Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
EDITIONS AGRICOLES
Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 agriculturemaghreb@gmail.com www.agriculturedumaghreb.com
Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID
Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID
Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI
Ont participé à ce numéro : Prof. M’hamed Hmimina Prof. Mohamed Taher SRAÏRI El Housseine Zaoui Germaine Brun
Facturation - Abonnements Khadija EL ADLI
Directeur Artistique Yassine NASSIF
Imprimerie PIPO
Régie publictaire France Idyl SAS. 1154 Chemin du Barret 13839 ChâteauRenard Tél. 04 90 24 20 00 Contact : Mme. Brigitte SENECHAL bsenechal@idyl.fr Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.
Edito Sécheresse ou retards ?
L
a situation que vit le Maroc cette campagne est qualifiée par les autorités et certains médias de ‘’retard des précipitations’’ alors que les professionnels parlent de sécheresse. Alors essayons de comprendre.
Par définition, ‘’la sécheresse est l’état normal ou passager du sol et/ou d’un environnement, correspondant à un manque d’eau, sur une période significativement longue pour qu’elle ait des impacts sur la flore naturelle ou cultivée, les animaux d’élevage et même la faune sauvage. Mais sécheresse ne doit pas être confondue avec aridité. Une région aride peut connaître des épisodes de sécheresse’’. Certains des articles de ce numéro montrent justement que le Maroc est un pays à climat essentiellement semi-aride à aride et que la sécheresse est un phénomène récurrent auquel il faut s’attendre et pour lequel il faut se préparer sur le long terme (voir page 6). Ils insistent aussi sur le fait qu’il ne suffit pas qu’il pleuve quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre, et que les cultures de printemps et l’irrigation ne vont pas sauver la campagne. D’autant plus que les barrages ne couvrent que 15% des surfaces cultivables du pays (et sont à moitié vides) et que les nappes sont déjà suffisamment surexploitées.
soit pour s’y préparer sur le moyen et le long terme. En fin, parlant aussi des retards, tous les professionnels se plaignent de ceux pris par l’Etat dans l’application des mesures annoncées et se posent des questions quant à leur efficacité à faire réellement face aux difficultés du monde rural. L’enseignement que l’on devrait en retirer c’est que les autorités gouvernementales ne sont nullement responsables des variations météorologiques que subit notre pays. Cependant elles peuvent ‘’agir au lieu de réagir’’ et d’attendre la sécheresse pour prendre des mesures de sauvetage. Les solutions existent et le pays a une longue expérience dans le domaine. Encourager la recherche, cultiver des espèces et variétés et races locales, etc. et en définitive adapter notre agriculture et notre élevage aux conditions de notre pays et de notre région ainsi qu’aux changements climatiques qu’on ne cesse de nous annoncer. Et ça, c’est quelque chose que nos gouvernants peuvent faire. Mais, encore une fois, une vision à long terme et une intervention plus énergique sur le terrain s’imposent. La tâche n’est pas aisée mais la viabilité de notre monde rural est à ce prix.
Un rappel détaillé de l’histoire du phénomène de sécheresse à travers le monde et dans notre pays, de ses fréquences, de ses durées, du nombre des victimes, etc. y est également bien expliqué (voir page 56). D’autres articles se font l’écho de ce que vivent actuellement les agriculteurs et les éleveurs de nos campagnes (voir page 53). Par ailleurs, nombre de propositions sont avancées soit pour faire face à l’urgence,
Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Sommaire
Nos annonceurs AGRIMATCO AMPP AMPP BASF BASF BODOR CMGP ELEPHANT VERT ELEPHANT VERT FELEM FERTIMED FUTURECO BIOSCIENCE INTERPOMA IRRISYS KEKKILA LALLEMAND LALLEMAND LEMKEN MAGRISER MAMDA MASSO MEDFEL TECNIDEX TEMETASH TIMAC TODOLIVO VIP YARA
Encart libre BODOR CHAMARTIN CMGP COGEPRA CTIM EURODRIP GREEN SMILE HERMISAN IRRITEC KSB MAGRISER MAMDA Pipes & Fitting SAFI POMPE SYSTEMES AGRICOLES 4
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Actualités
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Fruit Logistica
Demain dans vos assiettes Participation marocaine
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Melon
Approvisionner le marché local
ENCART SPéCIAL IRRIGATION 46
Maïs
Réussir le désherbage
Les plantes face au stress hydrique et salin 50
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Sécheresse
Le printemps ne remplace pas l’automne ! 56
Les pluies de la cinquième saison
PETITES ANNONCES
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Actu Libre opinion
Quelles mesures concrètes pour atténuer ses effets sur l’agriculture marocaine ? Mohamed Taher SRAÏRI, Professeur à l’IAV Hassan II, Rabat mt.srairi@iav.ac.ma
Le Maroc est un pays à climat essentiellement semi aride à aride, et ceci constitue un sérieux défi pour son développement agricole. Les solutions d’antan qui consistaient à promouvoir l’irrigation et les cultures d’export pour pallier les déficits hydriques et augmenter la plus-value du secteur sont devenues dépassées. Le contexte a notablement changé depuis les temps où le Maroc était considéré comme le grenier à blé de l’Empire Romain ou, plus récemment au 20ème siècle, lorsque sous l’impulsion des autorités coloniales, des zones entières étaient mobilisées pour des cultures emblématiques comme les agrumes. Il y a aujourd’hui 35 millions de personnes à nourrir, en majorité urbanisées, et l’usage irresponsable des eaux souterraines a déjà abouti dans de nombreuses régions à l’épuisement des nappes. De même, le recours forcené aux importations de denrées alimentaires doit être envisagé avec prudence, du fait de la volatilité des prix et de leurs conséquences sur les grands équilibres du pays.
P
ar ailleurs, les produits du terroir ne peuvent assurer sa sécurité alimentaire, ni la lutte
Champ de blé mi-février 2016
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contre la pauvreté dans les
donc d’urgence reconsidérer
zones marginales, au vu de
les politiques agricoles pu-
leurs volumes limités et de
bliques et envisager en prio-
leurs difficultés avérées de
rité la valorisation des pluies
commercialisation.
