Regards de l'agam n°32 societe quand la jeunesse s’invite dans les enjeux métropolitains

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av r i l 2 0 1 5   : N ° 3 2 société

Quand la jeunesse s’invite dans les enjeux métropolitains chiffres-clÉs

350 000

jeunes de 15-29 ans en 2011 au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence soit 19% de la population contre 22% pour le référentiel

24,9 %

des 15-29 ans déclarent être à la recherche d’un emploi en 2011, soit 4 points de plus que le référentiel

17 %

des 15-29 ans sont sans diplôme en 2011, contre 13% pour le référentiel

32 %

des 15-24 ans sont à temps partiel et 1 sur 2 occupe un emploi précaire en 2011 ; autant qu’au sein du référentiel

La jeunesse est une période de la vie qui a eu tendance à se prolonger ces dernières décennies, notamment en raison de l’allongement des études, mais aussi des difficultés d’insertion croissantes des jeunes. Au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence, l’allongement des études a permis une importante progression des niveaux de diplôme, mais qui reste moins profitable qu’ailleurs. Malgré un fort recul de l’échec scolaire sur les vingt dernières années, le rattrapage tend à être moins rapide. L’une des caractéristiques du territoire est, en effet, la forte présence de jeunes sans diplôme. Par ailleurs, on observe une moindre fréquence de la poursuite d’études au-delà du Bac+2. Concernant l’insertion professionnelle, malgré une progression de la demande d’emploi des jeunes durant la crise moins rapide qu’à l’échelle nationale, en 2011 un jeune sur quatre déclare être au chômage. Un tiers des jeunes en emploi est à temps partiel et un sur deux occupe un emploi précaire. L’un des principaux enjeux du territoire concerne la lutte contre l’échec scolaire, en particulier dans les territoires les plus défavorisés. Il constitue également un enjeu de cohésion sociale. Face à de nouveaux entrants de plus en plus diplômés sur le marché du travail et à une faible disponibilité des emplois, être détenteur d’au moins un premier niveau de diplôme devient incontournable pour les jeunes afin d’éviter des difficultés d’insertion professionnelle sur le long terme. De surcroît, l’évolution des niveaux de diplôme de la population a également un impact sur le développement économique du territoire, toujours en recherche de compétences. La lutte contre le chômage des jeunes passe aussi par la mobilisation d’autres moyens d’actions (mobilité, lutte contre les discriminations…).


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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains

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Les Jeunes... De qui parle-t-on ? La jeunesse : une période de plus en plus longue La sociologie définit la jeunesse bien plus comme un passage qu’un état, une phase intermédiaire d’apprentissage des rôles adultes. Ce processus comprend diverses étapes : la fin des études, avoir un emploi stable, quitter le domicile parental, se mettre en couple, avoir des enfants (étapes qui ne seront néanmoins pas nécessairement toutes réalisées). 1 Le franchissement de ces étapes est aujourd’hui nettement plus long que par le passé, et ses contours sont moins définis. D’un point de vue statistique, la période de la jeunesse peut désormais concerner les

Aix-Marseille-Provence : moins de jeunes, mais un solde migratoire positif

15-29 ans et non plus seulement les 15-24 ans. L’allongement des études, mais également du temps d’accès à un

Au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP),

emploi stable, contribuent au prolongement de la période

350 000 jeunes de 15 à 29 ans sont recensés par l’Insee

de la jeunesse. Selon le CREDOC, "entre 1979 et 2010, la

en 2011. Ils sont proportionnellement moins présents

proportion d’étudiants dans la tranche d’âge 18-29 ans est

que dans les grandes aires urbaines comparables : 19%

passée de 16% à 30%".  Et la part des jeunes de 15 à 24 ans

de la population, contre 22% pour les aires urbaines de

en CDI est passée de plus de 60% au début des années 90

comparaison 4 . Les jeunes sont davantage représentés

à 50% en 2009.

