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Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com www.agriculturedumaghreb.com

Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Prof. Hmimina M’hamed Dr. EL HASSAN ACHBANI Dr. MOKRNI Fouad Dr. SBAGHI Mohammed Abdelaaziz BOUAICHI Dr. Aït Houssa A.

Facturation - Abonnements Khadija EL ADLI

Directeur Artistique Yassine NASSIF

Imprimerie PIPO

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

Edito Gaspillage alimentaire : Arrêtons la frénésie consommatrice

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ans le monde, 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année, ce qui correspond à 1/3 des aliments produits sur la

planète ! Chez nous aussi, une petite virée au niveau des marchés vous a certainement permis de constater que beaucoup de légumes on vu leurs prix augmenter dès les premiers jours du Ramadan. Cette hausse ne serait pas due à une insuffisance de la production ou un manque d’approvisionnement mais plutôt à l’importante augmentation de la demande pour certains fruits et légumes très utilisés pendant ce mois sacré comme les oranges, la tomate, l’oignon …, mais plus globalement la frénésie consommatrice concerne l’ensemble des bien de consommation (lait, farine, œufs…). En effet, souvent, pendant le Ramadan, la nourriture prend une place trop importante dans le budget familial. Les foyers cuisinent des quantités conséquentes de nourriture dépassant les capacités de l’estomac du jeûneur. Et souvent, ce surplus de nourriture finit malheureusement aux ordures. Parallèlement, les dépenses des ménages augmentent considérablement. Ainsi, contradictoirement, avec seulement deux repas par jour (le soir), les dépenses alimentaires se situent bien au-dessus de la moyenne des autres mois. Ce qui pose parfois des problèmes pour l’approvisionnement du pays pour satisfaire la demande. Cette surconsommation grève le budget des ménages, a un effet nocif sur leur santé et affaiblit l’économie nationale (augmentation des importations). Tout ceci va à l’encontre de l’esprit de ce mois sacré qui de-

vrait en principe être dédié à la piété et non aux festivités, à la retenue et non à l’abus et aux dépenses ostentatoires. A noter que la frénésie d’achat et de stockage commence avant même l’avènement du Ramadan, même quand les autorités assurent que toutes les denrées alimentaires seront disponibles en abondance, et avec une bonne régularité d’approvisionnement du marché. Adoptons donc un meilleur comportement envers la nourriture. N’ayons pas les yeux plus gros que le ventre et évitons d’acheter plus que ce dont on a besoin. Ne gaspillons pas ce trésor que certains jeûneurs n’ont même pas. Les spécialistes mettent en avant le rôle bénéfique du jeûne, à condition de respecter une bonne hygiène de vie, une alimentation équilibrée et un sommeil réparateur, permettant ainsi le contrôle de l’esprit sur les besoins du corps. Bon ramadan à tous !

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication

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Sommaire 6

Actualités

Les nématodes à galles Un programme intégré de lutte est nécessaire 50

Origine des agrumes : Evolution et naissance des espèces cultivées 20

Pommes Garantir des fruits de bonne qualité 26

Le carpocapse du pommier Une stratégie de lutte raisonnée s’impose 30

FRAISE : Difficultés du choix variétal 36

Céréaliculture Stagnation d’une filière : entre objectifs et contraintes

Conditions météorologiques et traitements phytosanitaires 54

Le sucre et les détergents des additifs stimulateurs de l’efficacité des traitements insecticides 56

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Le stockage, une activité vitale à mettre à niveau

Les moyens de lutte contre la Tuberculose de l’olivier 58

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Les insectes des denrées stockées 47

AFRICA, face au défi de la sécurité alimentaire : un thème étudié par la FST d’Al Hoceima 61

Nos annonceurs AGRIMATCO 29

BASF 23

FERTIMED 37

TECNIDEX 21

AGRIMATCO 33

BASF 31

FLORAGARD 19

TIMAC 63

AGRIPHARMA 51

BODOR 13

IRRISYS 11

AMPP 53

CASE 43

LALLEMAND 25

ARYSTA 27

CMGP 64

MAGRISER 2

ATLANTICA

CNH 41

MAMDA 5

Agricola 24

EKLAND 39

SIFEL Salon 49

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Cahier ARABE

CMGP BASF MAMDA


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Actu Actu Elevage

Deuxièmes rencontres internationales « Le lait vecteur de développement »

L’essor de la filière laitière à l’échelle mondiale au cœur des intérêts d’experts marocains et internationaux, lors des rencontres tenues à Rabat les 10 et 11 mai 2017, faisant suite au premier colloque qui s’est tenu en 2014 à Rennes (France) en 2014. Les 2èmes rencontres internationales « Le lait, vecteur de développement » se sont clôturées après deux jours d’intenses échanges à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, à Rabat, les 10 et 11 mai 2017. Elles ont fait suite à la première édition de cette manifestation scientifique qui avait eu lieu à Rennes, en France en mai 2014. Dix-huit conférenciers et 210 participants issus de 12 pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe, ont pu y partager leur expérience concernant l’incroyable diversité des dynamiques laitières de par le monde. La filière lait, comme rappelé par les conférenciers, avec 120 millions de fermes dans le monde et un milliard de personnes impliquées dans ce secteur constitue une contribution importante de la richesse des nations et

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un pilier de leurs systèmes alimentaires. Urbanisation et mondialisation impactent fortement les dynamiques de développement laitier à l’échelle d’un pays. Les Rencontres ont d’abord commencé par un focus sur la filière laitière au Maroc, pays d’accueil de la manifestation. Les participants ont ainsi pu se rendre compte de la prise en charge des affaires de la filière par des opérateurs professionnels, regroupés sous l’égide d’un cadre juridique idoine : l’interprofession incarnée par la Fédération Interprofessionnelle Marocaine du LAIT (FIMALAIT). Ainsi, sur la période 2007-2015, la production de lait cru a augmenté de plus de 38 %, la part industrialisée quant à elle, de 45 %, ce qui a permis une évolution de la consommation de 54 à 72 équivalents

litres de lait par habitant et par an. Outre ces augmentations de volumes de lait cru et l’amélioration de sa collecte, les évolutions récentes se caractérisent par un ensemble de défis de mise à niveau, tels que la diversification de la gamme des produits mis à disposition du consommateur par les industriels laitiers ou encore la promotion de la consommation qui semble marquer le pas du fait de rumeurs non fondées scientifiquement, colportées dans certains média et les réseaux sociaux. Pour construire sur les acquis des dernières années, la filière continue son développement et œuvre sur plusieurs chantiers : l’approvisionnement fourrager en face du stress hydrique, la reproduction locale des génisses performantes, le perfectionnement

de la chaine de distribution et l’information transparente des consommateurs. Une deuxième session a ensuite été consacrée aux enjeux représentés par l’usage durable de ressources hydriques renouvelables en vue de garantir le développement laitier. Y ont été abordés des cas d’études au Maroc et en Inde, qui ont tous deux convergé sur la nécessité d’accorder un surplus d’attention à ces questions, notamment de la part des pouvoirs publics, pour s’assurer de maintenir les dynamiques en cours de promotion de la production laitière, plus particulièrement dans un contexte de changement climatique qui va exacerber le stress hydrique. Au cours de cette même session, le cas spécifique de l’élevage du dromadaire a été détaillé, en tant qu’espèce s’accom-


modant justement d’un climat aride et produisant un lait de qualité. Certes, ce dernier demeure un produit de niche, mais il mérite qu’un surplus d’intérêt lui soit accordé pour l’approvisionnement de la population. La troisième session était dédiée aux dynamiques actuelles des marchés du lait et de l’élevage bovin, à l’échelle planétaire. Il y a été démontré que le marché du lait ne concerne en fait qu’une quantité limitée des volumes produits à l’échelle mondiale (à peine 9 %). Il se caractérise ces dernières années par une volatilité extrême qui empêche les intervenants, aussi bien vendeurs qu’acheteurs, de se conforter dans des comportements immuables. Ainsi, la demande de pays fortement acheteurs, notamment la Chine, est fortement variable et peut s’adresser à des pays différents, ce qui impacte les prix. En outre, la variabilité interannuelle du climat mondial affecte les productions, ce qui a aussi un effet sur les cours des ingrédients lactés : poudres entière et écrémée, fromages et beurre. Par ailleurs, une estimation du prix de revient du lait à l’échelle mondiale démontre la très large variabilité de ce paramètre, entre des pays où l’élevage bovin repose surtout sur de l’herbe et d’autres où les coûts alimentaires sont net-

tement plus élevés et où seul le jeu des subventions et des protections douanières assure la continuité des fermes bovines. Ces mêmes estimations du prix de revient du lait évoluent d’ailleurs notablement lorsque le coût de la main-d’œuvre familiale qui s’active dans la majorité des fermes d’élevage est intégré dans les calculs … La dernière session a traité des questions relatives aux rôles sociaux et nutritionnels du lait. Il en est ressorti l’importance de l’activité d’élevage laitier pour la création d’opportunités d’emplois et de revenus, notamment pour certaines couches sociales défavorisées ainsi que pour les femmes. Toutefois, le travail associé à l’élevage laitier doit aussi être envisagé sous l’angle de la contrainte, du fait des charges qu’il représente ainsi que de la pénibilité de certaines tâches routinières qu’il mobilise et cela exige un regain d’intérêt de la part de la recherche scientifique en vue de mieux caractériser ce phénomène. Sur un autre registre, le lait s’avère un aliment fort indiqué, notamment pour les enfants scolarisés dans les pays en développement, améliorant significativement la fourniture en protéines de leurs apports alimentaires quotidiens et contribuant à la promotion de leurs facultés cognitives pour

une meilleure scolarisation. Des témoignages poignants d’expériences au Maroc et dans d’autres pays d’Afrique ont illustré ces propos. A l’issue des conférences, il s’est avéré que certains des défis à relever ne sont pas spécifiques au Maroc ou aux pays en développement : ils concernent les types d’élevage (méga fermes, petites exploitations, etc.), la place des circuits informels, la saisonnalité de la production, la compétitivité de la production locale par rapport aux importations, le débat autour de l’autosuffisance par rapport aux importations … Les échanges ont montré que le développement laitier ne peut se limiter à une simple dimension quantitative (augmentation de la production laitière) : il doit aussi intégrer les dimensions patrimoniale (la promotion des produits traditionnels), qualitative (traçabilité et sûreté sanitaire), écologique

(empreinte hydrique et gaz à effets de serre), nutritionnelle et humaine (travail et rôle des femmes, formation). La diversité des interventions a permis d’appréhender les grandes tendances mondiales du marché et des modèles de fermes aussi bien que des actions de terrain au Maroc, en Inde, au Mali, en Egypte, illustrant la multiplicité des modèles (production, transformation) et leur dynamisme. Au fil des échanges avec les participants, de nouvelles problématiques sont apparues : l’importance du circuit informel, la place de la main d’œuvre familiale, la question de l’étiquetage nutritionnel, et notamment l’incorporation invisible parfois de matière végétale dans les poudres et les produits laitiers. Cette manifestation a été organisée en partenariat par l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, l’INRA, Agrocampus Ouest et le Cirad (France) avec un appui soutenu de la Fédération interprofessionnelle marocaine du lait (Fimalait) de la Fao et de Agreenium, l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France. Les prochaines auront lieu en 2019 à Dakar au Sénégal, avec l’appui de l’Institut sénégalais de recherche agronomique. Les documents de référence et interventions filmées des participants seront bientôt disponibles sur le site des rencontres, https://colloque.inra.fr/lait2017

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Actu Actu Salon

Une participation en force au SIAM 2017 Pour le Maroc comme pour l’Espagne, l’agriculture représente un enjeu important et un secteur profondément ancré dans l’histoire économique et sociale. Les deux pays sont liés par d’importants accords de coopération bilatéraux qui traduisent une vraie volonté d’aller de l’avant. C’est dans ce cadre que l’Espagne participe chaque année depuis 8 ans au Salon international de l’agriculture au Maroc SIAM dont la 12e édition s’est tenue du 18 au 23 avril à Meknès. Cette année, le pavillon espagnol, organisé par ICEX, sous l’égide du Bureau Economique et Commercial de l’Ambassade d’Espagne à Casablanca, a connu la participation de 27 entreprises, soit une hausse de 50% par rapport à 2016. Sur les 27 sociétés, 10 participent pour la première fois afin de se faire connaître et s’introduire dans le marché marocain, alors que les autres sont des habituées du salon et pour certaines, déjà implantées au Maroc avec des sièges ou représentants. Cette année, le pavillon espagnol a occupé une position privilégiée au sein du Pole international et s’est étendu sur une superficie de 430 m2 qui a permis aux exposants de présenter une large 8

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gamme de technologies et services dans des domaines aussi variés que l’irrigation, la fertilisation, les cultures protégées, les emballages, les machines agricoles, les équipements pour le bétail, les analyses, le stockage de denrées alimentaires, etc. De même, ont participé au salon des sociétés espagnoles d’équipements agricoles à travers leurs distributeurs dans différents pôles. En effet, pour les sociétés espagnoles, le SIAM est un évènement à ne pas rater, qui leur permet d’établir de nombreux contacts avec des producteurs, importateurs et distributeurs potentiel, ainsi que de maintenir les contacts déjà noués sur ce marché. Comme chaque année, le

pavillon a connu une grande affluence des visiteurs professionnels, témoignant du grand intérêt pour les produits espagnols. En effet, la proximité géographique, l’adéquation de l’équipement espagnol au climat, aux sols et cultures pratiquées, ainsi que la capacité d’offrir des produits de qualité à des prix attrayants, font des équipements espagnols un choix logique pour les agriculteurs marocains. Le Maroc est d’ailleurs le principal client de l’Espagne en Afrique, avec presque 10% des exportations espagnoles du secteur de l’équipement agricole et cette coopération commerciale se renforce chaque année. Par ailleurs, les entreprises espagnoles misent beau-

coup sur l’innovation. Ainsi, en plus de leurs propres départements de Recherche et Développement, une étroite collaboration de recherche est établie avec les universités, centres de recherche et stations expérimentales. Les entreprises sont ainsi capables d’offrir aux agriculteurs des solutions intégrales, flexibles et efficaces. Le marché de l’irrigation est un bon exemple compte tenu de la similitude des conditions climatiques et la nécessité de l’optimisation des ressources hydriques, si précieuses en Espagne comme au Maroc. L’Espagne, en tant que leader mondial dans la fabrication de systèmes d’irrigation comme le goutte à goutte, la micro-aspersion…


Les sociétés exposantes sont par ordre alphabétique : met à la disposition des importateurs, distributeurs et agriculteurs du Maroc ses meilleurs systèmes d’irrigation qui permettront d’optimiser l’usage de la ressource. En effet, les caractéristiques de l’orographie espagnole et son climat aride dans la zone méditerranéenne, avec peu de pluies, des ressources hydriques limitées, et des sols pauvres en nutriments, spécialement dans la moitié sud du pays, ont obligé les entreprises espagnoles à parier sur l’innovation afin de transformer les conditions adverses en opportunités dans l’agriculture. La participation des sociétés espagnoles au SIAM 2017 a été l’occasion de renouveler leur engage-

ment envers leurs clients marocains, établir de nouveaux contacts et présenter leurs nouveautés. Elles sont confiantes quant aux opportunités que peut leur offrir le marché marocain compte tenu du développement important qu’il connait actuellement. D’ailleurs, plusieurs de ces sociétés ont déjà créé des filiales marocaines pour assurer plus de proximité des clients et un meilleur service. Les professionnels qui s’intéressent aux solutions que l’équipement espagnol peut leur offrir, peuvent contacter les Bureaux Économiques et Commerciaux de l’Ambassade d’Espagne à Casablanca et à Rabat.

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ABELAN VIDECART ACCIONA LOGISTICA AGQ LABS MAROC ASCOL-ASEAVA AUGUSTA VIVEROS AZUD CAIXABANK CRIADO Y LOPEZ MAROC ELECTRONOBO-GOOTEM FERCAMPO-GRUPO FERTIBERIA FERTISYSTEMES DE NUTRICONTROL GESTIRIEGO MAROC GONZALEZ Y MARTINEZ MAROC GYM HORTALAN MAROC IRRITEC IBERIA JUVASA PACKAGING KIMITEC MANDRILADORA ALPESA NAZARIES IT RIBAWOOD SALEPLAS SEGRAGRO IRRIGATION SISTEMAS DI FABRICACION SAFI SYMAGA SILOS TREFILADOS URBANO TREFILARIA DEL MEDITERRANEO TREFIMED AgricultureAgriculture du Maghreb du Maghreb N° 104 - Mai N° 104 / Juin - Mai 2017 / Juin9 2017

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Actu Actu Salon

10e Grand Prix Hassan II

Pour l’invention et la recherche dans le domaine agricole La cérémonie de remise du 10e Grand Prix Hassan II pour l’invention et la recherche dans le domaine agricole s’est tenue le 20 avril à Meknès, dans le cadre de la 12e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc. Pour cette édition, la commission a délivré quatre prix sur les 21 candidatures reçues pour ce Grand Prix, organisé depuis 2003.

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Classe des sciences et technologies avancées

Second prix

Attribué au Docteur El Hassan Achbani, chercheur à l’INRA (CRRA-Meknès) pour son travail intitulé « La galle du collet de la vigne due à Allorhizobium vitis : caractérisation de la diversité génétique de la population bactérienne d›A. vitis et piste de lutte biologique contre la maladie» La galle du collet est disséminée largement avec le matériel de multiplication de la vigne. Depuis son apparition en 2008 au Maroc dans de nouveaux vergers plantés en variétés importées d’Italie, la maladie ne cesse d’impacter négativement les rendements (absence des moyens de lutte efficaces). Les objectifs de ce projet consistent à : - Caractériser les populations d’A.vitis au Maroc, - Améliorer la détection de la bactérie pour le contrôle aux frontières et dans le pays, - Déterminer les zones à risques et étudier l’épidémiologie de la maladie au Maroc, - Etudier les mécanismes de virulence d’A. vitis sur la vigne, et - Elaborer une stratégie de lutte intégrée incluant l’usage de pesticide bio10

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logique à base d’antagonistes et des huiles essentielles. Cette étude a montré que les huiles essentielles (HE) des plantes aromatiques et médicinales ont une activité antibactérienne très importante comparée avec celle des polyphénols dans le contrôle biologique contre A. vitis. L’origan et le thym notamment exercent un effet antibactérien manifeste. L’identification chimique a révélé la présence de plusieurs composés dominants pour ces deux HE comme le carvacrol chez l’origan et le thymol chez le thym. Le mélange du thym et de l’origan a induit une activité antibactérienne plus

importante par rapport à l’utilisation de chaque HE séparément. L’activité in planta de ce mélange a carrément inhibé l’installation des tumeurs sur tomate (plante indicatrice). Les deux HE agissent au niveau de la membrane de la bactérie en causant des altérations des structures lipidiques.

Troisième prix

Remis ex æquo à Mme Kaoutar Aboukhalid et Mohamed Bakha, doctorants à l’INRA, pour leur travail intitulé «Sauvegarde des origans du Maroc à travers leur collecte, caractérisation chimique et génétique, en perspective à leur domestication et réensemencement dans leurs

habitats naturels». L’analyse de la diversité génétique et de la variabilité de la composition chimique des populations aiderait à l’élaboration des stratégies efficientes de leur conservation et leur exploitation. 140 populations naturelles d’origan représentatives de toute l’aire de répartition géographique de l’espèce au Maroc ont fait l’objet d’une analyse de la diversité génétique et chimique. L’analyse de la variabilité des marqueurs SSR a révélé chez l’ensemble des populations, un niveau de variation génétique important, ce qui constituera une étape primordiale dans le cadre de la conservation de ces ressources génétiques


dont les populations sont de plus en plus menacées de disparition. La variabilité de la composition des huiles essentielles des populations a révélé 34 constituants, représentant plus de 95% de l’huile essentielle. Les analyses cytogénétiques et phylogénétiques ont montré que l’oriqan du Maroc, dont le nombre de chromosome est identique (Zn - 30), est réparti en 5 taxons distincts, et que l’espèce a présenté une grande aptitude à la culture quant aux teneurs en molécules bioactives recherchées. L’initiation d’un programme de domestication basé sur la sélection des génotypes performants et chémotypés sera d’un grand intérêt pour réduire la pression sur les peuplements spontanés et pour une bonne maitrise de la qualité.

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Classe Publications d’ouvrages scientifiques ou techniques

Second prix

Rempoté par le Professeur Abdelkader Taleb, enseignant-chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan IIRabat, pour son ouvrage intitulé « Guide des principales adventices des cultures du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) » Ce guide présente 184 espèces les plus fréquentes et abondantes dans les cultures. Cependant, quelques espèces envahissantes, introduites dans ces pays y ont été incluses, car elles commencent à poser de sérieux problèmes en agriculture. Il s’agit essentiellement de Solanum elaegnifolium et Verbesina enceloides. La description des espèces suit l’ordre alphabétique des familles et genres à l’instar des flores classiques. Cependant, pour bien orienter l’utilisateur, nous avons subdivisé les espèces en trois groupes : - Groupe 1 : Plantes sans chlorophylle, souvent parasites sur d’autres espèces (cultivées ou spontanées). - Groupe 2 : Plantes monocotylédones à feuilles souvent linéaires, à nervation parallèle, sépales et pétales des fleurs multiple de 3. - Groupe 3 : Plantes dicotylédones à feuilles souvent non linéaires, à nervation pennée ou digitée, sépales et pétales des fleurs multiple de 4 ou 5.

La nomenclature utilisée est celle de l’Index synonymique de la flore de l’Afrique du Nord (Dobignard & Chatelain, 2010). Les noms vernaculaires français et locaux sont issus des différents documents locaux (mémoires, flores, thèses, etc..). Dans les fiches par espèce, nous n’avons mentionné qu’un seul nom, les autres noms des espèces sont indiqués dans l’index en annexe. Un lexique expliquant les termes botaniques utilisés est donné à la fin de l’ouvrage, il est classé par ordre alphabétique et illustré par des dessins portant le numéro correspondant.

Troisième prix

Attribué au Docteur Bouazza Kherrati, docteur vétérinaire, pour son travail intitulé «Qualité et salubrité des viandes blanches au Maroc. Le poulet de consommation de l›accouveur au consommateur». Pour contribuer à la mise à niveau du secteur avicole au Maroc, et surtout après l’intérêt défini par ce secteur vital dans la production de plus de soixante pour cent des protéines aux marocains, il a été publié ce livre, pour être un manuel d’usage quotidien des professionnels, étudiants, vétérinaires et techniciens afin qu’il leur soit utile à la maitrise sanitaire et hygiénique des différentes unités de production et de transformation des produits avicoles. Toujours, et convaincu à l’utilisation d’une méthode simple pour faciliter la technologie et la rendre accessible à tous les intervenants dans le secteur (cadre, technicien, vulgarisateur, professionnels, formateur, etc.) afin de contribuer au développement de la filière et sa mise à un niveau de compétence de leadership par augmenter le niveau des techniques et des fonctions cognitives des différents intervenants Dans le but de faciliter son utilisation, le livre est divisé en quatre chapitres : - Le premier explicite les généralités sur le secteur avicole - Le second s’intéresse plus particulièrement aux mesures de biosécurité - Le troisième s’intéresse à l’impact sur l’environnement et l’application du système HACCP - Le quatrième traite les circuits de distribution. Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Actu Actu Région

Le CYMMIT amorce un projet de recherche international dans la région de Settat Par El Mostafa DARID, attaché de communication, INRA Settat Un groupe d’experts internationaux du CIMMYT (Centre international d’amélioration du maïs et du blé) s’est rendu au centre régional de la recherche agronomique de Settat pour étudier la possibilité de mise en place d’une plateforme de recherche dans notre pays. Le Domaine expérimental de Sidi El Aidi a été désigné pour accueillir cette plateforme d’envergure internationale. Ce site a été choisi par les experts en raison de sa représentativité des zones du semi-aride du Maroc, sa proximité et la disponibilité des moyens d’irrigation qui facilitent la poursuite des essais sans trop dépendre des aléas climatiques des mauvaises campagnes. L’équipe d’experts était accompagnée par le secrétaire général de l’INRA, R. Dahan, des experts de l’ICARDA, des cadres de l’ONCA, d’une équipe de chercheurs et de certaines associations pilotes du semis direct dans la région. La délégation a visité également l’unique modèle de l’agriculture de conservation dans la région à Oued Zem où un projet maroco-australien avait entrepris des actions de développement sur le semis direct. Au domaine expérimental de Sidi El Aidi, lieu retenu par les experts du CIMMYT, des éclaircissements sur la nature des essais entrepris furent fournis aux visiteurs par les chercheurs, avant de regagner un site pilote de recherche et développement sur le semis direct au sud de Settat. Les deux escales furent le théâtre de débats avancés, d’échange d’expériences sur les contraintes et les défis de l’agriculture pluviale entre les experts du CIMMYT et ceux du Centre de Settat qui détiennent une expérience de terrain des zones 12

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arides et semi-arides depuis plus de 40 années.