des années fastes, en lien aux
Il faut
Champ de blé mi-février en année normale
disponibilités en eaux d’irrigation renouvelables, car leur complémentarité assure la résilience des exploitations agricoles. Cette campagne agricole 2015/2016 s’est malheureusement caractérisée par un déficit significatif de la pluviométrie (près de 60 % en moins par rapport à la moyenne enregistrée d’octobre à fin janvier) ainsi que des températures anormalement élevées sur l’ensemble du territoire national qui ont dévoilé une vulnérabilité marquée du secteur. A cette occasion, de nombreux médias ont commencé à s’agiter, comme si l’opinion publique était confrontée à la sécheresse pour la première fois. Dans le débat ouvert pour trouver des solutions à ce déficit hydrique, le citoyen a parfois eu l’impression de découvrir des recettes miracles, mais qui l’ont davantage
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Actu Actu
leurré. Certains « experts » évoquent le tournesol, le colza, le maïs, voire le soja (les cultures de printemps) pour compenser les pertes des cultures d’automne et principalement des céréales, comme si le Maroc avait les caractéristiques édaphoclimatiques de l’Europe Centrale ou de l’Ukraine avec des tchernozioms et des pluies estivales. D’autres parlent de l’arboriculture, comme remède aux manques de pluies... Ne savent-ils pas qu’en une année pareille, il va falloir irriguer les arbres dès le mois de mars ? Et avec quelle eau ? Bien entendu, ceux qui ont bénéficié de subsides conséquents de l’Etat, sous forme de généreuses subventions pour le creusage de puits, l’équipement en goutte à goutte et la plantation des arbres, dans des zones où les nappes sont déjà sévèrement surexploitées, ainsi que de domaines de centaines d’hectares relevant du patrimoine foncier de l’Etat, ne peuvent que vanter ces « alternatives aux céréales », oubliant au passage les difficultés récentes d’écoulement de leurs fruits à des prix décents. 8
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Par ailleurs, quand un message du genre « les zones irriguées vont sauver la campagne agricole » est asséné à l’opinion publique, il y a là aussi un hiatus de taille par rapport à la réalité. Car l›irrigation au Maroc a toujours juste été un appoint à l›eau de pluie. Quand il y a un déficit marqué de précipitations, elle ne peut à elle seule garantir des rendements optimaux de biomasse végétale, et c’est valable pour toutes les spéculations : céréales, fruits et légumes, fourrages, etc. Sans parler des surcoûts liés à davantage d’irrigations, dans les régions où la ressource hydrique est encore suffisamment disponible, et qui induisent évidemment une hausse prononcée du prix de revient des denrées produites. En fin, quand l’élevage est évoqué, l’aide de l’Etat sous forme de 200 DH par vache sur un trimestre est présentée comme une panacée. Or, avec les prix actuels des fourrages, il est légitime de se demander si pareille somme aura un impact quelconque pour l’éleveur. Pour-
quoi ne pas penser à des solutions alternatives plus crédibles, comme l’encouragement d’un abattage ciblé et la valorisation de ces surplus obligés de viande par l’industrie agroalimentaire, par exemple ? Pourquoi ne pas soumettre à une évaluation critique l’obstination de « l’amélioration génétique du cheptel bovin », notamment les programmes de croisement terminal avec des races à viande, quand ceux-ci ne sont pas accompagnés d’un minimum de réflexion à l’environnement
alimentaire où vont évoluer ces animaux ? Pourquoi ne pas évoquer l’encadrement des éleveurs pour les initier aux notions de base de prix de revient, de coût réel des nutriments (énergie et azote) à partir des matières qu’ils achètent, d’équilibre des rations, etc. Cette sévère sécheresse est peut-être l’occasion d’opérer un changement de paradigme en vérifiant à l’avenir que les ambitions d’augmentation des productions agricoles soient d’abord planifiées selon les ressources hydriques disponibles : la pluie et les eaux de surface renouvelables et, avec précaution, les eaux souterraines. Les choix des cultures doivent ainsi être déclinés dans chaque région en priorité par rapport à l’eau, et cela doit ramener au devant de la scène les politiques de régulation édictées par les pouvoirs publics ainsi que les céréales et les légumineuses alimentaires, puisqu’elles valorisent principalement les précipitations. De même l’intégration des cultures avec
l’élevage devrait s’imposer, ce dernier assurant l’entretien de la fertilité des sols grâce au fumier, nécessaire à la durabilité de l’agriculture, et mobilisant surtout de l’eau pluviale, dans un contexte semi-aride1. Sans parler de ses rôles de diversification des revenus agricoles et de thésaurisation des excédents des années favorables. Il faut aussi savoir que sur le long terme, les prévisions de disponibilités en eau ne sont guère optimistes, puisque le changement climatique s’accompagnerait pour le Maroc d’une chute des précipitations de l’ordre de 10 à 15% ainsi qu’une hausse de la température moyenne de 2°C à l’horizon 2050. Les pouvoirs publics devraient donc tenir compte dès à présent de cette contrainte additionnelle. Des stratégies d’atténuation de ces effets sont à envisager d’urgence pour assurer une croissance continue de la production agricole. En outre, la promotion d’activités extra agricoles est nécessaire dans le monde rural, pour ne pas exposer ses habitants à un aléa climatique amplifié. Au final, face à la complexité des variables en jeu dans l’équation de l’eau agricole au Maroc, il ne peut y avoir de solutions simplistes basées sur une technique tel que le goutte à goutte et dont les résultats réels sont souvent en décalage en comparaison à ses apports théoriques2, ou sur des cultures destinées à l’export et irriguées avec de l’eau souterraine, parfois non renouvelable. C’est vers une agriculture plus diversifiée et intégrée, gérant intelligemment la parcimonie hydrique et ses variations annuelles par des stocks savamment réfléchis de ressources (eaux de surface et souterraine, fumier, aliments de bétail, etc.) qu’il faudrait s’orienter. Pour ce faire, il faut des ressources humaines hautement qualifiées, avec un solide sens de responsabilité citoyenne, pour composer avec ces réalités. 1
Sraïri M.T., Benjelloun R. 2015. Valorisation de l’eau par l’élevage bovin : étude de cas dans la
plaine du Saïs. Agriculture du Maghreb, 89 : 110-113. 2
Benouniche M., Kuper M., Hammani A. 2016. Mener le goutte à goutte à l’économie d’eau :
ambition réaliste ou poursuite d’une chimère ? Agriculture du Maghreb, 91 : 55-57. Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Actu Produit
HUILE D’OLIVE Évolution de la consommation mondiale
