de l’homme et de la légalité21. D’autres pays, comme le Burkina Faso et Djibouti, ont amorcé prudemment une transition vers une plus grande ouverture. Des élections pluralistes ont désormais lieu plus régulièrement, avec des consultations électorales complètes en Afrique du Sud, au Ghana et en Zambie. Dans beaucoup de pays la société civile s’affirme plus nettement et il y a là un signe de progrès ; les organisations non gouvernementales et les autres groupements citoyens sont de plus en plus en mesure de tenir les gouvernements comptables de leurs décisions.
Ces régressions sont compliquées par l’absence générale de progrès sur le front de la libéralisation politique et l’obligation de rendre des comptes, et par la fréquente fracture entre les dirigeants et la population. Il existe de nombreux cas où les élites captent les ressources, où les inégalités augmentent dans le partage des richesses et des chances, et où les consultations électorales sont truquées, de façon à légitimer des accords exclusifs entre les plus puissants, ou assurer la réélection de l’équipe au pouvoir. De nombreux dirigeants continuent à ne reculer devant rien pour se maintenir au pouvoir, allant parfois jusqu’à modifier la Constitution pour se faire réélire indéfiniment. Freedom House considère que 46 % seulement des pays subsahariens sont “libres”, et observe que 15 pays, dont certains des plus vastes et des plus puissants du continent africain, ont dû être rétrogradés depuis le classement opéré l’an dernier23.
Les gouvernements africains ont également montré une plus grande volonté d’adhérer à des initiatives de bonne gouvernance, et dans certains cas de les appliquer. Au début de 2010, 30 pays avaient adopté le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs du NEPAD, 12 ayant fait cet examen et 16 ayant lancé le processus en recevant des missions d’appui; 44 pays avaient signé la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et 31 l’avaient ratifiée ; 20 pays avaient été acceptés comme candidats aux fins de l’Initiative de transparence des industries extractives et attendaient d’être certifiés comme pays respectant les règles, le Libéria étant déjà certifié. Parallèlement, les partenaires internationaux de l’Afrique, en particulier les États-Unis, l’Allemagne et la Suisse, ont beaucoup progressé dans la lutte contre les pratiques corruptives de leurs entreprises qui opèrent sur le continent22.
La fragilité de l’État demeure un problème majeur. L’indice 2009 de fragilité de l’État a abouti à conclure que l’Afrique subsaharienne est la région du monde où l’État est le plus fragile24. Alors que plusieurs pays ont réduit leur fragilité au cours des cinq dernières années, comme c’est le cas de l’Angola, du Libéria et du Togo, la région, dans son ensemble, est celle où la fragilité de l’État a le moins diminué. La Côte d’Ivoire, le Lesotho, la Namibie, la République centrafricaine et la République du Congo ont vu leur fragilité augmenter notablement. Neuf des 15 pays où, en 2010, l’Indice Bertelsmann de transformation atteste un recul en raison d’une détérioration du système politique, se trouvent en Afrique subsaharienne25. La lutte contre la corruption repose désormais sur une base plus solide. Dix pour cent du budget de l’Union africaine pour 2010 (soit 20 millions de dollars) ont été consacrés à des
Les problèmes chroniques persistent : fragilité de l’État, corruption, déni largement répandu des libertés fondamentales
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Tableau de bord de la gouvernance 2005-2009* Pays
Indice de Mo Ibrahim
Gouvernance de la Banque mondiale
Indice de Transparency International
Banque mondiale Rapport « Doing Business »
Indice de liberté économique
Freedom House
Liberté de la presse
Indice de transformation de Bertelsmann
% 47 26 26
47 25 28
28 53 19
49 16 35
53 13 33
25 45 30
63 2 35
36 25 39 %
Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert République centrafricaine Tchad Comores Congo R. D. du Congo Côte d'Ivoire Djibouti Égypte Guinée équatoriale Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Kenya Lesotho Liberia Libye Madagascar Malawi Mali Mauritanie Île Maurice Maroc Mozambique Namibie Niger Nigeria Rwanda São Tomé e Príncipe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Afrique du Sud Soudan Suisse Tanzanie Togo Tunisie Ouganda Zambie Zimbabwe Pourcentage de l'évolution de chaque indicateur : augmente, neutre et baisse
Amélioration Stagnation Baisse Aucune donnée
*Remarque : Gouvernance de la Banque mondiale (2005-2008). Les données concernent la période 2005-2008 et les estimations ; Indice de Transparency International. Les données concernant la Guinée, la Mauritanie et le Togo concernent la période 2006-2009. Les données concernant le Cap-Vert, les Comores, Djibouti, la Guinée-Bissau et São Tomé concernent la période 2007-2009 2007-2009 ; Rapport « Doing Business » de la Banque mondiale. Les données concernent la période 2009-2010 2009-2010 ; Indice de liberté économique (2005-2009). La collecte des données commence en 2009 pour les Comores, la RDC, l'Érythrée, le Liberia, São Tomé, les Seychelles, la Somalie et le Soudan ; Freedom House. Les données concernent la période 20052009 ; Liberté de la presse. Les données concernent la période 2005-2009 ; Indice de transformation de Bertelsmann. Congo et Mauritanie : les données de 2005 n'existent pas - les données concernent la période 2008-2009. Sources des données : Indice de Mo Ibrahim pour 2006 et 2009, Indice de Freedom House pour 2005 et 2009, Indice de liberté de la presse dans le monde pour 2005 et 2009, IPC de Transparency International pour 2006/07 et 2009, Indice sur la facilité de faire des affaires dans le Rapport « Doing Business » de la Banque mondiale pour 2009 et 2010, Indice de gouvernance de la Banque mondiale (participation et responsabilisation, stabilité politique et absence de violence/terrorisme, efficacité du gouvernement) pour 2005 et 2008, Indice de liberté économique de Heritage pour 2005 et 2009, indice de transformation de Bertelsmann 2005-2009.
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
et l’Inde, a entraîné un certain nombre de faits nouveaux, apparemment positifs pour l’Afrique.
activités de lutte contre la corruption et à la création d’une nouvelle Commission de lutte contre la corruption. Mais du fait d’une résistance tenace, les progrès demeurent trop lents. La corruption, et notamment l’évasion fiscale des entreprises commerciales, la sous-tarification dans les échanges internationaux et le commerce illicite, continuent à retarder l’avènement d’un climat favorable à l’activité économique, amenuise les recettes publiques et réduit l’aptitude des autorités à fournir des services publics et des services sociaux pourtant essentiels. L’Indice 2009 établi par Transparency International de la perception de la corruption donne à penser que la corruption est systématique dans 31 des 47 pays subsahariens étudiés26. Selon la Banque mondiale, la “corruption tacite” – le fait que les fonctionnaires ne fournissent pas les marchandises ou les services dont la production est pourtant payée par l’État – continue également à rester très largement répandue dans toute l’Afrique27.
D’abord, la montée du G20 est symptomatique de l’apparition d’un consensus assez large sur la nécessité d’adapter la gouvernance mondiale à une situation politique et économique nouvelle. Lors de leurs trois sommets, tenus à Washington en novembre 2008, à Londres en avril 2009 et à Pittsburgh en septembre 2009, les États membres du G20 ont appelé de leurs vœux d’ambitieuses réformes et fixé des calendriers rigoureux pour leur mise en œuvre. En particulier, les dirigeants du G20 ont approuvé une proposition de modifier la répartition des quotas du FMI d’au moins 5 %, des pays surreprésentés aux pays sous-représentés, et de réformer le mandat, la portée et la gouvernance de toutes les institutions financières internationales à moyen terme (d’ici à 2011).
Gouvernance régionale
Du G8 au G20 Créé d’abord comme une réunion des ministres des finances en 1999, le Groupe de 20 (G20) a été utilisé, au plus fort de la crise économique mondiale, par les dirigeants de ces pays comme moyen de coordonner leur politique et de définir une stratégie globale de réponse à la crise. Il est composé de pays qui représentent ensemble environ 90 % du produit national brut mondial, 80 % des échanges mondiaux et les deux tiers de la population mondiale. Malgré l’intérêt indéniable d’une plus grande inclusion et d’une meilleure répartition géographique, la montée en puissance du G20 n’a pas nécessairement amélioré la position de l’Afrique dans l’architecture de la gouvernance internationale. Il est à craindre au contraire que l’inclusion dans ce groupe des grosses économies émergentes qui ont leurs propres besoins et priorités, ait pour effet une nouvelle marginalisation des pays les moins avancés et les plus vulnérables.
Au cours des cinq dernières années, les gouvernements africains ont continué à approfondir et officialiser leur coopération dans des organes régionaux tels que l’Union africaine, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et les communautés économiques régionales telles que la Communauté de l’Afrique de l’Est, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). La CEDEAO en particulier a bravé des circonstances difficiles et a continué à améliorer ses politiques et ses structures28. Ces institutions offrent des mécanismes politiques directeurs de la coordination et de l’accomplissement des intérêts collectifs dans le continent, mais aussi, de plus en plus, elles sont aussi en mesure de représenter sur la scène mondiale les État membres et à agir en fonction de leurs vues29. De graves problèmes de capacité, d’harmonisation et de légitimité subsistent, mais cette coordination institutionnalisée des intérêts nationaux a permis à l’Afrique de parler plus fort dans les instances internationales et a facilité l’adoption de positions africaines communes sur un large ensemble de questions, par exemple tout récemment encore, en décembre 2009, la XVe Conférence des Parties au Sommet de Copenhague.
Des pays émergents comme la Chine reconnaissent de plus en plus qu’il est politiquement intéressant, pour eux, de donner leur appui aux pays les moins avancés et aux préoccupations africaines sur la scène mondiale. Le Forum de coopération entre la Chine et l’Afrique, dans son plan d’action pour la période 2010-2012, réaffirme expressément le soutien de la Chine à l’idée d’une meilleure représentation de l’Afrique dans les mécanismes de gouvernance mondiale tels que le FMI et le Conseil de sécurité des Nations Unies. L’apparition de nouveaux groupements politiques comme BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) ou BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) autour d’objectifs spécifiques tels que le changement climatique et le commerce international pourrait également
Gouvernance mondiale La crise financière et le déficit de gouvernance mondiale qu’elle a mis en évidence ont déclenché un réexamen de questions systémiques plus vastes, telles que celle de l’efficacité des arrangements institutionnels internationaux de dialogue et de définition des politiques, de coordination et d’action. Ce réexamen, allant de pair avec la montée en puissance économique et politique de pays comme le Brésil, la Chine
Il est à craindre que l’inclusion dans le G20 des grosses économies émergentes qui ont leurs propres besoins et priorités, ait pour effet une nouvelle marginalisation des pays les moins avancés et les plus vulnérables
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aider à accélérer une refonte des modes solidement établis de gouvernance mondiale.
et qu’ils doivent eux-mêmes faire partie des solutions à proposer, n’a pas nécessairement été accompagné par des mesures visant à leur assurer la place voulue à la table des négociations. Même quand on peut citer certains progrès, comme l’affectation par la Banque mondiale d’un troisième siège à son Conseil des gouverneurs en faveur de l’Afrique subsaharienne, les gouvernements africains ne se sont pas dépêchés d’en tirer partie.
Cependant, au-delà des déclarations, les changements effectifs sont bien minces. Le fait qu’il est de plus en plus largement reconnu que les pays africains sont profondément affectés par le changement climatique et par les défaillances de la gouvernance économique mondiale,
Dirigeants africains et dirigeants du G20 - Nombre d’années au pouvoir Dirigeants africains et dirigeants du G20 - Nombre d’années au pouvoir Moyenne du nombre d’années au pouvoir pour chaque région
Plus longue durée au pouvoir pour chaque région
G20
Brésil
Afrique du Nord
Libye
Luiz Inácio Lula da Silva depuis le 1/01/2003 7 ans, 4 mois
Muammar al-Gaddafi depuis le 1/09/1969 40 ans, 8 mois
Blaise Compaoré depuis le 15/10/1987
Afrique de l’Ouest
Burkina Faso
22 ans, 6 mois, 16 jours
King Mswati III depuis le 25/04/1986
Afrique Australe
Swaziland
Afrique Centrale
Guinée Equatoriale
24 ans, 6 jours
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo depuis le 3/08/1979 30 ans, 8 mois, 28 jours
Robert Gabriel Mugabe depuis le 4/03/1980
Zimbabwe
Afrique de l’Est
20
15
10
5
0
2010
2005
30 ans, 1 mois, 27 jours
2000
1995
1990
1985
1980
1975
1970
1965
Durée au pouvoir des dirigeants africains et du G20 en date du 1 mai 2010 (Le graphique respecte le découpage régional des Nations Unies)
Source: Compilation de l’APP à partir de sources variées
Le fait que les pays africains sont profondément affectés par le changement climatique et par les défaillances de la gouvernance économique mondiale, et qu’ils doivent faire partie des solutions à proposer, n’a pas nécessairement été accompagné par des mesures visant à leur assurer la place voulue à la table des négociations 21
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Part desdes votes africains à la à Banque mondiale et au FmI Part votes africains la Banque mondiale et au FMI Les conseils de direction du FMI et de la Banque mondiale comprennent 24 directeurs exécutifs. Chaque directeur exécutif représente un groupe de pays disposant de différents droits de vote. L'Afrique subsaharienne n'est principalement représentée que par deux groupements qui, en moyenne, possèdent moins de 5 % du nombre de votes total. FMI
FMI
BM
BM
1) Azerbaïdjan, République kirghize, Pologne, Serbie, Suisse,Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan
2,8 % 3,2 %
2,4 % 2,5 %
13) Afghanistan, Algérie, Ghana, Iran, Maroc, Pakistan, Tunisie
2) Angola, Botswana, Burundi, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Kenya, Lesotho, Liberia, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Sierra Leone, Afrique du Sud, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Ouganda, Zambie
3,0 % 3,5 %
3,4 % 3,5 %
14) Australie, Kiribati, Corée, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Mongolie, Nouvelle-Zélande, Palau, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Seychelles, Îles Salomon, Vanuatu
3,2 % 2,4 %
2,0 % 2,2 %
3) Arabie Saoudite
15) Argentine, Bolivie, Chili, Paraguay, Pérou, Uruguay
4) Bahreïn, Égypte, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maldives, Oman, Qatar, République arabe syrienne, Émirats arabes unis, Yémen
3,2 % 2,2 %
1,3 % 2,8 %
5) Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Suède
3,4 % 3,2 %
16) Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, République centrafricaine, Tchad, Comores, République démocratique du Congo, République du Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Guinée équatoriale, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar, Mali, Île Maurice, Niger, Rwanda, São Tomé et Príncipe, Sénégal, Togo
6) Fédération de Russie
2,7 % 2,2 %
5,9 % 5,2 %
17) Allemagne
7) Brunei Darussalam, Cambodge, Fiji, Indonésie, République démocratique populaire lao, Malaisie, Myanmar, Népal, Philippines, Singapour, Thaïlande, Tonga, Vietnam
3,5 % 2,8 %
4,8 % 4,6 %
18) Arménie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Chypre, Géorgie, Israël, ARY de Macédoine, Moldavie, Monténégro, Pays-Bas, Roumanie, Ukraine
8) France
4,9 % 4,4 %
16,7 % 17,2 %
9) Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Canada, Dominique, Grenade, Irlande, Jamaïque, St. Kitts et Nevis, Ste Lucie, St.Vincent et les Grenadines
3,6 % 4,0 %
10) Chine
3,7 % 2,0 %
11) Albanie, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Saint-Marin, Timor-Leste
4,1 % 3,7 %
12) Japon
6,0 % 7,6 %
FMI Total des votes
5,1 % 4,2 %
Banque mondiale Total des votes* * Part moyenne pour chaque groupement si l'on tient compte de la BIRD, de l'AID et de la SFI.
4,9 % 4,9 %
19) États-Unis d'Amérique 20) Autriche, Biélorussie, Belgique, Rép. tchèque, Hongrie, Kazakhstan, Luxembourg, Rép. slovaque, Slovénie & Turquie 21) Royaume-Uni
2,4 % 3,4 %
22) Brésil, Colombie, République dominicaine Équateur, Guyana, Haïti, Panama, Suriname, Trinidad et Tobago
2,4 % 3,9 %
23) Bangladesh, Bhoutan, Inde, Sri Lanka
4,4% 3,7 %
24) Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Espagne, Rép. bolivarienne du Venezuela * Cette illustration présente les groupements de pays du FMI. Les variations entre les groupements du FMI et de la Banque mondiale sont les suivantes : l'Érythrée, Guyana et la Norvège ne font pas partie des groupes de la BIRD de la Banque mondiale. En ce qui concerne la BIRD, le Cambodge se trouve dans le groupe (14), les Philippines dans le groupe (22) et les Seychelles dans le groupe (22). St. Vincent et les Grenadines, le Surinam, Saint-Marin et Brunei ne font pas partie des groupements de pays de la SFI de la Banque mondiale. En ce qui concerne la SFI, Guyana se trouve dans le groupe (9). La Namibie, les Seychelles, Antigua et Barbuda, la Jamaïque, la Biélorussie, la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie, le Suriname, Brunei, Malte, Saint-Marin, la Rép. bolivarienne du Venezuela, le Bahreïn et le Qatar ne font pas partie des groupements de pays de l'AID de la Banque mondiale. En ce qui concerne l'AID, la Guyane se trouve dans le groupe (9).
4% 0%
L'ensemble de l'Afrique subsaharienne possède moins de voix pour voter au FMI (4,35 %) que la France (4,85 %), (4,85 %), le (4,35 %) Royaume-Uni (4,85 %), ( ), l'Allemagne (5,87 %) (5,87 % (5,87 % (6,01 % 6,01 % ou le Japon (6,01 %).
4% des directeurs exécutifs du FMI sont des femmes et il n’y a aucun des directeurs généraux qui soit une femme.
45 pays de l'Afrique subsaharienne ne sont représentés que par 2 directeurs exécutifs au FMI et à la BM. Ces pays comptent plus de 800 millions d'habitants, soit environ 11 % de la population mondiale. mondiale
L'OCDE ou les pays développés, qui comptent moins de 14 % de la population mondiale, possèdent une large majorité des votes au FMI 60,4 %)) et à la Banque mondiale (57 %). ((57 % 57 % (60,4 %)
Source : compilation de l'APP à partir de diverses sources
22
Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Développement social Dans l’état actuel des choses, de nombreux pays africains n’atteindront pas les cibles des OMD relatifs au développement social. Malgré une forte croissance économique, une amélioration générale des politiques suivies et de nombreux succès dans le domaine de l’enseignement primaire en particulier, le continent africain, dans son ensemble, reste en retard dans la réalisation de chacun des objectifs concernés30. La crise économique mondiale et le changement climatique compromettront encore des progrès qui sont déjà trop lents.
Atténuation de la pauvreté Au détriment de centaines de millions d’Africains, la vigoureuse croissance économique du continent au cours des cinq dernières années ne s’est pas traduite par une protection sociale meilleure ou par une large réduction de la pauvreté. Bien que la méthode de calcul du taux de pauvreté et le niveau effectif de celui-ci en Afrique fassent l’objet de controverse31, il n’en reste pas moins que la plupart des pays africains n’atteindront pas en 2015 leurs objectifs de réduction de la pauvreté32. La crise économique mondiale devrait en outre plonger dans la pauvreté des millions de travailleurs africains, et l’Organisation internationale du Travail (OIT) estime que le taux de pauvreté parmi les travailleurs de l’Afrique subsaharienne est déjà passé de 58,9 % en 2007 à 67,9 % à la fin de 200933.
