Regards de l'agam n°46 habitat accès au logement un équilibre à trouver à l'échelle métropolitaine

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MARS 2016 : N°46

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T AI T É CHOANBOI M E

Accès au logement Un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine CHIFFRESCLÉS

1 631

Riche de sa diversité, le territoire métropolitain présente un panel important de formes d’habitat, du pavillonnaire "en campagne" jusqu’au studio locatif en résidence. Cela s’accompagne de conditions de logement multiples mais aussi d’une gamme de prix

Revenu médian mensuel disponible par unité de consommation de la métropole, soit environ 3 100 € pour un couple avec 1 enfant

étendue, laquelle peut varier du simple au triple en accession à la propriété. Combiné à

2 650 € / m²

Les impacts sur les parcours résidentiels des ménages sont importants, d’autant plus,

Prix médian des appartements vendus dans la métropole entre 2012 et 2014

3 540

€ / m²

un déséquilibre entre offre et demande ainsi qu’à une pénurie de logements abordables, ces facteurs expliquent la tension pour l’accès au logement, particulièrement forte au sein du territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence. dans un territoire où la maison individuelle domine le marché de l’habitat. Le pavillonnaire occupe une place importante dans l’imaginaire des habitants, alors que seule une minorité peut y accéder. Au-delà de ce segment de marché, les choix résidentiels des ménages, en particulier ceux souhaitant acheter leur premier logement, sont largement contraints. La localisation, élément structurant du choix résidentiel, est l’un des premiers

Prix médian des maisons vendues dans la métropole entre 2012 et 2014

"sacrifice" consenti. Nombreux sont ceux se reportant vers des territoires éloignés des

20 %

aspirations. Ainsi, pour de nombreux ménages, l’accès à la propriété s’avère complexe au

Part des communes de la métropole où le marché du logement collectif est dominant

bassins d’emploi ou non desservis en transports publics. Autre exigence revue à la baisse, les caractéristiques du logement. Celles-ci ne correspondent plus toujours à leurs sein du territoire, situation qui a un impact direct sur son attractivité. Quelle est la capacité du territoire à répondre aux aspirations résidentielles des ménages ? Quels sont les leviers pour offrir des parcours résidentiels satisfaisants et adaptés aux différentes étapes de leur vie ? Comment éviter que des ménages ne choisissent l'option de s'installer à l'extérieur du territoire métropolitain ? Autant de questions qui, au-delà des choix individuels voulus ou subi des ménages, interrogent les politiques publiques et les conditions d’attractivité des villes et des pôles urbains de la métropole.


HABITAT

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Accès au logement : un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine

Un territoire métropolitain au marché hétérogène Hors pôles urbains, une offre à dominante pavillonnaire

Un marché en sous-bassins

Seules 19 des 92 communes du territoire comptent une

sous-bassins se dessinent :

part significative d’appartements parmi les transactions.

 les bassins dont les prix des transactions sont plutôt

Ce sont essentiellement les plus peuplées, celles littorales

"bas" au regard des autres secteurs : les franges ouest

et le sud de l’Étang-de-Berre. Si la majorité des communes

et nord de la métropole à dominante pavillonnaire, le

présente une offre résidentielle à dominante pavillon-

pourtour de l’étang de Berre avec un marché immobilier

naire, parmi les transactions réalisées, les ventes d’appar-

diversifié ;

tements dominent. Ainsi, sur les quelque 59 000 transac-

 les bassins dont les prix sont les plus élevés : le littoral

tions enregistrées entre 2012 et 2014 , 63 % concernent

dont les transactions sont à dominante collective, le Pays

un logement collectif, activité fortement polarisée par

d’Aix et l'est d’Agglopole Provence à dominante pavillon-

Marseille et Aix-en-Provence.

naire hors d’Aix-en-Provence ;

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Au sein du territoire métropolitain, quatre principaux

 un bassin dont la situation apparaît intermédiaire : l’est

Des disparités de prix selon les territoires

métropolitain constitué essentiellement de villages, d’un

A cet effet de concentration en matière de type de loge-

appartements restent abordables (2 500 €/m²), l’offre est

ment proposé, s’ajoute une grande dispersion des prix

plus structurée autour des maisons avec jardin, qui pro-

de vente avec des disparités très importantes entre les

posent des prix biens supérieurs (autour de 3 700 €/m² );

territoires. Si dans le nord de Marseille ou à Sénas, on peut

 un bassin d’offre diversifiée : le secteur de Marseille à

payer 1 500 € ou 1 700 € le m² pour un appartement, on

dominante d’appartements propose une offre en loge-

devra payer deux fois plus cher à Aix-en-Provence (3 700 €

ments collectifs et pavillonnaires. Ce sous-secteur pré-

le m²), voire plus sur la Côte Bleue (4 800 € – 5 500 €/m²).

