Regards de l'agam n°47 environnement ville durable, reussir la transition energetique

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AV R I L 2 0 1 6   : N ° 4 7 Crédit photo : DualSun

ENVIRONNEMENT

Ville durable

Réussir la transition énergétique CHIFFRES-CLÉS

80

%

Le développement des énergies a considérablement amélioré notre confort de vie et le champ des possibles dans tous les domaines. Toutefois, l'usage croissant des énergies a eu son revers notamment dans le domaine de l'aménagement du territoire : étalement

part d’énergie consommée par les villes

urbain générant une utilisation massive de la voiture individuelle, urbanisation et formes

2 650 t

aménagement durable du territoire. Notre société est aujourd'hui devenue dépendante

de gaz à effet de serre par jour engendrées par les déplacements effectués sur le territoire du conseil de territoire de MPM, soit 60 % des émissions des Bouches-du-Rhône

260

MW

urbaines consommatrices de foncier et peu économes en énergie..., compromettant un et dispendieuse en énergies pour ses principaux besoins (se nourrir, se chauffer, se déplacer...) alors qu’elles deviennent plus chères, plus rares et responsables en grande partie du réchauffement climatique. Avec 80 % des consommations énergétiques et plus de 70 % des émissions globales de CO2, les espaces urbains apparaissent comme un lieu majeur de l’action publique en faveur de pratiques et de modes de vie plus sobres et plus efficaces. Cinquante pourcent

Puissance installée d’ENR sur le territoire de la métropole AMP ce qui équivaut à la consommation énergétique de 300 000 habitants

des consommations énergétiques sont potentiellement économisables en intégrant les

50 %

bilités énergétique et climatique des territoires. Une articulation plus opérationnelle des

Part de la consommation énergétique par le chauffage et la climatisation d’un logement

enjeux Climat, Air, Énergie lors des choix d’aménagement. L'objectif est de créer une vision et une demande pour un urbanisme économe en énergie, favorable au développement des énergies locales et durables et adapté aux vulnéradocuments de planification énergétique territoriale (SRCAE, PCAET) et des documents de planification urbaine (SCoT, PLUi…) constitue une réponse pour les collectivités. L’Agam, en tant qu’acteur de l’aménagement du territoire, s’inscrit dans cette dynamique.


EC É NO VN I ROOMNI NE E M E N T

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Aix-Marseille-Provence, une métropole vulnérable énergétiquement Un potentiel énergétique à valoriser

mature urbaine du territoire (multi-polarité) permettrait,

La consommation finale d’énergie primaire de la Métro-

notamment, l’écologie industrielle et territoriale.

d’autre part, de favoriser les synergies énergétiques en développant l’utilisation des énergies de récupération et

pole Aix-Marseille-Provence représente 11 300 ktep/an. Rapportée au nombre d’habitants, cette consommation énergétique équivaut à 6 tep/habitant/an. Pour autant, les

T  PRODUCTION ET CONSOMMATION ENERGÉTIQUE DU TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN

nombreuses industries manufacturières, les plus énergivores (pétrochimie, aéronautique, microélectronique), impactent fortement (à hauteur de 64 %) ces consommations énergétiques. Hors activités industrielles, ces dernières atteignent 2,4 tep/habitant/an, ce qui équivaut sensiblement à la moyenne nationale. Avec une production s’élevant à 800 ktep/an, l’autosuffisance énergétique de la Métropole est de 7 % ce qui représente un coût de 8 milliards d’euros (15 % du PIB de la Métropole) pour le territoire. Si le paysage énergétique de la métropole est diversifié, aussi bien par ses nombreux équipements que par la densité de ses réseaux de transport et de distribution, ce territoire dispose d’un potentiel non négligeable afin d’augmenter sa part de production d’énergie d’origine renouvelable et de récupération. La diversité des ressources naturelles (ensoleillement, cours d’eau et littoral, aérothermie) permettrait, d’une part, d’augmenter le nombre d’équipements de production d’énergie renouvelable. L’existence de nombreuses zones industrielles, la pluralité des zones d’activités, l’ar-

Zoom sur la base de données Energ’air Energ’air est une base de données régionale de la production et consommation énergétiques à l’échelle communale, portée par l’Observatoire Régional Énergie Climat Air (ORECA). La réalisation a été confiée à Air PACA. La dernière année de référence actuellement disponible date de 2010. Les données pour l’année 2013 devraient être mises en ligne courant 2016. A l’exception des transports aériens et maritimes, les productions et consommations d’énergie sont calculées cadastralement, c’est-à-dire que seules sont prises en compte les productions et les consommations effectuées sur le territoire considéré.