Éducation
La situation concernant l’éducation est assurément moins sombre. Plus de 30 pays africains devraient d’ici à 2015 atteindre l’objectif de l’éducation primaire pour tous grâce aux efforts faits par les autorités nationales et à l’appui effectif de leurs partenaires de développement dans le cadre de programmes bilatéraux et multilatéraux considérablement améliorés. Certains pays, comme le Bénin, qui en 1999 encore comptait un taux de scolarisation net parmi les plus faibles au monde, ont fait des progrès remarquables à cet égard34.
ont défini, comme convenu lors de la Conférence d’Abuja sur le financement du développement, en 2006, le volume des ressources disponibles et les besoins de financement extérieur36. Cependant, il subsiste d’énormes difficultés. Près de 50 millions d’enfants africains – surtout des filles – provenant de milieux très modestes ou de villages, n’ont toujours pas accès à l’enseignement primaire, car leur pays n’est pas en mesure d’organiser des services adéquats. Dans beaucoup de pays les frais de scolarité et autres frais continuent à dissuader les parents d’envoyer leurs enfants à l’école ; des pratiques propres à encourager les inscriptions, notamment la fourniture scolaire de repas ou de serviettes hygiéniques, ne sont toujours pas généralisées. La situation s’aggrave à mesure que l’enfant grandit. Les taux de scolarisation secondaire et tertiaire en Afrique subsaharienne demeurent faibles, 32 % et 5 % respectivement. En outre, l’enseignement supérieur est de plus en plus inaccessible aux segments les plus pauvres de la société. Dans beaucoup de pays, le principal problème demeure l’obtention d’un financement adéquat. Les recettes publiques affectées à l’éducation sont insuffisantes et, à de rares exceptions près, les donateurs bilatéraux n’ont pas honoré les engagements qu’ils ont pris d’assurer un financement prévisible à long terme en faveur du secteur de l’éducation. La situation concernant les donateurs multilatéraux n’est pas meilleure, et l’Initiative pour l’accélération de l’éducation n’a apporté qu’une contribution faible à l’élimination du déficit de financement . La crise économique devrait compliquer encore la situation, rognant les budgets que les pays africains consacrent à l’éducation ; l’UNESCO prévoit ainsi une perte potentielle de crédits budgétaires de 4,6 milliards de dollars en 2010, ce qui équivaut à une réduction de 10 % des dépenses par écolier38.
À mi-parcours de la deuxième Décennie africaine pour l’éducation (2006-2015), beaucoup de pays africains ont considérablement accru les ressources qu’ils affectent à l’éducation, l’augmentation étant particulièrement forte en Éthiopie, au Kenya, au Mozambique et au Sénégal35. Vingt-trois pays ont formulé des plans nationaux pour le développement de l’éducation, qui ont été entérinés par l’Initiative de la Banque mondiale pour l’accélération de l’éducation pour tous, et 17 pays ont déjà formulé des plans à long terme pour réaliser l’Éducation pour tous et
Dans l’état actuel des choses, de nombreux pays africains n’atteindront pas les cibles des OMD relatifs au développement social
23
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Progrès des OMD en Afrique
Progrès des OmD en Afrique
Objectif 8 : Développer un partenariat mondial pour le développement
Objectif 7 : Assurer la durabilité environnementale
Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, la malaria et d'autres maladies
Objectif 5 : Améliorer la santé génétique
Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile
Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'habilitation des femmes
Objectif 2 : Obtenir un enseignement primaire universel
Objectif 1 : Éliminer l'extrême pauvreté et la faim
Afrique du Nord
Afrique subsaharienne
Réduire l'extrême pauvreté de moitié
faible pauvreté
très forte pauvreté
Emploi productif et des femmes
déficit très important en matière de travail décent
déficit très important en matière de travail décent
Réduire la faim de moitié
famine peu importante
famine très importante
Enseignement primaire universel
inscriptions importantes
inscriptions peu importantes
Inscription égale des fillettes à l'école primaire
proche de la parité
proche de la parité
Part du travail rémunéré des femmes
part peu importante
part peu importante
très faible représentation
faible représentation
faible mortalité
mortalité très importante
Vaccination contre la rougeole
couverture importante
couverture modérée
Réduire la mortalité maternelle de 75 %
mortalité modérée
mortalité très importante
Accès à la santé génétique
accès modéré
faible accès
Arrêter et inverser la propagation du VIH/SIDA
faible prévalence
prévalence importante
Arrêter et inverser la propagation de la tuberculose
faible mortalité
mortalité importante
Inverser la perte des forêts
faible couverture des forêts
couverture moyenne des forêts
Réduite de moitié sans amélioration de l'eau potable
couverture importante
faible couverture
Réduite de moitié sans assainissement
couverture modérée
très faible couverture
Améliorer la vie des habitants des bidonvilles
proportion modérée d'habitants de bidonvilles
proportion très importante de personnes vivant dans les bidonvilles
Utilisateurs d'Internet
utilisation modérée
très faible utilisation
Représentation égale des femmes dans les parlements nationaux
Réduire la mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans de deux tiers
Objectif déjà atteint ou sur le point d'être atteint
Progrès insuffisants pour atteindre l'objectif si les tendances prédominantes persistent
Progrès suffisants pour atteindre l'objectif si les tendances prédominantes persistent
Aucun progrès ou détérioration
Source : Division des statistiques, Nations Unies (2009)
Source : Division des statistiques, Nations Unies (2009)
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Égalité des sexes et émancipation des femmes Au cours des dix dernières années, les pays africains ont pris conscience de l’importance de l’émancipation des femmes. L’adoption par l’Union africaine de la Déclaration solennelle sur l’égalité des sexes en 2004 a mis en avant la question des droits des femmes. Cela s’est reflété dans l’adoption au niveau national d’une législation nouvelle, visant par exemple à éliminer la violence à l’égard des femmes, ou à assurer l’égalité de rémunération avec les hommes. L’élection de Mme Ellen Johnson Sirleaf comme Présidente du Libéria, un an plus tard, est un symbole de l’évolution que l’on constate en Afrique ainsi que des progrès de la condition féminine dans le continent. Ainsi, le Parlement du Rwanda est le premier au monde où les femmes occupent plus de la moitié des sièges (56 %, y compris la Présidente) ; deux pays africains, l’Afrique du Sud et le Lesotho, figurent parmi les 10 premiers au titre de l’Indice mondial de réduction des disparités entre les sexes établi par le Forum économique mondial en 2009 ; il y a là une légitime source de fierté39. Mais comme le savent bien les Africaines, la situation est plus complexe en réalité. Il subsiste d’importantes disparités entre les hommes et les femmes s’agissant de l’éducation, de la santé, de l’emploi, de la rémunération et de la participation à la vie politique. Pour chaque succès signalé dans la presse, on compte un bien plus grand nombre de femmes qui voient leurs talents et leurs aspirations bloqués par des obstacles, officiels ou non. Cinq ans après la date prévue, la parité entre les sexes dans l’éducation est loin d’être réalisée. Si, en plus grand nombre, les femmes africaines obtiennent des emplois rémunérés stables, elles n’ont généralement pas un emploi décent – plus de 80 % des femmes de l’Afrique subsaharienne se trouvent aux prises avec l’insécurité de leur revenu et de leur emploi40. L’Afrique a encore beaucoup à faire pour libérer et valoriser les compétences et l’énergie des femmes; ce retard aggrave inutilement les problèmes de développement et retarde la réalisation des OMD.
L’Afrique a encore beaucoup à faire pour libérer et valoriser les compétences et l’énergie des femmes; ce retard aggrave inutilement les problèmes de développement et retarde la réalisation des OMD
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Perspectives socio-professionnelles des femmes dans une sélection de pays
ABC
Pays
Enfance
École primaire
Université
Économiquement actives
Probabilité de décès avant l’âge de 5 ans
Pourcentage de fillettes inscrites
Pourcentage de femmes parmi les étudiants de toutes les
Pourcentage de femmes actives, âgées de plus de 15 ans (%)
à l’école primaire (%)
(pour 1 000 naissances vivantes)
Nigeria
universités (%)
0-49 50-74 75-94 95+ 0-19 20-39 0-59 60+ 0-19 20-39 40-59 60+
195
Afrique du Sud
62
Éthiopie
158
Égypte
36
aucune donnée
Sénégal
132
Ghana
aucune donnée
111
Ouganda
132
Kenya
110
Mali
208
République centrafricaine
185
aucune donnée 0-49 50-74 75-94 95+ 0-19 20-39 0-59 60+ 0-19 20-39 40-59 60+
Pays-Bas
5
Suède
3
Royaume-Uni
5
Turquie Russie Chine
25 11 27
Inde
81
Pakistan Brésil
aucune donnée aucune donnée
96 18
Bolivie
60
Chili
8
États-Unis
7
aucune donnée
* Données désagrégées. Celles sur les violences domestiques le sont particulièrement car ces données ne sont pas collectées régulièrement par recensement. La plupart de ces informations est collectée à partir d’enquêtes faisant appel à différentes méthodes et dans des zones dont la couverture est inégale voire incomplète. Sources des données : Earthscan, The Atlas of Women in the World, quatrième édition (2009) ; BIT, données du LABORSTA 2008 et de la Base de données de la Banque mondiale (données de 2008)
26
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Perspectives de carrière
Maternité 1
Maternité 2
Violence domestique*
Les trois professions principales des femmes (%)
Décès des mères (par 100 000 naissances
Indice synthétique de fécondité (Enfant par femme)
Pourcentage de femmes adultes ayant signalé avoir subi des violences physiques par leur compagnon ou partenaire sexuel masculin (%)
agriculture / pêche auxiliaire professionnelle profession élémentaire sans emploi
industrie services employée de bureau professionnelle >10
87 %
3%
2%
37 %
36 %
16 %
91 %
6%
3%
32 %
24 %
17 %
vivantes) 10-99 100-399 400-699 700-999 1000+
5,3
50 %
36 %
15 %
77 %
17 %
5%
75 %
16 %
10 %
58 70
47
58
33 6,4
51
30
5,0 5,6
aucune donnée
61
aucune donnée
4,3
4,8
100
49
58
5
50
53
2,7
>10
0
25 5,4
aucune donnée
(années)
66
2,6
aucune donnée
Espérances de vie
aucune donnée
55
aucune donnée
48
aucune donnée
48 0
10-99 100-399 400-699 700-999 1000+
50
100
82
22 %
20 %
19 %
1,8
30 %
21 %
21 %
1,9
aucune donnée
83
25 %
20 %
15 %
1,9
aucune donnée
81
32 %
18 %
10 %
22 %
20 %
20 %
aucune donnée aucune donnée
16
2,2
75
58
1,2
70
1,9
75
30
2,8
18 %
12 %
23 %
20 %
14 %
37 %
22 %
15 %
44 %
21 %
15 %
1,9
33 %
25 %
21 %
2,0
64
42 80
4,0
58 %
1,9 3,6
70 50
27
63 75
30
31
73
67 81 80
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Santé publique
Seychelles et Zambie) devraient atteindre les cibles relatives à la lutte contre la tuberculose. Onze pays ont réussi à réduire ou à stabiliser les taux de prévalence du VIH42.
Les cinq dernières années ont vu se produire des évolutions positives. Beaucoup de pays africains ont augmenté les fonds qu’ils consacrent au secteur de la santé publique et la plupart se sont engagés à réaliser une série de réformes importantes dans ce secteur. La plupart des gouvernements africains ont signé le Plan d’action de Maputo sur la promotion de la santé et des droits en matière de sexualité et de procréation, en 2006 ; ils ont adopté en 2007 une stratégie pour la santé en Afrique, s’étalant sur huit ans et centrée sur la réforme du secteur de la santé publique. Les déclarations de Ouagadougou, Alger et Libreville de 2008 ont engagé la plupart des gouvernements africains à élargir l’accès aux soins et améliorer leur qualité, améliorer les effectifs de soignants, à rendre plus efficace le système d’information médicale et plus équitable l’accès aux fournitures médicales essentielles, aux vaccins et aux techniques médicales, ainsi qu’à assurer le bon fonctionnement d’un système de financement de la santé publique41. Les efforts que font les pays africains sont en outre de plus en plus secondés par des initiatives régionales telles que la Campagne de l’Union africaine pour la réduction accélérée de la mortalité maternelle (CARMMA), ou la Diaspora africaine pour la santé qui offre des moyens concrets à des médecins de la Diaspora africaine de transférer l’information, les compétences et les connaissances spécialisées à leurs homologues restés sur le continent.
Malgré ces succès, les éléments d’information disponibles, pour limités qu’ils soient, indiquent que l’Afrique, dans son ensemble, demeure très en retard dans la réalisation des cibles des OMD, relatives à la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle et la lutte contre les maladies infectieuses. Bien souvent les systèmes de santé publique en Afrique, sont gravement sous-financés, manquent d’effectifs et sont mal équipés. Quelques pays seulement, comme le Botswana, le Malawi, le Niger, l’Ouganda, le Rwanda et la Zambie ont atteint l’objectif défini à Abuja consistant à affecter 15 % de leurs dépenses publiques au secteur de la santé publique et plus de la moitié des pays africains n’y consacrent que moins de 10 %, et beaucoup de pays dépensent moins que les 54 dollars par personne, minimum absolu pour fournir des soins de santé essentiels43. Ainsi, le paludisme et autres maladies à vecteur qui pourraient être maîtrisées et traitées, continuent à prélever un tribut de millions de vies humaines. La hausse de la température entraînée par le changement climatique complique encore le problème. Malgré une baisse du nombre de nouvelles infections par le VIH, qui est passé de 2,3 millions en 2001 à 1,9 million en 2008, l’Afrique subsaharienne demeure également la région la plus gravement touchée par le VIH et le sida, puisque c’est là qu’on trouve 71 % des nouvelles infections en 200844. L’accouchement sans risque demeure pour l’essentiel un privilège des riches. Une Africaine enceinte reste exposée à un risque 180 fois plus grand de mourir des complications d’une grossesse qu’une Européenne. Au rythme actuel, l’objectif de réduction de la mortalité infantile ne sera pas atteint avant 2045, et l’engagement pris concernant la santé maternelle ne sera pas non plus honoré, étant donné que dans certaines parties de l’Afrique les taux de mortalité maternelle en fait augmentent45.
Le niveau et la qualité de l’aide internationale ont continué à s’améliorer au cours des cinq dernières années. Le financement consacré à la santé publique a augmenté ; à cet égard les États-Unis ont accompli un effort considérable dans le cadre du Plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida. Des mécanismes de financement novateurs comme les engagements préalables de mise sur le marché, l’impôt de solidarité sur les billets d’avion (UNITAID), la Facilité internationale de financement pour la vaccination, et le Fonds pour des médicaments à prix abordables, ont été lancés pour combler le déficit entre les moyens existants et les besoins. Grâce à des initiatives telles que l’Harmonisation pour la santé en Afrique, le Partenariat international pour la santé, ainsi que l’officialisation de la coordination entre les huit principaux organismes mondiaux de santé publique (“H8”), des synergies sont exploitées entre les nombreux acteurs qui s’occupent des questions de santé publique en Afrique, ce qui réduit les doubles emplois. Cependant, il demeure que le financement reste trop ciblé sur certaines maladies seulement. Grâce à une amélioration des politiques nationales suivies et à un effort international d’aide plus important, plusieurs pays africains ont fait des progrès tangibles vers la réalisation des objectifs de santé publique. Actuellement, six pays (Algérie, Cap-Vert, Érythrée, Malawi, Maurice et Seychelles) sont sur la bonne voie pour atteindre leurs cibles OMD relatives à la mortalité infantile. Cinq pays (Angola, Comores, Érythrée,
Le niveau et la qualité de l’aide internationale ont continué à s’améliorer au cours des cinq dernières années et le financement consacré à la santé publique a augmenté
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Financement de la santé en Afrique par secteur par les pays du G7 Financement de la santé en Afrique par secteur par les pays du G7
APD accordée par les pays donateurs du G7 aux principaux domaines cibles de la santé en 2009 (Tous les chiffres sont indiqués en milliards de dollars)
États-Unis Italie Canada
Allemagne Japon France
Royaume-Uni
0,21 $ 0,25 $
0,62 $
14 %
4,63 $
0,49 $
77 %
0,48 $ 0,33 $
4%
5%
Systèmes de santé
Maladies infectieuses
Soins de Santé santé de reproducbase tive
0,96 Md $
5,29 Md $
0,29 Md $ 0,35 Md $
Décomposition des besoins liés aux OMD
1,4 milliards de $ Systèmes sanitaires
39 milliards de $ Financement annuel nécessaire pour atteindre les OMD liés à la santé
(y compris les coûts dûs au changement climatique)
(y compris santé maternelle)
30 $
20 $
Milliards de $
Planning familial
40 $
14,3 milliards de $ 10 $
Maladies infectieuses
23,3 milliards de $
7 milliards de $
APD totale destinée au secteur de la santé en 2009
0$
Source : ONE, DATA Report (2010) ; Samuel Frankhauser et Guido Schmidt-Traub, Le financement développement à l’épreuve du climat en Afrique Source : ONE, TheThe DATA Report (2010) ; Samuel Frankhauser et Guido Schmidt-Traub, Le financement d’und’un développement à l’épreuve du climat en Afrique (2010)(2010)
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Eau et assainissement
Impact de la crise économique mondiale sur le développement social
De remarquables progrès ont été réalisés dans plusieurs pays africains comme l’Angola et le Botswana, mais dans l’ensemble du continent l’amélioration de la situation de l’eau et de l’assainissement est insuffisante46. À l’échelle mondiale, l’objectif consistant à réduire de moitié la population n’ayant pas durablement accès à l’eau potable et à l’assainissement de base sera peut-être atteint en 2015 ; ce progrès s’explique surtout par les rapides améliorations constatées en Asie de l’Est. Aux rythmes actuels, l’Afrique n’atteindra cet objectif qu’en 204047, et pas avant 2050 dans certains des pays africains les plus pauvres.
On ne dispose pas encore de données précises susceptibles de révéler l’impact de la crise économique, mais de premières indications désignent des domaines où les progrès vers la réalisation des OMD se sont ralentis ou se sont même inversés. Les effets de la crise se propagent aux sociétés africaines par plusieurs filières. La crise ne se limite pas seulement à la capacité des gouvernements africains de maintenir leurs dépenses au niveau qu’elles avaient atteint ces dernières années, mais entraîne également une diminution des dépenses publiques consacrées aux secteurs sociaux à proportion du PIB. L’absence de filets de sécurité sociale publics susceptibles d’amortir les répercussions sur les individus et les familles complique encore la situation, et les travailleurs pauvres et autres groupes vulnérables subissent ainsi de plein fouet les effets de la crise économique. La Banque mondiale, par exemple, prédit qu’entre 30 000 et 50 000 enfants africains en bas âge mourront du fait de la crise, la plupart de ces décès frappant les Africains qui vivent déjà dans la pauvreté50.
Les problèmes sont énormes. Malgré une augmentation de 11 % depuis 1990, 60 % seulement des Africains ont un accès à des points d’eau améliorés pour leur consommation d’eau de boisson, et plus de la moitié ne disposent pas d’installations sanitaires améliorées48. Dans 14 pays, plus d’un quart de la population consacre chaque jour plus de 30 minutes à la collecte de l’eau. Les disparités entre les zones rurales et les zones urbaines sont à cet égard de plus en plus affirmées49. La plupart des pays africains ont créé des groupes de travail nationaux et élaboré des plans pour réaliser les OMD en ce qui concerne l’approvisionnement en eau et l’assainissement. Mais bien souvent ces plans ne sont pas vraiment contrôlés par le pays concerné et ne sont pas activement appliqués. Malgré une activité accrue au niveau intergouvernemental, notamment par les réunions du Conseil des ministres africains sur l’eau, l’établissement du Fonds africain pour l’eau, le fait que la onzième réunion au sommet de l’Union africaine a été consacrée à l’eau et à l’assainissement, et la proclamation d’une Semaine africaine de l’eau, chaque année, les dirigeants africains ont été peu empressés d’agir au niveau national. Plusieurs des recommandations et des engagements consignés dans des documents tels que la Vision africaine de l’eau (2000), la Déclaration ministérielle de Tunis sur l’accélération de la réalisation de la sécurité hydrique pour le développement socioéconomique de l’Afrique (2008) et les engagements de Sharm El-Sheikh pour une accélération de la réalisation des objectifs relatifs à l’eau et à l’assainissement en Afrique ne sont toujours pas appliqués. Les objectifs chiffrés pour 2010 consignés dans la Déclaration de Thekwini, notamment l’idée d’affecter 0,5 % du PIB à l’assainissement et à l’hygiène, ne seront pas non plus atteints dans la plupart des pays. Le partenariat G8-Afrique pour l’eau et l’assainissement, lancé lors de la réunion au sommet du G8 à L’Aquila aidera peut-être à appliquer les engagements pris à cet égard en Afrique.
