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Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017


EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Berger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com www.agriculturedumaghreb.com

Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Prof. Hmimina M

Facturation - Abonnements Khadija EL ADLI

Directeur Artistique Yassine NASSIF

Imprimerie PIPO

Régie publictaire France Idyl SAS. 1154 Chemin du Barret 13839 ChâteauRenard Tél. 04 90 24 20 00 Contact : Mme. Brigitte SENECHAL bsenechal@idyl.fr Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

Edito www.agri-mag.com

Un site web pour une meilleure information

L

’idée d’un site web complémentaire à la version papier du magazine Agriculture du Maghreb est née depuis le début de l’édition de la revue. D’ailleurs un site éponyme a été mis en place assez tôt et même s’il n’était pas à la hauteur des aspirations de l’équipe rédactionnelle, il avait l’avantage d’exister. Aujourd’hui, il est inconcevable de se limiter au support papier : une version web (pour PC, smartphones, ou tablettes) s’impose. Elle nous apporte, à nous et à nos lecteurs de nombreux avantages : • Etre à jour dans l’utilisation des technologies modernes de la communication mondiale • Gain de temps dans la diffusion : l’acheminement de la version papier demande du temps • Régularité des contacts avec les lecteurs, interactions, rapidité, partage • Fidéliser l’audience et récupérer l’opinion des lecteurs, ce qui permet d’orienter le choix des articles dans le sens désiré par eux • Evolution du lectorat avec de plus en plus de jeunes, plus habitués à la lecture sur écrans • Le site permet aux professionnels de consulter à tout moment et en tout endroit. On donne ainsi au lecteur l’opportunité de choisir le support le plus approprié à ses propres conditions du moment • Le site offre une sélection d’articles classés par spécialités, ce qui facilite la recherche pour le producteur, technicien ou ingénieur en quête d’une information précise (lutte contre un ravageur donné, choix variétal, mise à niveau de l’itinéraire technique…) • Possibilité de consulter les anciens numéros sans avoir forcément l’obliga-

tion de les stocker chez soi. De même, les anciens articles gardent leur intérêt en étant source d’informations multiples sur l’évolution des sujets évoqués • Facilité de maintenir le contact avec les lecteurs et de dépasser les distances : les lecteurs de différentes régions du pays et du monde peuvent le consulter en même temps • Les professionnels d’autres pays peuvent se renseigner sur l’agriculture au Maroc, la langue n’étant plus une barrière grâce aux outils de traduction sur le web. Pour ces raisons et bien d’autres, l’équipe du magazine Agriculture du Maghreb a travaillé pendant des mois pour mettre à votre disposition ce site dans une version aussi complète que possible malgré les difficultés de la tâche. Nous espérons être à la hauteur de vos attentes et vous remercions de votre indulgence, sachant qu’il y a encore d’autres améliorations à apporter et que nous continuons d’œuvrer pour votre satisfaction. Nous attendons aussi vos réactions, commentaires et propositions pour continuer à aller de l’avant dans la mission que nous nous sommes fixée depuis la création de la revue. Bonne navigation et merci pour votre fidélité et vos encouragements.

L’équipe rédactionnelle

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Sommaire 6

Actualités

L’Université de Floride, inquiétée par la propagation illégale de ses variétés de myrtilles et de fraises 26

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La filière agrumicole au Maroc

Courgette Déroulement de la campagne 2017 32

Le Haricot Adaptation progressive d’une culture délicate 38

La culture de l’oignon Des améliorations s’imposent 42

L’oïdium de la tomate Connaître les pathogènes pour une meilleure lutte 44

Insectes et température : après un hiver rigoureux aura-t-on moins d’insectes ? 48

Prévenir et gérer les résistances des bioagresseurs aux produits phytosanitaires 52

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Les différents systèmes de culture hors-sol

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Petites annonces

Nos annonceurs AGRIMAG 23 AGRIMATCO 7 AGRIMATCO 21 ARYSTA 29 ATLANTICA AGRICOLA 41 CAM 60 Clinique des plantes 19 4

CMGP 2 ELEPHANT VERT 34 ELEPHANT VERT 39 ELEPHANT VERT 43 ELEPHANT VERT 45 EUROFERTIVAL 40 FUTURECO BIOSCIENCE 36 GAUTIER Semences 35 Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

IRRI-SYS 13 Lallemand Altereco 17 MAGRISER 5 MAMDA 9 RIZK ZWAAN 31 SIFEL Salon 47 SYNGENTA 37 TECNIDEX 31 TIMAC AGRO 59

suplément

AGRIMATCO 5 AMAROC 11 AMPP 6 basf 3 BASF 9 MAMDA 19 SAOAS 7


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Actu

Actu Environnement

JACINTHE D’EAU Aubaine environnementale

L’une des plantes aquatiques les plus envahissantes au monde est aussi une opportunité de développement des espaces lacustres et fluviaux du Bénin.

Ce n’est pas un hasard si les populations de l’agglomération lacustre de So-ava, à 35 km au nord de Cotonou, ont surnommé la jacinthe d’eau du nom évocateur de “togblé” (le pays est gâché en langue fon). En effet, dix pieds de cette plante aquatique peuvent en produire jusqu’à 800 000 en moins d’un an. Or si elle est redoutée pour ses propriétés envahissantes, la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) est devenue une véritable aubaine pour nombre d’habitants de So-ava, à 35 km au nord de Cotonou (Bénin). L’histoire de ce revirement commence lorsque David Gnonlonfoun et Fohla Mouftaou s’aperçoivent des nombreuses propriétés de la jacinthe d’eau. En effet, la structure spongieuse de sa fibre en fait un excellent absorbant, sans compter son utilité pour la 6

fertilisation des sols et pour l’alimentation des lapins, en raison de sa forte teneur en nitrates. Ainsi, en s’inspirant de l’usage positif qu’en fait l’entreprise mexicaine Tema (croisée au détour de leurs recherches), pour lutter contre les marées noires et dépolluer les barrages notamment, les deux associés ont mis en place une entreprise, Green Keeper, destinée à sa récolte et à sa transformation.

Une entreprise écologiquement et socialement responsable

Pour réaliser sa mission, Green Keeper s’appuie sur une main-d’oeuvre de 400 personnes dont les deux-tiers sont des femmes. Ce parti pris s’appuie sur la structure socio-économique des villages lacustres de la zone de So-ava où les femmes sont

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les principales actrices de la chaîne de production, prenant part à la pêche et s’occupant presque exclusivement de la vente des produits halieutiques dérivés. “Nous avons formé les femmes à la collecte et au séchage de la jacinthe. Elles livrent ensuite les plantes séchées à la compagnie qui en évalue la qualité et les paie en fonction des quantités livrées”, explique Exhaussé Hounsa-Totin, responsable des approvisionnements chez Green Keeper. Pour une rémunération qui est passée - l’entreprise étant devenue rentable - de 100 francs CFA (0,15 euros) aux débuts de l’entreprise à 400 francs CFA (0,60 euros) par sac de 10 kg, elles collectent et sèchent les jacinthes d’eau. Rosaline Adanhoun, responsable des collectrices de jacinthes de So-Ava, pour qui cette activité est devenue la

principale source de revenus, témoigne : “Le travail est certes difficile ; la collecte de la plante et son séchage nécessitent beaucoup d’efforts. Cependant, les revenus générés par cette activité me permettent de joindre les deux bouts et de scolariser mes enfants. En outre, ce que fait l’entreprise participe à l’amélioration et l’assainissement de notre cadre de vie. En effet, la jacinthe constitue un obstacle à la navigation et à la pratique de la pêche sur nos eaux.” Outre la consolidation de l’ancrage social de l’entreprise de David Gnonlonfoun et Fohla Mouftaou, les résultats témoignent de la pertinence d’une telle stratégie. Trois ans après sa création, Green Keeper Africa utilise chaque mois 500 tonnes de jacinthe dont elle tire 200 tonnes de fibres dépolluantes utilisées essentiellement dans le nettoyage industriel des hydrocarbures. Elle commence ainsi à se positionner comme une entreprise qui compte dans ce domaine. En effet, un an après sa création, Green Keeper Africa a décroché son premier contrat important de nettoyage industriel avec la filiale béninoise du suisse Oryx. Mais David Gnonlonfoun et Fohla Mouftaou ne s’en cachent pas : à terme, il s’agira de se lancer dans la conquête de l’Est où le marché nigérian suscite leur convoitise. Et pour cela l’entreprise peut aussi compter sur ses partenaires dont la société coopérative SENS (Solidarités Entreprises Nord-Sud), un fonds d’investissement basé à Dassa-Zoumè, à 200 km au centre du Bénin, qui apporte formation et appui financier aux PME promouvant le développement durable dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie. Source : Spore, Claude Biao


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Actu

Actu Environnement

La moitié de la nourriture mondiale serait gaspillée ! Alors que 860 millions de personnes sont victimes de malnutrition, et que la fin du siècle comptera 2,5 milliards de bouches supplémentaires à nourrir, la moitié des denrées alimentaires produites dans le monde est aujourd’hui gaspillée. C’est la triste conclusion du rapport Global Food, Waste Not, Want Not publié par l’Institution of Mechanical Engineers (IME), l’organisation britannique des ingénieurs en génie mécanique.

Selon cette étude, entre 30 % et 50 % des 4 milliards de tonnes d’aliments produites chaque année sur la planète (soit entre 1,2 et 2 milliards de tonnes) ne finissent jamais dans une assiette. En Europe et aux Etats-Unis en particulier, jusqu’à la moitié de la nourriture achetée est jetée par les consommateurs eux-mêmes. En cause : des dates de péremption inutilement strictes, des promotions « deux pour le prix d’un », l’exigence des consommateurs occidentaux pour des produits alimentaires esthétiquement parfaits, ainsi que des mauvaises pratiques agricoles, des infrastructures inadaptées et des lieux de stockage peu performants. Dans les pays en développement, les pertes de nourriture ont lieu au début de la chaîne d’approvisionnement, entre le champ et le marché, du fait de récoltes inefficaces, d’infrastructures de transport locales inadéquates ou de conditions de stockage inappropriées. Lorsque le niveau de développement de l’Etat augmente, indique le rapport, le problème se déplace vers l’aval de la chaîne de production avec des déficiences au niveau des infrastructures régionales et nationales. Dans le SudEst asiatique, par exemple, les pertes de riz oscillent entre 37 % et 80 % de la production totale en fonction du stade de développement du pays, la Chine se situant par exemple à 45 % et le Vietnam à 80 %. Dans les pays développés au 8

contraire, une plus grande partie de la nourriture atteint les consommateurs en raison de bonnes infrastructures. Mais le gaspillage est tout de même à l’œuvre du fait de mauvaises pratiques de marketing et du comportement des consommateurs. Ainsi, jusqu’à 30 % des cultures de légumes du Royaume-Uni ne sont jamais récoltées. Cette perte nette ne se limite pas, selon le rapport, aux déchets générés par les aliments non consommés. Le gâchis est visible à tous les niveaux de la chaîne de production alimentaire, dans l’utilisation des terres, de l’eau et de l’énergie. Environ 550 milliards de m3 d’eau sont ainsi perdus pour faire pousser des récoltes qui n’atteindront jamais les consommateurs. En raison de ce gaspillage, et de la hausse de la population, la demande en eau pourrait atteindre dix à treize mille milliards de m3 par an en 2050, soit trois fois plus que la demande actuelle. « La quantité de nourriture gaspillée et perdue dans le monde est stupéfiante, déplore Tim Fox, en charge de l’énergie et de l’environnement à l’IME. C’est de la nourriture qui pourrait être utilisée pour nourrir la population croissante de la planète ainsi que ceux qui ont faim aujourd’hui. C’est également un gaspillage inutile des ressources terrestres, aquatiques et énergétiques qui ont été utilisées dans la production, la transformation et la distribution de ces aliments. » Face à la perspective d’une hu-

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manité à 9,5 milliards de têtes d’ici à 2075, impliquant une pression croissante sur les ressources nécessaires à la production alimentaire, l’IME appelle à une action urgente afin d’éviter ce gaspillage. « Les ingénieurs ont un rôle crucial à jouer dans la prévention du gaspillage alimentaire en développant des modes de culture, de transport et de stockage plus efficaces », estime l’organisation. Mais de préciser : « Pour y parvenir, les gouvernements, les agences de développement et les

organisations comme les Nations unies doivent travailler ensemble pour aider les mentalités à changer en matière de déchets et décourager les pratiques de gaspillage des agriculteurs, producteurs alimentaires, supermarchés et consommateurs. » Ces changements permettraient d’offrir 60 à 100 % de nourriture en plus sans augmenter la production, tout en libérant du terrain et en diminuant la consommation d’énergie. Audrey Garric


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Actu Actu Technologie

DRONE

Quel apport dans l’agriculture de précision au Maroc ?

traîne l’existence d’une grande diversité de solutions techniques possibles, à savoir : - Les drones de quelques mètres à 900 m d’altitude, - Les avionsjusqu’à 3500 m d’altitude - Les satellites héliosynchrones en orbite autour de la terre à des altitudes comprises entre 500 et 1000 km.

De nos jours la télédétection est une technique en pleine phase d’adoption par l’agriculture et ce, à travers le monde. Elle est le résultat d’in- Les avantages du terprétations issues d’observations multi spec- drone par rapport au tacles, à distance, moyennant des satellites, satellite En agriculture de précision, avions et récemment à partir de drones. l’emploi du drone représente En effet on estime à environ 4 millions d’hectares de cultures couvertes en 2016 à l’échelle internationale par cette technique, notamment pour la céréaliculture, les oléagineux et le maïs. Nonobstant son arrivée récente, la technologie drone, a permis l’extension du champs d’application de cette technique dans des cultures à plus forte valeurs ajoutées comme la viticulture et l’arboriculture fruitière. Quoi qu’il en soit, beaucoup de questions méritent d’être posées sur la pertinence de la télédétection par le biais du drone, dans l’optimisation du pilotage et du suivi phytosanitaire des cultures, quels gains pour les agriculteurs, quel est le cout et finalement quel est l’état des lieux au Maroc pour cette nouvelle technique ? Autant de questions auxquelles Agriculture du Maghreb essaiera de répondre au niveau de cet article, en faisant une présentation concise des principales plateformes de mesure utilisées en télédétection, du satellite jusqu’au

drone, d’expliquer brièvement le principe physique des mesures effectuées, et de présenter les caractéristiques des cultures qu’il est possible d’extraire des images ainsi que l’intérêt et les limites qu’elles présentent. Ces aspects seront présentés pour les cultures annuelles comme pour les cultures pérennes. Dans un deuxième temps, l’article se focalisera sur l’apport qu’un agriculteur peut constater à travers l’emploi de la technologie drone pour ces différentes cultures, ainsi qu’une présentation de l’état des lieux au Maroc pour ladite technologie.

Les principales plateformes de la télédétection pour l’agriculture Le principe de la télédétection repose sur la mesure des propriétés radiométriques des objets situés à la surface du sol à partir d’une plateforme qui elle, n’est pas en contact avec le sol. Cette définition assez vaste en-

une vraie révolution par rapport au satellite, en effet le tableau suivant résume d’une manière avérée ladite révolution pour l’établissement de cartes de réflectances (Voir tableau cicontre).

Quelles informations mesure-t-on ?

Le principe de la télédétection consiste à mesurer la réflectance émise par les objets situés à la surface du sol. Cette réflectance est mesurée pour des gammes de longueur d’onde utiles pour l’application envisagée. Classiquement lorsque l’on s’intéresse à la végétation, l’objectif est de caractériser la quantité de biomasse photosynthétiquement active. Pour ce type d’application, la réflectance est généralement mesurée dans le rouge (440-520nm), le vert (510-600nm), le proche infra-rouge (760-860nm) et le RED EDGE (680-730nm) pour former une image dite multi-spectrale. Cette dernière peut alors être utilisée de différentes manières.

Le calcul d’indices de végétation

En télédétection, les indices de végétation font partie des méthodes de traitement que l’on appelle les transformations multi spectrales. Ils consistent à convertir les luminances mesurées au niveau du capteur en grandeurs ayant une signification dans le domaine de l’agriculture. Ainsi plusieurs indices pertinents peuvent être issus des prises de vues aériennes multi spectrale par drone, notamment NDVI (indice de vigueur), LAI (densité foliaire), QCAB (taux de chlorophylle) et PRI (stress hydrique). Le NDVI (Normalised Différence Végétative Index) introduit par Rouse et al. (1973), reste l’indice le plus pertinent, équation 1 : NDVI = NIR – R / NIR +R Où : NIR correspond à la réflectance dans le proche infra-rouge et R correspond à la réflectance dans le rouge. La figure 2 représente une ortho photo haute résolution (taille du pixel au sol : 3 cm) ainsi qu’une carte de NDVI pour un pivot de maïs ensilage dans la Région Marocaine du Gharb. Elle permet d’illustrer l’intérêt de tels indices à travers l’exemple du NDVI. En effet, la présence de zones où il y aprésence de biomasse photosynthétiquement active est aisément identifiable. Si l’on s’intéresse à l’intra-parcellaire, la figure 2 (gauche) met en évidence des zones où la culture est plus ou moins développée. Les hétérogénéités intra-parcellaire ainsi observées permettent d’identifier une variabilité spatiale de la culture qui peut être causée par des stress biotiques ou abiotiques. Les indices de végétation sont classiquement utilisés sur des problématiques d’occupation sur sol, d’identification de dégâts sur les cultures, et dans certains cas pour de l’aide à la décision sur le pilotage de la culture lorsqu’un modèle reliant les indices de végétation à des variables agronomiques a été établi. Aujourd’hui, trois fonctions principales pour les agriculteurs ainsi que pour les insti-

Figure 1

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Figure 2 : droite, ortho photo (Rouge Vert Bleu) haute résolution obtenue par drone avec une résolution de 3 cm sur un pivot de maïs ensilage. Gauche, NDVI calculé à partir de la même acquisition mais moyennant le multi spectral, les niveaux de vert foncé correspondent à des valeurs de NDVI élevées, les niveaux du jaune au rouge correspondent à des valeurs de NDVI faibles. Libellé

Satellite

Drone

Déploiement

Programmé à 15 jours

Immédiat

Résolution

meilleure à 50 cm au sol

meilleure à 3 cm au sol

Luminosité ambiante

Non prise en compte

Prise en compte

Calibration du capteur

Non systématique

Systématique pour chaque mission

Couvert nuageux

Facteur de rejet de l’image

Ne pose aucun problème puisque le drone vol en dessous

tutionnels, sont proposées au Maroc : 1) Le pilotage des intrants : le conseil en fertilisation azotée (blé, orge, colza et pomme de terre) est un service qui découle de l’application d’algorithmes approuvés par des instituts de recherches comme l’INRA (Avignon), et basés sur la mesure de la biomasse sèche et de l’azote absorbé. Ce service permet à l’agriculteur de mettre la bonne dose d’azote au bon endroit et ce à travers l’analyse du potentiel existant dans le végétal pour un rendement meilleur, une augmentation de la teneur en protéines et une économie considérable d’azote. Les résultats de cette opération peuvent être des cartes de modulation automatique adaptées aux consoles GPS ou bien des cartes exploitables sur smart phone pour un épandage à réglage manuel des buses. 2) Le suivi phytosanitaire des cultures : ce service est déployé notamment en arboriculture fruitière, oliviers et vignes. Il permet d’établir des cartes de localisation de stress hydriques, vigueur des plants, et détection d’adventices. Il vise aussi, et à travers l’itération des missions de prise de vues pour une saison, de permettre à l’agriculteur de mesurer l’impact de ses traitements dans le temps et dans l’espace. 3) Connaissance inter parcellaire : très utile pour le cas des assurances, l’information apportée par la télédétection, quelques semaines avant la récolte ou après un sinistre, permet d’obtenir des informations sur chaque parcelle et en parti-

Figure 3 : Inputs

culier leur niveau d’expression végétative moyen et leur niveau d’hétérogénéité spatiale. Aussi dans le cadre de projets R&D sur plusieurs années, permettre d’arriver à des estimations de rendement avec un taux de fiabilité assez pertinent.

Un cas concret de la fertilisation des parcelles de blé au Maroc

La grande majorité des petits agriculteurs marocains hésitent encore à investir dans la fertilisation alors que les grands agriculteurs sur-fertilisent. La technologie permet donc au petit agriculteur d’investir juste ce qu’il faut pour garantir un rendement alors que le grand agriculteur évitera d’hypothéquer le futur de son environnement. Dès lors, réconcilier l’intensif et le durable c’est arbitrer constamment entre risque et rentabilité en ayant à sa disposition des informations fiables. Le Maroc emblave plus de 3 millions d’hectares de céréales et moins de 5% des agriculteurs investissent suffisamment dans la fertilisation. La technologie ETAFAT & AIRINOV favorise l’usage raisonné des fertilisants et garantit plus de rendement pour une céréaliculture souvent déficitaire.

Pour information, le conseil prend en compte l’objectif de rendement, la date de semis et la structure du sol. Ensuite il est nécessaire de calculer la matière sèche et l’azote absorbé pour produire à l’aide de ces algorithmes, des préconisations pour la fertilisation azotée (modulation et dose moyenne). Dans cet exemple récent, l’agriculteur marocain voulait épandre 30 unités d’azote par hectare sur sa parcelle de blé de 80 hectares. Le conseil, assisté par drone, lui a permis d’économiser 11 unités d’azote par hectare en conservant son rendement, soit 2,5 tonnes d’engrais

(ammonitrate 33,5 %).

