www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
1
TASBIQ TASDIR
* Hors taxes.
LA SOLUTION SUR MESURE POUR LA RELANCE DE VOS EXPORTATIONS AGRICOLES
En concertation avec le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, le Crédit Agricole du Maroc se mobilise pour apporter un a ppui indéfectible aux exportateurs de produits agricoles. Avec « TASBIQ TASDIR », préfinancez vos campagnes d’exportation avec un taux avantageux à partir de 3,75%* et bénéficiez d’un dispositif global d’accompagnement pour accroitre vos performances : accès privilégié à la salle des marchés, procédures d'octroi rapides et simplifiées, facilitation pour souscrire des contrats de change à terme.
TASBIQ TASDIR reste tributaire d’une validation du dossier par les comités compétents et d’une évaluation du risque en cohérence avec les normes et standards en vigueur. Si le crédit est libellé en devises, le taux sera indexé sur l'euribor ou le libor majoré d'un spread.
Agriculture du Maghreb www.creditagricole.ma 2 N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
SOCIÉTÉ D’ÉDITION AGRICOLE Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 98 07 71
agriculturemaghreb@gmail.com
www.agri-mag.com Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID
Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID
Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI
Ont participé à ce numéro : Dr.Youssef Brouziyne Bamouh A. Salhi R. Nakro A. AÏT HOUSSA A. DRISSI S. ASFERS A. OUBAKI L. HADDOUCHE Z. AMLAL F. CHRAÏBI H.
Attachée de Direction Khadija EL ADLI
Directeur Artistique NASSIF Yassine
Imprimerie PIPO
Voir nos archives en ligne
Edito Semences céréalières certifiées Quelles variétés choisir ?
D
ans toutes les filières agricoles, le choix variétal est la base et la première décision conditionnant tous les autres choix qui composent l’itinéraire technique. Les agriculteurs et les sociétés semencières accordent toute l’importance qu’il faut aux caractéristiques variétales assurant les meilleurs résultats aussi bien sur les plans qualitatif, quantitatif, qu’adaptatif, … Il en est de même pour les variétés céréalières, même si le recours aux hybrides n’est pas encore à l’ordre du jour dans notre pratique céréalière. Au Maroc, les régions de production sont réparties sur des zones dont les conditions agro-climatiques sont très variables, Ce qui pose le problème de l’adaptation des variétés aux zones de production allant du Nord mieux arrosé constituant le bour favorable jusqu’au Sud semi-aride à aride en passant par le bour défavorable. Les variétés qui n’ont pas toutes le même potentiel d’adaptation aux conditions locales (sol, climat, stress, précédent,…) risquent par conséquent, d’avoir un comportement plus ou moins satisfaisant. Pour pouvoir satisfaire les demandes des céréaliculteurs, les variétés recherchées devraient présenter de nombreuses caractéristiques qui leur permettent un rendement élevé (fort potentiel), une bonne stabilité interannuelle et entre les parcelles, ainsi qu’une bonne qualité technologique et commerciale de la production. D’autres facteurs sont également à prendre en considération comme la ‘’précocité’’ (permettant différentes dates de semis et longueur de cycle pour une maturité décalée par rapport aux périodes pluvieuses ou l’échaudage), la hauteur des plantes pour le rendement en paille, la résistance à la verse et aux maladies cryptogamiques, une bonne réponse aux engrais (les variétés les mieux adaptées à chaque région valorisent davantage les intrants que les autres). Sans oublier la résistance à la germination sur pied, au mitadinage (blé dur), etc. Cependant, dans la pratique les producteurs ne disposent pas des informations nécessaires pour évaluer ces aspects afin d’opter pour la ‘’meilleure variété’’. Ainsi, les variétés proposées possèdent des caractéristiques inconnues puisqu’aucune de ces données n’est disponible sur les lieux de
Tous droits de reproduction
www.agri-mag.com autorisés avec mention impérative
et complète du journal.
vente ou auprès des organismes qui s’en chargent. L’agriculteur ne peut se baser que sur sa propre expérimentation ou celle des voisins avec les risques en cas de variété inconnue et si les conditions climatiques sont différentes de la campagne précédente. De même, se pose chaque année le problème de disponibilité des variétés demandées par les agriculteurs. En effet, les variétés proposées aux points de vente ne sont pas forcément celles connues et réclamées par le producteur avec un fort risque d’épuisement (rupture des stocks) des variétés les plus cotées ou celles estimées mieux adaptées à la région par les producteurs locaux. Un autre aspect freine le développement des semences sélectionnées, c’est celui de la concurrence avec les semences communes sachant que les quantités préparées par la distribution nationale ne représentent qu’un faible pourcentage (moins de 5%) par rapport aux besoins des 5 millions d’hectares emblavés annuellement, d’autant plus qu’elles ne sont même pas écoulées en totalité. Outre leur disponibilité (semences personnelles, des voisins ou du marché) et la possibilité de s’approvisionner en été au moment où l’offre est importante et les prix au plus bas, ces semences de ferme permettent également au producteur d’utiliser les semences R1 (première reproduction) pour une deuxième campagne pour raison de sécurité de l’approvisionnement et estimant qu’elles ont eu au moins une campagne pour faire leurs preuves dans les conditions locales. Sachant que l’un des piliers pour le choix variétal est la confiance que met l’agriculteur dans son fournisseur et que la confiance passe nécessairement par l’information et le suivi, les céréaliculteurs en ont besoin (c’est la moindre des choses) si on veut qu’ils contribuent efficacement à la sécurité alimentaire du pays. Et comme dit le proverbe, ‘‘l’homme qui détient une mauvaise information prend toujours une mauvaise décision’’.
Abdelmoumen Guennouni Journaliste Ingénieur Agronome Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
3
SOMMAIRE
6 Actualités
48
22
La pastèque victime de sa réussite 30
Résistance du Ray-grass aux herbicides Un nouveau défi pour la céréaliculture au Maroc 28
Consommation de myrtilles en hausse 34
Taille de la myrtille Respecter les particularité des différentes variétés
La fertilisation foliaire potassique et borique Une technologie prometteuse pour améliorer le rendement et la qualité de la betterave sucrière 56
Framboisier La pourriture grise (Botrytis), plus dangereuses en conditions humides 60
Arbres fruitiers et vigne Les traitements d’hiver, une intervention capitale 62
36
Comment trier efficacement les myrtilles ?
Éléments d’aide au contrôle de gestion et au management de l’agrumiculture au Maroc
38
70
Un biofertilisant, qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ? 42
Désherbage des légumineuses alimentaires 46
Maladies fongiques de la tomate Prévenir et gérer le risque de résistance
L’Œil de paon Estimer le risque et prévenir avant d’intervenir 72
Conservation des pommes Maladies physiologiques ou d’origine abiotique
Nos annonceurs AGRIMATCO AGRIMATCO AGRIVIVOS AGRO NATURE Agro Spray Technic Agro Spray Technic Agro Spray Technic Agro Spray Technic AGROFRESH ALLTECH ALLTECH 4
55 29 35 41 39 53 61 71 67 59 69
APHYSEM 25 BASF 45 BASF 57 CMGP 76 CNH 7 Crédit Agricole du Maroc 2 Elite Tunnels 34 FELEM 73 FLORAGARD 27 IPACK IMA 19 IRRISYS 17
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
IRRITEC Lallemand MAMDA PHILEA SCE SEIPASA SIPCAM SQM SYNGENTA SYNGENTA SYNGENTA
63 31 5 42 51 32 37 33 20-21 23 29
SYNGENTA TIMAC Agro Maroc UPL UPL YARA
47 65 9 49 15
Cahier arabe CAM MAMDA CMGP www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
5
Actu Actu Salon SALON
Le retour en force du salon leader de la mécanisation agricole
L’exposition mondiale des machines agricoles qui s’est tenue du 19 au 23 octobre à Bologne (Italie) s’est clôturée avec des résultats impressionnants. Les données révélées par les organisateurs FederUnacoma et BolognaFiere font état de 270.700 visiteurs, dont 25.900 de l’étranger. Un résultat qui fait de l’EIMA un événement international de «premier plan» non seulement dans le secteur spécifique des machines agricoles, mais aussi dans le paysage des salons professionnels en termes absolus. Un grand succès pour un événement qui reviendra en novembre 2022 et reprendra ensuite son calendrier biennal habituel. Une délégation composée de distributeurs d’équipements agricoles du Maroc et du Sénégal a été emmenée par la dynamique Agence Italienne pour le Commerce Extérieur, bureau de Casablanca (ICE). Agriculture du Maghreb rapporte à ses lecteurs les points forts de ce grand événement.
L
a 44e édition d’EIMA International, le salon mondial des machines, équipements et composants pour l’agriculture et l’aménagement paysager, a réuni 1350 sociétés exposantes, dont 350 étrangères, représentant plus de 40 pays. Ces entreprises ont présenté plus de 40.000 modèles de véhicules, machines et équipements spécialisés répartis en 14 secteurs d’activité (équipements, composants, jardinage, énergies alternatives,) et 5 salons spécialisés, dont un entièrement consacré aux techno-
6
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
logies et systèmes d’irrigation. Cette organisation de la foire a permis aux visiteurs de cibler directement les domaines qui les intéressent. Simona Rapastella, directrice générale de FederUnacoma, la fédération italienne des fabricants qui organise l’événement, a déclaré : « Le nombre d’exposants est très positif si l’on considère que, en raison de force majeure liée aux Restrictions Covid, il manque des entreprises de certains pays importants, comme la Chine ou l’Inde, qui étaient présentes avec plus de 300 sociétés lors de la dernière édition et qui
devraient revenir, avec des fabricants d’autres pays, lors de la prochaine édition en novembre 2022 ». Ainsi, pendant 5 jours, ce rendez-vous unique a offert un panorama complet des technologies internationales et italiennes couvrant l’ensemble du cycle de la production, du travail du sol jusqu’à la récolte, en passant par le semis, l’irrigation, l’épandage des fertilisants, le traitement des plantes, le transport, … En effet, les pavillons de la foire ont présenté tracteurs, moissonneuses-batteuses, équipements pour les cultures
traditionnelles, mais aussi une gamme complète de machines spécialisés (serres, vergers et vignobles). L’occasion également de découvrir un large choix d’équipements italiens pour les exploitations agricoles familiales et des machines polyvalentes qui répondent à différents besoins.
Des visiteurs satisfaits
Non seulement le nombre de visiteurs a été remarquable, mais aussi la qualité du public. Ainsi, pendant les cinq
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
7
Actu Actu Salon SALON
Délégations marocaine et sénégalaise au salon EIMA 2021
jours de l’exposition, outre les agriculteurs et les techniciens de la mécanisation, des chefs d’entreprises et hommes d’affaires du monde entier ont fait le déplacement, y compris des délégués officiels sélectionnés par les bureaux de l’ICE (environ 300 représentant 60 pays), intéressés par les nouveaux produits et l’achat de technologies adaptées aux contextes agricoles les plus divers. Dans ce cadre, les membres de la délégation marocaine et sénégalaise, invités par le bureau de l’ICE à Casablanca, pour la plupart des gérants de sociétés d’importation et de distribution d’agroéquipements, se disent très satisfaits du nombre et de la qualité des contacts établis pendant le salon, et sont persuadés qu’ils déboucheront sur des accords fructueux après le salon. Soulignons que les sociétés italiennes sont très présentes au Maroc, principalement dans le secteur des machines spécialisées. En effet, contrairement aux industries allemande et américaine plutôt orientés sur les grosses machines, l’industrie italienne conçoit des engins plus petits et plus adaptées aux besoins des exploitations qui caractérisent généralement la zone méditerranéenne. Ayant évolué en contact étroit avec les pratiques agricoles des différentes régions du pays, l’industrie italienne de la mécanisation agricole a su concevoir et mettre au point des technologies pour tous les types de travaux et pour tout contexte climatique et environnemental. Ceci a permis aux nombreuses entreprises qui forment le tissu productif du secteur de réaliser au fil des années une très large gamme de machines et équipements en mesure aujourd’hui de satisfaire la demande en technologies provenant des différents marchés.
8
Evènements parallèles
L’événement a prévu cette année un calendrier complet de conférences et d’ateliers sur des thèmes stratégiques pour la mécanique agricole. La partie culturelle de l’exposition a ainsi été très riche, avec un total de 116 conférences et séminaires sur des sujets techniques, politiques, environnementaux, économiques, culturels, …. Dans le domaine technique, de nombreux événements se sont concentrés sur les applications du 4.0 et de la robotique dans l’agriculture, tandis qu’au niveau culturel et politique, deux rendez-vous se sont démarqués : la célébration de la 33e Rencontre du Club de Bologne (l’association d’experts qui analyse les tendances évolutives de la mécanique agricole au niveau mondial), et la rencontre sur le thème « PAC : le modèle agricole européen et les nouveaux défis », qui passe en revue les aspects saillants de la politique agricole de l’UE et donne un aperçu du contenu de la réforme actuellement votée par le Parlement européen. Un large éventail de catégories, de nouveaux produits et des avant-premières absolues sont les points forts traditionnels de l’événement. Le
Concours de l’Innovation Technique a ainsi récompensé les solutions innovantes conçues par les industriels pour tous les types de travaux agricoles. Il y a eu également les modèles finalistes du concours ‘’Tracteur de l’année’, qui pour la première fois ont défilé dans une arène en plein air, où les visiteurs ont également pu découvrir des machines pour les chaînes bioénergétiques. «En plus d’être une grande vitrine promotionnelle et commerciale, EIMA a toujours été une grande ‘machine à relations’ a déclaré Simona Rapastella - et c’est un fait d’importance stratégique, car l’industrie des machines agricoles fait partie d’un système complexe, dans lequel des interactions étroites sont nécessaires entre le monde agricole, le monde industriel, les activités de recherche, les questions environnementales et les activités d’orientation et de coordination politiques et administratives».
Le tracteur de l’année
Tractor of the year (TotY Awards) est un prix international créé en 1998 qui récompense chaque année les meilleurs tracteurs du marché européen sélectionné par un groupe de journalistes indépendants spé-
cialisés dans la mécanisation agricole. Le jury international est composé de 26 journalistes qui représentent notamment des magazines imprimés, des sites Web, des émissions de télévision agricoles, des médias sociaux, etc. Le 19 octobre a eu lieu la cérémonie de remise des prix du tracteur de l’année 2022. Il est communément admis que les nouvelles technologies joueront un rôle fondamental dans la mécanisation agricole moderne. Les nouvelles technologies intelligentes seront l’outil d’une agriculture plus efficace et plus durable. Cette année, 14 tracteurs de 11 marques différentes ont concouru pour les 4 TotY Awards : - 4 tracteurs en compétition pour le Best of Specialized 2022 - 5 tracteurs en compétition pour le meilleur utilitaire 2022 - 5 tracteurs en compétition pour le Tracteur de l’année 2022 Les 14 finalistes étaient également en compétition pour le prix spécial Sustainable TOTY 2022. Les quatre gagnants de cette édition sont : - Prix Tracteur de l’année 2022 : John Deere 7R 350 AutoPowr - Prix Meilleure utilité 2022 : John Deere 6120M AutoPowr - Prix Best of Specialized 2022 : Réforme H75 Pro - Prix TOTY Durable 2022 : New Holland T6.180 fonctionnant au méthane
Importance de la formation
Le thème de l’éducation et de la formation des techniciens du secteur et des agriculteurs du futur était à l’honneur lors de la deuxième journée d’EIMA International. L’évolution des compétences dans le domaine agro-mécanique néces-
La délégation marocaine et sénégalaise en visite à plusieurs entreprises italiennes d’agro-équipements
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
9
Actu Actu Salon SALON site une nouvelle génération de techniciens qui, selon les fonctions qu’ils exerceront, devront provenir de filières d’enseignement et de formation beaucoup plus spécialisées que celles d’aujourd’hui. La question a été abordée lors d’une conférence intitulée «Réformer les lycées agricoles pour répondre aux nouveaux besoins». Le développement des technologies, avec une forte impulsion vers la numérisation et les premiers pas vers la robotisation, nécessiterait au contraire un traitement beaucoup plus approfondi, également pour offrir aux diplômés des opportunités d’emploi non seulement dans les exploitations agricoles mais aussi dans les réseaux d’appui technique. Dans cette optique, la formation en mécanique agricole ne concerne pas seulement les personnes qui doivent travailler dans les exploitations, mais aussi le personnel qui travaille pour les fabricants de machines et d’équipements, qui ont besoin de personnel technique à jour pour répondre à la demande croissante en technologie. En effet, aujourd’hui encore, la formation professionnelle se fait encore largement dans les exploitations elles-mêmes, avec des séminaires et des formations externes. L’agriculture subit une trans-
formation radicale qui offre non seulement des avantages évidents en termes de productivité, de durabilité et d’impact environnemental des cultures, mais pose également des défis. Ceux-ci ne peuvent être surmontés que si la formation et l’éducation pour le secteur agro-mécanique sont refondues.
Une industrie hautement performante
La fédération italienne FederUnacoma (Fédération nationale des constructeurs de machines pour l’agriculture) rassemble les associations de constructeurs de machines, équipements et technologies pour l’agriculture, le jardinage et l’entretien. Les entreprises membres de la Fédération jouent un rôle très important sur la scène internationale, se plaçant aux toutes premières places en termes de capacité de production, d’étendue de la gamme des produits et d’efficacité de réponse aux exigences les plus variées de l’agriculture et des secteurs connexes. L’immense gamme de machines produites place l’Italie parmi les premiers producteurs au niveau mondial et permet aux entreprises membres de FederUnacoma d’être pré-
à droite M. Guillermo O´Shanahan Ruiz, Export Manager Irritec Iberia S.A. et à gauche M. Soufli Khellil, Dripglobe Algérie
10
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
sentes dans les marchés de chaque continent. L’industrie italienne exporte vers 170 pays et se révèle compétitive dans les marchés étrangers. Cette compétitivité vaut aussi bien pour ceux des pays possédant une agriculture hautement technologique (France, Allemagne et Etats Unis sont dans l’ordre les trois principaux marchés pour les machines italiennes), que ceux des pays émergeants et en voie de développement qui exigent une mécanisation moderne, capable de concilier les exigences de production avec la durabilité environnementale et la préservation des ressources naturelles. Les machines spécialisées que l’industrie italienne produit pour les cultures horticoles, arboricoles et viticoles, sont demandées dans le monde entier parce qu’elles sont adaptées aux modèles d’agriculture les plus différents. Les types de machines agricoles qui rentrent dans la sphère des compétences de la Fédération comprennent, au-delà du tracteur, les machines pour le travail du sol, le semis, le repiquage et la fertilisation, la protection des cultures, l’irrigation, la récolte, le premier traitement et le stockage des produits ainsi que pour les élevages, la manutention et le transport, la sylviculture et le traitement de
la biomasse d’origine agricole et forestière en plus du secteur du jardinage (professionnel et amateur) et le domaine des pièces détachées.
Prochaine édition en 2022
Les organisateurs du salon sont particulièrement fiers des résultats de l’EIMA 2021 qui témoignent d’une tendance généralisée à la reprise économique après l’urgence pandémique. Des résultats qui soulignent également l’importance d’un secteur de très haute technologie, stratégique pour les objectifs fixés par le green deal. L’agriculture a un rôle fondamental à jouer dans la transition écologique, et les opérateurs de ce secteur en sont les principaux protagonistes. Aujourd’hui, le machinisme agricole est un outil essentiel pour un rôle de plus en plus important dans l’agriculture, comme en témoigne l’événement. La prochaine édition se prépare déjà. Elle est prévue du 9 au 13 novembre 2022.
Voir la vidéo
www.agri-mag.com
Le code
QR : Pour donner vie aux publications
P
our ceux qui ne le connaissent pas, le code QR est une sorte de représentation alphanumérique identique à son ancêtre, le ‘‘code-barres’’ classique, mais plus évolué, contenant plus de données et différents types d’informations, caractérisé par sa simplicité, son universalité et sa gratuité et n’ayant pas besoin de lecteur spécial pour le rendre exploitable. Il est de plus en plus utilisé partout où les données doivent être lues rapidement et permet d’accéder directement, via un smartphone ou une tablette, à toutes sortes de contenus que le magazine met à la disposition du lecteur pour enrichir les thèmes abordés. Certains lecteurs ne connaissent pas le fonctionnement du code QR et risquent de se poser des questions. Son utilisation est très facile. Il suffit de dégainer votre smartphone, lancer une application (elle reconnait automatiquement le code) qui permet de lire les QR codes (exemple Unitag, google lens, …), qui vous propose de suivre un lien, d’accepter et vous voilà en train de voir du contenu multimédia apportant un précieux complément d’information et de valeur ajoutée à l’article publié dans le magazine : - Vidéos de démonstration (matériel) ou d’explication (symptôme de maladies, …), compte rendu de salons ou conférences, wébinaires ou journées d’information des entreprises, … - Galeries de photos avec des légendes, - Voir une version en ligne des articles, beaucoup plus détaillée, - Voir plus d’articles qui traitent de la même thématique, - Entrer en contact avec l’auteur d’un article, - Entrer en contact avec une entreprise dont la publicité a attiré votre attention (scan du QR code pour copier les coordonnées dans votre répertoire téléphonique, ou appel direct…), - Accéder aux archives en ligne du magazine, - Télécharger les numéros du magazine en version PDF,
- Indiquer un lieu sur une carte, par exemple la position exacte d’une entreprise ou du lieu de déroulement d’un évènement, - Participer à un sondage ou questionnaire en remplissant en ligne un simple formulaire après avoir flashé le code, - Participer à un concours ou une tombola, organisés par une entreprise, une association, etc. - Accéder au bulletin d’abonnement, aux offres d’em� ploi, promotions - Inscrire la date d’un évènement dans son agenda, une carte de visite dans le répertoire, … - etc. A signaler que le QR code n’a aucune date limite d’utilisation et qu’il reste toujours fonctionnel même longtemps après sa parution dans le magazine. Par ailleurs, le lecteur peut rapidement et simplement diffuser le lien d’articles au sein de sa communauté via Facebook, Twitter, Whatsapp ou autres, ce qui est très important à l’ère des réseaux sociaux et du partage.
Vidéo & Photos Réseaux sociaux et partage social Contacts interactifs à portée de main
Pour scanner les QR codes, vous pouvez télécharger des applications gratuites comme Google lens sur playstore ou Unitag sur le site unitag.io/app.
