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Campagne Pastèque 2019/20
Campagne Pastèque 2019/20 Campagne satisfaisante malgré la conjonction des contraintes
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Quinzième producteur mondial de la pastèque, le Maroc détient aussi la septième place dans les exportations de pastèques sur les marchés internationaux, du fait de la qualité du produit. Malgré la sécheresse et la pandémie Covid-19, le volume des exportations de la campagne 2019/20 a enregistré une bonne performance, puisqu’il est passé de 168.000 à 241.000 tonnes, soit une augmentation de 44%. Les volumes exportés en avril 2020 ont même doublé, passant de 5.900 à 11.900 tonnes. Les pastèques marocaines sont parmi les produits les plus prisés en Europe, principalement sur les cinq marchés : France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Quant aux importations marocaines de pastèques, elles sont très limitées et se font en hors-saison de la production nationale. Le Sénégal est le principal fournisseur de pastèques au Maroc avec 75% du volume importé.
Lors de la campagne 2019/20, problème de la rareté de l’eau, de nou- commercialisation sur pied, le prix de la culture de la pastèque velles zones de production sont tou- vente est de 100.000 dh par hectare. a concerné une superficie jours en extension remplaçant ainsi les Or, cette année, ils ont vendu à une totale de 25.000 Ha (en gref- anciennes parcelles abandonnées. moyenne de 30.000dh l’hectare prinfé), dont 60% à Zagora, 25% Coté résultats, les producteurs de la zone cipalement à cause de la pandémie du dans la région de Chichaoua et le reste réparti entre les autres régions. Ci-après un aperçu du déroulement de la camdéplorent une très mauvaise campagne. En effet, dans les conditions normales, pour les producteurs qui recourent à la coronavirus, du confinement et des restrictions sanitaires qui ont coïncidé avec le démarrage de la récolte (interdiction de déplacement, pagne dans les principaux moins d’acheteurs terroirs de production : et de revendeurs des autres zones,
La zone du Sud les souks hebdooriental Cette zone qui comprend madaires fermés, les routes aussi, même la consomles provinces de Zagora, mation était limitée
Ouarzazate, Foume Zguid, à l’échelle natio-
Tazarine, Tinghir, Tata et nale). Les produc-
Errachidia, est considérée teurs sont arrivés comme extra-précoce. de ce fait, très diffi-
Les plantations s’y effec- cilement à couvrir tuent à partir du 10-15 leurs charges. Totadécembre jusqu’au 20 lement perdus dejanvier, la production dé- vant cette situation bute à partir de la mi-avril inhabituelle, ignoet s’étale jusqu’à la mi- rant ce qui peut arrijuin. La densité de plan- ver dans l’avenir, ils tation est de 3x1,20 m et étaient obligés de 4x1,00m. La superficie ré- liquider leurs proalisée a connu une légère duits à prix sacrifié. augmentation par rapport Au niveau export à l’an dernier, atteignant par contre, les environ 11.000 Ha au to- exportateurs de tal. En outre et malgré le pastèque ont réa-
lisé cette année une très bonne campagne grâce, d’une part, aux prix de vente intéressants sur les marchés de destination (1 euro du 20 avril au 10 mai et à partir du 15 mai 0,4-0,5 euro/kg) et, d’autre part, à la grande marge bénéficiaire entre le prix faible d’achat (producteur) et le prix élevé de vente (export).
La Région de Taroudant, Kariate Ba M’hamed
Pour les producteurs de cette région, la campagne est jugée bonne puisqu’ils ont profité de l’expérience de Zagora et ont bénéficié de bons prix à l’export. En effet, les agriculteurs ont constaté que le produit continue à être exporté malgré la pandémie du covid19 et c’est pour cette raison qu’ils ont vendu leur récolte à de bons prix, soit une moyenne de 80.000 Dh/ Ha. Par ailleurs, la superficie de pastèque à Taroudant a augmenté cette année à cause des bons résultats de l’année d’avant qui ont encouragé certains producteurs à doubler leurs surfaces et d’autres à remplacer leurs vergers d’agrumes par la culture de pastèque.
