Agriculture du Maghreb, n°73 Février 2014

Page 1

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

1


2

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014


EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : SP04 Groupe DERHEM - PUECH 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Berger 20200 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com www.agriculturedumaghreb.com

Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Prof. M’hamed HMIMINA Pr. Ezzahiri Brahim, Prof.BAMOUH, A Dr. Abbès Tanji, Dr Abdelaziz Laqbaqbi Mme Ouguas Yamna HAMZA, A. El GUILLI, M. ZOUAHRI, A. LFADILI, R. IBRIZ, M. Lahsen Chakifra, Hrou Abouchrif

Facturation - Abonnements Khadija EL ADLI

Directeur Artistique Yassine NASSIF

Imprimerie PIPO

Régie publictaire France Idyl SAS. 1154 Chemin du Barret 13839 ChâteauRenard Tél. 04 90 24 20 00 Contact : Mme. Brigitte SENECHAL bsenechal@idyl.fr Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

Edito

La campagne n’est pas compromise Au Maroc, les fluctuations pluviométriques inter et intraannuelles tiennent continuellement en haleine le secteur agricole. Après les pluies abondantes qu’a connues la campagne 2012/13, les agriculteurs étaient très nombreux à s’impatienter, il y a un mois encore, de l’arrivée des premières pluies significatives et l’inquiétude commençait à prendre le pas. Dans sa note de conjoncture de janvier 2014, le Haut Commissariat au Plan évoquait déjà, les effets des retards des pluies sur la croissance. Il soulignait ainsi que les perspectives de croissance pour le premier trimestre 2014 seraient, dans l’ensemble, moins bonnes que l’année précédente (réduction des superficies emblavées des cultures précoces). Fort heureusement, les précipitations ont fait leur come back et avec elles l’espoir de sauver une campagne qui avait mal démarré. En effet, le retard des précipitations aura inévitablement des conséquences défavorables sur la production agricole, notamment céréalière. Dans ce contexte, le congrès organisé par le Centre Africain des Risques Catastrophiques et la Société Centrale de Réassurance, à Marrakech du 29 au 31 janvier, vient à point nommé pour essayer de répondre à la question : Comment se protéger des risques majeurs menaçant le secteur de l’agriculture ? Une question cruciale débattue par quelque 230 participants venus des quatre coins du monde afin d’échanger leurs expériences dans ce domaine. Le

congrès liste ainsi les conséquences économiques et sociales de l’impact du changement climatique sur la gestion des risques. Au programme également, la modernisation du secteur et l’amélioration des conditions de vie des populations concernées. A noter que la fin du premier trimestre 2014 est la date butoir des travaux sur la gestion des risques en agriculture, menés par un groupe de travail composé d’agriculteurs, d’assureurs et de réassureurs. L’objectif étant d’établir un diagnostic partagé et des propositions pour l’avenir. En attendant les résultats de tous ces travaux, les agriculteurs continuent leurs travaux en espérant, comme chaque année, que cette campagne ne soit pas une répétition des précédentes et qu’ils ne restent pas éternellement entre l’enclume des conditions climatiques et coûts de production, et le marteau des conditions de commercialisation.

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

3


Sommaire Actualités

6

Nationales Internationales Recherche, environnement ...

Pomme

Drosophila Suzukii

68

Biologie Situation Gestion du ravageur 46

Culture Bio La pomme qui ne s’oxyde pas ! Une protection naturelle contre les acariens

Green day 2014: 7ème édition

72

Planter à un arbre contre l’avancée du désert

Pomme de terre

54

FRUIT LOGISTICA 2014

62

Un salon, des promesses et des réalisations

Stratégie nationale pour contrôler les maladies 74 fongiques du blé

Petites annonces

78

Nos annonceurs ABSOGER 52 BEILLARD 51 AGRI-EXPO DOUKKALA 13 BIOBEST 71 AGRIMATCO 5 CASTANG 50 AGRIMATCO 31 CMGP 80 AGRIMATCO 77 CNH 15 AGROVIVOS 39 CNH 35 AGROSPRAY Technic 51 CNH 75 ALFACHIMIE 29 EURODRIP 37 AVR 58 IRRI-SYS 11 BASF 19 IRRITEC 9 BASF 21 ITHEC 25 BASF 55 LAMA FILTRATION BAYER CS 57 SYSTEMS 17 Agriculture du Maghreb 4

N° 73 Février 2014

LEMKEN 59 MAMDA 7 MASSO 28 MEDFEL 45 POTATO MOROCCO 2014 53 PROMAGRI 69 SALON ELEVAGE 40 SMURFIT KAPA 24 SYNGENTA 61 TECNIDEX 27 Textil de la Rabita 2 TIMAC 79

TODOLIVO 33 VAL VENOSTA 47 VOG 49 YARA 23

Cahier Arabe MAMDA CREDIT AGRICOLE DU MAROC CMGP AGRIMATCO


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

5


Actu

Actu Environnement

Un 7e continent ! Formé de déchets dans le Pacifique

Dans le Nord-est du pacifique, entre la Californie et Hawaï, les déchets produits par les activités humaines et déversés dans les océans sont acheminés par les courants marins vers un nouveau «continent» boulimique dont la taille atteint près de 3,5 millions de km² !

Ainsi, selon des observations effectuées depuis plus de 15 ans par l’Algalita Marine Research Foundation, sous l’effet des courants marins, les déchets provenant des littoraux et des navires, flottent pendant des années avant de se concentrer dans deux larges zones connues sous les noms de «Plaque de déchets du Pacifique est» (Eastern Pacific Garbage Patches) et «Plaque de déchets du Pacifique ouest» (Western Pacific Garbage Patches). Ces deux plaques forment la «Grande plaque de déchets du Pacifique» (Great Pacific Garbage Patch), un monstre dont la taille aurait déjà triplé depuis les années 90 et qui s’étendrait maintenant sur 3,43 millions de km², soit près d’un tiers de la superficie de l’Europe ou encore cinq fois la superficie de la France ! A l’image d’un puissant siphon marin, le vortex attirerait vers lui tous les résidus de notre société de (sur)consommation. Toutefois, contrairement au siphon, les déchets ne sont pas «aspirés» mais accumulés et bien visibles.

Le plastique : principal constituant du «continent» de déchets Jusqu’alors les débris flottants étaient détruits par les microorganismes mais cela n’est plus le cas avec l’arrivée du fameux plastique. En effet, les 6

plastiques constituent 90 % des déchets flottant sur les océans. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement mentionnait en juin 2006 qu’on trouve en moyenne 46 000 morceaux de plastique par 2,5 km² d’océan sur une profondeur d’environ 30 mètres !

Un «continent» de déchets mortels

Ce qui pose problème c’est le temps nécessaire à la dégradation de ces plastiques (estimé entre 500 et 1000 ans) et la toxicité des éléments qui les composent. L’exemple le plus classique étant la tortue qui s’étouffe avec des sacs plastiques confondus avec des méduses. Avec de telles concentrations de plastique, toute la chaîne alimentaire est affectée puisque les plus petits morceaux sont ingérés par des oiseaux, de petits poissons qui seront à leur tour mangés par de plus gros... Ainsi, Greenpeace estime qu’à l’échelle de la Terre, environ 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l’ingestion de plastiques. Selon des scientifiques américains de l’Institut Océanographique Scripps, 3 poissons sur 10 ont ingéré du plastique dans le Pacifique Nord, soit 24 000 tonnes de plastiques boulottées par les poissons chaque année dans cette zone. Dans cette zone la plupart des morceaux de plastique sont

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

très petits. Les déchets ont été dégradés par la lumière du soleil et les courants océaniques. Ce sont des tous petits morceaux de plastique de la taille d’un confetti (largeur inférieure à 5 mm). En fait ils ont la même taille que le plancton dont se nourrissent les poissons. C’est pour ça qu’ils mangent le plastique, c’est parce qu’ils le confondent avec du plancton.» Ce continent de déchets favorise également certains insectes marins. Ainsi, l’insecte Halobates sericeus (ou patineur de mer) profite des détritus qui flottent pour pondre dessus. En effet, cet insecte dépose naturellement ses œufs sur des plumes d’oiseaux, des coquilles, des pierres ponces (donc qui flottent)... Cette multiplication de nouveaux supports est donc une aubaine qui contribue à leur développement. Malheureusement, cela devrait contribuer à déséquilibrer l’écosystème marin en augmentant également la population de crabes, friands des halobates...

Que pouvons-nous faire pour endiguer ce «continent» de déchets ? Chaque année, environ 250 millions de tonnes de plastique sont produits : plus de 10% se retrouvent dans l’eau, faute de filière de traitement. Dans le même temps, 6 millions de tonnes de déchets sont jetés directement à la mer par les

navires. Or, leur durée de vie peut atteindre 1000 ans ! Et les plastiques biodégradables ne représentaient en 2012 que 0,27% de la production mondiale... Dans ces conditions et en l’absence de mesure radicale, le gyre du Pacifique Nord pourrait atteindre la taille de l’Europe d’ici une vingtaine d’années... Malheureusement, le nettoyage de cet océan de déchets semble insurmontable, la superficie à couvrir est trop importante et les coûts seraient colossaux. Selon un chercheur: «il n’y a rien que nous puissions faire maintenant, à l’exception de ne pas faire plus de mal.» De plus, cela serait dommageable aux organismes qui survivent sur ce nouvel «eldorado». En attendant d’avoir plus d’éléments corroborant l’ampleur de ce phénomène - notamment par des photos à grande échelle, aujourd’hui introuvables sur les nappes de déchets plastiques - plusieurs missions ont été lancées à l’assaut du «continent de déchets». Près de 15 ans après sa découverte, cette abomination colossale engendrée par nos activités semble enfin susciter un peu plus d’intérêt. Une fois de plus, la surconsommation serait à l’origine de dégradations dont l’ampleur dépasserait la fiction. Et ce n’est pas pour nous rassurer, mais toute l’agitation «verte» actuelle ne semble rien y changer... Plus que jamais, nous avons tous un rôle à jouer, notamment pendant les périodes de fêtes où l’opulence frise l’écœurement.


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

7


Actu

Actu

Aquaponie

Produire plus avec moins Les relations complémentaires entre élevage et cultures végétales sont connues et exploitées par les agriculteurs depuis plusieurs siècles. Le sol a toujours été le support de ces interactions. Pour autant, les surfaces agricoles disponibles diminuent et la demande alimentaire augmente. Est-il possible d’optimiser cette complémentarité élevage/cultures dans un système hors-sol fonctionnant en circuit fermé ? L’aquaponie semble être une des pistes à développer. Un des défis connus du XXIème siècle sera de répondre à la demande alimentaire, qui augmente avec la population mondiale, et qui se diversifie avec le niveau de développement des pays émergents. La production de denrées alimentaires impose une surface agricole disponible. Or, les surfaces agricoles encore disponibles se réduisent du fait de plusieurs facteurs (pression démographique, appauvrissement des sols, réchauffement climatique, etc.). Deux options se présentent alors pour satisfaire les besoins : améliorer l’efficacité des pratiques agricoles, de sorte à optimiser la production sur une surface donnée, ou produire indépendamment de la ressource «sol». L’agriculture hors-sol, focalisée sur une production spécifique, peut représenter une partie de la solution, dans la mesure où il est question de produire plus sur une surface concentrée, voire littéralement sans sol pour certaines productions légumières. Ces techniques sont généralement gourmandes en énergie, en eau, et autres intrants, tout en rejetant toute sorte de résidus, souvent peu recyclables ou réutilisables. La production de denrées alimentaires a dans ce cas précis un coût environnemental important, qu’il est difficile d’associer à un quelconque développement durable.

8

Ce constat peut être effectué pour les productions animales tout comme pour les productions végétales, en particulier maraichères. On sait pourtant exploiter certains de ces résidus, et en particulier les matières organiques produites par les élevages (déjections). De même, on connait la capacité épuratrice des plantes. Pourquoi alors ne pas optimiser ces interactions par le biais d’un système mixte en circuit fermé ? L’aquaponie est le résultat de cette réflexion.

Optimiser la complémentarité culture/élevage dans un circuit fermé Le terme «aquaponie» correspond à la contraction d’aquaculture (élevage de poissons) et d’hydroponie (culture sur substrat inerte (horssol) irrigué par de l’eau enrichie en matières minérales accessibles aux plantes). Les intrants et extrants de ces deux types de pratiques agricoles sont connus et s’avèrent être en partie complémentaires. En effet, la qualité de l’eau en aquaculture est un élément déterminant dans la réussite d’un élevage : les poissons étant élevés en milieux clos, la circulation de l’eau doit être artificialisée pour évacuer les éléments toxiques (notamment dus à l’accumulation des déjections) et pour assurer sa bonne oxygénation. De l’autre côté, les plantes ont besoin d’éléments minéraux pour croître, et en particulier d’azote, qu’elles assimilent sous forme de nitrates. Les poissons, eux,

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

rejettent de l’azote, principalement sous forme ammoniacale, à la base du cycle de l’azote, bien connu des aquariophiles : les bactéries Nitrosomonas transforment l’ammoniac en nitrites (eux-mêmes toxiques pour les animaux aquatiques), qui sont transformés en nitrates par les bactéries Nitrobacter. L’aquaponie permet donc de répondre aux besoins des deux milieux par le biais d’un assemblage de bactéries : les déjections de poissons servent d’engrais pour le végétal cultivé (azote, phosphore et potassium) après avoir été transformées par un filtre bactérien (aérobie). En se servant des nutriments sous forme minérale pour croître, les plantes épurent l’eau de l’aquarium par le biais de l’assimilation racinaire, qui peut ensuite être réutilisée dans les bassins aquacoles. Une fois le système lancé, il fonctionne donc en circuit quasi-fermé : les principaux intrants nécessaires sont l’alimentation pour les animaux aquatiques, et de l’électricité pour le pompage, le filtrage et l’oxygénation de l’eau. L’oxygène et la lumière sont également nécessaires, mais sont souvent présents en quantité suffisante dans les conditions naturelles pour qu’il n’y ait pas besoin de complément artificiel. Les besoins en eau sont négligeables par rapport aux méthodes de culture traditionnelles. En effet, il s’agit souvent uniquement de compenser l’absorption par les plantes et l’évaporation. Et ce faisant, on produits des légumes, et du poisson.

De l’anecdote familiale à l’échelle industrielle L’aquaponie semble bien être une des solutions pour répondre à la problématique de productions alimentaires moins consommatrices en intrants, tout en produisant des

produits de qualité, sans exploiter la ressource «sol». Il devient de fait aisé de contrôler les intrants, et de développer deux productions biologiques simultanément. Il n’en fallait pas plus au public américain, déjà porté depuis quelques années sur la production urbaine autonome, pour créer un réel engouement autour de telles techniques, grâce aux nombreux médias proposant des techniques et outils pour créer et entretenir telle ou telle production de légumes, dans sa cave ou sur son balcon. Les premières unités d’aquaponie commercialisées, souvent artisanales, répondaient à ce besoin de créer et d’entretenir une production familiale, presque anecdotique. Les sites internet collaboratifs sont nombreux, permettant aux ménages qui le souhaitent de se transformer en maraicher/pisciculteur à l’échelle familiale. Mais, toutes proportions gardées, qu’est-ce ce qui pourrait empêcher un tel système de fonctionner aussi bien dans son jardin qu’à l’échelle industrielle ? Pas grand-chose, après quelques ajustements de taille. Les premières études industrielles remontent au début des années 2000. Et les investisseurs sont au rendez-vous. L’évolution de l’échelle de ces systèmes est d’ores et déjà exploitée par certaines PME en Europe, qui proposent le design et l’installation d’unités aquaponiques à l’échelle professionnelle, et qui intéressent jusqu’en Amérique. Elles ont pour point commun d’associer leurs productions à la notion de proximité, en tant que productions urbaines à destination d’un public urbain, notion à laquelle les américains sont sensibles, y associant même de facto un apriori qualitatif positif. Source : bulletins-electroniques


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

9


Actu

Actu Environnement

OGM :

les insectes deviennent inévitablement résistants Avec l’augmentation des surfaces cultivées avec des plantes transgéniques produisant des protéines insecticides, les insectes développent toujours plus de résistances. C’est le constat que dressent un chercheur du Cirad et ses collègues de l’université de l’Arizona dans une synthèse de la littérature scientifique publiée récemment. Mais pourquoi, dans certains cas, les insectes s’adaptent-ils en moins de deux ans et, dans d’autres, n’y parviennent-ils toujours pas au bout de quinze ans ? Tout est question de gestion de la résistance, car les agriculteurs ont les moyens de retarder son apparition, encore faut-il qu’ils les mettent en œuvre. Depuis 1996, les agriculteurs du monde entier ont semé plus de 400 millions d’hectares de maïs et de cotonniers génétiquement modifiés pour produire les protéines insecticides de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt). Ces plantes, dites Bt, ont permis de réduire l’utilisation des insecticides chimiques, mais elles ont aussi entraîné, comme la théorie de l’évolution le prévoit, l’apparition d’insectes résistants. Avec le recul, il est désormais possible d’évaluer la rapidité avec laquelle les insectes deviennent résistants et, surtout, de comprendre pourquoi.

En 10 ans, 5 fois plus de cas d’insectes résistants

Un chercheur du Cirad et ses collègues de l’université de l’Arizona viennent de publier une synthèse de la littérature scientifique sur cette question, dans laquelle ils analysent 77 études concernant le suivi, au champ, de la résistance aux cultures Bt. Ils ont retenu 24 cas dans huit pays, portant sur 13 espèces d’insectes nuisibles (lépidoptères et coléoptères) ciblés par six toxines Bt. Ils sont partis

du principe qu’une population était considérée comme résistante lorsque 50 % de ses individus étaient devenus résistants, c’est-à-dire capables de survivre à l’ingestion de ces toxines. Les auteurs ont ainsi recensé cinq cas de résistance aux cultures Bt en 2010, contre un seul en 2005. Trois de ces cinq cas (Diabrotica virgifera virgifera et Spodoptera frugiperda sur le maïs, Helicoverpa zea sur le cotonnier) se situent aux États-Unis, où les agriculteurs cultivent près de la moitié des superficies mondiales de plantes Bt, les autres (Busseola fusca sur le maïs et Pectinophora gossypiella sur le cotonnier) sont apparus en Afrique du Sud et en Inde. Si l’augmentation des cas de résistance s’explique par l’extension des superficies cultivées en plantes Bt, qui sont passées de 1,1 à 66 millions d’hectares entre 1996 à 2011, et donc par la durée cumulée d’exposition des ravageurs aux toxines, les auteurs constatent aussi des disparités dans la rapidité avec laquelle ces résistances apparaissent.

Des insectes toujours sensibles au bout de 15 ans

Dans certains cas, la résistance est apparue en deux ans, alors que, dans d’autres, elle n’est toujours pas détectée au bout de quinze ans. Les auteurs ont donc analysé les conditions dans lesquelles cette résistance apparaît, mais surtout les facteurs qui retardent son apparition. Ils confirment, tout d’abord, que, en accord avec la théorie de l’évolution, l’efficacité des cultures Bt a des chances de durer si les gènes de résistance sont initialement rares dans la popu-

10

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

lation d’insectes et si l’hérédité de cette résistance est récessive, c’est-à-dire si seuls les insectes qui possèdent deux copies du gène de résistance survivent sur les plantes Bt.

Les zones refuges retardent l’apparition de résistances

Mais surtout, ils montrent que l’efficacité des cultures Bt se maintient d’autant plus que des mesures sont prises pour gérer l’apparition des résistances. Ainsi, ils démontrent l’intérêt des zones « refuges ». Ces zones, cultivées à proximité des cultures Bt, hébergent des plantes non modi-

fiées, qui ne possèdent donc pas les gènes Bt et ne produisent pas de toxines. Elles permettent aux insectes sensibles aux toxines de survivre et de s’accoupler avec les insectes résistants pour donner des descendances sensibles. L’installation de ces zones refuges est un élément clef de la lutte contre les insectes nuisibles. Leur nombre doit être précisément calculé en fonction de la dose de toxine produite par la culture Bt et de la fréquence initiale des gènes de résistance dans la population d’insectes. C’est ainsi qu’il sera possible de retarder l’apparition de la résistance avec peu de refuges si la dose de toxine est élevée et la fréquence des gènes de résistance faible. Dans le cas contraire, il sera nécessaire d’installer de nombreux refuges faute de quoi la résistance évoluera rapidement. Or, les auteurs de l’étude constatent que, bien souvent et malgré des réglementations contraignantes, les agriculteurs n’installent pas ces refuges en

nombre suffisant pour contrer l’évolution de la résistance. En Australie, où la réglementation a été appliquée strictement, moins de 1 % d’individus résistants ont été recensés dans les populations de H. armigera et de H. punctigera sur le cotonnier Bt, alors que, dans le sud des ÉtatsUnis, où la réglementation était beaucoup moins contraignante, plus de 50 % d’individus résistants ont été détectés pour certaines populations de H. zea, dans les mêmes conditions.

Les plantes transgéniques aux 2 toxines

Enfin, les auteurs observent que, depuis dix ans, les agriculteurs sont passés de la culture de plantes transgéniques de première génération, qui produisent une seule toxine Bt, à celle de plantes qui en produisent deux. Mais, là encore, il s’agit de prendre des précautions pour garantir l’efficacité de ces plantes, dites « pyramides». Elles fonctionnent, en effet, mieux si elles ne sont pas cultivées en même temps que des plantes produisant une seule toxine, comme c’est le cas en Australie, et si la résistance à l’une des toxines ne s’est pas déjà installée, leurs avantages étant alors considérablement réduits, comme en témoigne la résistance de H. zea à l’une des toxines du cotonnier Bt aux États-Unis.

La gestion de la résistance reste la pierre angulaire de la lutte contre les ravageurs

Même avec cet arsenal de moyens de lutte, la gestion de la résistance demeure essentielle. L’adaptation des insectes aux cultures Bt est inéluctable et ces cultures verront leur efficacité anéantie, à plus ou moins brève échéance, par les résistances développées par les insectes. Il s’agit donc de retarder l’apparition de ces résistances en mettant en œuvre une gestion intégrée des ravageurs, qui associe plantes transgéniques et dispositifs de maîtrise de la résistance des populations d’insectes. Référence

Insect resistance to Bt crops: Lessons from the first billion acres


La biodiversité au service de l’humanité Au terme d’une étude qui a duré trois ans, des chercheurs de l’INRA (France) ont chiffré la valeur économique de l’activité pollinisatrice des insectes et tout particulièrement des abeilles, qui représente 153 milliards d’euros, soit 9,5% de la valeur de l’ensemble de la production alimentaire mondiale. Plus d’un tiers des végétaux cultivés dans le monde dépendent des pollinisateurs pour se reproduire. Le problème, c’est que les abeilles meurent. Il faut d’ailleurs savoir qu’entre 2004 et 2010, le nombre des apiculteurs a reculé de 40% et la production de miel de 28%. En fait, le début de ce déclin remonterait à environ 60 ans, mais le mouvement se serait accéléré ces quinze dernières années, avec des taux de mortalité pouvant aller jusqu’à 30% par an tandis que le taux considéré comme normal est de 10%. Les diverses études menées à ce sujet mettent en évidence plusieurs causes, sans en privilégier aucune. C’est la raison pour laquelle on dit aujourd’hui que la responsabilité dans la disparition des abeilles est «multifactorielle» : changement climatique, monoculture, maladies, exposition aux pesticides… Les causes ciblées Ce sont les pesticides qui se trouvent actuellement au cœur de toutes les polémiques mettant face à face d’un côté les apiculteurs et les associations environnementales, de l’autre les agriculteurs. Certaines molécules de la famille des néonicotinoïdes utilisés dans les produits de traitement des cultures comme le

colza et le maïs, sont sur la sellette. Leur suspension pour une durée de 2 ans a été décidée par l’Union européenne à compter du 1er décembre 2013, sur l’avis de l’Efsa, l’Agence de la sécurité des aliments. Selon les statistiques du dernier recensement général de l’agriculture, la filière produisait 18.326 t de miel et autres produits issus des ruches. Cette production est toutefois loin de couvrir le volume de miel consommé par les français chaque année et qui représente près de 40.000 tonnes. Pollinisation Le pollen des fleurs est la seule source de protéines des abeilles. Et la disparition des espèces ordinaires de fleurs liée à l’intensification des cultures et à la simplification des paysages, prive donc les pollinisateurs de nourriture. Pour assurer leur survie et bien sûr, celle des fruits et légumes dans nos assiettes, il faut donc préserver la diversité des sources de pollen, en recourant par exemple à des jachères florales en zone de grandes cultures, mais aussi sur les bordures des routes, jardins particuliers, etc., et mettre également en place, des stratégies de diversification des productions agricoles et surtout, mieux contrôler l’utilisation des produits phytosanitaires. Quelle responsabilité de l’agriculture, vis-à-vis de la biodiversité? Elle a une responsabilité forte dans l’état actuel de la biodiversité et de son devenir. Selon Xavier Leroux, directeur de la Fondation pour la

recherche sur la biodiversité en France, il s’agit aujourd’hui de rechercher les synergies entre agriculture et biodiversité, encourager le maintien d’habitats remarquables et d’espèces rares, mais aussi, mieux intégrer la biodiversité dans le processus même de production agricole: pollinisation, contrôle des ravageurs, maintien de la fertilité des sols, etc. Seule une mutation systémique permettra au monde agricole de relever ce défi. Le rôle de la Fondation et des instituts de recherche, est d’accompagner ces changements en rapprochant évidement le monde de la recherche de celui de l’agriculture.