dans les territoires de la métropole qui abritent une forte

Les modes de socialisation des jeunes sont également

population étudiante : Aix-en-Provence, les 1er, 5e et 6e

plus complexes, avec le passage du modèle de "l’identi-

arrondissements de Marseille (entre 23% et 27%). La faible

fication", à celui de "l’expérimentation" (O. Galland)  . Le

proportion des jeunes dans la population métropolitaine

premier modèle, celui de la reproduction sociale d’une

fait, en partie, suite à un recul de 2% de leur nombre

génération à l’autre, tend à s’épuiser. Les jeunes sont en

durant les cinq dernières années, tandis que l’ensemble

effet souvent plus diplômés que leurs parents et ne sont

de la population progresse (+2%), notamment en raison

pas forcément en mesure de suivre la même voie profes-

d’une forte hausse des plus de 60 ans (+11%). Cette évo-

sionnelle, en raison de la transformation de la structure so-

lution tranche avec celle des aires urbaines du référentiel,

cioprofessionnelle. Les jeunes auraient également de plus

pour lesquelles on constate une hausse du nombre de

grandes aspirations de mobilité sociale. Ils doivent donc

jeunes (+2%), même si elle reste moins rapide que pour

désormais construire par eux-mêmes leur identité et leur

l’ensemble de la population (+4%).

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statut social, dans un monde en perpétuelle mutation. La

Pour autant, si on observe les migrations résidentielles des

famille continue néanmoins de jouer un rôle important,

jeunes de 20 à 29 ans sur la période la plus récente dispo-

sur un mode moins autoritaire, mais plus d’accompagne-

nible (2003-2008), on constate que le solde migratoire est

ment et de soutien.

positif pour AMP (+ 2 170 jeunes). Le territoire se révèle attractif pour les jeunes en formation (+ 4 700 personnes). Néanmoins, une partie des jeunes semble le quitter pour accéder à l’emploi, puisque le solde migratoire est négatif

1. Les Jeunes d’aujourd’hui : quelle société pour demain, Credoc, déc. 2012 2. Op. cit. p 21 3. Sociologie de la jeunesse, Olivier Galland, Éditions Armand Colin, 2001 4. Quatre aires urbaines prises en compte : Lille, Bordeaux, Lyon et Toulouse. Les aires urbaines sont des espaces homogènes de par leur continuité géographique et de par les déplacements domicile-travail

pour les 20-29 ans au chômage (- 810 personnes) et ceux en emploi (- 1 700 personnes). On retrouve cette tendance au sein de la communauté urbaine de Lille (dans des proportions plus importantes), tandis que Grand Lyon enregistre un solde positif pour toutes les catégories de jeunes.


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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains

Des difficultés d'insertion croissantes Une dégradation des conditions d’insertion des jeunes en France

2009, d’une part, la proportion de jeunes en CDI a reculé de plus de 10 points à l’échelle nationale, alors qu’elle a légèrement progressé pour l’ensemble des salariés (de

Si l’allongement des études constitue une évolution favo-

76% à 78%) ; d’autre part, le taux de chômage des jeunes

rable quant à la progression des niveaux de diplôme de

(au sens du Bureau international du travail) est passé de

la population, l’accès plus tardif à un emploi stable, mais

15,4% à 23,7% (+8,3 points), tandis que celui de l’ensemble

aussi la hausse du chômage, fragilisent les jeunes. Les

des actifs est resté relativement stable (de 7,9% à 9,1% soit

difficultés d’insertion des jeunes sont en effet croissantes.