Les productions énergétiques considérées sont les énergies électrique, thermique et combustible (biogaz). En l’absence de données précises, le bois et les résidus agricoles produits à des fins énergétiques, la géothermie et les pompes à chaleur ne sont pas intégrés. Les données de consommation d’énergie finale sont exprimées en énergie primaire. L’énergie primaire est une forme d’énergie brute disponible avant transformation d’état. Elle rend compte du contenu énergétique avant les pertes liées aux transformations énergétiques contrairement à l’énergie finale qui constitue l’énergie utilisée par les consommateurs finaux.


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Une production d’énergie électrique prédominante Les équipements de production d’énergie de la métropole (centrales thermiques, centrales hydrauliques, éoliennes, parcs solaires photovoltaïques…) produisent 85 % d’électricité. La moitié de l’électricité est produite par les trois centrales thermiques (Gardanne, Martigues et Fos-surMer) et l’incinérateur des ordures ménagères de Fos-surMer existants sur le territoire métropolitain. Malgré un secteur industriel très développé, la production de chaleur est peu développée (11 %). La récupération de la chaleur fatale émise par les industries du territoire pourrait être une source de production d’énergie renouvelable, en particulier pour pallier à la consommation énergétique importante du secteur industriel (64 % des consommations d’énergie). Plus généralement, si la production énergétique du territoire métropolitain se concentre à l’ouest et au nord (2/3 de la production énergétique), à l’inverse les consommations énergétiques sont majoritaires au sud et à l’est.

W PRINCIPAUX CENTRES DE PRODUCTION D'ÉNERGIE RENOUVELABLE

Cette répartition territoriale de la production et consommation énergétique montre l’importance d’une solidarité énergétique territoriale.

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Une diversité des ressources naturelles Avec plus de 2 800 heures d’ensoleillement (contre 1 800 heures en moyenne pour la France), la proximité du couloir rhodanien favorable en matière d’énergie éolienne, l’omniprésence de l’eau aussi bien par sa façade littorale que par les nombreux cours d’eau, l’importance des activités économiques permettant une valorisation de l’énergie fatale ou des déchets, le territoire métropolitain bénéficie de nombreuses ressources favorables à la production d’énergies renouvelables ou de récupération. Près du tiers de la production d’énergie métropolitaine s’effectue à partir d’énergies renouvelables ou de récupération, dont 85 % de grande hydraulique, 7,5 % de biogaz et seulement 3 % d’éolien, 2 % de solaire et 2 % de petite hydraulique. A cela s’ajoute la biomasse, production d’énergie à partir des matières organiques végétales

N LE TERRTOIRE COMPTE SEPT PARCS SOLAIRES ET DE NOMBREUX PROJETS

Une consommation énergétique dominée par les activités industrielles

ou animales. La métropole produit le quart de l’énergie renouvelable ou de récupération de la région PACA.

Un peu plus de la moitié de la consommation d’énergie

On observe une dynamique favorable pour la petite hy-

en région PACA est imputable au territoire métropolitain,

draulique qui a doublé sa production en quatre ans. De

qui abrite pourtant seulement un tiers de la population

même, la puissance photovoltaïque installée affiche une

régionale. La métropole consomme, ainsi, la moitié des

évolution quasi exponentielle entre 2010 et 2013. Le terri-

produits pétroliers de la région, près des 2/3 du gaz et

toire métropolitain compte notamment sept parcs solaires

la quasi-totalité des combustibles minéraux solides. Cela

et de nouveaux sont en projet. L’éolien n’est présent que

dénote une très forte dépendance aux ressources fossiles,

sur l’ouest du GPMM avec une vingtaine de mâts en ser-

même si l’électricité (d’origine essentiellement nucléaire

vice. Quant à la production de gaz d’origine renouvelable,

et hydraulique) représente plus de 40 % de la consomma-

elle s’effectue exclusivement sous forme de biogaz à partir

tion.

des unités de méthanisation.