Le miel des villes…

En France, les abeilles prennent de plus en plus leurs quartiers au cœur des villes. On les a invitées dans des grandes villes de France sur les toits des bâtiments officiels à Pau, Angoulême, Bordeaux, mais aussi au sommet des bâtiments du Conseil Régional ou le toit d’une maison éco-citoyenne à Périgueux, et depuis, on récolte du miel en zone citadine. Il y en a même pour affirmer que les butineuses se trouvent mieux dans les cités, où les fleurs et les arbres sont finalement moins empoisonnés de pesticides que dans de nombreuses villes de campagnes!

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

11


Actu Actu

Agro-terrorisme quand la recherche agronomique vient appuyer la sécurité nationale Apparue dans les années 2000, la notion d’agro-terrorisme (terrorisme qui prend pour cible les productions agricoles ou agroalimentaire) est aujourd’hui reconnue par les autorités internationales. Au vu des conséquences importantes que de telles actions pourraient avoir sur l’agriculture ou les chaînes d’approvisionnement alimentaire américaines, le gouvernement des Etats-Unis alloue de gros moyens à une recherche spécifiquement dédiée.

La notion d’agro-terrorisme La notion d’agro-terrorisme est apparue durant la dernière décade. Les définitions varient, mais il s’agit, globalement, d’une tentative malveillante de perturbation ou de destruction de l’industrie agricole et/ou de la chaîne d’approvisionnement alimentaire d’une population par l’utilisation intentionnelle d’agents pathogènes des plantes ou des animaux, pour provoquer une maladie dévastatrice dans les secteurs de l’agriculture.

Les exploitations agricoles : des cibles idéales ? Cette éventualité est prise au sérieux par les services américains concernés, suite à la découverte dans une cache d’un groupe terroriste en 2002, de plusieurs centaines de documents scientifiques américains portant sur les agents pathogènes d’élevage les plus dévastateurs (fièvre aphteuse, peste porcine, peste bovine), les maladies des cultures (rouille et mildiou) et

12

les moyens de diffusion de ces dernières. La portée d’une telle action terroriste pourrait être dévastatrice. Un spécialiste a en effet estimé qu’une contamination botulinique d’un tank à lait, si elle n’était pas identifiée et contenue à temps, pourrait causer l’intoxication d’un demi-million de consommateurs, mortelle pour près de la moitié d’entre eux. Ce scénario catastrophe est peu probable, notamment de par la difficulté de production de la toxine. Malheureusement, ce n’est pas le seul. La crainte des élevages intensifs américains est réelle : les feedlots sont, de par leur concentration en bétail, des milieux idéaux de propagation pour une infection microbienne. La hantise d’une contamination par la fièvre aphteuse, notamment, qui conduirait à l’abattage systématique des cheptels concernés, pousse les éleveurs à la plus grande prudence. D’autant plus qu’il n’est pas évident d’appliquer un niveau de sécurité digne des grands laboratoires bio-industriels (qui serait nécessaire) sur des exploitations agricoles de plusieurs centaines d’hectares, ou de plusieurs mil-

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

liers d’animaux, dans lesquelles travaillent parfois des centaines d’employés. Quand on sait la facilité avec laquelle il est possible d’introduire un virus dans une exploitation agricole, il est aisé de comprendre l’attention portée à ces thématiques par les agriculteurs sensibilisés. Ces hypothèses restent largement théoriques. Les précédents historiques sont peu nombreux, et d’une ampleur bien moindre. A titre d’exemple, en 1989, un groupe de fermiers rebelles a revendiqué la responsabilité du lâchage de cératites (mouche méditerranéennes du fruit) en Californie, en représailles à la pulvérisation de pesticides controversés mandaté par l’Etat.

Prévenir pour mieux guérir Malgré cela, les Etats-Unis ont réagi rapidement - ces éventualités étant prises très au sérieux -, par la mise en place de structures visant à surveiller, identifier les menaces et intervenir en cas de besoin. Ainsi, à Manhattan, Kansas, une ville de 56000 habitants au cœur d’une région d’élevage totalisant près de 25% du cheptel américain, le centre le plus ambitieux au monde pour combattre l’agro-terrorisme est en pleine construction. Il est destiné à être le centre national référent pour l’étude et la réponse aux menaces agro-terroristes d’origine animale. Son niveau de biosécurité sera digne des centres d’études dédiés aux pathologies humaines. La concentration sur les maladies animales est somme toute logique : les agents pathogènes des plantes continuent naturellement d’exister et d’infecter les plantes dans de petites

zones chaque année. Les efforts de contrôle pour la gestion des maladies des plantes sont bien établis et de l’ordre de la routine. En outre, les maladies des plantes sont généralement plus techniquement difficiles à manipuler, en nécessitant souvent des conditions spécifiques d’humidité, de température ou de vent pour s’établir ou se propager. Déclencher une arme biologique végétale est moins probable. A contrario, dans une majorité de domaines de biologie animale, la réponse à un phénomène infectieux est souvent trouvée à l’issue de longues années préalables de recherche. A titre d’exemple, le virus de la fièvre aphteuse, est en constante évolution et mutation. Des vaccins ont bien été mis au point, mais ils ne furent efficaces que sur les souches spécifiques à l’époque à l’étude. Les scientifiques ont passé des décennies à essayer de développer des moyens plus efficaces de lutte contre le virus, sans résultats à l’heure actuelle. Anticiper sur la recherche semble donc être une approche efficace dans la perspective d’une propagation d’agent pathogène. Mais ces efforts également dépassent le cadre de la recherche. Intervenir face à une menace biologique demande beaucoup de préparation et de coordination des différents services de l’état pour réagir avec efficacité, afin de contenir, puis d’éliminer les agents pathogènes responsables. Des simulations d’alerte ont été effectuées pour mettre à l’épreuve les relations entre services vétérinaires, administratifs, et douaniers afin d’obtenir une réponse la plus efficace possible en cas de menace. Source : Bulletins-electroniques


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

13


Actu

Actu Technologie

Agriculture high-tech Mon tracteur est un robot ! Les bras croisés, le mp3 sur les oreilles et l’œil perdu dans le lointain, l’agriculteur peut laisser son tracteur faire le boulot: aujourd’hui, satellites, drones, GPS et balises sont capables de guider ses roues au centimètre près entre les sillons. L’agriculture high-tech, qui permet le sur-mesure dans les champs, est en plein boom, comme l’a montré la dernière édition du Mondial de l’équipement agricole (SIMA), à Villepinte (nord de Paris). «C’est le satellite qui pilote. On n’a plus besoin de conduire, on est là par sécurité. Comme un cadre dans une usine qui surveille les paramètres sur ses écrans», explique un cultivateur. La technologie embarquée à bord des engins -tracteurs mais aussi semoirs, épandeurs, moissonneuses...ne trahit pas un goût pour le gadget, par ailleurs assez coûteux, mais garantit surtout la précision du travail, qu’il s’agisse de semis ou d’intrants notamment. « Le guidage par GPS permet un positionnement du tracteur avec une précision de 2 cm sur la largeur travaillée, ce qui évite de repasser au même endroit », relève-til. « Sur une parcelle de 30 hectares, si vous recroisez sur 30 à 40 cm de large à chaque

14

tour pour tout couvrir, vous perdez 2 ha sur une journée de travail. En semis ou en épandage, on risque les trous ou les surdoses ». Avec le GPS, le lâcher est précis. A l’origine, le satellite récupère les données les plus précises possibles de la parcelle à la motte près. «Ensuite, on l’interprète pour la traduire en pratiques et éventuels traitements» explique Bertrand de Launay, Directeur général de InVivo AgroSolutions, filiale du premier groupe coopératif français (240 coopératives) dédiée à l’agriculture de précision et solutions durables. Le cliché renseigne sur la masse végétale des cultures, leur état, le manque éventuel d’azote et même sur la présence d’adventices, les mauvaises herbes. Puis ces données sont entrées dans un ordinateur qui programme le GPS embarqué sur le tracteur. Cette technologie est encore affinée avec des passages de

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

drones à 150 m au-dessus des champs: InVivo a passé un partenariat avec une startup parisienne, Airinov, qui lâche ses engins oranges à la demande et surtout sous les yeux des cultivateurs - quand le satellite passe si haut qu’il est inaperçu. «C’est beaucoup plus ludique et ça donne aussi bien plus de souplesse», note Delphine Tailliez-Lefebvre, responsable du pôle Santé végétale d’InVivo. Jusqu’ici Airinov s’est concentré sur le repérage de l’azote par les capteurs fixés sous le drone, pour repérer les zones qui réclament davantage d’engrais. Ce sont encore des capteurs, mais à ras de plancher cette fois, que promènent les remorques attelées aux quads du projet Defisol pour mesurer les teneurs minérales et évaluer les potentiels des sols. Tous les 20 à 30 cm, ces

capteurs émettent des signaux par résonance électriques: l’hétérogénéité des signaux traduit celle du sol et ses éventuelles carences. Ces données sont ensuite transmises par GPS serviront à moduler les apports et traitements souhaités. «La cartographie c’est l’avenir, elle sera partout présente d’ici 4 à 5 ans» parie Bertrand de Launay qui justifie: «la pression est assez forte pour amener à produire davantage sans abîmer l’environnement. L’agriculture de précision permet de limiter les intrants à la juste dose». Le prix de ces bijoux hightech est encore prohibitif - plusieurs dizaines de milliers d’euros pour équiper sa flotte - et réservé aux coopératives et aux grandes cultures céréalières, les plus rentables. Mais c’est comme le téléphone portable: il y a 10 ans ils étaient lourds et chers... la technologie finit toujours par s’adapter. Source : AFP


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

15


Actu ALERTE

Drosophila Suzukii Session de sensibilisation à My Bousselham

Une session de sensibilisation sur le ravageur Drosophila Suzikii et la menace qu’il fait peser sur le secteur des fruits rouges au Maroc, a été organisée le 12 Février à Moulay Bousselham par les associations AMCEF/AMPFR, avec la participation de représentants de l’ONSSA, l’EACCE, l’ONCA, l’ORMVAL et l’ORMVAG. Compte tenu de l’importance du thème choisi, beaucoup de professionnels ont fait le déplacement (100), principalement des producteurs et des représentants des sociétés spécialisées dans la protection des cultures. L’objectif de cette communication était de diffuser des données techniques sur ce ravageur, sensibiliser et mobiliser les agriculteurs en vue de mettre en application les mesures de prévention et de lutte appropriée sur le terrain. Les responsables de l’ONSSA se sont ainsi relayés pour donner des informations précises sur la biologie du ravageur, les moyens de lutte disponibles et le plan d’action à adopter. A noter que les premiers spécimens de Drosophila Suzikii ont été découverts au Maroc l’été 2013 sur une culture de framboisier. Mais cette drosophile peut s’attaquer à tous les fruits à chair molle (fraise, myrtille, cerises, raisins) et à de nom-

breuses autres espèces cultivées au Maroc (figuier, pêcher, prunier…), ce qui lui permettrait de s’étendre à d’autres régions de production, surtout que les conditions climatiques au Maroc sont très favorables à son développement (350 œufs/ femelle, 7 à 12 jours par cycle, 10-13 générations). Parmi les principales recommandations de cette journée, la demande urgente faite aussi bien par les opérateurs que par les agriculteurs pour l’homologation rapide des produits phytosanitaires de lutte contre Drosophila suzukii. Mais comme pour tous les autres ravageurs, la meilleure lutte doit reposer sur la combinaison des différents moyens disponibles :

2013, Une année

très chaude ! Selon les statistiques de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), une institution des Nations unies, 2013 a été la sixième année la plus chaude pour la Terre depuis 1850, ex-aequo avec 2007. La température moyenne à la surface des terres et des océans a dépassé de 0,50°C la normale calculée sur la période 19611990 et de 0,03°C la moyenne de la dernière décennie (2001-

2010), précise l’OMM. «La température moyenne de 2013 confirme la tendance au réchauffement sur le long terme», souligne le secrétaire général de l’OMM Michel Jarraud. «C’est une réalité indéniable même si le rythme de réchauffement n’est pas uniforme. Vu les concentrations records de gaz à effet de serre qui sont mesurées dans l’atmosphère, la hausse des températures va se poursuivre

prophylactique, biologique, chimique. Il est important de contenir ce fléau tant qu’il n’est pas encore installé car dans la plupart des pays importateurs des fruits rouges marocains ce ravageur n’existe pas encore et ils sont de ce fait intransigeants sur ce point. A noter que la lutte individuelle n’est pas suffisante. Il faut en effet une mobilisation générale des producteurs de la région pour contrôler cet insecte. Un comité de suivi, constitué de représentants de l’ONSSA, l’EACCE, l’AMCEF, l’AMPFR, l’ORMVAL et l’ORMVAG, a été mis en place, avec pour mission d’assurer l’exécution et le suivi du plan d’action qui définit les moyens de lutte préventifs et curatifs. Il sera élaboré, par la suite, et présenté pour approbation au comité du suivi. Le comité prévoit déjà d’autres journées d’information et de sensibilisation dans l’avenir pour toucher le plus de producteurs possible et les tenir informés des évolutions. Un réseau

de pièges a également été mis en place dans toute la zone, dont les captures vont renseigner sur la présence de l’insecte. Mais ceci n’est pas suffisant et il faudrait une réelle collaboration des producteurs qui sont quotidiennement sur le terrain pour signaler toute présence du ravageur dans leurs exploitations.

sur plusieurs générations», a estimé le météorologue. Des observations météorologiques systématiques sont réalisées depuis 1850. Le 21e siècle compte déjà 13 des 14 années les plus chaudes jamais observées. Le record est détenu par 2010 et 2005, caractérisées par une température moyenne dépassant d’environ 0,55°C la normale, suivies de 1998, marquée par un phénomène

El Nino extrêmement puissant, souligne l’OMM. Les phénomènes El Nino et La Nina, connus respectivement pour réchauffer ou refroidir le climat, font partie des principales causes de variabilité naturelle de ce dernier. Ils ont été notoirement absents en 2013, année plus chaude que 2011 et 2012. L’année 2013 fait partie des quatre années les plus chaudes qui aient été caractérisées par des conditions sans Nino et Nina.

Pour plus de détails sur la biologie et la gestion de Drosophila Suzukii, consulter l’article page 68.

Source : Belga 16

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014


Bananier sous abris Dégâts des basses températures

La région du Gharb a connu encore une fois, une vague de froid et de gel au cours de la première quinzaine de décembre 2013 au cours de laquelle la température sous abris a atteint 4-6 °C et 2-3 °C à l’extérieur, ce qui a affecté la culture du bananier. Il faut rappeler que ce dernier subit un arrêt de végétation dès 10 °C et des dégâts sur les plantes à partir de 6-7 °C. Les dégâts sont apparus une vingtaine de jours plus tard et ont concerné les 2.500 ha de bananier cultivé dans la région, même si les préjudices étaient variables selon la qualité des travaux réalisés par les producteurs essentiellement l’entretien de la bananeraie et la nutrition. Ainsi, M. Bousselham, producteur et distributeur d’intrants agricoles de la région de Sidi Allal Tazi, estime ces dégâts à 15-20% en moyenne avec des dommages allant de 5% chez les producteurs assurant tous les soins nécessaires jusqu’à 40% chez les moins appliqués. Ainsi, chez ces derniers, des facteurs comme le plastique âgé et les économies sur les intrants (par prudence vu les chutes de prix de tous les produits agricoles sur le marché, et afin de rationaliser les charges pour diminuer les risques financiers) ont accentué l’importance des pertes et expliquent en partie le taux élevé de dégâts. Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que cette culture dans cette région

connaît des infortunes de ce genre. En effet, M. Bousselham signale que les dernières années ont diversement eu à subir ces gelées. Ainsi, si l’année 2012 a été normale, l’année 2011 a connu la même situation que cette année, alors qu’en 2010 les dégâts étaient plus importants. Comme explication, M. Bousselham fait le lien avec les précipitations puisqu’en année à pluviométrie précoce et ciel couvert les températures restent au-delà des seuils critiques alors qu’en cas de retard des précipitations et ciel dégagé, les températures baissent sérieusement. Il est notoire, en effet, que l’absence de nuages combinée aux basses températures saisonnières, laisse s’échapper les rayons infrarouges longs qui dégagent dans l’atmosphère la chaleur accumulée dans la journée provoquant les gelées blanches. Sous abri et selon l’ampleur de la baisse de température, on peut même assister au phénomène d’inversion thermique au cours duquel la température sous abri peut être inférieure à l’extérieur. Par ailleurs, l’irrigation avec de l’eau de puits à 20°C permet d’atténuer le phénomène.

Bananeraie qui a souffert des basses températures

Cependant, les dégâts enregistrés cette année, malgré leur importance, sont largement inférieurs à la situation catastrophique enregistrée en 2005 (voir Agriculture du Maghreb N° 6, Mars 2005) au cours de laquelle, d’après le ministère de l’agriculture, 40.568 ha (maraichage, arboriculture, bananier, …) ont subi des dégâts dont l’ampleur a varié entre 25 et 100% et qui avaient entraîné des

mouvements sociaux de grande ampleur. Les producteurs concernés signalent que les autorités sont au courant du problème et qu’elles ne font que ‘‘compter les coups’’ et établir des statistique sans apporter aucune aide aux producteurs en cas de sinistre. Ils déplorent aussi qu’aucun système d’assurance les concernant n’ait été mis en place pour couvrir pareils risques naturels.

Bananeraie qui a connu des conditions normales de température Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

17


Actu Actu Produit

La culture du maïs à travers le monde

Le maïs est la céréale la plus cultivée au monde. C’est une culture d’été, particularité qui le distingue des autres céréales semées pour la plupart à l’automne ou au printemps. Le maïs est largement cultivé sur les cinq continents mais sa culture est réalisée selon des modes très variés. Culture vivrière et manuelle à partir de variétés traditionnelles en Afrique subsaharienne, le maïs est devenu surtout une culture intensive et mécanisée à base de variétés très productives dans les pays tempérés industrialisés. Compte tenu des enjeux économiques très importants qu’il représente au niveau mondial et particulièrement aux États-Unis, le maïs est un champ d’application privilégié pour les OGM.

produites à travers le monde. En réalisant 40% de la production mondiale, les Etats-Unis pèsent à eux seuls fortement sur le marché. Derrière ces 2 acteurs majeurs on retrouve 5 zones de production importantes, dont l’Union européenne, produisant chacune entre 10 et 60 millions de tonnes et réalisant ensemble un peu plus de 20% de la production mondiale. .

L’alimentation animale est de loin le premier débouché du maïs dans le monde, surtout dans les pays industrialisés : la plante entière est consommée par le bétail comme fourrage frais ou sec ou comme ensilage. Les deux tiers environ de la production mondiale de maïs sont utilisés pour l’alimentation du bétail. Le maïs est également utilisé pour l’alimentation humaine. Marginale dans les pays industrialisés, sa consommation est particulièrement importante dans certains pays du Tiers monde, notamment l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine, où il est consommé sous forme de graines 18

entières ou utilisé en farine pour préparer des bouillies ou de galettes cuites. Les utilisations agroindustrielles du maïs, en particulier les produits de l’amidonnerie, constituent le 3ème débouché principal du maïs. Parmi elles, la production d’éthanol de maïs utilisé comme agrocarburant constitue un débouché récent mais en forte croissance dans les pays industrialisés. La production mondiale de maïs La production mondiale de maïs a fortement progressé au cours des 50 dernières années durant lesquelles les quantités

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

produites ont été quasiment multipliées par 4. Le développement mondial de la culture du maïs s’explique par l’augmentation des surfaces, mais surtout par la forte progression des rendements mondiaux qui ont été multipliés par 2.5 sur la période, passant de 20 à près de 50 quintaux/hectare. Les principales zones de production Bien que le maïs soit largement cultivé à travers le monde, l’essentiel de la production mondiale repose sur un faible nombre pays. Parmi eux, les Etats-Unis et la Chine, se détachent largement et représentent 60% des quantités de maïs

Les échanges mondiaux de maïs Les échanges mondiaux de maïs se sont considérablement développés au cours des 50 dernières années. Alors qu’ils atteignaient à peine 20 millions de tonnes au début des années 1960, ils avoisinent désormais les 90 millions de tonnes par an. A noter que le marché mondial du maïs est relativement étroit : les quantités échangées à travers le monde représentent aujourd’hui environ 12% de la production mondiale soit une part nettement plus faible que pour le blé (20%). L’offre de maïs sur le marché mondial est fortement concentrée et repose essentiellement sur l’offre de 3 pays exportateurs majeurs : les Etats-Unis, le Brésil et l’Argentine. 85% du maïs exporté dans le


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

19


Actu Actu Produit

Maïs blanc Vs Jaune Biologiquement et génétiquement, le maïs blanc est très similaire au maïs jaune, mais leur apparence diffère en raison de l’absence de pigment caroténoïde dans le grain de maïs blanc, qui teint en jaune cette céréale. Les conditions de production et les méthodes de culture sont dans une large mesure

monde est donc fourni par les continents nord et sud américains. Les EtatsUnis, premier producteur mondial de maïs au monde apparaissent aussi comme le fournisseur incontournable sur le marché mondial. Près des deux tiers des exportations mondiales de maïs reposent sur leur offre. Non seulement le marché mondial du maïs est relativement étroit mais la demande y est relativement concentrée. Pas loin de 60% des importations mondiales de maïs sont réalisées par 6 pays développés et industrialisés. Parmi eux on retrouve principalement des pays d’Asie orientale (Japon, Corée du sud et Taïwan) représentant en moyenne 30% des importations mondiales de maïs. Le japon est de loin le premier importateur de maïs réalisant à lui seul environ 18% des importations mondiales. L’Union européenne, une des principales zones de

20

identiques. La production mondiale de maïs blanc est estimée à 12 à 13% de la production annuelle totale de tous les maïs dans le monde. Plus de 90% du maïs blanc est produit dans les pays en développement, où il représente environ un quart de la production totale de maïs.

production de maïs dans le monde mais aussi forte consommatrice de maïs, figure également au palmarès des importateurs majeurs de maïs et occupe le 4ème rang mondial. Comme pour le blé, la production de maïs évolue de façon irrégulière compte tenu de l’influence prépondérante des conditions climatiques. Elle ne permet pas toujours de suivre la croissance de la consommation ce qui entraîne des fluctuations importantes des stocks mondiaux. La croissance de la demande mondiale de maïs s’est accélérée ces dernières années en raison du développement rapide du débouché des agro-carburants. Depuis le début des années 2000 le niveau des stocks mondiaux de maïs s’est considérablement réduit relativement à la progression de la consommation.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

Une évolution continue Le maïs est la seule céréale absolument dépendante de l’homme pour sa survie. Semé au printemps, il fleurit en été pour être récolté à l’automne. Le maïs se décline en milliers de variétés différentes. Il fait l’objet d’une sélection drastique, qui permet d’en améliorer constamment les performances. Du sélectionneur, qui offre à l’agriculteur tout un éventail de variétés, à l’agriculteur qui sème et soigne ses cultures, la production du maïs s’appuie sur des compétences scientifiques et techniques de haut niveau, qui s’intéressent à tous les aspects de la plante et à toutes ses propriétés. Bien rebondis, les grains du maïs sont lourds et se disséminent mal naturellement. Aussi, l’intervention de l’homme est vitale à sa survie : le maïs est véritablement une culture « humaine ». Grâce à la technique dite d’hybridation, les sélectionneurs obtiennent des variétés à l’origine de cultures performantes, avec

d’excellents rendements même dans des conditions difficiles du fait du climat ou de la présence d’insectes ou de maladies. Tout au long des siècles, la plante s’est renforcée. A titre d’exemple, l’épi de maïs, il y a 7000 ans, ne mesurait pas plus de 2,5 cm en moyenne. Il en mesure 30 aujourd’hui ! L’histoire commence il y a 6000 à 9000 ans, dans lune vallée du sud du Mexique, où les habitants ont domestiqué une plante fourragère, la téosinte. Une première série de croisements réduit le nombre de tiges à une seule. Puis, il y a 5500 ans, d’autres croisements aboutissent à des grains beaucoup plus gros et à une peau plus molle. Sans protection, ils sont digérés dans le tube digestif des animaux et ne sont plus disséminés. La plante dépend désormais du cultivateur pour se reproduire. Enfin, il y a 4400 ans, les grains sur l’épi se rapprochent et l’amidon devient plus digeste. Sans évolution génétique, le maïs aurait été tout simplement immangeable !


