Agriculture du Maghreb N°119 Avril 2019

Page 1

www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

1


2

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 98 07 71 agriculturemaghreb@gmail.com

www.agri-mag.com

Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Pr. Hmimina M’hamed Pr. Abdelmalek BOUTALEB JOUTEI Pr Bouzrari Benaissa Dr Mohamed Sbaghi Mamou Hassan Mamou Abderrahmane SERRAR Mohamed Maude Le Corre Yassine Anioune E.Zaoui et G.Brun Rachid Derdari

Attachée de Direction Khadija EL ADLI

Directeur Artistique NASSIF Yassine

Imprimerie PIPO

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

www.agri-mag.com

Edito SIAM 2019

L’agriculture, avenir du monde rural

L

e SIAM tient une 14ème édition axée sur une thématique intéressant hautement l’ensemble des professionnels ‘’L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural». Qualifié par les exposants étrangers de plus grand salon agricole d’Afrique auquel il n’est pas question de ne pas être présent, le SIAM connait d’année en année, une évolution qualitative et quantitative. Ainsi, cette 14ème édition, grâce à l’extension de sa surface qui permet une augmentation substantielle du nombre d’entreprises et de produits exposés, sera organisée sur une superficie de 18,5 hectares dont 9,5 couverts, et accueillera 1.500 exposants de 60 pays et 1 million de visiteurs. Dès l’ouverture du salon, les 10 pôles thé�matiques sont pris d’assaut par des dizaines milliers de visiteurs de tous âges qui viennent assouvir leur curiosité, apprécier la diversité des produits et races exposés et découvrir les différentes nouveautés techniques de production ou d’élevage. Les agriculteurs profitent également de leur présence pour s’enquérir des dernières offres et incitations proposées à l’occasion du salon, et ce ne sont pas les promotions qui manquent. En effet, pour les sociétés exposantes, qu’elles soient marocaines ou internationales, le SIAM est aussi fortement attendu. En réponse à une demande persistante, elles proposent des promotions alléchantes, assorties de formules d’installation, d’entretien, de suivi et parfois même de financement. Les fournisseurs d’intrants et de services présentent ainsi aux intéressés toutes les nouveautés à même de faciliter leur travail, d’améliorer les performances et de garantir le bon état sanitaire de leurs cultures ou cheptel. Et même si, pour les habitués du salon, plusieurs aspects gagneraient à être améliorés, pour le visiteur, surtout l’agricul�-

teur-éleveur, le SIAM vaut largement le détour. En effet, les visiteurs venant de loin retournent chez eux avec le sentiment de n’avoir presque rien vu en une journée. En effet, les dimensions de cette manifestation, la diversité des pôles, la concentration de technologies avancées, etc. sont stupéfiantes pour un paysan qui, dans certains cas, a rarement quitté sa région ou dépassé la ville la plus proche. Cette année, le salon va abriter 300 conférences sur les différentes thématiques liées à l’actualité agricole. Le SIAM a aussi un rôle important à jouer puisque c’est un lieu de rencontres et de débats où tous les acteurs concernés sont présents. La crise des agrumes cette année, la commercialisation des céréales et du lait chaque année, etc. posent des problèmes auxquels il est urgent de trouver des solutions. L’évènement sera couvert par pas moins de 500 journalistes accrédités. Pour sa part, fidèle à son habitude, la revue Agriculture du Maghreb sera présente sur un stand et a préparé pour l’occasion un numéro spécial qui sera distribué gratuitement et à grande échelle aux visiteurs. Ce numéro aborde les principales filières de l’agriculture marocaine ainsi que les différents secteurs qui contribuent à son développement.

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

3


E R I A M M O S 6

Actualités

Festival des fruits rouges Une Troisième édition bien réussie

La framboise Essor fulgurant dans le Souss 88

146

climatique et résistances

52

Office ou agence pour le bour : Il faut y penser ! 58

Pépinières maraichères Plus d’exigences, plus de technicité pour des plants de qualité

Acariens : changement

DOSSIER ARBORICULTURE 94 La biodiversité au service des vergers 98 Des pommes résistantes aux maladies ! 100 Les vergers bas intrants

aux produits de traitement 152

Marche à suivre dans le

traitement phytosanitaire des cultures

60

DOSSIER Tomate

68 Une production de plus en plus sophistiquée et un marché de plus en plus exigent 78 Impact positif de la salinité sur le goût Poivron Impact du climat, des variétés et de l’évolution des ravageurs 84

154

DOSSIER IRRIGATION

Les phytohormones et

l’équilibre Hormonal des plantes

102 La filtration en irrigation localisée

156

106 Gestion de l’eau

Une Cécidomyie identifiée

sur Myrtillier au Maroc

116 Goutte à goutte enterré

Plus de vigilance s’impose

Efficience de la fertilisation Nouveau défi pour l’agriculture moderne

pour les ravageurs émergeants

AGQ Labs Maximisez la Rentabilité de Votre Culture!

La culture Bio de Tounfite

122

136

Les maladies cryptogamiques de la vigne 138

158

POMME DE TERRE

à la recherche de débouchés 160

La grêle

phénomène en hausse

Nos annonceurs ABC CONSULT 19 BCI 112 AFEPASA 143 BCI 115 AGQ LABS 138 BLF 135 AGRILEVATE 39 CALIMAROC 80 AGRIMASSA 49 CRÉDIT AGRICOLE AGRIMATCO 83 MAROC 164 AGRIMATCO 89 CAREPLANT 129 AGRIMATCO 145 CASE 11 AGRIMATCO 147 CHAMBRE ESPAGNOLE 27 AGRIMATCO 149 CLAUSE 71 AGRIMATCO 153 CMGP 2 AGROSELECTION 101 CODA 47 AGROSPRAY TECH 21 COMICOM 9 ALLTECH 120 CROPFEED 126 AMAROC 43 DIMATEQ 13 AMAROC 141 ELEPHANT VERT 17 ATLANTICA AGRICOLA 66 ELEPHANT VERT 142 BASF 139 ESCANDE 99 Agriculture du Maghreb 4 N° 119 - Avril 2019 92 BAUER 114 FELEM

FERTIVAL 86 FLORAGARD 61 FRESH FRUIT 25 GAUTIER SEMENCES 73 GMC 14 GOJI BERRY 31 GOJIVA 56-57 GREENSMILE 35 HERMISAN 113 HIBAGRI 103 HORTEC 132 IFRIQUIA PLAST 29 INDUSTUBE 77 INDUSTUBE 93 INFORMIA 49 IRRISYS 15 JBT 36 KEKKILA 67 KIMITEC 131

KIRALMA 107 LALLEMAND 130 MAMDA 5 NATURPLAS 722 NETAFIM 105 NETAFIM 109 NETAFIM 117 NOVAKOR 90 PHYTOLOUKOS 91 OCP 7 RIJK ZWAAN 51 RIJK ZWAAN 75 RIJK ZWAAN 87 SAFI POMPE 110 SCE 125 SCPC SAPEL 123 SEMINIS 65 SEMINIS 79 SHAMSA 111

SIPSA 45 SMURFIT KAPPA 74 STAR EXPORT 95 STAR EXPORT 97 STOLLER 91 - 129 SUTERRA 33 TESSENDERLO 133 TIMAC AGRO 163 TREFILADOS URBANO 76 TUBE ET PROFILE 81 VILMORIN ATLAS 63 VILMORIN ATLAS 69 VILMORIN ATLAS 85 YARA 127 ZINE CEREALES 128

CAHIER ARABE MAMDA CMGP NEW www.agri-mag.com HIBAGRI


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

5


Actu Actu SALON

Communiqué de presse :

SIAM 2019: 14ème édition

L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural L’association du Salon International de l’Agriculture du Maroc (SIAM) a tenu mardi 2 avril son Conseil d’administration sous la présidence de M. Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts en présence du Président de l’Association, M. Tarik Sijilmassi et des membres du Conseil d’administration.

L

e Conseil a ainsi fait le point sur la précédente édition du SIAM qui a attiré plus d’un million de visiteurs. L’édition 2018 a accueilli les Pays-Bas comme pays à l’honneur. Elle a connu l’organisation de 33 conférences et 21 signatures de conventions couvertes par plus de 500 médias nationaux et internationaux. La prochaine édition attendue du 16 au 21 avril prochain présente pour sa part des ambitions renouvelées. Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette 14ème édition sera organisée sous le thème «L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural».

6

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Cette édition accueille la Suisse comme pays à l’honneur. Déployé sur une superficie de 185 000 m² dont 95 000 m² couverts, le SIAM, qui compte parmi les plus grands événements de l’Afrique dédiés à l’agriculture et aux acteurs du secteur agricole, devrait accueillir 1500 exposants représentant 60 pays participants. Un million de visiteurs sont également attendus. Le Salon est organisé autour de 10 pôles différents et va abriter 300 conférences sur les différentes thématiques liées à l’actualité agricole. Pendant six jours d’exposition, les visiteurs du SIAM auront l’occasion de décou-

vrir des concours des différentes races au pôle Élevage, des animations Ring & Show équestre ainsi que plusieurs autres animations. Le Grand Prix Hassan II pour l’invention et la recherche dans le domaine agricole, une Remise

des prix « meilleure qualité des huiles d’olives vierges extra » ainsi que la cérémonie du Grand prix national de la presse agricole et rurale seront organisés comme chaque année, pendant le SIAM.

La Suisse à l’honneur

La Suisse, l’une des économies les plus compétitives au monde, est accueillie pour la première fois en tant qu’invité d’honneur au SIAM. Près de la moitié du territoire suisse est exploité dans l’agriculture, qui fournit à son tour plus de la moitié des biens alimentaires consommés en Suisse. Ce pays, qui est également leader de la production agroalimentaire, accorde une grande importance à la recherche et développement et y consacre chaque année plus de 18.5 milliards de franc suisse CHF (près de 180 milliards de dirhams), soit près de 3% de son PIB.

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

7


Actu Tracteurs agricoles Actu Machinisme

Des bijoux de technologie, confort et efficacité pour l’agriculture du futur Abdelmoumen Guennouni

Souplesse, performance, sécurité, puissance, moindre consommation de carburant, … les innovations dans le domaine des tracteurs ne cessent de faire leur apparition à toutes les occasions et de nous étonner par les efforts permanents des constructeurs, chercheurs et agriculteurs-innovateurs pour s’adapter aux besoins et exigences des utilisateurs, à l’évolution rapide des nouvelles technologies, à la protection de l’environnement et aux besoin d’amélioration constante des conditions de travail des conducteurs.

D

ans le cadre de cet article, nous citons quelques exemples parmi les nombreux aspects et tendances vers lesquelles le tracteur, outil de base de l’agriculture, est appelé à évoluer. Le moteur Parmi les innovations concernant la transmission, l’utilisateur a le choix entre les différentes boites à vitesse ou la transmission à variation continue. Elles totalisent un grand nombre de vitesses et de rapports soit vers l’avant soit en marche arrière, avec des versions entièrement robotisées et donc automatiques. L’électronique choisira la plus adaptée des vitesses, celle qui correspond le mieux au travail et qui s’adapte à la conduite du chauffeur. La Transmission à Variation Continue permet aux tracteurs compacts d’atteindre de nouveaux niveaux d’équi-

8

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

pements tout en tirant pleinement profit de la puissance du moteur. Le chauffeur dispose de quatre gammes robotisées et de six rapports sous charge. Le passage des vitesses est facile. Pas besoin de la pédale d’embrayage, il suffit d’utiliser le levier multifonction. Le régime du moteur est moins élevé. Résultat : sur la route, le bruit et la consommation de carburant diminuent. Parmi les options, la boite à vitesses multichoix permettant de choisir de la vitesse la plus lente utilisée dans les cas des traitements et pour un mouillage maximal des plantes, à la vitesse la mieux adaptée dans les champs et sur ka route. Sans oublier l’engagement des 4 roues motrices au besoin dans les pentes et au freinage ou leur désengagement à partir d’une vitesse donnée. Une autre innovation concerne le système de refroidisse-

ment et vise à améliorer les performances du moteur grâce à un meilleur rayonnement thermique. Les différents radiateurs sont en aluminium pour mieux dissiper la chaleur. Le système s’ouvre pour faciliter le nettoyage et une fois fermé, sa compacité permet au capot de conserver une extrémité plongeante, ce qui maintient une bonne visibilité. Pour l’échappement une solution de Réduction Catalytique Sélective a été introduite pour le contrôle des émissions afin de transformer les toxiques NOx présents dans les gaz d’échappement en N2 et en eau, molécules complètement inoffensives, tout en permettant un des niveaux d’émissions les plus propres du marché, la solution SCR permet de réduire significativement la consommation de carburant. Elle permet également de réduire les nuisances sonores.

En matière d’hydraulique, différentes possibilités s’offrent aux agriculteurs, avec un bon niveau de confort tout en tirant le meilleur profit de la puissance moteur. Par exemple, les commandes peuvent être mécaniques ou hydroélectriques et jusqu’à cinq distributeurs proportionnels peuvent être installés à l’arrière, deux à l’avant. La pompe peut débiter 170 l/min et réduire l’absorption de puissance de 30 %. Le relevage affiche une capacité de 9,2 à 10 t. Pour entraîner tout type d’outil, la prise de force possède quatre régimes : 540, 540 Éco, 1 000 et 1 000 Éco. À l’avant, l’engin soulève jusqu’à 5 480 kg. Quand au freinage, des freins à disque à l’avant assurent sécurité et confort. En fonction de l’intensité de freinage et de la vitesse d’avancement, cette technologie amène de la stabilité évitant les phénomènes de cabrage ou de plongée. Même à grande vitesse, les freins à disques du pont avant stoppent le véhicule sans problème. Pour aller plus loin, l’agriculteur peut choisir de compléter ces freins par une assistance supplémentaire. De même, le système ABS propose les avantages sécuritaires généralement connus et permet le freinage individuel de la roue, très prisé dans l’exécution des demi-tours, avec rayon de braquage court. Proportionnellement à l’angle de braquage la roue se trouvant à l’intérieur du virage est alors ralentie, sans toutefois qu’il y ait blocage avec www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

9


Actu Actu Machinisme

dégâts consécutifs sur le passage. Le système ménage le sol et soulage le travail du conducteur. La technologie ABS permet de gérer individuellement le frein de chaque roue, ce qui améliore l’efficacité du freinage, accroît la maniabilité et la sécurité lors du transport d’outils longs et lourds D’autres améliorations concernent d’une part, le r éservoir : Pour faire le plein, plus besoin de choisir le côté. Le réservoir de carburant a deux entrées, une à droite et une à gauche. D’autre part un nouveau filtre à air à particules contribue à réduire la consommation de carburant qui devrait diminuer de 5 %. Un carter spécial intègre un préfiltre, qui facilite le travail du filtre et donne du souffle au moteur. Autonomie et guidage GPS Parmi les évolutions les plus importantes dans le domaine des tracteurs, l’adoption du guidage par satellite. Désormais, la plupart des tracteurs embarquent un GPS qui, grâce à une grande précision, permet aux agriculteurs de ne jamais repasser deux fois au même endroit dans leurs champs. En outre, ceci permet de diminuer de 10 %, voire 20 % la consommation de carburant et de produits phytosanitaires, 10

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

qui sont les deux principaux postes de dépenses des producteurs de céréales. Le satellite récupère les données les plus précises possibles de la parcelle à la motte près. «Ensuite, on l’interprète pour la traduire en pratiques et éventuels traitements» explique un des fabricants. Un autre concept-tracteur, sans cabine, pensé pour les cultures en rangs, est en mesure de fonctionner de manière autonome avec une vaste gamme d’outils. Il représente une solution de guidage automatique et de télématique sur l’équipement pour la gestion à distance des machines agricoles et du personnel. Ce concept de tracteur autonome montre comment les fermiers et leurs salariés pourraient directement surveiller et piloter à distance leurs machines. Cette technologie leur permettra d’atteindre des niveaux d’efficacité opérationnelle supérieurs pour des tâches telles que la préparation du sol, la plantation, la pulvérisation ou encore la récolte. D’autres fabricants ont opté pour une approche modulaire consistant à coupler deux tracteurs, un principal et l’autre téléguidé, qui effectueraient les mêmes opérations pilotés par un seul chauffeur. Il s’agit d’un système entièrement automatisé grâce auquel un tracteur

est qu’il permet de travailler de grandes largeurs avec un maximum de flexibilité. L’agriculteur peut optimiser l’utilisation de ses tracteurs qu’il peut, à tout moment, utiliser séparément ou couplés pour plus de puissance. D’autres innovations proposées par tous les fabricants, ont porté sur les différentes parties constituant le tracteur, son mode de fonctionnement, les aspects sécuritaires, confort et efficacité pour le conducteur, haute technologie, visibilité, efficace à l’utilisation, … Ainsi, sur le marché on trouve toutes sortes de tracteurs, dont les modèles ont chacun ses attributs et spécialités. Pour les professionnels, les marges d’amélioration restent considérables. sans conducteur suit un tracteur conduit par un chauffeur. Les deux véhicules communiquent par signal radio et sont guidés par une direction assistée par GPS de haute précision. Le conducteur du tracteur servant de guide surveille les deux engins tout en ayant accès à l’écran de commande du tracteur suivant. La productivité du conducteur augmente de façon décisive lorsqu’il travaille simultanément avec deux tracteurs. Le tracteur téléguidé et sans chauffeur suit parfaitement le tracteur principal et réalise exactement les mêmes opérations, le même travail, les mêmes manœuvres tout en évitant les mêmes obstacles. L’avantage de ce système

Cabines Leur développement tend à offrir un confort et une ergonomie maximaux. Pour limiter le bruit et les vibrations, elles peuvent être entièrement détachées du moteur pour être plus silencieuses. La visibilité est donc bonne sous tous les angles, de jour comme de nuit puisque l’éclairage avec des phares à Led éclaire comme en plein jour grâce aux 40 000 Lumens fournis. La vision panoramique peut être associée à un affichage tête haute (informations et tableau de bord entièrement projetés sur le pare-brise). À bord, les commandes tombent sous la main et sont intuitives, innovation sur la sécurité visant à protéger l’utilisateur contre

www.agri-mag.com


les maladies chroniques (TMS, troubles musculo squelettiques). L’amélioration des conditions de travail de l’utilisateur évite les contorsions (pour travailler sans se retourner constamment) ainsi que l’arrêt-redémarrage nécessité par certaines machines, le travail répétitif entrainant des inflammations, mal de dos, etc. Le confort des agriculteurs n’est pas en reste puisque la climatisation est de série sur tous les tracteurs et l’insonorisation n’a plus rien à envier à celles de berlines. D’autres améliorations concernent le poste de conduite, tel le siège conducteur à composants actifs (pour la première fois électriques voire électroniques). L’utilisation d’un système électrique induit une réaction nettement plus rapide que le système hydraulique tout en réduisant à nouveau la nuisance due aux vibrations ainsi que la puissance absorbée. De même, l’utilisation d’une clé personnalisée permet aux exploitants agricoles et aux

www.agri-mag.com

entrepreneurs d’optimiser leur productivité grâce à une meilleure gestion des chauffeurs et du parc de machines. Cette clé combat également les vols de matériels. Chaque chauffeur reçoit une clé personnalisée équipée d’une puce de radio-identification programmable (RFID) avec un identifiant unique. Les propriétaires des machines peuvent ainsi s’assurer du bon comportement des chauffeurs et de l’usage des véhicules. Cette clé personnalisée peut être programmée pour permettre au chauffeur de démarrer uniquement les machines qu’il est autorisé et habilité à conduire. Il est également possible d’associer certains paramètres spécifiques à la clé, par exemple pour limiter la vitesse d’avancement des machines ou enregistrer le profil du chauffeur, comme sa consommation moyenne de carburant, les hectares travaillés et les mauvaises manœuvres éventuelles et même spécifier une date d’expiration des clés individuelles.

Côté direction aussi, ça évolue ! Elle devient intelligente et répond à trois logiques selon le mode choisi. Là encore, elle s’enclenche en appuyant simplement sur une touche qui modifie instantanément le nombre de tours de volant nécessaires pour un même angle de braquage. Il faut juste sélectionner le mode parmi les trois proposés et la direction s’adapte. Par exemple, en mode braquage, les roues braquent plus rapidement au fur et à mesure que le volant tourne. À l’inverse, en mode vitesse au-delà de 10 km/h, plus le tracteur roule vite et moins la direction est sensible. En outre, la direction, par l’intermédiaire d’un dispositif de contrôle, intervient activement dans le circuit de régulation, en vue d’améliorer sensiblement la sécurité et le confort de conduite. En plus des aspects sécuritaires, le système offre, grâce à une démultiplication de la direction en fonction de la vi-

tesse, une nouvelle assistance à la commande, sur le chantier et dans les travaux avec changeurs frontaux. Organes ► Sur de nombreux modèles deux ou les quatre roues sont remplacées par des chenilles permettant ainsi au tracteur de manœuvrer sur tout type de terrain. ► En outre certains fabricants ont conçu une roue motrice supplémentaire à l’avant du tracteur, disposée perpendiculairement aux autres, et permettant de manœuvrer en bout de champ en économisant les nombreuses opérations (demi tour) et évitant le tassement du sol. Elle permet en plus de dégager le tracteur en cas d’embourbement. ► Le relevage avant et arrière, la vitesse d’avancement ou le sens de marche du tracteur se pilote depuis le joystick de la cabine. ► La suspension absorbe les chocs grâce à deux longs bras,

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

11


Actu Actu Machinisme

commandés électroniquement. De même, de nouveaux systèmes d’amortissement permettent de travailler dans de meilleures conditions. ►L’éclairage est modernisé grâce aux feux halogènes montés de série et encore plus futuriste avec le kit feux à Led. ► Pour l’attelage, le problème des outils portés qui n’autorisent qu’un espace de manouvre réduit lors du processus d’attelage, a été résolu au moyen d’un ressort de délestage contribuant à supporter le bras supérieur et qui permet ainsi l’enclenchement à l’aide d’un câble, réalisé à l’abri dans le poste de commande de la cabine. Le bras d’attelage est également stabilisé sur les côtés par un ressort de centrage. ► Pour les pneumatiques, la présence d’une installation intégrée de série pour le réglage de la pression des pneus destinée à satisfaire, sur tracteurs standards, la demande des praticiens. Equipements embarqués ► Différents systèmes per12

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

mettent à l’agriculteur d’accéder aux données de son tracteur à distance, sans avoir besoin de se déplacer pour surveiller et optimiser les diagnostics. Entre autres avantages : les informations relatives à une parcelle peuvent être sauvegardées automatiquement, exportées dans une fiche parcellaire puis exploitées. L’exploitant peut même comparer les données d’utilisation de sa machine d’une année sur l’autre. Ainsi, depuis les réglages du tracteur, du guidage GPS à la modulation intra-parcellaire, le chauffeur pilote tout depuis le terminal et le tracteur travaille en symbiose avec l’outil. ► Différents capteurs peuvent être portés par le tracteur à l’exemple du Capteur multiplex embarqué à l’avant du tracteur. Cet appareil est capable de déceler une maladie avant l’apparition des tous premiers symptômes visibles. Il envoie un rayon lumineux sur le feuillage de la culture et le récupère, une fois réfléchi, avec une quantité d’informations (densité foliaire, type et quantité de chlorophylle, azote absorbé par la plante, réaction prévisible de la plante face aux agressions de champignons, …). L’acquisition des données est automatique et rapide et l’échantillonnage plus représentatif au niveau de la parcelle (vigne, grandes cultures, etc.). L’idée générale est de détecter une substance, les stilbènes, produite par une

plante en réaction à une attaque de maladie (avant symptôme visible par l’homme) pour pouvoir l’éradiquer au plus tôt. ► De nombreuses innovations sont mises au point, en relation avec la collecte automatisée de données reflétant une tendance évolutive irréversible depuis quelques années, avec des capteurs, analyse des données afin de moduler les actions sur le terrain. Une façon d’appréhender autrement l’agronomie. Quel que soit le support la machine devient un outil de collecte de données Propulsion, carburant, énergie Quel carburant pour les tracteurs de demain ? - On propose déjà un véhicule à propulsion par moteur diesel-électrique. Ce tracteur standard 220 kW est propulsé par un moteur doté d’une électronique de commande moderne et d’un bon rendement. La prise de force avant est entrainée électriquement et par conséquent largement indépendante du moteur à explosion, y compris pour sa vitesse de rotation. - Les biocarburants : Dans le cas de la motorisation agricole, il s’agit d’une huile obtenue à partir de plantes comme le colza. Il peut s’agir d’huile pure, ou bien d’un mélange avec du gazole issu du pétrole. Déjà utilisé par certains agriculteurs (notamment sous forme d’huile pure), le biodiesel est une énergie renouvelable qui peut être produite sur la ferme. Du côté technique, seules des modifications mineures sont apportées au moteur diesel. Une deuxième génération de biodiesel est actuellement à l’étude. Cette dernière serait produite non plus à base de cultures alimentaires (huile de colza par exemple), mais à partir de sources ligno-cellulosiques (bois, feuille, paille). La production de ce biodiesel de 2ème génération ne serait ainsi plus en compétition avec l’alimentation humaine, l’une des principales critiques du biodiesel de première génération. Aujourd’hui, le principal frein à cette technique reste son coût très impor-

tant, et non pas son efficacité, prouvée depuis longtemps. - En revanche, il existe une autre voie qui pourrait profondément changer le tracteur, du moins sous le capot. Cette voie, c’est la pile à combustible. Cette motorisation fait appel à un tout autre carburant : le dihydrogène (plus simplement appelé hydrogène). Ce tracteur reprend une des caractéristiques du biodiesel, à savoir la fabrication du carburant sur place. Ainsi, ce n’est pas seulement une nouvelle technologie qu’apporte ce type de motorisation, mais bien tout un concept d’intégration du tracteur au sein de l’exploitation. La véritable énergie de ce type d’engin est l’électricité, l’hydrogène n’est quant à lui qu’un vecteur d’énergie. Le concept prévoit également la production de l’hydrogène sur place, soit à partir d’une électrolyse de l’eau, soit à partir de la biomasse. Il faudra ensuite stocker sous pression cet hydrogène. - Une autre voie en cours de développement est d’alimenter les tracteurs avec du méthane. Un moyen de plus pour valoriser les projets de méthanisation. Il s’agit sans doute de la solution la plus probable à court terme. Là encore, cette technologie ouvre la route vers des exploitations énergétiquement indépendantes. Le prix de ces bijoux hightech est encore prohibitif et réservé aux coopératives et aux grandes exploitations de cultures céréalières, les plus rentables Sans oublier que ce type de matériel nécessite du personnel hautement qualifié, bien formé ainsi qu’un service après vente et d’entretien à la hauteur et disponible. Mais ‘‘c’est comme le téléphone portable : il y a 10 ans ils étaient lourds et chers... la technologie finit toujours par s’adapter’’ prédit un professionnel. www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

13


Actu Actu Machinisme

L’AMIMA dresse son bilan de la mécanisation agricole qui confirme que le secteur est toujours en difficulté L’association marocaine des importateurs du matériel

agricole présente un bilan légèrement positif de la mé-

canisation agricole au Maroc pour l’année 2018, et ce mal-

gré la réalisation d’un rendement record de la campagne agricole 2017 - 2018 avec une récolte céréalière de 103 millions de quintaux. Certes, la campagne agricole 2017/2018 a été favo� rable, toutefois, son impact sur le marché des tracteurs agricoles neufs n’a enregistré qu’une faible augmentation par rapport à 2017. A cet effet, les ventes ont atteint 2529 tracteurs en 2018 contre 2350 tracteurs en 2017, soit une progression qui ne dépasse pas les 8%. Il est à noter que les ventes de 2018 se situent au même niveau que la moyenne des 5 dernières années qui est de l’ordre de 2553 tracteurs. En comparaison avec la moyenne des ventes de 2009 à 2013 qui est de l’ordre de 4561, les ventes de 2018 sont en forte régression de -45%. Le marché des tracteurs s’est inscrit dans une tendance baissière depuis 2010, année à laquelle les taux, les pla�fonds et les normes d’octroi des subventions ont subi des changements. Les ventes de 2018 comparées à 2009, ont baissé de 63% par rapport à 2009 (soit une année avant la mise en place de ces change-

14

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


ments), qui avait enregistré la vente de 6841 tracteurs. Le début d’année 2019 connait une forte baisse des ventes de tracteurs agricoles. En effet, à fin février 2019, le secteur a connu une régression de -35% par rapport à la même période de l’année 2018 pour s’établir à 173 unités contre 266 unités. Les professionnels du secteur craignent le pire face aux problèmes menaçant le secteur, à savoir : - Déficit pluviométrique de la cam� pagne agricole 2018/2019 enregistré à fin février 2019, - Difficultés d’accès des agriculteurs au financement du matériel agricole malgré les conventions de partenariat entre le CAM et l’AMIMA de 2013 et de 2019, - Retard de mise en place du référentiel des prix des tracteurs et du matériel d’accompagnement discuté avec le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, et qui a pour but d’assouplir les conditions d’octroi des subventions et de limiter les mauvaises pratiques. - Retards enregistrés depuis fin 2017 dans le déblocage des subventions des tracteurs et du matériel d’acwww.agri-mag.com

compagnement agricole ainsi que les faibles montants alloués au secteur du machinisme agricole, ce qui pénalise lourdement les trésoreries des importateurs et de leurs réseaux de ventes. Cette situation qui perdure, porte atteinte au secteur de machinisme agricole et met en péril son écosystème dans la mesure où les entités le constituant ne seront plus en mesure de faire face à leurs engagements financiers et leur obligation de s’approvisionner et d’approvisionner les agriculteurs en matériel agricole. L’AMIMA craint, si la tendance à la baisse de -35% à fin février 2019 se confirme, que le marché clôture à moins de 1650 tracteurs en 2019, soit le volume le plus faible depuis 2006. Une telle situation serait fatale aux intervenants du machinisme agricole. L’AMIMA craint également l’orientation des agriculteurs vers l’utilisation de vieux matériels agricoles d’occasion, ce qui va à l’encontre des objectifs du Plan Maroc Vert et de sa volonté de modernisation du parc de matériel agricole. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

15


Actu Actu Produit

Maïs, le choix variétal Le maïs est aujourd’hui la première céréale mondiale. Sa production dépasse le milliard de tonnes, et devrait continuer à progresser pour les prochaines années. Le maïs est en effet une ressource essentielle, destinée aux trois quarts à l’alimentation animale. La première raison de la place du maïs au niveau mondial tient en un mot : ses rendements. La culture a bénéficié d’un formidable progrès génétique depuis plus de 50 ans. Si le semis est considéré comme l’étape clef, le choix variétal est en réalité tout aussi prépondérant dans la réussite de la culture. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération dans sa réflexion pour le choix de la ou des variétés. En premier lieu, la précocité doit être adaptée à l’offre climatique de la région, à savoir les sommes de températures disponibles entre le semis et la récolte. En effet, il s’avère que : - Choisir un hybride trop précoce, c’est se priver de potentiel de rendement et augmenter les difficultés de conservation pour

les maïs fourrage (taux de Matière Sèche trop élevé) - Choisir un hybride trop tardif, c’est prendre des risques, retarder la date de la récolte et l’implantation de la culture suivante ; en fourrage, c’est aussi accroitre les pertes par jus (taux de MS trop faible) La dessiccation du grain est un critère intéressant qui permettra de récolter à des taux faibles d’humidité et de limiter les coûts de séchage. Dans le groupe de précocité défini, la recherche de la variété la plus productive reste le

critère principal de choix. En effet, on note plus de 15 % de différence de rendement entre la meilleure variété et la moins bonne dans un même essai. Les sources d’information (résultats d’essais) sont nombreuses et doivent être diversifiées : essais officiels, essais des distributeurs, des semenciers… Et enfin, plusieurs critères de sécurisation de rendement interviennent dans le choix : · La vigueur de départ : une bonne vigueur de départ permet une implan-

tation efficace et un développement rapide de la jeune plantule en toutes conditions. Ce critère est primordial pour des sols froids. · La rusticité : caractère important en terres séchantes et dans les régions sujettes au stress hydrique. Certaines variétés moyennes en conditions favorables se révèleront très performantes en conditions limitantes. · La régularité : faire le choix, pour une partie de sa sole maïs, de variétés connues et régulières permet d’assurer son revenu et répartir ses risques de production. Il est toujours intéressant aussi de tester quelques nouveautés de l’année en proportion raisonnable. · Qu’il s’agisse de la verse en végétation (conséquences d’épisodes venteux) ou de la verse parasitaire à la récolte (conséquence de la fusariose des tiges), la tenue de tige se révèle un critère important en fin de cycle pour le rendement, via le remplissage des grains, et les conditions de récolte. · Le développement précoce des maladies altère le potentiel : Helminthosporiose, fusarioses (tiges et épis), kabatiellose. Bien que l’apparition des symptômes et le développement des maladies soient souvent liés aux conditions climatiques, ils existent des différences de tolérance aux maladies entre variétés. En grain, les débouchés industriels de type semoulerie, amidonnerie, exigent l’utilisation de certaines variétés spécifiques recommandées par les organismes collecteurs. Pour le maïs grain humide, la qualité sanitaire de l’épi sera déterminante. En fourrage, nous veillerons à bien intégrer deux critères : - La valeur alimentaire en fonction de son type de ration. Elle est exprimée par des indices UF, des critères comme

16

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

17


la digestibilité des fibres (dNDF) et la teneur en amidon dégradable. Le choix d’une variété dotée d’une bonne valeur alimentaire est le point de départ pour la production d’un fourrage riche et adapté à la production de lait ou de viande. - La plage de récolte peut paraître secondaire, mais un hybride doté d’un bon stay-green apportera de la souplesse pour fixer la date de récolte sans pénaliser le rendement et sa qualité. Pour conclure, il reste raisonnable de ne pas opter pour une seule variété, il convient de répartir les risques entre plusieurs hybrides ayant fait leurs preuves sur l’exploitation et quelques nouveautés intéressantes qui combinent les qualités requises selon vos critères de culture. Un progrès génétique pour des variétés toujours plus rustiques Un tel essor des rendements est dû à une sélection dynamique qui explore différentes voies de progrès. Parmi celles-ci, il faut citer le travail lié à la résistance aux températures basses lors du démarrage de la culture. C’est ainsi que le maïs a pu rapidement conquérir les grandes zones d’élevage, et gagner sa première place dans les auges des exploitations de ruminants. Les plantes cultivées aujourd’hui valorisent également mieux l’eau et résistent bien au stress hydrique, gardant des rendements élevés même lors d’étés difficiles. Il existe aussi une meilleure résistance 18

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

aux températures parfois extrêmes rencontrées dans les zones continentales ou dans le sud. Ainsi, les feuillages restent verts plus longtemps, et la photosynthèse se poursuit tout au long du cycle, y compris pendant la phase de remplissage des grains. Il faut également souligner que les sélectionneurs ont progressivement réalisé un tri variétal vis-à-vis des principales maladies rencontrées. Bref, les variétés cultivées aujourd’hui sont bien plus rustiques que celles cultivées hier. Des variétés adaptées aux besoins des animaux La sélection n’a jamais ralenti pour proposer aux éleveurs des variétés adaptées aux besoins des animaux. L’évaluation de la valeur alimentaire du maïs fourrage a toujours fait l’objet de travaux importants. Ces travaux ont abouti à une meilleure prédiction de la digestibilité et de la valeur énergétique du maïs. Il est important de souligner que l’estimation précise de la valeur alimentaire du maïs permet d’améliorer sa valorisation dans la ration, et de satisfaire au plus près les besoins des animaux, pour une meilleure compétitivité des exploitations d’élevage. Pourquoi intégrer du maïs dans la rotation ? Le maïs est reconnu comme étant un très bon précédent cultural. Quelles en sont les raisons ? et quelles valeurs ajoutées attendre de sa présence dans la rotation ?

cultures sur une parcelle sont nécessaires pour maîtriser des difficultés de production liées à la monoculture, ou à des rotations courtes. C’est particulièrement vrai pour les céréales à paille. Un retour trop fréquent des céréales à paille sur une même parcelle a des conséquences importantes sur les points suivants : présence des maladies fongiques, régulation des ravageurs, gestion du désherbage. Ce dernier point est devenu particulièrement crucial dans le cas des résistances qui concernent en particulier le ray grass, ou le vulpin. Dans ces situations, l’insertion d’une culture de printemps dans la rotation permet d’apporter de la résilience au système. Un apport de matière organique indéniable La présence de maïs dans une rotation a un impact positif sur la matière organique des sols. L’indice de récolte du maïs, c’est-à-dire son rendement grain/biomasse totale des parties aériennes est égal à 0,5 dans la majorité des situations. Cela signifie que la quantité de biomasse laissée après la récolte est équivalente au rendement obtenu en grain. Ainsi, lorsque la production en grains est égale à 100 q/ha, on peut

considérer que la biomasse restituée au sol est égale à 10 t/ ha. Au-delà du potentiel de stockage des résidus de culture, l’enfouissement rapide des résidus après la récolte est un élément déterminant. La taille des résidus, l’homogénéité de la répartition dans le sol, le contact entre débris végétaux et sol sont essentiels pour optimiser la restitution de la biomasse laissée au sol après la récolte. Un effet environnemental positif La culture du maïs est l’une des cultures qui a le moins recours aux interventions phytosanitaires. La sélection variétale du maïs a en effet conduit à un contrôle efficace des maladies du feuillage sans avoir recours à une intervention chimique. Un réel intérêt économique La culture du maïs est largement connue pour dégager des résultats économiques sécurisants. Les itinéraires techniques sont simples. Si le choix et le potentiel de l’hybride sont adaptés aux contextes pédoclimatiques, si la date de semis et la conduite culturale sont menées avec cohérence : la marge assurée par la culture du maïs est compétitive. L’effort soutenu de recherche en termes de sélection a permis d’inscrire un grand choix de variétés. Dans plusieurs régions du monde, le maïs est aujourd’hui la seule culture dont les rendements continuent d’augmenter, puisque à titre de comparaison les rendements en céréales à paille et en oléagineux stagnent. Source : Terre-net

Un impact agronomique essentiel La rotation et la diversité des www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

19


Actu Actu Bio

Le bio prend sa place au Maroc Elhousseine Zaoui, Cabinet Agrochallenge

Au cours de ces dernières années, le mode de production biologique prend sa place et s’impose comme un secteur important dans le tissu agro-économique du Maroc. Les chiffres et l’implication du ministère de l’agriculteur et des professionnels, à travers l’incitation à l’organisation de la filière et à la création d’un cadre législatif marocain, confirme bien cette tendance. En effet, les superficies cultivées en agriculture biologique sont passées de 3999 ha en 2010 à 8566 ha en 2017. Quant aux exportations elles ont atteint, en 2016, 14 700 tonnes en produits frais et transformés,

alors qu’en 2009, elles étaient en dessous de 9000 tonnes. Au niveau de l’organisation de la filière, une fédération interprofessionnelle spécifique au bio a été créée en 2016. Il s’agit de la FIMABIO (Fédération Marocaine Interprofessionnel des filières biologiques) qui a obtenu le statut de fédération représentative des filières biologiques et a signé un contrat programme avec le ministère d’agriculture visant la collaboration entre la profession et le ministère pour la mise en œuvre d’un ensemble de projets couvrant des axes de développement prioritaires. Parmi les mesures prises, la

création d’un cadre législatif marocain qui défini les règles de certification et le label bio officiellement reconnu ainsi que les conditions de son usage. On y trouve également la promotion de tous les maillons de la filière allant de la production à la commercialisation sans oublier le développement de techniques de production et de transformation à travers un programme de recherche développement multidisciplinaire visant à apporter des solutions techniques aux problématiques identifiées par les professionnels comme des contraintes majeurs au développement

d’une filière biologique Ainsi, la loi 39-12 qui définit les dispositions générales relatives au mode de production biologique a été adoptée au mois de janvier 2013 et aujourd’hui tous les décrets d’application et arrêtés sont adoptés. Les cahiers des charges marocaines types, applicables à la production végétale, production animale, production aquacole ainsi que le Cahier des charges type relatif aux produits alimentaires et aux aliments pour animaux préparés sont d’ores et déjà adoptés et leur application est entrée en vigueur.

Cultivées

Total superficies cultivées

DRA

Agrumes

Maraîchage

Safran

Olivier

Rosier

Arboriculture

PAM (C)

Figuier de barbarie

Cultures fourragères

Autres cultures

SOUSS-MASSA

21,22

87,73

34,51

301,53

0,00

983,65

321,88

0,00

0,00

9,42

1 759,94

MARRAKECH-SAFI

459,79

100,01

0,07

549,19

10,00

92,54

130,37

0,00

0,00

10,70

1 352,66

RABAT-SALE-KENITRA

224,20

44,86

0,00

47,50

0,00

338,79

3,11

0,00

535,75

0,00

1 194,22

CASABLANCA-SETTAT

396,03

168,32

0,00

3,40

60,00

32,87

26,01

0,00

0,58

0,00

687,21

FES-MEKNES

0,75

5,20

0,50

499,28

0,18

17,67

21,16

0,00

0,00

14,00

558,73

DRAA-TAFILALET

0,00

0,00

0,00

70,00

182,74

113,50

0,00

0,00

0,00

0,00

366,24

ORIENTAL

0,00

5,00

0,00

62,00

0,00

35,07

0,00

0,00

20,20

0,00

122,27

BENI MELLAL-KHENIFRA

20,00

5,42

0,00

27,00

0,00

1,00

0,50

0,00

3,20

0,00

57,12

TANGER-TETOUAN-AL HOUCEIMA

126,00

9,30

0,00

0,00

0,00

134,00

0,00

0,00

0,00

0,00

269,30

ED DAKHLA-OUED EDDAHAB

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

GUELMIM-OUED NOUN

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

2 100,00

0,00

98,88

2 198,88

TOTAL Sup.

1 247,99

425,84

35,08

1 559,90

252,92

1 749,09

503,02

2 100,00

559,73

133,00

8 566,56

Source : DDFP

20

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

21


Actu Actu Salon

Salon Sardi à Settat Une 2ème édition confirmant la vocation du salon

La ville de Settat a accueilli la deuxième édition du Salon National Professionnel du Sardi, organisé du 21 au 24 mars 2019 par l’Association du Salon national professionnel de l’élevage (ASNPE) sous l’égide du ministère de l’Agriculture, en partenariat avec la région CasablancaSettat, la Chambre de l’agriculture de la région, le Conseil provincial et la commune de Settat sous le thème «Le Sardi, une fierté nationale». Cet évènement, dont l’impact économique devient de plus en plus notable, se veut une rencontre importante pour les éleveurs et les professionnels du secteur et constitue un espace d’information et d’échanges sur les progrès technologiques en matière de production animale au Maroc et représente une vitrine pour la promotion de l’élevage ovin notamment la race Sardi au niveau de cette région. Le Salon National Professionnel du Sardi revêt une importance capitale pour la promotion et le développement de la filière ovine Maroc et pour faire connaître et valoriser cette race, d’autant qu’elle a connu un indéniable essor au cours des dernières années. Selon les organisateurs, en plus de l’exposition et de la promotion de la race Sardi, l’une des principales missions de ce salon est de servir d’espace d’échange entre tous les opérateurs du

22

secteur d’élevage. A savoir : éleveurs, vétérinaires, pharmaciens, institutions publiques et semi-publiques, entreprises privées et professionnels, étu�diants de plusieurs établissement de différentes régions du pays entre autres. C’est éga�lement une plate-forme pour découvrir les nouvelles technologies en matière d’élevage. De même c’est aussi l’occasion pour honorer les éleveurs de cette race qui n’ont cessé de perpétuer son élevage malgré les difficultés de conduite, d’alimentation et de faible rentabilité surtout lors des années difficiles. Par ailleurs, Dr Abderrahim Asri, président de l’Association du Salon national professionnel de l’élevage, déplore les problèmes que rencontre le Sardi sur le plan de la commercialisation et le fait que les ventes de cette race de grande qualité et qui devrait être labellisée, soient

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

essentiellement orientées vers le marché de l’Aïd El Adha. Sachant que sur le plan des bénéficiaires de la situation actuelle, les éleveurs en dernier.

Un salon qui monte en gamme

Cette édition a été notamment marquée par une augmentation du nombre d’exposants intéressés par l’élevage ovin et constitue un forum dont l’impact économique devient de plus en plus notable, souligne un communiqué de l’ASNPE. Les organisateurs du salon ainsi que les exposants et les visiteurs ont exprimé leur satisfaction de son déroulement. Parmi les visiteurs, venus des différentes régions agricoles marocaines (certains pour la première fois), on a noté la présence de nombreux enfants accompagnant leurs parents confirmant le rôle pédagogique de cette manifes-

tation. Sans oublier la présence féminine très remarquée parmi le visitorat. Par ailleurs, parmi les plus intéressés cherchant toutes sortes d’informations, de nombreux citadins s’arrêtaient à tous les stands exprimant leur intérêt pour se lancer dans l’agriculture et/ou l’élevage. Cependant, certains des agriculteurs et éleveurs visitant le salon, ont affirmé que son succès aurait pu être plus grand cette année sans la situation difficile de la campagne et ses conditions climatiques. En effet, nombre d’entre eux n’ont pas fait le déplacement qu’ils auraient aimé effectuer, échaudés qu’ils sont par la sécheresse qui sévit dans certaines régions du pays. Le salon, qui s’étend sur une superficie totale de 6 hectares dont 15.000 m² couverts, se compose de cinq espaces d’exposition (machinisme agricole, institutions, sociétés privées, élevage et produits de terroir)

www.agri-mag.com


et une salle de conférences. Plusieurs centaines de têtes sélectionnées parmi les meilleurs élevages du Sardi et d’autres races, ont été exposées dans l’espace réservé à l’élevage, doté d’une arène pour l’organisation de la vente aux enchères des meilleurs béliers.