Pourquoi ce projet ? Ce projet envisage le soutien de la compétitivité de la filière marocaine de sélection du blé pour une production durable et de qualité. Ce projet compte rassembler une multitude de partenaires en liaison avec le développement de la céréaliculture dans la région. Dans un effort sans précédent, le CYMMIT combine de nouvelles technologies de génotypage et de phénotypage pour identifier les facteurs génétiques responsables des caractères d’intérêt agronomique tels que le rendement, la qualité et la tolérance aux stress biotiques et abiotiques. Il permettra de développer de nouvelles méthodologies de sélection et utilisera des ressources génétiques inexploitées pour identifier et combiner de nouvelles variétés plus performantes dans des conditions de culture respectueuses de l’environnement et adaptées aux changements climatiques. Le blé, la céréale la plus cultivée au monde, constitue une ressource essentielle pour l’alimentation humaine et animale. Du fait de l’explosion démographique de ces dernières décennies, des changements d’habitudes alimentaires, de l’envolée des prix des fertilisants et des produits phytosanitaires et des effets du changement climatique, la production mondiale de blé n’a pas été suffisante pour satisfaire la demande au cours des 10 dernières années. Dans les grands pays producteurs, les rendements stagnent depuis 1995, suite essentiellement à l’impact du changement climatique. Pour répondre au formidable défi de produire mieux en quantité et qualité au sein d’un système durable, de nouvelles

méthodes de sélection plus prédictives et à cycle plus court doivent être mises en place en sélection du blé.

Qu’est ce que le CYMMIT ? Le CIMMYT est une institution de recherche agronomique qui œuvre pour améliorer les moyens de subsistance chez les populations démunies du monde via l’amélioration des semences de blé et de maïs, principales cultures vivrières dans le monde. Cette organisation est créée suite à un programme déclenché en 1943 au Mexique conjointement par le gouvernement mexicain et la Fondation Rockefeller. Tout le monde connait l’un de ses plus

célèbres membres Norman Borlaug, considéré comme le père de la Révolution verte. Elle a son siège à Mexico et diverses représentations en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Australie. Le CIMMYT embauche une centaine de chercheurs spécialisés de haut rang et des centaines de collaborateurs venant de 40 pays. Ses financements proviennent de sources variées notamment la Banque mondiale, les États-Unis, l’Union européenne, la Suisse, le Japon, la fondation Rockefeller, ainsi que le Mexique qui accueille le site principal. Le CIMMYT est l’un des quinze centres de recherche spécialisés relevant du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR).


Les gènes d’une super bonne tomate Les tomates du futur retrouveront-elles la saveur des tomates d’antan grâce à la génétique ? C’est en tout cas l’espoir que forme une équipe internationale de chercheurs qui sont parvenus à identifier les allèles (forme variable d’un gène) nécessaires pour obtenir la saveur riche et originale de ce fruit. La saveur de n’importe quel aliment est obtenue par l’interaction du goût et de l’olfaction. Pour la tomate les sucres et les acides activent les récepteurs gustatifs, tandis que des composés volatiles activent les récepteurs olfactifs. Et lorsque ceux-ci sont bien dosés, la saveur d’une «bonne» tomate est prodigieuse. Or, on le déplore souvent, les variétés de tomates du commerce n’ont plus la saveur des tomates d’antan. Pour les besoins du commerce ont été sélectionnées des tomates bien calibrées, fermes,

résistantes aux maladies, de longue conservation, aux dépends du goût. Qu’ont-elles perdu au cours de sélection? Pour le comprendre, l’équipe de chercheurs a analysé la chimie et la génétique du goût du fruit. Tout d’abord ils ont quantifié les molécules chimiques associées à la saveur dans 398 variétés modernes, anciennes et sauvages de tomates. Puis 160 échantillons de fruits représentant 101 variétés ont été évalués par un panel de consommateurs qui a noté leurs qualités de «goût général» et «d’intensité de saveur». «Nous avons ainsi identifié 33 molécules chimiques corrélées au «goût général», 37 à «l’intensité de saveur» et 28 corrélées aux deux, explique Harry Klee professeur d’horticulture de l’Université de Floride, co-auteur de l’étude. Et force a été de constater que beaucoup de

ces molécules avaient considérablement été réduits dans les variétés modernes par rapport aux variétés anciennes. Il ne restait plus qu’à faire le séquençage génétique du génome des fruits pour identifier les allèles correspondants. C’est chose faite. L’espoir des scientifiques à présent est de rendre à la tomate sa saveur d’avant. «Le remplacement des allèles indésirables devrait avoir un effet positif fort sur l’appréciation du consommateur, souligne Harry Klee. Nous nous concentrons principalement sur les produits volatiles parce qu’ils sont actifs à une concentration extrêmement faible et nous n’avons aucune raison de croire qu’ils interfèrent de quelque façon avec le rendement. « Les chercheurs veulent ainsi remonter le temps «Nous ne faisons que corriger ce qui a été endommagé au cours du dernier

demi-siècle pour les ramener là où elles en étaient il y a un siècle au niveau du goût», a déclaré Harry Klee. À en croire les chercheur pas question cependant de faire des transferts de gènes par les nouvelles méthodes de biologie moléculaire. Mais de continuer à faire de la génétique classique (par croisements) «En fait, nous avons déjà commencé les croisements pour déplacer les allèles souhaitables de ces gènes en variétés modernes.» Et comme les croisements prennent du temps, les travaux pourraient prendre quelques années avant qu’une nouvelle variété de super tomate voit le jour. «Il n’y a pas de tomate parfaite, conclut Harry Klee. Nous avons tous des idées légèrement différentes de ce que signifie «parfaite». Mais nous nous accordons sur le fait qu’on peut faire beaucoup mieux que les variétés commerciales actuelles.»

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Actu Actu Entreprise

BASF Maroc

De l’Est à l’Ouest pour rencontrer les viticulteurs marocains La société BASF Maroc a entamé depuis fin avril une série de rencontres avec les viticulteurs des régions de Meknès, de l’Oriental (Nador, Berkane) et de Skhirat-Bouznika. L’objectif de ces journées d’information était de sensibiliser les agriculteurs sur les principales maladies fongiques qui causent d’importants dégâts aux vignobles et représentent par conséquent un enjeu important.

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ne grande journée d’information s’est tenue dans chacune des trois régions et a rassemblé à chaque fois plus de 100 professionnels, entre producteurs de vigne, revendeurs et distributeurs. Ces rencontres se voulaient informatives et de sensibilisation de par les différentes thématiques abordées, à savoir : - L’itinéraire technique des principales variétés de raisin de table : fertilisation, taille et éclaircissage des verges, ainsi que les techniques culturales innovantes afin de favoriser une bonne croissance des raisins et assurer une production satisfaisante tant sur le plan qualitatif que quantitatif, présenté par M. Abderrahim Laasmi, Responsable BASF de la zone Nord-Est. - Les maladies fongiques les plus préjudiciables de la vigne, en l’occurrence le mildiou, l’oïdium et le botrytis ainsi que les différentes solutions issues de la recherche BASF pour les contrôler et garantir un bon rendement, par M. Tarik El Bilali, Responsable tech-

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nique Maghreb. Les produits clés présentés lors de ces journées étaient :

COLLIS®

Collis® est un anti-oïdium très performant à action curative, à base 2 molécules puissantes et complémentaires : krésoxim-méthyl et boscalid. Actif sur différents stades de développement du champignon, il assure une protection allant jusqu’à 14 jours. Collis® est particulièrement adapté aux périodes-clé de protection anti-oïdium et assure une prévention optimale contre les risques d’apparition de souches à moindre sensibilité.

VIVANDO®

Il s’agit d’un anti-oïdium à base de la Metrafenone, doté d’une bonne performance à cadence de 14 jours. Il offre un nouveau mode d’action grâce à sa substance active qui est la 1ère de la nouvelle famille chimique des benzophénones et constitue par conséquent une solution

d’alternance idéale dans les programmes de protection des vignobles. Recommandé en préventif, il offre l’avantage de sa souplesse de positionnement.

ORVEGO®

Orvego® est un anti-mildiou hautement efficace, c’est une combinaison ultra-puissante d’Initium, issue d’une nouvelle famille chimique et doté d’un mode d’action unique, et de Dimetomorphe, molécule leader à triple action : préventive, curative et anti-sporulante. Orvego® assure une efficacité remarquable sur feuilles et grappes et une protection jusqu’à 14 jours. Il représente une alternative durable pour la gestion de la résistance.

CABRIO® DUO

C’est une solution anti-mildiou combinant la puissance du DMM à la performance et la polyvalence de la F500®. Il présente l’avantage d’offrir une longue persistance d’action et une résistance maximale au lessivage.

Cabrio® Duo peut être intégré aisément dans les programmes de lutte.

BELLIS® WG

Fongicide de contact et translaminaire à base de F500® et du Boscalid qui s’intègre parfaitement à tous les programmes de lutte contre le botrytis. Grâce à l’association de deux matières actives complémentaires, il bénéficie d’un large spectre d’efficacité et d’une longue persistance d’action. Il se caractérise par sa régularité de performance et sa souplesse dans la mesure où il reste efficace quel que soit le stade de développement de la vigne, de la floraison à la véraison. Ces différentes journées ont été l’occasion pour BASF Maroc de répondre aux problématiques rencontrées par les viticulteurs sur le terrain, d’apporter son savoir-faire et son expertise dans le domaine tout en tissant des liens de confiance et de partenariat durable avec les agriculteurs.


GROUPE MAGRISER Prix du meilleur stand au SIAM Le Salon International de l’Agriculture au Maroc, qui s’est tenu à Meknès entre le 18 et le 23 Avril 2017, a été pour le groupe Magriser une nouvelle opportunité pour confirmer sa place de leader de la micro-irrigation sur le marché marocain. Sa participation distinguée au salon lui a d’ailleurs valu de remporter le Prix du meilleur stand du pole Agrofourniture. Le prix a été remis par SAR le prince MOULAY RACHID, au DIRECTEUR GENERAL du groupe MAGRISER M. AZZOUZ MOHAMED. Nombreux étaient les critères qui ont fait du stand du groupe le meilleur cette année, nous en citons les plus

importants à savoir : - La qualité esthétique et conceptuelle du stand ; - Le nombre de partenaires et de visiteurs ; - La diversification des échantillons mis à disposition des visiteurs ; - La pertinence de la communication interne et externe - Etc. A noter que Magriser participe au SIAM depuis son lancement. C’est l’occasion de rencontrer ses distributeurs ainsi que les agriculteurs pour comprendre leurs besoins. Magriser met à profit sa longue expérience pour leur fournir des

Cogepra

Journée d’information sur le pompage solaire Samedi 13 Mai, COGEPRA à organisé au sein de sa succursale de Béni Mellal, un séminaire portant sur le pompage solaire. Y ont été invités des agriculteurs ayant déjà bénéficié d’installations de pompage solaire SOLARWORLD réalisées par la société COGEPRA

avec des capacités allant de 7,5 KW à 37 KW pour des débit allant à 140 m3/h et aussi de nouveaux clients intéressés pour équiper leurs exploitations en dispositifs de pompage solaire. Etaient également présents des agents de l’office régional de mise en Valeur Agri-

technologies et produits qui permettent une utilisation efficace de l’eau et un rendement maximal. Magriser contribue ainsi efficace-

ment à la dynamique agricole que connait le Maroc actuellement en fournissant expertise, solutions adaptées et formations.

cole de Tadla. La journée a été animée par les responsables de COGEPRA et par Mr Mohamed Jallal Slaoui, représentant de la société SOLARWORLD Allemagne pour la zone MENA. Les intervenants ont insisté, entre autres, sur l’importance de choisir un matériel de qualité et un partenaire fiable pour pouvoir tirer le maximum d’une installation de pompage solaire en termes d’efficacité, de débit et de nombre d’heures de fonctionnement. Dans ce

sens, la société COGEPRA, représentant exclusif de la marque SolarWorld au Maroc, a acquis une grande expérience dans ce domaine et a fait de grandes installations dans différentes régions agricoles du pays, notamment le Souss, l’Oriental et Tadla. Le séminaire a été suivi d’une discussion pour répondre aux questions des agriculteurs et un déjeuner a ensuite été offert aux participants.

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AGRIMATCO

Journées portes ouvertes : VERIMARK® et BENEVIA® Les 16, 17 et 18 Mai dernier, la société AGRIMATCO a organisé des journées portes ouvertes dans sa station expérimentale à Agadir pour le lancement officiel de deux nouveaux produits insecticides de DuPont : VERIMARK® et BENEVIA®. Il s’agit de deux produits révolutionnaires dans la protection des cultures, permettant le contrôle d’un large spectre d’insectes piqueurs, suceurs et broyeurs. Les journées ont été inaugurées par M. Mohamed Miloudi, Directeur Général d’AGRIMATCO, qui a présenté un mot de bienvenue aux professionnels du Souss et d’autres régions du Maroc, ainsi que des remerciements aux représentants de la société DuPont et toute l’équipe d’Agrimatco présente. Par la suite, M. Philippe Cattan, Head Africa Middle East DuPont, a pris la parole pour remercier AGRIMATCO pour sa coopération avec DuPont depuis 30 ans au Maroc et pour présenter la société DuPont qui place l’innovation au cœur de son activité de création de solutions plus efficaces et plus saines. En effet, la protection des cultures chez DuPont se base essentiellement sur l’écoute constante de ses clients au Maroc à travers la société Agrimatco pour leur créer des produits répondant à leurs besoins, respectueux de l’environnement et du consommateur, avec peu de résidus et compatible avec la lutte intégrée. La stratégie globale adoptée par DuPont depuis 110 ans est basée sur quatre valeurs fondamentales : la sécurité et la santé, le stewardship environnemental, le comportement éthique irréprochable et le respect des individus. M. Philippe CATTAN a ensuite parlé de l’évolution des produits insecticides de Dupont depuis le Lannate (1970) jusqu’au Cyazypyr® qui est une nouvelle matière active. Ensuite, 16

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il a conclu sa présentation par la nécessité de coopérer avec les producteurs afin de leur présenter des produits innovants et durables pour réussir et aller de l’avant. La parole a ensuite été donnée à M. Roberto Morano, EMEA Insecticide Portfolio Manager, qui a mis l’accent sur la valeur ajoutée des produits DuPont pour la protection efficace des cultures. Ces produits de grande qualité aident les producteurs à accroître leurs rendements tout en maximisant leur rentabilité. Il a ensuite parlé des innovations DuPont à l’échelle globale pour la protection des cultures et de la nécessité de bien utiliser les produits en respectant les doses et le mode d’application pour mieux protéger les cultures ainsi que l’environnement. Ensuite M. Jean Luc Rison, EMEA Cyazypyr® technique manager, a présenté les deux produits insecticides BENEVIA® et VERIMARK® qui ont la même matière active : le Cyazypyr®. Ce dernier se distingue par un nouveau mode d’action agissant par épuisement des réserves de calcium intracellulaire dans les fibres musculaires des insectes piqueurs suceurs et causant la contraction des muscles, la paralysie, la cession rapide de l’alimentation puis la mort en quelques jours. Muni d’un large spectre d’activité sur plusieurs types d’insectes, il stoppe les dégâts très rapidement car il a un

effet sur les différents stades de l’insecte. Par ailleurs, l’application de ces deux produits réduit significativement la transmission des virus aux jeunes plants en contrôlant les insectes vecteurs. Ceci permet à la culture d’exprimer entièrement son potentiel génétique ce qui se traduit par l’amélioration du rendement et de la qualité de la récolte. Verimark® et Benevia® représentent un excellent profil environnemental grâce à leur sélectivité et leur mode d’action essentiellement par ingestion par les insectes. Ils sont respectueux des arthropodes auxiliaires, des mammifères, des oiseaux et des poissons. Ils sont aussi le partenaire idéal dans tout programme de lutte intégrée, du fait qu’ils sont très respectueux des auxiliaires naturels ou introduits ainsi que des pollinisateurs. A noter que l’insecticide VERIMARK® est formulé spécifiquement pour les applications au sol à travers le système d’irrigation goutte à goutte alors que BENEVIA® nécessite des applications foliaires. Pour finir, M. Jean Luc Rison a donné des recommandations sur le positionnement des deux produits sur différentes cultures et leur application. Dans son intervention, M. Noreddine ELAASRI, Responsable Marketing et développement de DuPont, a présenté les homologations réalisées au Ma-

roc sur les cultures : - BENEVIA® est utilisé contre la mouche blanche sur tomate et aubergine; contre la mineuse sur tomate; contre les pucerons sur melon, concombre, pastèque, haricot vert, courgette et fraise et contre les thrips sur fraise, tomate et courgette. - VERIMARK® est utilisé contre la mouche blanche sur tomate, poivron et aubergine; contre la mineuse sur tomate; contre les pucerons sur melon, concombre, pastèque, haricot vert, courgette et poivron. D’autres extensions d’homologation sont en cour de réalisation. Ensuite, il a enchainé sur les avantages de l’application de VERIMARK® et le BENEVIA® à travers les résultats des essais conduits chez des producteurs dans les conditions locales de la région du Souss. En résumé : un rendement supérieur avec une meilleure qualité, et une récolte précoce avec une meilleure gestion de résidus. Et en fin, M. Rachid JDAHIM, Responsable Marketing Cultures Maraîchères, a fait une présentation sur les techniques d’applications des produits phytosanitaires en injection (Chimigation), ainsi que les outils et les paramètres à prendre en considération pour l’optimiser et la réussir.


Case IH

sponsorise et participe à la 7ème conférence « Africa Sugar » Case IH a participé, pour la septième année consécutive, à la conférence « Africa Sugar » qui s’est déroulée à Nairobi, au Kenya, du 4 au 6 avril. Cet événement organisé sur deux jours a rassemblé près de 200 représentants des principaux décideurs gouvernementaux, industriels, minotiers, négociants, groupes de défense et prestataires de services du monde entier. Les délégués ont discuté des opportunités d’affaires et d’investissements dans le secteur du sucre en Afrique. Pour la première fois, de grands producteurs de canne à sucre de la région étaient invités pour aborder des thèmes tels que le développement durable ou la responsabilité sociale des entreprises. Parmi les intervenants, Ian Allen, Directeur général du départe-

ment Agriculture du distributeur Case IH au Kenya, TTEA, qui a donné des conseils sur la mécanisation de la culture de canne à sucre et a présenté l’approche de Case IH pour soutenir les producteurs dans leur croissance, l’augmentation de leur productivité et le développement durable. Il a décrit le tout nouveau département Agriculture industrielle de la marque, centré sur l’offre de solutions complètes et à grande échelle en tant que fournisseur unique pour répondre à tous les besoins des grandes exploitations industrielles. Case IH était en outre le sponsor « Gold » de la conférence pour la septième année consécutive. Ian Allen a expliqué comment Case IH est en mesure de soutenir les exploitants de canne à

sucre grâce au savoir-faire et à l’expérience accumulés depuis 50 ans dans ce secteur : « Case IH possède à la fois une technologie de pointe et l’expertise requise. Ainsi nous offrons une gamme complète de solutions qui couvre toutes les phases de production, de l’équipement de culture aux pulvérisateurs jusqu’aux récolteuses de canne à sucre, les plus fiables du secteur. Case IH dispose d’un département dédié à l’Agriculture industrielle composé d’une équipe de professionnels qui accompagnent les exploitants en leur donnant des conseils sur la mécanisation de l’agriculture à grande échelle. Notre équipe de spécialistes demeure à la disposition de ces clients comme conseillers dans la sélection des machines pour débroussailler, préparer la terre, ensemencer,

récolter et effectuer le transport jusqu’au moulin. » Mr Allen a également présenté l’approche de Case IH et de TTEA pour cette activité, basée sur un réseau compétent de salariés, de concessionnaires et de distributeurs. L’objectif est d’instaurer une relation étroite et durable avec ces entreprises internationales, en se concentrant sur les hausses de productivité pour améliorer leur retour sur investissement. L’accent a été mis sur la recherche et la mise en application de technologies de pointe destinées à limiter les risques liés à l’agriculture, en développant des offres de services financiers flexibles et en garantissant une assistance accessible et efficace pour le service et les pièces détachées.

prix de mérite aux projets de fin d’études ou thèses qu’ils ont réalisés sur le terrain et visant à contribuer à la compréhension et à la solution de certains aspects qui touchent aux problématiques auxquels font face les agriculteurs de différentes régions et différentes filières des productions agricoles.

concernés, les lauréats ayant postulé à ce prix, originaires de différents établissements et de différentes spécialités ont suivi plusieurs étapes de sélection, à commencer par la présentation d’un résumé de leurs travaux et les réponses aux questions et remarques du jury de sélection et d’attribution du prix.

Après une campagne d’information des

Nous souhaitons longue vie à cette initiative et une bonne réussite aux éditions à venir !

BODOR

La première édition du prix PFE Dans le cadre de sa stratégie de contribution au développement de l’agriculture marocaine, et par sont esprit d’encouragement des futures profils agronomiques, la société Bodor a célébré, la Cérémonie de remise des prix pour les meilleurs PFE, le 10 Avril dernier à Berrechid. Après des mois de sélection et d’évaluation de l’ensemble des projets de fin d’étude par le comité de direction, trois finalistes ont été primés : Le premier prix « PC portable » a été décerné à Mr Mamadou Bailo Bah ; Le deuxième prix « tablette » attribué à Mlle Zineb Abbad ;

Et le troisième prix décerné à Mlle Halima Kadiri. Un grand bravo aux trois jeunes ingénieurs agronomes ! Pour rappel, et dans le cadre de sa politique de rapprochement avec les acteurs de l’activité agricole, le Groupe Bodor avait lancé un appel aux élèves ingénieurs en agronomie ou en horticulture pour se porter candidats à son prix annuel de la recherche en agronomie. L’objectif de cette initiative était d’encourager les étudiants et jeunes lauréats intervenant dans le domaine de la recherche en agriculture en accordant des

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Actu Actu Entreprise

AGRIPHARMA FLASH SOL FE :

Nouveau produit de désinfection du sol Spécialisée dans les solutions phytopharmaceutiques pour toutes les cultures (fongicides, insecticides, acaricides, nématicides, bio-stimulants et produits de post-récolte), la société AGRIPHARMA a organisé le 18 mai dernier une journée à Agadir pour présenter son nouveau produit de désinfection du sol : FLASH SOL FE en faveur des professionnels de la région. Dans l’activité de production maraichère, la désinfection du sol est devenue plus qu’une nécessité pour faire face aux problèmes causés par les organismes nuisibles au développement des cultures. Par exemple, dans la région de Souss Massa, les nématodes constituent un problème phytosanitaire majeur pour plusieurs cultures stratégiques. Cette situation est due essentiellement à la pratique de la monoculture qui participe à l’appauvrissement du sol en matière organique et à la propagation de la population des nématodes et autres nuisibles telluriques. Pour faire face à cette problématique, plusieurs techniques non chimiques et chimiques sont adoptées par les producteurs de la région pour contrôler les pathogènes du sol en vue d’assurer un développement adéquat des cultures horticoles. C’est pour les aider dans cette tache difficile que la société Agripharma a introduit un nouveau produit fongicide : le FLASH SOL FE.