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

21


Actu

Actu Produit

Les secrets

des fruits et légumes Les fruits et légumes font partie intégrante de notre alimentation. Alors que notre consommation est en dessous des recommandations des nutritionnistes, comment peut-on nous redonner l’eau à la bouche, tout en préservant notre environnement ? Pour améliorer la qualité des fruits et des légumes, tout ne se passe pas dans les champs ou les vergers. Les scientifiques travaillent d’arrache-pied et disposent d’outils de pointe pour élaborer des fruits et des légumes les plus beaux et les meilleurs possibles. Bien que tout un chacun ait sa propre définition de la qualité et que le choix soit souvent subjectif, les laboratoires de recherche destinés à l’amélioration des fruits et légumes possèdent un attirail de méthodes permettant de quantifier objectivement la « qualité ».

Déterminer la qualité avec des critères précis Pour les « caractéristiques de recherche » il existe des moyens scientifiques et donc fiables de détermination

22

des critères. Les chercheurs utilisent notamment des colorimètres qui permettent d’évaluer l’intensité de la couleur (rouge pour la tomate) grâce à la mesure de l’absorption d’une certaine fréquence de la lumière. La fermeté peut aussi être objectivement mesurée grâce aux tests réalisés à l’aide d’un dynamomètre électronique qui mesure précisément et de manière fiable la force maximum obtenue par pénétration des fruits et des légumes. En ce qui concerne les « caractéristiques d’expérience » et de « confiance », des analyses chimiques peuvent aussi être réalisées. Des dosages biochimiques et notamment par chromatographie permettent de déterminer les taux de sucre, d’acidité mais aussi de vitamines ou d’antioxydants. Les fruits étant

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

des organismes vivants, il est aussi possible de déterminer le niveau d’expression de certains gènes (par RT-PCR quantitative) connus pour être impliqués dans le métabolisme du sucre par exemple, ou de réaliser des coupes histologiques.

La sélection génétique La réalisation de tous ces tests est possible sur de petits échantillons, mais n’est pas réalisable sur chacun des fruits ou légumes commercialisés. La sélection phénotypique (des signes extérieurs) est donc de plus en plus remplacée par la sélection génétique de la qualité, un moyen possible aujourd’hui grâce aux progrès de la biologie moléculaire. Des chercheurs se penchent notamment sur les gènes de la tomate pour améliorer les sensations que ce fruit nous procure et qui nous déçoit depuis des années. Son aspect, bien qu’irréprochable, cache un goût devenu bien fade. Un groupe de recherche d’Avignon a essayé de croiser une variété de tomate cerise au goût prononcé, avec une variété de tomate possédant

un bien plus gros calibre mais au goût moyen. Le but : obtenir une variété « parfaite », à savoir grosse, rouge et savoureuse. L’analyse des descendants a consisté en une évaluation des critères physico-chimiques à l’aide d’outils scientifiques. La qualité a également été évaluée grâce aux cinq sens de juges entraînés. Pour résumer, les tomates obtenues sont meilleures, mais plus petites. L’analyse génétique de ces descendants a permis d’identifier des régions du génome où la variation allélique est associée à une variation quantitative du caractère (des locus à effets quantitatifs ou QTL). Certains QTL sont antagonistes en termes de calibre et de qualité, mais pour l’heure il n’est pas possible de déterminer si un même gène assure les deux fonctions, ou si ce sont deux gènes tellement proches sur le génome qu’ils sont presque indissociables. La difficulté réside alors dans l’obtention de la dissociation des gènes à force de croisements, ou dans l’identification du gène en question pour créer des OGM qui possèdent spécifiquement


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

23


Actu Actu Produit la version désirée du gène. Une amélioration des fruits et des légumes grâce à la génétique est donc possible, mais demande beaucoup de patience.

De nouvelles méthodes de conservation des fruits et légumes La conservation de l’aspect esthétique et donc appétissant des fruits et légumes est une vraie problématique, car il se passe souvent beaucoup de temps entre la récolte et la présentation du fruit ou du légume sur les étals des supermarchés. À l’heure actuelle, les méthodes de conservation sont essentiellement fournies par le froid, par le conditionnement sous une atmosphère modifiée (augmentée en CO2 et diminuée en oxygène) ou par des traitements chimiques. Toutefois, la recherche se tourne vers de nouvelles méthodes de conservation

24

plus naturelles qui garantissent un maintien de la qualité gustative et empêchent l’oxydation des fruits ou des légumes, en particulier ceux de 4e gamme (prêts à consommer). Des études sont notamment effectuées sur des mangues ou des endives prédécoupées, qui subissent justement une oxydation. La couleur n’est pas attrayante, ce qui conduit les consommateurs à ne pas acheter ces produits. Actuellement, l’utilisation d’eau chaude à une température de 45 à 50° permet de conserver les couleurs attractives car les enzymes d’oxydation sont inactivées (diminution de l’activité enzymatique). La lumière pulsée est également une alternative car elle décontamine les aliments tout en conservant les propriétés organoleptiques.

Fruit virtuel Les méthodes de conservation ne sont pas utiles si le fruit au départ n’est pas de bonne

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

qualité et il est désormais montré que les pratiques culturales influencent la composition du fruit ou du légume. Des paramètres comme la densité des plants de tomate, la gestion de l’eau ou la fertilisation azotée ont tous une influence sur la qualité du fruit, de même que les paramètres environnementaux comme la saison, la température ou l’ensoleillement. Le raisin est par exemple beaucoup plus sucré s’il a profité d’un bel été ensoleillé. Les paramètres sont très nombreux et difficiles à tester un par un, pour chacun des

fruits. Les chercheurs ont alors créé un modèle, appelé fruit virtuel, qui regroupe sept modèles décrivant les principaux aspects du fonctionnement du fruit. Ce modèle mathématique permet alors de simuler le métabolisme du fruit, sa croissance, sa maturité et donc sa teneur en molécules d’intérêt, en fonction des paramètres extérieurs. La qualité des fruits et des légumes peut donc être améliorée grâce à la science. Mais quel est l’impact de ces cultures sur l’environnement?


Agrumes

Etats Unis

Un algorithme pour prédire les meilleurs rendements Des scientifiques de l’Université de Floride ont mis au point un outil capable d’estimer avec précision la quantité des fruits sur les arbres et leur degré de maturité. L’algorithme utilise les photographies d’un banal appareil photo numérique, identifie les fruits et détermine leur maturité par la couleur. Puis il définit les secteurs les plus avancés et les plus productifs. Ce qui permet de faire des plans de récoltes plus efficaces dans les vergers d’agrumes. L’outil est encore en phase expérimentale mais les scientifiques estiment qu’il sera disponible pour les producteurs dans moins de 3 ans.

Les agrumes argentins s’exportent au Japon Les autorités des 2 pays ont confirmé l’ouverture du marché japonais pour les agrumes argentins. A partir de maintenant, le Japon permet l’importation d’oranges (variétés Washington Navel, Lane Late, Salustiana) et de mandarines (variétés Clémentina, Ellendale, Murcott, Nova), traitées par le froid, en provenance d’Argentine. Rappelons que le Japon a importé l’année dernière 111.000 tonnes d’oranges et 16.000 tonnes de mandarines, pour un montant de 128 millions de dollars pour les oranges et 28 millions de dollars pour les mandarines. Actuellement, les principaux fournisseurs du marché japonais sont les États- Unis, l’Australie et l’Afrique du Sud pour les oranges, et les Etats-Unis, l’Australie et Israël pour les mandarines.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

25


Actu Actu Produit

Les raisons qui poussent à modifier les agrumes De nombreuses raisons poussent les scientifiques à travers le monde à modifier les agrumes et beaucoup souhaitent en tirer profit. Ces recherches se préoccupent en grande partie des exigences d’agriculteurs, entre autres des études sur les critères de qualité, sur la résistance à la sècheresse, l’effet de l’environnement sur les agrumes … On peut noter d’autres requêtes de la part des agriculteurs comme :

L’amélioration de la résistance aux températures : En effet les agrumes sont sensibles au froid. A -3°C, le gel peut affecter dangereusement le feuillage. A -9°C, la charpente est détruite. L’activité de croissance commence à 13°C et se poursuit jusqu’à 36°C. Le zéro de végétation admis est de 12,8°C. Les producteurs doivent prêter une attention toute particulière à la protection des arbres contre le froid.

La sécurité alimentaire

Elle est devenue une problématique très importante, en particulier à la suite des crises alimentaires qui ont secoué l’Europe : la recherche s’applique donc aussi aux maladies et parasites (pour éviter d’avoir recours aux insecticides), une grande quantité d’agrumes est jetée chaque année à cause de

26

maladies ou de pourritures. Les scientifiques cherchent ainsi à renforcer la résistance des variétés et porte-greffes à toutes sortes de maladies ou parasites.

Satisfaire le consommateur

Des recherches sont aussi en cours pour améliorer les agrumes aux yeux du consommateur, comme faciliter l’épluchage, supprimer un maximum de pépins ou même faire en sorte qu’il n’y en ai plus, accroître leur durée de conservation. Des sortes d’agrumes comme les oranges Navels possèdent une peau facile à peler et une chair généralement dépourvue de pépins ce qui entraine des recherches sur ces caractères avantageux. De même pour les oranges Valencia Late qui elles, possèdent une grande quantité de jus par rapport aux autres variétés ce qui la destine souvent à la transformation en jus et les

clémentines qui

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

possèdent ces deux qualités : très juteuses et dépourvues de pépins (cependant elles sont moins fiables que les Navels ou les Valencia Late sur ces deux caractères). Au sein des grands groupes tels que les Navels, les Valencia Late et les Clémentines, des mutations spontanées ont été sélectionnées pour des caractères spécifiques qui apportent un progrès sensible au niveau de la qualité ou du rendement. L’hiver, les médecins conseillent généralement des jus d’orange ou autres agrumes car leurs apports en vitamines et bienfaits sur l’organisme sont nombreux et sujet de recherches très minutieuses. Des études menées in vitro montrent que les agrumes pourraient prévenir certains cancers plus particulièrement des cancers de l’estomac (2e cancer le plus fréquent dans le monde) et du larynx et favoriser l’apoptose des cellules cancéreuses, c’est-àdire une mort programmée de ces cellules. A l’origine de ce processus, les flavonoïdes qu’ils contiennent (polyphénols). C’est donc pour exploiter aux maximum cette particularité des agrumes que des chercheurs essayent de créer des agrumes apportant le plus de bienfaits possibles aux malades.

Produits dérivés

Il est important de parler de la recherche d’agrumes spécifiques pour la formation de produits dérivés comme le jus de fruits avec des oranges spécialement juteuses, la compote, la cosmétique, ou encore les confiseries.

Qualité des jus

La qualité nutritionnelle des jus de fruit est un critère qui devient déterminant pour les consommateurs. La demande s’oriente de plus en plus vers des jus de haute qualité nutritionnelle se rapprochant le plus possible des jus fraîchement pressés. On modifie donc des agrumes ayant les plus hautes teneurs en caroténoïdes, dans le but d’obtenir des teneurs optimales pour les polyphénols et la vitamine C. Cette recherche est principalement axée sur les oranges Navels qui possèdent une grande teneur en vitamine C. En effet, saviez-vous que la consommation d’une orange Navel de taille moyenne chaque jour est suffisante pour combler les besoins en vitamines C d’un adulte? (L’apport quotidien recommandé est de 75 mg pour les femmes et de 90 mg pour les hommes.)


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

27


Actu

Actu Produit

Les clémentines sous acides La clémentine est le fruit star de la saison automne hiver, mais son acidité si particulière est menacée par le réchauffement climatique. Pour la protéger, les chercheurs de la station expérimentale de l’INRA en Corse étudient la génétique, l’agronomie et les mécanismes biologiques en œuvre dans l’élaboration de l’acidité. Fruit du hasard, née de l’union d’une fleur de mandarinier et d’oranger, la clémentine se distingue de la mandarine par la très faible présence de pépins et par son côté plus acidulé. Cette acidité est recherchée ; l’appellation d’origine protégée Clémentines Corses nécessite même que les fruits aient une acidité supérieure au mini-

28

mum réglementaire exigé, pour pouvoir être commercialisés sous ce nom ! « L’acidité est un support aromatique. Notre bouche perçoit beaucoup mieux les arômes lorsque le fruit n’est pas trop sucré. Plus on a de sucre dans un aliment, moins on en sent l’arôme », explique Olivier Pailly, directeur de l’unité de

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

recherche sur les agrumes de l’Inra. Avec son équipe de la station expérimentale de San Giuliano de Corse où plus de 70 variétés de clémentines parmi les 1 100 espèces et variétés d’agrumes sont conservées, il décode les mécanismes de création et de destruction de l’acidité dans les agrumes.

Olivier Pailly détaille : « Rois de l’accumulation des acides, les agrumes stockent dans leurs cellules des sacs à jus très acides qui peuvent atteindre un pH extrêmement bas de 2,2 à 2,3 : une graduation dans l’échelle des pH veut dire que la solution est 10 fois ou 10 fois moins acide. Le pH du cytoplasme des cellules est proche de la neutralité (pH7)


soit 100 000 fois moins acide ! Si ces sacs éclataient, ils entraîneraient la mort de la cellule ! Tout au long de sa croissance et jusqu’à fin août, la clémentine accumule cette acidité qu’elle consommera ensuite partiellement avant sa maturation complète. »

Une agronomie protectrice d’acidité Mais, depuis une dizaine d’années, les chercheurs relèvent une diminution de l’acidité des clémentines : « le réchauffement climatique a un réel impact sur les clémentines qui perdent en couleurs et en acidité». En se penchant sur les mécanismes de la photosynthèse et de la respiration du fruit, les scientifiques se sont aperçus que les hausses des températures pendant la maturation du fruit, en automne, au moment où la lumière – nécessaire à la photosynthèse – baisse, accélèrent la respiration du fruit et entraînent une surconsommation d’énergie. Le fruit en vient alors à puiser dans ses réserves d’acide citrique. Les chercheurs explorent la cellule, les gènes aussi. « Nous ‘’revisitons’’ des résultats d’essais de variétés de clémentines dans le monde entier qui avaient été mis en place à

l’initiative des chercheurs de San Giuliano, depuis plus de 40 ans parfois, dans la cadre de partenariats internationaux pour dénicher (entre autres) des variétés plus acides et tardives. Si les changements climatiques s’accentuent nous serons alors capables de proposer plus rapidement des variétés plus adaptées » explique Olivier Pailly. L’équipe étudie également l’influence des pratiques des arboriculteurs sur l’acidité de leurs fruits. « On se rend compte que les vergers en agriculture biologique produisent des fruits plus acides, que certaines fertilisations potassiques favorisent l’acidité, que l’irrigation a aussi un impact très important…

Depuis cette année, nous réalisons, en collaboration avec nos collègues du département « Sciences pour l’Action et le Développement » de l’unité de Recherche de Corse, un diagnostic agronomique régional sur plus d’une vingtaine de

parcelles de clémentiniers de l’AOP Clémentines Corses. Nous analysons le sol, le climat, les techniques de l’arboriculteur… et l’acidité finale des fruits pour comprendre les leviers agronomiques pour mieux maîtriser l’acidité des fruits. »

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

29


Actu

Actu

Japon

un robot récolteur de fraises Un fabriquant japonais de systèmes automatisés de tri fruitier a présenté récemment un robot récolteur de fraises, noctambule et capable de ne choisir que les fruits mûrs. Cet imposant automate de deux mètres de haut se déplace sur rails. Grâce à ses trois caméras, il peut repérer les fraises rouges et les saisir à l’aide d’un bras équipé d’un coupe-tige. «Il calcule la maturité d’une fraise à partir de sa couleur, après l’avoir analysée avec deux caméras», affirme Mitsutaka Kurita, un représentant de Shibuya Seiki, entreprise située à Matsuyama à l’ouest du Japon. «Grâce aux deux caméras, il calcule

également la distance jusqu’au fruit, puis le bras s’approche de la fraise qu’il souhaite couper», précise-t-il. La troisième caméra prend ensuite une image détaillée de la fraise ciblée pour que le robot puisse couper le fruit au

30

humaines», ajoute-t-il. La cueillette de fraises exige en effet 70 fois plus de travail que la récolte de riz, et deux fois plus que celle des tomates et des concombres, selon l’Organisation nationale de la recherche agro-alimentaire (NARO), co-développeur de l’engin ainsi que d’un autre pour emballer automatiquement les fraises. Le robot-cueilleur sera commercialisé à partir de l’année prochaine pour 5 millions de yens environ (près de 38 000 euros). A noter que la fraise fait partie des fruits vendus très cher au Japon, puisqu’il faut compter 500 yens environ (près de 4 euros) pour une barquette de 200 grammes ou moins.

Source : AFP

l’Index Phytosanitaire Maroc 2014 Disponible Cette nouvelle version contient des informations actualisées et mises à jour sur les pesticides à usage agricole autorisés au Maroc. Ce document présente le répertoire de l’ensemble des pesticides à usage agricole commercialisés au Maroc, des indications sur les usages autorisés par culture et par ennemi et les conditions d’application, ainsi que les délais de traitement avant récolte. Il regroupe aussi les textes législatifs en la matière et les adresses utiles. A l’instar des éditions précédentes,

mieux et le laisser tomber dans un récipient. «Ce robot pourrait récolter deux tiers des fraises durant la nuit, quand les agriculteurs sont au lit. A leur réveil, ils n’auraient qu’à s’occuper des fraises que le robot n’a pas cueillies», affirme M. Kurita. «Nous avons crée ce robot car récolter des fraises demande beaucoup de ressources

l’édition 2014 constitue un référentiel utile pour les producteurs-agriculteurs, les organismes certificateurs, les centrales d’achats, la profession phytosanitaire (Sociétés, Distributeurs et Revendeurs), les services officiels (Vulgarisateurs, Techniciens de la Protection des Végétaux et de Contrôle de la Qualité), les Départements de la Formation et de la Recherche (Instituts, Enseignants, Chercheurs, Etudiants …), les médecins responsables “Hygiène et Toxicologie” ainsi que l’ensemble des personnes qui gravitent autour de l’activité

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

“Protection des plantes”. Vous pouvez vous procurer votre copie de la nouvelle édition de l’INDEX PHYTOSANITAIRE MAROC 2014, aux points de vente suivants:

- Complexe Horticole d’Agadir - Ecole Nationale d’Agriculture de Méknès - Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II - Rabat. CASABLANCA SOGELIV : 82, Bd. Mly Driss 1er Casablanca Tél. : 0522 86 46 71 Fax : 0522 86 46 73 Email : sogeliv@yahoo.fr RABAT DAR AL QALAM : Av. Annour Al Kamra- Rabat : Tél. /Fax. : 0537 29 94 90


Efficacité préventive, curative et éradicante contre l’oïdium : -Sécurité d’efficacité préventive : cadence 10 jours -Sécurité d’efficacité curative : sécurise en association et renforce un programme de traitements - Sécurité d’efficacité éradicante : rattrape des situations difficiles Mode d’action unique parmi les fongicides antioïdiums Fongicide de contact et pénétrant, résistant au lessivage Utilisable en mélange avec d’autres pesticides Risque de développement des résistances considéré comme négligeable .Excellent outil de gestion de la résistance. Faible dose de substance active par hectare (175 à 210 g/ha) par apport aux autres produits de contact comme souffre. Application possible entre 5 °C et 35 ° C. Aucune incidence négative sur les qualités organoleptiques demi-vie courte dans l’environnement respectueux de la faune auxiliaire comme les typhlodromes et utilisable dans des programme de lutte raisonnée

Maière active : meptyldinocap 350g /l. Formulation concentrée émulsionnable Dose : * 50 cc/hl contre l’oïdium du Pommier, Tomate, Melon et Concombre * 0,6 l/ha contre l’oïdium de la Vigne DAR : * Tomate, Melon et Concombre : 3 jours * Vigne et Pommier : 21 jours

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

31


Actu

Actu Oléiculture

L’olivier dans le monde Les populations méditerranéennes sont très attachées à l’olivier pour ses fruits et l’huile qui en est extraite. La consommation de ce produit atteint des records en Grèce (20 litres/an/habitant), Italie ou Espagne (10 l/an/habitant). La découverte scientifique de ses bienfaits et l’attirance visà-vis des cultures méditerranéennes ont accru l’attrait de ce produit et ouvert de nouveaux marchés comme le Japon (import 12 000t en 96 contre 2000 en 80).

La répartition des oliveraies dans le monde Le nombre mondial d’oliviers est évalué à 784 millions, dont 754,2 Ms dans le bassin méditerranéen. Au sein du bassin méditerranéen, l’Europe représente 66% du verger oléicole mondial, loin devant l’Asie méditerranéenne (17%) et l’Afrique du Nord (14%).

L’Europe méditerranéenne On y relève une concentration croissante au sein de régions spécialisées : Andalousie pour l’Espagne, Pouilles italiennes, Péloponnèse et Crète pour la Grèce, Alentejo portugais. C’est dû au caractère rentable et moderne des olivettes mais aussi à un maintien en l’absence d’autres alternatives agricoles. L’Andalousie représente 61.3% des surfaces oléicoles espagnoles, avec de vastes zones de monoculture comme les provinces de Jaén et 32

Cordoue (à elles 2, 38 % de la surface espagnole). Le verger oléicole italien se concentre également dans les régions méridionales des Pouilles (31.2% des superficies), de la Calabre (15%) et de la Sicile (14,7%). Les régions oléicoles réputées comme la Toscane, la Ligurie ou l’Ombrie contiennent à peine12% du verger italien. En Grèce, la production se concentre dans 2 régions méridionales : la Crète (32%) et le Péloponnèse (29%). Elle est à 47% insulaire. Au Portugal, on note une concentration des oliveraies dans les provinces intérieures (Alentejo avec 43% des superficies, Tras-os-Montes avec 20%, Beira Interior 18%). Les oléicultures françaises, albanaises et croates occupent une place marginale mais marquent les paysages et économies de quelques régions comme les Alpilles ou la Dalmatie en Croatie.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

L’Asie Méditerranéenne

La Turquie possède le 4ème verger oléicole mondial (83 millions d’arbres). La façade égéenne regroupe les 3/4 des superficies, autour d’Izmir et Aydin. Viennent ensuite la région méditerranéenne (10%) et la région de Marmara (10%). De nouvelles olivettes se développent en Anatolie du sud. L’oléiculture syrienne, avant le début des conflits, était en pleine croissance et occupait 405 000 ha pour 46 millions d’arbres, principalement dans le Sud Ouest (Idlib, Alep, montagne littorale de Lattaquié et Tartous, mais aussi Hama) avec un développement dans les régions centrales (Homs, Hama) et méridionales (Ghouta, Djebel Druze). Au Liban, les principales oliveraies sont dans le Koura et au sud de Beyrouth, mais on note une stagnation des superficies.

Le Maghreb et l’Egypte

L’oléiculture nord-africaine est largement dominée par le verger oléicole tunisien avec 55 millions d’arbres et plus de 1.4 millions ha. La Tunisie présente une vaste monoculture sur 800 000ha de vergers rectilignes et de faible densité entre Sousse et le sud du Sahel de Sfax. Dans le Nord, les olivettes sont plus dispersées et plus denses avec une forte présence autour de Beja et du Kef. Le Maroc a une oléiculture en rapide extension et concentrée dans 3 secteurs : les provinces du sud (31% Haouz de Marrakech, Tadla, région côtière entre Safi et Essaouira), dans le Rif (28%, Taounate, Chechaouenne) et au centre (22% entre Fès et Taza). En Algérie, coexistent une oléiculture traditionnelle (Kabylie, 55%) et une oléiculture moderne d’origine européenne en Oranie (20%, plaine du Sig).

Caractéristiques de la production en Méditerranée La culture de l’olivier présente plusieurs spécificités essentielles: – il s’agit d’une culture pérenne méditerranéenne, ce qui implique une rigidité d’adaptation des exploitations en fonction de l’évolution économique. Une plantation met entre 5 et 7 ans avant d’entrer en pleine production; – la production est très variable en fonction de l’alternance biologique de l’olivier (une bonne récolte suivie d’une mauvaise), du mode d’exploitation (culture irriguée ou non), des variétés et des conditions pédoclimatiques; – l’olivier n’a pas beaucoup d’alternatives dans les régions marginales, peu productives (régions montagneuses et collines); il peut pousser sur des sols pauvres et rocailleux, difficilement valorisables par une autre culture; il joue dès lors un rôle important dans l’environnement (fixation des sols, biodiversité, paysage); – la pointe de travail se situe pendant l’hiver, ce qui rend cette culture compatible avec d’autres activités agricoles et non agricoles; en culture traditionnelle, la main d’œuvre représente plus de la moitié du coût de production; elle joue donc un rôle social important; – la structure de production est très morcelée (petites exploitations); – l’oléiculture représente un élément patrimonial et socioculturel important dans les régions méditerranéennes. Dans l’UE, la culture de l’olivier est présente en Espagne, Italie, Grèce, Portugal, France, Chypre, Slovénie et Malte.