Actu Actu Réflexion SALON
Pour une agriculture Marocaine adaptée 1 aux contextes VUCA Dr.Youssef Brouziyne, Expert en Agribusiness et durabilité des chaines de valeurs agricoles
Alors que le monde attend avec impatience la nouvelle normalité après la pandémie de COVID-19, et avec la reprise des discussions sur le changement climatique lors de la conférence des parties à Glasgow (COP26), la refonte du secteur agricole et du système alimentaire est une priorité pour les gouvernements. Cette tâche est stratégique pour le Maroc en raison du rôle socio-économique vital de ce secteur dans le royaume et en raison du double choc (pandémie et sècheresse) qui a frappé le secteur au cours de la saison 2019/2020. Dans une analyse2 de la chronologie des évènements liés à la crise sanitaire et les mesures entreprises pour sa gestion par le Maroc, et ce durant une saison agricole marquée par une faible pluviométrie, des pistes de « réinvention » du système agricole marocain ont été proposées, notamment sous les différents plans et programmes gouvernementaux prévus pour ce secteur. Les crises et les chocs mettent sans doute en évidence les forces et les faiblesses des systèmes; l’année 2020 était une année VUCA par excellence, durant laquelle les organisations ont compris qu’elles doivent évoluer. En plus de la crise sanitaire, le système agricole marocain a été mis à rude épreuve lors de la saison 2019/2020 à cause du climat aussi. Une saison marquée par des températures minimales et maximales annuelles anormalement chaudes et par
un déficit pluviométrique presque généralisé sur l’ensemble du territoire. Malgré cela, le secteur agricole a rempli son rôle de sécurité alimentaire pendant cette dure saison. L’approvisionnement du marché de toutes sortes d’aliments à travers le royaume et avec des modèles de prix normaux était exemplaire, d’autant plus que le système agricole national a dû s’adapter à la tendance de la demande (interne et externe) perturbée pendant le confinement. Ce succès est attribuable à la réactivité du gouvernement et aux différents atouts de ce secteur, tels que sa production très diversifiée, et le long héritage technique de ses producteurs et techniciens. Toutefois, trois éléments sont nécessaires pour que le system agricole marocain puisse évoluer dans le futur potentiellement marqué par d’autres crises et chocs.
Résilience
Une meilleure résilience de la chaîne de valeur agricole au Maroc pourrait être construite en s’attaquant à différentes vulnérabilités ré12
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
sidantes dans les systèmes de distribution locaux et étrangers, l’approvisionnement en intrants agricoles et les modes de productions. La plupart des petits agriculteurs au Maroc, y compris les éleveurs, réalisent généralement une faible marge dans toute la chaîne de valeur, car de nombreux courtiers interfèrent dans la distribution nationale des produits agricoles. Plus d’efforts dans le raccourcissement de la chaine de distribution nationale est donc de rigueur. Au Maroc, la plupart des intrants agricoles sont importés; cela comprend les produits de santé animale et des plantes, les semences, les supports de plantation et bien d’autres ingrédients essentiels à la production agricole pour le marché intérieur et l’exportation. Cette forte dépendance met le système agricole marocain à la merci d’un système de chaîne d’approvisionnement international voué à l’incertitude; L’actuelle augmentation des prix des engrais en fait l’exemple. Le Maroc doit donc renforcer sa «souveraineté» en termes de facteurs
de production dans la mesure du possible. D’autres opportunités de renforcement de la résilience du system agricole marocain résident dans l’accélération de : (1) les efforts d’adaptation aux changements climatiques notamment en termes de sélection des cultures et variétés moins vulnérables aux aléas climatiques, (2) la couverture en services d’assurance agricole des segments d’agriculteurs les plus vulnérables, et (3) la conversion (durable) en irrigation localisée.
Agilité
Ce concept fait référence à la capacité de réagir rapidement au changement et de s’adapter avec le moins de compromis possibles. Parmi les aspects dans lesquels plus d’agilité est souhaitable est la veille stratégique et technologique au niveau des marchés extérieurs. Les marchés internationaux, animés par de nouvelles tendances en consommation, connaissent de nouveaux dynamismes qui doivent être capturés et même prédits par des structures intelliwww.agri-mag.com
gentes de veille pour assurer à l’amont agricole marocain une certaine longueur d’avance. La recherche et le développement ont un rôle important à jouer dans l’exploration des horizons d’agilité de la chaîne de valeur agricole du Maroc. Des technologies durables et rentables pour les opérations de culture et d’emballage, des solutions de surveillance du marché proactives et précises, et des innovations de chaîne d’approvisionnement fiables et « best-cost » sont toutes potentiellement possibles à travers des efforts en R&D accompagnateur du nouveau contexte international.
Digitalisation
La digitalisation offre une grande opportunité d’amélioration en termes d’agilité et de résilience. L’agriculture digitale au Maroc est à son début, mais les responsables et les opérateurs ont confirmé leurs volontés d’en faire un allié dans le nouveau système agricole marocain à travers plusieurs initiatives :
systèmes d’information et des services électroniques par l’administration publique, et l’adoption des solutions numériques par les professionnels pour la gestion intelligente des opérations telles que l’irrigation. Cela laisse une énorme marge de manœuvre pour mettre en œuvre des solutions numériques tout au long de la chaîne de valeur agricole afin de répondre aux opportunités d’amélioration susmentionnées. Des plateformes de commerce électronique peuvent aider à raccourcir la boucle de distribution pour les petits agriculteurs afin d’améliorer leurs marges. Les observatoires électroniques et les simulateurs intelligents de la demande des marchés étrangers devraient accroitre l’agilité d’une agriculture tournée vers l’exportation. Des alertes précoces de sécheresse et d’autres extrêmes induits par le changement climatique amélioreront la préparation des agriculteurs à ces phénomènes.
Conclusion
Le système agricole du Maroc est considéré comme l’un des leaders de la région, permettant même au royaume d’exporter son expérience dans ce secteur vers d’autres pays dans le cadre des collaborations sud-sud. Ce secteur contribue à la prospérité socio-économique du pays et répond à l’essentiel de la demande alimentaire nationale. Cependant, la très rude saison 2019/2020, marquée par la pandémie et la sécheresse, a mis en évidence des opportunités d’amélioration sur l’ensemble de la chaîne de valeur et a souligné l’urgence d’accélérer les plans
d’action déjà lancés. Trois aspects semblent pouvoir apporter plus d’adaptabilité du system agricole national au futur incertain et complexe :
(1) renforcer la résilience dans les systèmes de distribution et de commercialisation locaux et étrangers, dans la chaîne d’approvisionnement en intrants agricoles, et dans les systèmes de production faisant face aux impacts du changement climatique, (2) acquérir de l’agilité face à la volatilité en temps de crise et de faire face aux changements attendus dans le commerce international et le comportement des consommateurs durant et après la pandémie,
(3) l’accélération de la transformation digitale du système agricole national tout au long de la chaine de valeur. La bonne nouvelle est que l’avènement de ce contexte international incertain et ambigu, coïncide avec le développement de plusieurs programmes et plans gouvernementaux touchant directement ou indirectement ce secteur stratégique tels que le plan Génération Green, le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation 2020-2027, et le Nouveau Modèle de Développement... ; Ce qui représente une vraie opportunité pour construire un système agricole capable d’évoluer dans un contexte VUCA.
1 VUCA : acronyme pour Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity a été introduit par le US Army War College dans les années 90 ; généralement utilisé dans les sciences du leadership pour décrire les contextes multilatéraux, volatiles, incertains, complexes et ambigus. 2 BROUZIYNE, Y. (2021) Morocco’s agricultural system response to the dual shock of the COVID-19 crisis and drought: learnings and recommendations for the new normal. Food Research 5, 461–476, https://doi.org/10.26656/fr.2017.5(3).073
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
13
Actu Actu Produit SALON
QUALITE DE LA TOMATE
Quels sont les facteurs qui l’influencent ? On considère que les 5 principaux facteurs qui agissent sur la texture, la saveur et les arômes de la tomate sont dans l’ordre : - La variété - L’intensité de la lumière sur le lieu de culture - La fertilisation - Le stade de maturité au moment de la cueillette - Le délai entre la cueillette et la consommation du produit INFLUENCE DE LA GENETIQUE CHOIX DE LA VARIETE
Comme dans beaucoup d’autres espèces végétales où les fruits sont consommés crus, les variétés présentent des qualités gustatives fort différentes et le choix variétal est assurément le premier facteur de qualité. Comme le rendement et la qualité des fruits sont souvent antinomiques, le choix d’une variété est souvent un compromis technico-commercial entre le rendement espéré en kgs/m² et la valorisation financière en €/kg qui pourra être apportée par la qualité. Sans rentrer dans les détails (complexes), montrons, au travers de deux exemples relativement récents, quelle peut être l’influence de la sélection génétique sur la qualité des tomates.
Homogénéité de la couleur
L’absence de collet vert est due à un gène U isolé sur des tomates mutantes : par croisements successifs ce gène a été administré à la plupart des variétés cultivées pour obtenir des colorations homogènes de fruits, plus vendeuses, même si l’intensité du rouge était moins intense que sur les variétés à collet. D’autres mutations modifiant la teneur en caroténoïdes 14
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
(notamment le lycopène) ont permis d’améliorer ou de modifier la coloration des fruits : en Europe, on recherche des fruits rouges brillants alors que les Japonais apprécient des fruits plus roses. Amélioration de la fermeté Les gènes nor (no ripening) et rin (ripening inhibitor) provenant de mutations ont été isolés et administrés par croisement à des variétés de tomates dont on souhai-
tait qu’elles mûrissent plus lentement : en bloquant les mécanismes de maturation (émission d’éthylène, respiration et dégradation des parois cellulaires) ces deux gènes allongent de façon voisine, la durée de conservation des fruits permettant leur stockage ou leur transport par voie lente. Le gène nor entraîne cependant des défauts de coloration (fruits très orangés) et de goût.
INFLUENCE DE LA CONDUITE CULTURALE La lumière et le CO2 La lumière est le moteur de la photosynthèse donc de la fabrication des sucres. Le CO2 en est le combustible. Plus la lumière et le gaz carbonique (CO2) sont élevés, plus ils influencent favorablement la teneur en matière sèche (donc la fermeté) et la teneur en sucres des fruits. L’acidité est peu affectée par contre.
La température
La température est un catalyseur de toute activité biologique mais la maîtrise des régimes de température (jour/nuit) en relation avec les niveaux de lumière et de CO2 est très complexe. Pour parler seulement de son rôle sur les fruits des tomates, disons qu’une augmentation de la température accélère le développement du fruit, hâte sa maturité aux dépens du calibre. La fermeté est moins bonne surtout quand la maturité est en cours (dégradation enzymatique des cellules des parois). A l’inverse, des températures froides favorisent la prise de calibre, avec des risques de moins bonne fécondation (fruits difformes, creux) et de moins bonne coloration (blotchy). www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
15
Actu Actu Produit SALON L’hygrométrie
Elle joue un rôle important sur la transpiration des plantes : un déficit hydrique trop élevé referme les stomates qui, à l’extrême, peut réduire le calibre des fruits et conduire à des accidents comme le Blossom-end-rot (« cul noir »). Au contraire, un air trop humide ralentit les échanges, conduisant à des fruits mous, avec des points dorés ou du blotchy.
L’eau et la salinité
La transpiration qui assure les flux ascendant et descendant dans la plante dépend de la disponibilité de l’eau au niveau des racines. Quand la salinité est augmentée, le prélèvement d’eau par les plantes est réduit et la concentration en sucres, acides et composés volatils est plus forte. Signalons les conduites très salées des producteurs italiens des
types San Marzano et des producteurs espagnols des type Pinton pour augmenter le goût des tomates (l’indice brix augmente sensiblement avec l’application d’Ec très élevées mais les rendements baissent) Remarquons cependant qu’un fruit mal alimenté en eau aura une peau plus épaisse. Si la fermeté est améliorée, la consistance de la peau peut être gênante en bouche.
La fertilisation
Une augmentation de la fertilisation potassique augmente l’acidité des fruits ainsi que leur teneur en solides solubles. Le potassium diminue les défauts de maturation, augmente la fermeté des fruits. L’apport de chlore augmente également l’acidité des fruits. Une alimentation riche en azote tend à diminuer la teneur en sucres
des fruits.
La protection phytosanitaire
Produire des fruits exempts de résidus de pesticides participe grandement à la qualité même si la valeur gustative n’est pas affectée. La protection biologique intégrée en réduisant la fréquence des traitements phytosanitaires doit permettre la valorisation de fruits « propres » qui ne peuvent être suspectés d’altérer la santé humaine (notion de sécurité alimentaire). En général, tout écart de conduite sur la plante et affectant son fonctionnement aura des répercussions sur la qualité des fruits : à priori toutes les conduites favorisant la prise d’une trop grande vigueur auront une influence négative sur la qualité des fruits : citons le greffage, des arrosages excessifs, une trop forte température de racines,… Des densités trop élevées, des effeuillages en retard auront les mêmes conséquences qu’un manque de lumière. Une conduite trop végétative en hiver, ou trop générative en été, affectent l’équilibre de la plante notamment dans la compétition entre feuilles et fruits dans l’absorption d’eau, de calcium et des autres minéraux.
INFLUENCE DES MODES POST- RECOLTE Physiologie d’un fruit récolté Respiration
C’est une fonction vitale de toute activité biologique qui consomme de l’oxygène et rejette du gaz carbonique. Pour un fruit séparé de la plante, la respiration est une dégradation qui s’accompagne d’émission de chaleur et raccourcit sa durée de 16
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
vie commerciale. A 20°C, la respiration d’un kilo de fruits dégage environ 8 joules de chaleur et 2,5 grammes de CO2 par jour.
Emission d’éthylène
Elle est liée à la respiration mais est surtout révélatrice de la phase de maturité qu’a atteint le fruit. En milieu confiné, l’éthylène produit par le fruit auto-accélère la maturité de celui-ci. A 18°C, l’émission d’éthylène par kilo de fruit atteint 2µl/h en variété standard alors qu’une variété long-life ralentit le phénomène à un niveau inférieur à 1 µl/h. Précisons que les régulateurs de maturation des fruits utilisés en fin de culture se décomposent précisément en éthylène : ils déclenchent des crises de mûrissement sur les fruits présents sur la plante pour hâter leur récolte.
Perte d’eau
Le fruit de la tomate n’y est pas trop sensible si l’environnement climatique est maîtrisé. Les pertes d’eau sont voisines de 0,1 à 0,5% par jour. Au-delà de pertes supérieures à 7%, la dépréciation commerciale est atteinte (flétrissement visible)
Evolutions de la qualité La coloration
Il y a peu de travaux pour définir le stade optimum de coloration qui préservera le mieux la qualité du fruit dans son itinéraire post-récolte. Cueillir à un stade vert est sans doute favorable à la fermeté (les parois vertes du fruit résistent mieux et plus longtemps aux chocs) mais les valeurs aromatiques et sucrées sont moins dégradées par un circuit court de commercialisation qui commandera un stade de cueillette plus rouge. www.agri-mag.com
La fermeté et les chocs La fermeté des fruits décroît dès la maturité à cause des pertes respiratoires et après la récolte par les manipulations de récolte, conditionnement et transport. Tous les chocs ou coups subis ont une traduction biologique (augmentation de la respiration et de l’émission d’éthylène, entrée de parasites) ce qui réduira la durée de conservation du fruit.
Notion de durée de vie
La durée de vie (« shelf life » en anglais) est une évaluation de la conservation d’un fruit tenant compte de sa fermeté et du maintien de sa coloration. Ce critère permet de classer les différentes variétés dans les types long-life (longue conservation estimée à 3 semaines), mid-life (conservation de 2 semaines) ou classiques (1 semaine)
L’état sanitaire
Les parasites se développant sur la tomate après la récolte sont principalement le Botrytis, l’Alternaria et le Rhizopus. Les contaminations de ces parasites de faiblesse dépendront des conditions de conservation des fruits et de l’intensité des chocs et meurtrissures subis.
Facteurs de maintien de la qualité www.agri-mag.com
en salle de stockage La température
L’abaissement des températures ralentit les 3 phénomènes physiologiques décrits plus haut. Maintenir des tomates dans une atmosphère comprise entre 8 et 14°C stabilise leurs évolutions. En deçà, on s’expose à des blocages qui procureront au fruit une mauvaise coloration, une diminution de la qualité aromatique et une augmentation de la farinosité. La remise en température restituera la qualité en particulier pour les fruits récoltés à un stade tournant.
L’hygrométrie
Elle doit se situer entre 80 et 90%. Si elle est inférieure à 80%, on risque des pertes de poids et au-dessus de 90% le développement des moisissures. La condensation de vapeur sur des fruits froids intervient dès qu’on introduit un air trop chaud d’environ 7 à 8°C supérieur (à 60% HR) : il faut faire des étapes thermiques transitoires pour éviter le phénomène. Le contrôle des gaz et la ventilation Le renouvellement d’air est indispensable dans les locaux de stockage pour éviter l’accumulation d’éthylène et de gaz carbonique dégagés
par le mûrissement des fruits. Il est important également d’éloigner les fruits sains des fruits meurtris ou pourris dont les émissions de gaz sont importantes et qui risquent aussi de contaminer les lots proches en champignons et autres microorganismes.
La réduction des chocs et meurtrissures Le fruit ayant entamé sa maturation devient moins ferme et, de la récolte à la mise en étalage, il faut réduire tous les chocs qui peuvent accélérer sa dégradation : ne pas jeter les fruits en caisses de récolte, veiller à ne pas secouer les palettes pendant les transports, surveiller les chutes de fruits sur la chaîne de calibrage, …Toutes les affectations mécaniques, physiologiques ou sanitaires survenues dès la culture peuvent également s’exprimer très tard quand le fruit se ramollit et se colore : microfissures, points dorés, blessures par le pédoncule, silvering, nécroses apicales internes, fibrosités de type blotchy… Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
17
Actu Actu Recherche SALON
AGRUMES
Principaux axes de sélection et d’amélioration Les agrumes représentent la première production fruitière mondiale. Cette production n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies. Les principaux producteurs sont le Brésil, le bassin méditerranéen, la Chine et les USA. L’orange représente une très large part de la production mondiale d’agrumes, suivie du groupe des petits fruits d’épluchage facile (mandarines, et clémentines), des citrons et des limes, des pomelos et des pamplemousses, et les autres variétés. Environ 70% de la production est destinée au marché du frais et 30% est transformée en jus, composée essentiellement d’oranges. Une infime partie de la production est également utilisée pour la fabrication d’huiles essentielles (alimentation et parfumerie), ainsi que comme plantes d’ornement. Depuis plusieurs millénaires, les agrumes sont consommés, sélectionnés, multipliés et propagés par l’homme. De nombreuses variétés cultivées, aujourd’hui à travers le monde, sont issues de sélections d’hybrides spontanés ou de sélections clonales de mutations spontanées identifiées dans les vergers. A la fin du 19ème siècle, les premiers programmes d’amélioration par hybridation sexuée sur les agrumes ont débuté aux Etats-Unis avec pour objectif principal de conférer une meilleure résistance au froid aux orangers. Les objectifs de l’amélioration se sont depuis fortement diversifiés du fait d’une plus grande exigence des producteurs et des consommateurs, mais également du fait de l’apparition de nombreuses contraintes biotiques et abiotiques. Ces
18
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
objectifs varient considérablement en fonction des besoins de chaque zone de production. De nos jours, l’agrumiculture moderne repose sur la culture intensive de plants greffés. Ainsi, les objectifs d’amélioration des porte-greffes et des variétés peuvent être généralement dissociés, simplifiant le schéma d’amélioration.
Objectifs d’amélioration des porte-greffes La principale fonction des porte-greffes est de faciliter l’adaptation des variétés aux différentes conditions environnementales dans les différentes zones de culture. L’utilisation de porte-greffes a été conditionnée par l’apparition de certaines maladies causant de graves pertes économiques. Ainsi, le premier porte-greffe utilisé dans le monde fut le bigaradier (Citrus aurantium L.) pour sa
tolérance aux Phytophthora sp. De plus, il est l’un des rares à tolérer aussi bien des sols calcaires que des sols acides, l’hygromorphie et dans une certaine mesure, la salinité. Cependant, les bigaradiers se sont avérés particulièrement sensibles à la maladie de la tristeza, apparue au début du 20ième siècle. La diffusion de la tristeza, à la quasi- totalité de l’aire de production des agrumes, entraîna la mort de près de 100 millions d’orangers et de mandariniers greffés sur bigaradier. Actuellement, un nombre limité de portegreffes est disponible et ils doivent préalablement être testés dans les différentes conditions pédoclimatiques avant d’être cultivés. Le travail d’amélioration des porte-greffes consiste à obtenir des génotypes résistants ou tolérants aux contraintes biotiques et abiotiques. Les premiers critères recherchés sont une bonne adaptation aux sols alcalins ou acides, une bonne tolérance aux pathogènes du sol en particulier aux Phytophthora sp. et aux nématodes et une tolérance à la tristeza. De plus, le porte-greffe doit être compatible avec la variété et favoriser une forte productivité ainsi qu’une bonne
qualité des fruits comme le calibre, l’épaisseur de la peau, la teneur en jus ou la saveur du fruit. Les portegreffes entraînant une entrée rapide en production de la variété sont également recherchés. La production de semences vigoureuses avec une polyembryonie élevée est un autre aspect souhaité par le pépiniériste, car il facilite la propagation et l’uniformité des plants et réduit les coûts de production. D’autres critères plus spécifiques des régions peuvent être également pris en considération. Ainsi, la résistance au froid pour la Floride, le Japon ou la Géorgie, la tolérance au stress hydrique, au calcaire ou à la salinité pour certains pays du bassin méditerranéen, constituent des critères particulièrement importants.
Objectifs d’amélioration des variétés Le travail d’amélioration des agrumes consiste à obtenir de nouvelles variétés répondant aux exigences des producteurs, des consommateurs et des circuits de distribution. Les objectifs d’amélioration seront différents selon la destination finale des fruits. www.agri-mag.com
Ainsi, pour le marché du frais, la qualité des fruits est le critère essentiel. Celle-ci varie en fonction de chaque pays et de chaque groupe de fruit. Dans les pays occidentaux, elle est déterminée par la coloration externe et interne, la teneur en jus, le rapport sucre/acidité, l’arôme et l’aspermie. Des différences d’appréciation notables existent toutefois entre les différents pays. En France par exemple, les variétés acidulées sont recherchées tandis qu’en Angleterre et dans les pays du Nord, la douceur et les forts taux de sucre sont très prisés. Dans les zones tropicales, la teneur en jus et en sucre ainsi que la faiblesse de l’acidité sont les principales qualités requises tandis que le manque de couleur n’est pas rédhibitoire. La productivité, l’étalement de la production, la disponibilité d’une gamme variétale, la tenue du fruit sur l’arbre, la facilité d’épluchage et le comportement des fruits après récolte constituent également des objectifs importants des programmes de sélection. Des variétés tardives de qualité de type clémentines/ mandarines sont ainsi particulièrement attendues par le marché. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants pour la qualité, accroissant la compétitivité sur les marchés internationaux. Le maintien de l’attractivité et de la compétitivité dépend fortement de la disponibilité de nouvelles variétés répondant aux attentes des producteurs et des consommateurs. Le travail de l’améliorateur consiste ainsi à développer une gamme variétale correspondant au plus près aux désirs subjectifs de chacun. Pour l’industrie de la transformation en jus, les orangers sont principalement concernés. Les principaux critères sont la productivité des orangers, la teneur en jus et en sucre ainsi que la nature des pigments. La production de jus de pomelo, de citron et de clémentine bien que marginale par rapport à l’ensemble du marché du jus, peut être une source de diversification dans certaines régions. Pour les pomelos et les citrons, la teneur en jus est l’élément le plus important. Actuellement, le jus de clémentine et de mandarine se développe et la recherche tend vers de nouveaux hybrides produisant des jus de qualité, riches en polyphénols avec une haute valeur santé. www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
19
Programme SABA+ de Syngenta Amélioration de la productivité
L
a filière céréalière constitue l’une des plus importantes filières de la production agricole au Royaume du Maroc en raison de son rôle éminent à la fois sur le plan social, économique et stratégique. En dépit des efforts déployés pour développer cette culture, il est à noter que les moyens de production restent insuffisants et instables pour atteindre un rendement satisfaisant et répondre aux besoins de consommation. Ceci est une conséquence logique liée au fait qu’il existe un manque de maîtrise complète de l’itinéraire technique de la culture ainsi qu’un manque de retour sur investissement. Syngenta, leader mondial de la production des semences et la protection de cultures, consciente de l’importance de cette culture et soucieuse d’apporter sa contribution pour arriver à une rentabilité efficace du secteur, propose aux agricul-
20
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
teurs céréaliers le programme SABA+. Il s’agit d’une initiative par laquelle ce leader mondial accompagne les producteurs céréaliers afin de les aider à surmonter les obstacles qui ne leur permettent pas d’atteindre des niveaux de rendements importants et optimaux et donc un bon retour sur investissement. A travers SABA+, Syngenta met à la disposition des agriculteurs un conseil technologique, un accompagnement technique et un partage d’expériences et d’expertise nécessaires au bon déroulement du tout le cycle de la production des céréales ainsi que ses expérimentations aux champs. Grâce à ce programme, Syngenta informe les producteurs céréaliers plus amplement sur les itinéraires techniques, ainsi que sur toutes les solutions proposées, relatives aux problèmes de la culture des céréales, par le biais des réseaux sociaux mais aussi la présence sur le terrain. L’objectif à long terme étant de
diffuser un savoir-faire approprié à ce domaine et ainsi, contribuer à l’accroissement de la productivité. SABA+, un programme ambitieux dont le centre de focalisation est le producteur céréalier marocain. Syngenta célèbre le succès de sa troisième édition cette année en s’engageant sur une nouvelle campagne 20212022.