La crise ne se limite pas seulement à la capacité des gouvernements africains de maintenir leurs dépenses au niveau qu’elles avaient atteint ces dernières années, mais entraîne également une diminution des dépenses publiques consacrées aux secteurs sociaux 30
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PAIx ET SéCURITé L’Afrique demeure la région du monde frappée par le plus grand nombre de conflits armés. Au début de 2010, sept pays (l’Éthiopie, le Nigéria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Soudan (Darfour) et le Tchad) connaissaient de graves conflits armés dans leur territoire – un cinquième environ des Africains vivant dans des zones de conflit. Pourtant, on peut signaler un certain nombre d’évolutions encourageantes au cours des cinq dernières années, souvent méconnues.
L'impact des conflits conflits sur la société L’impact des sur la société
Les États membres de l’Union africaine ont progressé de façon tangible dans l’application concrète de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, cadre unique en son genre d’action collective51. Au moins trois des cinq brigades régionales qui composent la Force africaine en attente sont pratiquement opérationnelles, le Système continental d’alerte rapide l’est aussi, le Conseil de paix et de sécurité et le Groupe des Sages se réunissent régulièrement et l’aide d’acteurs internationaux comme l’Union européenne, les Nations Unies et les États-Unis à la création de capacités a augmenté tant en quantité qu’en qualité. Les communautés économiques régionales ont également continué à harmoniser leurs mécanismes de sécurité pour compléter les initiatives prises par l’Union africaine à l’échelle du continent, et on constate une augmentation de la coopération intergouvernementale pour tenter de résoudre des problèmes communs tels que la criminalité transfrontière, le trafic de drogues et le terrorisme transnational.
Indice de l'impact des conflits sur la société L'indice de l'impact des conflits sur la société de Maplecroft évalue la manière dont une société est touchée négativement par les conflits et les défis auxquels elle peut être confrontée après ces conflits. Il analyse le recours à la violence sexuelle et aux enfants soldats, l'impact sur les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre territoire, ainsi que la dépendance aux aides.
Indice de l'impact des conflits sur la société Faible Moyen Élevé Extrême
www.maplecroft.com © Maplecroft 2010
Risque croissant
Architecture de paix et de sécurité africaine
L’ARCHITECTURE DE LA PAIx ET DE LA SéCURITé EN AFRIQUE
Politique africaine commune de défense et de sécurité
L’architecture africaine de paix et de sécurité constitue une amélioration appréciable sur diverses tentatives antérieures de coopération en matière de sécurité à l’échelle du continent. Bien qu’elle soit actuellement incapable de répondre aux attentes élevées placées en elles, la complexité de ces structures, l’existence d’un large consensus sur sa conception et son objet, et le degré élevé d’application – notamment par la conduite d’opérations de paix au sens plein au Darfour, en Somalie et aux Comores – témoignent de la qualité grandissante de la coopération entre États pour la sécurité en Afrique.
Fonds spécial pour la paix
Comité d'état-major (CEM)
Conseil de paix et de sécurité (CPS)
Force africaine d'alerte (FAA)
Groupe des Sages (GS)
Système continental d’alerte rapide (SCAR)
Source : Benedikt Franke - Security Coopertion in Africa : A Reappraisal Source : Benedikt Franke - Security Cooperation in Africa (2009) : A Reappraisal (2009)
Le changement climatique augmente la probabilité de mouvements de population à grande échelle et de conflits autour de ressources naturelles rares
31
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Opérations de maintien de la paix de l’ONU en Afrique Le budget des missions de maintien de la paix s'élève env. à 7,9 milliards de $.
RESTE DU MONDE
28 %
du 1er juillet 2009 au 30 juin 2010
72 %
5,7 milliards de $ (72 %) sont destinés aux opérations en Afrique.
506
14 179
AFRIQUE
Les dépenses totales en matière de maintien de la paix représentent environ 0,5 % des dépenses militaires internationales (estimées à 1,464 trillions de $)
24 645
MINURSO
Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental Budget approuvé en 07/09-06/10 53 527 600 $ Date de début : 1991
4 800
9 930 12 329
24 974
MINUL
Mission des Nations Unies au Liberia Budget approuvé en 07/09-06/10 560 978 700 $ Date de début : 2003
ONUCI
Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire Budget approuvé en 07/09-06/10 491 774 100 $ Date de début : 2004
MINURCAT
DÉPLOIEMENT ACTUEL DU PERSONNEL
Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad Budget approuvé en 07/09-06/10 690 753 100 $ Date de début : 2007
MISSIONS ACTUELLES
MONUC
MINUS
Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo Budget approuvé en 07/09-06/10 1 346 584 600 $ Date de début : 1999
ANCIENNES MISSIONS (depuis 1949)
Mission des Nations Unies au Soudan Budget approuvé en 07/09-06/10 958 350 200 $ Date de début : 2005
MINUAD
Mission des Nations Unies et de l'Union africaine au Darfour Budget approuvé en 07/09-06/10 1 598 942 200 $ Date de début : 2007
Les déploiements vers l'Afrique ont augmenté de 400 % et les déploiements vers l'Europe ont diminué de 68 % entre 1999 et 2008.
En 2010, le Nigeria, le Rwanda, l'Égypte et le Ghana font partie des dix premiers pays participants aux troupes de maintien de la paix de l'ONU. L'Éthiopie se classe en 2ème position.
Source des données : données tirées d'une note documentaire du DOMP (Janvier 2010)
32
L'Asie (37 %) et l'Afrique (32 %) fournissent la police civile la plus importante.
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Malheureusement, une telle coopération demeure grandement nécessaire, tout comme les activités internationales de soutien de la paix et notamment les opérations des Nations Unies de maintien et de consolidation de la paix. Les guerres, les rébellions et contre-rébellions dans la région des Grands Lacs, les conflits apparemment interminables comme dans le Darfour, la Somalie et la République démocratique du Congo, les coups d’État en Guinée, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, à Madagascar et au Niger, la poussée brutale de la piraterie autour de la Corne de l’Afrique, l’insurrection dans le delta du Niger, les massacres répétés à Jos (Nigéria) et les trêves précaires au Zimbabwe
et au Kenya sont autant d’éléments symptomatiques de tendances déconcertantes. Parmi ces tendances figure la réapparition de formes atomisées et fluides de violences transfrontalières, souvent liées à des intérêts commerciaux, l’expansion géographique de zones ingouvernables, un nouveau militantisme transnational, la criminalité organisée et la traite des personnes à travers les frontières ; et la perpétuation de la violence après l’obtention de règlements de paix. Ces tendances risquent cependant d’être exacerbées par le changement climatique, qui augmente la probabilité de mouvements de population à grande échelle et de conflits autour de ressources naturelles rares.
SéCURITé ALImENTAIRE ET NUTRITIONNELLE L’Afrique subsaharienne demeure la région du monde où l’insécurité alimentaire est la plus grande52. Une situation déjà assez grave a été encore compliquée par les crises alimentaire, financière et économique récentes. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’en Afrique subsaharienne 265 millions de personnes souffriront de sous-alimentation du fait de l’effet conjugué de ces crises53. Derrière chaque statistique, il faut voir des tragédies individuelles. Devant la raréfaction des produits alimentaires, des millions de ménages sont forcés à des compromis inéluctables : remplacer un aliment nourrissant par un aliment moins nourrissant, vendre des actifs productifs, retirer les enfants de l’école, renoncer à des soins ou simplement manger encore moins. Les pauvres sont contraints de puiser dans leurs maigres avoirs, de réduire leurs dépenses, ce qui les plonge dans la pauvreté, et ce qui, à son tour, compromet leur sécurité alimentaire à plus long terme et le progrès socioéconomique en général.
Pour le moment du moins, les crises consécutives ont placé la question de la difficile sécurité alimentaire de l’Afrique en première page des journaux et en bonne place dans l’Agenda des responsables politiques, comme le montrent le lancement au sommet tenu par le G8 à L’Aquila (Italie) de l’Initiative de sécurité alimentaire, représentant 20 milliards de dollars, qui a été accompagnée par l’engagement, contracté par les États membres du G20 à Pittsburg, d’augmenter l’aide agricole aux pays à faible revenu, puis la formation d’un Partenariat mondial pour l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition lors du Sommet mondial de l’alimentation de 200954. Les crises ont mis en évidence les conséquences sociales d’une attitude consistant à oublier l’agriculture, mais le fait que la sous-alimentation augmentait même avant que n’éclatent les crises donne à penser que des problèmes chroniques et structurels plutôt que des fluctuations temporaires demeurent à la base de la situation d’insécurité 55 alimentaire de Lal’Afrique . Ces problèmes sont notamment le révolution verte n’a pas encore gagné l'Afrique La révolution verte n’a pas encore gagné l’Afrique
L’éTAT DE LA RéVOLUTION VERTE EN AFRIQUE
1961
La Révolution verte avait considérablement accru les rendements des cultures de céréales et accéléré la croissance agricole et plus généralement économique de l’Asie, mais elle n’a pas encore touché la plupart des pays africains. Alors qu’au cours des cinq dernières années la transformation de l’agriculture africaine s’est un peu accélérée sous l’impulsion de l’action des gouvernements et des institutions multilatérales et avec l’appui d’organisations de la société civile spécialisées telles que l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, d’énormes problèmes demeurent. Néanmoins, certains succès encourageants peuvent être mentionnés. Le Malawi, par exemple, s’est transformé d’un pays à déficit vivrier en pays exportateur de denrées alimentaires, avec une production en excès par rapport à la consommation nationale pendant quatre années consécutives; l’agriculture du Rwanda a connu des croissances de 13 et 17 % respectivement en 2008 et 2009. Malheureusement, ces succès demeurent trop rares.
2007
4
Tonnes par hectares
TONNES PAR HECTARES
6
AUCUNE CROISSANCE SIGNIFICATIVE EN AFRIQUE PAR RAPPORT AUX AUTRES REGIONS
2
1
0 ÉTATS-UNIS
CHINE
INDE
AFRIQUE
SourceBill:and Fondation Bill(2009) and Source : Fondation Melinda Gates
33
ÉTATS-UNIS
CHINE
INDE
Melinda Gates (2009)
AFRIQUE
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
pose : l’intérêt toujours plus marqué que portent les investisseurs étrangers à l’achat de terres agricoles dans le continent africain, ce qui pose des problèmes aux dirigeants africains (voir encadré).
fait que la hausse des revenus et l’évolution des habitudes alimentaires dans les marchés émergents entraînent une demande croissante de denrées alimentaires, la concurrence toujours plus affirmée entre les biocombustibles et les cultures vivrières pour une même superficie de terre, la faiblesse des rendements du fait de l’épuisement des sols, une irrigation insuffisante et une application insuffisante d’intrants productifs – tels que les engrais et les variétés à haut rendement, le caractère inéquitable des règles commerciales, un sous-investissement systématique dans l’agriculture, des inégalités persistantes entre hommes et femmes dans l’accès à la terre et aux autres ressources productives essentielles56, une dépendance grandissante à l’égard des importations, un manque de marchés intérieurs fiables et un accès insuffisant aux marchés internationaux, et l’aggravation de problèmes environnementaux tels que l’érosion des sols, la désertification, ainsi que le manque d’eau du fait du changement climatique.
Malgré un intérêt plus marqué de la part des donateurs, la propagation rapide de nouvelles technologies susceptibles d’élargir l’accès des agriculteurs à l’information et aux services, et le potentiel bien connu de sa base de ressources, l’Afrique est encore loin de pouvoir se nourrir elle-même. Des millions d’agriculteurs et leurs familles demeurent bloqués dans leur pauvreté et il est improbable que les objectifs de réduction de la sous-alimentation puissent être atteints bientôt. de risque dela la sécurité alimentaire Indice Indice de risque de sécurité alimentaire
Les gouvernements africains ont été lents à aborder ces problèmes structurels au cours des cinq dernières années, mais la communauté internationale ne s’est pas pressée de les aider. Beaucoup de ces pays n’ont pas atteint les objectifs de croissance et de dépenses consignés dans le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique, tel qu’il est présenté dans la Déclaration de Maputo de 2003 et qui a été adopté par 18 pays seulement. À ce jour, huit pays seulement ont atteint l’objectif consistant à affecter au moins 10 % de leur budget à l’agriculture57, tandis que dans la grande majorité les gouvernements n’y consacrent pas plus de 4 %. Ces dernières années, seuls l’Éthiopie, la Gambie, le Mali, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda et le Sénégal ont dépassé le seuil d’une croissance agricole de 6 % définie par ce programme58.
L'Indice de risque de la sécurité alimentaire de Maplecroft évalue le risque de la sécurité alimentaire, en fournissant des estimations quantitatives sur l'accès et la disponibilité de la nourriture et sur la stabilité des systèmes de production alimentaire. L'IRSA comprend également des indicateurs destinés à mesurer les résultats nutritionnels de la sécurité alimentaire relative pour chaque pays.
De ce fait, les progrès sont demeurés insuffisants sur de nombreuses questions importantes, notamment l’utilisation efficace des sols, l’investissement dans les infrastructures rurales et en particulier les routes de desserte, les systèmes d’irrigation et les entrepôts et installations de transformation des aliments, la préservation des ressources naturelles, l’amélioration des marchés alimentaires intérieurs et l’ouverture de marchés internationaux des denrées alimentaires, et la réduction de la vulnérabilité des petits tenanciers. Un problème nouveau se
Indice de risque de la sécurité alimentaire Faible Moyen Élevé Extrême Risque croissant
www.maplecroft.com © Maplecroft 2010
DES INVESTISSEURS éTRANGERS VONT-ILS SE SAISIR DES TERRES DE L’AFRIQUE? L’augmentation brutale récente du nombre d’acquisitions de vastes terres agricoles situées en Afrique par des investisseurs internationaux, où les medias voient “une saisie de terres”, cause un débat intense. Les transactions peuvent porter sur des centaines de milliers d’hectares et promettent la création d’emplois, des investissements dans l’infrastructure et la technologie, mais sont assorties de risques appréciables. Non seulement ces acquisitions de terre se traduisent par le déplacement des habitants du lieu et conduisent à des troubles civils, comme cela a été le cas à Madagascar en 2009, mais aussi la forte proportion de produits destinés à l’exportation et la longue durée de la plupart des baux concernés risquent d’aggraver encore l’insécurité alimentaire en Afrique. Étant donné que les décisions qui sont prises maintenant auront des répercussions majeures sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire d’un grand nombre d’Africains pendant des décennies, il est de la plus haute importance de veiller à ce que ces transactions soient équitables et transparentes et de concevoir des garanties efficaces dans la législation nationale. Pour cette raison, AGRA, la FAO et le FIDA, la CNUCED et la Banque mondiale élaborent actuellement un code de bonne conduite et des pratiques normalisées.
Huit pays africains seulement ont atteint l’objectif consistant à affecter au moins 10 % de leur budget à l’agriculture
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Changement climatique L’importance croissante donnée au problème du climat est l’un des faits nouveaux les plus significatifs des cinq dernières années. Il est de plus en plus manifeste que les structures actuelles de la croissance économique gourmande en carbone ne sont pas viables à terme. Les effets du changement climatique imposeront des charges supplémentaires à l’économie aux plans national et local, aux moyens d’existence et aux services sociaux des populations déjà en difficulté. Cette situation a profondément modifié le débat sur les politiques qui se présente aux dirigeants africains. Un financement nouveau et important est nécessaire pour aider l’Afrique à faire face à ce problème. Cependant, le changement climatique a certes créé des obstacles supplémentaires au développement, mais il offre aussi au continent de nouvelles chances de mettre à profit ses vastes puits de carbone, de brûler l’étape des technologies polluantes, et de se positionner sur une trajectoire de croissance sobre en carbone et de développement propre.
L’impact du changement climatique Malgré quelques erreurs récemment découvertes dans le Rapport de 2007 du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), les faits scientifiques montrant que la Terre connaît un réchauffement général rapide demeurent incontestables. En Afrique, les effets du changement climatique sont déjà une réalité qui affecte l’existence quotidienne de millions d’Africains. Les régimes pluviométriques changent et certaines cultures atteignent les limites maximales de tolérance à la chaleur, de sorte que les pays africains ont de plus en plus de mal à nourrir leurs habitants, à les protéger des effets des catastrophes naturelles, à poursuivre la croissance de leur économie et à préserver l’environnement59. Le changement climatique accroît également le risque de sécheresse, de stress hydrique et de nouvelles menaces pour la santé résultant de l’élargissement des zones de transmission des maladies à vecteur et de l’évolution de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes60. Cette vulnérabilité accrue, et la compétition grandissante pour l’accès aux terres arables et à l’eau augmentent également la probabilité de migrations de masse et d’une instabilité politique. Cette situation menace de mettre à mal des populations vivant dans la précarité et accroît les nombreux facteurs d’insécurité pour des millions d’Africains.
Aspects politiques du changement climatique De plus en plus conscients de la nécessité d’atténuer les vastes changements environnementaux qui affectent directement les moyens d’existence de leurs populations, ou au moins de s’y adapter, les gouvernements africains ont pris un certain nombre de décisions remarquables. Au niveau national, nombreux sont ceux qui se sont dotés d’un programme national d’adaptation et poursuivent des réformes visant à encourager une gestion écologiquement plus rationnelle des sols et à lutter contre le déboisement. Ils ont également créé des organismes nationaux de gestion des catastrophes naturelles et noué des partenariats avec l’Union européenne (UE), le Programme des Nations Unis pour l’environnement (PNUE), la BAfD, les communautés économiques régionales et les autorités locales pour réaliser des projets tels que le Plan de convergence du bassin du Congo sur les forêts et la Ceinture verte, de l’Union africaine/NEPAD pour l’Initiative Sahara. Au niveau international, les gouvernements africains ont pris une série de mesures sans précédent pour parvenir à une position commune de négociation à la XVe Conférence des Parties à Copenhague. Même si cette conférence n’a pas abouti à un cadre international contraignant, l’intensification de la coopération régionale et la constatation des avantages énormes d’une position commune ont offert aux dirigeants africains une base pour avancer ensemble. Sur le plan institutionnel, les dirigeants africains peuvent s’appuyer sur des mécanismes tels que la Conférence des ministres africains sur l’environnement, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine sur le changement climatique et l’Initiative “Climat pour le développement en Afrique” dont la visée est d’améliorer la capacité d’analyse des pays africains, de mieux gérer les connaissances et l’accès à l’information sur le changement climatique. Le choix du Premier Ministre éthiopien Meles Zenawi comme coprésident du Groupe de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique, récemment créé par l’ONU, est une autre reconnaissance des besoins particuliers de l’Afrique et de la contribution substantielle qu’elle peut apporter à des solutions mondiales au problème du climat.
Le changement climatique a créé des obstacles supplémentaires au développement, mais il offre aussi au continent de nouvelles chances de brûler les étapes et de se positionner directement sur la voie du développement propre 35
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Groupes de négociation sur le changement climatique et émissions Groupes de négociation sur le changement climatique et émissions
Les pays dévelopés travaillent pr le biais du G-77 à établir des positions communes pour les négociations. Le pays qui préside le G-77 parle souvent au nom du G-77 et de la Chine.
EIG
Groupe d’intégrité environmentale
LAO Lettonie* Liban Lesotho Liberia
Gu in é
Groupes de négotiation de la CCNUCC Groupes de négotiation hors CCNUCC
Emissions per capita(2005) en tonnes d’équivalent CO2**
Hors Annexe
0
G-77
0
PMD
2
Groupe Afrique Accord Copen.