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

33


Actu

Actu Salon

SIAM 2014

Les produits du terroir à l’honneur Devenu depuis quelques années déjà, un rendez vous annuel incontournable pour les professionnels marocains et étrangers, le Salon International de l’Agriculture de Meknès tiendra cette année sa neuvième édition du 24 avril au 3 mai 2014. Après le ‘’développement durable’’ en 2011, ‘’recherche et innovation’’ en 2012 et après ‘’le commerce agricole’’ en 2013, la thématique retenue cette année est ‘’ les produits du terroir’’. En outre, et dans la conférence de presses tenue par M. Jaouad Chami, commissaire général du salon, et après un bref rappel du bilan de la précédente édition, plusieurs mesures ont été annoncées avec pour objectif ‘‘une plus grande réussite d’un salon qui a définitivement fait sa place et qui montre l’importance de l‘agriculture dans notre pays’’. Ainsi deux améliorations majeures ont été apportées à cette 9ème édition, l’augmentation de

la superficie occupée par le salon et de la durée de tenue de cet événement de portée nationale et internationale. Les effets recherchés sont principalement d’assurer plus de sécurité tout en permettant aux organisateurs d’offrir de meilleurs services aux exposants et visiteurs.

Une superficie augmentée de 72% En effet, au vu de son succès, le salon ne pouvait

se satisfaire de l’ancienne esplanade qu’il occupait depuis 2006. Une extension a donc été aménagée de l’autre côté de la muraille de My Ismaïl, portant la superficie totale du salon à 170.200 m² au lieu des 100.000 habituels. De même, la partie couverte atteindra 90.000 m², contre 80.000, soit une augmentation de 11%. La plupart des 9 pôles thématiques composant le salon bénéficieront de cet accroissement (entre 3 et 131%) et seront à même de satisfaire le millier d’exposants venant de 50 pays. En plus, cet agrandissement permettra entre autres avantages, d’aménager de meilleurs passages pour le million de visiteurs attendus.

Doubler la durée Au lieu des 5 jours habituels, l’édition de cette année se tiendra sur 10 jours (sauf pour le pôle international qui sera démonté après 5 jours, vu les engagements des participants), partagés pour moitié entre les professionnels et le grand public. Ceci assurera aux professionnels une durée plus longue leur permettant de travailler dans les meilleures conditions de calme et de concentration. L’allongement de la durée permettra aussi d’étaler le nombre de visiteurs venus des 16 régions du pays et de leur assurer des 34

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

conditions de logement plus satisfaisantes que par le passé.

Invité d’honneur Après la Belgique en 2013, l’Union Européenne a été retenue cette année comme invité d’honneur en raison de sa proximité politique et économique avec notre pays. Un programme d’action a été établi destiné à augmenter le rapprochement avec certains pays de l’union sur les marchés desquels une certaine priorité est accordée aux produits marocains. Par ailleurs, pour le pôle produit de terroir 300 exposants ont été retenus (coopératives, associations, …) dont les top 50 ont été sélectionnée pour figurer dans un espace particulier afin de créer un esprit de concurrence et de recherche de qualité. En outre, un espace de stockage a été prévu pour permettre aux exposants de produits de terroir de faire face à la forte demande des visiteurs qui profitent du salon pour acheter des produits qu’il ne trouvent pas ailleurs. Par ailleurs, et à l’instar de l’année dernière, des rencontres seront organisés entre ces coopératives et des opérateurs étrangers afin d’établir des accords de partenariat pour l’écoulement de leurs produits dans les meilleures conditions.


Case IH intensifie sa présence dans l’Est africain Case IH et Toyota Tsusho East Africa Ltd démarrent

une coopération pour la commercialisation et la maintenance des machines agricoles : - Accord de distribution pour la mise en place d’un système de distribution au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie - demande croissante de matériel agricole moderne - Toyota Tsusho East Africa Ltd offre son expérience et un important réseau de distribution et de service.

Case IH intensifie ses activités de distribution dans l’Est africain, en réponse à la demande croissante de matériel agricole moderne de la part des économies nationales de la région, comme celles de la Tanzanie, de l’Ouganda et du Kenya . Cette volonté reflète la nécessité croissante de rendre les systèmes de culture plus efficaces et plus respectueux de l’environnement, avec pour objectif l’augmentation de la production de ressources alimentaires.

Dans un premier temps , la société a signé un accord de distribution avec la société japonaise Toyota Tsusho East Africa Ltd. L’objectif est une coopération en matière de concepts de distribution et de service pour les machines agricoles Case IH, y compris pour les tracteurs, les moissonneuses-batteuses et les récolteuses de canne à sucre .

Basé dans les villes japonaises de Nagoya et Tokyo, Toyota Tsusho East Africa Ltd fait partie du groupe japonais Toyota et se positionne comme l’un des principaux distributeurs de véhicules de tourisme, de véhicules utilitaires et véhicules spéciaux dans le Nord, l’Est et le sud de l’Afrique.

Un savoir-faire reconnu et un important réseau de distribution

«En ce qui concerne la région de l’Est africain en particulier, Toyota Tsusho est un partenaire de choix, avec une grande expérience des circuits de valorisation de véhicules professionnels, de l’organisation de la logistique et bien sûr un solide réseau de vente de véhicules et de services», explique M. Matthew Foster, Vice Président de CASE IH Europe, MoyenOrient et Afrique.
«Case IH a choisi Toyota Tsusho comme partenaire clé en raison de son engagement envers ses clients, sa gestion du service et des pièces de rechange, des services essentiels pour les clients de Case IH qui attendent le maximum de leurs investissements dans nos machines et ne peuvent se permettre des arrêts de production», souligne Matthew Foster.

«Dans le même temps, le portefeuille de produits Case IH est parfaitement complémentaire au mode de distribution Toyota Tsusho, avec un tracteur et des équipements annexes adaptés à la région et aux techniques de récolte régionales. Cela est particulièrement vrai si l’on considère que 80 pour cent de la population de ces pays travaillent dans l’agriculture et contribuent à une part importante de leurs produits nationaux bruts respectifs», explique

M. Foster.

Si l’on considère la seule Tanzanie, Toyota Tsusho dispose d’un réseau de 17 centres de distribution, tandis qu’au Kenya, le Toyota Kenya Business Parc, centre de logistique, de préparation et de maintenance a été récemment inauguré pour apporter une plaque tournante performante à son réseau kenian, actuellement composé de 14 points de ventes, avec en projet l’ouverture de 25 nouveaux points de ventes pour soutenir la décentralisation.

«De plus, la société est activement impliquée sur le plan régional, ce qui correspond à notre philosophie d’entreprise pour la valorisation régionale pour le développement durable», conclut Matthew Foster. Les premiers tracteurs issus de ce contrat seront produits et livrés par Case IH au cours de l’année 2014, à partir des séries JXT et JX straddle, deux lignes qui répondent parfaitement à la réputation de qualité des matériels Case IH : robustesse et facilité d’entretien, deux atouts indispensables aux agriculteurs locaux.
 De plus amples informations sur la gamme de tracteurs Case IH et sur les technologies de récolte sont disponibles en ligne sur www.caseih.com

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

35


Actu Actu

VAL VENOSTA

Les pommes ‘’haut de gamme’’ Lors d’une interview sur le stand Val Venosta au salon Fruit Logistica, Mr Michael Grasser, directeur marketing de VI.P, a annoncé que la récolte de pommes pour la campagne 2013-2014 reviendrait à son niveau normal après la chute de 25% la campagne passée en raison des conditions climatiques. Né en 1990, de l’union de 6 coopératives de production de pommes, le Groupe italien VI.P « Val Venosta » regroupe pas moins de 1.750 producteurs exploitant une surface totale de plus de 5.000 ha. Ses produits sont exclusivement cultivés dans la « Val Venosta », une vallée située à l’ouest

du Tyrol du Sud (ou Haut Adige) et qui réunit tous les ingrédients nécessaires pour la production de pommes saines, croquantes et savoureuses. Plusieurs variétés sont cultivées par les producteurs de V.IP, mais les plus commercialisées restent Golden Delicious, Red Delicious et Gala. L’Italie reste le marché principal avec 50% des volumes. Val Venosta représente, en effet, 36

18-20% de la production italienne (sur un total de 2 millions de tonnes). A l’export, les principaux clients européens sont l’Allemagne, la Scandinavie, la Péninsule Ibérique et l’Europe de l’Est. Cependant, ce marché reste relativement stable. Les plus importants taux

de croissance sont plutôt réalisés en dehors de l’Europe, notamment sur le marché de l’Afrique du Nord (Lybie, Egypte, Algérie, Tunisie, Maroc). En effet, ces marchés enregistrent un rythme de croissance très intéressant, grâce au travail des partenaires et distributeurs de Val Venosta triés sur le volet et aux actions de promotion et de marketing sur ces marchés pour renforcer la notoriété

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

de la marque auprès des consommateurs. En matière de pomme, chaque pays possède ses préférences particulières, que ce soit pour la coloration, le calibre ou la saveur des fruits. Sur les marchés du Maghreb qui apprécient particulièrement les variétés dites classiques comme Golden Delicious, Red Delicious et Gala, la marque « Val Venosta » a su se positionner comme pomme ‘’haut de gamme’’. Le secret de la réussite de Val Venosta dans ces pays repose principalement sur la grande attention accordée à la qualité et au goût, mais aussi au maintien d’un bon niveau qualité/prix régulier. Le Moyen Orient est également un marché en développement rapide et de nouvelles opportunités s’offrent également dans les marchés d’Afrique du centre et du sud. A noter que pour la campagne 2013-14, VI.P a prévu une

De droite à gauche Messieurs : Michael Grasser, directeur marketing de VI.P Monsieur Fabio Zanesco, Responsable commercial

importante campagne de communication à la fois en Italie et sur ses marchés d’exportation, notamment l’Espagne, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Au programme, des spots télévisés et des actions de marketing sur les points de vente. La communication sera principalement axée sur la typicité du terroir de production, dont les caractéristiques uniques font de la pomme Val Venosta un produit si distingué.


Pour que l’eau vive Consommer moins d’eau, si possible, et consommer mieux l’eau disponible. Adapter les cultures aux saisons et aux demandes agricoles. L’INRA France pilote plusieurs projets pour limiter au maximum les effets climatiques sur l’agriculture. L’agriculture tient une place particulière parmi les quatre grands usages de l’eau : l’usage agricole, l’usage domestique, l’usage industriel et énergétique, et l’usage environnemental (maintenir une hauteur d’eau suffisante dans les rivières). Si l’eau sera toujours nécessaire aux plantes pour pousser, des efforts peuvent être faits pour adapter les cultures au manque d’eau lié au changement climatique et limiter le recours à l’irrigation. Les sécheresses devraient s’accroître et il faut aussi envisager des changements de systèmes de culture. Cela

passe notamment par une plus grande diversification des cultures afin que la demande en eau s’étale dans le temps. Certaines plantes poussent l’hiver par exemple, période où la disponibilité en eau est relativement forte. A l’inverse, d’autres poussent au printemps et ont besoin d’eau alors que la demande est forte. Prenons l’exemple du maïs. Il n’est pas à proprement parler gourmand en eau. Le problème est qu’il est semé au printemps au moment où les sols se dessèchent et où les réserves en eau du sol diminuent, explique un chercheur. Il faut

donc privilégier des cultures qui finissent leur cycle au moment où il y a encore de l’eau, dans les régions où le stress hydrique est le plus fort. Des cultures alternatives, comme le sorgho, constituent des pistes possibles: le sorgho est en effet mieux adapté à la sécheresse, car son feuillage moins fourni que celui du maïs, transpire peu et ses racines absorbent l’eau plus en profondeur. Les chercheurs travaillent aussi, pour une même culture, à identifier les plantes les plus à même de résister à des conditions de stress hydrique. L’autre solution est de mieux

raisonner l’irrigation. Car les plantes ne vont pas avoir besoin de la même quantité d’eau à tous les moments de leur développement. L’unité AGIR de l’Inra de Toulouse travaille à l’élaboration d’outils permettant de mieux gérer la conduite de l’irrigation. Le plus récent est le simulateur CRASH. Cet outil informatique a été mis au point pour aider les agriculteurs à anticiper leurs besoins en eau en modifiant l’assolement des cultures (leur répartition au sein d’une exploitation) et l’itinéraire technique associé à ces cultures.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

37


Actu Entreprise

BASF,

Actu

Présentation du positionnement des traitements fongicides contre les maladies des céréales Leader incontesté des produits fongicides, la société BASF a organisé une journée de lancement de son nouveau fongicide Osiris® le 13 février dans un hôtel de Meknès. Compte tenu des conditions pluvieuses et humides de cette période, cet événement vient à point nommé pour informer les céréaliculteurs sur les dernières techniques et solutions mises au point pour les aider à lutter contre les maladies fongiques du blé.

Pour cela, BASF a fait appel à un expert en la matière, le Prof. Ibrahim Ezzahiri de l’IAV Hassan II, qui a présenté les principales maladies fongiques affectant la culture du blé (racinaires, foliaires et épis), en mettant l’accent sur les maladies des feuilles qui restent les plus dangereuses du fait qu’elles détruisent le feuillage et agissent directement sur le rendement et la qualité des grains et de la paille : septoriose, rouilles, fusariose. Pour prof Ezzahiri, les campagnes se suivent et ne se ressemblent pas, notamment du point de vue climatique. Il a donc insisté sur l’importance de la prospection et de la présence permanente sur le terrain. « Il ne suffit pas d’observer une parcelle de loin, car certaines cultures d’apparence saine cachent des infestations sévères qui commencent par le bas de la plante, comme c’est le cas de la septoriose ». Il a également insisté sur le bon choix et le bon positionnement des fongicides pendant la campagne l’objectif étant de protéger les 2-3 dernières feuilles en grande partie responsables du rendement final (80%). Pour sa part, M. Mohamed Chetouani, Regional Manager de BASF Maroc, a expliqué qu’avant leur mise sur le marché, les produits BASF sont testés plusieurs années de suite au Maroc pour en vérifier l’efficacité dans différentes conditions de campagnes. C’est le cas des produits fongicides Osiris® et Opera® Max Max qui ont été testés dans la plate forme céréales à Sidi Kassem 4 années de suite. Pour sa part, M. Tarik ElbilaliResponsable Technique et développement BASF, a présenté les spécificités des deux produits Osiris® et Opera® Max, les dates, les stades d’application de ces fongicides et les circonstances du 38

choix de l’un ou l’autre selon les conditions de chaque exploitation céréalière. Associant deux triazoles complémentaires parmi les plus efficaces du marché l’époxiconazole et le metconazole, Osiris® apporte une solution performante pour protéger les céréales des maladies des feuilles (septoriose, rouilles) et de l’épi (fusariose). Il permet une alternance des triazoles dans le programme de traitement dans le cadre de la gestion des modes d’action fongicides. De plus, il bénéficie de la formulation innovante Stick & Stay qui permet à la goutte de pulvérisation d’adhérer à la plante et plus de substances actives qui restent sur et dans la plante. Il présente également l’avantage d’un temps de séchage 8 fois plus rapide que pour un produit classique et de plus de produit disponible au niveau des zones de développement du champignon dans la plante, ce qui permet d’accroitre l’efficacité du fongicide. Lancé il y a à peine un an, Opera® Max est une autre innovation de BASF pour traiter les maladies foliaires des céréales. Ce fongicide est polyvalent avec à la fois une action préventive et curative. Il a la particularité de contenir 2 matières actives avec deux modes d’action différents translaminaire et systémique, à savoir: Epoxiconazole et la Praclostrobine F500® . Cette double action renforce son efficacité et réduit les risques d’apparition des résistances. A noter qu’en plus de son effet fongicide, la F500® qui détient le titre AgCelence® de BASF, permet d’améliorer l’assimilation de l’azote et obtenir ainsi une surface foliaire indemne pour un meilleur résultat sur la photosynthèse et une meilleure utilisation du carbone,

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

M. Mohamed Chetouani

M. Abderrahim Laasmi

Prof Ezzahiri Ibrahim

M. Tarik Elbilali

ainsi qu’une augmentation de la matière sèche. De plus, en réduisant la sécrétion de l’éthylène, elle minimise la sénescence de la plante et augmente la durée du cycle. A noter que les essais réalisés par BASF ont montré que la combinaison de deux traitements fongicides a donné des résultats légèrement supérieurs à une seule application de l’un ou l’autre. Cette combinaison dans l’ordre d’application de l’Opera® Max suivi de l’Osiris® est utile

Programme de traitement

en production intensive, du fait que le premier traitement assure une protection prolongée, surtout quand l’attaque de la septoriose est précoce. Le deuxième traitement à l’Osiris® assure le relais de protection contre la septoriose et protège les derniers stades contre les attaques éventuelles d’autres maladies foliaires en l’occurrence les rouilles et épargne l’épi des attaques de maladies comme la fusariose.


AgriVivos

Journée agrumes à Taroudant AgriVivos a organisé une journée sur la fertilisation raisonnée des agrumes, le 18 Février 2014, à Taroudant, animée par Messieurs Hassan Bouguiri et Lahoucine Dakouk au profit des agrumiculteurs, groupements des coopératives, techniciens et ingénieurs.

M. Hassan Bouguiri

M. Lahoucine Dakouk

Cette journée a permis aux différents intervenants d’analyser cette campagne agrumicole en cours et d’échanger les expériences sur le thème de la fertilisation raisonnée et le rôle principal des engrais foliaires dans l’amélioration du rendement et de la qualité des agrumes et aussi stimuler l’immunité de l’arbre face aux différents stress biotiques et abiotiques. Lors de cette journée, une attention particulière a été accordée aux produits à base d’extraits d’algues : Leili 2000 et Omex Bio 20 et qui ont les effets suivants sur les agrumes : • Améliorer la qualité de la floraison, nouaison, précocité et grossissement des fruits • Favoriser une croissance équilibrée et améliorer la résistance de la plante au stress • Stimuler le développement et la croissance de la partie aérienne et racinaire de la plante • Inhiber le développement des micro-organismes pathogènes. • Améliorer et équilibrer différents processus comme la photosynthèse, la synthèse de la chlorophylle et des protéines ainsi que l’absorption et l’utilisation de l’azote, phosphore et potasse • Corriger rapidement les carences en micro-éléments • Fournir en harmonieux équilibre l’ensemble des éléments nutritifs nécessaires aux agrumes Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

39


Actu Actu Phyto

Dow AgroSciences et PROMAGRI Au salon Fruit Logistica

A gauche, Mr Ahmed El Hajoui, PROMAGRI Au centre, Mr Mario Vietto, Marketing area manager -Dow AgroSciences A droite, Mr Toufik chedadi, PROMAGRI

Dow AgroSciences et PROMAGRI étaient présents au salon Fruit Logistica de Berlin du 5 au 7 février 2014 sur le stand de la multinationale dans le Hall 21. Les deux sociétés voient Fruit Logistica comme une opportunité de poursuivre le dialogue avec les producteurs de fruits et légumes et tous les acteurs du secteur des produits frais. Ce dialogue est essentiel pour comprendre les besoins du secteur toujours en évolution et mieux répondre aux exigences.

Dow AgroSciences est un leader mondial dans le développement et la mise en marché de produits de protection des plantes innovants pour l’agriculture et notamment dans le secteur des fruits et légumes. Dow AgroSciences et PROMAGRI s’engagent à fournir des solutions pour aider les producteurs à accroitre le rendement et la qualité de leurs productions dans un monde de plus en plus concurrentiel.

Syngenta

Journée tournesol à Belksiri C’est à Belksiri que la société Syngenta a choisi d’organiser fin janvier une journée d’information axée sur la culture du tournesol. L’objectif de cette journée à laquelle ont été conviés 80 agriculteurs de la région du Gharb (Souk Larbaa,

Belksiri, Had Kourt et Souk Tlate) était de les sensibiliser sur la culture du tournesol, du point de vue : - économique et rentabilité - évolution du secteur des cultures oléagineuses au Maroc - conduite technique de la

ALBARAKA de Syngenta débarque à Zagora C’est dans la capitale de la pastèque précoce par excellence, Zagora, que Syngenta a organisé une journée d’information animée par l’équipe Albaraka. Cet évènement qui a rassemblé pas moins de 200 agriculteurs des régions de Zagora, Agdaz, Tazarin, Tanzouline…, avait pour objectif de présenter les solutions innovantes mises au 40

point par le projet Albaraka pour la culture de la pastèque. En effet, dans le but d’améliorer la productivité des petits exploitants agricoles, et mettre des produits haut de gamme à leur portée, Syngenta a lancé de nouveaux emballages adaptés au pulvérisateur à dos, conçus selon le système : 1 emballage = 1 dose pour pulvérisateur à dos. Actuellement, les produits

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

culture - intérêt agronomique du tournesol en tête de rotation pour la lutte contre les parasites du blé (brome, fusariose, piétin échaudage) et l’amélioration de son rendement - sensibilisation des producteurs sur l’intérêt des variétés hybrides qui offrent de nombreux avantages : rendement de 26 quintaux contre seulement 13 qx pour les

variétés population en plus de la teneur supérieure en huile. Cette journée était également l’occasion pour Lesieur Cristal de faire une présentation sur les projets qui seront mis en place pour le développement de la filière et toutes les mesures logistiques et contractuelles pour encourager et faire revivre la culture du tournesol.

concernés sont : Vertimec, Centric, Eforia, Prioritop, Comodor et Traxos. A noter que le Maroc fait partie des pays ayant très rapidement adopté le concept au niveau du monde arabe.

phytosanitaire à organiser un évènement aussi grandiose au profit des producteurs de la région de Zagora. Cette action confirme encore une fois l’engagement de Syngenta auprès de l’agriculture marocaine, même dans les zones les plus enclavées.

Syngenta est la première firme


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

41


Actu Actu Entreprise

Communiqué

TECNIDEX au Fruit Logistica Une visite fructueuse TECNIDEX a réalisé d’importants contacts avec ses clients et ses futurs clients en provenance du monde entier. C’est la clé de sa stratégie d’internationalisation Valencia, le 10 février 2014. Société espagnole très présente à l’international, et spécialiste de la santé et de la qualité des fruits et légumes en post-récolte, TECNIDEX a qualifié sa visite au Fruit Logistica de Berlin de très positive. Les représentants de TECNIDEX ont confirmé que ce rendez-vous était indispensable pour le développement de la stratégie à l’international et pour maintenir les bonnes relations avec les principaux clients et fournisseurs des marchés extérieurs, en particulier pour les pays dans lesquels une filiale est implantée, comme le Maroc (TECNIDEX MAR FRUIT), la Turquie (TECNIDEX TUR FRUIT) ou l’Afrique du Sud (TECNIDEX SUD FRUIT). « Cette année encore, nous avons constaté que ce salon était le carrefour incontournable pour le marché international des fruits et légumes. De fait, nous avons pu rencontrer et nous réunir avec des clients du monde entier. Nous avons également réalisé des contacts avec des clients potentiels, en établissant une 42

L’équipe TECNIDEX au Fruit Logistica et Lucie Moustaqil pour Agriculture du Maghreb - Régie Europe

première approche et en leur présentant notre catalogue» a déclaré l’équipe TECNIDEX qui a fait le déplacement à Berlin. Dans cette optique, TECNIDEX a apporté de nouvelles solutions pour les fruits et légumes en termes d’hygiène, de désinfection, d’enrobage, de traitements et de technologies qui optimisent les processus visant à garantir la qualité et la sécurité alimentaire. Ces nouvelles solutions, couplées à ses produits déjà commercialisés, lui permettent de proposer un catalogue très complet

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

pour la santé post-récolte au Maroc. On remarquera également le potentiel de ce salon qui, pour cette édition a réuni 2600 exposants de plus de 84 pays, « ce qui permet d’avoir une vision globale du secteur, de l’offre actuelle et de connaître les dernières tendances », a déclaré l’équipe de TECNIDEX. Cette année, le Fruit Logistica a atteint un record de visiteurs. En plus des entreprises

de la filière fruits et légumes, des représentants politiques internationaux sont venus apporter leur soutien au secteur, comme le Ministre marocain des Affaires Étrangères, Mohamed ABBOU, qui a passé un moment avec l’équipe de TECNIDEX.


Au centre Mlle Souad Zerradi, Directrice Technique Bayer CS à gauche M. Youssef Rachid Ingénieur de développent Bayer CS .

