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Un programme pour le progrès dans un contexte de crise mondiale Un appel au leadership africain
Rapport annuel de l’Africa Progress Panel 2009
À propos de l’APP L’Africa Progress Panel (Panel pour le progrès en Afrique - APP) a été créé afin de veiller à ce que les engagements de la communauté internationale à l’égard de l’Afrique soient honorés, particulièrement ceux formulés lors du sommet du G8 de Gleneagles et dans le rapport de la Commission sur l’Afrique de 2007. Sous la présidence de Kofi Annan, l’APP accorde une attention similaire à la mise en œuvre des engagements de l’Afrique définis dans l’Acte constitutif de l’Union Africaine et les accords internationaux de référence. Depuis 2008, le secrétariat est installé à Genève. Le but premier de l’Africa Progress Panel est de promouvoir le développement de l’Afrique sur trois plans : économique, social et politique. L’APP agit par trois biais : • L’APP catalyse et contribue aux initiatives visant à développer des positions claires sur des enjeux-clés pour l’avenir du continent. Pour cela,
L’Africa Progress Panel M. Kofi Annan Président et lauréat du prix Nobel de la paix M. Tony Blair Ancien Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord M. Michel Camdessus Ancien directeur général du Fonds monétaire International M. Peter Eigen Fondateur et président du Conseil consultatif, de l’ONG Transparency International, Président de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI) M. Bob Geldof, Chevalier Commandeur de l’ordre de l’Empire Britannique (KBE) Musicien, homme d’affaires, fondateur et coordinateur du groupe Band Aid et des concerts Live Aid et Live8, co-fondateur de DATA Mme Graça Machel Militante pour les droits des femmes et des enfants, présidente de la Fondation pour le développement communautaire
l’APP collabore avec des dirigeants, des responsables politiques et des organisations. • L’APP encourage la création de partenariats avec l’Afrique, soutient ceux déjà existants avec les investisseurs, les donateurs et les partenaires commerciaux en les canalisant autour de l’idée de progrès. Le rôle des partenaires de l’Afrique dans son développement peut être mesuré de différentes manières comme par la cohérence des politiques de développement ou encore par les niveaux d’investissement et d’aide sur place. • L’APP s’engage et intervient de manière opportune sur des enjeux, problèmes et occasions spécifiques pour l’Afrique, notamment avant les prises de décision, que ce soit à l’échelle du continent ou sur la scène internationale.
Mme Linah Kelebogile Mohohlo Gouverneur de la Banque du Botswana Général Olusegun Obasanjo Ancien Président du Nigéria M. Robert E. Rubin Ancien Secrétaire au Trésor des États-Unis M. Tidjane Thiam Président directeur général (désigné), Prudential Plc. Professeur Muhammad Yunus Économiste, fondateur de la Grameen Bank et lauréat du prix Nobel
LE Secretariatde l’app Michael Keating Directeur Violaine Beix Benedikt Franke Dawda Jobarteh Temitayo Omotola Carolina Rodriguez
Organisation du rapport La première partie de notre rapport s’attache à l’examen des progrès, certes constants, mais inégaux que l’Afrique a accomplis au cours de l’année précédente. D’une certaine façon, le continent n’a jamais été dans une meilleure position que celle qu’il occupe aujourd’hui. En effet, non seulement l’Afrique compte davantage de pays démocratiques et moins de guerres civiles qu’auparavant, mais on constate également que la plupart des pays, au cours de la décennie écoulée, ont enregistré de réels progrès en termes de croissance économique et de développement du secteur privé, ainsi qu’au niveau de l’enseignement primaire, des droits des femmes ou de la lutte contre les maladies et la pauvreté. Il est vrai qu’il existe encore trop de pays gouvernés par des dirigeants autoritaires et corrompus, et qu’encore trop de résultats d’élections sont contestés. De plus, certains problèmes majeurs perdurent tels que les conflits au Darfour et dans la République démocratique du Congo, la résurgence de la piraterie au large des côtes somaliennes et les coups d’états, notamment en Guinée, en Guinée-Bissau, en Mauritanie et à Madagascar. Néanmoins, une tendance positive se dégage avec la diminution du nombre de conflits, l’élargissement de la démocratie et l’accroissement du développement. La deuxième partie du rapport présente en détails la manière dont la crise économique peut renverser cette tendance. La crise accroît considérablement les défis politiques auxquels la région est déjà confrontée
car elle freine le progrès, réduit la croissance par habitant et provoque de sérieux problèmes budgétaires. Si l’on en croit l’avertissement lancé par la Banque mondiale, selon lequel 43 états africains sur 53 sont fortement exposés et vulnérables aux effets de la crise, les efforts consentis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement seront mis à mal et les réussites devront probablement être réévaluées si aucune mesure n’est prise. En conclusion de ce rapport, nous nous tournons vers l’avenir et examinons la manière dont les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux peuvent atténuer l’impact de la crise sur leurs économies et leurs populations. Il est essentiel que l’Afrique puisse donner toute sa mesure afin de participer à la reprise mondiale et à l’élaboration de modèles de développement à faible émission de Co2 en créant des emplois et en contribuant à la gestion du changement climatique et à son ralentissement. Étant donné la diversité des 53 états du continent et la structure disparate de leurs économies, il n’existe pas de solution politique unique : un seul modèle ne peut pas convenir à tous. Nous croyons cependant qu’un juste équilibre entre leadership, responsabilités et ressources aiderait les dirigeants africains à exploiter au mieux la situation actuelle et à obtenir le meilleur soutien possible de la part de la communauté internationale.