5
Pays les moins développés
4
AOSIS
10
Alliance des petits États insulaires
6
Annexe I/II
15
UE
8
Union européenne
20
EIG
10
Groupe d'intégrité environnementale
BASIC
UG
Umbrella Group
majeures
OPEP
Organisation des pays exportateurs de pétrole
UE
MEF Forum des économies
Union européenne
Annexe I/II
25
É e é El S Équa qu alv gy teu Ér ato adopte r yt ri r Ét Esto hré ale hio n e pi ie Fin F UE e i F lan dji G ra de Ga abonce m G n All éo b em rg ie Gh agn ie G an e Gu Gren rècea ate ad Gu iné Guimalae e-B né Guyissaue a Hon Haïtna d Hon uras i Islangrie de Indo Inde nésie Iran Ir Irlandak Israële Italie Jamaïq u Jap e Jordanoien Kazakh stan Keny Kiribata Kowe i Kirghizistanït
AOSIS
Alliance des petits États insulaires
PMD
12
Zimbabwe Zambie Yémen Vietnam Venezuela Vanuatu Ouzbékistan Uruguay États-Unis Royaume-Uni Émirats arabes unis Ukraine Ougand Tuvalu a Turkm Turquieénistan Tuni Trinidsie Ton ad-et-Tobag o Togoga Tim ARY or-Leste Thaïl de Macé Tan ande doine Tad zanie Sy jikistan Suisrie Su se Sw ède Su azil Sourinamand Sr da e E i La n Afrspagnnka iqu e Som Île a e d S s S lie u Sud S lové alom Sinlovaqnie on S g u S ier apo ie S eyc ra L ur Sé erbi hell eone A n e es S ra ég S ão bie al S ain To S Sa am t-M mé aoud S i o a e S ai nt a rin Prí ite nc Rwt Ki nte -Vin ipe an tts -Luc cen da et ie t e Ne tl es vis Gr en ad in es
ie ss Ru ée or de n eC tio e d ra ni ue dé ma liq ée Fé u b uin R o pu r al -G Ré ata tug ne es lle Q or og pin ve P ol lip ou P hi ou ay ie-N P r u s Pé aragoua a P ap am P an u P ala stan P ki Pa man ège O rv Noiue ria N ige r de N ige gua Zélan N ara leNicouvel as N ays-B P pal Né ru Naumibiear Nayanm bique M zam Mo oc ro Maornténége M ngoli Mo naco Mo avie Mold* FSM ique Mex aurice Île Mri tanie MauMarshall Îles Malte Mali Maldives Malaisie Malawi Madagascar Luxembourg Lituanie Liechtenstein LBY*
Afghanistan Albanie Algérie Angola Antigua et Barbuda Argentine Arménie Australie Autriche Azerbaïdjan Bahamas Bahreïn Bangladeshe Barbadsie Biélorus Belgiquee Beliz Béninn Bhoutavie Boli BIH* wana Bots Brésil lam s ru sa rie ei Da BulgaFaso Brun ina di Burk Burundge bo n Cammerouda Ca Cana ert -V e Capricainad traf Tch hili C ne cen e i qu Ch bies ubli lom re Rép Co omo ngo C Co ook a s C ic Île sta R oireie Co d’Ivroat ba te C Cu re ô C yp ue Chhèq K* c R * e t PCODark i u q m ut e bli ne bo qu e pu Da Dji ini cain Ré m ni Do mi do e u iq bl pu Ré
Pays les moins développés
Groupe Afrique
G-77
Accord Copen.
Hors Annexe
Emissions totales (2005) en gigatonnes d’équivalent CO2 *
30
de pétrole
CHN* - Chine IND* - Inde RUS* - Russie USA* - USA
14
MEF
CHN
35
Forum des économies majeures
RUS USA
16
UG
IND IND CHN CHN CHN
Emissions cumulées des deux principaux pays émetteurs
40
** Emissions cumulées 1990-2005: CO2 (énergie) Mesure : Tonnes CO2e par personne
OPEP Organisation des pays exportateurs
USA
18
Umbrella Group
USA
45
BASIC
* Emissions par année (2005) : CO2, CH4, N2O, PFCs, HFCs, SF6 (inclut la propriété foncière et les droits d’exploitation) Mesure : MtCO2e
* Code pays ISO 3166-1-alpha-3
Le Groupe Afrique est composé 53 pays et a développé une position commune pour les négotiations.
50 pays définis comme PMD sont devenus de plus en plus actifs dans le processus du changement climatique, travaillant souvent ensemble pour défendre leurs intérêts particuliers, par exemple concernant la vulnérabilité et l’adaptation au changement climatique.
L’AOSIS est une coalition de 43 pays insulaires, dont la plupart sont membres du G-77, et qui sont partriculièrement vulnérables à la montée du niveau de la mer.
Les 27 membres de l’UE se rencontrent en privé pour définir des positions communes de négociation. Le Président de l’UE parle au nom de ses membres.
Source des données : World Research Institute, Climate Analysis Indicators Tool (2010) Source des données : World Research Institute, Climate Analysis Indicators Tool (2010)
36
L’Umbrella Group est une coalition souple de pays développés hors UE qui s’est composé à la suite de l’adaptation du Protocole de Kyoto. L’EIG comprend le Mexique, la Corée du Sud et la Suisse. D’autres groupes travaillent ensemble sur le processus du changement climatique, incluant des pays de l’OPEP, de la Ligue des Etats Arabes et de l’Agence intergouvernementale de la francophonie.
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Afrique @ Copenhague Le Sommet de Copenhague a révélé la fragilité du consensus international sur les moyens de remédier au changement climatique. Beaucoup espéraient que la conférence serait une étape décisive de l’histoire du monde. Avec le recul on s’aperçoit que les espérances qu’elle suscitait – l’obtention d’un accord juridiquement contraignant sur la limitation des émissions – étaient irréalistes, tant la déception a été grande; les représentants n’ont pas “adopté” mais “pris note” de l’Accord conclu, qui a d’ailleurs été le résultat d’une procédure très imparfaite et d’un compromis de dernière minute. L’Accord, cependant, reconnaît l’énormité du problème du climat et la nécessité de limiter l’augmentation de la température à 2 degrés Celsius. L’Afrique a joué un rôle important avant et pendant le Sommet, ayant déployé une équipe commune de négociateurs, défendant une position commune et ayant nommé un porte-parole, Meles Zenawi. Cette concertation a permis à l’Afrique d’influer sur la teneur de l’Accord, notamment au sujet du financement additionnel accordé par les pays développés aux pays en développement pour faciliter l’adaptation, l’atténuation, le dispositif REDD-plus, le transfert de technologies et la création de capacités – 30 milliards de dollars en 2010 – 2012, et 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Néanmoins, des incertitudes majeures subsistent, notamment quant à l’origine, la gestion, l’accès et le versement des fonds proposés. Il reste beaucoup à faire pour que l’Afrique reçoive l’aide financière et technologique nécessaire pour résoudre les problèmes nouveaux que le changement climatique présente pour le développement, et qu’elle ne soit pas réduite de façon permanente à la portion congrue de l’indivis mondial. Les décisions envisagées dans l’Accord de Copenhague doivent recevoir une traduction pratique, et le niveau et le versement des fonds promis doivent être précisés. On est encore très loin d’un accord contraignant et de nombreuses mesures d’aide déjà convenues, notamment le Mécanisme pour un développement propre et le dispositif de réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts (REDD)”, ne sont toujours pas implantées ou opérationnelles sur le continent africain.
De nombreuses mesures d’aide déjà convenues ne sont toujours pas implantées ou opérationnelles sur le continent africain
37
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Financement et coopération pour le développement depuis Gleneagles, mais le G8, dans son ensemble, demeure notablement en retard dans l’accomplissement de ses engagements d’aide à l’Afrique depuis que cette annonce d’aide a été faite.
C’est surtout des recettes intérieures que proviennent les moyens de financement du développement qu’utilisent les gouvernements africains61, mais l’aide au développement fournie par les partenaires internationaux continue à jouer un rôle important, celui de mettre de l’huile dans les rouages, en particulier après le ralentissement économique mondial récent. Cette aide suscite à son tour d’autres mouvements de capitaux et aide à garantir qu’ils donnent des résultats. Au cours des cinq dernières années, on a relevé des évolutions appréciables du niveau et du type de l’aide fournie par les donateurs traditionnels, l’engagement de plus en plus marqué de pays émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil en faveur de l’aide, la poursuite de l’augmentation des dons privés, l’élargissement des opérations d’allégement de la dette et un nouveau débat sur l’efficacité de l’aide.
La crise de l’économie mondiale a désormais réduit à néant l’espoir de voir atteints les objectifs fixés pour 2010. Alors qu’un certain nombre de pays, comme les États-Unis, ont honoré leurs engagements, d’autres, notamment certains grands donateurs européens comme l’Italie, ont différé ou abandonné leurs annonces d’aide. Malheureusement, le Sommet tenu par le G8 à L’Aquila n’a pas renouvelé le consensus sur le développement, le concept même d’APD et le niveau de celle-ci étant contestés. De ce fait, les derniers chiffres fournis par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en avril 2010 font apparaître un net ralentissement de l’augmentation de l’APD mondiale en 2009 et 201062. On estime que cela entraînera un déficit de l’aide totale de l’ordre de 21 milliards de dollars et que l’Afrique en particulier ne recevra qu’environ 11 milliards de dollars sur les 25 milliards de dollars qui constituaient l’augmentation (aux prix de 2004) envisagée à Gleneagles – une effarante diminution de l’ordre de 56 %63. Une partie des réductions du niveau total de l’aide sont le fait de la baisse des chiffres du revenu national brut, sur la base desquels l’APD est calculé (cela pourrait représenter 8,6 milliards de dollars) et des mouvements des taux de change (de 3 à 5 milliards de dollars).
Les partenaires traditionnels Certains donateurs ont pris des engagements en 2005 concernant tant le volume de l’aide que l’aide à l’Afrique subsaharienne. L’engagement le plus important a été pris par les membres du G8 au Sommet de Gleneagles, lorsqu’ils ont annoncé leur intention de doubler leur aide au développement avant la fin de 2010. L’APD mondiale a certes augmenté en termes nominaux, et 2009 a vu la plus importante augmentation de l’APD par le G8 jamais annoncée en une seule année
Le Sommet tenu en 2009 à L’Aquila
L’APD en péril
Bien qu’on prétende souvent le contraire, l’Afrique n’a pas figuré en bonne place à l’ordre du jour de la présidence italienne du G8. Alors que la crise économique mondiale retenait l’attention, les dirigeants algérien, angolais, égyptien, nigérian, sénégalais et sud-africain, ainsi que le Président libyen de l’Union africaine, le Président de la Commission de l’Union africaine et le Président éthiopien du Comité de mise en œuvre du NEPAD ont bien été invités à examiner avec le G8 un certain nombre limité de questions, notamment la préservation du bassin du Congo et le mode de fonctionnement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité. Les seuls résultats notables ont été une déclaration commune sur l’eau et l’assainissement et l’Initiative de l’Aquila pour la sécurité alimentaire qui ne seront, ni l’une ni l’autre, mises en œuvre.
Depuis les deux dernières années, la notion même d’aide publique au développement (APD) est contestée à partir de plusieurs fronts. On a suggéré que les pays peuvent faire appel aux marchés des capitaux plutôt que l’APD pour leurs besoins de financement, mais beaucoup de pays n’ont pas cette latitude. D’abord, on observe à nouveau des tentatives pour faire figurer les opérations de maintien de la paix et l’aide militaire et même les demandes d’asile politique dans le calcul de l’aide au développement. On craint aussi que les demandes nouvelles de financement engendrées par le changement climatique ne soient satisfaites par un recours à l’APD, et ne soient donc pas réellement additionnelles. Dans les deux cas, l’aide traditionnelle au développement s’en trouverait réduite d’autant.
Les derniers chiffres fournis par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en avril 2010 font apparaître un net ralentissement de l’augmentation de l’APD mondiale en 2009 et 2010
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Suivipromesses des promesses du sommet du G8 Gleneagles Suivi des du sommet du G8 de de Gleneagles 40,2**
A Gleaneageles, trois des pays du G7 ont défini les objectifs à atteindre en termes absolus (Canada, Japon et Etats-Unis) plutôt qu’en terme de pourcentage du RNB. L’OCDE a mesuré l’APD en termes de pourcentage du RNB divisé par les Etats membres du CAD.
32,2 27,5
10 Suivi des promesses du sommet du G8 de Gleneagles
0.6 40,2** 32,2
0.5 27,5
0.7
6
0.4
0.6
0.3
0.4
2
% du RNB
0.5
4
0.3
0.2 0.1
0.2
0
Canada
0.1 G8*
France
Allemagne
Italie
Japon
Royaume-Uni
États-Unis
6,06
5,25
3,42
1,23
4,99
8,43
32,16
9,17 G8* 8,80 32,16
27,53 40,23**
L'objectif de 2009 est sur la bonne 1,50 voie pour atteindre l'objectif de 2010 Dépenses réelles de 2009 1,53 Canada Objectif de 2010 L'objectif de 2009 est sur la bonne1,50 1,50
5,04 France 8,276,06
voie pour atteindre l'objectif de 2010 Dépenses réelles de 2009 1,53 0,30 1,50 APD nette (2009) ende%2010 du RNB Objectif
3,62 Allemagne
5,04 0,46 8,27
0,30 d'APD 0,46 (2009)engagement en % du RNB en matière * La Russie n'aAPD prisnette aucun ** Revu à la baisse en raison de la diminution du RNB et de la modification*des objectifs deaucun certains donateurs (France et Canada) La Russie n'a pris engagement en matière d'APD
Italie1,16
Japon
6,96 5,25
3,42 5,35
1,23
3,62 0,35 6,96
1,16 0,16 5,35
1,29 1,42
2010 0,16
0,35
1,29 Royaume-Uni 3,98 États-Unis 1,42 4,99 6,188,43
0,18
Objectif de l'APD Objectif de 2009 de 2010 sur la bonne voie pour 2010
9,17 0,528,80
(Milliards de $ - Prix de 2009) 27,53 0,20 40,23**
(Milliards de $ - Prix de 2009)
2009 0,18
Objectif de 2009 09 2010 de l'APD 20Objectif de 2010 sur la bonne voie pour 2010
** Revu à la baisse en raison de la diminution du RNB et de la modification des objectifs de certains donateurs (France et Canada)
3,98 6,18
0,52
0,20
Dépenses réelles de 2009
APD nette (2009) en % du RNB
Dépenses réelles de 2009
APD nette (2009) en % du RNB
APD totale de l'OCDE-CAD par secteur(Echelle à droite) APD totale de l’OCDE-CAD par secteur
Objectif de 2009 atteint Objectif de 2009 non atteint ou dépassé
(Echellede à droite) Objectif 2009 atteint Objectif de 2009 non atteint ou dépassé
APD totale de l'OCDE-CAD par secteur
5% 28 %
Mesure liée à la dette
55%%
8%
5%
6 %6 %
28 %
2626%%
8% 4%
Mesure liée à la dette
8%
8%
7 %7 %
8%
5%
11 %
5%
11 % 12 % 10 %
12 % 10 %
11 %
11 %
Agriculture
4%
4%
8%
Agriculture
Education
Education
Santé
Santé
Aide humanitaire Aide humanitaire Soutien général au budget
Soutien général au budget
4%
14 %
11 %
11 % 10 % 7 % 10 % 7 %
Engagements de 2008 Dépenses de 2008 (en prix de 2008) 47,07 milliards de $ 39,45 milliards de $
Gouvernement et société civile
14 %
Population et Gouvernement santé reproductiveet société civile
Population et santé reproductive Eau et assainissement Autre
Eau et assainissement Autre
Engagements de 2008 Dépenses de 2008 : ONE, The DATA Report (2010) 47,07 milliards de $ (en prix de 2008) 39,45 milliards dePour$plus d’informations surSource les chiffres de l’APD : www.one.org Source : ONE, The DATA Report (2010) Pour plus d’informations sur les chiffres de l’APD : www.one.org
39
% du RNB
A Gleaneageles, trois des pays du G7 ont défini les objectifs à atteindre en termes absolus (Canada, Japon et Etats-Unis) plutôt qu’en8terme de pourcentage du RNB. L’OCDE a mesuré l’APD en termes de pourcentage du RNB divisé par les Etats membres du CAD.
milliards de $
0.7
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
LES NOUVEAUx PARTENAIRES
concessionnel. Ce fait a non seulement augmenté le volume des ressources disponibles pour le développement, mais a également diversifié les options de financement qui s’offrent aux pays de la région. En particulier, son orientation sectorielle (axée sur les secteurs des infrastructures et de la production), l’absence de toute conditionnalité dans le choix des politiques et le fait que cette aide repose sur des modèles de développement non occidentaux ont fait de l’aide venant des pays non membres du CAD un choix assez attrayant pour beaucoup de pays africains64.
Les pays nouvellement industrialisés comme le Brésil, la Chine et l’Inde deviennent de plus en plus importants pour le développement de l’Afrique. Ces pays figurent parmi les principaux partenaires commerciaux et parmi les principales sources d’investissement dans ce continent, et ils ont joué un rôle important dans la relance des taux de croissance et dans l’amorce d’une amélioration bien nécessaire des infrastructures en Afrique, et cela depuis plusieurs années. Au cours des cinq dernières années en particulier, leur participation a changé. D’abord limitée aux secteurs de l’exploitation des ressources naturelles et de la sécurité énergétique, elle s’est étendue à un champ d’action beaucoup plus vaste de leur coopération, notamment le partage des données d’expérience relatives au développement et la fourniture d’une assistance financière et technique considérable.
La Chine en particulier a tiré tous les avantages politiques de la présentation de son engagement commercial en Afrique sous forme d’un partenariat Sud-Sud, engagement qui est complété par un programme détaillé de coopération pour le développement. Son Forum sur la coopération Chine-Afrique a évolué et est devenu une importante plate-forme où sont annoncées d’ambitieuses promesses de contribution à la région et, depuis sa création en 2000, est devenu un modèle pour d’autres partenaires du Sud. À la dernière réunion tenue en novembre 2009, la Chine a annoncé huit nouvelles mesures pour intensifier sa coopération au développement avec l’Afrique au cours de la période 2010-2012, pour un montant qui dépasse nettement 12 milliards de dollars.
Alors que les donateurs qui sont membres du CAD représentent encore une grande partie des apports d’aide comptabilisés à l’Afrique, plusieurs pays qui ne sont pas membres du CAD sont disposés à accorder des subventions et un financement
Options d’aide sélectionnées par les partenaires de développement de l’Afrique
Brésil
Pays de l'OCDE-CAD Part du budget d’aide dédiée à l'Afrique
Turquie
Pays arabes
6 %
35 %
Inde
11 %
27-30 %
Chine
Corée
30-50 %
15 %
1,5-3,6 %
Type d'aide
subventions pour la plupart
cofinancement souvent via une coopération triangulaire
Conditions imposées
politiques et non politiques
non politiques
Mode de prestation
de plus en plus loin des projets en faveur d’échanges financiers et de soutien budgétaire
projet
subventions
subventions et prêts
projet
projet
subventions et prêts
subventions et prêts
non politiques
non politiques
projet
projet
subventions et prêts
projet
Allégement de la dette utilisé comme instrument de soutien
Source : CNUCED, Rapport sur le développement en Afrique (2010)
Le financement concessionnel accordé par plusieurs pays hors CAD a permis de diversifier les options de financement qui s’offrent aux pays d’Afrique
40
Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Les engagements souscrits par la Chine à la Conférence de 2009 du Forum de la coopération Chine-Afrique 1. Fournir, au cours des trois prochaines années, 10 milliards de dollars de prêts préférentiels aux pays africains, qui seront utilisés principalement pour des projets de création d’infrastructures et de développement social ; 2. Augmenter le volume du Fonds de développement Chine-Afrique pour le porter à 3 milliards de dollars afin de faciliter l’expansion des investissements des entreprises chinoises en Afrique ; 3. Établir, par le canal d’institutions financières chinoises, un prêt spécial de 1 milliard de dollars pour le développement des petites et moyennes entreprises africaines ; 4. Accorder, de façon échelonnée, une exemption de droits de douane à 95 % des exportations des pays les moins avancés africains ayant des relations diplomatiques avec la Chine ; 5. Apporter 30 millions de dollars à un fonds d’affectation spéciale de la FAO pour soutenir la coopération Sud-Sud entre la Chine et les pays africains ; 6. Au cours des trois prochaines années, dépêcher 50 équipes de spécialistes des techniques agricoles en Afrique pour aider à former 2 000 techniciens agricoles dans les pays africains et porter à 20 le nombre total de centres de développement des techniques agricoles dans les pays africains. Au cours des trois prochaines années également, former 20 000 spécialistes africains, construire 50 écoles de l’amitié sino-africaine, former 1 500 directeurs d’école, augmenter le nombre de bourses accordées par le Gouvernement chinois à des étudiants africains pour le porter à 5 500 et admettre en Chine 200 administrateurs africains de haut niveau pour des programmes d’enseignement supérieur en administration publique. 7. Créer en Chine un centre pour le commerce des produits de base africains, afin de promouvoir les exportations de produits de base africains vers la Chine ; 8.Créer de trois à cinq centres logistiques en Afrique pour améliorer dans les pays africains les services fournis par les entreprises.