+ 1,2 point). 6

Selon le CREDOC, "depuis plus de trente ans, le taux de chômage a toujours été plus élevé pour les jeunes que pour les plus âgés. En période de difficultés conjonctu-

D’importantes difficultés d’accès à l’emploi dans notre territoire…

relles, le taux de chômage des jeunes a tendance à surréagir, l’emploi des jeunes servant de variable d’ajuste-

Au sein de la métropole AMP, on observe des difficultés

ment parmi d’autres." 5 L’écart entre le taux de chômage

d’insertion particulièrement importantes pour les jeunes.

des jeunes et de l’ensemble des actifs s’est donc creusé

Elles sont également nettement plus marquées que pour

en réaction aux difficultés économiques. Entre 1990 et

l’ensemble des actifs. Ainsi, en 2011, 24,9% des 15-29 ans

5. Op. cit., p197 6. Données Insee enquête emploi 2009 - CREDOC

TAUX DE CHÔMAGE (au sens du RP) moins de 15% de 15% à 20% de 20% à 25% de 25% à 30% de 30% à 35% de 35% à 40% de 40% à 44%

N t aux de chômage des 15-29 ans en 2011 - AIX-MARSEILLE-provence

déclarent être à la recherche d’un emploi, contre 15% pour l’ensemble des actifs (RP Insee). Ce taux est de quatre

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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains Paroles d’acteur points supérieur à la moyenne des grandes aires urbaines

Isabelle Langlois Chargée de mission Éducation au GIP Politique de la ville

comparables. Les taux de chômage des jeunes sont particulièrement élevés au sein des arrondissements défavorisés de Marseille (entre 30% et 44% dans les 13e, 16e, 2e, 1er, 15e, 3e et 14e arr.), ainsi que dans la commune de Berrel’Étang (33%), ou encore celle de Port-de-Bouc (37%). Les conditions d’emploi des jeunes se caractérisent quant à elles par une forte précarité, mais autant qu’au sein du référentiel. 32% des 15-24 ans sont à temps partiel au sein de la métropole (42% pour les jeunes femmes et 24% pour les jeunes hommes), contre 18% de l’ensemble des actifs. Ces taux sont équivalents à ceux observés au sein des grandes aires urbaines comparées. La part des jeunes salariés à temps partiel est plus élevée au sein notamment des territoires abritant une forte population étudiante (1er, 5e, 6e arr. et Aix-en-Provence), ainsi que dans le 3e arrondissement de Marseille qui est particulièrement défavorisé et le 13e arrondissement (entre 36% et 44%). De surcroît, un jeune métropolitain sur deux occupe un emploi précaire (hors CDI et fonction publique), contre 15% pour l’ensemble des actifs, à l’image des taux observés au sein du référentiel. Parmi les communes les plus concernées, on retrouve Istres, Martigues, Salon-de-Provence et les 1er, 3e, 5e et 9e arrondissements de Marseille (entre 54% et 60%).

…mais une dégradation moins rapide qu’à l’échelle nationale durant la crise Entre janvier 2009 et janvier 2015, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a progressé de 27% au sein des Bouches-du-Rhône (soit + 5 500 jeunes), pour atteindre 26 000 jeunes en janvier 2015 (cat. ABC) 7. Cette hausse importante reste néanmoins inférieure à celle observée à l’échelle nationale (+30%). La progression de la demande d’emploi des jeunes est également bien en deçà de celle de l’ensemble des actifs (+48% pour les Bouchesdu-Rhône et +57% en France), en lien, notamment, avec les mesures gouvernementales à l’attention des jeunes