sente également les plus grands écarts en termes de prix,

Il en va de même pour les maisons qui se vendent autour

notamment au sein même de la commune de Marseille

de l’Étang de Berre à 2 500 €/m pour les moins chères, et

(1 400 €/m² Marseille 15e contre 3 200 €/m² Marseille 8e),

atteignent 6 800 €/m² à Cassis, pour les plus chères. Même

mais aussi entre Aubagne (2 550 €/m²) et Plan-de-Cuques

si les écarts de prix pour les maisons paraissent moins

(3 000 €/m²).

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parc de logements majoritairement individuel, qui représente une transition en terme d’accessibilité. Alors que les

importants que pour les appartements. Au-delà de ces constats généraux, au sein du territoire, les marchés immobiliers apparaissent multiples et complexes, constitués de nombreuses "niches". Plusieurs soussecteurs se distinguent par le type d’offre et les gammes de prix qu’ils proposent. Cette situation se traduit, en fonction de la capacité financière d’achat et des besoins des ménages, par une spécialisation des profils des accédants selon la nature de l’offre.

1. La référence à l’année 2014 pour les transactions est indicative, les chiffres sur les transactions sont partiels et en attente de stabilisation. 2. "Les conditions du logement 2013", INSEE Première N°1546, avril 2015.

Un accès au logement sous tension au niveau national A l’échelle nationale 2, tandis que la part de propriétaires occupants ne cesse de croître depuis 1984 pour atteindre 58 % en 2013, celle des accédants continue de baisser. De 24 % au milieu des années 80, ils ne représentent plus que 20 % en 2013. Cette tendance est particulièrement sensible pour les primo-accédants. Après un boom entre les années 1980 et 2000, leur part se stabilise à des niveaux relativement faibles (autour de 2 % des occupants du parc total). Ils sont également plus nombreux aujourd’hui à acheter leur logement à crédit (82 % des primo-accédants en 2013 contre 78 % en 2001).


HABITAT

Les communes apparaissant en blanc n’ont pas de valeurs attribuées dans la base DVF (pas de transactions enregistrées).


HABITAT

Accès au logement : un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine

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Des choix résidentiels contraints Les revenus des habitants de la Métropole contraignent

vers le marché des appartements. En effet, les possibilités

fortement leur capacité à accéder à la propriété. En effet,

s’avèrent plus nombreuses mais elles apparaissent égale-

le revenu disponible médian annuel d’un couple métro-

ment contraintes géographiquement d’une part du fait

politain s’élève à 29 350 €, soit un peu moins de 2 450 € par

de la structure du parc – de nombreuses communes ne

mois, ce qui offre une capacité d’emprunt en deçà des prix

présentent tout simplement pas d’offre d’appartements –,

dominants du marché et, sans apport personnel consé-

et d’autre part, du fait des prix. La frange ouest de la

quent, contraint fortement la plupart des accédants dans

Métropole et le pourtour de l’Étang-de-Berre, avec les

le choix du bien mais aussi de sa localisation.

arrondissements du nord et de l’hypercentre marseillais,

3

se présentent comme les secteurs les plus accessibles

Quelles solutions de report ?

(Port-de-Bouc, Miramas, Sénas, Berre-l’Étang et les 2e, 3e,

Ainsi, pour la plupart des ménages du territoire, l’acces-

communes du territoire demeurent inabordables pour ces

sion à un logement pavillonnaire – qui rappelons-le, est

ménages : le Pays aixois, la Côte Bleue et l’extrême sud-est

l’offre dominante dans la plupart des communes de la

du territoire.