Une époque pour le leadership
L
’année dernière, notre rapport traitait principalement de l’inquiétude liée à l’impact des crises alimentaire et pétrolière et du changement climatique sur les populations africaines. Ces inquiétudes persistent, mais elles ont été éclipsées par une menace potentiellement plus dangereuse. La récession économique mondiale est susceptible d’avoir un impact particulièrement important sur l’Afrique, non seulement à cause des effets directs d’une baisse des échanges commerciaux, de l’investissement direct étranger, des transferts de fonds et potentiellement des niveaux d’aide, mais également suite aux mesures correctives mises en commun par les pays développés. Ces mesures visent à encourager le capital à fuir de la périphérie économique vers la sécurité perçue dans l’Ouest. Ce nouveau déclin arrive à un moment où de nombreux pays africains avaient réalisé un progrès économique, social et politique remarquable. La croissance économique à deux chiffres, le développement du secteur privé, le système bancaire innovant, l’utilisation de la téléphonie mobile, les élections libres et justes, le recul du paludisme, l’augmentation des taux de scolarisation ainsi que la société civile et l’engagement croissant des femmes dans la prise de décision constituent de nombreux exemples de succès.
La responsabilité envers la population constitue la base la plus solide du leadership pour garantir que les ressources financières précieuses à l’Afrique, qu’elles proviennent de sources nationales ou de donateurs, soient mieux utilisées pour atteindre des résultats tangibles et pour convaincre les citoyens, même en période de difficulté économique, que les dirigeants prennent leurs intérêts à cœur. Il existe de nombreuses preuves incontestables que l’amélioration rapide du développement humain est possible même dans les environnements les plus difficiles et qui possèdent les ressources les plus limitées. Malgré ces exemples de succès, on évite la question de savoir pourquoi des centaines de millions d’Africains manquent toujours d’opportunités et de moyens de base qui leur permettraient de mener une vie saine et productive. L’Afrique fait face à des obstacles uniques pour les circonstances, dont des déficits dans la fragmentation politique, l’infrastructure et la communication, et la vulnérabilité face aux maladies infectieuses et aux autres maladies. Bien qu’ils soient les plus touchés, les pays du continent sont les moins responsables des nombreux problèmes auxquels le monde est confronté, comme le changement climatique, l’instabilité financière et le ralentissement économique. Par conséquent, la responsabilité du progrès en Afrique doit être partagée. Les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux, que ce soit les pays industrialisés ou les économies émergentes, les donateurs ou les entreprises, ont chacun un rôle à jouer dans le progrès économique, social et politique du continent. Des partenariats forts permettront à l’Afrique de contribuer à résoudre les problèmes mondiaux, dont les modèles de croissance économique à faible teneur en carbone et les opportunités d’investissement visant à stimuler l’économie mondiale. À un moment où d’autres flux financiers diminuent, les pays du G8 et les pays donateurs ont une responsabilité encore plus importante d’honorer leurs engagements internationaux en termes d’aide et de s’assurer que les accords mondiaux relatifs commerce, au changement climatique, à la propriété intellectuelle, aux drogues illicites, au crime ou à la migration, répondent aux besoins de développement de l’Afrique. Utilisée de manière efficace, l’aide peut réaliser un effet de levier sur d’autres flux financiers, renforcer les capacités et répondre aux besoins sociaux et humanitaires urgents.