La journée a été inaugurée et animée par M. Boubkeur Abejja. Dr. Vicent Cebolla, Consultant Ingénieur Agronome, a fait un rappel sur la situation actuelle en Europe des alternatives autorisées au bromure de méthyle pour la désinfection du sol, et sur l’effet des fongicides sur les champignons en fonction de la méthode d’application. Il a aussi abordé les pathogènes qui poussent les producteurs à désinfecter leur sol ainsi que l’effet à long termes des répétitions des traitements sur le sol.

Pourquoi désinfecter avec le FLASH SOL FE ?

Cette nouvelle solution est le désinfectant de sol à large spectre utilisé avant la plantation. Il a été conçu pour assurer un grand contrôle sur les nématodes et principalement les maladies fongiques du sol. Comme le Flash Sol, il est à base de dichloropropène mais à une teneur de 37.7% (1 tiers) et de chloropicrine mais à 58.8% (2 tiers)

pour favoriser l’impact et l’effet fongicide beaucoup plus que l’effet nématicide. Le produit est injecté via le système d’irrigation goutte à goutte avec une dose moyenne de 500 Kg/Ha, variable selon l’état d’infestation de la parcelle comme l’a expliqué M. Mohamed Khaya d’Agripharma. La période de sécurité à observer est de 21 jours. A son tour, le Docteur ELBOUCHTAOUI Mohamed Chérif a parlé de l’importance de la désinfection du sol. La réussite de cette dernière repose sur la préparation de ce sol et la dose adéquate du produit à injecter (par unité de surface). La préparation de la parcelle objet de la désinfection doit débuter très tôt (dès la fin de la campagne). Il a ensuite enchainé par une description morphologique des nématodes Meloidogynes spp qui sont de redoutables ennemis pour plusieurs plantes cultivées (surtout dans les sols sableux). Les Meloidogynes sont des vers filiformes dont les perforations causées dans les racines peuvent constituer une porte d’entrée aux champignons du sol. La forme L2 est la seule forme libre qui se déplace dans le sol. Les juvéniles de Meloidogyne javanica sont capable de se déplacer sur de grandes distances et peuvent parcourir verticalement 25 cm. On estime que 15% de ces juvé-

niles peuvent parcourir 50 cm en 3 jours. Les migrations verticales sont plus importantes et plus rapides que celles horizontales. Le ravageur peut descendre à plus de 50 cm dans le sol. Docteur ELBOUCHTAOUI a également parlé des soins qu’il faut accorder aux cultures lors de l’arrachage des plantes car les racines peuvent contenir les masses d’œufs collées à leurs surfaces. Ces masses d’œufs (environ 300 œufs chacune) sont très résistantes aux produits chimiques et aux agents telluriques : c’est la forme de résistance. D’où l’importance fondamentale à accorder à la préparation du sol pour pouvoir réussir la désinfection. Après nettoyage des restes de l’ancienne culture et installation du goutte à goutte et du paillage plastique, il faut prévoir une période d’irrigation qui est fonction de la nature du sol, de son taux d’infestation en nématodes et du système d’irrigation mis en place (simple ou double ligne…). Cette irrigation a pour but de mettre tous les microorganismes du sol en état de vie active. C’est cet état qui conditionne l’optimisation de l’efficience de l’application du fumigant, dans notre cas le Flash sol ou Flash-sol Fe objet de cette journée. Docteur ELBOUCHTAOUI Mohamed Chérif

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Agrumes

Origine des agrumes : Evolution et naissance des espèces cultivées François Luro

Parmi les six genres botaniques de la famille des Rutacées représentant les agrumes, les plus connus sont originaires du Sud-Est asiatique : Citrus, Fortunella et Poncirus. Les agrumes des genres Poncirus et Fortunella sont originaires de zones septentrionales de l’Est de la Chine, tandis que ceux du genre Citrus ont une origine méridionale entre l’Inde et l’Indonésie. La diversité du genre Citrus se concentre sur quatre entités taxonomiques à l’origine de la grande majorité des espèces cultivées : Citrus maxima (les pamplemoussiers), C. reticulata (les mandariniers), C. medica (les cédratiers) et les papedas, regroupant plusieurs espèces. Les trois premières, qualifiées d’espèces ancestrales, ont évolué séparément dans trois zones géographiques distinctes (respectivement l’archipel Malaisien, le sud de la Chine et le nord-est de l’Inde). C’est lors de cette phase d’évolution séparée que les trois espèces ont acquis des caractéristiques spécifiques comme la taille et la couleur du fruit, la reproduction asexuée, la résistance à des contraintes environnementales et même la taille du génome (tout en maintenant un nombre identique de 18 chromosomes). Plus tardivement dans l’évolution, des croisements sexués se sont produits dans les zones mixtes de peuplement et

des formes hybrides interspécifiques, élevées au rang d’espèce, sont apparues : l’oranger (C. sinensis) et le bigaradier (C. aurantium), produits de croisements entre pamplemoussiers et mandariniers, le citronnier (C. limon), hybride de cédratier et de bigaradier et le limettier (C. aurantifolia) produit d’un croisement entre un papeda (C. micrantha) et un cédratier.

Diffusion des agrumes à travers le monde.

La domestication et la culture des agrumes se sont développées en Asie dans l’aire d’origine de ces arbres. La première grande migration des agrumes a eu lieu au premier millénaire avant notre ère, en direction de l’ouest, vers la Mésopotamie. De là, ils atteignirent les rivages de la Méditerranée, l’Égypte et la Grèce entre le VIIIe et le IVe siècle av. JC. Théophraste, botaniste contemporain d’Alexandre le Grand, fit une description détail-

lée de l’agrume que l’on nomme aujourd’hui cédratier (appelé dans l’ancien temps par les grecs « Pomme de Médie »). Les restes archéologiques sont très rares et quelques fresques murales découvertes à Pompéi (73) représentent des agrumes portant des fruits ressemblant aux citrons et cédrats. Le cédratier a probablement été présent dans tout le pourtour méditerranéen avant le début de notre ère. On attribue l’introduction en Méditerranée du bigaradier, du pamplemoussier et du citronnier aux Maures, aux Génois et aux Portugais (X-XIIe siècles). L’essor du commerce maritime au XVe siècle permit la diffusion des agrumes à travers le monde. Christophe Colomb les introduisit dans les Caraïbes (1493). Au XVIe siècle, les agrumes sont présents dans de nombreuses régions du continent américain. L’oranger (orange douce) ne fut connu en zone méditerranéenne qu’au XVe siècle et le mandarinier seulement au XVIIIe siècle, tous deux en provenance de Chine. En Méditerranée, la culture en zones rapprochées de ces différentes espèces d’agrumes, fut propice à l’émergence de nouvelles formes hybrides, comme la bergamote, le clémentinier et le cédrat Corse. De nombreuses variations naturelles sont aussi apparues dont les variétés d’oranges sanguines. Le pomelo (C. paradisi) naquit lui vers la fin du XVIIIe siècle, dans les Caraïbes d’une rencontre fortuite entre un pamplemoussier et un oranger.

Diversification des espèces et systèmes de reproduction

La diversité des variétés d’agrumes est souvent le résultat de modifications ou de croisements dus au hasard. Ces variétés sont apparues spontanément et se sont maintenues

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Agrumes

L’origine de la clémentine La clémentine est aujourd’hui l’agrume phare de la zone méditerranéenne où elle naquit vers la fin du XIXe du côté d’Oran en Algérie. Son histoire commença précisément dans les vergers de l’orphelinat de Misserghin, où le père Clément (Vincent Rodier, 18291904) fit des semis de graines de mandariniers. Quelques années plus tard, parmi les arbres issus de ces semis, on attira son attention et celle probablement des enfants de l’orphelinat sur les fruits de l’un d’entre eux remarquables par la qualité acidulée et la précocité de maturité. et propagées grâce à la capacité de reproduction non sexuée (apomixie). Chez ces espèces, l’apomixie se manifeste par le développement dans la graine d’embryons supplémentaires (polyembryonie) à celui issu de la fécondation. Ces embryons, provenant de cellules non reproductrices, ont tous la même constitution génétique et reproduisent à l’identique les caractères morphologiques de l’arbre initial. L’apomixie est inexistante chez les cédratiers et les pamplemoussiers mais est présente dans la majorité des variétés cultivées sauf chez le clémentinier. Jusqu’au XXe siècle, le rôle de l’homme se limite à la détection fortuite et à la culture des formes nouvelles d’agrumes, apparues spontanément. Ainsi, les variations de couleur, de forme et de goût du fruit des variétés d’oranges, de citrons, de pomelos sont quasiment toutes

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issues de modifications naturelles (mutations) des gènes impliqués dans l’expression de ces caractères. La polyembryonie a permis de maintenir et d’amplifier ces formes nouvelles tout en limitant l’apparition de nouvelles formes hybrides. D’autres particularités reproductives ont également modelé la diversité des espèces comme l’incapacité à l’autofécondation – le pollen ne peut pas féconder un ovule de même origine génétique. Ce caractère biologique est de rigueur chez tous les pamplemoussiers et favorise donc la diversité de l’espèce. Cette barrière génétique à l’autofécondation est présente aussi chez le clémentinier et est utile pour produire des clémentines sans pépin en vergers de production.

Plus tard au début du XXe, en hommage à son découvreur cet arbre fut nommé Clémentinier et ses fruits clémentine. Si l’origine maternelle du clémentinier était certifiée en revanche l’identité du pollinisateur fut longtemps méconnue. Grâce aux outils de la biologie moléculaire à la fin du XXe siècle, l’intrus fut découvert : l’oranger est le parent mâle du clémentinier ! Bien que ses parents soient tous deux doués de reproduction non sexuée (polyembryonie), le clémentinier ne produit des graines qu’avec un seul embryon, celui résultant de la fécondation. Comme par ailleurs ses parents sont génétiquement diversifiés, le clémentinier est une combinaison unique des deux géniteurs qu’il est peu probable de reproduire. Par conséquent la seule manière de préserver le clémentinier et de le multiplier, est la pratique du greffage ou une autre technique horticole (bouturage et marcottage).


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Agrumes

Diversification variétale des agrumes La plupart des agrumes cultivés (orangers, bigaradiers, citronniers, pomelos, limes) sont initialement des formes hybrides naturelles de première ou de deuxième génération provenant de croisements interspécifiques. La très grande majorité des agrumes cultivés aujourd’hui sont des formes issues de mutations spontanées. Cependant, dès le XXe siècle, cette diversification variétale a été étoffée par des méthodes de création contrôlées par l’homme. Par exemple, le bigaradier (orange amère) serait le produit direct d’un croisement entre un pamplemoussier et un mandarinier et le citronnier serait un hybride de bigaradier et de cédratier. Ces hybrides se sont ensuite diversifiés par l’accumulation de mutations somatiques modifiant à chaque fois peu de caractères. Ainsi, la variété ‘orange sanguine’ est une modification spontanée d’une variété ‘orange blonde’, apparue plusieurs siècles auparavant en Sicile dont la modification chromosomique a été récemment identifiée et la fonctionnalité du gène affecté, élucidée (Butelli et al. 2012).

Les croisements sexués

Malgré les nombreux croisements sexués réalisés par les améliorateurs, peu d’hybrides, à l’exception de quelques mandariniers, ont connu le succès commercial. Cet insuccès tient essentiellement à la complexité de la reproduction et à la structure génétique des agrumes cultivés : la durée de la juvénilité ou phase non fructifère (4 à 8 ans) – la polyembryonie (1) qui limite la régénération des hybrides – la forte variabilité génétique due au statut d’hybride interspécifique – l’auto-incompatibilité de fécondation et les stérilités qui limitent l’obtention de certaines descendances… En revanche, au niveau des porte-greffes, la création d’hybrides inter-génériques (Poncirus x Citrus), appelés citranges, a sensiblement amélioré l’agrumiculture en créant des plants résistants à des maladies, comme la gommose à Phytophthora (champignon) ou la Tristeza (due au virus CTV), tout en étant tolérants à des contraintes environnementales climatiques (froid, sécheresse,…) ou telluriques (salinité, calcaire,…). Le comble, c’est que les porte-greffes citranges ‘Carrizo’ et ‘Troyer’, très utilisés dans de nombreux pays, sont nés de l’échec d’une tentative de création de variétés d’oranges résistantes aux températures gélives.

La mutagenèse induite

Au niveau variétal, l’utilisation de la mutagenèse induite sous rayonnements ionisants (gamma) a souvent été utilisée pour générer plus fréquemment qu’à l’état naturel de nouvelles formes mutantes. L’objectif est, le plus souvent, la recherche d’une stérilité ou d’une forte réduction de la fertilité, pour la production de fruits aspermes (sans pépins). Le résultat le plus marquant de cette technologie est celui du pomelo ‘Star Ruby’ (à pulpe rose-rouge) qui a été créé dans les années 1950 (Texas) et commercialisé dans les années 1970. En Corse, cette variété est cultivée sur un peu moins de 200 hectares et bénéficie, tout comme la clémentine, d’une Indication Géographique Protégée (IGP pomélo de Corse). Parmi les autres succès commerciaux de variétés issues de la mutagenèse induite, on trouve aussi les mandarines ‘Mor’ et ‘Tango’.

Les biotechnologies et la gestion de la polyploïdie

La mutagénèse est quasi inefficace pour l’acquisition ou la combinaison de caractères multiples. Le croisement sexué est alors la voie de prédilection pour y arriver. Pour contrer ou résoudre certaines contraintes biologiques (citées précédemment) des stratégies reposant sur l’utilisation des biotechnologies et des techniques exploratoires du gé24

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diminuer la sensibilité à certaines contraintes (déficit hydrique, chlorose ferrique, salinité) et à des maladies. Grâce à ses aptitudes intéressantes, un hybride somatique résultant de la fusion (mandarinier + Poncirus trifoliata), produit par le CIRAD (France), est expérimenté en tant que porte-greffe sous différentes conditions de culture contraignantes, comme la réduction de fertilisation. nome, ont été développées. La gestion de la polyploïdie est très en vogue dans tous les programmes de sélection. L’aspermie (stérilité femelle) et l’absence de pollen viable pour éviter les pollinisations croisées (stérilité mâle) sont deux critères essentiels de la diversification variétale des agrumes destinés à la filière du fruit frais. Ils peuvent être obtenus par la triploïdie (3 stocks de chromosomes au lieu de 2). La lime de Tahiti (citron vert) est un exemple de triploïde naturel, apparue après fécondation entre un gamète à n chromosomes (n = 9) et un gamète non réduit à 2n chromosomes issu d’une méiose imparfaite. La fréquence d’apparition des gamètes à 2n étant faible, des tétraploïdes (4n) issus du doublement chromosomique de cellules soma-

tiques (mitose imparfaite) ont été obtenus pour être ensuite croisés avec des variétés diploïdes. Ainsi, des milliers d’hybrides de mandariniers triploïdes ont été créés dans plusieurs pays (France, Espagne, Maroc, USA, Afrique du Sud, …). Quelques sélections d’hybrides de mandarines triploïdes tardives ont été plantées en Espagne et leur production sera commercialisée prochainement.

Génotypes tétraploïdes prometteurs

Du côté du porte-greffe, l’utilisation de génotypes tétraploïdes (4 stocks de chromosomes), obtenus naturellement, ou créés (par fusion de cellules-protoplastes), est une stratégie prometteuse pour accroitre la tolérance ou

Vers de nouvelles connaissances L’exploration du génome n’est pas en reste et les données de séquençage du génome du clémentinier réalisé par le consortium international de génétique Citrus (ICGC) sont disponibles depuis 2011. De nouveaux travaux de séquençage sont en cours ainsi que des études de cartographie génétique qui vont contribuer au développement des connaissances sur la constitution des gènes, le contrôle de l’expression de caractères d’intérêt et développer des marqueurs de sélection. Plusieurs marqueurs sont déjà utilisés pour assister la sélection comme ceux de la résistance à la Tristeza dans la production de porte-greffe et ceux de la résistance à Alternaria Brown Spot pour la production de variétés de mandariniers.

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Conservation des pommes

Garantir des fruits de bonne qualité Afin de garantir des pommes de qualité et donc de bons résultats économiques, certains traitements doivent être effectués dans les vergers mais aussi au niveau des stations et lieux de stockage.

Précautions au verger Maturité de cueillette

Les pommes cueillies au bon stade de maturité physiologique continueront d’évoluer et de développer la saveur et le parfum qui sont caractéristiques de leur cultivar particulier. Des fruits de bonne taille, bien colorés et exempts de meurtrissures sont très recherchés sur les marchés et obtiennent les meilleurs prix. Le stade optimal de maturité auquel il faut cueillir les pommes varie selon l’utilisation à laquelle on les destine. Il est important de cueillir les pommes à un stade précis de maturité pour préserver non seulement leur qualité, mais aussi leurs chances de conservation. Les pommes que l’on veut garder longtemps sous atmosphère contrôlée appauvrie en oxygène doivent être cueillies légèrement moins mûres pour maximiser leur aptitude à l’entreposage - que les pommes destinées à un entreposage court. En revanche, si l’on cueille les pommes trop tôt (quand elles n’ont pas fini de grossir), on sacri-

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fie la taille des fruits. En supposant qu’une pomme soit une sphère parfaite, quand son diamètre augmente de 6 mm, pour passer par exemple de 6,4 cm à 7 cm, le volume de la pomme augmente d’environ 35 %. Dans la plupart des cas, le fait d’attendre pour cueillir que les fruits soient au juste stade de maturité améliore directement la marge bénéficiaire. De plus, quand on cueille les pommes prématurément, on doit souvent multiplier les cueillettes sélectives, ce qui est inefficace et coûteux. Les pommes incomplètement mûres se meurtrissent facilement, sont sujettes à l’échaudure et se rident considérablement une fois qu’elles sont en chambre froide. Leur coloration de même que leur qualité gustative et culinaire peuvent laisser à désirer. Les fruits cueillis franchement mûrs ne sont pas non plus à l’abri des problèmes. Ils sont sujets au blettissement, ou décomposition de sénescence, ainsi qu’à d’autres troubles se déclarant en chambre froide. Avec la plupart des cultivars, le risque de chute prématurée des fruits ou même de dommages

par le gel s’accroît. Il y a pour tous les cultivars un délai à l’intérieur duquel la cueillette doit être effectuée. Il faut donc surveiller de près la maturation des pommes et adapter ses méthodes de cueillette pour que le maximum de fruits soit cueilli au stade optimal de qualité et de perfection. Pour préserver cette qualité, les fruits cueillis doivent être placés au froid dès la cueillette.

Récolte et désordres physiologiques

Il est indispensable de bien apprécier la maturité des fruits pour éviter des traitements inutiles en post récolte. Une récolte trop précoce entraîne des problèmes d’échaudures superficielles et de brunissement dus à l’oxydation d’un composé naturel au niveau de l’écorce du fruit. Ce produit volatile est stimulé par la présence de l’éthylène. Ce désordre peut représenter une perte économique importante chez certaines variétés comme la Granny Smith, la Golden Delicious,… L’échaudure précoce apparaît généra-


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lement après 2 à 3 mois en conservation et aussi après le transfert du fruit à température ambiante. Les autres variétés qualifiées de moins sensibles ne sont pas à l’abri du risque, car les dégâts apparaissant en général plus tardivement. Les conditions d’atmosphère contrôlée et particulièrement des valeurs faibles en oxygène assurent un contrôle efficace de ce désordre physiologique chez de nombreuses variétés. Dans le cas de récolte trop tardive, les fruits peuvent présenter des symptômes d’échaudure de surmaturité et deviennent vulnérables aux attaques des pathogènes.

Maturation et test à l’iode

On peut déterminer la maturité des pommes en appréciant la teneur en amidon à l’aide du test à l’iode. C’est un test simple qui révèle dans quelle proportion l’amidon s’est transformé en sucre pendant la maturation de la pomme. Au fur et à mesure que la pomme mûrit, son amidon se transforme en sucre. Le trempage d’un morceau de pomme dans une solution iodée permet de mesurer le taux d’amidon dans le fruit. L’iode fait virer au bleu-noir les parties de la pomme qui contiennent de l’amidon alors que les parties renfermant du sucre ne changent pas de couleur. Pour chaque cultivar, la réaction de l’amidon avec l’iode donne un motif qui lui est caractéristique. Pour évaluer la maturité interne du fruit, il suffit de comparer l’intensité de la couleur et le motif qui se dessine sur la pomme avec ceux d’un tableau de référence illustrant les différents degrés de maturité du cultivar. Ce genre de tableau existe pour différents cultivars de pommes (disponible sur internet).

Meurtrissures

L’un des principaux motifs de déclassement des pommes sur les chaînes 28

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de conditionnement sont les meurtrissures. Des études récentes sur la récolte indiquent que les meurtrissures peuvent avoir d’autres sources qu’une cueillette brutale. Une des sources les plus importantes a été directement reliée à la manutention des caisses pleines avec le chariot élévateur ou le camion. Les caisses, même de très grande qualité, se déforment quand on les déplace, ce qui dérange les fruits et les presse les uns contre les autres. L’incidence des meurtrissures ainsi causées s’élève avec chaque déplacement de la caisse durant et après le remplissage. Elle augmente également quand les caisses sont déposées à plusieurs reprises sur des surfaces inégales. On court aussi plus de risque de meurtrir les pommes quand on utilise des patins flexibles pour traîner les caisses sur le sol au cours de la cueillette. Plus le sol du verger est inégal ou plus les caisses sont traînées sur une grande distance, plus le risque de meurtrissures est grand. Une bonne façon de réduire les meurtrissures consiste à utiliser une remorque, pouvant transporter plusieurs caisses. Les caisses sont remplies sur la remorque stationnée dans les allées du verger et, quand elles sont pleines, elles sont transportées délicatement sur une surface plane. À partir de ce stade, les caisses ne seront soulevées qu’une seule fois, au moment où on les rentrera dans l’entrepôt. Par ailleurs, il est recommandé d’utiliser seulement des caisses de très bonne qualité pour les fruits destinés au marché du frais. Trier les caisses et réserver les moins solides ou rigides pour les pommes à jus. La mauvaise qualité des caisses, l’utilisation d’un matériel inadapté pour la manutention des caisses ou le manque de précaution de ceux qui s’en servent entraînent la perte de très nombreux fruits pour cause de meurtrissures. Les soins apportés par une équipe de cueilleurs bien encadrée pour éviter

les meurtrissures au verger peuvent être anéantis par une seule manutention brutale sur le trajet entre le verger et l’entrepôt.