Le volume de la consommation mondiale d’huile d’olive a été multiplié par 1,7 durant la période 1990/912014/15. Cette évolution est principalement caractérisée par la croissance de la consommation dans les pays non membres du COI (Conseil Oléicole International), celle-ci ayant augmenté régulièrement au cours des deux dernières décennies, passant de 11 % de la consommation mondiale en 1990/91 à 24 % en 2014/15. La consommation des pays de l’Union européenne a augmenté jusqu’à la campagne 2004/05, dépassant les 2 millions de tonnes, avant de diminuer progressivement jusqu’à des niveaux similaires à ceux de la campagne 1996/97 avec près de 1,6 millions. Cette consommation est concentrée dans les pays producteurs. Bien que l’Italie conserve la première position en ce qui concerne le volume consommé, celui-ci diminue à partir de la campagne 2006/07 pour atteindre 520.000 tonnes en 2014/15. Ce volume - le plus bas de la période analysée - est très similaire aux chiffres de consommation de l’Espagne. À l’instar de l’Italie, la Grèce a enregistré une forte diminution de sa consommation depuis le début de la crise économique qui touche ce pays, pour atteindre des valeurs de 160.000 tonnes, soit une diminution de 22% par rapport au niveau d’il y a deux décennies. L’Espagne a pour sa part toujours montré une courbe plus irrégulière de l’évolution de sa consomma-
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tion, qui semble aujourd’hui se stabiliser à des valeurs légèrement supérieures à 500.000 tonnes (soit le même niveau que l’Italie). Malgré la concentration de la consommation dans les pays mentionnés ci-dessus, la consommation dans le groupe «autres pays» a augmenté régulièrement jusqu’en 2010/11 et semble s’être stabilisée à un niveau de 300.000 tonnes. En ce qui concerne la consommation d’huile d’olive annuelle par habitant en 2013, la Grèce, malgré la diminution de sa consommation totale, conserve sa première position, avec 16,3 kg d’huile par habitant, suivie de l’Espagne, avec 10,4 kg, de l’Italie avec 9,2 kg et du Portugal avec 7,1 kg. Viennent ensuite Chypre et le Luxembourg, avec 5,5 et 5,3 kg respectivement. La France les suit, bien que de loin, aux côtés de Malte, de la Croatie, de l’Irlande et de la Belgique, avec une consommation comprise entre 1,2 et 1,7 kg. Parmi les autres pays de l’UE, on
citera ceux qui consomment entre 0,5 et 1 kg d’huile d’olive par habitant et par an (dans l’ordre décroissant : Finlande, Lettonie, Allemagne, Pays Bas, Suède, Slovénie, Autriche, Royaume-Uni et Danemark) et ceux dont la consommation n’atteint pas 400 grammes par an (Roumanie, Pologne, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie, Estonie et République tchèque). Dans les autres pays membres du COI, c’est en Turquie et au Maroc que l’augmentation de la consommation a été la plus forte au cours des 25 dernières campagnes (où la production a également augmenté). En Syrie la consommation a fortement augmenté, sauf au cours des 2 dernières campagnes où la diminution est notable. La consommation a augmenté en Algérie, alors qu’elle a diminué en Tunisie. En 2013, la consommation annuelle par habitant dans ce groupe de pays était inférieure à celle des pays de l’Union européenne. Seule la consommation de la Syrie est proche de celle du Portugal, avec 7,0 kg. Elle est inférieure dans les autres pays, notamment en Albanie et au Liban (4,7 et 4,5 kg respectivement), au Maroc, en Tunisie et en Jordanie (3,9; 3,7 et 3,1kg), et en Israël, en Libye (2,4 kg) et en Turquie (2,0 kg). L’Algérie se situe au même niveau que la Croatie et le Monténégro au niveau de l’Allemagne. L’Argentine, l’Égypte, l’Iran et l’Irak ont
des niveaux de consommation par habitant proches de ceux de la Hongrie, de la Pologne et de la Roumanie (Tableau 1). Dans le groupe des pays non membres du COI, c’est aux États-Unis que l’évolution de la consommation a été la plus spectaculaire au cours des 25 dernières années. Toutefois, la consommation par habitant n’était que de 0,9 kg en 2013, comme en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans les autres pays, la consommation totale a augmenté durant la période étudiée mais à des niveaux bien inférieurs. L’analyse de la consommation par habitant dans les pays non membres du COI, montre que c’est la Palestine qui arrive en tête, avec 3,2 kg, suivie, dans un intervalle compris entre 1,7 kg et 1,1 kg, de la Suisse (1,7 kg), de l’Australie (1,6 kg) et du Canada (1,1 kg). En Arabie saoudite et en Norvège, la consommation est de 0,7 kg par habitant. Le niveau de consommation est inférieur dans les autres pays. On peut déduire de ces données que les grands importateurs comme les USA, le Brésil et le Japon présentent encore une forte marge de croissance. En Chine, la consommation par habitant est très basse. Son niveau futur devrait dépendre davantage de la réglementation nationale que d’autre chose. Source : COI
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La clémentine de Berkane Un rayon de soleil en hiver
Protégées par les reliefs et jouissant d’un climat méditerranéen littoral relativement doux et de sols de bonne qualité, les vastes plaines de la région de Berkane offrent d’importantes possibilités de production d’agrumes. Dans ce terroir exceptionnel, la clémentine de Berkane, introduite dans la région dans les années quarante, a manifesté des caractéristiques organoleptiques spécifiques qui lui ont conféré sa renommée nationale et mondiale. D’ailleurs, en reconnaissance de ses qualités gustatives très appréciées, la clémentine de Berkane a obtenu le label IGP (Identification Géographique Protégée) en 2010.
L
a clémentine de Berkane est sans conteste l’une des meilleures variétés du verger marocain. Reconnaissable à sa couleur exceptionnelle, sa jutosité, son goût sucré exquis et à son absence de pépins, elle a tous les atouts pour séduire à l’export et consolider le label Maroc et pour répondre à une demande de plus en plus exigeante. Sa réputation fait qu’elle est très demandée sur le marché international (Russie, Europe, USA, Canada) grâce à la
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bonne image que les clients en gardent et au faible taux d’écarts enregistré à l’arrivée. L’un des principaux atouts de la région est sa proximité par rapport aux marchés européens principalement par le port de Nador. L’autre avantage dont elle bénéficie est celui de la traçabilité grâce à son Indication Géographique Protégée (IGP clémentine de Berkane) qui garantit un lien du produit avec son territoire aux stades de la production, de la récolte et du conditionnement. Elle permet d’assurer l’excellence du produit
dont toutes les phases d’élaboration sont issues de la région de Berkane, qui bénéficie d’une notoriété reconnue. Issus exclusivement des variétés Clémentine Fine de Berkane et Nour, les fruits doivent être sans pépins, à la couleur orange à rougeâtre et à la peau non adhérente. Pour rappel, l’IGP a été créée avec les principaux objectifs de : - Lutter contre la concurrence déloyale et protéger le produit contre toute usurpation. - Informer les consommateurs sur l’origine et la qualité du produit
- Préserver et promouvoir le patrimoine national et régional par une meilleure connaissance du terroir et du savoir-faire des producteurs. D’ailleurs, les opérateurs voient en cette IGP un atout pour la reconquête du marché européen avec une focalisation sur les marchés exigeants en produits haut de gamme. Ils sont également conscients de la nécessité d’étendre la démarche collective à la commercialisation et la stratégie marketing de ce produit phare de la région.