L’industrie constitue le secteur d’activités le plus énergivore de la métropole, avec 2/3 des consommations éner-

Des enjeux climatiques et énergétiques indissociables

gétiques. Cette spécificité territoriale est liée à la présence

Alors que les gaz à effet de serre (GES), d’origine anthropique (CO2, Méthane, Protoxyde d’azote…), sont en grande partie responsables du réchauffement climatique, 80 % des émissions de gaz à effet de serre nationales sont dues à l’utilisation des combustibles fossiles. Ceci montre à quel point les problématiques de l’énergie et du changement climatique sont liées. La lutte contre le changement climatique passe obligatoirement par la maîtrise de la demande énergétique et le développement des énergies non émettrices de gaz à effet de serre. Les changements climatiques agissent au centre des interactions avec de nombreux enjeux cruciaux tels que la santé, l’alimentation, l’accès à l’eau ou encore la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité.

un quart de ces consommations.

importante d’industries, en particulier autour de l’étang de Berre (60 % des consommations énergétiques liées à l’industrie). Avec une part similaire de consommation énergétique, le résidentiel et les transports représentent Pour autant, si les consommations énergétiques du résidentiel et du tertiaire sont plus importantes pour les territoires les plus urbanisés et qui regroupent le plus grand nombre d’activités, il s’avère que les consommations énergétiques liées au transport, avec les 2/3 des consommations en dehors des pôles de Marseille et Aix-en-Provence, sont plus conséquentes pour les territoires ''périurbains''. Au total, plus de la moitié des consommations énergétiques sont engendrées par les communes de moins de 20 000 habitants.


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L’urbanisme, vecteur d’une transition énergétique durable Engager une planification facteur 4

sources naturelles et agricoles. Parallèlement, les actions

Une des réponses aux problèmes énergétiques des terri-

tiers ne suffiront pas à elles seules à atteindre cet objectif.

toires passe, effectivement, par une meilleure articulation

Une planification territoriale intégratrice de l’ensemble des

entre planification urbaine et planification énergétique

objectifs environnementaux apparaît comme une néces-

des villes. En raison de la place centrale occupée par les

sité. Si les liens de compatibilité et de prise en compte

centres urbains, les villes apparaissent comme un lieu ma-

entre les différentes démarches de planification urbaine

jeur pour l’action publique en faveur de pratiques et de

et énergétique restent encore faibles, ils se sont accentués

modes de vie sobres et efficaces d’un point de vue éner-

avec l'évolution du cadre législatif (loi Notre et loi TECV)

gétique. L’enjeu est alors de mettre en place des politiques

Les régions doivent ainsi fixer les objectifs et un cadre gé-

favorisant un développement durable des villes.

néral de stratégie à travers les Schémas régionaux d’amé-

Le Facteur 4 prévoit de diviser par 4 nos émissions de gaz à

nagement de développement durable et d’égalité des ter-

effet de serre à l’horizon 2050 par rapport à 1990. Atteindre

ritoires (SRADDET), qui incluront dorénavant les Schémas

cet objectif nécessite dès maintenant des changements

régionaux climat air énergie (SRCAE) dans une approche

dans les pratiques d’aménagement, notamment en ma-

intégrée avec d’autres thématiques. Ils deviennent égale-

tière de transport, d’habitat et de préservation des res-

ment prescriptifs. Les intercommunalités doivent, quant

spécifiques telles que les bâtiments à énergie positive, les mobilités douces, les véhicules électriques ou les Ecoquar-

à elles, coordonner et mettre en œuvre les actions de PART DES ÉNERGIES RENOUVELABLES PAR RAPPORT À LA CONSOMMATION FINALE BRUTE D’ÉNERGIE FRANCE

En 2013

RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR

En 2010

TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN AIX-MARSEILLE-PROVENCE

En 2010

3%

10%

14%

transition énergétique à travers les Plans climat air énergie territoriaux (PCAET), qui relèveront dorénavant exclusivement de l’échelon communautaire. Elles doivent aussi intégrer dans les documents d’urbanisme, SCoT et PLU, les orientations du SRADDET et du PCAET, dans une relation de prise en compte.

ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE FRANCE

RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR

Entre 1990 et 2010

Entre 2004 et 2010

-10%

-6%

TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN AIX-MARSEILLE-PROVENCE

Entre 2004 et 2010

Le SRCAE, document cadre régional Le SRCAE constitue un cadre stratégique, pour les Régions, visant à renforcer la cohérence des politiques territoriales

-14%

en matière d’énergie, de qualité de l’air et de lutte contre les effets du changement climatique. Adopté en 2013, le SRCAE de la Région PACA contient les grandes orientations et objectifs régionaux définis aux horizons 2020, 2030 et 2050. Si le SRCAE n’a pas de valeur

CONSOMMATIONS ÉNERGÉTIQUES FRANCE

RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR

Entre 2005 et 2013

Entre 2004 et 2010

-5%

+5%

TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN AIX-MARSEILLE-PROVENCE

Entre 2004 et 2010

+15%

prescriptible, il devient, depuis l’adoption de la loi Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) en août 2015, le volet Climat, Air, Énergie du futur SRADDET dont les objectifs seront prescriptifs. Ce schéma fixe les orientations permettant d’atténuer les effets du changement climatique (maîtrise de l’énergie, développement des énergies renouvelables, baisse des

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émissions de gaz à effet de serre et de polluants) et de s’y adapter, conformément aux engagements pris dans le cadre européen et conformément aux objectifs nationaux.