Comme le rapport d’ONE de cette année le souligne, malgré la récession économique, de nombreux donateurs honorent leurs engagements d’aide, reconnaissent la valeur pratique de l’investissement dans le développement de l’Afrique ainsi que l’impératif moral et politique de tenir leurs promesses. Malheureusement ce n’est pas le cas des autres, dont certains pays du G8 ; ce qui nous préoccupe profondément. Parallèlement, ce sont les dirigeants africains ont sont principalement tenus pour responsables des progrès en Afrique. Ils ont pour défi de formuler clairement et de revendiquer les besoins de l’Afrique et le programme sur la scène mondiale, insistant sur les valeurs et les normes garanties dans l’acte constitutif de l’Union africaine et d’autres accords importants en tant que base du partenariat et du soutien des pays du Sud et de l’OCDE. Cela constitue également une base pour attirer les investissements et garantir que les ressources nécessaires d’urgence pour l’aide sont utilisées de manière aussi efficace que possible. Les dirigeants africains doivent également relever d’autres défis. Les exemples de succès prouvent qu’il est possible d’améliorer rapidement la qualité de vie de la population, les opportunités à sa disposition ainsi que sa sécurité économique grâce à une bonne association de leadership, de ressources et de responsabilité. Malheureusement, ces succès ne se répètent pas assez souvent ou ne sont pas à la bonne échelle. La richesse ou la disponibilité des ressources n’est pas suffisante pour faire avancer le développement humain, que ce soit à un niveau national ou de projet. Les dirigeants nationaux et locaux sont plus déterminés que jamais à utiliser ces ressources pour atteindre des résultats et répondre aux besoins des citoyens, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’emploi, de l’alimentation, de l’accès aux soins de santé et à l’éducation. Le fait d’impliquer les populations dans les décisions relatives à la manière dont les ressources sont utilisées est une manière efficace de générer la confiance et l’utilisation optimale des fonds. Plus il y a d’obstacles au progrès, plus la qualité du leadership politique est importante, et l’Afrique n’est pas une exception. Les dirigeants ont la principale responsabilité de mettre en place et de mener un programme de développement national qui réponde aux besoins et aux aspirations des populations, envers lesquelles les dirigeants sont responsables. La qualité du dialogue entre les citoyens et leurs dirigeants est une condition essentielle au progrès et également la meilleure manière de gérer les tensions et, par conséquent, de prévenir les conflits. La responsabilité des dirigeants est une tradition et une pratique dont les origines sont ancrées dans la culture africaine. Mais dans de nombreuses parties du continent, elle a tendance à disparaître. Il y a trop d’exemples de captation des ressources par les élites, de l’inégalité croissante en termes de richesse et d’opportunité, et de l’abus des processus électoraux visant à légaliser des négociations exclusives en faveur des plus puissants. Beaucoup plus de choses peuvent et doivent être faites pour impliquer les Africains dans la croissance de leur continent ainsi que dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, que ce soit dans les villes ou dans les villages, dans les écoles ou les centres de santé, dans les assemblées de district ou les assemblées législatives. La responsabilité envers la population africaine, dont la plus grande ressource est constituée de ses femmes, forme la base la plus solide du leadership pour garantir que les ressources financières précieuses à l’Afrique, qu’elles proviennent de sources nationales ou de donateurs, soient mieux utilisées pour atteindre des résultats tangibles. Kofi A. Annan Président
Conclusions et recommandations principales NOUS CONNAISSONS ACTUELLEMENT UNE CRISE DU DÉVELOPPEMENT
La fusion financière qui a évolué en récession économique est désormais devenue une crise de développement. Associée à la crise alimentaire, à la volatilité des prix du pétrole et au changement climatique, elle menace d’inverser le récent progrès de l’Afrique et de mettre en danger la vie de sa population. Constituant déjà une cause de préoccupation sérieuse, l’espoir de réaliser les OMD avant 2015 semble désormais très loin. Selon nous, ces moments extraordinaires appellent à une action concertée sur la base des responsabilités partagées entre les dirigeants africains et internationaux afin d’atténuer l’impact de la crise sur l’économie et la population du continent, de protéger le progrès et de garantir que l’Afrique a la possibilité de contribuer à la reprise mondiale et au développement propre.