Le cout du service Maroc Pour les agriculteurs le gain économique en matière de pilotage de la fertilisation ou du suivi phytosanitaire des cultures est beaucoup plus important que le cout du service relatif à la télédétection par drone. Ce dernier est à partir de100 Dhs à l’hectare pour le conseil en fertilisation azotée, on retrouve le même prix (100 Dhs à l’hectare) pour la production de l’ensemble des indices de végétation relatifs au suivi phytosanitaire des culture (NDVI, NDRE, GRNDVI, LAI, PRI, QCAB,etc…)

Figure 4 : Carte de conseil en fertilisation azotée Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Actu Actu Technologie

Quand les robots remplacent les hommes dans l’agriculture

D’ici 2050, la population mondiale va augmenter de près de 3 milliards d’habitants, ce qui correspond à la population actuelle de toute l’Afrique, de l’Europe et des États-Unis réunis ! Au cours des 20 dernières années, la population mondiale est passée de 5,7 à 7,2 milliards d’habitants

Parallèlement, la production mondiale de céréales a augmenté d’environ 25 % au cours de ces 20 dernières années, passant globalement de 2 à 2,5 milliards de tonnes. Mais pour faire face à la poussée démographique mondiale, l’Humanité va devoir produire environ 1 milliard de tonnes de céréales en plus d’ici 2050, ce qui va nécessiter, en supposant que les surfaces cultivables mondiales restent au niveau actuel, une augmentation moyenne des rendements céréaliers de l’ordre de 40 %. Pour relever ce défi agricole mondial, tous les leviers vont devoir être utilisés : il faudra notamment réorganiser profondément au niveau international les circuits de produc-

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tion, de stockage et de vente des produits agricoles pour réduire au moins de moitié l’impensable gaspillage de la production agricole qui représente environ 40 % de manque à gagner en termes de produits alimentaires. Des choix politiques difficiles devront également être faits en termes d’affectation des usages sur les surfaces de terres très importantes, potentiellement cultivables mais actuellement non exploitées, faute de rentabilité et de main-d’œuvre suffisantes. En effet, contrairement à une idée reçue tenace, notre planète ne craint pas la pénurie de terres cultivables puisque 2,5 milliards d’hectares cultivables ne sont toujours pas exploités au

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niveau mondial et qu’on pourrait encore mettre en culture au moins 970 millions d’hectares, ce qui est, en théorie, très largement suffisant pour assurer à l’ensemble de la population mondiale en 2050 une ration alimentaire de 3000 calories par personne. Toutefois, ce scénario, bien que solide et réaliste, n’intègre pas une variable de taille, celle des effets considérables du changement climatique en cours sur les rendements et la production agricoles mondiale. Heureusement pour l’Humanité, des progrès scientifiques considérables sont intervenus récemment dans les domaines génétiques, génomiques et agronomiques et permettent d’envisager à moyen terme la mise en culture à grande échelle des nouvelles espèces de plantes agricoles qui seront capables de s’adapter à des conditions climatiques et météorologiques beaucoup plus difficiles.

Les robots au service des cultures

Après des décennies d’expérimentation et de tâtonnements, les robots ont enfin fait leur entrée à la ferme. L’Australie par exemple, a développé un robot, baptisé LadyBird, une machine totalement au-

tonome fonctionnant grâce à l’énergie solaire qui a déjà passé avec succès de nombreux tests réalisés dans des champs de légumes mais qui se contente de surveiller la « bonne santé » des cultures et plantations. Mais les chercheurs australiens travaillent déjà au développement d’autres types de robots agricoles, capables non seulement de surveiller les cultures mais également de récolter ou de désherber sans intervention humaine. Ce type de machine est d’ailleurs déjà utilisé dans les vignes, avec le robot VitiRover, un étonnant petit véhicule à quatre roues chargé de tondre la végétation autour des ceps de vigne. Pour être encore plus efficaces, ces robots agricoles sont de plus en plus souvent assistés par des drones qui permettent d›obtenir des vues aériennes très précises des cultures et de détecter pratiquement en temps réel les nombreux types de problèmes susceptibles d›affecter ou de diminuer la productivité agricole. Ces nouveaux robots agricoles commencent également à être utilisés dans la fertilisation et permettent de réduire de manière très sensible l’utilisation de produits chimiques (aux États-Unis, dans la production de maïs du Middle-West).

Les robots au service de l’élevage

Les robots sont également en train de totalement transformer le secteur de l’élevage par l’utilisation d’un nouveau mode de traite. Chaque vache est munie d’un collier électronique communicant qui permet au robot de la reconnaître et de lui délivrer la quantité exacte de concentré et de nutriments dont elle a besoin. Pendant que les vaches s’alimentent, le robot nettoie le pis puis quatre trayons à guidage laser viennent se positionner


sur les mamelles de la vache. Selon les éleveurs, l’utilisation de ce robot a totalement transformé leur métier et malgré son coût, il va s’imposer rapidement dans le secteur de l’élevage en raison des gains de productivité qu’il permet mais également parce qu’il améliore l’intérêt de la profession et la qualité de vie des exploitants. L’ensemble des informations recueillies et gérées par le robot sont traitées par un logiciel consultable à tout moment à partir du Smartphone de l’exploitant. Ce logiciel permet notamment d’alerter automatiquement par SMS l’agriculteur, dès qu’un événement important ou anormal se produit. L’exploitant peut ainsi suivre individuellement le développement de chaque bête et optimiser parfaitement l’ensemble de ses différentes productions et activités.

L’informatique a également envahi les outils et installations agricoles

Exemple : grâce à des logiciels spécifiques, les agriculteurs peuvent - ajuster la vitesse de leur tracteur. - savoir exactement quelle quantité d’aliment pour bétail il reste dans ses silos, planifier ses livraisons et éviter tout risque de rupture de stock. - adapter et individualiser en temps réel l’alimentation des animaux, en fonction de leur état et de leurs besoins, Robotique, informatique et électronique permettent également des progrès décisifs en matière de sécurité et de confort de travail pour les agriculteurs (transport de sacs et de récoltes en terrain difficile, réduction des risques d’accident, remplacer l’homme pour l’exécution des tâches pénibles ou dangereuses …). En outre, une seule personne peut commander plusieurs machines. Pour alimenter l’ensemble de ces systèmes et installations informatiques et robotiques terrestres, les agriculteurs pourront également compter sur un nouvel auxiliaire indispensable : le drone, avec des images permettant d’établir un diagnostic précis de leurs surfaces cultivables. L’exploitant peut ensuite réorienter éventuellement ses choix de productions et ajuster l’utilisation des engrais et désherbants, ce qui améliore l’état des sols et des nappes phréatiques, tout en permettant des gains de productivité et des économies pour l’agriculteur… Pour les maraîchers et l’agriculture « Bio » un robot agricole baptisé « Oz » est capable de s’orienter dans son environnement à l’aide d’une caméra vidéo et de biner sans tasser le terrain. L’agriculteur n’a plus besoin de désherber et peut en outre éviter l’utilisation de désherbants ». Mais l’ensemble de ces nouvelles technologies robotiques et numériques ne sont pas réservées aux pays développés et pourraient bien, à terme, révolutionner également les pratiques agricoles dans les pays émergents, notamment en Afrique. Des chercheurs ont récemment mis au point une technique permettant de mesurer la pluviométrie, en se basant sur des informations recueillies par les opérateurs de téléphonie mobile, dans la transmission du signal entre deux pylônes. Cette innovation permet de mesurer et de prévoir les niveaux de précipitations de manière bien plus précise et bien moins coûteuse que tous les outils actuels. En février 2014, une étude de marché a estimé à 817 millions de dollars le marché mondial de la robotique agricole en 2013 et ce chiffre pourrait être multiplié par vingt d’ici 10 ans, atteignant les 16,3 milliards de dollars d’ici 2023… En réalité, il est probable que ce marché se développe de manière encore plus importante, notamment à cause des immenses besoins que pourrait satisfaire la robotique agricole dans les pays émergents. Demain, quand il faudra nourrir près de 10 milliards d’êtres humains en leur proposant une alimentation de qualité à un prix abordable, issue de modes de production agricoles plus respectueux de l’environnement et de la santé, les robots agricoles intelligents deviendront totalement indispensables et les jeunes agriculteurs qui nourriront leurs populations dans 30 ans ne s’imagineront même pas comment il était possible de travailler sans ces auxiliaires dévoués et irremplaçables ! Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Actu Actu Salon

6-8 septembre 2017 à Hong Kong Salon leader en Asie pour le secteur des fruits et légumes, ASIA FRUIT LOGISTICA se tiendra cette année du 06 au 08 septembre à Hong Kong à l’Asia World-Expo. Lors de la précédente édition 9.200 visiteurs professionnels de 70 pays s’y étaient rendus, soit une augmentation de 14% par rapport à l’année précédente. En 2017, deux mois avant son ouverture, le salon s’annonce plus important avec une hausse de 25% de la surface d’exposi-

tion.

La surface d’exposition tout comme le nombre d’exposants, augmentent constamment d’une année à l’autre. Ainsi, cette année, la surface d’exposition est de 25% supérieure à l’année dernière qui avait connu la participation de quelques 574 entreprises provenant de 40 pays. En 2017, plus de 11.000 acheteurs et professionnels de haut niveau de plus de 70 pays devraient assister à ASIA FRUIT LOGISTICA. La participation des exposants en provenance de Chine - traditionnellement le plus grand pays exposant à ASIA FRUIT LOGISTICA - a fortement augmenté, le pavillon chinois ayant augmenté de 90% par rapport à l’événement de l’an dernier. Derrière la Chine, l’Australie et autres pays d’Asie, les plus grands participants seront l’Italie (48 sociétés), le Pérou (17), l’Espagne (13), le Chili (8)), mais aussi l’Egypte sur un stand groupé, la Turquie, la Grèce, l’Argentine. La Chine est également et

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de loin, le plus grand pays représenté en termes de fréquentation, avec un peu plus d’un tiers du nombre total de visiteurs. En effet, les sociétés internationales et les organisations de tous les secteurs du commerce saisissent cette occasion pour présenter leurs nouveaux produits : fruits et légumes frais, herbes aromatiques, fleurs, épices, fruits, fruits secs, produits exotiques, graines, produits coupés (fresh cut), produits bio, systèmes de culture, emballages, …. A noter que l’intérêt de beaucoup de pays européens pour le marché asiatique s’est renforcé notamment suite à la fermeture des frontières russes. Le continent asiatique, en particulier la Chine, est producteur et exportateur de fruits et légumes, et en même temps un grand importateur de différentes variétés de ces denrées. Il faut également mentionner le potentiel d’autres marchés comme ceux du Japon, d’Indonésie, de Malaisie, d’Inde,

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etc. L’Asie est une région dynamique, à forte population, avec une classe moyenne prospère au pouvoir d’achat en progression. Accordant un grand intérêt aux produits d’importation de bonne qualité, un consommateur japonais, par exemple, est prêt à mettre le prix pour en acheter. Les fournisseurs européens profitent du salon pour le lancement de grandes campagnes de promotion qui ambitionnent d’augmenter leur présence sur les marchés asiatiques. A titre d’exemple, une campagne de trois millions d’euros financée par l’Union Européenne pour promouvoir les kiwis africains sur les marchés de Chine, du Canada et des Émirats arabes unis sera organisée pour la deuxième année consécutive à ASIA FRUIT LOGISTICA.

Une participation progressive des marocains serait judicieuse

En ce qui concerne le Maroc, pour le moment, un seul exposant a confirmé sa participation. Il s’agit d’une entreprise spécialisée dans les petits fruits rouges. Pourtant le Royaume, avec la diversité et la qualité reconnue de ses fruits et légumes, pourrait lui aussi se positionner avantageusement sur le marché asiatique. Et Asia Fruit Logistica est la porte d’entrée, pour quiconque souhaite diversifier ses débouchés dans cette région. Dans un premier temps, et à défaut d’exposer sur des stands propres, les opérateurs marocains pourraient faire l’effort d’y aller comme visiteurs, pour prospecter sur place et se laisser convaincre à leur tour. Ça a été le cas de l’Egypte qui participe au salon ASIA Fruit Logistica depuis la première année. Lors

de la première édition, l’Egypte a commencé par envoyer une petite délégation de visiteurs, et ensuite, pendant 2 ans, des associations professionnelles sur un petit stand. Celles-ci ont commencé à nouer des contacts, récupérer des informations sur les différents marchés en Asie et leurs particularités, étudier la concurrence, la logistique, les accords d’échange, etc. Au fur et à mesure, plus de sociétés exportatrices égyptiennes se sont inscrites, pour arriver en 2015 à 39 sociétés, faisant de l’Egypte l’un des plus importants exposants au salon. En marge du salon se tiendra ASIAFRUIT CONGRESS avec un riche programme couvrant une large palette de sujets d’actualité. Les nouvelles tendances du marché de la distribution alimentaire asiatique, la fourniture de marques mondiales aux consommateurs locaux et l’évolution du paysage commercial mondial seront les principaux thèmes à l’ordre du jour. Les visiteurs peuvent également participer à ASIAFRUIT BUSINESS FORUM qui propose des ateliers quotidiens avec des idées pratiques et des solutions pour un meilleur marketing des produits frais. Le premier jour se concentrera sur l’emballage et son rôle en termes de conservation des produits et de merchandising. Le deuxième jour portera sur le marketing, tandis que le troisième se penchera sur les problèmes de production et de commerce. Les visiteurs peuvent acheter leurs billets en ligne sur www.asiafruitlogistica.com/tickets

et faire jusqu’à une économie de 40 pour cent sur leurs frais d’entrée par rapport à l’achat de billets à l’entrée du salon. www.asiafruitlogistica.com


Actu Actu Séminaire

Journée d’information sur la gestion phytosanitaire de Tuta absoluta

En continuité à la journée de sensibilisation et de réflexion tenue le 15 février dernier pour débattre de la problématique du retour deTuta absoluta et des moyens à mettre en œuvre pour la combattre efficacement, le Complexe horticole d’Agadir (IAV Hassan II) a abrité le 10 juin dernier, une journée d’information et de sensibilisation au profit des producteurs exportateurs de la région du Souss Massa, sous le thème : « La gestion phytosanitaire de Tuta absoluta ». Cet événement a été initié en collaboration avec l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel), la Fédération interprofessionnelle des exportateurs de fruits et légumes (Fifel), et l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). La journée a été couronnée de succès grâce à la mobilisation et l’implication de l’ensemble des acteurs : producteurs, stations de conditionnement, représentants des administrations et sociétés partenaires, ... Après la présentation d’un aperçu sur les actions menées par la profession (organisation d’un comité technique, les réunions avec le ministère, …) pour lutter contre ce fléau par M. Hanich Zakaria, Vice président délégué de l’Apefel, M. Mazih Ahmed, Professeur chercheur au CHA et M. Elaini Rachid, expert du secteur privé, ont présenté le guide mis au point sur la base des recommandations du groupe de travail pour la campagne 2017-2018. Ce manuel, qui présente les solutions clés et durables pour le contrôle de Tuta Absoluta, a été élaboré afin de répondre aux attentes de la profession. Ont participé à sa réalisation, l’APEFEL, la FIFEL, l’ONSSA, l’EACCE, l’IAV Hassan II (CHA), l’ORMVA, l’INRA, l’ONCA et des experts du secteur privé. Ce guide a été distribué

à l’ensemble des professionnels venus en masse pour assister à la journée. Les axes de ce guide comprennent les éléments biologiques sur ce parasite (sa description, les symptômes et les dégâts, les plantes hôtes, le cycle biologique et durées de développement des différents stades), les mesures préventives au niveau des pépinières, des sites de production et des stations de conditionnement ainsi que les indications sur le contrôle, monitoring et piégeage, la gestion de la résistance et la lutte chimique et intégrée (voir supplément spécial Tuta absoluta ). Ensuite M. Bouharroud Rachid, Docteur chercheur à l’INRA, a présenté les principaux résultats de recherches scientifiques de l’INRA sur le coût qui a été supplémenté depuis l’apparition de Tuta absoluta en 2011, sur sa biodynamique (nombre de génération à l’intérieur de la serre, taux élevé pour la lutte contre ce ravageur), sur les alternatives aux insecticides de synthèses et les effets secondaires des produits phytosanitaires sur les Nesidiocoris, l’ennemi naturel de Tuta absoluta, ainsi que des recommandations. Dans son intervention, M. Hatim Noureddine de l’ONSSA, a expliqué le plan de gestion phytosanitaire contre Tuta absoluta pour l’exportation

de la tomate. Parasite de quarantaine, ce ravageur a été interdit dans plusieurs pays (Russie, Canada, Etat Unis, quelques pays arabes, marchés de l’union européenne). Ainsi, afin de ne pas nuire aux exportations marocaines de tomate vers ces pays et protéger le label Maroc de tout incident éventuel, un plan de gestion phytosanitaire a été mis en place contre ce fléau et il sera diffusé parmi l’ensemble des opérateurs et expliqué en détail au niveau des stations de conditionnement. L’objectif est de se conformer aussi bien au niveau des fermes, des sites de production, des stations de conditionnement, des points de transport et du produit fini. M. Hatim a enchainé par la suite sur les bases réglementaires et sur l’ensemble de mesures phytosanitaires à appliquer dans les stations

de conditionnement qui seront sollicitées à s’enregistrer auprès de l’ONSSA avec la liste des sites de production affiliés avant la saison des exportations. La certification de l’export sera accordée sur la base des rapports d’audit relatifs à l’application de ce plan de gestion phytosanitaire. La dernière présentation de cette journée était sous forme de témoignage d’un groupement de techniciens dénommé « Espace Agricole », pour une initiative bénévole, qui a organisé un ensemble d’ateliers de sensibilisation et de travail relatif au fléau de Tuta absoluta. Pour voir une vidéo sur l’évènement, visiter la rubrique ‘’Actualités générales’’ de notre site web : www.agri-mag.com

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Actu Actu Filière

La lutte contre la cératite Etat des lieux au Maroc

La cératite est considérée comme un ravageur de quarantaine par la plupart des pays potentiellement importateurs d’agrumes : Russie, Etats Unis d’Amérique, Chine, Japon… Eu égard à l’importance de ces marchés pour la filière agrumicole nationale et vu la nécessité pour le Maroc de diversifier ses débouchés à l’export, la Fédération Interprofessionnelle Marocaine des Agrumes (Maroc Citrus) entreprend, aux côtés des pouvoirs publics, des efforts louables pour la lutte contre la cératite avec le souci de satisfaire les exigences phytosanitaires des pays importateurs de nos agrumes.

C’est dans ce cadre que Maroc Citrus s’est engagé dans la mise en œuvre des grands chantiers suivants :

Protocole japonais de traitement au froid de la cératite : Il s’agit de la réalisation du protocole expérimental de traitement au froid de la cératite tel qu’exigé par l’Autorité Phytosanitaire Japonaise. Ce protocole consiste en l’identification du niveau

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de la température et de la durée du traitement au froid à appliquer aux fruits d’agrumes à exporter sur ce pays. Ce protocole sera exécuté dans le cadre d’une convention conclue entre Maroc Citrus, l’ONSSA, l’IAV Hassan II et la société privée SAOAS dotée d’une grande expérience dans le domaine de l’élevage des ravageurs. Le financement afférent à ce protocole sera pris entièrement en charge par Maroc Citrus.

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Programme de lâchers de mâles stériles de cératite :

Le lancement en 2008 d’un programme de lâchers de mâles stériles de cératite dans la région du Souss au niveau d’une zone pilote de 4.800 Ha visant la réduction du niveau de pullulation de ce ravageur au niveau de la zone traitée et par conséquent des traitements appliqués. Les pupes utilisées pour ces lâchers sont importées de l’unité de Valence en Espagne à la charge de l’ONSSA et Maroc Citrus assure le financement des ressources humaines et des opérations de lâchers sur le terrain. Maroc Citrus étudie actuellement la possibilité d’étendre les lâchers à la région de Berkane au niveau d’une zone pilote de l’ordre de 1.200 à 1.500 Ha. Cette extension permettra d’appuyer la demande de réouverture du marché américain aux exportations d’agrumes en provenance de cette région.

Construction d’une usine de production de mâles stériles

La construction d’une unité de production de mâles stériles de cératite à Agadir dans le cadre d’une convention conclue entre Maroc Citrus, l’ORMVA de Souss Massa et l’ONSSA. L’unité sera construite et équipée par l’Etat qui déléguera sa gestion et son fonctionnement à Maroc Citrus. Cette unité, qui sera équipée d’un irradiateur, va permettre la production localement de près de 200 millions d’insectes stériles par semaine, ce qui va faciliter l’extension des lâchers vers les autres régions agrumicoles du pays. Le site qui abritera l’unité a été identifié et les plans de construction et d’équipement ont été déjà validés avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Les cabinets d’Architecture et d’Etudes ont été choisis et les travaux proprement dits de construction vont démarrer vers la fin de l’année 2017.


POIVRON

Une campagne difficile Le Maroc a considérablement augmenté ses exportations de poivron vers l’Union Européenne au cours de la dernière décennie. Il occupe la troisième position après l’Espagne, principal fournisseur de l’UE, et les pays bas. L’Allemagne reste un grand marché pour le poivron carré et conique type Kappy, tandis que la Hollande préfère le poivron carré, la France est aussi un petit marché pour les différents types de poivron, l’Angleterre préfère le carré petit calibre, la Russie est un petit marché pour le rouge carré gros calibre. A signaler que la maîtrise de la conduite du poivron et l’adoption de la lutte intégrée par les producteurs marocains, ont permis d’acquérir la confiance des acheteurs européens.

de microfissures et les éclatements. Le rendement a donc diminué pour tous les types de poivron et les tonnages étaient inférieurs par rapport à la même période de la campagne précédente. Ceci s’est traduit par un manque de disponibilité du produit en hiver.

A ces difficultés se sont ajoutés des problèmes d’ordre phytosanitaire à savoir : l’oïdium et les virus (principalement TSWV) surtout dans la région d’Ouled Teïma. Cette prolifération des virus est liée à la

forte présence de la mouche blanche, due essentiellement à une mauvaise installation des auxiliaires à cause du froid. Cette situation a obligé les producteurs à recourir aux traitements aux huiles minérales qui épargnent la faune auxiliaire.