Retour sur l’expérience de l’année dernière : https://bit.ly/3EpguJJ SABA+ continue encore avec vous et pour vous chers agriculteurs.
Voir la vidéo www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
21
La pastèque victime de sa réussite
En plus du lot habituel de difficultés vécues par les producteurs ces dernières campagnes, la circulation de certaines fausses informations autour de la qualité de la pastèque a freiné la consommation de ce fruit en pleine saison de production 2021 et entrainés une chute vertigineuse des prix.
E
n effet, si les volumes à l’export sont pratiquement restés au même niveau que la campagne précédente (218.000 tonnes au 20 juin), l a demande sur le marché local a été plus faible que la normale, en raison des craintes liées aux résidus chimiques et semences OGM, en pleine campagne de récolte. Le détournement du consommateur de ce fruit remonte au mois de mai dernier et la tendance baissière des prix s’est poursuivie tout l’été. Une situation qui a même incité le ministère ainsi que les associations professionnelles à intervenir pour démentir catégoriquement les rumeurs qui circulent concernant la qualité de la pastèque mise sur le marché. Ils ont ainsi tenu à rassurer le consommateur que ce fruit est parfaitement conforme aux normes de sécurité sanitaire tout en rappelant que les semences OGM
sont interdites dans le royaume. Le ministère a également précisé que les différentes analyses effectuées par l’ONSSA avaient révélé l’absence de contaminants dans ce fruit durant la campagne 2021. Il s’agit, en l’occurrence, de résidus de pesticides, de métaux lourds et de bactéries (salmonelles et coliformes). Par ailleurs, le système européen de surveillance n’a signalé aucune non-conformité sur la pastèque marocaine exportée durant les cinq dernières années. Ce qui fait dire au ministère que les rumeurs partagées sur les réseaux sociaux au sujet de la nocivité de ce produit sont irresponsables, sans fondement et qu’elles portent préjudice aux agriculteurs et à la filière entière. Les opérateurs doivent disposer d’une autorisation préalable d’importation des semences délivrée par l’ONSSA qui exige que les semences soient accompagnées par une attestation délivrée par l'obtenteur du pays d’origine, démontrant qu’elles ne sont pas génétiquement modifiées. (Voir encadré) Par ailleurs, les semences importées sont soumises à un contrôle technique et phytosanitaire systématique aux frontières pour s'assurer de leur conformité aux normes avant d’autoriser leur commercialisation. Ainsi, tous les plants et semences, destinés à la commercialisation dans le royaume doivent être préalablement inscrits au catalogue officiel national des variétés cultivables au Maroc. Ceci, après avoir rempli toutes les conditions nécessaires.
22
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
23
Surproduction
Au Maroc, la pastèque est une culture traditionnelle pratiquée depuis très longtemps. Au cours des 50 dernières années sa culture a suivi une tendance haussière régulière en termes de superficies et de rendements. Bénéficiant d’avancées technologiques importantes (variétés performantes, greffage, goutte à goutte, fertilisation maitrisée, …), elle a même connu, au cours des années 2000, un très fort développement. Cependant, ces dernières campagnes, les professionnels déplorent une surproduction qui dépasse la capacité d’absorption limitée du marché, résultant d’une importante extension de la culture de la pastèque dans plusieurs régions, notamment du sud. Ainsi, l’entrée en production simultanée des différents terroirs s’accompagne chaque année d’une chute des prix et de difficultés de commercialisation. A cela s’ajoute l’intervention de nombreux intermédiaires qui font chuter davantage les cours, ce qui aggrave le problème à l’échelle nationale. Coté production, les agriculteurs déplorent plusieurs facteurs qui ont contribué à une augmentation significative des charges de production notamment la hausse des prix des intrants (engrais, produits phytosanitaires, plastique...) et de l’énergie.
24
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
De plus, lors du pic de production de la pastèque, elle subit la concurrence d’une multitude d’autres fruits d’été qui entrent en production à même la période comme le raisin, la pêche, les différents types de melon, …). Selon les professionnels, et comme pour d’autres filières agricoles marocaines, la solution résiderait dans l’organisation professionnelle de la filière. Cette organisation permettrait de faire une meilleure planification des surfaces à l’échelle nationale et par région, éviter les intermédiaires, et pouvoir commercialiser les produits dans de meilleures conditions. Par ailleurs, cette organisation permettrait l’échelonnement du calendrier de semis, le choix des variétés les plus adaptées à chaque zone et à la période de plantation (précocité, tardivité) et d’éviter ainsi le télescopage des productions. Aussi et comme solution il faut conquérir de nouveaux marchés soit en Europe, en Afrique et au Moyen Orient.
Les exportations se maintiennent
Ces dernières années, malgré les fluctuations interannuelles de la production, les volumes exportés par le Maroc ont connu une progression continue. Cette évolution vient en réponse à la demande de certains pays européens, principalement ceux habités par beaucoup d’émigrés marocains et maghrébins, et à la coïncidence du cycle de production au Maroc avec les périodes creuses dans ces pays. Cette campagne, le Maroc a vendu plus de pastèques sur le marché européen que l'Espagne au cours des six premiers mois de l'année, la surpassant ainsi pour la première fois. Les Pays-Bas étaient le troisième fournisseur de pastèques du marché de l'UE et la quatrième place a été occupée par le Costa Rica. Cependant, nuance un professionnel, « Tout le monde se réjouit du fait que le Maroc ait surpassé l’Espagne dans les exportations de pastèque vers l’UE, mais la situation doit être
analysée sous tous les angles. Il faut savoir que l'Espagne a pris il y a trois ans la décision de réduire la superficie cultivée en pastèque pour préserver la nappe phréatique, de même que pour les superficies de l'avocat ». Par provinces, Almeria domine les exportations espagnoles de pastèque, principalement destinées aux marchés de l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Portugal. Les principaux concurrents de l’Espagne restent le Maroc, la Grèce, la Hollande, la Hongrie, le Brésil et la Turquie. A noter que l’amélioration des performances à l’export des pastèques marocaines est le résultat entre autres, des efforts des producteurs et des exportateurs, notamment pour l’amélioration de la qualité, le respect des normes et de la traçabilité, et la diversification des marchés. Par ailleurs, la durée de la fenêtre d’exportation a été considérablement élargie, passant de 4 mois (de mars à juin) en 2003 à plus de 6 mois actuellement. Ceci a amélioré le positionnement de nos exportateurs sur le marché mondial. L’analyse des exportations par destination montre qu’un grand travail a été effectué pour la diversification des marchés. Actuellement, le Maroc est présent particulièrement sur plusieurs marchés en Europe : la France, l’Allemagne, les Pays Bas, le RoyaumeUni, l’Italie et l’Espagne. Mais sa position géographique lui permettrait de conquérir d’autres marchés en Europe. Des opportunités sont aussi présentes dans les pays d’Afrique subsaharienne et les marchés du Moyen Orient (dominé actuellement par les pastèques iraniennes).
Mode de consommation
D’une manière générale, les agriculteurs marocains visent la production de pastèques d’un gros calibre (15-20 kg) d’une qualité interne répondant aux exigences du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé, ...). De ce fait, le choix variétal se porte généralement sur les variétés qui permettent de satisfaire ces différentes exigences. Les habitudes classiques de consommation des pastèques sont encore très présentes, le consommateur marocain restant très attaché aux pastèques traditionnelles de gros calibre associées dans son esprit à une meilleure qualité. Comptant sur les changements de la société marocaine -dont les familles comprennent désormais moins de personnes-, certaines maisons semencières ont tenté d’introduire des variétés de petits à moyens calibre (5 à 10 kg), qui répondent logiquement mieux aux besoins. Cependant, dans l’esprit des consomwww.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
25
mateurs, le gros calibre reste synonyme de maturité du fruit et d’un bon taux de sucre. Au Maroc, la mini-pastèque reste donc un produit plutôt destiné à l’export avec un très petit marché de niche fortement dépendant de contrats ponctuels entre certains producteurs et les distributeurs européens. Pourtant beaucoup de consommateurs, essentiellement dans les grandes villes, souhaiteraient trouver dans les étals des pastèques de taille moyenne de bonne qualité gustative et, pour certains, sans pépin. Dans ce sens, l’introduction de la mini pastèque peut être un moyen pour dynamiser le marché et redresser les prix. A l’instar de la tomate, le marché de la pastèque pourrait connaitre une segmentation avec des pastèques noires, des striées, des seedless, des mini pastèques de 4 Kg, etc. Malheureusement à l’heure actuel, le type classique à savoir le Crimson sweet allongé reste dominant et représente plus de 98% du marché. A noter également, qu’un large choix variétal existe déjà et les principales maisons grainières proposent des variétés intéressantes dans les différents segments. En attendant le changement des mentalités, on trouve de plus en plus dans les grandes villes, des pastèques en tranches que ce soit dans les grandes surfaces ou dans les épiceries de quartier.
Choix de la variété
De manière générale, en plus d’un bon
26
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
rendement commercial et de fruits de gros calibre (15-20 kg), le choix des agriculteurs marocains se porte sur les variétés qui permettent de satisfaire aux différentes exigences qualitatives du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé...). D’autres exigences peuvent s’ajouter en fonction de la région et du créneau visé : précocité, résistance au transport (écorce assez rigide), résistance aux maladies… L'un des atouts de certaines variétés leader sur le marché est la bonne conservation qui permet aux producteurs de garder les fruits plus longtemps sur la parcelle en attendant de meilleurs prix sur le marché. A noter que pour répondre aux impératifs de l’export, les producteurs tournés vers les marchés étrangers ont globalement des exigences variétales spécifiques : calibre, taux de sucre, qualités gustatives, résistance au froid (pour le segment précoce) et une bonne tenue après récolte pour supporter le transport sur de longues distances. Mais globalement les variétés cultivées pour l’export et le marché local sont les mêmes. Choix des porte-greffes Pratiquement tous les producteurs recourent aujourd’hui au greffage qui permet de contourner certains problèmes liés notamment à l’exploitation successive des parcelles de production (fatigue du sol, monoculture, maladies racinaires …). Cependant, les producteurs doivent être conscients que chaque porte-greffe
présente des inconvénients et des avantages. Les caractéristiques les plus importantes à prendre en considération sont : - Meilleure vigueur de la plante, - Résistance au froid et à la salinité, - Homogénéité de la germination des graines, - Meilleur calibre des fruits tout au long du cycle de production, - Tolérance ou résistance aux Nématodes et aux maladies du sol (différentes races de fusarioses, verticillioses et aux pythiums), - Grand pouvoir de régénérescence de nouvelles racines, - Durée de production prolongée - Compatibilité avec le greffant (conserve la qualité gustative) Toutefois, le porte-greffe doit être choisi en fonction du type de sol afin d’éviter les accidents physiologiques et l’éclatement des fruits. Par ailleurs, beaucoup de producteurs accusent le greffage de baisser la qualité gustative des pastèques qui auraient un gout de ‘’courge’’. Les semenciers interrogés expliquent que c’est une question de compatibilité encore la variété greffée et le porte-greffe et aussi de la gestion appropriée des plants greffés notamment en ce qui concerne la fertilisation. Certains professionnels estiment que ce goût particulier est accentué avec l’augmentation des températures au cours du cycle.
Les raisons d’une confusion
Les personnes qui ont fait circuler ces fausses rumeurs ne font malheureusement pas la différence entre une semence hybride et une semence OGM. Les semences hybrides sont issues d’un croisement entre deux parents qui présentent des qualités complémentaires. Le résultat de ce croisement est un hybride F1 doté de qualités supérieures. Ce type de semences ne présente aucun danger sur la santé humaine vu qu’il ressemble exactement à ce qui se passe dans la nature pour les semences non hybrides (pollinisation ouverte). Quant aux semences génétiquement modifiées (OGM), elles sont le résultat d’une modification génétique de l’ADN au niveau d’un laboratoire. Cela passe par l’ajout ou le changement des gènes afin d’introduire de nouvelles résistances ou caractères recherchés. Ce type de semences fait toujours l’objet de polémiques au niveau mondial. Le Maroc fait partie des pays qui interdisent l’importation www.agri-mag.com ou la production des semences OGM
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
27
Céréaliculture
Résistance du Ray-grass aux herbicides
Un nouveau défi pour la céréaliculture au Maroc
Les herbicides assurent une lutte rapide, efficace et économique, et par conséquent, ils doivent être considérés comme des outils à préserver. En cas d’utilisation non raisonnée et/ou abusive, il faut s’attendre au phénomène de la résistance qui les rendra inefficaces et/ou à des problèmes environnementaux. Déjà à l’échelle mondiale, 74 espèces associées à la culture du blé ont été déclarées résistantes aux herbicides utilisés sur cette culture en Novembre 2017. Au Maroc, les doléances concernant ce phénomène ont été faites par les
céréaliculteurs ces dernières années. Ainsi, deux espèces ont été pointées du doigt: le ray-grass résistant aux herbicides antigraminées et le coquelicot résistant aux herbicides anti-dicots tels que 2,4 D et
Tribénuron-méthyle. Cependant, la résistance du Ray-grass reste la plus importante puisque cette graminée a développé deux types de résistance croisée et multiple et infeste actuellement des surfaces importantes conduites en intensif dans les principales régions agricoles du pays. L’inquiétude exprimée par les agriculteurs vis-à-vis de ce problème est due à plusieurs raisons : Chute des rendements, Augmentation du coût de désherbage, Retour à des pratiques coûteuses (énergie et temps), Baisse de la productivité de la filière céréalière, Risque d’abandon de l’activité à long terme…
Comment se développe la résistance aux herbicides
La résistance aux herbicides est la capacité de survie et de reproduction qu’acquiert une mauvaise herbe après avoir été exposée (dans les bonnes conditions) à la dose d’un herbicide qui devrait normalement lui être létale. Deux hypothèses ont été avancées pour expliquer l’origine de ce phénomène. L’hypothèse la plus simple est que toute population de mauvaises herbes est susceptible de renfermer quelques individus (écotypes) naturellement résistants avant toute utilisation (ou même fabrication) de l’herbicide. Selon cette hypothèse, les opérations de désherbage chimique ne font que sélectionner les individus résistants préexistants aux traitements. L’hypothèse alternative est l’existence d’individus non résistants naturellement, mais ayant une mutation permettant de produire progressivement des résistants sous l’effet des traitements. Dans ce cas, il s’agit d’une sélection progressive de la résistance. Tant que la pression de sélection est constante, élevée et identique, l’apparition de la résistance est inévitable. Ainsi, cer-
tains facteurs ou pratiques de gestion des céréales peuvent augmenter les chances de développement de mauvaises herbes résistantes aux herbicides : • L’utilisation de la lutte chimique comme méthode exclusive de désherbage, • L’utilisation de façon répétitive du même herbicide ou du même groupe d’herbicides, • La monoculture encourage souvent l’utilisation du même herbicide ou groupe d’herbicides, • La rotation de courte durée (exemple betterave / céréales ou légumineuses / céréales), • La résistance risque de se manifester parmi les mauvaises herbes annuelles qui produisent une quantité importante de semences (cas des chénopodes, des graminées etc.) ou/et plusieurs générations par saison de croissance, • La forte sensibilité des mauvaises herbes aux herbicides : plus la plante est sensible, plus la pression de sélection est forte, • La résistance se manifeste souvent à l’égard des herbicides ayant un seul site d’action, très puissants et très efficaces (cas des Sulfonylurées, Fops, Dens et Dimes).
Types de résistance aux herbicides
Généralement, deux types de résistance aux herbicides sont à distinguer, la résistance croisée et la résistance multiple. La résistance croisée apparait lorsqu’une plante est résistante à plus d’un herbicide ayant le même mode d’action et appartenant à une famille ou à différentes familles chimiques. Une plante possède la résistance multiple lorsqu’elle résiste à plus d’un herbicide ayant différents modes d’action. Au Maroc, le ray-grass a affiché une résistance croisée aux herbicides inhibiteurs de l’enzyme Acétyl-Coenzyme A Carboxylase (Accase), impliquée dans la synthèse des lipides (Fops, dens et Dimes) à partir de l’an 2000 aux Doukkala et par la suite dans d’autres régions. A partir de 2010, cette graminée a fini par manifester aussi une résistance aux herbicides qui inhibent l’enzyme Acétolactate Synthase (ALS) ou Acétohydroxyacide Synthase (AHAS), enzyme impliquée dans la synthèse de trois acides aminés : valine, leucine et isoleucine. Ainsi, cette mauvaise herbe a développé une résistance multiple dans plusieurs régions céréalières.
Précautions de gestion du phénomène
Dans le cadre des rotations biennales (céréales/betterave et céréales/légumineuses) pratiquées par nos agriculteurs, la gestion du ray-grass résistant aux herbicides devient une opération très délicate car cette espèce a développé une résistance multiple à tous les herbicides anti-graminées utilisés en post levée des céréales d’automne. Un échec de l’opération de désherbage ne signifie pas forcément un problème de résistance. Ain-
28
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Photo 1: Infestation du blé par le ray-grass www.agri-mag.com résistant aux ALS (Feuilles brillantes)
Photo 2: Ray-grass manifestant la résistance multiple aux herbicides antigraminées. Ray-grass traité avec herbicide de type Fops (Nouasser, 2012) : Flèche rouge indique biotype résistant et flèche blanche indique biotype sensible
si, face à un désherbage chimique raté, il faudrait tout d’abord et avant d’incriminer la résistance aux herbicides, se poser certaines questions pour déterminer les causes éventuelles de cet échec. Ces questions devraient porter principalement sur l’herbicide (spectre d’action, dose, stade d’application), les conditions pédoclimatiques (avant, au moment et après traitement), la technique et le matériel d’application, En outre, les plantes qui apparaissent après l’application d’un herbicide non persistant peuvent fausser ce diagnostic. Les résistances soulevées dans les champs de céréales au Maroc sont liées au site d’action. Ainsi, il convient d’opter dès lors pour un herbicide de rechange auquel la mauvaise herbe n’est pas résistante. C’est une solution facile mais pas durable.
Ray-grass traité avec herbicide de type ALS (Nouasser, 2017) : Flèche rouge indique biotype résistant et flèche blanche indique biotype sensible
vaises herbes, • Utilisation des semences propres et nettoyage du matériel avant de passer d’un champ à un autre. D’ailleurs, la circulation des lots de semences et/ou de la paille contaminés ont été derrière la dissémination du ray-grass résistant dans nos champs de céréales, • Eviter l’utilisation du même herbicide ou des herbicides appartenant au même groupe dans
le même champ et plus d’une fois par saison, • Utiliser des herbicides composés de 2 à 3 matières actives ou réaliser des mélanges extemporanés d’herbicides dont le mode d’action est différent. Source : Extrait d’un article de Prof. Mohamed BOUHACHE, IAV Hassan II, Rabat
Quelques recommandations pratiques
La réussite des traitements de pré levée est conditionnée par un bon travail du sol (absence de mottes et débris végétaux) et une humidité suffisante dans le sol. Devant un cas de résistance, que faire ? En l’absence d’une résistance, comment en prévenir l’apparition ? Les réponses à ces questions sont essentiellement les mêmes. Ainsi, un certain nombre de mesures ou conseils pour gérer et/ou prévenir la résistance aux herbicides sont à recommander : • Le labour profond permet d’enfouir les semences dans le sol et empêcher leur germination et leur levée, • Le brûlis des chaumes permet de détruire en même temps les semences des mauvaises herbes, • Le faux semis permet aussi de détruire les premiers contingents de mauvaises herbes et de réduire, par conséquent, leur stock semencier dans le sol, • Pratiquer une rotation plus longue des cultures, L’utilisation de différentes cultures élargit le choix des herbicides à employer et des méthodes de travail du sol permettant de lutter contre les mauvaises herbes. Certaines cultures livrent aussi une concurrence plus féroce aux mauwww.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
29
FRUITS ROUGES
Consommation de myrtilles en hausse Les exportations mondiales de myrtilles fraîches devraient connaître une croissance régulière au cours des prochaines années, car les régions de culture continuent de se diversifier dans le monde. Les entreprises sont poussées à être plus productives et plus efficaces et à fournir constamment des fruits de haute qualité. Les cultivars améliorés joueront un rôle de plus en plus important dans les régions productrices. Selon le dernier rapport de la Rabobank sur les produits frais, la superficie mondiale de myrtilles a dépassé 205.000 hectares en 2020, et la production devrait continuer à croître fortement au cours des prochaines années. La majeure partie de la surface plantée est encore concentrée sur le continent américain, mais la région Asie-Pacifique est en pleine expansion. L’Amérique du Nord, berceau de l’industrie de la myrtille, reste une région compétente pour la culture de ce fruit, mais les parts de production se déplacent. Avec entre autre l’Amérique du Sud qui se développe rapidement, mais aussi de nouvelles régions de culture qui se développent en Europe, en Afrique et en Asie. « Nous prévoyons que les exportations mondiales en 2025/26 atteindront près de 900.000 tonnes, dont plus de 70 % proviendront des cinq premiers pays exportateurs : le Pérou, le Chili,
30
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
le Canada, le Mexique et l’Espagne/Maroc », déclare David Magaña, analyste Produits frais chez Rabobank en Amérique du Nord.