Le Sardi et le développement de la filière ovine

Grâce aux efforts consentis pour le développement de cette filière par tous les intervenants, le chiffre d’affaires du secteur est passé de 18,3 à 26,5 milliards Dhs entre 2008 et 2017 et la valeur ajoutée est passée de 10,2 à 14,9 milliards Dhs. La filière a permis d’améliorer l’emploi en amont, passant de 130 à 150 millions journées de travail, dont la part des femmes représente 20%. Au Maroc, le cheptel ovin, estimé à 20,6 millions de têtes, est caractérisé par une grande diversité de races bien adaptées aux conditions du milieu. Ces races se localisent dans des zones dites «berceaux de races» délimitées par voie réglementaire, dont 40% de races pures locales. Avec 2,5 millions de têtes, le Sardi, race existant uniquement au Maroc, occupe une place importante dans l’élevage ovin au royaume. Elle est très appréciée à l’échelle nationale, le mâle étant le plus recherché pour la

www.agri-mag.com

fête de l’Aïd Al Adha et pour les occasions festives. Son effectif a connu une augmentation ces dernières décennies et les géniteurs de cette race sont souvent utilisés en croisement. Cette race produit annuellement environ un million d’agneaux, contribuant ainsi, à la fourniture chaque année, d’environ 300 000 moutons d’Aïd et produisant un total de 4.800 tonnes de viande rouge. Très bien adaptée aux pauvres parcours des plateaux de l’Ouest du Maroc, la race Sardi est rencontrée essentiellement au niveau des provinces de Settat et Kelaâ des Sraghnas avec une aire géographique qui s’étend sur le plateau de Béni-Meskine ou des Sraghnas et Rhamna. A signaler que les professionnels expliquent que «Il existe dans les régions d’élevage une décomposition du secteur en deux catégories : les naisseurs, qui sont les éleveurs qui ont fourni un important effort en génétique et les multiplicateurs qui préparent les animaux pour l’Aïd».

2 contrats programmes

A rappeler que pour la mise en œuvre le plan de développement de la filière viandes rouges, un premier Contrat-Programme a été signé entre le Gouvernement et la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR) pour

la période 2009-2014. Un deuxième Contrat-Programme a été conclu pour la période 20142020 afin d’assurer la continuité du développement de la filière autour de l’amont et de l’aval.

Casablanca-Settat, région de prédilection pour le Sardi La région Casablanca-Settat, qui a bénéficié de projets de développement de la filière ovine notamment de race Sardi, possède d’importantes potentialités en matière de production. Elle dispose d’un cheptel de 2,2 millions de têtes (soit 11% du cheptel national), dont un effectif de 500.000 têtes, soit 20% du total national en cette race au niveau de la province de Settat. L’organisation de ce Salon National Professionnel du Sardi à Settat, réputée par la race du Sardi, qui est très prisée par de larges couches sociales, puisque quelque 300 000 familles choisissent ce mouton pour l’Aid Al Adha, vient conforter la place de la région Casablanca-Settat comme la plus grande région d’élevage du mouton de race Sardi et le premier producteur national de viandes rouges, avec une production de 450.000 tonnes de viandes rouges en 2013.

Comment reconnaitre le mouton Sardi ?

De grande taille, à queue fine et de couleur blanche, le Sardi a sa tête dépourvue de laine comme le ventre et les membres, avec des tâches noires autour des yeux, du museau et des oreilles. L’extrémité des pattes est également de couleur noire. Les cornes du mâle sont très puissantes, bien développées et blanches tandis que la brebis en est dépourvue. Le mâle peut peser de 70 à 100 kg et sa taille adulte peut atteindre 80 à 90 cm alors que les femelles pèsent entre 45 et 60 kg pour 55 à 65 cm. C’est une race « rustique », adaptée à des parcours pauvres comme ceux des plateaux du Centre Ouest.

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

23


Actu Actu Congrès

11

ème

congrès de l’AMPP

A la recherche de nouveaux outils et approches pour une protection intégrée, intelligente, respectueuse de l’environnement et durable

D

u 26 au 27 mars 2019 s’est tenu à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (IAV), le 11ème Congrès de l’AMPP sur le thème : « La protection des plantes : face aux défis actuels et en perspectives ». Cette rencontre organisée par l’Association Marocaine de la Protection des Plantes (AMPP) a vu la participation d’une centaine de spécialistes (de quatre nationalités) ayant échangé sur leurs travaux récents de recherche en matière de protection végétale à travers 48 communications. Les participants étaient des enseignants chercheurs (ENA de Meknès, IAV Hassan II, ICARDA et Universités), des doctorants, des étudiants ingénieurs, des consultants et des spécialistes en phytiatries du public et du privé.

Cette manifestation s’est enrichie d’un débat et d’un échange d’expériences dans une atmosphère scientifique : le contour des bio agresseurs des plantes, notamment, la recherche de nouveaux outils et approches pour une protection intégrée et intelligente, respectueuse de l’environnement et durable contre les insectes, maladies et adventices. D’autre part, ce grand évènement a connu un débat scientifique et technique, en touchant les nouveautés liées à la gestion des risques, la prédiction des dégâts, les équipements inventés et les actions à mener contre ces nouveaux bio-agresseurs émergents. A titre d’exemple, on peut citer le moucheron asiatique (Drosophila Suzukii), le charançon rouge du palmier dattier (Rhynchophorus ferrugi-

Nom et Prénom

Fonction

Affiliation

Mihi Mohamed

Président

AGRIPROTEC Consulting

neus), la cochenille farineuse du

El Amrani Abdellatif

Vice-président

PROMAGRI

cactus (Dactylopius opunatiae)

Sabraoui Abdelhadi

Secrétaire général

ICARDA-Rabat

et autres.

El Fakhouri Karim

Secrétaire général adjoint

ICARDA - Rabat

Saffour Kaddour

Trésorier

Consultant

Durant ce congrès, à travers

Essafi Noureddine

Trésorier adjoint

Consultant Kenitra

Lahlali Rachid

Accesseur

ENA- MEKNES

El Akel Meriem

Accesseur

Consultante-FAO

Hormattalah Abderrahim

Assesseur

IAV-C. H. AGADIR

Hamel Abdelhamid

Assesseur

Consultant Meknès

Bounhar Hajar

Assesseur

ONSSA Rabat

d’autres thématiques, ont étés abordées la surveillance et la prédiction des ennemis nuisibles aux cultures, et considérés comme espèces de quarantaine tels que la chenille légionnaire d’automne Spodoptera frugiperda. Finalement,

une

assemblée

générale a pris place, après la lecture des rapports moral et financièr, les AMPP-istes ont été appelés à élire le nouveau bureau pour un mandat 2019-2021 (Voir tableau). 24

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

25


Actu Actu Produit

Raisin,

Quelles réactions de la vigne au déficit hydrique ? Croissance ralentie, feuillage jauni, flétri, ... les effets du manque d’eau dans les sols viticoles commencent à se faire sentir dans les vignobles d’un grand nombre de régions. Mais quelles sont plus précisément les conséquences du déficit hydrique sur la plante ? Quels sont les niveaux de tolérance des différents cépages à la sécheresse ? Eléments de réponse.

L

es projections climatiques les plus récentes font état « d’une augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse, de fortes températures et d’un accroissement de leur intensité », rapporte un chercheur à l’Inra Montpellier. La vigne, plus que les autres cultures, présente aussi le risque d’être plus fortement impactée par ce genre d’évènements climatiques. Il s’agit en effet d’une culture généralement non irriguée, implantée sur des sols peu fertiles à faible réserve hydrique et dont le type de production, très spécialisé, associé à un nombre réduit de variétés adaptées, est « étroitement lié aux caractéristiques climatiques du lieu de production », poursuit le chercheur.

Effet sur la croissance et le fonctionnement foliaire

Un déficit hydrique pour la vigne correspond à une période où la demande climatique journalière, appelée « évapotranspiration potentielle », devient supérieure à la quantité d’eau pouvant être extraite du sol par les racines. Dans ces conditions, la croissance végétative et le fonctionnement foliaire sont 26

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

les premières fonctions à être affectées. La vigne répond par une diminution de la vitesse de croissance des rameaux et une limitation de sa transpiration en fermant ses stomates. Ces réactions ont pour conséquence une diminution de la photosynthèse de la plante avec au bout du compte, dans les cas les plus sévères, des pertes de rende-

ments et de qualité nette du produit pour le vigneron. Ces problèmes d’ordre physiologique peuvent par exemple se mesurer par une vitesse d’apparition des feuilles primaires et au niveau des entrecoeurs ralentie, la surface des limbes, mais aussi par le fonctionnement des stomates et de la photosynthèse, essentiels au bon dé-

veloppement de la plante. Les travaux de recherche d’écophysiologie réalisés au cours des 20 dernières années, notamment par l’Inra, ont permis d’identifier une diversité de réponses du matériel végétal (porte-greffe et greffon) dans le fonctionnement hydrique de la vigne, avec différents degrés de tolérance à la www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

27


Actu Actu Produit

Vers une meilleure connaissance de la vigne ?

Qu’attendre de la génomique ? Ce terme reste pour beaucoup abstrait et demeure loin des préoccupations quotidiennes des producteurs. Pourtant, derrière la génomique se trouvent des solutions aux impasses techniques liées à la réduction de l’usage des pesticides ou au réchauffement climatique. Le séquençage du gé nome de la vigne en 2007 accélère considérablement le travail de sélection variétale par la mise au point de techniques de sélection assistée par marqueurs génétiques. Les premières applications devraient voir le jour très prochainement. La vigne constitue une espèce majeure pour l’agriculture. Afin d’accroître sa compétitivité économique et d’adapter sa culture aux nouveaux objectifs de production, qui résultent du change ment climatique, de l’émergence de nouvelles maladies, des impératifs de protection de l’environnement et des comportements des consommateurs, il est nécessaire d’approfondir les connaissances sur sa physiologie et sa pathologie, et de développer des outils et ressources génétiques à partir desquels il sera possible de l’améliorer.

sécheresse. Certains cépages ont ainsi la capacité de « maintenir leur état hydrique » grâce à une sensibilité stomatique très élevée à l’état hydrique du sol, qui conduit au maintien de l’état hydrique du feuillage en situation de déficit hydrique sévère. D’autres, au contraire, ont tendance à maintenir les échanges gazeux (transpiration et photosynthèse) « au prix d’un certain degré de déshydratation du feuillage. Mais le comportement du premier groupe de cépages n’implique pas forcément leur capacité à assurer un rendement et une maturité complète en situation de contrainte hydrique, qui peuvent donc s’avérer problématiques. La fermeture des stomates et la sénescence précoce des feuilles qui contribuent à limiter les pertes en eau impliquent une réduction drastique de la photosynthèse durant la période estivale, voire au-delà, avec des blocages de maturation et des problèmes d’aoûtement ou de fertilité sur certains cépages. A l’opposé, les recherches effectuées ont montré que les cépages qui ont tendance à maintenir les échanges gazeux en situation de déficit hydrique important préservent une activité photosynthétique forte favorisée par la transpi28

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

ration, avec le maintien d’une surface foliaire efficace et une sénescence foliaire réduite. Ces derniers ont donc généralement la capacité d’assurer une maturation complète en situation de stress hydrique. Mais dans des situations de déficits hydriques extrêmes, on a aussi pour ces cépages un risque de mortalité accru, peut-être lié à un dysfonctionnement hydraulique du xylème.

La sécheresse et les maladies du bois

potasse et magnésie. En période de sécheresse, dans les vignes où l’enracinement est plutôt superficiel, l’absorption racinaire de la potasse est bloquée. Or, selon l’Association technique viticole du Maineet-Loire (Atv 49), « Le potassium permet la circulation des sucres dans la plante. Lorsque la vigne est en manque, les sucres sont bloqués dans les limbes et ne migrent pas dans les baies. Les limbes des jeunes feuilles du haut deviennent épais, luisants et révolutés et prennent une

coloration jaune puis rouge sur les bords puis les symptômes descendent sur les feuilles du dessous ». En fin, une période de sécheresse peut aussi avoir pour conséquence d’accroître l’apparition des symptômes liés aux maladies du bois, esca/ bda. « C’est donc le moment de faire un premier tour pour marquer toutes les souches où sont apparus ces symptômes », préconise l’Atv 49. Source : Terre-net Média

Un stress hydrique sévère implique également des carences en éléments minéraux,

Les mécanismes liés aux excès de salinité décodés

La salinité provoque de graves dommages à l’agriculture et à la productivité des plantes. Des concentrations élevées de sodium réduisent l’absorption de l’eau par les racines et endommagent les cellules, en menaçant sérieusement la survie de la plante. Une réaction naturelle de la plante au stress salin est de type morphologique : la plante s’adapte en réduisant son développement. Si dans ce cas, la plante réussit à survivre, sa productivité en termes de récolte souffre cependant d’une réduction drastique. Il est donc facile de comprendre que l’implication de la recherche scientifique est primordiale pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques et moléculaires à l’origine de l’adaptation au stress salin.

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

29


Actu Actu Salon

Le savoir-faire français agricole s’expose sur le SIAM

Le Pavillon France rassemblera les entreprises françaises issues de nombreux secteurs agricoles et agroalimentaires sur la 14ème édition du SIAM, le Salon International de l’Agriculture au Maroc, qui aura lieu du 16 au 24 avril à Meknès. Business France, l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française, organise pour la 11ème année consécutive un Pavillon France sur le SIAM, en partenariat avec la CFCIM (Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc), membres de la Team France Export. Près de 30 entreprises françaises, désireuses de présenter leur savoir-faire, exposeront ou accompagneront les Régions d’Occitanie et d’Auvergne Rhône-Alpes sur le Pavillon. Celui-ci sera situé au cœur du pôle international du salon. Elles présenteront en particulier les secteurs d’activité suivants : ü L’horticulture : pépiniéristes fruitiers et viticoles ü La génétique bovine et les animaux vivants ü L’alimentation animale ü Les équipements pour la valorisation et transformation des fruits et légumes ü L’agriculture de précision. Le Pavillon France accueillera également la Région Occitanie et la Région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) accompagnées de plusieurs entreprises. La Région AURA se déplacera avec une délégation renforcée de 5 élus, dont M. Philippe MEUNIER, Vice-Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et des représentants d’entités publiques du secteur comme

30

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

la Chambre d’agriculture régionale, le Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand ou l’école d’agronomie ISARA. Parmi les temps forts de la programmation du Pavillon France, le traditionnel cocktail networking France, des conférences autour des filières de l’élevage et de la valorisation des fruits et légumes, des rencontres networking, un colloque sur l’élevage du futur organisé conjointement avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi des visites de sites dans la région de Meknès. À noter également la signature de plusieurs accords entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes et celle de Rabat-Salé-Kénitra, qui célèbreront à cette occasion 20 ans de coopération.

Des relations franco-marocaines privilégiées La France est l’un des premiers partenaires du Maroc, que ce soit en tant que client (21 % des exportations marocaines globales), fournisseur (2ème fournisseur), bailleur de fonds, ou encore investisseur (1er investisseur au Maroc). En ce qui concerne les échanges de produits agricoles, la France est le premier fournisseur du Maroc avec plus de 15 % de

parts de marché en valeur, avec en majorité l’importation de céréales, ainsi que de produits laitiers, animaux vivants ou oléagineux. Elle est également un fournisseur important de machines agricoles, avec principalement des appareils à pulvériser et de récolte, ainsi que des tracteurs. Les appareils de laiterie ou encore la génétique animale sont aussi majoritairement français. Le renouvellement du Pavillon, la diversité des sociétés présentes et la densité de la programmation traduisent l’importance du segment agricole et agroalimentaire dans la politique économique et étrangère française. Le SIAM fait écho jusque dans les plus hautes sphères politiques françaises puisque ce 11ème Pavillon accueillera un grand nombre de personnalités françaises : le député président du groupe d’amitié parlementaire France-Maroc, les régions françaises et d’autres personnalités politiques attendues. À souligner : les PME marocaines ayant des projets d’investissement, dont celles œuvrant dans les secteurs agricole et agroalimentaire, peuvent désormais se financer auprès de la ligne de crédit française destinée au financement de l’acquisition de biens et de services français.

À propos de Business France :

Business France est l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française. Elle est chargée du développement international des entreprises et de leurs exportations, ainsi que de la prospection et de l’accueil des investissements internationaux en France. Elle promeut l’attractivité et l’image économique de la France, de ses entreprises et de ses territoires. Elle gère et développe le VIE (Volontariat International en Entreprise). Creée le 1er janvier 2015, Business France est issue de la fusion d’UBIFRANCE et de l’AFII (Agence française pour les investissements internationaux). Business France dispose de 1 500 collaborateurs situés en France et dans 70 pays. Elle s’appuie sur un réseau de partenaires publics et privés. Pour plus d’informations : www. businessfrance.fr

À propos de la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) : Forte de ses 4 200 adhérents, la CFCIM a pour mission d’accompagner et de conseiller les sociétés françaises et marocaines. Elle a développé un ensemble de prestations apportant à ses membres les meilleures solutions: conseil aux investisseurs, études de marché, publications, mise en relation et rencontres professionnelles, missions de prospection B to B au Maroc et à l’international, organisation de salons et d’évènements sur mesure. La CFCIM propose également des solutions adaptées en matière de formation grâce à son Campus et met à disposition des formules locatives innovantes au travers de ses 4 parcs industriels (Bouskoura, Ouled Salah, Settat et l’Ecopark de Berrechid). www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

31


Contrôle de la mouche méditerranéenne des fruits Comment le type de piège influe-t-il sur la capacité à tuer les mouches ? Ignacio de Alfonso – Suterra Europe Biocontrol, S.L.

La mouche méditerranéenne des fruits ou Cératite [Ceratitis capitata (Wiedemann)] reste l’un des ravageurs des arbres fruitiers les plus importants à l’échelle mondiale. Les régions de production doivent recourir à la mise en place de systèmes intégrés et résistants de lutte contre ces insectes pour répondre aux exigences de qualité et de limitation des rejets fixées par le marché, ainsi que pour faire face aux restrictions de quarantaine particulièrement sévères imposées par la majorité des pays importateurs. Le Maroc totalise environ 130 000 hectares de champs d’agrumes et son industrie agrumicole, clairement orientée vers l’exportation, compte parmi ses principaux clients l’Union européenne, la Russie et les États-Unis. L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) déploie actuellement un programme de gestion de la mouche méditerranéenne des fruits pour mettre en œuvre et respecter de manière rigoureuse les mesures de contrôle exigeantes requises pour l’exportation à destination de ces marchés. L’emploi de systèmes de piégeage de masse ou de station d’appâtage et de mort de ces ravageurs joue un rôle prépondérant dans ce programme. À cet égard, l’utilisation de systèmes à appâts alimentaires, permettant d’attirer ces mouches qui meurent ensuite à l’intérieur du piège, se généralise progressivement. Ces dispositifs vont des modèles simples faisant appel à des bouteilles aux inventions beaucoup plus sophistiquées. Relativement efficace, l’emploi de ces pièges reste toutefois coûteux et leur manipulation demeure complexe et lente. Le système d’appâtage et de mort Magnet™ MED mis au point par Suterra s’affirme peu à peu comme la solution privilégiée par une grande partie du secteur, ce piège étant perçu comme le produit de meilleure qualité dans sa catégorie. La société Suterra est parvenue à se démarquer des produits de piégeage-de-masse en développant Magnet™ MED, son système d’appâtage-et-de-mort. Sa conception brevetée consiste en une enveloppe qui renferme un attractif hautement efficace et dont l’extérieur est imprégné de deltaméthrine. Son principe de fonctionnement est très simple, puisque les mouches méditerranéennes des fruits, attirées par l’ap-

32

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

pât, viennent se poser sur le piège et meurent intoxiquées quelques instants plus tard. Parmi les caractéristiques qui peuvent avoir une influence sur la capacité d’un système à être plus ou moins efficace pour tuer les insectes qui s’en approchent se trouve la configuration du dispositif proprement dit. Certaines études récemment publiées par Navarro-Llopis, et coll. à l’Universidad Politécnica de Valencia laissent entendre que les systèmes où la mouche doit pénétrer à l’intérieur d’un récipient (piège ou bouteille) pour accéder à l’agent provoquant leur mort peuvent s’avérer moins efficaces que les systèmes au niveau desquels les insectes entrent immédiatement et directement en contact avec cet agent par interaction avec le dispositif (couche imprégnée). Par ailleurs, le processus au moyen duquel la mort se produit pourrait lui aussi avoir une influence sur l’efficacité réelle du système à tuer les mouches qu’il a attirées. L’emploi de substances toxiques à effet rapide comme insecticides doit minimiser la capacité des insectes à échapper à l’action du dispositif, tandis que les moyens physiques augmentent la probabilité de survenue de cette situation. D’après l’étude la plus récente publiée à ce sujet (Navarro-Llopis, et coll. Levante Agrícola, no 445, 2019), l’efficacité avec laquelle les dispositifs peuvent avoir un effet sur les mouches attirées est différente. Après l’observation des résultats de mortalité obtenus, il est possible d’arriver à la conclusion que le système Magnet™ MED peut s’avérer significativement plus efficace que le piège de type bouteille et que le piège de piégeage-de-masse pour provoquer la mort des mouches qui interagissent avec le dispositif dans les conditions d’essai. Ce fait établi se heurte au point de vue de

Le principe de fonctionnement de Magnet™ MED est extrêmement simple : les mouches méditerranéennes des fruits sont attirées par l’appât et viennent se poser sur le piège pour mourir intoxiquées quelques instants après. D’après de récentes études, ce système est significativement plus efficace que le piège de type bouteille et que le piégeage de masse pour provoquer la mort des mouches.

certains agriculteurs qui préfèrent pouvoir observer de leurs propres yeux les captures dans un piège, même lorsque les dispositifs qui ne capturent pas les mouches sont plus efficaces. Dans l’étude susmentionnée, le système Magnet™ MED a tué 2,5 fois plus de mouches que le piège à mouches et 3,3 fois plus que le système en bouteille (tableau 1). L’étude conclut que les pièges qui n’ont pas besoin que l’insecte cible pénètre dans un récipient confiné pour accéder à l’agent toxique peuvent dans ce cas de figure s’avérer plus efficaces. Après la même durée d’exposition, le dispositif de type plaque Magnet™ MED parvient à avoir de l’effet sur un nombre plus élevé de mouches que les dispositifs de type piège (appât solide ou liquide), puisque la disponibilité de l’agent toxique en surface augmente la probabilité de mise en contact réelle de l’insecticide avec une plus grande proportion de mouches attirées. Ces résultats se recoupent avec d’autres études qui accordent une plus grande efficacité au dispositif Magnet™ MED par rapport à d’autres systèmes, et ce aussi bien dans la protection des fruits (sur de courtes périodes en raison de la concurrence entre le dispositif et le fruit réceptif ) qu’en ce qui concerne la baisse des populations (sur de longues périodes après effet permanent sur le terrain). Produit beaucoup plus facile à manipuler et rapide à installer que n’importe quel autre système de piégeage de masse disponible sur le marché, Magnet™ MED présente par ailleurs un grand avantage en termes d’efficacité de transport et de logistique. En outre, le fait de ne pas avoir à manipuler d’éléments pendant la pose des pièges réduit le

risque d’exposition de l’opérateur à l’insecticide. Magnet™ MED apporte également des atouts supplémentaires par rapport aux autres systèmes, dont celui de ne recourir qu’à une seule application par campagne agricole, le fait de ne pas avoir à entretenir le dispositif ou l’avantage de bénéficier d’un produit qui reste attractif pendant au moins 6 mois. Cette durée protège la culture bien au-delà de la période sensible de la récolte, ce qui contribue à une diminution des populations de ravageurs dans la zone. L’efficacité du Magnet™ MED de Suterra est éprouvée par l’enregistrement du produit dans 10 pays du monde (Maroc, Espagne, Portugal, France, Italie, Grèce, Tunisie, Israël, Afrique du Sud et Australie), mais aussi et tout particulièrement par la croissance continue de son usage commercial de la part des professionnels de la culture des fruits et des agrumes. Le produit Magnet™ MED est actuellement utilisé chaque année sur plus de 20 000 hectares, ces surfaces étant principalement destinées à la culture des agrumes, du raisin de table, des fruits à noyau et des fruits à pépins. L’Espagne est à l’heure actuelle le plus grand consommateur de Magnet™ MED. L’expansion de ce produit continue d’y être particulièrement significative et son adoption par le marché ne cesse d’y enregistrer une croissance soutenue. Pour l’entreprise Suterra, ce phénomène reste la meilleure preuve de la valeur du produit pour le secteur.

Koppert est le distributeur de Magnet™ MED au Maroc.

Tableau 1. Moyenne (± erreur type) du nombre de mouches mortes après 150 minutes d’exposition à chacun des dispositifs dans une soufflerie. Mouches mortes en 150 min Magnet™ MED

28,2 ± 8,8 (a)

Decis® trap

12,0 ± 3,5 (b)

Cera TrapÒ

8,6 ± 3,6 (b)

Les valeurs suivies de la même lettre ne présentent pas une www.agri-mag.com différence significative (ANOVA, test LSD, P > 0,05).


Utilsable sur: agrumes, raisin de table, fruits à pépins et à noyaux, fruits subtropicaux et tropicaux.

www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

33


Actu Actu Vulgarisation

Les formations agricoles via Le Classroom mobile Depuis leur lancement en 2017, les formations agricoles via le Classroom mobile de Zine Céréales ont permis de toucher près de 3000 petits et moyens producteurs qui cultivent une superficie de 56.600 ha dans les principales régions céréalières du Royaume. Fruit du partenariat entre Zine Céréales, AMAROC et BASF, avec la participation de la SONACOS et l’Association Marocaine des Semences et Plants (AMSP), cette initiative a pour but de promouvoir l’amélioration rapide de la productivité céréalière, qui représente l’un des objectifs tracés par le Plan Maroc Vert. L’objectif à l’horizon 2021 est de former plus de 5000 producteurs, totalisant une surface de 100.000ha et qui s’engagent à leur tour à former une dizaine d’agriculteurs chacun.

L

ors des différentes étapes, les producteurs ont été invités à suivre des formations sur les bonnes pratiques de conduite du blé qui leur permettront d’obtenir une production meilleure sur les plans quantitatif et qualitatif. En effet, une bonne production céréalière est le résultat de l’utilisation de semences certifiées, d’une fertilisa� -

tion suffisante et raisonnée et d’une bonne protection contre les ennemis de culture et notamment les maladies fongiques. Le Classroom mobile permet de former à chaque étape plusieurs groupes de producteurs qui s’engagent à leur tour à en former d’autres dans leur entourage. L’opération a permis de toucher,

cette année encore, un grand nombre de petits et moyens céréaliers, soit directement, à travers les formations, soit indirectement, grâce à l’implication des agrégateurs et grands producteurs céréaliers qui servent de modèles à suivre dans leurs régions. Pour mener à bien cette opération, les 3 partenaires ont mis en œuvre d’importants moyens logistiques et finan-

ciers, et mobilisé une équipe de plusieurs cadres. Gageons que la grande réussite des formations par Classroom mobile servira de modèle à suivre, car elle illustre parfaitement l’importance pour l’ensemble des maillons d’unir leurs forces pour le bien de toute la filière.

Signature de la convention de partenariat en 2017. De droite à gauche :M. Mohamed Chetouani, Regional Manager du département Protection des Plantes – Afrique du Nord- à BASF Maroc. M. Yassine Taybi, Directeur Général Zine Céréales M. Mounir Sefiani, Directeur Général Amaroc

34

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

35


Actu Actu Séminaire

Séminaire JBT-FRIGOSCANDIA

Tout ce que vous devriez savoir sur la surgélation Le groupe JBT(John Bean Technologies) et sa marque FRIGOSCANDIA, avec la contribution de FTNON,CLAUGER et TRESCH ont organisé le 3 Avril 2019, la première édition du séminaire des fruits surgelés 2019 avec comme thème ‘’Les dernières technologies de surgélation’’.Le séminaire s’est déroulé à Larache, connue pour la réputation de sa région dans la production de fraises, avec la participation de professionnels de plusieurs filières venus de différentes régions du Maroc ainsi que la présence de nombreux opérateurs étrangers. L’objectif de ce nouvel évènement dédié à la valorisation des fruits, était d’exposer les solutions proposées pour fruits et légumes surgelés et de présenter des solutions innovantes répondant aux enjeux et contraintes des acteurs de la production et valorisation des fruits.

Fruits et légumes, un marché en mutation

L’intervention de M. Kalid Saou, sales manager Middle East & Africa de JBT, a commencé par une présentation du programme de cette manifestation et des sociétés partenaires assurant les conférences au séminaire. M. Saou a également exposé les tendances mondiales du marché et souligné les enjeux environnementaux et sanitaires liés aux fruits et légumes. Ainsi, les recommandations de consommation individuelle de fruits et légumes sont de 500g par jour et

devraient même atteindre 732 g/j en 2050 (+85%). Par ailleurs, il a également souligné la nécessité d’économies d’énergie, du contrôle de la consommation d’eau, de la réduction des pesticides et engrais et de la lutte contre les émissions de CO2. Ces enjeux sont liés aussi à des changements d’habitudes de consommation. En effet, le marché mondial du bio est en très forte croissance (25 MM € en 1999, contre 87 MM en 2018) alors que la consommation mondiale de viande a baissé de12% en 10 ans passant à 187 g/j en 2019, et devrait baisser à

94 g/j en 2050. Ceci au moment où la consommation de légumineuses et céréales sera multipliée par 3 en 2050. De même, des segments sont en forte hausse pour les fruits et légumes IQF (Individual Quick Frozen ou surgélation rapide individuelle) : Crème glacée, jus, plats cuisinés à base de légumes, etc. Pour leur part, les fruits et légumes surgelés suivent cette tendance haussière (+ 6,3% par an en moyenne jusqu’en 2022), sachant que les fruits rouges représentent la plus grande progression des fruits surgelés (la fraise représente 45% du vo-

lume). Les importations européennes de fruits et légumes IQF avaient une valeur de 4032 M$ en 2016 et devraient atteindre 5623 M$ en 2050 (+5,88% annuel). Parmi les organisateurs du séminaire, il faut signaler la présence marquée et active de M. Roland Collet, Responsable régional MENA qui, tout au long du déroulement du séminaire et en plus des traductions des interventions de l’anglais et de l’espagnol, n’a cessé d’apporter des précisions sur les sujets abordés et de répondre aux questions des participants.

M. Kalid Saou 36

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


En amont, préparation à la surgélation

L’intervention suivante, présentée par M. Alfons Sanchez, responsable commercial zone MENA de la société FTNON a porté sur ‘’les Équipements de transformation de fruits et légumes IQF’’. En exposant l’historique de la société, il a raconté les principales étapes de son évolution depuis sa création en tant qu’entreprise familiale en 1963 jusqu’à son acquisition par JBT en 2018. Il a également rappelé que la technique de surgélation a débuté en 1963-64. Ensuite, M Sanchez a fait état des différents équipements de préparation des fruits avant surgélation en insistant sur les objectifs visés par le fabricant. Ces objectifs sont l’économie d’énergie et d’eau (agissant directement sur le contrôle des prix à la production), l’hygiène des machines et la facilité de leur nettoyage. L’économie en eau se fait suite à la réutilisation d’une eau pure après filtration. M. Sanchez a également expliqué qu’il existe différentes façon de nettoyer selon le produit à traiter, et a procédé à la présentation de différents types de machines de lavage de fruits et légumes avec leurs caractéristiques techniques, les produits auxquels elles sont destinées (melons, avocats, salades, …), les avantages qu’elles apportent à l’utilisateur ainsi que les résultats qu’elles assurent. M. Sanchez a aussi expliqué la stratégie de croissance de FTNON estimant que la température est un facteur important, mais insistant également sur l’aspect hygiène pris en considération dans la conception de ses machines. Il a rappelé que FTNON offre des systèmes clé en main depuis l’arrivage du produit frais jusqu’à sa surgélation et que toutes les machines proposées sont adaptées à la surgélation des plats préparés.

JBT : La surgélation IQF par fluidisation

La conférence suivante, assurée par Messieurs Kalid Saou et Marten Larsen, a été consawww.agri-mag.com

M. Roland Collet crée à la présentation de JBT et de sa technologie IQF (Individual Quick Frozen ou surgélation rapide individuelle). Ils ont débuté par l’historique du groupe depuis la fondation de Frigoscandia en 1950 jusqu’à l’acquisition de FTNON en 2018 en passant par les différentes étapes de son évolution. Ils ont également fourni les données concernant le surgélateur. En effet ce dernier doit être étudié dans l’optique de la plus grande flexibilité possible pour assurer le traitement de la plus grande variété de produits (formes, dimension, humidité, aspect, texture, etc.) afin d’avoir une qualité irréprochable sur le marché. Ils ont indiqué que la température retenue pour la surgélation du produit est -18°C (équivalent à °0F) pour les raisons suivantes : à cette température il n’y a plus de développement microbien, l’eau du produit est cristallisée et c’est le point de surgélation pour un mélange eau/sel (NaCl). De même, des explications ont été fournies quant à la température dans le produit et la différence entre sa surface et l’intérieur. Pour cela, la chaine de distribution des denrées surgelées doit être étudiée de façon à ce que le produit, en bout de chaine, arrive avec une température stabilisée à -18°C. Il faut savoir également que la durée de vie des produits surgelés dépend du type de produit et de la température de stockage. En effet, selon les fruits et légumes, cette durée peut être de 2 à 10 mois à -12°C, de 8 à 24 mois à -18°C et de plus de 24 mois à -24°C. Ainsi, la priorité pour JBT est de proposer des techniques de surgélation innovantes pour offrir une qualité supérieure aux produits surgelés en produi-

M. Alfons Sanchez sant des gammes plus diverses (cubes, tranches, …) de produits intacts (non déformés, non endommagés). Deux méthodes de surgélation en fonction du produit ont été décrites. Il s’agit de IQF bac (pour les produits basiques) et IQF tapis (pour les produits délicats difficiles à manipuler). L’approvisionnement du surgélateur IQF doit obéir à certaines règles dont on peut citer : un chargement constant, une température d’entrée contrôlée, réduction de l’eau à la surface du produit, élimination de l’exsudat et des sucres de la surface, calibration contrôlée et fermeté du produit.

M. Marten Larsen

M. Jean-Philippe JARLOT

Importance du design dans la conception des installations La conférence suivante a été assurée par MM Jean-Philippe JARLOT, Directeur zone Afrique et Patrice Pimet, responsable commercial Maroc de la société CLAUGER spécialisée dans la conception, la fabrication, l’installation et la maintenance dans les domaines du froid industriel et du traitement de l’air de process. Ils ont évoqué les différentes technologies de réfrigération appliquées à la surgélation avec leurs avantages et inconvénients. Il s’agit d’une entreprise familiale avec plus de 45 ans d’expérience, spécialisée en froid industriel et traitement d’air pour l’agroalimentaire et l’industrie. Créée en 1971, ses collaborateurs sont 1.200, son chiffre d’affaires est de 250 M€ et compte 3.000 clients. Depuis sa création elle a connu

M. Patrice Pimet

M.Franck Dauphin Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

37


Actu Séminaire une croissance continue tant en nombre de collaborateurs que de chiffre d’affaires, dont 50% à l’international. Clauger Africa au Maroc est implantée à Mohammedia et à El Jadida et pense s’étendre vers le reste de l’Afrique. Le savoir faire de Clauger couvre un large assortiment de compétences, avec une approche basée sur le design, la fabrication l’installation et le service. Dans la surgélation des fruits, le design, au-delà du choix des composants, est la clé d’une installation frigorifique adaptée. Il doit permettre au surgélateur de maintenir la température d’évaporation demandée, supporter les démarrages violents des surgélateurs, s’adapter aux variations de type et de capacité de produit et concevoir une installation aussi efficiente électriquement que possible. Le design est également important dans le choix du fluide (fréon, NH3, CO2, Alcali) et du compresseur parmi les différentes marques. Au cours de l’exposé, des explications détaillées ont été fournies sur l’alimentation du surgélateur avec ou sans LVS, ainsi qu’un exemple d’usine complète.

L’eau, un enjeu stratégique dans le process de congélation

Cet aspect a été le thème de la conférence tenue par M.Franck Dauphin, Directeur Général de la société Tresch, qui a présenté ses solutions pour la protection des équipements ainsi que l’optimisation des coûts de traitement et de consommation d’eau. Installée dans la région lyonnaise, la société dispose d’un outil de production performant. L’étude, la réalisation et le service après vente sont effectués par des professionnels formés aux différentes techniques de

traitement des eaux. L’entreprise est certifiée MASE/UIC et est engagée dans une démarche d’amélioration continue de sa politique de sécurité, santé et environnement (SSE). Elle assure le conseil, les études et diagnostic ainsi que le service après vente France et export. M. Dauphin a expliqué que l’eau, qu’elle provienne d’une ressource naturelle (cours d’eau, lac, nappe phréatique ou pluie) ou du réseau d’eau potable, nécessite généralement un traitement avant sa distribution et utilisation. L’expertise Tresch couvre plusieurs domaines d’intervention : circuits vapeur, circuits de refroidissement et eau chaude et sanitaire, ainsi que celui du conseil, de l’optimisation de la consommation de l’eau, etc. Dans l’industrie de la surgélation des fruits, l’utilisation de l’eau concerne le lavage (des sols, des équipements, dégivrage), la fabrication (process de lavage des fruits, refroidissement) et les utilités (tours de refroidissement, production d’eau chaude et de vapeur pour le blanchiment, …). Qualité de l’eau L’eau quelle que soit son origine, contient des sels minéraux, de la matière (organique ou non) en suspension, des métaux, du chlore, etc. Les eaux distribuées au Maroc sont généralement, fortement concentrées en sels minéraux qui peuvent être à l’origine de corrosions et d’entartrage. Elles peuvent aussi contenir des MES et des microorganismes incompatibles avec le processus de fabrication. Par conséquent un traitement doit être mis en œuvre pour la rendre compatible avec les exigences de qualité. Surgélation de fruits Selon la qualité de l’eau, certaines substances dommageables devront être éliminées : · Dépôts de tartre : le CaCO3

www.jbtc.com 38

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Témoignage M. Chakib Bensaid

DG ACFR, cabinet spécialisé en conseil dans les domaines du commercial et ressources humaines (diagnostic, plan d’actions, formation et recrutement) : « J’ai été invité à ce séminaire en tant que conseiller d’entreprises dans le secteur du froid industriel. Sachant que le secteur des fruits et légumes au Maroc est en forte croissance et connaît des transformations très importantes, ce genre d’activités est très utile pour les professionnels. Dans ce cadre, JBT, groupe Américain spécialiste dans le développement de solutions nouvelles et innovantes pour l’industrie de la transformation des aliments a organisé un séminaire au niveau de Larache, ville connue pour ses fraises et son melon autour de trois axes cohérents et complémentaires : Le process par FTNON : présentation des nouveautés technologiques L’Installation du froid par la société Clauger : points de vigilances et optimisation des solutions. Le Traitement des Eaux par la stéTresch : le mot Eau potable ne veut rien dire, il est lié à la norme de chaque pays. Il est important de traiter son eau selon les normes des constructeurs. Les interventions étaient d’un bon niveau et en plusieurs langues espagnol, anglais et français pour satisfaire l’ensemble des participants. Le débat a été autour de points très opérationnels et a permis à chacun une meilleure compréhension des problèmes liés à l’efficacité énergétique (électricité, eau) et à l’hygiène à savoir comment stopper l’activité microbienne. Dans le cadre des activités de ma société, il est fort probable que ces sociétés soient fournisseurs pour les entreprises dont j’assure le conseil, pour leurs équipements (installations, entretien, etc.). » (composante du calcaire) aura tendance à précipiter suite à l’élévation de la température entrainant des risques de détérioration du matériel (corrosion), développement bactérien et surconsommation d’énergie. L’élimination du CaCO3 se fait par adoucissement sur résines échangeuses d’ions ou osmose inverse. · Chlorures : pour produire de l’eau déminéralisée Tresch a recourt à la technique de filtration tangentielle (osmose inverse) et selon la nature de l’eau un prétraitement pourra être mis en œuvre (filtration,

www.clauger.com

charbon actif, …). Sur les tours de refroidissement, un traitement d’appoint de l’eau des circuits est nécessaire pour résoudre les problèmes d’entartrage, corrosion et de microorganismes. Consommation d’eau par tonne de produit : - Pour le lavage des produits : 5 m3 - Pour le froid : 0,5 et 1,5 m3/H - Pour le pré refroidissement des produits : 0,5 m3 par tonne de produit

www.tresch-sa.fr

www.ftnon.com www.agri-mag.com


AGRILEVANTE

SALON INTERNATIONAL DES MACHINES, INSTALLATIONS ET TECHNOLOGIES POUR L’AGRICULTURE MEDITERRANEENNE Présenté au SIAM le mercredi 17/04/2019 à 15h00 ICE-Agence italienne pour le Commerce Extérieur en collaboration avec la Fédération italienne des constructeurs de machines agricoles a le plaisir de vous inviter à la Conférence de présentation du Salon international des machines, installations et technologies pour la filière agricole AGRILEVANTE By EIMA. La conférence de présentation se tiendra au SIAM le mercredi 17 avril à 15h00 en salle de conférences, tandis que la nouvelle édition de AGRILEVANTE se tiendra du 10 au 13 octobre prochains à Bari en Italie.

rendez-vous incontournable de l’agriculture dans le bassin méditerranéen et de ses cultures typiques, et prévoit l’exposition des productions les plus innovantes pour ce qui est des tracteurs, machines, équipements pour le travail de la terre, pour le traitement des cultures, l’irrigation, la récolte des produits agricoles, la gestion des biomasses pour la production d’énergie, afin d’aller à la rencontre de la demande qui émane des opérateurs du secteur de par le monde. Cette année une section sera également dédiée à l’élevage avec l’exposition de 500 bovins, équins et ovins/caprins.

Lors de l’édition 2017, le Salon a enregistré près de 350 exposants et accueilli plus de 71.000 visiteurs internationaux en provenance de 30 pays. Agrilevante est considéré comme le

La conférence de présentation au SIAM, animée par FederUnacoma sera sans doute l’occasion d’établir de nouveaux contacts entre les opérateurs du secteur agricole et de l’élevage au Ma-

www.agri-mag.com

roc qui sont à la recherche de nouvelles technologies et d’échange de knowhow pour approfondir les avancées réalisées dans le secteur agricole, en vue de l’organisation d’une délégation qui sera invitée en Italie.

Pour plus d’informations contacter : ICE - Agence italienne pour le commerce extérieur Section pour la promotion des échanges de l’Ambassade d’Italie PAVILLON INTERNATIONAL – ZONE ITALIE Tél.:+212 (0)522 224992-94-95-96 Email : casablanca@ice.it ; j.elbartal@ice.it

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

39


Actu Actu ENTREPRISE

La vitrine Tomate VILMORIN à Agadir au cœur de la zone de production Depuis plusieurs années, Vilmorin-Mikado via sa filiale marocaine Vilmorin Atlas met à la disposition des producteurs de tomates une vitrine qui permet d’approcher le matériel génétique adapté aux conditions de production locale issu de la recherche réalisée localement. Cette plateforme présente du mois de décembre au mois de mai les variétés commerciales et pré-commerciales dans toutes les typologies. Cette année encore, de nombreux producteurs sont déjà venus constater les performances du matériel génétique Vilmorin Mikado et échanger avec les spécialistes de Vilmorin Atlas et recevoir les conseils adéquats pour la conduite du matériel. Située au centre de transfert de technologie APEFEL, la vitrine occupe une serre de 5.000 m², dans laquelle Vilmorin-Mikado présente environ 20 hybrides. Parmi les tomates que les visiteurs

40

ont pu observer, deux variétés ont particulièrement retenu l’attention pour leur adéquation aux besoins de la zone de production et des clients des marchés export : - ISLANE F1 : tomate ronde calibre 2 et calibre 3 résistante au TYLCV, remarquée pour son homogénéité de forme de fruits, sa bonne nouaison durant l’hiver, son absence de fruits creux et les qualités exceptionnelles de son fruit : coloration, goût et fermeté. Ces qualités ainsi qu’un très bon niveau de long shelf life font de Islane une variété à très fort potentiel de rendement export. - ITRANE F1 : Tomate ronde

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

calibre 3 et calibre 4 résistance au TYLCV est dotée d’une forme régulière, et d’une parfaite nouaison pendant les conditions hivernales. Sa coloration homogène, sa bonne fermeté et son caractère long shelf life permet à la variété d’avoir un rendement export très régulier durant tout le cycle de production. Cette plateforme est à la disposition des producteurs et pépiniéristes jusqu’à la fin du mois d’avril. L’équipe technique et commerciale locale de Vilmorin -Mikado est à leur disposition pour organiser une visite sur rendez-vous.

ISLANE F1

ITRANE F1

www.agri-mag.com

Vilmorin est une marque de La BU Vilmorin-Mikado


La vitrine Poivrons VILMORIN à Agadir : une nouveauté que la profession attendait

TYSON F1

Acteur de premier plan mondial en piments et poivrons, Vilmorin-Mikado se devait de répondre au besoin de connaissance du matériel génétique exprimé par les producteurs locaux de poivrons destinés au marché local et export.