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A Production et conditionnement
La production agrumicole annuelle de la région s’élève en moyenne à 220.000 tonnes, dont près de 60% en clémentine sans pépins. La production et la qualité ne cessent d’évoluer grâce à la modernisation des techniques d’exploitation, au savoir-faire des agriculteurs et au rajeunissement des vergers. Sur le plan technique, l’encadrement des producteurs est
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assuré par des ingénieurs et techniciens qui conseillent les producteurs sur les bonnes pratiques en agrumiculture ce qui se traduit par de bons résultats au niveau des vergers. Dans ce cadre il faut signaler que les groupes exportateurs ont instauré auprès de leurs membres, une politique de contrôle très stricte et un respect draconien des normes export qui a conduit à l’amélioration de la qualité produite. A noter qu’en vue d’améliorer
les conditions de transfert des innovations technologiques, la profession mettra en place un centre interprofessionnel de recherche et de développement des agrumes qui sera représenté à l’échelle régionale. Ce centre aura pour objectif de réaliser des programmes de recherche répondant aux principales préoccupations des professionnels, notamment en matière de comportement variétal, de portegreffes, de conduite technique des vergers et de rationalisation
des facteurs de production. Récoltée entre début octobre et début janvier, la clémentine de Berkane est traitée dans 16 stations de conditionnement avec une capacité totale de 105 000 T par an. La quasi-totalité de ces stations sont équipées d’unités frigorifiques, et sont conçues principalement pour le déverdissage et la conservation de la production. Pour répondre aux exigences en matière de norme de qualité HACCP vis-à-vis des stations de conditionnement,
Actu Actu Produit des efforts considérables de modernisation des équipements et de mise à niveau des infrastructures ont été déployés. La plupart des stations de conditionnement se sont également dotées de plusieurs certifications qui leur permettent d’exporter vers les marchés internationaux les plus exigeants. En matière d’emploi, la clémen-
tine joue un rôle socio-économique capital. Ainsi, les vergers de production assurent 1,6 million de journées de travail et les stations de conditionnement en créent près de 400.000. Quant aux revenus bruts annuels, ils peuvent facilement
Groupe Kantari Berkane
Kantari Berkane met en œuvre tous les moyens pour assurer au consommateur des produits de grande qualité. Ainsi, toutes ses exploitations respectent la réglementation des bonnes pratiques agricoles (GLOBALGAP), et ses stations de conditionnement sont certifiées HACCP et /ou BRC. De même, le Groupe a mis en place des systèmes de contrôle, certifiés par des organismes externes, dans le but de garantir la qualité et la sécurité
Basé dans la région de Berkane au Nord-Est du Maroc, le Groupe Kantari est un exportateurs leader dans le secteur des fruits et légumes. Créé il y a 50 ans, le groupe représente aujourd’hui 4.600 hectares de vergers, 10 stations de conditionnement et plus de 80% des exportations des agrumes de la région. Depuis sa création, Groupe
dépasser la barre des 550 millions de DH, participant à l’entrée de devises et créant une vraie dynamique dans la région pour la commercialisation des intrants agricoles.
de ses produits. A noter que sa politique de qualité a valu au groupe de nombreux prix et trophées nationaux et internationaux. Récemment, le groupe a entrepris une politique de diversification de ses produits afin d’offrir à ses clients une large gamme de fruits et légumes et leur garantir un approvisionnement régulier. Les principaux marchés d’exportation du groupe sont : l’UE, la Russie, le Canada, les USA, le
Moyen Orient, la Scandinavie et l’Afrique. Sur ces marchés, les clémentines du groupe sont commercialisées sous différentes marques reconnues, notamment : Berkane Premium, Berkan Kids, La perle de Berkane, Fresh, Gold, Latchyna, Sol, Victoria, Gloria Kids, Kelma Kids. A noter en fin que le Groupe Kantari préside l’association de l’Indication Géographique Protégée de la Clémentine de Berkane.
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Actu Actu Produit
Histoire génétique des agrumes : une aide précieuse pour créer de nouvelles variétés Des scientifiques du monde entier se sont associés pour décrypter le génome d’une dizaine d’agrumes et ainsi reconstituer l’histoire de leurs multiples croisements. Fédérés au sein du Consortium international de génomique des agrumes, leurs résultats ont fait l’objet d’une publication dans Nature Biotechnology. Ces résultats sont décisifs pour sélectionner de nouvelles variétés à la fois résistantes aux maladies et adaptées au changement climatique.
Des connaissances pour exploiter la biodiversité naturelle Les agrumes sont les fruits les plus vendus au monde, mais sont aussi très vulnérables aux infections et aux contraintes abiotiques (notamment les stress hydrique et salin, particulièrement prégnants dans le cadre du changement climatique). En cause, la faible diversité génétique des principales espèces cultivées qui sont exclusivement reproduites par multiplication végétative. La connaissance fine de leur structure phylogénétique est capitale pour créer de nouvelles variétés. C’est ce que révèle l’un des trois chercheurs du Cirad coauteurs des résultats : « il existe des tolérances aux maladies et aux stress abiotiques au sein de la biodiversité des agrumes. Nos résultats vont nous
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aider à développer, par amélioration conventionnelle, des variétés cumulant des facteurs de résistance et d’adaptation tout en respectant les qualités organoleptiques et nutritionnelles caractéristiques des différentes espèces cultivées. «
De l’urgence de créer de nouvelles variétés Parmi les maladies pour lesquelles il existe des résistances naturelles, le chancre citrique a, par exemple, un impact économique très fort. Au Brésil, le coût d’arrachage des arbres contaminés est estimé à 10 millions de dollars par an dans le seul état de São Paulo. En parallèle, le changement climatique augmente les contraintes abiotiques de l’agrumiculture comme le déficit hydrique et le stress salin
pour lesquels des sources d’adaptation sont d’ores et déjà identifiées. En outre, il accroît particulièrement les risques d’émergence de maladies tropicales dans le bassin méditerranéen.
Histoire d’un séquençage Au départ, il a fallu établir la séquence génomique des neuf chromosomes d’un agrume. Le Cirad est à l’initiative du choix d’un clémentinier haploïde (un seul exemplaire de chaque chromosome) qui a permis de simplifier les analyses. Le Cirad a également coordonné l’établissement de la carte génétique de référence. Cette carte a contribué à assembler, un peu comme des pièces de
puzzle, tous les morceaux de la séquence de référence dans le bon ordre. La séquence de référence a ensuite été comparée à celle de quatre autres mandarines, d’une orange, d’une orange amère et de deux pamplemousses. L’objectif étant de déterminer l’histoire des croisements qui ont abouti à ces variétés modernes. D’autres équipes internationales se sont concentrées sur la génomique fonctionnelle afin d’identifier les gènes codant pour des protéines et leurs fonctions. Source: cirad.fr
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Actu Actu Produit
Tomate
Des atouts certains Les amateurs de tomate ont de la chance. Leur fruit préféré a été choisi comme modèle pour étudier les bases biologiques de la qualité organoleptique et nutritionnelle des fruits charnus. L’intensité des efforts de recherche sur la tomate à l’échelle internationale n’est pas seulement la conséquence de son fort intérêt économique. Quand la génomique fonctionnelle a permis de s’intéresser de plus près à des caractères aussi complexes que la qualité des fruits charnus, c’est vers la tomate que les chercheurs se sont tournés pour choisir leur modèle. Car elle a des atouts certains.