Détection des meurtrissures

L’effet d’un choc sur la pomme n’apparaît pas tout de suite. Il peut se passer jusqu’à une journée avant que l’on puisse voir toute l’étendue du dommage causé. Pour évaluer l’importance des meurtrissures causées à la récolte par les cueilleurs, laisser une caisse dans le verger exactement à l’endroit où elle a été remplie. Le lendemain, inspecter soigneusement les fruits, couche par couche. S’il y a un problème, il sera visible à ce moment-là. Si un cueilleur est en cause, essayer de corriger la situation en lui rappelant les consignes. Pour contrôler la mesure dans laquelle les meurtrissures sont imputables au transport des caisses, attendre de nouveau une journée après le transport avant d’inspecter les fruits. C’est une bonne idée, quand les fruits sont écoulés par l’intermédiaire d’une station commerciale de conditionnement, de demander à celle-ci qu’elle conditionne certains fruits au tout début de la récolte. La chaîne de conditionnement rendra compte du résultat de l’essai, et s’il y a problème, le producteur pourra le corriger en temps utile. Un peu de coopération entre le producteur et le conditionneur sur ces questions aidera à maintenir les normes élevées qu’on attend des pommes cultivées et conditionnées.

Précautions en stockage Maladies fongiques de conservation

La plupart des maladies de conservation apparaissent pendant le stockage, mais les contaminations par des champignons pathogènes peuvent


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Moniliose se faire avant la récolte. Les agents responsables des maladies de conservation des pommes vivent comme saprophytes sur différentes parties de l’arbre. Les spores, disséminées par l’eau de pluie, infectent les fruits où le champignon reste latent jusqu’à un certain degré de maturité des pommes. Les symptômes de pourriture se manifestent lors de la conservation, surtout sur des variétés sensibles. Selon le niveau de pénétration de l’agent pathogène on distingue : 1-Les maladies de blessures On groupe différentes espèces de parasites de blessures, entrant par des lésions d’origine accidentelle dans la cuticule. Les 3 principaux sont : Moniliose Elle est causée par le champignon parasite Monilia fructigena qui pénètre via les blessures. Il s’agit d’une pourriture brune ou noire, ferme et sèche en atmosphère humide, avec présence d’un mycélium blanc, dense, en surface. Pourriture grise L’agent responsable de cette maladie est le Botrytis cinerea. Cette pourriture est généralement molle et humide, mais parfois très ferme. En conditions humides, on constate le développement d’un feutrage blanc puis gris. Pourriture bleue Causée par Penicillium expansum, il s’agit d’une pourriture claire très humide, avec une moisissure de couleur bleue ou verdâtre en surface. Elle attaque le fruit blessé lors de la cueillette ou la manipulation en post-récolte. Il apparaît moins de 7 jours après l’infection à température ambiante. Une récolte réalisée avec soin et un bon triage avant l’entreposage, permettront d’éviter la dissémination de ces différentes maladies. L’utilisation de produits fongicides adaptés réduit le risque de développement de ces moisissures. Les producteurs recherchent généralement des produits abordables mais disposant d’un large spectre d’efficacité contre les pathogènes. 2. les maladies Lenticellaires Des parasites latents, généralement désignés sous le nom de « Gloesporium », entrent par des portes d’entrée naturelles (lenticelles), entrainent des pourritures qui constituent la princi30

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Penicillium pale source potentielle de pertes en conservation pour les pommes. Les parasites les plus graves sur pommes (peu fréquents sur poire) sont : Phlyctaena vagabunda Parasite latent dont l’infection a lieu en verger, surtout durant le mois qui précède la récolte. En conditions humides, un feutrage blanc recouvre la nécrose et les pycnides libèrent une gelée sporale blanche. Cryptosporiopsis curvispora Les symptômes sont assez caractéristiques, avec le centre des taches nettement plus clair que P. vagabunda. En conditions humides, les fructifications produisent une gelée sporale crème. Colletotrichum gloeosporiodes Caractérisée par une fructification mycélienne foncée qui produit une gelée sporale rose caractéristique. Cylindrocarpon mali Pourriture irrégulièrement circulaire dont la surface se plisse rapidement, avec apparition en surface de petits coussinets blancs, puis fauves. La lutte contre ces différents parasites lenticellaires se réalise à deux niveaux. : - avant cueillette : une application 3 à 4 jours avant la récolte d’un fongicide ; - après la récolte : un trempage des fruits dans un bain contenant un produit anti-fongique adapté.

Lutte contre le Bitter pit

Le bitter pit (ou taches amères) est lié à une faible teneur en calcium ou un rapport (potassium+magnesium)/calcium trop élevé. Des masses brunes spongieuses situées le plus souvent sous l’épiderme, apparaissent au verger et principalement à la station dans les semaines qui suivent la récolte. La sensibilité des fruits à cette carence en calcium est accrue pour les arbres jeunes ou faiblement chargés dans le cas d’une alimentation irrégulière en eau et une date de récolte trop précoce. Pour lutter contre cette maladie physiologique, 2 solutions s’offrent aux producteurs : - en pré-récolte, si le verger souffre d’un faible taux de calcium, il est préférable de traiter les arbres par une application foliaire d’engrais riche en calcium chélaté.

Bitter-pit - en post récolte, un traitement par infiltration de nitrate de calcium ou autre peut être effectué. La difficulté avec le calcium réside dans sa très lente absorption et translocation au niveau de différentes parties de l’arbre. En effet, surtout en pH basique, le calcium absorbé n’est pas libéré dans le sol. Une acidification du sol est nécessaire pour atteindre l’objectif du producteur, c’est-à-dire augmenter la teneur en calcium au niveau des arbres. Par ailleurs, dans le cas d’une conservation longue en atmosphère contrôlée, le pourcentage final de bitter pit est souvent plus faible qu’après un court séjour en froid normal suivi d’une période d’une semaine à température ambiante.

Autres difficultés de conservation

D’autres maladies communément connues sous le terme chilling injury (ou dégâts de froid) peuvent apparaître au cours de la conservation à cause des températures trop basses. Les variétés précoces comme la Anna et Royal gala sont les plus sensibles lorsqu’elles sont maintenues à des températures proches de 0°C. Il faut savoir que le choix de la température de conservation dépend de la tolérance de la variété, de son stade de maturité et de la durée de conservation. Pour réussir cette opération, il est important de réduire le temps d’attente et d’exposition des fruits à des températures élevées avant le stockage. Parfois, le recours à la pré-réfrigération dès l’arrivée à la station est important afin d’enlever la chaleur cumulée au verger et par conséquent stabiliser l’activité métabolique du fruit. Le contrôle de cette activité est le facteur clé de la réussite de l’opération qui se mesure par la réduction des pertes et le maintien d’une qualité proche du moment d’entrée au frigo. Les producteurs peuvent être également confrontés à des maladies évoluant rarement en surface. C’est le cas de la pourriture du cœur des pommes, provoquée par plusieurs facteurs notamment une mauvaise ventilation entraînant une accumulation de CO2 et donc un noircissement de l’intérieur du fruit. L’hétérogénéité de la maturité des fruits et le mauvais contrôle de la température peuvent accentuer ce phénomène, non décelable avant la consommation et qui peut avoir des incidences économiques dramatiques.


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Arboriculture

Le carpocapse du pommier Une stratégie de lutte raisonnée s’impose

Présent dans toutes les zones de production du pommier, le carpocapse est l’ennemi le plus menaçant pour cette culture. Il peut provoque d’importantes pertes de production en cas de mauvaise maîtrise, avec de dégâts quantitatifs et surtout qualitatifs à l’origine de diverses altérations et maladies de conservation. Il est indispensable de prendre des mesures pour la surveillance du ravageur et pour gérer durablement les populations. Plusieurs techniques de lutte doivent être combinées.

D

e nombreux ennemis de culture menacent les vergers de pommier et plus particulièrement pendant la période allant de mars à septembre et qui coïncide avec les stades phénologiques critiques à savoir : la floraison, la nouaison, le grossissement des fruits et le début de la maturité. L’un des principaux ravageurs est le Carpocapse (Cydia pomonella- Tortricidae, Lepidoptera) qui est répandu dans l’ensemble des régions de culture des Pommacées (Rosacées). Ses principales plantes-hôtes sont le pommier et le poirier, mais il s’accommode aisément du cognassier, du noyer, du pacanier et quelquefois du prunier et de l’abricotier. Sa simple présence au niveau d’un ver-

ger se traduit par un déclassement des lots de fruits, voire une impossibilité de mise sur le marché. L’insecte adulte est un papillon de la famille des tordeuses, d’assez petite taille (15 à 22 mm d’envergure) et la larve est une chenille de 1,8 mm de long (jeune) à 15 mm environ avant diapause, au corps rose pâle et à tête brun foncé. Le carpocapse décolle au crépuscule quand la température atteint 16 °C et pond sur les feuilles, les tiges ou l’œil des fleurs fécondées. La première génération (mai à septembre) n’est pas la plus dangereuse. La deuxième génération apparaît en août. Les femelles pondent sur les fruits sains et la chenille pénètre par un point quelconque. Elle affectionne particulièrement les pépins. Le trou de sortie de la larve se remarque par l’accumulation de déjections. À maturité, elle quitte sa plante hôte. Soit elle rejoint le sol et se cache dans quelque trou, soit elle reste sur l›arbre et se réfugie dans une anfractuosité de l›écorce, et dans les deux cas, elle se nymphose dans un cocon blanchâtre pour attendre

le printemps suivant. Sur pommier, les dégâts sont de deux types : - légères morsures superficielles, faites par les jeunes chenilles au moment de leur stade baladeur qui dure deux jours environ. Ces attaques bien remarquables sur les fruits verts se cicatrisent et forment des taches liégeuses. - galeries en spirale, orientées vers les pépins et encombrées de déjections larvaires, résultant du mâchage des chenilles. Les fruits rongés peuvent avorter lorsque l›attaque intervient juste après la floraison, chuter précocement (caractéristique du Carpocapse) ou mûrir prématurément lorsque l’attaque est plus tardive. A noter que les points d’entrée de la larve s’établissent fréquemment au contact de deux fruits, d’un fruit et d’une feuille ou dans la cavité de l’œil. En matière de sensibilité aux agressions, le pommier est vulnérable durant toute la période d’activité de l’insecte.

Stratégie de lutte

Pour maintenir les dégâts du carpocapse à un niveau économique tolérable, il est indispensable de prendre certaines mesures prophylactiques et de bien connaître la biologie du ravageur. Le raisonnement de la lutte s’articule autour de l’évaluation du risque, du seuil d’intervention admis et de l’alternance des insecticides durant la saison. Il existe plusieurs moyens de lutte contre ce ravageur. Il est avant tout nécessaire de privilégier les moyens 32

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‫مبيد حرشي ورقي‬

Insecticide foliaire GROUPE

InSECTICIdE

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L’incontestable solution contre les larves de lépidoptères

Phthorimea opercullela

Spodoptera littoralis

Tuta absoluta

Sesamia nonagrioides

Pieris brassica

Conorhynchus mendicus

Helicoverpa armigera

Empoasca vitis

Cassida vittata

Avaunt 150 EC : concentré émulsionnable contenant 150g/l d’Indoxacarbe

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CydiaPomella


de lutte les plus respectueux de l’environnement. Parmi ceux-ci, on peut citer :

Le piégeage sexuel, Pour l’estimation du risque

Simple à installer en verger, ce procédé d’avertissement est une des techniques à mettre nécessairement en œuvre afin de mieux diriger la lutte anti-carpocapse. Pour cela, il est recommandé dès fin mars et jusqu’à la récolte, de placer des pièges à phéromones selon une méthode précise (un piège couvre une superficie de 4 ha maximum). Bien exécuté, le piégeage sexuel précède le risque encouru par la parcelle et permet de prendre en compte les déplacements des papillons. On peut aussi mettre en place des bandes pièges (carton ondulé paraffiné) d’une vingtaine de centimètres de large sur les troncs des pommiers (à plus de 20 cm du sol). Ces bandes capturent les larves de carpocapses qui cherchent un abri pour se métamorphoser. Il faut installer les bandes dès le mois de juin et les maintenir sur place jusqu’à septembre pour ensuite les détruire, en les brûlant par exemple. Les contrôles visuels, outils supplémentaires d’estimation du risque, doivent être effectués tous les 1015 jours sur 1.000 fruits pris sur 50 arbres dont 20 situés en bordures. Lors de ces comptages, il est recommandé d’examiner particulièrement les fruits groupés.

LA LUTTE INTEGREE

Elle comprend : - la lutte chimique faisant appel à un choix d’insecticides sélectifs et de traitements localisés ; - la surveillance de l’activité des ra34

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vageurs afin d’assurer la planification adéquate de l’application des pesticides ; - la combinaison de mesures biologiques, culturales, mécaniques…

cide à effet larvicide, il faut attendre 5 à 7 jours après le dépassement du seuil de manière à réprimer les jeunes larves issues des premiers et derniers œufs pondus.

Sous le régime de la lutte intégrée et de la gestion raisonnée d’un verger, l’agriculteur est amené à prendre des décisions de nature stratégique pour intervenir dans la conduite phytosanitaire. Il doit à priori tenir compte des niveaux des populations de ravageurs effectivement présents pour décider de l’opportunité d’un traitement à faible répercussion écologique, de manière à sauvegarder autant que possible, les organismes auxiliaires. On voit ainsi apparaître les notions de seuil de tolérance et de nuisibilité, c’est-à-dire des insecticides épandus à bon escient et lorsque les populations de ravageurs dépassent le seuil d’intervention.

Principes de raisonnement

Choix et positionnement des produits de traitement

La qualité de la lutte contre la première génération est décisive pour la sauvegarde de la récolte car les dégâts peuvent être décuplés entre le premier et le deuxième vol. Pour s’en prémunir, la couverture insecticide doit être permanente durant la période de risque précisée par le piège sexuel. En matière de lutte, deux possibilités s’offrent au producteur : - lorsqu’il opte pour un traitement ovicide, la durée probable de ponte des femelles est d’une semaine. En conséquence, il faut intervenir dès que le seuil est atteint en cas de population faible ou dès les premières captures quand les populations sont abondantes ; - lorsqu’il penche pour un insecti-

- bien estimer à la parcelle le niveau de populations par piégeage, par notation sur fruits en fin de G1, à la récolte et par bandes pièges - sur des populations fortes, privilégier les organo-phosphorés ‘’durs’’ au moins durant les périodes à haut risque et surtout sur le 1er vol et ne faire revenir une famille d’insecticides qu’après 3 voire 4 générations - utiliser les produits ‘’doux’’ uniquement sur les populations faibles à moyennes - rechercher s’il y a des trous de couverture en comparant la période de protection au risque global et aux données de piégeage des parcelles; - maintenir une cadence d’interventions de 10-15 jours pour la majorité des produits. En août, par fort ensoleillement, cette cadence peut être baissée à une semaine en cas de risque (forte pression du ravageur). - il est important de bien traiter la première génération pour limiter la nuisibilité des autres généralement plus difficiles à contrôler en raison du stade baladeur très court. - envisager des tests de résistance.

CONFUSION SEXUELLE

La confusion sexuelle fait partie des techniques de protection intégrée pratiquée contre les bioagresseurs. Contrairement à la lutte chimique classique, elle perturbe le comportement sexuel des ravageurs et limite leurs accouplements. Pour ce faire, des diffuseurs posés en divers endroits dans la culture émettent


Le carpocapse du pommier

une substance (phéromones) qui perturbe la reconnaissance des femelles par les mâles, troublant ainsi leur réunion. Dans le cas du Carpocapse, par exemple, les accouplements sont moins nombreux et les chenilles responsables des dégâts le sont aussi. Un des gros avantages de cette pratique est la réduction d’une manière subtile de l’intensité de la lutte chimique, voire la proscription totale de l’usage des insecticides contre le ravageur soumis à ce traitement de désunion sexuelle. La confusion sexuelle est une alternative intéressante à la lutte chimique dans un programme de production intégrée. Son adoption devrait constituer une étape importante dans l’amélioration des pratiques agricoles conciliant productivité et respect de l’environnement, tout en maintenant la confiance des consommateurs des fruits. La mise en œuvre de la confusion sexuelle obéit à des modalités précises concernant à la fois les niveaux de population des ravageurs, l’organisation de l’opération, la préparation de la parcelle, la fixation des diffuseurs sur les arbres et le contrôle de la pression pendant la saison dans le verger «confusé». Si l’une de ces obligations n’est pas respectée, les conséquences peuvent être désastreuses ou tout simplement aller à l’encontre de l’objectif souhaité. L’introduction, dans l’atmosphère de la culture, de quantités de phéromones sexuelles synthétiques suffisamment importantes empêche les mâles de localiser les femelles : • En masquant les traînées de phéromones naturelles émises par les femelles ; • En altérant la capacité des mâles à répondre aux femelles appelantes ; • En faisant suivre aux mâles des « fausses pistes de phéromones » qui les empêchent de rejoindre les femelles.

de même que la probabilité que les accouplements soient productifs. De deux choses l’une, soit les accouplements ont lieu plus tard (ce qui diminue la fécondité globale de l’insecte), soit ils n’ont pas lieu du tout. Les noctuelles femelles qui n’ont pas été fécondées pondent des œufs stériles et celles qui ont été fécondées tardivement n’auront plus le temps de pondre autant d’œufs avant de mourir. Il s’ensuit une diminution des effectifs de la génération suivante et du nombre des larves qui sont susceptibles de ravager la culture. Les phéromones ciblent l’insecte à son stade reproducteur (le papillon adulte) pour l’empêcher de donner naissance à la forme destructrice. Les phéromones utilisées pour dérouter les mâles sont spécifiques des espèces et donc extrêmement sélectives. Elles ne sont généralement pas toxiques et n’ont pas d’effet sur les autres insectes. Il est important de comprendre parfaitement cette différence fondamentale avant d’entreprendre un programme de confusion des mâles.

INSECTES STERILES

Dans certaines régions, le recours à la technique des insectes stériles est adopté en vue de contrôler la population de carpocapse du pommier

LES PREDATEURS DU CARPOCAPSE

Il s’agit de favoriser la présence d’oiseaux insectivores dans le verger afin de réduire les populations de carpocapses. Parmi les espèces à favoriser, on trouve la mésange bleue et la mésange charbonnière, mais également la plupart des chauves-souris qui consomment de grandes quantités de larves ou de papillons. De même ; le forficule (ou perceoreille) et de nombreuses araignées chasseuses sont des prédateurs des œufs et larves du carpocapse2.

Types de dégâts Attaques actives : Entrées des larves avec défécations visibles de l’extérieur causant souvent la chute des fruits. Galeries en spirales sous l’épiderme évoluant profondément jusqu’aux pépins. Attaque du fruit par l’œil, surtout sur poirier ; - Attaques tardives : pénétra-

tions avec auréoles rouges, pas de sciure externe (fin août - septembre);

- Attaques stoppées : taches

brunâtres de 2 à 3 mm recouvrant une zone subérisée, pas de galerie interne ;

- Attaques cicatrisées : forma-

tion d’un tissu cicatriciel quelquefois proéminent à l’endroit d’une ancienne attaque arrêtée.

A l’intérieur d’un écosystème où de très nombreuses sources de phéromones sexuelles ont été introduites, la probabilité que les mâles rejoignent les femelles est réduite, Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Culture

FRAISE :

Difficultés du choix variétal Le choix de la variété et la qualité du plant de départ constituent le premier pas vers une bonne production de fraise. Aujourd’hui, de nombreuses variétés sont à la disposition des producteurs marocains, le choix étant dicté par les objectifs de production. Toutefois, en général, les producteurs optent pour une combinaison de plusieurs variétés afin de couvrir l’ensemble du cycle et mieux répondre aux impératifs des débouchés (précocité, frais, surgelé). Au Maroc, l’offre en fraise est restée longtemps dominée par une seule variété, mais avec la mondialisation des échanges et le risque de perte de parts de marché, les professionnels ont senti la nécessité de diversifier la gamme destinée à l’export. Ils ont ainsi opté pour de nouvelles variétés de fraisier dotées de performances supérieures, notamment en termes de précocité, de gustativité et de conservation. La stratégie adoptée dans ce domaine a permis entre autres, de rallonger la période d’exportation et d’accéder à des segments de marché supplémentaires. Certains producteurs ont même exploré d’autres voies de diversification en introduisant de nouvelles espèces fruitières à haute valeur ajoutée et très demandées sur les marchés européens comme les framboises, les

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myrtilles et les mures.

Diversification variétale

Au Maroc, la culture de la fraise est annuelle et le matériel végétal est renouvelé chaque année. Ceci permet aux producteurs de produire un fruit de haute qualité et d’assurer un bon contrôle phytosanitaire de la culture. L’approvisionnement en plants de fraisier en motte et à racines nues est assuré exclusivement par l’importation. Le nombre des plants importés chaque année est d’environ 190 000 000 plants, sachant que la densité de plantation est de 60.000 plants /ha. Au niveau du choix du matériel végétal, on constate que depuis la période allant de 1990 à 2010, les seules variétés cultivées étaient la Tioga, la Chandler, l’Osogrande et la Camarosa. Ces variétés, et particulièrement

la Camarosa, qui s’est progressivement imposée jusqu’en 2010, étaient des variétés homogènes, régulières et présentaient une bonne rentabilité aussi bien au niveau productif que financier. Pour les agriculteurs, elles ont été à la base de l’essor de cette culture à son développement. Les producteurs marocains ont adopté la Camarosa notamment pour la surgélation, grâce à sa forme régulière, son gros calibre, sa couleur rouge vif et sa fermeté qui permet de la découper en cubes ou en tranches. Par ailleurs, l’itinéraire technique facile de Camarosa associé à la désinfection du sol au bromure de méthyle a permis pendant cette période d’offrir des rendements élevés assurant une rentabilité élevée aux agriculteurs. Cependant, depuis 2010, on assiste au déclin de Camarosa et son remplacement par des nouvelles variétés qui ont connu au cours de cette période une nette évolution. En effet, sur le plan commercial, la mise sur le marché d’un seul produit avec des caractéristiques données n’est pas la meilleure stratégie sur le long terme, vu l’évolution des goûts et des habitudes alimentaires du consommateur européen. Les professionnels ont donc commencé à chercher de nouvelles variétés plus performantes et les producteurs se sont ouverts notamment à des variétés plus gustatives pour répondre à une exigence croissante des marchés. Globalement les variétés utilisées sont sensiblement les mêmes que dans la zone de Huelva (Espagne, notre principal concurrent), mais avec des proportions différentes : Festival, Splendor, Fortuna, San Andreas, Sabrina, Ventana, Sabrossa, Lusa, Benicia et d’autres variétés. Cependant, malgré ce panel diversifié, certains fraisiculteurs déplorent


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Fraise accessible pour l’ensemble des agriculteurs. • Faire le bilan des connaissances et sa transmission de façon continue aux agriculteurs pour permettre le suivi permanent et le développement de la culture au Maroc sur le terrain. Pour la profession, une variété de fraise idéale pour le Maroc devrait être dotée des caractéristiques suivantes : - Précocité : entrée en production la première semaine de décembre - Productivité: élevée (plus de 900 g/ plant) - Forme des fruits : conique - Couleur : Rouge aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur - Goût et brix (taux minimum de 8) - Fruit ferme qui permet un long shelf-life et la coupe pour le surgelé - Tolérance aux maladies et ravageurs

Création variétale un choix variétal limité, de même que l’absence de référentiel local sur le comportement des variétés et leur potentiel de production, ainsi que la forte dépendance de fournisseurs étrangers pour l’approvisionnement en plants et pour l’accès aux variétés performantes. Ainsi, on note la difficulté des agriculteurs et surtout des petits d’entre eux, à faire le choix pour chaque campagne et à rechercher la maitrise technique au niveau aussi bien cultural et que de la protection sanitaire, vu que chaque variété possède des spécificités propres aussi bien au niveau des besoins en eau, de la fertilisation que de la sensibilité aux maladies et aux ravageurs. En conséquence, se pose de manière évidente, la problématique de la recherche des variétés de fraise qui peuvent permettre d’atteindre les objectifs suivants : • Obtention de rendement élevé avec absence de traitement de sol au bromure de méthyle et leur adaptation aux conditions du sol et au climat du Maroc. • Acceptabilité des ces variétés par les supermarchés et clients du Maroc. • Itinéraire technique clair et 38

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Cependant, il faut souligner que la mise au point d’une nouvelle variété est un travail de longue haleine. En effet, les attentes des producteurs de fraises en matière d’innovation variétale sont assez diffuses et complexes. Les obtenteurs sont ainsi à l’écoute des producteurs et des consommateurs pour définir les critères de qualité et de production qu’ils recherchent. L’objectif étant de créer des variétés qui apportent un plus (qualitatif ou technologique) et qui satisfont les attentes de toute la profession. « Au-delà de l’aspect gustatif, il faut rechercher des variétés capables de se démarquer du produit standard tout en assurant au producteur rendement, facilité de cueillette, résistance aux maladies,... La création variétale doit même en anticiper les besoins», explique un obtenteur. Le processus d’obtention est long et complexe. Il nécessite près de dix années entre la conception d’un projet par le croisement initial de deux plantes et la mise sur le marché de milliers de plants d’une variété commerciale. Mais il existe de nouveaux outils en génétique, les biotechnologies, qui améliorent considérablement le processus de création variétale. Utilisées en appui à la création variétale, ces biotechnologies permettent de mieux exploiter

la diversité, de connaître le génome, de diminuer la durée de création, de certifier et de protéger les nouvelles obtentions. Elles font intervenir plusieurs disciplines spécialisées, mais complémentaires telles que l’expérimentation (essais en conditions naturelles et notations), la culture in vitro (multiplication des pathogènes responsables de maladies), la pathologie (tests biologiques d’infection en conditions contrôlées), la biochimie, la biologie moléculaire (génétique) et la bio-informatique (analyse des données). La collaboration avec les universités et instituts de recherche apporte une aide méthodologique sur les aspects génétiques et physiologiques pour mettre au point de nouveaux marqueurs moléculaires en appui à la création de nouvelles variétés de fraises.