En 2016/2017, les superficies consacrées au poivron et piment fort tous types confondus, sous serre dans le Souss-Massa ont été de 2.200 Ha. La répartition par type a été comme suit : - Piment fort de primeur : 390 Ha - Type Blocky 620 ha - Type Lamuyo : 80 Ha, - Type doux italien primeur: 682 ha - Type Hongrois :130 ha - Type kappy : 300 ha Tous ces types de poivrons sont destinés à l’export et les écarts de triage sont écoulés sur le marché local, sauf pour le doux italien où la moitié de la production est destinée à l’export et l’autre moitié au marché intérieur. La campagne poivron a été caractérisée au début, par un climat chaud et sec qui a perturbé la phase de plantation. Le démarrage des cultures durant les mois de juillet et août était donc difficile pour une grande partie des professionnels. Certains producteurs ont même dû replanter alors que d’autres, voyant ce qui se passait chez les voisins, on préféré décaler leurs plantations. Le froid qui a sévi en hiver, a également eu des répercussions graves sur le développement des cultures en bloquant la croissance. De même, la nouaison a été perturbée par les amplitudes thermiques (la floraison et la nouaison sont les stades les plus sensibles au froid chez le poivron). La qualité des fruitsa a également souffert avec la mauvaise coloration, l’apparition Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Actu Actu Entreprise

La CLINIQUE DES PLANTES Maroc

décroche l’Agrément des Bonnes Pratiques d’Expérimentation (BPE), N° : BPE 01/2016 Après une évaluation approfondie de ses processus de gestion, la Clinique des plantes Maroc devient la 1ère société d’essais agricoles agréée sur le continent africain. L’agrément BPE : une avancée de taille et un réel avantage stratégique pour le Maroc

Lundi 24 octobre, la CLINIQUE DES PLANTES Maroc, une société spécialisée dans le service agricole, a eu son agrément de Bonnes Pratiques d’Expérimentation (BPE), ce dernier lui ayant été officiellement octroyé par l’ONSSA (Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires). Ainsi, la Clinique Des plantes (CDP) devient le premier organisme à l’échelle nationale et africaine à avoir obtenu cet agrément. Ainsi les essais ou tests agronomiques réa-

lisés par la Clinique Des Plantes sont officiellement reconnus par l’ONSSA. L’agrément BPE montre donc que la CDP a tous les moyens pour obtenir des résultats fiables et comparables, à savoir une bonne organisation dans la planification des essais, le suivi, le contrôle et l’enregistrement des données. Il faut savoir que le BPE couvre plusieurs autres aspects relatifs à : • la qualification du personnel : la CDP a 17 ingénieurs et techniciens spécialisés et formés dans la mise en place d’expérimentations agronomiques partout au Maroc. • l’emploi du matériel : la CDP dispose de matériel agronomique et scientifique sophistiqué qui lui permet d’avoir toutes les données relatives à l’essai. • le protocole, le suivi, l’enregistrement des résultats, la rédaction du protocole • les modalités internes pour vérifier le respect des modes opératoires : afin de satisfaire ce critère la CDP a chargé une personne du suivi et de la coordination qui gère et vérifie de près toutes les données des essais avec les techniciens et les ingénieurs. Le 26 mai dernier, huit représentants de l’ONSSA, un consultant de la COFRAC ainsi qu’un consultant de l’Union Européenne ont été reçus à la station de la CLINIQUE DES PLANTES pour une ultime visite d’inspection en vue de l’octroi de l’agrément BPE. Ainsi, l’ensemble du dispositif de gestion et des procédures internes a été soumis au contrôle rigoureux de la commission d’inspection, conformément à une grille de critères très stricts (fichier du

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personnel, gestion du stock, hygiène & sécurité, gestion de la documentation et protocoles, rapports d’essais…). « Cet agrément BPE est le fruit de près de deux années de travail en interne destiné à renforcer nos capacités à répondre aux exigences de l’ONSSA. Nous sommes maintenant, grâce à notre personnel, notre matériel et notre savoir faire, prêts pour la mise en place des essais d’homologation qui seront reconnus automatiquement par l’ONSSA. De plus, avec cette certification, l’ONSSA confirme la place de choix que peut prendre le Maroc sur le continent africain, et même au-delà, dans les processus d’homologation » rappelle Rafik Errakhi, Directeur de la CLINIQUE DES PLANTES Maroc. Pour rappel, tous les organismes et entreprises désireux d’homologuer leurs intrants agricoles (pesticides, semences, nouvelles variétés,…) doivent effectuer leurs essais agronomiques auprès d’un organisme agréé par l’ONSSA. De même, l’ONSSA, accompagné par le COFRAC et le ministère d’agronomie français, a mis en place cet agrément afin d’externaliser tous les essais d’homologation chose qui sera faite progressivement à partir de l’année prochaine.

Une certification qui touche plusieurs secteurs intra-agricoles :

Pour une durée de 5 ans, l’agrément BPE délivré à la CLINIQUE DES PLANTES permet d’exercer les activités d’expérimentation des pesticides à usage agricole dans les secteurs suivants :

Cultures fruitières

• Cultures ornementales • Zones non cultivées (excepté les arbres forestiers) • Traitement des produits récoltés (entreposage) • Traitement des semences • Cultures légumières et plantes aromatiques et médicinales • Grandes cultures • Cultures tropicales • Milieu forestier Désinfection des sols A noter que la clinique des plantes dispose d’une station d’expérimentation de 27 ha équipée de haute technologie, ce qui permet à la CDP de mettre en place des essais les plus compliqués et les plus pointus. De plus, via ses ingénieurs et techniciens mobiles, elle peut mettre en place les essais partout à travers le Maroc selon le protocole d’expérimentation.

Du service sur mesure

La CLINIQUE DES PLANTES est une société de service agricole. Elle offre aux entreprises du secteur, distributeurs/revendeurs, agriculteurs et investisseurs plusieurs services à savoir : • Accompagnement et assistance technique • Etudes techniques, économiques et financières, • Ingénierie de projet • Formation à la carte sur toutes les filières et les pratiques agronomiques • Essais agronomiques : essais d’efficacité, essais de développement et essais BPE d’homologation


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Actu Actu Entreprise

Bioradicante®

Assurer une productivité maximale depuis la racine La grande majorité des nutriments et des minéraux nécessaires pour la croissance de la plante sont assimilé à travers la surface radiculaire, par conséquent plus la surface du tissu racinaire est grande plus l’utilisation des nutriments est optimale pour une meilleur croissance des cultures. Pour favoriser la croissance des racines, le biostimulant Bioradicante® de Futureco Bioscience et commercialisé au Maroc par le Groupe ELEPHANT VERT est conçu en tant que régulateur de croissance pour l’amélioration et le développement des racines. Sa formule, riche en acides aminés libres d’origine végétale, azote, bore, fer, manganèse, molybdène et zinc, aide la plante à développer son potentiel au maximum et à mettre en place un système racinaire dans des conditions optimales. Bioradicante® améliore l’absorp-

tion des éléments du sol et par conséquent, l’état nutritionnel de la culture, qui se traduit par le développement de la partie aérienne et une augmentation du rendement des cultures. Bioradicante® à la fois favorise la croissance de la racine primaire et des racines latérales, augmentant ainsi l’absorption de l’eau et des nutriments de différents processus physiologiques. Le produit augmente la vitesse de synthèse des protéines et fournit l’énergie nécessaire pour l’activation métabolique de la photosynthèse.

Ces effets physiologiques, ont des effets directs sur la croissance des racines, générant ainsi un mécanisme de rétroaction positive dans l’état nutritionnel de la culture. Bioradicante® peut être appliqué par fertigation à différents stades de la culture. Les applications au cours de la période de transplantation assurent une plus grande survie des plantes. Il est aussi adapté à la croissance végétative et dans les cas de dommages aux racines (causées par des nématodes, des champignons ou en raison

de l’utilisation d’outils ou machines agricoles). Bioradicante® peut être appliqué dans un large éventail de cultures, y compris l’hydroponique.

Formation sur les nématodes à galles Dans l’objectif de sensibiliser les agriculteurs sur les problèmes liés aux nématodes associés aux cultures maraichères dans la région de Souss-Massa, une journée d’information a été organisée le 1er juin au Centre de Qualification de Sidi Bibi en collaboration avec l’espace agricole et Bureau de Consulting et de Service BCS sous le thème : “ Les nématodes : préventions et gestion avant le démarrage d’une nouvelle compagne agricole’’. C’est Mme Malika BENJIL la directrice du centre de qualification de Sidi Bibi qui a ouvert la journée en souhaitant la bienvenue aux nombreux participants. Dr Fouad MOKRINI, ingénieur en chef à l’INRA-Agadir a ensuite fait une présentation sur les différents types de nématodes phytoparasites associés aux

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différentes cultures dans la région de Souss-Massa. Il a mis l’accent sur l’importance des mesures prophylactiques avant le démarrage d’une nouvelle compagne agricole. Il a ensuite dressé le programme de lutte idéal pour limiter la propagation de ce fléau. Il a également passé en revue l’ensemble des activi-

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tés de recherches en matière de nématologie réalisées et / ou en cours de réalisation au sein du laboratoire de nématologie (INRA-Agadir). Les moyens de lutte curatifs ont été également traités. Ensuite, Mr Brahim OUMOHOU, membre de l’espace agricole, a fait une présentation sur les préparations

nécessaires pour un bon traitement du sol. Il a exposé l’ensemble des opérations nécessaires qui contribuent à l’amélioration de la qualité du sol et plus généralement, faciliter l’accès de la parcelle. Il a terminé sa présentation par les mesures qui doivent être prises en considération avant, pendant et après le traitement du sol Après ces interventions, une discussion générale a eu lieu. L’occasion pour les agriculteurs présents de demander des compléments d’informations sur les deux présentations. L’occasion également d’inviter tous les intervenants à fournir plus d’efforts pour faire face à ce fléau qui entrave la production des cultures maraîchères.


AGRIMATCO Vydate est de retour Après une petite absence due au manque de disponibilité, le Vydate a fait son comeback au Maroc avec une nouvelle formulation. Son lancement a fait l’objet de nombreuses journées notamment à Mnasra le 12 juillet 2017 sur bananier. Cette journée organisée en partenariat avec la Fondation Nalsya a connu la participation de 110 Agriculteurs. Le produit sera commercialisé sous deux formes : Vydate 10G (granulé) et Vydate 10L (liquide). VYDATE 10 L est un nématicide liquide de la famille des carbamates. Il est doté d’une systémie exceptionnelle (ascendante et descendante) et est très sélectif vis-à-vis des cultures. Sa formulation liquide facilite son application obligatoire à travers le système

d’irrigation au goutte à goutte et limite considérablement l’exposition des applicateurs. Il est rapidement absorbé par les racines et migre à travers la plante. Il se concentre surtout dans les zones en croissance active aussi bien au niveau du système racinaire que de la partie aérienne. VYDATE 10L agit par contact sur les nématodes. Son effet dépend de la concentration de la matière active dans le sol et donc dans la plante. Aux doses, recommandées il entraîne : - L’incapacité des nématodes à s’orienter et se déplacer vers les racines, d’y pénétrer et s’en alimenter. - L’inhibition de l’incubation et l’éclosion des œufs.

AGRIMATCO

La récolte idéale commence par le soin idéal

Maximiser les revenues

Mouche blanche

Thrips

Puceron

Sécuriser dès le début

Journée melon à Tiflet La société Agrimatco a organisé une journée spéciale melon pour le lancement de sa nouvelle variété de jaune canari Exulla de la société Seminis, le 13 juillet dans la région de Tiflet. Pour rappel, AGRIMATCO a été la première à introduire une variété hybride jaune canari pour le marché local qui est la variété Starplus qui domine jusqu’à présent ce segment. Et avec Exulla, Agrimatco offre aux producteurs une relève encore plus performante répondant à leurs exigences de production et de commercialisation. En effet, Exulla présente de nombreux avantages :

Plante

- Très bonne vigueur avec une excellente couverture foliaire - Bonne capacité de nouaison - Adaptée aux plantations sous tunnel et plein champ - Haute tolérance à l’oïdium

Flowering/First Pickings

Verimark®

Verimark®

Verimark®

Verimark®

Fruit

- Forme attractive régulière avec une couleur externe dorée - Chair de couleur blanche d’excellente qualité gustative avec un brix élevé

Résistances

- HR : Fom 0,1,2, ZYMV - IR Px : 1,2,5,3+5, Ag

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Actu Actu Entreprise

Case IH

Sugar Camp 2017 au Brésil Des clients de Case IH d’Afrique et du Moyen-Orient se sont rendus au Brésil, premier producteur de canne à sucre du monde, pour voir des récolteuses de canne à sucre et visiter des usines de production d’envergure mondiale et réaliser l’importance croissante de la canne à sucre comme source d’énergie renouvelable. Ce voyage de six jours en Amérique du Sud était organisé par Case IH, leader mondial de machines agricoles, dans le cadre de son séminaire Sugar Camp 2017. Suite au Sugar Camp 2016 particulièrement réussi qui s’était tenu en Australie, l’événement de cette année comprenait un périple de 800 kilomètres autour de l’état de São Paulo et du district Centre Sud du Brésil qui produisent à eux seuls 90% du sucre du pays. Les participants ont visité deux usines de fabrication Case IH, un centre de distribution et de pièces détachées, un concessionnaire d’équipements agricoles, un important producteur de sucre et d’éthanol, ainsi qu’un institut de recherche et développement. Sugar Camp 2017 a reçu près de 30 délégués du secteur de la canne à sucre venus de dix pays de la région Afrique-MoyenOrient, et commencé par un séminaire à l’usine de Case IH à Sorocaba. D’une superficie de 104 000 m2, elle dispose d’une capacité de production annuelle de 8000 unités. Les invités du Sugar Camp ont ainsi pu visiter les équipements de fabrication de Case IH de dernière génération, tels que des machines de découpe de plaques à laser avec alimentations automatiques, des postes de soudure robotisés, des convoyeurs aériens pour pièces et composants, et un système de peinture de pointe. Sorocaba accueille également un centre de logistique et de

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distribution de pièces (PDC) de 56 000 m2, le plus grand de CNH en Amérique Latine et son dépôt central au niveau mondial pour les pièces de récolteuses de canne à sucre. Ce centre gère un stock de plus de 150 000 références et certains des équipements de translation et d’emballage les plus modernes du monde. Les participants ont ainsi pu constater que le système de distribution de pièces de Case IH est capable de répondre de manière très réactive aux demandes de distributeurs et de clients partout dans le monde, et de fournir des pièces sous 24 à 48 heures. À tout juste 110 km au sud de Sorocoba, Sugar Camp a fait halte dans une autre usine Case IH à Piracicaba. Cette usine de 12 000 mètres carrés est le leader mondial dans la fabrication de récolteuses de canne à sucre et exporte la série Austoft® vers cinq continents. Cette usine fabrique également des pulvérisateurs auto-propulsés, des planteuses et des récolteuses de café. La visite guidée s’est poursuivie à Pradópolis, São Paulo, au São Martinho Group, l’un des plus grands groupes producteurs de sucre et d’éthanol au Brésil. Là, les invités ont visité une usine de broyage de canne à sucre, une pépinière expérimentale qui teste

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de nouvelles méthodes de culture de la canne à sucre, et ont assisté à une présentation générale du fonctionnement de São Martinho, de la chaîne d’approvisionnement du champ jusqu’au broyage. Ils ont pu constater les avantages énormes qu’apporte la mécanisation : exploitant un total de 300 000 ha de terres à quatre endroits différents et utilisant 183 récolteuses de canne à sucre CASE IH, São Martinho atteint désormais des niveaux de production de 930 tonnes par jour et par machine, avec une capacité annuelle impressionnante de broyage de canne à sucre de 23 millions de tonnes métriques. L’énorme industrie de la canne à sucre au Brésil, qui produit 667 millions de tonnes par an sur 9,5 millions d’hectares, repose sur un système de distribution bien organisé pour les équipements et pour les pièces. Pour illustrer cela, Sugar Camp a également visité TRACAN à Ribeirão Preto, principal concessionnaire de Case IH dans la région de production de canne à sucre du Brésil, illustrant un service de relation et d’assistance client exemplaire. La destination finale de Sugar Camp fut l’Instituto Agronômico (IAC) de Campinas, une ville au nord-ouest de São Paulo réputée pour ses centres de recherche

et ses universités. C’est là qu’a été développé le programme d’innovation brésilien PróÁlcool, qui utilise la canne à sucre pour produire de l’éthanol comme carburant pour les véhicules motorisés. Le Brésil est aujourd’hui le plus grand producteur mondial d’éthanol à base de canne à sucre, ce carburant remplace plus de 40 % des besoins du pays en essence et fournit 17 % de l’énergie totale du pays. « Sugar Camp 2017 a été une occasion extraordinaire de partager l’expertise de Case IH avec nos clients d’Afrique et du Moyen-Orient, » a déclaré Daniel Bordabossana, Directeur Marketing de Case IH pour l’Afrique et le Moyen-Orient. « Découvrir l’industrie de la canne à sucre au Brésil a été fascinant, non seulement parce que c’est le plus grand producteur de canne à sucre mais aussi parce qu’elle montre comment cette culture peut être une source d’énergie. Nous avons pu démonter également comment la division Corporate Farming de Case IH au sein de CNH Industrial peut soutenir l’économie en Afrique et au Moyen-Orient avec un large Porte-feuille produit comprenant tracteurs, bus et engins de construction.»


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Actu Actu Entreprise

Savez-vous reconnaître un sulfate de potasse soluble de qualite ? Bien choisir un sulfate de potasse soluble, ce n’est pas seulement accorder de l’importance au seul critère prix, mais c’est aussi considérer les caractéristiques du produit, ses avantages et désavantages pratiques en fertirrigation. La qualité des engrais est définie par une série de propriétés physiques et chimiques. Les premières assurent une mise en œuvre sûre et facile. Les secondes agissent sur la nutrition des plantes, les propriétés du sol et la fertilité. Grâce à son expérience de près d’un siècle dans la production de Sulfate de Potasse (SOP), TESSENDERLO GROUP a réussi à développer pour la qualité Soluble -Solupotasse®, un procédé unique de production et à mettre en place un contrôle qualité unique basé sur les critères de qualité les plus importants tout en respectant la stricte législation européenne.

Evaluation pratique sur le terrain :

En plus de vérifier les propriétés déclarées du produit sur la fiche de spécification ou le sac, un premier test, facile à mettre en œuvre, est de préparer une solution avec le produit afin de vérifier la présence de matière insoluble et la vitesse de dissolution.

Concentration des éléments chimiques

Des concentrations élevées en éléments K2O et SO4 profitent directement à l’agriculteur pour qui, au final, il est plus rentable économiquement d’avoir plus d’éléments nutritifs par kilo de produit. Très souvent l’utilisateur recherche un minimum de 51% K2O pour son produit. Pourtant, il existe une grande variabilité entre les différents SOP Solubles disponibles sur le marché qui incluent, selon nos tests, un nombre important d’échantillons en dessous de 51% K2O. Le score moyen de l’échantillonnage pratiqué sur Solupotasse® en 2016 donne 51.8% K2O et n’est jamais en-dessous de 51.3%. Le taux de Chlore (Cl-), qui est un critère important du SOP Soluble, apparait également très variable. Seulement 50% des 160 échantillons analysés présentent un taux de Chlore inférieur à 0.6%. 24

Fig 1 : Différents SOP Soluble rencontrés sur le marché, comparé à SoluPotasse® (à droite sur les photos ), après 1 minute d’agitation sur la photo de gauche, après 15 minutes d’agitation sur la photo de droite (les tests présentés ont été réalisés en utilisant de l’eau déminéralisée pour obtenir la même consistance).

Il est même fréquent de trouver des produits avec une valeur supérieure à 1%. Le score moyen de l’échantillonnage pratiqué sur Solupotasse® en 2016 est de 0.6% et n’a jamais dépassé 0.85%. De la même manière, le taux de sodium (Na+), qui est un bon indicateur de pureté peut varier de 0% environ à plus de 2%, avec pour Solupotasse®, un maximum de 0.4% sur les échantillons de 2016. Il ne faut pas oublier qu’un taux élevé en chlore ou en sodium, ou qu’un niveau plus faible de potassium peut engendrer une différence notable en termes économiques et agronomiques. Par ailleurs, la présence de métaux lourds est chaque jour un problème croissant. Par conséquent, l’analyse de ces éléments devrait aussi être prise en compte.

INSOLUBLES

Mesurer la quantité d’insolubles est évidemment déterminant pour s’assurer qu’un produit peut être utilisé en fertirrigation. La présence d’insolubles est très pénalisante et peut amener à colmater les filtres comme les goutteurs. Pour être acceptable, le taux des insolubles devrait être en-dessous de 0.05%. Les échantillons de SoluPotasse® sont nettement en-dessous de cette valeur avec un taux de 0.04% maximum. Parmi les échantillons des autres SOP analysés, presque 50% d’entre eux étaient au-dessus de la limite de 0.05% et 12% étaient même au-delà de 1%! Ces derniers ne devraient en aucun cas être utilisés en fertirrigation pour des raisons techniques évidentes, sans même parler des conséquences économiques.

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pH DE LA SOLUTION Acidité

Les produits acides comme Solupotasse®, présentent un avantage indéniable sur la qualité d’une solution nutritive et optimisent l’absorption d’un large spectre d’éléments nutritifs. Par ailleurs, un produit acide évite le bouchage des goutteurs.

VITESSE DE DISSOLUTION

La vitesse de dissolution est un autre paramètre qui peut affecter l’utilisation d’un produit en fertirrigation. Il existe certains types de SOP (dit « soluble ») qui ne se dissolvent pas à plus de 90% même après 10 minutes d’agitation. L’utilisation de tels produits n’est évidemment pas à recommander. Notre laboratoire définit un produit de bonne qualité comme étant dissous à plus de 90 % après 3 minutes d’agitation, ce qui est le cas avec Solupotasse®.