Photo SYNGENTA
Ses avantages
Tout d’abord, un passé glorieux qui avait déjà vu fleurir une grande quantité d’études sur sa physiologie, son métabolisme ou encore sur sa maturation. Avant son séquençage complet, sa carte génétique était déjà assez dense et nombre de ses gènes déjà séquencés. Elle bénéficie enfin d’une biologie très pratique : cycles de développement assez courts avec plusieurs cultures possibles par an et un génome assez petit et manipulable qui facilite les études fonctionnelles. Mais son caractère de fruit modèle ne s’arrête pas là. En tant que baie, la tomate peut également apporter, par exemple, des éléments de compréhension sur le fonctionnement du raisin. D’autre part, son génome est très proche d’autres Solanacées économiquement importantes comme la pomme de terre, l’aubergine, le piment ou le tabac. Elle est aussi génétiquement assez proche du café. Autant d’espèces pour lesquelles les gènes ou 18
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les régions chromosomiques intéressantes chez la tomate pourraient être mises à profit.
Perspectives d’amélioration
Des chercheurs de l’Université d’Ohio (Etats-Unis), de l’Inra et de l’Université de Valence (Espagne) ont identifié chez la tomate, Solanum lycopersicum, un gène contrôlant la taille du fruit. De plus, ce gène retarde la période de maturation du fruit. Les résultats de cette étude ouvrent des perspectives d’amélioration de la culture de la tomate, ainsi que celle du piment et de l’aubergine appartenant à la même famille botanique. Avant d’être domestiquée par l’homme, la tomate, originaire des Andes, avait la taille d’une cerise. C’est au Mexique qu’elle est cultivée pour la première fois et qu’elle se développe avant d’être introduite en Europe au 16ème siècle. Aujourd’hui, la tomate est cultivée dans la plupart des pays et sa production est l’une des plus importantes au monde (envi-
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Actu Actu Produit
ron 160 millions de tonnes par an). Ainsi, la tomate est l’objet de nombreuses recherches scientifiques. En 2012, le génome de cette espèce a été publié par le consortium du génome de la tomate, dont fait partie l’Inra. L’étude a eu pour objectif d’identifier, grâce à une cartographie fine de son génome et des analyses fonctionnelles,
un nouveau gène à effet majeur sur la taille et la masse du fruit de la tomate. Un seul autre gène à effet majeur sur la masse était jusqu’à présent connu chez la tomate. En recherchant des liens entre l’ADN et des caractéristiques morphologiques du fruit chez plusieurs espèces de tomates, dont des espèces sauvages et anciennes, les chercheurs ont ciblé
plus particulièrement une région du génome portant un gène (SIKLUH) connu pour agir sur la taille chez d’autres espèces à fruits. En inactivant ce gène, les chercheurs ont observé que les tomates obtenues étaient bien plus petites. Ils ont également remarqué que la maturation du fruit était précoce, suggérant que ce gène permet de retarder le murissement et ainsi laisser plus de temps au développement de sa masse. Ces résultats seront utiles pour l’amélioration de la culture de la tomate, et ouvrent des perspectives pour le piment et l’aubergine, tous deux membres de la famille des Solanacées. Outre l’intérêt de cette découverte pour l’agronomie, elle permet une meilleure compréhension de l’histoire évolutive du génome de la tomate.
La tomate et la tolérance à la sécheresse Dans le cadre d’une vaste collaboration internationale, des chercheurs ont séquencé le génome d’une tomate sauvage, Solanum pennellii. Ils ont notamment identifié des gènes majeurs impliqués dans la tolérance à la sécheresse et suggéré 20
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Les scientifiques ont mis en évidence que la cuticule de S. pennellii présente une teneur accrue en cires, qui vient en renforcer la fonction naturelle, à savoir éviter la perte d’eau à travers les feuilles. Tout laisse donc penser que chez S. pennelli, la cuticule aurait été le siège d’une adaptation permettant de réduire les pertes d’eau par transpiration et de faciliter la survie en milieu aride. Dans le contexte de l’amélioration des plantes cultivées, et donc de nos ressources alimentaires, cette étude apporte aussi un nouvel éclairage sur les mécanismes qui ont permis la diversification de cette espèce au cours de l’évolution et son adaptation à de nouveaux environnements. Source : INRA France
que les éléments transposables joueraient un rôle important dans la tolérance au stress. Originaires d’Amérique du Sud d’où elles sont arrivées au XVIème siècle, les tomates que nous consommons aujourd’hui résultent d’un long processus d’amélioration. Si celui-ci a contribué à créer des lignées cultivées qui expriment des caractères d’intérêt initialement présents chez les plantes sauvages, il pourrait toutefois, être encore optimisé si l’on connaissait mieux le génome des tomates sauvages. Parmi celles-ci Solanum pennellii. Très résistante aux stress et en particulier à la sécheresse, elle a été souvent utilisée dans des croisements classiques avec la tomate cultivée S. lycopersicum et les lignées dites d’introgression dans lesquelles de grandes régions génomiques de S. lycopersicum sont remplacées par les segments correspondants de S. pennellii arborent des performances agronomiques nettement supérieures. Tout récemment, une équipe internationale de scientifiques a séquencé et analysé son génome, ouvrant ainsi la voie à une meilleure compréhension des fondements génétiques des caractères d’intérêt de ce fruit. Petite par la taille de son fruit, S. pennellii n’en renferme pas moins un génome de très grande taille, légèrement supérieur à celui de sa cousine cultivée S. lycopersicum, et qui montre une accumulation importante d’éléments transposables - des séquences répétées et mobiles d’ADN capables de se multiplier de manière autonome dans le génome où elles n’ont généralement pas de fonction identifiée. Ces éléments représentent plus de 80 % du génome de S. pennellii. Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Actu Actu Produit
Une pomme de terre à toute épreuve ! La pomme de terre, troisième production alimentaire mondiale, a de nombreux bioagresseurs dont Phytophthora infestans, agent du mildiou. Comment disposer d’une variété non seulement résistante mais avec des qualités nutritionnelles et des aptitudes à la transformation ? C’est à cette question que devra répondre le projet Quapores (QUAlité des tubercules de Pomme de terre RESistantes à différents agents pathogènes) lancé par la recherche française.
L
a France est le premier exportateur mondial de pommes de terre de consommation (hors produits transformés) et le deuxième exportateur de plants, dont 30% proviennent de Bretagne. Cependant, la plante et son tubercule ont un important cortège parasitaire : plus de 60 pathologies pouvant avoir un impact économique sont ainsi recensées.
Une « variété idéale » de pomme de terre Aujourd’hui, la recherche développe des nouvelles variétés plus résistantes afin de limiter le recours aux produits phytosanitaires pendant le cycle cultural. Mais il reste essentiel de vérifier, en lien avec les sélectionneurs, que ces variétés correspondent bien aux attentes du marché, notamment aux critères des industriels de la transformation : découpe, friture, transformation en chips ou en conserves. Pour les industriels transformateurs, le principal caractère innovant de Quapores est l’acquisition de données génétiques afin d’obtenir dans le futur une « variété idéale » pour la transformation en conserve ou en chips.