Philanthropie et dons privés Au cours des cinq dernières années, les dons caritatifs faits par des individus ou des fondations telles que la Fondation Bill et Melinda Gates ou la Fondation Ford, par des entreprises et d’autres organisations à des pays en développement ont rapidement augmenté – dans des pays tels que les États-Unis, dépassant même parfois l’aide publique au développement. Selon l’indicateur 2009 de la philanthropie et des transferts de fonds mondiaux, l’Afrique continue à être le premier bénéficiaire de cet effort massif65. Malgré le ralentissement économique
mondial qui a notamment occasionné des réductions des avoirs des fondations et de la richesse individuelle, ces dons privés ne devraient pas notablement baisser en 2010. Au contraire, la propagation de modèles novateurs de philanthropie et de prêts caritatifs, par exemple par l’utilisation de plates-formes dans Internet telles que MyC4 ou Kiva, et la diminution prévue de l’aide publique au développement et des envois de fonds signifient peut-être que cet élément augmentera, en proportion, dans les apports totaux des capitaux à l’Afrique.
Aide publique au développement (APD) vs philanthropie Aide publique au développement (APD) vs philanthropie FLUX PRIVÉS TOTAUX OFFICIELS ET FLUX PRIVÉS TOTAUX - PHILANTHROPIE, VERSEMENTS, INVESTISSEMENT - DES PAYS DONATEURS DE L'OCDE EN FAVEUR DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, 1991-2007
519
500 $ 450 $
MILLIARDS DE $
400 $ 350 $ 300 $ 250 $ 200 $ 150 $
107
100 $ 50 $ 0 $
* L’indice du Hudson Institute
9 7 0 5 1 3 1 2 3 8 4 6 5 4 2 6 7 199 199 199 199 199 199 199 199 199 200 200 200 200 200 200 200 200 Flux officiels
Flux privés totaux
CGP* plus complet Flux privés totaux
* L'indice du Hudson Institute Center for Global Prosperity (CGP) comprend les calculs de nombreux autres flux privés provenant de sociétés, fondations, œuvres de charité, particuliers, universités et organisations religieuses.
Source : Hudson Institute, Index of Global Philantropy and Remittances (2009)
Source : Hudson Institute, Index of Global Philanthropy and Remittances (2009)
41
Center for Global Prosperity (CGP) comprend les calculs de nombreux autres flux privés provenant de sociétés, fondations, œuvres de charité, particuliers; universités et organisations religieuses.
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Allégement de la dette
sur la question montre qu’en moyenne, 45 % seulement de l’aide est versée dans les temps – ce qui constitue un poids mort estimé à 16 milliards de dollars par an ou encore 15 à 20 % de l’aide totale – et que des problèmes importants se posent encore, notamment le niveau trop élevé des coûts de transaction et des coûts d’administration, qui s’expliquent par une prolifération d’initiatives et un manque de coordination, par le caractère imprévisible à moyen et à long terme de l’aide accordée, par un manque d’adéquation aux systèmes nationaux et par la compartimentation de l’aide70. C’est pourquoi les donateurs membres de l’OCDE n’atteindront sans doute pas les objectifs chiffrés qu’ils s’étaient fixés pour 2010 dans l’application de la Déclaration de Paris71.
Le fardeau de la dette extérieure s’est considérablement allégé au cours des cinq dernières années66. L’encours de la dette extérieure des pays africains demeure au-dessus de 200 millions de dollars67, mais la part de la dette dans le PIB a été ramenée de plus de 100 % en 2000 à moins de 50 % en 2008. En mai 2010, 21 pays africains avaient atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui les admet à bénéficier d’un allégement irrévocable de leur dette ; 11 autres pays se trouvent à différentes étapes du processus PPTE68. Des programmes associés tels que l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale, diverses initiatives bilatérales et des programmes de conversion de dette tels que l’Initiative Debt2Health du Fonds mondial apportent une rémission supplémentaire. Il est encourageant de noter qu’une étude récente de la BAfD montre que, plus que d’autres formes d’aide, les ressources dégagées par l’allégement de la dette peuvent plus facilement être transformées en dépenses liées à la réalisation des OMD69.
L’affectation de l’aide continue à refléter des considérations politiques plutôt que les priorités de développement. L’aide accordée aux pays qui en ont le plus besoin demeure trop faible ou est utilisée pour améliorer la capacité des pays bénéficiaires de mobiliser des ressources72. En outre, l’aide reste trop souvent accordée selon des modalités qui ne sont pas conçues pour renforcer et qui compromettent même, le contrat social entre le pouvoir et les citoyens.
Malgré les progrès accomplis, le fardeau de la dette extérieure demeure massif et continue à entraver les perspectives de développement de beaucoup de pays africains. La crise économique mondiale et le fait que de plus en plus de pays du Sud accordent des prêts concessionnels ont ravivé les préoccupations au sujet de la viabilité de la dette à terme et du risque de voir éclater une nouvelle crise de la dette en Afrique. Part de la dette externe dans le produit intérieur brut (en pourcentage)
Cependant, certains indices sont encourageants. En particulier, l’Union européenne a beaucoup progressé dans l’amélioration de la cohérence et de l’efficacité de ces politiques d’aide face à l’adoption d’un Code de conduite sur la complémentarité et la division du travail (mai 2007) et grâce aux conséquences du Traité de Lisbonne (décembre 2009). Ceux-ci pourraient aider à éviter les doubles emplois et les coûts de transaction et rendra l’aide plus efficace. Mais, étant donné la tendance toujours plus affirmée des pays donateurs à restructurer et recycler les fonds d’aide, et à rendre les engagements de plus en plus opaques, l’apparition d’initiatives telles que l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (voir encadré) et la Charte de bonne conduite dans les engagements préconisée par notre partenaire ONE, est également bienvenue.
Part de la dette externe dans le PIB (%)
Part de la dette extreme dans le produit intérieur brut (en pourcentage)
109
107
111 107 101 85
L’Initiative internationale pour la transparence de l’aide
64 51
0
200
1
200
2
200
3
200
4
200
5
200
6
200
49
7
200
8
200
Source : BAfD - Initiatives d’allègement de la dette, aide au développement et prestation de services en Afrique (2009) Source : BAfD - Initiatives d'allègement de la dette, aide au développement et prestation de services en Afrique (2009)
L’efficacité de l’aide
Les progrès dans l’application des principes d’efficacité de l’aide définis dans la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide (mars 2005) et dans le Plan d’action d’Accra (septembre 2008) demeurent trop lents pour influer de façon sensible sur le rythme de réalisation des OMD. La dernière étude de l’OCDE
Cette initiative a été prise à Accra en 2008. Dix-huit donateurs, qui versent ensemble environ la moitié de l’APD mondiale, se sont engagés à appliquer une norme commune de publication de l’information relative à l’aide, notamment la portée, le niveau de détail et un ensemble de définitions communes essentielles pour que cette information soit utilisable non seulement par les gouvernements concernés mais aussi par les parlements, la société civile et les citoyens. Au moment de la rédaction de la présente étude, des donateurs de cette initiative s’apprêtaient à convenir d’un projet de normes communes avant août 2010.
Malgré les progrès accomplis, le fardeau de la dette extérieure demeure massif et continue à entraver les perspectives de développement de beaucoup de pays africains
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Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
PARTIE II
RÉALISER LE POTENTIEL DE L’AFRIQUE Les cinq dernières années mènent à dresser un tableau très contrasté de la situation en Afrique. D’énormes difficultés subsistent dans presque tous les secteurs et presque tous les pays, mais on relève de nombreux indices d’espoir et de progrès. Bien souvent, des politiques et des plans judicieux ont été mis en place. Les conditions de base de la transformation du continent ont été améliorées et on est parvenu à un point important de la trajectoire de progrès du continent africain, qui se trouve ainsi redéfini pour de nombreuses années. En conséquence, dans cette deuxième moitié de notre rapport, nous examinons six recommandations. Les trois premières sont destinées aux dirigeants africains, à qui il incombe au premier chef d’animer les efforts visant une croissance économique durable, la réduction de la pauvreté et la sécurité, et les trois dernières visent les partenaires internationaux qui doivent créer des conditions équitables et propices à la réalisation de ces efforts. Si elles sont appliquées, nous sommes convaincus que ces six recommandations permettront à l’Afrique de réaliser son vaste potentiel pour le bien des Africains mais aussi du monde entier.
43
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
LES DIRIGEANTS AFRICAINS DOIVENT S’ENGAGER...
POUR UNE mEILLEURE GESTION DES RELATIONS ET DES AVOIRS L’importance géostratégique de l’Afrique est de plus en plus évidente : ses ressources en terres, en produits minéraux, en hommes et ses ressources naturelles voient leur valeur augmenter tant pour le secteur privé que comme moyen de lutter contre le changement climatique. Cela dégage des possibilités de transformation économique et de développement social, mais comporte également la menace d’une exploitation illicite des hommes et des ressources. Il n’est que trop vrai malheureusement qu’en dehors des élites, les Africains ne profitent toujours pas assez des recettes dégagées et des partenariats dans ce qu’on appelle de plus en plus une nouvelle “ruée vers l’Afrique”. Ainsi, il semble y avoir de nombreuses occasions manquées d’augmenter l’échelle des succès obtenus dans les domaines de l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la sécurité humaine, de l’entreprise locale et d’un développement économique “à l’épreuve du changement climatique”.
de réduction de la pauvreté dans le continent. À l’exception des principaux producteurs de pétrole et de produits minéraux, les pays africains ont avec d’autres pays du Sud des déficits commerciaux considérables. Leurs exportations vers ces pays sont surtout des matières premières à faible valeur ajoutée, par exemple des combustibles non raffinés (qui représentent 67,2 % des exportations de l’Afrique vers d’autres pays en développement)74, des produits minéraux et du bois d’oeuvre, tandis que les marchandises transformées, en particulier les produits agricoles, se heurtent à la fois à des obstacles tarifaires et non tarifaires. La valeur croissante des investissements et des prêts accordés par des pays émergents à l’Afrique soulève également des préoccupations qui concernent la viabilité à terme de la dette, le partage des risques et la récupération des coûts. De plus, très souvent ces transactions sont non transparentes et elles font craindre que les mécanismes de responsabilisation politique, en Afrique, ne soient compromis, délibérément ou par inadvertance, par l’engagement grandissant de pays comme la Chine75.
POUR DES PARTENARIATS mUTUELLEmENT BéNéFIQUES
Il y a donc lieu d’améliorer considérablement les relations entre l’Afrique et le Sud. Le problème principal pour les dirigeants africains est de gérer ces relations, parmi d’autres, d’une façon qui dégage des avantages tangibles pour les Africains par une croissance économique durable et par une réduction durable de la pauvreté. Pour cela, ces dirigeants doivent bien comprendre que les avantages qu’il y a à nouer des liens économiques avec d’autres pays ne sont pas automatiques. Ils ne se concrétisent que pour les pays qui prennent des mesures adéquates, prennent les devants pour exploiter au mieux ces liens par des politiques bien conçues. Cela est particulièrement important au lendemain de laencrise économique mondiale, Exportations africaines vers les pays développement situés en dehors de l'Afrique, 1995-2008 car les pays en développement ont sans doute joué un rôle Exportations africaines vers les pays 76 important dans la reprise en Afriqueen.développement situés en dehors de l'Afrique, 1995-2008
Nous sommes convaincus que les dirigeants africains pourraient s’affirmer beaucoup plus dans l’organisation de partenariats efficaces et mutuellement bénéfiques visant à accélérer le développement social et économique. Cela s’applique à tous les partenariats, anciens ou nouveaux, politiques ou économiques, avec le secteur public ou le secteur privé, mais il est tout à fait urgent d’améliorer les relations de plus en plus importantes avec les autres pays du Sud.
Exportations africaines vers les pays en développement situés en dehors de l’Afrique, 1995-2008 140 120 100 80 60 40 20 0
Mais il est possible et nécessaire de faire beaucoup plus. L’intervention grandissante d’acteurs du Sud, comme la Chine, suscite des préoccupations légitimes. Par exemple, leur commerce avec l’Afrique, leurs investissements en Afrique ne sont pas nécessairement une source de croissance et un facteur
Valeur en milliard de $
Valeur en milliard de $
L’engagement commercial des acteurs du Sud commence déjà à avoir un impact considérable sur le développement de l’Afrique. Il stimule les exportations et la croissance économique et ouvre des possibilités à des pays par ailleurs oubliés ou même complètement ignorés des investisseurs et des financiers. Leurs investissements aident également les pays africains à diversifier leur économie, à remédier au manque d’infrastructures, à réduire le coût des activités économiques et à faciliter les échanges. L’abaissement du coût des biens et des services produits par ces pays a également permis de dégager des gains appréciables, voire de bien-être au profit des consommateurs africains, même si on peut craindre de voir ces nouveaux pays évincer les producteurs africains73.
140 120 100 80 60 40 20
3 8 5 9 6 0 7 1 2 4 5 6 7 8 199 0199 199 199 199 200 200 200 200 200 200 200 200 200
3 5 8 6 9 7 0 1 2 4 5 6 7 8 199 199 199 199 199 200 200 200 200 200 200 200 200 200
Produits primaires Produits primaires Produits manufacturés à base de ressources naturelles et à faible valeur technologique Produits manufacturés à base de ressources naturelles et à faible valeur technologique Produits manufacturés à moyenne et à forte valeur technologique Produits manufacturés à moyenne et à forte valeur technologique
Source: CNUCED - (2010)
Source : CNUCED - (2010)
Source : CNUCED - (2010)
Les Africains ne profitent toujours pas assez des recettes dégagées et des partenariats dans ce qu’on appelle de plus en plus une nouvelle “ruée vers l’Afrique”
44
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
14 Md $
53 Md $
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Exportationsde del’Afrique l'Afrique par Exportations par type typeetetpar pardestination destination
Asie
10 %
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milliards de $ d'exportations au niveau mondial (données de 2008)
Agriculture 38 Md $
Europe
218 Md $ Combustibles et produits miniers
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Produits manufacturés
122 Md $
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Caraïbes
*
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0,3 %
*L'Amérique latine et les Caraïbes comprennent l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud et les Caraïbes telles que définies par l'OMC **Communauté des États indépendants
Composition des exportations de produits manufacturés de l'Afrique en 2008
LES CHIFFRES Exportations de l’Afrique au niveau mondial Augmentation du pourcentage annuel des combustibles et des produits miniers, des produits agricoles et des produits manufacturés (2000 - 2008)
21 % 4%
10% 22% 14% Agriculture
Combustibles et Produits miniers
21 %
5%
Source : statistiques du commerce international, Organisation internationale du commerce (2009)
Source : statistiques du commerce international, Organisation internationale du commerce (2009)
45
Produits chimiques Équipement de bureau et de télécommunication
13 %
Produits manufacturés
Fer et acier
Produits automobiles
36 %
Textiles Vêtements
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
POUR LA VALORISATION DES RESSOURCES NATURELLES AU PROFIT DES AFRICAINS
LES RESSOURCES RENOUVELABLES DE L’AFRIQUE L’Afrique possède un énorme potentiel de production énergétique à partir des sources d’énergie renouvelables – d’énergie solaire, hydraulique, éolienne et géothermique. Presque tous les pays subsahariens disposent de ressources renouvelables suffisantes, exploitables avec les techniques actuelles, pour satisfaire, et bien au-delà, leurs besoins énergétiques actuels. Les dirigeants africains doivent donc chercher à tirer parti de ces possibilités en ciblant les subventions et autres incitations économiques afin de réduire la pénurie d’énergie, d’améliorer la fiabilité des réseaux de distribution et de réaliser une croissance “propre”. En même temps, ils doivent s’assurer que les grands projets envisagés, tels que l’Initiative Desertec, qui vise à couvrir 20 % des besoins énergétiques de l’Europe par l’exploitation de l’énergie solaire dans le désert du Sahara d’ici à 2050, sont bien conçus pour dégager une valeur sociale et environnementale et ne pas répéter les erreurs du passé dans d’autres industries extractives.
Les richesses naturelles, en Afrique, sont immenses et la plupart des pays africains dépendent beaucoup de leurs exportations de ressources naturelles pour gérer leur économie. Cependant, les coûts sociaux, environnementaux et politiques de l’extraction des ressources naturelles sont élevés et excèdent souvent les avantages financiers et économiques ainsi dégagés au profit du public. C’est le cas en particulier des populations locales dont la santé, les moyens d’existence et les droits sont souvent compromis et qui sont rarement consultées dans la conception, la gestion et l’exécution des opérations77. La division du travail évidente dans les structures actuelles du commerce international – les ressources naturelles n’étant pas généralement transformées en Afrique même – n’est manifestement pas propice à l’accomplissement de l’objectif d’une diversification des économies africaines et à l’application du commerce à la poursuite du développement industriel du continent. Au contraire, cette division du travail empêche la formation d’un secteur manufacturier compétitif et réduit à presque rien les effets d’entraînement potentiellement positifs de l’extraction des ressources. Tout comme l’énorme hémorragie de ressources financières78, elle a pour effet de réduire la quantité de ressources disponibles dont les gouvernements africains pourraient se servir pour promouvoir une réduction de la pauvreté et la croissance économique.
Il est essentiel que les dirigeants africains, qui sont dans les pays qui ont la chance d’avoir des ressources naturelles, s’efforcent de combler cet écart entre la richesse de leur pays et les maigres avantages qui découlent de l’extraction de ces ressources pour les habitants, et qu’ils suivent des politiques bien conçues pour valoriser ces ressources afin d’obtenir des résultats de développement tangibles. La première étape consisterait à améliorer la transparence des transactions,
Les richesses naturelles de l’Afrique Quelques faits Quelques faits
PETROLE - L’Afrique possède 9 % des ressources avérées et l’on soupçonne PETROLE - L’Afriquemondiales possède 9de %pétrole, des ressources avérées qu’il existe des réserves nonexiste encore mondiales de pétrole, et l’onconséquentes soupçonne qu’il desdécouvertes. Ainsi, la tendance est à l’augmentation des importations venant réserves conséquentes non encore découvertes. Ainsi, la d’Afrique pour pays comme la Chine, qui importe tendance est à l’augmentation desdes importations venant d’unlatiers de qui ses importe besoins en pétrole de d’Afrique pour des déjà pays près comme Chine, ou les en Etats-Unis déjà près d’un tiersl’Afrique, de ses besoins pétrole qui de comptent porter leurs importations de pétrole à 25leurs % en provenance du l’Afrique, ou les Etats-Unis qui comptent porter continent. importations de pétrole à 25 % en provenance Source:du Council on Foreign Relations, 2008 continent. B Source: Council on Foreign Relations, 2008
B
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OR - L’Afrique du Sud possède 40 % des ressources B mondiales estressources le troisième producteur mondial OR - L’Afrique du Sud possèdeen 40or %et des avec 9 % de la production mondiale. Elle mondiales en or et(2009) est le troisième producteur mondial l’un des premiers producteurs de métaux (2009) avec 9 % de demeure la production mondiale. Elle Principales réserves précieuxproducteurs au monde. de métaux demeure l’un des premiers Principales réserves Source: Goldnews.bullionvault.com, 2010 précieux au monde. Pétrole Source: Goldnews.bullionvault.com, 2010
Pétrole DIAMANTS - Six des dix premiers producteurs de diamants au monde sont africains et on estime à 65 % DIAMANTS - Six des dix premiers producteurs de Bois la sont production venant diamants au monde africainsmondiale et on estime à 65du%continent. Source: Diamondfacts.org, 2010 Or la production mondiale venant du continent. Source: Diamondfacts.org, 2010
GAZ - L’Algérie est la huitième plus grande réserve de gaz naturel plus au monde le deuxième GAZ - L’Algérie est la huitième grandeetréserve de producteur parmi B les pays l’OPEP. Les exportations d’énergie tiennent gaz naturel au monde et le de deuxième producteur parmi uneexportations grande partied’énergie de l’économie algérienne et les pays de l’OPEP. Les tiennent l’utilisation domestique une grande partie de l’économie algériennedu etgaz naturel représente 60C% de la totalité de la consommation du pays. l’utilisation domestique du gaz naturel représente 60énergétique % de la totalité de la consommation énergétique du pays. Sources: BBC Country Profiles and Oil and Gas Journal , 2009
Diamants Bauxite Gaz Cuivre Uranium
Sources: BBC Country Profiles and Oil and Gas Journal , 2009
C
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Bois Or Diamants
B
Bauxite
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C C
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Cuivre Uranium Source: Compilation de l’APP à partir de sources variées Source: Compilation de l’APP à partir de sources variées
Les dirigeants africains des pays qui ont la chance d’avoir des ressources naturelles doivent s’efforcer de combler l’écart entre la richesse de leur pays et les maigres avantages qui découlent de l’extraction de ces ressources pour les habitants 46
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
en participant à des initiatives telles que l’Initiative de transparence des industries extractives, qui visent à améliorer la gouvernance par la vérification et la publication intégrale des comptes des sociétés extractives et des recettes publiques provenant de l’exploitation du pétrole, du gaz et des ressources minérales. Mais pour que les Africains recueillent les avantages de recettes publiques provenant de l’exploitation des ressources naturelles, il faut que cette transparence s’étende à toute la filière d’exploitation de ces ressources, depuis l’adjudication des contrats, leur vérification, à la façon dont les impôts et les redevances sont collectés, et à la façon dont les choix d’investissement sont faits et mis en œuvre. On relève déjà certains signes positifs à cet égard. Le Niger et le Libéria se sont adressés à leurs partenaires afin d’obtenir une aide juridique et technique portant sur l’adjudication des contrats d’exploitation. Au Mozambique et en Tanzanie, les travaux de recherche aident à encourager un dialogue portant sur la gestion des dépenses publiques et la responsabilisation
financière dans un contexte d’augmentation progressive des recettes publiques provenant de l’extraction des ressources minérales79. Les dirigeants africains doivent non seulement obtenir des conditions équitables et transparentes au bénéfice des habitants, mais également examiner les inconvénients de la division du travail qui caractérisent encore trop souvent l’extraction des ressources naturelles africaines et se traduisent par une fuite de l’essentiel de la valeur ajoutée en dehors du continent africain. Comme nous l’a rappelé la crise, les pays riches en ressources naturelles doivent également être préparés, par une diversification de leurs sources de croissance économique, aux conséquences d’un épuisement possible des ressources pétrolières et minières. Cela suppose une réorientation profonde des politiques suivies et d’importants investissements dans les institutions, le potentiel humain, la santé publique, l’éducation et l’infrastructure.