Une demande mondiale croissante
Le volume des exportations mondiales de myrtilles a augmenté à un taux de croissance annuel composé (TCAC) d’environ 11 % au cours de la dernière décennie. Les expéditions internationales et la disponibilité ont explosé au cours des 10 dernières années, alimentées par la production croissante de nouveaux acteurs de l’industrie, tels que le Pérou, le Mexique, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Chine, qui complètent l’offre existante des États-Unis, du Chili, de l’Argentine et l’offre locale de l’Europe. Depuis la saison 2019/20, le Pérou est devenu le plus grand exportateur mondial de
myrtilles fraîches, et le Chili est désormais second. « Le Chili et le Pérou ont tous deux un accès exceptionnel au marché, avec un accès libre de droits à la Chine, à l’Europe et aux États-Unis. Ces pays sont bien positionnés pour bénéficier de l’expansion de la demande mondiale », explique Gonzalo Salinas, analyste Produits frais chez Rabobank en Amérique du Sud.
Une demande en mutation
En termes de consommation, les États-Unis et le Canada combinés absorbent toujours le plus gros volume de myrtilles, mais l’Europe est désormais la principale zone de croissance de la demande. De la même manière, la Chine est en tête de la consommation de myrtilles en Asie grâce à la croissance de son offre locale et importée. Le
www.agri-mag.com
paysage de la demande est en train de passer d’une situation centrée sur l’Amérique du Nord à une situation où les moteurs de croissance sont répartis dans le monde entier.
L’amélioration des cultivars jouera un rôle clé
Le marché devenant plus compétitif et les consommateurs plus exigeants, une qualité constante est essentielle pour saisir les opportunités de croissance. « Les programmes de sélection mettent au point des cultivars répondant à différentes exigences en matière de refroidissement, en mettant l›accent sur la saveur, la fermeté et la durée de conservation afin de séduire davantage de consommateurs et de détaillants. Les producteurs peuvent bénéficier d›une meilleure efficacité des intrants, de meilleurs rendements et
de la possibilité d›une récolte mécanique », conclut David Magaña.
Choix variétal pour les différentes zones de froid au Maroc
Le Breeding de la myrtille a commencé au début du 19e siècle et la première variété hybride a vu le jour en 1920. Au fil du temps, ce sont les exigences du
L’efficacité de GREENSTIM® est visible...
consommateur, du distributeur et de l’agriculteur qui ont guidé la sélection variétale. Il faut savoir qu’entre les premiers croisements et l’obtention d’une variété commerciale, il peut s’écouler 8 à 18 ans. Pour les producteurs qui désirent se lancer dans la production de myrtille, le choix variétal est primordial et doit reposer sur une bonne connaissance de la région de production, et notam-
GREENSTIM® Osmoprotecteur biologique à action anti-stress
Réduit la chute des fleurs et des fruits (stress climatique et manque d’eau) Améliore la qualité du fruit (calibre et fermeté) Augmente le rendement Importateur - distributeur exclusif :
LALLEMAND PLANT CARE
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
31
FRUITS ROUGES aujourd’hui possible dans des pays comme le Maroc. - l’altitude et la latitude, - les degrés jours, - la fenêtre de production visée, - les exigences des marchés.
ment: - les heures de froid ou le temps de froid nécessaire pour initier la floraison (selon les régions du monde, il existe des variétés à zéro besoin, à faible besoin, à moyen ou à haut besoin en froid). C’est grâce au développement de nouvelles variétés à zéro ou faible besoin en froid que la production de myrtille est
32
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
La précocité et l’étalement de la production marocaine lui permettent aujourd’hui de répondre parfaitement aux exigences des marchés à des périodes clés. A titre d’exemple, à certaines périodes, le marché européen est approvisionné en fruits de fin de saison en provenance du Pérou et du Chili, dont la qualité est jugée inférieure à cause des longs trajets parcourus. Ce vide peut aujourd’hui être comblé par le Maroc grâce aux nouvelles variétés, à la maitrise de la conduite par les producteurs marocains, à l’existence d’une importante infrastructure de production, de conditionnement et de logistique et à la proximité stratégique qui fait du produit marocain un choix logique pour ce marché. Cependant, il doit se positionner davantage sur des créneaux de production où la concurrence est moindre. Dans ce sens, le développement actuel de la culture dans la région de Dakhla peut jouer un rôle déterminant pour
combler le gap de production entre décembre et mars. En effet, cette région aux conditions idoines est dans le collimateur de plusieurs grands producteurs. Dans l’avenir, la disponibilité de nouvelles variétés va même permettre à Dakhla de fournir le marché entre septembre et décembre avec de très bons prix producteur.
Importance de la Récolte et Post-Récolte
Les nouvelles variétés offrent une meilleure conservation et fermeté. Cependant, le producteur doit adopter un certain nombre de mesures qui vont lui permettre de conserver l’optimum de la qualité des fruits depuis la récolte jusqu’au consommateur, grâce aux bonnes pratiques au champ et à la bonne gestion de la chaine du froid. La myrtille n’est pas un fruit climactérique et de ce fait, les fruits immatures ne vont pas continuer leur maturité après la récolte. Ils doivent donc être récoltés au bon stade de maturité. Il ne faut pas non plus laisser sur l’arbre des fruits qui pourraient être en sur maturité lors de la récolte suivante. Ce n’est pas parce
www.agri-mag.com
que le marché est demandeur et les prix bons qu’il faut récolter les fruits de mauvaise qualité au risque de nuire au Marché. Parmi les mesures recommandées: - Entrainer les équipes à récolter la bonne couleur du fruit, - Prendre toutes les mesures d’hygiène qui s’imposent au niveau du champ et des stations, - Ne jamais récolter les fruits humides (rosée du matin) à cause du risque élevé de moisissures - Prévoir des zones d’ombre pour l’entreposage des caisses en attendant leur mise à froid - Utiliser des caisses qui favorisent la circulation de l’air pendant le refroidissement, - Utiliser un bon système de triage et qualité des emballages - Les barquettes doivent être perforées pour favoriser une bonne circulation de l’air, - Il faut veiller à abaisser rapidement la température des fruits
pour conserver la qualité. L’optimal serait d’abaisser la température à moins de 10 degrés en l’espace d’une heure, puis à moins de 1 degrés en l’espace de 3 heures, ensuite conserver à une température située entre 0 et 1 degré. Dans ces conditions les myrtilles peuvent se conserver jusqu’à 3 semaines. Quand
on s’éloigne de ces normes on compromet le résultat final. Ainsi, si la température de l’air est de 3°c, la durée de conservation sera de 7 à 10 jours. - Installer un bon système de refroidissement et adopter une bonne méthode de remplissage de l’espace.
INE
La dernière révolution
POTASSIUM NITRATE
en nutrition des plantes
La science démontre que les plantes ont besoin d'iode
Amélioration du développement du feuillage et des ramifications
L'application de Sangral®ine Potassium Nitrate assure de manière pratique et adéquate l'apport en iode aux cultures fertirriguées afin de maximiser leur rendement et la qualité de leurs récoltes, et améliore leur résistance aux stress environnementaux.
Amélioration de la floraison et de la qualité des fruits
Amélioration de la croissance racinaire Métabolisme optimal de l'azote Photosynthèse optimale Amélioration de la tolérance aux stress oxydatifs Augmentation de la concentration en calcium dans le fruit et de la durée de conservation
SQM EUROPE N.V.
Tel: +32 3 203 97 00 E-mail: spn-emea@sqm.com
www.agri-mag.com
Distribué au Maroc par: SCPC-SAPEL
Ait Melloul / Agadir www.scpc-sapel.ma / Tel : +212 (0) 528 24 07 10
sqmnutrition.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
33
FRUITS ROUGES
Taille de la myrtille
Respecter les particularité des différentes variétés
La taille de la myrtille est l’un des processus fondamentaux pour construire une culture équilibrée et rentable. Selon les espèces, la taille peut être mise en place de différentes manières. Nous avons recueilli quelques indications opérationnelles sur la taille des myrtilles cultivées. pleine charge végétative. On procède ainsi à un renouvellement complet de la canopée productive. Puisqu’il s’agit d’un renouvellement complet de la couronne productive, il est de bonne pratique de commencer la taille avec un climat qui permet à la plante de ne pas être trop stressée, permettant l›émission de nouveaux bourgeons et la construction d›un nouvel appareil foliaire pour mieux surmonter l›été chaud.
Principales directives opérationnelles pour une bonne taille La taille du Southern Highbush, un type de myrtille à faible besoin d’heures de froid qui est cultivé dans des latitudes au climat chaud, est une opération délicate réalisée
34
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
en fin de production avec un climat printemps-été. Dans ce cas, la plante n’est pas en repos automnal (comme pour les autres espèces) mais, au contraire, en
En renouvelant complètement la canopée productive, il est possible de maintenir l’équilibre entre les différentes branches, en travaillant sur elles pour maintenir une distribution de la canopée appropriée
www.agri-mag.com
pour éclairer également les parties internes, améliorant également la ventilation. • En modifiant la position de croissance des pousses, les variations de leur mode de végétation sont stimulées. Le passage de la position verticale à la position horizontale diminue la vigueur et augmente l’activité productive. • Plus l’angle d’insertion est étroit, plus la croissance est vigoureuse. • Pour favoriser une bonne qualité des fruits, un bon éclairage doit également être encouragé à l’intérieur du feuillage, afin de garantir l’activité nécessaire à la photosynthèse. • Les drageons qui poussent dans la partie latérale des branches doivent être éliminés car ils absorbent beaucoup d’énergie. Seuls seront conservés les rejets qui, bien que moins vigoureux, peuvent être utiles, s’ils sont raccourcis, pour les renouvellements de l’année suivante, notamment en présence de coupes de retour.
La réussite de la taille permet d’optimiser efficacité et coût de la récolte. De même, elle permet un meilleur contrôle des ennemis de
culture grâce à la bonne pénétration de l’air, du soleil et des produits phytosanitaires.
Par ailleurs, il faut respecter les particularités physiologique et morphologique de chaque variété pour la réussir et en tirer le maximum de profit, le plus longtemps possible. Par ailleurs, pour la nouvelle génétique, la mise à fruit est conditionnée par la nature et le moment de la taille (entre avril et juin). On peut ainsi agir sur la charge et le moment de cueillette en agissant sur la taille. Cependant, il ne faut pas tailler après la période critique au risque de ne pas obtenir de fruits. A noter aussi que la réussite de la taille permet de préparer le futur en facilitant la taille suivante. Parmi les bonnes pratiques recommandées pour réduire les risques liés à la taille : - Tenir compte des conditions climatiques - Arrêter la fertilisation 10 jours avant et après la taille. Mais, il faut maintenir l’irrigation avec de l’eau convenablement acidifiée. - Bien former les équipes en charge de la taille - Désinfecter régulièrement les sécateurs - Eviter de stresser les plants durant la taille par l’application de produits phyto, températures élevées, ph trop élevé…).
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
35
FRUITS ROUGES
Comment trier efficacement les myrtilles ? Ces dernières années, dans le monde entier, la myrtille est devenue un produit très populaire. Pour répondre à cette demande, la production a considérablement augmenté et un bon calibrage des différentes tailles de fruit devient également important. Les fabricants à travers le monde rivalisent d’ingéniosité pour créer des calibreuses qui répondent aux attentes de ce marché. Les nouvelles calibreuses permettent de sélectionner les myrtilles suivant leur taille, couleur et qualité externe/interne, tout en assurant un traitement optimum du fruit tout au long du procès et à une vitesse élevée. Les machines les plus sophistiquées sont équipées de caméras de pointe qui permettent un tri des qualités de fruits encore plus efficace et précise. Les nouvelles caméras, en effet, se combinent pour classer les myrtilles sur la base d’une multiplicité de paramètres indépendants les uns des autres : qualité interne (fruits tendres), qualité externe, défauts de forme, taille et couleur, avec une très grande précision et selon une pluralité de combinaisons, donnant ainsi vie à de nombreuses classes de qualité capables de satisfaire les différents goûts des consommateurs et les besoins des différentes destinations du produit. Parmi les autres avantages de ces machines haut de gamme : - la délicatesse dans le traitement du fruit, - une augmentation significative de l’efficacité de la production. - la réduction du personnel employé sur les lignes grâce au haut niveau d›automatisation des systèmes, conduisant à une réduction conséquente des coûts de main-d›œuvre. - la minimisation des litiges dus aux écarts entre le produit convenu avec le client et celui effectivement livré. Un produit de qualité constante à chaque livraison et
36
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
en totale conformité avec les normes établies entre les parties, contribue à fidéliser le consommateur final sur le long terme, avec des bénéfices conséquents pour l›ensemble de la branche grâce à une certaine augmentation de la consommation. Ces prouesses sont le résultat de la recherche et l’innovation et l’attention accordée par les fabricants aux besoins du marché et la recherche de solutions pour augmenter l’efficacité et réduire les coûts des processus de transformation des fruits et légumes. En général, ce sont les grandes entreprises qui utilisent ce genre de lignes de tri complète. Une société chinoise s’est spécialisée dans le créneau des petites machines destinées aux petits producteurs. « À l’heure actuelle, nous sommes l’une des rares entreprises au monde à avoir mis au point une machine de tri pour les myrtilles et à avoir obtenu la certification de brevet correspondante, explique le représentant d’une entreprise chinoise. Nous recevons beaucoup de demandes pour cette machine. La plupart viennent d’Europe, où notre machine est désormais très populaire. Il s’agit d’une machine très
pratique à prix bas, une consommation d’espace réduite, ainsi qu’une consommation d’énergie réduite, un mouvement flexible. Elles sont silencieuses, simples et très sécuritaires. Elles sont faciles à entretenir et peuvent être facilement utilisées par la plupart des producteurs de myrtilles. » « Notre machine à myrtille utilise la technologie de calibrage à tambour pour trier les différentes tailles de myrtilles. Selon le diamètre du fruit, la machine peut trier avec précision le fruit en différents niveaux pour répondre aux besoins des clients. Notre équipement est personnalisable en fonction des besoins du client : longueur de la bande transporteuse, la hauteur de la machine et le diamètre des trous de chaque tambour ». « Les lignes de triage qui sont très populaires pour le moment sont celles des myrtilles, mais notre ligne d’avocat est également très demandée. Nous nous sommes développés rapidement ces dernières années en Europe. Il faut environ 25 jours pour la livraison de l’équipement. Une fois sur place, il est facile d’assembler les pièces et l’installation n’est pas difficile». www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
37
Fertilisation Un biofertilisant, qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ? De nombreux agriculteurs sont engagés dans une démarche d’agriculture respectueuse de l’environnement. Pour mener à bien leurs cultures, des solutions alternatives sont mises à leur disposition, parmi lesquelles les biofertilisants. Mais qu’appelle-t-on réellement biofertilisants ? De quoi sont-ils composés et quels sont leurs intérêts ? Pour assurer leur développement, les plantes ont besoin de lumière, d’eau, de dioxyde de carbone (CO2), d’oxygène (O2), et d’éléments minéraux. Grâce à leur système racinaire, elles puisent ces ressources stockées dans le sol, afin de permettre leur nutrition. Mais le sol ne joue pas uniquement le rôle de « réservoir à nutriments » pour les végétaux, il s’agit d’un écosystème complexe. Même s’il possède un « capital nutritionnel » conséquent, une fraction des apports servant à nourrir la plante peut être immobilisée, donc indisponible pour celle-ci. C’est à ce stade qu’interviennent les micro-organismes du sol. Ils participent à des mécanismes permettant d’améliorer la biodisponibilité des nutriments, favorisant ainsi le développement de la plante. Un biofertilisant est un produit qui optimise les fonctions du sol et sa fertilité grâce à l’action des micro-organismes vivants qu’il contient, contribuant ainsi à améliorer la croissance des plantes. A noter que tout fertilisant désigné comme bio ou utilisable en agriculture biologique n’est ainsi pas nécessairement un biofertilisant.
38
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Exemples de biofertilisants intéressants pour l’agriculture
Plusieurs types de biofertilisants peuvent être différenciés, en fonction des micro-organismes qui les composent. A l’heure actuelle, les micro-organismes identifiés comme ayant les propriétés les plus intéressantes pour une utilisation agricole sont les suivants : - les bactéries fixatrices d’azote : comme leur nom l’indique, leur fonction principale est de capter l’azote présent dans le sol et dans l’air. - les bactéries solubilisatrices de phosphore : permettent de solubiliser le phosphore présent dans le sol, c’est-à-dire de le transformer sous une forme soluble et biodisponible pour la plante. - les champignons mycorhiziens : ont la particularité d’être en symbiose avec les racines de plantes (c’est-à-dire qu’il y a un accord commun entre les deux organismes).
Quel intérêt d’utiliser des biofertilisants ?
Dans le domaine de la nutrition des plantes, les progrès des techniques agricoles se sont centrés depuis plus de 60 ans sur l’amélioration des propriétés physico-chimiques des sols. Compte tenu des enjeux de productivité de l’agriculture, l’intérêt de son fonctionnement biologique était devenu secondaire. Mais les données socio-économiques de production agricole (raréfaction et enchérissements des intrants, respect de l’environnement, changement climatique…) imposent désormais de prendre en compte le fonctionnement biologique de notre sol. Le sol est une matière vivante composée d’une grande quantité de micro-organismes qui disposent de fonctions et d’intérêts différents. Soutenir cet élément vivant est donc primordial pour que les pratiques agricoles n’altèrent pas son fonctionnement et les multitudes de ressources qu’il nous offre. Les micro-organismes et le « capital nutritionnel » du sol sont pourtant rarement pris en compte dans les pratiques culturales. Des apports excessifs d’engrais peuvent alors déstabiliser les écosystèmes et entraîner des pertes importantes dans l’environnement. C’est ce qu’il se passe avec la pollution des nappes aquifères et des cours d’eaux, où l’on assiste à une destruction progressive des écosystèmes aquatiques. L’utilisation de biofertilisants peut donc permettre de réguler en partie ces différentes problématiques. Il s’agit de solutions naturelles qui permettent d’obtenir un meilleur équilibre du sol (en optimisant et régulant son fonctionnement), dans le but d’améliorer les cultures durablement. Ils ne possèdent cependant pas la capacité de remplacer totalement l’usage d’engrais issus de la chimie minérale. Leur utilisation vient donc compléter l’utilisation d’engrais, et non remplacer leur usage. www.agri-mag.com
Quels bénéfices agronomiques apportent les biofertilisants ?
Chaque micro-organisme est différent et possède ses propres caractéristiques. Par les mécanismes qu’ils mettent en œuvre, ils provoquent des réactions spécifiques chez la plante, en fonction de leur nature. Cependant, lorsque l’on regarde de manière plus générale, quatre grands types d’effets peuvent être observés lors de l’utilisation de biofertilisants : 1- Une meilleure assimilation des éléments nutritifs : certains éléments nutritifs sont présents dans le sol mais ne sont pas physiquement disponibles pour la plante, car ils se présentent sous une forme non assimilable, ou car ils sont matériellement trop éloignés des racines. Des micro-organismes comme les bactéries solubilisatrices du phosphore ou les bactéries fixatrices d’azote permettent de rendre ces éléments biodisponibles pour la plante, grâce à leur propriété et leur action dans le sol. D’autres, comme les champignons endomycorhiziens, permettent d’agrandir indirectement le réseau racinaire dans le but de rapprocher les nutriments de la plante. Par leurs actions, les biofertilisants permettent ainsi d’améliorer directement ou indirectement l’assimilation des éléments nutritifs par la plante, ce qui entraîne une optimisation de leur croissance et de leur développement. 2- Une structuration des sols propice aux cultures : Au moyen des différentes molécules qu’ils secrètent ou par le biais de leur propre morphologie (bactéries filamenteuses, …), les micro-organismes telluriques permettent d’améliorer la structure du sol. Leurs mouvements et interactions créent une meilleure aération et cohésion du sol, ce qui assure un environnement plus propice au développement de la plante et permet ainsi de limiter les phénomènes de lessivage et d’érosion. 3- La libération de molécules bénéfiques au développement de la plante comme les auxines (agissent sur l’élongation cellulaire, la croissance des apex des tiges et des racines), les gibbérellines (initient le bourgeonnement, la croissance des tiges, la floraison et la croissance des fruits) et les cytokinines (activation de la production de chlorophylle, ouverture des feuilles, croissance cellulaire, morphogénèse, etc.). 4 - Résistance aux stress abiotiques : en agissant de manière positive sur l’état nutritionnel, la croissance et l’environnement de la plante, les micro-organismes permettent aux cultures de devenir plus www.agri-mag.com
résistantes aux divers stress biotiques qui les entourent: sécheresse, salinité, chaleur, etc.
Spécificités des bactéries fixatrices d’azote
En dehors de ces avantages communs à la plupart des biofertilisants, certaines propriétés sont spécifiques à des
catégories de micro-organismes biens particuliers. Si nous prenons le cas des biofertilisants à base de bactéries fixatrices d’azote, nous pouvons ainsi observer les bénéfices suivants : - Amélioration de la nutrition azotée : grâce à leur action dans le sol, les bac-
LE FERTILISANT COMPLET RICHE EN AZOTE POUR LA BONNE NUTRITION DE VOS CULTURES BIOLOGIQUES
Formulation Exclusive Hautement Soluble
N P
K
Ca Mg
Fe
B
Zn
Mn
Cu Mo
100%
NATUREL Canne à sucre Betterave à sucre Protéines végétales
Extraction
RICHE EN OLIGO-ÉLÉMENTS FACILEMENT ASSIMILABLES Ca
FORTIFIE VOS JEUNES PLANTATIONS GRÂCE AU CALCIUM RENFORCE LA SANTÉ DU SOL EN STIMULANT SON ACTIVITÉ BIOLOGIQUE
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
39
S
Fertilisation téries fixatrices d’azote permettent une libération azotée équivalente à 20 unités d’azote par hectare selon les conditions. L’agriculteur peut ainsi diminuer d’autant l’apport de nitrates dans sa parcelle. - Diminution du lessivage des nitrates : Les bactéries immobilisent l’azote surtout à l’automne, période pendant laquelle le lessivage est le plus important. Une fois le printemps venu, lorsque la plante en a le plus besoin, l’azote peut être libéré par les bactéries sous une forme biodisponible pour la culture. Le lessivage des nitrates est ainsi limité. - Valorisation des résidus de culture : Les bactéries utilisent les résidus de culture comme nourriture pour se multiplier, les dégradent et stimulent la formation de l’humus en transformant la matière organique. La présence d’humus permet ainsi d’optimiser le développement de la plante. - Augmentation de la croissance et de la colonisation racinaire : L’optimisation de la nutrition azotée rendue possible par l’usage de bactéries fixatrice d’azote entraîne également une augmentation de la croissance et de la colonisation racinaire des cultures. - Amélioration de l’état nutritionnel des cultures : Une meilleure assimilation des éléments minéraux signifie aussi une meilleure qualité de récolte. - Augmentation et sécurisation du rendement grâce à l’amélioration de la nutrition des plantes et de la résistance aux stress.