Démontrer les relations entre résistance et qualité Le projet Quapores vise à démontrer scientifiquement certaines relations favorables ou 22
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défavorables entre les résistances introduites dans les variétés modernes et les qualités organoleptiques, nutritionnelles ou technologiques (par exemple le noircissement après la cuisson). Dans un premier temps, l’objectif est de développer des techniques pour doser différents composés biochimiques présents dans les pommes de terre (vitamines, flavonoïdes, acides aminés…) et qui peuvent interférer sur la qualité, les atouts nutritionnels ou l’aptitude à la transformation industrielle. Cette étape permettra de créer des protocoles et modes opéra-
toires pour réaliser des analyses biochimiques applicables à des grands effectifs de tubercules. Dans un second temps, ces techniques de dosage seront appliquées à des pommes de terre résistantes ou sensibles à 3 agents pathogènes : Phytophtora infestans, agent du mildiou, le nématode à kystes Globodera pallida et les bactéries du genre Pectobacterium. Les résultats seront ensuite comparés pour vérifier s’il existe des corrélations entre le niveau de résistance, l’origine génétique du matériel végétal et la teneur en certains composés. Enfin, quelques va-
riétés seront caractérisées pour leur qualité sensorielle, leur aptitude à la cuisson et à la transformation industrielle. A terme, chaque utilisateur devrait disposer d’une variété, non seulement résistante, mais aussi adaptée aux conditions de production et répondant aux attentes en termes d’usage. Quapores est coordonné par l’unité rennaise Institut de génétique, environnement et protection des plantes (UMR Igepp).
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Actu Actu Produit
Recherche de variétés résistantes L’Allemagne, au moyen d’un nouveau projet de recherche de trois ans, part en guerre contre le mildiou, et ambitionne de développer une variété de pomme de terre résistante au Phytophthora. Pour mener à bien cette recherche, les experts allemands du sujet vont former un groupe de travail comprenant: instituts de recherche, instituts de génétique végétale, sélectionneurs, associations de protection de la nature, … qui seront impliqués dans cette étude. Actuellement, plus de 100 variétés de pommes de terre sont cultivées sur des parcelles expérimentales. Le matériel utilisé pour la culture des différentes variétés de plants provient directement des entreprises de sélection. De plus, les instituts de recherche disposent d’un certain nombre de variétés prometteuses, dont des spécimens âgés de plus de 250 ans. Les chercheurs souhaitent également utiliser le matériel disponible pour une étude au niveau moléculaire, afin de mieux comprendre la diversité génétique des pommes de terre disponibles, et notamment définir le potentiel des gènes contrôlant la résistance. Le projet devrait servir de base à la culture future de diverses variétés résistantes au Phytophthora tout en respectant pleinement le goût familier de la pomme de terre.
Reconnaissance des maladies
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es chercheurs ont mis au point une nouvelle méthode d ’identification visuelle des tubercules de pommes de terre malades.
Vérifier les pommes de terre: un processus coûteux Vérifier la présence de ma-
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ladies dans les tubercules de pomme de terre est un processus nécessaire durant les différentes étapes de sa croissance. Cela commence avant même leur plantation, lors de l’examen des tubercules importés. Cette tâche est actuellement réalisée manuellement, ce qui est un travail à la fois pénible et coûteux. Ensuite, durant la
croissance, les agriculteurs peuvent faire face à des maladies qu’ils doivent identifier afin de décider d’un éventuel traitement, comme l’utilisation de pesticides. Enfin, avant que la pomme de terre ne soit vendue, une dernière étape laborieuse de tri doit être accomplie.
Une technique de vérification automatique par l’image Une équipe de recherche
israélienne a mis au point une technique d’identification des tubercules de pommes de terre malades par le biais d’images numériques et basée sur un nouveau processus statistique. Les chercheurs espèrent que cette technique va permettre d’importantes économies en aidant les agriculteurs et les institutions publiques à trier et identifier les tubercules durant les différentes étapes de leur croissance. De nombreuses maladies des pommes de terre sont visibles sur leur peau. De la sorte, si les tubercules sont pris en photo, un système automatique peut les comparer et trouver les individus malades. Pour cela, une importante base de données d’images de maladies de pommes de terre a été créée. Des méthodes d’ap-
prentissage automatique sont utilisées pour identifier des caractéristiques visuelles sur des images de tubercules malades. Avec ces caractéristiques, les chercheurs construisent un classificateur qui déroule une liste de maladies potentielles par ordre de probabilité décroissant. Les premiers résultats sont prometteurs. De nouvelles approches et de nouveaux algorithmes sont en cours de test pour améliorer la précision des estimations.
Facteurs de pertes aprèsrécolte
Dans les climats chauds, la pomme de terre souffre davantage des maladies et des ravageurs que dans les régions à climat tempéré. Cette culture subit en effet les attaques de nombreuses maladies (la mosaïque, l’enroulement, le flétrissement bactérien (pourriture brune), la jambe noire, le mildiou, la gale, l’alternariose, la verticilliose, l’oïdium, la fusariose, la maladie à sclérotes, etc.) et d’une multitude de ravageurs (insectes, nématodes). Certains de ces ravageurs et maladies causent également
des dégâts pendant la phase de stockage. Au-delà des mesures phytosanitaires, les experts proposent un éventail de mesures culturales et hygiéniques destinées à réduire les pertes causées par ces agents. Ces mesures sont : - Utiliser des variétés résistantes - Planter des semences saines - Opter pour de bonnes pratiques culturales, dont le billonnage correct et la lutte intégrée contre les maladies au champ - Récolter les tubercules à maturité - Récolter les tubercules par temps sec - Eviter de blesser les tubercules pendant la récolte et le
transport - Favoriser la cicatrisation des blessures (soumettre les tubercules à une température d’environ 18 °C durant dix à quinze jours avant de les stocker au frais) - Eviter de laisser les tubercules exposés au soleil et à la pluie - Trier et éliminer les tubercules infectés avant la mise en stock - Ne pas laver les tubercules avant la mise en stock - Désinfecter le magasin et les outils de travail avant la mise en stock - Assurer une bonne ventilation du magasin et une température basse - Inspecter le magasin régulièrement
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Actu Actu Produit
célèbre sa dixième édition Bolzano, 24 – 26 novembre 2016
Le rendez-vous 2016 avec la biennale Interpoma, seul évènement dans le monde dédié exclusivement à la culture, la conservation et la commercialisation des pommes, se tiendra du 24 au 26 novembre au centre des Expositions de Bolzano, Haut-Adige, Italie. Pour cette occasion spéciale, en plus du très attendu congrès « La Pomme dans le Monde » et des visites dans les zones de production, le salon, toujours plus vaste, dévoilera ses nouveautés et sera l’occasion de découvrir les tendances qui s’annoncent.