BAYER CorpScience Journée fraise à My Bousselham

Dans les conditions pluvieuses et humides de cet hiver 2014, les fraisiculteurs ont dû faire face à une forte prolifération du Botrytis dans la région de My Bousselham, qui a imposé de nombreux traitements anti fongiques pour en limiter les dégâts. C’est dans ce contexte que la société Bayer CropScience a organisé une journée d’information sur la lutte anti-Botrytis dans sa plate-forme installée dans l’exploitation des Domaines Aïcha dans la localité de Dlalha. Cette action avait pour objectif de démontrer sur le terrain les performances des produits Bayer CS sur fraise et notamment Luna Sensation en comparaison avec les meilleures références qui existent sur le marché. Résultats à l’appui, M. Youssef Rachidi, Ingénieur de développent, Mlle Souad Zerradi, Directrice Technique, et M. Talal Cheikh, Crop Manager, Bayer CropScience, ont démontré aux producteurs

présents que Luna sensation offre une efficacité meilleure que les autres références en termes de protection contre le botrytis au cours du cycle de culture et même après la récolte. Ceci a été évalué en termes de pourcentage d’efficacité sur botrytis et de rapport entre fruits malades et fruits sains. Les mêmes fruits issus de cet essai ont été récoltés pour réaliser un essai post récolte et pour ressortir les différences en

Fruit Logistica 2014

Bayer CropScience invite un groupe de producteurs de fraise marocains

Bayer CropScience a organisé pour la 5ème fois consécutive un voyage au profit d’un groupe de producteurs de fraises marocains au Salon Berlinois « Fruit Logistica ». Cette action s’inscrit

dans l’engagement de Bayer CropScience à accompagner les producteurs marocains au niveau des différents défis auxquels ils sont confrontés qui se matérialisent par des exigences internationales

termes de durée de protection en période de conservation. Ainsi, pour démontrer l’effet post récolte de chacun des produits utilisés dans l’essai, le même nombre de fruits sains de chaque traitement est récolté et stocké sous température ambiante pour une période déterminée. Au bout de 12 jours de stockage dans ces conditions, il a été constaté que Luna sensation a fait preuve d’une longue période de protection en comparaison avec les autres références (voir photo). Luna Sensation présente de ce fait une réelle opportunité pour les fraisiculteurs qui cherchent une production de qualité et une protection garantie qui dure même au delà de la récolte. Il s’agit d’un avantage de taille, que les exportateurs peuvent mettre en valeur auprès de leurs clients qui cherchent à conserver les fraises le plus longtemps possible (transport, stockage, étals et chez le consommateur). Rappelons que Luna Sensation doit son efficacité à la synergie entre deux matières actives : Le Fluopyram, nouvelle molécule appartenant à la nouvelle famille chimique

M. Talal Cheikh Crop Manager, Bayer CS.

des Pyridilethylamide et le Trifloxystrobine de la famille des Strobilurines. Son mode d’action à la fois systémique et translaminaire lui confère une protection de tous les organes de la plante contre le botrytis. Cependant, il est recommandé d’intervenir de manière préventive qui permet d’atteindre une bonne efficacité (surtout juste avant la floraison, stade sensible). En effet, avec une germination très rapide des spores, le champignon ne laisse qu’un temps de réaction réduit aux producteurs. Il faut donc s’y préparer à l’avance puisqu’il s’agit d’une maladie omniprésente.

devenues de plus en plus strictes en matière de qualité et de sécurité alimentaire. Ainsi, Bayer CropScience a élaboré un programme riche et diversifié axé sur l’agriculture durable. Ce programme a inclus des visites de stands, des rencontres avec les spécialistes de Bayer CropScience, des présentations avec des importateurs étrangers. Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

43


Publi-reportage

alkas

Une gamme pour améliorer les rendements céréaliers Les céréales occupent une place importante dans l’alimentation des marocains avec des besoins sans cesse croissants, dont une bonne partie est couverte par les importations. L’amélioration des rendements des céréales est de ce fait un souci permanent des opérateurs. Ainsi, grâce à la recherche agronomique, il existe actuellement plusieurs variétés adaptées à de nombreuses situations agro-écologiques. La pluviométrie est certes un facteur limitant, mais le suivi d’un bon itinéraire technique, notamment une fertilisation adaptée, permet d’améliorer les rendements. C’est dans ce sens que la société alkas a mis en place un programme de fertilisation adapté à la culture de blé tendre avec de nombreux essais concluants dans la région de Fès-Meknès.

L

’un des essais a été mené chez M. Brahim Abdoun, multiplicateur de semences de céréales avec la Sonacos sur une quinzaine d’hectares et producteur de cultures maraichères (pomme de terre et oignon) dans la commune rurale Ain Chkaf.

Informations spécifiques à la parcelle d’essai :

Superficie : 5 ha Culture : Blé tendre Précédent cultural : Oignon Variété : Wafia Date de semis : Fin novembre 2012 Concernant les soins culturaux, la parcelle expérimentale et la parcelle témoin ont reçu exactement les mêmes traitements (engrais de fond, engrais de couverture fractionnés selon les besoins de

44

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

la culture et en fonction des analyses de sol, désherbage), mais la parcelle expérimentale a reçu en plus une fertilisation complémentaire adaptée en fonction des stades de croissance. Ainsi, deux apports ont été réalisés aux stades tallage et remplissage: Produits foliaires utilisés: Nobrico Star + Aminolom Super 40 de la gamme ALFREDO INESTA Dose : 1 l/ha de Nobrico Star + 1 l/ha d’Aminolom Super 40 “Au printemps les plants de la parcelle expérimentale se

M. Brahim Abdoun, multiplicateur de semences de céréales

Mme Hanane El Fahsi de la société alkas assure le suivi de l’essai avec M. Brahim Abdoun.

démarquaient clairement par leur précocité, hauteur, couleur et l’importance de la végétation, ce qui laissait presager un meilleur rendement en grain et en paille, explique M. Abdoun. Ces constats ont été confirmés lors de la récolte (16/06/2013) puisque sur la parcelle traitée il a obtenu un rendement de 55 qx/ha alors que les rendements de la parcelle témoin n’ont pas dépassé 47 qx /ha. Le programme de fertilisation complémentaire Alfredo Iniesta a donc permis une augmentation du rendement de 8 qx/ha ainsi qu’une

amélioration de la concentration en protéine dans les grains, d’où une meilleure qualité et une augmentation de rentabilité pour le producteur. “La qualité des semence est primordiale dans le secteur des semences sélectionnées comparativement à une production normale de céréales” confirme M. Abdoun. A noter que les rendements auraient pu être bien meilleurs, mais la culture a fait face à de nombreuses difficultés notamment climatiques (chute des fleurs suite à une vague de chergui au moment de la floraison et une forte pluviométrie) en plus de l’installation des maladies à cause de l’absence de traitement fongique durant tout le cycle, ce qui a entrainé une baisse des rendements. Contact : Tél.: 05 22 27 85 91 www.alkasfertilisants.com


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

45


Pomme Culture Bio

D

ans une démarche d’exploitation rentable, conduite en agriculture biologique, la plantation d’un verger de pommier doit intégrer deux objectifs qui restent essentiels. C’est d’abord la régularité du verger qui conditionne un niveau moyen de production. C’est aussi la recherche d’un rendement équilibré par rapport au potentiel du verger lui-même. Ces deux objectifs sont étroitement liés au choix du matériel végétal. La bonne variété ne sera pas seulement choisie en fonction des seules attentes du marché, mais aussi en fonction des possibilités et des caractéristiques agronomiques locales. Une bonne association variété porte-greffe permettra d’obtenir une vigueur suffisante et des résultats durables. Enfin, la connaissance encore très modeste des équilibres naturels dans les vergers pousse à ne conseiller que des

46

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

plantations aux surfaces modestes –de l’ordre de l’hectare – afin de profiter pleinement des effets de la biodiversité environnante. L’implantation d’un verger de pommiers et sa conduite en agriculture biologique passent par des choix avant même la plantation. Plusieurs options variétales sont possibles. Pour mettre de son côté les meilleures chances de réussite, il est logique de privilégier le choix des variétés issues des programmes de résistance à la tavelure, tout en ne négligeant pas la tolérance aux autres bio-agresseurs. Cependant, d’autres variétés, souvent plus anciennes, présentent des caractéristiques de rusticité tout à fait intéressantes pour répondre aux attentes d’allégement des programmes de protection sanitaire des vergers et la commercialisation sur des circuits courts. Même si leurs performances gé-

nérales apparaissent parfois très moyennes, ces variétés peuvent offrir un compromis satisfaisant.

Pas d’érosion de production pour Granny Smith

Ses consommateurs lui restant fidèles, cette variété de base ne connaît pas d’érosion au niveau de la production européenne (3 % - EU27 – Prognosfruit 2012). Venue d’Australie, elle représente 6 % des surfaces mondiales (Chine exclue).


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

47


Pomme La pomme qui ne s’oxyde pas ! Les pommes sont connues pour une de leurs caractéristiques physiologiques, commune avec d’autres produits alimentaires d’origine végétale, tels que la banane, l’avocat, la poire, ou encore la pomme de terre : elles brunissent une fois coupées. Ces réactions de brunissement sont dues à une enzyme, la polyphénol oxydase (PPO), à l’origine de la transformation des composés phénoliques en polymères colorés (La réaction générale n’est possible qu’en présence d’oxygène). Il est possible d’inhiber cette réaction, et donc d’empêcher le brunissement, par plusieurs moyens (addition d’antioxydants, action thermique, conservation en atmosphère contrôlée sans O2, etc.), mais le plus utilisé aujourd’hui (et le moins altérant pour les propriétés organoleptiques des fruits) consiste à diminuer le pH à l’aide d’acide malique ou citrique. Les PPO, qui opèrent à un pH de 4 à 7, sont alors inactivées. C’est cette propriété que l’on exploite, lorsque l’on utilise du jus de citron pour empêcher le brunissement d’un avocat ou d’un quartier de pomme. La société américaine Okanagan Specialities Fruits, vient de créer une nouvelle pomme modifiée génétiquement qu’elle a appe-

48

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

lée Arctic Apple qui ne brunit pas. Cette qualité des pommes génétiquement modifiées intéresse une frange de l’agroindustrie, portée sur la vente de portions de fruits prédécoupés (très communes aux Etats-Unis où les habitudes de snacking restent très présentes au sein de la population). En effet, les portions de pomme prédécoupées sont aujourd’hui quasiment inexistantes dans les rayons américains, en raison du brunissement et/ou du coût de conditionnement (et donc de d’achat, in fine). Et ce, malgré le fort potentiel de développement du produit : les consommateurs cherchent à grignoter sainement, ce qui a permis l’explosion des ventes de «baby carrots» dans la dernière décade, malgré les traitements imposés aux dits légumes pour qu’ils conservent couleur, goût et craquant. Fait complémentaire, la pomme serait aujourd’hui un des produits frais les plus gaspillés dans les ménages, pour cause de... brunissement. Pour les promoteurs de l’Arctic Apple, la mise sur le marché d’une telle pomme permettrait à l’agroindustrie de diminuer significativement les coûts de conditionnement des pommes pour le marché du produit frais prêt à consommer, tout en préservant l’appétence des pommes pour le consommateur, en bout de chaîne. Cet état de fait intéresse d’autres marchés, tels que celui de la pomme de terre. Mais qui, lui, attend de connaitre la réaction des consommateurs à l’introduction de la pomme trans-

L’innovation par la chair rouge

On dynamise un marché par l’innovation et les fruits n’échappent pas à cette règle. Les variétés de pommes à chair rouge s’inscrivent dans une logique de recherche d’innovation dans laquelle de nombreux éditeurs se sont engouffrés. Et sur le sujet, le projet international d’Ifored, qui ambitionne de lancer une gamme de ce type de nouvelles variétés, sera certainement observé de près par les professionnels. Ces variétés à chair rouge créées par des techniques d’hybridation classiques sont bien la nouveauté du moment qui montre que la pomme peut encore surprendre. Même s’il s’agit d’une piste innovante intéressante, il reste beaucoup de réponses à trouver (production, qualité et conservation) avant de passer à l’introduction massive en vergers commerciaux. Mais c’est en amenant de la nouveauté que l’on capte le consommateur afin de renouveler son intérêt sur le produit. Et dixit de nombreux spécialistes, il ne faut pas croire que la couleur de la chair soit un facteur suffisamment différenciant. Il faudra que ces variétés à chair rouge soient meilleures que les meilleures du segment existant.


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

49


Pomme génique sur les étals avant de se prononcer. A l’opposé, justement, l’introduction de pommes génétiquement modifiées dans un marché qui en était jusqu’alors exempt inquiète. La pomme a une image de produit sain, par nature. La facilité des ventes s’en ressent. L’introduction d’OGM sur le marché pourrait ternir l’image d’un produit que les consommateurs apprécient tel quel. Les producteurs s’interrogent quant à l’impact sur les consommateurs, de plus en plus sensibles à la qualité des produits qu’ils achètent. C’est dans cette perspective que l’association américaine des pommes (U.S. Apple Association) a émis un communiqué désapprouvant la perspective de la mise sur le marché de l’Arctic Apple. De même, certaines associations de producteurs demandent un moratoire sur la pomme transgénique, dénonçant une atteinte à l’image de l’ensemble de la filière. La crainte de la diffusion naturelle des gènes modifiés (par le biais des pollinisateurs ou du vent, d’un verger à l’autre), effraie également les producteurs, qui pourraient rapidement se révéler dans l’incapacité de labelliser leur production «sans OGM», caractéristique qui, aujourd’hui, est un argument de vente à la portée croissante.

50

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

Ce sera donc bien au consommateur de décider dans les années à venir : malgré l’homologation probable de l’USDA, l’arrivée massive de pommes transgéniques sur les marchés n’est pas pour tout de suite, les pommiers ne produi-

sant pas de fruits les 5 premières années après plantation. Reste l’astuce du jus de citron pour ceux qui seraient impatients. Jusqu’à la création d’un citron transgénique au pH neutre, évidemment. Mais ça, c’est une autre histoire.

Une protection naturelle contre les acariens Une équipe de recherche de l’Université de La Rioja, a identifié, grâce à l’interaction de l’étude des génomes d’une plante et d’un acarien, une substance naturelle qui permettrait d’éviter de recourir à l’usage de pesticides dans la lutte contre les acariens parasites des espèces cultivées. Une grande partie des études de génétique moléculaires orientées vers la défense des plantes contre les parasites a été orientée jusqu’à présent vers la lutte contre les insectes. Cependant les acariens sont

eux aussi des parasites importants des plantes cultivées, et sont à l’origine d’importantes lésions sur le feuillage des plantes, ce qui a ensuite des répercutions sur le rendement des cultures. Leur présence


dans les cultures est favorisée depuis quelques années par les effets du réchauffement climatique, et surtout, il a été constaté que les populations d’acariens résistent de mieux en mieux aux acaricides et développent de nouvelles résistances tous les 2 à 4 ans. L’araignée rouge en particulier extrait les nutriments qui lui sont nécessaires des feuilles d’environ 1000 espèces de plantes, parmi lesquelles 150 espèces cultivées d’une importance économique majeure, telles que la tomate, le poivron, le concombre, le fraisier, le pommier, le poirier, le maïs ou encore le soja. Les dommages causés par ce parasite sur les cultures sont estimés à environ 1 milliard de dollars chaque année dans le monde. L’étude génomique menée sur la plante Arabidopsis Thaliana et sur un acarien appelé araignée rouge,

a permis d’identifier un sucre, l’indol-3-glucosinolato, naturellement produit par Arabidopsis Thaliana, mais également par le brocoli, et qui s’avère mortel pour l’araignée rouge qui est incapable de digérer. Cette molécule, l’indol-3-glucosinolato, présente l’avantage d’être sans danger pour la santé humaine, et pourrait même présenter des

propriétés anti cancérigènes. Elle ouvre des possibilités d’études intéressantes: des cultures modifiées pour exprimer le gène qui conduit à la fabrication de l’indol-3-glucosinolato pourraient ainsi acquérir un moyen de défense efficace contre l’araignée rouge. Source : Bulletins électroniques

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

51


Pomme La pomme mise sur le projet sustain’apple

Le projet Sustain’apple, porté par l’Inra France a démarré le 1er janvier 2014 pour une période de quatre ans. Son objectif est d’apporter une meilleure compréhension de la gestion durable des risques sanitaires et phytosanitaires à tous les échelons de la filière pomme. Pour s’adapter économiquement aux nouvelles contraintes tout en améliorant l’impact sur l’environ-

52

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

nement et la confiance du consommateur, la filière doit innover sur le plan technique mais aussi organisationnel. Le projet Sustain’apple n’ignorera pas les solutions techniques mais s’intéressera principalement aux problèmes d’organisation et à leur impact sur les performances économiques, environnementales et sociales. L’analyse sera effectuée aux différents niveaux de la filière et de son environnement

institutionnel. Elle portera également sur les circuits courts qui seront évalués au regard des critères de durabilité par comparaison avec les circuits longs nationaux et d’importation. La dimension globale de la filière conduira en fin à prendre en compte les concurrents de la France sur le marché international et quelques pays clé visés par les exportations françaises. Côté recherche, l’INRA, le CIRAD, l’IRSTEA, Montpellier SupAgro, l’ESA d’Angers et l’UAPV mobiliseront en interaction, les disciplines suivantes: agronomie, écologie du paysage et analyse du cycle de vie, économie des institutions, des organisations, de la consommation, économie internationale, gestion stratégique, droit international. Côté expertise, les principales contributions viendront du CTIFL pour les consommateurs, la grande distribution, les technologies post-récolte et les systèmes de production, du GRAB pour les circuits courts Bio et de l’ANPP pour une compréhension globale et détaillée de la filière pomme, notamment à l’export. Sustain’apple se déroulera sur 48 mois (2014-2017), avec un budget de 827.000 €. www.gis-fruits.org/


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

53


Pomme de terre Marché mondial

La production mondiale de pommes de terre qui était en augmentation sensible mais constante depuis les années 80, s’est stabilisée depuis le début des années 2000. Si l’on corrèle cela à la forte baisse de la surface mondiale de cultures de pommes de terre de ces 10 dernières années, on peut en conclure que les cultures se sont renforcées sur le plan technique et que, par conséquent, les rendements ont nettement augmenté. Les pommes de terre sont cultivées dans plus de 100 pays. En 2010, la Chine avec 75 millions de tonnes était le premier producteur mondial de pomme de terre (23% de la production mondiale), suivie de l’Inde, la Russie et l’Ukraine. L’essentiel de la production de ces pays sert leur propre consommation. Quant aux principaux exportateurs mondiaux de pommes de terre, ils sont européens : les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et la France. L’Allemagne est un des principaux pays transformateurs et exportateurs européens de pommes de terre. Sa production (marché du 54

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

frais et du transformé hors fécule) atteignait 7,8 millions de tonnes en 2011 contre 5,3 millions de tonnes pour la France. En Belgique (4,2 millions de tonnes en 2011), les 4/5èmes de la production de pommes de terre sont transformés en chips, en frites congelées et en fécule. Aux Pays-Bas (3,9 millions de tonnes en 2011), environ 70 % des pommes de terre sont exportées sous la forme de tubercules frais et de produits dérivés, comme les chips et la fécule. La consommation de pommes de terre fraîches, qui représentait autrefois la base de la consommation mondiale du tubercule, est en diminution dans de nombreux pays, en particulier dans les régions développées. A l’heure actuelle, davantage de pommes de terre sont transformées pour répondre à la demande croissante de l’industrie du fastfood, des snacks et des aliments tout préparés. Cet essor s’explique principalement par l’accroissement de la population urbaine, la hausse des revenus, la diversification des régimes alimentaires et des modes

de vie qui laissent moins de temps pour la préparation du produit frais. A noter qu’il existe trois types de cultures: les plants de pommes de terre, les pommes de terre de consommation et les pommes de terre destinées à la production de fécule. La culture de plants de pommes de terre est destinée à la multiplication des plantes. Les Pays-Bas sont spécialisés dans cette culture et exportent leurs plantes dans les pays du monde entier. La culture des pommes de terre de consommation est la plus importante. Elle produit les pommes de terre que nous consommons tous: des pommes de terre à cuire aux frites congelées, mais aussi celles qui entrent dans la composition des snacks, comme les chips. Les pommes de terre destinées à la production de fécule sont utilisées pour des applications industrielles: colles, textiles, papier, matériaux de construction, etc. Ces variétés sont sélectionnées spécialement pour leur aptitude à produire de la fécule pour les applications industrielles. Elles sont comestibles, mais pas très savoureuses.


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

55


Pomme de terre

Gestion des déchets industriels et valorisation de la biomasse 1 Les déchets constitués de pelures de pomme de terre (ou PPW pour Potato Peel Waste) provenant de l’agro-industrie de transformation constituent un problème pour l’environnement. Des options intégrées, durables et rentables font actuellement l’objet de recherches.

1 ir. Rachid Tahzima MSc, Spécialiste Pomme de Terre, PhD/INRA-Meknès Prof. Dr. Achbani El Hassan, Directeur de Recherche INRA-Meknès Siham Zahidi, Manager GreenSmile, Organisatrice Potato Morocco

Les PPW sont des substrats non valorisables en alimentation humaine dédiés principalement à l’alimentation animale. Cette biomasse représente un grand potentiel en matière de production de bioéthanol. L’application des exigences européennes en matière de biocarburant associées aux développements industriels pourrait déboucher sur une production de bioéthanol qui pourra satisfaire la demande des marchés d’agrocarburants. Les PPW contiennent des quantités suffisantes en amidon, 56

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

celluloses et sucres fermentables pour garantir leur valorisation efficace. L’hydrolyse biochimique fondée sur une combinaison d’enzymes spécifiques offre des perspectives prometteuses, des points de vue technologiques et économiques et constitue une option innovante et durable dans la production de bioéthanol à partir de PPW. Elle est suivie d’une fermentation effectuée à l’aide d’une souche de levure performante Saccharomyces cerevisae var. bayanus pour traiter cette biomasse. Les conditions réactionnelles beaucoup plus souples permettent de garantir un rendement très satisfaisant. Il s’agit d’un moyen efficace pour valoriser ce coproduit de l’industrie de la pomme de terre de par son haut potentiel. Enfin, sur le plan environnemental et dans une optique de durabilité, les développements et les progrès récents dans la valorisation de cette biomasse particulière, notamment à travers l’utilisation des PPW pour la production d’hydrogène, permettent de solutionner une problématique posée tant au niveau d’une perspective globale relative aux changements climatiques qu’au niveau de l’industrie

de transformation. En conclusion, alors que la consommation en pomme de terre augmente au Maroc, nous pouvons dire que les PPW, en tant que déchets agro-industriels, peuvent être efficacement valorisés en tant que biomasse destinée à la production d’éthanol permettant ainsi de soulager ce problème grandissant des déchets dérivés de cette culture en forte croissance au Maroc.

La fécule de pomme de terre Applications nutritionnelles et industrielles La plupart des personnes qui cuisinent connaissent les propriétés épaississantes de la fécule de maïs. Or, la fécule de pomme de terre serait tout aussi efficace, selon les scientifiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ces scientifiques ont mis sur pied un projet visant à examiner en détail la structure et les propriétés fonctionnelles de la fécule de pomme de terre, ceci afin d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments à base de pommes de terre et de développer de nouvelles utilisations pour la fécule modifiée de pomme de terre dans la transformation des ali-


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

57


Pomme de terre ments et les applications pharmaceutiques et industrielles. L’industrie de la transformation des aliments utilise actuellement la fécule de pomme de terre comme épaississeur général ou comme agent liant, texturation, antiagglomérant ou gélifiant. On la retrouve également dans des produits finis tels que les grignotines, les viandes transformées, les produits de boulangerie, les pâtes, la nourriture pour animaux domestiques, le fromage râpé, les sauces et les soupes. La fécule de pomme de terre sert également à la filtration des levures et comme additifs dans les produits cosmétiques et pharmaceutiques.

Des variétés résistantes au nématode à kyste La pomme de terre est la troisième

58

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

résistance permettra d’envisager la sélection de nouvelles variétés de pomme de terre présentant un niveau de résistance élevé et durable vis-à-vis du nématode à kyste Globodera pallida.

Un virus pour lutter contre la teigne de la pomme de terre culture alimentaire mondiale après le blé et le riz (325 millions de tonnes produites dans 130 pays, données FAO STAT 2012). Deux espèces de nématodes à kyste attaquent la pomme de terre: Globodera pallida et G. rostochiensis. Ces deux espèces, classées organismes de quarantaine par l’OEPP (Organisation Européenne et méditerranéenne de Protection des Plantes), peuvent causer des pertes économiques considérables (jusqu’à 80%) si les niveaux de populations de nématodes sont très élevés dans les champs de pomme de terre. Or, à l’exception du gène Gpa2 qui ne confère une résistance qu’à quelques populations de G. pallida, aucune résistance monogénique de haut niveau à ce nématode n’avait été détectée jusqu’à présent chez la pomme de terre. Dans le cadre de leurs travaux, des chercheurs de l’INRA France ont caractérisé un gène qui intervient dans la résistance à G. pallida, et développé des marqueurs permettant la sélection de plantes porteuses de l’allèle favorable chez la pomme de terre. Le développement de marqueurs des allèles de

Importée il y a vingt ans d’Amérique centrale, la teigne du Guatemala fait des ravages dans les cultures de pomme de terre au Venezuela, en Colombie et en Equateur. Ses larves peuvent dévorer des stocks entiers du tubercule, l’une des principales cultures et aliment de base des populations andines. Des moyens de lutte existent, mais ils sont toxiques ou financièrement hors de portée des agriculteurs. Pour lutter contre ce fléau, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires équatoriens ont mis au point une alternative prometteuse : un biopesticide à base d’un virus qui infecte les teignes. Celui-ci préserverait l’écosystème, réduirait les risques de pollution et de résistance chez les insectes ravageurs.