Nous sommes en pleine phase de construction des nouveaux contrats de ville, qui prendront le relais des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) pour la période 2015-2020. Ces nouveaux contrats proposent une nouvelle approche de la jeunesse dans une logique de travail en réseaux et de diagnostic partagé. Jusqu’à présent le CUCS de Marseille était structuré en sept thématiques : habitat et cadre de vie, éducation, santé, culture, emploi, prévention de la délinquance, citoyenneté et accès aux droits... portées par le GIP Politique de la Ville pour l’action sociale envers les habitants et par le GIP Marseille Rénovation urbaine pour le traitement urbain des quartiers. La jeunesse était abordée dans ces 7 thématiques dont l’éducation qui regroupe 3 champs : la famille, le monde scolaire et les loisirs. Mais, ces trois sphères ne peuvent pas être cloisonnées, c’est tout l’objet des contrats de ville. Aujourd’hui, on travaille sur ces axes bien sûr, mais l’entrée est avant tout un "projet jeunesse". Cette notion de parcours et de public plutôt que thématique est une véritable avancée. Elle apporte une approche globale et transversale de la jeunesse. C’était une demande très forte des associations et des institutions. Aujourd’hui, certains ne voient les jeunes qu’à travers le prisme de l’échec : décrochage scolaire, difficultés d’insertion professionnelle, délinquance. Poser un regard bienveillant sur eux, c’est leur faire confiance et les voir comme des ressources plutôt qu’un danger pour la société. Comment les aider à devenir adulte et leur donner leur place dans notre société ? Dans le contrat de ville, un volet important est donné à la "participation des habitants, au pouvoir d’agir". Les jeunes sont majoritaires dans ces quartiers, comment peuvent-ils être force de propositions ? L’enjeu majeur est de concentrer les actions et de faire levier pour améliorer les conditions de vie urbaine et sociale. Il est nécessaire de raccrocher les habitants de ces quartiers au reste de la ville et de renforcer le droit commun au sein de ces quartiers pour y parvenir.

(emplois d’avenir…). Cet écart est néanmoins à relativiser.

le nombre de jeunes de 15 à 29 ans qui ne seraient ni en

En effet, les jeunes peuvent renoncer à s’inscrire à Pôle

emploi, ni en formation, et dont près de la moitié (900 000

emploi, soit par découragement, soit parce qu’ils n’ont pas

jeunes) ne chercherait pas d’emploi (NEET : not in employ-

de droits au chômage. En France, on estime à 1,9 million

ment, education or training) 8 . Par ailleurs, au fil des mois, on constate que les jeunes ont fortement subi les effets de la crise en début de période,

7. Statistiques du Marché du Travail-Pôle Emploi / Direccte-Sepes, traitement Agam 8. L’emploi des jeunes peu qualifiés en France, P. Cahuc, S. Carcillo et K. F. Zimmermann, Les notes du Conseil d’analyse stratégique n°4, avril 2013

et plus longuement sur notre territoire qu’à l’échelle nationale. En effet, au sein des Bouches-du-Rhône, la progression de la demande d’emploi des moins de 25 ans est plus


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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains

rapide que celle de l’ensemble des actifs jusqu’à la fin de

ment que si la demande d’emploi des jeunes se maintient

2 trimestre 2010  . A l’échelle nationale, ce changement de

à un niveau élevé en début de période, on observe une

tendance s’opère plus tôt (dès le premier trimestre 2010).

situation plus proche de la moyenne nationale à partir du

Par la suite, la hausse du chômage des jeunes restera en

2e trimestre 2012, et même plus favorable à partir du 2e

deçà de celle de l’ensemble des actifs. On notera égale-

trimestre 2014.

e

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La formation : un élément clé de l'insertion Le niveau de diplôme : premier déterminant de la capacité d’insertion

d’habitation a aussi un impact, même s’il reste de moindre ampleur : le risque de chômage est multiplié par 1,5 pour les jeunes domiciliés en ZUS 12 . Autre facteur de difficulté

Le niveau de diplôme constitue le premier déterminant

d’insertion, la nécessité de mobiliser un réseau pour trou-

de la capacité et de la qualité de l’insertion profession-

ver un emploi. Selon l’Insee, 21% des 18-29 ans ont mobi-

nelle (emploi stable, rémunération…). L’Insee  montre

lisé leur réseau pour trouver l’emploi qu’ils occupent. De

que le taux de chômage des personnes sorties depuis un

surcroît, le réseau se révèle d’autant plus important que le

à quatre ans de formation initiale est de 47% lorsqu’elles

niveau de diplôme est faible (36% des non diplômés ont

n’ont pas ou peu de diplôme (au maximum le Brevet des

mobilisé leur réseau pour trouver leur emploi contre 11%

collèges), tandis que ce taux chute à 28% avec un premier

pour les niveaux supérieurs à Bac+2) 13. On observe égale-

niveau de formation (CAP-BEP), 22% avec un Baccalauréat

ment un lien entre l’exercice d’une activité professionnelle

et 10% avec un niveau supérieur.