A
ux pavillons de la Foire de Bolzano, des spécialistes célèbres arrivant du monde entier se retrouveront sur ce territoire qui fut le berceau européen de la culture de la pomme, pour faire le point sur la santé du secteur, présenter les innovations les plus prometteuses, échanger et conclure des affaires. Le salon qui souffle cette année ses 10 bougies s’agrandira et occupera l’ensemble des quatre secteurs de 25 000 mètres carrés à disposition, 70 pays sont également attendus. Les visiteurs pourront ainsi s’informer sur les nouveautés et les tendances des techniques de sélection, de production, de récolte, d’emballage, de conditionnement, conservation, logistique… Le salon
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sera également l’occasion de présenter de nouvelles variétés, notamment grâce à la participation à l’événement d’importants centres de recherche. Au vu du grand nombre de demandes les années précédentes, les organisateurs ont décidé de multiplier les visites réservées aux visiteurs de la foire. En effet, chaque jour, des visites dans deux ou trois lieux de production dans les alentours de Bolzano seront organisées. Elles ont pour objectif de montrer aux opérateurs internationaux du secteur les méthodes de production, de différenciation et de stockage des pommes dans le Haut-Adige. À noter qu’à l’occasion du dixième anniversaire d’Interpoma, les organisateurs du salon
collaborent pour la première fois avec la ville de Bolzano afin d’organiser en centre-ville des initiatives et des manifestations autour du monde de la pomme. Les habitants auront ainsi l’occasion de voir un des produits d’excellence du territoire, et un des plus importants produits de l’économie locale, mis en valeur. Les visiteurs pourront quant à eux découvrir pour la première fois « l’envers du salon » de la pomme grâce à différentes initiatives spécialement pensées pour un public hétérogène et international. Pas moins de 27.000 hectares de vergers, dont 18 000 sont dédiés à la culture des pommes, lesquelles représentent 15% du total européen, font du
Haut-Adige la plus vaste zone continentale fermée réservée à la culture fruitière. De la douzaine de variétés de pommes qui poussent dans les vallées des Dolomites onze ont obtenu en 2005 le label IGP. Environ 8 000 exploitations familiales produisent à peu près un million de tonnes de pommes dont la moitié est destinée à l’exportation. Il ne s’agit que de quelques-uns des chiffres qui décrivent le territoire sur lequel se déroulera, du 20 au 22 novembre, la plus grande manifestation internationale sur la pomme, qui en est cette année à sa neuvième édition. Le Haut-Adige, caractérisé par sa vocation agricole et touristique, est donc l’endroit idéal pour accueillir les professionnels du sec-
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Actu Actu Produit
teur des pommes qui arriveront des quatre coins du monde.
Congrès « La Pomme dans le Monde » Parallèlement à Interpoma se tiendra comme chaque année le traditionnel congrès international «La pomme dans le monde», dont le responsable, Kurt Werth, est connu pour son expérience dans le domaine de la culture de la pomme. Au total, une vingtaine d’intervenants, originaires des plus importantes zones de production de pommes au monde, aborderont les sujets les plus chauds du moment. Le programme du congrès a été entièrement dévoilé lors de la conférence de presse donnée pendant le salon Fruit Logistica 2016 sur le stand du consortium de la pomme du Sud Tyrol La première journée aura pour thème « Le marché de la pomme en phase de transition » : seront abordées les manières de réagir au moment critique que semble traverser le secteur. En particulier, on explorera les nouveaux
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besoins des marchés, on approfondira le « modèle du HautAdige », on débattra des besoins des importateurs et on discutera du thème de la fruiticulture durable. Un expert en statistiques sera également présent et fournira différentes données sur la consommation de pommes, en diminution constante depuis des années. Quelles en sont les raisons ? Peut-être «l’ancienne génération » de consommateurs est-elle en voie de disparition ? Quelles sont les solutions possibles pour sortir de cette impasse ? La deuxième journée, qui sera consacrée au point de vue du consommateur, se concentrera sur les facteurs principaux qui influencent l’achat d’une pomme (du goût au prix, en passant par le calibre et la consistance) et sur les attentes concernant les nouvelles variétés de pommes. Un rapport sur le futur très prometteur des produits transformés à base de pommes sera également présenté. La dernière journée, samedi 26
novembre, se projettera dans le futur à long terme du secteur et traitera des « Nouveautés provenant de la science, de la recherche et de la technique ». Elle se concentrera en particulier sur le comportement au niveau des sens et de la santé des anciennes et des nouvelles variétés de pommes, sur la pépinière moderne et les techniques de propagation, sur l’utilisation de drones dans les vergers, sur l’irrigation programmée en fruiticul-
ture et sur le projet international « Monalisa » auquel participent différentes stations expérimentales pour contrôler les paramètres clés de l’environnement alpin, afin de garantir une production de qualité. Une intervention sur « Eufruit », le réseau thématique sur l’innovation dans la fruiticulture en Europe, clôturera cette session. Pour toute information : www.interpoma.it
La filière pomme italienne Un exemple d’organisation et d’intégration
Avec près de 2 millions de tonnes, l’Italie est le deuxième plus grand producteur de pommes en Europe. Les vergers de pom-
miers sont situés à plus de 80% dans le Nord du pays, notamment dans le Tyrol du sud qui concentre 50% de la production italienne, 10% de la production européenne et 2% de la production mondiale. Dans la région autonome du sud Tyrol, les vergers de pommiers s’étendent à perte de vue. La province est située sur le versant sud des Alpes au nord de l’Italie et le terroir est caractérisé par des altitudes de production comprises entre 200 et 1.000 mètres, des précipitations moyennes annuelles de 800 mm et 2000 heures d’ensoleillement par an. Elle allie de ce fait les avantages climatiques de sa montagne au climat relative-
ment doux de ses vallées. Plus de 7.000 familles vivent de cette production qui couvre près de 18.500 hectares, soit une moyenne de 2,5 hectares par ferme avec un rendement moyen de 60 tonnes/ha et la production est livrée presque intégralement à des coopératives. Malgré la taille modeste des exploitations, la clef de leur succès réside dans l’organisation des producteurs avec la mise en place et la gestion des organismes de services dont ils ont besoin (formation, conseil technique, recherche, certification...) avec l’aide des autorités régionales. Ainsi, en 2014, 95% des pommiculteurs étaient membres d’une des 24 coopératives, regroupées
elles-mêmes au sein de deux grandes structures en charge de la commercialisation. Le rôle central des organisations de producteurs et la complémentarité des fonctions entre des acteurs privés et publics est remarquable. A noter que depuis une dizaine d’années, la grande tendance est à la fusion de coopératives dont la dimension atteint de plus en plus souvent 20.000 à 60.000 tonnes, avec d’énormes investissements dans les équipements de stockage et conditionnement. Depuis 2005, treize variétés de pommes sont produites dans la région, mais les plus cultivées sont Golden Delicious sur 37% des surfaces, Gala (13%), Red Delicious (9%), Braeburn (7%)
et Granny Smith (6%). L’environnement de production a une grande influence sur les caractéristiques et la qualité de la pomme. En effet, les conditions de montagne accentuent certains traits qualitatifs : coloration, texture, croquant de la chair, richesse en polyphénols et autres substances nutritives, etc. C’est la raison pour laquelle les consortiums de producteurs ont développé des signes distinctifs de qualité de leurs terroirs de production (IGP et AOP) qui sont des atouts de taille pour la communication. En général, il s’agit de marques commerciales d’exploitation gérée par des consortiums de producteurs dans leurs territoires respectifs (Val Venosta, Melinda, Marlène, Melavì…).