Une efficacité prouvée Depuis quelques années émergent de nouveaux insecticides biologiques à base de virus nuisibles aux insectes, dits « entomopathogènes », en particulier les baculovirus. Pour identifier le virus de cette famille qui serait le plus efficace contre la teigne du Guatemala, l’équipe de recherche franco-équatorienne a analysé ces pathogènes chez des teignes provenant des cinq continents. Et le gagnant est… le virus de la granulose, ou granulovirus, qui s’est avéré le plus répandu. Les chercheurs l’ont détecté chez des teignes provenant de douze pays différents. De plus, il possède le plus large spectre


d’action : il s’attaque également à cinq autres ravageurs du tubercule. Les chercheurs ont alors testé en laboratoire une formule à base de ce virus. Celle-ci s’est révélée tout aussi efficace que les produits chimiques : elle permet d’atteindre des taux de mortalité des larves de teigne guatémaltèque de plus de 98 % !

Un mode lent…

d’action

Pulvérisés à la surface des pommes de terre ou des œufs de l’espèce invasive, les granulovirus contaminent les chenilles par ingestion. Ils se propagent alors dans le tube digestif puis dans tout l’organisme de leur hôte, entraînant une infection létale en deux à trois jours. Un mode d’action relativement lent, en comparaison des insecticides chimiques qui agissent par contact et ont un effet immédiat. Leur uti-

lisation nécessite également une connaissance approfondie et un suivi détaillé du cycle biologique, de l’écologie et du comportement de la teigne, ce qui peut constituer un frein pour leur déploiement en lutte biologique.

… mais des bénéfices

assurés Pour autant, un tel biopesticide présente des intérêts multiples et constitue une alternative prometteuse aux insecticides chimiques, qui restent la première réponse des agriculteurs équatoriens. Le recours à un pesticide biologique, qui se dégrade rapidement dans

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

59


Pomme de terre demeure en effet un volet incontournable pour une lutte efficace contre les ravageurs de cultures.

Les pommes de terre résistantes au Phytophthora

l’environnement, diminuerait ces risques de pollution. Autre intérêt des baculovirus, ils sont inoffensifs pour l’homme, les vertébrés et les plantes. De plus, chaque souche virale s’attaque à un nombre très limité d’espèces d’insectes. Cette spécificité d’hôte permet de cibler la teigne guatémaltèque et de préserver l’écosystème, notamment les insectes utiles, comme les pollinisateurs. Enfin, à la différence des molécules composant les produits phytosanitaires chimiques, les virus sont capables de muter, ce qui limite l’apparition de résistances chez leur hôte.

Nécessité d’une lutte intégrée Pour un contrôle efficace de la teigne guatémaltèque, l’utilisation de ce biopesticide viral doit néces-

60

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

sairement s’inscrire dans une stratégie de lutte intégrée. Dans cette perspective, l’équipe franco-équatorienne développe depuis 2006 des recherches en génétique, agronomie, et écologie : analyses moléculaires pour décrire la structure génétique des ravageurs, étude de l’influence des températures sur leur écologie grâce à des drones équipés de caméras thermiques… L’objectif est de mieux comprendre la dynamique des insectes et définir les bonnes pratiques pour limiter leur prolifération. Les chercheurs ont dans ce contexte mis au point des méthodes de sensibilisation des agriculteurs, basées sur des jeux de rôle, dont de nouveaux travaux viennent de montrer l’efficacité à l’échelle régionale (Équateur, Pérou, Bolivie). La formation

Le Phytophtora infestans provoque le ‘mildiou de la pomme de terre’, la maladie qui menace le plus la culture des pommes de terre dans les régions à climat tempéré. Elle coûte aux agriculteurs de Belgique environ 55 millions d’euros chaque année et les moyens de lutte contre cette maladie sont polluants pour l’environnement. Toutefois, des variétés ayant fait l’objet d’une amélioration génétique conventionnelle les rendant résistantes au Phytophtora font leur apparition sur le marché depuis quelques années et des lignées génétiquement modifiées résistantes au Phytophthora sont en cours d’élaboration. Les variétés résistantes conventionnelles ont vu le jour à l’issue d’un programme d’amélioration génétique complexe qui a duré des années. Ainsi, les variétés Bionica et Toluca possèdent un gène de résistance et la Sarpo Mira comporte un mélange de différents gènes produisant une grande résistance. Ces variétés sont utilisées à échelle réduite actuellement, principalement pour la culture biologique. Les pommes de terre Bionica et Toluca ne sont cultivées que pour le marché du frais, car elles ne disposent pas des caractéristiques adéquates pour la transformation industrielle. La Sarpo Mira sert généralement à la fabrication des frites. Dans les pommes de terre génétiquement modifiées résistantes au Phytophtora en développement sont implantés généralement plusieurs gènes de résistance, de même que dans une variété aux caractéristiques intéressantes pour l’industrie. Ces pommes de terre ne sont pas encore commercialisées, mais elles sont testées en champ expérimental à différents endroits.


Une collection de 1200 variétés ! L’Institut de Génétique, Environnement et Protection des Plantes (IGEPP) de l’Inra France conserve sur le site de Ploudaniel une collection de pommes de terre et espèces apparentées unique en France. Ainsi, plus de 1 200 variétés cultivées, autant de clones appartenant à 32 espèces sauvages proches parentes de la pomme de terre et 11 000 clones issus de différents programmes de recherche sont conservés sous forme de plantules in vitro ou de tubercules multipliés aux champs ou en serres. Dans ce matériel végétal foisonnant et précieux, les scientifiques traquent les gènes de résistances aux nombreux parasites de la pomme de terre. Première production végétale non céréalière du monde, la pomme de terre est sensible à un vaste cortège de parasites. Dans les serres et les laboratoires de l’INRA de Ploudaniel, les chercheurs multiplient et testent les variétés et hybrides pour dénicher les gènes qui permettront de résister aux principaux pathogènes du feuillage et des tubercules : mildiou, nématodes, virus… Ils ont ainsi créé et proposé des géniteurs à l’origine de nouvelles variétés récemment inscrites au catalogue français par les obtenteurs : Coquine, variété résistante au mildiou inscrite en 2008, Iledher, variété résistante au nématode à kystes inscrite en 2009, Cephora, variété résistante au mildiou inscrite en 2013. A noter que l’unité assure également la préservation des ressources génétiques nationales pour les Brassica (choux, colza), les Allium (échalote et ail) et les Cynara (artichaut et cardon). L’ensemble de ces collections sont regroupées et gérées par BrACySol, centre de Ressources Biologiques (CRB).

Obtenir des variétés améliorées La génétique et l’hérédité de la pomme de terre sont complexes, et la mise au point de variétés améliorées par les croisements traditionnels est difficile et prend du temps. La sélection assistée par marqueurs et autres techniques moléculaires est désormais très répandue pour compléter les approches tradition-

nelles. Les marqueurs moléculaires, en aidant à identifier les traits désirés, simplifient la sélection des variétés améliorées. Ces techniques sont actuellement appliquées dans un certain nombre de pays en développement et en transition, et des variétés commerciales devraient être mises sur le marché au cours des prochaines années.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

61


SALON

Aujourd’hui à Fruit Logistica

Demain dans vos assiettes Bilan remarquable de l’édition 2014 du salon FRUIT LOGISTICA de Berlin. Du 5 au 7 février, ce sont pas moins de 62 000 visiteurs professionnels en provenance de 140 pays qui ont sillonné les allées du salon. Plus de 2 600 exposants venus de 84 pays ont présenté non seulement l’éventail complet des divers produits et services de la filière fruits et légumes, mais aussi de nombreuses innovations qui marquent une véritable révolution et qui rendent l’offre encore plus variée pour les consommateurs.

A

ujourd’hui, dans le monde entier, les facteurs santé, praticité, plaisir et développement durable sont les plus influents en qui ce qui concerne la consommation des fruits et légumes. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux bienfaits que peut leur procurer la nourriture. Un intérêt particulièrement favorable est accordé aux fruits et légumes, puisqu’ils sont considérés par les consommateurs comme naturellement sains et bénéfiques à la santé, les recommandations de la FAO de 5 fruits et légumes par jour en sont témoin. Le changement des habitudes de consommation, des techniques de production et la prise de conscience environnementale sont autant de raisons d’innover pour offrir des produits qui répondent à l’ensemble des attentes. Dans ce sens, Fruit Lo-

62

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

gistica offre une grande diversité de produits, mais aussi de services, tous voués à acheminer fruits et légumes frais jusqu’à l’assiette du consommateur et ce pendant toute l’année. Avec 90% des exposants et 80% des visiteurs professionnels venant de l’étranger, ce salon fait certainement partie des manifestations les plus internationales du monde. Les principaux objectifs visés par les exposants sont de présenter leur entreprise, de fidéliser les clients habituels et d’en séduire de nouveaux. La mission a été en grande partie accomplie puisque, selon les sondages, plus de 90% d’entre eux ont jugé positifs les résultats commerciaux de leur participation au salon. Par ailleurs, 90 % estiment que les retombées commerciales après le salon seront très bonnes. «Nous avons pu établir de nombreux nouveaux contacts. De nouvelles idées issues des entretiens vont mainte-

nant être prises en compte dans des projets», explique un exposant. Les visiteurs professionnels ont été caractérisés par leur internationalité et leur haut pouvoir de décision au sein des entreprises qu’ils représentent. La majorité d’entre eux provenait de l’Europe (71 %), de l’Amérique (11,5 %), de l’Afrique (8,4 %), du Proche et du Moyen-Orient (4,6 %), de l’Asie (2,6 %) et de l’Océanie (1,9 %). Leurs principaux objectifs sont généralement de nouer de nouveaux contacts, notamment avec les fournisseurs, de découvrir des nouveautés, d’observer les évolutions du marché et la concurrence. Leurs centres d’intérêt étaient avant tout portés sur les fruits et les légumes frais, les emballages et les machines de conditionnement. Les producteurs de fruits et légumes, les représentants de l’import-export ainsi que du commerce de gros et de détail ont été les plus importants


groupes de visiteurs professionnels.

Stimulant des innovations

En tant que plate-forme des innovations, FRUIT LOGISTICA a organisé une nouvelle série de manifestations intitulée «Future Lab» qui a permis aux visiteurs professionnels

Prix de l’innovation 2014 Contrairement au «Future Lab», les nominés au concours FRUIT LOGISTICA Innovation Award sont des produits et des services qui ont déjà été lancés sur le marché. Cette distinction est décernée pour rendre hommage aux nouveaux produits et services exceptionnels dans le secteur des fruits et légumes et pour récompenser les innovations qui marquent une véritable révolution pour cette filière. Cette année, le premier prix a été décerné au «BBQ Grill-Mix» de l’entreprise suisse Eisberg. Il s’agit d’une solution rapide et facile pour les amateurs du barbecue. Le mélange de légumes «prêt à griller» est proposé dans une barquette en aluminium recyclable qui peut être aussi bien utilisée sur un barbecue que dans un four.

L’Argentine pays partenaire officiel L’Argentine est le pays partenaire de l’édition 2014 de FRUIT LOGISTICA. Figurant parmi les plus grands pays producteurs de fruits et légumes de l’hémisphère sud, l’Argentine exporte une grande quantité de produits dans plus d’une centaine de pays. Au cours des dernières années, ses recettes d’exportation ont atteint 1,7 milliard de dollars. Ce chiffre montre l’importance croissante que revêt l’Argentine, en tant que pays producteur et exportateur, pour le secteur mondial des fruits et légumes. L’Argentine exporte actuellement plus d’1,9 million de tonnes de fruits et de légumes par an. Parallèlement à l’accroissement de la prospérité générale dans

d’avoir un aperçu de l’avenir de la filière. Des projets qui enrichissent en peu d’années le secteur des fruits et légumes par des innovations ou qui peuvent contribuer d’une manière décisive à l’optimisation le long de la chaîne de valeur, ont été présentés dans le «Future Lab».

Chaque barquette est emballée sous vide dans un film spécial – pour une fraîcheur particulièrement longue du produit et une présentation optimale dans les points de vente. Le film se retire de la barquette sans laisser de résidus sur les aliments à griller. En deuxième place, les visiteurs professionnels du salon ont voté pour le produit «Oriental Mixed Living Salad» de la société Home Harvest Salad, Angleterre. Le mélange oriental de salades est unique en son genre et composé de coriandre, de pak choi, de moutarde et de tatsoi. Les «Vegetable Crumbs» de l’entreprise italienne Aureli ont occupé la 3e place. Il s’agit de chapelures de légumes, à savoir carottes, carottes violettes, betteraves, céleris et épinards, qui ne contiennent ni gluten ni conservateurs.

toute l’Amérique latine, la branche a pu enregistrer au cours des dix dernières années un taux de croissance annuel de 11,2%. Avec une part de 32% des exportations, l’Europe reste le principal partenaire commercial du pays, suivi du Brésil (28 %), de la Russie (11 %) et des Etats-Unis (7 %). Parmi la multitude de produits argentins exportés, on peut citer quelques fruits, tels les fruits à pépin (les pommes, les raisins et les poires – l’Argentine étant le plus grand exportateur mondial de ces dernières), les agrumes (les citrons, les mandarines, les oranges et les pamplemousses), les fruits à noyau (les cerises, les prunes, les pêches) et les baies (les myrtilles et les fraises). L’Argentine est également renommée dans le monde entier pour son ail et ses oignons, ses citrouilles, ses olives, ses pommes de terre et ses tomates.

La prochaine édition de FRUIT LOGISTICA aura lieu du 4 au 6 février 2015.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

63


Fruit Logistica 2014

Un salon, des promesses et des réalisations

L

Abdelmoumen Guennouni

a promotion des exportations à l’échelle internationale est une tâche ininterrompue et le Maroc se doit d’être présent dans tous les forums dédiés au commerce international de ses produits phares dont les fruits et légumes, afin de communiquer sur le potentiel productif et export Marocain et élaborer des contacts professionnels avec les importateurs émanant des quatre continents. C’est ainsi que Maroc Export a organisé cette année encore la participation marocaine au salon Fruit Logistica de Berlin 2014, l’un des salons les plus importants du monde. Les groupes exportateurs marocains en vue ainsi que les associations 64

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

professionnelles (ASPAM, APEFEL, ASPEM, AMCEF) étaient présents avec leurs stands et leurs représentants, pour l’exposition d’une gamme variée de fruits et légumes frais. Une grande nouveauté entreprise cette année par Maroc Export, pour aider les exposants marocains, a consisté à centraliser et organiser les relations B to B avec les clients allemands, polonais et russes. C’est une première à saluer car les opérateurs marocains ont quelques difficultés à élargir leurs contacts dans certains pays à fort potentiel pouvant constituer de nouveaux débouchés pour nos produits. Il faut signaler à ce propos que la levée du monopole et la libéralisation des exportations

a entraîné une focalisation des exportateurs sur les marchés traditionnels, négligeant l’aspect prospection. Il est vrai que cette dernière est coûteuse, déborde souvent les impératifs des opérateurs et devrait être entreprise par une structure plus globale. D’ailleurs à propos de la participation marocaine, malgré son importance, n’échappe pas aux remarques de certains professionnels de la filière (voir p 66). Le magazine Agriculture du Maghreb pour sa part, était présent à son habitude et décrit à ses lecteurs l’ambiance de la contribution de notre pays à cet événement mondial.


SALON

Les agrumes à la recherche d’un nouveau souffle

P

our M. Ahmled Derrab, Secrétaire Général de l’Aspam, la participation marocaine à Fruit Logistica n’est pas seulement normale, elle est indispensable. En effet, au fur et à mesure de ses éditions, ce salon s’est confirmé comme un des premiers rendez-vous du commerce et distribution de fruits et légumes dans le monde. Par ailleurs et de par sa position géographique, Berlin est la porte des pays de l’Est européen qui recèlent encore un potentiel important de consommation en fruits et légumes, notamment les anciens pays de l’Est qui ont intégré l’Union Européenne au cours des 5-6 dernières années (Pologne, Hongrie, Bulgarie, Tchéquie, Lituanie) et une Ukraine qui est en ballotage entre Russie et UE. Ce potentiel est confirmé par les statistiques de consommation des pays européens qui montrent que ces nouveaux membres sont en deçà des anciens et, inévitablement, leur entrée dans l’UE va améliorer leur croissance suite aux investissements et soutiens qui entraineront un développement économique à même d’améliorer le pouvoir d’achat en termes d’export de fruits et légumes. Il appartient par conséquent aux opérateurs marocains de bien profiter de ce potentiel. Pour le Maroc, on prévoit la mise en place d’un programme de mise à niveau du secteur pour le développement des superficies et productions, puisque pour 2018 les prévisions tablent sur 2,9 Mt dont 1,3 Mt export contre 500.000 t aujourd’hui. Il faudra donc inévitablement trouver des débouchés pour ces tonnages. Malheureusement, poursuit M. Derrab, depuis la libéralisation en 1986, le marché allemand, comme plusieurs autres, a été déserté et négligé par les exportateurs marocains. Alors qu’il constituait 60% des exportations aujourd’hui il est à moins de 30% suite à une focalisation

sur un marché russe qui est en train de s’essouffler. Et comme la nature a horreur du vide, la concurrence turque et égyptienne est là pour occuper la place vacante. Devant la situation catastrophique des prix des exportations d’agrumes cette année, essentiellement sur le marché russe, M. Derrab reste optimiste (comme à son habitude). Il indique qu’une réorganisation est en cours pour explorer d’autres potentialités sur les 3-4 années à venir. Il souligne aussi, que depuis la fin du monopole, le domaine des exportations est caractérisé par la liberté d’entreprise. Cependant, cette liberté doit être organisée dans le respect de la qualité, du logo et de l’origine Maroc. Il est primordial de sauvegarder l’image de marque et d’éviter tout ce qui peut lui nuire, à commencer par le dosage des marchés, ce qui impose plus de concertation et de coordination entre les opérateurs supposant discipline, respect du calendrier, des dates, … Concernant le dosage des marchés, il s’agit de ne pas les surcharger et de donner à chaque destination ce qu’elle peut supporter pour obtenir des prix raisonnables, càd qui couvrent les charges et ménagent une recette suffisamment rémunératrice pour le producteur, sinon nous risquons gros. Il faut aussi établir des normes plus stricte de qualité afin de les rendre plus conformes aux évolutions et exigences des marchés (brix, % de jus, calibre, variétés, …) ainsi que le respect de la nature concernant la maturité et la fixation de dates d’export des différentes variétés au mieux de leurs qualités gustatives. En outre il faudrait être plus imaginatifs pour consolider notre position sur d’autres débouchés sur lesquels il faut travailler plus sérieusement. Cependant, il est regrettable de constater que tout le monde ‘’se sert’’ préalablement au niveau des différents maillons de la filière et il ne

Conférence de presse Maroc export De gauche à droite :Mr Omar Zniber, Ambassadeur du Maroc en Allemagne et Mme Zahra Maafiri, directrice de Maroc Export.

reste rien pour le producteur.

Conférence de presse Maroc export

Une conférence de presse, organisée par Maroc Export, s’est tenue en marge du salon. Y assistaient l’ambassadeur du Maroc en Allemagne, Mr Omar Zniber, la directrice de Maroc Export Mme Zahra Maafiri, des représentants des associations de producteurs exportateurs de fruits et légumes, le directeur du port Tanger Med, en plus bien sur des représentants de nombreux médias internationaux. Au cours des différentes interventions, différentes problématiques ont été abordées parmi lesquelles l’importance du développement des échanges et du partenariat maroco-allemands, la concurrence sur le marché allemand, la qualité des produits marocains et l’intérêt que leur porte le consommateur allemand, essentiellement le bio. De même il a été souligné la transformation du système de commercialisation dans certains pays dont l’Allemagne suite à l’importance prise par la grande distribution et le discount et la nécessité de s’adapter à ces changements, aux standards et à la demande et besoins du marché ainsi que l’accompagnement des producteurs marocains dans ce sens.

Par ailleurs, les problèmes logistiques ont été soulignés. En effet ils handicapent les exportations marocaines et le lancement du port de Tanger Med, qui place les produits marocains à moins de 48 h de l’Europe occidentale, contribuera à résoudre cette problématique. Le port de Tanger Med, qui fait partie de la nouvelle stratégie de logistique, servira donc pour le Maroc comme plateforme d’export non seulement vers l’Europe mais aussi vers l’Afrique, le Canada, le Golf etc. et permettra le renforcement des liens avec les 5 continents.

Une démarche B to B à encourager Entretien avec M Loïc Brunot (Sopexa), consultant Allemagne, facilitateurs de contacts et de conseils. Contexte Après une 1re expérience à l’occasion du salon Anuga (Cologne octobre 2013) au cours de laquelle un accompagnement individualisé a été assuré aux entreprises exposant à cette occasion, Maroc export a confié au relais international (société SOPEXA) une nouvelle mission. Cette société a été chargée d’assurer, dans le cadre de la mission

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

65


SALON

1

- Leur proposer une solution complète concernant leur présence au salon - Faire venir les visiteurs et assurer les contacts commerciaux. A noter que, en Allemagne, les exportateurs marocains n’ont pas toujours eu les bons contacts - Générer de nouveaux contacts commerciaux, valider les anciens et avoir un point de vue extérieur - L’objectif principal est de trouver de nouveaux débouchés commerciaux

Déroulement de l’opération : 4 étapes 1re étape : au Maroc

2 3

Présentation, à Casablanca, au siège de Maroc export le 28/01/2014 de données sur le marché allemand et d’Europe de l’Est (Pologne et Russie), de conseils sur la prospection de ces marchés particuliers et la meilleure façon de se comporter vis-à-vis des acheteurs de ces pays. De même, des rendez-vous individuels d’entreprise ont été organisés pour les exposants à Fruit Logistica avec les consultants afin d’établir un diagnostic export préalable.

2ème étape : phase préparatoire

4

Les équipes des consultants ont contacté par mail l’ensemble des donneurs d’ordres en Allemagne, Russie et Pologne (importateurs, grossistes, centrales GMS). L’opération s’est déroulée très rapidement vu les délais courts qui lui ont été consacrés avant l’ouverture du salon. Ultérieurement et suite aux contacts établis, 450 donneurs d’ordres allemands, russes et polonais ont été appelés au téléphone et plusieurs d’entre eux ont annoncé leur présence au pavillon marocain du salon.

3ème étape : au salon 1. Stand APNM 2. Stand Agri -Souss 3. Stand Delassus 4. Stands des associations APEFEL, ASPAM, ASPEM et AMCEF

B to B organisée en marge du salon ‘‘Fruit Logistica 2014’’, une assistance aux exposants du pavillon marocain. Cette initiative est entreprise pour la première fois et peut être porteuse d’espoirs de faire profiter nos exportateurs d’une bonne connaissance des marchés allemand, polonais et russe.

Objectifs

- Apporter aux exposants marocains aide, assistance et orientation dans leur activité dans le cadre du salon Fruit Logistica 66

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

Les donneurs d’ordre se sont présentés et ont été accueillis par une équipe permanente qui les a amenés au contact avec les exposants marocains. Elle avait pour rôle de les orienter, accompagner, mettre en contact avec possibilité de traduction. Au cours de ce salon les RDV B to B, réalisés pour le compte de Maroc Export ont concerné : - 16 donneurs d’ordre russes et polonais pour un total de 51 RDV ou mises en relations commerciales avec les exposants marocains (chaque don-

neur d’ordre ayant rencontré plusieurs sociétés marocaines parmi le secteur recherché) - 10 donneurs d’ordres allemands pour un total de 40 RDV ou mises en relations commerciales avec les exposants marocains.