LA PRINCIPALE RESPONSABILITÉ D’AGIR INCOMBE AUX DIRIGEANTS AFRICAINS
Nous pensons que les dirigeants africains ont la principale responsabilité de protéger leur population des effets de la crise. Leur défi consiste à maintenir la stabilité et la croissance économique, dans le but de soutenir une approche participative dans la mise en place et l’application des stratégies de développement nationales, de tenir leurs engagements en termes de gouvernance, de comptabilité et de transparence ainsi que de trouver des moyens de renforcer la capacité à agir de l’Afrique et de communiquer ses besoins de manière plus claire sur la scène mondiale.
IL FAUT MAINTENIR LA PRUDENCE ÉCONOMIQUE ET FISCALE
Ce sont les circonstances propres au pays qui déterminent la réponse appropriée de la politique. Comme les ministres africains des Finances et les gouverneurs de la banque centrale l’ont souligné avant le Sommet du G20 à Londres, tous les pays d’Afrique subsaharienne ont comme priorité de maîtriser l’impact négatif de la crise sur la
Les scores de la gouvernance se sont améliorés entre 2005 et 2008
croissance économique et la pauvreté, tout en protégeant les gains durement gagnés des années précédentes, y compris la stabilité macro-économique et la soutenabilité de la dette. Nous appelons les dirigeants africains à résister aux tentations de répondre à l’affaiblissement des positions de la balance des paiements à l’aide de mesures protectionnistes ou en revenant aux contrôles administratifs.
L’AFRIQUE A BESOIN DE DAVANTAGE FAIRE ENTENDRE SA VOIX DANS L’ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE INTERNATIONALE
Il est clair que des dynamiques mondiales plus importantes, telles que la récession économique et le changement climatique, affectent profondément l’Afrique. Il apparaît également clairement, qu’en tant que continent comptant près d’un milliard de personnes, l’Afrique est sous-représentée dans de nombreux processus internationaux officiels et officieux. En outre, lorsque l’Afrique a une représentation adéquate, sa capacité de négociation est très limitée. Nous appelons les dirigeants africains à saisir cette opportunité pour appuyer les réformes importantes des structures de gouvernance mondiales afin qu’elles soient plus représentatives, qu’elles soutiennent et représentent mieux les peuples et les nations et qu’elle soit plus efficace, mais aussi qu’elles se concentrent davantage sur le renforcement des capacités de négociation, notamment avant le Sommet de Copenhague sur le changement climatique.
L’AFRIQUE A BESOIN D’UNE AIDE ET D’UN ACCÈS AUX RESSOURCES IMMÉDIATEMENT
Au même moment, une seule réforme institutionnelle ne vaincra pas la récession actuelle. La nature de la crise est telle que les pays africains ont besoin d’un soutien immédiat afin de maintenir l’activité économique et de protéger ceux qui ont le plus de mal à endurer cette situation. Nous appelons le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement à faciliter l’accès au crédit et à fournir les fonds nécessaires en urgence, de préférence sous la forme de subventions plutôt que de prêts, afin de compenser la perte des recettes nationales, les transferts de fonds et l’IDE et de répondre aux besoins sociaux urgents. Nous appelons également les pays du G8 et de l’OCDE à repousser la date limite du Programme des pays pauvres très endettés de fin 2004 à fin 2008 afin de donner une marge de manœuvre plus économique aux pays africains les plus pauvres.
LES DONATEURS DOIVENT RESPECTER LEURS ENGAGEMENTS D’AIDE
Alors que l’aide officielle des membres du CAD de l’OCDE à l’Afrique subsaharienne a augmenté de 11 % en 2008, une augmentation plus
ENTRÉES DE CAPITAUX EN ASS
(0-100) Source : UNECA 2005 and 2008
Source : IMF, 2009
POURCENTAGE DES AUGMENTATIONS DE L’APD DESTINÉE À L’ASS DEPUIS LES PROMESSES DE GLENEAGLES
alimentaire pour tous. La crise alimentaire n’est pas terminée et le changement climatique accélère et menace de diminuer davantage la productivité agricole en Afrique. Nous appelons les dirigeants africains, leurs partenaires internationaux et le secteur privé à augmenter leurs efforts visant à exploiter le vaste potentiel agricole du continent.