SOLUBILITE MAXIMALE

En plus de la rapidité de dissolution, la quantité de SOP qui peut être dissoute dans un volume d’eau déterminé est un autre facteur important pour l’agriculteur puisque cela permet d’obtenir une concentration plus élevée d’éléments nutritifs dans la solution. Ici aussi, la diversité entre produits rencontrés sur le terrain est grande. Les meilleurs produits, comme le Solupotasse®, ont un taux maximum de solubilité de 12kg/100 L, alors que le plus mauvais peine à atteindre 11kg/100 L. Il faut garder à l’esprit que la solubilité maximale dépend également de la qualité de l’eau et de la température.

POUSSIERE

Pour des raisons de sécurité et de facilité d’utilisation, le taux de poussière du produit peut également être un paramètre important. Les produits contenant une proportion plus importante de poussière sont plus difficiles et plus désagréables à manipuler qu’ils soient utilisés en fertirrigation ou pour la fabrication de Solubles ou de solutions NPK. Différents niveaux de performance existent sur le marché avec des taux variant entre 0.01% et 0.8%. Ici aussi, SoluPotasse® détient un bon niveau avec moins de 0.1%.

CONCLUSION

Il existe sur le marché une grande diversité de SOP solubles pour la fertirrigation. Les produits de grande qualité marquent clairement leur différence dans le gain de productivité et sont d’un usage plus facile. Les 8 paramètres qui sont mentionnés ici sont tous importants et doivent être considérés dans leur ensemble puisqu’ils sont largement interdépendants. La plupart des producteurs de SOP Soluble ne contrôlent pas tous ces paramètres qualitatifs de manière systématique. Chez Tessenderlo Group, la production d’un Sulfate de Potasse Soluble de haute qualité est la priorité N°1 : nous utilisons ces paramètres pour un contrôle strict de la qualité du SoluPotasse® et nous mettons continuellement à jour notre base de données avec des échantillons des différents produits du marché. Ceci garantit que nous pouvons maintenir un standard de qualité très élevé pour SoluPotasse®, qui reste la référence sur le marché du SOP Soluble, même après plus de 20 ans.


AMAROC

DuPont, Exirel® : Nouvel insecticide innovant à base de Cyazypyr® Actuellement commercialisé par AMAROC AMAROC est une entreprise leader de l’agrochimie au Maroc. Depuis plus de 63 ans, la société approvisionne revendeurs, agriculteurs, domaines agricoles et institutionnels en produits de qualité et solutions innovantes. Exirel®, à base de la substance active Cyazypyr®, est un nouvel insecticide issu de la recherche de DuPont® et dispose d’un nouveau mode d’action. Il agit principalement sur les muscles des in-

sectes, provoquant l’arrêt rapide de leur alimentation et la paralysie des larves et des adultes. Cette deuxième molécule insecticide de la famille des diamides, constitue une nouvelle solution pour contrôler un large spectre de ravageurs : - Tomate (Noctuelles, Tuta absoluta, Mouche blanche…), - Fraisier (Pucerons, Thrips…),

GROUPE INTERNATIONAL PAPER Acquisition de la caisserie d’europac de tanger International Paper vient de concrétiser l’acquisition de la caisserie Europac de Tanger, pour un montant de 40 MM d’euros. Avec cette transaction, l’entreprise espère réaliser d’importantes synergies dans son système de caisseries au Maroc. Elle attend également des synergies découlant de l’intégration papier entre l’usine de Madrid, Espagne, acquise récemment et son usine de papier recyclé pour ondulé située à Kenitra, Maroc. Les autorités marocaines ont accordé à International Paper toutes les autorisations nécessaires, y compris les autorisations anti-concurrence. La transaction a été finalisée

à la fin du mois de juin dernier. L’emballage est une activité essentielle d’International Paper et le Maroc, avec son climat d’investissement attrayant et son économie en pleine croissance, est une région stratégique prioritaire pour l’entreprise. « Nous cherchons toujours à offrir une valeur supérieure à nos clients, présents et à venir, et la caisserie de Tanger représente une occasion idéale pour poursuivre la croissance de notre fructueuse activité marocaine d’emballage en ondulé en complétant nos actifs existants avec un site de production de caisses à la pointe

- Myrtillier (Pucerons, Drosophila suzukii), - Courgette (Pucerons, Mouche blanche), - Concombre (Mouche blanche, Pucerons), - Haricot vert (Mouche blanche, Thrips et Mouche mineuse), - Agrumes (Cératite), - Nectarinier (Pucerons), - Olivier (Teigne), - Pêcher (Pucerons)

du progrès », a déclaré Eric Chartrain, vice-président et directeur général de l’activité d’emballage en ondulé International Paper en EMEA. « De plus, l’usine de Tanger nous permet d’intégrer davantage nos sites de Madrid et Kenitra tout en réalisant des synergies avec nos autres caisseries marocaines dans les domaines de la chaîne d’approvisionnement et de la transformation. »

- et Pommier (Carpocapse, Pucerons). Outre sa bonne persistance d’action, sa bonne résistance au lessivage par les pluies, Exirel® est sélectif des cultures à protéger et préserve les arthropodes utiles. De ce fait, il s’intègre parfaitement dans les programmes de lutte intégrée (IPM).

Il a poursuivi : « Cette acquisition est un investissement majeur dans l’avenir de notre division d’emballage en ondulé au Maroc, de nos clients, de nos employés et de nos communautés. Nous sommes très heureux de franchir ce pas décisif. » Sur le plan organisationnel, l’usine de Tanger va intégrer la division marocaine d’emballage en ondulé

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VALORISATION

Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM)

La domestication et la gestion pour l’adaptation aux changements climatiques et le développement durable Mimouni A., Bouzoubaâ Z., Bouharroud R., Karra Youssef, Sedki M et Boujghagh M. Dans le cadre de ses activités de Recherche et de Recherche-Développement, le Centre Régional de la Recherche Agronomique d’Agadir mène des activités de Recherche-Développement sur les PAM dans la Province d’Aït Baha. Ces activités sont menées dans le cadre du projet ASIMA qui vise à appuyer une agriculture solidaire, intégrée, durable et participative dans le cadre du Pilier II du Plan Maroc Vert (PMV) au niveau de la Province d’Aït Baha, région connue pour son aridité. Le Projet est financé par le FEM, et aligné avec ses deux domaines d’intervention : la gestion durable des sols et la préservation et la valorisation de la biodiversité.

L

’objectif du projet est d’augmenter l’adoption des mesures de conservation des sols et de la biodiversité dans des projets sélectionnés orientés vers les petits agriculteurs situés dans des zones marginales ciblées. Dans le cadre de l’appui à l’agriculture solidaire, le projet vise l’intégration d’une série d’interventions et des mesures additionnelles dans la planification et la mise en œuvre des projets Pilier II du PMV. L’intégration des activités sera faite aussi bien verticalement (le long de la chaîne des valeurs de chaque filière) qu’horizontalement (entre filières). L’intégration horizontale permettra de diversifier les sources de revenus pour les petits agriculteurs, de mieux gérer les risques (notamment par rap-

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port au changement climatique), de générer des synergies entre filières en utilisant les sous-produits d’une filière comme intrant de l’autre, et de mieux prendre en considération les risques environnementaux cumulatifs au niveau de l’écosystème. Cette approche holistique aboutira à une agriculture durable, avec la participation active de toutes les parties prenantes au niveau de la communauté, notamment les femmes rurales. Pour les PAM, l’objet des activités de Recherche-Développement est leur gestion durable en milieu naturel, leur domestication à travers des essais de mise en culture et aussi leur valorisation. Ces actions ont été appuyées par des formations et des écoles aux champs des femmes et des agriculteurs.

Gestion rationnelle des PAM

D’une manière générale, les PAM spontanées (thym, romarin, armoise, origan, myrte…) sont réparties à travers les terres collectives relevant du ministère de l’Intérieur et les zones dépendant du département des Eaux et Forêts. Ceci a pour résultat la multiplicité des intervenants ce qui complique l’organisation de ce secteur. Toujours est-il que les cultures spontanées constituent environ 98% de la production, tandis que les plantes cultivées contribuent pour à peine 2%. Les faiblesses de ce secteur résident aussi dans la structure traditionnelle de la production, la multitude des intermédiaires et les dysfonctionnements au niveau de la coordination entre les parties


concernées (professionnels, ONGs, instituts de recherche et administration). Parmi les différents maillons de la chaîne de valeurs de la filière PAM, la collecte occupe à elle seule plus de 80%. Dans le sud-ouest du Maroc la production des PAM reste traditionnelle et irrégulière, loin de répondre à une demande de plus en plus importante. Ces PAM sont peu valorisées et sont exportées, généralement, sans ou avec peu de valeur ajoutée. La grande majorité des plantes médicinales est commercialisé et exportée sous forme de plantes séchées ou d’huiles essentielles. Une part importante est consommée localement puisque la région dispose, également, d’un savoir-faire ancestral en termes de médication par les plantes, leur utilisation pour l’aromatisation et la conservation des aliments, ainsi que l’extraction des principes aromatiques destinés à la parfumerie familiale ou au marché. Les activités de Recherche-Développement menées par l’INRA d’Agadir visent l’intégration de la biodiversité dans la chaine de valeurs pour assurer une production durable et une meilleure valorisation des PAM spontanées par une gestion rationnelle de la ressource naturelle de base, la conservation de la biodiversité et l’intégration et le renforcement des capacités des différents intervenants dans la chaine de valeurs de la filière. Ainsi, à travers des sessions de sensibilisation et de formation in-situ, les coopératives et en particulier les femmes, sont devenues conscientes et commencent à mener une exploitation intégrée et une gestion participative et rationnelle des PAM spontanées dans les domaines forestiers.

Mise en culture des PAM

La production des Plantes Aromatiques et Médicinales spontanées demeure instable et sujette aux conditions climatiques et à la survenue de la sécheresse, ce qui affecte les rendements de la biomasse destinée aux unités de transformation. Afin d’assurer un approvisionnement

régulier en matière première, la maitrise des espèces de PAM à importance économique considérable est un créneau pour la population locale et les investisseurs. La culture des PAM demande une préparation convenable du terrain et un itinéraire technique favorisant leur croissance et développement notamment une irrigation régulière et une fertilisation organique adéquate, ainsi que des mesures spéciales d’entretien et d’exploitation rationnelle du feuillage. La multiplication végétative par le bouturage est une technique simple qui présente un taux de réussite élevé permettant la prolifération de projets de plantation des PAM cultivées dans la région d’AIT BAHA. En effet, cette action de maitrise vise à mettre en culture suivant un itinéraire technique approprié (date de semis, multiplication, densité, irrigation, fertilisation organique, récolte et conditionnement, traitements phytosanitaires principalement organiques pour garder la qualité du produit, … ) les principales espèces utilisées et commercialisées dans cette zone d’étude à savoir le thym, l’origan, la lavande et l’armoise. Il s’agit de l’installation de parcelles à raison d’une parcelle par espèce par site, auprès des agriculteurs au niveau de 6 sites différents, choisis selon le mode d’organisation des bénéficiaires pour la réalisation du projet. Le suivi et l’appui technique sera faits à l’installation des essais avec un suivi régulier estimé à 6 ou 7 visites par site en fonction du stade de développement de la culture. Et, comme toute plante domestiquée, passant d’une croissance spontanée dans un milieu naturel à un verger cultivé, dans lequel elle est poussée à produire avec irrigation et fertilisation, les maladies et ravageurs s’installent par opportunisme. Le mildiou, le fusarium, la rouille et l’oïdium sont les principales maladies des PAMs alors que les ravageurs sont essentiellement les mouches blanches, les thrips, les noctuelles et dans certains cas les pucerons.

Une stratégie de lutte intégrée est envisageable pour limiter les dégâts sans recours aux pesticides. En effet, le soufre, le savon potassique et les coccinelles sont parmi les moyens les plus appropriés pour une protection respectueuse de la santé humaine et de l’environnement.

Valorisation des PAM

La filière des PAM ne cesse d’évoluer en relation avec l’augmentation de la demande mondiale pour les PAM et leurs produits dérivés. Cette conjoncture offre une réelle opportunité au Maroc. Les PAM peuvent, ainsi, jouer un rôle important dans le développement économique et social des zones rurales. La région du Souss-Massa possède un potentiel important en plantes aromatiques et médicinales, surtout les spontanées, par exemple le thym, l’armoise et les lavandes. L’utilisation des PAM connait ces dernières années, un engouement sans précédent; les industries cosmétiques s’orientent, de plus en plus, vers l’utilisation de produits à base de plantes ce qui justifie l’importance que doit prendre ce secteur. Les dernières décennies ont enregistré une nette augmentation de la demande mondiale en PAM et leurs produits dérivés. Cette demande constitue une opportunité de développement pour le secteur au niveau de la région. La population locale des sites productifs des PAM commence à prendre conscience de l’importance et de l’intérêt économique de ces ressources, et commence à s’organiser en coopératives spécialisées dans les domaines de la collecte, de la transformation et de la commercialisation de ces plantes.

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Agrumiculture

La filière agrumicole au Maroc La filière agrumicole a connu, depuis l’entrée en vigueur du contrat-programme signé en 2008 entre l’Etat et la profession dans le cadre du Plan Maroc Vert, un développement important grâce aux efforts entrepris par les professionnels et aux incitations accordées par l’Etat et portant essentiellement sur l’encouragement à l’investissement destiné au renforcement de l’amont productif, à la modernisation de l’outil de valorisation de la production et à la promotion des exportations.

A

vec une superficie actuelle de 122.600 Ha et une production moyenne de l’ordre de 2 millions de T/an, le secteur des agrumes au Maroc joue un rôle socio-économique important. Sur le plan social, la filière agrumicole contribue de manière substantielle à l’amélioration des revenus des agriculteurs dont le nombre total s’élève à environ 13.000. Par ailleurs, ce secteur pro-

duit des effets importants sur l’emploi à travers la création de près de 25 millions de journées de travail par an, dont 18 millions au niveau des vergers et 7 millions au niveau de l’industrie de conditionnement, de transformation et des autres activités liées au secteur. Sur le plan économique, les exportations d’agrumes, qui oscillent autour d’une moyenne de 500.000 T par an, représentent une source importante de devises avec l’équivalent de près de 3 milliards DH par an. Par ailleurs, ce secteur assure le maintien en activité d’un important outil de conditionnement et de transformation et joue un rôle précurseur vis-à-vis des autres secteurs agricoles en matière d’adoption des innovations technologiques.

La répartition de la superficie agrumicole actuelle par région est présentée dans le tableau 1 : Superficie (Ha)

Part en %

Souss Massa

40 000

32,6

Gharb

24 500

20

Oriental

20 000

16,3

Tadla

17 500

14,3

Haouz

12 500

10,2

Régions

Loukkos

2 100

1,7

Autres régions

6 000

4,9

Total agrumes

122 600

100

Les régions de production sont représentées essentiellement par le Souss Massa, le Gharb, Moulouya, Tadla et le Haouz qui détiennent plus de 93% de la superficie nationale. Le profil variétal du verger agrumicole national est composé

La répartition de la superficie agrumicole actuelle par variété est présentée dans le tableau 2 : Superficie Variétés Part en % (Ha)

28

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Total petits fruits (PF)

61 655

50,2

Clémentine Nules Nour Nadorcott Autres PF

32 415 8 000 7 330 5 810 8 100

26,4 6,5 6 4,7 6,6

Total oranges

58 145

47,4

Navels Maroc Late Sanguines Autres oranges

21 930 25 630 3 300 7 285

17,9 20,9 2,7 5,9

Citron

2 800

2,3

Total agrumes

122 600

100


REGULATEUR DE CROISSANCE

Pour un rendement supérieur et une meilleure qualité des fruits.

Augmente le calibre des fruits.

Régule leur couleur et leur maturation.

Assure une meilleure conservation post-récolte.

Améliore le rendement et les bénéfices de vos vergers d’agrumes.

IMPORTE ET DISTRIBUE PAR: OMNIUM AGRICOLE DU SOUSS ZONE INDUSTRIELLE TASSILA III AGADIR. Maroc Tél.: 0528 33 10 10

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Présentation de la filière agrumicole

d’une gamme diversifiée de variétés, mais qui reste dominé par 3 groupes de variétés, à savoir, le groupe des Clémentines, la Maroc Late et les Navels.

Au cours de la dernière décennie, le secteur des agrumes a connu le développement important de nouvelles variétés de petits fruits, dont notamment la Nour, la Nadorcott et la Nules, ce qui a contribué à la diversification variétale des exportations et à l’étalement de la période de production et de la commercialisation. La production agrumicole annuelle moyenne réalisée au cours des 5 dernières campagnes a atteint près

de 2 millions T dont l’écoulement concerne trois principales destinations à savoir la consommation intérieure en frais, l’exportation et la transformation. Les exportations d’agrumes sont destinées principalement aux marchés de la Russie et de l’Union Européenne qui absorbent près de 80 % des quantités exportées. Le reste des marchés est représenté en grande partie par les pays de l’Amérique du Nord (Canada et USA) et les Pays du Golfe.

ORGANISATION DE LA FILIERE

Sur le plan de l’organisation professionnelle, la filière des agrumes est

représentée par la Fédération Interprofessionnelle Marocaine des Agrumes (Maroc Citrus) créée en 2009 et dont l’objet consiste à défendre les intérêts de ses adhérents et à veiller, aux côtés des pouvoirs publics, au développement et à la promotion de cette filière. L’interprofession des agrumes regroupe les intervenants à tous les maillons de la filière qui sont organisés dans le cadre de 5 organisations professionnelles, à savoir : • Les pépiniéristes organisés dans le cadre de l’Association Marocaine des Producteurs de Plants d’Agrumes Certifiés (AMAPAC). • Les producteurs dans le cadre de l’Association des Producteurs d’Agrumes au Maroc (ASPAM). • Les conditionneurs dans le cadre de l’Association des Conditionneurs d’Agrumes au Maroc (ASCAM). • Les transformateurs dans le cadre de l’Association Marocaine des l’Industrie de Transformation des Agrumes (AMITAG). • Les exportateurs dans le cadre de l’Association Marocaines des Exportateurs d’Agrumes (Citrus Export).

La suite dans le prochain numéro. Extrait de l’enquête sur les stations de conditionnement des agrumes menée par le Cabinet Zine Consulting suite à la demande de la Fédération Maroc Citrus.

L’évolution des exportations d’agrumes au cours des 5 dernières campagnes par marché se présente comme suit : Campagne

2011/12

2012/13

2013/14

2014/15

2015/16(*)

Moyenne

Russie

253 630

214 100

319 020

166 550

199 900

230 640

U. Européenne

170 300

118 040

174 650

185 900

210 230

171 820

Canada

42 410

35 000

40 450

46 000

56 510

44 070

USA

16 000

11 400

39 650

47 500

32 520

29 410

Pays du Golfe

5 650

5 000

7 450

11 220

15 300

8 920

Autres marchés

2 140

1 660

3 530

4 280

6 040

3 530

Total

490 130

385 200

584 750

461 450

520 500

488 410

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Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017


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Export

Déroulement de la campagne 2017 Le Maroc et l’Espagne sont les principaux fournisseurs de courgette des marchés européens, mais cette saison la production a été sévèrement touchée par le virus des feuilles enroulées de la tomate ToLCNDV (Tomato leaf curl new delhi virus) transmis par la mouche blanche. « C’est une année spéciale pour la courgette dans la région du Souss_Massa, surtout avec l’apparition du virus ToLCNDV qui a anéanti des surfaces importantes surtout les plantations précoces de plein champ. Ainsi, entre 400 et 500 Ha ont été ravagés et 10% de la courgette sous abris serre a été

touchée. Plusieurs semis ont dû être refaits sous abris serre et les plantations ont continué jusqu’au 20 février, car l’unique moyen de se débarrasser de ce virus est d’arracher les plantes infestées et les incinérer. A ce problème, se sont ajoutées les températures basses et notamment le gel survenu entre le 19 et le

20 janvier, sachant que la courgette fait partie des cultures les plus sensibles à la baisse du thermomètre. Les récoltes des principales zones de production de la courgette ont été affectées par ce phénomène», explique M. Hassan Housni de Casem. Commercialement, suite aux attaques du virus ToLCNDV survenues très précocement et la réduction des surfaces plantées, les prix ont flambé pendant les mois de décembre, janvier et février et ont atteint 20 à 40 Dh prix exportateurs, ce qui a encouragé les producteurs à continuer à semer et à planter jusqu’à fin février. En plus de la baisse de l’offre, un autre facteur explique cette flambée des prix à l’export, Il s’agit du froid et de la neige qui ont touché les plantations des autres fournisseurs du marché européen, notamment l’Espagne et l’Italie. Malheureusement, cette embellie a été de courte durée et les prix ont chuté par la suite vers le 15 février et n’ont plus remonté. Les plantations tardives n’en ont pas du tout profité.

Les virus, principaux ennemis de la courgette

La fatigue des plantes n’est malheureusement pas la seule limite à la production de courgettes de plein champ. Il y a aussi les stress climatiques, mais beaucoup plus graves sont les maladies, et surtout les virus. Pendant l’été, reviennent les vols de pucerons et de mouches blanches. Et les virus apparaissent aussitôt, causant de gros dégâts sur les cultures (les courgettes décolorées, marbrées ou déformées ne peuvent pas être commercialisées). A noter que toutes les variétés de courgette cultivées dans le monde ont un point faible commun, leur sensibilité aux virus. Le problème est grave et il retient l’attention de nombreux sélectionneurs. A l’heure actuelle, la solution génétique n’existe pas. Aucune variété n’est vraiment «résistante». Une vingtaine de virus ont été signalés sur la courgette de plein champ. 32

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Laissez vous surprendre

par les qualités des nouvelles

variétés de courgette

de Rijk Zwaan

Rijk Zwaan ne cesse de développer de nouvelles variétés, et de diversifier sa gamme et son offre de produits afin de répondre aux attentes des producteurs et des consommateurs finaux. Après plusieurs années de recherche et de sélection, Rijk Zwaan a le plaisir d’annoncer le lancement de trois nouvelles variétés de courgette noire, possédant des qualités spécifiques et particulières, et représentant une réelle valeur ajoutée aux producteurs, alliant performance de rendement et tolérance aux maladies. Avec cette gamme innovante composée de Calagreen, Calazina, et Calabonita, Rijk Zwaan a mis tout en œuvre en termes de sélection, pour affirmer sa position sur cette culture et confirmer sa puissance de développement et d’innovation.