4ème étape : l’après salon

La suite du travail relève des démarches à effectuer par les exportateurs eux-mêmes pour capitaliser les résultats des étapes précédentes et les contacts établis lors du salon. La démarche basique consiste à reprendre tous les contacts, envoyer des mails de remerciements et reprendre ce qui a été dit lors de la rencontre. Si une demande d’offre a été formulée, il faut répondre rapidement après le salon (priorité des entreprises). Par la suite, il faut régulièrement relancer les contacts, les informer des nouveautés ou des calendriers de production, qui peuvent changer d’une année à l’autre (précocité par rapport à d’autres origines, …). Il est fortement recommandé de revoir régulièrement les contacts et si possible, leur rendre visite chez eux, en dehors des salons, car les déplacements sont appréciés et sont un gage de sérieux et de fiabilité. La proximité crée un climat de confiance et les importateurs, essentiellement les allemands, doivent voir plusieurs fois le partenaire avant de signer tout engagement. Ensuite, il est primordial de respecter ses engagements (livraison, logistique, qualité, planning, …), maintenir la relation avec les contacts et fixer un RV dans le salon suivant. Cependant, cette démarche devrait être évaluée et répétée lors de prochaines occasions, en s’y prenant bien à l’avance, sachant qu’elle ne saurait donner de résultats que si les exportateurs y adhèrent largement. NB : Au cours de nos prochains numéros nous publierons des articles de présentation des marchés allemand, polonais et russe, leur importance et les opportunités qu’ils offrent aux exportateurs marocains.

Avis de professionnels

De l’avis d’un visiteur marocain, habitué à Fruit Logistica et à d’autres salons internationaux, les exposants marocains manquent de dynamisme et font preuve d’une faible agressivité comparés à ceux d’autre pays présents à


cette exposition où la concurrence est acharnée, les erreurs ne pardonnant pas et étant quasiment impossibles à rattraper. Concernant les produits marocains exposés, le visiteur note cette année, un peu plus de diversification et d’originalité par rapport aux éditions précédentes avec des produits ‘‘exotiques’’ (plantes aromatiques et médicinales, myrtilles, kiwano, papaye, fruit de la passion) ainsi qu’une affluence légèrement supérieure aux années précédentes. Cependant, en circulant dans le pavillon marocain on voit peu de visiteurs ’’intéressants et intéressés’’. Les activités restent surtout maroco-marocaines, le stand le plus animé étant celui des dégustations et rien n’attire les étrangers par rapport aux autres pavillons. Tous les observateurs soulignent que, habituellement les exposants prennent des rendez-vous bien à l’avance et leur agenda surchargé et n’attendent pas des visiteurs de passage. D’ailleurs, certains grands groupes d’exportateurs marocains exposent ailleurs que le pavillon Maroc pour mettre en vue une image personnalisée de leurs produits et marques. On a constaté aussi lors de cette édition, que nos exportateurs ne mettent pas bien en valeur leurs propres articles puisque les produits exposés étaient pratiquement identiques, sans grande différenciation d’un stand à l’autre Un producteur déplore pour sa part, que les exportations marocaines soient handicapées par une offre atomisée (petites structures). Ainsi par exemple dans la filière fraise on trouve 20 opérateurs qui interviennent pour 50.000 t de produit. La faiblesse des volumes n’intéresse pas les importateurs. Le respect de la qualité et des normes n’est pas toujours visible et pour la clémentine le label Maroc devient même négatif. En ce qui concerne l’emplacement du Pavillon Maroc dans le salon Fruit Logistica, un participant fait état de quelques murmures d’insatisfaction de la part des exposants auxquels il répond que ce n’est pas l’emplacement qui fait l’exposant, mais c’est tout le contraire. ‘‘On ne vient pas à Fruit Logistica pour attendre les clients de passage, ajoute-t-il. Un salon comme celui là, est un fantastique point de ralliement des acheteurs de tous pays. Cela nécessite un travail de préparation, d’information et notamment des prises de rendez-vous’’. ‘‘Quant au marché allemand, l’offre marocaine en agrume y est inexistante

pour la simple raison que nous n’y avons pas de place. Les grosses coopératives espagnoles dominent et verrouillent le marché. Cela dit, je pense qu’ils ne s’en sortent pas très bien et qu’il faudra peut être y revenir avec une offre supérieure et surtout avec une meilleure qualité que nos concurrents’’ conclue-t-il.

1

Support médiatique aux exportateurs

Comme il l’a fait depuis 8 années, le magazine Agriculture du Maghreb était présent à Fruit Logistica 2014 pour soutenir les exportations marocaines et l’agriculture en général. Seul média présent au salon berlinois avec un stand et une équipe étoffée (rédaction, direction, régie publicitaire à l’étranger), le magazine s’était préparé à ce rendez vous en concertation avec les exportateurs présents sur le pavillon Maroc. En effet, à cette occasion, un numéro spécial a été édité en anglais pour être à la portée de tous et a été distribué, en plus des nombreux stands exposant au salon, à tous les visiteurs qui ont fréquenté le pavillon marocain. Ce numéro avait pour objectif de mettre à la disposition des professionnels une vision synthétisée de l’agriculture marocaine et de l’offre destinée à l’export. Il montrait aussi les visuels des exportateurs destinés à mettre en avant leurs atouts et leurs produits et permettait aux professionnels du commerce international d’avoir une idée sur les opportunités que leur offre notre pays. Le magazine a présenté aussi sur son stand des exemplaires représentatifs de ses numéros précédents afin de permettre à ceux qui le désiraient parmi les visiteurs de s’informer de façon plus approfondie, à travers les articles adéquats, sur l’agriculture marocaine dans toute sa diversité et ses filières. Rappelons que sur le site agriculturedumaghreb.com on peut consulter

2 3

4

les archives du magazine. A travers ces outils et les réponses fournies aux questions des visiteurs (aussi diverses que leurs origines), l’Agriculture du Maghreb espère avoir rempli son rôle de soutien et porte parole inconditionnel et objectif de l’agriculture marocaine. La revue promet aussi d’être présente, comme à son habitude depuis son lancement, à toutes les manifestations agricoles en vue de jouer sont rôle d’information et de vulgarisation.

1. Stand Aromafresh 2. Stand Groupe Kantari 3. Stand CMCP 4. Stand Bodor

Couverture du numéro spécial FRUIT du MaghrebAgriculture du Maghreb LOGISTICA d’Agriculture Agriculture du Maghreb. N° 73 Février 2014 67 N° 73 Février 2014 67


Alerte

Drosophila Suzukii

Biologie – Situation – Gestion du ravageur Originaire du sud-est de l’Asie, Drosophila suzukii a été identifiée pour la première fois en Europe – en Espagne – en automne 2008. Depuis, cette mouche connaît une progression spectaculaire. Identifiée en France officiellement en 2010, elle cause des dégâts très importants sur de nombreuses espèces fruitières, notamment sur cerises et petits fruits rouges. Invasive, polyphage et prolifique, Drosophila suzukii est un ravageur redoutable contre lequel il faut mettre en œuvre tous les moyens de lutte nécessaires. Cet article donne un aperçu sur le ravageur et sur l’expérience française dans le domaine de la lutte.

Détermination Il est possible de déterminer l’espèce avec certitude par l’observation des adultes. Les larves peuvent être confondues avec d’autres espèces de drosophiles ou de diptères, comme la mouche de la cerise. Pour confirmer la présence de Drosophila suzukii, il est recommandé de conserver les fruits affectés dans une boîte hermétique ou fermée avec un filet insect-proof à maille très fine et attendre au moins une journée après l’émergence des adultes pour identifier l’espèce : apparition de tâches noires sur les ailes des mâles, seul l’ovipositeur de la femelle visible à la loupe permet la détermination. Son identification précise repose sur différentes caractéristiques morphologiques qui doivent impérativement être observées. L’adulte pond ses œufs dans des fruits. Contrairement à d’autres drosophiles (120 espèces en Europe), Drosophila suzukii s’attaque aux fruits sains à différents stades de maturité. Les larves ont l’aspect de petits asticots de couleur blanc crème d’environ 3 mm à maturité (3 stades larvaires). Elles se nourrissent de la pulpe à l’intérieur des fruits qui s’affaissent très rapidement puis subissent des attaques secondaires de champignons ou bactéries. Des fruits sains en apparence au moment de la récolte se retrouvent liquéfiés le lendemain avec jusqu’à 10 asticots par fruit. Contrairement à la majorité des espèces de Drosophiles qui se développent sur des fruits déjà abîmés voire en décomposition, les femelles D. suzukii pondent dans des fruits sains matures ou en cours de maturation. La mouche introduit ses œufs en perçant la peau des fruits

68

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

et les larves se nourrissent de la pulpe, favorisant le développement de bactéries et de moisissures entraînant un pourrissement du fruit. Les dégâts produits sont importants, avec des pertes estimées à plus de 80% dans certaines exploitations. Bien adaptée au climat tempéré, elle possède une grande capacité de reproduction et présente une mobilité importante. La diversité des fruits hôtes utilisables permet sa reproduction et son développement pratiquement toute l’année, dans et en dehors des zones cultivées. L’expansion et l’acclimatation de ce ravageur représentent ainsi un risque majeur pour les zones de production des cultures attaquées. Le cycle biologique de D. suzukii peut être très court, et atteindre jusqu’à 13 générations par an notamment au Japon. Les femelles seraient fécondées avant la période hivernale, et passeraient l’hiver sous forme adulte dans divers refuges dans les anfractuosités des arbres ou les litières de feuilles mortes. Le cycle débute dès l’apparition des premiers fruits comme les cerises et les fraises en tout début de maturation. La couleur des fruits constitue un facteur prépondérant d’attractivité pour l’insecte notamment dans le spectre rouge foncé à violet. L’insecte est très mobile au sein de la parcelle, entre parcelles mais aussi à une échelle locale voire régionale. Il se déplace à la recherche de sources de nourriture, d’hôtes pour se reproduire et en fonction du climat. La pression de l’insecte est très liée à l’environnement de la parcelle. Sa répartition au sein d’une petite région n’est pas homogène et régulière dans l’espace et dans le temps, ce qui rend la lutte très difficile.

Mâle

Femelle

27 millions de mouches en 3 générations Drosophlla suzukii effectue son cycle biologique entre 8 et 28 jours en fonction de la température (21 à 25 jours à 15°C, 8 à 13 jours à 25°C). On compte 3 à 13 générations par an. Les 3 stades larvaires se font dans les fruits. La pupaison se fait dans le fruit, sur le sol ou dans le sol, entre 3 et 15 jours. La fécondité se résume à des pontes de 7 à 16 œufs par jour et par adulte, ce qui équivaut à 300 œufs par femelle sur 1 génération soit 27 millions de mouches en 3 générations. En hiver, l’adulte entre en repos sur le sol ou sous les feuilles lorsque les températures sont inférieures à 5°C et réémerge lorsque les conditions sont favorables.

Stratégies de protection Le grand nombre d’œufs pondus, la succession rapide des générations, la forte densité de plantes hôtes cultivées ou sauvages, la bonne adaptation au climat tempéré ainsi que la forte mobilité des mouches et leur dissémination potentielle dans les fruits récoltés constituent un grand risque qu’elles s’installent durablement et provoquent de grosses pertes de récoltes.


Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

69


L’utilisation d’insecticides ne suffira pas toute seule pour maîtriser ce nouveau ravageur car on peut s’attendre à ce que Drosophila suzukii développe rapidement des résistances, sans compter que des traitements seraient nécessaires pendant les récoltes puisque les attaques surviennent peu avant et à cause de l’immigration permanente de nouvelles drosophiles dans les vergers et de l’étalement des récoltes de la plupart des espèces de petits fruits. Il faudra donc développer de multiples stratégies à long terme pour assurer une maîtrise durable et efficiente de Drosophila suzukii. Des programmes de recherche ayant démarré dans la plupart des pays européens, on peut ainsi espérer une rapide amélioration des connaissances et la possibilité d’adapter continuellement les recommandations phytosanitaires en fonction des résultats des recherches.

Mesures prophylactiques Dans la mesure du possible, tout doit être fait pour éviter la pullulation de l’insecte dans les cultures. Il est donc recommandé de : - ne pas trop espacer les cueillettes des cultures à récolte étalée (framboises ou fraises). Les fruits à pleine maturité sont en effet plus exposés aux pontes. - veiller à la bonne aération des plantations (nettoyage régulier des vieilles feuilles sur fraisier, éclaircissage des latérales basses excédentaires et liOeuf mitation du nombre de cannes/mètre linéaire sur framboisier). - ne pas laisser de fruits en sur-maturité ou infestés sur le plant ou tombés au sol. Ces déchets sont à évacuer des parcelles de cultures et à détruire régulièrement au moment de la récolte. - ne pas laisser de Larve fruits sur les cultures si la récolte est compromise. Un simple traitement généralisé de la culture à «sur maturité » est déconseillé dans la mesure où il ne garantit pas une efficacité à la fois Pupe

70

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

sur les adultes, les pontes et les larves. Les fruits atteints ou à sur-maturité qui sont récoltés par mesure prophylactiques doivent être placés dans des sacs en plastique fermés hermétiquement et laissés au soleil pour permettre une forte élévation de la température. En cas d’enfouissement, celui-ci doit être profond, plus de 30 cm, et comporte des risques de réémergence. Le compostage n’est pas conseillé. La destruction est contraignante sur les exploitations mais elle est nécessaire. Les expériences en parcelle ont montré que sans évacuation et destruction des fruits touchés, les dégâts sont toujours aussi importants. Pour les fruits rouges, fraise et framboise, les « cueillettes serrées sont préconisées ». Les dégâts ont souvent été moins importants dans les fraiseraies récoltées trois fois par semaine plutôt que deux.

Raisonner la lutte phytosanitaire A court terme, la lutte chimique peut permettre de limiter les attaques de D. suzukii, mais les possibilités importantes de mutation de cet insecte risquent de favoriser les phénomènes de résistance. De plus, l’utilisation répétée d’insecticides à large spectre, toxiques sur les auxiliaires, est un handicap au développement de la production intégrée. Ceci est d’autant plus vrai que la disparition de la faune auxiliaire induit de fortes attaques des autres ravageurs (thrips, acariens...). « Ce n’est pas avec un cortège d’insecticides que l’on réglera le problème de Drosophila suzukii. Plusieurs méthodes de lutte doivent être mises en œuvre comme le piégeage massif, les barrières physiques du type filet qui, avec des mailles très fines, montrent une réelle efficacité, ou encore biologiques, comme certains auxiliaires puisque Orius semble être un prédateur de Drosophila suzukii. », explique une technicienne française. A noter qu’au Japon, pays d’origine, sa présence est décrite comme peu préoccupante avec certainement une régulation naturelle des populations. Des observations réalisées au centre CTIFL de Balandran (France) montrent que la faible humidité ambiante, des températures voisines de 30°C et une récolte deux fois par semaine rendent l’installation du ravageur plus difficile. La prophylaxie est incontournable, explique un professionnel français, en citant l’exemple d’un producteur sur deux hectares de petits fruits qui, en supprimant un roncier proche des serres, taillant strict, supprimant les drageons ayant produit, cueillant rapproché, éli-

Si l’on sait reconnaître une drosophile, l’identification des mâles est possible à l’œil nu ou avec une loupe à faible grossissement par la détection d’une tache noire spécifique à l’extrémité de chaque aile. L’identification des femelles, plus délicate, ne peut se faire qu’à l’aide d’une loupe binoculaire. Dans tous les cas lorsque l’insecte n’a pas encore été observé dans la culture, il est préférable de faire réaliser la détermination par une personne expérimentée. minant les fruits a sur maturité, a surmonte le problème Drosophila. Cette prophylaxie est aussi efficace contre le botrytis. Mais il s’agit là d’un vrai travail qui nécessite de sensibiliser et de former le personnel et qui a un coût. Les traitements insecticides sont donc à utiliser en dernier recours. En France, en 2012, quatre matières actives étaient utilisables sur myrtille, framboise et mure : trois adulticides à positionner en début de vol pour casser la dynamique de développement et un ovicide au moment de la récolte.

Techniques de piégeage

Le piégeage est une technique facile à mettre en place. La pose de pièges est recommandée dans le but de détecter les premiers vols et de déclencher si nécessaire la mise en œuvre de moyens de lutte. Pour le piégeage de surveillance de D. suzukii, il existe différents types de pièges (artisanaux, professionnels). Ils peuvent être réalisés de façon artisanale à partir d’une simple bouteille en plastique. Pour cela, trois séries de 2 trous de 0.5cm de diamètre sont réalisées sur la moitié de la bouteille en plastique. Une ficelle est disposée au niveau du goulot afin d’accrocher le piège. L’attractif le plus souvent utilisé pour le suivi de D. suzukii est une solution constituée d’un volume d’eau pour un volume de vinaigre de cidre, à laquelle on ajoute une goutte de liquide vaisselle. Le niveau de l’attractif doit être surveillé car une évaporation due au vent et au soleil est possible. Il existe également un autre mélange à base de levure ordinaire. Face à ces pièges ‘’artisanaux’’, les fabricants de pièges professionnels comme Biobest mettent en avant de nombreux avantages de leurs pièges performants et de l’attractif utilisé, notamment : Avantages du piège DROSO TRAP : - La couleur rouge spécialement étudiée pour attirer le plus grand nombre de drosophiles. En effet, tous les rouges n’attirent pas au même degré la Drosophila suzukii. - Couvercle transparent : il s’agit d’un critère important pour maintenir les drosophiles capturées dans le piège. - Rapport idéal Volume du piège/surface d’évaporation (trous) : un bon piège doit évaporer de manière suffisante afin que les drosophiles puissent détecter l’odeur de


l’attractif avant celle des fruits de la culture. - Forme conique des trous : un trou simple peut laisser une drosophile ressortir, mais la forme conique du piège rend cette tâche beaucoup plus difficile pour l’insecte - Matière plastique durable : ce qui permet de réutiliser le piège pendant trois saisons, d’où son avantage économique par rapport à des pièges moins stables. Avantage de l’attractif DROS’ATTRACT - Sélectivité : La majorité des attractifs ne sont pas spécifiques pour D. suzukii, mais attirent toutes sortes d’insectes. Donc si le piège n’est pas sélectif, la contamination par d’autres insectes rendra impossible la lecture du piège. - Propreté et transparence : c’est un attractif liquide et transparent qui rend l’observation des drosophiles beaucoup plus facile dans le piège. De plus, au moment de changer le piège, il n’y a que très peu de salissures. Les levures utilisées dans les pièges artisanaux ne sont pas transparentes et salissent le piège. - Attractif toute l’année : il est à base de

vinaigre et d’autres composés qui le rendent encore plus appétant pour D. suzukii. Les levures, elles, ne sont efficaces que lorsque les températures sont élevées et elles n’attirent pas les drosophiles de manière égale sur toute la saison. - Longévité : il peut durer jusqu’à 2 ou 3 semaines en conditions de températures fraiches. Les levures durent moins. Si D. suzukii a déjà été détectée dans la culture, le piège peut être installé dans celleci. Dans le cas contraire, il est préférable d’installer le piège en dehors (extérieur du tunnel, haie proche du verger etc.) afin de ne pas favoriser l’entrée de D. suzukii dans la culture.

Piégeage de masse

Les piégeages de masse peuvent être faits avec les mêmes pièges que pour la surveillance du vol, mais il faut poser un

piège tous les 2 à 10 mètres. Au début de la coloration des fruits, les pièges doivent être posés d’abord dans les bords des parcelles pour retarder l’immigration des drosophiles dans les cultures. Plus tard, les pièges doivent être disposés dans toute la culture selon un quadrillage. Des essais italiens ont montré que les piégeages de masse ont une efficacité nettement meilleure que les traitements répétés.

Suivi des populations

La mise en évidence de la corrélation entre les niveaux de piégeage réalisés sur une parcelle et les dégâts est difficile et ne permet pas d’anticiper l’apparition des premiers dégâts par le piégeage. Néanmoins la pose de pièges dans les parcelles de production permet de détecter le début du vol et de déclencher si nécessaire la mise en œuvre de moyens de lutte.

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

71


Solidarité

Green day 2014 : 7ème édition Planter à un arbre contre l’avancée du désert Par : Ali Zahri, Ingénieur agro-économiste, Représentant au Maroc de l’ONG Azekka France-Maroc www.azekka.org

Depuis 2008, au mois de février de chaque année, des étudiants européens se lancent dans un rallye éthique et écologique de type nouveau avec comme point culminant la célébration du « Green Day » ou journée verte dans une oasis aux portes du désert. Le choix de la zone de plantation se fait au préalable par une équipe de la société organisatrice du Rallye en collaboration avec une association locale partenaire et l’ONG Azekka France-Maroc.

D

ans ces espaces à écosystème fragile et où la vie est difficile, les oasiens ont su créer une véritable civilisation de l’aride, basée sur l’économie de l’eau, une forme de domestication spécifique des formes de vie, une organisation socio-économique exemplaire. Ils ont façonné de très beau paysage avec une architecture remarquable des palmiers, des canaux d’irrigation (séguias) qui sillonnent les parcelles dans une organisation exemplaire. Un travail de spécialiste, malheureusement menacé par un tourisme non respectueux de l’environnement. En effet, le Maroc est une destination touristique privilégiée surtout dans les zones sahariennes et présahariennes. Cependant, les activités de tourisme et de loisirs ne participent que très peu à l’amélioration des conditions de vie des populations. En réalité, les visiteurs en général n’entretiennent que peu de relations avec les communautés des localités qu’elles traversent, notamment dans le cas de circuits touristiques aménagés. Cela est encore plus vrai dans le cadre du tourisme sportif ou les villages traversés et les populations qui y vivent ne sont que des cartes postales animées. Il y a donc une faible conscience des problèmes rencontrés par les paysans des oasis. Ainsi, pour les communautés locales, les

aspects négatifs du tourisme sont bien plus apparents que son potentiel à contribuer à un développement local et à un échange culturel.

Objectifs Le Green Day a pour objectif de promouvoir une nouvelle vision du tourisme basée sur le partenariat entre visiteurs et communautés visitées pour une meilleure contribution au reboisement des palmeraies et à l’amélioration des conditions de vie. Par ailleurs, il vise à promouvoir des échanges culturels entre les communautés locales et les jeunes issus des pays du nord et de faire participer les étudiants aux travaux de diagnostic de ces écosystèmes fragiles dans le cadre de leur travail de fin d’étude. Le Green Day s’inscrit dans le cadre des programmes de lutte contre la désertification. Il permettra aux populations du village d’une part, de se sensibiliser aux questions environnementales et d’autre part d’améliorer leurs conditions de vie et ce par le développement de la culture du palmier dattier, pilier de l’agriculture oasienne et principale source de revenu dans la région. Il contribuera aussi à la lutte contre la pauvreté de cette zone soumise à un écosystème fragile.

L’idée centrale de cette initiative est que le passage du Rallye doit être un moment de solidarité au cours duquel des palmiers sont plantés par les jeunes étudiants et les populations, avec des actions de sensibilisation et d’appui aux populations locales. En outre, le Green Day est une opportunité de mobilisation des ressources pour des actions plus structurées.

Préparation du Green Day au niveau local L’association locale prépare des mois à l’avance l’évènement. Il y a tout d’abord une activité de prospection afin de choisir le périmètre de plantation et les parcelles des bénéficiaires. Cela se fait de façon concertée avec les communautés qui désignent les ménages ciblés. Ce périmètre fera l’objet d’une plantation de rejets du palmier dattier le jour de Green Day. Pour cela, il y a une activité de sensibilisation très intense avec des séries de contacts et de réunions avec les familles bénéficiaires pour la sensibilisation et l’information sur le projet, ses enjeux et les obligations de chaque famille. Les autorités locales sont également impliquées et s’engagent souvent sur les questions de sécurité et de repérage du circuit du Rallye.

Mobilisation des ressources en Europe Au niveau des universités européennes, le Green Day fait l’objet d’une grande

72

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014


Comment le projet a vu le jour ? campagne de communication. Un appel aux dons est lancé sur internet et chaque participant achète grâce à un bon de commande des éco-points (2 éco-point comprenant l’achat d’un rejet de palmier dattier, soit en moyenne 12 euros). La journée Green day consiste à faire un arrêt dans un village et participer avec la population, à la plantation des palmiers et à la sensibilisation aux questions environnementales. Les ressources collectées sont transférées à l’association locale pour l’achat des plants. Le reliquat des éco-points permet d’acquérir des pompes solaires et de soutenir d’autres actions d’adduction d’eau. A la fin du rallye, un prix «Green cup» est décerné à l’école ou l’université qui aura obtenu le plus d’éco-points.

Le Jour « J » Green Day Pour l’organisation du Green Day, 3 sous-comités sont mis en place : - Le premier se nomme Opération plantation. Il est responsable de la préparation des plants, trous, plantation, arrosage et entretien. - Le deuxième organise la journée scientifique autour d’une thématique «oasienne». Il doit se concerter pour choisir la thématique, prendre contact avec les intervenants et s’assurer de la préparation logistique. - Le sous comité Activités accompagnatrices prend contact avec les écoles villageoises, les femmes rurales, etc. Lors du Green Day, il est en effet prévu des exposés sur l’environnement pour les écoliers du village, les femmes du village animent des séances d’échange avec tatouage au henné et discussions, un match de foot est également organisé entre les étudiants et les jeunes du village. La nuit dans le désert est animée par un groupe folklorique local.

