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Plus forts ensemble CHOLET
Douze femmes victimes de violences ont bénéficié de deux ateliers : l’un de couture, l’autre d’expression orale et corporelle. Pour une renaissance disent-elles… accompagnent dans différentes structures » précise Djamila Lemasle, travailleuse sociale à la Caisse d’allocations familiales, membre du groupe de travail. Alice David d’ajouter : « Elles sont venues reconstruire leur monde intérieur pour avoir moins peur du monde extérieur, en tissant, avec du textile, mais aussi avec de l’humain »
De fait, en couture, se découvrant du talent, les femmes ont fabriqué cette Nana, à partir de leurs propres vêtements. « Elles ont déposé quelque chose d’elles, comme un symbole » précise la créatrice. Avec le théâtre, elles ont pu « se reconnecter à leurs émotions et leurs sensations, se réapproprier leur corps » dit la comédienne.
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Ce jeudi matin, tout est calme dans l’atelier de la costumière Anne-Claire Ricordeau. Seuls le bruit cadencé des machines à coudre, de rares mots échangés et quelques éclats de rire viennent parfois interrompre ce silence. Tissus, paires de ciseaux ou aiguilles entre les mains, les femmes présentes sont concentrées. Attelées à une tâche qu’elles veulent belle. Parmi d’autres, Audrey et Amina* terminent une Nana, toute en textile, inspirée par les célèbres sculptures de femmes plantureuses et colorées de la plasticienne franco-américaine Niki de Saint Phalle…
Je sais mieux aimer.
Je sais mieux m’aimer
Dans le théâtre de poche du Jardin de Verre, un autre groupe de femmes expose ses sentiments à travers un atelier d’expression orale et corporelle. « Je me sens libre » ose Sheila. « Je suis fière » reprend Fatima. « C’est maintenant » annonce Ana. Des propos libérateurs énoncés avec calme et détermination, qui viennent conclure plusieurs mois d’introspection et de délivrance, au crépuscule du projet l’Étoffe des nanas.
Redonner confiance
Celui-ci est né en avril dernier, d’une rencontre entre les membres du groupe de travail de lutte contre les violences intrafamiliales et conjugales piloté par l’Agglomération du Choletais (AdC)** et Anne-Claire Ricordeau, ainsi qu’Alice David et Laurence Brunel, de La grange aux Arts. Les comédienne et metteuse en scène préparaient alors le spectacle Une belle fille avec un Fusil, présenté en novembre. Cette pièce évoque la vie de Niki de Saint Phalle et, notamment, l’inceste dont elle a été victime, enfant. « L’idée est rapidement venue de créer des passerelles entre l’art et le social, en coconstruisant un projet, destiné exclusivement et directement aux femmes » explique l’interprète. À partir de l’univers d’Anne-Claire Ricordeau, à savoir le textile, a été tiré le fil pour imaginer les deux ateliers, avec une même ambition : redonner confiance, courage et énergie pour repartir de l’avant.
Se reconstruire
Car les femmes de tous âges, cultures et horizons, réunies pour ce projet, ont connu la violence. « Toutes ont croisé un jour un travailleur social, pour connaître leurs droits, les procédures, les solutions pour s’en sortir. Elles ont aussi exprimé leur isolement, leur crainte de l’avenir et ont été invitées à prendre part à l’ Étoffe des nanas par celles et ceux qui les
Laurence Texereau, conseillère communautaire déléguée à la Solidarité, ajoute : « Dans ce projet qui s’inscrit pleinement dans la volonté de l’AdC de lutter activement contre les violences faites aux femmes, l’art a permis aux participantes d’évacuer ce qu’elles avaient sur le cœur et d’aborder l’avenir avec confiance » Des propos que confirment les principales intéressées. « Je me sens sereine et prête à avancer » affirme Clémentine, quand Sheila avoue sans détour « une transformation totale » « Je sais mieux respirer. Je sais mieux m’amuser. Je sais mieux faire confiance. Je sais mieux aimer. Je sais mieux m’aimer. » Avec ces mots en guise de conclusion, Ana a bouleversé toutes les actrices de ce projet cousu de fil d’or… et de sacrées nanas !
Exposition
Avant de se promener en différents lieux, la Nana sera exposée, de ce mercredi 8 mars au samedi 1er avril, à la médiathèque É lie Chamard, aux côtés de deux créations des élèves en CAP Métiers de la mode du lycée Jeanne Delanoue.
** Composé de représentants de la police, de la gendarmerie, des services sociaux, d’associations spécialisées dans l’écoute et l’accompagnement des personnes ayant été victimes de violences, du centre hospitalier et des accueils d’urgence.