Spécificités des bactéries solubilisatrices de phosphore
Pour les biofertilisants composés de bactéries solubilisatrices de phosphore, les bénéfices agronomiques sont les suivants :
40
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
- Amélioration de la disponibilité en phosphore inorganique : Grâce à l’action des bactéries qui solubilisent les phosphates complexés dans le sol, le phosphore devient disponible sous une forme assimilable par la plante. - Accélération des premiers stades de développement de la culture, - Augmentation de la croissance racinaire principale et des ramifications, - Rigidité des tissus : L’augmentation du taux de phosphore augmente la rigidité des tissus, amenant ainsi un meilleur port et une meilleure résistance aux stress. - Amélioration de la formation des grains : Le phosphore intervient dans la formation des inflorescences et par la suite dans la formation et la croissance des grains. - Augmentation et sécurisation du rendement : Tout comme pour les bactéries fixatrices d’azote, les bactéries solubilisatrices du phosphore améliorent la qualité nutritionnelle et la résistance de la plante, permettant ainsi à la culture d’assurer son rendement.
Les spécificités des champignons endomycorhiziens
La particularité du champignon endomycorhizien est d’entrer en symbiose avec la plante, c’est à dire qu’il s’associe avec celle-ci, et chacun des deux organismes en tire un avantage. Le bénéfice le plus important apporté par ces champignons est qu’ils diminuent les besoins en phosphate de la plante. Toutefois, de nombreux autres effets spécifiques ont été observés : - Une meilleure résistance au stress hydrique, limitant les besoins en irrigation - Une meilleure résistance au stress thermique (froid ou chaleur excessive) - Un meilleur taux de survie au cours de l’acclimatation en sortie de pépinière - Une meilleure tolérance à certains polluants (métaux, hydrocarbures, sels) - Une influence profonde sur les micro-organismes de la rhizosphère, pouvant limiter l’apparition de certaines pathologies racinaires - Une meilleure structuration physique du sol par l’effet agrégeant du réseau mycélien et des molécules qu’il sécrète, en particulier la glomaline - Une structuration des communautés bactériennes de la rhizosphère par l’intermédiaire notamment des exsudats du champignon, - Une contribution au fonctionnement intégré du sol, à travers ce que l’on appelle les réseaux mycorhiziens communs.
Comment bien utiliser ses biofertilisants ?
De par leur composition en micro-organismes vivants, les produits biofertilisants n’échappent pas à la règle des précautions d’emploi et des conditions d’application qui varient selon la nature du micro-organisme appliqué (aérobie, résistance aux UV, …). Conditions de conservation du produit En fonction de la formulation utilisée pour concevoir un produit, certaines conditions climatiques ou de stockage peuvent altérer la viabilité des micro-organismes. De mauvaises conditions de conservation peuvent ainsi avoir une incidence directe sur l’efficacité du produit. Il faut donc toujours consulter les préconisations d’emploi de l’étiquette. Conseils de conditions d’application De la même manière que pour les conditions de conservation, les conditions d’application d’un biofertilisant peuvent influer indirectement sur l’efficacité du produit. Afin d’optimiser leur utilisation, il y a quelques règles de bon usage qu’il convient de respecter : - La saison : certains micro-organismes s’implantent mieux et montrent une activité plus importante en fonction de la saison à laquelle on les applique. Dans un souci d’optimisation de leur efficacité, référez-vous à leur notice d’utilisation ou demandez conseil à votre technicien de coopérative habituel. - Le moment de la journée : Les micro-organismes peuvent, selon leur nature, être sensibles aux UV. Il est donc préférable d’éviter une application en pleine journée par temps ensoleillé. Préférer plutôt une application en fin de journée ou par temps nuageux. Pour exemple : les bactéries fixatrices d’azote (pseudomonas, azotobacter, …) font partie des microorganismes sensibles aux UV. Après application, veiller donc à effectuer un enfouissement superficiel (covercrop, …) - Le sol : Pour assurer la survie et la multiplication des bactéries, il est nécessaire que le sol contienne un minimum de matière organique. Un enfouissement superficiel de résidus de culture est donc par exemple plus favorable à la multiplication des bactéries. - La période de culture : La période recommandée pour l’application d’un biofertilisant est très variable selon le produit et la culture cible. Il existe ainsi de nombreuses possibilités : en raie de semis, en surface avant travail du sol, en foliaire, etc. Il faut donc se référer à leur notice d’utilisation ou demander conseil aux entreprises spécialisées pour une utilisation www.agri-mag.com
optimale. - La protection de l’utilisateur : après manipulation du produit, se laver les mains. Les produits de formulation peuvent être légèrement irritants, comme c’est le cas de nombreux produits liés à la nutrition des cultures. Equilibre avec les nutriments minéraux Les biofertilisants viennent en utilisation complémentaire aux solutions nutritionnelles classiques. Ils permettent donc de compléter les quantités d’intrants traditionnels habituellement utilisés.
Attention aux incompatibilités avec les produits chimiques
Les désherbants, les produits phytosanitaires et les produits chimiques en général peuvent altérer de façon significative la viabilité des micro-organismes. Dans la même optique, il est conseillé de rincer plusieurs fois à l’eau claire le réservoir qui servira à appliquer des biofertilisants s’il a précédemment été utilisé avec des produits de ce type. Pour exemple : les endomycorhyzes (Rhizophagus irregula-
www.agri-mag.com
ris, …) de par leur nature, sont incompatibles avec les fongicides, insecticides et herbicides.
d’application (au sol, …), ou encore la
Il existe une grande variété de produits biofertilisants, ce qui implique des conditions de conservation et d’application spécifiques en fonction des organismes vivants qu’ils contiennent. Selon le type de micro-organismes utilisé (bactérie, mycorhize, …), le mode
et de conservation peuvent varier. Il
formulation (granulés, liquide, poudre, …), les recommandations d’utilisation est donc important de comprendre les spécificités et mécanismes d’actions du produit employé, afin de maximiser ses chances d’implantation et optimiser son efficacité.
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
41
Phyto-Protection
Désherbage des légumineuses alimentaires
Le secteur des légumineuses, malgré son importance, souffre de problèmes techniques, de faiblesses en matière de commercialisation–valorisation et de problèmes d’ordre organisationnels. Ainsi au niveau de l’utilisation des facteurs de production (semences, pesticides et mécanisation), les légumineuses restent en marge des progrès technologiques. Très peu de variétés adaptées sont mises à la disposition des producteurs, la protection de ces cultures des ennemies biologiques est presque rudimentaire et la mécanisation appropriée est faiblement disponible. Parmi les principales contraintes de production des légumineuses le savoir-faire faible des petits agriculteurs, surtout en ce qui concerne les traitements phytosanitaires. En effet, la majorité des produits de protection des cultures existent sur le marché, pourtant les petits agriculteurs ne les connaissent pas, ou ne maitrisent pas les modalités de leur application, d’où la nécessité d’un travail de vulgarisation auprès des agriculteurs. Dans cet article, nous traiterons uniquement le volet désherbage des légumineuses alimentaires (pois chiche, petit pois, lentille, fève et féverole) qui sont des cultures très sensibles à la compétition des adventices. En effet, les mauvaises herbes utilisent l’humidité, les éléments fertilisants et la lumière, et par conséquent réduisent le rendement, déprécient la qualité du produit récolté, et maintiennent une humidité favorable au développement des maladies et des ravageurs. Les adventices des légumineuses alimentaires se répartissent essentiellement en quatre groupes : - Groupe des adventices graminées annuelles (repousses de blé, ivraies, l’avoine stérile, alpistes, pâturin annuel, polypogon, etc). - Groupe des dicotylédones annuelles (coquelicot, moutarde des champs, chénopodes, mauves, chardon de Marie, émex épineux, etc), - Groupe des vivaces (liserons, souchet, chiendent, sorgho, morelle, gouet, etc) - Groupe des plantes parasites comme l’orobanche.
42
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Comme on peut le constater, les adventices associées aux légumineuses alimentaires sont très diversifiées et seule la lutte intégrée à travers la rotation des cultures, les labours, les herbicides et les sarclages pourrait réduire les infestations à un niveau faible. L’emploi de bonnes pratiques agricoles comme le choix de la variété, du peuplement adéquat, de la fertilisation raisonnée et de la protection appropriée contre les maladies et les ravageurs, pourrait contribuer à avoir une culture compétitive visà-vis des adventices, productive et rentable.
Solutions pour le désherbage Le désherbage chimique des légumineuses alimentaires est très délicat puisque les doses d’herbicides sélectives aux cultures ne contrôlent pas efficacement les adventices dicotylédones. Le spectre d’action de chacun des herbicides ou des mélanges d’herbicides deux à deux est très étroit, ce qui nécessite une ou deux opérations de sarclage pour détruire les adventices qui restent après le désherbage chimique.
Prévention
Avant de semer certaines légumineuses (comme la lentille), il est important d’éviter les champs qui sont connus par la présence de mauvaises herbes vivaces ou difficiles telles que le liseron, le chiendent, le souchet, la morelle, l’orobanche, etc. Il faut également éviter les champs ayant des sols contaminés avec des herbicides rémanents employés dans
les cultures précédentes. Les lentilles par exemple sont sensibles et peuvent être endommagées par les résidus de certains herbicides persistants.
Faux semis
Certes, le faux-semis consiste à stimuler la levée des mauvaises herbes et des cultures précédentes (après une irrigation ou une pluie consistante) puis de les détruire avant le semis de la lentille. La réussite du faux semis repose sur le choix de bons outils de travail du sol et dépend des mauvaises herbes ciblées ainsi que des conditions climatiques. Il est à rappeler que le faux semis est devenu nécessaire dans le cas des mauvaises herbes résistantes aux herbicides (ray grass, coquelicot, chrysanthème).
Désherbage de pré-levée
Plusieurs herbicides peuvent être utilisés après le semis mais avant la levée des cultures et des adventices. Ces herbicides agissent sur les semences des adventices graminées et dico en cours de germination, mais leur application nécessite : • une humidité de sol suffisante, • un sol bien travaillé (sans mottes et sans résidus de cultures), • un matériel de traitement bien réglé, • une irrigation ou de la pluie après les traitements pourrait améliorer l’efficacité des traitements herbicides.
www.agri-mag.com
Désherbage de post-levée
En post-levée, bentazone (960 g/ha) est efficace sur les très jeunes plantules d’adventices dicotylédones dans la culture du petit pois. Il peut être même utilisé sur fève et fèverole malgré les légers dégâts de phytotoxicité. Pour un désherbage chimique total du petit pois, de la fève et de la fèverole, il est possible d’utiliser le mélange bentazone + un anti-graminées de post-levée. Tous les anti-graminées de post-levée sont sélectifs des légumineuses. Ils sont efficaces sur les repousses de blé, les ivraies, les alpistes, les avoines, les bromes, le pâturin, le polypogon, etc ....
Sarclage à traction animale
Le sarclage à traction animale est réalisé avec une seule bête (un cheval, une jument, un mulet ou une mule) tirant une charrue métallique ou un outil à dents. Pour chaque opération de sarclage à traction animale, l’espace entre les lignes est travaillé avec un ou deux passages.
Sarclage mécanique
Le sarclage de l’interligne à l’aide d’une sarcleuse mécanique permet de détruire les plantes adventices, même celles qui résistent aux herbicides. Il n’est pas efficace sur les adventices vivaces comme le chiendent, les liserons, la morelle, le sorgho, le souchet et autres. Pour être efficace, le sarclage mécanique doit: - intervenir sur les jeunes adventices annuelles lorsque le sol est sec et par temps ensoleillé. - être répété 1, 2 ou 3 fois jusqu’à la fermeture de l’espace entre les rangs. - être intégré au programme de lutte chimique, car chaque brassage de la terre diminue l’efficacité des herbicides résiduaires. Le sarclage mécanique avec la sarcleuse à 4 ou 6 rangs est disponible au Maroc, et le service de coûte 200 à 300 DH/ha. Il est vivement recommandé pour pallier aux carences en main d’œuvre. Mais, le tracteur doit être équipé de pneus étroits, et le matériel doit être réglé de façon à éviter les dégâts sur la culture.
44
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Sarclage manuel avec la houe
Il vise la destruction des adventices sur les rangs et entre les rangs, essentiellement après les opérations de désherbage chimique et de sarclage mécanique. Mais il se heurte à quelques contraintes: • Il demande, selon le degré d’infestation par les adventices, entre 10 et 20 jours de travail par hectare avec un salaire variant entre 50 et 100 DH/jour, soit un montant de 500 à 2000 DH/opération/ha. • La rareté de la main d’œuvre empêche souvent la réalisation des sarclages manuels dans de bonnes conditions et dans les meilleurs délais. • Le sarclage manuel détruit les adventices annuelles, mais il n’est pas efficace sur les adventices vivaces comme le chiendent, les liserons, la morelle, le sorgho, le souchet et autres. • Le travail du sol effectué lors du sarclage favorise la germination d’autres semences d’adventices qu’il faut surveiller.
Collecte manuelle des adventices
La présence des adventices à un stade avancé des cultures nécessite l’arrachage manuel des adventices. Les plantes arrachées (parfois gratuitement par les voisins) sont collectées et utilisées dans l’alimentation du cheptel.
Que faire contre l’orobanche ?
L’orobanche est une plante parasite qui se développe sur les différentes légumineuses et autres adventices et finit par affaiblir les plantes cultivées parasitées et réduire les rendements. Pour la fève et la féverole, deux à trois traitements (espacées de 15 jours) avec glyphosate à la dose de 60 g de matière active/ ha/traitement peuvent donner d’excellentes efficacités quand les traitements ont lieu au stade début floraison des cultures. Dans la lentille, le petit pois et le pois chiche, Il faut deux à trois traitements (espacées de 15 jours) avec glyphosate à la dose de 30 g de matière active/ha/traitement.
Que faire contre les vivaces ? Le contrôle des vivace comme les liserons,
la morelle, le chiendent, le sorgho, le souchet, etc… n’est pas garanti dans les cultures annuelles. Car, les vivaces sont capables de survivre grâce aux organes de réserve comme les rhizomes, les stolons, les tubercules ou les bulbes. Les traitements avec 720 à 1080 g de glyphosate/100 litres d’eau sur des plantes vivaces bien développées, avant l’installation des cultures ou après la récolte, peuvent donner d’excellentes efficacités.
Attention à la cuscute et à l’orobanche
La cuscute est une plante parasite, dépourvue de feuilles et de chlorophylle. Elle forme des tiges volubiles jaunes qui s’enroulent autour des cultures et dépendent entièrement de l’hôte pour sa nutrition. Il est envisageable de ne rien faire si les infestations avec la cuscute sont faibles. Mais, on peut éventuellement se débarrasser de la cuscute en prélevant et brûlant les lentilles parasitées. Contre l’orobanche dans la lentille, il faut choisir entre 2 solutions : a) ne rien faire, ou b) procéder à l’arrachage manuel et l’incinération des plantes d’orobanche avant leur fructification. Les principales espèces de légumineuses cultivées au Maroc sont les fèves et féveroles, le petit pois, la lentille et le pois chiche. Les légumineuses alimentaires, avec seulement 4% des surfaces cultivées occupent la quatrième place après les céréales, les plantations et les fourrages. Elles contribuent à l’amélioration de la structure des sols grâce à leur apport dans l’assolement (symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote atmosphérique) et constituent un bon précédent pour les céréales et autres cultures. De même, sur le plan nutritionnel, les légumineuses alimentaires, consommées traditionnellement en hiver et pendant le ramadan, sont riches en protéines et complètent la ration alimentaire dominée par les céréales, riches essentiellement en calories. De même, par leur production en sec, et en vert, et vu les prix actuels sur le marché, elles représentent des sources non négligeables en matière de trésorerie des agriculteurs
www.agri-mag.com
Phytosanitaire
Maladies fongiques de la tomate
Prévenir et gérer le risque de résistance L’évolution de la résistance aux fongicides de certains champignons pathogènes suscite de légitimes inquiétudes. Elle n’est pourtant pas une fatalité. Il est possible de préserver l’efficacité des modes d’action fongicides en respectant quelques principes simples… c’est ce que l’on appelle « gérer les modes d’action ».
Les mesures prophylactiques
La façon la plus simple de lutter contre les phénomènes de résistance aux fongicides est encore de limiter le risque d’apparition des maladies. Pour cela, on dispose de 2 leviers : agir sur l’inoculum fongique de la parcelle et agir sur la conduite de la culture.
Réduction de l’inoculum de la parcelle Elle passe par l’adoption de pratiques culturales vertueuses, parmi lesquelles on peut citer : • la rotation des cultures, en cultures assolées, qui permet de limiter la fréquence des cultures
et des adventices hôtes du pathogène ; • la destruction des repousses de la même espèce pendant l’interculture ; • le broyage et l’enfouissement des résidus de cultures (pailles de céréales, bois de taille de la vigne, feuilles dans les vergers, …) ; • le travail du sol : labour occasionnel.
Conduite de la culture
Elle utilise par exemple : • la date et la densité de mise en place des cultures ; • le raisonnement des apports azotés ; • la tolérance variétale et les
mélanges variétaux.
Bien choisir et diversifier ses variétés
Pour chaque culture, il existe des variétés moins sensibles aux maladies. Miser sur ces variétés permet de mieux raisonner la protection fongicide, voire de limiter le nombre de traitements au cours du cycle de culture, ce qui est essentiel pour préserver l’efficacité des substances actives utilisées. Selon le même principe, il est possible de cultiver des variétés d’origines génétiques différentes, à la fois dans l’espace (à l’échelle de l’exploitation ou de la microrégion) et dans le temps (d’une année sur l’autre).
La gestion raisonnée des modes d’action fongicides
Le raisonnement de la protection fongicide constitue le second volet de la prévention et la lutte contre les résistances. On retrouvera ici un certain nombre de recommandations valables pour les autres types de protections (herbicides et insecticides). Pour préserver l’efficacité des matières actives disponibles, on veillera autant que possible à : • alterner ou associer des matières actives possédant des modes d’action différents avec un partenaire efficace 46
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
(unisite ou multisites, selon les usages et les cultures concernées) • optimiser le positionnement des traitements grâce à des outils d’aide à la décision • respecter les doses préconisées (attention, le fractionnement des applications favorise l’apparition des résistances) • maximiser la qualité de la pulvérisation. Un pulvérisateur mal réglé, c’est moins d’efficacité, moins de rentabilité et des risques pour l’environnement et la santé. • appliquer les produits de manière préventive (pour une meilleure efficacité) Les souches de champignons capables de résister aux fongicides existent à l’état naturel mais elles restent minoritaires. Ce sont celles sélectionnées par une application répétée d’une même famille de fongicide qui posent plus de problème. Ain-
www.agri-mag.com
si, avec les traitements, les souches sensibles sont éliminées, laissant alors le champ libre à celles qui ont plus d’aptitudes génétiques à résister. Elles se croisent entre elles et augmentent ainsi la résistance. L’emploi répété d’une molécule accentue cette sélection. Bien souvent ces résistances par mutations génétiques sont dites qualitatives, régies par la loi du tout ou rien. Cette résistance totale du champignon, résulte d’une mutation dans le gène codant pour la cible du fongicide concerné. Le champignon a finalement contourné tout seul la difficulté. Dans d’autres cas, l’évolution des souches des pathogènes leur confère des niveaux de sensibilité variables aux fongicides, avec des gradients d’efficacité entre les molécules. Ces sensibilités se traduisent au champ par des différences d’efficacité plus ou moins notables.
Principes clés pour éviter les résistances
- Choisir des variétés peu sensibles aux maladies, si possible - Actionner les leviers agronomiques : rotation, élimination des débris, date de semis - Utiliser le bon produit à la bonne dose, avec un bon positionnement - Diversifier les modes d’actions des molécules, en associant des molécules efficaces et en variant les associations
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
47
Fertilisation
La fertilisation foliaire potassique et borique
Une technologie prometteuse pour améliorer le rendement et la qualité de la betterave sucrière Bamouh A., Salhi R. et Nakro A. Département de Production, Protection et Biotechnologie Végétales, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat
Malgré les atouts de la filière betteravière, plusieurs contraintes limitent encore son développement et cela est en partie reflété par une productivité moyenne au niveau national de près 60 T/ha contre un potentiel de plus de 100 T/ha chez les agriculteurs performants des périmètres betteraviers du Maroc. Pour augmenter la productivité de la betterave sucrière, plusieurs techniques doivent être améliorées au niveau de toutes les opérations culturales. Ceci est particulièrement vrai pour la fertilisation du fait qu’elle est une technique déterminante pour le rendement et la qualité de la betterave sucrière. En effet, il est fondamental de maîtriser la fertilisation, notamment potassique et borique, puisque la betterave sucrière exige des grandes quantités en potassium et est très sensible à une carence en bore. La présente étude vise à évaluer la fertilisation foliaire potassique et borique, une technique très prometteuse, pour optimiser la gestion de la fertilisation potassique et borique dans deux régions betteravières du Maroc (Gharb et Tadla) en vue de réduire les écarts de rendements, de maîtriser la fertilisation avec efficience et de préserver la qualité du sol. L’étude vise également à déterminer le stade et la dose optimums pour obtenir un rendement rentable à travers des essais chez les agriculteurs de deux régions betteravières du Maroc, Gharb et Tadla, durant la campagne 2017-2018.
Rôles du potassium et du bore
Il est admis que les besoins de la betterave sucrière en éléments minéraux dépendent du niveau de production escompté. Par ailleurs, la betterave
48
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
sucrière est très consommatrice en éléments minéraux, particulièrement les macroéléments, à savoir le potassium, le phosphore et l’azote. En effet, une récolte de betterave à sucre prélève par tonne de racines 4 à 4,5 kg d’azote, 1,5 à 2,5 kg de phosphore et 6 à 7 kg de potassium. Le potassium joue un rôle bénéfique dans le développement de la betterave sucrière puisqu’il améliore la production et la translocation des hydrates de carbone de la partie aérienne vers la partie racinaire permettant ainsi, en cas d’une bonne maîtrise de la fertilisation potassique, d’obtenir un rendement satisfaisant en quantité et en qualité. A la récolte, la grande partie du potassium absorbée (2/3) se trouve au niveau des feuilles et les exportations de la betterave peuvent atteindre 800 Kg de K2O/ha. Le rôle bénéfique du potassium pour le rendement de la betterave à sucre est essentiellement au niveau de la production des hydrates de carbone par photosynthèse et leur transfert vers la racine. En raison de ses fonctions osmotiques, le potassium a également un rôle bien connu dans l’op-
timisation de la régulation stomatique en vue d’une utilisation efficiente de l’eau du sol. Grâce au potassium, le niveau d’ouverture des stomates est continuellement ajusté au niveau de la plante pour optimiser son fonctionnement dans un environnement hydrique variable. Concernant la qualité technologique de la betterave à sucre, le potassium entraîne une diminution de la teneur en sodium et de l’azote alpha aminé dans la râpure, ce qui améliore la teneur en sucre extractible. Par son interaction positive avec l’azote, le potassium réduit l’effet négatif que l’azote peut avoir sur la richesse saccharine, en la maintenant à un niveau convenable. Des recherches au Maroc ont montré que sans apport de potassium, l’azote réduit fortement la richesse saccharine et chaque apport de 100 kg N/ha cause une diminution moyenne de la richesse de 0,62 %.
Le potassium et le bore dans les sols betteraviers du Maroc
Les recherches au Maroc concernant la dose optimale de potassium
www.agri-mag.com
Métamitrone 70% WG
Ethofumesate 500g/l S
La mixture incontournable pour un désherbage réussi des adventices dicotylédones et graminées annuelles.