Axes de recherche

Les critères étudiés au sein des programmes de recherche sont souvent choisis sur la base de discussions avec la filière professionnelle. Certains critères intéressent l’ensemble des obtenteurs, notamment la floraison, la résistance aux maladies et la richesse en antioxydants, etc. En effet, la maîtrise de la floraison du fraisier permettrait de mieux gérer les périodes de production. L’allongement de la période de production est le meilleur moyen d’augmenter le potentiel de rendement au niveau de la plante sans nuire à la qualité gustative du fruit. Par ailleurs, la création de variétés de fraisier naturellement résistantes aux maladies permettrait de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires (difficulté de gérer les Délais Avant Récolte). Le but est de permettre la production de fruits de qualité sans résidus, respectueux de l’environnement et d’en assurer le rendement (surtout avec la réduction du nombre de solutions pesticides autorisés par les cahiers des charges imposés par les chaines de distribution). La qualité du fruit est aussi l’un des principaux objectifs de sélection des programmes de création variétale. En particulier, la richesse en antioxydants est un caractère recherché pour la haute qualité nutritionnelle qu’elle confère à la fraise. Les autres axes de recherche concernent géné-


ralement : - Productivité - Bon calibre et couleur du fruit - Homogénéité de la production et réduction des écarts - Qualité organoleptique et nutritionnelle - Facilité de récolte - Résistance aux maladies et aux variations climatiques - Bonne vie commerciale

La conduite technique : Un point crucial

Pour révéler pleinement ses potentialités génétiques, chaque variété requiert une conduite adéquate. Par conséquent, l’agriculteur devra maîtriser les techniques de culture appropriées et notamment la fertilisation (programme différent d’une variété à l’autre) pour concilier productivité, régularité de production et qualité des fruits tout au long de la campagne. Sur ce point, les producteurs interrogés ont tenu à souligner le fait que pour plusieurs des variétés actuellement disponibles, ils ont du

apprendre, parfois à leurs dépens, la conduite adéquate, ce qui prend dans certains cas des années (erreurs, échecs, tatonnements). Ils demandent donc aux fournisseurs de plants de fournir dorénavant, avec chaque nouvelle variété, des fiches techniques précisant leurs avantages, mais aussi leurs faiblesses et la manière de les contourner. Bref, le maximum d’informations techniques et les conditions optimales de production permettant de valoriser au mieux le potentiel productif et qualitatif de chacune. D’ailleurs, pour éviter ce genre de problèmes dans l’avenir, l’une des solutions proposées par la profession est la mise en place d’un centre de recherche dans la région de production, dont la mission serait de mener des essais sérieux sur les différentes variétés existantes pour déterminer celles qui conviennent le mieux aux conditions de production et du marché. Mais un tel centre ne saurait voir le jour

sans une aide de l’Etat. Conscientes de l’importance de la thématique du choix variétal pour le secteur, les associations AMPFR et AMCEF organisent des journées d’étude au profit des producteurs, en invitant les principaux fournisseurs internationaux de plants de fraisier au Maroc (obtenteurs et pépiniéristes). C’était le cas de la journée organisée récemment en marge de la première édition du festival des fruits rouges de Larache, et qui a connu une participation massive des professionnels concernés.

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Transfert de Technologies en Agriculture

Céréaliculture

Stagnation d’une filière : entre objectifs et contraintes Auteurs : Aït Houssa A.(1), Oubaki L.(1), Reda-Fathmi K.(1), Drissi S.(1), Lamghari M.(1), Benbella. M.(2), Chraibi H.(1)

Au Maroc, c’est autour du blé, comme denrée de base, que le package stratégique sur la sécurité alimentaire du pays est élaboré, incluant aussi le sucre, les huiles, la viande et le lait. Mais en dépit de son statut de denrée stratégique et des efforts consentis à son développement par les pouvoirs publics, les progrès réalisés sur cette culture depuis plus de 40 ans, restent en deçà des besoins du pays, qui s’élèvent à environ 110 millions de qx/an, contre 60-70 millions produits localement. Comme principales contraintes à cette insuffisance de progrès, il y a les faibles productivités liées à la sécheresse récurrente et la rentabilité très limitée de la filière, ne justifiant pas la reconversion d’autres cultures en blé dans les grands périmètres irrigués. (1) Domaine Louata, Providence Verte (2) Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès

L

a céréaliculture est présente un peu partout au Maroc, mais avec un taux d’occupation des terrains plus important dans les régions d’agriculture pluviale. Dans ces zones, la céréaliculture est une composante incontournable du système de culture en comparaison avec les zones irriguées où d’autres choix sont possibles. Elle est présente dans les zones de montagne, les zones arides, les grands plateaux et plaines intérieures et les plaines côtières.

Grande diversité régionale mais contraintes communes

A l’évidence, la problématique spécifique à chacune des grandes régions céréalières du Maroc n’est pas forcément la même, ne serait-ce qu’en raison de la diversité des systèmes de culture et de production (système vivrier, système extensif type monoculture, polyculture/élevage), de la taille des exploitations (petite unité familiale, grande ferme de production) ou de la finalité de la production (multiplication de semence, production

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du blé commun pour les minoteries). Mais il n’en demeure pas moins que de nombreuses contraintes soient communes à ces grandes régions, en particulier les effets des sécheresses récurrentes qui frappent constamment l’ensemble du Maroc et qui expliquent en grande partie le statuquo actuel sur le manque de progrès substantiel de la filière, faute de rentabilité suffisante. Les facteurs aggravants additionnels sont le coût de production en perpétuelle augmentation, les faibles prix de vente sur le marché dus entre autres à la faible qualité de la production locale, et la concurrence du blé d’importation, subventionné par les pays d’origine. La difficulté à survivre à l’aléa climatique est certainement plus importante dans les grandes zones très arides du sud du pays où les effets préjudiciables de la sécheresse sont souvent plus graves que dans la partie nord un peu mieux arrosée. Au sein de chacune de ces zones, la situation est plus difficile pour le petit producteur disposant de peu de moyens que pour le grand producteur structuré et techniquement plus performant.

La catégorie la plus vulnérable dans ces zones d’extrême sécheresse est sans doute celle qui n’a aucune autre activité agricole que la céréaliculture, faute de pouvoir faire jouer la diversification.

La production céréalière ne suit pas l’évolution des besoins

Depuis plus de 40 ans, nous sommes entrés dans une phase de déficit structurel en céréales, dû au déséquilibre entre la production et la demande exprimée par le marché. D’après les derniers chiffres disponibles, le besoin annuel du Maroc en blé s’élève à environ 100-110 millions de qx contre 6070 millions produits localement. Dans l’état actuel des choses, le problème du blé et de la céréaliculture en général, est donc avant tout un problème d’insuffisance de volume produit sur place afin de rendre le pays moins dépendant de l’étranger pour sa sécurité alimentaire. A ce besoin en blé standard, il faudrait ajouter une demande non négligeable en blé de haute qualité que le Maroc ne produit pas et qu’il sera toujours obligé d’importer tant que son profil variétal n’aura pas changé. C’est évidemment le Bour, avec plus de 5 millions d’ha, qui fournit l’essentiel du blé et des céréales locales. Mais cet espace, bien qu’il soit vaste, est globalement un espace à faibles productivités inhérentes à l’aridité du climat. Il est également géographiquement non extensible. Tous les grands plateaux, plaines et montagnes disponibles et recevant un peu de pluie sont déjà presque totalement dédiés à la céréaliculture. Bien sûr, cette réalité climatique, bien qu’elle soit une vé-


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Céréaliculture

ritable barrière au progrès sur les céréales, n’exclut pas de façon absolue, la découverte dans l’avenir, de variétés ou d’artifices agronomiques offrant la possibilité de déborder sur les lignes d’iso-pluie minimale actuelle. L’autre contrainte explicative du faible volume en céréales produit par le Maroc, est la rentabilité très limitée de la filière ne justifiant pas la reconversion d’autres cultures en blé dans les grands périmètres irrigués. Sauf événement économique ou technique particulier, qui viendrait bouleverser les données actuelles, en irrigué l’équilibre céréales/autres cultures est un équilibre plutôt stable et peu favorable à l’extension des céréales. La marge d’un bon blé (recette de la paille comprise), est dans les meilleurs des cas de 10.000 Dh/ha, contre plus de 15.000 Dh pour la betterave à sucre et plus de 20.000 à 40.000 Dh pour les agrumes. Dans le contexte économique actuel, le Maroc n’a d’ailleurs pas intérêt à soustraire des superficies supplémentaires à la grande hydraulique pour les affecter au blé. Le Maroc importe aussi du sucre, de l’huile,… et il a besoin d’exporter des agrumes, de la tomate, de la fraise, et bien d’autres produits qui viennent des zones d’agriculture irriguée, afin d’améliorer sa balance commerciale largement déficitaire. Tout naturellement, aujourd’hui la situation donne l’impression d’une filière en statu quo n’évoluant pas comme on le souhaite, à cause justement de cette énorme contrainte des sécheresses récurrentes, qui ne permet pas de valoriser l’effort agronomique sur le terrain. Malgré les grands efforts consacrés à l’amélioration variétale, tout comme à l’amélioration de la conduite agronomique, l’impact réel sur le volume est encore globalement timide. Il est plus visible les années humides que les années sèches, comme en témoignent les hautes productivités réalisées quand la pluie n’est pas un facteur limitant. Sur les 20 dernières années, le volume moyen semble s’établir autour de

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60-70 millions de qx et ne plus progresser beaucoup. Il est à chaque fois le résultat de la moyenne pondérée d’une excellente campagne de 90 à 110 millions de qx, qui n’arrive qu’une fois tous les 3-4 ans, et des productions des campagnes restantes plus ou moins médiocres.

Des progrès consistants sont encore possibles

En fait, bien qu’on soit en présence d’une filière où de grands progrès rapides sont effectivement plus difficiles, le système n’a pas encore atteint ses limites. Déjà, le volume des 90 à 110 millions de qx réalisés chaque fois en année pluvieuse, ne sont pas le potentiel réel aisément mobilisable du Maroc. Dans le Saïs, le Gharb, Zaer et bien d’autres régions, de faibles productivités chez une frange importante de producteurs, sont encore le fait de manque d’actions techniques élémentaires telles que le semis à temps, l’apport suffisant d’azote ou l’usage d’anti-graminées. Sur ce plan, en décidant de dynamiser le conseil agricole, le plan Maroc Vert boostera peut-être les rendements chez cette catégorie non encore en phase avec le progrès technique. Le manque de volume en céréales vient également en partie des milliers d’hectares de terrains collectifs, des terrains Habous,… quelque peu délaissés en raison de leur statut de patrimoine appartenant à tout le monde sans appartenir à personne. Là aussi, il faut imaginer des formes de partenariats gagnant-gagnant avec les ayant droits pour tenter de contourner les difficultés qui entravent jusqu’ici leur mise en valeur, sans toutefois perdre de vue le rôle stabilisateur politique et social que jouent ces terrains dans le milieu rural. Le manque de progrès sur les céréales est également en partie lié à la difficulté majeure qu’il y a à trouver une solution tangible à la micropropriété qui caractérise le foncier agricole du Maroc. Plus de 70 % des

exploitations ont moins de 5 ha, c’est une catégorie majoritaire en nombre, qui ne peut ni investir ni valoriser correctement le progrès technique isolément, en particulier dans la partie aride du pays. En matière de recherche scientifique, c’est incontestablement dans les étages climatiques d’aridité sévère que les progrès sont plus difficiles et demandent beaucoup d’investissements et un travail de longue haleine. Sur le long terme, l’avancée peut provenir de la découverte de matériel génétique, de l’amélioration de la conduite agronomique ou des deux à la fois. Par exemple, la mise au point de nouvelles variétés adaptées à ces milieux plutôt naturellement réservés aux espèces xérophytes. Elle peut aussi provenir de la mise au point de techniques agronomiques en vue d’une meilleure valorisation du peu d’eau disponible, en améliorant sa rétention dans le sol avec remise facile au profit des cultures. Certaines de ces techniques sont déjà connues (usage de la jachère, d’outils à dents pour la préparation du sol,...), et d’autres sont encore à l’essai mais très couteuses (usage de produits pour améliorer la réserve utile en eau,…).

Des voies de réflexion pour une céréaliculture adaptée à nos conditions

Dans des milieux particulièrement difficiles, à la fois sur le plan climatique et pédologique, comme les terrains grossiers et calcaires des contrées arides du grand Haouz (Benguerir, Chichaoua, Dir), on est en droit de se poser la question si la monoculture de blé a réellement une raison d’être sur le plan économique. Du dry-farming de plus longue durée associé à l’élevage n’est-il pas plus rentable que la céréale aléatoire qui engage le producteur dans la dépense chaque année, alors qu’on sait d’emblée que l’espérance d’avoir une récolte significative n’est que d’une année sur 3 ou sur 4. Et pourquoi pas de la céréale fourragère «transpirante» (orge, triticale, blé fourrager) semée dense pour profiter à fond de la pluie hivernale et produire au moins de la masse végétale pour le pâturage, au lieu de s’obstiner à faire du blé semé clair «évaporant» pour le grain. Pour tenter d’atténuer les effets néfastes de l’aridité, nous avons proposé, il y a une quinzaine d’années, une ébauche de roue de raisonnement pour la gestion des systèmes de culture en fonction de la fréquence de la sécheresse. L’esprit de la roue fait appel entre autres à l’axiome bien établi, au moyen d’études climatiques, selon lequel des épisodes avec deux bonnes années climatiques successives au Maroc sont un fait rare. Le modèle suggère entre autres le «gel» des terres (un peu plus de jachère)


et la baisse des charges (moins d’engrais, de pesticides), après chaque excellente campagne, les suivantes étant en termes de probabilités, forcément médiocres ou de moins bonne productivité. L’autre levier, qui n’est pas des moindres, pour accroitre le volume en céréales à moyen et long terme, est l’investissement dans l’irrigation d’appoint des grands plateaux et plaines qui s’y prêtent. Avec l’hypothèse d’une eau payée au prix actuel (0,35 dh/m3), dans le Gharb et les régions similaires, l’irrigation d’appoint ne soulève à la limite aucun problème particulier de rentabilité. Par contre, pour des régions comme le Saïs dont le projet d’irrigation à partir du barrage M’dez est à l’étude, on ne sait pas pour le moment si l’eau sera livrée avec un coût supportable par la culture de blé ou non, comme on ne sait pas non

plus si la mise en eau ne conduirait pas les producteurs vers une reconversion des céréales en arboriculture ou en maraichage, ce qui risque d’encore diminuer la superficie consacrée aux céréales. Le Maroc prévoit également la construction des autoroutes de l’eau pour l’irrigation d’une partie des grandes régions arides du sud à partir des excédents des bassins du nord. Mais là aussi, et sans anticiper les conclusions de ce projet, il faudrait certainement s’attendre à un coût élevé du m3. A l’immense investissement des 3,6 milliards d’euros déjà annoncé pour réaliser le projet sur les 500 km de distance concernés, il faut ajouter le coût énergétique des multiples pompages exigés sur une telle distance, l’altitude des zones nord du Maroc qui doivent fournir l’eau étant plus basse que l’altitude des plaines du sud à irriguer, en particulier

la haute Chaouia et Tensift (Alwahda est à 180 m, Settat à 260 m et Marrakech à 460 m). Au stade où nous en sommes, les premières supputations d’avant-projet sur la partie coût, parlent déjà de 2,5 à 5 Dh/m3, donc d’une eau en tête de parcelle visiblement trop chère pour la production des céréales. Pour la partie énergétique de ce genre de projets, comme pour celui du dessalement, les énergies renouvelables seront peut–être la solution à terme à condition de produire le KW/h à des coûts supportables par la céréaliculture. C’est bien sûr aux agronomes qu’incombe de décliner les orientations du Plan Maroc Vert en programmes concrets pour la relance de la production agricole. La mission a déjà été accomplie avec succès dans un temps record pour certaines filières comme les agrumes et bien avancée pour d’autres comme l’olivier et l’élevage laitier. Il reste maintenant la filière des céréales qui en raison des multiples contraintes, passées en revue ci-dessus, va certainement demander beaucoup de persévérance avant de parvenir aux objectifs escomptés. Extraits du : Bulletin de Transfert de Technologie en Agriculture, N° 202 – Avril 2016

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Céréales

Le stockage, une activité vitale à mettre à niveau Abdelmoumen Guennouni

Depuis l’aube de l’humanité, le stockage des denrées alimentaires et essentiellement les céréales, a représenté et continue de constituer un casse tête permanent. En effet, aussi bien pour les agriculteurs que pour les industriels, l’inévitable opération de stockage engendre des coûts supplémentaires et peut entrainer des pertes importantes si elle n’est pas menée convenablement. En général l’opération récolte se déroule dans des conditions d’urgence et d’improvisation (disponibilité des machines, peur d’incendies, isolement suite à la libération des champs voisins, chute de grains après surmaturité, etc.). Ainsi, vu la cadence des travaux de moisson et de transport interne à l’exploitation, l’agriculteur ne peut s’occuper en même temps de la commercialisation, d’où la nécessité de stocker pour une courte période (1 – 15 jours) pour organiser des différentes opérations. En plus la gestion de la main d’œuvre s’avère plus difficile avec la pénurie en période de forte production. Le stockage à la ferme permet aussi à l’agriculteur de rationaliser les travaux et d’écouler son produit dans de relatives bonnes conditions (pression des intermédiaires).

Pourquoi stocker ?

Les céréales sont produites une fois par an et leurs utilisations s’étalent sur toute l’année, d’où la nécessité de les conserver soit à la ferme (production nationale) soit auprès d’organismes spécialisés (production nationale et importations) : - Pour les producteurs plusieurs raisons imposent le stockage et en tête de liste viennent les problèmes de commercialisation. En effet, lors des moissons, les agriculteurs sont tenus de faire face à d’énormes problèmes de trésorerie (dépenses urgentes, échéances, …) et les seuls acheteurs

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sur le marché sont les intermédiaires. Ces derniers, profitant de la situation, proposent le plus souvent des prix largement inférieurs au prix de référence fixé par les autorités de tutelle. Ceci incite les agriculteurs à se limiter à des ventes ponctuelles, à attendre la stabilisation des prix sur le marché et, pour cela, à procéder au stockage à la ferme, avec les surcoûts que cela entraîne (sacherie, main d’œuvre, manipulations, etc.). D’autre part, les agriculteurs stockent une partie de leur production pour leurs besoins personnels (autoconsommation, semences, réserves de trésorerie, …). - Pour les minotiers une activité de stockage de courte durée est nécessaire pour garantir à leurs unités d’écrasement des réserves leur permettant de faire tourner leur industrie sans interruption, … Cependant, les capacités de stockage de cette catégorie restent très limitées et ne représentent qu’un faible pourcentage par rapport au total national. Selon les données de l’Onicl (Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses), la capacité de stockage des céréales chez les minotiers est d’environ 1 Mt dont plus des 3/4 sous forme de silos. Cette capacité permet de loger un stock outil équivalent à 50 jours d’écrasement. - Par contre, l’essentiel de la conservation est opéré par les organismes stockeurs (commerçants, coopératives, …) agréés par l’Onicl et qui bénéficient en contrepartie, de primes calculées sur la base du nombre de

quintaux stockés, de la durée et du montant de la prime de stockage défini par la tutelle.

La récolte comme préalable à la conservation

Les grains stockés peuvent subir une dégradation de leurs qualités (fermentation, dégâts causés par les insectes, les rongeurs, micro-organismes, ...) si les conditions minimales d’un bon stockage ne sont pas assurées. La bonne conservation des céréales est étroitement dépendante de la qualité initiale du produit (aptitude au stockage), résultant d’une récolte bien effectuée. Cette bonne qualité (voir encadré) peut être obtenue facilement par un bon réglage de la moissonneuse. Cependant, l’amélioration de la propreté du grain lors des moissons s’accompagne d’une perte de poids (grains échaudés, maigres, brisés, à faible poids spécifique, …) et les producteurs sont attentifs à tout grain rejeté par la moissonneuse pour réduire les pertes, même négligeables, au détriment de la propreté. Si les céréales contiennent encore des impuretés, des débris végétaux (pouvant contenir des spores de champignons), des semences d’adventices, etc. le préstockage doit commencer par une opération de nettoyage du lot avant de le mettre en lieu de stockage.