CaLagReen RZ F1 :

pRoduCtivité et quaLité tout au Long du CyCLe

· Plante générative et bien équilibrée avec un potentiel de rendement élevé et une production groupée adaptée aux plantations sous-serre. · Très bonne nouaison tout au long du cycle · Fruits vert foncé brilliant aux ponctuations fines avec une attache pistillaire très réduite

CaLaZina RZ F1 : pRéCoCité et pLus de séCuRité au Champ · Plante à port ouvert, avec des entre-nœuds courts et un rendement commercial élevé · variété plus adaptée au plein champ avec une plante rustique et une production régulière · Fruit vert foncé avec une belle présentation, et une régularité de la qualité et des récoltes

CaLabonita RZ F1 : pouR CuLtuRes sous seRRe et pLein Champ · Plante ouverte avec des entre-noeuds courts, facile à travailler et à récolter · Adaptée aux plantations précoces de plein champ et sous serre. · très bon niveau de rendement commercial · Haute tolérance à l’oïdium · Bonne nouaison en période de froid, avec des fruits verts foncés brillants très droits et sans épines

Rijk Zwaan Maroc S.A.R.L : 620, Immeuble Idder Avenue Hassan II 80000 Agadir / Maroc Tél.: +212 528 845 153 I +212 528 884 473 Agriculture du Maghreb Fax : +212 528 844 605 N° 105 - Juillet / Août 2017 33 contact@rijkzwaan.ma I www. rijkzwaan.com


Les trois virus les plus fréquents sont le virus de la mosaïque du concombre (Cucumber Mosaïc Virus = CMV), le virus de la mosaïque jaune de la courgette (Zucchini Yellow Mosaïc Virus = ZYMV) et le virus de la mosaïque de la pastèque (Watermelon Mosaïc Virus = WMV). On les retrouve tous les ans dans les grandes zones de production. Tous trois sont transmis par les pucerons selon le mode non-persistant : le puceron est capable d’acquérir le virus sur une plante infectée, puis de le transmettre à une plante saine, au cours de piqûres très brèves et superficielles. Il perd rapidement cette capacité, mais il ne lui faut qu’une dizaine de minutes pour propager la maladie sur toute la culture. Les symptômes peuvent varier selon la souche de virus considérée, mais aussi selon la variété atteinte et les conditions d’environnement. Sur le feuillage, on signale fréquemment des mosaïques (taches ou plages colorées de jaune ou vert foncé), des déformations (cloques, gaufrage, réductions) ou des nécroses. Sur les fruits, soit l’infection reste discrète et l’on ne déplore qu’une diminution de la production,

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soit elle est sévère et l’on observe des déformations, des bosses, des éclatements, des nécroses... Ces courgettes sont évidemment invendables et l’incidence économique des virus est alors catastrophique pour le producteur. Le virus Tomato leaf curl new delhi (TolCNDV) qui est une nouvelle virose affectant gravement la courgette avec l’arrivée du printemps et les températures élevées, a été identifiée et caractérisée en Espagne en 2013, dans des cultures de plein champ et sous abris peu protégées situées dans les régions d’Almeria et de Murcie. La virose est occasionnée par un géminivirus proche du Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV) qui se manifeste par des plants rabougris et chlorotiques. Les feuilles sont déformées, enroulées et présentent des mosaïques plus ou moins

marquées. Les fruits sont bosselés. Ce virus peut être transmis par le matériel végétal, mais son principal mode de transmission reste l’aleurode Bemisia tabaci, considérée comme un vecteur très efficace. Elle acquiert le virus en 15 à 30 mn au contact de plantes infectées. Puis après une incubation de 21 à 24h, l’aleurode devient virulifère et peut contaminer un plant sain si elle se retrouve pendant un minimum d’une demi-heure à ponctionner sa sève. Elle conserve sa virulence à vie et peut ainsi pendant plusieurs jours disperser le virus en infectant des plants sains. A noter que ce virus ne se transmet pas par la semence, les outils de taille et le contact. Sur courgette, le virus est très épidémique et progresse rapidement (5% par mois) et particulièrement dans les


zones ou le vecteur est présent (B. tabaci). Comme pour tous les virus des plantes, il n’existe pas de moyen connu pour guérir une plante infectée. La gestion est donc basée sur la prophylaxie et en particulier l’utilisation de matériel sain certifié, l’élimination des plantes malades et le contrôle des populations d’aleurode.

Précautions à prendre pour la campagne prochaine

Le problème des virus est d’autant plus grave qu’il n’existe aucune méthode de lutte curative. Lorsque l’on détecte les premiers symptômes sur une plante, il faut l’éliminer aussitôt, mais souvent, l’épidémie est déjà en cours de développement. En absence de variétés résistantes à ce virus, les mesures recommandées par les professionnels pour la prochaine campagne sont les suivantes : - Reserrer les contrôles sur le vecteur de cette maladie, Bemisia tabaci, avec un renforcement des stratégies et des mesures physiques (filet) et culturales, appuyées par d’autres approches biologiques, chimiques et biotechnologiques. - Essayer de planter plus tardivement pour éviter les dégâts de la mouche blanche vecteur du virus - Essayer dans la mesure du possible d’opter pour des cultures sous abris serre avec une bonne étanchéité. Autrement dit la courgette doit être conduite dans les mêmes conditions que celles de la tomate car vu l’ampleur de tous ces problèmes, la culture de la courgette de plein champ sera amenée à diminuer fortement. En effet, sous serre il est possible de contrôler les virus et d’assurer un bon rendement, - Travailler en protection intégrée avec Nésidiocoris l’ennemi naturel qui aide à contrôler Bemisia Tabaci à 0.5 individus par m²

jusqu’à fin mars, car à partir de cette date ces auxiliaires se multiplient beaucoup et provoquent eux mêmes des dégâts sur le fruit de la courgette. A noter que les Nesidiocoris sont prédateurs d’aleurodes surtout les œufs et les larves ainsi que de nombreux autres ravageurs comme les pucerons, les acariens, les thrips et les œufs de papillons nocturnes. - Multiplier les pièges comme les plaques jaunes à l’intérieur de la serre en veillant à en placer aussi au-dessus des plantes. - En plus de l’étanchéité de la serre, il est préférable de placer le P17 pour augmenter la protection de la plante. Pour le plein champ, le P17 a lui seul ne suffit pas, surtout pour les plantations précoces des mois de septembre et octobre. Ceci poussera probablement les producteurs à changer leur date de plantation l’année prochaine pour éviter les problèmes (mouche blanche, hautes températures, …) durant cette période. - Installer des brises vent (filets) chaque 50 mètre pour éviter les blessures de la courgette.

Choix variétal

Les variétés de courgette noire disponibles sur le marché couvrent cette campagne une superficie totale d’environ 2.300 Ha. Les variétés qui continuent à dominer la production sont notamment Naxos de Syngenta (60 % de parts de marché), suivie de Milenio (14 %). D’autres variétés avec plus de résistances notamment aux virus et à l’oïdium commencent à prendre des parts de marché de plus en plus importantes (26%) : Dark Queen (4 %) de Fito Semillas, Sonia (4%) de Med Hermes, Prometheus (3,6 %) de Syngenta, Sinatra(3,3 %) de Clause, Kaysser (2,3 %) d’Enza Zaden, Cyros de Syngenta et Fidela de Vilmorin avec (2%) etc.

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Conduite de la culture de courgette

En pratique, les paramètres culturaux optimaux les plus importants pour une culture de courgette sont : - ph du sol : 5,5 à 6,5, - Humidité relative : 70%, - Température du sol : 10-15°C, - Température aérienne nocturne : 1518°C, - Température aérienne diurne : 2430°C, - Intensité lumineuse en lux : 15000 à 40000, - Fréquence d’irrigation élevée, dose d’irrigation modérée.

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La fertilisation

La quantité d’engrais à apporter dépend : - des résultats d’une analyse de sol récente - du type de sol (sablonneux, contenu en humus…) qui déterminera en grande partie, la disponibilité des éléments nutritifs - de la culture précédente et des éléments nutritifs résiduels présents et disponibles dans le sol avant que la production de courgette d’été ne commence - des conditions climatiques (taux d’évaporation, …)

Une production de courgette d’été avec un rendement estimé de 50 tonnes par ha nécessitera approximativement 220 kg d’azote (N), 110 kg de phosphore (P2O5), 300 kg de potassium (K 2O), 75 kg de calcium (CaO) et 30 kg de magnésium (MgO) par ha. Tenant compte des analyses récentes du sol et des niveaux de ces nutriments, les quantités nécessaires peuvent être calculées et appliquées. Il est fortement recommandé d’apporter des engrais pendant la période de production. L’azote, en particulier, doit être apporté en plusieurs apports. Mais il faut éviter les apports excessifs qui provoquent une forte croissance végétative. S’il y a un déficit connu de micronutriments alors ceux-ci peuvent être apportés avant que la production commence.

Conseils de fertigation :

- La fumure préconisée est comme suit : N(120-160 U), P2O5(60-80 U), K2O(100à120U). - Le tableau 1 résume l’équilibre à respecter entre les éléments minéraux essentiels.


- Pour une culture de courgette sans fumier et pour un extrait aqueux de volume ½ (sol/eau distillée), la salinité du sol et de la solution fille (SF) doivent être comme préconisé sur le tableau 2. - Mesurer l’EC (conductivité électrique) du sol chaque semaine. Si : + l’EC est faible ceci entraîne une vigueur excessive, des maladies, qualité médiocre du fruit (fermeté faible), gros calibre. + l’EC est élevée elle entraîne une tige faible, plante chétive, fruits avortés,

nécrose apicale, très bonne fermeté, petit calibre.

L’irrigation

L’irrigation, utilisant de l’eau de bonne

Tableau 1 Equilibre nutritif

N

P2O5

K2O

1

ère

phase de végétation (45 à 50 j)

1,0

0,7

1,1 à 1,3

2

ème

phase de maturation

1,0

0,9

1,5 à 1,7

Avec N à 2 unités/hectare/jour pour les deux phases.

Tableau 2 Paramètres

EC du sol en mm hos/cm

EC de SF en mm hos/cm

Phase végétative

0,5 à 0,7

1,5 à 1,8

Phase de maturation

0,8 à 1,0

2,0 à 2,5

qualité, doit être soigneusement planifiée de manière à parvenir à un équilibre entre la croissance végétative et la fructification qui en résulte. La croissance végétative doit être suffisante pour soutenir une croissance générative optimale, entraînant des rendements élevés de fruits de bonne qualité. L’eau d’irrigation doit être douce et avoir un niveau d’EC inférieur à 2 Millimhos. En effet, la salinité élevée inhibe la croissance des plantes. Les éléments fertilisants dissous dans l’eau peuvent provoquer une élévation de la CE et aggraver le problème. Pendant la période de récolte, les courgettes d’été ont besoin de cueillette fréquente et, par conséquent, un arrosage soutenu et des apports supplémentaires d’engrais sont nécessaires.

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Culture

Adaptation progressive d’une culture délicate La production de haricot comme toute culture maraichère, connait un certain nombre de contraintes agronomiques liées à la production sous serre et à la post-production (conditionnement, transport et commercialisation). En hiver, le cycle de production est long et varie selon la longueur des journées pour des semis entre mi-novembre et décembre. Il faut compter 80 jours entre le semis et le début des cueillettes et au moins 80 jours de récolte pour réaliser des rendements qui peuvent atteindre 30 tonnes export/ha avec près de 10% d’écarts. En période estivale (semis entre mi-avril et mai), le cycle de production est plus court, soit 45 jours entre le semis et le début des récoltes avec une période de récolte d’au plus 60 jours et en une moyenne de 20 tonnes/ha (15% d’écarts).

Difficultés de la production

La difficulté de la production est liée à la conjonction de plusieurs facteurs qui sont essentiellement : les conditions climatiques (froid, chaleur, hygrométrie…), l’état phytosanitaire de la culture (maladies, ravageurs) et l’état d’infestation des sols (virus SBMV, nématodes et champignons). En hiver, plus la température est basse plus la pollinisation se fait mal et le pourcentage de fruits déformés augmente. On assiste même à des chutes de fleurs. D’ail-

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leurs, cette campagne est caractérisée par une légère diminution des rendements due au temps froid qui a sévi dans la région. Par ailleurs, plus l’hygrométrie est élevée plus les conditions sont favorables à l’installation des maladies fongiques, notamment la pourriture grise, l’alternaria, l’anthracnose et l’oïdium. En été, le premier problème de la culture est le (TYLCV)TomatoYelow Leaf Curved Virus, ce virus qui est transmis par la mouche blanche (Bemisia tabacci), et qui affaiblit la plante et la rend trèssensible aux

attaques fongiques (ex :phytium, rhizoctonia). Il faut signaler que les traitements par les fongicides sont inutiles puisqu’il s’agit d’une attaque secondaire, erreur dans laquelle tombent beaucoup de producteurs. Le deuxième problème est l’état d’infestation des sols par les nématodes très actifs dans les sols sablonneux et par temps chaud, causant des chutes de production considérables. La culture du haricot peut également être affectée par les maladies fongiques (oïdium), les attaques d’acariens rougeset les pucerons.


NB : le virus SBMV (Southern Bean Mosaique Virus) est l’ennemi N°1 du haricot, connu depuis 2003 dans quelques fermes. Aujourd’hui il commence à prendre de l’ampleur.

les visites imprévues des représentants de certaines centrales d’achats. Cependant, globalement, les prix de cette campagneétaient assez bons.

Difficultés de la commercialisation

Logistique

Les difficultés de commercialisation rencontrées par les exportateurs cette campagne sont de plusieurs ordres : - Adaptation de l’offre à la demande qui malgré le respect d’un calendrier de production tout au long de l’année connait souvent de sérieuses fluctuations en terme de volume selon le climat. - La commercialisation à l’export du haricot est assujettie à un cahier des charges très sévère en termes de qualité, réglementations phytosanitaires et exigences de certifications. Ajouter à cela

La part de la production destinée à l’exportation est importante. Elle représente 80 % des volumes de haricot filet et 100 % de ceux du haricot coco plat. Les volumes revenant à l’industrie et au marché local sont donc réduits. L’essentiel des exportations est destiné au marché européen, notamment l’Espagne pour le haricot plat, et la France et la Hollande pour le haricot filet. Les haricots étant très fragiles, ils doivent être acheminés le plus rapidement possible vers leur destination. Ils sont transportés par camion frigorifique qui prennent

deux à trois jours via le port de Tanger jusqu’au marché de Perpignan. Dans ce cas, la température conseillée est de 4°C et l’hygrométrie de 95 % car, à des températures plus basses ou plus élevées ou lors de fluctuations de température, le produit subit un brunissement, d’abord sur les extrémités puis partout sur la gousse. Il n’est d’ailleurs pas conseillé de transporter le haricot filet dans le même camion que la tomate ou

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d’autres produits qui n›ont pas les mêmes exigences de température et d›humidité relative. Lorsque les conditions de conservation sont très favorables, il ne perd en qualité qu›après quatre à cinq jours.

La main d’œuvre

Le haricot vert est une culture à cycle court. On peut ainsi réaliser deux cycles de production par an. L’échelonnement des dates de semis dans les exploitations est une approche nécessaire pour réguler les volumes des récoltes et gérer les flux de main d’œuvre. A noter que le problème de la gestion de la main d’œuvre a été accentué ces dernières années par l’augmentation des superficies des framboises dans la région qui demandent énormément de main d’œuvre pour leur récolte. Aujourd’hui, la disponibilité de la main d’œuvre, qui était un atout que le Maroc exploitait efficacement pour prendre avantage sur ses concurrents, devient un facteur limitant pour ce type de culture surtout entre les mois de décembre à mars, période de pic des récoltes des fruits rouges. Certains producteurs essayent de fidéliser leurs équipes d’ouvriers, tandis que d’autres tentent de ramener des ouvriers des autres régions. Ils jouent également sur le côté technique en adoptant une conduite qui favorise le génératif de la plante afin d’avoir un plant moins végétatif qui nécessite moins d’interventions. A noter que quand les prix du marché sont faibles, il arrive que le coût de la récolte dépasse le prix de vente.

Evolution de la culture

Au début des années 2000, la culture du haricot dans la région du Souss a suscité l’intérêt de nombreux maraichers espagnols, hollandais, anglais et marocains pour plusieurs raisons :

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- Les prix attrayants à l’export - La proximité du marché espagnol, destination prédominante dans l’export - Les coûts de production modérés, main d’œuvre bon marché, culture peu exigeante en étanchéité de serre et moins gourmande en intrants, prix de la semence pas cher. - Le manque de financement qui a poussé la plupart des producteurs de tomate à se convertir au haricot Ces dix dernières années, les superficies en haricot ont connu une stagnation suivie d’une régression motivée par : - Moyennes des prix export peu attrayantes - Marché espagnol très concurrentiel - Couts de production en nette hausse avec la syndicalisation de la masse ouvrière (baisse des rendements de la main d’œuvre), monoculture de haricot qui l’a rendu sensible à diverses maladies et virus peu connus auparavant (oïdium, maladies vasculaires, virus SBMV etc.). - La bonne étanchéité de la serre est devenue primordiale Les nouvelles exigences agronomiques des producteurs marocains, des consommateurs et distributeurs Les exigences agronomiques en termes de qualité et de veille sanitaire sont les conséquences directes et indirectes des exigences imposées par la commercialisation que sont les certifications (Global Gap, Tesco Natural Choice et BRC) avec tout ce que cela impose en termes de documentation de traçabilité et les exigences phytosanitaires avec un rythme soutenu d’analyses de résidus tout en respectant les réglementations en vigueurs au Maroc et en Europe. Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Conduite

La culture de l’oignon

Des améliorations s’imposent Au Maroc, l’oignon couvre chaque année une superficie estimée à près de 19.000ha, majoritairement dominée par les variétés OP qui présentent de nombreux inconvénients tels : le faible taux de germination, la forte hétérogénéité des bulbes produits, la différence de précocité sur la même parcelle… Le mode de conduite reste traditionnel pour la plupart des exploitations. Ce type de conduite ne favorise pas la mécanisation de la culture (semis, irrigation, récolte) sachant que le problème de la main d’œuvre se pose avec de plus en plus d’acuité. Contrairement aux variétés populations, les variétés hybrides (1500 ha actuellement) présentent de nombreux avantages : - important taux de germination assuré, - taux de conformité supérieur à 90%, - qualité du bulbe, - coloration, - rendement, - résistances aux maladies, - longue conservation, - possibilité de contrôler la précocité ou la tardivité... Au Maroc, les semenciers s’efforcent de fournir aux producteurs de chaque région les variétés qui correspondent le plus à leurs attentes et aux contraintes de production qui se posent à eux. Les variétés hybrides ouvrent donc de nouveaux horizons aux agriculteurs marocains. En effet, à l’exemple de l’Espagne, pays grand exportateur d’oignon, le Maroc qui bénéficie d’une meilleure précocité, pourrait bien développer ce créneau vu la forte demande sur le marché international en bulbes frais de calibre bien défini. A l’image de la carotte, l’évolution vers les va-

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riétés hybrides d’oignon est inévitable pour les producteurs marocains vu les avantages indéniables qu’ils procurent. Cependant, les producteurs doivent évoluer également vers des pratiques culturales plus adaptées qui permettent aux hybrides d’exprimer pleinement leur potentiel. L’optimisation de la gestion de la culture pour une production satisfaisante en rendement et en qualité repose sur l’amélioration des principales opérations culturales comme la préparation du sol, le semis, le désherbage, la protection contre les ravageurs,… L’un des problèmes à résoudre reste le semis à la volée. Traditionnellement, la culture d’oignon commence par un semis des graines dans une aire d’élevage, à partir du mois d’octobre. Au bout de trois mois, les plantules, qui doivent avoir une taille homogène et un calibre régulier, sont repiquées dans les parcelles destinées à la plantation. Ces différentes opérations entraînent des frais importants. Or, le semis direct ne nécessite pas de transplantation des bulbilles. D’où la réduction du taux de mortalité des plantules et des

charges inhérentes à une double plantation. Le semoir permet la mise en place des semences à une profondeur (bonne germination) et à une distance régulières, et de ce fait un meilleur développement des bulbes (bonne aération et bon accès à la lumière, d’où une moindre incidence des maladies). Grâce à la mécanisation du semis, certains producteurs arrivent à semer plusieurs hectares par jour, avec une densité plus élevée, et un rendement atteignant les 100 t/ha. La mécanisation du semis permet, en plus de la réduction des coûts de main d’œuvre et de la quantité de semences utilisées, de profiter des avantages de l’irrigation goutte à goutte et de la fertigation. Il est vrai que pour les régions qui se caractérisent par des petites parcelles de 1 à 2 ha, l’introduction du semoir reste un peu coûteuse. Cependant, moyennant une organisation en coopérative par exemple, les producteurs pourraient bénéficier de ce matériel subventionné. Le semoir et les semences hybrides sont ainsi rapidement amortis grâce à l’amélioration des rendements et de la qualité commerciale des bulbes. Cependant, les avantages ne sont pas seulement d’ordre économique. En effet, en plus du gain de temps, la mécanisation du semis, assure une tranquillité quant à la disponibilité de la main d’œuvre, un souci majeur pour les producteurs. A noter que pour les aider à réussir la transition vers les variétés hybrides, à mieux gérer leurs parcelles et à dépasser les contraintes de production, les principaux semenciers organisent des journées d’informations dans les principales régions de production et mettent des équipes de terrain à la disposition pour leur fournir le conseil et l’accompagnement nécessaires. Ces variétés performantes ouvrent de nouveaux horizons aux agriculteurs marocains. En effet, à l’exemple de l’Espagne, pays grand exportateur d’oignon, le Maroc qui bénéficie d’une meilleure précocité pourrait bien développer cette activité vu la forte demande sur le marché international en bulbes frais de


calibres bien définis.