LES SORTIES ILLICITES DE CAPITAUx DE L’AFRIQUE : UNE RESSOURCE INUTILISéE POUR LE DéVELOPPEmENT Selon un rapport récent de “Global Financial Integrity”, les sorties totales illicites de capitaux du continent africain, au cours des 39 dernières années, pourraient atteindre pas moins de 1 800 milliards de dollars, soit près du double de l’aide totale reçue pendant la même période. Pour 2008 seulement, les sorties illicites seraient de 37 à 53 milliards de dollars. Cette hémorragie massive de capitaux, illicite, est facilitée par un système financier occulte, composé de paradis fiscaux, de juridictions pratiquant le secret bancaire, de sociétés écrans, de comptes fiduciaires anonymes, de fondations fictives, de sous-tarification des exportations et d’un blanchiment d’argent. Les effets négatifs de cette hémorragie de ressources sont stupéfiants. Selon le rapport, ce phénomène entraîne une fuite des réserves de devises, exacerbe l’inflation, réduit les recettes fiscales, aboutit à l’annulation d’investissements et compromet le libre échange.
Illicit Financial Flows 1970 - 2008 Entre 1970 et 2008, le total des sorties financières illégales d'Afrique (estimées raisonnablement) représentait environ 854
milliards de $
et augmentait en moyenne de 11,9 % par an. )
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Les cinq plus grands pays comptant le plus grand nombre de sorties Le total des sorties illégales, une fois la falsification du prix des services et la contrebande ajoutées, est estimé à
1,8 trillions de $. Source des données : Intégrité mondiale, fuite des capitaux hors d’Afrique (2010) Source des données :financière Intégrité financière mondiale, fuiteillicite illicite des capitaux hors d’Afrique (2010)
47
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
LES DIRIGEANTS AFRICAINS DOIVENT S’ENGAGER À...
Exploiter les tendances et les événements opportuns Les dirigeants africains peuvent tirer parti d’un certain nombre d’événements spécifiques mondiaux pour soutenir les efforts qu’ils consacrent au développement national et à la création de partenariats. La Coupe du monde de football, en juin, le Sommet d’examen des OMD en septembre, et la seizième Conférence des Parties au Sommet de Cancun, en décembre, offrent autant d’occasions intéressantes de faire connaître les progrès en cours dans le continent africain, de
publier les priorités de la région et les besoins nationaux, et de reconstituer le consensus sur le développement durable et la responsabilité mutuelle, d’importance essentielle pour l’avenir de l’Afrique. En dehors de ces événements précis, il existe un certain nombre de tendances plus vastes qui, si elles étaient habilement valorisées par les dirigeants africains et par leurs partenaires internationaux, pourraient beaucoup stimuler la croissance et le développement en Afrique.
Principaux événements intéressants en 2010 Événement 1 : La Coupe du monde de football En juin, la Coupe du monde de football aura lieu sur le sol africain pour la première fois depuis qu’elle a été créée il y a 80 ans. Les yeux du monde seront alors tournés vers le pays qui l’accueille et vers le continent africain pendant plus d’un mois. Cela offre aux Africains et à leurs dirigeants une occasion de faire connaître les succès, souvent méconnus, obtenus en Afrique et de faire justice des stéréotypes négatifs qui ont cours au sujet de l’Afrique. Le problème, pour les dirigeants africains, est de veiller à ce que les médias fassent mieux comprendre les problèmes du développement économique et social de l’Afrique, suscitent un appui pratique et fassent mieux connaître sa capacité de prévenir et de gérer les conflits. L’idéal serait qu’une équipe africaine remporte la Coupe, mais cette meilleure connaissance de l’Afrique serait sans doute la conséquence la plus intéressante de la Coupe du monde. Événement 2 : La Conférence de 2010 d’examen des OMD En juillet 2009, l’Assemblée générale des Nations Unies a pris la décision d’organiser en septembre 2010 une réunion plénière de haut niveau, pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des OMD et tracer les grandes lignes d’une stratégie jusqu’en 2015. Parmi les problèmes qui seront sans doute discutés figurent le contenu d’un ensemble d’indicateurs, la précision et la rapide de production des données (actuellement les données relatives aux OMD, si elles existent, ont entre deux et quatre ans d’âge), la pertinence et l’utilité durable des indicateurs dans un monde en mutation, les déficits de financement et la nécessité de mieux inscrire dans la réalité locale la réalisation des OMD. La réunion offre aux dirigeants africains une occasion unique de faire connaître leurs préoccupations et leurs priorités et de demander à nouveau avec insistance que les nombreuses promesses et les nombreux engagements déjà souscrits soient pleinement honorés. Il est tout à fait encourageant que les gouvernements africains s’emploient actuellement à donner une forme définitive à une position commune sur l’examen des OMD (semblable à la position commune de l’Afrique sur l’examen de l’application de la Déclaration du Millénaire et des objectifs du Millénaire pour le développement, qu’ils ont adoptée en mai 2006). Événement 3 : Seizième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques Comme il est de plus en plus probable que la seizième Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques n’aboutira pas à un instrument international juridiquement contraignant sur le changement climatique, les dirigeants africains devraient au moins s’assurer que les principaux éléments figurant dans l’Accord de Copenhague et les textes de négociation sur le financement, REDD-plus, le transfert de technologie soient rendus opérationnels. En partant de la réunion initiale du Groupe des Nations Unies sur le financement de la lutte contre le changement climatique, tenue à Londres en mars 2010, ainsi que des réunions du Groupe de travail préparatoire tenues à Bonn en avril, les dirigeants africains auront la bonne possibilité, au Sommet qui se tiendra à Cancun (Mexique) d’exiger des éclaircissements et de réaliser des progrès vers l’adoption d’un accord contraignant.
48
Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Protéger le développement
et la croissance économique des effets du changement climatique Intentionnellement ou non, le débat sur les OMD a le plus souvent supposé que l’Afrique et les autres régions en développement connaîtraient des conditions climatiques stables. Mais les répercussions du changement climatique deviennent de plus en plus évidentes, et il en va de même de la nécessité de considérer le développement socioéconomique et l’adaptation au changement climatique comme inextricablement liés. Manifestement, il sera plus difficile de réaliser les OMD dans un climat plus hostile. En même temps, les efforts faits pour s’adapter aux effets inévitables du changement climatique doivent être conçus et mis en œuvre en conjonction avec les programmes de développement. C’est pourquoi les dirigeants africains doivent intégrer le changement climatique dans leurs stratégies de croissance et de développement et déterminer quelles sont les capacités nécessaires, en prêtant spécialement attention à l’agriculture et à l’élevage, à l’eau et aux autres services publics d’infrastructure, à la gestion des maladies et aux systèmes de soins de santé, et enfin à la fourniture de services publics et à la gestion des ressources naturelles.
Pour éviter une expansion possible des maladies infectieuses, les systèmes de soins de santé doivent être renforcés et il faut consacrer des investissements à la maîtrise des maladies infectieuses par les vaccinations, la pulvérisation d’insecticide dans les locaux d’habitation, l’adoption des moustiquaires imprégnées d’insecticide et d’autres moyens de maîtrise des vecteurs ; il faut également élargir l’accès aux traitements efficaces. Les écosystèmes importants tels que les terres humides, les terres sèches, les mangroves, les forêts et les lacs subiront du fait du changement climatique un regain de stress appréciable. Seule une gestion prudente peut éviter les conséquences les plus graves de cette évolution et assurer la préservation à long terme des services écosystémiques d’importance critique pour le développement économique et le bien-être des hommes. Tout ceci montre bien qu’une adaptation efficace appelle surtout une réplication, à plus grande échelle, d’interventions de développement éprouvées plutôt qu’une approche fondamentalement différente. Il faudrait peut-être de nouveaux mécanismes pour mobiliser des ressources supplémentaires, mais les mécanismes existants peuvent servir à programmer les fonds nécessaires. Indice de Indice vulnérabilité changement climatique de vulnérabilitéau au changement climatique
Du fait du changement climatique, il deviendra de plus en plus difficile de produire assez de denrées alimentaires pour nourrir la population croissante de l’Afrique, et on modifiera la distribution dans le temps, le volume et la qualité des ressources en eau. Sans investissement de contrepartie dans la propagation de cultures résistant à la sécheresse, sans de nouvelles méthodes de culture, sans une amélioration de la gestion de l’eau, des forêts et des pêcheries et sans un système d’information tel que l’information météorologique pour tous (Weather Information for All), l’insécurité alimentaire ne manquera pas d’augmenter dans l’ensemble du continent. L’Institut de recherche sur les politiques alimentaires internationales (IPPRI) estime que 7 milliards de dollars seront nécessaires chaque année dans les pays en développement pour protéger l’agriculture de l’impact du changement climatique80.
L’indice de vulnérabilité au changement climatique de Maplecroft évalue le risque lié au manque de capacités des individus, des communautés, des économies, et des sociétés à atténuer l’impact du changement climatique sur l’écosystème et sur les tendances climatiques générant des catastrophes naturelles.
Il faut également accroître nettement les investissements consacrés à l’amélioration de la gestion des ressources en eau, notamment les systèmes d’irrigation, et pour écarter les menaces qui pèsent sur la distribution de l’eau aux ménages, son utilisation dans l’agriculture et ses usages industriels. De même, les investissements consacrés à l’infrastructure énergétique doivent tenir compte des conséquences possibles des changements de la pluviométrie sur le potentiel hydroélectrique d’un pays. La priorité absolue concerne l’adduction d’eau dans les villes, l’énergie, ainsi que les infrastructures de transport qui doivent être mis à l’abri des effets du changement climatique, étant donné que la hausse des températures et la modification du régime pluviométrique risquent d’accroître l’usure du matériel.
Indice de vulnérabilité au changement climatique Faible
Moyen
Elevé
Increasing Risk
Extrême
www.maplecroft.com © Maplecroft 2010
Une adaptation efficace appelle surtout une réplication, à plus grande échelle, d’interventions de développement éprouvées plutôt qu’une approche fondamentalement différente
49
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Accélérer l’intégration régionale
si la volonté politique s’accompagne de solides stratégies régionales et de l’obtention de ressources intérieures et externes adéquates.
Valoriser le potentiel des technologies de l’information et de la Communication
La décennie écoulée a vu un approfondissement de la coopération régionale dans plusieurs domaines fonctionnels, notamment le commerce international et les douanes, la paix et la sécurité, l’énergie et l’infrastructure. Nous sommes convaincus qu’une accélération de ces tendances positives est essentielle pour que l’Afrique résolve les problèmes de développement posés par sa fragmentation politique et géographique, développe le commerce intra-africain, recueille des avantages des économies d’échelle et améliore sa compétitivité dans l’économie mondiale.
En reliant les individus les uns aux autres, les zones rurales au reste du monde, ou en propageant les connaissances, en améliorant les soins de santé ou en facilitant la tâche des petites entreprises par la mobilité des opérations bancaires, la diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC), la télématique, a montré les interactions entre les Africains ainsi que le fonctionnement de leur économie. Les agriculteurs utilisent de plus en plus souvent leur téléphone portable pour vendre leurs produits agricoles et, dans les marchés où le transfert de fonds est coûteux et les taux de change instables, les minutes prépayées des communications téléphoniques sont devenues une forme de monnaie. Avec la propagation de nouvelles technologies, qui ne manqueront pas de s’accélérer, les dirigeants africains doivent appliquer des leçons apprises de l’Inde, de la Chine et de la Corée du Sud qui étaient naguère encore, et dans une certaine mesure sont encore, dans une position semblable s’agissant de la diffusion, de la réglementation et de l’application ciblée de ces nouvelles technologies.
Le but essentiel de l’intégration régionale consiste à développer une infrastructure régionale simple. Avec le Plan d’action africain UA-NEPAD, la facilité de prêt aux infrastructures de la Banque africaine de développement et le consortium pour les infrastructures en Afrique, plusieurs plans et instruments judicieux sont déjà en place pour améliorer les pools électriques régionaux, les réseaux de moyens de transport, l’ossature d’une infrastructure de communications et la gestion des eaux transfrontières.
Le Plan d’action UA-NEPAD pour l’Afrique 2010-2015 Des progrès notables ont été enregistrés dans l’élimination des contraintes qui retardent la pleine mise en oeuvre du NEPAD. En 2009, le NEPAD a finalement été intégré dans les structures de l’Union africaine, ce qui a permis une relation plus harmonieuse et la valorisation de synergies entre les deux organisations. Le choix de programmes et de projets prioritaires relatifs à la promotion de l’intégration sous-régionale et régionale, dans le Plan d’action UA-NEPAD, offre une base solide pour un renforcement de l’intégration dans le continent africain.
Le 14e Sommet de l’Union africaine, en janvier 2010, tenu sur le thème “Les technologies de l’information et de la communication en Afrique”, a souligné qu’on était bien conscient, en Afrique, des avantages des TIC et des politiques nécessaires pour les concrétiser. La prise de conscience doit désormais se traduire en un élargissement de l’accès et un abaissement du coût des services au profit d’autants d’Africains que possible. Les dirigeant africains pourront partir des réformes qui ont déjà rendu possible le succès spectaculaire de la téléphonie mobile dans le continent et exploiter la télématique pour améliorer l’efficacité et la portée des services publics. À titre d’exemple, le système de douane électronique, au Ghana, a permis d’augmenter de 49 % les recettes douanières au cours des 18 premiers mois de son fonctionnement et a ramené de trois semaines à deux jours le temps nécessaire pour le dédouanement81.
Les dirigeants africains doivent dès maintenant donner suite à ces plans et utiliser les moyens à leur disposition – notamment en tirant parti de l’intérêt porté au financement de l’infrastructure par leurs nouveaux partenaires de développement tels que la Chine, l’Inde et la Corée du Sud – pour rendre possibles une plus forte coopération régionale, l’adoption d’une croissance sobre en carbone et en fin de compte l’intégration politique. L’expérience récente de la Communauté d’Afrique de l’Est témoigne de la possibilité de progrès rapides, même dans des circonstances difficiles,
Une accélération de l’intégration régionale est essentielle pour que l’Afrique résolve les problèmes de développement posés par sa fragmentation politique et géographique, et améliore sa compétitivité dans l’économie mondiale
50
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
Statut et développements des technologies de l’information et de la communication Utilisateurs d'Internet et de téléphone portable en Afrique subsaharienne (en millions) 300
Applications pour téléphone portable et potentiel de développement pour l'Afrique
250 200
mHealth - Rwanda, Ouganda
Utilisateurs d'Internet
150
ResultsSMS est une plateforme libre conçue pour distribuer des résultats d'analyse, donner un enseignement et des connaissances, et fournir des informations de suivi aux patients via SMS. (Partenariat entre GPAS, FrontlineSMS, Support for International Change et la Harvard Initiative for Global Health).
Utilisateurs de téléphone portable
100 50
0
2000
2003
2008
Sénégal
Source : UIT
Kenya
Ouganda
Manobi - Senegal
Plateforme fournissant des données sur le marché et des services de commerce électronique en ligne ou via SMS aux professionnels du secteur rural et de l'agroalimentaire (entreprise commune de Manobi France et Sonatel).
Tanzanie
Village phones - Ouganda, Rwanda, Nigeria, Cameroun
Initiative lancée par la Grameen Foundation et MTN Uganda en 2003 pour étendre l'accès au téléphone dans les zones rurales et promouvoir l'esprit d'entreprise. Pendant les trois premières années de fonctionnement en Ouganda, plus de 6 700 nouvelles entreprises ont été créées, soit un taux de croissance de 150 entreprises par mois.
Mobile Banking- KENYA
Système de transfert monétaire sur le téléphone portable M-PESA par Safaricom et Vodafone. Cout : 1 $ pour le service - Jusqu'à 2008 : 1,6 million d'abonnés 148 millions de $ transférés via SMS pendant la première année de fonctionnement.
Afrique du Sud
Programme de développement des systèmes de commercialisation agricole (AMSDP) - TANZANIE (Tanzanie) serveur en ligne fournissant les tous derniers prix des récoltes marchandes via SMS pour les agriculteurs (en partenariat avec Vodacom).
Weather Info for All (WIFA) - Kenya, Tanzanie, Ouganda
Initiative commune de GHF, Ericsson, l'Organisation météorologique mondiale, Zain et l'Earth Institute de l'Université Columbia visant à déployer des stations météorologiques automatiques sur des sites de réseau mobiles en Afrique pour fournir des informations météorologiques aux utilisateurs et aux communautés, notamment aux agriculteurs et aux pêcheurs isolés.
Les dix pays africains comptant les ajouts nets d'utilisateurs de téléphone portable les plus élevés entre 2003 et 2008 (en millions) Nigeria
Ushahidi (crowdsourcing d'informations de crise) - Kenya, RDC, Afrique du Sud, Soudan
Plateforme en ligne et SMS pour signaler les éclats de violence ou les épidémies et suivre les élections.
Répartition des abonnements de téléphonie mobile en Afrique, 2008 Nigeria 18 %
+ 59,8
Égypte
+ 35,4
Algérie
Reste de l'Afrique 27 %
+ 30,4
Afrique du Sud
Afrique du Sud 12 %
+ 28,1
Maroc
+ 15,4
Kenya
+ 14,7
Soudan
+ 11,4
Ghana
+ 10,7
Côte d’Ivoire
+ 9,1
Congo, Rép. démocratique
+ 8,0
0
10
20
30
40
50
60
70
RDC 3% Côte d’Ivoire 3% Ghana 3% Soudan 3 % Kenya Maroc 5% 6%
Égypte 11 %
Algérie 9% Source : UIT
Source : ITU, World Telecommunication/ICT Indicators Database.