Procédés de stockage

Pour les agriculteurs, surtout les petits, la construction et l’aménagement de locaux spécialement dédiés au stockage ne sont pas justifiées en raison des investissements nécessaires et de la faible durée de séjour de la production sur place. Stockage à la ferme : Le problème du stockage du grain se pose dès lors que la production n’est pas destinée à la vente directe. Ainsi, au Maroc le stockage de blé tendre à la ferme est en constante régression depuis que le prix de vente, stabilisé dès la moisson, varie très peu en cours de campagne, d’autant plus si la campagne est bonne impliquant des quantités importantes dépassant les capacités individuelles de stockage. Par ailleurs, contrairement au blé dur et à l’orge dont les prix sont libres et varient selon la loi du marché, l’essentiel de la production de blé tendre est écoulé par les agriculteurs juste après les moissons. Ainsi, et vu le surcoût (souvent injustifié) que l’opération de stockage entraîne, seule une partie de la production est gardée par les céréaliculteurs pour servir de semences pour la campagne suivante, pour l’autoconsommation ou pour d’autres utilisations très limitées. Le stockage dans ce cas est transféré vers les professionnels (commerçants, minotiers, organismes stockeurs). NB : Il faut rappeler, à ce propos, que dans la tradition paysanne, jusqu’au siècle dernier, on ne liquidait le reliquat de la production d’une année que lorsqu’on est relativement sûr que la production de l’année suivante est en bonne voie (peur des sécheresses, famines, réserve d’argent, etc.). L’opération moisson au Maroc s’effectue essentiellement à l’aide de moissonneuses batteuses ensacheuses, plus adaptées aux moyens et méthodes de travail de la plupart des agriculteurs. Ainsi, vu les prix de vente de moissonneuses batteuses neuves, les producteurs ont recours à l’importation de machines d’occasion à partir de l’Europe. Les machines ensacheuses n’étant plus utilisées dans ces pays, on importe des machines à trémie qu’on modifie chez des ‘‘artisans ‘’ (installés à Berrichid ou ailleurs) qui suppriment la trémie et la remplaçaient par un système d’ensachage. Aujourd’hui, avec le développement de la commercialisation directe du champ (des grandes fermes) aux organismes acheteurs ou à la Sonacos pour les multiplicateurs, les moissonneuses batteuses à trémie sont de plus en plus utilisées. Le grain récolté est déversé dans des camions à benne appartenant à l’acheteur ou loués à des transporteurs privés et livrés directement à l’acheteur, équipé pour la pesée (pont bascule) et la réception en vrac. L’opération nécessite

une coordination entre tous les intervenants et évite les contraintes de main d’œuvre, de manipulations multiples, de surcoûts de sacherie, etc. Le stockage souterrain en ‘‘matmora’’ Profonde de 3 à 4 m, c’est une ‘‘fosse à grain’’ à embouchure rétrécie (moins de 60 cm) creusée dans le sol, utilisée depuis des temps immémoriaux par les paysans marocains et destinée à un stockage à moyen ou long termes (de quelques mois à une ou plusieurs années) de grains destinés à la consommation, aux semences, ou à une commercialisation ultérieure. Elle est bien adaptée au climat marocain (sec et chaud) et constitue le mode le moins coûteux et le plus approprié pour un stockage confiné à long terme. Le choix du type de sol et de l’emplacement est primordial. On préfère un sol dur à faible capacité de rétention et un emplacement surélevé, identique à celui chois par les ruraux pour construire leur logement. A noter que différentes améliorations peuvent être apportées aux matmoras pour améliorer leur étanchéité et éviter les infiltrations d’eau. On rencontre encore les ‘‘matmoras’’ dans de nombreuses régions céréalières marocaines (Chaouia, Abda, Zaer, …) en raison de son faible coût aussi bien de mise en place que d’entretien. On y a recours surtout en année de forte production, avec une capacité pouvant aller à quelques centaines de quintaux par unité et à près de 10 Mqx pour tout le pays. Stockage en hangars, magasins, entrepôts La plus grande part de la production nationale est abritée dans des hangars, magasins et entrepôts, aussi bien chez les agriculteurs que chez les professionnels du stockage (coopératives, commerçants, minoteries). Le grain y est déposé soit en vrac, soit le plus souvent en sacs en plastique, fréquemment réutilisés et dans un état pouvant laisser à désirer. Cependant, même si plusieurs professionnels ont engagé des investissements dans des équipements spécialisés, les capacités de ces unités, malgré son augmentation progressive ces dernières années, reste réduite. Dans ce type de stockage des pertes ou dégradations plus ou moins importantes peuvent se produire. Elles peuvent être dues entre autres, aux facteurs suivants : - stockage de grains insuffisamment secs - lieu de stockage mal ventilé - humidité de l’air trop élevée - chaleur dans la zone de stockage due à la mauvaise isolation ou à l’activité du grain - mauvaise protection contre les rongeurs ou insectes - stockage de grains cassés, éraflés ou mêlés à des impuretés Conservation en silos, solution d’avenir Le terme de ‘‘silo’’ désigne en céréaliculture,

des installations de grande capacité composées de structures métalliques ou en béton armé (en batterie) et destinées à un stockage mécanisé de quantités importantes de grains dans un minimum de place et dans de bonnes conditions. Quand on parle de silos pour céréales, on pense généralement aux silos verticaux. Ces silos sont toujours équipés des installations nécessaires pour la pesée, la manutention, le nettoyage, le séchage, la ventilation et la supervision, ce qui permet la gestion de grandes quantités de grains par des équipes très réduites.

Aspects qualitatifs

Les qualités recherchées sont variables selon les utilisations auxquelles les différents grains sont destinés. Des méthodes appropriées sont utilisées pour apprécier les qualités des produits, et des normes sont établies pour chacune d’elles. Certaines qualités sont communes à tous les produits, d’autres sont spécifiques à chaque utilisation. - Pureté et propreté : Diverses impuretés peuvent être mélangées aux grains. Un pourcentage maximal est toléré dans chaque cas. Parmi les impuretés on peut noter des matières inertes (débris végétaux, ...), des graines étrangères, des grains cassés, échaudés, parasités ou germés, ... La propreté dépend de la méthode de récolte et peut être améliorée par des appareils adéquats. - Pureté variétale et facultés germinatives pour les grains destinés à être utilisés comme semences. - Poids spécifique (poids de l’hectolitre de grain) : Il est d’autant plus élevé que l’albumen est mieux rempli et que le grain est plus propre. Des grains bien nourris fournissent plus de farine et moins de son. - Qualités nutritionnelles : Absence de résidus de pesticides, valeur énergétique, richesse en protéines, vitamines et minéraux. - Valeur boulangère des blés : caractéristiques physiques des pâtes, aptitude à fermenter, qualités du pain. Valeur des blés durs pour l’obtention de semoule destinée à la fabrication des pâtes alimentaires. - Qualités du maïs pour l’extraction d’amidon. - Qualités de l’orge de brasserie, destiné à subir une fermentation en vue de transformer l’amidon et les sucres en alcool.

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Les silos métalliques, moins coûteux et plus commodes, sont sujets à un fort échauffement sous les conditions climatiques marocaines, surtout en été. Les températures élevées et les forts taux d’humidité de l’air, variables d’une région à l’autre, peuvent favoriser la dégradation du grain par des attaques d’insectes et de champignons. Dans ce cas la ventilation et éventuellement un refroidissement des denrées stockées ainsi que des traitements si nécessaire, sont des conditions essentielles pour une bonne conservation. La gestion de pareilles unités nécessite de grandes compétences et expérience pour la réception et la répartition des lots et pour faire face à toutes sortes de situations habituelles et nouvelles. Vu leur coût et leur complexité, ces installations sont réservés au ‘‘stockage commercial’’ à grande échelle, alors que chez les particuliers on peut trouver ces ‘‘cellules’’ métalliques de capacités adaptées aux besoins. Dans les silos notamment, la lutte contre les ravageurs s’avère généralement plus facile. Les conditions régnant à l’intérieur ne sont pas très favorables à la plupart des ravageurs en raison du manque d’oxygène et du taux de gaz carbonique élevé. Une bonne gestion de la ventilation est aussi très efficace pour limiter le développement des organismes nuisibles

Conditions pour un bon stockage

La réussite de l’opération de la conservation des grains commence à la récolte. En effet, des moissons opérées à la hâte sans respect des conditions minimales de qualité du produit, occasionnent inévitablement des préjudices ultérieurs, coûteux et souvent négligés par les agriculteurs en raison de l’urgence imposée par les délais de récolte. Certains expliquent par ces problèmes de qualité la préférence des minotiers pour les produits importés, plus cotés que les produits locaux. Pour un stockage approprié des récoltes céréalières plusieurs conditions sont nécessaires : - Nettoyage des locaux et sacheries réutilisées de tous restes de la récolte précédentes (poussières, …) et élimination des sources de contamination par chaulage des locaux ou 46

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l’utilisation de produits de traitement adéquats (fumigants) - Ne moissonner que les cultures arrivées à pleine maturité physiologique - Eviter de moissonner des champs contenant encore des mauvaises herbes (mal désherbés ou résultant de pluies tardives) - Stocker de préférence un grain propre (sans impuretés ni graines étrangères…) et en bon état sanitaire (indemne de toxines, microorganismes, parasites, résidus de pesticides, …) - Le taux d’humidité du grain doit respecter les normes requises (15-16%). Un taux plus élevé entraine le développement des moisissures et insecte et s’il est plus bas les manipulations peuvent causer la casse des grains, - Eviter l’augmentation spontanée de la température des denrées stockées en mettant les grains ensachés sur palettes et en piles séparées pour faciliter l’aération du local (ventilation statique ou dynamique) - Si on réserve une partie de la production aux semences de l’année suivant, les soins doivent être plus poussés afin de préserver les capacités germinatives du grain. A signaler que dans le cas du stockage en vrac, il est plus difficile de respecter certaines de ces recommandations. Stockage et autosuffisance alimentaire Il est regrettable de constater que, 60 ans après son indépendance les infrastructures

de stockage de céréales au Maroc, représentant 67 MQX (Onicl 2015) restent largement insuffisantes par rapport aux besoins et concernent autour de la moitié de la production nationale record. De même, elles sont le plus souvent inadaptées pour effectuer les opérations liées à cette activité (manipulations, transport, …). Cet état de fait, dont les responsables et l’ensemble des professionnels sont bien conscients, ne manque pas de causer des difficultés à toute la filière et de handicaper toutes les branches d’activité qui lui sont liées, surtout lors de campagnes exceptionnelle comme celle que nous vivons actuellement. A signaler, par ailleurs que l’intérêt pour le stockage concerne essentiellement le blé tendre et secondairement le blé dur. Par contre, l’orge qui représente annuellement 40% des superficies emblavées et plus de 35% des tonnages produits, ne bénéficie d’aucune attention ou incitation pour son stockage. Ceci affecte directement la fluctuation de l’offre et des prix de cette céréale, dont dépend en grande partie l’alimentation de notre bétail. Sachant que, même en cas de bonne campagne agricole, avec des résultats record, le Maroc n’arrive pas à assurer son autosuffisance alimentaire, il est inadmissible de continuer à perdre une part importante de la production nationale en raison de problèmes liés aux conditions de stockage. Une réflexion profonde devrait être entreprise et les mesures adéquates prises par les autorités compétentes pour permettre la mise à niveau de cette filière dont dépend, du moins en partie, la sécurité alimentaire de notre pays.

Typologie et capacité des organismes stockeurs (Onicl 2015) :

La capacité de stockage au Maroc est de 67 Mqx dont 50,7, soit plus de ¾, détenus par les organismes stockeurs (y compris coopératives, minotiers, … hors silos portuaires). Les 2/3 de la capacité de stockage de ces organismes sont concentrés dans 4 régions (Fès 28%, Casablanca 19%, El Jadida-Safi 15% et Settat-Khouribga 10%) les autres régions détenant entre 3 et 8% chacune. Sur cette capacité, les commerçants privés et importateurs détiennent pratiquement 93 %, soit 47,3 Mqx, le reste (3,5 Mqx) étant détenu par les coopératives. Ces capacités de stockage ont augmenté de façon conséquente, puisque en 1999 elles n’étaient que de 17,7 Mqx et en 16 ans elles ont atteint 50,7 (2015) soit + 186%, sachant que l’augmentation de la capacité constatée en 2014, due essentiellement aux investissements des opérateurs privés, a atteint 1,3 Mqx. Par mode de stockage les capacités nationales (50,7 Mqx) se répartissent entre magasins essentiellement avec 33 Mqx, soit les 2/3 et silos avec 17,7 soit le tiers du total. Ce dernier mode de stockage est de plus en plus privilégié compte tenu des avantages qu’il offre en termes de facilité de manutention et de maitrise des conditions de stockage. Par contre le stockage en magasin présente l’avantage d’un coût d’investissement initial faible et de se prêter à des utilisations diverses.


Céréales

Les insectes des denrées stockées Depuis près de 10.000 ans, l’homme entrepose des denrées afin de s’en servir plus tard pour sa propre alimentation ou pour celle de son cheptel. Les glucides, les lipides, les protéines, les minéraux, les vitamines, etc. que recèlent les graines stockées leur sont essentiels, mais dans le cadre des chaînes alimentaires, il est normal que ces produits profitent à d’autres consommateurs. D’un point de vue économique, après la récolte, de nombreux ravageurs altèrent tout au long de l’emmagasinage la qualité des denrées entreposées alourdissant de la sorte les déprédations commises déjà au champ par d’autres bioagresseurs. Les ravageurs aux champs et les déprédateurs en stockage appartiennent à des groupes aux mœurs différentes, aucun n’étant apte à se développer dans l’environnement franchement favorable à l’autre. Il s’agit, en fait de deux écosystèmes différents : l’écosystème champ et l’écosystème stock. Les ravageurs des denrées stockées survivent d’une année à l’autre dans les grains, le matériel de récolte et de conditionnement, dans les criblures et poussières abandonnées, dans les lieux d’emmagasinage mal nettoyés, etc. Aussi, les denrées indemnes de la nouvelle récolte qui arrivent dans des lieux contaminés sont-ils plus ou moins rapidement envahies. Leur détérioration est alors graduelle ou soudaine, masquée ou manifeste, superficielle et limitée ou étendue, tout dépend de la rapidité et de l’intensité des interactions entre les facteurs physiques, chimiques et biologiques de l’écosystème entreposage et les ravageurs. Au nombre des facteurs les plus importants de l’écosystème entreposage, mentionnons la température, l’humidité, la concentration en oxygène et dioxyde de carbone, la variété céréalière, le volume entreposé, les propriétés du grain, la microflore, les arthropodes, les vertébrés… Bien que le terme « stockage »

évoque l’inertie et l’invariabilité, le grain est dans un état dynamique au cours de l’entreposage. La maturation se poursuit après la récolte et s’accompagne de changements complexes dont l’effet stabilisateur est primordial. Ces changements sont favorisés par une humidité inférieure à 14% et une température se situant entre 15 et 45°C.

Traitements, insecticides utilisés et doses

Dans les stocks, les pullulations des ravageurs procèdent le plus souvent des mauvaises conditions d’entreposage et de reliquats d’infestations préalables. C’est pourquoi certaines précautions doivent être observées. Elles consistent à assainir convenablement les locaux de conservation et à parfaire ces mesures par des opérations de ventilation, de séchage destinées à abaisser au maximum la teneur en eau des grains à stocker : teneur en eau < 13%, température < 20°C. En protection des denrées stockées, il n’y a pas de seuil de nuisibilité. Plus la lutte est précoce, plus elle est efficace. Pour cela il est recommandé de bien nettoyer les entrepôts avant chaque nouveau remplissage, d’enlever les vieux dépôts (premier rentré, premier sorti), de contrôler les balayures et de les incinérer ou de les enfouir, de traiter les locaux d’emmagasinage et leurs abords et le matériel de conditionnement (machines, sacs vides, moyens de transport…) et d’inspecter les denrées réception-

nées en ouvrant quelques sacs à la recherche d’une éventuelle infestation. Les mesures prophylactiques ne peuvent nullement empêcher le développement des ravageurs lorsque ceux-ci sont amenés avec le grain ou toute autre marchandise. Mentionnons que les risques d’infestation sont d’autant plus grands que les conditions climatiques à la récolte ont été mauvaises, rendant nécessaire la désinsectisation des denrées à entreposer. On peut s’aider dans la justification du traitement par des pointages au moyen de pièges à phéromones pour les lépidoptères suspendus dans les locaux, ou des pièges à coléoptères. Ceux-ci consistent en des tubes de 37 cm de longueur et 2.7 cm de diamètre perforés, dépourvus de tout attractif, à ficher à 30 cm de profondeur dans les tas de Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Céréales Bruchuspisorum

Ephestia elutella

céréales. Les insectes pénètrent par les trous et restent captifs au fon du tube qu’il faudrait retirer périodiquement pour examen. L’assainissement des locaux vides, opération du reste banale, s’obtient par pulvérisation sur leur parterre et leurs parois d’un insecticide à action persistante. Les produits disponibles sont nombreux. Le traitement des grains proprement dit repose essentiellement sur deux types de pesticides : les insecticides de contact qui tuent particulièrement les insectes à l’état adulte lorsqu’ils s’attaquent aux grains sur lesquels le produit est déposé et les insecticides gazeux qui éliminent toutes les formes de ravageurs (œufs, larves et adultes) en raison de leur important pouvoir d’infiltration. Les insecticides de contact autorisés (différentes matières actives) sont tous rémanents et suffisamment efficaces au-delà de 3 mois. Les doses de traitement de ces produits sont indiquées sur les emballages des spécialités commercialisées et les LMR (limites maximales de résidus) acceptées sont fixées pour chaque matière active. Nous reproduisons dans le tableau 2 quelques unes de leurs spécificités utiles à connaître par les usagers. Les insecticides gazeux, dits aussi fumigants, sont des substances qui, à une température et à une pression données, peuvent être produites sous forme gazeuse à une concentration létale pour un ravageur donné. Pour remarque, les aérosols, les nuages à particules solides (fumées), les brouillards ne sont pas des fumigants. La propriété principale d’un fumigant est la 48

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diffusion. En tant que gaz, il se répand en molécules indépendantes, ce qui lui permet de s’infiltrer à l’intérieur des grains et de s’en échapper après par diffusion. Par contre, les brouillards et les aérosols ne pénètrent pas à l’intérieur de la masse des grains car leurs particules solides ou liquides se déposent superficiellement. L’avantage des fumigants est lié à leur diffusion et à la souplesse d’emploi qui en découle. Ils s’introduisent partout, dans les grains en vrac, en tas, emballés, même à l’intérieur des grains, touchant en conséquence les formes dissimulées des ravageurs, ce qui dans diverses situations permet de ne pas avoir à les déplacer. Agissant exclusivement pendant la période d’exposition, ils laissent peu ou pas de résidus ce qui rend l’écoulement immédiat de la marchandise. Mais la fumigation est un traitement uniquement curatif ; les denrées deviennent réinfestables dès la fin du gazage. Il faut rappeler aussi que leur efficacité dépend beaucoup des conditions du milieu, en particulier la température, puisque les propriétés du gaz, principalement la diffusion, varient beaucoup avec ce facteur. En fin la plupart des fumigants sont très toxiques pour l’homme et ses animaux, ce qui pose des problèmes de sécurité au moment de leur application supposant nécessairement des précautions et un équipement adéquat (enceinte suffisamment étanche, masques à gaz, matériel de détection, etc.) En conclusion, la fumigation est un traitement curatif, entraînant

Tribolium Confusum

une éradication totale, alors que les traitements insecticides de contact constituent une protection durable. Il y a donc complémentarité entre les deux procédés. En appoint de ces deux procédés chimioprotecteurs bien courants, il existe d’autres techniques dites non polluantes car elles font intervenir des procédés physiques, biologiques, etc. Nous citons à ce titre la lutte préventive par le froid, par la chaleur, par le stockage étanche ou sous atmosphère inerte, par les ondes électromagnétiques non ionisantes, par les radiations ionisantes, par les bactéries et champignons… Après ce développement, quelle est donc la stratégie idéale de protection contre les ravageurs des denrées stockées ? Le point le plus important est d’agir préventivement pour éliminer les foyers possibles d’infestation. En stock, une contamination aussi faible soit-elle est déjà un constat d’échec. Il faut donc envisager la prévention en accord avec les diverses dispositions suivantes : - éviter que les ravageurs ne se rencontrent dans le stock (nettoyage, traitement…) - dépister les infestations pour éviter ultérieurement des traitements systématiques inutiles et coûteux ; - conduire correctement la lutte chimique et ne pas en abuser ; - contrôler la teneur en résidus qui doit être inférieure aux valeurs limites fixées par la législation nationale ou à défaut par le Codex Alimentarius de la FAO/OMS ; - éviter l’utilisation répétitive des mêmes substances insecticides ; - équipements nécessaires et mesures de sécurité.


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Phytoprotection

Les nématodes à galles Un programme intégré de lutte est nécessaire

Dr. MOKRNI Fouad, (Ingénieur en Chef / Responsable du laboratoire de Nématologie, INRA-Agadir) fmokrini.inra@gmail.com Dr. SBAGHI Mohammed, Chef du Département de protection des plantes, INRA

Au Maroc, les cultures maraîchères occupent une place importante dans l’économie du pays et ont connu une évolution considérable ces dernières années pour atteindre une superficie de 260.000 ha (dont 17.000 sous serre) avec une production de 7.600.000 tonnes. Cependant la production des cultures maraîchères sous serre dans la région de Souss Massa est exposée à une batterie d’ennemis qu’il faut suivre et surveiller au quotidien si on veut assurer une production rentable et compétitive. Parmi les contraintes biotiques dommageables à la culture, les nématodes constituent une source de nuisibilité pour cette importante filière. En effet, de tous les nématodes, le genre de nématodes à galles (Meloidogyne spp.) est de loin le plus redoutable sur les cultures maraîchères aussi bien sous serre qu’en plein champ. Ces nématodes sont dotés d’un grand pouvoir de multiplication qui leur permet d’envahir rapidement les racines des plantes sensibles sur lesquelles ils provoquent des galles. Actuellement, ces parasites commencent à poser de sérieux problèmes dans la région de Souss Massa, où ils engendrent de graves dégâts sur la plupart des légumes avec une certaine préférence pour les cucurbitacées (melon, concombre..),

les solanacées (tomates, aubergine, poivrons, pomme de terre…) et les légumineuses (haricot), et par conséquent, ces nématodes phytoparasites sont devenus parmi les principales contraintes qui entravent le développement du maraîchage sous serre.

BIOLOGIE DES NEMATODES DU GENRE Meloidogyne

Le cycle de vie des nématodes du genre Meloidogyne comporte trois niveaux de développement et se déroule en deux phases (Figure 1): - une phase libre mobile qui ne concerne que le stade juvénile J2 qui se déplace dans le sol à la recherche des racines d’une plante hôte ; - une phase sédentaire de maturation des J2 en femelles qui se déroule à l’in-

térieur des racines après la pénétration des J2. Les espèces de genre Meloidogyne spp., sont des endoparasites sédentaires. Les larves J1 se développent dans les œufs. Les juvéniles de deuxième stade (J2) éclosent des œufs, puis ils migrent vers les racines et y pénètrent soit par l’apex, soit par des zones de pénétration antérieures, soit par des petites lésions sur des racines. Ces juvéniles, traversent l’épiderme, puis la zone corticale pour arriver au cylindre central où ils se fixent et établissent des sites nourriciers permanents dans la zone de différenciation des cellules de la racine. Chaque site est constitué de plusieurs cellules géantes polynuclées. Cette formation des cellules géantes perturbe les vaisseaux du xylème. Les juvéniles (J2) subissent trois autres mues avant de parvenir au stade de femelles adultes. A maturité, ces femelles sont piriformes ce qui conduit à la formation des galles au niveau des racines qui pondent plusieurs centaines œufs dans une matrice gélatineuse.