Des PCAET : plans d'action intercommunaux Le PCAET est un projet territorial de développement durable qui a pour finalité la lutte contre le changement climatique. Son programme d’actions constitue un cadre d’engagement pour le territoire et répond aux objectifs fixés par la collectivité. Jusqu’à présent, les collectivités de plus de 50 000 habitants devaient adopter un Plan Climat Énergie Territorial. La loi de transition énergétique et la loi NOTRe clarifient le rôle du Plan Climat en adjoignant la dimension air et en confiant la responsabilité exclusive de l’élaboration des PCAET aux seules communautés et métropoles. Les EPCI à fiscalité propre existants au 1er janvier 2017 regroupant plus de 20 000 habitants adopte un PCAET au plus tard le 31 décembre 2018. La Métropole Aix-Marseille-Provence, qui s’est substituée aux 6 EPCI du territoire depuis le 1er janvier 2016, se dotera d’un PCAET. Jusqu’à présent, 4 PCET et 1 PCAET (territoire du Pays de Martigues) sont en vigueur. Seul le conseil de territoire d’Agglopole Provence ne dispose pas de plan climat.

PAROLES D’ACTEUR Pierre RADANNE Expert des questions énergétiques et écologiques, directeur Futur Facteur 4, président de l'association 4D

Le contexte énergétique est en constante évolution. Nous sommes récemment entrés dans un nouveau cycle au niveau énergétique. Le prix du pétrole a été divisé par 5 par rapport à 2008. Ce retournement de conjoncture est accompagné par une hausse structurelle du prix de l’électricité. Malgré un faible coût des hydrocarbures, lutter contre le changement climatique reste une nécessité. La signature d’un accord diplomatique, lors de la COP 21 en décembre dernier, a, ainsi, permis de donner un signal fort pour s’orienter vers de nouvelles activités économiques. Ce cadre structurant pour l’ensemble des états, se décline, par ailleurs, dans nos territoires. La réforme territoriale et la loi de transition énergétique pour la croissance verte donnent aujourd’hui aux collectivités territoriales tous les outils pour repenser l’action publique. Le rôle des régions est affirmé en tant que garant de la cohérence des différents documents de planification et respectueux des objectifs fixés en matière énergétique et climatique. La réforme territoriale avec création des métropoles intègre une nouvelle répartition des compétences et la nécessité d’initier la révision des principaux documents de planification en matière d’urbanisme, de déplacements, d’habitat, d’énergie, air, climat. Ce cadre favorise de nouvelles activités économiques non délocalisables et génératrices d’emplois : réhabilitation des bâtiments, amélioration des transports, développement des énergies renouvelables, gestion des déchets. Seulement, les capacités d’investissement et de moyen des collectivités publiques est moindre. Il devient essentiel d’articuler les fonds publics avec les capacités bancaires du secteur privé. Les collectivités vont devoir changer de philosophie et enclencher une dynamique collective en aval de la planification pour mobiliser et donner de la cohérence à l’ensemble des actions publiques ou privées. Le rôle des agences d’urbanisme devient essentiel dans ce contexte où les acteurs doivent partager une culture commune et se doivent de coordonner leur actions dans une logique de faire ensemble pour valoriser les potentialités et répondre aux besoins du territoire.

N  SCHÉMA DE CORRÉLATION DES DOCUMENTS D’URBANISME ET DE PLANIFICATION ÉNERGÉTIQUE DEPUIS LA LOI NOTRE ET TECV


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Adapter les leviers aux spécificités territoriales Déployer des solutions complémentaires

Habitat et mobilité : enjeux des territoires urbains

Les consommations d’énergie d’un territoire sont la

Le patrimoine bâti représente un gisement considérable

somme des consommations nécessaires à la construction,

d’économies d’énergie. La réhabilitation des bâtiments

l’aménagement, l’utilisation et l’entretien des bâtiments

existants est un levier important d’efficacité énergétique ;