Métropole – s’avère très difficile dans la majeure partie du

L’acquisition d’un logement adapté aux besoins (en ma-

territoire. Pour près de 80 % des ménages métropolitains,

tière de surface habitable) n’est ainsi possible que pour les

la plupart des communes ne sont pas accessibles pour

ménages aux revenus les plus importants ou alors pour

l’achat d’une maison 4 . Ainsi, seuls 10 % des ménages les

des ménages disposant d’un apport financier conséquent,

plus aisés pourraient acheter un logement pavillonnaire,

permettant de diminuer le montant de l’emprunt. Les

et ce, dans moins des deux tiers des communes et arron-

autres ménages ne peuvent tout simplement pas accé-

dissements de la Métropole.

der à la propriété ou pourraient être tentés de se tourner

La solution pour ces ménages aux revenus médians "ex-

vers le marché du logement dégradé (copropriétés dégra-

clus" du marché pavillonnaire pourrait-être de se tourner

dées, habitat indigne…) et ainsi se mettre en difficulté. Ce

14e et 15e arrondissements de Marseille). Près de 90 % des

constat pose la question de la capacité du territoire de la 3. Le revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. 4. Simulation réalisée pour une maison individuelle de 85 m² habitables.

Métropole à répondre aux aspirations résidentielles des ménages.

Et les autres segments du marché ? ACCÈS SECTEUR SOCIAL

Plafonds de ressources pour 3 personnes

REVENUS MENSUELS

> 4500€ = 13% *

PSLA PLS 80% DES MÉNAGES ÉLIGIBLES

PLUS 50% DES MÉNAGES ÉLIGIBLES PLA I 25% DES MÉNAGES ÉLIGIBLES

4000€ - 4500€ = 4% 3500€ - 4000€ = 9% 3000€ - 3500€ = 14% 2500€ - 3000€ = 14% 2000€ - 2500€ = 13% 1500€ - 2000€ = 9% 1000€ - 1500€ = 10% < 1000€ = 13% * Part des ménages appartenant à la tranche de revenus

ACCÈS SECTEUR PRIVÉ ACCÈS À LOCATION PRIVÉE MAISON T4 - AUBAGNE

30% DES MÉNAGES EN CAPACITÉ

ACCÈS À LOCATION PRIVÉE T3 - MARSEILLE

65% DES MÉNAGES EN CAPACITÉ

PYRAMIDE DE REVENUS MENSUELS DÉCLARÉS DES COUPLES AVEC ENFANTS (1,5 UC) À L'ÉCHELLE DE L'AIRE URBAINE AIX-MARSEILLE EN 2012

Source : Fichier Localisé Social et Fiscal (FiLoSoFi) 2012 PLUS : Prêt Locatif à Usage Social (logement social "courant") PLA Intégration : Prêt Locatif Aidé Intégration (logement très social) PLS : Prêt Locatif Social (logement social pour les ménages aux revenus supérieurs au logement social "courant" ) PSLA : Prêt Social Location-Accession


HABITAT

Quels ménages peuvent accéder à la propriété au sein de la Métropole AMP ?

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Les prix de l’immobilier et la nature de l’offre de logement au sein du territoire déterminent fortement le profil des ménages qui pourront s’installer. Ainsi, les ménages sans apport, ce sont notamment les primo-accédants, disposent d’un panel contraint d’options géographiques pour accéder. Malgré une certaine stabilisation des marchés, voire baisse dans l’ancien, constatée par les professionnels de l’immobilier ces derniers temps, ce panel se réduit sensiblement selon leur profil socio-démographique.

Marseille 8e arrdt

(Revenus parmi les plus élevés)

3 210 € 80 m2

Berre-l’Étang

(Revenus parmi les plus faibles)

T4

2 205 €

Marseille 8e arrdt

(Revenus parmi les plus élevés)

2 290 € 55 m2

Berre-l’Étang

(Revenus parmi les plus faibles)

T2

2 135 €

Marseille 8e arrdt

(Revenus parmi les plus élevés)

1 890 € 60 m

2

T3 XXX € XXX €

Berre-l’Étang

(Revenus parmi les plus faibles)

1 305 €

Revenus médians disponibles / mois parmi les plus élevés Revenus médians disponibles / mois parmi les plus faibles Communes/arrondissements accessibles