LUTTE CONTRE LES NEMATODES DU GENRE Meloidogyne

Photo 1 : Examen des racines et estimation de l’indice de galles pour chaque plant d’une culture d’aubergine sous serre. (Belfaa, Souss Massa)

La lutte contre les nématodes à galles est très difficile à cause de leur polyphagie, leur résistance aux conditions environnementales adverses, la présence de différentes espèces en mélange et la diversité des sources de contamination. La gestion de la population de nématodes à galles associée aux cultures maraichères conventionnelles sous serre se résume en deux modalités d’action : 50

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Les nématodes à galles Mesures prophylactiques

A ce niveau, il s’agit d’assurer une conduite technique appropriée durant tout le cycle des cultures depuis le semis jusqu’à l’arrachage des plantes, tout en contrôlant les déchets et les adventices aux abords et à l’intérieur des serres. Cependant, il est à signaler que ces mesures ne favorisent pas l’élimination des nématodes mais aident à limiter leur propagation. Cartographie de l’infestation du genre Meloidogyne L’indice de galle en fin de culture, reste le paramètre nématologique qui permet de mieux apprécier l’état d’infestation d’une parcelle par les nématodes à galle après l’arrachage (Photo 1). Pour réussir un bon arrachage, il serait intéressant d’irriguer, vers la fin de culture afin de faciliter l’opération d’arrachage et de prévenir le dessèchement des plantes. Ainsi, les systèmes racinaires de tous les plants doivent être observés et un indice de galle allant de zéro (0) pour les plants sains à dix (10) pour les plants fortement infesté est attribué à chacun des plants. Ces mesures d’indices de galles doivent être complétées par des comptages de juvéniles dans le sol lors du semis et en fin de culture. Cette méthode très performante donne des informations très précises sur la distribution des foyers d’infestation, et sur l’efficacité des différentes mesures appliquées pour contrôler les niveaux des populations de nématodes. Par ailleurs, les résultats de ces mesures permettent aux maraîchers de faire le bon choix des produits phytosanitaires, des doses et des outils de leur application sur les cultures.

Figure 1 : Cycle biologique de Meloidogyne spp. (Z. Haque, 2017)

Qualité sanitaire des plants issus de pépinière En l’absence de commercialisation d’un matériel végétal résistant capable de lutter durablement contre les nématodes à galle en cultures maraîchère (tomate, haricot vert, aubergine, courgette….), nous insistons auprès de la profession pour s’assurer par des analyses supplémentaires, de l’absence de nématodes dans le substrat qui va être utilisé pour l’élevage et la production de plants certifiés.

Environnement de la serre

Il est à rappeler aux producteurs, qu’à chaque fois que des ressources génétiques maraîchères (matériel végétal) sont introduites dans leur ferme, il faut s’assurer des actions suivantes : • Nettoyage soigneux des outils qui vont être en contact direct avec le sol ou bien avec le reste des résidus de végétaux et qui peuvent constituer une source camouflée de dissémination des nématodes. • Nettoyage des chaussures et de tout habillement du personnel ayant visité ou opéré une parcelle potentiellement contaminée. • Analyser le fumier d’élevage utilisé au début de la campagne car il ne doit pas contenir de nématodes phytoparasites. Il est à signaler, que nous avons réalisé une récente analyse, sur un échantillon de fumier de bovin provenant de la région de Sidi Bibi, et que nous étions étonnés de voir la présence de 26 larves de deuxième stade de Meloidogyne spp. par 100 g de fumier. • Réaliser des analyses nématolo-

giques des parcelles avant d’entamer l’opération de plantation. • La tourbe doit être analysée pour s’assurer de l’absence des nématodes phytoparasites ; • Réserver dans l’exploitation une zone où effectuer la désinfection du matériel de culture. Cela permet de mieux organiser les espaces de travail dans l’exploitation, de stocker et ranger le matériel propre. • Sensibiliser le personnel concerné aux sources de contamination et aux modalités de dissémination des Meloidogyne.

Désinfection chimique

Le moyen le plus efficace et qui donne immédiatement un excellent résultat sur les nématodes et en particulier les Meloidogyne reste de loin la lutte chimique. Cette méthode de lutte a l’avantage d’être pratique avec un effet immédiat sur les populations des nématodes. La désinfection du sol avant la plantation Actuellement, plusieurs nématicides fumigants sont disponibles sur le marché marocain comme le 1,3- Dichloropropene seul ou en mélange avec la chloropicrine ainsi que le Métam-Sodium. Le choix des produits doit être basé sur la présence effective des agents pathogènes dans une exploitation agricole donnée (champignons, bactéries et nématodes), mais aussi sur l’importance économique de la culture visée. Ces produits sont très toxiques par leur action sur les enzymes de la chaine respiratoire des nématodes phytoparasites. Par ailleurs, leur application pour désinfecter le sol, doit être faite deux à quatre semaines avant la plantation. La désinfection du sol en post-plantation En pratique et avant de planifier chaque méthode de lutte, il est fortement conseillé d’effectuer des analyses nématologiques deux mois après la plantation. Une telle action a l’avantage de détecter et de quantifier la densité des larves du deuxième stade de Meloidogyne bien avant qu’elles ne pénètrent dans les racines et forment des galles. Si la densité de nématodes détectés dépasse le seuil de nuisibilité, un traitement avec des nématicides non fumigants s’avère obligatoire afin de limiter la multiplication de ces larves. Malheureusement, dans la région du Souss Massa, la plupart

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des producteurs interviennent après la détection des galles sur racines, ce qui rend la lutte plus difficile, malgré le nombre élevé des traitements réalisés pendant le cycle de culture. Pour améliorer l’efficacité des interventions chimiques, il est recommandé de surveiller l’état sanitaire et de s’assurer des ennemis qui sont à l’origine des symptômes rencontrés sur la culture. Une panoplie de nématicides de post plantation est disponible sur le marché marocain notamment, Abamectine, Oxamyl, Fluopyram, Phenamiphos et Ethoprophos. Ces produits sont généralement formulés en granulé ou en concentrés émulsifiables ou solubles dans l’eau pour passer via le système d’irrigation, et sont habituellement appliqués en les incorporant dans le sol. L’application de ces nématicides pour la désinfection du sol en post-plantation a plusieurs modes d’actions : • sur l’éclosion des œufs de Meloidogyne dans le sol ; • par contact direct avec les stades mobiles des nématodes dans le sol ; • sur la motilité des nématodes ; • sur la reproduction des nématodes ;

• sur la dispersion et la migration des nématodes; • sur l’attractivité et la répulsivité des plantes-hôtes ; • sur l’orientation des nématodes. Comme ces produits ne possèdent qu’un impact limité en profondeur (ils n’affectent que la couche superficielle du sol, soit 30-40cm de profondeur), il serait prudent de procéder à des interventions répétitives et ciblées.

Conclusion

Les nématodes à galle, Meloidogyne spp. sont parmi les principaux facteurs limitant la production des cultures maraichères sous serre dans la région du Souss Massa. Les mesures de lutte obligatoire contre les nématodes à galles ne doivent pas constituer une contrainte majeure aux producteurs maraichers. Bien qu’aucune méthode de lutte ne suffit à elle seule pour éradiquer les nématodes du genre Meloidogyne associées aux cultures maraichères, mais souvent la lutte chimique permet d’atteindre des résultats satisfaisants, et que son utilisation doit

s’inscrire dans un programme de Racines infestées

hybride résistant et variété sensible(1) sures citées ci-dessus dans l’objectif

lutte intégrée qui combine les me-

de réduire les densités de nématodes en dessous des niveaux dommageables pour une culture donnée.

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Arboriculture

Conditions météorologiques et traitements phytosanitaires Prof. Hmimina M’hamed Les précipitations, la vitesse du vent, la température ambiante, le taux d’humidité relative de l’air, influent vigoureusement sur l’efficacité des pulvérisations et les déperditions des antiparasitaires par dérive et ruissellement. Une évaluation de l’effet pesticide sur un quelconque ravageur serait étriquée si on laissait de côté l’influence de ces facteurs sur les traitements. Les variations de leur emprise sont si importantes pour qu’un examen soit superflu. D’excellents articles concernant cet aspect sont exposés dans diverses revues, mais y accéder reste limité aux initiés.

D

ans la présente synthèse, nous allons nous efforcer de présenter le plus clairement possible les traitements dans leurs rapports avec les facteurs météorologiques. Pour cela nous décrivons comment ils influent sur les applications et précisons les mesures à prendre pour accommoder les pulvérisations aux conditions du moment, afin d’améliorer la rigueur des traitements et de réduire les pertes des antiparasitaires et les insuccès liés à leur mauvais usage. Par la même occasion, nous indiquons également comment utiliser des appareils simples dont la présence est profitable dans une exploitation pour estimer localement les conditions météorologiques.

Précipitations

Une question récurrente est : faut-il recommencer un traitement après une pluie et à partir de quelle quantité de précipitation ? La réponse à cette interrogation n’est certainement pas évidente. Tous les produits n’ont pas la même résistance à l’entraîne-

ment par la pluie. Celle-ci peut avoir des effets positifs ou négatifs sur les pulvérisations. Selon le cas, une précipitation survenant peu après la pulvérisation pourra « laver » plus ou moins complètement les feuilles, entraînant le produit au sol et réduisant son efficacité. Inversement, la pluie peut favoriser la diffusion d’un produit sur la cible visée, mais il ne faut pas compter sur cet épiphénomène pour garantir une bonne distribution. Certains produits du sol sont plus efficaces lorsque la pluie les entraîne en profondeur après leur épandage, mais il importe toutefois qu’ils remplissent leur fonction et se dégradent avant d’atteindre la nappe phréatique. En tout état de cause, il faudrait toujours : • se renseigner sur les prévisions météorologiques et connaître leur effet sur le produit à utiliser ; • éviter de pulvériser le produit sur des feuilles mouillées par la pluie ou la rosée, à moins que la firme propriétaire du produit ne précise le contraire. Une feuille ne peut retenir qu’un volume limité de liquide et par conséquent qu’une quantité limitée de produit ;

• s’abstenir de continuer à doucher les feuilles déjà trempées par le produit; la concentration du pesticide reste en effet la même que dans la cuve du pulvérisateur. Le surplus sera tout simplement charrié vers les feuilles de la base et finira dans le sol. Dans la pratique courante, on admet que des précipitations inférieures à 10 mm, mais survenant quelques heures plus tard (plus de 4 heures), ne justifient pas le renouvèlement d’un traitement. Néanmoins, pour sortir de cette incertitude et éviter le lessivage des produits phytopharmaceutiques, il est conseillé de ne jamais traiter sous la pluie ni en cas de pluie annoncée.

Rosée

Il n’est pas conseillé de traiter par une rosée forte (risque de lessivage). En revanche, une faible rosée facilite la pénétration du produit.

Hygrométrie (% d’humidité dans l’air)

C’est une donnée fondamentale pour les pesticides foliaires, car elle influence la vitesse d’évaporation des gouttes. Par temps sec, les fines gouttelettes s’évaporent avant même de toucher la plante ; les autres diminuent de volume, ce qui les rend plus sensibles à la dérive. Il est préférable de traiter le matin ou en soirée, lorsque l’hygrométrie est au dessus de 60%. Un tel taux favorise la pénétration foliaire du produit phytosanitaire et empêche l’évaporation des gouttes ainsi que les brûlures des plantes traitées.

Vent

C’est le principal facteur à considérer pour éviter la dérive. Plus le vent est fort, plus la dérive est importante et plus le volume des gouttelettes à la sortie des buses est modifié. Le produit se dépose au-delà de la zone à traiter. C’est donc la direction du vent qui déterminera si les gouttelettes seront entraînées vers les zones cibles ou vers des environs non souhaitables (lacs, rivières, cultures non cibles ou sensibles, pâturages, espaces fréquentés par les humains, habitations, etc.), tandis que de sa force découlera la distance que les gouttelettes parcourront avant d’atteindre leur cible. Le tableau ci-


Papier test pour vérifier la qualité de la pulvérisation

après renseigne sur les risques de dérive selon la vitesse du vent et précise s’il y a lieu ou non de procéder au traitement. Retenons que l’influence du vent est particulièrement importante dans le cas de pulvérisations dirigées, c’est à dire faites au moyen d’appareils à jet porté. Celles-ci doivent se faire par un vent oblique, en orientant les buses et les déflecteurs de façon à guider le jet vers la frondaison des arbres, et non par-dessus celleci. Les pulvérisations peuvent se faire à des vitesses de vent proches de la limite supérieure indiquée, à condition de réduire les distances par rapport à la cible et/ou d’utiliser : • des buses munies d’un dispositif d’atténuation de la dérive ; • un réglage produisant de grosses gouttelettes ; • de faibles vitesses d’avancement ; • des écrans de réduction de la dérive. En cas d’indisponibilité de tels accessoires, limiter les traitements aux périodes calmes ou se référer aux instructions du fabricant du matériel et du pesticide.

Température

En général, l’absorption et la migration des pesticides dans la plante sont optimales lorsque la température est comprise entre 5°C et 20°C. Pour bénéficier d’une telle cinétique, il faut traiter par une température ambiante basse et un taux d’humidité relative élevé. On minimise ainsi les risques de dérive imputables aux inversions de température ou à l’évaporation et on augmente le degré de recouvrement et la quantité de produit déposée sur la cible. Un air chaud et sec accentue les risques de dérive par évaporation rapide des gouttelettes et leur transformation en vapeur, en gouttelettes encore plus fines ou en particules de pesticide concentré.

Recommandations de pulvérisation en fonction du régime des vents Description

Vitesse du vent

Indices apparents

Décision

Vent calme

< 2 km/h

Fumée monte verticalement

Ne pas traiter si température est trop élevée

Vent léger

2-3 km/h

Direction indiquée par la dérivation de la fumée

Brise légère

3-7 km/h

Bruissement des feuilles et sensation de souffle sur le visage

Brise douce

7-10 km/h

Feuilles constamment en mouvement

Utiliser des buses anti-dérive

Vent modéré

10-15 km/h

Petites branches en mouvement et soulèvement de la poussière

Utiliser des buses anti-dérive

Vent modéré à fort

> 15 km/h

Conditions idéales pour la pulvérisation

Ne pas traiter

De nombreux autres facteurs influencent la dérive des produits et le dépôt sur la cible, notamment la formulation des produits, la méthode de pulvérisation et la taille des gouttelettes. Les conditions optimales de traitement sont réunies tôt le matin, mais la période de pulvérisation la moins néfaste aux abeilles est la soirée ou la nuit. Ajoutons à cela que chaque produit phytosanitaire a une fourchette de températures dans laquelle son efficacité est optimale. Par exemple, un produit à absorption foliaire doit être appliqué à une température comprise entre 12 et 20°C. Les insecticides organophosphorés (azinphos méthyl, azinphos éthyl chlorpyriphos éthyl, diméthoate, diazinon, malathion…) et les carbamates (méthomyl, pirimicarbe…) agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase, une enzyme impliquée dans le fonctionnement du système nerveux et musculaire. Cette enzyme est activée par la température si bien que les produits de ces deux familles sont plus efficaces lorsque la température au moment de l’application se situe au-dessus de 15°C. En revanche, les insecticides organochlorés agissent sur le système nerveux au niveau du transfert des influx nerveux. Cependant à l’inverse des deux groupes précédents, les organochlorés (endosulfan…) ne doivent pas être appliqués lorsque la température est supérieure à 25°C. Une autre famille d’insecticides, agit au niveau du système nerveux : celle des pyréthrinoïdes de synthèse. Ces insecticides peuvent causer deux types de syndromes soit le syndrome de type I (pyréthrine), ou celui de type II (cyperméthrine, deltaméthrine et lambda-cyhalothrine). Les pyréthrinoïdes de type II ont une plus grande activité insecticide que ceux de type I et leur DL50 est plus faible. De plus, ils sont plus efficaces à hautes températures tandis que c’est l’inverse pour les pyréthrinoïdes de type I.

Suivi des conditions météorologiques

Avant d’entreprendre un traitement ou même pendant l’opération, si l’on soupçonne que les conditions sont en train de changer, il est conseillé de prendre connaissance des prévisions météorologiques. Une des toutes premières prudences est de lire l’étiquette du produit pour voir s’il y a des mesures à respecter en ce qui concerne la température et la vitesse lors du traitement. Ces informations ne constituent qu’un des éléments à considérer dans la décision de traiter ou non. C’est à l’opérateur de juger à tout moment ce qu’il doit faire. En effet, tout exploitant appelé à protéger ses cultures, doit surveiller les conditions météorologiques et noter les données locales en s’aidant d’une station fixe ou portable. La station météorologique portable permet de mesurer la température et le taux d’humidité relative de l’air, ainsi que la vitesse du vent. Pour mesurer la température ou le taux d’humidité relative, il faut se placer dans l’ombre et attendre au moins quinze secondes pour lire les données exactes. Pour mesurer la vitesse du vent, il faut tenir l’appareil à 1,5 m du sol ou à la hauteur de la rampe de pulvérisation. Si la frondaison est dense, la vitesse du vent sera supérieure dans les rangées situées à la périphérie du verger et au sommet de la frondaison. Au besoin, utiliser une perche pour soulever l’anémomètre à la hauteur de la frondaison, puis ramener l’appareil au sol et relever la vitesse moyenne enregistrée. Pour obtenir une mesure valable des vitesses moyenne et maximale du vent, et sa direction, l’anémomètre doit rester au moins trois minutes face au vent. Pour la direction du vent, une boussole ordinaire permet d’en déterminer le sens.

Conclusion

La vitesse du vent et sa direction, la température, l’humidité et les précipitations sont des facteurs importants agissant sur les dépôts des pesticides. Si on ne peut commander à la pluie, ni au vent ou à la température, on peut, toutefois, en s’appuyant sur des mesures précises, parvenir à de bons résultats. Pour cela, il suffit avant d’entreprendre un traitement, de connaître les prévisions locales et essayer d’adapter éventuellement la technique d’application aux caprices du temps. Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Protection

Le sucre et les détergents

des additifs stimulateurs de l’efficacité des traitements insecticides Prof. Hmimina M. IAV Hassan II - Rabat

Les traitements phytosanitaires sont à la base de la protection de la production que les bonnes pratiques agricoles suggéreraient de restreints au minimum pour diverses raisons : économiques, environnementales, hygiéniques, résistances qui frappent les pesticides de déchéance, etc. L’idée d’une méthode de lutte cohérente qui permettrait à terme de parvenir à une maitrise rationnelle des ravageurs garde un grand pouvoir de séduction. En effet, la forte recommandation de la consommation de fruits et légumes pour la prévention de maladies de l’homme, l’application d’une réglementation stricte visant à réduire les pesticides et les encouragements pour l’agriculture biologique accordent à de tels procédés doux et respectueux de l’environnement un intérêt élevé. Ils sont à développer et à intégrer dans les itinéraires culturaux et en priorité dans les situations où il est urgent de trouver de nouvelles solutions. Mais, pour l’instant, loin s’en faut, et, croire que l’on peut totalement faire l’économie des pesticides, c’est aller droit au devant de problèmes. Il s’agit plutôt de repenser leur usage en fonction de leurs inconvénients et de les rendre pour de bonnes raisons moins dangereux pour l’environnement mais suffisamment efficaces pour sortir les cultures des dommages qui les grèvent. Dans cet article, comme on serait porté à le croire, nous ne proposons pas des recettes de perlimpinpin, mais nous présentons des solutions, dérivant des

travaux de recherche, afin de bonifier les pesticides et pour autoriser les auxiliaires à sortir de leur déliquescence et les agriculteurs à les aider sans danger. Parmi ces solutions nous mentionnons la pulvérisation des sucres et l’adjonction de détergents aux bouillies de traitement. De telles contextures agissent comme des produits phytosanitaires ou permettent une pleine expression du potentiel de ceux-ci.

1. Pulvérisation de sucre

Quelques publications précisent les modes d’action de la pulvérisation des sucres solubles sur l’induction de résistances des cultures aux bioagresseurs. A juste titre, l’application du saccharose seul, ou ajouté à d’autres produits de lutte et les ouvertures que cela peut présenter pour la culture biologique des fruits et légumes sont assez convoitées. En effet, la pulvérisation foliaire de sucres à très faibles proportions (1 à 10g/100L) sur des plantes induit

des résistances systémiques visà-vis de différents ravageurs. Ces endurances se manifestent à la surface, dans les feuilles et dans les racines contre des insectes (Ostrinia nubilalis et Cydia pomonella), des champignons pathogènes (Botrytis cinerea) et des nématodes (Meloidogyne javanica). Plus en détail, la technique testée en conditions agronomiques (vergers) sur le pommier contre le carpocapse et comparée à des systèmes de protection chimique et biologique dans plusieurs pays d’Europe, confirme l’intérêt des applications de sucres seuls ou en association avec divers insecticides (chimiques ou biologiques) contre le carpocapse. Le saccharose ou le fructose utilisés à des concentrations de 1 à 10g/100L réduisent les dégâts d’environ 40%. Cela montre l’avantage des sucres pour réduire les intrants. Quant aux voies de signalisation des sucres, en particulier celle du fructose, elles entreraient dans les systèmes de régulation utilisés par la plante dans sa défense contre ses agresseurs.

2. Détergents

Un détergent est un mélange de diverses substances minérales et organiques qui, mises en solution dans de l’eau ou autre, génèrent un produit à action physico-chimique permettant le nettoyage d’un état de surface selon les principes suivants : enlever les salissures, les maintenir enlevées et enfin les éliminer. La détersion est un élément fondamental d’hygiène, puisqu’elle permet d’éliminer une grande partie des bactéries présentes sur la peau, sur les ustensiles servant à la préparation et à la consommation des aliments, sur les surfaces de travail, etc. On distingue globalement deux types de détergents : les composés solides ou en poudre (substances solides divisées en grain très fins et homogènes) et les composés liquides (substances liquides et homogènes) qui, mis en solution, servent à nettoyer un support. Dans le groupe des détergents pulvérulents, on rencontre les lessives à main et pour machine et les produits poudreux multi usages. Le groupe des détergents liquides forment les liquides vaisselles, lave-vitres, gels mains et douche, shampooings, etc. En agriculture, les prompts et bons usages des détersifs sont le lavage des arbres collants et encrassés par le miellat et les poussières, la lutte en tant qu’insecticides de contact contre les ravageurs à corps mou (acariens, pucerons, thrips, psylles, cochenilles), et comme agents tensioactifs des pesticides (mouillants). Les grandes marques qu’on connait tous et qui sont à portée de main au rayon entretien sont: Ajax, Canard, Carolin, Cif, Cillit Bang, Destop, Febreze, Harpic, La Croix, Mir, Pliz, Saint-Marc, Sany-

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Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017


Tableau 1. % de mortalité de P. citri sur 15 feuilles de clémentinier traitées à diverses combinaisons détergents-acaricide spécifique Traitements

Concentration du produit commercial dans l’eau (%)

% Mortalité T1

% Mortalité T2

% Mortalité T3

Signification statistique

Ajax

1

58

47

44

b

Ajax

0.5

31

29

33

c

Palmolive

1

41

45

32

b

Palmolive

0.5

18

27

21

d

Pride (fenazaquin)

0.05

93

91

95

a

Pride+Ajax

0.05+0.02

100

98.5

98.2

a

Pride+Palmolive

0.05+0.02

99.2

100

97.8

a

Témoin

0

5

6

7

e

tol, Reo, Moi, Magix, Palmolive, Maxis’, Doussy, Forza, Mr Propre, Dentol... Ce n’est qu’un échantillon. Et bien qu’ils ne soient pas exempts d’effets toxicologiques et écotoxicologiques, leur impact au demeurant plus réduit sur l’environnement et les auxiliaires, que les produits phytosanitaires classiques, leur faible coût et l’absence de restrictions réglementaires en font de secourables outils de lutte intégrée. Mais ces avantages causeraient quelques craintes selon les experts du magazine 60 millions de consommateurs qui ont évalué plus d’une centaine de produits, parmi les plus usuels. Leur quasi-totalité contient une ou plusieurs substances indésirables qui plombent leur réputation et les rendent allergisantes, irritantes, corrosives, et/ou risquées pour l’environnement. Ce même magazine stigmatise huit produits qu’il qualifie de bêtes noires : un désinfectant (Dettol), un nettoyant multi-usage (Mr Propre), une lessive (Minidou), un désodorisant (Febreze), des lingettes désinfectantes (Harpic), une mousse nettoyante (Mir) et deux produits vaisselle

(Method et Bang). Bien que cela soit en dehors de notre domaine d’intervention, l’idée est de sensibiliser le public à la duplicité de ces produits qui nous promettent propreté, douceur et fraîcheur. L’activité insecticide des détergents et des savons est attribuée à leur capacité à noyer les insectes et les acariens, au rinçage de leur cire et cuticule, à la destruction de leurs membranes biologiques et enzymatiques, à la chute des individus du feuillage. Les doses pratiquées sont généralement de 5 à 10% comme insecticides et 1% comme mouillant. Dans certains cas, ils peuvent être toxiques pour les végétaux traités et causer leur brulure. Cela va sans dire que des mises au point sont nécessaires avant tout emploi. Pour qu’ils soient aisément à disposition, nous présentons ci-après quelques observations obtenues sur deux acariens et Panonychus citri et Panonychus ulmi. Panonychus citri Tous les traitements du tableau

populations à des niveaux notables.