L’AFRIQUE A BESOIN D’UNE POSITION COMMUNE FORTE CONCERNANT LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Source : ONE DATA Report 2009
qu’appréciée suite aux baisses de 2006 et de 2007, la réalisation de l’objectif mondial de Gleneagles de 130 milliards de dollars par an d’ici 2010 reste incertaine. La somme supplémentaire nécessaire pour atteindre cet objectif représente une partie du soutien donné pour sauver les établissements financiers des pays riches et une infirme partie de leurs programmes de relance budgétaire. Nous pensons que la crise nécessite un dépassement des engagements de Gleneagles afin d’aider les pays à répondre à l’augmentation des besoins.
IL FAUT MAINTENIR L’ENGAGEMENT POLITIQUE INTERNATIONAL POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE AU-DELÀ DE LA CRISE
Les effets économiques et politiques de la crise actuelle mettent de plus en plus de pression sur les pays donateurs. Étant donné que les préoccupations nationales grandissent et que les finances publiques deviennent de plus en plus tendues, leur engagement pour le développement africain sera testé, en particulier une fois que la récession économique dans son ensemble devient apparente. Nous avons besoin de nouvelles coalitions afin de maintenir l’engagement politique autour de la réalisation des objectifs de développement ; les voix africaines recommandant qu’une aide et un investissement plus importants et meilleurs doivent être forts, clairs et au centre de cet effort.
L’AIDE DOIT SERVIR À RÉDUIRE LA DÉPENDANCE DE L’AIDE
L’aide ne peut pas constituer la base du financement de la croissance durable. Cependant, comme l’expérience mondiale l’a démontré, à l’exception de l’Asie et de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, l’aide peut servir à créer des capacités en termes de croissance et de développement. Nous appelons les dirigeants africains à soutenir et à approfondir leurs efforts visant à augmenter la mobilisation nationale des ressources et le flux d’investissement, tout en réduisant la dépendance de l’aide internationale. Nous appelons également les partenaires du développement à diriger davantage d’APD sur la création de la capacité du gouvernement à promouvoir le commerce, l’entrepreneuriat et la mobilisation nationale des ressources.
L’AFRIQUE A BESOIN D’UNE RÉVOLUTION VERTE
Plus de 70 % des Africains dépendent de l’agriculture pour gagner leur vie. Pourtant le potentiel de l’agriculture n’est exploité ni en tant que vecteur de croissance économique ni afin de garantir la sécurité
L’Afrique est la région qui contribue le moins au changement climatique mais qui sera incontestablement la plus touchée. Son agriculture, son approvisionnement en eau, son fardeau de maladies et ses ressources naturelles sont déjà profondément affectés. En outre, les implications humanitaires, économiques et financières du changement climatique ne cessent d’augmenter. Lors des prochaines négociations, l’Afrique doit faire face à un enjeu important au sujet d’un nouveau cadre post-Kyoto, qui implique de garantir une affaire équitable lui permettant de saisir des opportunités de développement propre. Nous pensons que l’Afrique doit développer et formuler clairement une position commune, soutenue par les chefs d’État, avant la Conférence sur le changement climatique qui aura lieu en décembre 2009 à Copenhague. Cela vise à garantir que les besoins spéciaux des pays les moins développés, majoritairement des pays africains, sont pris en considération.
LA PORTÉE DE L’INVESTISSEMENT DANS LES ÉNERGIES PROPRES ET L’INFRASTRUCTURE EST VASTE
L’infrastructure africaine dans le secteur du transport et de l’énergie est insuffisante, ce qui réduit non seulement l’efficacité commerciale mais limite également le volume des échanges. Cela contraint la sécurité alimentaire et entrave l’intégration régionale. Selon nous, il est essentiel de maîtriser les déficits de l’infrastructure au moyen de partenariats publics et privés et de l’investissement ciblé. En outre, cela permet de saisir des opportunités pour la croissance économique, l’emploi et un secteur privé florissant.
LES PARTENAIRES ÉMERGENTS PEUVENT DEVENIR DES CHAMPIONS DU DÉVELOPPEMENT
Les partenaires émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil se développent de jour en jour. Comme certains des plus grands partenaires commerciaux et sources d’investissement du continent, ils ont contribué à encourager les taux de croissance et à inciter les améliorations nécessaires de l’infrastructure en Afrique pendant de nombreuses années. Cependant, ils ont beaucoup plus à offrir au continent qu’un simple partenariat économique. Nous pensons que leur expérience unique en matière de développement, en particulier en ce qui concerne la sécurité alimentaire et la santé, positionne de manière exclusive les partenaires du Sud pour soutenir la réalisation des OMD en Afrique.