MAZAGAN F1

ARETI F1 MARIAMA F1 C’est ainsi que Vilmorin Atlas a développé une plateforme de 3.500 m² située dans la Station Hi Tech Seeds, dans laquelle sont présentés environ 20 hybrides de différentes typologies aux stades commercial, pré-commercial et développement. De nombreux visiteurs ont déjà eu l’occasion de venir découvrir la richesse de la gamme VILMORIN et ont pu apprécier notamment : - TYSON F1 : Blocky rouge de gros calibre (Poids moyen de 250 gr / fruit), connu pour son plant vigoureux adapté aux conditions de production locale, sa longévité, sa régularité de forme de fruits, sa coloration, et sa bonne tolérance à l’oïdium. - MAZAGAN F1 : Blocky rouge de calibre moyen www.agri-mag.com

(Poids moyen de 220 gr / fruit) doté d’une forme régulière, de coloration homogène et brillante, non sensible au cracking, très bonne continuité de nouaison, un bon rendement précoce, resistance PVY et TM2. - ORLANDO F1 : Blocky Jaune gros calibre (Poids moyen 260 gr / fruit), plante vigoureuse avec une bonne nouaison, une régularité de forme de fruits, avec un bon potentiel de rendement. Dans cette typologie VILMORIN-MIKADO proposera bientôt des nouveautés avec la résistance TSWV et TM3. - MARIAMA F1 : typologie Kapia dotée d’un plant vigoureux qui passe bien l’hiver, une bonne continuité de nouaison, belle coloration,

fermeté et long shelf life, non sensible au cracking avec un potentiel de rendement élevé. Résistant TM3. - ARETI F1 : typologie Hongrois, résistant au TSWV et TM3, dotée d’un plant vigoureux, très productif, avec une fermeté et long shelf life. - BRAOUNI F1 : typologie Marconi, avec un rendement élevé, bonne coloration et qualité de fruits adaptée pour le marché local et export. Cette plateforme est à la disposition des producteurs et pépiniéristes jusqu’à la fin du mois d’avril. L’équipe technique et commerciale locale de Vilmorin Mikado est à leur disposition pour organiser une visite sur rendez-vous.

Vilmorin Atlas SARL : T. +212 (0)522 24 38 54 / +212 (0)522 24 38 57 / F. +212 (0)522 24 38 48 - www.vilmorin.ma

ORLANDO F1

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

41


Actu Actu ENTREPRISE

Participe pour la 2ème fois au

festival des fruits rouges AMAROC, entreprise leader de l’agrochimie au Maroc, a pris part cette année encore au Festival des Fruits Rouges qui s’est tenu à Kénitra du 27 au 31 mars. Pour AMAROC, ce type d’évènement est l’occasion de consolider les relations avec les partenaires et les producteurs de cette filière en pleine croissance et de simuler les échanges dans un cadre décontracté et convivial.

Festival des Fruits Rouges, Larache 2018. Soirée conviviale organisée par AMAROC au profit des producteurs et exportateurs de fruits rouges.

Du haut de ses 65 ans d’existence, AMAROC a développé une grande capacité à fournir les produits phytosanitaire adaptés en fonction de l’évolution de la demande du marché. Cette année, la communication sur le stand d’AMAROC était axée sur l’innovation insecticide EXIREL®. Il s’agit d’une solution à base de la substance active Cyantraniliprole® se distinguant par une structure chimique originale et unique sur le marché des insecticides qui lui confère de multiples avantages prouvés à travers de nombreux essais au Maroc et ailleurs. EXIREL® permet un contrôle exceptionnel d’un large spectre de ravageurs suceurs et broyeurs (Pucerons, 42

Noctuelles, Tuta absoluta, Mouche blanche, Thrips, Carpocapse, Drosophila suzukii, Mouche mineuse). Le Cyazypyr® agit directement sur les muscles des insectes nuisibles qui ne peuvent plus bouger. Paralysés, ils arrêtent rapidement de se nourrir et entrent en léthargie avant de mourir et c’est ainsi que la plante devient immédiatement protégée. EXIREL® présente également l’avantage d’être flexible du fait qu’il permet le contrôle des différents stades des ravageurs (adulte, larve ou œuf ). La formulation de 100 g/l a été spécifiquement développée pour l’application foliaire qui permet d’optimiser la pénétration du produit dans la plante. En

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

agissant à la fois sur la prise de nourriture, la mobilité et la reproduction de l’insecte, la transmission de virus est considérablement réduite. De plus, Exirel® ne présente aucune résistance croisée avec les autres classes d’insecticides, ce qui en fait un excellent outil pour la gestion de la résistance. Au Maroc, Exirel a été homo�logué sur plusieurs cultures, notamment: - Cultures maraîchères (Tomate, Haricot vert, Chou de Bruxelles) - Cucurbitacées (concombre, courgette, melon), - Fruits rouges (fraisier, framboisier, myrtillier) - Arboriculture (pommier, pêcher, nectarinier) - Agrumes et olivier.

- D’autres extensions d’homologation sont en cours de réalisation, notamment sur le mûrier. Outre sa bonne persistance d’action, sa bonne résistance au lessivage par les pluies, Exirel® est sélectif des cultures à protéger et préserve les auxiliaires utiles. De ce fait, il s’intègre parfaitement dans les programmes de lutte intégrée (IPM). Pour les producteurs de fruits rouges, comme pour les autres filières agricoles, l’insecticide EXIREL® répond parfaitement aux exigences actuelles du marché à savoir : l’efficacité et la protection de l’environnement et du consommateur.

Participation d’AMAROC à la 3è édition du festival des fruits rouges à Kénitra

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

43


n

Actu Actu ENTREPRISE

6ème Participation au SIAM

2019

Pour la sixième année consécutive, la société AMAROC sera présente en force au Salon International de l’Agriculture au Maroc, qui se tiendra à Meknès du 16 au 21 avril. Cette année encore l’entreprise a opté pour un grand stand très convivial et joliment décoré où l’ensemble de l’équipe sera présente pour accueillir dans les meilleures conditions partenaires et clients. En effet, consciente de l’importance de la proximité des clients, l’entreprise prend part aux plus grands évènements agricoles nationaux, en plus de l’organisation de journées techniques d’informations au profit des producteurs dans les principales régions agricoles du Royaume, sans oublier la formation des céréaliers depuis trois ans dans le cadre du Classroom mobile (voir page ---). Sur le stand d’AMAROC, les visiteurs auront la possibilité de découvrir l’une des gammes de produits les plus vastes et les plus complètes du marché cou-

vrant arboriculture, maraichage, grandes cultures, viticulture et fruits rouges. En plus d’assurer une protection efficace des cultures, cette gamme de produits a été développée pour aider les agriculteurs à mieux répondre aux exigences du marché de l’exportation et du marché local. A noter que la réussite de l’entreprise tient en grande partie au choix judicieux de ses produits et de ses fournisseurs, tous des leaders mondiaux dans le domaine de la protection des cultures.

Visitez notre Stand au SIAM : A15 Pôle Agro-Fournitures

Participation d’AMAROC à l’édition 2018 du SIAM, l’occasion de révéler sa nouvelle identité visuelle.

Grupo Chamartin présente le goutteur ULTRA !

Grupo Chamartin S.A (CHAMSA), fabricant de matériel d’irrigation depuis plus de 40 ans, présente le goutteur ULTRA DRIP. La rampe d’irrigation ULTRA DRIP avec goutteurs plats utilise une technologie hydraulique avancée et offre une résistance extraordinaire à l’encrassement et des performances maximales dans toutes les conditions de terrain. Les lignes ULTRA DRIP sont disponibles dans différentes débit : 0,7 litre/heure, 1 litre/ heure, 1,3 litre/heure et 1,6 litre/heure. Dans la plus grande partie de la structure du goutteur, il existe un filtre d’aspiration qui garantit un filtrage efficace de l’eau. En effet, le goutteur contient un labyrinthe transversal large avec des dents pointues et une chambre de refoulement. La conception unique du filtre et sa grande capacité de filtrage 44

due à un espace d’admission fin de 0,3 mm seulement, séparent toutes les particules de taille moyenne à grande, ne laissant que les particules fines pénétrer dans le circuit du goutteur. Au fur et à mesure que l’eau avance vers le goutteur, les dents pointues du labyrinthe créent une forte turbulence qui empêche la sédimentation. Les minuscules particules entraînées par l’eau sont expulsées par le trou d’évacuation.

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Les lignes ULTRA DRIP avec goutteurs plats sont fabriquées dans des épaisseurs de paroi fines à moyennes de 0,12 à 0,375 mm et dans deux diamètres : 16 et 22 mm. Plusieurs

espacements possibles des émetteurs sont : 10 cm, 15 cm, 20 cm, 25 cm, 30 cm et 40 cm. La société Chamsa présente le goutteur ULTRA DRIP comme étant le meilleur choix pour les exploitations agricoles, notamment grace aux avantages qu’il offre, à savoir : - ULTRA uniforme : avec un coefficient d’uniformité de moins de 2%, il est classé comme un goutteur de classe A. - ULTRA résistant : grâce à sa conception innovante, le filtre peut fonctionner correctement même avec les eaux les plus compliquées et pendant plus de saisons d’irrigation que ses concurrents. - ULTRA versatile : Il peut être installé dans une grande variété d’épaisseurs et de débits variables, ce qui le rend très polyvalent et multi-usage. Pour plus d’informations : jcolino@grupochamartin.com www.grupochamartin.com www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

45


Actu

Actu ENTREPRISE

La société SAS

rénove l’image de sa marque La société espagnole SAS, leader dans la fabrication et commercialisation des engrais spéciaux, présente dans plus de 80 pays à travers le monde, a décidé à l’occasion de son trentième anniversaire de rénover l’image de sa marque CODA. Son catalogue reclassera les

produits

par stratégies et solutions, toujours avec un critère logique et simple, de manière plus intuitive pour tous. La nouvelle image est plus moderne, plus facilement reconnaissable et intuitive pour l’agriculteur, et adaptée aux caractéristiques techniques des produits. Il s’agit de 4 stratégies fondamentales : - Amélioration et amendement de sol/ eau, - Nutrition, - Biostimulation - et renforcement de la résistance des cultures face aux pathogènes et ravageurs.

CODA, à travers ce changement, cherche à satisfaire les besoins d’une clientèle de plus en plus exigeante et s’adapter au contexte d’un marché de plus en plus concurrentiel, notamment celui du Maghreb où elle est présente depuis 1990 à travers des distributeurs dans tous les pays de la zone. Au Maroc, Agrimassa une société référence dans la distribution d’intrants agricoles, est notre partenaire depuis plus de 25 ans. Agrimassa est connue comme un fournisseur de solutions innovantes et efficaces à l’agriculteur marocain et c’est dans ce contexte que la société a parié depuis des années sur les produits CODA

et s’est engagée à déployer ses stratégies et solutions sur tout le territoire du royaume.

Contact : Tel : (212) 05 28 24 04 03 Fax : (212) 05 28 24 14 82 Avenue Brahim Roudani B 747 Zone Industrielle Ait Melloul Email : contact@agrimassa.com Site web : www.agrimassa.com

SAOAS et SAKATA

Journées portes ouvertes

L

e semencier SAKATA et son distributeur exclusif au Maroc SAOAS ont organisé des journées portes ouvertes, du 11 au 15 Mars 2019 à la station expérimental à Chtouka dans la région d’Agadir. Cet évènement qui a connu la participation massive des producteurs et des responsables des coo-

46

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

pératives et sociétés de production maraichère, avait pour objectif de présenter la gamme des variétés commerciales et pré-commerciales : - le porte-greffe tomate : GLADIATOR et le nouveau. - la tomate calibre 3 : XITO - les tomates cerises allon-

gées : MISTRAL et DETSU - Tomate cerise ronde : Sabrina - les poivrons : ITALIANO et CAPIA (3 nouvelles variétés avec résistance TSWV) - le mini poivron (SNACK PEPPER) : gamme SUNAKKU A l’instar des deux précédentes compagnes, un

plan de communication de grande envergure a été mis en place pour promouvoir les avantages de ces variétés. Les actions menées font suite notamment aux résultats obtenus au niveau du rendement et de la qualité demandée sur le marché export.

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

47


Actu Actu ENTREPRISE

OVALIS RHIZOFERTIL d’ELEPHANT VERT: 1er LEVIER DE CROISSANCE POUR VOS SOLS

Ovalis rhizofertil est un produit à 100% naturel à base de Pseudomonas putida, une souche de bactérie qui se développe aux voisinages des exsudats racinaires et qui augmente le processus de l’humification de la matière organique ainsi que la solubilisation des éléments fertilisants. Ovalis rhizofertil active la croissance de la plante grâce à la production d’hormones comme l’acide indolacetique (AIA).

AMELIORATION DE LA QUALITE ET DU RENDEMENT

Ovalis rhizofertil apporte une solution purement naturelle qui améliore aussi bien la qualité du sol (fertilité, porosité et oxygénation) que la qualité de la production. Il s’agit d’un produit qui rentre parfaitement dans une stratégie d’agriculture de conservation et de production agricole durable. Classée comme PGPR, la souche Pseudomonas putida est reconnue par la communauté scientifique internationale comme une espèce dont les nombreux modes d’action ont été étudiés en raison des bénéfices multiples qu’elle procure aux cultures dans le développement de la racine et de la partie aérienne. Ce produit présente

48

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

l’avantage d’être utilisable aussi bien en agriculture biologique qu’en conventionnelle et sur un grand nombre de grandes cultures (blé́, orge, mais, sorgho, colza, riz, tournesol, avoine, seigle...) et de cultures industrielles (canne à sucre, betterave, coton, sésame...). Flexible dans son emploi, Ovalis rhizofertil peut être utilisé de différentes manières : - en traitement des semences - en pulvérisation sur le sol avant ou après semis - en irrigation (goutte à goutte, aspersion) après semis. Des résultats éprouvés De nombreuses expérimentations réalisées au niveau du département R&D de la société Éléphant Vert ont montré les avantages

de la bactérie Pseudomonas putida sur le développement et la croissance des plantes. Les mêmes résultats ont été confirmés par la communauté scientifique internationale. Les résultats de 4 essais de mais fourrage conduits dans la région d’Agadir en 2018 ont démontré que l’activité d’Ovalis Rhizo�fertil sur le sol améliore

la capacité hydrique et la disponibilité des éléments nutritifs. Combiné à la stimulation du développement racinaire et végé�tatif, Ovalis a permis une augmentation moyenne de rendement de 11% soit + 5,3T, ce qui correspond à un bénéfice de 2120 dhs. De même, des essais menés au Maliont ont montré que l’apport d’Ovalis a permis d’augmenter la profitabilité d’une culture de maïs à grain en améliorant le rendement de 20% et d’une culture de coton de 29% par rapport au témoin. Au Sénégal, l’utilisation d’Ovalis a permis d’augmenter le rendement du riz irrigué de 33 % par rapport au témoin non traité. www.agri-mag.com


FR ANCE - MAROC - POLOGNE

Simplifiez l’exportation des Fruits et Légumes frais

Valoriser la qualité et la fraîcheur des produits, garantir la traçabilité jusqu’aux consommateurs, localiser les palettes en temps réel sont autant d’enjeux que les entreprises exportatrices doivent relever quotidiennement. Comment réussir à relever ce défi pour répondre aux exigences des clients internationaux, respecter les réglementations et les bonnes pratiques applicables au monde entier ?

L’identification des produits

Le GTIN, Global Trade Item Number, est un code (standard GS1) qui vous permet d’identifier vos unités commerciales (emballé, vrac, plateau) de manière unique pour être utilisé par tous vos clients pour le référencement, les commandes, la facturation, l’encaissement... Informia a implémenté ce code et son fonctionnement dès la conception de ses logiciels. Ainsi la base article que nous proposons est fondée sur le GTIN et permet à la fois de bénéficier d’une base fiable, sans doublon, facile à utiliser,

www.agri-mag.com

ces étapes pour garantir une rapidité et fiabilité des informations et des processus, traçabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement, et une meilleure gestion des stocks.

Le partage des informations

et d’identifier votre produit de manière unique dans le monde.

La traçabilité des informations

çabilité SSCC. Traceflow notre logiciel WMS de suivi de production et de traçabilité, permet l’enregistrement de toutes

Les échanges de données existants dans les solutions Informia, permettent un partage instantané des informations entre les différents opérateurs, fournisseurs, clients, transporteurs. Chacun est partie prenante du respect des échéances et des processus à respecter.

Le code à barres EAN-13 est la représentation graphique du GTIN. Ainsi les produits sont identifiés par un code à barre dès l’entrée dans la station de conditionnement, ce qui permet le suivi en temps réel du produit de sa réception jusqu’à son expédition vers le client final. L’étiquette logistique facilite le suivi unitaire de vos palettes grâce au code de tra-

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

49


Actu Actu ENTREPRISE

Le Retail Center de Rijk Zwaan :

un centre d’expérimentation avant-gardiste Rijk Zwaan a officiellement inauguré son Retail Center à Berlin, en Allemagne. Pour le semencier, le Retail Center est une étape de plus pour améliorer le service auprès des metteurs en marché et identifier les priorités concernant ses programmes de recherche.

Le bon positionnement

Rijk Zwaan souhaite offrir à ses partenaires de la distribution alimentaire internationale des solutions de plus en plus personnalisées. Avant d’introduire une nouvelle variété prometteuse sur le marché, Rijk Zwaan s’efforce de définir le bon positionnement du produit avec ses partenaires de la distribution. “Ensemble avec nos partenaires, nous discutons de plus en plus d’éléments clefs comme du plan d’assortiment, du packaging et de la présentation sur mobilier au sein des différents points de vente», explique le Business Development Manager Jörg Werner. «Notre nouveau Retail Center nous aidera à perfectionner ce processus”.

Des outils avant-gardistes

Le Retail Center présente une vaste gamme de produits frais sur différents types de mobiliers représentatifs des différents types de magasins

50

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

à travers le monde. L’endroit est équipé des dernières technologies de pointe telles que des lunettes sensorielles qui peuvent tracker et capter le regard du client au cours de son parcours en magasin «Des outils comme celui-ci sont déjà utilisés régulièrement pour d’autres types de produits, mais ils sont encore rares pour les produits frais», explique Jörg Werner. «Combinés avec des entretiens semi-directifs et des tables rondes consommateurs (focus groups), nous avons maintenant tout ce dont nous avons besoin pour étudier et analyser les différents comportements d’achat des consommateurs. En outre, l’emplacement offre aux employés et aux partenaires de Rijk Zwaan des possibilités quasiment infinies pour organiser toutes sortes de sessions de formation et événements inspirants. «

Insprirations et conseils personnalisés

“Pour les metteurs en mar-

ché, les produits frais constituent un excellent moyen de se distinguer”, explique Jörg Werner. “Grâce à notre Retail Center, nous avons maintenant la possibilité de leur donner de meilleures conseils, plus personnalisés encore et de préparer ensemble le lancement de nouveaux produits. Par la même occasion, cela aidera Rijk Zwaan à développer des variétés et des concepts répondant aux exigences et tendances du marché. Ensemble, nous pouvons utiliser ce Retail Center afin de stimuler les ventes et contribuer à une consomma-

tion de légumes plus élevée.” Certains partenaires de Rijk Zwaan ont déjà eu un aperçu du Retail Center à l’occasion du Fruit Logistica en février dernier. Leurs retours ont été très positifs et ont été utilisés pour optimiser les installations. Les metteurs en marché et autres partenaires de la distribution alimentaire peuvent maintenant prendre rendez-vous pour visiter le Retail Center via le site : www. rijkzwaan.com/retailcenter ou en contactant leur représentant local Rijk Zwaan.

www.agri-mag.com


Connaissez-vous le Mouvement Agrobiiotique de Kimitec Group? Kimitec Group a développé le « Mouvement Agrobiotique» qui fait partie de son étendu programme en R&D+i. La désinfection chimique et la surexploitation des sols ont dégradé la vie microbiologique. Avec la désinfection chimique, nous éliminons les agents pathogènes qui réduisent les productions, sans nous rendre compte que, dans le même acte, nous éliminons des millions de micro-organismes bénéfiques du sol. Dans un mètre cube de sol, il y a plus de 1 000 grammes de bactéries, plus de 300 grammes d’actinomycètes, plus de 1 000 grammes de champignons et 20 grammes de protozoaires. Nous parlons de 95% de microorganismes utiles et de 5% de pathogènes. L’absence de toute cette vie bénéfique supose de réduire considérablement l’action préventive face à différentes maladies, les caractéristiques organoleptiques comme le goût et l’arôme et diminue la valeur nutritive des aliments, en endommageant gravement la base de notre alimentation et

www.agri-mag.com

donc notre santé. Par conséquent, Kimitec Group propose une réinoculation des sols avec des prébiotiques et des probiotiques permettant de rééquilibrer les sols agricoles. Ce retour à l’équilibre du sol, à travers la réinoculation de micro-organismes bénéfiques, restitue les valeurs de l’agriculture traditionnelle face à une agriculture intensive compétitive.

(probiotiques).

té du microbiote de la rhizos-

Les probiotiques sont des micro-organismes impliqués

phère et du sol, influant dans le développement des cultures.

dans la dynamique et la quali-

www.kimitecgroup.com

Les prébiotiques sont des composés actifs et / ou des biomolécules qui agissent comme un aliment pour la croissance de micro-organismes bénéfiques

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

51


M. Aziz AKHANNOUCH MINISTRE DE L’AGRICULTURE

M. Mustapha MAMDOUH, Expert en GOJI

Festival des fruits rouges

Une Troisième édition bien réussie Après la réussite des deux premières éditions, le Festival National des fruits rouges figure désormais comme événement incontournable dans l’agenda des opérateurs de cette filière. Ainsi, après Larache en 2017 et 2018, c’était au tour de la capitale du Gharb, Kénitra, d’abriter la 3ème édition du 27 au 31 mars 2019, sous le thème « Filière des Fruits Rouges, levier de promotion de l’emploi et du développement rural ». Cet événement a été

organisé sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, par l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (ORMVAG) et la Fédération Interprofessionnelle Marocaine des Fruits Rouges (InterproBerries-Ma-

roc), en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de la Région de Rabat-Salé-Kenitra. Fidèle à son habitude, la revue Agriculture du Maghreb était présente encore une fois avec un stand. Pour l’occasion, un numéro dédié à la filière des fruits rouges a été distribué largement et gratuitement aux professionnels qui ont fréquenté le salon.

O

rganisé en alternance entre Larache et Kénitra, les deux chefs-lieux du plus grand bassin de production de fruits rouges au Maroc, ce rendez-vous annuel vise entre autres la création d’un espace de promotion et d’investissements pour la filière. L’occasion également de renforcer la communication et les partenariats entre producteurs, fournisseurs d’intrants et de services, marocains et étrangers; ainsi que la découverte des nouvelles techniques mises au point pour l’amélioration de la productivité et de la qualité des fruits rouges. A l’image des précédentes éditions, le

52

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

salon était organisé en deux pôles : · Un espace d’exposition réservé aux agro-fournisseurs et sociétés de service, ainsi qu’une salle de conférences, · Un pôle réservé aux producteurs des petits fruits rouges, aux sociétés agro-industrielles du secteur et à l’exposition des produits de terroir des coopératives agricoles représentant les différentes régions du royaume. « L’un des rôles de ce salon est de contribuer à tirer vers le haut le secteur en se faisant la vitrine de la diversité de la production de baies marocaines et des

opportunités qu’elle offre au niveau local et international » expliquent les organisateurs. En effet, ce salon était pour l’ensemble des professionnels de la filière et pour les institutionnels, l’occasion d’exposer aux visiteurs leurs produits et services liés à cette filière hautement dynamique. Ainsi, en plus des institutionnels et banques, un grand nombre de secteurs et produits étaient présents au salon : Irrigation, fertilisation, produits de phytoprotection, logiciels de gestion des exploitations, machines agricoles, emballage, conditionnement, conservation, matériel de surgélation, etc.

www.agri-mag.com


L’occasion pour les visiteurs professionnels de rencontrer dans le même endroit, la majorité des prestataires qui peuvent les aider dans leur activité. Le visitorat était constitué de cadres et dirigeants d’entreprises, d’agriculteurs et producteurs, de commerciaux, d’agents de services et logistique, d’ingénieurs et techniciens, etc. Nombreux étaient les visiteurs venus de régions éloignées, estimant qu’un salon professionnel spécialisé mérite largement le détour. A noter que cette année encore un espace extérieur a été dédié aux agro-équipements notamment aux tracteurs et équipements tractés (travail du sol, pulvérisateurs, …). « Pour le secteur des fruits rouges, la mécanisation revêt une importance capitale en raison de son impact sur l’amélioration des techniques de production, la modernisation des exploitations et l’augmentation de la productivité dans l’ensemble des filières agricoles, explique un concessionnaire. Les producteurs qui nous ont visités au salon étaient particulièrement intéressés par les machines susceptibles de faciliter leur travail, car le problème de la main-d’œuvre se pose avec de plus en plus d’acuité dans les régions du Gharb et du Loukos, connues par la diversité de leurs cultures, pour la plupart gourmandes en main-d’œuvre ». ‘‘Personnellement explique un visiteur, je cherche à établir, au cours du salon, des rencontres avec les différents intervenants du secteur. En tant que revendeur, c’est pour moi l’occasion de renouer les contacts avec mes fournisseurs d’engrais, produits phytosanitaires…, de voir leurs nouveautés et de redéfinir les stratégies de collaboration avec eux’’. Par ailleurs, pour les agriculteurs cette visite permet une rupture dans le rythme d’activité quotidienne pour se mettre à jour et constater de visu les nouveautés dans le secteur agricole. Ils cherchent des informations sur les nouvelles technologies, les marchés, les promotions, les nouveautés dans le domaine variétal (nouvelles variétés, nouvelles opportunités,…). Dans ce sens, les nombreux visiteurs qui ont défilé dans le stand de ‘’Agriculture du Maghreb’’ tout au long du salon, ont pu trouver des informations utiles. Agriculture du Maghreb espère ainsi avoir rempli son rôle de soutien inconditionnel et objectif de l’agriculture marocaine. Les étudiants en agronomie constituent une importante catégorie de www.agri-mag.com

visiteurs qui ne rate aucune occasion de marquer sa présence massive à ce genre de manifestation. Certains de ces étudiants se trouvent en stage dans la région pour la partie expérimentale destinée à préparer leurs thèses dans différents domaines de spécialité bien avancés dans la région de Larache et du Gharb, premières régions de production de fruits rouges du pays. D’autres font le tour des exposants afin de leur faire part de leur candidature à des postes de techniciens ou de technico-commerciaux auprès de leurs responsables de ressources humaines.

Stand CMGP

Espace d’exposition des fruits et produits de terroir

Cet espace, ouvert aussi bien au grand public qu’aux professionnels a connu la participation de nombreuses sociétés agricoles spécialisées dans la production de fruits rouges frais (fraise, framboise, myrtille, baie de goji) et d’autres qui se sont spécialisées dans leur transformation (confitures, vinaigre, …). Et pour répondre à la forte demande des consommateurs, un espace de vente a été prévu cette année encore, permettant aux visiteurs de repartir avec un assortiment qui fera certainement le bonheur de leurs proches, notamment les framboises et les myrtilles qu’on ne trouve pas souvent sur le marché local, ou très rarement dans les grandes surfaces. Les coopératives de produits de terroir représentants différentes régions du royaume étaient présentes en force cette année aussi. Elles avaient pour objectifs de faire connaitre leurs produits, leurs régions et leur savoir-faire : huile d’argan, amlou, miel, safran, dattes ou encore des produits cosmétiques comme l’eau de rose, l’huile de figue de barbarie et les huiles essentielles.

Stand ELEPHANT VERT

De gauche vers la droite : M. Tarik Lazrak, Président Directeur Général de Timac Agro Maroc, M. Mohamed Belazar et M. Abdellah BOUATTO, Timac Agro Maroc

Stand AMAROC

Activités scientifiques

L’organisation de journées scientifiques au sein du salon, a connu la participation massive des professionnels qui ont suivi avec attention les exposés de nombreux intervenants. Les interventions ont porté sur des thèmes d’actualité pour la filière des fruits rouges qui ont permis aux participants de connaître la situation actuelle du secteur ses perspectives d’avenir. De même, c’était une opportunité de débattre sur différents aspects techniques liés :

Stand CREDIT AGRICOLE DU MAROC

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

53


Stand NETPAK

Stand CALIMAROC

Stand AGRICULTURE DU MAGHREB

Salle de conférences

- aux bonnes pratiques agricoles pour la conduite des fruits rouges - au marché, la commercialisation et la valorisation des fruits rouges - à la dimension sociale et environnementale pour la durabilité de la filière des fruits rouges Chacune de ces interventions était suivie par des débats entre les participants et les chercheurs. Elles ont aussi abouti à des recommandations de nature à améliorer les pratiques. Ces journées ont également connu des témoignages sur des expériences réussies de l’organisation de producteurs en coopératives structurées. Cette organisation professionnelle est désormais une nécessité pour l’adaptation à l’évolution technique et commerciale. Cette session a connu les témoignages des membres de quelques coopératives de la région dont certaines existent depuis longtemps et d’autres qui ont vu le jour récemment. Aujourd’hui, pour mieux organiser leur activité et améliorer les conditions de commercialisation de leur production, certains producteurs sont animés par une tendance hautement positive à se regrouper entre eux dans des structures leur 54

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Stand PHYTO LOUKKOS

assurant autonomie, meilleure visibilité et rentabilité de leur activité, au lieu de rester apporteurs chez des groupes exportateurs. Ainsi, des producteurs déjà installés ou jeunes nouvellement arrivés (cadres, techniciens, etc.) qui se lancent dans la profession avec de petites superficies, mutualisent leurs moyens et se regroupent en coopératives. Ces dernières leur promettent de meilleures perspectives suite à l’union de leurs forces en estimant que l’avenir est dans le regroupement. Ils ont suivi l’exemple de quelques coopératives qui se sont créées ces dernières années et qui ont connu un grand succès dans leur activité avec une diversification des produits (fraise puis framboise ensuite myrtille), des régions de production (certains se sont installés également dans le Souss pour profiter des avantages de la région) et des marchés en frais et surgelé (UE, Angleterre,…).

Organisation du secteur

Pour accompagner le grand développement que connaissent les fruits rouges depuis quelques années, la filière a dû s’organiser, tout d’abord par la création de l’Association Marocaine des Producteurs des Fruits Rouges (AMPFR) et l’Association Marocaine des Conditionneurs Exportateurs des Fruits rouges (AMCEFR), et plus récem-

ment par la création de la Fédération Interproberries Morocco (I.P.B.M.). Cette dernière a pour objectifs le développement et la promotion de la filière et d’assurer la défense des intérêts professionnels communs de ses membres.

Fruits rouges

Nouveau fleuron de l’agriculture marocaine

La filière des fruits rouges constitue un fleuron de la zone Nord du Maroc dont les périmètres du Loukkos et du Gharb concentrent 88% de la production nationale. Kenitra fait partie du plus grand bassin de production des fruits rouges qui occupent dans la région de Rabat-Salé-Kenitra une superficie de 4.329 ha dont 2.633 ha de fraisier, 1.036 ha de myrtille, 620 ha de framboisier et 40 ha de baies de goji. La production totale des fruits rouges dans cette province est de 127 350 tonnes annuellement (65 % de la production nationale). La superficie totale des fruits rouges au niveau national a connu un accroissement remarquable en passant d’environ 3 035 ha en 2009-2010 à 8 400 ha en 2018-2019, soit une augmentation de 176%. La production suit la même tendance. Ainsi, grâce aux bons résultats de la production et la demande croissante des marchés européens pour la fraise www.agri-mag.com


Stand BAYER Mme Zakiya El Bakkali, directrice générale d’AGQ Labs Maroc en visite du salon, en compagnie de deux collaborateurs

M. Adil Ghoddane, directeur d’Alltech Maroc, en visite du salon

M. Chafik Elbouda, Directeur commercial INDUSTUBE en visite au salon

M. Bendaif Bousselham, producteur de banane et revendeur dans a région du Gharb

du Maroc, la superficie de cette culture a connu une augmentation pour atteindre au cours de la campagne agricole 2018/2019, environ 3.500 Ha dont 79 % sont localisés au niveau de la région de Tanger- Tétouan- Al Hoceima (Loukkos). Le nombre total des exploitations agricoles de fraisier est de 593 exploitations dont la superficie varie de 0,2 à 70 ha. Quant à la production des fraises, elle a atteint au cours de la campagne 2018-2019, 140.000 T, dont presque la moitié est destinée à l’exportation à l’état frais ou surgelé. Par ailleurs, au cours de la campagne 2018-2019, la superficie globale de la framboise s’est élevée à 2.400 Ha et a engendré une production d’environ 21.890 T destinée essentiellement à l’exportation. Quant à la culture des myrtilles, elle a occupé une superficie de 2.300 Ha et a généré une production de près de 19.655 T. Les exportations des fruits rouges ont également ont connu une expansion importante et sont passées de 66 332 T en 2010-2011 à 115 442T en 20172018. Au niveau des trois principales zones de production en l’occurrence, le Gharb , le Loukkos et le Souss Massa, le volume exporté des fruits rouges représente en moyenne 60 à 70% de la production totale des fraises, 90 à 95% des framboises et plus de 95 % des myrtilles. www.agri-mag.com

Les marchés d’exportation sont très diversifiés, avec 41 pays destinataires dans les cinq continents mais la destination principale reste l’Union Européenne. Au titre de la campagne 20172018, les exportations sont destinées à hauteur de 90% aux marchés européens, 5% pour l’Asie, le restant étant partagé entre pays du Golf, pays de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), d’Afrique, d’Amérique du sud, d’Europe centrale et orientale (PECO) et d’Océanie. 10 millions de journées de travail Le choix pertinent de la thématique cette année « Filière des Fruits Rouges, levier de promotion de l’emploi et du développement rural » s’explique par le rôle socio-économique important que joue la filière. En effet, elle réalise annuellement un chiffre d’affaires national estimé à 3,76 Milliards de dirhams dont 3,3 Milliards de dirhams par l’export (88%). Elle génère également près de 10,4 Millions de journées de travail dont environ 51% au niveau de la Région de Rabat-Salé-Kénitra. Sur le plan économique, les exportations des fruits rouges en frais et surgelées/congelés représentent une source de devises pour le pays avec une moyenne de plus de 3,4 milliards de dirhams par an. L’élan remarquable que connait cette

filière au niveau national et notamment au niveau du Gharb-Loukkos, s’explique par les conditions édapho-climatiques favorables au développement des fruits rouges, l’existence d’une importante infrastructure de valorisation et d’exportation, la proximité de l’Europe, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et l’importance des interventions en matière d’encadrement et d’organisation assurées par l’interprofession.

Nouveaux investissements Parallèlement au déroulement du festival des fruits rouges, M. Akhannouch a effectué une visite à la plus grande station de conditionnement des myrtilles en Afrique. Située à Larache et opérationnelle depuis la mi mars, cette station est dotée d’une une unité de conditionnement de la myrtille d’une capacité de 100 T/jour et d’une unité frigorifique de 8 100 m3 pour le conditionnement de la production. Détenue à 90% par le groupe australien Costa et à 10% par le groupe anglais World Berry, cette station garantit 86 emplois permanents et crée plus de 204.000 journées de travail pour les postes saisonniers. Durant 2019, le traitement de 4.500 T de myrtilles est prévu. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

55


56

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

57


Forum Tech Agro

Office ou agence pour le bour : Il faut y penser ! Synthèse par Abdelmoumen Guennouni

Un article paru dernièrement sur les pages d’un confrère, abordait les faibles rendements prévus cette année suite au déficit hydrique et la sécheresse qui a sévi durant cette campagne au Maroc en se demandant s’il faut s’inquiéter. Il a, cependant, minimisé l’impact de cette situation sur notre pays en arguant que les importations de céréales à partir d’autres pays permettait de régler le pro� blème d’alimentation des marocains. Des membres du forum spécialisé ‘’Tech Agro’’ bien connu de nos lecteurs, ont réagi à cet article et à certaines analyses qui sont faites dans ce cas et ailleurs. Et plus largement, ils ont émis des idées concernant les cultures céréalières et plus généralement les cultures bour, l’exploitation des ressources hydriques, etc. Comme à son habitude le magazine Agriculture du Maghreb se fait l’écho de ce débat d’un intérêt indéniable pour la filière et pour l’ensemble des professionnels de l’agriculture.

Des affirmations discutables Intervention 1

Il est stupéfiant de lire pareille analyse superficielle des effets du stress hydrique que connaît notre pays et qui risque d’aller en s’accentuant à l’avenir. Nos ‘’experts’’ nous informent donc que même si les cultures pluviales ne produiront pas grand-chose, il ne faut pas s’inquiéter, car nous avons la possibilité d’importer et cela nous coûtera même moins cher ! … Navrant. C’est comme si on évaluait l’état d’une famille à l’aune du compte en banque de son chef, sans se don-

ner la peine de voir s’il est en bonne santé, s’il est en bons termes avec sa moitié, si leur progéniture a de bons résultats scolaires, s’ils entretiennent de bonnes relations avec leurs proches, etc.

Intervention 2

Pour ma part, quand je vois l’état actuel de la campagne agricole et ses répercussions attendues, je ne peux qu’esquiver que les caisses de l’Etat vont être épargnées et je pense surtout à : 1) des centaines de milliers d’exploitations, et donc de ménages, vont être déficitaires ; 2) la thésaurisation des excédents n’aura pas lieu et la capitalisation dans le bétail va cesser ; 3) des millions de jour de travail vont être perdues, mettant en péril les revenus de millions de personnes ; 4) l’exode rural va s’exacerber avec ce qui s’ensuit de marginalisation et de violence sociale ; 5) le taux de croissance économique annuel du pays risque d’être inférieur à l’accroissement démographique ce qui implique de facto que nous allons nous paupériser. Certes nos experts peuvent nous rassurer en nous disant que l’importation a toujours été

le rempart naturel à leurs yeux pour garantir notre sécurité alimentaire, mais il est quand même permis de questionner la pertinence de ce choix : je n’ose pas imaginer un instant l’effet qu’aurait un accroissement brutal des prix des céréales sur les marchés mondiaux sur toute cette théorie.

Intervention 3

Pour faire court, je relève deux aberrations dans l’article, sans préjuger de la responsabilité des interviewés, ou de l’intervieweur 1/ Balance commerciale : Bien entendu elle est impactée par les importations de céréales. Moins on produit, plus on importe. Et plus on importe plus on perd de devises. Et le fait que l’Etat économise l’argent consacré à soutenir le prix des céréales est totalement indépendant de la balance commerciale, 2/ Le surcoût alimentaire du bétail qui induirait une augmentation du prix de la viande. Bien au contraire, quand la nourriture est rare et chère, les éleveurs se débarrassent du maximum de têtes, et le prix du bétail et de la viande diminue.

Nécessité du débat Intervention 4

Merci aux collègues pour engager un débat, oh combien nécessaire ! Avec la lucidité, la franchise et la globalité qu’il faut mettre en œuvre dans l’analyse. Ceci dit. Attention aux raccourcis dont font preuve souvent certains journalistes.

Intervention 5

Effectivement le débat est nécessaire, urgent. Le débat des professionnels que nous sommes, avec des positions divergentes et des arguments contradictoires est une richesse. Il permet entre autres d’informer la population et de nourrir le débat des politiques. Sans débat, les décisions seront prises sur des bases non établies, infondées. Lire que plus la paille coûte cher plus la 58

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


viande augmente est une aberration d’une grande gravité. - Il n’y a pas eu de débat au sujet de la politique de plantation d’agrumes qui a déséquilibré l’offre et la demande, détruit le secteur. - Il n’y a pas eu de débat sur l’abandon du bour depuis les années 70. - Il n’y a pas eu de débat sur des importations mal à propos qui déstabilisent le marché, comme cette dernière importation de 15.000 têtes de bovins. - Il n’y a pas eu de débat sur le PMV. Où sont les professionnels du secteur, où sont les journalistes et analystes, où sont les politiques ? Où sommes-NOUS ???

Importations vs Subventions : Où est l’intérêt national ? Intervention 6

Permettez-moi d’exposer des problèmes auxquels nous devons faire face : - Les importations coûteraient moins cher, je ne pense pas que c’est un point favorable à notre développement. - Ces milliards d’importation en devises ne font qu’alourdir le déficit de la balance des paiements, de dettes qui s’accumulent et qu’il faut payer en devises. - Nous empruntons souvent des devises pour faire face à diverses dépenses dont les intérêts des dettes en devise. - Les subventions de l’Etat : Certes, cela contribue au déficit du budget mais cela aussi contribue aux recettes de l’Etat. Que vont faire les bénéficiaires de ces subventions ? Lorsque ces sommes sont distribuées à des citoyens, elles vont être dépensées et toute dépense génère des revenus à l’Etat via les différents impôts et taxes. - Une petite question : Lorsque le milieu rural (bour) perçoit le prix subventionné du fruit de sa production, il va dépenser cet argent. Ceux auprès de qui il a dépensé cet argent, vont aussi le dépenser. Cette masse monétaire, combien de fois va-t-elle circuler dans l’année et combien de revenus a-t-elle généré dans les caisses de l’Etat. Ce sont, il me semble des questions auxquelles les réponses doivent être connues de tout le peuple. Ceci étant, il y a lieu aussi de poursuivre les études et recherches nationales pour générer le progrès.

De l’importance à accorder au bour Intervention 7/

zéro du descriptif : Quand il pleut il y a une bonne année agricole. Quand il pleut il y a une bonne année économique, comme en témoigne le taux de croissance du PIB. À mon sens cela démontre que le bour est déterminant dans la constitution de la croissance. Ce qui implique que le bour devrait bénéficier d›investissements importants en recherche et développement, basés sur la matière grise nationale et régionale en premier lieu.

Intervention 8

En effet, le débat ne doit pas se focaliser sur ce qu’écrivent les journalistes, ni même sur ce que disent les hommes politiques. Il y a une situation, des chiffres... Le bour doit retrouver une place centrale dans la recherche-développement. Qu’on le veuille ou non c’est le pivot de l’agriculture. L’irrigation est une exploitation minière d’une ressource qui va en diminuant. Il existe certainement de par le monde des pays plus avancés que nous en aridoculture : semences, itinéraires culturaux, amélioration de l’efficience de l’eau de pluie... Parmi ces pays il y a l’Australie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud … Il faut coller à la roue de ces pays, coopérer, envoyer des étudiants, recevoir des formateurs. Il faut créer une structure dédiée au bour et rien qu’au bour. Que ce soit une Agence du Bour, un Office du Bour, une Direction du Bour ou autre. Il faut que les professionnels, enseignants-chercheurs, producteurs, technico-commerciaux, s’expriment, existent. La démocratie passe aussi par le débat contradictoire. Aujourd’hui le silence est assourdissant.

Intervention 10

En dépit de toutes les subventions accordées à l’irrigation, seul le bour reste déterminant quant à la croissance économique. Alors pourquoi s’échine-t-on à négliger ce secteur aussi vital pour l’économie nationale ? [NB : Bank Al Maghrib indique une baisse de ses prévisions de croissance à 2,7% en 2019 contre 3,1% en 2018 en raison du déficit que connait le secteur agricole.]

Intervention 11/

Le fond de l’article reste intéressant. Il est bon que le citoyen apprenne ce que nous savons déjà, à savoir que la faible production de céréales n’est pas forcément un problème pour l’Etat. Question : Si l’amélioration des rendements en céréales pénalise le budget de l’état, peut on supposer que celui ci ne sera pas très motivé pour relever ces mêmes rendements ?

Intervention 9

Je ne pense pas qu’avec la création d’une structure dédiée au Bour, le problème de l’agriculture pluviale va être résolu. C’est d’abord un problème de volonté, de vision, de décision et de moyens. Le Bour c’est l’essentiel des agriculteurs petits et moyens...

De toute façon, et même en restant au niveau www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

59


Pépinières maraichères Plus d’exigences, plus de technicité pour des plants de qualité

Conscients de l’importance des enjeux liés à l’hygiène et à la sécurité, les pépiniéristes professionnels investissent chaque année dans de nouveaux outils de production pour optimiser la qualité et le service aux clients et leur garantir une sécurité sanitaire maximale et des produits sains. Les pépinières les plus structurées mettent en place une équipe de techniciens qualifiés qui assurent le suivi auprès des producteurs afin de pouvoir apporter des conseils et un service personnalisé.

A

u Maroc, de nombreux facteurs ont contribué à la réussite du secteur des cultures sous abris, parmi lesquelles le développement des pépinières maraichères professionnelles. En effet, en horticulture intensive et en culture de tomate en particulier, la pépinière est la première étape qui conditionne la réussite de la culture du fait qu’elle permet un bon démarrage grâce à des

60

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

plants sains et vigoureux qui offrent une bonne reprise une fois plantés. En effet, les producteurs achètent des plants prêts à la pépinière ce qui leur permet de se consacrer pleinement aux travaux de préparation des abris serres à accueillir une nouvelle culture, d’autant plus que les plants sont greffés chose qu’ils ne peuvent réaliser eux-mêmes. Le semis de précision s’est imposé avec l’évolution du prix des semences.

En effet, et depuis l’apparition des graines des variétés hybrides, aux fruits de longue conservation, donnant des plantes productives et aux génotypes résistants à nombre de maladies et parasites, les semences sont commercialisées à des prix plus élevés. Cette situation a conduit à la professionnalisation du métier de producteur de plants. La région d’Agadir est leader national dans ce domaine. On y compte une quinzaine

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

61


Pépinières de pépinières maraîchères agréées (grandes, moyennes et petites) dotées d’une capacité totale de production d’environ 55 millions de plants de tomate et 45 millions de plants de pastèque. En effet, en absence de chiffres officiels relatifs au nombre de plants produits annuellement, les performances de ces pépinières sont exprimées en termes de capacité de production.