51
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
La contrainte démographique La population de l’Afrique compte déjà un milliard de personnes, dont 43 % ont moins de 15 ans, et 62 % moins de 25 ans82. Ces tendances démographiques compliquent la tâche des dirigeants africains, en particulier quand ils cherchent à formuler des politiques relatives à l’urbanisation, au chômage des jeunes, à la sécurité alimentaire et à la fourniture de services publics tels que l’éducation et la santé83. En Afrique subsaharienne, 3 chômeurs sur 5 sont des jeunes et en moyenne 72 % des jeunes vivent avec moins de 2 dollars par jour84. Et pourtant l’énergie, les compétences et les aspirations des jeunes Africains sont un atout précieux qu’il ne faut pas gaspiller. Les aider à réaliser pleinement leur potentiel en leur trouvant du travail est une condition préalable de la réduction de la pauvreté, du développement durable et de la paix durable. Les dirigeants africains doivent élargir les choix relatifs à l’emploi et à l’éducation dans les zones rurales, encourager et soutenir l’entreprise, améliorer l’accès à la formation professionnelle et en améliorer la qualité, et adapter les systèmes administratifs d’une façon qui porte à un niveau maximal la représentativité et la responsabilisation tout en réduisant au minimum le risque de dégradation de l’environnement et des troubles civils. Tout comme ils doivent mettre leurs plans de développement et de croissance à l’abri des conséquences du changement climatique, ils doivent également prendre en compte l’accroissement de la population dans leurs stratégies et leurs politiques à long terme.
En Afrique subsaharienne, 3 chômeurs sur 5 sont des jeunes et en moyenne 72 % des jeunes vivent avec moins de 2 dollars par jour
52
Passer à l’action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
LES DIRIGEANTS AFRICAINS DOIVENT S’ENGAGER À...
Émanciper les femmes africaines Les gouvernements africains n’ont pas pris de retard dans la ratification et l’élaboration de politiques judicieuses visant l’émancipation des femmes, mais ils ne font pas assez pour appliquer ces instruments. En dépit du Programme d’action de Beijing et des engagements intergouvernementaux qui ont suivi, pris dans les conférences internationales des Nations Unies et dans les conventions de l’Union africaine et déclarations des États membres, ou de leur ratification, les progrès sont généralement insuffisants, et ils subsistent, dans l’accès aux soins, à l’emploi et à la vie politique, des disparités béantes entre les deux sexes. Ainsi, ce sont les femmes et les enfants qui, en cas de contraction économique, de conflit ou d’appauvrissement, sont les premiers à payer, dans leur santé et leur existence quotidienne. Il y a là non seulement une tragédie humaine mais également un frein rigoureux au développement économique de l’Afrique et à la réalisation des cibles découlant des OMD, car il est prouvé qu’il existe une corrélation positive entre l’émancipation des femmes et les revenus des ménages, les niveaux d’alimentation et d’éducation et la productivité agricole85. Heureusement, l’importance décisive d’un investissement dans l’émancipation des femmes est de plus en plus largement comprise. Les dirigeants africains doivent appliquer les conventions, la législation et les politiques existantes et lier entre eux les efforts qu’ils font à cet égard aux stratégies efficaces, et notamment aux mécanismes d’établissement de rapports dignes de foi.
Il est prouvé qu’il existe une corrélation positive entre l’émancipation des femmes et les revenus des ménages, les niveaux d’alimentation et d’éducation et la productivité agricole
53
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Les femmes dans la société, l’économie et la politique
ÉC O
Les femmes dans la société, l'économie et la politique
S PH ÈRE
Les femmes jouent un rôle clé dans le secteur agricole. C’est pourquoi améliorer leur situation serait synonyme de progrès pour ce secteur et pour l'économie dans son ensemble. Des mesures essentielles doivent donc être prises : améliorer l'accès des femmes aux terres agricoles et aux engrais, au crédit et à l'éducation ; augmenter la participation des femmes dans le processus de prise de décisions ; et renforcer le rôle des femmes dans la famille. Toutes ces mesures sont cruciales pour garantir la sécurité alimentaire ainsi que l'égalité des sexes.
OLITIQUE P E ÈR H SP
≠
≠
18 % 1975
9% 1960 10 % 1977
n.d. 1958
20 % 1961
6% 1962 5%
29 % 1962
12 % 1948
15 % 1958
13 % 1961 14 % 1946
11 % 11 % 1961 1945 6% 1963
17 % 9 % 1956 1947 1961
14 % - 24 %
27 % 1989 36 %
>25 %
%
Sièges au Parlement (% du total) Année d'obtention du droit de vote
≠
87 %
≠
2%
≠
≠
50 %
68 % <30 %
15 % 1962 19 % 11 % 1965 33 % 34 % 1930 1994 34 %
≠
30 % - 39 %
22 % 1955*
31 % 1962 33 %
10 % 1919 1963
35 % 1975 18 % 1962 1957
13 % 1961
22 % 1968
26 % Sources des données: Sphère politique: Earthscan, 1965 Nombre de femmes législateurs, The Altlas of the Women of the % de hauts fonctionnaires et de dirigeantes 52 % World, quatrième édition (2009); (% du total) PNUD, Raport sur le développement humain (2009) : mesures liées au genre et Les femmes manquent d'influence au niveau politique. à ses composantes. Sphère économique : OIT, Elles ne sont pas représentées lors de l'instauration Global Employment Trends for Women (2009); des politiques, l'élaboration des programmes, Earthscan, The Atlas of Women in the World, quatrième édition (2009); CEA, Rapport sur les l'établissement des budgets ou lors des femmes en Afrique: Mesurer l’inégalité entre les sexes en prises de décisions concernant Afrique (2009). Sphère sociale: Earthscan, The Atlas of Women leur travail et leur vie. in the World, quatrième édition (2009); CEA, Rapport sur les femmes en Afrique: Mesurer l’inégalité entre les sexes en Afrique (2009); OIT, Global Employment Trends for Women (2009).
54
≠ ≠
(Secteur formel)
21 % 1955 16 %
8% 1967
95 %
≠
<30 %
17 % 1964
37 % 1975
5 % - 14 %
≠
4% 1956 11 %
30 % 1959 16 %
7% 1975
≠
Femmes dans la population active
Femmes au gouvernement <5 %
22 % 30-49 %
≠ ≠
10 % 1986
14 % 1946
≠
97 %
5% 1958
7% 1958
8% 9 % 1954 1952
30-49 %
57 % 30-49 %
≠
8% 1964
10 % 1956
E ≠
≠
20 % 1959
6% 1959 35 %
QU I M O N
≠
40 % 49 % 50 % - 59 %
14 % 1946
Économiquement actives dans l'agriculture (%)
% 24 % 1948 51 % 1961 32 % 1961
29 %
60 % - <
n.d. 1956
%
Actives dans le secteur informel (%)
≠
Grande discrimination des biens
3% 1956
9% 1959 22 %
Les femmes exerçant un métier dans le domaine agricole ont beau17 % 1956 coup moins de 20 % chances que les autres femmes d'être payées pour le travail accompli (56 % contre 98 %). Cela peut s'expliquer par le fait que la plupart des femmes qui occupent un emploi agricole aident leur mari ou leur famille.
Passer ˆ lÕ action Valoriser les ressources de l’Afrique pour le bénéfice des Africains
≠
La grande discrimination des biens se réfère à la discrimination que rencontrent les femmes eu égard à l'héritage, la possession ou le contrôle de biens, de terres et de richesses. Dans la plupart des cas, cette discrimination est soutenue par des lois civiles, coutumières ou religieuses. Les femmes possèdent généralement moins de terres et les terres qu'elles possèdent sont souvent de moins bonne qualité que celles des hommes.
39 % >50 %
≠
≠
L'Afrique subsaharienne est (sans compter l'Asie du Sud) la région comptant le plus grand nombre de femmes travaillant dans le secteur agricole (à la fois formel et informel). Deux des raisons essentielles se cachant derrière l'échec du secteur agricole et la crise alimentaire se trouvent être l'inégalité des sexes et le manque d'émancipation des femmes, qui, dans une large mesure maintiennent ce secteur. Si les femmes recevaient les mêmes niveaux d'enseignement et d'expérience, ainsi que le même niveau d'accès aux terres et aux intrants de production agricole que les hommes, on estime qu'elles pourraient augmenter le rendement de certaines récoltes de 20 à 25 %.
Les activités économiques non marchandes englobent le travail non rémunéré (non SNA), tel que les soins à domicile et les activités bénévoles, notamment la préparation des repas, les soins prodigués aux enfants, aux adultes, aux personnes âgées, aux handicapés ou aux malades du foyer, et le travail bénévole en faveur de la communauté ou d'autres foyers.
S PH ÈR
≠
8 16 % >50 %
4,9
≠
≠
4,7
84 % 30-49 %
78 %
≠
5,6
≠≠
≠
8,9
≠
22 %
5,9
E IAL
≠
C SO
77 %
E
91 % 30-49 %
79 %
≠
6,2 6,8
4,8
7% >30 %
≠
5,4
5
4,8
5,1
5,2 5,2
9% 7,5
Bénin
45 %
≠
Appartenir à la population active donne déjà aux femmes un pouvoir économique supplémentaire.
5,8
5,2
4,9
10,5
5,4
4,7 4,7
144 % 41 % 19 % 59 % 81 %
4,4
5,3
25 % ou plus de foyers dirigés par une femme
0,0
Nombre moyen de personnes par foyer
55
103 % 59 % 21 % 41 % 79 %
4,4
4,8
5,3
Temps de travail des femmes par Le secteur informel rapport au % de delui des hommes comprend les petits Temps de travail des femmes ; activités non marchandes (%) commerces, Temps de travail des femmes ; activités marchandes (%) l'agro-alimentaire et le Temps de travail des hommes ; activités non travail ménager. Le travail marchandes (%) est rémunéré mais n'est ni Temps de travail des hommes ; structuré ni réglementé. activités marchandes (%) L'emploi informel comprend Le travail non rémunéré comprend 48 % de l'emploi non agricole en toutes les activités non rémunérées Afrique du Nord et 72 % en Afrique et manque de reconnaissance sociale. La plupart des heures subsaharienne. Bien qu'il soit difficile de travail des hommes sont de généraliser la qualité de l'emploi rémunérées, tandis que informel, il est très souvent synonyme de celles de la majorité mauvaises conditions de travail et lié à la de femmes ne le pauvreté et à l'insécurité croissantes. sont pas.
Kenya
4,9
Femmes au foyer
4,2
4,6
4,9
4,2
3,9
5,4 4
5 Île Maurice Madagascar
Afrique du 122 % 65 % 30 % 35 % 70 %
113 % 49 % 33 % 51 % 67 %
107 % 70 % 20 % 30 % 80 %
RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
LES PARTENAIRES DE L’AFRIQUE DOIVENT S’ENGAGER À...
Rendre le système international plus équitable Le développement de l’Afrique et le bien-être des Africains dépendent avant tout de l’engagement politique et des capacités des dirigeants. Ceux-ci ont besoin d’un environnement international qui soit équitable et qui soutienne leur action, et ils le méritent. Ce n’est pas le cas actuellement.
négociations en cours sur le changement climatique, les pays développés veillent jalousement sur leurs intérêts et s’intéressent bien moins aux priorités et aux besoins particuliers des pays moins développés. Des subventions excessives et des règles commerciales inéquitables continuent à fausser les conditions de la concurrence, ce qui laisse les pays africains dans une situation profondément désavantagée. Il est vrai également que les dirigeants africains n’ont pas jusqu’à présent pris suffisamment avantage des mécanismes existants pour rétablir l’équité, et notamment la loi AGOA adoptée aux États-Unis, sur la croissance et les possibilités économiques de l’Afrique86.
Le système international n’est pas équitable à l’égard de l’Afrique car celle-ci n’a pas suffisamment de moyens de s’exprimer à son sujet. L’Afrique compte près d’un milliard d’hommes et est profondément affectée par la dynamique mondiale de la récession économique, des échanges internationaux et du changement climatique ; or le continent africain demeure gravement sous-représenté dans pratiquement toutes les enceintes internationales et presque tous les processus internationaux qui cherchent à résoudre de tels problèmes, et notamment la Banque mondiale, le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de la stabilité financière (FSB). Le passage du G8 au G20 signale bien une meilleure compréhension de la nécessité de rendre les mécanismes internationaux de gouvernance plus inclusifs, les avantages qu’en a tirés l’Afrique jusqu’à présent demeurent minimes.
Il est certain que les dirigeants africains pourraient plus souvent réaffirmer la nécessité d’un nouveau multilatéralisme, qui rattache plus solidement le continent africain aux processus et institutions internationaux de décision, la responsabilité première d’adapter et d’améliorer le système international incombe à ceux qui en exercent le contrôle effectif, et qui inclut des pays de plus en plus puissants comme le Brésil, la Chine et l’Inde. Même si la montée rapide en puissance des pays offre à l’Afrique de puissants alliés sur la scène mondiale, elle amplifie également certaines des difficultés actuelles de l’Afrique dans le système mondial. Il est donc important que les pays émergents reconnaissent eux-mêmes que leur compétitivité nouvelle pose un problème au continent africain, ne serait-ce que par leurs politiques qui entravent l’exportation, sur leurs marchés, des produits africains.
Le système international n’est guère utile à cet égard car même si les besoins et préoccupations propres à l’Afrique sont fréquemment invoqués dans les réunions internationales et les déclarations publiées après les réunions au sommet, les décisions voulues ne sont pas prises. Qu’il s’agisse du Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha ou des
LES PARTENAIRES DE L’AFRIQUE DOIVENT S’ENGAGER À...
Améliorer la cohérence des politiques de développement On ne cesse de répéter depuis plus de dix ans qu’il faut améliorer la cohérence des politiques de développement. La plupart des États et des organisations intergouvernementales ont lancé des initiatives visant à améliorer cette cohérence et celle des activités menées. Malgré la profusion d’activités allant dans ce sens, une distinction simple, mais importante, entre deux types de cohérence des politiques semble avoir été oubliée. La plupart des pays, et en fait aussi les organisations intergouvernementales, s’efforcent d’optimiser la cohérence des actions menées, c’est-àdire qu’ils s’efforcent de réduire les contradictions internes de leurs diverses politiques pour avoir le plus de chances d’atteindre des objectifs statistiques déclarés, au moindre coût.
Mais, dans une perspective de développement, c’est la cohérence de l’impact qui est beaucoup plus intéressante, c’est-à-dire la mesure dans laquelle l’effet d’ensemble des politiques suivies par les pays développés a nui ou profité aux pays en développement. Les politiques commerciales occidentales, par exemple, sont souvent en contradiction directe avec l’objectif énoncé de l’aide au développement des pays occidentaux, et il en va de même des politiques relatives aux migrations, à la protection du consommateur et autres politiques. Aussi les pays en développement critiquent-ils à bon droit cette incohérence qui à leurs yeux consiste à “donner d’une main et reprendre de l’autre ”. Pour aggraver les choses, plusieurs pays développés reçoivent en fait plus qu’ils ne donnent, ce qui annule l’effet positif que
Le continent africain demeure gravement sous-représenté dans pratiquement toutes les enceintes internationales et presque tous les processus internationaux
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leur aide et les autres formes de soutien au développement peuvent avoir. Nous engageons les partenaires de l’Afrique, en particulier ceux qui sont mal classés sur l’Indice de l’engagement en faveur du développement, à examiner l’impact d’ensemble de leurs politiques intérieures et internationales sur le continent africain afin de chercher à en réduire au minimum les effets négatifs. Plusieurs acteurs, notamment l’Union européenne, ont déjà formulé des stratégies dont l’effet devrait être d’améliorer leur position dans ce classement, mais ils doivent trouver en eux la volonté politique d’appliquer effectivement ces stratégies.
L’indice de l’engagement en faveur du développement Cet indice classe les 22 pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE en fonction de l’impact de leurs politiques sur les pays en développement, dans sept domaines fonctionnels : l’aide, le commerce, l’investissement, les migrations, l’environnement, la sécurité et la technologie. Il est significatif de relever qu’aucun des membres du G8 ne se trouve parmi les 10 premiers pays de ce classement en 2009. L’index des engagements envers le dévelopment (“Commitment to Development Index”)
7 6
Note globale
5 4 3 2 1
Aide
Investissement
Environnement
Commerce
Migration
Sécurité
Corée du Sud
Suisse
Japon
Italie
Grèce
Portugal
États-Unis
France
Belgique
Allemagne
Canada
Royaume-Uni
Autriche
Finlande
Irlande
Australie
Espagne
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
Norvège
Suède
Danemark
0
Technologie
Center for Global Development, Commitment to Development Index (2009) SourceSource : : Center for Global Development, Commitment to Development Index (2009)
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
LES PARTENAIRES DE L’AFRIQUE DOIVENT S’ENGAGER À...
Honorer les engagements pris s’agissant des ressources et de l’aide verser ces fonds sont déjà en place : la Banque africaine de développement, ou, aux premières phases de leur mise en place, le Fonds vert du FMI ou le Fonds climatique de Copenhague.
Au cours des 50 dernières années, le total de l’aide accordée à l’Afrique subsaharienne est de l’ordre 900 milliards de dollars aux prix actuels87. Les partenaires de développement de l’Afrique méritent donc notre gratitude. Cependant, ce montant est inférieur à 70 % des dépenses militaires mondiales d’une seule année88. Gardant cela à l’esprit, nous exhortons les partenaires de l’Afrique à réaffirmer le consensus de plus en plus fragile sur le développement du continent africain et à honorer les nombreux engagements de soutien financier et d’assistance qu’ils ont pris au cours des 10 dernières années. Nous reconnaissons que cela nécessite des décisions et des compromis difficiles, en particulier en période de grave incertitude économique et alors que les pressions intérieures augmentent, mais nous sommes convaincus qu’en aidant à satisfaire les besoins de financement du continent africain on dégagerait aussi d’importants avantages pour les pays développés euxmêmes et aussi pour le reste du monde. À ce sujet il est essentiel que les partenaires de l’Afrique fassent connaître plus clairement ces avantages aux habitants de leur pays – qui bien souvent n’ont jamais même entendu parler des OMD89.
L’avenir de l’aide au développement Depuis 2002, le financement du développement, en Afrique, a plus que triplé; les ressources propres des pays africains dépassent de beaucoup les apports de capitaux privés, les envois de fonds, l’APD et la philanthropie. Cependant, même si l’APD diminue en importance relative et en volume, elle est de plus en plus importante car elle exerce un effet d’entraînement sur d’autres apports. Utilisée à bon escient, elle joue un rôle décisif en améliorant la capacité de collecter des recettes publiques, de réduire les mouvements illicites de capitaux, d’attirer les envois de fonds et les investissements privés, d’obtenir des résultats bien précis sur le plan du développement et de créer des possibilités nouvelles pour les pauvres, notamment en renforçant les systèmes de responsabilisation.
Les besoins de financement de l’Afrique
L’aide n’est certainement pas la réponse à tous les problèmes de l’Afrique, mais elle peut sauver des vies et renforcer les systèmes en place. À mesure que les économies africaines connaissent une certaine croissance et s’intègrent dans l’économie mondiale, la dépendance à l’égard de l’aide diminuera progressivement. Mais dans l’intervalle il est important d’utiliser les ressources disponibles de la façon la plus efficace possible. Ces deux dernières années ont vu des efforts accrus pour améliorer l’efficacité de l’aide en éliminant la compartimentation des donateurs, en encourageant la coopération et la complémentarité et en adaptant le financement aux systèmes, stratégies et politiques nationaux. De nouvelles conceptions de l’acheminement de l’aide et des concepts novateurs visant à maximiser l’impact de l’aide ont également vu le jour. Certains estiment que ces mesures ne vont pas assez loin, qu’il faut une révision de fond en comble de “l’industrie de l’APD”, mais ne savent pas au juste comment s’y prendre. Entre-temps, les partenaires de l’Afrique doivent tirer parti de ces innovations et continuer à améliorer leurs pratiques d’acheminement et de coordination de l’aide conformément à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et au Programme d’action d’Accra.