et la possession du permis (avoir le permis favorise-t-il

Le taux de chômage est également lié à l’ancienneté sur

l’accès à un emploi ou l’inverse ?). En effet, à Marseille, les

le marché du travail. Toujours selon l’Insee, le taux de

jeunes qui occupent un emploi sont nettement plus fré-

chômage passe de 20% pour un débutant sur le marché

quemment détenteurs du permis de conduire (69% hors

du travail, à 12% pour une ancienneté de 5 à 10 ans et à

CUCS 14 et 65% en CUCS) que les chômeurs (36% hors

8% au-delà de 10 ans. Néanmoins, l’expérience profession-

CUCS et 26% en CUCS). Et 61% des 18-24 ans utilisent leur

nelle ne pallie que partiellement et que progressivement

voiture pour aller travailler 15.

10

le handicap que constitue l’absence de diplôme. Ainsi, le taux de chômage des non diplômés est de 31,5% avec une ancienneté de 5 à 10 ans, soit un niveau qui reste supérieur à celui d’un débutant avec un CAP-BEP (28%). Mais d’autres facteurs interviennent dans l’accès à l’emploi. Selon le CEREQ 11, un jeune issu de l’immigration (parents nés à l’étranger), à niveau et parcours scolaire équivalents, a un risque de chômage près de deux fois supérieur à celui d’un jeune dont les parents sont nés en France. Le lieu

9. STMT - Pôle emploi, Dares. Calculs des CVS : Direccte Paca / Sese, traitement Agam 10. Enquêtes emploi, 2012 11. Parcours d’insertion et sentiment de discrimination des secondes générations en ZUS, Y. Brinbaum et C. Guegnard, in Les Nouvelles ségrégations scolaires et professionnelles, CEREQ, mai 2011 12. Zone Urbaine Sensible 13. Enquête Emploi 2009 Insee, traitement CREDOC 14. Contrat Urbain de Cohésion Sociale 15. Exploitation Enquête Ménages Déplacements 2009, Agam

Les missions locales au service des jeunes Acteur incontournable auprès des jeunes de 16 à 25 ans, les missions locales les accompagnent depuis plus de 30 ans dans leur recherche d’autonomie. Chaque jeune peut bénéficier de réponses individualisées pour définir son projet professionnel et les étapes de sa réalisation, pour établir son projet de formation et l’accomplir, pour accéder à l’emploi et s’y maintenir. La mission locale assure des fonctions d’accueil, d’information, d’orientation et d’accompagnement pour résoudre l’ensemble des problèmes que pose leur insertion sociale et professionnelle en mobilisant les partenaires locaux, des entreprises et les collectivités locales. La Mission Locale de Marseille est la plus importante structure de France avec 29 relais répartis sur l’ensemble de la commune et 197 salariés. Elle anime notamment les mesures et dispositifs nationaux, régionaux et locaux : CIVIS, emplois d’avenir, mise en place de la garantie jeune.

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30%

Une forte présence des jeunes sans diplôme

25%

Source : Insee 2011, traitement Agam

AU Bordeaux Aix-Marseille-Provence

La métropole AMP se caractérise par une forte présence

20%

AU Lille

de non diplômés : 17% des 15-29 ans sont sans diplôme en 2011, soit un niveau nettement supérieur à celui ob-

AU Toulouse

15%

AU Lyon

servé au sein du référentiel (13%). Les taux les plus élevés sont notamment observés au sein des arrondissements défavorisés de Marseille (entre 21% et 34% dans les 1er, 2 , 3 , 13 , 14 , 15 et 16 arrondissements), ainsi que dans e

e

e

e

e

e

les communes de Marignane (20%), Salon-de-Provence

10% RP1990

RP1999

RP2006

RP2011

Np art des 16-24 ans sans diplôme au sein des aires urbaines et de la métropole aix-marseille-provence