Ces pépinières élèvent des plants de différentes espèces maraîchères, dont certaines sont produites en pleine période hivernale. C’est le cas du melon et de la pastèque. L’élevage de ces espèces en période froide nécessite des infrastructures de serre et des artifices de chauffage et de climatisation que seul le pépiniériste est en mesure d’assurer. Pour toutes ces considérations, le producteur de tomate gagne à déléguer la phase de semis et d’élevage de plants aux pépinières maraîchères spécialisées.

Exigences des producteurs

La région du Souss Massa, leader national dans ce domaine, compte à elle seule 80% des plants produits dans le Royaume. Principalement tournés vers l’export, les producteurs maraîchers de la région attendent de leurs fournisseurs des plants répondant à un haut degré de qualité et un bon service. Le plant doit être robuste, exempt de maladies avec une bonne capacité de reprise. En termes de délai, les dates de livraison doivent être respectées (à plus ou moins deux ou trois jours), mais elles peuvent varier selon le climat. Pendant les périodes de chergui par exemple, le producteur préfère retarder sa livraison en attendant que la température baisse, ce qui entraine des délais d’élevage trop longs pour le pépiniériste avec des plants qui s’étiolent et perdent en qualité. A noter que le producteur qui exige des plants sains et de qualité, est appelé lui-même à prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer la continuité des mesures garantissant la sécurité sanitaire dans son exploitation.

Catégories de pépinières

Selon leur orientation, on distingue plusieurs catégories de pépinières : - Les pépinières professionnelles sont purement commerciales et assurent la production des plants commandés par les producteurs. Elles sont les plus importantes en termes de superficie de production, d’infrastructures adaptées à la production de plants en masse et de niveau technologique. Ce type de pépinière est le plus solli62

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

cité pour fournir en plants les exploitations dont la production est orientée vers l’export. - Les pépinières d’auto-approvisionnement assurent la production de plants pour leur propre exploitation. Cette catégorie regroupe les grands producteurs de la filière tomate dans la région du Souss Massa qui disposent des moyens financiers nécessaires pour créer leurs propres pépinières destinées à assurer l’approvisionnement de leurs exploitations en plants qualifiés, - Les pépinières intégrées dans des coopératives qui assurent la production de plants pour leurs adhérents.

Haut degré de technicité

Les pépinières modernes sont de véritables entreprises fonctionnant à la demande de la clientèle. En effet, le producteur fournit les semences de la variété à cultiver et la pépinière maraichère propose, à la demande du client, de fournir des plants greffés ou francs, selon des délais fixés par avance. La pépinière est généralement constituée d’un ensemble de serres multi-chapelles s’étendant sur plusieurs hectares et totalement protégées. Dans cet espace, toutes les mesures sont prises pour maîtriser la production de plants sains. Ainsi, tout le pourtour de la pépinière est isolé de l’extérieur par une double paroi de film plastique et de filet anti-insecte, pour prévenir l’intrusion de vecteurs de virus. Les issues de la pépinière sont organisées sous forme de porte-SAS. Un couloir de protection disposé le long des quatre côtés du bloc de serres renforce l’isolation de l’intérieur de la pépinière. Le sol est couvert en totalité de paillage pour éviter les éclaboussures de poussière. Le bassin d’alimentation en eau est www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

63


également couvert. Ces différentes mesures sont un préalable aux mesures prophylactiques adoptées pour produire des plants certifiés sains des principales maladies virales et des infections microbiennes. A noter que les pépinières sont contrôlées par les services de Protection des Végétaux, qui vérifient l’état phytosanitaire des plants produits, par des visites imprévues et des contrôles réguliers. A noter que la plupart des pépinières maraichères se sont orientées vers la mécanisation de certaines tâches répétitives ne nécessitant pas une grande technicité comme le semis et le remplissage des plaques. Mais dès qu’il s’agit d’opérations qui demandent un savoir-faire, la mécanisation n’est pas à l’odre du jour. En effet, avec la maitrise et le savoir-faire acquis par les employés des pépinières du Souss suite à plusieurs années de pratique, les pépiniéristes estiment que la mécanisation de l’ensemble des opérations n’a aujourd’hui pas encore une priorité. De même, il y a au niveau international des évolutions dans la maitrise de la lumière mais qui ne sont pas indispensables pour la filière Maroc qui a ses spécificités. En effet, le climat d’Agadir est l’un des meilleurs au monde pour l’élevage de plants de qualité.

est pourvu d’un système racinaire bien développé qui permet d’allonger très sensiblement le cycle de la culture, ce qui améliore considérablement le rendement. La technique la plus utilisée pour la tomate est celle du greffage en tube qui présente l’avantage d’être pratiquée sur des sujets relativement jeunes. Ceci permet de réduire considérablement le temps nécessaire à la soudure et à l’élevage des plantules.

Garantir des plants sains

« La relation entre une pépinière et ses clients doit être basée sur la confiance. Et pour continuer à conforter cette confiance, nous restons extrêmement vigilants sur la qualité de nos produits et services. Les certifications sont justement une garantie de cette qualité » explique un pépiniériste. Les pépinières les plus structurées ont créé un service entièrement dédié à la qualité, constitué de plusieurs départements : agréage, hygiène, traçabilité, surveillance phytosanitaire, etc. « La production de plants maraîchers est une mission délicate qui impose une attention continue. Mon rôle est de veiller, au quotidien, à maintenir une qualité irréprochable durant l’ensemble du process de production

des plants en veillant à l’application rigoureuse des procédures sanitaires, au contrôle des points critiques, au suivi des référentiels de nos différentes certifications et normes, à la traçabilité, etc » explique la responsable qualité d’une pépinière bien connue. En plus des contrôles effectués par les services de protection des végétaux, les pépinières procèdent à un autocontrôle permanent aussi bien de la qualité que de l’état sanitaire des plants. Des mesures préventives sont mises en place pour empêcher diverses maladies pouvant affecter la sécurité des plants et ce par la désinfection à tous les niveaux de la pépinière (structures, matériel, personnel, eau, graines…). Ainsi, toutes les personnes entrant sur les sites de production suivent des règles prophylactiques strictes et systématiques. Le personnel et les visiteurs passent par un pédiluve et se désinfecte systématiquement les mains. En plus, les visiteurs sont priés de mettre un équipement propre à usage unique (jetable). Les visites sont effectuées lors d’horaires précis et encadrés par du personnel qualifié. En effet, l’aspect sanitaire est l’une des grandes préoccupations de la pépinière maraîchère. Produire des plants sains, nécessite d’importantes précautions de sécurité sanitaire, à

Greffage : une opération délicate

Dans le Souss-Massa où la pratique de la monoculture est très répandue, les problèmes phytosanitaires d’origine tellurique notamment les nématodes, le Fusarium et le Verticillium, peuvent être dévastateurs en présence de variétés sensibles, surtout dans les sols légers de la région. La technique du greffage s’est révélée efficace contre ces problèmes et aujourd’hui, la grande majorité de la tomate produite dans la région d’Agadir est issue de plants greffés. De plus, le porte-greffe de la tomate 64

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

65


Pépinières

savoir des mesures prophylactiques et des contrôles hygiéniques rigoureux. En effet, la structure doit être bien protégée par des filets anti-insectes et bien étanche, assurant une isolation parfaite de l’extérieur de la pépinière. Produire à l’abri de tous les ravageurs, transmetteurs de maladies et de tout risque de contamination virale ou bactérienne, est un souci permanent du pépiniériste. Contre les insectes, la protection se fait notamment par l’installation des filets, les contrôles, les relevés, les piégeages… Par ailleurs, un programme régulier de désinfection et de traitements phytosanitaires est suivi, en prenant en considération le degré de sensibilité des plants, afin d’éviter tout incident sanitaire qui pourrait compromettre la campagne agricole du producteur demandeur des plants. Conscient de ce volet, le service de protection des végétaux effectue des visites inopinées et des contrôles dans les pépinières agréées pour s’assurer de l’état sanitaire des plants produits.

Identification et sécurisation

Les pépinières les plus sophistiquées travaillent sur tous les aspects permettant de maîtriser la traçabilité des lots de plants en pépinière. Ainsi, des systèmes d’étiquetage spéciaux ont été mis en place permettant de garder l’identité des lots de plants du semis jusqu’à livraison. Des systèmes de codification simples et efficaces renseignent ainsi sur la commande client et toutes exigences spécifiques du producteur (variété, Porte greffe, stade, date de livraison…etc.). Afin de renforcer la traçabilité, faite par codification des lots, une traçabilité physique est mise en place également. L’emplacement de chaque lot est enregistré et suivi grâce à la numérotation des chapelles, la pépinière est ainsi capable de retracer toutes les opérations, y compris les traitements phytosanitaires, de tout lot de plants durant son cycle de vie. « Nous somme conscient que le risque zéro n’existe mais nous avons confiance dans notre système qui permet d’enregistrer toutes les erreurs possibles afin de les éviter dans l’avenir » explique le responsable d’une grande pépinière de la place. Afin de garantir la conformité des lots de plants par rapport aux commandes clients, un contrôle qualité se fait au niveau de l’ensemble du processus de production pour vérifier la cohésion par rapport aux bonnes pratiques de production. Un dernier contrôle, avant livraison, est effectué permettant de vérifier la conformité des lots en fonction des exigences prise en compte à la commande. Ce dernier contrôle est enregistré systématiquement avant pour chaque livraison. 66

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


Dans un souci de transparence, certaines pépinières se sont volontairement dirigées vers des certifications qui assurent notamment que leurs plants sont conformes aux exigences réglementaires (ISO, Clean Plant, GSPP…). La certification ISO 9001-2000 par exemple, est un système d’amélioration de productivité et de conformité qui permet de mesurer les précisions et instaurer la transparence de contrôle de la production à la commercialisation, jusqu’à l’expédition des plants aux maraîchers et fait impliquer dirigeants et simples intervenants le long du processus de production de plant.

La norme GSPP

Le GSPP (Good Seeds and Plants Practices) est une norme internationale qui permet de sécuriser les productions de graines et plants de tomate contre les contaminations à Clavibacter Michiganensis. Son référentiel prévoit un certain nombre de pratiques à mettre en place pour la gestion des principales voies de contamination. Il s’agit d’un référentiel assez contraignant qui demande une bonne gestion des flux de personnel et de matériel, ainsi qu’une traçabilité irréprochable. Cette norme s’adresse donc aux producteurs de semences et de plants pour ce qui est de la mise en œuvre, mais son but est surtout de sécuriser les producteurs de tomate qui sont les utilisateurs finaux du matériel végétal. A noter que les producteurs aussi peuvent faire un pas en avant dans leurs structures de production, à l’exemple de certains d’entre eux qui ont une bonne longueur d’avance dans la mise en place de règles d’hygiène très simples. L’ensemble de la filière tomate pourra ainsi capitaliser sur les efforts entrepris par les uns et les autres. Aujourd’hui, une partie du matériel végétal vendu au Maroc n’est pas encore disponible en GSPP, il est donc impossible de généraliser. Cependant, les producteurs insistent de plus en plus pour obtenir du matériel certifié et les fournisseurs sont réceptifs. Certaines pépinières ont pris l’initiative de généraliser leur production GSPP afin de s’engager pleinement sur cette voie de la sécurité sanitaire. Ce qui impose que toute l’organisation, la gestion des flux, les structures soient conçues pour répondre aux exigences du cahier des charges. www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

67


EXPORT

TOMATE

Une production de plus en plus sophistiquée et un marché de plus en plus exigent

D’après les informations disponibles, le Maroc occupe la cinquième place du classement mondial des exportations de tomate, avec comme principaux clients la France, suivie de la Russie et du Royaume-Uni. Des efforts de diversification des marchés ont été déployés, notamment en direction de la Russie et des pays du Golf, mais les volumes essentiels restent concentrés sur les marchés de l’UE qui absorbent près de 90% des exportations. En ce qui concerne l’actuelle campagne 2018/19, les principales contraintes relevées par la profession étaient : la grève des camionneurs et le retard de la mise en œuvre des lignes maritimes directes et rapides Agadir-Saint Petersburg.

G

énéralement, le bon déroulement de la campagne d’exportation marocaine de tomate dépend en grande partie de l’évolution des conditions climatiques, notamment l’intensité du froid en hiver, des vagues de chaleur en été et la maîtrise des maladies et ravageurs. Au démarrage de la campagne 2018/19, les plantations se sont généralement bien déroulées grâce au climat favorable pendant la période fin juillet-début août, à part quelques retards causés par l’indisponibilité de la main d’œuvre pendant la période de la fête du sacrifice Aïd El Adha. Durant les mois d’octobre et novembre, la produc tion a

été caractérisée par des défauts de coloration sur les deux premiers bouquets à cause des vagues de chaleurs du mois de septembre. Pendant les deux premières semaines du mois de décembre, le volume de production était relativement élevé, mais le problème majeur était surtout qualitatif. Par la suite une baisse des températures minimales a été enregistrée et a persisté pendant tout le mois de janvier (inférieures à 8°C). Ce froid a entrainé des pertes au niveau des bouquets avec des fruits mal noués. Par conséquent, une chute des volumes de production a été observée avec une qualité de fruits plus ou moins bonne pendant c e t t e p é riode. Ains i , d’après les professionnels interrogés, le problème majeur cette année était surtout qualitatif, dû essentiellement au climat et à la sensibilité v a r i é t a l e. Les fruits ont pré-

68

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

senté des défauts de coloration, de baisse de calibre, de collet vert ainsi que de cœur creux. Ce dernier phénomène a été observé au niveau du 7ème et 8ème bouquet surtout chez deux variétés dominantes de la tomate ronde présentant des sensibilités à ce niveau. Pour rappel, un fruit creux est le résultat d’un déséquilibre de croissance après la nouaison. Les températures basses et les excès d’humidité gênent la libération du pollen et le déroulement de la fécondation des ovules. Sur le plan sanitaire, bien que les producteurs marocains aient appris à gérer la pression de la mineuse Tuta absoluta au prix d’une vigilance permanente et d’un élargissement de la lutte intégrée, des attaques étaient présentes cette année et continuent à causer des problèmes dans le Souss. Tuta absoluta est apparue avec l’augmentation des températures, surtout chez ceux qui n’ont pas adopté la lutte intégrée ou ne l’ont pas bien installée. L’étanchéité des serres est la pièce maitresse de tout programme de lutte, combinée avec la désinfection des structures, l’utilisation de plants indemnes, l’application des traitements préventifs, l’élimination du feuillage attaqué durant tout le cycle de la culture, l’utilisation des pièges à phéromones pour le monitoring et/ou le piégeage de masse et l’utilisation des insectes

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

69


TOMATE les ouvriers.

Déroulement de la campagne

Commercialement, la campagne d’exportation de la tomate a démarré avec un retard de 10 jours par rapport au calendrier normal. Et pour cause, des producteurs-exportateurs ont installé leurs cultures en retard à cause de l’indisponibilité de la main d’œuvre pendant la période de l’Aïd El-Adha en août. En effet, les ouvriers rentrent dans leurs régions d’origine pendant 15-20 jours. Coté prix, au début, les cours de la tomate à l’export étaient bons à moyens, puis ils ont chuté à partir des fêtes de fin d’année pour stagner jusqu’à aujourd’hui autour de 0,5-0,6 euros/kg.

Exigences des marchés

auxiliaires. Les producteurs ont signalé aussi des problèmes d’acariose bronzée, de Tylc, de bactériose, de virus Pépino et de nématodes, leur degré d’attaque étant variable d’une exploitation à l’autre en fonction de la vigilance des gérants et des traitements préventifs adoptés. Quelques cas de bactériose ont été relevés pendant les mois d’octobre et de novembre dont l’origine n’était pas encore confirmée. Le Virus Pepino a été aussi présent pendant cette période. Pour la mouche blanche, la situation était maitrisable. A partir de fin janvier, les conditions ont favorisé l’apparition du botrytis et de la cladosporiose. En effet, bien que les variétés soient dotées d’une résistance génétique à la Cladosporiose depuis plusieurs années, et malgré la vigilance des producteurs, la prolifération de cette maladie fongique a été exceptionnelle cette année et a causé beaucoup de dommages chez certains producteurs. S’ajoutent à cela, les problèmes liés à la main d’œuvre qui constituent un réel défi pour les exploitations. En effet, ce problème s’accentue de plus en plus au niveau du Sous Massa où une vraie compétition a lieu surtout lors de la période de récolte des fruits rouges nettement plus rémunérateurs pour 70

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Les importateurs internationaux deviennent de plus en plus exigeants en termes de matières actives utilisées par les producteurs exportateurs marocains. « Avant, nous devions respecter seulement les LMR des matières actives, mais maintenant les clients imposent un nombre très limité, jusqu’à un maximum de trois matières actives par type de produit. La restriction du nombre de produits autorisés a eu un impact négatif non seulement sur le producteur exportateur mais aussi sur les fournisseurs des produits phytosanitaires. Certains clients exigent même ‘’zéro’’ matière active, ce qui est très difficile à réaliser devant toutes les difficultés auxquelles doit faire face la culture de la tomate ces dernières années : Tuta absoluta, cladosporiose, mouches blanche, acariose… », déplore un producteur. Les exportations marocaines de tomate sont destinées principalement à

la France (plus de 80% du total), suivie de la Russie, du Royaume-Uni, de l’Espagne et des Pays-Bas. En revanche, le Maroc est quasiment absent sur le marché américain qui impose des contraintes phytosanitaires drastiques sur ce produit. Quant aux exportations sur le marché allemand, deuxième importateur mondial de ce produit, elles mériteraient d’être renforcées vu le grand potentiel qu’offre ce marché (pour les agrumes également). Pour le moment, les tomates marocaines y accèdent principalement via la plateforme Saint Charles International en France. Dans la région du Moyen Orient les professionnels intensifient également leurs efforts de promotion. Quant au marché africain, qui progresse avec des petites niches, il est appelé à prendre de l’importance, avec la plateforme prévue au Sénégal. Pour rappel, le Maroc bénéficie de plusieurs avantages lui permettant de se positionner favorablement sur les marchés européens, à savoir : la proximité géographique, les conditions pédoclimatiques favorables, des techniciens de haut niveau et une main d’œuvre expérimentée. De plus, son système de production s’est fortement modernisé ces dernières années offrant de meilleurs rendements, une grande diversité variétale, une très bonne qualité organoleptique et sanitaire que ce soit pour la tomate ou les autres fruits et légumes.

Importance des certifications

Les marchés importateurs de la tomate marocaine dictent, à travers leurs stratégies d’approvisionnement, les normes de certification. Pour cela, des démarches qualité ont été mises en place afin de répondre aux référentiels de qualité (BRC, Global Gap, …)

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

71


TOMATE et aux normes de qualité de la réglementation européenne, dans le souci de mieux maîtriser les phases de la production et du conditionnement. Pour l’exportation de la tomate marocaine, le Global GAP est la certification fondamentale. Elle est basique et quasi obligatoire partout en Europe. La BRC est demandée par la plupart des pays surtout les marchés nordiques et l’An-

72

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

gleterre. Quant à l’IFS, elle est indispensable pour accéder directement aux marchés allemands. La Sedex, la GRASP et les référentiels sociaux deviennent de plus en plus obligatoires un peu partout, en particulier sur le marché britannique qui exige le GRASP voire le SMETA, le BSCI par la Suisse. A noter que certains acheteurs ont établi leurs propres cahiers de charges, par

exemple Mc Donald’s, Tesco, Mark & Spencer...

Logistique

Parmi les contraintes relevées par la profession cette campagne : la grève des camionneurs et le retard de la mise en œuvre des lignes maritimes directes et rapides Agadir-Saint Petersburg. Pour rappel, la logistique représente un véritable handicap pour les exportateurs marocains en raison des coûts élevés qui peuvent représenter en moyenne 30% des coûts de revient des produits exportés. A titre comparatif, les coûts logistiques seraient trois fois moins chers pour les exportateurs espagnols et deux fois moins chers pour les exportateurs turcs. Sachant que la logistique pour les fruits et légumes frais est confrontée à des contraintes spécifiques : la périssabilité et la saisonnalité des produits, l’éloignement géographique entre les bassins de production et les bassins de consommation, le maintien de la chaîne de froid, etc. L’ensemble de ces contraintes exige une organisation spécifique nécessitant une bonne visibilité sur l’ensemble de la filière ainsi qu’une logis-

www.agri-mag.com


tique réactive. Actuellement, deux modes de transport sont utilisés par les exportateurs marocains de tomates fraîches : le transport international routier (TIR) et le transport maritime.

Choix des variétés adaptées

Chaque année, à travers le monde, la recherche variétale aboutit à la création de nouvelles obtentions. L’offre semencière proposée aux agriculteurs s’enrichit, se diversifie et se renouvelle continuellement. En effet, les semenciers sélectionnent et créent des variétés pour répondre à des besoins précis. Cette sélection permet de créer des variétés mieux adaptées à des milieux ou à des climats particuliers (froid, chaleur, sécheresse,…) pour gagner de nouvelles zones de culture. Des variétés plus productives pour augmenter les rendements, et plus résistantes aux maladies et aux parasites pour limiter l’utilisation de produits phytosanitaires, et aussi plus économes en engrais ou en eau sont mises au point. Au Maroc, ces dernières années, la superficie occupée par la tomate est globalement stable. Cette campagne, selon l’ORMVA/ SM et les semenciers interrogés la surface est de 7.400 Ha. Mais on constate que la production évolue essentiellement du point de vue de la diversification. Cette segmentation a permis d’apporter de la valeur ajoutée à la production marocaine en tomate et d’élargir le calendrier des exportations. La tomate ronde demeure la plus importante en termes de surface (4.414 Ha), suivie par la tomate type Santa ou tomate olivette (926 Ha). Viennent ensuite la tomate grappe (856 Ha) et la tomate cocktail (764 Ha), puis la tomate cerise (317 Ha) et la tomate type Roma (43 ha) qui a doublé sa superficie cette campagne. Pour la tomate ronde calibre 2, Calvi de Gautier Semences, la principale variété utilisée actuellement par les producteurs, offre des avantages incontestables comme la productivité et la conservation, mais présente une sensibilité au virus TYLC. Il existe d’autres variétés rondes tolérantes au TYL comme Zaida de Rijk Zwaan, Pristyla de Gautier Semences, Touarga de Syngenta, …, mais qui restent de l’avis des producteurs, moins productives que Calvi. Chaque producteur fait donc son choix en fonction du contexte de son exploitation, de sa maitrise de la gestion phytosanitaire et de ses objectifs de production. Pour le type Santa, la surface est en progression continue avec 16 variétés au total, dominées par Angelle 53% de Syngenta, suivie de Mistral plum 10% de Sakata, Vittorino 8% et Centy plum 8% d’Enza Zaden. Pour le segment de la tomate cocktail, la variété Genio de Clause (57%) reste la principale variété, suivie de

www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

73


TOMATE de Fito et Xitéo de Sakata. Rijk Zwaan domine le marché de la tomate cerise par la variété Nancy. Cette année, le segment de la tomate allongée a connu une augmentation des surfaces qui ont été estimées à 300ha. On distingue deux types de tomate allongée : - 80 grammes spécialement pour le marché russe (utilisée en rondelles pour les sandwichs). Les variétés les plus utilisées cette campagne étaient Péra de Syngenta et Adriana de Yuksel Seeds. - 120-140gr : destinée à la fois au marché russe et au marché européen. Ce type est dominé par les variétés Marcus de Yuksel et Intense de Nunhems. D’autres spécialités destinées à des marchés de niche occupent une surface de 82 Ha, dominées par la cerise tigrée mini Kumato (KM5512) 44% et la tomate beef Vitelio 52%. Shiren de Hi Tech Seeds (31%) et Créativo de Clause (8%). La variété Pitenza d’Enza Zaden représente 40% du marché de la tomate grappe, suivie par Delyca de Rijk Zwaan et Madiba de Takii Seed, Aténéo

74

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Choix des portegreffes

Le choix du porte-greffe est dicté par le contexte de chaque exploitation. En effet, pour le producteur, il n’existe pas de porte-greffe idéal, mais il y en a un pour chaque situation. Les essais

ont montré qu’à chaque variété de tomate correspond un porte-greffe bien déterminé. Pour cela les producteurs marocains ont actuellement le choix entre 22 porte-greffes de tomate dont les plus dominants sont : Super pro de Vilmorin (32%), Maxifort de Seminis-Bayer Semences (17%), Emperador de Rijk Zwaan (14%), Arazi de Syngenta (11%) et beaufort de Seminis-Bayer Semences (8%).

Répondre aux attentes des producteurs

Les producteurs marocains préfèrent des variétés à haut potentiel de production net export durant tout le cycle grâce à une bonne longévité des plantes et une bonne nouaison, avec des résistances supplémentaires (Tylcv, Cladosporiose,…) et l’absence de défauts de coloration et de fruits creux qui demeurent les principales causes des écarts de triage au niveau des stations de conditionnement. Une bonne partie du chiffre d’affaires des semenciers est orientée vers la recherche. Les efforts portent notamment sur le développement de résis-

www.agri-mag.com


tances aux virus ToCV, Pep MV, TSWV et le champignon Cladosporium. Selon les semenciers interrogés, la résistance génétique aux nématodes des portegreffes solanacées pour la production de tomates sous-abri est envisageable à moyen terme. Par ailleurs, les attentes des producteurs sont différentes selon les marchés auxquels ils destinent leur production. Pour les marchés lointains (Europe du nord, Moyen orient et Russie), s’ajoutent le critère de conservation suffisante avec des fruits qui craquent moins et résistent plus au transport. Récemment le marché russe s’oriente de plus en plus vers les tomates roses de gros calibre, également appréciées sur les marchés japonais et chinois. A souligner que de plus en plus d’opérateurs russes signent des contrats de production avec des producteurs marocains. Le marché russe est très convoité par plusieurs concurrents sérieux comme la Turquie et l’Espagne qui fournissent des produits de bonne qualité. La qualité gustative est une forte orientation prise en compte par les maisons grainières sur des segments comme les tomates cerise et olivette. Pour les

www.agri-mag.com

importateurs surtout sur les marchés anglais et russe, le critère du goût commence à prendre de plus en plus d’importance. A noter que le secret d’une tomate gouteuse réside dans le choix variétal, mais il existe des pratiques culturales capables d’améliorer le goût de la tomate notamment une bonne maîtrise de la fertilisation ainsi que le choix des zones de production. Cependant, c’est la couleur qui exerce sans doute et en premier, l’attractivité du consommateur vis-à-vis de telle ou telle variété. Pour la majorité des consommateurs, le rouge-vif est la couleur synonyme de la pleine maturité. Néanmoins, des nuances de couleurs ont fait leur apparition ces dernières années (jaune, orange, chocolat, zébrée…). A noter que la plupart des semenciers se sont dotés de stations expérimentales dans la région du Souss qui servent également de vitrine où les producteurs sont invités à découvrir les variétés et même à contribuer au choix des nouveautés. Ensuite, dès que les variétés sont mises en culture, les équipes technico-commerciales visitent les producteurs et apportent des conseils de culture afin d’adapter

la conduite des plantes au matériel génétique.

Tendances en Europe En Europe la tomate standard ronde a

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

75


limitrophes. Certains observateurs s’attendent à ce que d’ici 2 ou 3 ans des producteurs marocains s’orientent eux aussi vers plusieurs cycles par an plutôt qu’un seul cycle long. Cette stratégie présenterait de nombreux avantages en rendement et en qualité.

Les concurrents du Maroc

Sur les marchés convoités par la tomate marocaine, les concurrents directs restent l’Espagne et la Turquie.

toujours sa place dans les étals. Mais de plus en plus de consommateurs recherchent des options plus gustatives et plus originales que ce soit dans les petits fruits (cerise, olivette), les tomates allongées, les grandes tomates (ananas, marmande, raf, cœur de bœuf ), zébrée, noire de Crimée, etc. Beaucoup de ces variétés étaient à la base des variétés OP avec une conservation limitée, mais les semenciers sont parvenus à développer des hybrides à meilleure conservation sans pour autant altérer le gout. Au Maroc, certaines de ces variétés sont cultivées par quelques producteurs et

de nombreux essais sont en cours. Ce qui limite leur expansion malgré leur intérêt c’est que dans nos conditions le cycle de production est très long, de ce fait il y a besoin de variétés offrant des plantes robustes. De plus, les fruits subissent de nombreuses manipulations (Récolte, conditionnement, stockage, transport) ce qui n’est pas compatible avec la nature relativement fragile de ces fruits. Par contre, en Espagne, ces variétés se sont bien développées (deux cycles par an) vu que les fruits subissent moins de manipulations puisqu’elles sont écoulées directement sur le marché local et sur ceux des pays

L’Espagne La production de tomate espagnole se concentre principalement dans les zones d’Almeria (90%) et de Murcia alors que la culture de plein champ est la spécialité de Navara et Barcelone. L’Espagne compte sur un modèle qui a fait ses preuves, basé sur une excellente organisation professionnelle en plus d’un système commercial et un branding très efficaces. Les producteurs sont regroupés dans des coopératives, elles-mêmes regroupées au sein de grands groupes (Agroponiente, Vicasol, Casi, Unica, …). Chacune de ces structures dispose d’un système d’encadrement, de conseil et de suivi des producteurs adhérents. Leur gamme de produits est très large : tomate grappe, allongée, grappe cerise, mini plume, tomate ronde classique, cocktail grappe, raf et raf chocolat, mini plume grappe… Des essais variétaux sont menés chaque année (400-500 variétés) pour orienter le choix des agriculteurs. Ces groupes disposent de bureaux commerciaux à travers le monde et suivent de près les tendances des marchés pour adapter l’offre. Ils participent également à tous les grands salons internationaux de promotion des fruits et légumes à travers le monde. La Turquie La tomate turque concurrence la tomate marocaine sur le marché russe, favorisée par la proximité géographique de ce pays. La production sous serre se fait principalement dans les régions d’Antalia, Kumuluça, Izmir alors que la production de plein champ se pratique plutôt du coté de Marmara et Adana. Compte tenu de l’engouement du marché russe pour la tomate rose, beaucoup de producteurs ont suivi cette tendance, ce produit étant également apprécié sur le marché local depuis quelques années. Les producteurs

76

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


Tomate rose

turcs produisent également des tomates anciennes (tomates de village), de couleur rose en général, avec un gros calibre et de bonnes qualités gustatives. A noter qu’à la différence du Maroc, et compte tenu de la proximité des marchés, les fruits sont récoltés murs. La Turquie compte beaucoup de petits producteurs, l’organisation

professionnelle est très faible, avec peu de coopératives et de groupes exportateurs. Le secteur de la tomate n’est pas organisé pour l’export, la consommation locale étant très importante. La tomate se vend principalement dans des bourses de légumes où des acheteurs viennent se la procurer pour l’exporter.

La vie d’une variété !

Au cours de sa vie, une variété passe par plusieurs phases distinctes. En effet, le département breeding des semenciers crée des milliers de variétés annuellement, dont certaines sont éliminées et d’autres sélectionnées pour continuer. Ces dernières recevront un numéro d’introduction pour continuer en essais internes. Une autre sélection se basant sur plusieurs critères est faite pour décider des variétés qui seront testés en externe chez les clients, des variétés ayant une valeur ajoutée et répondant ainsi aux exigences du marché. Les essais se font au niveau local (pays intéressés par la variété), à petite échelle au début et ensuite à plus grande échelle. Pour les semenciers disposant d’une station de recherche au Maroc, les essais internes y sont menés et sont en grande partie dédiés à la recherche ciblée de variétés adaptées aux besoins des agriculteurs locaux. Vient ensuite l’étape de l’élimination des variétés qui ne répondent pas aux attentes et la sélection de celles qui vont passer au niveau suivant des essais à petite échelle chez des agriculteurs (la première année) et à grande échelle l’année d’après pour confirmer le comportement de la variété, avant de passer au stade de l’introduction commerciale et puis le lancement définitif. Les nouvelles variétés, candidates aux introductions, doivent offrir une valeur ajoutée pour la profession (résistance, rendement, goût, etc.). Ensuite vient l’étape de l’introduction commerciale de la variété qui dispose à ce stade d’un nom et un prix. Les ventes peuvent donc commercer. A noter qu’une fois arrivée au stade de maturité commerciale, avec des parts de marché, la variété se maintient en vente pour quelques années après quoi elle arrive au stade de déclin quand les ventes ou la demande deviennent faibles, ou suite à l’apparition de nouvelles variétés plus performantes. Ainsi, face aux caprices du climat, aux contraintes de la conduite sans cesse compliquée par des choix techniques dictés par les nouveautés incessantes, une segmentation évoluant en permanence, des exigences commerciales en constante mutation, aux situations socio économiques versatiles … les producteurs et exportateurs se trouvent dans www.agri-mag.com

l’œil du cyclone et menacés à la moindre incartade. Heureusement, la longue expérience accumulée dans ces domaines leur donne une grande réactivité et une forte capacité d’adaptation nécessaires à l’exercice d’une activité essentielle pour l’agriculture marocaine et qui est à saluer chaleureusement. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

77


Tomate Impact positif de la salinité sur le goût Certaines régions méditerranéennes spécialisées dans la production de tomate, notamment en Italie et en Espagne, sont réputées pour produire des fruits de très bonne qualité gustative. L’ingrédient secret serait l’irrigation avec des eaux saumâtres puisées dans la nappe. Des études menées en Europe pendant trois ans ont confirmé que la fertigation moyennant des solutions nutritives à fortes salinités permet d’obtenir des tomates de meilleure la qualité (goût, coloration).

D

ans certaines zones de production au Maroc, la salinité de l’eau d’irrigation due à l’infiltration de l’eau de mer dans la nappe, est perçue comme un handicap. Mais elle pourrait bien se transformer en avantages grâce à une maîtrise de la conduite de l’irrigation. Pour donner un exemple, les régions de Pachino en Sicile, de Nijar en Andalousie où les producteurs irriguent avec des eaux saumâtres, ont même fait l’objet d’identifications géographiques protégées (IGP). 78

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Effets généraux de la salinité

Les essais ont été menés sur plusieurs types de tomate (cocktail, cerise et ronde). Les effets les plus flagrants de la forte salinité sont: - une réduction du calibre des fruits, - une forme plus régulière et moins côtelée - une coloration rouge plus marquée des fruits - une réduction de la végétation : certaines variétés montrent une meilleure tolérance que d’autres

- une perte de poids qui peut atteindre 30% en fonction du niveau de salinité. - une teneur plus importante en matière sèche, en sucre (plus de 20%), en acide et en vitamine C. Ces teneurs proportionnelles au niveau de salinité de la solution nutritive, s’expliquent notamment par une diminution des flux d’eau vers les fruits. - une peau plus épaisse des fruits - fermeté de la chair : les résultats pour ce critère sont contradictoires. Pour certains cas on rewww.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

79


marque un manque de fermeté, dans d’autres le problème ne se pose pas. Ces disparités seraient dues aux différences d’équilibres minéraux adoptés dans chaque exploitation agricole. - pour des fruits de petits calibres, les fortes salinités peuvent occasionner des phénomènes d’éclatement. - la sensibilité à la nécrose apicale dépend des variétés et est atté-

80

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

nuée par le greffage.

Effet sur la croissance

par la salinité - La vitesse de floraison est peu affectée par la salinité

Les niveaux élevés de salinité réduisent la production de biomasse aérienne de la plante et impactent sa croissance à plusieurs niveaux : - la surface foliaire est réduite - Les longueurs des plantes sont significativement inférieures avec des nœuds plus courts - La vigueur est également affectée

Cette réduction globale de la végétation handicape les variétés à gros fruits. Les variétés à petits fruits ont affiché une bonne tolérance aux fortes salinités. Même avec des entrenœuds courts, elles ne perdent pas trop de leur vigueur et la nouaison est satisfaisante.

www.agri-mag.com


atteints à 6,5% contre 34% pour les plants non greffés. Cela s’explique par une meilleure assimilation du calcium au niveau des fruits et une meilleure alimentation hydrique.

Conseils de conduite Selon les chercheurs, il est difficile de recommander une solution nutritive et un niveau salinité pour obtenir une tomate très gustative et des rendements satisfaisants pour le producteur. La solution nutritive doit être enrichie en NaCl

pour obtenir un équilibre sucre/ acide satisfaisant. Les essais ont montré qu’une augmentation de la salinité obtenue par ajout de nitrate ou chlorure de potasse et de nitrate de chaux donnait des fruits plus riches en matière sèche mais trop acides. Enfin, pour ne pas rejeter des solutions riches en nitrates et en chlorure de sodium dans le milieu naturel ou le sol, l’utilisation des solutions nutritives à forte salinité ne doit être pratiquée qu’en sys-

Effet sur le rendement

Le rendement est affecté aussi bien par la perte de calibre (poids moyen des fruits) que par la diminution du nombre de fruits noués. A noter qu’en fonction des variétés, la perte de vigueur due à la salinité peut induire des problèmes de nouaison. L’effet sur le rendement est amplifié pour les variétés sensibles par l’apparition de nécroses apicales.

Sensibilité à la nécrose apicale

Certes, la salinité favorise l’apparition de la nécrose apicale, mais les conditions climatiques y contribuent également. En effet, en hiver on a constaté une nette réduction du nombre de fruits avec nécrose apicale par rapport aux essais menés au printemps et en été. Par ailleurs, les variétés à petits calibres ont montré une moindre sensibilité à la nécrose. La perte de rendement enregistrée pour ces variétés est plutôt liée à la perte de poids moyen des fruits. Cependant, pour maintenir un niveau de production correct, il est vivement recommandé de choisir une variété peu sensible à la nécrose apicale et d’utiliser des plants greffés.

Effet du greffage

L’effet du greffage sur la qualité est peu déterminant, il n’en est pas de même pour la sensibilité à la nécrose apicale. L’utilisation d’un porte-greffe vigoureux doté d’un puissant système racinaire a permis de réduire le nombre de fruits www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

81


Tomate

tème de conduite hors-sol incluant un recyclage des drainages. Les conséquences pour le sol seraient une accumulation d’ions chlorure et sodium rendant difficile la culture d’autres espèces plus sensibles à la salinité.

Avis des consommateurs

Des dégustations ont clairement démontré que les consommateurs perçoivent des différences de saveur, et préfèrent les fruits issus des traitements forte salinité. Les dégustations menées avec un panel entraîné montrent que les différences perçues le sont d’autant plus que la variété est à la base peu gustative. Sur des variétés de type cocktail par exemple, présentant un niveau de sucres et d’acides plus élevés, les différences sont moins bien perçues par les dégustateurs. En ce qui concerne la texture, les fortes salinités se traduisent en : général par une diminution du caractère farineux mais une plus grande persistance de la peau.

qualité. La salinité peut induire une réduction de rendement et de calibre, que les agriculteurs compensent en choisissant des variétés réputées pour offrir un gros calibre. Cependant, on note une amélioration du goût, une bonne coloration des fruits et une bonne fermeté » explique un semencier. Certaines parcelles ont été abandonnées à cause d’un taux de salinité très élevé, mais la plupart des agriculteurs continuent de produire des tomates de bonne qualité en adoptant des techniques adaptées. Il existe en effet des moyens pour aider la plante à supporter des taux de salinité élevés.

La tomate cocktail de Dakhla Au début de l’installation des groupes producteurs dans la ré-

gion, la plus grande difficulté à surmonter a été cette salinité de l’eau d’irrigation. Certains avaient même investit dans des dispositifs de déssalement. L’irrigation se faisait par un mélange composé à 50% d’eau salée et 50% d’eau déssalée. Par la suite, les producteurs ont appris à gérer la salinité. Pour contrecarrer les effets du sodium, ils ont joué sur l’acidification de la solution fertilisante et l’ajout de grandes qualités de produits déssalinisants. L’EC est systématiquement contrôlée et analysée après chaque irrigation afin de procéder à un lessivage quand cela s’impose. Rappelons qu’une bonne maîtrise de l’irrigation et la nutrition permettent de contrôler les aspects végétatif et génératif de la culture selon les objectifs de production. « Perçue au départ comme une contrainte, la salinité une fois maitrisée est devenue un atout qui se traduit par: fermeté, gout, qualité gustative, conservation et résistance à la manipulation et au transport . « Il est important de souligner que la salinité n’engendre pas une baisse de rendement. Nous n’avons pratiquement pas d’écarts de triage et pas de fruits creux, explique le gérant d’une exploitation leader dans la région. Et si l’on veut créer ces mêmes conditions de salinité dans une autre région grâce aux engrais, cela risque de couter très cher ».

Cas du Maroc

La tomate ronde de Oualidia « Le taux de salinité est élevé dans région de Oualidia, où des parcelles enregistrent des taux de conductivité de 3,5 mmhos. Mais il n’empêche pas les agriculteurs de la région de produire des tomates de très bonne 82

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

83


Maraîchage

Poivron

Impact du climat, des variétés et de l’évolution des ravageurs Les conditions climatiques de cette année n’ont pas été favorables au bon déroulement de la campagne poivron ce qui a eu des répercussions sur les rendements. En effet, la production de poivron a été gravement affectée par le froid enregistré entre la deuxième semaine du mois de février jusqu’à la fin du mois de mars. L’amplitude thermique qui a atteint 20°C et parfois même 30°C, a entrainé un stress qui a freiné le développement des plants et retardé la maturité des fruits.

C

es conditions ont contribué à la baisse des rendements et par conséquent à un ralentissement des exportations pendant cette période où le marché européen est très demandeur. En termes de maladies phytosanitaires, après l’apparition des acariens blancs et de l’oïdium au démarrage, des attaques de thrips ont bien marqué cette campagne, malgré que la culture de poivron soit conduite à 100% en lutte intégrée. De l’avis des producteurs interrogés, la cause principale serait la mauvaise installation des auxiliaires à cause des lâchers effectués pendant des périodes de forte chaleur, alors que les sociétés de lutte intégrée expliquent ce problème par le manque d’étanchéité des serres et aussi par des conditions ambiantes qui ont favorisé une forte attaque de thrips cette année sur le poivron comme c’est le cas pour les agrumes aussi. Commercialement, le marché du poivron a été plus rémunérateur que ce84

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

lui de la tomate, avec des prix qui ont été généralement bons.

Profil variétal

Le choix variétal est très important, en particulier lorsqu’une variété dotée d’une ou plusieurs résistances aux maladies qui complètent une bonne adaptation au climat. Dans ce cas, les risques au champ sont fortement atténués. Mais souvent le choix variétal est prioritairement dépendant de la demande du marché, privilégiant forme, couleur et dimensions précises des fruits. Les clients jugent aussi les poivrons d’après leur bonne tenue dans les étalages, et donc d’après leur aptitude au transport et à la conservation. Ce sont souvent ces derniers critères qui dominent. Si le marché local ne semble pas avoir d’exigences particulières, les marchés d’exportation sont en revanche très exigeants à ce niveau. Ils sont orientés vers les types suivants : - Piment fort : avec 350 Ha, ce marché est dominé par la variété Sahem de Syngenta (45%), suivie des variétés Starter de Petoseeds (13%) et Saïda de Syngenta (10%). - Type blocky (carré court ou california wonder) : Il occupe cette campagne une surface totale de 630 ha. D’après les exportateurs interrogés, c’est le segment le mieux rémunéré. Une vingtaine de variétés se partagent ce marché (rouge, vert et jaune), mais il reste dominé par Enza Zaden avec 11 variétés, la principale étant Muley avec 35%, www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

85


suivie par Tyson de Vilmorin avec 23%. - Type lamuyo (carré long) vert et rouge : c’est un marché stable occupant 100 Ha de surface, et est dominé par la variété Drago (87%) de Syngenta. - Type corne de bœuf (doux italien) : il représente 1040 ha sous abris serre et cultivé en grande partie dans la région d’Ouled Taima. Ce type est dominé par les deux variétés Coach (38%) et Flèche (24%) de Seminis-Bayer Semences, suivie d’Atira (11%) de Syngenta. - Type hongrois (blanc conique) : avec 150 ha, il est dominé par la variété Creamy Elmas de Yuksel avec 49% suivie de Century de Rijk Zwaan avec 25%. C’est un marché stable aussi car il fait toujours l’objet de contrats spéciaux pour les pays de l’Est. - Type kappy : la superficie est de 370 ha sous abris serre, dominée par la variété Bellissa de Rijk Zwaan avec 28% suivie de Tasty Red de Yuksel avec 23% et Recio de Fito avec 13%. C’est un marché stable, destiné spécialement aux populations turques d’Allemagne. Quand à la part du poivron greffé, elle n’a pas beaucoup évolué. La surface concernée cette année est de 70 ha et touche surtout le poivron carré jaune et rouge. 86

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Le porte-greffe dominant est Robusto de Syngenta. Problème des thrips Avis d’un expert ! Surpris par le recul des pratiques de la lutte intégrée dans la région du Souss, un expert en lutte intégrée nous liste les principales raisons qui expliquent selon lui la prolifération des thrips sur la culture de poivron cette année: - Premièrement, le changement au niveau des espèces de thrips présentes dans la région du Souss Massa comme c’est le cas pour les agrumes également. La profession soupçonne l’introduction de nouvelles espèces de thrips au Maroc. - Une recrudescence importante de thrips sur presque toutes les cultures au niveau de la région du Souss. A noter que même la croissance des plants de framboises a été bloquée par les attaques de thrips cette campagne surtout au niveau des lignes en bordures de serres. Au niveau du maraichage, les températures douces de l’été ont eu pour effet de permettre continuité du développement des populations de thrips dans les serres des cultures maraichères. - Les producteurs ont aussi leur part de responsabilité dans le développement de www.agri-mag.com


ce problème et ce par un recul au niveau des pratiques de la lutte intégrée. En effet, certains producteurs traitent avec des produits qui ne sont pas compatibles avec la lutte intégrée. - Manque d’équipes suffisamment qualifiées pour assurer l’encadrement convenable de la pratique de la lutte intégrée, - La mauvaise conjoncture : le manque d’approvisionnement du marché en produits phytosanitaires adaptés à la maîtrise des thrips avant les lâchers. Or, il existe actuellement un seul produit biologique qui peut

www.agri-mag.com

être utilisé avant les lâchers. Ce dernier est importé en quantités limitées, et le producteur est obligé de le commander et de le payer en espèces à l’avance, ce qui n’est pas à la portée de tous (5000 dh/l). A noter que ce produit est également très demandé pour la lutte contre d’autres ravageurs comme Tuta absoluta et les noctuelles sur d’autres cultures. Certains producteurs arrivent à se procurer ce produit avec des soupçons de contrefaçon car les thrips réapparaissent rapidement et anormalement juste

après les lâchers. Sinon l’insecte auxiliaire Orius reste toujours efficace contre les thrips lorsqu’il est placé dans les bonnes conditions pour se développer. Cette année, les opérateurs ont même investi plus que d’habitude dans le nombre d’individus pour la culture de poivron afin de prévenir les risques du virus TSWV transmis par les thrips. Mais ce n’est pas une question de dose s’il existe des résidus de pesticides dans la plante, fatales pour l’Orius.