AVANTAGES DE LA MIXTURE : Une mixture économique. Une mixture efficace (Contrôle la majorité des adventices de la betterave à sucre). Une mixture flexible (Pré et Post levée).
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
49
permettant de maximiser le rendement quantitatif et qualitatif ont montré que la plupart des sols des périmètres betteraviers, notamment ceux ayant une texture à dominance argileuse, ont une teneur suffisante en potassium pour répondre aux besoins de la culture. Les teneurs moyennes en potassium dans ces sols sont de 420, 540 et 740 mg/ kg de sol respectivement aux périmètres irrigués du Tadla, du Gharb et de la Moulouya. Selon les normes d’interprétation établies dans des conditions proches de celles du Maroc, et en considérant 150 mg/kg comme seuil critique de teneur du sol en K2O, il s’est avéré que 98 % des sols du Tadla sont riches en potassium. Également, d’après l’abaque établie au Maroc, la réponse aux apports potassiques au sol n’est pas significative au-delà des teneurs en K2O qui sont supérieures à 212 mg/kg. Sur la base de ces résultats de fertilisation potassique au sol, la recommandation est généralement de ne pas apporter de fertilisation potassique supplémentaire à la betterave sucrière, sauf pour la région du Doukkala où la dose optimale recommandée est de l’ordre de 300 kg K2O/ha. En pratique agricole, il est impératif de connaître les exigences en potassium des cultures et leur réponse à l’application de l’engrais potassique. Les recommandations devraient être basées sur les analyses du sol ainsi que sur des analyses de plantes. A un niveau optimum en potassium, l’engrais potassique devrait compenser la quantité exportée par la culture. A des taux de disponibilité en potassium pour les plantes inférieurs à l’optimum, l’application de l’engrais potassique doit être plus élevée. Lorsque des niveaux de potassium sont supérieurs à la valeur optimale, une dose faible d’engrais potassique devrait être appliquée. L’absence de fertilisation potassique durant plusieurs années, particulièrement dans un environnement agronomique de productivité élevée, conduit à l’appauvrissement du sol en potassium. La correction de la fertilité potassique du sol après plusieurs années d’impasse exige50
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
ra une fertilisation de redressement importante à apporter sur plusieurs années. La bonne pratique agronomique de fertilisation devrait tendre vers des apports annuels proches de la fertilisation d’entretien, qui vise à remplacer les exportations de la culture. Concernant le bore, une carence cause l’apparition de la maladie de la pourriture du cœur noir de la betterave sucrière. Les jeunes feuilles du cœur noircissent, puis progressivement les feuilles extérieures jaunissent. Le collet noircit et finit par pourrir et cette pourriture gagne la racine. Les risques de carence en bore sont accrus en cas de culture sèche, de chaulage récent ou de pH élevé du sol. Il en résulte par la suite un mauvais développement du bourgeon terminal puis sa destruction, ce qui engendre une réduction de la productivité. Une application préventive au sol de 2 à 3 kg/ha de bore ou une à deux applications foliaires de 0,5 kg/ha seront suffisants pour couvrir les besoins de la betterave sucrière.
La fertilisation foliaire potassique et borique Un moyen de booster les rendements
La fertilisation foliaire est une pulvérisation ou une application par voie foliaire d’un ou de plusieurs éléments nutritifs essentiels afin de compléter la fourniture du sol et ré-
pondre aux besoins de la plante. La capacité des feuilles des plantes à absorber l’eau et les nutriments a été reconnue il y a trois siècles et l’application de solutions nutritives au feuillage des plantes comme un moyen alternatif à la fertilisation au sol, a été notée au début du 19ème siècle. La pratique de la fertilisation foliaire est largement répandue pour les cultures à grande valeur ajoutée, comme l’arboriculture fruitière et les cultures maraichères, particulièrement pour apporter certains oligoéléments ou pour rapidement remédier aux carences observées. La fertilisation foliaire aux macroéléments (N, P, K, Ca, Mg, S) a commencé à être testée depuis les années 1980 sur les grandes cultures, notamment le soja et le blé, avec des résultats variables qu’on peut attribuer aux multiples facteurs dont dépend l’efficacité des pulvérisations foliaires. Pour le potassium, des améliorations de rendement ont été enregistrées, particulièrement pour les cultures ayant des besoins importants en cet élément, dont la pomme de terre, la betterave à sucre ou le coton. Le but de la fertilisation foliaire aux macroéléments n’est pas de remplacer la fertilisation au sol, vu les faibles quantités de fertilisants apportées face aux besoins des plantes, mais plutôt de la compléter et d’améliorer son efficacité. La fertilisation foliaire aux macroéléments est particulièrement efficace dans les conditions où le sol ne peut satisfaire les besoins des plantes durant les périodes critiques de grand besoin. La fourniture du sol en éléments fertilisants, notamment le potassium, peut ne pas être optimale même lorsque le sol en est normalement fourni. Durant certaines périodes
www.agri-mag.com
Fertilisation d’intense croissance, la demande des plantes en potassium peut dépasser la fourniture du sol. D’autres facteurs dont les conditions climatiques (ex. basses températures), le type de sol ou le dysfonctionnement racinaire peuvent aussi limiter l’acquisition et le transfert du potassium du sol vers la plante. Sous ces conditions, un moyen de pallier la faible fourniture du sol en potassium est de l’apporter par pulvérisation foliaire. Parmi les principaux avantages de la fertilisation foliaire on note qu’elle peut être appliquée tout au long du cycle de la culture, ce qui permet de pulvériser les fertilisants avec de faibles quantités, seuls ou en combinaison avec d’autres produits, en fonction des besoins spécifiques aux différentes phases de croissance. Elle permet également une utilisation plus rapide et plus efficace des éléments nutritifs avec une correction des carences en moins de temps que ne le nécessiterait l’application au sol. Cette pratique permet aussi d’économiser sur les quantités de fertilisants à apporter au sol, vue son efficacité d’application, ce qui permet de réduire les pertes et les pollutions de l’environnement. Parmi les conditions à satisfaire pour une fertilisation foliaire efficace, en plus du choix du stade optimal d’application, il y a lieu de souligner l’importance des conditions météorologiques correctes lors et après l’application et la possibilité d’apparition de brûlures foliaires lorsque la concentration du fertilisant dans la solution pulvérisée est élevée.
52
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Résultats d’essais de fertilisation foliaire potassique et borique
L’objectif des essais est d’évaluer l’effet de la fertilisation foliaire potassique et borique sur la productivité et la qualité technologique de la betterave sucrière. Pour cela, quatre essais au champ chez des agriculteurs ont été réalisés dans deux régions betteravières (Gharb et Tadla) durant la campagne agricole 20172018, à raison de deux essais par région. Les zones où les essais ont été installés sont Dar El Gueddari au Gharb et Dar Ouled Zidouh au Tadla. Les sols des parcelles d’essais sont à caractère argileux et riches en potassium avec des teneurs en potassium échangeable entre 215 et 290 ppm. Les variétés de betterave des parcelles d’essais sont Cigogne et Garrot, respectivement pour l’essai 1 et 2 du Gharb, et Cigogne (Sporta) pour les deux essais du Tadla. Les traitements expérimentaux étudiés ont consisté en un témoin représentant la pratique de l’agriculteur et des doses croissantes d’un engrais foliaire composé de sulfate de potasse et de bore (50,5 % K2O, 44 % SO3 et 0,9 % B). Les doses d’engrais testées ont été de 8, 12, 16 et 24 Kg/ha. Les doses de 8 et 12 kg/ha ont été appliquées aux stades 12 ou 24 feuilles selon les essais. Les doses de 16 et 24 kg/ha correspondent à une deuxième application foliaire des doses précédentes quarante jours après la première pulvérisation foliaire. Les pulvérisations
de l’engrais foliaire ont augmenté la teneur en potassium des limbes de betterave dans les deux régions. Ces teneurs ont augmenté de 0,5 à 1,55 % MS pour le Gharb et de 1 à 2,8% MS pour le Tadla en passant du témoin à la plus forte dose de l’engrais foliaire. Les mesures effectuées sur les essais ont concerné les paramètres de croissance (Indice foliaire, taux de chlorophylle, résistance stomatique, matière sèche foliaire et racinaire), le rendement racine et la qualité technologique de la betterave sucrière. Pour évaluer l’impact des applications foliaires sur l’absorption foliaire, un suivi des teneurs des feuilles en potassium et en bore a été réalisé. Dans cet article, seuls les résultats relatifs au rendement racine, à la richesse saccharine et au rendement sucre sont présentés. Effet sur le rendement racine Dans la région du Gharb, la fertilisation foliaire potassique et borique a engendré une augmentation du rendement racine dans les deux essais. Les meilleurs rendements racines obtenus ont été de 81,7 T/ha et 109,2 T/ha, respectivement pour le premier et le deuxième essai. L’augmentation moyenne du rendement racine engendrée par la fertilisation foliaire K-B a été de 15%. Les rendements en racines les plus élevés ont été obtenus suite à la faible dose de l’engrais foliaire (8 kg/ ha) appliquée une seule fois, soit au stade 12 feuilles pour l’essai 1 ou au stade 24 feuilles pour l’essai 2. Le gain de rendement de 15,4 T/ha, engendré par cette seule application foliaire au niveau de l’essai 2, a été statistiquement hautement significative. Au niveau de la région du Tadla, les résultats de l’effet de la fertilisation foliaire K-B sur le rendement racine de la betterave montrent un effet dose nettement remarquable pour les traitements ayant reçu une application foliaire potassique et borique. Les valeurs du rendement en racines les plus élevées ont été enregistrées suite à l’application de la faible dose de l’engrais foliaire (8 kg/ha) en deux fois et en forte dose (12 kg/ha) en une seule fois, respectivement pour le premier et le deuxième essai, soit une hausse du rendement de d’ordre 24 % et 12 %. Ces augmentations de rendement racine correspondent respectivement à 25 T/ha (essai 1) et 12 T/ha (essai 2). www.agri-mag.com
Effet sur la richesse saccharine des racines Au Gharb, la fertilisation foliaire potassique et borique a montré une tendance à très légèrement améliorer la richesse saccharine de la betterave sucrière, particulièrement pour le deuxième essai expérimental du Gharb où cette richesse a été déjà faible. La meilleure réponse dans cet essai a été une hausse de 6 % de la richesse saccharine observée dans les traitements ayant reçu une application d’engrais foliaire précoce à la dose de 8 kg/ha ou 12 kg/ha. Au niveau de la région du Tadla, la fertilisation foliaire potassique et borique de la betterave sucrière n’a pas amélioré la richesse saccharine qui a été déjà à des niveaux importants (17,1% à 17,7%) par rapport à la région du Gharb. Cependant, on note une stabilisation de la richesse saccharine pour la quasi-totalité des traitements expérimentaux, malgré les augmentations enregistrées au niveau du rendement racine. Effet sur le rendement en sucre Le rendement en sucre est le produit entre le rendement racine et la richesse saccharine. Une tendance à l’augmentation du rendement en sucre a été observée suite aux applications foliaires potassiques et boriques de la betterave sucrière dans les deux essais expérimentaux du Gharb. Le rendement sucre au Gharb a varié entre 11,4 et 16,2 tonnes de sucre/ha. La faible dose de l’engrais foliaire (8 kg/ha), appliquée une seule fois à un stade précoce (12 à 24 feuilles), a donné le meilleur rendement en sucre au Gharb, soit des augmentations de 16% et 17% par rapport au témoin, respectivement pour l’essai 1 et 2. Il faut également signaler que le témoin, qui n’a pas reçu de fertilisation foliaire, a toujours eu le plus faible rendement en sucre, et cela pour tous les essais, que ce soit au Gharb ou au Tadla. En comparant le témoin aux parcelles ayant reçu une fertilisation foliaire potassique et borique, on note que le rendement en sucre de ces traitements est de 15,6% et 12,8% supérieur à celui du témoin n’ayant reçu aucune application foliaire, respectivement pour l’essai 1 et l’essai 2 au Gharb. Au niveau de la région du Tadla, le www.agri-mag.com
rendement sucre de la betterave a mieux répondu à l’augmentation de la dose de la fertilisation foliaire potassique et borique que la région du Gharb. Le meilleur rendement
Pour plus d’infos, scanner le QR-Code
en sucre a été enregistré au niveau des parcelles qui ont reçu une faible dose de l’engrais foliaires (8 kg/ha) en deux applications, la première au stade 12 à 24 feuilles et, la deu-
METTEZ VOS CULTURES À L’ABRI DES CARENCES EN BORE ! ،مع أكتيفلوا نعس على جنب الراحة وفالحتك من نقص البور مرتاحة
Produit par :
CORRECTEUR DE CARENCES
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
53
Fertilisation
xième, quarante jours plus tard. L’augmentation du rendement sucre a été de 17 % et 9%, respectivement pour le premier et le deuxième essai du Tadla.
ha), soit un gain de 428 dh par kg de produit foliaire. À la lumière de ces résultats, l’application foliaire est largement justifiée du point de vue économique.
Marge brute de la fertilisation foliaire potassique et borique Les traitements expérimentaux qui ont reçu une fertilisation foliaire potassique et borique ont montré des effets positifs sur la marge brute de la culture de la betterave sucrière (Tableau 1). La marge brute a été calculée à partir du gain financier supplémentaire, par rapport à la pratique de l’agriculteur, moins les charges directement liées à l’application foliaire. Ces dernières incluent le prix de l’engrais foliaire, les charges d’application et la location du tracteur. Le calcul de la marge brute a été fait en considérant qu’il s’agit d’une application manuelle. Pour la région du Gharb, une seule application foliaire potassique et borique de 8 kg d’engrais foliaire par hectare, tôt dans la saison, a généré un revenu supplémentaire de 5.917 dh/ha par rapport à la pratique de l’agriculteur, soit 739 dh par kg de produit foliaire (Tableau 1). Pour la région du Tadla, deux applications foliaires du même produit à la même dose (8 kg/ha) ont généré la plus important marge brute (6.259 dh/
Conclusions
L’objectif principal de la présente étude était d’évaluer l’effet de la fertilisation foliaire potassique et borique sur le rendement et la qualité technologique de la betterave sucrière dans les régions du Gharb et du Tadla. Les résultats obtenus ont permis de conclure que : • La fertilisation foliaire potassique et borique est un mode d’apport complémentaire qui a amélioré le rendement sucre de la betterave de 10 à 20%, quelle que soit la richesse du sol en potassium, puisqu’elle intervient pour limiter les écarts entre les fournitures du sol et les besoins des plantes causés par des contraintes édaphiques ou climatiques ; • Une fertilisation foliaire potassique et borique en une seule fois, à un stade précoce à la dose de 8 kg/ha de l’engrais foliaire, a été suffisante pour réaliser un rendement de betterave plus élevé (109 T/ha) et rentable dans la région du Gharb. Une application supplémentaire à la même dose, 40 j après dans la région du Tadla, a été nécessaire pour atteindre le même objectif avec un rendement de 126 T/ha ;
• En ce qui concerne le stade d’application, la pulvérisation foliaire potassique et borique devrait être faite au moment de fort besoin de la plante en potassium pour qu’elle profite immédiatement des éléments apportés. Le stade 12 à 24 feuilles de la betterave sucrière semble avoir les meilleurs résultats dans les deux régions ; • L’application foliaire de faibles doses d’engrais foliaire potassique et borique est largement justifiée économiquement et permet d’obtenir un gain moyen supplémentaire de 5.686 Dh/ha. La filière sucrière est une composante essentielle de la politique de développement du secteur agricole marocain et a bénéficié d’importants investissements publics. En effet, le Maroc fournit d’énormes efforts afin de réaliser une autosuffisance relative en sucre, une denrée alimentaire de base. Actuellement, la demande locale en sucre est satisfaite en moyenne pour près de moitié par la production nationale. Le reste est essentiellement assuré par les importations de sucre brut qui est raffiné localement. Par son poids social, les cultures sucrières fournissent annuellement l’équivalent de 9 millions de journées de travail saisonnier dans l’agriculture et 3 000 emplois permanents dans l’agro-industrie.
Tableau 1 : Marge brute des différents programmes de fertilisation foliaire potassique et borique dans les régions du Gharb et du Tadla Région
Gain financier (Dh/ha)
Marge brute (Dh/ha)
Une seule application foliaire de 8 kg d’engrais foliaire/ha à un stade précoce
Gharb
6259
5917
Tadla
3137
2795
Une seule application foliaire de 12 kg d’engrais foliaire/ha à un stade précoce
Gharb
4277
3839
Tadla
5893
5455
Deux applications foliaires de 8 kg d’engrais foliaire/ha chacune, l’une à un stade précoce et l’autre 40 jours plus tard
Gharb
1967
1433
Tadla
7395
6861
Deux applications foliaires de 12 kg d’engrais foliaire/ha chacune, l’une à un stade précoce et l’autre 40 jours plus tard
Gharb
4609
3883
Tadla
3608
Programme d’application de l’engrais foliaire
54
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
2882 www.agri-mag.com
FRUITS ROUGES
Framboisier
La pourriture grise (Botrytis), plus dangereuses en conditions humides La pourriture grise du framboisier est causée par le champignon pathogène Botrytis cinerea, qui cause aussi la flétrissure des tiges. Ce champignon provoque une maladie courante et grave des framboisiers dans le monde entier. La maladie est plus grave sous des conditions fraîches et humides, comme durant des périodes prolongées de pluie et de ciel nuageux. Étant donné que le Botrytis cause l’infection par le biais des blessures ou de tissus fragilisés, les dommages physiques provoqués par le vent, les insectes et le matériel de récolte peuvent favoriser l’apparition de la maladie. Les infections se produisent habituellement durant la floraison, mais les symptômes apparaissent surtout à la cueillette ou après celle-ci sur les fruits récoltés. Les framboises mûres qui sont ainsi infectées sont recouvertes d’une pourriture grise poudreuse. Botrytis infecte aussi les fleurs épanouies, et les fait brunir et sécher. Le réceptacle, qui demeure en place une fois le fruit cueilli, peut aussi s’infecter.
Si les fruits moisis ne sont pas retirés de la tige, ils y restent et se momifient.
Souvent confondu avec
- Le feu bactérien : Les deux maladies peuvent provoquer l’assèchement, le durcissement et la momification des framboises. Dans le cas du feu bactérien cependant, les tissus des tiges et
des feuilles peuvent aussi être affectés. Les infections actives de feu bactérien émettent souvent un exsudat ambré ou laiteux sous des conditions humides. - L’anthracnose : Les lésions sur les fruits dues à l’anthracnose peuvent sembler similaires à celles de B. cinerea. Toutefois, les lésions attribuables à l’anthracnose ne sont pas recouvertes d’une moisissure grise poudreuse.
Biologie
Le champignon B. cinerea survit sur du tissu vivant ou mort d’un grand nombre d’hôtes. Il hiverne sous forme de petits sclérotes noirs dans les lésions sur les tiges, et sous forme de mycélium dans les résidus végétaux. Au printemps, des conidies sont produites et disséminées par le vent, ainsi que par les éclaboussures de pluie. Le risque d’infection augmente lorsque les températures sont modérées et que l’humidité relative est élevée et quand les plants sont mouillés durant la floraison. L’ouverture des boutons floraux et l’épanouissement des fleurs les rendent vulnérables aux infections par Botrytis. Après avoir transmis l’infection, le champignon reste dormant dans le fruit en croissance. Si les conditions ambiantes lui sont 56
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
propices à proximité de la récolte, le champignon redeviendra actif et les symptômes de la maladie vont apparaître rapidement. Les symptômes précoces sont notamment des poches aqueuses transitoires sur les drupéoles précédemment infectées. La framboise mûre infectée se recouvre ensuite rapidement de mycélium fongique et de conidies. Une infection secondaire peut se produire quand les styles et les étamines fixés au fruit immature produisent des conidies. Ces dernières infectent les framboises autour de la période de la cueillette. Puisque la maladie peut être dormante dans le fruit, elle apparaît parfois dans les fruits entreposés ou emballés qui ne montraient pas de symptômes au moment de la récolte.
Voir la vidéo
Période d’activité Des températures oscillant autour de 22 à 25 °C, une humidité relative élevée et des surfaces mouillées du plant en raison de la pluie, de l’irrigation, du brouillard ou de la rosée, représentent des conditions idéales pour l’apparition de Botrytis. Les framboisiers sont vulnérables durant la floraison et de nouveau durant le mûrissement des fruits. Les symptômes peuvent se manifester avant ou après la cueillette,
58
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
ou après l’emballage des fruits. Notes de surveillance Rechercher la présence de fruits momifiés et de sclérotes ayant hiverné sur les anciennes tiges fructifères. Durant la floraison, vérifier le brunissement ou l’assèchement des pétales de fleurs ouvertes. Durant la période de mûrissement des framboises, vérifier les signes d’infection sur les fruits. Examiner les zones protégées et le centre des rangs où l’humidité relative est le plus élevée. Les plus vieilles plantations où les résidus de végétaux risquent d’être plus abondants sont plus à risque. Les framboisiers blessés par la machinerie, le vent et les insectes sont plus vulnérables aux infections.
Moyens de lutte
• Favoriser la circulation de l’air dans la plantation afin de faciliter le séchage des tissus végétaux en élaguant les vieilles tiges et en maîtrisant les mauvaises herbes. Utiliser des treillis pour garder les framboisiers érigés. • Éviter l’apport excessif d’engrais azoté puisque cela favorise une végétation luxuriante qui nuit à la circulation de l’air et retient l’humidité. • Retirer et détruire les vieilles
tiges et celles qui sont malades. • La floraison est la période la plus importante pour lutter contre la pourriture grise. Toutefois, il est aussi nécessaire d’effectuer des traitements avant la récolte si le temps est humide. Commencer les applications quand la floraison est à 5 à 10 % et répéter à intervalles de 7 à 10 jours par temps humide. Choisir des fongicides de groupes chimiques différents afin de réduire les risques d’apparition de souches résistantes. • La pourriture grise affecte tous les cultivars de framboisiers, mais certains d’entre eux y sont particulièrement vulnérables alors que d’autres présentent une grande tolérance à B. cinerea. • Cueillir les framboises lorsqu’elles sont rouges et mûres, mais encore fermes. Les ramasser directement dans les contenants destinés aux consommateurs afin de réduire les manipulations au minimum. Utiliser des contenants qui ne sont pas trop profonds afin d’éviter d’écraser les fruits qui sont dans le fond. • Refroidir les framboises à près de 0 °C tout de suite après la cueillette afin de ralentir les proliférations fongiques.
www.agri-mag.com
UNE GAMME ALIGNÉE POUR PROTÉGER VOTRE
CULTURE
Via RSA
Promouvoir les défenses naturelles des plantes au bon moment fait toute la différence Via RSI
Il ne laisse pas de résidus de synthèse chimique. Il s’intègre dans les programmes de nutrition et de lutte contre les maladies et les ravageurs. Mélange d’ingrédients qui favorisent le système de défense des plantes. Autorisé pour une utilisation en agriculture biologique EC 834/2007.
Contactez notre équipe pour plus de détails et conseils sur la gamme ACS.