La zone du Centre
Dans cette région qui englobe Marrakech, Chichaoua, l’Oudaya, Tadla et Beni Mellal, les récoltes arrivent juste après Zagora. La campagne était correcte et les prix intéressants. A noter que beaucoup de producteurs ont été victimes d’un problème de non-conformité variétale à cause du manque de sérieux de certaines pépinières. Ils ont ainsi été contraints de vendre leur marchandise à moitié prix, voir moins de 25.000 Dh/Ha au lieu de 70 à 80.000 Dh/Ha. De ce fait,
ils ne sont même pas parvenus à couvrir leurs charges, et ils sont aujourd’hui en conflit avec les pépinières et revendeurs responsables de cette situatuion. Au niveau production, une vague de chaleur a affecté négativement la nouaison et le grossissement dans les plantations tardives du mois de mai, entraînant la brulure des plants surtout dans les zones à salinité élevée. Résultat : effet négatif sur la qualité et le tonnage. A noter que la période habituelle de plantation à Chichaoua débute vers le 10-15 février. Ces dernières années, le pic de production coïncidait avec le mois de ramadan qui enregistre habituellement une baisse sensible de la consommation de ce fruit. Par conséquent, la
plupart des producteurs de pastèque étaient obligés de réduire les prix de vente. Par conséquent, à l’avenir les producteurs feront en sorte de s’éloigner du ramadan en échelonnant les dates de plantation. Par ailleurs, le développement du créneau export permet d’atténuer la baisse de consommation pendant la période du ramadan.
Zones du Gharb et de l’Oriental
Dans les zones du Gharb (Kénitra, Moulay Bousalham, Dlalha, Sidi Allal Tazi et Tiflet) et de l’Oriental (Nador, Zaiou, Saïdia, Berkane et Taourirte), la campagne a été globalemenet bonne avec des prix intéressants pour le tardif. Leurs
productions arrivent parallèlement avec celles de la région du centre avec une tendance vers le tardif, et parfois même un chevauchement de certaines périodes de plantation. Les plantations qui débutent à partir du 10 mars, ont vu leurs récoltes coïncider avec la chute des prix à l’export vers fin mai-début juin à cause de la concurrence d’autres origines comme la Turquie, la Grèce, l’Italie (Sicile), etc. Il est évident que le tonnage des plantations tardives est plus important (80 à 100 T/Ha) que celui des précoces et même si les prix de vente du tardif sont modérés, le producteur gagne au niveau du volume l’équivalent de ce qu’il a perdu au niveau du prix. Dans la région du Gharb, la superficie a été stable alors que la région de Berkane a connu une augmentation de 50%, raison pour laquelle les producteurs ont manqué de plants pour le créneau extra-tardif.
Choix des variétés et des porte-greffes
En plus d’un bon rendement et de
fruits de gros calibre (15-20 kg), le choix du producteur marocain se porte globalement sur les variétés qui permettent de satisfaire aux différentes exigences qualitatives du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé, ...). D’autres exigences peuvent s’ajouter en fonction de la région et du créneau visé : précocité, résistance au transport (écorce assez rigide), résistance aux maladies, … Les producteurs tournés vers l’export pour leur part, ont globalement des exigences variétales spécifiques : calibre, taux de sucre, qualités gustatives, résistance au froid (pour le segment précoce) et une bonne tenue après récolte pour supporter le transport sur de longues distances. Pratiquement tous les producteurs recourent aujourd’hui au greffage (99% des surfaces) qui permet de contourner certains problèmes liés notamment à la précocité des plantations et à l’exploitation successive des parcelles de production (fatigue du sol, monoculture, …). Dans ce sens, un bon porte-greffe offre de nombreux avantages : meilleure vigueur de la plante, résistance au froid et à la salinité, meilleur calibre des fruits tout au long du cycle de production, tolérance ou résistance aux nématodes et aux maladies du sol, grand pouvoir de régénérescence de nouvelles racines, durée de production prolongée, etc. Cependant, les producteurs doivent être conscients que chaque portegreffe présente des inconvénients et des avantages. Le porte-greffe doit notamment être choisi en fonction du type de sol afin d’éviter les accidents physiologiques et l’éclatement des fruits. A noter que des producteurs et des consommateurs accusent le greffage de baisser la qualité gustative des pastèques qui auraient un gout de ‘’courge’’. Les semenciers interrogés expliquent que c’est une question de compatibilité encore la variété et le porte-greffe et aussi de la gestion appropriée des plants greffés notamment en ce qui concerne la fertilisation.
En conclusion, la pandémie du corona virus a affecté seulement les récoltes du précoce au niveau du prix producteur, mais globalement, d’après les professionnels interrogés, cette campagne peut être considérée parmi les meilleures, pour toutes les régions du Maroc, en termes de volumes et de déroulement général. La culture de la pastèque qui nécessite tant de patience et de persévérance, reste une activité rentable car, au-delà de la production du fruit destiné à la consommation humaine, les écarts et résidus sont automatiquement orientés vers l’alimentation du cheptel ce qui permet à l’agriculteur de réduire ses dépenses.