(résidentiels, activités, équipements), au fonctionnement

notamment en privilégiant leur entretien et reconquête

des espaces publics, des transports de personnes et de

avant l’urbanisation de nouvelles zones. Dans les terri-

marchandises, des activités économiques (industrie, arti-

toires à forte ''concentration urbaine'', la réhabilitation

sanat, agriculture…) ou encore des filières de production

des logements, en particulier ceux construits avant 1975,

et de transport d’énergie. Or, l’aménagement du terri-

apparaît ainsi comme une priorité pour faire levier sur la

toire, de manière générale, et la planification urbaine, en

transition énergétique. Le SRCAE fixe un objectif de près

particulier, impactent l’ensemble de ces domaines. En ce

de 20 000 rénovations de logements/an à l’échelle de la

sens, les politiques d’aménagement du territoire agissent

métropole Aix-Marseille-Provence.

sur de multiples leviers de maîtrise énergétique, et ce, à

Plus généralement, les formes urbaines conditionnent la

différentes échelles. Pour autant, il apparaît primordial de

qualité de vie qu’offrent les ensembles bâtis. Une réflexion

favoriser un déploiement des solutions complémentaires

sur ces formes urbaines (rapport entre espace public et

en fonction de la diversité des situations géographiques et

privé, typologie, hauteurs, implantation, forme et distri-

urbaines de la métropole.

bution des parcelles, bioclimatisme…) peut contribuer à réduire les consommations énergétiques des bâtiments

TLES GRANDS PRINCIPES D'UNE MAISON BIOCLIMATIQUE EN RÉGION MARSEILLAISE

et à améliorer le confort thermique des espaces publics. L’augmentation de la part modale des déplacements en transport en commun et en modes doux (marche, vélo…) est un autre levier déterminant. En matière de mobilité et de transports, les projets d’urbanisme peuvent permettre de limiter les besoins de déplacement en véhicule individuel et de faciliter un report modal. Ceci passe par une plus grande

cohérence

urbanisme-

transport au niveau de la planification urbaine (SCOT, PLU, PDU) et en phase opérationnelle (qualité et continuité des espaces publics…). Le développement des véhicules électriques, notamment pour les livraisons, est également à favoriser. De même, la localisation des fonctions par la promotion d’une mixité fonctionnelle (logements, emplois, services, loisirs) pourra favoriser des déplacements de plus courte distance.


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Les dépenses énergétiques par ménages Couple de retraités

Jeune cadre sans enfant Revenus mensuels du ménage 1 800 €/mois

62 €/mois 3,5 % Travail Centre-ville de Marseille Vélo / TC (abonnement RTM)

T2 – appartement construit avant 1945 à Marseille 6e arr.

T4 – maison construite avant 1975 à Istres

À la retraite

Achats en centre-ville/Centre commercial Marche/voiture

Achats dans les commerces de proximités Marche à pied

Couple avec deux enfants

Famille monoparentale avec un enfant

114 €/mois 10,5 % Recherche d’emploi Voiture

Revenus mensuels du ménage 1090 €/mois

T2 – appartement de type grand collectif à Marseille 15e arr.

Revenus mensuels du ménage 1 650€/mois

148 €/mois 9%

670 €/mois 16,3 % Travail Centre-ville d’Aix-en-Provence Les Milles Voiture

Achats en centre commercial et en centre-ville Voiture / transport en commun (abonnement RTM)

Revenus mensuels du ménage 4 100 €/mois

T6 – maison construite après 2000 à Saint-Cannat

Achats en centre commercial/Centre-ville d’Aix-en-Provence Voiture

Méthodologie des portraits Afin de disposer d’une diversité des ménages, la localisation de chaque ménage a été privilégiée en fonction des différentes centralités urbaines de la métropole Aix-Marseille-Provence. Ces centralités urbaines ont été définies suite à une étude réalisée par l’Agam en 2014. On distingue les centralités métropolitaines (celles dont la population est supérieure à 100 000 habitants et celles dont la population compte entre 20 000 et 50 000 habitants), les points d’appui métropolitains et les centralités de proximité. Pour chaque territoire choisi, un ménage-type a été défini à partir des données INSEE 2012 notamment à partir des critères suivants : composition du ménage, catégorie socio-professionnelle, type de logement, nombre de pièces, date de construction, statut d’occupation, type de chauffage, nombre de voitures, revenus par unité de consommation.