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

87


Technique

La framboise

Essor fulgurant dans le Souss En quelques années seulement, les surfaces occupées par les fruits rouges dans la région du Souss ont connu une forte évolution et ont atteint lors de cette campagne, selon les sources officielles 2136 Ha (1400ha de framboiser, 600ha de myrtillier, 100ha de fraisier et 36ha consacrées à d’autres espèces) contre 550 Ha en 2016.

A

près l’échec des premières tentatives d’introduction de la culture du framboisier entre 1990 et 1995 dans le Souss, elle connait actuellement un essor fulgurant dans la région qui est devenue un acteur important de la production hivernale de la framboise (1400 ha, soit pratiquement 60% de la production nationale) et des fruits rouges en général (2136ha sur un total de 8403ha). En effet, son climat semi-aride permet des récoltes de contre saison à une période pendant laquelle il y a une quasi-pénurie de ce fruit sur le marché européen et la grande expérience de ses opérateurs dans la production de primeurs a permit une adaptation rapide aux exigences techniques de cette culture délicate. 88

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

La région du Souss offre d’importants avantages pour la production de la framboise. En effet, l’entrée en production est plus précoce comparativement à la région du nord, permettant l’obtention de prix intéressants pendant certaines périodes. D’ailleurs, plusieurs producteurs bien connus de la région du nord on installé des exploitations dans le Souss pour bénéficier de cette précocité. Par ailleurs, contrairement aux serres tunnels peu étanches utilisées dans ne nord, les serres canariennes du Souss, utilisées auparavant pour la tomate et autres légumes, offrent la possibilité de fermeture et d’utilisation de la brumisation, dans le cas de vents chergui par exemple. Cependant, la région a également son lot d’inconvénients notamment le problème de la disponibilité des

ressources hydriques et la salinité élevée de l’eau des puits (Ec 0,9 à 1) qui s’accentue avec l’ajout des engrais (le framboisier craint la salinité). D’ailleurs, beaucoup de producteurs songent sérieusement à acquérir du matériel de dessalement malgré son prix élevé. A cela s’ajoute la disponibilité de plus en plus réduite de la main d’œuvre vu la compétition avec d’autres secteurs d’activités comme la tomate et autres primeurs.

Conduite technique du framboisier Types de conduites

En fonction des objectifs de production, le producteur a le choix entre plusieurs types de conduite culturale. Ainsi, selon les exigences du marché, www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

89


le producteur adopte tel ou système pour arriver à produire en automne et en hiver par exemple. Le système classique Ce système utilisé par la plupart des producteurs de la région, assure un rendement de 7 à 14 tonnes selon les variétés. Les racines nues sont plantées en juillet pour une récolte de novembre jusqu’à mai. Les plants en motte La plantation se fait en aout et la récolte en décembre. Le rendement oscille entre 8 à 14 tonnes selon variétés. Le Malldown Ce mode de conduite permet d’atteindre un rendement allant de 7 à 12 tonnes de framboise. En fin de campagne, vers le mois de juin, on pratique un rabattage de la plante qui rentre en production en octobre et continue à produire jusqu’à janvier. Le Cutback Ce système permet de produire sur 2 cycles. La plantation se fait en en mai et la récolte commence en octobre. Vers mi-décembre il faut procéder à

90

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

une taille (1,4 à 1,6 m) et un défoliage. Il faut ensuite essayer d’augmenter la température dans la serre en fermant les couvertures. Il faut également assurer une bonne nutrition hydrominérale. Grace à ce système la récolte reprend vers mi-mars. Le 1er cycle permet d’obtenir un rendement de 8 tonnes et le deuxième de 10 à 12 tonnes. Long cane Ce système plus couteux que les précédents, repose sur une plantation en novembre de cannes bien aoutées

d’une taille de 1,7m (livrées dans des pots). La récolte commence à partir de mi-mars et s’étend jusqu’à mai. Le tonnage obtenu est important et groupé, de l’ordre de 20 à 25 tonnes par hectare.

Plantation

La plantation se fait généralement en été (juin, juillet, et août), les types de plants sont soit sous forme de racines soit en mottes. Concernant les racines, elles sont importées dans des cagettes

Conservation

L’utilisation du froid permet le maintien de la fermeté, de la couleur, la réduction des échanges gazeux, des pertes d’eau et limite donc la perte de poids des framboises. Le froid entraîne donc un allongement de la durée de survie des fruits après la récolte. Les framboises doivent être entreposées à +2°C si l’on veut disposer de six à huit jours pour la commercialiser. D’ailleurs, le refroidissement à air forcé est la méthode la mieux indiquée pour débarrasser le fruit de sa chaleur. On doit maintenir constamment les framboises à 90-95% d’humidité relative. A noter que la bonne conservation des framboises est en relation directe avec trois paramètres : les délais entre la récolte et la mise à froid, le niveau thermique appliqué et la continuité thermique.

www.agri-mag.com


Le palissage :

et plantées à raison de 11Kg de racines par billon de 100mètres linéaires. Les boutures de racines doivent être plantées à une profondeur de 5cm, pour faciliter la croissance des parties aériennes, après la levée. Un certain nombre de rejets est sélectionné selon leur vigueur et leur position (alignement avec la rampe d’irrigation) pour arriver à une densité d’environ 16 plants par mètre linéaire. Par contre, les plants en motte sont plantés à raison de 3 plants par mètre linéaire. Lorsqu’ils arrivent à une hauteur de 20 cm, on a recours à un pincement pour favoriser le départ de plusieurs tiges latérales.

www.agri-mag.com

Les tiges du framboisier poussent ver ticalement, mais une fois chargées, elles ont tendance à se plier vers le sol. Il faut donc prévoir un système de palissage pour supporter les tiges et leur permettre de se développer, tout en restant dressées. Quand les plants atteignent une hauteur de 20cm, les premiers poteaux sont installés avec un espacement de 5 m, sur lesquels une ficelle est fixée. Les ficelles sont rajoutées au fur et à mesure que le plant croît. Quand le plant atteint 60 cm de hauteur, deux roseaux sont rajoutés pour permettre la séparation des deux rangées de ficelles soutenant les plants, ce qui assurera l’aération des haies et évitera ainsi le développement des mala-

dies fongiques et facilitera la cueillette.

Le drageonnage

Vu que le framboisier est une plante qui se multiplie par drageonnage, tout au long de son cycle, de nouvelles tiges sont émises depuis les racines des plantes. Ces nouvelles tiges peuvent créer une concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs avec les tiges déjà formées et sont considérées donc comme des gourmands à éliminer. La fréquence de drageonnage varie fortement selon les variétés et leur tendance à produire beaucoup ou peu de drageons.

La récolte

Le chantier de récolte de framboise revêt une importance capitale car la gestion de la récolte peut faire la différence entre une bonne et une mauvaise campagne, vu la grande sensibilité du fruit qui doit être récolté avec délicatesse et peut rapidement dépasser le stade de

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

91


La framboise maturité. Il est impératif donc de s’assurer que les ouvriers sont qualifiés et en nombre suffisant puisque deux passages par jour sont parfois nécessaires pour éviter les pertes dues à la sur-maturité des fruits. La récolte est ensuite acheminée vers la table de triage où les fruits endommagés, trop murs et pourris sont écartés. La marchandise est ensuite pesée puis emballée dans des barquettes puis dans des caisses en carton qui sont transportées en camion frigorifique à 2°C vers la station. Les problèmes liés à la main d’œuvre constituent un réel défi pour les exploitations, surtout au niveau du Sous

Massa où une vraie compétition pour la main d’œuvre a lieu surtout lors de la période de récolte coïncidant avec celle d’autres cultures où les ouvriers sont payés à la tâche. Sans oublier le

critère de qualification puisque la récolte de la framboise nécessite une attention particulière vu la fragilité des fruits et d’importantes pertes peuvent être enregistrées à cause de la mauvaise récolte.

Principaux ennemis de culture

Pourriture à phytophtora : le Phytophtora des racines est l’une des maladies majeures qui affectent les framboisiers. Elle est causée par au moins huit espèces de champignons telluriques appartenant au genre Phytophtora. Les spores persistantes du champignon peuvent demeurer dans le sol pendant plusieurs années. Les tiges flétrissent et l’extrémité de la pousse dépérit. Pourriture grise : causée par le champignon Botrytis cinerea, c’est la principale maladie de post-récolte des fruits du framboisier. Les baies infectées se couvrent de masses de spores fongiques qui donnent à la maladie son nom particulier « pourriture grise ». Si elles ne sont pas cueillies, les baies atteintes se momifient et restent attachées au plant et peuvent alors servir de sources additionnelles de l’inoculum dans la plantation. Les pratiques agronomiques qui permettent une bonne circulation d’air autour des baies fruitières peuvent contribuer à lutter contre la maladie. Rouille jaune (Phragmidium rubi-ideae) : cette maladie est caractéristique des régions du Nord durant les périodes de pluies prolongées. Des petites pustules, remplies de spores poudreuses jaunes à oranges se forment sur la surface inférieure de feuilles infectées. Les calices des fleurs, les pétioles et les fruits peuvent être attaqués à tous les stades de leur développement. Sur les fruits, des pustules se développent sur les drupéoles individuelles, produisant des masses de spores jaunes. Une taille appropriée permet de contrôler la densité et assu92

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


rer une bonne circulation d’air, ce qui contribue à lutter contre cette maladie. Acariens (Tetranycusspp) : les acariens peuvent constituer un sérieux problème surtout lorsque le climat devient chaud et sec au printemps et en été, ils causent des dégâts au niveau du feuillage qu’ils râpent et sucent. La lutte biologique est la seule solution contre ce ravageur, puisque les traitements chimiques sont prohibés pendant la récolte des fruits, en procédant aux lâchers du prédateur « Phytoseilus persimilis » qui est également un acarien, à raison de 25.000 à 35.000 individus par hectare. Les noctuelles : les chenilles de noctuelles se nourrissent des feuilles du framboisier et peuvent s’attaquer aux bourgeons floraux de la plante ce qui peut sérieusement nuire à la production. Drosophila suzukii : c’est une mouche qui pose des problèmes pour la culture de framboisier dans la région du Nord, mais qui n’a pas été signalée au Souss-Massa. Cet insecte pullule lorsque les températures ainsi que l’humidité relative augmentent et est donc le principal ennemi des agriculteurs lors du cycle de printemps puisqu’elle pique directement les fruits pour y pondre ses œufs. Ce sont les larves qui se nourrissent de la pulpe de fruit, les dégradent et peuvent même causer l’arrêt total des exportations lorsque les dégâts sont trop importants.

Framboise-Tomate

Compétition ou complémentarité ?

Les superficies occupées par les fruits rouges dans la région du Souss Massa ont été implantées au détriment de certaines cultures comme la courgette, le poivron, le haricot, etc, mais pour l’instant la superficie des tomates est à peu près la même. Pour certains producteurs de la région, les fruits rouges constituent sans aucun doute une bonne alternative, vu leur importante valeur ajoutée et surtout à cause des cours fluctuants de la tomate ces dernières années. Cependant, personne ne sait si dans l’avenir les prix des fruits rouges resteront intéressants malgré l’importante augmentation des surfaces et la concurrence. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les marchés des fruits rouges sont bien plus exigeants en matière de certification que le marché de la tomate. Par conséquent, un grand nombre de producteurs de la région ne pourra pas s’aligner. www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

93


Arboriculture

La biodiversité au service des vergers L’arboriculture fruitière ainsi que la viticulture font partie des cultures les plus consommatrices en pesticides. Dans un contexte de demandes sociétales croissantes d’une production agricole saine et de qualité et moins impactante pour l’environnement, différents outils et méthodes permettent de faire évoluer les pratiques agricoles vers une réduction des intrants chimiques. En tant que refuges de biodiversité, les haies composites sont un outil particulièrement précieux pour créer au sein des vergers des réservoirs pérennes d’auxiliaires et limiter le recours massif aux insecticides et acaricides. L’unité expérimentale arboricole de l’Inra Bordeaux-Aquitaine tente l’expérience à grande échelle sur environ 2000m linéaires sur ses deux sites de Toulenne et Bourran.

Raisonner les activités agricoles L’Unité expérimentale arboricole de l’Inra Bordeaux-Aquitaine conduit des essais en arboriculture fruitière pour accompagner, sur le terrain, les recherches conduites en laboratoires. Elle développe des stratégies culturales innovantes pour réduire durablement l’impact de l’arboriculture fruitière sur l’environnement tout en maintenant des exigences agronomiques, et économiques élevées. Elle s’est engagée dans une démarche pour réduire l’impact de ses activités sur l’environnement en considérant ses différentes dimensions : air, sols, eau et biodiversité. Elle a ainsi initié plusieurs actions comme la modification des rotations de cultures ou la limitation

94

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

des labours, ou encore la transformation de certains itinéraires techniques (irrigations, protection phytosanitaire, etc.). Les plantations de haies composites réalisées en 2014 s’inscrivent dans cette dynamique en visant à conforter le dispositif expérimental de systèmes de culture innovants ainsi qu’à permettre une meilleure gestion de l’ensemble des cultures.

La haie composite, un outil polyvalent Des travaux conduits par l’Inra dans les années 1990 ont démontré la présence d’une grande diversité d’espèces dans les haies, et l’intérêt de diversifier l’environnement des vergers. La haie constitue un site de reproduction, un refuge et une zone de nourriture pour la faune sauvage. Ces abris naturels permettent le maintien et la survie des insectes prédateurs d’autres insectes nuisibles aux cultures (entomophages) et constituent des corridors indispensables à la circulation de la faune et de la flore, ainsi que des interfaces entre parcelles cultivées, haies et forêts. Refuge de biodiversité, elle assure également le développement de ressources non présentes dans les parcelles cultivées du fait de la monoculture. Au-delà de ce rôle de refuge, les haies apportent d’autres bénéfices essentiels au verger en jouant le rôle de brise-vent qui réduit les dégâts sur les feuilles (fleurs et fruits) des arbres, ainsi qu’en facilitant la fécondation et la circulation des insectes pollinisateurs. Par ailleurs, elles réduisent les risques de gelées tardives et protègent les cultures de chaleurs excessives et dommageables. Une haie constitue également une barrière protectrice contre les polluants et sert de filtre épurateur des eaux de ruissellement en captant les éléments minéraux lessivés. Elle limite l’érosion, permet d’augmenter la capacité d’infiltration des sols et de les www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

95


Arboriculture

stabiliser, tout en les améliorant par l’apport de matière organique. Enfin, elle assure un stockage accru de carbone.

Résultats attendus

1-Réduire les traitements insecticides L’installation de haies composites a pour effet de réguler plus facilement les populations d’insectes ravageurs des cultures qui causent des dégâts importants et réduisent ainsi la productivité et le revenu de l’agriculteur. La haie composite viendra à terme renforcer une action de lutte alternative basée sur l’utilisation de phéromones qui perturbent la reproduction des insectes ravageurs par confusion sexuelle et qui a donné des résultats positifs. Ainsi, plus aucun traitement insecticide n’est réalisé pour lutter contre les carpocapses ou les tordeuses. Par ailleurs, la présence naturelle d’auxiliaires depuis plus de 15 ans dans les vergers a permis de supprimer les traitements d’acaricide, substance active qui élimine les acariens. 2-Adapter la lutte chimique pour préserver la biodiversité des haies Des progrès très importants ont été réalisés. Mais faute de technique alternative approuvée, la lutte contre les pucerons qui véhiculent la maladie incurable de la sharka nécessite encore une intervention chimique. Cette lutte chimique est rendue légalement 96

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

obligatoire du fait de graves conséquences sur les vergers de la sharka. Afin de préserver les bénéfices générés par la présence d’auxiliaires dans les haies, de nouvelles pratiques sont progressivement mises en place. Cela suppose entre autres de raisonner au mieux les traitements, de choisir des matières actives réputées moins agressives pour la faune auxiliaire (tout en assurant un suivi des effets réels de ces substances in situ) et de procéder à des réglages sur le matériel afin de réduire les dérives de produits et éviter la projection de bouillie sur les haies composites. 3-Mesurer l’évolution de la biodiversité L’évolution des populations d’insectes phytophages ou prédateurs présents sera suivie par frappages dès l’implantation de la haie. Ainsi, il sera possible de mesurer l’impact de ces haies sur la faune entomophage (mangeurs d’insectes) et phytophage (consommateurs de végétaux). 4-Stabiliser les sols Enfin, un des résultats attendus est lié à la capacité des haies à fixer et stabiliser les sols et notamment les berges et les digues du domaine de Toulenne, comme en consolidant certains fossés dégradés du site de Bourran.

Un mélange d’essences pour composer sa haie Les essences retenues sont locales ou

méditerranéennes, de floraisons très précoces à très tardives, adaptées aux sols de la région et peu exigeantes avec une alternance de feuillages caducs et persistants. Elles ont été associées avec des espèces cultivées en verger en fonction de leur peuplement, de leur capacité à attirer les prédateurs des vecteurs de maladies (comme le puceron qui véhiculant la sharka) et sont de familles botaniquement éloignées. Ces haies à trois strates (haut-jet, moyen-jet et bourrage-bas et haut) ont été plantées au centre d’une bande enherbée ou de jachères fleuries. Pour favoriser la circulation des insectes pollinisateurs, deux essences ont été privilégiées : le saule marsault très apprécié des abeilles au sortir de l’hiver ainsi que le sureau noir, très mellifère. Le buis à floraison précoce et feuillage persistant abrite une faune riche en hyménoptères, phytoséïdes, et araignées, le cornouiller héberge une faune auxiliaire variée d’hyménoptères, de mirides, de coccinelles, d’araignées et de chrysopes ; le fusain européen, le laurier-tin, le nerprun alaterne, le noisetier, la viorne lantane et la viorne aubier, le lierre par sa floraison automnale… constituent un relais d’alimentation en fin de saison et un site d’hivernation. Enfin, le troène des bois et la viorne favorisent la présence d’oiseaux et leur fournissant abri et nourriture.

Source : INRA France www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

97


Arboriculture

Des pommes résistantes aux maladies ! Les pommiers sauvages sont souvent équipés de mécanismes de défense aussi bien contre le feu bactérien que contre la tavelure. Ces informations sont souvent stockées dans plusieurs gènes de résistance. Les stations de recherches développent et examinent à l’aide de différentes méthodes de nouvelles variétés de pommes résistantes à ces agents pathogènes. Ce faisant, en plus des méthodes de sélection classiques, des méthodes de sélections modernes telles la cisgénèse et la floraison précoce sont utilisées. Ainsi, les arbres fruitiers résistants exigent moins de traitements.

20 à 25 ans pour une nouvelle variété de pomme

Les pommiers se multiplient par voie végétative, c-à-d de manière asexuée, sans graines. C’est pourquoi le patrimoine génétique de tous les pommiers d’une même variété est identique. Pour sélectionner de nouvelles variétés résistantes aux maladies, les pommiers sont croisés avec des plantes sauvages. Les descendants ont la moitié du patrimoine génétique de la plante sauvage, raison pour laquelle beaucoup de propriétés des pommes comestibles se perdent. Celles-ci doivent être reconquises à travers des croisements entre plusieurs bonnes variétés commerciales, ce qui demande plusieurs générations. De nouvelles variétés sont ainsi créées, avec des propriétés nouvelles concernant, par

exemple, le goût, la conservation et les conditions de culture. Dû à la durée générationnelle des arbres, le développement d’une variété de pommes avec de nouvelles propriétés dure de 20 à 25 ans. C’est ainsi que diverses variétés de pommes résistantes à la tavelure ont été développées au cours de ces dernières décennies. Cependant, comme leurs caractéristiques gustatives diffèrent de celles des variétés connues et appréciées, le marché et en particulier les grands distributeurs ne les acceptent qu’avec réticence.

Renforcer les résistances des variétés actuelles

Des gènes de résistance peuvent être transférés dans une variété existante à l’aide des méthodes du génie génétique. Ainsi s’ajoute

aux propriétés déjà présentes, une résistance plus élevée à l’agent pathogène. Le caractère particulier de la variété est ainsi conservé et le produit - d’ores et déjà établi sur le marché - ainsi créé, est de plus porteur de certaines propriétés améliorées. Les croisements avec d’autres variétés qui prennent beaucoup de temps disparaissent. Le temps de développement jusqu’à la commercialisation peut être réduit à 10 ans environ. Ainsi, un groupe de recherche, en introduisant un gène de l’orge (Hordothionin) dans la variété de pomme Gala, a augmenté sa résistance à la tavelure. Preuve en a été faite au cours d’un essai en plein champ de quatre ans. De même a-t-on amélioré grâce au génie génétique des variétés résistantes au feu bactérien. Celles-ci ont été cultivées avec succès pendant 12 ans en plein champ.

Pommiers à maturité accélérée

Un autre procédé consiste à accélérer la maturité sexuelle de la variété de pomme cultivée. Un pommier fleurit normalement au bout d’environ 4-5 ans. La transmission et l’augmentation de l’activité d’un gène de bouleau dans des pommiers ont permis aux chercheurs d’en réduire la maturité sexuelle (c-à-d de la graine à la première floraison) à un an. Ainsi, le temps de sélection d’une nouvelle variété est fortement raccourci. Comme

98

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


le gène du bouleau n’est transmis qu’à la moitié des descendants, il peut être éliminé à travers l’utilisation de la descendance qui n’est pas porteuse du gène de bouleau. À travers cette méthode, les plantes génétiquement modifiées (GM) servent à la production de variétés cultivées qui seront utilisées plus tard, mais qui, elles, ne portent plus la modification génétique. Elles possèderont ainsi la maturité sexuelle normale de la plante de la variété originale, non modifiée.

Gènes propres à la variété

Il semble que les agriculteurs et des consommateurs soient plus enclins à accepter les plantes GM lorsque le transfert des gènes a lieu entre plantes appartenant à la même espèce plutôt qu’entre plantes d’espèces différentes. C’est-à-dire que le patrimoine génétique de la plante cultivée est modifié par l’ap-

www.agri-mag.com

port d’un ou de plusieurs gènes provenant d’une plante avec laquelle elle est sexuellement compatible et capable de s’hybrider. Mais au lieu de croisements, on a recours au génie génétique pour la transmission du gène. Cette technique est appelée cisgénèse. Les premières variétés de pommes cisgénétiques ont d’ores et déjà été développées avec succès et sont actuellement testées sur le terrain.

La coexistence, un défi

pomme provient du réceptacle des variétés conventionnelles, seul les pépins de pomme seraient génétiquement modifiés lors d’un tel croisement. Les distances à respecter entre les pommiers GM et les vergers conventionnels de manière à contenir l’hybridation, n’ont pas encore été analysées dans le détail. Mais, en principe, les abeilles peuvent parcourir plusieurs kilomètres de distance.

Source : https:// sciencesnaturelles.ch/

Comme la pollinisation des pommiers est assurée par des insectes, notamment les abeilles, le croisement de pollen GM avec les variétés conventionnelles relève du défi. Sachant que la pulpe de la

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

99


Crédit photos: La Pugère.

Verger Golden

Conduite du verger

Le système ‘’bas intrants’’ fait ses preuves en France Maude Le Corre, Journaliste à Réussir Fruits et Légumes

La station La Pugère (France) expérimente depuis sept ans deux vergers bas intrants. Si la baisse des intrants est possible sans affaiblir les vergers, ils sont moins productifs du fait d’une faible densité de plantation. Pour autant la marge annuelle directe est proche de celle d’un verger raisonné. « Pour être économiquement viable, la densité de plantation d’un verger extensif de pommier ne doit pas descendre au dessous de 1200 à 1500 arbres par hectare, même avec un porte-greffe vigoureux », pointe Vincent Lesniak de la Pugère comme l’une des premières conclusions de leur essai système bas intrants. Depuis 2010, la station La Pugère (Bouches-du-Rhône) a mis en place un essai comparant trois vergers (voir tableau) dont deux sont conduits en très bas niveaux d’intrants : produits phytosanitaires, eau, fertilisants, main d’œuvre. « L’objectif est de mobiliser différents leviers pour concevoir un verger moins gourmand mais aussi performant économiquement qu’un verger raisonné», résume le chargé d’étude. Les résultats après six années de production montrent qu’une réduction des intrants est possible. Mais le choix des densités initiales, 800 arbres par hectare greffés sur M7 pour les deux vergers bas intrants, un en Golden et un en Crimson Crisp (Résistante tavelure) contre 2000 arbres/ha sur Pajam 2 en Golden conduits en raisonné, a pénalisé les tonnages hectares. En cumulé sur les six ans, la parcelle de Golden bas intrants a produit 44% de moins que la parcelle en raisonné (153t contre 272t) et la parcelle de Crimson Crisp 54% (125t). « Mais en kilo par arbre, les résultats sont inversés, continue Vincent Lesniak. La parcelle de Golden bas intrant a produit 38% de plus que celle en raisonné. Celle de Crimson 13% de plus. Les calibres des pommes sont moins bons sur les deux parcelles bas intrants. La moitié des pommes ont plus de 75mm sur le verger Golden bas intrant et 45% sur le verger de Crimson contre les trois quarts des pommes du verger en raisonné. Ce phénomène est accentué en années sèches ou à forte charge en fruits. « Dans une lo�gique de réduction d’intrants, les apports limités en eau et azote associés au porte greffe vigoureux du Verger bas intrants sont en cause dans cette réduction de calibre », explique l’expérimentateur. 100

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

100m3 d’eau d’irrigation pour produire 1 tonne

L’irrigation a en effet été réduite de près de 50% sur les vergers bas intrants. L’irrigation des parcelles bas intrants était maintenue entre confort et confort limité durant la phase de grossissement des fruits puis progressivement réduite durant la phase de maturation. Le verger référence était quant à lui conduit en grand confort permanant durant la saison. « Par contre l’efficience des systèmes par rapport à l’irrigation, la quantité d’eau nécessaire pour produire une tonne de fruit, est équivalente entre les trois vergers, analyse le spécialiste. Elle est d’environ de 100m3 d’eau d’irrigation par tonne de pomme. » Les fertilisations azotée et phosphatée ont elles aussi étaient réduites. Pilotés par un suivi des re�liquats azotés dans la solution du sol, les apports d’azote ont été réduits de 80% en moyenne sur les deux vergers bas intrants et de 93% pour le phosphore par rapport à la modalité raisonné. Ces baisses n’ont pas affecté la vigueur des arbres en bas intrants qui a été maintenue par celle conférée par le porte greffe M7.

Des IFT réduits de trois quarts

La diminution des applications phytosanitaires a peu affecté la gestion des ravageurs qui sont restés sous des seuils acceptables, sauf l’oïdium sur Crimson. Pour réduire le nombre de traitements sur les parcelles bas Intrants deux approches ont été combinées. - La première consiste à substituer des applica�tions chimiques par des produits de biocontrôle, des filets Alt’carpo et de relever les seuils d’intervention. Avec cette seule approche, l’IFT (Indice de fréquence de traitement) de Golden en bas intrant (15,8) est en moyenne inférieure d’un tiers à celui de la parcelle raisonnée (24,3). Et celui de la parcelle de Crimson (7,3) de 62%.

« Associés à la redéfinition des seuils d’intervention, l’usage du filet réduit l’IFT insecticide de 61%, soit cinq traitements, celui d’outil d’aide à la décision(OAD) réduit l’IFT fongicide de 20% et la combinaison résistance variétale et d’OAD, réduit l’IFT fongicide de 60%, soit neuf traitements. » - La seconde approche adapte les volumes de bouillie aux volumes de la frondaison (méthode TRV). Le volume des arbres a été mesuré chaque année pour les deux parcelles bas intrants et un nouveau volume de bouillie a été calculé. « Pour l’année 2017, les volumes de bouillie utilisés étaient de 500l/ha sur Golden bas intrants et de 450l/ha sur Crimson contre 1000l/ha sur la parcelle de référence. » Cette modulation du volume de bouillie permet de représenter les IFT en fonction de la dose par hectolitre. Dans ce cas les IFT des parcelles bas intrants sont réduites en moyenne de trois quart par rapport à la référence.

Un verger bas intrants plus efficient

La gestion en bas intrants a permis une réduction des temps de travaux de 50% à 57%. « Mais la différence sur les temps de récolte est directement liée à la capacité de production des différents vergers», nuance l’ingénieur. Les temps de taille passent de 230h sur le verger raisonné contre 61h et 75h sur les vergers bas intrants. Cette différence est en partie liée aux temps d’attachage de la modalité de référence. Les parcelles bas intrants en forme libre, n’ont pas été soumises à ce type d’intervention. De plus, cette architecture particulière nécessite moins de temps de taille en comparaison à la modalité raisonnée. Les différences de temps de traitements sont eux quasi équivalents entre les trois modalités. Le temps de travail du sol diffère également selon les modalités. Le verger raisonné présente un temps de travail divisé par deux (25h/ha en moyenne) par rapport aux vergers bas intrants (38-36 h/ha en moyenne). « Cette difwww.agri-mag.com


Arboriculture férence est surtout notable sur les deux premières années d’installation des parcelles, où le nombre d’interventions mécaniques dépasse celui du verger raisonné géré chimi� quement. » Mais lorsque l’on juge de l’efficience agro-économique des vergers, le nombre d’heure de travail pour produire un kilo de pomme, le verger de Golden bas intrants est plus efficient que celui conduit en production raisonnée. Dix huit heures de travail ont en effet été nécessaire par an pour produire une tonne de fruit dans le premier contre 20h dans le second. Pour le verger de Crimson, 18,8h de travail sont nécessaires en moyenne pour produire une tonne de fruits. « Cet essai est à poursuivre sur la phase vieillissante du verger. Des informations quant à la régularité de production, à la pérennité des systèmes, à l’efficience de la dose d’application, à la rentabilité économique, sont encore à acquérir. »

Une marge proche de 0

Les marges cumulées sur les sept premières années de récolte sont encore négatives pour les trois systèmes. Pour les calculer il a été pris en compte les coûts de plantation, de main d’œuvre, des intrants et le nombre d’heures de fonctionnement

www.agri-mag.com

du tracteur er du pulvérisateur. L’implantation

leures que la parcelle raisonnée excepté en 2014.

du verger est amortie sur 20 ans et les filets sur

La parcelle la plus régulière est celle en bas in-

huit ans. Les fruits sont rémunérés à 0,35 cts/kg quelque soit les systèmes. La moins mauvaise

trants de Crimson. « Mais les années d’alternance

marge est faite par la parcelle bas intrants de

impactent directement la marge des différents

Golden qui a des marges équivalentes ou meil-

systèmes étudiés », conclut Vincent Lesniak.

Système

Raisonné

Variété

Golden 972

Bas Intrants Golden 972

Crimson crisp

Porte greffe

Pajam® 2 Cepiland

M7

Distance de plantation

4m x 1,25m

5m x 2,5m

Superficie parcelles Nb. arbres / ha Conduite

Environnement Entretien du rang

Protection du verger

0,282 ha

0,15 ha

0,2 ha

2000

800

Axe centrifuge

Forme libre

Absence d’aménagement spécifique

Haies composites, bandes florales, têtes de rang diversifiées

Chimique

Mécanique

Filet paragrèle, Application des Références régionales en Production Fruitière Intégrée

Alt’Carpo, Intervention(s) chimique(s) si nécessaire en fonction de la méthode du TRV

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

101


Dossier Irrigation

La filtration en irrigation localisée

Un équipement indispensable

I

Source : ARDEPI

l ne faut pas négliger le poste ‘‘filtration’’. La durée de vie du matériel de distribution et la qualité des irrigations en dépendent. Le choix d’un filtre se fait en fonction de : - La qualité de l’eau, eau de forage ou eau de surface, - Le besoin en filtration des distributeurs, goutte à goutte ou micro-asperseurs. Pour répondre aux besoins de chaque situation, différents types de filtres existent : filtres à sable, filtres à tamis, filtres à disques. En option, on peut choisir des dispositifs automatisables pour simplifier les opérations de nettoyage. Dans certaines situations, une préfiltration est nécessaire.

5 bonnes raisons de ‘‘sur-dimensionner’’ sa filtration :

• Une filtration sur-dimensionnée provoque moins de pertes de pression • Certaines eaux obligent à intervenir trop souvent pour nettoyer le filtre • Cela donne de la souplesse si l’on veut

augmenter la surface irriguée • La qualité de l’eau peut s’aggraver dans le temps (eau de surface) • On limite le risque de bouchage et réduit l’entretien de l’installation

Préfiltration

Dans certaines situations une préfiltration est nécessaire. Cependant, en aucun cas ces équipements ne remplacent un système de filtration

Les crépines

Lorsque l’eau vient directement du milieu naturel, une crépine est indispensable en tête. Elle empêche la pénétration de corps étrangers pouvant obstruer les canalisations et faire des dégâts dans la pompe ou les réducteurs de pression. La taille de la maille est d’environ 5 mm. Dans le cas d’un forage, c’est le tubage du forage qui joue ce rôle.

L’Hydrocyclone

Il permet d’éliminer le sable sur les forages lorsqu’ils en produisent beaucoup.

Classification de la qualité des eaux pour bien choisir son filtre Bonne qualité

• Eau provenant d’une nappe souterraine à débit régulier ou d’un puits entretenu • Eau à faible concentration en carbonate de calcium (<50 mg/l) ou à faible teneur en fer (<0,1mg/l)

Qualité moyenne

• Eau de surface avec décantation naturelle (canal, réseau) • Eau à faible développement biologique avec moins de 100 mg/l de carbonate de calcium et une teneur en fer inférieure à 1,5 mg/k

Mauvaise qualité

• Eau de réservoir à fort développement biologique, d’algues, … • Eau de canaux, rivières, réseaux après période de crues ou de fortes pluies (forte teneur de matière en suspension), eau de puits détérioré • Eau à concentration en carbonate de calcium supérieure à 100 mg/l ou teneur en fer supérieure à 1,5 mg/l

102

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Il est à placer en tête du réseau et ne sera efficace que s’il fonctionne à son débit nominal pour que les particules atteignent la vitesse suffisante pour être évacuées par centrifugation. La taille de l’hydrocyclone est à choisir en fonction du débit nécessaire.

Filtre à sable

Pour des eaux de mauvaise qualité, chargées (rivières, canaux) Il est préconisé en situation à risque de colmatage important, c’est-à-dire avec des distributeurs à faible débit (goutte à goutte, micro-aspersion). Le filtre à sable se compose d’une cuve en acier, capable de résister à la pression du réseau (8 ou 10 bars). Elle est remplie de sable ou de gravier aux 2/3 de son volume. Lorsque les eaux sont chargées, son volume de stockage des particules est plus important : c’est le filtre qui se colmate en dernier. Le filtre à sable est toujours suivi d’un filtre à tamis ou d’un filtre à disque pour compléter la filtration. Selon l’objectif de filtration, on choisit la granulométrie du sable. Deux exemples : - Un sable de 1,35 mm pour filtre jusqu’à 200 µ - Un sable de 0,95 mm pour filtrer jusqu’à 130 µ On préférera les filtres à granulométrie unique. Dans les filtres avec des couches de granulométrie différente, celles-ci ont tendance à se mélanger lors du contre-lavage et perdent toute efficacité.

Filtre à tamis

Pour des eaux de bonne qualité, peu charwww.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

103


Trois critères d’appréciation La turbidité

La sédimentation

La précipitation d’éléments minéraux en solution

A observer à l’œil nu, dans un verre … Prélever de l’eau du réseau dans un ré· Une eau claire sans particule visible, elle est considérée comme cipient transparent et d’au moins 1( cm une eau faiblement chargée. Elle peut provenir d’un réseau, d’un de haut, agiter puis laisser reposer. Si au forage, d’un puits bout d’une minute, un dépôt s’est formé, l’eau contient des particules supérieures · Une eau d’apparence trouble avec des particules en suspension, à 50µ, soit au moins des sables fins. elle est considérée comme une eau chargée. Elle peut provenir d’une eau de surface ou de bassin

gées (eau de forage) Le filtre à tamis se compose d’un « corps » en plastique on en acier et d’un tamis en forme de cylindre. L’élément filtrant du tamis est une toile inox ou plastique. L’inox a une bonne résistance mécanique ; le plastique, plus fragile et moins coûteux. Les fabricants proposent une gamme de filtration de 80 à 800 microns. D’un montage simple, il s’installe directement sur la conduite en respectant le sens de montage indiqué par une flèche. La partie filtrante est facilement accessible pour son entretien, à condition d’avoir prévu l’espace nécessaire en dessous pour dégager la cartouche. Le filtre à tamis reste le moins cher des filtres pour les petits modèles.

LES FILTRES A DISQUES

Pour des eaux de qualité moyenne à mauvaise (rivières, canaux) Le filtre à disques, aussi appelé filtre à lamelles, est constitué d’un « corps » en plastique renforcé ou en acier contenant un empilement de disques de polypropylène dont la surface est rainurée. Les particules sont stoppées par les multiples intersections des rainures. Le filtre à disques possède une plus grande capacité de stockage des particules qu’un filtre à tamis. Sans automatisation ou autre option, le coût d’un filtre à disques modéré.

ENTRETIEN ET CONTRÔLE DES FILTRES

En fonctionnement normal, un filtre va se colmater au fil du temps. il faut le nettoyer quand il provoque une baisse de pression de plus de 0,5 bar. il est donc impératif de prévoir des prises « manomètre » avant et après le filtre, et de contrôler la pression régulièrement lorsque l’installation est en fonctionnement. Si les nettoyages manuels d’un filtre deviennent trop fréquents (plus de 2 à 3 fois par semaine), il faut envisager leur automatisation. On programme le nettoyage par différence de pression entre l’entrée et la sortie du filtre. Quand on connait bien son installation et que l’on est sûr qu’il n’y a pas de variation rapide de la qualité de l’eau, on peut envisager une programmation à heure ou fréquence fixe, quel que soit le niveau de colmatage du filtre. Le filtre à sable · Le contre lavage Le contre lavage est le seul moyen pour nettoyer un filtre à sable.

Le fer et le calcium peuvent précipiter (dépôts de rouille, de calcaire). Si le calcaire peut être re-dissout par des traitements à l’acide, le fer par contre, pose de gros problèmes. Précipité, le fer est presqu’impossible à re-dissoudre. Il favorisera le développement de bactéries qui forment des gels bouchant totalement le réseau ! Dans un secteur où l’eau est réputée chargée en fer, l’analyse d’eau réalisée par un laboratoire est nécessaire et un conseil spécifique indispensable pour préciser la faisabilité de l’irrigation localisée.

Le bon réglage de la vanne de contre lavage doit être vérifié avec l’installateur pour ne pas risquer d’entraîner le sable à l’extérieur. · L’état du sable à surveiller Il est recommandé de faire un contrôle visuel annuel de l’état du sable. Le changer environ tous les 3 à 5 ans ou plus fréquemment s’il reste sale après un lavage ou s’il s’agglomère en formant des « paquets ». · Niveau du sable De temps en temps, remettre si nécessaire, du sable jusqu’au niveau préconisé par le fabricant. Le filtre à tamis · Les filtres les plus simples sont à démonter pour être nettoyés manuellement (brosse + jet d’eau). · Les filtres les plus sophistiqués sont équipés : o D’une brosse qui tourne dans le tamis et d’une vanne de vidange o Et/ou d’un système d’aspiration (buses) des particules, o Ou d’un système de décantation par effet cyclonique. L’ensemble peut être mécanisable Le filtre à disques · Le lavage manuel L’emplacement de disques (cartouche) est retiré de son corps, les disques sont désolidarisé sur leur axe pour les nettoyer au jet haute pression ou par trempage (12 à 24h) dans l’eau de javel s’il y a présence d’algues. Il est conseillé de disposer d’une seconde cartouche de disques. · Le contre lavage manuel ou automatique Le mouvement inverse de l’eau provoque le relâchement des disques pour libérer les particules vers la vidange. C’est plus efficace qu’un simple lavage manuel et facilement automatisable pour les nettoyages fréquents.

LA FINESSE DE FILTRATION DOIT ETRE ADAPTEE AU MATERIEL DE DISTRIBUTION

Quel que soit le type de filtre

· Les débits indiqués dans les tableaux sont des débits à ne pas dépasser · Un montage de plusieurs filtres montés en parallèle permet de procéder au nettoyage sans interrompre la filtration · La capacité de filtration doit être d’au moins 1,5 fois le débit à filtrer. · Exemple : si l’installation a un débit de 10 m3/h, le débit du filtre doit être d’au moins 15 m3/h. · On passera à 2,0 voire 2,5 fois le débit à filtrer avec une eau très Agriculture du Maghreb 104 N° 119 - Avril 2019 chargée.

· En aucun cas, l’automatisation ne dispense d’un filtre à able en amont, pour les eaux très chargées · On peut être amené à faire évoluer sa filtration. Il faut alors avoir prévu la place (rajout d’un filtre à sable, pose de filtres en parallèle, …) · On peut parfois hésiter entre : - Automatiser : cela peut être compliqué et cher. - Sur-dimensionner : c’est plus simple, mais pas toujours suffisant. C’est un calcul économique à faire avec l’installateur ! · Bien s’assurer de la qualité de son eau www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

105


Gestion de l’eau Produire plus avec moins Source : FAO

L’intensification durable nécessite des systèmes d’irrigation plus efficaces et précis, ainsi que des systèmes d’exploitation agricole utilisant une approche écosystémique pour pré� server les ressources en eau.

L

es plantes sont cultivées selon différents régimes de gestion de l’eau, allant du simple travail du sol pour accroître l’infiltration des pluies jusqu’aux technologies d’irrigation et méthodes de gestion de pointe. La superficie totale des terres cultivées est estimée à 1,4 milliard d’hectares, au niveau mondial, et environ 80 pour cent de cette superficie est cultivée en sec ; elle assure environ 60 pour cent de la production agricole mondiale. En agriculture non irriguée, la gestion de l’eau consiste à contrôler la quantité d’eau disponible pour une culture en déviant de façon opportuniste les écoulements d’eau de pluie afin d’accroître l’humidité du sol dans la zone des racines des plantes. Il n’empêche que le calendrier d’arrosage reste dicté par les précipitations et non pas par les agriculteurs. Les terres irriguées, qui couvrent

106

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

environ 20 pour cent des terres cultivées au niveau mondial, assurent environ 40 pour cent de la production agricole totale. Ce niveau élevé de productivité s’explique par une plus forte intensité de culture et par l’accroissement des rendements moyens. L’irrigation contrôle la quantité et le calendrier des arrosages dans les champs et elle encourage ainsi la concentration d’intrants pour accroître la productivité des terres. Les agriculteurs arrosent les cultures pour stabiliser et accroître les rendements et augmenter le nombre de récoltes par an. Globalement, l’irrigation des cultures permet de multiplier les rendements par deux ou trois. C’est pourquoi une irrigation adaptée et ajustable est vitale pour les cultures de valeur et à forte intensité d’intrants. Mais les risques économiques qu’elle implique sont plus graves que ceux des cultures non irriguées à faible

intensité d’intrants. L’irrigation peut aussi avoir des effets négatifs sur l’environnement, entraînant notamment la salinisation des sols et la pollution des aquifères par les nitrates.

Des pressions de la concurrence pour l’utilisation de l’eau

Du fait de ces pressions croissantes et des impératifs écologiques, l’agriculture se trouve obligée de «produire plus avec moins d’eau» et avec un impact réduit sur l’environnement. Il s’agit là d’un défi de taille, qui exige que la gestion de l’eau pour l’intensification durable anticipe une agriculture de précision, plus intelligente. La gestion de l’eau en agriculture devra également être mieux à même de rendre compte de son utilisation de l’eau en termes économiques, sociaux et environnementaux. www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

107


Les perspectives de l’intensification durable varient considérablement selon les divers systèmes de production et différents facteurs externes influent sur la demande. Toutefois, en général, l’intensification durable des cultures, irriguées ou non, dépendra de l’adoption d’approches écosystémiques comme l’agriculture de conservation ou d’autres pratiques fondamentales, comme l’utilisation de variétés à haut rendement et de semences de qualité et la protection intégrée contre les ravageurs.