(20%), Port-de-Bouc (26%) et Berre-l’Étang (30%). Sur les vingt dernières années, l’échec scolaire a néan-

AMP (respectivement 28% et 30%), connaissent un rattra-

moins fortement reculé au sein de la métropole. Les 16-24

page plus rapide (respectivement -15 points et -13 points).

ans sans diplôme représentaient 30% de la population

Ainsi, en 2011, Bordeaux fait état d’une part de jeunes sans

non scolarisée en 1990 ; ils ne sont plus que 19% en 2011.

diplôme désormais dans la moyenne (13% contre 14%

Ce recul (-11 points) correspond à celui du référentiel.

pour Lyon et 12% pour Toulouse). Lille reste à un niveau

Néanmoins, au sein du référentiel, les aires urbaines de

plus élevé (17%), mais de 2 points inférieurs à la métropole

Bordeaux et de Lille, qui enregistraient en 1990 un niveau

AMP. On notera le recul particulièrement important enre-

de jeunes sans diplôme proche de celui de la métropole

gistré par Pertuis (de 37% à 13%), Port-de-Bouc malgré des

PART DES NON-DIPLÔMÉS de 30% à 34% de 25% à 30% de 20% à 25% de 15% à 20% de 10% à 15% inférieure à 10%

N  p art des 15-29 ans sans diplôme AIX-MARSEILLE-provence


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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains

Paroles d’acteur

taux encore élevés (de 47% en 1990 à 26% en 2011), ou en-

Michèle ROUZIER Coordinatrice du bassin Littoral Nord de la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire

10 points pour Marseille (de 33% à 22%), Vitrolles (de 27%

core de Gardanne (de 33% à 13%). La baisse est d’environ à 16%), Martigues (de 29% à 19%), ou Aix-en-Provence (de 22% à 13%). Berre l’Etang peine à faire reculer l’échec scolaire durant cette période (de 33% à 28%), ainsi que Miramas (de 29% à 23%).

La lutte contre le décrochage scolaire (nous disons plutôt maintenant le raccrochage et la persévérance scolaire) est une thématique prioritaire du gouvernement et de l’académie. La mission regroupe 62 personnes au sein de l’académie d’Aix-Marseille. Elle dépend de financements européens, du ministère de l’Éducation via le rectorat, et de la région. Nous intervenons avec plusieurs dispositifs sur la prévention des ruptures, et surtout sur des actions de formation pour les jeunes de plus de 16 ans sortis du système sans qualification, uniquement sur les lycées, mais aussi en appui technique auprès des équipes des collèges du secteur. L’objectif est de remobiliser les élèves meurtris par l’échec vers une formation et un projet professionnel. Nous travaillons en partenariat étroit avec les éducateurs de l’ADDAP13 (Association départementale pour le développement des actions de prévention), avec les familles et nous allons jusqu’à contacter les entreprises pour des stages. Il faut beaucoup de médiation, d’information et de communication pour que ça fonctionne. La solidarité interprofessionnelle est essentielle. Nous travaillons en étroite collaboration avec les acteurs des établissements (CPE, enseignants, assistantes sociales et conseillers d’orientation-psychologues), mais nous cherchons également d’autres partenariats pour élargir le champ des possibles. Par exemple, nous avons établi depuis deux ans un partenariat avec le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Il est nécessaire, auprès de ces jeunes, de retravailler leur perception de l’échec. Bien sûr il y a un manque d’investissement, mais il ne faut pas oublier l’environnement social et urbain dans lequel ils vivent. On cherche des leviers, des partenaires et on les suit dans la durée pour reconstruire de la cohérence dans des parcours chaotiques. On met de l’huile dans les rouages du système éducatif, notre rôle est d’apporter de la souplesse pour que les jeunes puissent se réinvestir dans un esprit de bienveillance. Le dispositif de "passerelle", par exemple, est emblématique. Il permet aux jeunes entrés dans une filière, de changer en cours d’année et ça marche !