AlltechEurope Alltech.com/Morocco AlltechCropScienceEurope
© 2020 Alltech, Inc. All rights Reserved.
zallam@alltech.com/ 0661 417 406
Arboriculture
Arbres fruitiers et vigne Les traitements d’hiver, une intervention capitale
L’opération portant sur la taille des arbres fruitiers est en cours dans la majorité de nos vergers. A cet effet il est important de rappeler aux arboriculteurs d’associer une autre opération tout aussi importante, à savoir le traitement d’hiver. Durant le repos végétatif des arbres fruitiers, de nombreux bioagresseurs se trouvent en hibernation nécessitant une destruction avant la reprise de l’activité printanière et le départ en végétation des arbres. Les interventions se résument en mesures prophylactiques et chimiques à entreprendre avant le débourrement. Le traitement d’hiver des arbres fruitiers démarre généralement à partir de novembre et dure jusqu’en février. Lors de cette saison, les arbres ont perdu toutes leurs feuilles et la période est idéale pour ces traitements qui ont l’avantage d’être efficaces, moins nocifs que ceux de printemps ou d’été et d’avoir un faible impact sur l’environnement, les auxiliaires, etc.
Mesures prophylactiques
Elles consistent à utiliser les moyens physiques et culturaux applicables dans tous les vergers d’espèces fruitières puisqu’elles assainissent les arbres et préparent les traitements chimiques. Elles comprennent: - La Taille : pour supprimer les rameaux dépérissant et ceux présentant toutes formes d’attaque ou d’hibernation d’insectes et champignons (chancre, pustules de tavelure, rameaux blanchis par l’oïdium, fruits momifiés, nids de chenilles, cocons et pontes de lépidoptères...). - La Désinfection : désinfecter à l›aide de pâte spéciale (mastic) les plaies de taille, de curetage et celles provoquées par les instruments aratoires. - La Destruction : détruire par le feu les déchets de taille, enfouir les feuilles mortes et les fruits momifiés pour diminuer les risques de contaminations primaires (Tavelure, Oïdium, Moniliose 60
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
et Cloque) au printemps. - Si besoin, un brossage du tronc et des grosses branches éliminera la mousse, les lichens qui sont autant d›abris potentiels pour les parasites. - Nettoyer le sol autour des arbres, l’aérer en le binant, griffer légèrement le sol en surface
Traitements chimiques
Les applications chimiques hivernales constituent les mesures d’appoint à une meilleure assurance pour la préservation des arbres fruitiers contre les ravageurs et les maladies qui pourraient surgir en cours de végétation. Cette intervention réduira notablement le degré de prolifération des populations printanières et estivales. Pour une optimisation des interventions, il est recommandé ce qui suit : - Appliquer le traitement en plein repos végétatif de préférence à l’approche du débourrement, période correspondant à une plus grande sensibilité des parasites visés. - Intervenir après la taille pour obtenir une bonne efficacité et une économie de produits phytosanitaires. - Appliquer la pulvérisation abondamment sur toutes les parties de l’arbre, par l’utilisation de lances. Il y a lieu d’éviter les traitements par temps pluvieux, venté et en période de gel. Avant tout traitement, s’assurer qu’il ne pleuvra pas dans les 48 heures qui suivent, au risque de le rendre ineffi-
cace et de devoir recommencer. - En outre, le traitement d’hiver possède un champ d’action très large; il contribue également à nettoyer les arbres des lichens et mousses.
Produits à utiliser
Les traitements doivent être effectués en plein repos végétatif, bien avant le débourrement et après la taille pour une meilleure efficacité et également pour réduire la quantité de produits utilisés : Fongicide Parmi les fongicides minéraux, le cuivre est utilisé depuis des décennies contre les maladies cryptogamiques par les arboriculteurs aussi bien en cultures conventionnelles que biologiques. Son efficacité est meilleure lorsqu’il est employé en préventif ou en tout début de maladie. Plusieurs formes de produits cupriques peuvent être utilisées, mais le plus connu est la bouillie bordelaise, mélange de sulfate de cuivre et de chaux. Elle agit principalement contre le mildiou mais aussi contre la tavelure des arbres fruitiers à pépins, la moniliose qui affecte les pruniers, cognassiers et poiriers, la cloque sur le pêcher, l’oïdium sur le pommier, etc. Deux à trois pulvérisations à la bouillie bordelaise sont recommandées. La première juste après la chute des feuilles pour une meilleure cicatrisation des plaies et commencer à contrer la moniliose et la tavelure, pour les pommiers et les www.agri-mag.com
poiriers notamment. Le deuxième traitement est à appliquer en février, juste avant le débourrement des feuilles. Et le dernier quand les bourgeons se développent. On utilise de la bouillie bordelaise diluée dans de l’eau. Il faut bien respecter le taux de dilution indiqué sur le mode d’emploi.
Insecticide
Les produits insecticides les plus privilégiés et conseillés contre les formes hivernantes sont principalement les huiles blanches (et huiles végétales). Les huiles minérales ou huiles blanches comme l’huile de paraffine, sont biodégradables et sont utilisées contre les acariens, les araignées rouges, les chenilles, les cochenilles et les pucerons. Toutes ces huiles étouffent les œufs et les larves en les enveloppant d’une couche asphyxiante et prévient leur apparition. Elles sont généralement vendues sous forme de concentré à diluer dans l’eau et à pulvériser durant l’hiver sur le tronc et les branches. Composée d’huile de pétrole, l’huile blanche est un produit corrosif. Ainsi il faut faire attention lors des préparations et respecter les doses recommandées.
Les applicateurs doivent s’équiper de vêtements protecteurs et de gants, et porter un masque pour éviter de respirer les produits. A la fin du traitement, la cuve doit être nettoyée à l’eau claire ainsi que tous les accessoires du pul-
vérisateur. Il faut aussi démonter la lance et la buse pour éviter qu’elles ne soient bouchées par le produit lorsqu’il sèche. Et en fin, il faut éviter de verser les eaux de
Voir la vidéo
rinçage dans le verger.
Optimiser la pulvérisation
Il est recommandé que les formes solubles se versent directement dans l’eau contenue dans la cuve du pulvérisateur. S’il s’agit d’une poudre, il faut préparer tout d’abord le mélange dans un seau et verser la dose préconisée dans la cuve. Il est important de respecter les doses mentionnées sur les étiquettes des produits et de ne pas les augmenter, pensant accroître leur efficacité (perte d’argent et pollution de l’environnement). Puisque les traitements agissent par contact, il faut commencer par pulvériser abondamment le produit en commençant par le haut de l’arbre pour atteindre les bourgeons dormants. Le liquide va ruisseler sur toute la surface des branches principales et du tronc, et s’insinuer dans les anfractuosités et les crevasses de l’écorce. www.agri-mag.com
L’HUILE MINERALE DE REFERENCE MULTI-SAISONS/CULTURES Contre Insectes & Acariens
✓ Formulation pure (Indice supérieur de sulfonation) ✓ Mode d’action original - Physique ✓ Très bon outil de Gestion de Résistance ✓ Autorisé aussi en Agriculture Biologique
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Produit de :
61
Gestion
Éléments d’aide au contrôle de gestion et au management de l’agrumiculture au Maroc AÏT HOUSSA A., DRISSI S., ASFERS A., OUBAKI L., HADDOUCHE Z., AMLAL F., CHRAÏBI H.
En agriculture, il est très difficile de parler de contrôle budgétaire figé ou de maîtrise des coûts à la manière de l’industrie, sauf peut-être en milieu contrôlé comme la serre moderne. En effet, dans le monde de l’industrie des objets inanimés et des machines, la production est un processus standard qui se déroule dans une enceinte protégée contre l’influence des mauvaises conditions climatiques ou édaphiques du milieu extérieur.
Distinguer l’agriculture de l’industrie
Sauf pièces défectueuses ou accident dans la marche avant de l’usine, productivité et qualité de l’objet fabriqué sont donc maîtrisables et reproductibles. En agriculture, par contre, on a affaire au monde du vivant où le processus de production se déroule dans la nature avec d’importantes variations de productivité et de qualité dues au climat, région, type de sol, et à l’environnement d’une manière générale. Un contrôleur de gestion habitué aux tableaux de bord industriels, sera frappé par l’ampleur des écarts qu’il découvrira quand il va commencer à traiter pour la première fois la production agricole.
Facteurs de variabilité interannuelle en agrumiculture
En agrumiculture, qui nous intéresse ici, avec un même process de production (porte greffe, variété, densité, taille, …) et la même
quantité d’intrants (eau, engrais, pesticides), le résultat obtenu peut être très différent d’une année sur l’autre. Et l’une des difficultés majeures du contrôle de gestion en agriculture vient justement de ces incertitudes sur la partie opérationnelle, dans la mesure où tout le reste en dépend (commandes, main d’œuvre, transport, conditionnement, commercialisation). En effet, comment établir des règles de contrôle budgétaire fiables pour une activité où d’importants écarts par rapport à l’objectif sont inévitables et déterminés en grande partie par des facteurs imprévisibles et non maîtrisables par l’entreprise. Quoique d’ampleur inégale selon les variétés, les agrumes par exemple, sont caractérisés par des phénomènes d’alternance avec une année dite ON et la suivante dite Off où le tonnage peut diminuer de plus de moitié. Et si la campagne est à la fois de forte charge avec en plus un retard important de récolte, la suivante peut être même une campagne avec zéro production quelle que soit la variété ou le porte greffe comme en témoigne la situation dans le Souss en 2019. D’habitude,
les variétés de petits fruits les plus sensibles à l’alternance sont la Caffin, la Nour, et dans une moindre mesure la NadorCott. Comme autres causes pouvant faire varier la productivité ou la qualité dans de grandes proportions, obligeant à revoir le budget en cours d’exercice, il faut citer le Chergui, le gel, l’excès de pluie, les dégâts d’insectes tels que l’aleurode ou les trips lorsqu’ils touchent d’importantes superficies.
Instaurer une démarche favorisant la réussite
Évidemment, cette obligation de modifier le budget d’une année sur l’autre ou d’un endroit à l’autre, ne peut dispenser les grandes entreprises agricoles de tenter une démarche de contrôle de gestion, par analogie avec les autres secteurs économiques. Rien n’empêche un contrôle budgétaire évolutif qui tienne compte des sources de variation externes liées à l’agriculture. Quelles que soient les difficultés de mise en œuvre, une grande entreprise décentralisée qui délègue la gestion opérationnelle à ses unités de production sises en régions, n’a pas d’autre choix que d’instaurer un contrôle de gestion. Cela lui permet de s’assurer que sa feuille de route a bien été déclinée en actions, conformes aux objectifs stratégiques et tactiques initialement prévus. L’entreprise vérifiera ainsi qu’il n’y a pas, par rapport à ses objectifs, d’écarts flagrants, qui risquent de dégrader les résultats de la société, de la plonger dans un déficit irréversible, voire de faire échouer le projet avant même son démarrage. A notre connaissance, il n’y a pas beaucoup d’informations publiées sur le management de l’agriculture au Maroc. Cet article tente de fournir une partie de ces éléments afin d’aider les entreprises dans l’élaboration des budgets nécessaires au pilotage stratégique et opérationnel des fermes. Étant donné la
62
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
Gestion
grande diversité des filières agricoles, ce premier essai sera consacré à l’agrumiculture qui fait partie des secteurs organisés où il y a, en plus, un réel besoin en contrôle de gestion, du moins chez les grandes entreprises structurées.
Un modèle de production s’inspirant de l’industrie
Depuis l’avènement du plan Maroc vert, un nouveau modèle de production a été introduit en agrumiculture. Sur le plan financier, le modèle prévoit de traiter l’investissement dans cette filière agricole à la manière de l’industrie et des services, notamment en suggérant le principe d’une durée d’amortissement plus courte que par le passé (15-20 ans au lieu de 30-40 ans), et un retour sur investissement plus rapide. Dans un souci de cohérence avec ces objectifs, le modèle prévoit des vergers avec une entrée en production rapide, une haute productivité, une qualité irréprochable et une augmentation de la part de marché à l’export avec des prix plus intéressants. Sur le plan agronomique, le modèle consiste à créer des unités modernes conduites en intensif où la haute densité (6 x 1,5 ; 6 x 2 ; 6 x 3) se substitue aux anciens écartements très larges (8 x 8 ; 7 x 7 ; 7 x 6 ; 6 x 6), à introduire de nouveaux porte-greffes (Macrophylla, Volkameriana, Citrange Carrizo, Citrange Troyer, C35, Citrumello, …) pour remplacer le bigaradier, seul utilisé en agrumiculture jusqu’aux années 2000 64
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
mais très sensible à la maladie grave de la tristeza. De nouvelles variétés, soit très précoces ou au contraire très tardives, sont aussi venues enrichir le patrimoine agrumicole du Maroc et élargir la période d’exportation des petits fruits (Bruno, Esbale, Afourer,…), sans oublier la technique de plantation sur butte, le goutte à goutte, la fertigation, les pièges de masse pour lutter contre la cératite, et bien d’autres technologies nouvelles. Concernant le rôle de l’État, d’importantes mesures d’incitation ont été prises pour mettre en œuvre et soutenir ce nouveau modèle, entre autres l’accès plus facile au crédit à l’établissement, la subvention sous diverses formes pour la production (sous solage, réalisation des forages, goutte à goutte, achat de plants, de matériel,…), la subvention substantielle aux stations de conditionnement et quelque peu aussi pour l’export. Moins de 12 ans après, force est de constater que les résultats les plus évidents de ce nouveau modèle sont surtout l’accroissement remarquable du volume produit grâce aux jeunes plantations, l’amélioration de la qualité et le changement de la configuration de l’assortiment variétal, avec plus de petits fruits que d’oranges eu égard au passé. En si peu de temps, le pays est passé de 70 mille ha de vieilles plantations en extinction à plus de 125 mille ha avec plus de jeunes plantations, et d’une production de 1,3 millions de tonnes à plus de 2,7 millions. Le revers de la médaille du modèle, c’est malheureusement l’absence de progrès
significatif sur le tonnage exporté, un certain tassement du prix à l’export mais surtout sur le marché intérieur, frôlant à peine le seuil de rentabilité et parfois produisant des marges négatives graves comme en 2018. Mais le plus inquiétant est le manque de visibilité réelle sur l’avenir de la filière. C’est un modèle qui a eu le mérite de produire plus vite de la ressource biologique, mais avec l’inconvénient de n’avoir pas pu préparer aussi vite les marchés nécessaires à sa commercialisation. Au Maroc, nous avons affaire à une économie libérale où le marché des agrumes est régi par la loi de l’offre et de la demande. Mais en continuant à augmenter l’offre sans que la demande ne suive et à vendre le produit à perte, il y a un risque évident que l’autorégulation se fasse d’elle-même, avec disparition éventuelle de la strate des producteurs en position de faiblesse, qu’ils soient grands ou petits, alors même que beaucoup de jeunes vergers ne sont même pas encore à leur plein régime de production. Pourtant, il s’agit d’une crise pour pas grand-chose ou Crise-50 cts (mettons 75 cts pour être plus large), car c’est de ce petit complément de prix au kg tout venant que la filière a besoin pour assurer sa durabilité et poursuivre même son développement. Mais le modèle peine à lui assurer ce petit montant. Crise structurelle fatale ou conjoncturelle et surmontable ? Objectivement, au stade où nous en sommes, personne ne détient la réponse. Le Maroc ne fait qu’entamer l’exploration (un peu tard certes) de grands nouveaux marchés. Et tout dépend du temps que mettra le volume export à monter en charge et du prix net moyen que le producteur va en tirer. Par contre, la question qui interpelle la profession est de savoir si le secteur a la résilience suffisante pour tenir encore longtemps ? En tout cas, ce n’est pas sur le marché local qu’il faut compter pour absorber 2 millions de tonnes d’agrumes ; pour preuve la campagne 2018 où la clémentine a été vendue bord verger entre 0,10 et 0,50 Dh, et pour une partie non négligeable abandonnée sur arbre ou détruite faute d’acheteur. Qui fera quoi pour essayer de sauver la filière ? C’est une question légitime que tout le monde est en droit de se poser. Entre www.agri-mag.com
la stratégie de l’État sur le long terme, de faire du Maroc un mastodonte des agrumes au niveau méditerranéen, forcément consommatrice de délai, et le besoin d’une rentabilité minimale pour tenir bon le temps d’atteindre cet objectif, la filière est à la croisée des chemins. Elle court un risque d’effondrement prématuré avec perte des énormes fonds investis énormes, si la période de transition dure trop longtemps. Qui est responsable de la crise ? Honnêtement, il ne faut pas en vouloir uniquement au plan Maroc Vert, comme certains se donnent raison de le croire, à moins qu’il soit écrit expressément quelque part, que l’État devait assurer seul la relance du volet export. Les producteurs ne peuvent nier leur part de responsabilité
dans ce qui se passe. En effet, au moment de lancer le plan Maroc Vert en 2010, tout le monde savait que la meilleure marge était dans les petits fruits et non dans les oranges. Chacun avait alors choisi d’investir dans cette catégorie, laissant implicitement aux autres le soin de produire les oranges à faibles marges. Mais comme tout le monde avait fait la même lecture des données du marché, le pays s’est retrouvé en quelques années avec une production excessive de petits fruits et beaucoup moins d’oranges. En fait, la remarque la plus importante à formuler au sujet de cette phase ФI du plan Maroc Vert-agrumes, c’est que la trilogie produire/ conditionner/exporter en même temps, n’a pas fonctionné en flux continu comme on s’y attendait. 66
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
La surproduction est maintenant là et la grande question, eu égard à l’inertie constatée sur la réponse du marché étranger, est de savoir s’il va y avoir ou non, une phase ФII avec grand volume export, comme on l’avait prévu. En moins d’une décennie, la production additionnelle du Maroc est de 1,5 millions de tonnes/an mais quel-équivalent-délai sera-t-il nécessaire pour en exporter au moins une partie afin de soulager lemarché local ? Dans l’hypothèse fort-plausible que 2018 n’est qu’une crise passagère en partie due à la forte charge et en partie au faible tonnage exporté : - Une première ébauche de solution à cette crise serait peut-être de commencer par dissuader le producteur de continuer à planter les petits fruits et d’orienter les subventions vers le conditionnement, la logistique et surtout vers l’aide à l’export. - La seconde ébauche pour dénouer la crise, réside aussi en partie dans la possibilité qu’a le Maroc de conquérir de grands nouveaux marchés tels que la Chine, les pays de la CEDEAO et du Maghreb, sans oublier de s’efforcer de récupérer les parts de marché perdues en Europe et en Russie. Quoique la Chine, qu’on croyait pays encore émergent et supposé moins exigeant, ait proposé un premier cahier des charges encore plus sévère que celui des USA ou de la Russie. A l’évidence, s’installer dans un grand marché comme celui de la CEDEAO ne sera pas non plus chose facile. C’est un marché sans doute avec des contraintes semblables à celles du marché intérieur marocain, avec peutêtre même un coefficient amplificateur de ces contraintes, plus ou moins important, selon le niveau d’évolution du commerce dans chaque pays. Mais accéder au grand marché africain n’est pas non plus un objectif impossible, s’il est engagé avec détermination dans la durée. Difficulté de s’installer, logistique, retards de paiement, non solvabilité de quelques clients, c’est le prix
à payer pour conquérir ce marché. En tout cas, l’Afrique (pays du Maghreb compris), est le continuum naturel du Maroc avec lequel tôt ou tard il va falloir développer énergiquement le commerce et les échanges. - La troisième proposition, qui n’est pas des moindres, a trait à la nécessité de réorganiser le marché local qui aujourd’hui est forcé d’absorber plus de 2 millions de tonnes bien qu’il n’en ait pas la capacité et sans profiter au producteur. Continuer d’en parler depuis plus de 30 ans sans se mettre à l’œuvre n’apportera rien à la profession. Dans une enquête récente menée à l’occasion des prix catastrophiques de 2018, le système par lequel ce marché est régi a été tracé dans différentes villes du Maroc (Fès, Sidi Slimane, Rabat, Casablanca, Marrakech). L’étude a permis d’identifier, entre autres, les faux mécanismes de régulation de ce marché. Avec la multiplicité des intermédiaires, même dans une année où elle est payée bord verger moins de 50 centimes, la clémentine est revendue parfois au consommateur final 3-4 Dh/ kg, c’est-à-dire presque 10 fois son prix d’achat. Les parties en présence indiquées du doigt dans ce dysfonctionnement sont semble-t-il, la catégorie faite d’intervenants qui échappent à tout contrôle (vente au bord de la route, à l’entrée des villes, au sein des quartiers,…) et qui en plus ne paient ni taxe locale ni impôt. - La dernière solution partielle, si la crise des prix de 2018 se répète avec moins de gravité, et laisse une lueur d’espoir d’un redressement du marché, c’est bien sur, la réduction des charges. Étant donné que l’investissement dans la plantation est déjà fait, pour le producteur, l’idéal serait d’éviter l’arrachage et de maintenir l’arbre en vie avec un minimum de dépenses, puis de le faire repartir en production dès la remontée des prix sur le marché. Malheureusement, l’impasse sur certains intrants comme l’irrigation, l’engrais, la taille ou encore les pesticides, techniquement très difficile, ce serait affaiblir l’arbre biologiquement et compromettre irréversiblement sa productivité dans la durée. Il reste donc l’idée d’un contrôle de gestion serré des dépenses d’entretien, sauf peut-être pour quelques variétés de petits fruits tardifs (Nour, Afourer) qui continuent d’afficher des recettes correctes et dans une moindre mesure pour les oranges qui ne représentent plus grand-chose à l’export. La barre www.agri-mag.com
www.agri-mag.com
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
67
Gestion de référence pour cette conduite serrée est en première approximation donnée par la productivité minimale en petits fruits de 35 T/ha obtenue avec une sorte de Coût cible inférieur à 1,50 Dh/kg, toutes charges comprises, et un prix de vente tout venant départ propriété au moins égal à 2 Dh/kg. D’où l’intérêt du contrôle de gestion pour passer au crible l’ensemble des postes et évaluer ce que sont les possibilités réelles de réduire les charges. Instaurer le contrôle de gestion dans une entreprise ? Au-delà de la crise actuelle, instaurer le contrôle de gestion dans une entreprise est une obligation sinon ce serait investir sans savoir exactement où on se dirige. Comment s’assurer que l’entreprise est bien gérée s’il n’y a pas de suivi interne par une équipe spécialisée. Bien que chaque entreprise puisse établir ses propres tableaux de pilotage à partir de sa base de données, et sans vouloir faire du tableau 6 un référentiel universel, en première approximation et à cette remarque près, le contrôle de gestion peut considérer qu’un investissement efficient est celui qui réalise un projet moderne de petits fruits d’agrumes (y compris l’immobilisation des 5 années de frais culturaux jusqu’à l’entrée en production) à un coût de l’ordre de 200.000 Dh/ha (250.000 pour l’Afourer). La gestion du projet est également en première approximation efficiente si celle-ci produit plus de 35-40 t/ha avec un taux d’export de plus de 70 %, fait essentiellement des 3 ou 4 calibres les plus demandés sur le marché. Le coût moyen doit être inférieur à 65.000 Dh/ ha (70.000 pour l’Afourer) répartis entre le coût de l’eau d’irrigation (10700), les pesticides (7600), les engrais (5800), la récolte (10500), l’amortissement (8000), le matériel agricole (4200), la taille (2500), les frais divers (4000) et le coût de structure (9500). Cette publication le dit avec un peu de retard, la crise des agrumes est une crise filière et requiert en fait une solution filière. Et le vrai contrôle de gestion qu’il aurait fallu proposer au Maroc, il y a quinze ans, c’est le contrôle de gestion-filière afin de prévenir la sur-offre excessive et doser le marché en fonction de la demande réelle exprimée. Pour voir cette étude très intéressante en détail, vous pouvez télécharger le fichier en version PDF en scannant le code QR. L’étude s’adresse aussi bien aux agro-
Tableau 1 : Éventail de productivité raisonnable chez les agrumes au Maroc Clémentines de saison
Nour
Marisol
NadorCott
Navels
Maroc-Late
Pomelo
Rendement ON (T/ha)
40-45
30-35
50-60
50-60
50-60
40-50
60-70
Rendement Off (T/ha)
30-35
10-15
35-40
35-40
35-40
35-40
40-50
Tableau 2 : Impact du taux d’export sur la recette de la clémentine pour une productivité de 40 T/ha Taux d’export (%)
Prix export (Dh/kg)
Prix marché local (Dh/kg)
CA/ha (Dh)
Perte sur CA (Dh/ha)
40
3,00
0,50
51 450,00
- 30 625,00
50
3,00
0,50
60 200,00
- 21 875,00
60
3,00
0,50
68 950,00
- 13 125,00
75
3,00
0,50
82 075,00
Objectif
Tableau 3: Coût des traitements des principaux ravageurs et maladies des agrumes Produits
Désherbage
Insecticides
Acaricides
Molluscicides
Fongicides
Total
Coût (Dh/ha)
500-900
3000-3500
2000-2500
1200-1500
400-1200*
7100-9600
Tableau 4: Coût de référence de la main d’œuvre en production de petits fruits d’agrumes Opération
Taille/ tuteurage
Protection Pesticides
Irrigation
Matériel agricole
Gardiennage
Récolte
Autres frais
Total
Coût (Dh/ha)
2500
1600
1460
700
1800
10500
800
19360
%
13%
8%
8%
4%
9%
54%
4%
100%
Tableau 5: Exemple de coût du conditionnement des agrumes au Maroc (Dh/kg) Type embal- P r e s t a - Conservation D é v e r d i s - E m b a l - Eau/éner- Palettisa- Divers Total lage tion en froid sage lage gie tion 15 kg
1,25
0,10
0,15
0,65
0,06
0,18
0,21
2,60
10 kg
1,25
0,10
0,15
0,80
0,06
0,16
0,21
2,73
1,8-2,3 kg
1,45
0,10
0,15
1,95
0,06
0,44
1,03
5,18
Tableau 6: Dépenses directes des agrumes par catégorie dans le contexte du Maroc (Dh/ha) Engrais
Irrigation
Pesticides
Taille
Petits fruits
5800
10700
7600
Oranges
5000
10700
5800
tion et l’audit interne qu’aux jeunes non agronomes qui viennent de rejoindre le métier de l’agrumiculture. Pour ces derniers en particulier, il y a un minimum de bagage exigible pour pouvoir interpréter les résultats d’une gestion agricole et, le cas échéant, proposer des mesures correctives crédibles. Les multiples éléments présentés dans ce document devraient en principe leur permettre d’élargir rapidement leur champ de vision et de pouvoir mettre l’accent sur les fins détails de gestion, sans avoir besoin de recourir à chaque fois à l’équipe agronomique.