L’AFRIQUE PEUT CONTRIBUER À LA REPRISE MONDIALE
Le potentiel d’investissement dans la vraie économie de l’Afrique est vaste, en particulier dans les secteurs de l’infrastructure, de l’énergie renouvelable, de l’agriculture et des télécommunications. Une augmentation de l’investissement dans ces secteurs créera non seulement de l’emploi en Afrique, mais également des marchés pour les pays développés. Si on lui en donne l’occasion, l’Afrique peut fournir une plate-forme de croissance importante pour l’économie mondiale et ouvrir la voie aux modèles de développement propre qui contribuent aux efforts mondiaux visant à maîtriser le changement climatique.
La matrice des responsabilités partagées Leadership GOUVERNEMENTS
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Afrique
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Défendre les stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté centrées sur les personnes afin de réaliser les OMD Mettre en œuvre le programme du NEPAD pour la réforme politique et économique Souscrire au processus du MAEP et agir selon les engagements relatifs à la responsabilité, la bonne gouvernance et la transparence Maintenir une discipline macroéconomique et fiscale Rechercher et soutenir les positions communes africaines sur les questions importantes telles que le commerce, l’intégration régionale, le changement climatique et la réforme de l’ONU et des IFI. S’engager à mettre en place l’architecture de paix et de sécurité africaine Faire pression en faveur d’une diminution du chevauchement institutionnel des dispositions régionales d’intégration, augmenter la cohérence et déterminer les responsabilités Soutenir l’UA en remboursant les frais d’impayés
ORGANISATIONS RÉGIONALES
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Encourager la coordination et les projets régionaux afin de saisir les opportunités et les économies d’échelle supranationales Faciliter l’accord sur les positions communes africaines au sujet des questions importantes et soutenir la capacité de négociation africaine Recommander et chercher à soutenir le rôle de l’Afrique dans la délivrance et l’accès aux biens publics mondiaux Développer et mettre en œuvre les plans stratégiques organisationnels à court, moyen et long terme
Ressources GOUVERNEMENTS
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GOUVERNEMENTS
Partenaires internationaux
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Acteurs non gouvernementaux
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Défendre le soutien du développement africain Encourager le respect des politiques afin de garantir qu’elles soutiennent le développement africain, et augmenter les volumes et la qualité de l’aide conformément aux engagements de Gleneagles et au programme pour l’action d’Accra Soutenir l’augmentation de la représentation de l’Afrique dans l’architecture internationale comprenant le G8, le G20, et les IFI Encourager une plus grande coopération Sud-Sud et le partage de l’expérience de développement autour de la réalisation des OMD Soutenir la réforme institutionnelle de l’ONU et des IFI afin de la rendre plus sensible aux besoins de l’Afrique, en particulier en faisant face à l’impact de la crise économique mondiale Parvenir à un accord sur les négociations commerciales multilatérales - destinées en particulier aux besoins de l’Afrique - comprenant l’élimination accélérée des subventions pour les cultures que l’Afrique produit Soutenir la position, les besoins et la capacité de négociation de l’Afrique sur les questions importantes en particulier concernant un cadre de protocole post-Kyoto et des dispositions commerciales multilatérales Encourager un plus grand investissement du secteur privé en Afrique Fournir un soutien financier et technique pour la mise en place de l’architecture de paix et de sécurité africaine
ORGANISATIONS MULTILATÉRALES
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Aligner les opérations et les stratégies par rapport aux normes et pratiques exposées dans le Pacte global Adhérer aux activités de transparence et d’anticorruption telles que l’EITI et les mettre en œuvre Être pionnières pour ajouter une valeur sociale et environnementale à l’Afrique par le biais des affaires S’engager avec d’autres leaders commerciaux afin d’identifier les manières dont les affaires peuvent contribuer à la croissance et au développement de l’Afrique Chercher des partenariats avec les autorités et la société civile autour de l’investissement et de la gouvernance Engager les parties prenantes dans les activités relatives à la réalisation des OMD Augmenter les activités de bienfaisance et
GOUVERNEMENTS
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ENTREPRISES
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Revoir et réformer les procédures visant à améliorer la réponse aux besoins de soutien technique et financier des pays africains Soutenir la réalisation des scénarios de Gleneagles en incluant plus de pays africains et en se servant d’eux comme base pour combler les écarts de capacité et soutenir la mobilisation des ressources pour la réalisation des OMD Faciliter un engagement plus grand du secteur privé en Afrique, notamment en encourageant les reformes de facilité de faire des affaires, les opportunités d’investissement et les partenariats publics et privés