L’enquête ménages déplacements des Bouches-du-Rhône de 2009 a permis de définir les lieux de travail, les lieux d’achat, les moyens de transport utilisés, les kilomètres parcourus et les consommations énergétiques générées par les déplacements. Un simulateur, prenant en compte les caractéristiques du logement, a permis de mesurer les consommations énergétiques (électricité et gaz) moyennes du logement de chaque ménage. Les dépenses énergétiques des déplacements sont basées sur l’étude ADETEC de 2012 qui prévoit un coût moyen de 0,34 € par kilomètre. Les dépenses liées aux consommations énergétiques des logements sont basées sur le prix de l’énergie en 2012 disponibles à partir de la base de données Pégase.


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Des ménages inégaux face à leurs dépenses énergétiques

Couple avec un enfant Revenus mensuels du ménage 3 050 €/mois

420 €/mois 13,8 % Travail Martigues/Istres Voiture

T4 – maison construite après 1975 à Fos-sur-Mer Achats en centre commercial / Centre-ville d’Istres Voiture

Couple avec un enfant Revenus mensuels du ménage 2 850 €/mois

144 €/mois 5% Travail ZI des Estroublant et Aéroport de Marignane Voiture/Bus

T4 – appartement construit avant 1975 à Vitrolles Achats en centre commercial Voiture

Ménage métropolitain type

265 €/mois 9,1 %

23 km/jour en voiture pour le travail et les achats

Revenus mensuels du ménage 2 900 €/mois

T3 construit après 1975

Les consommations énergétiques des ménages sont fonction de leur mode de vie. Elles regroupent celles générées par le logement (chauffage, eau chaude sanitaire et électricité spécifique tels que l’électroménager, l’éclairage ou les appareils audio, hifi, ordinateurs…) et les transports (notamment les trajets domicile-travail et ceux liés aux achats alimentaires ou de loisirs). Un des défis de la transition énergétique est de réduire nos consommations par une modification des comportements : utilisation des modes de déplacement alternatifs au véhicule individuel (marche, vélo, transports en commun), et modération dans l’usage des systèmes énergétiques des logements. Pour autant, selon le lieu d’habitation et le type de logement, nos consommations diffèrent ce qui implique un coût plus ou moins important pour les ménages. A titre d’exemple, les pôles économiques périphériques engendrent des déplacements en véhicule individuel plus longs, générant des dépenses énergétiques plus importantes. Par conséquent travailler dans un pôle économique périphérique représente, en moyenne pour un salarié, un surcoût de 500€ par an. De même, les dépenses énergétiques liées au logement sont, notamment, fonction de la forme urbaine (inertie thermique), de sa taille (volume à chauffer) et du mode de chauffage (chauffage central ou décentralisé, chauffage individuel ou collectif, type d’énergie utilisé…). En moyenne, une maison génère des consommations énergétiques 1,5 fois plus élevées qu’un appartement. Un logement récent est 2 fois moins énergivore qu’un logement construit avant 1950, hors travaux de réhabilitation. Pour imager ces ordres de grandeur, des portraits types, en fonction des données INSEE et de l’enquête ménages-déplacements, ont été déterminés, induisant différents niveaux de consommations et dépenses énergétiques. L’ambition est de montrer ce que génèrent potentiellement différents modes de vie et le niveau de vulnérabilité énergétique potentiel pour un ménage. Huit familles type, complétées de la moyenne métropolitaine, ont été identifiées.

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Crédit photo : GPMM

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N L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE UNE PRIORITÉ À DÉVELOPPER SUR LES TERRITOIRES INDUSTRIELS

Les énergies renouvelables propices aux territoires périurbains et littoraux

En revanche, le déploiement de réseaux de chaleur, alimentés à partir d’énergies renouvelables (unité de méthanisation, chaufferie bois locale…) sera préféré dans les secteurs urbains denses.

Une réflexion autour de l’approvisionnement énergétique (réseaux de chaleur et développement des énergies renouvelables) contribue à diminuer la vulnérabilité des territoires face à leur dépendance énergétique. L’enjeu est donc de diversifier les sources d’énergie en exploitant les ressources locales : solaire photovoltaïque et thermique, biogaz, éolien, géothermie… Pour cela, les territoires dits ''périurbains'', d’urbanisation plus lâche, mêlant habitat, activités, espaces agricoles et naturels peuvent être le support de solutions efficaces de la transition énergétique. Les maisons individuelles sont les formes de bâti pour lesquelles l’évolution des systèmes énergétiques sont les plus simples : l’installation de pompes à chaleur et de chaudières bois, les puits canadiens, les installations solaires thermiques et photovoltaïques sur toitures sont les solutions les plus communes. La production d’énergie renouvelable sous forme d’éoliennes ou de parcs solaires peut plus facilement être développée sur ces territoires, en veillant aux enjeux paysagers, environnementaux, agricoles et urbains. Les espaces du littoral maritime sont des espaces d’innovation pour le développement des énergies renouvelables où le vent et l’eau constituent un potentiel. Au large de l’embouchure du Rhône, les vents sont favorables pour l’éolien offshore. Au droit des agglomérations littorales (Marseille, La Ciotat, Fos-Martigues-Port de Bouc), les caractéristiques des fonds marins sont favorables au développement de la thalassothermie : deux projets existent sur le périmètre d’Euroméditerrranée à Marseille.