Systèmes de production en sec

De nombreuses variétés cultivées en sec sont adaptées pour exploiter l’humidité présente dans la zone des racines. Il est possible d’améliorer les systèmes de production en sec, en prenant notamment les mesures suivantes : - utilisation, dans les rotations, de plantes à enracinement profond, - adaptation des plantes pour les amener à s’enraciner en profondeur, - augmentation de la capacité de stockage d’eau des sols, - amélioration de l’infiltration de l’eau et

108

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

- réduction au minimum de l’évaporation, en recouvrant le sol de matières organiques. Le captage des écoulements d’eau provenant de terres adjacentes non cultivées peut également prolonger l’humidité des sols. L’amélioration de la production de l’agriculture non irriguée dépend, dans une large mesure, de l’amélioration des soins donnés à la terre, pour tous les aspects de la gestion des cultures. Des facteurs comme la présence d’organismes nuisibles et la disponibilité limitée de nutriments du sol peuvent limiter les rendements, bien plus que la disponibilité d’eau en soi. Les principes de réduction des labours, de couverture du sol à l’aide de matières organiques et d’utilisation de la biodiversité, naturelle ou programmée, revêtent une importance fondamentale si l’on veut assurer un bon aménagement des terres.

La possibilité d’intensifier durablement les cultures

En l’absence d’irrigation, elle dépendra de l’application d’approches écosystémiques, qui

maximisent la concentration de l’humidité autour des racines des plantes. S’il est vrai que ces approches peuvent faciliter l’intensification des cultures, le système n’en demeure pas moins exposé aux caprices des précipitations. Du fait des changements climatiques, la production agricole sera en effet exposée à des risques accrus, et c’est précisément dans le secteur de l’agriculture non irriguée qu’il faudra surtout, de toute urgence, élaborer des stratégies efficaces d’adaptation aux changements climatiques. D’autres mesures doivent donc être prises pour vaincre l’aversion aux risques des agriculteurs : - meilleures prévisions concernant les précipitations et les disponibilités en eau, par saison et par an, - gestion des inondations à la fois pour atténuer les changements climatiques et, dans l’immédiat, pour améliorer la résilience des systèmes de production. On peut intervenir de manière plus élaborée au niveau de la gestion de l’eau pour réduire les risques planant sur la production, mais pas nécessairement pour intensifier davantage la production en sec. Par exemple, il est possible de transformer certains systèmes de production en sec en systèmes à irrigation d’appoint, à faible intensité d’intrants, afin d’arroser lors de brèves vagues de sécheresse, à des stades critiques de la croissance des plantes, même si de tels systèmes resteront tributaires du calendrier et de l’intensité des précipitations. Dans des climats de transition comme ceux de la Méditerranée et de certaines parties du Sahel, on a appliqué avec succès, dans les exploitations, la gestion des eaux de ruissellement, y compris la construction de digues dans les zones cultivées, afin de prolonger www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

109


l’humidité du sol après chaque pluie. La gestion des eaux de ruissellement en dehors des exploitations, y compris la concentration des ruissellements dans des eaux souterraines peu profondes ou dans des réservoirs gérés par les agriculteurs, permet de disposer d’une irrigation d’appoint limitée. Toutefois, lorsqu’elles ont lieu sur de vastes superficies, ces interventions ont un impact sur les usagers situés en aval et sur les bilans d’ensemble des bassins hydrographiques. S’agissant des technologies, la possibilité d’étendre les avantages des approches écosystémiques (effet positif sur l’environnement et conservation de l’humidité des sols) dépendra souvent du niveau de mécanisation agricole, des machines étant en effet nécessaires pour tirer profit des précipitations. Des technologies plus simples, y compris la mise en culture opportuniste tirant profit des eaux de ruissellement, resteront fondamentalement risquées, notamment dans les zones où le régime des précipitations est plus irrégulier. Il s’agit également de solutions exigeant une forte intensité de main-d’œuvre. Sur le plan institutionnel, il faut réorganiser et renforcer les services consultatifs fournis aux agriculteurs pratiquant l’agriculture non irriguée et redoubler d’efforts afin de promouvoir l’assurance récolte visant les petits exploitants. On aura besoin d’une analyse affinée des régimes pluviométriques et des déficits d’humidité du sol pour stabiliser la production dans les systèmes actuels d’agriculture non irriguée soumis aux effets des changements climatiques.

Systèmes d’agriculture irriguée

La superficie totale des terres irriguées dans le monde dépasse désormais 300 millions d’hectares, et la superficie totale récoltée est encore supérieure, selon les estimations, car deux ou trois récoltes annuelles peuvent parfois être faites sur les mêmes terres. Le développement de l’irrigation est principalement concentré en Asie, où la riziculture irriguée couvre environ 80 millions d’hectares, avec des rendements moyens de cinq tonnes à l’hectare (contre 2,3 tonnes à l’hectare pour les rizières non irriguées, qui s’étendent sur 54 millions d’hectares). En revanche, en Afrique, l’agriculture irriguée ne couvre que 4% des terres cultivées, en raison principalement d’un manque d’investissements. L’irrigation est souvent utilisée comme une base de départ pour l’intensification, car elle offre un point concret où concentrer les intrants. Toutefois, la durabilité de cette intensification dépendra de l’endroit où l’eau est prélevée, ainsi que de l’adoption d’approches écosystémiques – conservation des sols, variétés améliorées et protection intégrée contre les ravageurs – qui sont à la base même de l’intensification durable. L’uniformité de distribution et l’efficacité d’application de l’irrigation varient en fonction des technologies utilisées, des types de sol et du relief 110

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


(principalement pour l’infiltration), mais aussi selon la qualité de la gestion. L’irrigation de surface par planches, par bassin ou par rigoles est souvent moins efficiente et moins uniforme que l’aspersion en hauteur (c’est-à-dire par aspersion, au goutte-à-goutte ou par gaine perforée). La micro-irrigation a été perçue comme une solution technologique au problème du mauvais fonctionnement de l’irrigation de plein champ et comme un moyen d’épargner l’eau. Elle est de plus en plus adoptée par les horticulteurs commerciaux, tant dans les pays développés que dans les pays en

www.agri-mag.com

développement, malgré le coût élevé des investissements nécessaires. L’irrigation déficitaire et ses variantes, comme l’irrigation déficitaire régulée(IDR), sont de plus en plus utilisées pour l’arboriculture commerciale et certaines cultures de plein champ qui réagissent positivement au stress hydrique contrôlé, à des stades critiques de leur croissance. L’irrigation déficitaire régulée est souvent pratiquée en même temps que la micro-irrigation et l’irrigation fertilisante, qui prévoit l’application d’engrais dans le système de micro-irrigation, directement dans la zone où se dé-

veloppent la plupart des racines. Cette méthode a été adaptée à partir du système plus rudimentaire d’irrigation par rigoles, utilisé en Chine. Les avantages, en termes de réduction de la consommation d’eau, sont évidents, mais ce système n’est utilisable que si l’approvisionnement en eau est très fiable.

L’irrigation de précision

Fondée sur le savoir, elle offre aux agriculteurs des possibilités souples et fiables d’irrigation ; c’est une composante importante de l’intensification durable des cultures. On a testé des systèmes

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

111


automatisés utilisant à la fois des arroseurs fixes et des dispositifs de micro-irrigation qui contrôlent l’humidité du sol et la température de la partie aérienne des plantes pour définir le niveau d’irrigation à appliquer, en différents endroits du champ. L’irrigation de précision et l’application de précision d’engrais dans l’eau irrigation sont, dans un cas comme dans l’autre, des atouts futurs pour les cultures de plein champ et les cultures horticoles, mais les problèmes potentiels ne manquent pas. Récemment, des simulations par ordinateur ont montré qu’en horticulture, la gestion de la salinité est un facteur critique pour la durabilité de la production. En agriculture irriguée, les considérations économiques sont importantes. Le recours à des technologies utilisant des arroseurs et des dispositifs de micro irrigation, ainsi que l’automatisation des périmètres d’irrigation de surface supposent des investissements à long terme et l’existence de budgets d’exploitation. Les canons à eau sont l’une des options les moins chères pour l’irrigation de grandes surfaces par voie aérienne, mais les coûts d’exploitation sont en général élevés. D’autres systèmes d’irrigation par voie aérienne coûtent cher et ne sont pas adaptés à des petites exploitations agricoles, en l’absence de subventions à la production. Dans nombre de périmètres irrigués publics, les services laissent à désirer, en raison de carences au niveau de leur conception, de leur entretien et de leur gestion. Il est possible de moderniser, dans une large mesure, les systèmes et leur gestion, à la fois en introduisant des réformes institutionnelles et en séparant la fourniture des services d’irrigation du contrôle d’ensemble et de la régulation des ressources hydriques. Le drainage est un complément essentiel, mais souvent négligé, de l’irrigation, notamment lorsque les nappes phréatiques sont près de la surface et que la salinité des sols est un problème. Il faudra investir dans le drainage pour améliorer la productivité et la durabilité des systèmes d’irrigation et assurer une bonne gestion des intrants agricoles. Toutefois, l’amélioration du drainage augmente les risques d’exportation des matières polluantes, provoquant la dégradation des cours d’eau et des écosystèmes aquatiques qui y sont liés. Les cultures protégées, principalement en serres froides, se répandent de plus en plus dans de nombreux pays, y compris en Chine et en Inde, principalement pour la production de fruits, de légumes et de fleurs. À long terme, des systèmes de production intensive à cycle fermé, utilisant des méthodes conventionnelles d’irrigation ou recourant à la culture hydroponique ou aéroponique, se généraliseront progressivement, notamment dans les zones périurbaines reliées à des marchés actifs et confrontées à des pénuries croissantes d’eau. L’utilisation de l’eau à des fins d’irrigation réduit les débits des eaux de ruissellement, modifie leur apparition et crée des

112

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


conditions propices à des chocs comme la prolifération d’algues toxiques. Les effets secondaires comprennent la salinisation, ainsi que la pollution des cours d’eau et plans d’eau par les nutriments et les pesticides. Les systèmes irrigués obligent à faire d’autres arbitrages pour l’environnement ; les rizières fixent un niveau supérieur de matières organiques par rapport aux terres arides, ont moins d’eaux de ruissellement chargées en nitrate et ont des émissions plus faibles d’oxyde nitreux (N2O). En revanche, les rizières ont des émissions assez importantes de méthane (de trois à dix pour cent des émissions totales) et d’ammoniac.

Normalement, les cultures utilisent moins de 50 % de l’eau d’irrigation qu’elles reçoivent et l’efficience des systèmes d’irrigation situés dans un bassin versant où l’eau est pleinement allouée, voire surallouée, est médiocre. En termes comptables, il faut préciser les quantités d’eau consommées de façon productive et non productive. L’utilisation productive de l’eau par les plantes – l’évapotranspiration – est le but même de l’irrigation : idéalement, la transpiration devrait représenter la totalité de la consommation d’eau, sans aucune évaporation du sol et de l’eau. Il est possible d’améliorer la productivité de l’eau en réduisant les pertes non productives

résultant de l’évaporation. Les efforts d’amélioration de la productivité de l’eau au niveau du bassin versant viseront donc à réduire la consommation d’eau, là où elle n’a aucun effet bénéfique. Toutefois, les prélèvements croissants d’eau pour l’agriculture ne sont pas sans effets : on a noté une forte réduction des eaux de ruissellement annuelles provenant de zones «améliorées» situées en amont, où des méthodes de collecte de l’eau avaient été appliquées à grande échelle, en certains endroits de la péninsule indienne. La gestion de l’eau est un facteur fondamental pour réduire au minimum les pertes et les exportations d’azote des exploitations agricoles. Dans les sols drainés naturellement, la nitrification est partiellement interrompue, provoquant

hermisan maroc P r o j e t d ’ i r r i g at i o n l o c a l i s e e

Nouvelle conception des projets d’irrigation goutte à goutte Projets clé en main Lot 243 Av Brahim Roudani .Zone.Industriel - BP : 2275 Ait Melloul GSM : 0661 28 42 45. - TEL : 0528 24 11 25 / 0528 24 56 84 FAX : 0528 24 11 56 - Email : hermisan.maroc.2008@gmail.com Site web : www.hermisan.com

www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

113


l’émission de N2O, alors que dans des conditions saturées (anoxiques), les composés de l’ammonium et l’urée se transforment partiellement en ammoniac, surtout en riziculture. Des pertes atmosphériques d’urée peuvent donc se produire lorsque l’ammoniac et le N2O se libèrent au cours des cycles de mouillages et de séchage de l’irrigation. L’azote doit se présenter sous forme de nitrate pour être absorbé par les racines, mais peut facilement se déplacer ailleurs en solution. Un certain nombre d’éléments fertilisants à diffusion lente sont actuellement élaborés pour différentes situations. La dynamique de la mobilisation et du transport du phosphate dans les canaux d’irrigation et les cours d’eau est un phénomène complexe. L’exportation des phosphates en agriculture peut se produire dans des périmètres irrigués, lorsque l’on applique des débits érosifs dans l’irrigation en rigoles ou lorsque des sols sodiques se dispersent. Les phosphates et, dans une moindre mesure, les nitrates peuvent être piégés par les bandes-tampons placées à extrémité des champs et le long des fleuves, empêchant ainsi le déversement de ces substances dans les cours d’eau. En conséquence, si l’on combine de bonnes méthodes de gestion de l’irrigation, le recyclage de l’eau d’aval et l’enfouissement des phosphates dans le sol, on peut réduire pratiquement à néant les exportations de phosphate dans les terres irriguées. Pour assurer la durabilité de l’agriculture irriguée intensive, il faut réduire au minimum des externalités telles que la salinisation et l’exportation des agents polluants, préserver la santé des sols et maintenir de bonnes conditions de croissance. Ces impératifs doivent retenir toute l’attention des exploitations agricoles (choix des façons culturales et des technologies et prises de décision).

La marche à suivre

La durabilité de l’agriculture irriguée – mais aussi de l’agri-

114

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


culture non irriguée et des systèmes améliorés de production en sec – suppose des choix difficiles en ce qui concerne l’utilisation des terres, le partage de l’eau dans son sens le plus large et le maintien des services écosystémiques d’appui. Or, ces choix deviennent de plus en plus complexes et ont des répercussions sur le plan social, économique et politique. La gouvernance d’ensemble des allocations des terres et des eaux aura une influence déterminante sur l’ampleur des investissements à long terme dans l’intensification durable de la production irriguée, étant donné que l’agriculture irriguée exige des investissements plus importants et des intrants plus onéreux. Les demandes concurrentes pour l’utilisation de l’eau provenant d’autres secteurs économiques et des services et aménagements environnementaux sont appelées à s’intensifier. La gestion de l’eau en agriculture devra s’adapter à un volume inférieur d’eau par hectare et internaliser le coût de la pollution venant

www.agri-mag.com

des terres agricoles. S’agissant des politiques générales, force est de constater que la nature de l’agriculture évolue dans de nombreux pays, à mesure que s’accélèrent l’exode rural et l’urbanisation. Les politiques qui ont les plus fortes chances de succès sont les mesures incitatives qui se concentrent sur les externalités environnementales les plus urgentes, tout en laissant entrevoir aux agriculteurs de meilleurs profits. Par exemple, lorsque la pollution agrochimique des cours d’eau et des écosystèmes aquatiques atteint un niveau critique, l’interdiction de produits chimiques dangereux pourrait être accompagnée d’un renchérissement des prix des engrais, d’avis objectifs fournis aux agriculteurs sur les taux de fertilisation et d’une suppression des stimulants pervers qui les amènent à appliquer trop d’engrais. Des mesures de suivi pourraient encourager une gestion des engrais aux niveaux «requis ou recommandés» et chercher à accroître la productivité d’une autre manière, en uti-

lisant moins d’intrants extérieurs. Dans pareil cas, il faudrait renforcer les investissements publics afin d’améliorer la surveillance de l’état des écosystèmes. À l’avenir, les technologies d’irrigation fertilisante (y compris l’utilisation d’engrais liquides), l’irrigation déficitaire et la réutilisation des eaux usées seront mieux intégrées au sein des systèmes d’irrigation. Si l’introduction de nouvelles technologies dans des systèmes de production irriguée a initialement des coûts élevés et exige des dispositions institutionnelles pour leur mise en production et leur entretien, le recours à l’irrigation de précision est, quant à elle, une pratique désormais répandue à l’échelle mondiale. Les agriculteurs des pays en développement adoptent déjà des asperseurs de faible taille pour une irrigation au goutte-à-goutte, lorsqu’ils disposent de créneaux commerciaux, comme celui des produits horticoles. En outre, on prévoit à l’avenir une meilleure disponibilité de produits bon marché, en plastique moulé, ainsi que de bâches en plastique pour la plasticulture. Néanmoins, si l’on veut faciliter l’adoption d’autres solutions, comme les technologies solaires, ou éviter les technologies polluantes, il faudra alors prendre des mesures réglementaires et en assurer effectivement le respect.

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

115


Dossier Irrigation

Irrigation

Avantages d’un système goutte à goutte enterré

Yassine Anioune (Responsable Technique de Netafim Morocco)

Il est très largement admis au sein du monde agricole marocain ; que l’irrigation au goutte à goutte a de très nombreux avantages par rapport aux autres techniques d’irrigation : économie d’eau et d’énergie, homogénéité, fertilisation efficace, adaptation à toutes les parcelles … Néanmoins, auprès d’un public averti et expérimenté en irrigation de précision, un deuxième type d’irrigation au goutte à goutte moins répandu peut s’avérer très intéressant : l’irrigation au goutte à goutte enterré.

A

Verger de noisetiers irrigués en goutte-àgoutte enterré (Copyright : Netafim)

vec cette méthode, les lignes de goutteurs sont enfouies entre 10 cm et 50 cm de profondeur selon le type de culture et de sol. Qu’il s’agisse d’applications paysagères ou agricoles (maïs, luzerne, canne à sucre, betterave sucrière, amandiers, avocats, oliviers, agrumes, vigne, gazon, etc.), les systèmes d’irrigation enterrée ont des avantages significatifs que les agriculteurs dans le monde entier apprécient de plus en plus : - Avoir une efficacité agronomique optimisée : le goutte à goutte enterré apporte l’eau et les nutriments encore plus près des racines de la plante. Ceci permet une absorption parfaite par la plante, notamment des substances peu mobiles comme les phosphates.

En n’apportant pas d’eau en surface, la production d’adventices est également réduite (permettant de réduire, voire éliminer le recours aux herbicides). - Réaliser des économies tangibles grâce à un système efficace : encore plus faibles consommations d’eau, d’énergie, d’engrais et produits phytosanitaires, réduc�tion des charges de main d’œuvre, etc. - Augmenter l’efficacité opérationnelle du système : l’enfouissement des gaines permet de le protéger et donc d’augmenter sa durée de vie. Les lignes de goutteurs sont à l’abri des dommages mécaniques et du rayonnement UV. Un système enfoui a également une interférence négligeable avec les activités de l’exploitation.

- Agir pour l’environnement, en préservant la ressource en eau, ou en permettant par exemple l’utilisation d’une eau usée recyclée.

RAPPEL DES PRINCIPES DE BASE

Bien évidemment, un système d’irrigation enterré efficace et durable n’est pas conçu de la même façon qu’un système de surface. Il présente des contraintes à prendre en compte : - En cas de colmatage, les conséquences seront plus problématiques qu’avec un système de surface, car il sera plus complexe de remplacer les gaines bouchées. Il faut donc prendre un soin particulier lors du choix du goutteur, et entretenir rigoureusement son système. - Une conception du réseau adaptée, pour prévenir les risques et faciliter l’adoption d’un entretien préventif et régulier. - Une conduite de l’irrigation adaptée et précise pour éviter les stress hydriques prolongés, et ainsi éviter l’entrée de micro-racines dans les goutteurs. ETUDE DE CAS : COMMENT EVITER LES INTRUSIONS RACINAIRES ET LE COLMATAGE EN GOUTTE A GOUTTE ENTERRE ? Une des questions les plus courantes sur le goutte à goutte enterré fait référence au colmatage et

116

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

117


Goutte à goutte enterré membrane silicone souple et efficace, pour favoriser l’auto-nettoyage du goutteur ; - Un mécanisme anti-siphon (AS) qui évide la succion de particules extérieures en fin d’irrigation ; - La présence d’un compartiment anti-racine ; - La prise en compte des facteurs agronomiques (type de culture, sol, profondeur d’enfouissement, travail du sol, etc.) ; - Le recours à la technologie cuivre (en particulier l’oxyde de cuivre XR).

Betterave à sucre en irrigation goutte à goutte enterré, goutteur Netafim DripNet PC AS XR (Copyright : Netafim)

aux intrusions racinaires. Netafim, grâce à de nombreuses années d’expérience dans le monde entier, a développé des solutions pour limiter ces problèmes. La première étape est le choix du goutteur, qui doit comprendre : - Des préfiltres conséquents et une entrée d’eau placée au centre du flux ; - Une autorégulation avec une

Un deuxième critère essentiel est de concevoir le réseau hydraulique en tenant compte des exigences d’un système enterré. Il faut notamment prévoir : - Une filtration de haute qualité, pour mieux protéger les goutteurs (typiquement, filtres à sable ou à disques) ; - Une fertilisation performante capable de prévenir les problèmes de mélange et l’apparition de divers agglomérats (incompatibilités des substances, précipités, etc.) ; - Une gestion parfaite de la pres-

INNOVATION AS XR NETAFIM™ pour applications goutte à goutte enterré

Le secret de cette innovation est l’addition d’oxyde de cuivre aux goutteurs autorégulants de Netafim, assurant une meilleure résistance aux entrées racinaires et développements biologiques dans les goutteurs. La ligne de goutteurs est respectueuse de l’environnement et empêche l’entrée de substance toxiques dans le sol et les plantes. Ce concept développé par Netafim permet une irrigation enterrée plus efficace, avec un produit plus durable, dans un environnement préservé.

sion à l’aide de vannes de régulation ou de régulateurs de pression, pour garantir le bon respect des pressions calculées lors de l’étude hydraulique ; - La présence de moyens de suivi du système (compteurs d’eau, manomètres, capteurs d’humidité du sol, etc.) pour contrôler les dérives et maîtriser les apports d’eau. Par exemple avec les compteurs d’eau : un débit réel inférieur au débit théorique = risque de colmatage partiel, et un débit réel supérieur au débit théorique = risque de fuites sur le réseau ; - Des vannes à air (ventouses) placées stratégiquement, pour éviter l’apparition de dépressions ou surpression liées à la présence de l’air ; - Une connectique adaptée aux contraintes présentes dans le sol ; - La présence de solutions de purge des réseaux d’irrigation pour faciliter l’extraction des matières accumulées et limiter le risque de colmatage physique. Ces deux derniers points sont très sensibles car de loin les plus techniques. Nous recommandons d’avoir recours à la technologie collier de prise en charge + allonges Q-FLEX™, certes un peu plus chère que les méthodes traditionnelles, mais infiniment plus robuste face aux mouvements de sol en conditions enterrées, surtout en présence de sols argileux et pierreux. Ces produits évitent les fuites très préjudiciables pour la performance du système enterré. LA RECOMMANDATION NETAFIM : L’ENTRETIEN PREVENTIF DE VOTRE SYSTEME L’irrigation au goutte à goutte enterré est recommandée pour les agriculteurs expérimentés car elle requiert une gestion très précise de l’irrigation. Nous recommandons de consulter un agronome dès la phase de conception (aide pour le positionnement des lignes dans le sol selon cultures et types de sols). Lors de la phase de mise en exploitation, il saura également conseiller l’exploitant tout au long de la saison pour optimiser l’irriga-

118

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


tion et la fertilisation tout en limitant le stress hydrique. Il est également essentiel d’avoir une approche préventive voire prédictive de l’entretien du système, et pas une approche curative. Il s’agit d’anticiper le problème plutôt que de le traiter quand il survient. Pour ce faire, il faut mettre en œuvre un entretien périodique comprenant : - Un plan de purge des réseaux avec des outils de vérification (pression, débit, etc.) ; - Des nettoyages des filtres (automatiques ou manuels) ; - Et des traitements au moyen de solution faiblement concentrées d’acide pour lutter contre les dépôts physiques (nitrique ou citrique), voire d’eau oxygénée ou de chlore pour éliminer les dépôts biologiques. UN POTENTIEL IMPORTANT AU MAROC Netafim réalise depuis plusieurs décennies et dans le monde entier des projets réussis d’irrigation en goutte à goutte enterré. De nombreux pays ont déjà adopté cette technologies (Italie/vigne, USA/ maïs, Espagne/arboriculture, etc.). Le savoir technique et l’expérience avec le goutte à goutte des agriculteurs marocains laisse percevoir un très beau potentiel pour le goutte à goutte enterré au Maroc. Les nouvelles générations de goutteurs, le professionnalisme des installateurs, le développement des technologies de gestion des cultures (sondes, programmateurs, systèmes centralisés) couplés à un suivi agronomique minutieux vont encore grandement faciliter le développement de cette irrigation innovante. Netafim Morocco a déjà réalisé des essais de goutte à goutte enterré sur de nombreuses cultures (canne à sucre, amandiers, agrumes, luzerne, maïs, etc.) et voit un grand potentiel pour cette technologie au Maroc. www.agri-mag.com

INNOVATION NETAFIM Q-FLEX™ pour applications goutte à goutte enterré

Cette nouvelle gamme d’allonges flexibles et résistantes à l’ovalisation permet de connecter rapidement et avec une grande qualité les lignes de goutteurs au peigne d’alimentation (PE, PVC ou tuyau flexible type FLEXNET™). De nombreuses variantes existent. Elles sont constituées d’un tuyau flexible indéformable et de différents types de raccords aux extrémités, permettant de s’adapter à tous types d’applications. Plus sûr, plus durable et pour un gain de temps conséquent sur les chantiers !

Exemple : raccord fileté mâle x 60 cm tube indéformable x raccord goutteur intégré paroi épaisse (1 à 1,2mm)

Action

Fréquence d’application minimale Cycle

Hebdomadaire

Mensuel

Contrôle des vannes

Annuel X

Moteurs de pompe et solénoïdes

X

Acidification/chloration

X

X

Protection contre racines

X

X

Tests de pressions et de débits

X

Tests sur filtration : Disques, tamis et corps

X

Purge des lignes principales

X

Purge des secondaires

X

Purge du goutte à goutte

X

Actions de contre-lavage sur filtres

X

Tests visuels sur goutteurs/asperseurs

X

Purge de la fertilisation

X

Tableau : Fréquence des opérations d’entretien d’un système d’irrigation en goutte à goutte enterré (recommandations Netafim) Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

119

Coupe transversale montrant l’enfouissement de la rampe DripNet PC AS XR d’un verger irrigué en goutte-àgoutte enterré (Copyright : Netafim)


120

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

121


Fertilisation

Efficience de la fertilisation

Nouveau défi pour l’agriculture moderne E.Zaoui et G.Brun, bureau d’étude agro-challenge, brunzaoui@menara.ma

La fertilisation, qui consiste à apporter des fertilisants par épandage ou injection, ou encore par pulvérisation foliaire, est une pratique quotidienne de l’agriculteur. Il s’agit, d’un acte raisonné qui a pour objectif d’assurer une bonne nutrition des plantes et d’élever les rendements à un niveau potentiel. Les fondements et les concepts de cette pratique n’ont d’ailleurs cessé d’évoluer depuis que l’Homme a commencé à pratiquer l’agriculture.

L

’Homme a toujours cherché des moyens qui lui permettent de restituer aux sols épuisés leur fertilité, pour pourvoir exploiter les mêmes parcelles très longtemps. L’effet bénéfique de la matière organique était bien connu et l’Homme continuait à apporter du fumier par coutume sans comprendre son mode d’action sur les plantes, jusqu’à ce que les premières réflexions philosophiques qui ont débuté au temps des savants grecs conduisent au

développement de la « théorie de l’humus ». Cette théorie, développée par Aristote, stipule que les plantes se nourrissent de l’humus et le rôle de la matière organique est d’en fournir. Cette théorie a dominé le raisonnement de la fertilisation jusqu’au début du 20e siècle quand l’allemand Liebig a développé la « théorie minérale ». Cette nouvelle théorie explique que les plantes se nourrissent d’éléments minéraux et que la matière organique ne sert qu’à fournir par minéralisation ces élé-

ments indispensables à leur nutrition. Ainsi, depuis le développement de la théorie minérale, la pratique de la fertilisation n’a cessé de s’enrichir d’innovations au fur et à mesure de l’évolution des connaissances scientifiques dans plusieurs domaines (pédologie, physiologie, chimie,…). Cependant, des problèmes persistent toujours, et aujourd’hui, ils sont plutôt liés à l’assimilation des éléments nutritifs et à l’efficience de la fertilisation.

Place a l’efficience Dans son sens le plus simple, la notion d’efficience de la fertilisation consiste à profiter au maximum de chaque unité fertilisante apportée. Elle peut être mesurée par le rapport rendement / unité fertilisante apportée. Tant que ce rapport est élevé, l’efficience est élevée de même que la rentabilité économique de la fertilisation. En plus de l’intérêt spécifique au producteur (éviter les dépenses 122

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com



Efficience de la fertilisation inutiles et les mauvaises conséquences d’un déséquilibre de la nutrition), l’augmentation de l’efficience présente un intérêt pour le développement durable, notamment l’économie des ressources (énergie, ressource minière, eau) et la protection de l’environnement (eau, air, sol). A noter que l’émergence de cette notion a donné naissance à un nouveau défi pour l’agriculture. Actuellement, toutes les recherches et les innovations dans le domaine de la nutrition des cultures se foca-

lisent sur l’augmentation de l’efficience des engrais. Ces innovations concernent aussi bien les produits que les techniques d’apport et les techniques de pilotage.

AZOTE

La nutrition azotée est un facteur clé du rendement des cultures. Les sources de l’azote pour les plantes sont, la matière organique du sol, l’air (après fixation de l’azote atmosphérique par les microorganismes) et les engrais apportés par la fertilisation (engrais naturels organiques ou minéraux et engrais

Les différents types d’engrais azotés Teneur en azote

Forme de l’azote

Engrais naturels - Engrais organique Guano d’oiseaux Farine animale (sang, viande, plume, corne, etc.) Fiente

16%

Organique, ammoniacal

6 à 12 %

Organique

2à4%

Organique, ammoniacal

Tourteau végétaux (ricin, neem, etc.)

4 à 6%

Organique

15%

Nitrate

- Engrais minéraux Salpêtre du chili

Engrais chimique de synthèse Sulfate d’ammoniaque

20,5%

Ammonium

Ammonitrate

33,5%

Ammonium/ Nitrate

Cyanamide calcique

21%

Nitrate de chaux

15,5%

Nitrate

Nitrate de chaux et de magnésie

13%

Nitrate

Nitrate de soude

16%

Nitrate

Urée

45%

Urée formol

40%

Phosphate monoammonique (MAP)

12%

Ammonium

Phosphate diammonique ( DAP)

21%

Ammonium

Nitrate de potasse

13%

Nitrate

Fig 1 : cycle de l’azote dans les sols agricoles

N-Tester : analyses en temps réel

minéraux de synthèse). Dans le sol, l’azote est présent sous forme organique ou minérale (forme nitrique majoritaire et forme ammoniacale). Les plantes absorbent l’azote sous forme minérale, essentiellement sous forme de nitrate (NO3-). Cette forme peut provenir directement des engrais nitriques ou de la transformation des autres formes d’azote par l’activité des microorganismes. A noter qu’à l’inverse de la forme ammoniacale (NH4+), qui peut être fixée par le complexe adsorbant, la forme nitrique (NO3-) est libre et donc sujette au lessivage.

Les causes du manque d’efficience L’azote est un facteur important du rendement. Cependant, l’augmentation du rendement en fonction des doses apportées n’est pas linéaire. Au-delà d’une dose optimale tout apport supplémentaire est superflu et n’a plus aucun impact. Ainsi, en plus des pertes économiques liées aux dépenses inutiles, Il y a aussi le risque de pollution de l’environnement. La mauvaise efficience de la fertilisation azotée est liée aux pertes de l’azote par lessivage ou volatilisation, dont l’intensité dépend de plusieurs facteurs : - Forme d’apport : la forme ammoniacale est fixée sur le complexe adsorbant et ne subit pas de lessivage.

124

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com



Efficience de la fertilisation

- Période d’apport : la coïncidence entre le moment d’apport et les besoins de la plante permet de profiter au maximum de la dose apportée. - Condition du sol (activité biologique, pH, structure) : l’activité biologique contrôle la transformation de l’azote des formes pas ou peu assimilables (organique, ammoniacale) à la forme assimilable (nitrique). Quant à la structure du sol et le pH, ils ont une influence sur l’activité biologique du sol et les pertes d’azote par volatilisation et lessivage. - Facteurs climatiques : la température du sol conditionne l’activité des racines ainsi que l’activité des microorganismes. L’apport d’azote sous forme organique ou ammoniacale sur des sols froids diminue l’efficience de la fertilisation azotée.

Innovations pour augmenter l’efficience

L’efficience de la fertilisation azotée est l’un des objectifs majeurs de l’agriculture moderne. Les innovations visent essentiellement: la protection de l’azote contre le lessivage et la volatilisation, l’augmentation de l’assimi-

Engrais enrobés

126

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


lation de l’azote par les plantes et le pilotage de la fertilisation azotée.

Protection contre le lessivage et la volatilisation : L’innovation majeure dans ce domaine peut être attribuée au concept d’engrais à libération lente, d’engrais à libération contrôlée ou d’engrais stabilisés. Ces engrais libèrent l’azote au fur et à mesure de son absorption par les plantes, limitant ainsi les pertes. Ils sont classés comme suit : - Engrais à libération lente ou libération contrôlée : * Formules à libération lente : ce sont des engrais à base de complexe organique (urée formaldéhyde, Isobutylidene diurée) ou de complexe métallique (phosphate d’ammonium et magnésium (MgNH4PO4). L’azote est libéré par solubilisation par voie biologique ou chimique. * Formules qui contrôlent la libération de l’azote  par une barrière physique : ce sont des engrais sous forme de bille entourée par une membrane à base de polymère qui contrôle la diffusion de l’azote dans le sol. La vitesse de diffusion est fonction de la nature du polymère. Elle peut être continue dans le temps ou fonction de la température. On parle d’engrais enrobés. - Engrais à inhibition de la nitrification ou de l’uréase Ce sont des engrais qui apportent l’azote sous forme uréique ou ammoniacale, auxquelles on ajoute des agents qui ralentissent la transformation de l’azote ammoniacal en azote nitrique ou de l’azote uréique en azote ammoniacal.

Innovations pour augmenter l’assimilation Actuellement, les recherches sont orientées vers le développement de molécules qui permettent d’activer l’assimilation et le métabolisme de l’azote. Ces molécules n’apportent pas d’azote, mais permettent d’augmenter l’efficacité de la fertilisation azotée. Ce sont souvent des extraits de plantes ou des molécules d’acides humiques.

Amélioration du pilotage de la fertilisation azotée On assiste actuellement à l’émergence de plusieurs méthodes et outils qui permettent des analyses en temps réel et un apport d’azote à la juste dose. C’est le cas du N-tester ou Nitratest ou encore de la méthode PilAZO développée par le CTIFL.

Amélioration de la répartition des engrais Plusieurs fabricants proposent des semoirs munis de fertiliseurs qui permettent de semer et de fertiliser en même www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

127


Efficience de la fertilisation Les différents types d’engrais phosphatés : Teneur phosphore (P2O5)

Forme du phosphore

Guano d’oiseaux

20%

organique

Farine animale (poisson, viande, etc.)

6 à 12%

organique

Farine d’os et arrête de poisson

16%

organique

32%

minérale

Superphosphate simple

16 à 18%

minérale

Superphosphate concentré

25 à 32%

minérale

Superphosphate triple

44 à 48%

minérale

Phosphate monoammonique (MAP)

60%

minérale

Phosphate diammonique ( DAP)

48 à 50%

minérale

Engrais naturels - Engrais organique

- Engrais minéraux Phosphate naturel

Engrais chimique de synthèse

temps. Cette technique permet de

N-sensor développé par Yara. Cet

localiser l’engrais au plus près des

équipement permet de moduler

racines des plantes. Soulignons

les apports en tenant compte de

que l’une des récentes innovations

l’hétérogénéité à l’intérieur de la

dans le domaine de l’amélioration

parcelle.

PHOSPHORE

La plante absorbe le phosphore à partir de la solution du sol essentiellement sous forme d’ions ortho-phosphate (H2PO4-) et éventuellement sous forme d’ions HPO42-. Le phosphore provient des réserves du sol, des engrais organiques ou minéraux apportés par la fertilisation. Dans le sol, le phosphore se trouve essentiellement sous forme de :

de la répartition des engrais est le

128

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


- Phosphates de calcium  sous trois formes : monocalcique (soluble dans l’eau), bicalcique (peu soluble dans l’eau) et tricalcique (insoluble dans l’eau). La forme tricalcique représente la forme la plus abondante dans les sols calcaires. - Phosphates d’alumine ou de fer : ils sont insolubles et se forment dans les sols acides. - Phosphates organiques  : intégrés dans les molécules organiques, leur minéralisation par les micro-organismes du sol libère de l’acide phosphorique. - Ions ortho-Phosphates fixés par le complexe adsorbant par l’intermédiaire du calcium : Cette forme est la plus disponible pour les plantes. Les quantités adsorbées sont en équilibre avec celles libres dans la solution du sol. Les ions

www.agri-mag.com

Fig 2 : cycle du phosphore dans les sols agricoles

sont libérés dans la solution du sol au fur et à mesure que la plante y puise les quantités nécessaires pour son alimentation. A noter que le phosphore peut être très abondant dans le sol, mais une faible proportion reste sous forme assimilable et disponible pour la plante. A l’inverse de l’azote qui est très mobile, le phosphore est peu mobile dans le sol et évolue régu-

lièrement entre 3 réservoirs.

Les causes du manque d’efficience L’efficience de la fertilisation phosphatée est la plus problématique et fait l’objet de beaucoup de travaux scientifiques. En effet, la dynamique du phosphore dans le sol est très complexe et reste encore mal élucidée. Le manque d’effi-

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

129


Efficience de la fertilisation cience de la fertilisation phosphatée est lié à plusieurs facteurs : - Le phosphore est peu mobile dans le sol et pour être assimilé il ne doit pas être à plus de 2 mm des poils absorbants des racines.

Quand le système racinaire est peu développé et que les engrais sont placés loin des racines, la proportion absorbée du phosphore apporté est très faible. - Comme expliqué dans le sché-

Les différents types d’engrais potassique Engrais naturel

Teneur potassium (K2O)

Forme de potassium

Engrais organique Vinasse de betterave

Sulfate de potassium

Engrais minéraux Patenkali

28 à 30%

Sulfate de potassium

Sylvinite

40%

Chlorure de potassium

Kainite

13 %

Chlorure de potassium

Cendre végétale

variable

variable

Engrais chimiques de synthèse

130

Sulfate de potassium

48,5%

Sulfate de potassium

Chlorure de potassium

60%

Chlorure de potassium

Nitrate de potassium

44 à 46%

Nitrate de potassium

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

ma, le phosphore a toujours tendance à passer des formes assimilables vers les formes non assimilables. Les ions phosphates apportés par les fertilisants vont dans un premier temps dans la solution du sol. S’ils ne sont pas absorbés par la plante, ils vont passer dans les compartiments plus ou moins disponibles (matière orga-

www.agri-mag.com


nique, complexe adsorbant, phosphates mono-calciques et bicalciques) ou précipiter sous forme non disponible (phosphates tricalciques, phosphates d’alumine et de fer). - Le pH du sol joue également un rôle important dans l’efficience de la fertilisation phosphatée. Le maximum de disponibilité du phosphore correspond au pH situé entre 6 et 7. A ces niveaux, les ions phosphates sont essentiellement sous forme H2PO4-, qui est plus absorbée par les plantes que la forme HPO42-. Quand le pH est alcalin, le phosphore précipite sous forme de phosphate tricalcique et, quand il est acide, il précipite sous formes de phosphate d’alumine ou de fer. Les pertes et le manque d’efficience de la fertilisation phospha-

www.agri-mag.com

tées sont donc essentiellement liés à la tendance qu’ont les ions phosphate à se fixer ou à précipiter sous forme peu ou pas disponible.

Efficience de la fertilisation Les innovations visent à remédier aux inconvénients liés à la faible mobilité du phosphore dans le sol et à sa tendance à la rétrogradation. Elles concernent principalement : les méthodes de raisonnement pour le calcul des doses, les méthodes de solubilisation des phosphates du sol et l’augmentation de son assimilation, ainsi que des méthodes pour limiter la rétrogradation du phosphore dans le sol.

Raisonnement des doses

Lors de l’élaboration du plan de

fertilisation, la détermination du phosphore assimilable est la méthode la plus utilisée pour calculer la dose des phosphores à apporter. Cependant, à cause de la dynamique complexe du phosphore, l’efficacité de cette méthode varie en fonction de la nature du sol. On assiste donc actuellement, à l’émergence de nouvelles méthodes basées sur la modélisation de la dynamique du phosphore dans le sol en fonction de ses caractéristiques physique et chimique.

Solubilisation des phosphates et l’augmentation de l’assimilation L’utilisation de mycorhizes devient une pratique courante en agriculture. Plusieurs spécialités commerciales sont proposées, avec comme objectif l’optimisation de la nutri-

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

131


Efficience de la fertilisation

«  La nécessité d’économiser nos ressources en terre, en eau, en engrais minéraux nous impose plus d’efficience de chaque élément nutritif » UNIFA ( union des industries de la fertilisation )

tion phosphatée. La mycorhize agit par solubilisation des phosphates et par augmentation de l’espace prospecté par les racines. D’autres spécialités commerciales à base de bactéries ou d’acides organiques sont proposées pour solubiliser les phosphates. En stimulant l’enracinement de la plante, les produits dits enracineurs aident à augmenter le volume de sol prospecté par les racines et à profiter au maximum du phosphore disponible.

Limiter la rétrogradation Le phosphore étant peu mobile

132

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

dans le sol, la localisation de l’engrais au plus près des racines permet une nette augmentation de l’efficience. Les fabricants proposent actuellement des formules d’engrais Starter, liquides et en micro-granulés, à apporter par des semoirs munis de fertiliseurs adaptés. Cette technique permet d’utiliser des doses réduites d’engrais (20 à 60 kg/ha). Coté formulation, nous assistons, comme pour l’azote, à l’apparition des ‘’engrais retard’’ ou des engrais à base de phosphore complexé par des molécules organiques, type acides humiques. Ces formulations permettent une protection du

Cette illustration explique la loi du facteur limitant émise pour la première fois par Liebig à la fin du 19eme siècle. Le niveau d’eau dans le seau ne peut pas s’élever au dessus de la planche la moins haute. De même c’est l’élément fertilisant qui se trouve en moindre quantité qui détermine le niveau du rendement possible.

phosphore contre la rétrogradation et sa libération progressive au fur et à mesure de son absorption par les racines. Enfin, nous assistons à l’apparition d’autres solutions qui visent à bloquer les sites de fixation du

www.agri-mag.com


phosphore dans le sol et le maintenir dans la solution du sol le plus longtemps possible. C’est le cas du procédé Avail.

Figure3 : cycle du potassium dans le sol agricoles.

POTASSIUM

Contrairement à l’azote et au phosphore, le potassium se trouve toujours dans le sol sous forme minérale. Il y est sous forme de minéraux potassiques qui sont non assimilables ou sous forme d’ions K+ libres dans la solution du sol ou fixés sur le complexe adsorbant. Il est absorbé par la plante directement sous forme d’ions K+. Les ions potassium disponibles pour la plante sont répartis entre la solution du sol et le complexe adsorbant, qui sont en équilibre. En effet, le complexe adsorbant réalimente la solution du sol au fur et à mesure que la plante y puise les ions K+. Et quand le potassium n’est ni absor-

www.agri-mag.com

bé par la plante, ni adsorbé, il est exposé au lessivage. Le potassium adsorbé est dit « potassium échangeable » et son importance dépend de la capacité d’échange cationique CEC. Mais il peut également exister sous une autre forme dite « rétrogradée » qui est moins disponible pour les plantes, car retenue par les feuillets d’argile. L’importance de la rétro-

gradation dépend de la richesse du sol en argiles et de leur nature minéralogique.

Les causes du manque d’efficience La figure 3 montre que les sources de pertes de potassium sont essentiellement le lessivage et la rétrogradation. En effet, le potassium apporté en excès ou à des moments où la plante ne

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

133


Efficience de la fertilisation l’absorbe pas, est automatiquement perdu par le lessivage dans les sols sableux ou rétrogradé dans les sols argileux. L’importance de ces pertes est fonction de la capacité d’échange cationique du sol. Les autres facteurs qui peuvent diminuer l’efficience de la fertilisation potassique sont les interactions d’antagonisme qui peuvent exister entre le potassium et d’autres éléments comme le magnésium et le calcium.

Innovations pour l’efficience La fertilisation potassique n’est pas aussi complexe que la fertilisation azotée ou phosphorique. Les méthodes d’application et les formules classiques sont toujours d’usage et donnent des résultats satisfaisants. Les travaux pour l’amélioration de l’efficience de la fertilisation potassique concernent surtout l’adaptation des doses et leur fractionnement au type de sol et au type de culture. Ces travaux ont montré que la fertilisation foliaire permet d’augmenter de manière nette l’efficacité de la fertilisation sur des sols difficile (sol argileux, sol sablonneux, sol calcaire, sol salin). Cependant, on assiste actuellement à une remise en cause des normes d’interprétation des analyses du sol qui doivent être adaptées au type de sol et au type de culture. Au niveau formulation, on assiste à l’apparition d’engrais potassique dans lesquels le potassium est complexé par des molécules orga-

niques type acides humiques. Ils sont à utiliser sur des sols dans des conditions favorables au lessivage et à la rétrogradation. Leur apport doit être limité à des moments du cycle de la culture où les besoins sont très élevés.