 Les couples avec enfant(s) aux revenus médians parmi les plus faibles (notamment ceux de Berre-l’Étang) ne peuvent prétendre à l’achat d’un appartement ancien T4 de 80 m² que dans 6 communes et arrondissements métropolitains (3e, 14e et 15e arrondissements et communes de Sénas, Berre-l’Étang et Port-de-Bouc) qui pourraient proposer des niveaux de prix abordables. Mais qui, s’il s’agit d’une famille avec plusieurs enfants, sera mal adapté en surface à leurs besoins. Un couple avec enfants du 8e arrondissement marseillais, aux revenus médians plus élevés, pourrait acheter le même appartement dans 38 communes de la métropole.  Les jeunes ménages ont davantage de possibilités pour acheter un appartement. Ayant des besoins plus adaptables et de surfaces moins importantes, leurs choix sont nettement plus ouverts que pour les familles monoparentales. Ainsi, un jeune ménage qui dispose d’un revenu médian parmi les plus faibles comparativement aux autres jeunes de la Métropole (de Berre-l’Étang par exemple), pourrait acquérir un bien dans 38 communes et arrondissements (essentiellement des communes autour de l’Étang-de-Berre et de l’ouest métropolitain, dans Marseille à l’exception de certains quartiers Sud et quelques communes en limite de la métropole). Pour les jeunes aux revenus médians les plus élevés (du 8e arrondissement de Marseille par exemple) les choix sont ouverts sur 49 communes et arrondissements, de manière plus hétérogène sur l’ensemble du territoire métropolitain.  Pour les familles monoparentales aux revenus médians, les choix géographiques pour accéder à la propriété sont les plus limités en raison de moindres ressources financières et d’un besoin en surface habitable plus important que pour les jeunes ménages sans enfants. Seuls les plus aisés peuvent accéder à la propriété mais exclusivement dans les territoires les moins chers. Ils peuvent acquérir un appartement T3 de 60 m² dans quelques communes de l’ouest de la métropole et arrondissements du nord et de l’hypercentre de Marseille (10 communes et arrondissements).

Méthodologie Cette analyse se base sur un croisement entre les prix immobiliers du marché de l'ancien (source DVF- DGFiP / Exploitation Cerema pour le compte de la Région Paca - 2012-2014), et les revenus disponibles par unité de consommation (source FiLoSoFi 2012). Afin d’approcher le revenu disponible pour l’ensemble d’un ménage, le revenu par par unité de consommation (UC) a été ramené à 1,5 UC/ménage pour les couples avec ou sans enfants et 1,3 pour les familles monoparentales. Les analyses ont porté sur trois types de ménages (ménages de moins de 30 ans sans enfants, familles monoparentales, couples

avec enfant[s]). Elles ont permis de définir en fonction de typologies et surfaces adaptées aux catégories de ménages, le nombre de communes "accessibles" aux ménages de la Métropole disposant de revenus médians. Les hypothèses utilisées pour l’analyse portent sur des ménages disposant d’un apport personnel réduit (équivalent aux frais de notaires), sur une durée d’emprunt de 25 ans et sur un taux de crédit de 3,26 % (assurance inclus).


HABITAT

Accès au logement : un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine

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Effets induits des choix résidentiels Vers une spécialisation des territoires

Des coûts élevés pour la collectivité et les ménages

Plus de la moitié des habitants qui partent se loger hors

En effet, la poursuite du départ de jeunes actifs avec en-

de la métropole continuent à y travailler. Parallèlement,

fants vers les communes péri-urbaines pose la question

ce sont principalement les communes en périphérie des

de l’attractivité des espaces urbains métropolitains où le

principaux pôles urbains métropolitains qui gagnent de la

vieillissement de la population tend à se renforcer et où

population. Ces constats témoignent de choix résidentiels

la précarité s’accentue en excluant des parcours résiden-

qui poussent toujours plus loin des pôles d’emplois et de

tiels les ménages les plus modestes. Parallèlement, les com-

services les ménages.

munes "pavillonnaires", fortes d’un "regain" de jeunesse, sont

L’aspiration encore prédominante à la maison individuelle,

confrontées à de nouvelles problématiques en lien avec leur

essentiellement de la part de ménages d’actifs avec en-

niveau d’équipements et de services, souvent insuffisant

fants, à la recherche d’une "qualité de vie" (calme, paysage,

pour répondre aux aspirations et besoins de ces nouveaux

jardin, sécurité...), la dichotomie entre une offre en collectif

arrivants (crèches, écoles, équipements sportifs et de loi-

au sein des pôles urbains et une offre en individuel dans

sirs, services et commerces de proximité…). Enfin, une part

les communes péri-urbaines, combinées à la propagation

non négligeable de ménages, initialement "urbains", dont le

des centres vers la périphérie de la croissance des prix

choix de l’accession à la propriété en individuel en périphérie

immobiliers, contraint de plus en plus l’accomplissement

peut s’avérer, au bout du compte, moins "idéal" que prévu.

d’un parcours résidentiel de proximité.