Contraintes de la filière oignon

• Faible niveau de technicité, d’où l’importance d’assurer un encadrement de proximité au profit des producteurs d’oignon ; • Problèmes de commercialisation. • Le stockage traditionnel de l’oignon qui engendre des pertes très importantes pouvant aller jusqu’à 40% de la production ; • L’absence d’une organisation professionnelle de la filière oignon, ce qui laisse la place aux intermédiaires pour tirer profit de la plus-value dégagée de

la production. D’où l’intérêt de l’organisation des producteurs d’oignon dans le cadre d’organisations professionnelles agricoles (associations, coopératives, GIE), ou leur adhésion à des projets d’agrégation pour remédier, entre autre, aux problèmes de stockage et de commercialisation ;

(moins de repousse) - adaptation à la récolte mécanique (plus particulièrement pour les oignons de jour court). - réponse aux attentes des consommateurs finaux en termes de gout (doux, piquant…), de qualités nutritionnelles et d’utilisations culinaires. A noter que la sélection de variétés hybrides d’oignon est très complexe et nécessite beaucoup de temps d’évaluation. Cependant, le recours aux techniques d’assistance moléculaire améliore considérablement les chances de réussite.

Les efforts de recherche sur l’oignon concernent plusieurs axes : - les performances agronomiques : pour créer des variétés hautement productives (économes en eau et en engrais, tolérantes au froid et à la sécheresse, résistantes aux maladies). - allongement des durées de stockage, - amélioration du niveau de dormance

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Protection des cultures

L’oïdium de la tomate Connaître les pathogènes pour une meilleure lutte

Les techniques culturales et les méthodes de lutte ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies, mais de l’avis des professionnels, la gestion phytosanitaire des cultures est une tâche qui devient de plus en plus ardue et qui doit reposer sur la connaissance exacte de chaque ennemi. Que ce soit sous serre ou en plein champ, la culture de la tomate peut être attaquée par de nombreux champignons à dissémination aérienne et/ou souterraine. Ci-après une brève description de l’une des principales maladies cryptogamiques aériennes rencontrées sur tomate cultivée sous abri ou en plein champ : l’Oïdium. Transportés, entre autres, par le vent, la pluie ou par contact, les spores des champignons se disséminent et se déposent sur les plants

de tomate. Là, profitant de conditions favorables, elles germent et pénètrent les tissus, par voie naturelle ou en profitant des blessures causées par d’autres parasites. Après une période d’incubation, les champignons se développent et les premiers symptômes apparaissent : feuilles nécrosées, rameaux tachés... La plante s’affaiblit, meurt parfois.

Les agents de l’oïdium

Les pathogènes responsables de l’oïdium sont, contrairement aux autres champignons, souvent spécifiques d’un nombre restreint voir d’une seule plante hôte. En revanche, une même plante hôte peut être infectée par plusieurs pathogènes causant l’oïdium. Pour la tomate, trois champignons sont connus pour l’infecter et causer l’oïdium : Leveillula taurica, Oidium neolycopersici, et Golovinomyces orontii. Contrairement à d’autres pathogènes, les champignons causant l’oïdium ne forment pas de spores persistantes assurant leur survie en absence de la plante hôte. Ils ne peuvent se multiplier que sur des plantes hôtes vivantes. Ils survivent à la période sans tomate, entre deux cultures, sur d’autres plantes hôtes qui sont résistantes au froid. Dans les cultures de tomate sur substrat, cette période devient de plus en plus courte ce qui augmente le risque d’une transmission de l’oïdium de la culture précédente sur 44

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la nouvelle plantation. Ce risque est spécialement élevé sur les exploitations qui produisent leurs propres plants. Une autre source d’infection précoce est l’importation de la maladie avec les plants achetés, d’autant plus que le stade précoce de l’infection n‘est pas détectable à l’œil nu. De tels plants peuvent alors être introduits et distribués chez un producteur sans qu’il s’en rende compte.

Leveillula taurica

L’Oïdium de la tomate causé par Leveillula taurica est extrêmement polyphage. Ce parasite s’attaque à de nombreuses plantes appartenant à diverses familles. Les symptômes causés par L. taurica sont observés uniquement sur les feuilles. Ils se présentent sous forme de taches jaunes sur la partie supérieure de la surface foliaire avec un développement poudreux blanchâtre à la face inférieure. Ces taches peuvent être angulaires, plus ou moins diffuses. Elles sont limitées par les nervures et peuvent être confondues avec celles causées par la cladosporiose. Les parties atteintes brunissent ultérieurement, se nécrosent au centre, se dessèchent et se déchirent facilement. Souvent les feuilles attaquées perdent de leur consistance et le limbe peut se replier vers le haut. Contrairement à la plupart des champignons, les oïdiums n’ont pas besoin d’eau libre à la surface


des feuilles pour assurer la germination de spores, le contact de l’eau altérant les conidies. Pour Leveillula taurica, une humidité relative de 50 à 70% et une température comprise entre 20 et 25°C sont idéales pour son développement. Lorsque les conditions climatiques sont favorables, ce pathogène se développe très rapidement et devient alors difficile à contrôler sachant que les agents de l’oïdium, à l’instar d’autres maladies, prolifèrent fortement sous des conditions climatiques optimales pour la croissance de la tomate. L. taurica constitue une exception parmi les champignons qui causent l’oïdium. Il ne colonise pas seulement la couche superficielle des feuilles, mais pénètre bien dans la feuille qu’il traverse pour former des porteurs de spores qui sortent par les stomates à la face inférieure de la feuille. Cela conduit à une sporulation non pas à la face supérieure de la feuille (comme c’est le cas pour les autres champignons causant l’oïdium) mais à la face in-

férieure. Cependant, ce symptôme seul ne suffit pas pour distinguer L. taurica d‘O. neolycopersici. En cas de forte attaque ce dernier peut également se développer à la face inférieure de la feuille. La croissance de L. taurica à l’intérieur de la feuille le protège mieux des fongicides, ce qui augmente sa dangerosité.

Précautions

Etant donné la transmissibilité de la maladie entre de nombreuses plantes hôtes, il est recommandé de ne pas planter de jeunes cultures sensibles à proximité des vieilles cultures infectées. Il est conseillé aussi de procéder à un nettoyage du champ (élimination des restes de culture, des mauvaises herbes) en fin de culture. Par ailleurs, la surveillance pour déterminer les premiers symptômes est primordiale. En effet, une fois déclarées, cette maladie est difficile à contrôler. Il faut donc bloquer la maladie le plus tôt possible avec plusieurs traitements avant même l’apparition des premières taches d’oïdium. Il est souhaitable

d’alterner les familles chimiques pour éviter tout risque de résistance. Des études sont en cours pour tester l’intérêt de la lutte biologique avec des micro-organismes. Le parasite étant endophyte, il est conseillé d’utiliser des produits anti-oïdiums systémiques ou pénétrants. Le parasite sporulant à la face inférieure des feuilles, il y a intérêt à ce que les traitements soient exécutés avec un pulvérisateur suffisamment puissant pour que la bouillie atteigne bien la face inférieure des feuilles.

Oïdium neolycopercisi

Contrairement à Leveillula taurica (l’oïdium interne responsable de taches chlorotiques), Oïdium neolycopersici est un oïdium externe qui produit immédiatement des taches poudreuses blanches sur les feuilles de tomate. Ces taches sont en fait des colonies qui couvrent plutôt la face supérieure que la face inférieure des folioles. Ce feutrage blanc est en fait constitué d’un réseau mycélien colonisant superficiellement

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L’oïdium de la tomate de plein champ

d’une plante à un pathogène étant très spécifique, une bonne résistance à O. neolycopersici n’est pas automatiquement aussi valable contre L. taurica.

le limbe, surmonté de nombreux conidiophores produisant des conidies hyalines isolées ou parfois en pseudo-chaînes de 4 à 6 spores lorsque l’humidité relative est élevée. De telles taches peuvent aussi être observées sur la tige. Les fruits ne semblent pas affectés. Cet agent forme une exception parmi les champignons qui causent l’oïdium. Il ne colonise pas seulement la couche superficielle des feuilles, mais pénètre bien dans la feuille qu’il traverse pour former des porteurs de spores qui sortent par les stomates à la face inférieure de la feuille. Cela conduit à une sporulation non pas à la face supérieure de la feuille (comme c’est le cas pour les autres champignons causant l’oïdium) mais à la face inférieure. Ce symptôme seul ne suffit pas pour distinguer L. taurica d‘O. neolycopersici. La croissance du champignon à l’intérieur de la feuille le protège mieux des fongicides, ce qui augmente sa dangerosité. Les tissus touchés finissent par devenir chlorotiques, brunir localement et se nécroser. Lors d’attaques sévères, le limbe est entièrement recouvert par le réseau mycélien du champignon et certaines folioles jaunissent et se nécrosent entièrement. Ce «nouvel» oïdium de la tomate émerge depuis plus de deux décennies dans de nombreux pays du monde (plusieurs pays d’Europe, d’Afrique, du Nord et d’Amérique du Sud et d’Asie), occasionnant des dégâts parfois considérables. Il affecte aussi bien les cultures sous abris que celles de plein champ. 46

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La lutte anti oïdium

Au début, les symptômes ne sont pas reconnaissables à l’œil nu, ce qui rend la détection de plants infectés difficile. Concernant la protection phytosanitaire, la culture de plein champ reste vulnérable parce qu’elle ne dispose pas des mêmes moyens de protection que la culture sous serre. Les plantes sont confrontées tout au long du cycle de production à de multiples risques phytosanitaires, notamment les maladies fongiques : Botrytis, oïdium et mildiou, surtout dans la zone côtière. Pour une bonne gestion des maladies cryptogamiques il faut alterner les matières actives afin d’éviter le phénomène de résistance. D’autres facteurs influencent également le choix variétal des producteurs notamment les résistances à la salinité, au transport (Long shelf life) et aux ennemis de culture surtout dans les zones affectées. Ainsi sont mis sur le marché des génotypes résistants ou tolérants à certaines maladies et ravageurs (dont le Tylc, l’alternaria, le mildiou et l’oïdium, ainsi que les maladies bactériennes). Les variétés résistantes permettent un contrôle phytosanitaire efficace tout en diminuant le recours à l’utilisation des pesticides. L’utilisation de variétés résistantes est un bon moyen de lutte pour limiter l’oïdium. Les sélectionneurs donnent des informations concernant la résistance de leurs variétés à l’oïdium en distinguant entre les deux espèces de pathogènes. Malheureusement, de telles variétés sont peu nombreuses et la résistance

La lutte fongicide joue alors un rôle primordial. Parmi les produits homologués, le groupe des inhibiteurs de synthèse de stérols (ISS) est le plus important, les strobilurines forment le deuxième groupe de fongicides synthétiques. Pour des raisons de stratégie d’anti-résistance, le nombre d’applications par parcelle et par année est limité. Plusieurs produits naturels, non-synthétiques, complètent l’arsenal de lutte contre l’oïdium (soufre, bicarbonate de potassium, …). Les produits naturels, contrairement aux produits synthétiques, ne sont pas systémiques, il s’agit de fongicides de contact purs. Donc une technique d’application optimale est encore plus importante. La technique d’application vise à couvrir la plus grande partie de la surface foliaire possible.

Quelques autres recommandations : - Dans le cas d’une production de plants par le producteur, celle-ci doit être séparée de la culture de tomates. - Lors de l’achat des plants, ceux-ci doivent être soigneusement inspectés à la réception. Les plants atteints doivent être éliminés, les plants restants doivent être traités avec un fongicide. Même dans le cas où aucun plant contaminé n’a été trouvé, il est recommandé de traiter les plants avec un fongicide. - En cas d’utilisation de variétés sensibles, celles-ci doivent être traitées préventivement avec des fongicides systémiques (ISS, strobilurines) tout au long de la période de croissance. - Inspecter régulièrement les cultures sur la présence de symptômes. Dès l’apparition de symptômes, il faut traiter avec un fongicide de contact. Peu de temps après, les plantes doivent être traitées avec un fongicide préventif.


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Phytoprotection

Insectes et température : après un hiver rigoureux aura-t-on moins d’insectes ? Prof. Hmimina M. - IAV Hassan II Rabat Les insectes, animaux les plus abondants et les plus diversifiés de la planète, vivent dans les déserts de glace et de sable, dans l’eau douce, près de volcans, dans les grottes ou très haut dans le ciel, bref presque partout de l’Antarctique glacé aux tropiques et même dans la mer où quelques espèces ont réussi à s’adapter à l’eau salée. Les conditions du milieu agissent d’une manière impérieuse sur leur mode de vie; la température est sans conteste le facteur qui a le plus d’effet sur leur activité. Les réactions des ces organismes aux températures ont retenu l’intérêt des chercheurs depuis plus d’un siècle. Et c’est ainsi que des études ont permis de montrer l’existence d’une perception de la température chez les insectes et de démontrer les mécanismes en jeu. Des thermorécepteurs, généralement situés sur les antennes mais aussi sur le thorax ou les ailes, renseignent l’animal sur la température environnante. Cependant, toutes les espèces n’ont pas la même réceptivité et ne réagissent pas de la même manière à la température.

Rappels : les insectes et la régulation de la température corporelle

Pour saisir les interactions insecte-température, il est important de rappeler certains principes. Les insectes sont des organismes à sang froid (poïkilothermes) : la température de leur corps instable varie avec celle du milieu. C’est le cas aussi des reptiles et des poissons. Cette particularité, appelée également hétérothermie, s’oppose aux organismes homéothermes, comme les oiseaux et les mammifères (animaux à sang chaud), capables de réguler leur température corporelle indépendamment des variations thermiques du milieu ambiant. La spécificité des ectothermes, c’est-à-dire animaux à source de chaleur provenant exclusivement ou presque de l’extérieur, fait des insectes des entités potentiellement

Puces des neiges

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plus sensibles et vulnérables aux changements climatiques, puisqu’ils dépendent de la température extérieure. Cette dépendance est tellement manifeste que certains insectes se révèlent de vrais thermomètres dans l’appréciation de la température ambiante. A titre d’exemple, le métabolisme des grillons est parfaitement affecté par la température de l’air, que leurs stridulations sont rigoureusement réglées par celle-ci. Pour mémoire, ces faits ont été formalisés par Dolbear en 1897 dans une loi qui porte son nom : T=50[(N-40)]/4 où T est la température en degrés Fahrenheit et N le nombre de pépiements par minute du grillon. Cette faculté de traduire la température en musique est très développée chez les cigales aussi. Ces Hémiptères, possèdent un appareil stridulatoire composé d’un appendice styliforme faisant vibrer une membrane tendue appelée timbale à la base de leur

Le métabolisme des grillons est parfaitement affecté par la température de l’air, que leurs stridulations sont rigoureusement réglées par celle-ci

abdomen. Leurs stridulations sont soumises à un rythme régulier et s’accordent synchroniquement comme obéissant à un chef d’orchestre invisible, qui n’est autre que la température. Parmi les insectes, certains sont capables de réguler leur température interne via des mécanismes endogènes de contrôle de la production et des échanges de chaleur avec l’environnement. On ne peut cependant pas parler d’endothermie stricte chez eux, puisque leur température interne n’est pas totalement indépendante de celle du milieu. Ainsi, chez les insectes, qui sont donc tous poïkilothermes, deux grandes catégories se distinguent selon la façon de réguler leur température : les ectothermes utilisant des mécanismes comportementaux et les espèces capables de mécanismes endogènes. Bien que les insectes présentent une forte dépendance à l’égard de la température du milieu, certains ont pu développer des stratégies de régulation thermique particulières. Par thermorégulation, ils maintiennent leur température corporelle dans une gamme restreinte par rapport aux conditions thermiques variables du milieu. Afin de mieux connaitre les effets de la température sur la vie des insectes, il est intéressant de comprendre le fonctionnement de cette thermorégulation. C’est un phénomène généralement discontinu, impliquant des changements dans la production, la perte et les échanges de chaleur avec l’environnement. Les échanges de chaleur entre l’organisme et son environnement sont régis par quatre grands mécanismes physiques : la conduction, la convection, la radiation et l’évaporation. Pour rappel, la conduction consiste en un échange de chaleur entre l’organisme et un matériau solide, un gaz ou un fluide statique. C’est un mécanisme d’échange


Zone

Température (°C)

Effet

Létale

50-60 45

Mort en quelques minutes Mort en quelques heures

Sous optimale

35 33-35

Arrêt de développement Développement ralenti

Optimale

25-33

Développement maximum

Sous-optimale

13-25

Développement modéré

Létalé

13-20

Arrêt de développement

5 -5 à-10 -15 à-25

Immobilité et mort en quelques jours Mort en quelques heures Mort en quelques minutes (congélation)

de chaleur souvent négligeable chez les insectes, notamment lorsque seuls les tarses des individus sont en contact avec le substrat. La convection est un mode de transfert de chaleur impliquant un déplacement de matière, généralement un fluide ou un gaz, entre les différentes parties de l’organisme ou entre l’organisme et le milieu. La radiation est un rayonnement capable de déposer de l’énergie dans la matière qu’il traverse. Enfin, l’évaporation qui est un transfert de chaleur par condensation des fluides au niveau de la surface de l’organisme.

Comment les insectes passent l’hiver pour se manifester parfois irrégulièrement ou à des moments indus ?

L’activité des insectes, rappelons-le animaux à sang froid, est réglée par la température suivant une échelle thermo-biologique divisible approximativement en trois intervalles répondant à des paliers d’activité différents. L’emprise de la température les rend actifs durant certaines périodes de l’année et inactifs à d’autres. Les niveaux de sensibilité aux basses températures sont liés à une variabilité d’origine comportementale, physiologique ou de fonctionnement des mécanismes biochimiques impliqués dans leur acclimatation au froid. Si l’on s’intéresse à l’éventail de températures que peut supporter un individu, la mesure des performances telles que la locomotion, l’assimilation, la croissance, le développement, la fécondité et la survie aux conditions thermiques constituent des procédés appropriés et largement utilisés. Ces courbes révèlent classiquement une forme en «cloche» généralement asymétrique, où dans sa première branche les performances augmentent, puis dans sa seconde branche décroissent rapidement avec l’augmentation de la température. Ces courbes de performance sont un outil efficace pour comprendre l’évolution de la sensibilité thermique des ectothermes, la répartition spatiale des individus et l’impact des changements climatiques. L’espèce, le stade de développement, le substrat alimentaire ont une influence décisive sur la réponse à la température.

Les insectes, cependant si nombreux, ont des modes de fonctionnement et d’adaptation si variés qu’il est difficile de généraliser leurs réactions aux facteurs environnementaux. Mais dans leur ensemble, ils suspendent toute activité au-dessous d’un certain seuil thermique spécifique. Et pour prévenir tout engourdissement létal, ils ont développé trois moyens d’assurance pour survivre. Ils peuvent soit migrer, soit endurer le froid et rester sur place, soit déjouer la mauvaise saison par des adaptations particulières. La migration, assez peu commune, car peu d’insectes se déplacent sur de grandes distances, concerne notoirement certains Lépidoptères et Orthoptères. La deuxième stratégie est développée par des insectes dits résistants au froid et supportant physiologiquement la congélation. Cette stratégie est peu courante, sauf pour quelques rares exceptions. Chez les insectes qui tolèrent la congélation, la formation de glace dans leur organisme se fait de façon bien spéciale grâce à une protéine de nucléation présente dans leur fluide organique. Ils peuvent demeurer congelés pendant des mois, puis reprendre leurs activités une fois dégelés. En outre, de nombreux insectes peuvent s’adapter rapidement au froid pour une courte période en éliminant les excréments et l’eau de leur organisme. Ils peuvent ainsi survivre à des températures pouvant descendre jusqu’à -15°C. Dans la pratique, en matière de désinsectisation par congélation, la règle de base consiste à exposer les insectes aux températures les plus basses possible, le plus rapidement et le plus longtemps possible. On recommande une exposition à -20°C pendant une semaine. En matière de lutte contre le froid, c’est la dernière disposition qui est la plus ordinaire : déjouer le froid, ou plus précisément restreindre

toute activité en période hivernale. Pour cela, la diapause est une sorte de sommeil salvateur. Durant le plus ou moins long repos que se maintiendra la diapause, phénomène programmé génétiquement et sous influence combinée de divers facteurs, de quelques semaines à quelques mois et dont les insectes s’apprêtent bien à l’avance car le processus d’adaptation à l’hiver prend des semaines et débute lorsque les jours deviennent moins longs, l’activité métabolique est fortement ralentie sans que cela ait de répercussions sur la conservation et leur survie. Pour s’y préparer, l’insecte, préalablement averti par des signaux externes annonciateurs de la mauvaise saison (photopériode, température, alimentation…), accumule des sucres et des graisses, produit des composés antigel (comme le glycérol, molécule empêchant la constitution de cristaux de glace et remplaçant l’eau dans et autour des cellules) et certaines protéines évitant aux cellules et aux tissus vivants de geler, ce qui serait fatal à l’organisme. C’est un vaste sujet qui mériterait un développement qu’il serait bien inadéquat à produire dans une revue non spécialisée mais dont voici tout de go les grandes lignes.