- La structure du sol agit sur l’enra-

L’efficience et l’interaction entre les éléments

et le taux de matière organique

Les relations de synergie ou d’antagonisme qui existent entre les éléments nutritifs, peuvent augmenter ou réduire l’efficience de la fertilisation. C’est le cas de l’antagonisme entre potassium (K+), Calcium (Ca++) et Magnésium (Mg++) : - Un apport excessif de K+ peut diminuer l’absorption du Mg++ et du Ca++. - Un apport excessif de Ca++ peut diminuer l’absorption du K+ et du Mg++ - Un apport excessif de Mg++ peut diminuer l’absorption du K+ et du Ca++. Une fertilisation déséquilibrée est aussi un facteur de manque d’efficience. Si un élément est apporté à des doses inférieures aux besoins, l’impact des autres éléments, même apportés à des doses adéquates, sur le rendement n’est pas optimal.

L’efficience de la fertilisation et la fertilité du sol

Les caractéristiques du sol agissent sur l’efficience de la fertilisation de plusieurs manières :

cinement, la respiration et la pénétration de l’eau dans le sol. - L’activité biologique du sol agit sur la transformation des éléments nutritifs en formes assimilables. - La capacité d’échange cationique agissent sur l’aptitude du sol à stocker les éléments et diminuer les pertes par lessivage et/ou volatilisation. - Le déséquilibre de la teneur du sol en éléments minéraux accentue les phénomènes d’antagonisme qui conduisent à une mauvaise efficience des engrais potassiques, calciques ou magnésien. - Le pH du sol conditionne les phénomènes de précipitation et de rétrogradation. Il influence ainsi l’assimilation de beaucoup d’éléments nutritifs. - La texture du sol et sa teneur en calcaire conditionnent les phénomènes de rétrogradation. Elles influencent ainsi, les quantités d’éléments nutritifs perdues par insolubilisations. - La teneur en matière organique du sol est un élément important. Un sol riche en matière organique donne plus de récolte avec moins d’engrais. La gestion de la fertilité des sols est donc une pratique essentielle pour l’augmentation de l’efficience de la fertilisation.



Maximisez la Rentabilité de Votre Culture! Le suivi nutritionnel des cultures (CNM ®) est le seul outil permettant un diagnostic adéquat de l’état nutritionnel d’une culture. Il consiste à générer des informations permettant d’évaluer en permanence la réponse de la plante au plan de fertilisation appliqué, ainsi que son suivi et son contrôle physiologique.

L

a surveillance continue à différents stades phénologiques de la culture et de son comportement dans la solution du sol nous permet de connaître l’absorption et l’assimilation d’éléments par la plante, sur la base de l’étude de la dynamique des ions le long du profil racinaire, ainsi que de ses relations avec la composition chimique de différents organes de la plante (feuille, sève, fruit, etc.) au cours du cycle phénologique. L’évaluation continue de la dynamique des ions dans le profil se fait par l’analyse et l’étude de l’eau d’irrigation, comparée à la solution fertilisante d’irrigation (SFR)

136

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

qui permet de vérifier le plan de de fumure. Les solutions du sol extraites avec des sondes d’aspiration (brevetées) à différentes profondeurs dans le profil racinaire et comparées avec le diagnostic foliaire nous donnent un réel état nutritionnel in situ. Avec cette méthodologie, il est prévu de garantir une utilisation nutritionnelle optimale, en minimisant les excès de fertilisation. Cette analyse, réalisée avec un équipement de pointe et sous normes de qualité les plus élevées, est accompagnée d’interprétations sur le terrain, sous la forme de consultations générant des ac-

tions correctives qui seront mises en œuvre entre chaque échantillonnage, établissant les besoins réels de la culture à chaque étape.

Le suivi nutritionnel permet de connaitre : • La solution fertilisante la plus appropriée à fournir à chaque étape du cycle pour chaque système SOL-PLANTE-EAU. • Les formes chimiques des éléments les plus appropriés à utiliser dans chaque profil édaphique pour assurer la meilleure disponibilité ionique et l’absorption des nutriments • Le moyen d’éviter et de surmonter les antagonismes et les déséquilibres nutritionnels typiques des conditions défavorables (conditions salines, ET élevé). • Les apports inutiles pour la plante (drainage ou solution lessivée), afin de minimiser l’impact environnemental. • Évaluer des nouvelles sources d’engrais et d’amendements du sol, en déterminant leurs actions et leur impact réel. • Au fil du temps, établir le programme de fertilisation réel pour chaque site spécifique afin d’obtenir la meilleure production, la meilleure qualité et la sécurité ali�mentaire des produits. www.agri-mag.com


• Secteur de haute productivité et / ou qualité. • Secteur avec déficit non spécifique

Plan d’échantillonnage général.

Le programme d’analyse suivant est exécuté dans chaque parcelle de contrôle:

1. Avant de commencer le plan de fertilisation, on prélève :

· De l’analyse de la solution fertilisante, nous pouvons connaitre :

• Audit et contrôle des apports d’engrais. • Qualité et composition des différents engrais. • Contrôle du système d’irrigation. Contrôle et surveillance du débit. • précipite ou obstrue du système d’irrigation. • Contrôle de la proportionnalité des pompes à injection. • Disponibilité de chaque élément chimique. • Existence de synergies et / ou d’antagonismes. • Informations sur le gradient d’eau. • Si les éléments sont absorbés, dans quelle mesure et forme ionique. L’état d’aération du sol. Environnement pauvre en oxygène. Inondations • Utilisation de l’eau et sa disponibilité physiologique

· La dynamique foliaire nous permet de connaitre :

• Les moments les plus exigeants en nutriments. • Les éléments les plus importants à chaque stade phénologique. • Les éléments de plus grande quan-

www.agri-mag.com

tité pour le succès productif. • L’efficacité des différents produits nutritionnels dans les applications foliaires. Considérant le nombre élevé de variables agronomiques que nous trouvons (eau d’irrigation, profils édaphiques, espèces et variétés de plantes, etc.) et ayant pour objectif de réaliser, avec le minimum de déviations et avec le maximum de rigueur technico-scientifique, un contrôle optimal nutritionnel sur toutes les plantations, nous désignons, dans chaque ferme, autant de modules de contrôle que de parcelles de référence.

PARCELLE DE CONTROLE est défini comme l’unité de surface et de culture présentant des caractéristiques édaphiques et physiologiques (espèces et variétés de plantes) similaires. Et ils sont implantés dans des zones représentatives de la zone à caractériser de manière homogène dans: • Type de sol. • espèces. • variété. • secteur de l’irrigation. • Serre.

a. Un échantillon d’eau d’irrigation : pour en définir la qualité et ses propriétés chimiques. b. Un échantillon de sol Cela nous permettra de : • Connaître la qualité de l’eau avec laquelle nous allons irriguer. • Évaluer la texture, la structure et la fertilité du sol. • Prendre les mesures nécessaires pour obtenir une structure de sol adéquate (problèmes de salinité, valeurs de pH, etc.). • Réaliser les actions nécessaires pour corriger les problèmes de fertilité ou les excès, pour la réussite du plan de fertilisation.

2. Pendant l’exécution du plan de fertilisation.

Avec une périodicité variable (de 4 prélèvements pour les maraichages et 5 pour les arbres fruitiers, à ceux qui sont nécessaires), en fonction des caractéristiques de chaque culture, variété, etc. il est analysé : • Solution d’engrais réelle (SFR) dans un goutteur, un arroseur, un micro-asperseur ou un microjet. Solutions du sol à 20 cm, 40 cm et 60 cm (ou profondeur convenue selon la culture), prises avec des sondes exclusives d’AGQ. • Analyse foliaire. • Facultatif : fruits, racines ou autres organes d’intérêt.

Zone Industrielle Sud Ouest, N° 152. Mohammedia TEL: +212 523 31 49 26 - E-mail: maroc@agq.com.es Agriculture du Maghreb Agriculture du Maghreb www.agqlabs.ma N° 119 - Avril 2019 137N° 119 - Avril 2019 137


Viticulture

Les maladies cryptogamiques de la vigne Dr Mohamed Sbaghi - INRA Maroc -/ Guide Pratique du Viticulteur / www.inra.org.ma La vigne peut vivre longtemps tout en étant productive, puisque sa durée moyenne de vie peut aller jusqu’à 60 ans. Depuis la nuit des temps, la vigne a toujours été exposée à de nombreuses attaques de maladies ou de parasite nuisibles à la récolte et parfois même à la pérennité de la culture. Pour arriver à surmonter toutes ces années dans de bonnes conditions, le viticulteur et/ou son technicien doivent assurer une bonne conduite techniquede cette culture, car la mise en œuvre d’une viticulture durable suppose une présence continue dans le vignoble. Le développement d’une expertise basée sur l’observation au niveau du terrain permet d’être en mesure d’agir à toutes les situations phytosanitaires. n effet, pour conduite une Il faut également, prendre en Le mildiou lutte chimique contre les considération, dans toutes les opéennemis de la vigne et du rations de traitement phytosani- « Plasmopara viticola» raisin avec un minimum taire, les indications portées sur les Plasmopara viticola est le champid’interventions, les viticul- étiquettes d’emballages des pro- gnon responsable de la maladie teurs et/ou leur technicien sont duits, tout en ajustant, la fréquence dite mildiou de la vigne. Ce chamappelés à observer régulièrement des interventions par rapport aux pignon s’attaque aux différents orleur vignoble, suivre les données stades de développement de la ganes de la vigne notamment, les météorologiques et s’informer au- vigne, aux suivis et observations ef- rameaux, les feuilles, les vrilles, les près des spécialistes dans le do- fectuées surle vignoble, aux types inflorescences et les grappes.

E

maine, exerçant dans les différents organismes de recherche, de développement et d’enseignement du pays etc. La réussite des traitements phytosanitaires repose, chaque campagne viticole, sur un programme adapté aux différentes contraintes biotiques et abiotiques susceptibles de compromettre le développement des pieds de vigne et par conséquent, de la récolte. De telles approches devraient conjuguer des objectifs en termes de qualité et de productivité et ceux en termes de respect de l’environnement et de la santé du viticulteur et du consommateur.

de matériels de pulvérisation, aux prévisions météorologiques, aux types de fongicides à utiliser, aux risques dedéveloppement des phénomènes de résistance et aux risques d’apparition ou de dedéveloppement de l’ennemi visé.

Les principales maladies cryptogamiques rencontrées sur les vignobles marocains sont le Mildiou, l’Oïdium, le Black-rot, la Pourriture grise et ’Anthracnose. Il est essentiel de les identifier avec exactitude afin de prévenir le plus rapidement possible les infestations graves et des pertes de rendement ou de qualité.

Symptômes et dégâts - Sur les faces supérieures des feuilles, la maladie provoque des taches de couleur jaune clair à jaunâtre appelées taches d’huile. - Sur les faces inférieures de ces mêmes feuilles, apparaissent les organes de fructifications de ce champignon « poussière blanchâtre » qui jouent un rôle très important dans la dissémination de cette maladie. Lorsque les attaques du mildiou sur les vignes sont sévères, elles provoquent la chute des feuilles ce qui entraine un retard de la maturité des grappes de

Symptômes du Mildiou

138

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com



Les maladies cryptogamiques de la vigne

raisin, une perte de récolte, une perturbation dans le processus de l’aoûtement des sarments et par conséquent un retard du débourrement des bourgeons de la vigne de la campagne suivante. - Sur les inflorescences et sur les grappes, les attaques du mildiou engendrent des dégâts qui diffèrent selon le stade phénologique de la vigne. Trois niveaux de dégâts du mildiou sont observés dans les vignobles prospectés : • Avant le stade « floraison », le mildiou provoque un dessèchement des inflorescences et par conséquent une perte de la récolte. Les boutons floraux chutent prématurément, on parle alors de la coulure pathologique. • Au stade « nouaison », les attaques du mildiou se manifestent par laprésence d’un feutrage blanchâtre sur les jeunes baies, on parle dans ce cas de la formation de « Rot gris ». • Au stade grossissement des baies, le mildiou provoque un dessèchement des baies, on parle alors de rot-brun. Les applications phytosanitaires contre cette maladie doivent être programmées en préventif et en curatif. Dès l’apparition des premiers symptômes «Observation des premières tâches du mildiou dans le vignoble» leprogramme de traitement démarre et se pour-

suit durant tout le cycle végétal de la vigne avec un arrêt de la lutte chimique durant la floraison. La fréquence et le moment d’application dudit programme dépendront des conditionsclimatiques du moment, des stades phénologiques de la vigne et de la situation pédoclimatiques de la parcelle à traiter. En effet, avant la déclaration de la maladie, les spécialités à base de cuivre et de mancozèbe peuvent être utilisées en traitement préventif. Mais une fois que le champignon est présent dans le vignoble, le viticulteur dispose d’une large gamme de matières actives et de familles chimiques utilisables contre le mildiou de la vigne. Généralement, les trois grandes familles de produits chimiques, (de contacts, pénétrants et systémiques) qui sont à la disposition des viticulteurs pour prévenir ou stopper la maladie, ont une durée de persistance d’action qui oscille entre 8 et 12 jours.

La pourriture grise « Botrytis cinerea»

La pourriture grise est une maladie causée par Botrytis cinerea. Sous des conditions d’humidité et de température suffisantes, les attaques sont trop sévères sur les différents organes de la vigne. Bien que cette maladie touche les feuilles, les inflorescences et les sarments, la forme d’attaque la plus grave c’est celle qui sévit sur

les grappes à la maturité des baies de raisin. Que ce soit pour les raisins blancs ou noirs, les baies attaquées se vident de leur jus qui se répand sur les baies voisines favorisant, ainsi, une progression de la maladie de baie en baie pour atteindre toute la grappe. Lorsqu’il y a une forte infection avec un temps pluvieux, toute la grappe est envahie. Les baies malades se vident, s’agglutinent et forment un amas grisâtre compact. Mais avec un temps chaud et sec, la maladie cause, en revanche, le dessèchement des baies. Ainsi, dans tous les cas, et si aucune mesure préventive n’est prise, toute la récolte peut être compromise. Nos observations sur le terrain ont montré que ce sont les variétés de raisin de table à peau fine et/ou à grappes compactes qui présentent une sensibilité élevée à cette maladie.

Moyens de lutte

La combinaison de deux stratégies de lutte, notamment prophylactiques et chimiques est nécessaire pour combattre Botrytis cinerea dans les grappes de raisin. Méthodes prophylactiques Parmi les moyens permettant d’éviter ou de défavoriser les attaques de ce champignon sur les grappes de raisin on peut citer : • une diminution de la vigueur par des apports corrects de la fumure

Symptômes du Botrytis cinerea

140

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com



Symptômes de l’Oïdium

azotée, • la surveillance des pratiques et des ennemis pouvant entraîner des lésions sur les baies, • un bon niveau d’aération des grappes et de la végétation ; • une taille et un palissage adéquats ; • une bonne programmation par le viticulteur de ses interventions à base de cuivre pour freiner le développement de Botrytis. Lutte chimique Pour réussir la lutte chimique, le viticulteur dispose d’un grand

142

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

choix de molécules et de familles chimiques. Les traitements devront être envisagés à priori lors des stades phénologiques suivants : fin floraison-début nouaison, fermeture des grappes, début véraison et à un mois avant la récolte. Enfin, l’application de ces fongicides ne peut être efficace que si les zones concernées, c’est-à-dire les grappes sont bien visées. D’autres produits existent, il suffit de consulter les spécialistes pour le bon choix et la maîtrise de cette lutte.

L’Oïdium « Uncinula necator»

A l’instar du mildiou, la répartition de Uncinula necator, champignon responsable de l’oïdium, est liée, elle aussi, à celle de la vigne. Son développement est conditionné par un temps couvert, chaud et humide. La maladie se développe à la surface des organes verts de la vigne, notamment les feuilles, les jeunes sarments et les jeunes grappes à la floraison et à la véraison.

www.agri-mag.com


Les maladies cryptogamiques de la vigne

Symptômes

- Sur les feuilles, les parties atteintes se recouvrent d’un voile farineux de couleur blanche très marquée sur les feuilles et jeunes sarments. Vers la fin de la maladie les mêmes feuilles se déforment et montrent sur laface inférieure, des tâches diffuses de poussière blanc-grisâtre mais sur les rameaux les tâches prennent une couleur brunâtre. - A la floraison et nouaison, les attaques de l’oïdium provoquent le dessèchement des petits grains de raisin qui finissent par se détacher de la rafle, ainsi toute une récolte peut être facilement compromise. - Sur les grappes, les baies de raisin touchées par l’oïdium montrent un durcissement voire un arrêt de la croissance de la peau de la partie attaquée mais pour la zone non contaminée de la baie, le développement est normal ce qui entraine un éclatement (fissures) très visibles sur les baies. Les fissures ain-

www.agri-mag.com

si produites constituent des portes d’entrées à d’autres parasites de la vigne, notamment les moisissures, les bactéries, les ravageurs, etc.

Moyens de lutte

Pour cette maladie, toutes les tentatives de recours à des pratiques culturales ont été vouées à l’échec. En effet, la maîtrise de la lutte contre ce pathogène se fait principalement par l’utilisation de grands groupes de fongicides à savoir : Produit de contact Les traitements en préventif à base de souffre mouillable ou de soufre par poudrage à des stades bien précis donnent d’excellents résultats. Cet apport de souffre doit se faire après le débourrement, à la floraison, à la nouaison, au stade des grappes bien développées et au stade de la fermeture des grappes. L’application du souffre mouillable doit être utilisée avant

la floraison et à lanouaison avec des doses appropriées. En dehors de ces stades phénologiques, le viticulteur doit utiliser uniquement le soufre par poudrage. Dans les deux cas, les traitements doivent être apportés soit en fin de journée soit dans la matinée afin d’éviter le risque des brûlures sur les feuilles et les grappes. A noter que l’utilisation du soufre agit également sur l’excoriose, le black-rot, l’acariose et l’érinose. Mais lorsque la maladie est déclarée, le souffre ne donne pas de résultats satisfaisants, seuls les fongicides organiques sont efficaces. Fongicides organiques Une fois que le champignon est présent sur les organes de la vigne, l’application des produits comme le dinocap, la dichlorofluanide ou des fongicides inhibiteurs de la biosynthèse des stérols offrent une bonne efficacité vis-à-vis de ce pathogène. Il est à noter qu’en dehors

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

143


Symptômes du black-rot

de ces molécules, il existe une large gamme de matières actives et de familles chimiques qui peut être utilisée contre l’oïdium de la vigne. Il suffit de consulter des conseillers en la matière.

Le black-rot « Guignardia bidwellii»

Le black-rot est une maladie de la vigne causée par le champignon Guignardia bidwellii. Ce pathogène attaque tous les organes verts de la vigne et commence par les feuilles.

ché, la grappe finit par se détacher ce qui engendre une perte considérable de récoltes. Sur les grappes Les premières contaminations viennent des feuilles malades. Une fois que la grappe est attaquée, les baies malades développent une tache terne qui s’agrandit au fur et à mesure jusqu’à l’envahissement complet de ces baies. Ainsi, le grain devient déformé, brun livide, se ride, puis se dessèche.

Moyens de lutte

Symptômes Sur les feuilles Au début de l’attaque, les symptômes observés sur les feuilles sont de petites taches plus ou moins arrondies de couleur gris cendré, puis rouge brique sur les feuilles mortes. Mais après un certain temps, des points noirs brillants apparaissent sur les deux faces des feuilles, ce qui permet de reconnaître la maladie. Plus tard, ces taches se détachent et tombent donnant ainsi des trous sur les feuilles. Ce parasite s’attaque surtout aux jeunes feuilles. Le black-rot produit sur les sarments herbacés, les pétioles des feuilles, le pédoncule de la grappe et des baies, et les vrilles, les mêmes symptômes que sur les feuilles. Si le pédoncule est tou-

Le traitement contre ce champignon doit être préventif et à base de cuivre ou d’un organo-cuprique comme c’est le cas pour le mildiou. Comme les périodes des contaminations sont presque les mêmes pour les deux champignons (Black-rot et Plasmopara viticola), les traitements se ressemblent. Ainsi, la bouillie bordelaise contre le mildiou est valable aussi pour le blackrot. Il est recommandé d’effectuer deux traitements précoces espacés de 12 jours justes après débourrement.

L’anthracnose « Manginia ampelina»

début de leur croissance, tous les organes verts de la vigne. Elle se manifeste plus particulièrement lorsqu’il y a une présence d’humidité et de chaleur. L’anthracnose est très présente en vignobles des zones côtières, dans les vallées à sous-sol non drainant, dans les régions où le brouillard est fréquent et sur les vignes des plaines humides. Symptômes sur les feuilles et les sarments Au niveau des feuilles et des jeunes sarments, la maladie est repérable par la présence de points noirs caractéristiques de la maladie. Ces derniers points noirs s’agrandissent et fusionnent entre eux ce qui entraine des déformations des feuilles et rendent les sarments touchés très fragiles et facilement cassables. Les fortes attaques de ce pathogène entrainent un rabougrissement des pieds de vigne malades. Les personnes qui désirent acquérir l’ouvrage ‘’Guide Pratique du Viticulteur’’ peuvent prendre contact avec l’INRA via le site : www.inra.org.ma

La maladie est due au champignon Manginia ampelina qui affecte dès le

Symptômes de L’anthracnose

144

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com



POMMIER

Acariens : changement

climatique et résistances aux produits de traitement Les acariens sont des parasites importants des pommiers comme d’autres plantes cultivées, et sont à l’origine d’importants dégâts sur les plantes, ce qui a ensuite des répercutions sur le rendement des cultures. Leur présence dans les cultures est favorisée depuis quelques années par les effets du réchauffement climatique, et surtout, il a été constaté que les populations d’acariens résistent de mieux en mieux aux acaricides et développent de nouvelles résistances tous les 2 à 4 ans.

Q

u’ils soient rouges ou jaunes, les acariens constituent une menace permanente pour les arbres frui-

tiers et nécessitent chaque année un nombre élevé d’interventions phytosanitaires. Lorsque les échecs de traitement sont constatés, cela ne relève pas toujours del’acaricide mais parfois de l’inadéquation des techniques d’application, du matériel de traitement utilisé et du positionnement des interventions. Ces mauvaises pratiques réduisent l’efficacité des produits, amplifient l’usage des pesticides et accroissent le coût de la lutte et nuisent à l’environnement. Les Tétranyques du pommier sont de petits Arthropodes de taille inférieure à 1mm. Au stade adulte, ils possèdent 4 paires de pattes et sont aptères. De ce fait, ils ont un mode de vie plus ou moins sédentaire et en outre, ils se caractérisent par une reproduction parthénogénétique du type arrhénotoque (donnant des mâles). Ces facteurs facilitent des mutations et notamment une résistance rapide aux acaricides surtout si l’agriculteur ne raisonne pas le choix des pesticides. La biologie de l’acarien rouge et de l’acarien jaune est complètement différente :

Biologie des 2 espèces

La biologie des 2 espèces est complètement différente. L’acarien rouge est oligophage, il se développe sur un petit nombre d’hôtes, 146

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

surtout le pommier et le poirier, mais aussi le pêcher et la vigne. Sur ces hôtes, il effectue, au cours de l’année, la totalité de son cycle. L’autre espèce, l’acarien jaune, est plutôt polyphage, évoluant sur un grand nombre d’hôtes dont les arbres fruitiers, les cultures maraîchage et diverses plantes adventices. En outre, sur pommier comme pour les autres arbres fruitiers, l’acarien jaune n’effectue qu’une partie de son cycle, l’autre partie se déroule sur la strate herbacée du verger.

L’acarien rouge

Il est particulièrement nuisible au pommier en zones d’altitude. Les femelles pondent 2 types d’œufs : - Les œufs d’hiver : œufs diapausants, déposés à la base des raL’acarien extrait les nutriments qui lui sont nécessaires des feuilles d’environ 1.000 espèces de plantes, parmi lesquelles 150 espèces cultivées d’une importance économique majeure, telles que la tomate, le poivron, le concombre, le fraisier, le pommier, le poirier, le maïs ou encore le soja. Les dommages causés par ce parasite sur les cultures sont estimés à environ 1 milliard de dollars chaque année dans le monde.

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

147


vergers de pommier du Moyen Atlas. Et vers fin août, les dernières générations estivales déposent les œufs d’hiver sur divers organes ligneux de l’arbre.

L’acarien jaune

meaux et au niveau de divers abris de l’arbre vers le mois d’aout. Leur éclosion a lieu environ 7 mois plus tard. Les éclosions peuvent être plus précoces si les températures hivernales sont douces. - Les œufs d’été : déposés exclusivement sur le feuillage. Contrairement aux œufs d’hiver, leur durée de développement embryonnaire est courte et varie d’une à deux semaines selon la température. Par la suite, les conditions climatiques printanières et estivales favorisent le développement de plusieurs générations avec une présence simultanée de tous les stades : œufs d’été, larves, nymphes et adultes mâles et femelles. Généralement, c’est au début de l’été que les pullulations de l’acarien rouge sont couramment constatées dans les 148

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Cette espèce pullule chaque année dans les vergers arboricoles des zones de basse et de moyenne altitude (Saïss, Gharb, Tadla, Haouz, etc.). Il est plutôt polyphage, évoluant sur un grand nombre d’hôtes dont les arbres fruitiers, les cultures maraîchères et diverses plantes adventices. L’acarien jaune passe l’hiver, sous différents stades, sur de nombreuses espèces de la flore adventice des vergers : liseron, chénopode, amarante, morelle noire, etc. Dès le réchauffement printanier, le Tétranyque se multiplie plus ou moins activement en relation avec la température ambiante du verger. La remontée des populations larvaires et imaginales sur les arbres varie selon les années. Pour les années à faible pluviométrie, la flore adventice s’étiole rapidement et les populations envahissent précocement les arbres, vers fin mars. Mais, en cas de printemps pluvieux, l’acarien se maintient plus longtemps sur la strate herbacée et la remontée est tardive. Il faut par ailleurs préciser que le désherbage accélère l’invasion des arbres par l’acarien jaune. Le retour de l’acarien sur la strate herbacée a lieu généralement à la fin de l’automne. Pour ce qui est des prédateurs des acariens, les chrysopes et les coccinelles Stethorussp, c’est vers fin juin qu’ils commencent à s’activer. Mais, ils sont incapables de contrôler les populations des Tétranyques.

Les effets nuisibles des acariens

Les acariens Tétranyques s’attaquent exclusivement aux

feuilles. Par leurs innombrables piqûres, ils vident de son contenu la cellule du parenchyme foliaire qui se décolore peu à peuet en cas de fortes populations, le feuillage jaunit et prend alors un aspect plombé. La photosynthèse est alors fortement perturbée, ce qui affecte énormément la production en qualité et en quantité. Un fait mérite d’être signalé dans le cas précis de l’acarien rouge. Les pullulations tardives des mois d’août et septembre peuvent se traduire par une ponte très importante des œufs d’hiver. Et dans ce cas, dès le débourrement les larves issues de ces œufs peuvent se concentrer sur les jeunes pousses provoquant leur rabougrissement ce qui risque d’affecter sérieusement la floraison. - Quant à l’acarien jaune, en cas de pullulations, il tisse des toiles qui le protègent des attaques de prédateurs et qui le disséminent d’un arbre à l’autre et d’un verger à l’autre sous l’action des vents.

Protection phytosanitaire

1- D’abord la prophylaxie

- Contre l’acarien rouge : Le bois de taille est souvent infesté d’œufs d’hiver, il est conseillé de le ramasser et de l’éloigner du verger pour éviter la réinfestation des arbres par les larves après éclosion des œufs. - Contre l’acarien jaune : Il est recommandé de débarrasser le pied des arbres de toutes les mauvaises herbes qui favorisent la multiplication du ravageur et qui constituent un danger permanent pour les arbres.

2- Lutte chimique

Le pommier est de loin l’espèce arboricole qui reçoit le plus grand nombre d’interventions phytosanitaires. Dans la lutte contre les acariens Tétranyques, il faut d’abord bien www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

149


choisir l’acaricide. Pour cela, il faut tenir compte de 2 critères : - Types d’action : Ce sont des actions sur les différents stades des acariens. On distingue ainsi les acaricides ovicides, les larvicides et les adulticides. Par conséquent, il faut bien connaître la structure de la population avant d’opter pour tel ou tel acaricide. - Mode d’action biochimique : Les acariens Tétranyques développent rapidement une résistance aux acaricides, raison pour laquelle il est conseillé d’alterner les produits selon leurs modes d’action biochimique. Les acaricides homologués actuellement au Maroc, contre les acariens du pommier, ont les modes d’action suivants : • Produits neurotoxiques :Produits qui agissent sur la croissance et le développement • Produits qui agissent sur la respiration cellulaire • Produits qui Inhibent la chitine • Produits qui Inhibent la biosynthèse des lipides.

Contre l’acarien rouge Dans certains vergers, la ponte d’œufs d’hiver est parfois très importante, d’où le risque pour les jeunes pousses. Il est conseillé d’observer 50 rameaux de 2 ans, à raison d’1 rameau/arbre (en janvier-février) et si le seuil dépasse 60% d’organes infestés, il faut utiliser un acaricide ovicide (Voir Index Phytosanitaire du Maroc). Le traitement d’hiver à base d’huile, effectué en principe au stade C du pommier, est dirigé contre les formes hivernantes des ravageurs du pommier (Cochenilles, acarien rouge et pucerons). Concernant le traitements de pleine végétation, à partir de mars ou avril et selon les années, il est recommandé d’observer 100 feuilles à raison de 2 feuilles/arbre et d’intervenir avec un acaricide si 40 à 50% de feuilles sont infestées. Il est recommandé d’opter pour des acaricides ovicides-larvicides-adulticides (Voir Index Phytosanitaire du Maroc). Contre l’acarien jaune Les spécialistes de la protection des vergers préconisent de surveiller à quel moment précis les populations de l’acarien jaune entament la remontée sur les arbres. Il est recommandé d’examiner 100 feuilles à raison de 2 feuilles/arbre et d’intervenir avec un acaricide si 40 à 50% de feuilles sont infestées. Le choix du produit acaricide est en relation avec la structure des populations.

3/ protection naturelle

Une équipe de recherche de l’Université de La Rioja, a identifié, grâce à l’interaction de l’étude des génomes d’une plante et d’un acarien, une substance naturelle qui permettrait d’éviter de recourir à l’usage de pesticides dans la lutte contre les acariens parasites des espèces cultivées. L’étude génomique menée sur la plante Arabidopsis thaliana et sur l’araignée rouge, a permis d’identifier un sucre, l’indol-3-glucosinolato, naturellement produit par Arabidopsis thaliana, mais également par le brocoli, et qui s’avère mortel pour l’araignée rouge qui est incapable de digérer. Cette molécule, l’indol-3-glucosinolato, présente l’avantage d’être sans danger pour la santé humaine, et pourrait même présenter des propriétés anti cancérigènes. Elle ouvre des possibilités d’études intéressantes : des cultures modifiées pour exprimer le gène qui conduit à la fabrication de l’indol-3-glucosinolato pourraient ainsi acquérir un moyen de défense efficace contre l’araignée rouge.

Exécution des traitements :

Cette opération joue un rôle capital dans la réussite de l’intervention acaricide. Il faut veiller à mouiller les arbres correctement car les Tétranyques sont souvent présents en grand nombre et bien dissimulés dans le feuillage. Le choix du matériel de traitement est donc primordial.

Stratégie de lutte

Du fait que la biologie des deux espèces Tétranyques est totalement différente, la stratégie de lutte n’est pas la même pour les deux. 150

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

151


Phyto-protection

Marche à suivre dans le traitement phytosanitaire des cultures Pr Bouzrari Benaissa, Département Energie et Agroéquipements Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II

Le présent écrit s’adresse aux agriculteurs, aux fils des agriculteurs, aux gérants de production des exploitations agricoles, aux mécaniciens qualifiés et techniciens de matériel agricole, etc. Il tient à les sensibiliser sur l’utilisation des produits phytosanitaires de traitement des cultures basses et hautes et des équipements employés pour les appliquer. La réussite d’un tel travail ne peut s’obtenir sans démarche logique, sans méthode, sans application. Souvent, les opérateurs, pris par le temps, font le travail comme ils peuvent et non comme il se doit. Plusieurs étapes importantes sont sautées (ne pas régler une buse mal orientée), simplifiées (ne vérifier que quelques buses et pas l’ensemble) ou faites à la hâte (filtrer une eau sale avec filtre non approprié ou ne pas la filtrer du tout, contrôler le débit avec sceaux et sans éprouvettes graduées). Ce qui fait aboutir à des résultats qui laissent beaucoup à désirer. Ces habitudes doivent être surmontées et un effort de faire les choses convenablement doit être déployé et transmis entre personnes intéressées. Les étapes d’une marche à suivre qui nous paraît convenable pour toutes applications réalisées avec appareils de traitement conventionnels peuvent être regroupées en trois thèmes : (1) Préparation de la bouillie, (2) Traitement de cultures basses et d’arbres fruitiers (3) travail à exécuter à la fin de chaque jour� née de travail.

individuelle nécessaires (habillement, masque, visière, bottes, ...) ; · tâcher d’utiliser le bon produit, à la bonne dose et au bon moment pour maximiser l’efficacité de l’application ; · commencer par ne préparer que la quantité de bouillie nécessaire à une journée de travail et ce en faisant les calculs de dose-hectare au préalable ; · après l’opération de rinçage et avant d’aller traiter, rincer les emballages, percer les pour les rendre inutilisables. Mieux vaut les détruire en les brulant ou en les enterrant loin des points d’eau (étang, fontaine, réseau d’irrigation, rivière, ...) ; · rincer les objets utilisés pour la préparation de bouillie ; · bien se laver les mains et le visage avant d’aller se doucher abondamment à l’eau;

Préparation de la bouillie

Traitement en cultures basses

Selon la nature des produits phytosanitaires et la technologie des appareils de traitement, certains produits peuvent être mélangés directement en les incorporant dans la cuve, d’autres, indirectement. Quel que soit le mode de préparation et le matériel utilisé, les conseils suivants sont d’importance primordiale pour mener à bien tous traitements pesticides : · bien s’assurer du délai après traitement et du délai avant récolte, des effets sur les cultures subséquentes, du nombre d’applications recommandées, etc. ; · s’assurer que les conditions météorologiques sont favorables pour le traitement ; · porter les équipements de protection 152

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Traitement de cultures avec pulvérisateurs attelés, automoteurs ou autres appareils

Avant de verser tout produit dans la cuve, la vérification et le réglage de l’appareil doit se faire avec de l’eau claire, et ce pour une question de sécurité. Le pulvérisateur doit être bien rincé et minutieusement entretenu : · Remplir la cuve à moitié avec de l’eau claire ; · Actionner la pompe à son régime nominal de 540 tr/min ; · Ouvrir l’alimentation des différents segments de la rampe ; · Vérifier l’angle et l’orientation du jet de pulvérisation de chaque buse ; · Régler la pression de pulvérisation à la valeur de service calculée ;

· Contrôler le débit de chaque buse à l›aide d›une éprouvette graduée au millilitre près; · Changer les buses défectueuses ou celles dont le débit sort de l’intervalle de plus ou moins 5 % du débit d’une buse neuve. Une fois que le réglage de débit est réalisé et que les mesures obtenues sont satisfaisantes, procéder comme suit : · fermer l’alimentation de toute la rampe en ne laissant fonctionner que la pompe et le système d’agitation ; · pour que le mélange s’effectue convenablement, verser lentement les préparations liquides dans la cuve. Cela peut mieux se faire si la cuve est équipée d’un incorporateur de produit ; · les poudres solubles dans l’eau doivent être dissoutes avant de les incorporer lentement dans la cuve mais à travers le tamis ; · dans le cas d’utilisation d’un mouillant, il convient de mélanger la poudre à l’eau dans un sceau puis de verser lentement le contenu dans la cuve ; · si vous devez mélanger différents produits, ajouter le mouillant d’abord puis les solutions ou émulsions ; · compléter le remplissage de la cuve et en laissant fonctionner la pompe et l’agitateur pendant cinq minutes au moins pour que la bouillie se réalise correctement ; · ouvrir les robinets pour faire passer le produit dans les tuyaux et les rampes ; Pour réaliser le travail de traitement proprement dit, il convient de s’atteler aux points suivants : · baliser le champ si les couloirs de passage n’existent pas ; · diriger le tracteur vers le champ avec une vitesse modérée et chaînes ou barres stabilisatrices des bras inférieurs bien tendues ; · se mettre toujours à une certaine distance du début du premier couloir à traiter. Cette distance doit être suffisante pour pouvoir www.agri-mag.com


atteindre la vitesse de service calculée pour effectuer le traitement ; · actionner tout doucement le levier manuel d’accélération jusqu’à atteindre 540 tr/min, enclencher le rapport de vitesse qui donne la vitesse de travail, lâcher progressivement la pédale d’embrayage et ouvrir le robinet d’alimentation des tuyaux dès que la rampe atteint la culture ; · continuer de rouler à la vitesse calculée mais de façon constante ; · vérifier si le manomètre indique bien la pression de service réglée ; · jeter un coup d’œil, de temps en temps, sur le manomètre et les autres organes du pulvérisateur ; · à la fin du couloir de traitement, fermer l’alimentation sur les rampes et faire demi tour dans la fourrière en se dirigeant vers le couloir suivant qui doit être préalablement marqué pour ne pas manquer de traiter une planche ou effectuer deux fois la même application ; · à la fin du travail journalier, vidanger la trémie et rincer à l’eau claire tous les organes de l’appareil.

Traitement de vergers Traitement de vergers avec lances à main :

· Compter le nombre de pieds par hectare ; · calculer la durée de traitement par pied à partir du volume/hectare et du débit de la lance ; · préparer la quantité de bouillie nécessaire pour qu’il n’y ait pas de reste à la fin de la journée ; · actionner l’appareil générateur de pression (pompe de traceur, groupe motopompe équipant pulvérisateurs sur brouette, pulvérisateur sur brouette à pression entretenue par levier actionné à bras d’homme ou autres; · régler la pression comme cela se fait pour le traitement des cultures basses et contrôler le débit au moyen d’une éprouvette graduée au millimètre près ; · traiter chaque pied en convenance avec la durée calculée.

Traitement de vergers avec rampes spéciales et turbines Dans ce cas, on doit suivre la même démarche citée précédemment pour le traitement des cultures basses. Après contrôle des buses et réglage de la pression, il convient de : · actionner le ventilateur ; · régler l›orientation des déflecteurs en fonc��tion de la végétation ; www.agri-mag.com

· bien se repérer pour ne pas traiter deux fois les mêmes rangées d’arbres ou manquer de traiter certaines.

Travail à réaliser à la fin de chaque journée de travail S’il reste un peu de bouillie au fond de la cuve et qu’on choisit de traiter ses affluents à la parcelle par manque d’aire de lavage-remplissage, il faut le rendre moins nocif en le diluant par ajout d’eau claire et le pulvériser sur la végétation de la parcelle traitée. La procédure à suivre est la suivante : - désamorcer entièrement la pompe du pul��vérisateur ; - diluer la bouillie résiduelle dans cinq fois son volume d’eau claire, au moins. Le volume dilué doit circuler dans tout l’appareil en vue de diluer la totalité du liquide qui reste emprisonné dans ses organes. - pulvériser le liquide dilué sur la parcelle jusqu’à ce que la pompe se désamorce à nouveau. - répéter l›opération deux à trois fois consé�� cutivement avec un volume d›eau total égal, au moins, à 10% du volume de la cuve principale. Après cette opération, il faut procéder au rinçage du tracteur et de l’appareil de traitement, de l’intérieur comme de l’extérieur, avec une eau claire. Enfin, enlever et rincer les moyens de protection individuelle (habillement, masques, bottes, gants,...) puis se laver les mains et se doucher abondamment à l’eau claire ; Le soir, tâcher de ne pas oublier de consigner les dates et la nature du traitement dans un registre pour permettre de tracer l’historique des produits utilisés, des opérateurs et des opérations effectuées; sans oublier de mentionner les principaux incidents. L’utilisation correcte d’un appareil de traitement phytosanitaire et du tracteur qui lui fournit l’énergie nécessaire est le pilier central qui permet de rentabiliser leur emploi : optimiser le temps de travail, minimiser les frais liés à leur maintenance et augmenter leur longévité. De même, l’adoption de démarches méthodiques, dans le traitement ou autres travaux à façons, permet d’instaurer une solide et rigoureuse organisation du travail, clef de voûte structurale de toute exploitation agricole.

Vidange fond de cuve Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

153


NUTRITION DES PLANTES Les phytohormones et l’équilibre Hormonal des plantes Rachid Derdari Stoller Europe

Les hormones végétales affectent pratiquement tous les aspects de la croissance des plantes. La compréhension du fonctionnement des hormones et de la manière dont elles peuvent être manipulées permet de surmonter bon nombre des facteurs de stress qui limitent le cycle naturel de la croissance des plantes et de l’expression des gènes. Les hormones végétales sont présentes à différents niveaux et à différents stades de développement du cycle végétal. Elles doivent être disponibles en quantité suffisante tout au long du cycle de vie de la plante pour maximiser l’expression des gènes.

Quelles sont les hormones végétales ? Il existe cinq hormones végétales clés: 1. Hormones de croissance · Cytokinins: le répartiteur · Auxins: l’activateur · Acide Gibbérellique: l’agrandisseur 2. hormones de stress: · Ethylène: le régulateur · Acide abscissique: le terminateur

• Le maintien des nouveaux tissus radiculaires méristématiques est essentiel au développement optimal de la plante. Les cytokinines agissent en réduisant la sénescence (vieillissement) de la plante. Le manque de cytokinines permet d’augmenter le niveau d’acide abscissique dans la plante. La synthèse ou l’addition de cytokinines réduit le niveau d’acide abscissique dans la plante favorisant le maintien de la vigueur juvénile. Comme l’azote nitrique est absorbé par les racines pour synthétiser les cytokinines, une certaine quantité d’azote peut être remplacée par l’application directe de cytokinines et de co-facteurs hormonaux.

Auxines: l’activateur

Les hormones végétales, les nutriments et les co-facteurs hormonaux régulent la croissance et la reproduction de la plante de la même manière que les hormones, les nutriments et les vitamines régulent la croissance et la reproduction chez les humains et les animaux.

Cytokinine: Le distributeur

Les cytokinines sont l’hormone qui envoie des signaux d’événements hormonaux contrôlant la division et la différenciation cellulaire : Les cytokinines sont principalement produites dans les tissus méristématiques des poils absorbants. Le mouvement des cytokinines vers les parties supérieures de la plante stimule la formation des branches et du feuillage. Les nouveaux tissus produisent des Auxines qui sont transportées dans la partie inférieure de la plante où elles sont combinées avec des cytokinines pour provoquer la division cellulaire des nouvelles extrémités des racines: • La proportion d’auxines aux cytokinines détermine le type de croissance : - plus d’auxines = plus de croissance des racines; - plus de cytokinines = plus de croissance du feuillage.

154

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

Les auxines sont les hormones qui activent et dirigent la nouvelle division cellulaire et le mouvement des aliments dans la plante : Les auxines sont principalement produites dans les nouveaux tissus méristématiques apicaux des nouvelles feuilles. La concentration des Auxines dans les tissus des feuilles peut être jusqu’à 1 000 fois supérieure à celle des extrémités des racines. Les auxines sont responsables de la division cellulaire qui mène à la croissance active de la plante. Si le niveau de la division cellulaire insuffisante cesse, la croissance s’arrêtera et les fleurs ou les fruits seront interrompus (ils tomberont), ce qui entraînera un manque de formation de bourgeons. Les auxines dirigent le mouvement des photosynthates (aliments, sucres) vers la plante entière. Au fur et à mesure que la plante pousse plus vigoureusement et que davantage d’Auxines sont produites dans les feuilles, leur mouvement vers les racines augmente. Cela dirige plus de nourriture des racines vers la partie aérienne de la plante. Au fur et à mesure que la quantité d’Auxines dans la partie aérienne de la plante augmente et descend, elle provoque la dormance dans les bourgeons végétatifs et reproducteurs. ; au fur et à mesure que la plante atteint son stade de croissance végétative le plus rapide et le plus vigoureux, la grande quantité d’Auxines transportée vers les racines aura tendance à inhiber la division cellulaire dans les racines. La perte de vigueur des racines qui en résulte provoque l’apparition de la sénescence (mort cellulaire) de la plante. Après le début de la sénescence de la plante, le niveau des Auxines augmentera dans les zones de fructification et dans les bourgeons fructifères. Cela active l’augmentation de la quantité d’éthylène et d’acide abscissique dans les fruits, les grains et les tissus de stockage, qui com-

mencent leur maturation.

Acide Gibbérellique : L’agrandisseur

Les plantes produisent de l’acide gibbérellique pour stimuler la croissance et l’élongation des cellules : L’acide gibbérellique est produit à l’intérieur de la cellule et augmente l’effet de puits pour attirer le mouvement de photosynthates (aliments, sucres) vers la cellule. La nourriture est nécessaire pour fournir de l’énergie et le matériel pour la formation de cellules pour produire une expansion cellulaire (agrandir). Le transport des Auxines déclenche la synthèse de l’acide gibbérellique.

Cela tend à élargir les cellules et à provoquer la croissance ou l’allongement prolongé d’entrenœud de la tige, ce qui est très favorable aux plantes où la masse des feuilles ou des pousses est recherchée, mais non favorable aux plantes cultivées et développées ou des tissus de stockage. L’acide gibbérellique est normalement stocké dans les nœuds où il augmente la taille des cellules et la viabilité reproductive des bourgeons qui se forment dans les nœuds. Cela explique pourquoi les bourgeons reproducteurs ont tendance à se former dans les nœuds. Si l’acide gibbérellique sort des nœuds, les nœuds seront moins productifs, la graine ou les fruits dans des nœuds, ne pourront pas cailler et peuvent même avorter. En l’absence d’acide gibbérellique, les fleurs, les fruits, les tissus de petite taille ou de stockage peuvent être interrompus. L’acide gibbérellique aide à briser la dormance de la graine. Il agit en opposition à l’éthylène et à l’acide abscissique. Par ailleurs, il réduit le processus de maturation et tend à maintenir le tissu végétal plus jeune et vigoureux.