nomes formés dans le contrôle de ges-
68
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Voir la vidéo
Récolte
Divers
Total
2500
10500
4000
41100
2400
8000
3500
35400
Tableau 7: Coût de revient de référence pour la production des agrumes au Maroc (Dh/ha) Petits fruits Rendement brut (T/ha)
35
Oranges 40
Taille/Tuteurage
2 500
2 400
Engrais
5 800
5 000
Pesticides
7 600
5 800
Irrigation
10 700
10 700
4200
3600
Matériel agricoles Amortissements
8 000
7 800
Récolte
10500
8000
Coût de structure
9 500
9 500
Autres frais
4 000
3 500
Coût de revient/ha
62 800
56 300 www.agri-mag.com
UNE GAMME ALIGNÉE POUR
AMÉLIORER LA SANTÉ DU SOL Stimuler le potentiel productif des cultures au bon moment fait toute la différence
Meilleur développement racinaire, disponibilité et absorption des nutriments dans le sol. Meilleure décomposition des résidus des cultures précédentes et des niveaux de matière organique dans le sol. Soutien de la fonction métabolique grâce aux nutriments essentiels. Favorise l’équilibre du sol, contribuant à réduire la pression des maladies. Approprié pour une utilisation en agriculture biologique.
Contactez notre équipe pour plus de détails et conseils sur la gamme ACS.
AlltechEurope Alltech.com/Morocco AlltechCropScienceEurope
www.agri-mag.com © 2021 Alltech, Inc. All rights Reserved.
Agriculture du Maghreb zallam@alltech.com/ 0661 417 406 N° 139 - Novembre 2021 69
Oléiculture
L’Œil de paon
Estimer le risque et prévenir avant d’intervenir Mal maitrisée, cette maladie peut provoquer une chute plus ou moins massive de feuilles selon le niveau de contamination. Il en résulte un affaiblissement général de l’olivier et une diminution parfois importante de la production : moindre capacité de photosynthèse, pousse végétative limitée, faible nouaison des fruits… En cas d’attaques sur pédoncule, les olives sèchent, se rident et chutent prématurément, d’où une perte directe de récolte. L’œil de paon est la maladie la plus répandue sur l’olivier. Elle est causée par le développement du champignon Fusicladium oleagineum (dénomination actuelle de Spilocaea oleagina et de Cycloconium oleaginum). Sa période de prolifération est le printemps et l’automne lorsque l’atmosphère est douce et humide. Cette maladie s’observe généralement sur la face supérieure des feuilles et elle se manifeste par des taches circulaires de 2 à 10 mm de diamètre dont la couleur varie du brun-noirâtre au jaune orangé. Le champignon commence par s’en prendre aux branches basses puis envahit tout l’arbre. Plus rares sont les attaques sur le pédoncule des fruits (dessèchement de couleur brune) ou sur les olives (dépigmentations circulaires de l’épiderme).
Description, biologie et cycle de vie
Le développement du champignon Fusicladium oleaginum suit le cycle suivant : • dispersion des spores par les pluies, en général à partir de feuilles déjà infectées restant sur l’arbre. • infection de la feuille : germination de la spore et pénétration du mycélium sous la cu-
ticule de la feuille. • incubation du champignon : développement du mycélium au sein de la feuille d’olivier. L’incubation correspond à la période comprise entre l’infection et l’apparition des taches. • fructification des conidies à la surface de l’épiderme (apparition des taches) en vue d’une nouvelle dissémination. Le développement du champignon dépend essentiellement de facteurs climatiques : - pluie et humidité : l’infection nécessite la présence d’eau libre et une atmosphère saturée. Les spores se dispersent quasi-exclusivement par la pluie, par le biais des éclaboussures sur les zones infectées. - température : elle agit sur la vitesse de développement du champignon. Fusicladium oleaginum est plus particulièrement actif entre 8 et 24°C, avec un optimum autour de 16°C. A cette température, la durée nécessaire à l’infection n’est que de six heures et les taches apparaissent au bout de deux semaines. En dehors de la plage de température comprise entre 8 et 24°C, le champignon est ralenti, voire stoppé ; l’incubation peut alors durer plus de trois mois. Compte tenu des conditions requises, la sortie d’hiver
/ printemps et l’automne correspondent aux deux périodes de forte contamination. Facteurs favorables Le développement de l’œil de paon est favorisé par : • le choix variétal : les variétés d’olivier n’ont pas toutes la même sensibilité à l’œil de paon. La Picholine marocaine qui est le cultivar dominant au Maroc est par exemple reconnu comme très sensible à l’œil de paon. • la situation du verger : les arbres situés à l’abri du vent (bas-fond, haie étanche au vent...) ou proches des cours d’eau restent humides plus longtemps. • les conditions culturales : un espacement insuffisant entre les arbres et un feuillage trop dense limitent la circulation de l’air. L’enherbement entretient également un micro-climat humide au sein du verger.
Surveillance et estimation du risque
Au-delà d’un seuil de nuisibilité proposé à 10 % de feuilles atteintes, une intervention peut être déclenchée. Les observations sont réalisées tout au long de l’année, notamment au printemps et à l’automne, sur au moins 200 feuilles par verger, réparties sur une dizaine d’arbres. Ces feuilles peuvent être prélevées puis immergées durant 20 minutes dans une solution de soude dosée à 5 % pour révéler les taches en incubation. Cette manipulation est indiquée en sortie d’hiver et en fin d’été pour estimer l’inoculum avant les périodes à risque.
Stratégies de lutte Prophylaxie La lutte contre la maladie doit commencer avant la plantation. Il est recommandé de recourir aux plants des pépinières avec les garanties appropriées, afin d’assurer la qualité sanitaire de la plante. Les mesures préven-
70
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com
tives visant à éviter l’excès d’humidité dans le sol et la maîtrise d’irrigation sont aussi, des facteurs très importants. La prévention passe aussi par une série de mesures limitant l’humidité au sein du feuillage : • il est indispensable de tailler chaque année. La taille annuelle améliore la circulation de l’air au sein de la frondaison et favorise l’assèchement du feuillage. La taille pratiquée permet également de contenir le volume de frondaison pour maintenir un espace suffisant entre les arbres. Sur les arbres fortement touchés, une taille sévère permettra de supprimer les parties les plus contaminées et viendra stimuler la production de nouvelles feuilles. • en verger enherbé, la tonte régulière de l’herbe réduit l’humidité au sein du verger. Privilégier la lutte préventive Cette lutte consiste à appliquer une solution cuprique sur les arbres pour éviter de nouvelles contaminations. Les ions cuivre libérés au contact de l’eau créent une barrière protectrice à la surface des feuilles et inhibent la germination des spores. Pour être efficace, le cuivre doit être appliqué avant les pluies contaminatrices qui ont lieu généralement au printemps et à l’automne. Une application précoce dès la sortie d’hiver permet de réduire l’inoculum sur l’olivier et de mieux maîtriser la maladie au printemps. Pour assurer une bonne couverture, le pulvérisateur doit être réglé de manière à obtenir une pulvérisation fine et régulière sur toute la frondaison, y compris à l’intérieur de l’arbre et sur les rameaux bas. Du fait de la libération des ions cuivre, les pluies lessivent progressivement le cuivre appliqué sur les feuilles. La moitié du cuivre est ainsi lessivée au bout de 20 mm de pluies. L’ajout d’un mouillant au moment de l’application permet d’améliorer la fixation du cuivre sur la feuille. Dans la pratique, il est recommandé de renouveler l’application tous les 40 mm de pluies, voire 60 mm en cas d’ajout d’un mouillant. En général, 2 à 3 traitements annuels suffisent à protéger efficacement les variétés résistantes, alors que 4 à 5 passages sont parfois nécessaires sur les variétés plus sensibles. Si la contamination reste minime, un traitement à demi-dose est suffisant pour assurer une protection efficace. Si l’infection approche le seuil de 10% de feuilles atteintes, un traitement à la dose homologuée est préférable. De plus, www.agri-mag.com
le cuivre fait chuter prématurément les feuilles infectées, ce qui a pour avantage de réduire l’inoculum sur l’arbre. Les fongicides cupriques présentent toutefois quelques inconvénients. Une fois lessivé, le cuivre s’accumule dans le sol avec des risques de toxicité. En raison de sa diffusion par voie translaminaire, la dodine résiste bien au lessivage et elle offre une action préventive (durée de l’ordre de 15 jours) et curative y compris sur
les taches. Le risque de résistance n’est pas négligeable et son utilisation est également à réserver aux situations critiques. A noter que des travaux de recherche ont été orientés dans le but de développer des agents de lutte biologique capables de réduire ou de stopper le développement du champignon F. oleagineum. Les agents antagonistes utilisés pour lutter contre l’agent causal de l’œil de paon de l’olivier appartiennent à plusieurs groupes taxonomiques, notamment les bactéries telles que Pseudomonas sp et Bacillus sp. Ces microorganismes produisent des métabolites secondaires antifongiques qui inhibent la croissance et le métabolisme des agents pathogènes.
EFFICACITE ET RESISTANCE AU LESSIVAGE A DOSE REDUITE Formulation avancée et Efficacité supérieure
FONGICIDE BACTERICIDE
UNE FORMULATION DE HAUTE TECHNOLOGIE
- Suspension Concentrée élevée - 700g/l d’oxychlorure de cuivre - Cuivre Pur - teneur en métaux lourds inférieure à la norme FAO - Particules micro-fines pour une couverture optimale des feuilles - Excellente résistance au lessivage - Excellente Solubilité, Suspensibilité et Compatibilité
Sans risque de Phytotoxicité & Meilleure Préservation des sols – Grâce à une faible dose/Ha ✓ Utilisation Facile et Sécuritaire ✓ Utilisable aussi en Agriculture Biologique
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
71
Arboriculture
Conservation des pommes Maladies physiologiques ou d’origine abiotique
En plus des problèmes causés par les champignons et les bactéries, il existe de nombreux problèmes physiologiques ou abiotiques qui peuvent affecter les pommes stockées, parmi lesquels :
Bitter pit (taches amères) Il s’agit d’un désordre physiologique lié à une faible teneur en calcium ou un rapport (K+Mg)/Ca trop élevé, qui peut survenir en verger et apparaître en conservation. La sensibilité des fruits est accrue par une alimentation en eau irrégulière, des arbres jeunes ou faiblement chargés (rapport feuilles / fruits élevé), des fruits de gros calibre et une date de récolte précoce. Symptômes et dégâts Taches plus ou moins décolorées, en dépression, non lenticellaires, généralement localisées dans la moitié oculaire (inférieure) de la pomme (figure 1). En coupant ou en épluchant un fruit, on observe des masses brunes spongieuses et globuleuses (fig2), de consistance sèche, dépassant rarement 1 cm de diamètre, situées sous l’épiderme. En coupe on constate parfois ces masses spongieuses dispersées dans la chair (fig 3), qui vont atteindre la surface au cours de leur évolution (fig 4). D’autres dégâts se rapprochent du Bitter pit: - le Cork spot qui se présente comme des taches de Bitter pit mais plus larges, et localisées sur toute la surface du fruit (figures 5 et 6). Comme le Bitter pit, la partie sousjacente est spongieuse (fig 7). - la tache ou plage spongieuse, qui apparait sous forme de plage de forme variable, en dépression, plus ou moins nécrosée (figure 8) et toujours spongieuse sous l’épiderme. Tous ces symptômes peuvent apparaître au verger mais peuvent aussi se développer en conservation. Confusion possible - Les formes classiques du Bitter pit peuvent être confondues avec le Lenticel blotch pit,
72
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
la Tache Jonathan ou des dégâts de grêle. Il faut savoir que les dégâts de grêle intéressent toute la zone exposée du fruit, alors que le Bitter pit est dans la moitié oculaire. - On peut aussi parfois confondre avec des piqûres de punaises phytophages, mais dans ce cas, la trace du stylet devrait être visible à la loupe. Causes et expression de la maladie Le Bitter pit est causé par un déséquilibre minéral : faible concentration en calcium associé à des niveaux élevés de potassium et de magnésium. Pour exprimer l’équilibre entre ces différents éléments minéraux, on prend en compte le rapport K/Ca ou K+Mg/ Ca. Le calcium influence la résistance et la perméabilité de la membrane cellulaire. En cas de carence, les cellules dépérissent et forment des amas liégeux. Des recherches ont mis en évidence l’initiation de la maladie 4 à 6 semaines après la chute des pétales. Le calcium est un élément qui migre mal dans les fruits, ce qui explique que la carence s’exprime plutôt dans la partie inférieure (zone oculaire). Conditions et facteurs favorisants - Sensibilité variétale : Braeburn, Golden Delicious; - Fortes fumures azotées ; - Arbres en sous charge,
- Arbre de forte vigueur, - Taille d’hiver trop sévère ; - Fruits de gros calibre ; - Conditions climatiques très sèches et chaudes, - Irrigation irrégulière ; - Récolte précoce ; - Durée de conservation trop longue. Moyens de protection - Maîtriser la vigueur et le rendement de l’arbre ; - Effectuer des applications foliaires de calcium au cours de la croissance du fruit pour prévenir le Bitter pit en conservation, un trempage dans une solution de Chlorure de calcium est possible, mais il faut faire attention toutefois aux risques de phytotoxicité. - Respecter la date de récolte, le délai de mise au froid et la descente en atmosphère contrôlée ; - Les lots orientés vers une longue conservation doivent être entreposés à la température la plus basse possible, compatible avec la variété et bénéficier d’une atmosphère contrôlée bien maîtrisée pour retarder au maximum l’apparition de la maladie. Des analyses minérales de fruits, proches de la récolte, peuvent renseigner sur le risque potentiel d’un lot. Un test de diagnostic du risque « Bitter pit » est possible à la récolte.
www.agri-mag.com
Conservation des pommes Gel en conservation
Il affecte les fruits lorsque la température de stockage descend accidentellement en dessous de leur point de congélation. Symptômes et dégâts Ils peuvent être variables selon l’intensité et la durée de la période gélive : du brunissement épidermique seul (figure 1), mais avec quelques couches sous-jacentes de cellules brunies, à l’altération profonde où les tissus prennent un aspect vitreux (figure 2). En phase finale, des cavités peuvent se développer dans les tissus touchés. Confusion possible Les symptômes du gel de conservation peuvent être confondus avec une échaudure superficielle, mais le gel a le plus souvent une extension interne, au moins sur les premières couches cellulaires de la chair sousjacente.
cend en dessous du point de congélation. Celui-ci est compris entre -1,4 °C et -2,8 °C pour la pomme. Dans la pratique, il est souhaitable de ne pas descendre en dessous de 0 °C. Il est à noter que le point de congélation est différent selon la variété et son taux de sucre. Conditions et facteurs favorisants - Mauvaise gestion du réglage et du contrôle de la température dans un local frigorifique ; - Mauvais fonctionnement de la ventilation ; - Panne du système de production de froid ; - Palox trop proches de la sortie de ventilation du groupe froid.
Causes du désordre Cet accident survient lorsque la température de conservation des-
Moyens de protection - Maintenance régulière du système de réfrigération ;
- Contrôle hebdomadaire des températures de conservation (sonde et thermomètre au portillon de chaque chambre), durée de production de froid par 24 heures pour chaque chambre.
Brunissement dû à l’atmosphère contrôlée (AC) Cette maladie de conservation d’origine physiologique, se traduisant par un brunissement externe et/ou interne, est due à un mélange gazeux de composition inadéquate (excès de CO2, manque d’oxygène) de l’atmosphère contrôlée. Symptômes et dégâts Brunissement de l’épiderme très superficiel (figures 1 à 4), à contours irréguliers parfois déprimés, et/ou brunissement interne(voir Cœur brun - cavernes). Une odeur de fermentation peut être perçue à l’ouverture des chambres froides. Les fruits présentent parfois un goût piquant qui peut s’estomper après quelques jours de ventilation.
74
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
Confusion possible Le brunissement externe peut être confondu avec l’échaudure de prématurité, mais celle-ci est évolutive lors du retour à température ambiante. Le brunissement interne peut être confondu, lorsqu’il n’y a pas de formation de caverne dans la chair, avec tout autre brunissement (sénescence,...).
Causes et expression de la maladie Chaque variété a des exigences précises de taux d’oxygène et de gaz carbonique dans les atmosphères contrôlées (AC classique, ULO, extrême ULO). Lorsque les taux ne sont pas respectés, ou bien en cas de panne du système de régulation, le fruit ne peut effectuer correctement sa res-
www.agri-mag.com
piration. Il passe alors en phase de fermentation, ce qui entraîne l’apparition, entre autres, d’acétaldéhyde et d’éthanol dans la chair de la pomme (odeur d’alcool). La toxicité entraîne un désordre dans la chair et/ou complété par un brunissement extérieur. Conditions et facteurs favorisants - Sensibilité variétale, - Récolte précoce ou trop tardive, - Des fruits de gros calibre qui sont souvent de maturité plus hâtive, - Descente trop rapide de l’atmos-
phère contrôlée avant refroidissement complet des fruits, - Un mauvais chargement de la chambre, qui entraîne des circuits privilégiés de l’air. L’atmosphère de conservation n’est pas homogène dans la chambre de stockage, - Température de conservation très basse (proches de 0 °C) et des teneurs en oxygène très faibles (les symptômes sont aggravés lorsque le taux de gaz carbonique augmente). Moyens de protection Consulter et respecter les préco-
nisations de conservation pour chaque variété : température, taux d’O2 et de C02 pour chaque type d’atmosphère (AC, ULO,...), durée de stockage, … - Respecter la date de récolte, le délai de mise au froid et de descente en AC ; - Gerber et disposer correctement les contenants dans la chambre de stockage ; - Descendre la chambre en AC lorsque les fruits sont correctement refroidis.
Cœur brun - Cavernes Maladie physiologique en conservation, se traduisant par un brunissement interne présentant ou non des cavités, qui affecte les pommes et les poires. Ce désordre est lié à une toxicité due au CO2, soit produit par une respiration anormale du fruit (froid normal), soit présent dans l’atmosphère de conservation (voir Brunissement de l’Atmosphère Contrôlée). Symptômes et dégâts Brunissement interne avec une localisation variable, mais surtout péricarpellaire, qui peut s’étendre par la suite à toute la chair (figures 1, 2 et 3). Les tissus malades perdent de l’eau, ce qui provoque la formation de crevasses ou de cavernes plus ou moins étendues. La présence de cavernes ou de crevasses est possible en absence de brunissement. Confusion possible Cette maladie peut être confondue avec le Cœur rosé. La présence de cavernes est caractéristique : couper plusieurs fruits pour s’en assurer. Causes et expression de la maladie Le Cœur brun est souvent considé-
www.agri-mag.com
ré comme une maladie de sénescence. Le gaz carbonique dégagé par la respiration du fruit devient toxique pour les cellules. Il entraîne leurs brunissements et/ou une déshydratation de celles-ci qui induisent des cavernes. L’évolution est lente. Les symptômes sont surtout visibles après une moyenne à longue conservation. Conditions et facteurs favorisants - Certaines variétés sont plus sensibles que d’autres, - Les fruits, ayant une maturité avancée : récoltes tardives, - Les fruits de gros calibres, - Un retard de mise au froid ou en atmosphère contrôlée, - Les fortes teneurs en gaz carbonique et/ou faibles teneurs en oxygène,
- Les températures très basses (voisines de 0 °C). Moyens de protection - Consulter et respecter les préconisations de conservation pour chaque variété : température, taux d’O2 et de C02 pour chaque type d’atmosphère (AC, ULO,...), durée de stockage, … - Respecter les dates de récolte optimales, - Mettre au froid et refroidir rapidement, - Respecter les modalités de remplissage de la chambre froide, afin de favoriser le refroidissement rapide des fruits et l’homogénéisation de la température et de l’atmosphère au cours de l’entreposage.
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
75
76
Agriculture du Maghreb N° 139 - Novembre 2021
www.agri-mag.com