PIICTO, un projet modèle La plateforme industrielle d’innovation Caban Tonkin (PIICTO) regroupe sur 1200 ha au sein de la zone industrialo-portuaire de Fos (10 000 ha) une quinzaine d’industriels de la chimie, des matériaux et de l’énergie (dont Kem One, Lyondell, Bayer, Asco Industries, Elengy, Air Liquide, Solamat Merex, Everé, GDF Suez…). Ces acteurs se sont constitués en association avec le Grand port maritime de Marseille en vue d’accompagner les projets de mutualisation des flux et utilités. Le projet le plus avancé sur lequel ils travaillent est un réseau vapeur qui permettra d’éviter l’émission d’environ 150 000 tonnes de CO2 par an à l’échelle de la plateforme et sera générateur d’une économie substantielle pour les participants. Ce réseau vapeur deviendra un facteur d’attractivité internationale pour le secteur puisque sa capacité permettra d’accueillir de nouveaux industriels. Il reste en effet 600 ha à industrialiser sur PIICTO. Enfin, la particularité de PIICTO réside dans la volonté du Port d’y aménager une pépinière dédiée à l’innovation en matière de transition énergétique : INNOVEX. Localisée sur 12 ha, cette pépinière bénéficie de la présence des industriels de PIICTO et propose aux porteurs de projets de recherche avancée dans les filières de la diversification énergétique (CO2, hydrogène, bio-remédiation, power to gas, stockage des ENR, smart grids, bio-raffinage, etc.) de tester leurs pilotes préindustriels à l’échelle 1 sur une pépinière adaptée


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De nouvelles synergies pour les espaces économiques Les espaces portuaires ou industriels (pétrochimie mais aussi nouvelles technologies) sont d’importants consom-

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PAROLES D’ACTEUR Thierry LAFFONT Directeur général de l’Agence régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur ADEME

mateurs d’énergie. Pour ces territoires, l’optimisation des flux et des déchets dans le cadre de synergies de type écologie industrielle et territoriale, constitue une priorité (chaleur fatale réinjectée dans les réseaux, déchets transformés en matières premières, recyclage de l’eau…). L’innovation et le développement de l’utilisation de nouveaux processus énergétiques apparaissent également intéressants : biocarburants à partir d’algues, l’usage du gaz naturel liquéfié ou l’hydrogène… Le développement des installations solaires photovoltaïques sur de grandes surfaces (toitures ou parkings) est une solution pour faire des zones d’activités et commerciales des leviers de la transition énergétique. L’existence d’une association de zone apparaît comme un préalable à la mutualisation d’actions favorables à la transition énergétique pour ces espaces, comme la mise en œuvre d’un Plan de Déplacement Inter-Entreprises, la gestion des déchets, l’engagement dans une démarche ISO50001 spécifique au management de l’énergie, ...

La préservation des espaces naturels et agricoles La protection et l’usage des sols visent à agir sur l’équilibre entre les extensions urbaines et le renouvellement urbain, le développement de l’espace rural, la préservation des espaces agricoles et naturels. Une réduction de la consommation d’espaces et le maintien d’espaces perméables à vocation de puit carbone participent à atténuer le changement climatique. L’agriculture périurbaine contribue, par ailleurs, au développement d’une offre de produits de proximité favorisant les circuits courts. Cette forme de consommation, qui permet le maintien d’espaces agricoles de proximité, contribue à la diminution du transport de marchandises sur les longues distances. En milieu urbain, le maintien et le développement d’une végétation urbaine ainsi qu’une gestion intégrée de l’eau sont un moyen efficace d’améliorer la qualité de l’air en ville, d’atténuer les effets d’îlots de chaleur urbains et ainsi de s’adapter au changement climatique.