Éthylène : le régulateur

L’éthylène est un gaz produit dans les cellules pour réguler le mouvement des hormones. L’éthylène se présente sous deux formes : www.agri-mag.com


Éthylène Régulier (ou Physiologique) Contrôler le mouvement des Auxines provenant de plusieurs cellules de la plante. Sans l’éthylène, tout le mouvement de l’aliment serait dirigé vers les nouveaux tissus méristématiques apicaux avec très peu de mouvement vers les racines (tissus de stockage) ou les fruits en développement. Il signale la maturité reproductive et commence la floraison et la fructification. Il augmente à mesure que la plante vieillit pour commencer le processus de maturation. Il stimule aussi l’augmentation de l’acide abscissique pour mener les tissus (graines, fruits et tissus de stockage) à la dormance. Cela facilite la sénescence (la mort des vieilles cellules), ce qui améliore la durée de conservation des parties récoltées de la plante. Éthylène pour le stress Il est produit dans des conditions de stress comme un signal pour la plante pour synthétiser les protéines protectrices pour aider à surmonter le stress modéré.

L’ÉQUILIBRE HORMONAL EST ESSENTIEL POUR UNE PRODUCTION ÉLEVÉE

Pendant de nombreuses années, les agriculteurs du monde entier ont tenté d’obtenir les meilleurs rendements de leurs cultures en utilisant les outils nutritionnels mis à leur disposition. L’industrie des engrais a fait de gros efforts pour améliorer les produits offerts aux agriculteurs, en recherchant l’amélioration des formulations existantes et en identifiant de nouveaux produits offrant de grandes améliorations. Parallèlement, les sociétés produisant des pesticides ont également développé des solutions pour améliorer la capacité de l’agriculteur face aux attaques d’insectes, de champignons, de bactéries et de mauvaises herbes. C’est à partir des années 90 que la société américaine Stoller identifie un domaine de connaissances agronomiques dans lequel les dernières découvertes et connaissances ne sont pas transférées à la réalité quotidienne des agriculteurs. Pour cette raison, la société Stoller a décidé d’étudier comment transformer toutes ces connaissances en www.agri-mag.com

En excès, l’éthylène dû au stress provoque une sénescence prématurée et la mort cellulaire.

Acide abscissique : le terminateur

L’acide abscissique est responsable de la maturité cellulaire et de la fin de la croissance cellulaire. Il est principalement produit dans les racines et se déplace rapidement vers le feuillage sous n’importe quelle forme de stress.

Il ferme les stomates du feuillage pour préserver l’humidité. Réduit le niveau des auxines. Inhibe la division cellulaire dans le feuillage mais pas dans les racines et provoque la dormance de la graine. L’acide abscissique favorise par ailleurs la maturation, l’abscission et la dormance de la graine. Si les parties fructifères de la plante ne parviennent pas à mûrir, une germination prématurée des grains et des tubercules peut se produire et la qualité et la durée de vie après récolte des tissus récoltés seront gravement affectées

produits efficaces, simples à gérer, avec une réelle capacité à résoudre les problèmes et les difficultés lors de la culture. Le système hormonal est, entre autres, un système fondamental de communication entre les différentes parties des plantes. Ce sont les hormones qui, en tant que messagers chimiques, transportent des informations précieuses d’une partie à l’autre, permettant aux plantes de se développer avec un juste équilibre entre le système racinaire et la surface foliaire de la plante. Les 5 principaux groupes d’hormones naturelles sont les auxines, les cytokinines, les gibbérellines, l’éthylène et l’acide abscissique. Il est fondamental de considérer que ces hormones ont une présence presque permanente dans la plante entière, mais cette situation pourrait être assimilée à un chœur de voix dans lesquelles tous sont présents, mais tous ne présentent pas la même intensité à tout moment. En tout état de cause, les variations du niveau d’une hormone auront un effet sur les autres compagnons, car elles sont essentielles pour maintenir un équilibre correct à chaque moment de la récolte, de sorte que la plante puisse

Pourquoi les hormones végétales et l’équilibre hormonal sont-ils si importants ?

Les processus décrits au cours des divers stades de croissance de la plante peuvent se dérouler simultanément dans les différentes parties de la plante, en particulier dans les cultures continues, la fructification multiple ou la croissance indéterminée. Les hormones végétales doivent être synthétisées en permanence et régulées par les cellules au bout des racines de la plante. Maintenir et prolonger la croissance saine des extrémités des racines est essentiel pour l’équilibre hormonal optimal nécessaire à une expression maximale des gènes.

Autres facteurs influant sur l’équilibre hormonal

Les niveaux d’hormones végétales changent en réponse au stress biotique ou abiotique pour deux raisons principales: • La coiffe racinaire surveille l’environnement et communique ces changements au reste de la plante en modifiant les quantités d’hormones présentes dans les tissus végétaux. Ce processus est appelé «signalisation». • Les enzymes qui produisent les hormones ont une température de fonctionnement optimale. De ce fait, les hormones ne sont pas produites efficacement à des tempéraoffrir son potentiel génétique et maximiser sa production. Chaque phase du développement de la plante nécessite un certain équilibre entre les 5 principaux groupes d’hormones, la préservation ou le retour de la plante à cet équilibre naturel optimal étant un besoin important pour les agriculteurs. Certains des problèmes les plus importants liés au manque d’équilibre nécessaire dans les différentes phases sont les suivants: - Peu de développement racinaire - Croissance apicale excessive, allongement des entre-nœuds - Manque d’épaisseur dans les tiges, manque de surface des feuilles - Faible qualité de floraison et / ou manque de quantité de fleurs - Alternance de production - Chute excessive de fleurs ou de fruits - Avortement élevé de la nouaison - Manque de calibre dans les fruits récoltés - Manque de sucre dans les fruits - Carences en calcium et en magnésium même lorsque la contribution de ces éléments au sol ou à la plante est élevée - Dépassement indésirable du moment

tures très élevées ou très basses. Les niveaux hormonaux sont également affectés par les cofacteurs : Les nutriments : agissent comme des catalyseurs dans la synthèse et la perception des hormones. La capacité des racines à absorber les éléments nutritifs du sol dépend du pH du sol et de la présence d’agents chélateurs qui aident à maintenir les nutriments de la manière dont ils peuvent être absorbés par la plante. Anti-oxydants: réduisent les radicaux d’oxygène pour protéger les membranes cellulaires, les enzymes et l’ADN, minimisant ainsi les dommages et le stress des cellules. Complexes polyamines : stabilisent la structure cellulaire et augmentent la disponibilité et l’efficacité des nutriments. Technologie N-HiB®: augmente la quantité d’azote aminé (NH2) efficace dans les économies d’énergie. N-HiB® permet une utilisation efficace de l’azote qui maintient l’équilibre hormonal pour le contrôle de la croissance végétative excessive (addiction) et augmente la disponibilité des sucres. N-HiB® aide également à assainir les sols présentant une salinité et un compactage élevés, contribuant ainsi au maintien de l’équilibre hormonal. de la collecte - Manque de couleur dans les fruits - Haute sensibilité aux ravageurs ou aux maladies Tous ces problèmes ont une racine physiologique, et doivent donc être traités avec des produits dont la technologie repose sur la connaissance et l’application de la physiologie végétale, ces produits étant beaucoup plus efficaces que les produits nutritionnels traditionnels ou les biostimulants à base d’acides aminés, polysaccharides, acides fulviques et humiques ou algues ... Stoller s’engage à continuer à rechercher et à apporter des solutions innovantes aux agriculteurs du monde entier. Le partage des connaissances et la possibilité pour tous les agriculteurs de connaître le «langage des plantes» font partie de nos valeurs. Ce n’est qu’en rétablissant et en maintenant le bon équilibre hormonal naturel chez les plantes que nous pouvons obtenir les meilleurs rendements. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

155


ALERTE !

Une Cécidomyie identifiée sur Myrtillier au Maroc

Plus de vigilance s’impose pour les ravageurs émergeants Par Professeur Abdelmalek BOUTALEB JOUTEI Ecole Nationale d’Agriculture-Meknès Email: Boutaleb@enameknes.ac.ma Boutaleb10@yahoo.fr

L

es Myrtilles sont des fruits bleu-noir à la saveur douce et légèrement sucrée, qui poussent sur le Myrtillier (Famille des Ericaceae et genre Vaccinium), arbuste touffu et vigoureux. Le terme myrtille recouvre tous les fruits du genre Vaccinium comme le bleuet américain (Vaccinium corymbosum). La myrtille est originaire d’Eurasie et d’Amérique du Nord. A travers le monde, on connaît les propriétés médicinales de la myrtille, ces baies ont divers vertus, notamment la protection contre le cancer vu leurs richesse en flavonoïdes, leur action antioxydante et leur richesse en vitamines (A, C et K). Au Maroc, le Myrtillier se développe très rapidement, cette culture a démarré en 2008 avec 150 ha et occupe actuellement une superficie aux environs de 1.400 ha, soit 30% des cultures de fruits rouges dans le périmètre du Loukkos (Le périmètre du Loukkos concentre les 4/5ème de la production). La production marocaine est estimée à 16800 tonnes et atteint un rendement moyen de 12 tonnes/ha. Malgré un coût d’investissement relativement élevé, la myrtille représente un fruit à forte valeur ajoutée avec un prix de vente moyen de 70 DH/kg. La quasi-totalité de la production est destinée à l’export vers l’Europe et l’Amérique du Nord. La myrtille marocaine est très connue à l’échelle internationale, donc il est très judicieux de la protéger surtout avec la compétition de l’Espagne sur le marché Européen. Entre 2013 et 2017, la superficie de myrtilles cultivées dans la province de Huelva a augmenté de près de 33% atteignant actuellement les 3059 Ha. Les Myrtilles occupent la deuxième position pour les cultures de fruits rouges en termes de superficie sur un total de 11 464 hectares de fruits rouges dans la province de Huelva pour la campagne 2018/2019. Comme toute culture, le Myrtillier est sujet à plusieurs maladies et ravageurs qui peuvent

affecter considérablement la production. Le «Compendium of Blueberry and Cranberry diseases» de la Société américaine de phytopathologie, mentionne 18 maladies de la myrtille d’Amérique causées par des champignons. Egalement, plusieurs groupes d’insectes, et depuis quelques années aussi la drosophile à ailes tachetées, peuvent également causer d’importants dégâts. La liste de ces ennemis est connue dans certains pays producteurs de ce fruit, surtout aux EtasUnis (Pays d’origine de cette culture) cependant au niveau national et après 11 ans de l’entrée de la culture de la myrtille, aucune étude détaillée n’a traité de cet aspect dont la connaissance et la maîtrise sont d’une importance capitale pour les producteurs. Egalement, avec le changement des itinéraires techniques (introduction de nouvelles variétés, fertilisation, application de pesticides, irrigation, etc.) et les changements climatiques qui sont devenus évidents, le suivi annuel de cette culture devient une nécessité pour bien maîtriser les problèmes phytosanitaires locaux et émergeants, avoir des rendements meilleurs et être compétitifs sur le marché international et national. En mars 2018 des échantillons de feuilles de Myrtillier présentant des feuilles apicales enroulées (extrémités sénescentes et brunes) ont été recueillis dans des serres dans la région d’Agadir. Egalement des adultes et des larves d’insectes de très petite taille ont été récupérés dans des tubes Eppendorf. Les échantillons adultes ont été observés sous loupe binoculaire à différents grossissements, puis certains individus ont été montés entre lame et lamelle et observés au Microscope à différents grossissements. Deux clés d’identification ainsi que d’autres documents traitant des aspects de morphologie et de taxinomie ont été utilisées pour la détermination du genre et de l’espèce.

Figure 1 : Adulte Dasineura oxycoccana avec détail de la nervation des ailes (a) et de l’ovipositeur étalé de la femelle (b)

a

b

1- Identité du ravageur

L’identification des différents spécimens d’adultes récoltés a montré que presque la totalité des adultes observés (11 adultes /12 récupérés) appartiennent au Genre Dasineura sp. et à l’espèce Dasineura oxycoccana (Johnson) (Figure 1.). L’identification de l’espèce a été confirmée au niveau international. En fait, la confirmation de l’espèce du ravageur constitue la pièce pyramidale la plus importante pour aboutir à une stratégie de lutte efficace. L’identification taxonomique a été faite en identifiant les différents critères menant vers: - Famille: Cecidomyiidae - Sous famille : Cecidomyiinae (Itonidinae selon PRITCHARD) - Super tribu : Cecidomyiidi - Tribu : Oligotrophini - Genre : Dasineura - Espèce : Dasineura oxycoccana (Johnson)

2- Taxonomie

D’après les dernières clés d’identification établies au niveau international, les Cecidomyiidae sont divisées en 6 sous-familles : Catotrichinae, Cecidomyiinae, Lestremiiminae, Micromyiinae, Porricondylinae et Winnertziinae. La sous famille des Cecidomyiinae constitue la sous-famille la plus récente, la plus importante et la plus diversifiée, avec presque 5000 espèces décrites. La sous famille des Cecidomyiinae constitue un groupe monophylétique qui est divisé en quatre super-tribus dont la tribu des Cecidomyiidi est la mieux connue, la plus diversifiée et regroupe entre autres les espèces phytophages. L’espèce identifiée Dasineura oxycoccana appartient à la famille des Cecidomyiidae qui comporte plus de 1200 espèces connues en Amérique du Nord et dont 75% sont présumées être phytophages. Dans le genre Dasineura, on peut citer la Cécidomyie du genre Brassica (D. brassicae Winn.); la Cécidomyie du cassis (D. tetensi (Rübsaamen)), la Cécidomyie du pommier (D. mali Keiffer) et la Cécidomyie du poirier (D. pyri (Bouché)). La Cécidomyie du Bleuet a été décrite pour la première fois sous le nom de Cecidomyia vaccinii par Smith en 1890, rebaptisé plus tard Cecidomyia oxycoccana puis placée dans le genre Dasyneura (= Dasineura) en 1948. www.agri-mag.com


Figure 3. Larves de Dasineura oxycoccana à différents stades

Figure 2. Larves de 3ème stade avec détail de la spatule sternale (flèche rouge)détail de la nervation des ailes (a) et de l’ovipositeur étalé de la femelle (b)

3- Répartition géographique

La Cécidomyie du Myrtillier également appelé Cécidomyie du Bleuet est une espèce indigène à l’Amérique du Nord et est largement distribuée à travers le monde. On la trouve dans la plupart des régions de culture de bleuets et de Canneberges au Sud-est et à la Côte-ouest. La Cécidomyie du bleuet se nourrit des bourgeons de l’espèce Vaccinium (bleuets et canneberges) et constitue un ravageur potentiel pour les deux cultures. Ce ravageur a été identifié pour la première fois en Europe identifié sur des Myrtilles en Italie en 1998.

4- Cycle de vie

Aux Etats-Unis (exactement en Floride), la Cécidomyie du bleuet passe l’hiver sous forme de pupe dans le sol sous les plantes. Les adultes émergent tôt dans la saison, de la fin janvier au début février. Les adultes ont généralement une vie de très courte durée. La plupart peuvent seulement vivre un jour ou deux, juste le temps pour s’accoupler et pondre. Une femelle peut déposer entre 10 et 15 œufs par bourgeon du Myrtillier, et un bourgeon peut contenir des œufs de plus d’une femelle lorsque le niveau d’infestation est élevé. La larve (Il y a 3 stades larvaires) (Figure 3.) de la Cécidomyie du bleuet se nourrit des tissus des bourgeons de l’intérieur ce qui provoquent des nécroses et l’avortement des bourgeons. Dans des conditions idéales, la Cécidomyie du bleuet prend de deux à trois semaines pour compléter son cycle de vie, et par conséquent, chaque année, plusieurs générations peuvent se développer et chevaucher. Le climat influence le nombre de générations. Sur les bleuets Rabbiteye (Vaccinium ashei Reade) en Floride, il y a cinq à six générations de Cécidomyie chaque année. D’autres auteurs ont signalé jusqu’à 11 générations par an dans le sud-est du Mississippi.

5- Les dégâts

La figure 4 montre les dégâts des premiers stades larvaires qui sont transparents d’apparence ; l’enroulement des extrémités des bourgeons floraux ainsi que le noircissement sont des dégâts caractéristiques de cette Cécidomyie. Les boutons floraux s’assèchent et se désintègrent au bout de deux semaines après l’infestation. Des taux élevés d’avortement des boutons floraux peuvent survenir en hiver et au début du printemps. La gravité des dommages varie d’année en année et a tendance à être pire après les hivers doux et dans les endroits plus au sud. Les méristèmes végétatifs peuvent également être infestés et tués ou endommagés, ne laissant que des pousses très courtes avec quelques feuilles très déformées. En Floride, peu de dommages sont constatées après la mi-mai, même si les nouvelles pousses de croissance se poursuivent tout au long de l’été. La gravité des dommages varie également www.agri-mag.com

d’un champ à l’autre.

6- Lutte contre la Cécidomyie du Myrtillier a- La surveillance

La surveillance est un élément important de tout programme de lutte efficace contre les ravageurs. La Cécidomyie du Myrtillier peut être difficile à détecter précocement. De ce fait, certains auteurs ont testé des plaques collantes dans certaines plantations pour attraper les moucherons adultes, mais se sont révélés inefficaces. Les méthodes efficaces de surveillance de la Cécidomyie de myrtille comprennent essentiellement la collecte et la dissection des bourgeons. La technique consiste à recueillir les bourgeons, à les maintenir dans une chambre de croissance (10 à 14 jours) et à observer les larves ou adultes émergeants. Cette technique s’est avérée la plus efficace pour détecter les adultes, cependant, cette technique nécessite beaucoup de temps d’observation et de comptage des larves, et ce n’est pas pratique pour les producteurs, en plus il y a un délai pour détecter l’infestation de la Cécidomyie par les producteurs en attendant que les larves ou les adultes émergent. De ce fait, l’utilisation d’un piège d’émergence capable de détecter les adultes sur le terrain à un stade plus précoce est très utile; ainsi les producteurs auront plus de temps pour mettre en œuvre un programme de lutte avant que les populations de Cécidomyies n’atteignent le seuil de nuisibilité. Pour la détection des œufs, la seule méthode efficace est la dissection des bourgeons.

b- La gestion des attaques de la Cécidomyie

• Contrôle chimique

A travers la littérature internationale, trois principaux pesticides ont été utilisés principalement pour lutter contre la Cécidomyie du bleuet sur les bleuets: le diazinon, le malathion et le spinosad. En fait, pour être efficaces, les insecticides doivent être appliqués tôt. Les femelles pondent des œufs peu de temps après l’émergence et les œufs sont déposés dans des endroits qui sont à l’abri des insecticides. Egalement, les larves se nourrissent des bourgeons en développement et sont à l’abri des insecticides. Le contrôle des larves peut être possible en utilisant des insecticides systémiques, mais reste inefficace en cas de fortes populations. Il y a également à indiquer que le problème de la résistance aux pesticides peut se poser avec acuité vu le cycle de vie très court de l’insecte et la présence d’une multitude de générations par an. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

157

D’autres produits chimiques ont été utilisés ; les résultats obtenus sont en moyenne intéressants mais parfois variant pour la même matière active en fonction des conditions pédo-climatiques de la région, des itinéraires techniques et des caractéristiques des variétés. En fait, il n’y a pas une tendance claire pour un produit donné. Un produit chimique peut être efficace pour une variété donnée et par pour une autre, pour un itinéraire technique donné et par pour un autre, donc ceci est conditionné par les caractéristiques aussi bien du site (climatique, technique, etc.) que celles de la culture (caractéristiques intrinsèques).

• Contrôle biologique

Selon la littérature internationale consultée, les ennemis naturels indigènes de la Cécidomyie du Myrtillier comprennent dans presque la totalité des cas des prédateurs de larves comme l’espèce Toxomerus marginatus (Say.) qui est un Diptère Syrphidae et des hyménoptères parasitoïdes du genre Aprostocetus sp. (Hyménoptère: Eulophidae), Aphanogmus sp. et Ceraphron pallidiventris Ashmead (Hyménoptères: Ceraphronidae). D’autres parasitoïdes ont été identifiés dans le sud des États-Unis parmi les familles Eulophidae (Aprostocetus sp. et Quadrastichus sp.) et Platygastridae (Synopeas sp. et Platygaster sp.). La plupart des parasitoïdes de la Cécidomyie du bleuet n’arrivent pas assez tôt dans la saison pour protéger les bourgeons floraux des dommages. Un traitement insecticide précoce peut être nécessaire pour réduire les populations de Cécidomyies du bleuet jusqu’à ce que les parasitoïdes puissent atteindre un nombre suffisant. Cependant, les applications insecticides après la floraison pourraient, cependant, stimuler les infestations de Cécidomyie en supprimant les parasitoïdes et autres ennemis naturels. Une stratégie de lutte intégrée contre la Cécidomyie du bleuet devrait donc comprendre d’abord la surveillance, la lutte culturale, la préservation et l’augmentation des ennemis naturels et la synchronisation précise et efficace des insecticides. Figure 4. Premiers stades larvaires à l’intérieur d’un bourgeon et dégâts


Région

POMME DE TERRE

La culture Bio de Tounfite à la recherche de débouchés SERRAR Mohamed, Ingénieur en chef

Autour du patelin de Tounfite, vers Sidi Yahia Ouyoussef et Bouadil (vallée de Oued Laabid, affluent d’Oum Er Rabiaa) on assiste à une culture bio de la pomme de terre en utilisant seulement le fumier d’ovins et de caprins, mais parfois certains ajoutent un peu d’Azote.

L

e village de Tounfite situé au pied du Haut Atlas Oriental fait partie de la commune rurale de Tounfite, cercle de Boumia, province de Midelt et region Draa Tafilalet. A l’ouest de ce patelin jaillissent les sources d’Oued Laabid affluent d’Oum Er Bia et à l’Est jaillissent les sources de Moulouya. Pour rappel, la culture à grande échelle de la pomme de terre est une vocation de la Haute Moulouya et se fait de manière conventionnelle avec l’utilisation d’engrais chimique et de pesticides.

Choix de la parcelle et précédent cultural

La pomme de terre bio de Tounfite est une culture de montagne. Les tubercules y sont cultivés à des altitudes de 1.600 à 2.000 mètres et sont moins sujettes aux attaques parasitaires, notamment virales. Leur

158

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

rendement, plus faible que celui des pommes de terre cultivées en plaine, permet de développer leurs qualités gustatives. Afin d’éviter tout risque d’attaque des maladies et des ravageurs, et de gérer les repousses, la pomme de terre bio de Tounfite s’intègre dans des rotations longues (au moins 3 ans). D’une façon générale, les précédents, céréales les plus favorables à la culture de la pomme de terre sont les plus adoptés. Les critères de choix d’une parcelle qui entrent en considération sont notamment l’absence de cailloux et de mottes, un sol suffisamment profond ou encore l’accès à l’irrigation.

Approvisionnement en semences et plantation

Les agriculteurs de Tounfite s’approvisionnent en semences de pomme de terre de la zone d’Aghbalou qui

est le centre agricole de la Haute Moulouya. Ces fournisseurs d’Aghbalou s’approvisionnent à leur tour soit de la région de Doukkala soit d’Ain Taoujtate. Les semences sont stockées dans un lieu frais en attendant la plantation. Certains agriculteurs attendent la sortie des germes pour la plantation et d’autres posent leur tubercules directement sans pré germination. La pomme de terre est très exigeante en fumure organique avec des besoins de l’ordre de 30 t/ha. Cependant, dans un sol pauvre en matière organique, cette dose peut être doublée. En effet, pour éviter les risques de carence, la fumure organique doit être complétée par la fumure minérale. L’azote est un élément fondamental pour la croissance de la plante. Le maximum d’absorption a lieu au moment de développement maximum de feuilles (50 à 80 jours

www.agri-mag.com


après plantation). D’ailleurs, les producteurs de la région privilégient la matière organique pour les raisons suivantes : · Elle renforce la fertilité et la vie microbienne du sol ; · Elle limite les achats d’engrais minéraux ; · Elle donne une bonne structure au sol pour retenir l’eau et les éléments minéraux ; · Elle accroît l’aptitude à la conservation de la pomme de terre ; · Elle permet des économies d’eau à condition quelle soit suffisamment décomposée et sans parasites. Dans la région de Tounfite, l’apport de fumier à lieu au début du mois de mars suivi de la première opération de labour profond à la charrue à socs si le terrain est en pente ou avec une charrue à trois disque si le terrain est plat. Cette deuxième opération de labour a lieu au cours du mois d’avril. Pour une bonne occupation du sol, la densité de plantation d’une culture de pomme de 15-20 tiges /m² paraît optimale. Un plant de calibre 35-55 mm pré-germé produit approximativement 5 à 6 tiges principales. Généralement, on place 4 plants/m². A Tounfite la plantation à lieu au cours du mois de mai sur des billons espacés de 60 à 70cm et une distance de 30 cm entre tubercules et nécessite 2 à 2,5 tonnes de semences par hectare.

Entretien de la culture bio de pomme de terre

La pomme de terre bio de Tounfite est une culture irriguée. L’eau est pompée des puits ou directement des cours d’eau affluents d’Oued Laabid. Certains agriculteurs ont introduit le goutte à goutte et d’autres utilisent toujours l’irrigation à la raie. Si le sol est humide après plantation, l’eau n’est pas apportée immédiatement, mais s’il est sec l’irrigation s’impose. Le buttage est une opération très importante pour la culture de pomme de terre. Le premier buttage est réalisé lorsque les plantes ont une hauteur de 15 à 20 cm mais toujours avant l’initiation de la tubérisation étape déterminante, il consiste à amonceler de la terre au pied des plantes. Il favorise le développewww.agri-mag.com

ment des racines et des tubercules et les protège contre la lumière. Les tubercules exposés à la lumière solaire deviennent verts, et sont donc impropres à la consommation. C’est un phénomène naturel, la pomme de terre produit un alcaloïde appelé solanine (substance toxique). Le buttage est une opération qui permet également de biner le sol et de détruire les mauvaises herbes. Les buttes sont maintenus dans les normes jusqu’à la fin du cycle.

Les variétés cultivées

D’après l’expérience des agriculteurs à Tounfite, les variétés de pomme de terre qui conviennent à la culture de montagne bio est la variété Barna avec parfois la variété Rudolph (voir fiche ci-jointe). La variété Barna est appréciée par les agriculteurs du fait de sa tardivité et sa résistance au mildiou du tubercule et du feuillage ainsi qu’a certains virus. En cas de non disponibilité des plants de cette variété, les agriculteurs de Tounfite optent pour la variété Rudolph qui est mi tardive et assez résistante au mildiou du tubercule et à certains virus.

Rendement et destination de la récolte

La récolte de la pomme de terre bio de Tounfite débute après le desséchement des fans suite aux premières gelées de l’automne. Généralement cette opération commence à la moitié du mois d’octobre. Les rendements sont variables d’une exploitation à l’autre mais en moyenne sont autour de 30 tonnes à l’ha. L’arrachage nécessite assez de main d’œuvre. Les agriculteurs sont obligés de recruter des ouvriers en plus de la main d’œuvre familiale. Le cout de la semence varie d’une année à l’autre. L’année dernière 2018 la semence a été très chère (6 à 6,5 DHS/ Kg) comparativement à cette année 2019 (1,5 à 2,5 DHS). La récolte de l’année dernière à été liquidée à des prix dérisoires (0,75 à 1 DH/KG) dans les marchés locaux. De ce fait les producteurs de la pomme de terre de Tounfite ont trouvé beaucoup de difficultés à rembourser leurs dettes. Certains n’ont même pas arraché leurs tubercules qui sont resté sous le sol.

Devant cette situation, il est impératif de fournir de l’aide à ces agriculteurs du moins en matière d’organisation professionnelle pour chercher des débouchés à la production de pomme de terre bio recherchée de plus en plus par les consommateurs à l’échelle nationale et internationale vu sa qualité gustative et sa valeur nutritionnelle comparativement à la culture conventionnelle. En outre, L’encouragement de ce type de culture permet de préserver l’environnement puisque l’utilisation de matière chimique en l’occurrence les pesticides est évitée. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

159


Arboriculture

La grêle

phénomène en hausse Hmimina M’hamed, Mamou Hassan, Mamou Abderrahmane

A l’échelle nationale, la grêle dite d’été, qui sévit d’avril à septembre, est un sinistre récurrent dont la fréquence moyenne annuelle par endroit est proche de 1, surtout sur l’espace qui s’étend entre le Saïs et le Moyen Atlas (El Hajeb, Azrou, Immouzzer, Oulmès, Sefrou, Laânasser, Midelt, etc.). Ces régions, souvent matraquées, sont aussi celles, par convergence des facteurs climatiques favorables aux fruits et propices à la grêle, qui concentrent les cultures sensibles au premier rang desquelles les vignobles et les vergers sujets déjà à deux autres fléaux de grande ampleur : le gel et le feu bactérien et dont les fruiticulteurs n’ont pas réellement besoin. Cette accumulation de périls qui touche principalement ces productions, met en évidence la vulnérabilité de ces filières face au risque climatique. Cet article n’a pas la prétention de donner des réponses exactes à ces questions, mais propose un tour d’horizon du péril, en essayant de procurer d’utiles indications.

La grêle dans l’histoire et aujourd’hui

Les dommages de la grêle sont aussi anciens que la terre et le phénomène fut toujours une calamité à laquelle l’homme assistait impuissant ou tentait de lutter par des moyens incertains. Reconnu comme la septième plaie d’Égypte, il fut l’objet d’observations attentives de la part des grands penseurs de l’antiquité et des savants, le premier fut Volta, l’inventeur de la pile que nous connaissons tous. Les recherches et les études menées sur la prévention de ce phénomène, bien imprévisible, n’ont connu aucun répit. Des canons paragrêle des premières années du vingtième siècle, créés pour mitrailler les nuages orageux, aux plus modernes fusées antigrêles, qui explosent à basse altitude contre les grêlons qui tombent, jusqu’au iodure d’argent, utilisé afin de réduire la dimension des grêlons et par conséquence de limiter leurs ravages sur les récoltes, la recherche-développement est toujours entreprenante. Cependant aucune des solutions ne s’est montrée pleinement efficace. Aujourd’hui, à cause de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des mauvaises conditions atmosphériques, vraisemblablement en relation avec les changements climatiques, les agriculteurs ne considèrent plus la grêle comme un malencontreux événement climatique isolé et irrégulier, mais presque toujours comme une constante des trois saisons : printemps, été et automne. Dans plusieurs zones, Azrou par exemple, la grêle s’abat plus d’une fois par saison et la récolte non protégée de façon adéquate est pour ainsi dire presque toujours détruite ou tout au moins esthétiquement amochée. Et à un moment où il faut soutenir les producteurs, les consommateurs, devenus de plus en plus attentifs et exigeants sur l’apparence des fruits, les veulent parfaits et sans stigmates ou blessures. Et il est constaté souvent 160

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

qu’une seule imperfection, causée par un minuscule grêlon, un insecte, suffit pour qu’un fruit soit refusé par les circuits de commercialisation et versé dans la catégorie des produits avariés avec toutes les conséquences sur les gains de l’agriculteur.

Comment se forme la grêle ?

La formation de la grêle possède encore quelques mystères. A l’intérieur d’un nuage les gouttelettes d’eau sont sous l’effet de deux forces opposées : - l’instabilité de l’air qui les pousse vers le haut (vers les strates froides); - leur poids qui les conduit vers le bas (vers le sol chaud). Pour qu’il y ait chute, il faut qu’un mécanisme augmente leur poids pour les faire retomber vers le sol, et pour qu’il y ait grêle, le nuage doit être très épais avec un sommet très haut en altitude pour atteindre des niveaux élevés où l’atmosphère est particulièrement

froide. En outre, l’instabilité qui règne à l’intérieur du nuage doit être extrême de manière à ce que les gouttes qui s’entrechoquent soient conduites jusqu’à la haute atmosphère très froide. Le seul nuage qui présente ces caractéristiques est le cumulonimbus. Dans les situations orageuses, on estime environ 10 % des cumulonimbus grêligènes, mais il est difficile de prédire lequel sera porteur de grêle et lequel ne donnera que de la pluie. Par défaut, toute situation propice à la formation de cumulonimbus est considérée comme potentiellement grêligène. Les grêlons se forment donc dans ce nuage d’orage à des altitudes de l›ordre de 12 kilomètres et une épaisseur d’une dizaine de kilomètres et où la température est largement négative et où les gouttelettes de pluie sont gelées. Les petits grains de glace commencent par tomber, mais ils sont repris par un courant ascendant au cœur des turbulences de l’orage. Ils remontent donc dans la zone supérieure du nuage où ils sont www.agri-mag.com


enrobés d’une nouvelle couche de glace. Ils reprennent ensuite leur chute et le processus se répète jusqu’à ce qu’ils soient enfin assez pesants pour tomber au sol. C’est la raison pour laquelle au centre du grêlon, ce point qui accumule la glace, est souvent un grain de grésil et autour, si on examine un grêlon cassé, on distingue une série de couches de glaces transparentes puis non transparentes qui s’accumulent de façon concentrique autour du noyau central. En effet, les cristaux de glace sont transparents quand le grêlon naissant a attiré des gouttelettes liquides en surfusion autour de lui, et ils sont opaques quand ce sont des grains de grésil qui se sont agglutinés en laissant des bulles d’air entre eux. A chaque mouvement de va et vient, le grêlon grossit de couches successives, prend du poids tant que le mouvement d’ascendance à l’intérieur du nuage est suffisant pour l’empêcher de tomber. Dans sa chute finale, il peut même récupérer encore des cristaux de glace adventifs. Ces animations expliquent d’ailleurs le volume des grêlons. A titre d’exemple, le plus gros recensé jusqu’à présent le fut aux EtatsUnis. Il mesurait 44,5 cm de circonférence (taille d’un melon) et pesait 750 g. En 1959, au Kazakhstan, un grêlon pesait 1,9 kg versus 2 kg au Bangladesh le 14 avril 1986. En 1829, à Cordoue, en Espagne, encore un grêlon de 2 kg fut constaté. Le 16 juin 1882, dans l’Iowa, on raconte que l’on trouva deux grenouilles gelées à l’intérieur de grêlons. En 1984, dans le Mississipi, c’est une tortue qui a été retrouvée dans un grêlon de la taille d’une brique. Dans notre Moyen Atlas, à Azrou, comme ce fut le cas le 30 avril 2010, des grêlons de 350 à 450 g ont été récoltés, masses bien ordinaires.

Topographie et dimensions des zones grêlifères

la zone couverte par le phénomène orageux est concernée. Les régions où la grêle est très courante sont celles qui connaissent de très gros contrastes altitudinaux de températures avec des invasions froides dans les hautes couches et un sol surchauffé. Les bassins intramontagnards où le contact entre les plaines et les reliefs sont très sensibles. Nous associons un peu trop abusivement la grêle aux orages d’été, or la fréquence maximale du phénomène a lieu au printemps. Il ne faut pas oublier que la grêle est un mécanisme qui se forme dans les couches très froides de l’atmosphère, et aux mois d’avrilmai, l’air est encore froid à des altitudes assez basses, alors que le sol commence à être réchauffé de façon très significative.

La grêle, un risque méconnu

A chaque manifestation de la grêle, les producteurs pestent contre la météo. Pour l’occasion, nous rappelons que les données de la Météorologie Nationale en la matière sont exclusivement occurrentielles. Elles rapportent par observation directe les chutes de grêle constatées çà et là par les techniciens des stations qui ne disposent pas d’instruments aptes à en mesurer l’intensité. Du point de vue dégâts, seule la grêle de printemps-été constitue un risque pour l’agriculture. En effet, les cultures ne sont exposées que pendant leur période de croissance et une grêle hivernale n’a pas un grand effet destructeur sur une végétation en dormance. La quasi-totalité des dommages sur cultures surviennent entre avril et septembre. Au-delà de l’approche phénoménologique, il existe depuis quelques années des instruments destinés à la mesure de la grêle. Ces réseaux, venant en complément d’autres mesures, sont précieux car ils quantifient la chute de grêle rendant ainsi la cartographie

de l’aléa possible pour une approche géographique du risque. La grêlimétrie, mesure spécifique de la grêle, a pour objectif de fournir des données au sol, capables de vérifier les méthodes de lutte antigrêle pratiquées. Le grêlimètre est constitué d’une plaque de polystyrène posé sur un support. Les grêlons impriment leur marque dans le polystyrène. De la taille de ces impacts on déduit le diamètre des grêlons puis l’énergie cinétique de leur chute. L’énergie cinétique, calculée en joules/m2 est l’indicateur le plus souvent retenu pour exprimer l’intensité d’une chute de grêle. Outre son aspect synthétique - elle combine le nombre de grêlons et leur masse -, plusieurs travaux ont montré que, parmi tous les indicateurs disponibles, l’énergie est fortement corrélée aux dégâts de la grêle. Sur les cultures les plus fragiles, les dommages apparaissent à partir de 10 J/ m2, soit trente-trois grêlons de la taille d’un raisin. Toutes les cultures sont plus ou moins touchées, mais au-delà de 200 à 300 J/m2, la perte de récolte est presque totale.

Vulnérabilité et dommages

L’analyse des vulnérabilités et des enjeux financiers est la deuxième étape dans l’appréciation du risque. Elle montre que si toute culture est a priori sensible à la grêle, ce sont les vergers qui, en réalité, subissent les plus lourds dommages. Pour une chute de grêle d’une énergie donnée, les dégâts sont proportionnels à la vulnérabilité physiologique du bien exposé. Il faut cependant distinguer la vulnérabilité conjoncturelle de la récolte de la vulnérabilité structurelle de la culture. Cette distinction est essentielle en matière d’estimation des dommages. La vulnérabilité conjoncturelle dépend des circonstances de la chute de grêle et de l’état de la culture au moment où l’averse s’est produite. Pour une chute de grêle d’une énergie

La formation de la grêle est donc un mécanisme complexe ayant lieu dans les parties les plus élevées du nuage qui se situent au delà de la tropopause, qui marque la limite de la haute et de la basse atmosphère. Dans les orages d’été, les chutes de grêle correspondent le plus souvent à des traînées ou bande de largeur variant de 100 m au minimum à 2 ou 3 kilomètres au maximum. Leur longueur se limite le plus souvent à quelques kilomètres, une centaine au pire. Cet espace correspond à la zone centrale de l’orage où l’épaisseur du cumulonimbus est la plus importante et celle où son instabilité est la plus forte. Seule une partie réduite de www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

161


donnée, les dégâts varient en fonction de la date de la chute, de l’état de la culture au moment de la chute, du contexte climatique de l’année, de l’apparition de maladies cryptogamiques avant ou après l’averse de grêle… En général, la vulnérabilité des végétaux augmente au fur et à mesure que l’on s’approche de la date de récolte. Cette vulnérabilité conjoncturelle, variable d’année en année, de parcelle à parcelle, ne peut être prise en compte par l’assurance en début de saison lors de la signature du contrat. Chaque averse de grêle est un sinistre différent. Deux chutes de grêle de même intensité sur une même parcelle lors de deux années consécutives ne donneront pas le même taux de perte. La vulnérabilité structurelle est liée directement à la nature du bien. Elle est bien connue, quantifiée et prise en compte dans les contrats d’assurance-grêle. Elle permet de déterminer une échelle de tarification de l’assurance sur récolte. La sensibilité des cultures est d’abord liée à leur fragilité physiologique. Le blé est généralement peu vulnérable car la plante est souple et amortit les chocs des grêlons. De plus, le grain est dur et n’est perdu que s’il est séparé de l’épi. Le maïs est également peu sensible. Pour le raisin, la sensibilité est plus forte car il est plus tendre que les grains des céréales et moins bien protégé. La vulnérabilité est maximale pour les fruits à noyaux et à pépins : l’impact de grêle les rend invendables et fortement pourrissables. Le deuxième point à prendre en considération est la destination du produit. Les récoltes destinées à être consommées en frais (fruits, légumes) sont beaucoup plus vulnérables que les produits qui seront transformés avant consommation. Ces derniers, comme le raisin et les céréales, peuvent tolérer quelques meurtrissures qui, cicatrisées, passeront inaperçues après la transformation. En revanche, les pommes et les pores allient une forte vulnérabilité physiologique à de forts enjeux financiers. La récolte est généralement tardive ; les fruits restent donc longtemps exposés. Or les fruits sont sensibles et doivent être parfaits pour se vendre au meilleur cours. Enfin, il faut tenir compte du temps d’exposition de la plante. Il nous semble que la période considérée par les assureurs va de la formation du fruit à sa récolte mais les dégâts peuvent intervenir avant la floraison. Plus une culture reste longtemps sur pied, 162

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

plus elle risque d’être touchée par la grêle. Les cerises, récoltées en général en mai-juin, sont beaucoup moins exposées à la grêle que les pommes ramassées entre septembre et octobre. Pour une même culture, le temps d’exposition tient également au lieu de culture, les récoltes étant plus précoces dans certaines régions que d’autres.

Peut-on se protéger efficacement contre la grêle ?

La grêle a été depuis toujours l’ennemi numéro un des agriculteurs. Les milieux agricoles, les plus touchés par le phénomène, en particulier les arboriculteurs et les viticulteurs, ont perpétuellement cherché à s’en protéger par diverses méthodes aux performances douteuses. A une époque, il y a eu la mode des canons, puis des fusées anti-grêle pour dissocier les grêlons et plus tard l’ensemencement des nuages en iodure d’argent. Les molécules d’iodure d’argent sont autant de noyaux de congélation qui vont multiplier la formation de petits grêlons aux dépens de grêlons plus gros mais moins nombreux. Les petits grêlons seront plus aptes à fondre avant d’atteindre le sol. Aujourd’hui, il est difficile d’apporter une quelconque crédibilité à l’efficacité de ces méthodes. Pour ainsi dire, il ne semble exister que deux moyens sûrs : les assurances et les filets anti-grêles, en pleine expansion sur les vergers et les vignes en pergola. L’assurance compense la récolte perdue mais ne remplace pas le produit. En agriculture, comme le décès lors d’un accident, on peut dire qu’il n’y a pas de réparation possible de risque climatique. Toute récolte détruite est définitivement perdue contrairement à d’autres biens (automobiles, maisons, etc.) qui peuvent être reconstruits à l’identique. Et lorsque le fruit est perdu, la somme versée par l’assureur ne garantit pas la valeur ajoutée créée à l’aval du fruit. En effet, les grosses exploitations ont installé à grands frais des stations fruitières destinées au conditionnement et à la commercialisation des fruits produits. Une perte directe de la production par chute de grêle, par gel de printemps ou autre fléau naturel entraîne une baisse d’activité de ces structures bien onéreuses, le chômage partiel d’une partie du personnel et la perte de parts de marché. Le filet paragrêle a fait son apparition depuis les années 60. L’arrivée sur le marché

des fibres de polyoléfines a été enfin la solution attendue et aussitôt commence la production des premiers filets et leur pose sur les cultures pour empêcher les grêlons d’endommager la plante. En verger, les premiers tests ont prouvé que le filet est l’unique solution véritablement efficace au problème ici et maintenant et plus tard lorsqu’on considère les dégâts et les séquelles, assez souvent permanents, sur les arbres et qui ne recommencent pleinement leur production qu’après quelques cycles. Les fortes chutes de grêle ont des effets déstructurant prolongés. La démonstration évidente est que ce moyen de protection active supplante fiévreusement les moyens traditionnels de protection passive qui maintiennent la survivance du producteur mais non ses profits. En effet, face à l’augmentation des vulnérabilités et aux insuffisances de la protection financière classique, les arboriculteurs se tournent vers le filet paragrêle. Certains bassins de production sont devenus de véritables toiles d’araignées anti-grêles. Et avec ce bouclier, le risque climatique est converti en contrainte économique ; les violences climatiques deviennent des pressions financières. Et nos exploitations arboricoles, cumulent une protection antigel, des filets paragrêles et l’irrigation localisée, de lourds investissements dont la rentabilité n’est pas toujours assurée. D’un autre point de vue, la couverture paragrêle présente quelques incidences secondaires. Il est admis que l’utilisation de filets modifie l’environnement du verger en général et le microclimat en particulier : perte de luminosité observée (diminution de l’intensité de l’éclairement), avec un accroissement de la part de rayonnement diffus. Pour certaines espèces et variétés précoces, ce phénomène est susceptible d’affecter l’activité photosynthétique si l’éclairement du verger est limitant, freinant par la suite l’accumulation des sucres dans les fruits ou la vitesse de coloration. L’effet positif le plus connu du système est la limitation des risques de gel par rayonnement au printemps (gelée blanche). La limitation de l’évapotranspiration est un effet bénéfique qui résulte notamment de la diminution d’intensité du rayonnement sous les filets, ainsi que de la limitation de l’effet du vent. Enfin, le confinement créé par le filet est susceptible de modifier le comportement des insectes, tant en ce qui concerne les populations de ravageurs (lépidoptères par exemple) que le comportement des agents pollinisateurs. Les premières observations toutes préliminaires que nous avons faites sur le carpocapse en verger couvert est que les populations de ce ravageur baissent et l’intensité des traitements aussi. De bons augures pour une protection intégrée. www.agri-mag.com


www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019

163



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.