Effectivement, la croissance des dépenses liée aux déplace-

Cette spécialisation du marché vers la maison individuelle

ments (presque obligatoirement en voiture), l’augmentation

n’a pas uniquement une influence sur les trajectoires rési-

des temps de trajets (congestion routière, pollution…), le

dentielles des ménages ; elle tend également à renforcer

moindre accès aux transports en commun, la réduction de

la spécialisation sociale des territoires, génère des effets

l’accès aux commerces et services de proximité, la baisse

induits sur le budget des ménages, mais aussi sur celui des

des activités culturelles, une vie sociale moins développée,

collectivités.

peuvent être des contreparties parfois très pesantes pour ces ménages. Le choix d’un logement est un processus complexe où bien sûr le prix est déterminant, comme le montre l’étude, et où un revenu supérieur de "seulement" 10 % pour un ménage métropolitain "médian" lui ouvre considérablement le champ des possibles. D’autres facteurs propres au logement et à sa localisation entrent également en ligne de compte. Les caractéristiques "techniques" comme la surface habitable, le nombre de pièces, l’agencement, des caractères plus subjectifs comme l’accessibilité à l’emploi et aux services (écoles, commerces…) et le cadre de vie (aménagements, équipements et réputation du voisinage, espaces verts…) sont les premiers critères de choix auquel chacun pense.


HABITAT

Accès au logement : un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine

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Quels leviers pour harmoniser l’offre résidentielle ? Réinterroger les politiques publiques

désaffection des centres-villes par les ménages d’actifs

Au-delà des choix individuels voulus ou subis, d’autres fac-

également dans la diversification de l’offre à venir, et la

teurs "externes" qui relèvent plus des politiques publiques

valorisation de l’existant, afin de sortir du schéma précé-

nationales ou locales interrogent ou doivent question-

demment évoqué opposant "une urbanisation dense" et

ner le "modèle" de périurbanisation actuel mais aussi les

un modèle pavillonnaire en périphérie.

avec enfants ? En ce sens, une politique de solvabilisation ne saurait être menée seule. En effet, des enjeux résident

conditions d’attractivité des villes et pôles urbains de la

il est évident que l’accès à un logement moins cher grâce

Rechercher la complémentarité

à une politique publique de soutien, soit par la solvabili-

La complémentarité entre des espaces métropolitains

sation des prétendants à l’accession (PTZ, aide directe des

aussi "singuliers" doit être recherchée car il est évident

collectivités comme le CPL Marseille) soit, par une poli-

que les choix résidentiels des ménages ne s’arrêteront pas

tique d’aide à la maîtrise des coûts du foncier peut avoir un

aux frontières de la métropole. Ainsi, les futures politiques

effet levier fort sur la fluidité des parcours résidentiels des

publiques métropolitaines devront trouver les leviers per-

ménages métropolitains. Mais dans le même temps, cette

mettant d’offrir aux ménages métropolitains des parcours

intervention publique n’alimentera-t-elle pas en partie le

résidentiels satisfaisants et adaptés aux différentes étapes

processus de périurbanisation ? N’accroîtra-t-elle pas la

de leurs vies. Il s’agit donc de proposer une diversité de

métropole. En premier lieu, du côté de la solvabilisation des ménages :

Parcours résidentiel Tout au long des étapes et événements de notre vie, nos ÉTAPES besoins en logement évoluent. De la sortie du "cocon" BESOINS de nos parents, peut-être encore étudiant, jusqu’à notre entrée dans le "grand âge" nous avons besoin de plusieurs logements adaptés à notre situation familiale et à son évolution. Du studio meublé en résidence étudiante au logement adapté pour personnes âgées, une quinzaine de logements seraient ainsi nécessaires pour que chacun d’entre nous effectue un parcours résidentiel satisfaisant. Autrefois très uniforme en raison d’un "modèle" familial traditionnel où seulement 2 ou 3 logements étaient nécessaires, le parcours résidentiel est aujourd’hui plus "mouvementé" à l’image de nos chemins de vie. Allongement des durées d’études, diminution du mariage, augmentation des divorces et séparations, recomposition familiale, allongement de l’espérance de vie, autant d’évolutions de la société qui ont aussi modifié nos besoins en logements. Ainsi, on peut parler aujourd’hui d’une diversité de parcours résidentiels ; tout le monde n’aura pas les mêmes besoins ou aspirations en fonction de ses revenus, de sa situation familiale et de son évolution.