Températures et hibernation des insectes

Selon les espèces, l’hibernation peut avoir lieu sous n’importe quelle forme (œuf, larve, nymphe, adulte). Cependant les stades les plus appropriés à la conservation sont l’embryonnaire, le larvaire et le nymphal. Les imagos subissent une diapause imaginale, qui consiste en une suspension des fonctions de reproduction. Pour augmenter davantage leurs chances de survie hivernale, certains insectes ont développé d’autres capacités supplétives améliorées. A titre d’exemple, les larves du parasite Aphidius nigripes (Hym. Aphidiidae) utilisent le puceron de la pomme de terre, qui leur sert d’hôte, en influençant son comportement de sorte qu’il cherche des sites à l’abri du froid pour son parasite. Ainsi, quand arrivera le temps d’affronter la rigueur hivernale, le parasite aura de bien meilleures chances de survie grâce à sa diapause et au

Parfois, la diapause n’est pas levée et peut se prolonger sur plusieurs années (deux à cinq ans), comme pour le balanin des châtaignes (Curculio elephas) Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Insectes et température

lieu choisi par son hôte. Autre exemple, les larves de Coléoptères tels certains Scarabéidés et Elatridés, stades aux capacités de déplacement bien limitées, s’enfouissent dans le sol pour prévenir le gel, et, s’enterrer de quelques dizaines de centimètres équivaut à un gain thermique appréciable que seule une migration de quelques centaines de kilomètres vers des zones plus douces apporterait. Même la neige peut servir de refuge en offrant aux insectes une couche isolante qui les protégera du froid et des prédateurs, jusqu’au retour du printemps. Pour quelques rares insectes, l’activité se poursuit sur la neige où il arrive de voir en plein hiver de minuscules animaux ressemblant à des grains de sable, des collemboles du genre Hypogastrura communément dénommés puces des neiges, faire leurs originales acrobaties. En fonction de leurs besoins écologiques, les insectes peuvent avoir des arrêts d’activité inscrits dans leur cycle à n’importe quelle période de l’année : repos hivernal, repos printanier, repos estival, repos automnal. Ces conduites vis-à-vis du climat dénotent l’impact des variations de température et de la photopériode sur l’ensemble des caractéristiques biologiques des espèces et leurs relations avec leur environnement. En entrant en diapause, l’insecte synchronise plus ou moins parfaitement son cycle de vie avec son environnement. Il ne reprend ses activités que lorsque ses ressources (plantes hôtes, proies) redeviennent disponibles et que les températures lui sont de nouveau favorables. Ce sont souvent les œufs, les larves ou les nymphes qui passent la mauvaise saison en diapause, en puisant sur les réserves accumulées. Chez d’autres espèces, ce sont les adultes qui hibernent. C’est le cas des coccinelles qui se regroupent en agrégats dans des refuges d’où elles ne sortiront plus pendant toute la mauvaise saison. Le Paon du jour, la Grande tortue, la Piéride, les moustiques, les punaises Gendarmes, le Perce-oreille, le Grillon des champs, quelques sauterelles, les bourdons, l’abeille, etc. sont actifs en plein hiver par des journées ensoleillées. Les insectes puisent la chaleur dans l’air ambiant ; mais s’ils ont à leur disposition suffisamment de ressources alimentaires, ils peuvent émettre de la chaleur, principalement grâce à l’activité de leurs muscles, dont une grande partie se trouve dans le thorax, d’où une température supérieure de celui-ci par rapport au reste du corps. A ce titre l’abeille est un exemple remarquable. Elle n’aime pas le froid et quand il pleut ou il gèle, elle reste dans la ruche. Prise individuellement, l’abeille se comporte comme un «animal à sang froid», alors que dans la ruche la colonie dans son ensemble se comporte comme un «homéotherme», car collectivement, dans la grappe qu’elles for50

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ment, les abeilles conservent une température constante plus élevée que l’air ambiant en hiver. Et plus la température est basse, plus la grappe se resserre pour garder sa chaleur. Comme la température est plus élevée au centre de la grappe, les abeilles changent constamment de place pour que chacune se retrouve régulièrement au point le plus chaud. Inversement, en été, elles régulent leur température par évaporation de l’eau, par ventilation et en se tenant moins entassées. Pour sortir de leur dormance, les insectes comptent sur leur horloge interne. Celle-ci mesure le temps écoulé depuis le début de l’hiver en « calculant » la quantité de froid cumulée depuis l’entrée en diapause afin de ne pas sortir d’hibernation en plein milieu de l’hiver. Parfois, la diapause n’est pas levée et peut se prolonger sur plusieurs années (deux à cinq ans), comme pour le balanin des châtaignes (Curculio elephas). Cette prolongation semble ne comporter que des désavantages, car plus la larve reste longtemps en diapause, plus elle dépense d’énergie et s’expose aux maladies et prédateurs. Mais en réalité, l’avantage se situe à l’échelle de la population tout entière : répartir les émergences sur une longue période permet de se prémunir contre les désordres liés à certaines années (sécheresse, manque de nourriture, prédateurs abondants, etc.) qui provoqueraient la mort de tous les individus.

ces insectes dont les scientifiques disent, témoignages fossiles à l’appui, que les moustiques qui nous importunent aujourd’hui demeurent pratiquement inchangés depuis 46 millions d’années ! Cela signifie qu’ils ont traversé victorieusement l’ère glaciaire d’il y a 2,5 millions d’années. Avec l’élévation ou la diminution des températures moyennes, les périodes d’activité des insectes s’allongent ou se réduisent. La répartition géographique des insectes est généralement limitée par les températures hivernales et estivales, et lorsque les conditions sont favorables au développement, ils apparaissent plus tôt dans l’année et se maintiennent plus tard. Ainsi avec le réchauffement, ils peuvent non seulement demeurer dans leur aire initiale, mais en plus se propager vers le nord. Ce dernier comportement explique certains cas d’invasion de nouveaux territoires par des espèces allochtones. Dans un article publié récemment dans la Revue Marocaine de Protection des Plantes, nous avons fait largement le point sur l’influence du réchauffement climatique sur les insectes. Relier température et développement est essentiel et trouve des applications directes en agronomie, en épidémiologie, en médecine légale, etc. Seuls problèmes, le choix du modèle et les processus permettant son ajustement aux données de terrain.

Les insectes et les changements climatiques

En protection de cultures l’expertise prend une dimension toujours croissante dans l’aide à la décision du producteur et tout au long de la chaîne phytosanitaire. Dans le contexte d’une agriculture compétitive et interpelée par la société sur ses pratiques, les modèles formalisent et synthétisent des connaissances scientifiques de base sur les ravageurs en faisant appel aux données météorologiques. Celles-ci sont essentielles au bon fonctionnement des modèles du fait de leur influence sur les bio-agresseurs. Ainsi l’anticipation de la pression parasitaire nécessite une connaissance précise de la biologie des organismes nuisibles, laquelle dépend étroitement des paramètres météorologiques. Les données météorologiques les plus utilisées en modélisation sont la température, l’hygrométrie, la pluviométrie (quantité

Dans la pratique, on évoque souvent les inconvénients et les avantages du froid et des grosses chaleurs sur les insectes. Les agriculteurs savent que les températures hivernales négatives ou estivales supérieures à 40°C éliminent de nombreux ravageurs. En 2016, année sèche et à hiver très doux, les insectes ont exceptionnellement bien hiberné, formant ainsi un gros réservoir de nuisibles (pucerons, tordeuses, cochenilles, tiques, acariens, mouches, moustiques…) qui ont sévi âprement dès début printemps sur les cultures et les foyers. L’exemple des pucerons des céréales en Europe est instructif. À la faveur du réchauffement climatique, ces insectes ont repoussé leur période d’activité de quelques semaines durant ces dernières décennies. Au grand dam des agriculteurs, ils demeurent même actifs tout l’hiver dans certaines régions. Au sujet des moustiques, ils sont restés remuants toute l’année 2016 alors qu’ordinairement dès début novembre leurs agressions se réduisent peu à peu et s’arrêtent l’hiver à notre grand soulagement. En revanche, à fin mai ces moustiques ont du mal à repartir, mais pas pour longtemps, en raison du froid hivernal de 2017. Car ce n’est guère méchant pour

Climat et modélisation des traitements phytosanitaires

Les larves du parasite Aphidius nigripes utilisent le puceron de la pomme de terre, qui leur sert d’hôte, en influençant son comportement de sorte qu’il cherche des sites à l’abri du froid pour son parasite.


tombée et à venir), les vents, la couverture nuageuse et l’ensoleillement, le gel, le taux d’humectation... Elles sont fournies par des stations équipées de capteurs et organisées en réseaux. Dans les pays où la modélisation est à la base des avertissements agricoles, ces stations sont implantées chez des agriculteurs qui les entretiennent et sont reliées au serveur par le biais de la liaison Internet des producteurs. Pour montrer la portée de la température sur les insectes nous mettons en avant deux exemples : les degrés-jour qui sont à la base d’une bonne gestion des ravageurs et la place des insectes dans les enquêtes médico-légales.

Degrés-Jour

En protection des cultures, des modèles utilisant les données météorologiques afin de suivre le cycle de certains insectes préjudiciables ou d’évaluer les risques de certaines maladies cryptogamiques dommageables existant depuis bien longtemps. Accommodant ainsi ces éléments dans un modèle, le moment où les traitements doivent être effectués est beaucoup plus précis. Il en résulte une utilisation réduite des pesticides et une protection conforme aux pratiques de la lutte intégrée. Ce qui améliore l’efficacité de la protection des cultures en matière de technique et d’attentes sociales. Dans ce contexte, la méthode la plus basique pour prédire le déroulement du cycle des insectes est l’utilisation des degrés-jour. La vitesse de leur développement et leur passage d’un stade à l’autre sont fortement dépendants de la température. Chez ces organismes, le taux de développement est d’un intérêt particulier car il va déterminer la dynamique des populations, notamment le nombre de générations par an et les dates d’émergence. L’insecte ne se développe que si la température ambiante dépasse un seuil (propre à chaque insecte). Le calcul des degrés-jour emmagasinés en une journée s’obtient en additionnant le minimum et le maximum atteints et en divisant ce résultat par 2 et, à la fin, en soustrayant la température seuil : [(Tmin + Tmax)/2)-Tseuil]. En cumulant ainsi les degrés-jour de la période que dure le développement de l’insecte, on peut produire son propre modèle du nuisible selon les caractéristiques du lieu. L’obligation est de disposer d’une station météo in situ. La construction d’une telle station, appelée abri thermométrique ou abri de Stevenson, est simple. C’est une petite cabane d’environ 90 cm de largeur sur 40 cm de profondeur posée sur un support de 120 cm de hauteur. Pour permettre une bonne circulation d’air dans ce caisson tout en gardant les instruments placés à l’intérieur à l’abri de la pluie, la porte, les cloisons latérales sont des persiennes et l’ar-

rière en bois. Le toit doit être plus large que l’abri. Les espaces vides comme le plancher, les espaces entre le toit et les côtés sont grillagés pour éviter que des oiseaux, des reptiles ou d’autres animaux viennent y loger. Lors de l’installation, les portes sont face au nord. L’équipement le plus simple à poser consiste en un thermomètre digital à minimum et maximum. Chaque jour, avant-midi, les températures maximum et minimum sont régulièrement notées dans un tableur Excel afin de constituer une base de données indispensable au calcul des degrés-jour. Il existe sur le marché des stations météo complètes, développées pour être utilisées en conjonction avec le système d’irrigation. Ces stations calculent le taux d’évapotranspiration et déterminent ainsi la quantité d’eau à appliquer sur le terrain. D’autres stations météo plus sophistiquées reliées à des ordinateurs sont commercialisées mais chères à acquérir et souvent difficiles à entretenir dans nos conditions.

Les enquêtes médico-légales

L’emploi des insectes dans les enquêtes pour homicide (entomologie forensique) est décisif dans le dénouement des crimes. En effet, peu de temps après le décès, divers micro-organismes corrompent le cadavre selon un processus organisé en cinq stades : cadavre frais, cadavre en putréfaction, cadavre en fermentation, cadavre desséché et finalement état de squelette. La vitesse à laquelle un cadavre passe par chacune de ces étapes dépend de certains facteurs comme le climat, la taille, le poids du corps, s’il a été déplacé ou enterré. La présence et l’action des insectes influence aussi le processus de décomposition et chaque étape attire différents types d’organismes. En observant les patterns de décomposition et en récoltant les insectes présents sur la dépouille, les enquêteurs tirent des conclusions sur les circonstances et le moment de la mort. Il y a deux méthodes pour estimer l’intervalle de temps depuis la mort ou « intervalle post-mortem » : 1) l’analyse des vagues successives d’apparition des insectes et 2) l’examen de l’âge et du développement des asticots. La succession des insectes est utilisée si la mort remonte à un mois ou plus. Le développement des asticots est utilisé lorsque la mort a eu lieu moins d’un mois avant la découverte du corps. La méthode par analyse de la succession des insectes utilise le fait qu’un cadavre alimente un écosystème se modifiant rapidement lorsqu’il se décompose. Lors de la décomposition, les corps sont soumis à des changements physiques, biologiques et chimiques et ces différentes phases attirent des espèces d’insectes différentes. En effet, 8 escouades de nettoyeurs se succèdent dans le temps : 1) les Diptères des genres Musca, Calliphora et

Abri thermométrique ou abri de Stevenson

Centoxevra ; 2) les Diptères Lucilia et Sarcophaga ; 3) les Coléoptères Dermestes et les Pyrales Aglossa ; 4) les Diptères Pyophila et Anthomyia, les Coléoptères Necrobia ; 5) les Diptères Ophyris, Phora, Lonchea, Necrophorus et les Coléoptères Saprinus et Hister ; 6) les Acariens Uropoda, Traechynolus, Tyroglyphus ; 7) les Diptères Aglossa, les Lépidoptères Tineola et les Coléoptères Attagenus ; 8) les Coléoptères Tenebrio. Les Diptères Calliphoridea (mouches vertes et bleues) et les Sarcophagidae (mouche à viande) peuvent se présenter dans les 24 heures après la mort selon la saison ou en quelques minutes si du sang ou d’autres fluides corporels sont présents. D’autres espèces, comme les Piophilidae (mouches du fromage), ne sont pas intéressées par les cadavres frais, mais y viennent plus tard. Certains insectes ne recherchent pas directement le corps, mais viennent pour se nourrir des autres insectes présents. Comme cité ci-dessus, plusieurs espèces sont impliquées à chaque étape de la décomposition et il est possible que des groupes d’insectes se croisent. Par sa connaissance de la faune entomologique locale, des périodes de colonisation et des conditions thermiques, l’entomologiste légal peut déterminer la période de temps et la saison à l’intérieur de laquelle la mort a eu lieu. En conclusion, la température constitue le facteur clé de l’environnement responsable du climat, donc de la composition des communautés écologiques terrestres. Ce facteur est particulièrement crucial pour les ectothermes, car l’absence de régulation thermique et souvent leur petite taille, les obligent à endurer et à tolérer la température ambiante qui, en l’absence de thermorégulation, se répercute directement sur leur température corporelle. Ceci est particulièrement vrai pour les insectes qui, de par leur durée de développement généralement courte, vont avoir plusieurs générations au cours de la saison, chacune soumise à des conditions climatiques différentes. Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Phytosanitaire

Prévenir et gérer les résistances des bioagresseurs aux produits phytosanitaires L’évolution de la sensibilité (=résistance) de microorganismes pathogènes, d’adventices ou de ravageurs des cultures à certaines matières actives est un sujet de préoccupation majeur pour tous les professionnels de l’agriculture. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Oui, il est possible de préserver l’efficacité des modes d’action fongicides, herbicides ou insecticides en respectant quelques principes simples. Du laboratoire au champ, BASF s’engage fermement dans la lutte contre les résistances. Résistance aux produits phyto : de quoi parle-t-on ?

Pour prévenir et gérer le développement des résistances, il est essentiel de bien en connaître les mécanismes.

Les enjeux pour aujourd’hui et pour demain

L’enjeu de la lutte contre les résistances est de préserver sur le long terme, l’efficacité et la diversité des solutions de protection des cultures proposées aux agriculteurs. • Plusieurs familles de produits ont été, et seront, interdites au fil des révisions successives des substances actives ; • L’innovation en matière de modes d’action est de plus en plus difficile ; • Les critères d’homologation de nouvelles matières actives sont de plus en plus complexes. Cependant, les pressions réglementaires sont un frein supplémentaire au renouvellement du portefeuille et les mesures de

bonnes pratiques phytosanitaires sont essentielles pour maintenir l’efficacité des solutions existantes. Pour ne pas aboutir à des impasses techniques, il est donc essentiel que les différents acteurs de la filière agricole mettent en place de manière concertée, des stratégies de protection des cultures intégrant la prévention et/ou la gestion des résistances.

La résistance : une caractéristique naturelle

Une population d’une espèce donnée n’est pas un système homogène et figé mais un ensemble d’organismes vivants présentant une grande diversité. Cette diversité se traduit par une variabilité des caractères de l’espèce. Certains de ces caractères confèrent aux individus qui les possèdent un avantage compétitif sur leurs semblables. C’est par exemple le cas du caractère « succès de reproduction ». Ou, pour le sujet qui nous intéresse, du caractère « sensibilité » à un produit phytosanitaire. La résistance est,

dans ce cas, la capacité - naturelle et transmissible - de certains individus à survivre à l’exposition à ce produit, lequel, s’il est correctement appliqué, permet le contrôle efficace du reste de la population.

La résistance : effet de la pression de sélection

Comment expliquer que des populations entières de microorganismes pathogènes, d’adventices ou de ravageurs soient résistantes à telle ou telle substance active ? Ce résultat s’explique par la pression de sélection exercée par des applications répétées d’une même matière active / d’un même mode d’action fongicide / d’un même produit : ce mécanisme favorise progressivement les individus peu ou plus du tout sensibles à ces produits au détriment des autres.

L’exemple du mildiou de la vigne

Le mildiou de la vigne est le résultat d’une infection provoquée par un microorganisme assimilé à un champignon : Plasmopara viticola. Les spores de la population de Plasmopara viticola présentent de façon naturelle une variabilité de leur sensibilité à une matière active fongicide donnée. C’est ce que nous appelons la sensibilité de base. Parmi l’ensemble de ces spores, une spore résistante est présente en fréquence très faible dans la population. Présentes en très petit nombre au départ, les spores résistantes vont peu à peu se développer au détriment des plus sensibles par le jeu de croisements génétiques sous l’effet des applications répétées d’un même mode d’action fongicide.

Résistance aux produits phyto : les mécanismes en jeu

La résistance aux matières actives phytosanitaires fait appel à des mécanismes biochimiques, physiologiques ou compor52

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tementaux pouvant être très complexes. Attention, tout échec au champ n’est pas synonyme de résistance ; un diagnostic doit être établi au laboratoire. On distingue trois catégories de mécanismes de résistance aux matières actives ou aux familles chimiques phytosanitaires :

• Les mécanismes biochimiques: ils

mettent en jeu les cibles biochimiques des matières actives ou les matières actives elles-mêmes. • Les mécanismes physiologiques: ils réduisent la pénétration du produit dans l’organisme cible. • Les mécanismes comportementaux: ils réduisent l’exposition des individus au produit.

Les mécanismes biochimiques de résistance chez un microorganisme fongique

1. Résistance par modification de la cible La cible d’un produit phytosanitaire (site d’action) est généralement une protéine - dite «protéine-cible» - nécessaire au développement du bioagresseur. C’est le cas par exemple des fongicides de la famille des IDM (inhibiteurs de la déméthylation) qui agissent en inhibant l’une des enzymes impliquée dans la synthèse de l’ergostérol, composé spécifique de la membrane cellulaire des champignons, indispensable à son intégrité. Il peut arriver qu’une mutation modifie la structure de cette protéine cible, empêchant la matière active de se fixer normalement et de jouer son rôle d’inhibiteur. Les individus d’une population qui possèdent ce caractère sont alors résistants à la matière active. Chez les agents pathogènes de plantes, l’évolution de la sensibilité aux fongicides apparaît principalement reposer sur ce mécanisme lorsque des baisses d’efficacité en pratique (= au champ) sont observables.

2. Résistance par surexpression de la cible Autre cas de figure : l’enzyme ciblée par la matière active est non pas modifiée mais démultipliée dans les cellules : on parle alors de «surexpression de la cible». Face à un tel phénomène, la quantité normale de matière active ne suffit plus à inhiber l’activité de l’enzyme et à provoquer la mort du bioagresseur. La résistance par surexpression de la cible a notamment été mise en évidence aux Etats-Unis chez l’amarante et le ray-grass résistants au glyphosate pour la partie «adventice», et chez Zymospetoria tritici et les IDM pour la partie «microorganisme pathogène». 3. Résistance par détoxication Comme tous les organismes vivants, les bioagresseurs sont dotés de fonctions épuratives (dégradation, séquestration, excrétion) qui leur permettent de se débarrasser de leurs propres métabolites mais aussi de molécules étrangères, comme celles utilisées dans les produits phytosanitaires. La mise en œuvre de ces fonctions peut empêcher une partie de la matière active d’atteindre sa cible. On parle dans ce cas de résistance par détoxication. Ce phénomène est fréquent chez les insectes et les adventices. Chez les champignons pathogènes, ce mécanisme est identifié chez Botrytis cinerea vis-à-vis des hydroxyanilides et est soupçonné d’être à l’origine des quelques rares cas de résistance à des matières actives fongicides multisites. 4. Résistance par excrétion Ce mécanisme de résistance implique un efflux augmenté de matières actives via la surexpression de protéines de transport. Ce mécanisme est non spécifique d’une famille chimique et est rencontré chez les souches de microorganismes pathogènes de type MultiDrug-Resistants, ou «MDR». Bien qu’identifiée assez fréquemment au

laboratoire, l’excrétion de matière active ne semble pas être liée à une baisse d’efficacité de produits en pratique, tout du moins chez les microorganismes pathogènes de plantes.

Les mécanismes physiologiques

La perte d’efficacité d’une matière active peut aussi être liée à la réduction de sa pénétration dans l’organisme. On l’a constaté

Résistance multiple

Il arrive que plusieurs mécanismes de résistance coexistent chez un même individu : on parle alors de résistance multiple. On l’observe par exemple au sein de populations de vulpins résistants à différents inhibiteurs de l’ACCase par modification de la cible et détoxication. L’accumulation de plusieurs mécanismes de résistance peut être également observée chez des microorganismes pathogènes vis-à-vis : - d’un même mode d’action. Plusieurs mécanismes de résistance aux IDM sont par exemple observés chez Zymoseptoria tritici : diverses combinaisons de nombreuses mutations au niveau de la cible, surexpression du nombre de cible et surexpression de transporteurs membranaires. - de modes d’action différents. Par exemple, les populations de Zymospetoria tritici peuvent être résistantes au mode d’action QoI/strobilurines (mutation G143A au niveau de la cible des QoI/strobilurines) et au mode d’action IDM.