En 2008, le Groupe directeur pour l’Afrique des OMD estimait que l’Afrique avait besoin d’environ 112,7 milliards de dollars de dépenses publiques annuelles pour réaliser les OMD, ce chiffre passant à 122,5 milliards de dollars si l’on inclut des interventions en cas de catastrophes et de protection des zones côtières90. Comme l’Afrique a beaucoup de mal à mobiliser ses propres ressources, il faudrait que les partenaires internationaux trouvent environ 82,1 milliards de dollars. Si l’on ajoute à cela le montant nécessaire pour réaliser les OMD dans l’hypothèse actuelle relative au changement climatique, le besoin de financement annuel total, pour un développement protégé des effets du changement climatique, est de l’ordre de 100 milliards de dollars91. Une grande partie de ces besoins pourraient être couverts si les partenaires honoraient les engagements qu’ils ont pris ces deux dernières années et réalisaient les buts de financement définis dans l’Accord de Copenhague – soit 30 milliards de dollars pour une aide aux pays en développement pour la période 2010-2012 et 100 milliards de dollars par an en 2020. Les mécanismes chargés de collecter, d’administrer et de
En même temps, les gouvernements africains doivent améliorer leurs statistiques, de façon que l’aide internationale puisse être mieux ciblée. Avec l’aide des
Nous exhortons les partenaires de l’Afrique à honorer les nombreux engagements de soutien financier et d’assistance qu’ils ont pris au cours des 10 dernières années
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Financer climatique Financerleledéveloppement développementààl’épreuve l’épreuve du du changement changement climatique Les besoins totaux pour un développement à l’épreuve du changement climatique en Afrique, c’est-à-dire pour atteindre les OMD tout en anticipant les changements liés au climat, avoisinnent les 120 milliards de dollars par an. Moyenne des besoins en financement extérieur Type de financement (2010-2020, par an) Développement (OMD) et intervention suite à un désastre
Source du financement
Statut du financement
82,1 milliards de dollars
Subventions et prêts préférentiels destinés à l’infrastructure
Financement extérieur public
APD 2009 : 38,2 milliards de dollars
Adaptation
10,8-20,5 milliards de dollars
Subventions
External public finance
~100 millions de dollars pour l’adaptation
Atténuation
1-2 % du PIB (13-26 milliards de dollars)
Financement carbone, prêts
Surtout marchés du carbone
~50-80 milliards de dollars through MDP
Financement par secteur en milliards de dollars par année : APD
Nutrition et alimentation scolaire 5,7 milliards
Education
11,9 milliards
Santé
39 milliards
Infrastructure
40,6 milliards
Statistiques
(Dollars p.a. pour 2010-2020)
12,2 milliards
120 milliards
Agriculture et nutrition
1,2 - 2,4 milliards de dollars par an de financement public extérieursont nécessaires pour l’adaptation au changement climatique
Irrigation
0,3 milliards
Recherche
Gamme de financement d'adaptation supplémentaire nécessaire
Nutrition et alimentation scolaire Enseignement primaire
Couvert par l’APD
Enseignement secondaire Sida Tuberculose Maladies tropicales négligées
0,5 milliards
Paludisme et systèmes de santé (y comp. santé
1,2- 2,3 milliards
maternelle et infantile)
Planning familial Energie
1,2- milliards
Transport Eau et assainissement
2,9-7,2 milliards
Statistiques Faciliter le commerce Renforcement/plannification des capacités
0,4 milliards
Protection du littoral
9,8 milliards
Intervention suite à un désastre
Interventions supplémentaires
Financement public
Intrants agricoles et infrastructure rurale
0
0,2 - 0,4 milliards 0,6 - 3,2 milliards 3,0 - 3,5 milliards 2
4
6
8
10
11
14
16
18
20
Milliards de dollars par année Les “ resources supplémentaires” pour l’atténuation du changement climatique sont à ajouter aux 82.1 milliards de dollars d’APD annuelle qui ont été promis pour atteindre les OMD, mais dont la moitié seulement est versée. Au total, le manque à gagner pour un développement à l’épreuve du changement climatique en Afrique est de l’ordre de 50-70 milliards de dollars des finances publiques externes qui doivent être fournie sous forme d’APD ou de financement supplémentaire pour le climat. Source des données : Fankhauser et Schmidt-Traub (2010). Financement pour un développement de l’Afrique à l’épreuve du changement climatique Source des données : Fankhauser et Schmidt-Traub (2010). Financement pour un développement de l’Afrique à l’épreuve du changement climatique
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
partenaires de développement, les pays africains doivent accroître les dépenses publiques consacrées à la mise en place des systèmes de statistiques nationaux afin de mieux suivre les progrès vers la réalisation des OMD, mieux faire connaître les stratégies nationales de développement et de réduction de la pauvreté et mettre en œuvre les nombreux programmes de création de capacités statistiques déjà en place, notamment ceux visés par la Charte africaine des statistiques adoptée par l’Assemblée de l’Union africaine en février92.
L’aide sous forme d’un versement à la livraison Cette notion lie directement l’aide aux résultats obtenus, de façon à encourager la responsabilisation et renforcer les institutions locales. Le principe de cette modalité d’aide est un contrat dans lequel les bailleurs et les bénéficiaires se mettent d’accord sur une situation résultante mutuellement souhaitée et sur un paiement fixé à l’avance pour chaque unité de progrès confirmé. Cette modalité a été conçue comme une refonte fondamentale des programmes d’aide étrangère, mais elle n’est pas destinée à supplanter d’autres formes d’aide extérieure ; toutefois, par ses mécanismes de mesures réalisées, et du fait qu’elle suscite des incitations et clarifie les responsabilités, elle aide les bailleurs et les bénéficiaires à faire l’usage le plus efficace possible des ressources existantes dans l‘ensemble des programmes d’aide.
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CONCLUSION Tenter d’analyser et d’évaluer les progrès accomplis par l’Afrique dans un mince rapport comme celuici est une entreprise ambitieuse. On ne peut avancer de généralisations qu’avec prudence. La diversité des situations économiques et politiques défie tout jugement ou toute prescription valable. Pourtant, plusieurs types de progrès ont été accomplis par l’Afrique au cours des cinq dernières années, ce qui permet de se faire une idée de ce que l’avenir réserve au continent. L’importance stratégique du continent africain ne cesse de s’affirmer, car le monde reconnaît l’intérêt économique de ses ressources humaines et naturelles. Les menaces qui pèsent sur l’Afrique sont également plus apparentes, et notamment la vulnérabilité au changement climatique, aux épidémies, à la criminalité organisée, à l’instabilité des cours des denrées alimentaires et aux chocs financiers et économiques. La difficulté est de savoir si les dirigeants politiques, les systèmes de responsabilisation et les capacités de gestion sont bien en place pour être à même de transformer les nouvelles possibilités en résultats socialement bénéfiques pour le bien-être et l’existence quotidienne des Africains. Les recettes dégagées par l’exploitation des ressources naturelles seront-elles affectées à l’obtention de résultats socialement bénéfiques ou seront-elles gaspillées et utilisées à des fins non productives accumulées à l’étranger sur des comptes bancaires privés? Les pays fragiles ou qui sont pauvres en ressources sont aux prises avec de toutes autres difficultés. Dans leur cas, la satisfaction des besoins, même les plus élémentaires, sans parler de la constitution d’une capacité technique et administrative, ou d’un filet de sécurité, est beaucoup plus difficile. Les tribulations que subissent des millions d’Africains, en particulier les femmes et les enfants, qui vivent dans des zones de conflit ou dans des zones non gouvernées sont inacceptables et catastrophiques. Une action plus nettement concertée des dirigeants africains, avec l’appui de leurs partenaires internationaux est donc nécessaire pour rompre les cycles de l’instabilité et de la pauvreté qui frappent ces États fragiles et compromettent les progrès de tout le continent. Nous déplorons le manque de données et de recherches proprement africaines, d’une capacité de définition des politiques – pourtant essentielle pour une bonne compréhension des tendances et pour la confection de politiques appropriées. Cependant, nous sommes convaincus que l’impact social de la crise économique mondiale sur les emplois, la pauvreté et la réalisation des OMD a été profond
et contribue à l’instabilité et aux conflits dans les régions qui sont déjà en difficulté. En même temps, il est satisfaisant d’observer que les pires prédictions au sujet de l’économie et des systèmes financiers africains ne se sont pas réalisées, en grande partie grâce à l’action décisive des ministres des finances, des gouverneurs des banques centrales et des institutions financières internationales. La crise a entraîné une introspection politique et économique. Des mesures de relance ont été conçues et appliquées avant tout pour les riches et non pour les pauvres. Dans l’ensemble du rapport, nous montrons que les besoins non satisfaits de développement et de gouvernance de l’Afrique, s’ils ne sont pas placés au centre des programmes d’action mondiaux, auront des conséquences catastrophiques pour la sécurité et la prospérité mondiales. L’avenir de l’Afrique est entre les mains des Africains, mais ses capacités et ses progrès dépendent de la mise en œuvre de politiques et d’accords mondiaux – notamment sur des questions d’accords mondiaux allant dans le même sens telles que le changement climatique, le transfert de technologies, et les flux commerciaux et financiers. Nous engageons instamment les dirigeants africains à s’attacher plus activement à définir des positions communes et à exiger qu’elles soient prises en compte dans les enceintes internationales, notamment dans le G20. Nous sommes convaincus que l’APD demeure indispensable, en particulier dans les pays qui ont peu de ressources naturelles, que son utilisation pourrait s’inscrire dans une perspective à plus long terme. Les dirigeants africains de tous les milieux, peuvent et doivent se prononcer plus nettement afin de soutenir durablement les défenseurs de l’aide, tant des pays industrialisés que des pays émergents. On parviendra à amener les partenaires internationaux de l’Afrique à honorer leurs obligations, en respectant des codes de pratique ou en suivant d’autres politiques, si l’Afrique remplit de son côté ses propres engagements en matière de développement. L’une des mesures les plus prometteuses est d’émanciper les femmes, juridiquement, économiquement et politiquement ; les avantages potentiels de ces émancipations pour elles et pour la croissance économique, sont énormes. Une autre mesure essentielle serait de promouvoir une coopération politique et économique plus grande, à défaut d’intégration, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’équipement et des communications et la réduction des obstacles matériels et immatériels au commerce. Encourager les entrepreneurs et développer les partenariats public-privé serait un moyen d’aider l’Afrique à recueillir les avantages décisifs de la télématique.
L’importance stratégique du continent africain ne cesse de s’affirmer, car le monde reconnaît l’intérêt économique de ses ressources humaines et naturelles
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RAPPORT 2010 SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE
Exiger que les pays riches fournissent des ressources financières adéquates additionnelles pour lutter contre le changement climatique sera plus facile sur plan moral et politique si les pays africains prennent eux-mêmes l’initiative de protéger des effets du changement climatique leur croissance et leurs plans de développement, et de mettre au point des projets susceptibles d’être financés dans le secteur de l’infrastructure, de l’énergie et de l’emploi. Pour conclure, les cinq dernières années ont amplement démontré à la fois le potentiel et la vulnérabilité de l’Afrique. Le principal problème pour les dirigeants africains est d’inspirer les processus et de créer des capacités pratiques, aux plans national et régional, afin de s’assurer que ces atouts se traduisent bien en avantages sociaux et que les Africains soient mieux à même de résister aux chocs et aux tensions et aient accès aux possibilités qui peuvent transformer leur vie, leur pays et le continent.
Le principal problème pour les dirigeants africains est de s’assurer que les atouts de l’Afrique se traduisent bien en avantages sociaux
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LISTE DES ABRÉVIATIONS AGOA AMFm APD BAfD CAD CAE CEDAO CEEAC CNUCED COMESA CPI DTS FAO FARA FED FIDA FMI FNUAP GCRAI GIEC IDE IDH IFI IFPRI MAEP NEPAD OCDE OIT OMC OMD OUA PIB PMA PPP PPTE REDD RNB SADC TIC UA UE UNESCO UNICEF UNIFEM
loi sur la croissance et les possibilités économiques de l’Afrique Fonds pour des médicaments antipaludéens à des prix abordables Aide publique au développement Banque africaine de développement Comité d’aide au développement Communauté d’Afrique de l’Est Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest Communauté économique des États d’Afrique centrale Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement Marché commun de l’Afrique orientale et australe Cour pénale internationale Droits de tirage spéciaux Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Forum africain pour la recherche agricole Fonds européen de développement Fonds international pour le développement agricole Fonds monétaire international Fonds des Nations Unies pour la population Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat Investissement direct étranger Indicateur du développement humain Institutions financières internationales Institut international de recherche sur les politiques alimentaires Mécanisme africain d’évaluation par les pairs Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique Organisation de coopération et de développement économiques Organisation internationale du Travail Organisation mondiale du commerce Objectifs du Millénaire pour le développement Organisation de l’unité africaine Produit intérieur brut Pays les moins avancés Partenariat public-privé Pays pauvres très endettés (Initiative en faveur de) Réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts Revenu national brut Communauté de développement de l’Afrique australe Technologies de l’information et des communications Union africaine Union européenne Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Fonds des Nations Unies pour l’enfance Fonds de développement des Nations Unies pour la femme
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NOTES Avis au lecteur Les données figurant dans le présent rapport sont tirées de sources officielles et facilement disponibles. Nous n’avons épargné aucun effort pour citer les chiffres les plus récents, même si à l’occasion la préférence est allée à des données plus anciennes mais plus fiables. Le lecteur doit tenir compte des limites des données et des projections disponibles, ainsi que des nombreuses controverses que provoquent les méthodes actuelles de mesure des progrès. Nous encourageons les lecteurs à citer et reproduire en tout ou en partie, la teneur de ce rapport. L’Africa Progress Panel souhaite qu’en pareil cas, il soit fait mention de la source. FMI (2009). Perspectives économiques régionales – Afrique subsaharienne : surmonter la tourmente CNUCED (2010). Le développement économique en Afrique, Rapport 3 CNUCED (2010). Le développement économique en Afrique, Rapport 4 CNUCED (2010). Le développement économique en Afrique, Rapport 5 FMI (2010). Mise à jour du Rapport sur les perspectives économiques mondiales d’octobre 2009 6 Banque mondiale (2010). Doing Business : mener à bien des réformes en ces temps difficiles 7 Communauté d’Afrique de l’Est (2010). Roadmap for the Establishment of a Monetary Union 8 Forum économique mondial (2009). La compétitivité dans le monde, Rapport 2009-2010 9 CNUCED (2010), Ke développement économique en Afrique, Rapport 2010 10 FMI (2010). Update to the October 2009 World Economic Outlook Report 11 BAfD (2010). Africa in the Wake of the Global Financial Crisis: Challenges Ahead and the Role of the Bank, Policy Briefs on the Financial Crisis No. 1; Nabil Ben Ltaifa et al. (2009), Impact of the Global Financial Crisis on Exchange Rates and Policies in Sub-Saharan Africa, IMF Working Paper 09/3 12 CNUCED (2010). Le développement économique en Afrique, Rapport 13 CNUCED (2010). Note de conjoncture sur l’investissement mondial No. 2 14 Adolfo Barajas et al. (2010). The Global Financial Crisis and Workers’ Remittances to Africa: What’s the Damage?, IMF Working Paper 10/24. 15 Adolfo Barajas et al. (2010). The Global Financial Crisis and Workers’ Remittances to Africa: What’s the Damage?, IMF Working Paper 10/24. 16 FMI (2009). Perspectives économiques régionales – Afrique subsaharienne : surmonter la tourmente 17 BAfD (2010). Africa in the Wake of the Global Financial Crisis: Challenges Ahead and the Role of the Bank, Policy Briefs on the Financial Crisis No. 1 18 FMI (2010). Stronger Policies Helped Africa through Global Crisis 19 FMI (2010). Update to the October 2009 World Economic Outlook Report 20 Nations Unies (2010). Tenir les engagements pris : bilan prospectif visant à promouvoir un programme d’action concerté afin de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, A/64/665 21 Mo Ibrahim Foundation (2009). The Ibrahim Index of African Governance 2009 22 Transparency Internatinal (2009). Progress Report on OECD Convention Enforcement 23 Freedom House (2010). Freedom in the World 2010: Erosion of Freedom Intensifies 24 Center for Global Policy (2009). Global Report 2009: Conflict, Governance and State Fragility 25 Fondation Bertelsmann (2010). Bertelsmann Transformation Index 2010 26 Transparency International (2009). Corruption Perceptions Index 2009 27 Banque mondiale (2010). Indicateurs du développement en Afrique 28 The Economist (2010). West Africa’s Regional Club – Quietly Impressive, March 27th – April 2nd 29 Benedikt Franke (2009). Security Cooperation in Africa: A Reappraisal, Lynne Rienner, Boulder. 30 Nations Unies (2010). Tenir les engagements pris : bilan prospectif visant à promouvoir un programme d’action concerté afin de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015 31 Voir par exemple, Xavier Sala-i-Martin et Maxim Pinkovskiy (2010), African Poverty is Falling … Much Faster than You Think, NBER Working Paper No. 15779 32 Nations Unies (2009). Rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement, 2009 33 OIT (2010). Tendances de l’emploi au niveau mondial. Mise à jour, janvier 2010 1 2
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African Center for Economic Transformation (2009). The Global Economic Crisis, Funding Public Services in Africa, and Concessions in the Mining Sector: The Case of Zambia 78 Global Financial Integrity (2010). Illicit Financial Flows from Africa: Hidden Resource for Development 79 Banque mondiale (2009). The Urgency of Harnessing Africa’s Natural Resources to Fight Poverty, Commentary by Obiageli Ezekwesili, 14 April 2009 80 Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (2009). Climate Change: Impact on Agriculture and Cost of Adaptation, Policy Brief November 2009 81 Banque mondiale (2009). Information for Development: Extending the Reach 82 FNUAP (2009). L’état de la population mondiale 83 Banque mondiale (2009). Africa Development Indicators 2008/9: Youth and Employment in Africa: The Potential, the Problem, the Promise 84 Banque mondiale (2009). Africa Development Indicators 2008/9: Youth and Employment in Africa: The Potential, the Problem, the Promise 85 UNIFEM (2010). Making the MDGs Work Better for Women: Implementing Gender-Responsive National Development Plans and Programmes 86 Economist Intelligence Unit (2010). Sub-Saharan Africa: Regional Overview March 2010 87 Development Initiatives (2010). Making Aid Work Better 88 International Institute for Strategic Studies (2010). Global Military Balance 89 Commission européenne (2009). Development Aid in Times of Economic Turmoil, Special Eurobarometer 90 Groupe directeur pour les OMD en Afrique (2008). Achieving the Millennium Development Goals in Africa 91 Samuel Fankhauser et Guido Schmidt-Traub (2010). From Adaptation to Climate-Resilient Development: The Costs of Climate-Proofing the Millennium Development Goals in Africa, Working Paper for Centre for Climate Change Economics and Policy and the Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment. 92 Groupe directeur pour les OMD en Afrique (2008). Achieving the Millennium Development Goals in Africa 77
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L’Africa Progress Panel cherche à promouvoir le développement de l’Afrique en évaluant ses progrès, en soulignant les opportunités présentes sur le continent et en participant à la définition d’une position africaine dans les débats internationaux. MEMBRES DU PANEL Kofi Annan Président de l’Africa Progress Panel, ancien Secrétaire Général des Nations Unies et lauréat du prix Nobel de la Paix
Graça Machel Présidente de la Fondation pour le développement communautaire, Fondatrice de New Faces New Voices
Tony Blair Fondateur de Africa Governance Initiative, ancien Premier ministre du Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord
Linah Kelebogile Mohohlo Gouverneur de la Banque du Botswana Olusegun Obasanjo Envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Région des Grands Lacs et ancien Président du Nigéria
Michel Camdessus Ancien Directeur général du Fonds monétaire international
Robert Rubin Ancien Secrétaire au Trésor des États-Unis
Peter Eigen Fondateur et Président du Conseil consultatif, Transparency International, Président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE)
Tidjane Thiam Directeur exécutif du groupe Prudential Plc. Muhammad Yunus Économiste, fondateur de la banque Grameen et lauréat du prix Nobel de la paix
Bob Geldof Musicien, homme d’affaires, fondateur et coordinateur du groupe Band Aid et des concerts Live Aid et Live 8, co-fondateur de DATA et ONE
Africa Progress Panel BP 157 1211 Genève 20 Suisse
info@africaprogresspanel.org +41 (0) 22 919 75 20
www.africaprogresspanel.org
L’Africa Progress Panel utilise du papier recyclé.
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