Cohabitation

Naissances enfants

Accession à la propriété

Séparation

2 logements

1 logement

1 logement

1 logement

2 logements

2 logements

4 logements

2 logements

T3 Parc locatif

T4 Accession

T4 Accession

Logement en RPA

T4 Parc locatif

T6 Accession

T5 Accession

T4 adapté Accession

Studio Parc locatif T3 Parc locatif

T4 Parc locatif

Recomposition Décohabitation familiale des enfants

1er logement indépendant

Vieillissement

T5 Accession

Chambre Cité U

15 LOGEMENTS DIFFÉRENTS POSSIBLES pour assurer un parcours résidentiel satisfaisant

POUR UN MÉNAGE

Studio Parc locatif

Chambre Cité U


HABITAT

Accès au logement : un équilibre à trouver à l’échelle métropolitaine

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solutions, non seulement dans la qualité des formes urbaines proposées et dans le type de logements (locatif

Définitions

et accession, privé et public, petit et grand…) mais aussi

ACCÉDANT

dans la localisation et la territorialisation de cette offre. En

Un accédant est un ménage accédant à la propriété, propriétaire qui a encore des emprunts à rembourser pour l’achat de sa résidence principale.

effet, l’enjeu de "reconnexion" des lieux de vie aux pôles d’emplois et de services s’inscrit dans une dimension plus large, avec des résultats induits sur la baisse des trajets domicile-travail, la préservation des espaces naturels et

PRIMO-ACCÉDANT

Ainsi les enjeux liés à la fluidité des parcours vont bien

Au sens "classique" du terme, il s’agit d’une personne ou d’un ménage qui accède pour la première fois à la propriété de sa résidence principale. Toutefois, le statut de primo-accédant, obligatoire dans le cadre de nombreuses aides à l'accession pour les ménages, introduit des nuances quant à la notion de "première fois". Par exemple, pour avoir droit au Prêt à Taux Zéro, il ne faut pas avoir été propriétaire de sa résidence principale au cours des deux dernières années. On peut également être considéré comme primo-accédant même si l’on possède une résidence secondaire et que l’on est locataire de sa résidence principale. En 2015, les primo-accédants avaient en moyenne 34 ans et étaient pour 80 % d’entre eux en couple, dont 58 % avaient un enfant (source enquête CSA/ Guy Hoquet).

au-delà de l’accessibilité financière des ménages même

SECUNDO-ACCÉDANT

agricoles, l’amélioration de la qualité de vie au sein de la métropole. Enfin, au-delà de la création d’une offre nouvelle de logements, la "reconquête" des centres urbains et du parc ancien est indispensable car l’essentiel de la mobilité résidentielle des ménages s’y fait toujours et plus de la moitié des ménages ayant récemment emménagés l’ont fait dans un logement construit avant 1975. Les enjeux de qualité et d’attractivité du parc sont prégnants mais renvoient également à la qualité de vie dans ces centresvilles (espaces verts, services et commerces de proximité, transports, équipements, etc.).

si elle en reste le premier levier. La Métropole au travers de son intervention dans ses domaines de compétences, devra rechercher la complémentarité et les liens entre deux sphères de mode de vie et d’offre résidentielle a priori opposés.

Il s’agit d’une personne ou d’un ménage qui accède à la propriété de sa résidence principale pour la deuxième fois. En général ces ménages disposent d’un apport pour l’acquisition portrait de leur logement provenant de la plus-value de la vente de leur logement précédent. portrait

En savoir plus Bibliographie • INSEE Première n°1546, « Les conditions du logement 2013 », avril 2015 • La Nouvelle Question Urbaine, Actes du séminaire animé par Jacques DONZELOT et Marie-Christine JAILLET • Organiser la ville, François Ascher, Grand Prix de l’Urbanisme 2009

Études Agam • • • •

Regards n°43 : Quelle articulation entre urbanisme et transport ? Regards n°42 : Suivi des logements réalisés dans le Pays d'Aubagne et de l'Étoile 2007-2014, janvier 2016 Regards n°35 : Suivi de la construction Marseille année 2014, juillet 2015 Regards n°26 : La dynamique immobilière, Marseille à la croisée des chemins, novembre 2014

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Directeur de la publication : Christian Brunner Rédaction : Jonathan Alfree, Laure Vidal Conception / Réalisation : Pôle graphique Agam Marseille - Mars 2016 Numéro ISSN : 2266-6257

Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise Louvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01 Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : agam@agam.org

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