Autre spécificité de la métropole Aix-Marseille-Provence, le territoire enregistre une moindre fréquence de poursuite d’études au-delà de Bac+2. Seuls 15% des 15-29 ans sont titulaires d’un diplôme supérieur à Bac+2 contre 20% en moyenne dans grandes aires urbaines comparables. Les taux sont particulièrement bas (entre 5% et 12%) dans les 3e, 11e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Marseille, ainsi que dans les communes Port-de-Bouc, Berre-l'Étang, Miramas, Fos-sur-Mer, Istres, Marignane et Salon-de-Provence. A l’inverse, les 1er, 2e, 5e, 6e, 7e et 8e arrondissements et Aix-en-Provence enregistrent des taux élevés (entre 21% et 32%).

Une réussite scolaire corrélée à l’origine sociale Si le diplôme a un impact déterminant sur la capacité d’insertion des jeunes, son obtention n’est pas neutre socialement. A l’échelle nationale, l’Insee montre que, statistiquement, le premier déterminant du niveau de diplôme d’un élève est le niveau de diplôme de ses parents. Une personne dont le père est non diplômé a 17% de chances pour les hommes et 20% pour les femmes de décrocher un Baccalauréat ou plus, contre 74% des hommes et 79% des femmes dont le père détient le Baccalauréat ou plus 16 . Les inégalités scolaires s’observent de fait dès l’école primaire et les écarts tendent à se creuser au fur et à mesure de l’avancée dans la scolarité 17. Mais d’autres facteurs interviennent qu’ils soient sociodémographiques (être d’origine étrangère, le sexe…), familiaux (familles monoparentales ou nombreuses), économiques, ou liés à l’école (organisation de l’école, orientation…) 18 . Ces facteurs se conjuguent et se renforcent entre eux, amplifiant la vulnérabilité de certains jeunes ou groupes de jeunes au décrochage scolaire.

16. Enquête Formation et Qualification Professionnelle de 2003, Insee, parmi les 25-59 ans 17. Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution, J.P. Caille et F. Rosenwald, Insee, France, portrait social - Édition 2006 18. Le décrochage scolaire : perspective générale, Éducation et francophonie, Jeunes à risque : État de leur situation, R. Ouellet, vol. XXII, no 1, avril 1994

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Quand la jeunesse s'invite dans les enjeux métropolitains

A Marseille, des territoires précarisés qui subissent un fort échec scolaire La ségrégation territoriale a également un effet sur la réussite scolaire des élèves 19. D’une part, quel que soit le niveau socioculturel de leurs parents, les enfants sont beaucoup plus souvent en retard à l’école quand ils habitent dans un voisinage où le taux de retard scolaire des autres enfants est fort (que le faible niveau socioculturel des autres familles soit associé ou non) 20, même si les différences de contexte pèsent toujours moins que les caractéristiques individuelles sur la réussite des élèves 21. D’autre part, les choix résidentiels et les choix scolaires des ménages s’interpénètrent et ont un impact en matière de ségrégation urbaine et scolaire 22 : les collèges situés dans les quartiers populaires ou mixtes sont ainsi plus ségrégués que les secteurs de recrutement eux-mêmes. A Marseille, dans les collèges situés dans les quartiers prioritaires, 66% des élèves en moyenne sont issus de catégories sociales défavorisées, contre seulement 19% des élèves hors CUCS. Les résultats des évaluations d’entrée en 6e montrent des écarts significatifs : le taux de réussite médian à ces examens (français et mathématiques) n’est que de 47% en CUCS contre 60% hors CUCS. Les difficultés ont tendance à s’accumuler avec l’avancée de la scolarité et se traduisent par une moindre poursuite d’études. 10% des élèves quitteront le système éducatif après la 3e dans les territoires CUCS, soit deux fois plus que dans le reste du territoire marseillais. Et lorsqu’ils accèdent au second cycle, les élèves scolarisés en CUCS s’orientent plus fréquemment vers la voie professionnelle (1/3 seulement accède à une seconde générale). 19. Observatoire des quartiers, Zoom éducation, Agam, GIP Politique de la ville de Marseille, décembre 2012 20. Composition sociale du voisinage et échec scolaire, une évaluation sur données françaises, D. Goux & E. Maurin, Presses de Sciences Po, Revue économique, 2005/02, vol. 56, pp. 349-361 21. J.P. Caille & F. Rosenwald, op. cit. p. 134 22. Les effets de l’assouplissement de la carte scolaire, M. Oberti, E. Préteceille, C. Rivière, rapport de recherche réalisé pour La Halde et le ministère de l’Éducation nationale, janvier 2012