1 indiquent des taux de mortalité supérieurs au témoin traité à l’eau. L’analyse statistique des données prouve que les deux détergents dans leur forte concentration se classent immédiatement après l’acaricide spécifique standard le fenazaquin. L’adjonction des détergents à l’acaricide améliore son efficacité. Dans les modalités ʺdétergentsʺ les mortalités les plus élevées se sont produites sous les plus grandes concentrations. Les acariens morts sous l’effet des détergents paraissent déshydratés. Les concentrations utilisées n’ont pas causé de phytotoxicité. Panonychus ulmi Les résultats des traitements aux détergents présentés dans le tableau 2 confirment ceux obtenus sur P. citri et apportent de nouveaux éléments non pris en compte dans ce premier essai. Il s’agit d’un phénomène particulièrement intéressant qu’on observe à la suite de pluies orageuses sur les populations d’acariens : le délogement des formes mobiles des feuilles par les averses faisant chuter les

Tableau 2. % de mortalité de P. ulmi sur 15 feuilles de pommier traitées à diverses combinaisons détergents-acaricide spécifique Traitement

Concentration (%)

Effectif d’acariens avant traitement

% d’acariens délogés après traitement

Mortalité (%)

Ajax

1

Ajax

0,5

Palmolive Palmolive Fenazaquin

177

22

19

37

c

182

21,7

10

24,5

d

1

201

23,8

16

35,4

c

0,5

174

22,7

13

31,7

c

0,05

193

30.5

56

89,2

b

203

37.5

72,5

99,6

a

32,5

65,8

98

a

4,7

9

12,1

e

Fenazaquin+Ajax

0,05+0,02

Fenazaquin +Palmolive

0,05+0,02

Témoin

eau

188

% d’acariens morts+délogés

Signification statistique

L’effet des traitements acaricide+détergents évalué au moyen des acariens morts et tombés de leur support confère à cette combinaison des propriétés acaricides remarquables. Les deux détergents ajoutés au fenazaquin procurent à celui-ci une efficacité totale. Voilà comment donc de grands effets naissent de petites causes.

Conclusion

Cette expérimentation sommaire conduite il y a déjà quelques années et qui d’ores et déjà peut servir de prétexte à d’autres essais, visait à prévenir une certaine caducité des acaricides présents sur le marché et à contenir les pullulations de deux acariens comminatoires. En matière de traitements phytosanitaires en général et acaricides en particulier pendant la période estivale, une certaine panique s’empare des professionnels. Les matières actives, souvent chères, sont bien limitées et les agriculteurs tergiversent d’un côté, entre les recommandations de la démarche expérimentale, avec ses procédés sûrs et ces résultats incertains, et de l’autre, les propos de la démarche exaltée, avec ses conclusions frivoles présentées comme certaines, mais obtenues par des méthodes peu garanties. Pour ne pas priver les agriculteurs, dont la crédulité est parfois illimitée lorsqu’ils sont assaillis, de ce qu’ils sont en droit d’attendre, nous mettons à leur disposition ces résultats montrant qu’il est possible de ravauder grandement l’efficacité des insecticides et des acaricides par l’adjonction de quelques détergents à la bouillie à hauteur de 2‰ ou du sucre à 0,1‰. Ce rajout permet d’obtenir une efficacité supplémentaire et complémentaire remarquable et une pleine expression du potentiel des pesticides. Notons que les détergents seuls ont une efficacité acaricide proche de 40%.

Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Recherche

Les moyens de lutte contre la EL HASSAN ACHBANI, Directeur de Recherche, INRA Meknès

Abdelaaziz BOUAICHI, Faculté des Sciences Kenitra

Tuberculose de l’olivier La tuberculose de l’olivier est répandue dans tous les pays oléicoles et s’attaque également à d’autres plantes comme le laurier rose (Nerium oleander), le frêne (Fraxinus excelsior), le troène (Ligustrum japonicum thunbi), le jasmin (Jasminum spp.), le forsythia (Forsythia intermedia zab) et Fusain (Euonymus japonicus). La tuberculose de l’olivier, causée par Pseudomonas savastanoi pv. savastanoi (PSS), est une maladie qui se manifeste par la présence de tumeurs parenchymateuses de forme irrégulière. Au début de leur apparition, elles sont molles, de couleur verte et de surface lisse. Elles augmentent de volume en fonction du temps, se lignifient, brunissent et durcissent. Ces tumeurs s’observent généralement sur les rameaux, les brindilles et les branches charpentières, mais il est possible de les trouver sur le tronc des jeunes arbres (Fig.1). Le développement de ces tumeurs dépend de la production de phytohormones telles que l’acide indole-3- acétique (AIA) et les cytokinines. En plus des phytohormones, qui jouent un rôle crucial, d’autres facteurs de virulence sont impliqués dans le développement de la maladie.

Problématique

La maladie de la tuberculose de l’olivier est répandue dans tous les pays oléicoles de par le monde, notamment ceux du bassin méditerranéen où les conditions climatiques sont souvent favorables

à sa propagation. Elle est considérée comme une contrainte importante au développement de la culture à cause de ses impacts sur la croissance végétative, le rendement en olives ou encore sur la qualité organoleptique de l’huile. Au Maroc il n’existe pas d’estimation précise des pertes causées par cette maladie. En revanche, en Espagne les pertes liées à cette maladie atteignent presque 1,3% de la production oléicole annuelle. Par ailleurs, la lutte chimique à base de cuivre est la méthode la plus utilisée par les agriculteurs, mais elle engendre des toxicités résiduelles, le développement des résistances, la pollution de l’environnement et des problèmes sanitaires chez l’Homme et les animaux. Une lutte alternative en utilisant des produits biologiques s’impose.

Moyens de lutte

Comme pour la plupart des maladies bactériennes, les méthodes prophylactiques restent l’essentiel de l’arsenal mis à disposition pour lutter biologiquement contre l’agent pathogène. Les risques de dommages sur les oliviers

Fig.1 : Symptômes engendrés par Pseudomonas savastanoi pv. savastanoi; développement des tumeurs sur le tronc et les rameaux d’olivier (INRA, URPP-Meknès)

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Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

atteints par cette bactériose peuvent être potentiellement réduits en veillant à la bonne exécution des différentes mesures suivantes :

Gestion générale

- Eviter de blesser les arbres et bien entretenir le verger car les arbres correctement nourris sont moins sensibles à la maladie, - Eviter l’excès en éléments fertilisants qui donne lieu à un arbre fragile et sensible, - Eviter de cultiver des plantes hôtes à côté du verger telles que le laurier-rose (Nerium oleander), le frêne (Fraxinus excelsior), le troène (Ligustrum japonicum), la Forsythia (Forsythia intermedia zab), le jasmin (Jasminum spp.), le fusain (Euonymus japonicus) et autres espèces de la famille des Oléacées, - Eviter la taille durant ou avant un climat humide. Il est préférable de tailler en été. Les taux d’infection sont élevés en hiver, au printemps et faibles en été. Les blessures peuvent rester sensibles pour plus de 14 jours. En climat humide, la tumeur libère les bactéries qui vont infecter les blessures, - Les tumeurs ne doivent être ôtées durant les périodes pluvieuses de l’hiver et du printemps, car les blessures engendrées par cette opération servent comme support de nouvelles infections. Les blessures provoquées par la taille au cours des mois secs d’été ne sont pas sensibles à l’infection, - Eliminer les rameaux montrant les premiers symptômes par la taille en fin d’hiver, - Contrôler les parcs à bois des pépinières, - Pratiquer la bonne hygiène pour minimiser la dissémination de la maladie : les outils doivent être désinfectés après la taille des arbres suspects ou commencer


Tableau 2 : Liste des souches antagonistes et des plantes aromatiques et médicinales dans plusieurs études pour la lutte biologique contre la maladie de la Tuberculose d’olivier : Antagonistes et PAM P. syringae pv. ciccaronei (NCPPB2355) Pseudomonas.sp (SWRI196 ; RW10S1) Rhizobium sp (ORN24, ORN 83)

P. fluorescens et subtilis (F1 ; F4)

Bacillus

Bacillus mojavensis (A- BC-7)

Lawsonia inermis «henné» Huile essentielle des PAM (Thym, Origan, Romarin, Armoise)

Caractéristiques inhibition in vitro et in planta de la croissance PSS (PVBa229 ; PVBa304)

Production d’un composé antibactérien (bactériocine)

inhibition in vitro de la croissance PSS

inhibition in vitro de la croissance PSS (CFBP 2074)

Production d’un composé antibactérien (bactériocine)

inhibition in vitro de la croissance PSS (IVIA 1628 ; Aw9)

Réduction le nombre et le poids des tumeurs cause par PSS (IVIA 1628 ; Aw9)

Efficacité in vitro et in vivo sur déférentes souches PSS

Bacillus mojavensis A-BC-7 capable de diminuer le poids de tumeurs causé par PSS(ITM317) selon le rapport de la suspension de mélange (antagoniste (Ghanney et al., 2016) + pathogène) et les nombres des jours après la Co-inoculation.

l’efficacité antibactérienne des extraits de feuilles de Lawsonia inermis «henné» in vitro et in vivo, contre PSS (IVIA 1628) et Agrobacterium tumefaciens (B6, C58)

(Trigui et al. ,2013)

Efficacité in vitro contre PSS (2064-10)

(bouaichi et al., 2015)

d’abord par des arbres sains. L’incinération des branches (issues de la taille) est fortement recommandée, - Ne pas récolter les olives durant la pluie, - Minimiser le recours au gaulage dans des sites infestés, pour éviter des points d’entrée de la bactérie. La protection de ces lésions avec du cuivre est conseillée soit immédiatement après la récolte soit en les badigeonnant avec une colle antibactérienne.

Traitement chimique

La pulvérisation du cuivre doit être faite au moins deux fois. Les arboriculteurs californiens rajoutent d’autres applications au printemps et après la récolte et améliorent ainsi la lutte contre la maladie, car plusieurs feuilles chutent au printemps et comme les cicatrices foliaires induites sont sensibles à l’infection plus de 7 jours, elles doivent être traitées à ce moment-là, particulièrement lorsqu’un climat humide est prévu. L’ajout d’un adjuvant pourrait aider à la pénétration du produit et améliorer l’efficacité du cuivre.

Usage de cultivars tolérants

Référence

L’utilisation des variétés tolérantes ou résistantes est considérée comme une des méthodes appropriées de lutte car l’intensité de la maladie dépend de la sensibilité variétale. Cependant, les in-

formations disponibles sur la sensibilité des cultivars d’olivier à la maladie de tuberculose sont rares et proviennent principalement de l’observation sur le terrain. Au Maroc, le comportement du matériel végétal vis-à-vis de cette maladie diffère selon les variétés. Certaines variétés comme Meslala, Ronde Menra et Manzanilla sont connues par leur forte sensibilité à la tuberculose. En revanche, d’autres variétés comme la Picholine marocaine, Haouzia et Menara, qui constituent la base des plantations oléicoles marocaines, sont moyennement sensibles. La variété Gordal reste la moins sensible. Aussi l’introduction récente de certaines variétés telles que l’Arbéquine, l’Arbosana dans le système super-intensif, a montré, après quelques années de son exploitation que ces variétés sont malheureusement très sensibles.

Lutte biologique

Le développement des méthodes de lutte biologique via les microorganismes, agents de lutte biologique (bactéries, levures et champignons) ou même des substances naturelles comme les huiles essentielles (HE) et les extraits des plantes aromatiques et médicinales (PAM) parait prometteur. La lutte biologique consiste à utiliser des organismes vivants (agents de lutte biologique ou antagonistes) pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ra-

(Lavermicocca et al ., 2002) (Rokni-Zadeh et al ., 2008) (Kacem et al., 2009) (Krid et al., 2010; Maldonado-González et al., 2012 ; Krid et al ., 2012)

vageurs et agents phytopathogènes (insectes, champignons et bactéries). Les biopesticides contenant les agents de lutte biologique agissent en réduisant l’inoculum et/ou en interférant avec une ou plusieurs étapes du cycle infectieux du phytopathogène. Les microorganismes utilisent différents mécanismes pour lutter contre les agents phytopathogènes, à savoir : l’antibiose, la compétition, le parasitisme et/ou l’induction des mécanismes de la résistance de la plante). La recherche d’agents biologiques exige une approche multidisciplinaire nécessaire à la réalisation de nombreuses étapes avant d’aboutir à un bio pesticide efficace, stable et reproductible dans le temps. Parmi ces étapes, l’on énumère essentiellement : i) la sélection des souches antagonistes, ii) l’étude de leurs mécanismes d’action, le traçage des souches, la production en masse et la formulation de ces souches à grande échelle, et iii) l’évaluation de leur adaptation écologique et leur efficacité en conditions pratiques. En effet, la lutte biologique contre la maladie de la Tuberculose d’olivier a fait l’objet d’études récentes dans plusieurs pays en vue de remédier à l’absence d’autres moyens de contrôle efficaces (Tableau 2). Au laboratoire de Bactériologie Végétale et de lutte biologique de l’INRA de Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Les moyens de lutte contre la Tuberculose de l’olivier

Fig.2 : Effet des bactéries antagonistes sur l›inhibition de la formation de tumeurs induite, 60 jours après l’inoculation avec Ps pv savastanoi 2104-4, (a): le contrôle non traité ; (b) : inoculés avec la souche antagoniste 2515-1. Flèches : Sites d’inoculation

Meknès, nous avons sélectionné sur une collection de120 isolats originaires de différents supports (tumeurs, racines d’espèces différentes, sols, etc..) vingt souches présentant un antagonisme apparent in vitro vis-à-vis de PSS dont une seule souche qui offre des résultats prometteurs in vivo. Celle-ci a réduit de manière significative la présence et l’intensité des tumeurs (fig.2).

Usage des plantes aromatiques et médicinales (PAM)

Les plantes aromatiques sont utilisées depuis des siècles dans les préparations alimentaires non seulement pour la saveur qu’elles apportent mais également pour leurs propriétés antibactériennes et antifongiques. A titre d’exemple : l’origan, le thym, le romarin, le clou de girofle et l’armoise sont autant de plantes aromatiques fréquemment utilisées comme ingrédients alimentaires. Les huiles essentielles (HE) de ces plantes ont toutes une particularité commune;

elles sont riches en composés phénoliques comme l’eugénol, le thymol et le carvacrol. Ces composés possèdent une forte activité antibactérienne, notamment, le carvacrol. Ce dernier est le plus actif de tous, reconnu pour être non toxique, et est utilisé comme agent de conservation et arôme alimentaire dans les boissons. Ces trois composés cités ont un effet antimicrobien contre un large spectre de bactéries. L’activité biologique d’une HE est à mettre en relation avec sa composition chimique et les effets possibles aussi bien synergiques que protecteurs entre ses composants. Une même plante aromatique présentera une composition différente en huile essentielle, suivant les parties utilisées, la période de cueillette, la localisation géographique et même suivant le protocole d’extraction ou le mode d’utilisation. C’est la notion de chemotype qui présente de grandes variabilités, quantitatives et qualitatives et qui explique les divergences des résultats rapportés pour une plante donnée. Notre laboratoire de Bactériologie végé-

Fig.3 : Histogramme représentant le pourcentage d’inhibition de la croissance de la bactérie pathogène (PSS2064-10) en fonction des différents traitements en HE. 60

Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

tale et de lutte biologique de l’INRA de Meknès a focalisé ses activités ces dernières années sur l’utilisation des HE des PAM dans la lutte contre les bactéries phytopathogènes. Pour cela, nous avons évalué le pouvoir antagoniste de quatre HE des PAM (le thym, l’origan, le romarin et l’armoise) contre PSS (souche 206410). En effet, les résultats des tests in vitro montrent que l’huile essentielle la plus intéressante dans l’inhibition de la croissance de PSS (souche 2064-10) est celle du thym [56,25% ‘inhibition (v/v)], suivie par l’origan [50% (v/v)], le romarin [ ] et l’armoise [ ] (fig.3). La CMI (Concentration minimale inhibitrice) est de 0,04% (v/v) pour l’origan et 0,08% (v/v) pour le thym, tandis que la CMB (Concentration minimale bactéricide) pour l’origan et le thym est de 0,08% et 0,16% respectivement. En somme, les HE et ou les extraits des PAM pourraient jouer un rôle essentiel dans le contrôle préventif des maladies bactériennes des plantes dans le futur si on arrive à mieux exploiter cette piste et en résolvant le problème de la volatilité des HE par l’usage des adjuvants permettant à la fois de conserver le principe actif de ces HE et leur efficacité une fois en plein champ.

Que prévoit la législation marocaine

Paru dans le bulletin officiel n° 3731 du 30 rejeb 1404 (2 mai 1984), l’arrêté du ministre de l’agriculture et de la réforme agraire n° 468-84 du 15 joumada II 1404 (19 mars 1984) relatif aux contrôles phytosanitaires des plantes ou parties de plantes susceptibles d’être infestées par certains ravageurs et maladies nuisibles de l’olivier mentionne dans les articles 2 et 3 ce qui suit : Article 2 : Les plantes ou parties de plantes appartenant aux espèces visées à l’article premier (dont Olivier) ne peuvent être cédées même gratuitement, transportées ou plantées quand elles sont infestées par les organismes nuisibles ou par les maladies suivantes: la tuberculose de l’olivier (Pseudomonas savastanoi)... Article 3 : Les établissements de production de plants et les pépinières reconnues infestées en partie ou en totalité par des organismes nuisibles cités à l’article 2 feront l’objet de mesures particulières de contrôle. Ces parties de plantes seront soumises entre autres à une élimination avec incinération en cours de végétation ou à l’arrachage des plants infectés par la tuberculose de l’olivier, etc.


Séminaire

AFRICA, face au défi de la sécurité alimentaire :

un thème étudié par la FST d’Al Hoceima La Faculté des Sciences et Techniques d’Al Hoceima (Université Mohamed Premier), accorde dans le cadre de sa politique d’ouverture, une importance majeure aux journées d’études et aux activités scientifiques susceptibles de compléter le processus de formation des étudiants. Cette faculté, nouvellement créée, a pris soin de s’ouvrir sur son entourage socioculturel et de veiller à son rayonnement, et ce, par l’invitation de chercheurs et d’experts évoluant dans d’autres universités, centres de recherches, entreprises et société civile.

C

’est donc dans ce sens qu’est intervenue la première édition de AABE (Agriculture, Agroalimentaire et Biotechnologie Events). Cette festivité scientifique a été organisée par la FSTH du 30 mars au 1er avril 2017 sous le thème « Le défit africain face à la sécurité alimentaire ». Cette première édition a enregistré la présence de conférenciers et de participants qui évoluent dans des organismes publics et semi-publics, compagnies et entreprises privées, étudiants et associations de la société civile. Au cours de cette

édition, en plus des conférences, des posters/affiches, des kiosques et tables rondes ont été organisés. Différents thèmes ont été abordés pendant les trois jours de cette édition, dont voici les cinq principales sections :

Section 1 : Recherche et Développement & Agriculture de Précision : Des chercheurs, des scientifiques et des spécialistes dans le domaine de la recherche scientifique en agriculture sont intervenus dans

le cadre de cette section. Le programme des conférences a été comme suit : - La télédétection au service de la gestion des ressources naturelles. - Agriculture de conservation : cas de semis direct. - La valorisation des produits locaux, vecteur du développement agricole au RIF. - L’Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques: un acteur du développement de la filière des PMA. - Rôle des techniques d’amélioration génétique dans la modernisation agricole.

Section 2: Industrie Agroalimentaire, Agromarketing & Transfert Technologique : Ce panel a été accordé à des entreprises marocaines réputées dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. L’objectif était d’inviter des professionnels dans le domaine agro-alimentaire, de mettre à la disposition des étudiants leurs connaissances de terrain dans le secteur en question, tout en privilégiant l’échange de la recherche scientifique entre le secteur privé et l’université marocaine en matière de Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017

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Séminaire

la formation et du transfert technologique. Le but est aussi de soutenir le partenariat entre les entreprises et les chercheurs universitaires dans les domaines de l’investigation scientifique (R&D) et en innovation. Cette deuxième section avait les conférences suivantes au programme : - Une filière sucrière intégrée, compétitive pour une excellence durable. - La Sécurité alimentaire et les coopératives agricoles, le cas de Colaimo. - La sécurité alimentaire dans la grande distribution : les bonnes pratiques du Groupe Label Vie. - Multi-risques climatique et multirisques Arboriculture.

différentes facultés qui ont abordé des sujets concernant l’intoxication alimentaire, la valorisation des produits agricoles comme les produits de terroir. Ils ont aussi présenté des résultats de recherche dans le domaine de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la biotechnologie. Le programme de cette section comportait les conférences suivantes : - L’intoxication histaminique au Maroc. - Valorisation des produits de terroir au Nord du Maroc : cas de l’olivier et de l’amandier dans la région de Taza. - Élaboration des olives vertes par voie biologique. - La microbiologie au service de l’agriculture. - Usage potentiel de Rhizobium sullae comme rhizobacteria promotrice de la croissance des plantes avec Hedysarum flexuosum.

Section 3 : La Recherche Scientifique au service de la Transformation agroalimentaire et de la Sécurité alimentaire :

Section 4 : Agroalimentaire, Droit et Culture

Cet événement était aussi l’occasion de recevoir des professeurs-chercheurs de

Dans cette section a été examiné le rapport des sciences agroalimentaires avec le droit et la

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culture, ces deux « autorités » fort présentes dans la vie des consommateurs. Des organismes et des associations ont présenté et explicité leurs implications dans le secteur agricole, en l’occurrence dans le milieu rural. Par ailleurs, des sujets intéressants concernant le coté culturel et juridique associés à la sécurité alimentaire, ont été abordées par des professeurschercheurs spécialistes du domaine. Les conférences ont abordé les thèmes suivants : - Le travail associatif dans la souveraineté alimentaire. - L’alimentation : un produit de culture. - Droit à la Sécurité Alimentaire.

Section 5 : Espace étudiants. Lors de cette dernière section, une conférence a abordé le thème « Le CEST : pour une culture scientifique dans la région ». Ensuite, des étudiants-chercheurs et des doctorants ont présentés leurs travaux de recherches, des communications concernant la qualité des aliments et de la nutrition. Au terme de chaque section, un débat scientifique a eu lieu dans un climat d’échange rigoureux et flexible, ce qui a suscité l’intérêt du public présent. Cette première et riche édition de AABE a été clôturée dans une atmosphère pleine d’enthousiasme et de détermination pour l’organisation d’autres éditions dans les prochaines années, toujours autour de thématiques spécifiques et d’actualité. Rédigé par Pr. Kamal Aberkani (Ph.D) FSTH


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