Résistance croisée

Il arrive aussi qu’un seul mécanisme de résistance concerne plusieurs matières actives appartenant ou non à la même famille chimique : on parle dans ce cas de résistance croisée. Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Prévenir et gérer les résistances des bioagresseurs aux produits phytosanitaires

pour des insecticides, dont l’efficacité peut être réduite par des changements d’épaisseur ou de composition de la cuticule de l’insecte.

Les mécanismes comportementaux

Bien que peu documenté, le mécanisme comportemental de résistance aux insecticides pourrait expliquer la perte d’efficacité de certaines classes de produits, comme les organochlorés, les organophosphorés, les carbamates et les pyréthrinoïdes sur certaines populations d’insectes. Celles-ci seraient capables de détecter le danger et d’éviter le contact avec la matière active.

Lutte contre les résistances et gestion des modes d’action Présentation des principaux modes d’action fongicides, herbicides et insecticides. Les bonnes pratiques pour prévenir et gérer le risque de développement des résistances des bioagresseurs aux produits phytosanitaires. L’engagement concret de BASF sur cette question.

Qu’est-ce qu’un mode d’action ?

Savoir comment les matières actives des produits phytosanitaires agissent sur le métabolisme et les fonctions vitales des bioagresseurs constitue un atout quand on veut adopter une stratégie volontariste de gestion des modes d’action. Aperçu des principaux modes d’action fongicides, insecticides et herbicides.

Définitions : mode et site d’action

On désigne par «mode d’action» le mécanisme biochimique utilisé par un produit phytosanitaire pour entraîner la mort du bioagresseur visé. Pour chaque catégorie de produits – fongicides, insecticides, herbicides – il existe plusieurs types de modes 54

Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

d’action. La cible d’un produit phytosanitaire est appelée « site d’action ». Il s’agit généralement d’une enzyme indispensable au métabolisme du parasite. Les produits phytosanitaires peuvent avoir une ou plusieurs cibles : on parle ainsi de produits « unisites » ou « multisites ». Il est essentiel de prendre en compte tous ces paramètres dans la lutte contre l’apparition de résistances aux produits phytosanitaires. Les principaux modes d’action fongicides Le Fungicide Resistance Action Committee’s (FRAC), organisme international qui coordonne la lutte contre la résistance aux fongicides, recense plus d’une quarantaine de modes d’action pour les matières actives fongicides. On peut les regrouper en quatre grands types : • Action sur les mitoses et la division cellulaire. • Action sur les biosynthèses cellulaires. • Action sur la respiration cellulaire. • Action multiples. Par ailleurs, près de 90% des molécules fongicides utilisées sont des unisites. Par conséquent, si ces molécules ne sont pas gérées correctement, et ce le plus tôt dès leur introduction sur le marché, elles sont susceptibles de sélectionner rapidement des résistances.

Les principaux modes d’action herbicides

L’Herbicide Resistance Action Committee’s (Hrac), organisme international qui coordonne la lutte contre la résistance aux herbicides, recense plus d’une vingtaine de modes d’action pour les matières actives herbicides. On peut les regrouper en 4 grands types : • Action sur les mitoses et divisions cellulaires • Action sur les biosynthèses cellulaires (ex. inhibition de la biosynthèse des acides aminés, des lipides, des pigments caroténoïdes, de la cellulose) • Inhibition de la photosynthèse

• Perturbation des contrôle auxinique

mécanismes

sous

Les principaux modes d’action insecticides

L’Insecticide Resistance Action Committee’s (Irac), organisme international qui coordonne la lutte contre la résistance aux insecticides, recense près de 30 modes d’action pour les matières actives insecticides. On peut les regrouper en quatre grands types : • Action sur le système nerveux. • Action sur la respiration. • Action sur la cuticule. • Perturbateurs hormonaux de la mue.

Fongicides : prévenir et gérer le risque de résistance

L’évolution de la sensibilité aux fongicides de certains champignons pathogènes suscite de légitimes inquiétudes. Elle n’est pourtant pas une fatalité. Il est possible de préserver l’efficacité des modes d’action fongicides en respectant quelques principes simples… c’est ce que l’on appelle «gérer les modes d’action».

Les mesures prophylactiques

La façon la plus simple de lutter contre les phénomènes de résistance aux fongicides est encore de limiter le risque d’apparition des maladies. Pour cela, on dispose de deux leviers. 1. La réduction de l’inoculum de la parcelle passe par l’adoption de pratiques culturales vertueuses, parmi lesquelles on peut citer : • la rotation des cultures, en cultures assolées, qui permet de limiter la fréquence des cultures et des adventices hôtes du pathogène ; • la destruction des repousses de céréales pendant l’interculture ; • le broyage et l’enfouissement des résidus de cultures (pailles de céréales, bois de taille de la vigne, feuilles dans les vergers…) ; • le travail du sol : labour occasionnel. 2. La conduite de la culture utilise par exemple : • la tolérance variétale et les mélanges variétaux (lire l’encadré) ;


tement les modes d’action herbicides.

Mesures agronomiques et pratiques culturales

• la date et la densité de semis ; • les apports azotés ;

Bien choisir et diversifier ses variétés

Pour chaque culture, il existe des variétés moins sensibles aux maladies. Miser sur ces variétés permet de mieux raisonner la protection fongicide, voire de limiter le nombre de traitements, ce qui est bon pour préserver l’efficacité des substances actives utilisées. Selon le même principe, il est possible de cultiver des variétés d’origines génétiques différentes à la fois dans l’espace (à l’échelle de l’exploitation ou de la microrégion) ainsi que dans le temps (d’une année sur l’autre).

La gestion raisonnée des modes d’action fongicides

Le raisonnement de la protection fongicide constitue le second volet de la lutte contre les résistances. On retrouvera ici un certain nombre de recommandations valables pour les autres types de protections (herbicides et insecticides). Pour préserver l’efficacité des matières actives disponibles, on veillera autant que possible à : • alterner ou associer des matières actives possédant des modes d’action différents avec un partenaire efficace (unisite ou multisites, selon les usages et les cultures concernées) • optimiser le positionnement des traitements grâce à des outils d’aide à la décision comme Atlas Maladies du blé • respecter les doses préconisées (attention, le fractionnement des applications favorise l’apparition des résistances) • maximiser la qualité de sa pulvérisation grâce à des outils comme Evidence à la vigne • appliquer les produits de manière préventive (meilleure efficacité).

Herbicides : prévenir et gérer le risque de résistance

Pour limiter le développement de résistances aux herbicides, il est plus que jamais nécessaire de raisonner son désherbage dans le cadre de la rotation, en intégrant les bonnes pratiques agronomiques et en gérant correc-

En matière de lutte contre le développement des résistances aux herbicides, l’agronomie tient une place primordiale. Une bonne stratégie de désherbage doit se concevoir à la rotation. L’objectif est de perturber le cycle des adventices et de diminuer le stock de graines présent dans le sol. Parmi les techniques culturales favorables à la maîtrise de la flore adventice, on peut citer, pour les cultures assolées : • l’introduction de cultures de printemps, qui limite le développement de graminées d’automne de type vulpin et ray-grass ; • le labour occasionnel, qui permet d’enfouir les graines germées ; • le faux-semis, qui provoque la germination des adventices et permet leur destruction chimique ou mécanique avant le semis de la culture ; • le décalage de la date de semis des céréales d’hiver, qui évite la levée d’une partie des adventices.

Comment limiter la dispersion des adventices

A côté des pratiques culturales, on veillera à prendre des précautions pour éviter de disperser les graines d’adventices et, à travers elles, de favoriser les flux de gènes entre les parcelles. Cela passera d’abord par un nettoyage rigoureux des moissonneuses et autres engins agricoles, mais aussi par l’entretien des jachères, abords de parcelles et inter-rangs des cultures pérennes (via une destruction systématique des adventices avant leur montée à graines).

La gestion raisonnée des modes d’action herbicides

Le raisonnement du désherbage constitue le second volet de la lutte contre le développement des résistances aux herbicides, développement principalement dû à l’utilisation répétée de produits utilisant le même mode d’action. Une gestion raisonnée des modes d’action permet d’éviter cette dérive. On retrouvera ici un certain nombre de recommandations valables pour les autres types de protections (fongicides et insecticides). Pour préserver l’efficacité des matières actives disponibles, on veillera autant que possible à: • alterner ou associer des herbicides utilisant des modes d’action différents et complémentaires pour traiter une même cible. Ceci dans la rotation à travers la mise en œuvre de programmes. • respecter les doses préconisées (la réduction de doses favorisant dans certains cas les résistances par détoxication) ;

• optimiser le positionnement des traitements.

Insecticides : prévenir et gérer le risque de résistance

La moindre sensibilité aux insecticides développée par certains ravageurs n’est pas une fatalité. Il est possible de lutter contre ce phénomène en articulant mesures prophylactiques et gestion raisonnée des modes d’actions insecticides.

Les mesures prophylactiques

La lutte contre l’apparition de résistance aux matières actives insecticides passe d’abord par la prévention. Pour réduire le risque d’infestation, on veillera à limiter les formes hivernantes des ravageurs. Pour cela, on combinera mesures agronomiques et pratiques culturales. Une bonne prophylaxie passera ainsi par : • la rotation des cultures, en cultures assolées, qui permet de limiter la fréquence des cultures et des adventices hôtes de l’insecte; • la destruction des résidus de cultures (cannes de maïs, bois de taille de la vigne, etc.); • le travail du sol : labour occasionnel.

La gestion raisonnée des modes d’action insecticides

Le raisonnement de la protection insecticide constitue le second volet de la lutte contre les phénomènes de résistance. On retrouvera ici des recommandations valables pour les protections fongicides et herbicides. On pourra ainsi : • alterner sur la saison des substances actives dotées de modes d’action ne présentant pas de résistance croisée : ce qui permet de contrôler des ravageurs ayant plusieurs générations par an, du type carpocapse de la pomme ; • ajuster le positionnement des traitements en fonction de leur mode d’action (larvicides, ovicides) et du seuil d’intervention ; • respecter les doses préconisées (le fractionnement des applications favorisant l’apparition des résistances).

La lutte biologique, alliée de la lutte contre les résistances

En vigne et en vergers, des méthodes de lutte biologique comme la confusion sexuelle permettent de réduire le nombre d’applications conventionnelles. Donc de préserver l’efficacité des substances actives et des modes d’action utilisés. C’est le cas de la lutte biologique contre les tordeuses de la grappe et la lutte biologique contre la tordeuse orientale du pêcher et le carpocapse des pommes et des poires. Source : www.agro.basf.fr Agriculture du Maghreb N° 105 - Juillet / Août 2017

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Technique

Les différents systèmes de culture hors-sol Les différents systèmes de culture hors-sol mis en service actuellement peuvent être groupés en fonction de leur type de support, de sa taille (plus ou moins de 3 mm) et du type d’installation.

1. Systèmes sans substrat (liquide de culture)

La plante est soutenue au-dessus des racines, (carton, plastique, bois ou du fil de fer), et les racines sont en permanence ou par intermittence immergées dans une solution nutritive. Ce système comprend la culture dans les tubes, la technique du film nutritif (nutrient film technique : NFT) et les inondations hydroponiques. Dans la plupart de ces systèmes, la solution nutritive est réutilisée . 1.1. Aquiculture Dans l’aquiculture, la solution nutritive est contenue dans un bac. Elle demande une oxygénation complémentaire de la solution nutritive pour éviter l’asphyxie des racines, via l’utilisation d’un procédé technique complexe. L’aquiculture reste de ce fait un système destiné à la recherche et peu développé dans la pratique. 1.2. Technique du film nutritif (N.F.T.) La NFT utilise une vaporisation ou un ruissellement constant d’eau pour fournir l’arrosage des nutriments nécessaires aux racines. En théorie, le fait d’offrir aux racines des conditions optimales permet d’obtenir une croissance plus rapide, au maximum de ce que la plante peut se permettre. La technique du film nutritif a été développée au cours de la fin des années 1960 par le Dr. Allan Cooper à l’Institut de recherche des 56

cultures sous serre à Littlehampton en Angleterre; un certain nombre de perfectionnements ultérieurs ont été développés à la même institution. Un avantage principal du système NFT par rapport aux autres est qu’il nécessite moins de solution nutritive. Il est donc plus facile de chauffer la solution pendant l’hiver pour obtenir les températures optimales pour la croissance des racines et de la refroidir pendant les étés chauds dans les zones arides ou tropicales . 1.3. Aéroponie Dans une application inhabituelle de la culture hydroponique de système fermé, les plantes sont cultivées dans des trous des panneaux de polystyrène expansé ou d’un autre matériau. Les racines des plantes sont mises en suspension dans l’air sous le panneau et enfermées dans une boîte de pulvérisation. La boîte est scellée afin que les racines soient dans l’obscurité (pour inhiber la croissance des algues) et de la saturation d’humidité. Un système de brumisation pulvérise la solution nutritive sur les racines périodiquement. Le système est normalement activé pour seulement quelques secondes toutes les 2-3 minutes. Cela est suffisant pour maintenir les racines humides et la solution nutritive aérée. Ces systèmes ont été développés par Jensen en Arizona pour la laitue, les épinards, même les tomates. L’aéroponie a été utilisée avec succès dans la production de

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plusieurs cultures horticoles et ornementales (Biddinger et al, 1998). Le système aéroponique a été appliqué avec succès en Corée pour la production des tubercules de pommes de terre ont démontré que le rendement de la production des mini-tubercules s’est sensiblement amélioré en utilisant l’aéroponie dans des conditions tempérées.

par l’alternance irrigation/drainage. En outre, le substrat assure aussi une réserve d’eau et d’éléments nutritifs contrairement aux techniques sans substrat. Elle fait appel à un support solide qui contribue à l’oxygénation. Par ailleurs, elle présente de nombreux inconvénients concernant le renouvellement et le recyclage des substrats utilisés.

1.4. Ultraponie L’ultraponie est une amélioration de l’aéroponie. Le brouillard nutritif est créé grâce à des brumisateurs à ultrasons puis dirigé vers les racines. Il est fait de très fines gouttelettes formant un milieu composé d’eau et d’oxygène directement assimilable par les poils absorbant racinaires. La circulation de la brume accélère énormément le processus d’absorption des racines. Le « chevelu » est plus dense, augmentant exponentiellement les échanges entre la plante et le milieu nutritif. L’ultraponie permet des rendements jusqu’à 8 fois supérieurs, et consomme très peu d’eau, d’engrais et d’électricité. Il peut être totalement contrôlé par informatique. C’est pourquoi, c’est le système qui a été choisi par la NASA dans ses recherches pour nourrir les astronautes durant les voyages lointains dans l’espace.

2.1 - L’origine minérale: – Naturels (extraits) : graviers, sables, pouzzolane. – Manufacturés: laine de roche, laine de verre, argile expansée, vermiculite, perlite.

2. Systèmes avec substrat

Cette technique se rapproche le plus de ce qui se passe dans le sol pour une culture traditionnelle

Le gravier est constitué de petits cailloux. Il facilite le drainage tout en conservant l’eau superficiellement et en assurant la circulation de l’air. Tous les graviers ne se valent pas. Faites bien attention d’utiliser un gravier non calcaire, inerte, et avec un pH neutre. Contrairement aux billes d’argile qui absorbent l’eau et la font remonter dans le substrat, le gravier retient l’eau entre ses composants mais sans générer de capillarité. Le gravier fin (3 à 6 mm) est utilisable dans les mélanges de substrats, le gravier est le plus important, il peut être utilisé seul dans les systèmes de goutte à goutte, ou en immersion totale dans les systèmes de table à marée. Le sable favorise le drainage et empêche les mélanges de s’agglomérer. On peut utiliser aussi bien du sable d’horticulture


que du sable de construction, mais il faut éviter le sable de pierre à chaux. Le sable est très lourd et il est le plus souvent remplacé par la perlite et la vermiculite. On peut toutefois en lester le fond des récipients s’il y a menace de basculement. Le sable peut servir d’ingrédient minoritaire dans les systèmes à réservoir, à goutte à goutte, à mèche et à table à marée. La finesse de son grain, jointe à son poids élevé, fait qu’il a tendance à migrer vers le fond du récipient au fil du temps. La laine de roche est le substrat de culture inerte le plus employé en horticulture. Ce matériau est obtenu par la fusion d’un mélange de basalte, de calcaire et de coke, dégradé en fibres stables qui résistent à la biodégradation pendant une longue période. L’argile expansée (Les billes d’argile) est très utilisé parce qu’il est facile à travailler et qu’il est inerte. Sa forme ronde le rend facile à pénétrer et les racines de la plante s’y installent donc aisément. Il a une durée de vie quasi infinie. On peut le nettoyer et même le stériliser. Les billes d’argile cuites absorbent l’eau par capillarité tout en laissant beaucoup d’air circuler entre les billes. On peut les utiliser dans n’importe quel système. La vermiculite est une argile phylliteuse (en feuillet ou mica) qui contient de l’eau. Lorsqu’elle est traitée à une température d’environ 1100°C, l’eau comprise entre les feuillets provoque un gonflement de 10 à 12 fois l’épaisseur initiale produisant des fragments de 1 à 6 mm. La perlite est un sable siliceux d’origine volcanique chauffé à plus de 1000°C qui fond et gonfle d’environ vingt fois son volume. Il en résulte des perles blanches vitreuses, légères, très poreuses, contenant 75% de silice initiale. 2.2 - L’origine organique : – Naturels: tourbe, terreau, cèdre rouge, écorces de pin, fibres de coco. – Synthétiques: matériaux plastiques expansés, billes de

vermiculite

Laine de roche

La perlite

Argile expansée

polystyrène, mousse de polyuréthane, grains d’eaux (polyacrylamides). La tourbe est de la mousse décomposée. Elle peut retenir une énorme quantité d’eau et elle est utilisée par de nombreuses marques de terreau pour ses qualités nutritives. Il ne faut utiliser que de la tourbe « pH ajusté » ou « pH équilibré ». La tourbe est fine et granuleuse; sèche, et résiste à l’imprégnation par l’eau; c’est pourquoi il faut la pré-humidifier dans son emballage. Le terreau est un support de culture naturel formé de terre végétale enrichie de produits de décomposition (fumier et débris végétaux décomposés). Le terreau doit avoir une porosité en air et en eau permettant à la fois l’ancrage des organes absorbants des plantes et leur contact avec les solutions nécessaires à leur croissance. Il est souvent associé à la pouzzolane afin d’augmenter la capacité de rétention d’eau. Le terreau est utilisé en culture horssol notamment pour les semis. Le polystyrène expansé sert à alléger les substrats. Ce matériau neutre présente une capacité de rétention nulle, sa surface hydrophobe ne retient pas le liquide. Le polystyrène s’emploie donc le plus souvent en combinaison avec d’autres matériaux. Utilisé seul sous forme de billes expansées, il est également très efficace pour le paillage dans les serres froides. Lavable, réutilisable et neutre, donc adapté aux espèces non

acidophiles, il constitue un matériau de paillage appréciable dans la culture hydroponique étant exempt de tout parasite. 2.3 -Il y a plusieurs systèmes de culture avec substrat qui sont utilisés tels que : 2.3.1 - Système de table à marées (Flux-reflux) Parfois appelés « inondation-drainage », ils se composent d’une table étanche à rebords. La table est périodiquement inondée grâce à l’eau d’un réservoir. Dès que la table est pleine, le substrat est irrigué, la pompe s’arrête automatiquement, ce qui permet à l’eau de s’écouler. Les petits systèmes de ce genre sont disponibles auprès des marques spécialisées dans l’hydroponie. L’acquisition d’un système entier s’avérera peut-être plus aisée que la recherche des pièces une à une. De tous les systèmes hydroponiques d’eau vive, les tables à marées sont les moins chers à installer et ceux qui réclament le moins de maintenance. Ils génèrent peu de problèmes de plomberie. En effet, comme ils utilisent uniquement des conduites d’un diamètre relativement important, il est rare qu’ils se retrouvent bouchés. 2.3.2 - Système de goutte à goutte Ces systèmes utilisent une pompe qui amène l’eau au-dessus du substrat via un goutte à goutte. L’eau s’infiltre à travers le substrat, redescend dans le réservoir et est prête à être réinjectée. Les systèmes goutte à goutte sont faciles à installer. L’eau est

pompée dans un réservoir, généralement situé sous l’espace planté, jusqu’aux goutteurs, un pour chaque plant. Les plants euxmêmes peuvent être installés dans les pots individuels ou sur un plateau commun. L’eau circule à travers les pots et revient dans le réservoir. La capacité du réservoir doit être d’environ 40 litres au mètre carré de plantation. Les marques spécialisées dans l’hydroponie commercialisent un certain nombre de systèmes de goutte à goutte ingénieux. Certains d’entre eux réutilisent l’eau de chaque pot, avec un plant par pot. D’autres réutilisent l’eau d’un réservoir central. Les deux systèmes marchent bien. 2.3.3. Système à flux continu Ce système est généralement de petite taille et constitué de plusieurs petites unités. Ce système a des applications multiples. Il est surtout utilisé pour la culture de plantes culinaires ou aromatiques. Les plantes poussent dans des bacs opaques remplis le plus souvent de billes d’argile, car ce substrat n’engendre pas de déchets et donc n’encrasse pas le réservoir qui est placé en-dessous. Pour éviter que les racines ne soient abîmées, une pompe à air envoie la solution dans une colonne de pompage, puis la répartit par un anneau de distribution. www.agriculturemoderne.com

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