En tant que territoire industriel, un développement de l’économie circulaire est évident. Il est indispensable de préparer la mutation de nos industries en favorisant les synergies entre acteurs. Sur le volet mobilités, ensuite, notre retard en infrastructures à cette échelle peut être une opportunité sur la prise en compte de nouvelles mobilités et de nouvelles façons de se déplacer. Accompagner la transition vers une économie de partage et de services constitue donc un enjeu. Ce territoire a un formidable potentiel : l’eau, le soleil, le vent, la mer, le sol sont actuellement des ressources naturelles sous-exploitées. Les défis sont immenses en termes de développement territorial économique, humain et environnemental. L’ADEME mène, sur l’ensemble de la métropole, plusieurs expériences. La création de réseaux de chaleur et de froid avec les projets de boucle thalassothermiques sur Euroméditerranée dont celle sur l’îlot démonstrateur Allard. Un appel à projet a, par ailleurs, été lancé pour le déploiement des infrastructures de recharge électrique sur PACA afin d’amorcer un maillage du territoire. L’ADEME soutient également des démonstrateurs comme Jupiter 1000 sur Fos, projet expérimental qui propose de valoriser les excédents électriques en gaz (stockage de l’électricité), des solutions qui devraient être matures d’ici 30 ans. Il faut apporter une réponse énergétique spécifique en fonction du territoire. Le potentiel maritime sera, par exemple, privilégié à Marseille et sur la bande littorale alors que le développement des chaufferies bois se portera sur les territoires plus proches de la ressource. Aujourd’hui, l’enjeu de la transition énergétique est de porter la part des ENR à 50 % et de diminuer la part du nucléaire à 50 % ; ce qui signifie ne plus utiliser d’énergie d’origine fossile. Toutes les études montrent que cette équation est réalisable à des coûts accessibles. Réduire les consommations de pétrole et de gaz, c’est répondre autant aux questions d’indépendance énergétique qu’aux enjeux de lutte contre le réchauffement climatique. L’ADEME en tant qu’opérateur de l'État est avant tout une boite à outil au service des collectivités et des acteurs de la société civile… pour atteindre cet objectif. Elle contribue ainsi à préparer le futur et à mettre la société en mouvement en accompagnant l’innovation et en proposant toute son expertise pour développer des compétences sur le territoire ; au plus près des acteurs.


EC É NO VN I ROOMNI NE E M E N T

Ville durable : réussir la transition énergétique et climatique

Par ailleurs, des leviers complémentaires apparaissent

A découvrir

mobilisables pour l’ensemble des typologies de territoires métropolitains : les constructions bioclimatiques, le développement de solutions alternatives de déplacement (covoiturage, modes doux, transport à la demande, etc.), la réduction, le recyclage et la valorisation thermique des déchets ainsi que la production de biogaz. Enfin, à l’échelle métropolitaine, l’étang de Berre apparaît comme un territoire de concentration des enjeux métropolitains de développement, de mutation industrielle et

énergie & territoires

urbaine, de déplacements d’environnement… En ce sens, il apparaît comme une opportunité de territoire expéri-

Réussir la transition énergétique

mental et exemplaire de la transition énergétique.

portrait

portrait

En savoir plus Bibliographie • Transition énergétique, un virage essentiel pour le développement métropolitain, interpellations stratégiques, Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, 2015

• Climat/iser la planification, FNAU, octobre 2015 • Vision énergie climat 2030/2050, quels modes de vie pour demain ? ADEME 2014

Études Agam • Énergie & Territoires, Réussir la transition énergétique, Agam 2015 • Bilan environnemental des déplacements, CU MPM, Agam, 2013 • Charte Qualité Marseille pour l'art de construire et d'aménager, Agam et Ville de Marseille, 2013

Sites internet • Site de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de PACA (DREAL PACA), mettant notamment à disposition plusieurs documents sur la thématique Énergie et Urbanisme www.paca.developpementdurable.gouv.fr

• Site de l’Observatoire Régional de l'Énergie, du Climat et de l’Air de Provence-Alpes-Côte d’Azur (ORECA) mettant à disposition de nombreuses études et données http://oreca.regionpaca.fr/

• Site Energ’Air mettant à disposition les données des consommations et de la production énergétique en région PACA http://energair.airpaca.org/

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Directeur de la publication : Christian Brunner Rédaction : Gweltaz Morin, Isabelle Collet Conception / Réalisation : Pôle graphique Agam Marseille - Avril 2016 Numéro ISSN : 2266-6257

Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise Louvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01 Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : agam@agam.org

Toutes nos ressources @ portée de clic sur www.agam.org

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Décembre 2015

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