Bilan

Le bilan des 7 éditions du Green day est très satisfaisant avec prêt de 5000 Palmiers plantés. - La première édition a eu lieu en 2008 dans le village de Bani Moussi (province de Tata), 774 éco-points collectés pour le financement de la plantation de 774 palmiers. - En 2009 et toujours à Bani Moussi la 2e édition a eu lieu avec la collecte de 1128 éco-points, 250 palmiers-dattiers plantés et construction d’un bassin d’accumulation d’eau - En 2010, le green day a eu lieu au village El Begaa à Taous dans la province d’Errachidia, le record a été battu avec

Témoignage de Ali ZAHRI, ONG Azekka France Maroc « Fils des oasis que je suis, j’ai vécu les meilleurs moments de ma vie dans ces endroits sains depuis l’école primaire jusqu’à mes études du lycée. Je suis retourné pour y travailler avec un diplôme d’ingénieur agronome. Les 16 années passées à Ouarzazate m’ont permis de me forger une bonne connaissance de l’agriculture oasienne et développer un bon relationnel avec la société civile L’environnement est certes dur et difficile à vivre, et c’est justement la raison pour laquelle je me suis lancé un défis parce que je vois mal qu’un environnement comme celui là ne soit pas soutenu, appuyé et développé d’autant plus qu’il a été façonnée physiquement et socialement par des HOMMES au sens du terme. Ces Hommes (avec un grand H) ont rendu la vie possible ici avec le minimum de moyens. Dans ces espaces à écosystème fragile et où la vie est difficile, les oasiens ont su créer une véritable civilisation de l’aride basée sur l’économie de l’eau, une forme de domestication spécifique des formes de vie et une organisation socio-économique exemplaire. J’ai adhéré alors à Azekka France-Maroc, j’y suis toujours membre actif. Nous avons mis en place beaucoup de projets avec un minimum de moyens grâce à un travail bénévole des fondateurs français de l’ONG qui étaient eux aussi des touristes, soucieux d’un développement

3580 éco-points. Les étudiants étaient très efficaces, et très généreux aussi. Au total, 756 palmiers-dattiers sont plantés, une partie du montant a été transférée à l’association Bani Moussi pour l’achat et l’installation d’une pompe solaire. Avec le reste des éco-points, Hassi Labiad a pu acheter des amandiers et des oliviers pour certains ménages pauvres. Aussi, un programme de formation pour la population et surtout les femmes rurales du village El Begaa a été réalisé. - L’édition 2011 a eu lieu au village de Tafroukhte à 30 Km de Rissani, route d’Alnif avec la distribution de 800 palmiers. - Le nombre de palmiers plantés grimpe en 2012 à 1000 plants. Les bénéficiaires sont 50 familles du village de Timzguidate dans Province d’Errachidia. La journée a connu aussi l’installation de 5 panneaux solaires pour l’école du village (projet réalisé par les étudiants de Polytech’Paris UPMC). - En 2013, le rendez vous a été fixé à Tafersigte, 2420 éco-points ont été collectés.

équitable et d’un partenariat avec l’humain, ayant le gout du voyage solidaire. Ils ont pris l’initiative de créer l’ONG Azekka France-Maroc et de nombreuses adhésions ont suivi. Nous avons commencé à travailler sur plusieurs des chantiers, et sachant que le Maroc est une des destinations touristique privilégiée surtout dans ses zones sahariennes et présahariennes, nous avons constaté que les activités de tourisme et de loisirs ne participent que très peu à l’amélioration des conditions de vie des populations. Il y a donc une faible conscience des problèmes rencontrés par les paysans des oasis. Ainsi, pour les communautés locales, les aspects négatifs du tourisme sont bien plus apparents que son potentiel à contribuer à un développement local et à un échange culturel. Il fallait donc voir comment changer cette vision et développer des activités en faveur de la population et des oasis: C’est la naissance de «Green Day», la journée verte qui est à sa 7ème année et ça continue, preuve de réussite s’il en fallait ». Rendez l’année prochaine en 2015 dans le Tafilalet

Les étudiants ont planté plus de 500 palmiers. L’association Azekka a lancé en parallèle un concours de meilleurs dessins au profit des écoliers de France et de l’Ecole de Timzguidate. - En 2014, le nombre d’éco-points collectés a atteint 1650. 500 palmiers ont été distribués et plantés sur 50 parcelles d’agriculteurs de Tamzguidate. Lors de notre passage au mois d’Octobre 2013 pour repérer les lieux, les agriculteurs du village ont soulevé le problème de l’irrigation. L’association caritative Cœur de Gazelle et Azekka France-Maroc, ainsi que l’organisation du Students Challenge ont donc décidé tout d’abord de réparer la vanne hydraulique qui permet d’alimenter le canal d’irrigation pour les parcelles des villages de Tamsguidate et Tafersguite. Depuis maintenant plus de 3 mois, le projet prenait forme et grâce aux dons des équipages, c’est donc un premier projet finalisé avant le Green day. Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

73


Céréaliculture

Dr. Abdelhamid Ramdani, INRA Meknès

Stratégie nationale pour contrôler les maladies fongiques du blé

La production céréalière varie selon les saisons et ne couvre que 62% de la demande intérieure. Le déficit est ainsi comblé par l’importation qui est un véritable fardeau pour l’économie nationale et un risque potentiel pour la sécurité alimentaire. Ce déficit est dû au faible niveau de rendement qui est en fait la résultante de plusieurs contraintes structurelles et biophysiques : plus de 90% des aires de cultures sont en régime pluvial; un morcellement de plus en plus accru des parcelles (héritage); un faible taux d’utilisation des semences certifiées, d’engrais et de pesticides; les pertes en rendement de 10 à 80% occasionnées par les contraintes biotiques; et le faible niveau d’adoption de nouvelles technologies notamment la variété. Pour cette raison, le Plan Maroc Vert a lancé une stratégie visant à éviter la culture des céréales dans les zones marginales et les terrains accidentés tout en augmentant sa production de 45% à l’horizon 2020. Or, l’intensification de la production céréalière qui revêt une importance considérable est tributaire d’une forte adhésion de tous les opérateurs de la filière aux efforts du gouvernement. Le développement de la filière céréalière est donc tributaire de la maîtrise de l’ensemble de sa chaine de valeur dont l’ossature est la maîtrise des différentes composantes de l’itinéraire technique, notamment le volet protection phytosanitaire.

Les rouilles et la septoriose du blé :

résultats de la recherche et proposition de stratégie de lutte

Parmi les principales composantes de l’itinéraire, le volet protection phytosanitaire a une importance capitale, sachant que les blés sont sujets à de

1 2

nombreuses contraintes biotiques notamment les maladies cryptogamiques. Les surveillances menées annuellement par les chercheurs de l’INRA à travers les principales zones céréalières révèlent que les maladies les plus redoutables sont les rouilles et la septoriose des feuilles. Ces deux groupes de maladies occasionnent des pertes en rendement allant de 10 à 80%, selon les conditions climatiques et le degré de sensibilité de la variété utilisée. Des études ont montré que les pertes occasionnées par les attaques combinées de la rouille jaune, la septoriose et, à un degré moindre, la rouille brune sont de 47,4% par rapport au témoin traité. Il est à noter que dans cette situation, la sévérité combinée (% de tissu foliaire attaqué) a été de 60%. Or, si la variété est sensible et

3

les conditions climatiques favorables pour des attaques précoces (Photo 1) et pour le développement des maladies au cours du cycle de la culture, les pertes peuvent atteindre 80% (Photo 2) La rouille brune (ou rouille des feuilles) occasionnée par Puccinia triticina est relativement la plus prévalente dans toutes les zones céréalières (Photo 3). La rouille jaune ou striée (Photo 1 et 3), limitée habituellement aux zones limitrophes des montagnes, a été trouvée ces dernières années dans presque toutes les régions. L’extension de cette maladie est vraisemblablement due à l’émergence de nouvelles races adaptées aux températures clémentes et qui sont virulentes contre les gènes de résistance présents dans les variétés

Photo 1 : Attaque précoce de rouille jaune Photo 2 : Témoin sensible ravagé par les attaques combinées de rouille jaune et septoriose Photo 3 : Attaque simultanée de rouilles jaune et brune

74

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014


New Holland Agriculture

Nouvel espace visiteurs à Jesi, au centre de production mondiale pour les tracteurs spécialisés et polyculture-élevage New Holland Agriculture dévoile la création d’un nouvel espace destiné à accueillir les visiteurs sur son site de Jesi en Italie. Consacré aux gammes de tracteurs spécialisés et polyculture-élevage, cet espace dédié au cœur du centre de production est le faire-valoir de l’engagement de New Holland pour la qualité de sa production. Carlo Lambro: Brand President New Holland Agriculture (à droite) Santi Cugno: Jesi Plant Manager (à gauche)

New Holland Agriculture a dévoilé le nouvel espace visiteurs de son usine de Jesi en Italie. Jesi est le centre de production mondiale pour les tracteurs spécialisés et polyculture-élevage. Les gammes T4F/N/V, les chenillards TK et les gammes T4, TD5 et T5 sont fabriqués dans cette usine. « Nous souhaitons recevoir de nombreux clients New Holland en provenance du monde entier dans ce centre de production de Jesi.» commentait Carlo Lambro, Président de New Holland Agriculture. « Cela consolide encore notre engagement pour l’agriculture spécialisée qui prend une importance mondiale croissante. De plus, c’est la reconnaissance du travail admirable qui est effectué dans l’usine de Jesi.»

pour établir un contact professionnel de qualité avec New Holland.

Jesi : Centre de production des tracteurs spécialisés à l’avantgarde des technologies

Nouvel espace visiteurs

A son ouverture en 1977, Jesi était une unité de fabrication de composants pour tracteurs. Onze années plus tard, les premiers tracteurs sortaient de la chaîne de production. Aujourd’hui, l’usine s’étend sur 64 000 m² et a produit plus de 650 000 tracteurs. Témoignage de son incroyable flexibilité, l’usine est capable de produire plus de 10000 configurations différentes. L’usine de Jesi est un employeur local important avec plus de 880 salariés qui ont permis la production de plus de 34 000 tracteurs en 2013.

L’espace visiteurs sera ouvert au public en 2014 et un programme complet de visites de clients est planifié. Basildon, Zedelgem, Coëx et maintenant Jesi, tous ces espaces visiteurs témoignent de la volonté de la marque à rester proche de ses clients. Ce nouvel espace deviendra un lieu privilégié

New Holland est le leader mondial pour la production des tracteurs T4 étroits, fruitiers et vignerons ainsi que le tracteur à chenilles TK4000. Ce dernier bénéficie d’une exclusivité sur le marché avec son système de chenilles SmartTraxTM. Le TD5 procure un confort exceptionnel grâce à la cabine VisionView™ et à l’inverseur hydraulique Power Shuttle. Le T5 Electro Command™ apporte la technologie de la transmission semi Powershift au segment des 95-115 ch. Avec les modèles T4 et T5, ils témoignent de l’engagement de New Holland pour une agriculture efficace et durable. L’usine de Jesi a obtenu la qualification ‘bronze’ du ‘World Class Manufacturing’ et met en œuvre les technologies les plus

Ce nouvel espace d’accueil d’une surface de 800 m2 est impressionnant ; il met en avant l’engagement de New Holland pour l’innovation. Entièrement aménagé aux couleurs New Holland, il dispose d’une salle de conférence, d’un salon en mezzanine et d’un espace de vente d’articles promotionnels. Du T4 au T4F en passant par le TD5 et le T5, tous les modèles produits dans l’usine sont mis en valeur..

modernes pour améliorer sa production. Des chariots ergonomiques transportant les tracteurs sur la ligne de montage sont réglables en hauteur pour un travail optimal. Les supports de cabine sur la ligne de montage, sont pivotants afin d’orienter les cabines idéalement pour permettre aux opérateurs de travailler dans les meilleures conditions pour une qualité de finition optimale. Avant-gardiste, la cabine de peinture robotisée, dispose de plus de 200 programmes différents pour garantir une grande qualité de finition constante sur tous les produits.

Engagement pour la qualité de fabrication

L’usine de Jesi travaille avec les standards de qualité les plus exigeants pour garantir une fiabilité à ce jour inégalée. Chaque transmission et chaque cabine subissent un programme de tests qui simulent d’authentiques surcharges et vibrations. De plus, le système hydraulique, le moteur, la transmission, la direction, les freins, le blocage de différentiel et le relevage sont entièrement testés sur chaque tracteur. Enfin, chaque jour, deux tracteurs complets sont évalués du point de vue de l’utilisateur et les résultats sont analysés pour une mise en application directe dans le but d’améliorer les productions futures.

www.newholland.com

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

75


Céréaliculture

4 Photo 4 : Symptômes de rouille noire sur feuilles, tige et épi (photos prises à Njoro Kenya) cultivées dans notre pays. Quant à la rouille noire (ou rouille des tiges), bien que relativement moins fréquente et peu importante dans nos conditions, elle présente un risque potentiel pour la production du blé suite à l’émergence dans certains pays de nouvelles races virulentes contre les gènes de résistance. C’est le cas notamment de la race Ug99 qui a surmonté la résistance du gène Sr31 (Photo 4). Le Maroc n’est donc pas à l’abri des menaces de cette nouvelle race, sachant que, d’après les travaux de l’INRA menés à Njoro (Kenya), la quasi-totalité de nos variétés de blé y sont sensibles. La septoriose des feuilles et des glumes occasionnée par Stagonospora nodurum et qui est également transmises par les semences n’est pas très fréquentes dans nos conditions tandis

5

Photo 5 : Symptômes de la septoriose des feuilles du blé occasionnée par Septoria tritici : les petites boules noires (pycnides) contiennent des milliers de pycnidiospores 76

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

que la septoriose des feuilles causée par Zymoseptoria tritici (Mycosphaerella graminicola) (anamorphe Septoria tritici), qui n’est heureusement pas transmises par les semences, est une maladie dévastatrice sous nos conditions. L’inoculum primaire est communément connu comme étant constitué de pycnidiospores issues des pycnides (petites boules noires) formées sur les chaumes et débris contaminés. En présence d’humidité, ces pycnides libèrent les pycnidiospores et contaminent les feuilles de base du blé sur lesquelles se développe la maladie sous forme de taches jaunes, devenant brunâtres avec formation à nouveau de pycnides (maladie polycyclique) (Photo 5). Ces dernières libèrent à leur tour des pycnidiospores qui sont disséminées vers les étages supérieurs des feuilles de la même plante et de plante à plante par les éclaboussures. Par ailleurs, nos études sur la génétique du champignon et nos observations sur le terrain assurent que l’inoculum primaire est aussi formé d’ascospores transportées par le vent à partir de pseudothèces formées sur les chaumes de l’année précédente. Ce qui signifie que la rotation culturale réduit le taux d’inoculum primaire mais ne contrôle pas définitivement la maladie. Les deux piliers pour lutter contre ces maladies sont donc l’utilisation de variétés résistantes et les traitements phytosanitaires. Or, l’efficacité de ces mesures n’est pas durable à cause d’une part, de l’évolution perpétuelle des agents pathogènes pour surmonter la résistance du blé et/ou l’efficacité des fongicides, et d’autre part du mode de dissémination qui est assuré

principalement par le vent et sur de longues distances. L’émergence de nouvelles races de rouilles surmontant l’efficacité du gène Yr27 pour le cas de la rouille jaune (détectées au Maroc) et l’efficacité du gène Sr31 (races Ug99) pour le cas de la rouille noire (détectées en Uganda en 1999), ainsi que la détection pour la première fois au Maroc des isolats de Spetoria tritici résistants aux strobilurines, sont des exemple qui confirment la non perpétuité de l’efficacité ni de la résistance génétique de l’hôte conférée notamment par des gènes majeurs, ni de l’efficacité des fongicides mono-site. A cet effet, le regroupement des efforts continus de tous les acteurs est nécessaire pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi de l’efficacité d’une stratégie de lutte efficace, efficiente et durable. Les quatre principales composantes d’une telle stratégie sont : la surveillance et le contrôle des maladies, l’amélioration génétique pour une résistance durable, l’inscription des variétés au catalogue officiel, et l’adoption rapide de nouvelles variétés. Les institutions impliquées sont notamment INRA, ONSSA, ONCA, DRA et les compagnies semencières en l’occurrence la SONACOS. Le degré d’action de chacune d’elles est illustré par la grandeur des flèches de la Figure 1. En guise d’exemple, l’INRA doit focaliser en particulier sur la création de variétés à résistance multiple et durable, suivie par la surveillance des maladies et l’élaboration de modèles prévisionnels.

Gestion durable des risques des maladies

Une stratégie nationale pour une gestion durable des risques des maladies doit se baser sur trois actions : préventive, prédictive et réactive. L’action préventive consiste à suive l’évolution génétique des agents pathogènes aussi bien au niveau national que régional et international pour incorporer la résistance d’une manière anticipative. Les sources de résistances sont issues de germplasm international et/ou des variétés anciennes. Des études menées par l’INRA à NJORO (Kenya) sur le comportement des variétés locales marocaines de blé à l’égard de la nouvelle race de la rouille noire (Ug99) ont révélé la présence de


sources prometteuses de résistance. Ces sources sont donc à utiliser dans nos programmes d’amélioration. L’’utilisation de variétés résistantes est certainement le moyen le pus efficient et le plus efficace. Or, la création de ces variétés nécessite beaucoup d’investissement. Pour valoriser cet investissement, l’adoption rapide desdites variétés est cruciale. La rapidité de l’adoption est tributaire de l’action de tous les partenaires officiels, mais aussi de l’encouragement du système informel de multiplication et distributions des semences. L’action prédictive consiste à suive l’évolution de l’état de la culture du blé et à détecter les premiers symptômes des maladies et prévoir les risques d’épidémies en élaborant des modèles prévisionnels de prévention et de gestion des maladies à l’instar du modèle «CGMS-MAROC» (Crop Growth Monitoring System – Morocco, www. cgms-maroc.ma). Dans le cas d’une campagne favorable à l’épanouissement des maladies foliaires en l’occurrence la rouille jaune et la septoriose, et qui est aussi favorable pour une bonne récolte, la protection (action réactive) du blé est nécessaire et est économiquement rentable. Dans ce cas le recours aux fongicides est inévitable. Or, cette action suppose la disponibilité d’un stock de sécurité en fongicides. Ce stock doit être géré en suivant le principe de premier entré premier sorti (First in first out principal) afin d’éviter le problème de validité et en conséquence d’éviter les problèmes de gestion de fongicides périmés. Par ailleurs, l’utilisation répétée de fongicides mono-sites pourraient entrainer l’émergence de souches résistantes et donc la perte de l’efficacité du produit. Il est à rappeler que nous avons détecté en 2010 des souches de Septoria tritici résistantes aux strobilurines. Il est donc fortement recommandé d’utiliser des fongicides ayant au moins deux matières actives avec différents mode d’action pour assurer une bonne protection du blé et une durabilité de l’efficacité du fongicide.

Figure 1: Les principales composantes pour la gestion des maladies des blés et les institutions impliquées

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014

77


Offres d’emploi Rijk Zwaan est un groupe international indépendant, spécialisé dans la recherche et développement, la production et la commercialisation de semences maraîchères destinées aux professionnels. Nous cherchons dans le cadre de notre développement : Un Délégué Commercial / Responsable de Développement Produits

Mission

Sous la responsabilité du Directeur Commercial, vos principales responsabilités sont : • • • •

La coordination et le développement local de variétés potagères destinées au marché professionnel. La mise en place, la gestion, l’évaluation et l’exploitation des essais de variétés pré-commerciales et commerciales La préparation des études de marché et la veille concurrentielle La gestion commerciale d’un portefeuille client, la prospection, la promotion, la vente, le suivi technique et le recouvrement

Profil recherché

• De formation supérieure, vous possédez un diplôme d’ingénieur Agri/Agro spécialisé en horticulture • Vous avez une expérience de 5 ans dans un poste similaire et une

Nous sommes la filiale marocaine d’un groupe multinational dont les activités regroupent les 4 métiers suivants : FERTILISANTS – NUTRITION ANIMALE HYGIENE – MARCHES INDUSTRIELS Dans le cadre de notre développement, nous recherchons :

ATTACHES TECHNICOCOMMERCIAUX (PV)

(Production végétale) pour toutes les zones du Maroc (Référence ATCPV) De formation technicien Agricole, âgé de 27 à 35 ans, homme de terrain avec

connaissance du domaine de la production et la commercialisation des fruits et légumes au Maroc et à l’étranger. Vous avez une excellente maîtrise du volet technique et de la gestion des projets • Vous faites preuve d’organisation, de dynamisme, vous avez un sens aigu de l’initiative et du travail en équipe. Vous disposez d’un bon relationnel et d’une grande capacité d’adaptation. • Vous disposez d’un excellent niveau rédactionnel et oral en français et en anglais. L’espagnol est un plus • Homme de terrain, vous êtes disponible pour des déplacements au Maroc et à l’étranger.

Nous vous offrons : • • • •

Un environnement agréable et ouvert Un poste stable avec des perspectives d’évolution Un salaire selon vos compétences Une formation professionnelle continue dans un environnement international

Si vous pensez être le candidat idéal, veuillez adresser votre CV avec photo accompagné de votre lettre de motivation à: contact@rijkzwaan.com. Pour obtenir plus d´information sur le poste, veuillez contacter Ramzi Ouchen, téléphone 0031 651731576.

une expérience minimum de 3 ans dans la production et/ou la commercialisation d’intrants agricoles.

ATTACHES TECHNICOCOMMERCIAUX (PA)

(PA/HYGIENE) pour toutes les zones du Maroc (Référence ATCPAH) Technicien ou aide vétérinaire spécialisé en production animale, une expérience de 2 à 3 ans est requise en production ou dans des cabinets vétérinaires. La connaissance des élevages est un plus.

DELEGUES REGIONAUX Toutes zones (Référence DR)

De formation ingénieur agronome ou équivalent, âgé de 30 à 40 ans, homme de terrain avec une expérience minimum de 5 ans dans la production et/ou la commercialisation d’intrants agricoles

ainsi que l’encadrement d’une équipe commerciale. Vos atouts sont l’autonomie, la réactivité, le dynamisme et la rigueur * Nous vous garantissons : - une formation permanente à nos produits - une rémunération motivante - une voiture de fonction Merci d’adresser votre candidature (CV + lettre de motivation + photo), en précisant la référence, à l’adresse électronique suivante : lboufaris@timacmaroc.com ou par fax au : + 212 5 22 25 99 95

EDITIONS AGRICOLES

BULLETIN D’ABONNEMENT

22 bis, rue des Asphodèles, Résidence Zakia 20380 Casablanca - Maroc

Nom : ........................................................................................................................................................................................................................................................................... Société - Organisme : ...................................................................................................................................................................................................................................... Tél. : .............................................................. Fax : ................................................................................................................................................................................................. Rue : ............................................................................................................................................ N° : ...................................................................................................................... Ville : ............................................................................................................................................................................................................................................................................ Chèque ou virement au nom de la Société Editions Agricoles Abonnement 1 an / 10 Numéros Tél.: 05 22 23 62 12 / Fax : 05 22 25 20 94 Maroc : 300 dhs du Maghreb Pour l’étranger 90 Euros, Règlement Uniquement par virement bancaire 78 :Agriculture N° 73 Février 2014

Pour l’étranger

Code Swift : MAMC

Règlement par virement bancaire (Société Générale SGMB)

C. Banque 022

C. Ville 780

N°compte

Clé

0001400005035976

74

JOINDRE COPIE DE L’ORDRE DE VIREMENT AVEC LE BULLETIN D’ABONNEMENT


FERTILEADER L’innovation en action

® BREVET EUROPEEN n°EP9840O150.3

La formulation exclusive et brevetée de la gamme FERTILEADER® Complexe de molécules IPA, glycine bétaïne et d’acides aminés à base d’algues pour pulvérisation foliaire

mode d’action absorption intense 1 Une et rapide par la plante

3

- du complexe SEACTIV - des éléments nutritifs associés

PULVERISATION SECURISEE

systémie active 2 Une - du complexe SEACTIV véhiculé

dans toute la plante - des éléments nutritifs transportés préférentiellement vers les organes en croissance active - des acides-aminés et sucres issus de la photosynthèse

tiv c a e S

Une activité physiologique stimulée

- résistance aux stress et agressions extérieures renforcées - fonctionnement racinaire accru - photosynthèse soutenue et protection de l’appareil photosynthétique contre le vieillissement

PERFORMANCES AGRONOMIQUES AMELIOREES

VALORISATION DES UNITES FERTILISANTES

Lotissement Foudadi 3 Rue Bir Hakeim Route de l’oasis 2ème étage Casablanca , 20150" (à coté de la gare de l'oasis) Agriculture du Maghreb TEL. : 0 5 22 25 31 77 - 0 5 22 25 56 54 - FAX :00 212 5 22 25 99 95 N° 73 Février 2014 79 administration@timacmaroc.com - www.timacmaroc.com


80

Agriculture du Maghreb N° 73 Février 2014


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.