découvrir de nouveaux moyens de soutien de bienfaisance tels que le transfert de la connaissance et de la technologie
SOCIÉTÉ CIVILE
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Élaborer un modèle des normes professionnelles et éthiques les plus élevées, qu’elles soient liées à l’établissement de rapports, aux conseils, à l’appel de fonds, au recrutement, à la gestion des ressources humaines et à la comptabilité financière Engager les autorités locales et nationales pour qu’elles fournissent un intrant constructif, suivre la prise de décision et contrôler l’utilisation des ressources Recommander la croissance axée sur les personnes et la hiérarchisation de la réalisation des OMD
Renforcer la mobilisation des revenus, notamment en améliorant la gestion fiscale, la transparence et les actions de la politique fiscale Mobiliser l’investissement dans des secteurs avantageux et compétitifs au niveau national et encourager l’investissement du secteur privé en favorisant un bon environnement pour les entreprises, en réduisant les coûts de transaction, en luttant contre la corruption et en encourageant des réformes réglementaires Démontrer les résultats de l’aide et adhérer aux coalitions pour la mobilisation des ressources supplémentaires Encourager l’accès au crédit et à l’épargne par le biais d’institutions de microfinancement, de systèmes financiers plus profonds et variés, et de l’intégration régionale des marchés financiers Garantir une gestion de la dette prudente Encourager l’intégration économique régionale et le commerce intrarégional Encourager la coopération Sud-Sud Améliorer la gestion et l’extraction responsable des ressources naturelles Identifier les flux de rentrées de la protection des actifs de carbone, y compris les forêts et les terres sèches Identifier les opportunités d’attirer l’investissement, notamment au moyen de
Parvenir à un accord dans le cadre de négociations commerciales multilatérales et garantir l’accès aux marchés de l’Afrique Favoriser et fournir les instruments et les techniques d’atténuation des risques afin de faciliter l’IDE en Afrique Réduire les coûts des transferts de fonds Traiter le problème de la fraude fiscale ainsi que des pratiques fiscales préjudiciables et rapatrier les actifs acquis illégalement, notamment par le biais de l’initiative commune StAR de l’ONU/ la Banque mondiale Soutenir la capacité des gouvernements africains à accéder à des flux financiers supplémentaires, notamment ceux relatifs au changement climatique et au développement propre Augmenter la prévisibilité et simplifier l’aide conformément à la Déclaration de Paris et au Programme d’action d’Accra Utiliser l’aide pour stimuler le commerce, augmenter la capacité des gouvernements africains à mobiliser les revenus nationaux, l’IDE et les transferts de fonds Soutenir les capacités de gestion de l’endettement public des gouvernements africains Aider les gouvernements africains à éviter une nouvelle crise d’endettement en accordant des prêts de manière responsable, en étendant l’allègement de la dette aux pays qui sont pas encore couverts et en repoussant la date limite le jour de l’arrêté comptable des PPTE de 2004 à 2008
ENTREPRISES
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Payer les taxes et impôts Renforcer les chaînes d’approvisionnement et de valeur afin d’avantager les communautés locales et les producteurs Identifier les manières dont les biens et services essentiels peuvent devenir accessibles aux personnes pauvres Partager la connaissance afin d’améliorer l’accès de la population aux informations, aux services, aux marchés, au crédit, etc. Donner la priorité à la population locale et soutenir les initiatives relatives à la formation et à l’éducation Identifier les opportunités d’investissement en Afrique, notamment dans l’infrastructure et l’énergie propre, les projets qui relient les producteurs aux marchés, améliorer la productivité agricole et augmenter l’accès aux services financiers
Responsabilité
Mobilisation partenariats publics/ privés, dans les domaines du développement propre, de la croissance à faible teneur en carbone et des émissions réduites
GOUVERNEMENTS
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ORGANISATIONS RÉGIONALES
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Mettre en place un programme africain afin de traiter l’impact de la crise économique mondiale Donner la priorité et mobiliser le financement de l’infrastructure intrarégionale et les projets de développement propre Soutenir les États membres grâce à des stratégies de mobilisation régionales et au partage des meilleurs pratiques Encourager les positions communes africaines sur les efforts de traiter les flux financiers illicites Augmenter le soutien pour renforcer les capacités de gestion financières et gouvernementales
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Augmenter les sources de financement innovant, y compris la génération de revenus supplémentaires provenant du marché du carbone
GOUVERNEMENTS
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ORGANISATIONS MULTILATÉRALES