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Directeur de la publication : Christian Brunner Rédaction : Aurélie Soulier, Isabelle Collet Conception / Réalisation : Pôle graphique Agam Marseille - Avril 2015 Numéro ISSN : 2266-6257

La mobilité sociale et résidentielle des jeunes en question Entretiens avec des jeunes Marseillais sur leurs difficultés d’insertion En 2013, le Conseil de développement de Marseille Provence Métropole a réalisé des entretiens de groupe auprès de jeunes Marseillais en difficulté d’insertion. Au total, 26 jeunes on été interviewés, âgés de 18 à 26 ans, aux profils et lieux d'habitation différents. L’Agam analyse ces entretiens. Pour les jeunes interviewés, l’accès à un emploi stable se confond avec l’entrée dans le statut d’adulte, au travers de l’autonomie financière et résidentielle. Ils adhérent à un modèle plutôt classique. Ils souhaitent par le travail pouvoir subvenir aux besoins de la famille qu’ils fonderont, avoir une maison, une voiture, partir en vacances…, "être comme les autres". L’accès à un emploi stable s’accompagnerait d’une mobilité géographique, puisqu’ils sont nombreux à souhaiter quitter leur lieu de résidence : "tant que tu vis dans un HLM, c’est que tu n’as pas réussi". L’accès à l’emploi permettrait ainsi de rompre avec la précarité et par la même avec une forme d’exclusion sociale et territoriale. Les jeunes souhaitent offrir à leurs enfants un environnement disposant de plus de possibilités (scolarité, cadre de vie…) et échapper aux stigmates de leur lieu de résidence. Les jeunes abordent en effet la question de la relégation des quartiers dans lesquels ils vivent. L’école notamment y offrirait moins de possibilités (concentration de l’échec scolaire, pas les mêmes chances de réussite selon la situation familiale, manque d’aide de l’institution scolaire). De surcroît, ils ont le sentiment d’avoir été catalogués très tôt : "les bons élèves d’un côté, les mauvais de l’autre", "tu feras un petit chemin, un petit métier". Cette situation s’accompagnerait par la suite de choix d’orientation restreints et souvent contrariés, pouvant conduire à des impasses scolaires et professionnelles : "ce n’est pas mon projet, c’est leur projet à eux". Concernant l’accès à l’emploi, les jeunes expriment un certain désarroi face à leurs difficultés d’insertion : "on cherche mais on ne trouve pas". Le chômage et la précarité des emplois, sont en effet plus marqués pour cette catégorie d’âge. Les jeunes identifient bien cette période de la vie comme moins propice à l’accès à l’emploi, notamment au regard de leur faible expérience professionnelle. Ils citent également des facteurs liés aux discriminations à l’adresse, ou encore à un accès plus limité à la cooptation. Ils expriment également le souhait de participer pleinement à la vie sociale, au même titre que les autres actifs : "laissez-nous notre chance", "il faut faire avec les jeunes et pas sans eux". Malgré les difficultés qu’ils rencontrent, lorsqu’on demande aux jeunes de se projeter à trois ans, ils se révèlent plutôt optimistes quant à la réalisation de leurs projets professionnels et personnels. http://www.conseil-developpement-mpm.fr

Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise Louvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01 Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : agam@agam.org

Toutes nos ressources @ portée de clic sur www.agam.org

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