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Augmenter le capital de la BMD mis à disposition des pays africains les moins développés, notamment au moyen du Fonds de vulnérabilité, en supprimant les limites d’accès et en augmentant les ventes d’or potentielles Simplifier les procédures de prêt Approfondir et élargir le concept d’une ONU unifiée au sein d’«un seul processus» Soutenir les stratégies de croissance et de développement basées sur les OMD, y compris les scénarios de Gleneagles Renforcer les capacités de gestion gouvernementale Renforcer la capacité à mesurer et communiquer des résultats de développement
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Découvrir et former des partenariats privés et publics afin de poursuivre les opportunités d’investissement Mettre à disposition la distribution et la capacité logistique afin de soutenir les campagnes relatives à la santé, à l’éducation et les autres campagnes de développement
SOCIÉTÉ CIVILE
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Recommander des résultats de développement, en insistant sur les meilleures pratiques, en utilisant les réseaux médiatiques, professionnels, religieux, commerciaux, universitaires, gouvernementaux et les autres réseaux Mobiliser la Diaspora et encourager le retour ou le partage des compétences Contrôler et encourager l’intégrité fiscale en vue d’augmenter les revenus nationaux Collaborer avec les autorités et le secteur privé afin d’augmenter la capacité à fournir des services sociaux essentiels Faire pression pour obtenir une aide internationale de plus en plus efficace
Respecter l’Acte constitutif de l’Union Africaine et mettre en œuvre les traités, conventions et autres accords internationaux de l’ONU et de l’UA Respecter les normes constitutionnelles Adhérer à la position commune africaine et recommander la réforme de l’architecture financière internationale Traiter les questions identifiées dans le Rapport de gouvernance de l’Afrique de la CEA et du processus du MAEP Soutenir et mettre en œuvre les recommandations à partir d’évaluations électorales indépendantes Encourager la participation systématique de la société civile à la planification, la favorisation et la revue des stratégies et des budgets nationaux en matière de développement Accéder à et mettre en œuvre l’EITI et la Convention de l’ONU contre la corruption Encourager la bonne gouvernance d’entreprise Renforcer les systèmes de gestion et d’approvisionnement financiers publics et la gestion des ressources humaines S’engager dans des efforts afin de renforcer les systèmes de gouvernance régionaux
Respecter les normes et standards internationaux et gouverner par l’exemple Faire respecter les normes nationales et internationales du comportement d’entreprise relatives à la transparence, à l’imposition et aux procédures d’exploitation, notamment dans les industries extractives Publier les engagements internationaux en termes de développement, notamment les programmes d’aide, et soutenir l’audit indépendant de leur mise en œuvre Revoir la cohérence des politiques sectorielles dans les secteurs tels que le règlement financier, la migration, la propriété intellectuelle, le crime international, la sécurité, la santé et l’environnement dans la perspective d’encourager le développement africain Engager les parlementaires et la société civile pour évaluer l’efficacité du développement Soutenir le renforcement des systèmes de gestion et d’approvisionnement financiers des pays africains Soutenir le renforcement de la politique et de la capacité pratique des législateurs et de la société civile à prendre part aux processus de prise de décision
ENTREPRISES
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Entreprendre des audits sociaux et environnementaux réguliers Publier les comptes Faire respecter ou développer, si nécessaire, les codes de conduite afin d’augmenter la responsabilité
ORGANISATIONS RÉGIONALES
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Prendre une mesure appropriée avec les membres violant les traités et les accords Renforcer l’établissement de rapports aux États membres basé sur les résultats
ORGANISATIONS MULTILATÉRALES
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Faciliter les mécanismes mutuels de responsabilité entre les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux en se basant sur la Déclaration de Paris et le Programme d’action d’Accra Entreprendre des évaluations de rendement indépendantes et des résultats dans les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, la santé et l’éducation et les divulguer publiquement comme la base de l’engagement avec les États membres et la société civile
SOCIÉTÉ CIVILE
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Recommander le respect des droits constitutionnels, humains et des autres normes Tenir les gouvernements et les entreprises comme responsables d’eux-mêmes ainsi que des normes et pratiques internationalement convenues, en particulier concernant les droits de l’homme, le travail, la protection sociale et l’environnement
L’Africa Progress Panel encourage le développement de l’Afrique en suivant le progrès, en attirant l’attention sur les opportunités et en catalysant les mesures.
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