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Actu Actu Entreprise
PLANASA Adelita au Fruit Logistica 2016
Avec un stand 100% Adelita, Planasa renforce l’image de sa variété de framboise vedette Adelita, variété déposée par l’obtenteur PLANASA, est la framboise la plus en en vogue en Andalousie comme dans le reste du monde. Adelita est une framboise à gros fruit, appétissante et d’une grande saveur, avec un juste équilibre sucre/acidité. Après récolte, ses fruits présentent une très bonne aptitude à la
conservation. Le framboisier Adelita est le seul framboisier remontant qui produise des fruits pendant tout l’hiver dans des climats tels que celui de Huelva ou encore du centre du Mexique, ainsi que pendant l’été dans les pays plus froids du nord de l’Europe. Facile à conduire, Adelita est très
Dow AgroSciences dévoile deux nouveaux insecticides
Ces deux nouveaux produits répondent aux besoins des agriculteurs sur des cultures importantes pour les consommateurs dans leur région de l’Europe, du MoyenOrient et de l’Afrique. Dow AgroSciences a réuni le 3 février à Berlin 40 représentants de la « food chain » (agriculteurs, importateurs, exportateurs, techniciens….) de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique pour échanger sur l’efficacité de ses innovations insecticides récemment commercialisées en dehors de l’Europe : IsoclastTM Actif et Spinetoram. Les deux molécules ont été approuvées par l’Union Européenne et sont en cours d’homologation dans les états membres. Cet évènement, qui a aussi inclus des témoignages de producteurs et de distributeurs, a eu lieu en fin de journée au salon FRUIT LOGISTICA, qui a rassemblé cette année plus de 2800 exposants et 70000 visiteurs représentant le secteur des fruits et légumes. 30
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«Grâce à des années d’investissement significatif dans la recherche et développement, nous pouvons proposer des solutions innovantes aux agriculteurs pour lutter contre des ravageurs très nuisibles à certaines cultures clés pour les consommateurs, comme les fruits et les légumes essentiels pour un régime alimentaire sain,» a déclaré Pierre Flye Sainte Marie, Vice-président EMEA et Pacifique de Dow AgroSciences. Isoclast TM Actif est le premier représentant d’une nouvelle fa-
productif et ses fruits se récoltent aisément. Toutes ces qualités font d’Adelita la variété préférée des connaisseurs qui recherchent une qualité supérieure 365 jours par an. Avec plus de 2000 ha plantés, Adelita est une variété club, véritable garantie de régularité et de qualité. En 4 ans, Adelita a rencontré un véritable succès que PLANASA a tenu à partager avec ses collaborateurs et ses clients
mille d’insecticides, efficace sur les insectes piqueurs suceurs (pucerons, …) sur un grand nombre de cultures, grâce à un mode d’action unique lui conférant un excellent effet de choc. Spinetoram, qui a reçu le Green Award aux USA, est un nouveau représentant de la famille des insecticides spinosyn d’origine naturelle. Son mode d’action lui confère une très bonne efficacité sur de nombreux ravageurs comme les carpocapses, drosophiles, psylles…… «Notre industrie fait face à une réduction constante des outils de protection des cultures qui devient critique; il est essentiel que de nouveaux outils soient développés pour combattre les ravageurs nuisibles mettant à la disposition des producteurs de nouvelles substances avec des nouveaux modes d’actions dans le contexte
à Berlin pendant le Fruit Logistica 2016. Plus d’informations: www.adelita.com
de l’Union européenne», a expliqué Lindi Benic, qui représente l’industrie des Fruit à pépins, des fruits à noyaux et du raisin de table en Afrique du Sud. Rappelons que Dow AgroSciences, un leader mondial dans le domaine des produits de protection des plantes, a annoncé récemment son objectif de mettre en marché six nouvelles molécules et d’autres solutions révolutionnaires en EUROPE et MEAF. Ces nouvelles molécules sont le résultat de l’engagement fort de l’Entreprise dans la découverte de solutions novatrices qui profitent aux producteurs à travers le monde. Dow AgroSciences fournit également le support nécessaire à la bonne utilisation de ses produits en ce qui concerne les aspects de la filière tels que des informations sur les LMR et les délais d’utilisation avant récolte.
elephANt vert En réponse aux actions gouvernementales incitant les industriels à organiser leurs efforts en structures de coopération et de collaboration, deux associations sont actuellement en plein essor. Il s’agit de l’association « BioVal » et du Cluster « AgrInnov ». « BioVal », Association regroupant une vingtaine d’Organismes, ayant pour objectif : la valorisation des résidus et déchets organiques au Maroc. Elle est actuellement Membre du comité de normalisation des matières fertilisantes et supports de cultures à l’ONSSA et participe activement à l’organisation de la filière déchets organiques avec un ensemble important de par-
tenaires dont le ministère de l’énergie, de l’eau et de l’environnement, le Ministère de l’agriculture et de la pèche maritime et le Ministère de l’intérieur. « AgrInnov », Cluster labélisé par le Ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. Ce cluster a comme objectif l’accompagnement de la politique de l’état et l’aide à l’introduction de l’Innovation dans le secteur d’Industrie Agro-Alimentaire Au Maroc. Il a adopté le principe de fonctionnement basé sur les Agrochaines et apporte sa contribution en matière de valorisation Alimentaire et non Alimentaire des Agro-ressources. Il per-
met à ses adhérents de devenir plus compétitifs en aidant à la proposition de nouveaux produits ou en améliorant les procédés de production. Actuellement il participe entre autre à la mise en place du projet « Innova Project 2.0 » mené par le MICIEN et un certain nombre d’université. Vous êtes une entreprise et vous vous sentez concerner par l’innovation dans les agrochaines ainsi que par la valorisation des résidus et déchets organiques pour une économie verte circulaire au Maroc rejoignez nous.
Contact: bioval@bioval-ma.com ou Agrinnov@agrinnov.net.
elephANt vert
Elargit son réseau commercial
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epuis le début de la campagne agricole, et malgré le retard des pluies, ELEPHANT VERT œuvre pour vulgariser davantage le rôle de la matière organique et les bienfaits de ses produits auprès des agriculteurs marocains. Des journées de vulgarisation animées par des spécialistes en la matière ont ainsi été organisées en partenariat avec les principaux distributeurs et revendeurs de chaque région pour couvrir une
large partie du territoire marocain, donnant un élan positif aux agriculteurs, surtout avec l’avènement des pluies de grâces. A noter par ailleurs qu’ELEPHANT VERT a décidé d’élargir son réseau commercial. Une large couverture assurée avec de nouveaux recrutements. L’objectif étant de garantir plus de proximité et un contact permanent avec les clients, pour leur assurer un conseil et un suivi permanents et adéquats.
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SALON
Aujourd’hui à Fruit Logistica Demain dans vos assiettes Fruit Logistica a de nouveau repoussé les limites. Du 3 au 5 février 2016, plus de 70 000 visiteurs professionnels en provenance de plus de 130 pays ont participé à la plus grande manifestation mondiale du secteur des fruits et légumes. Plus de 2 890 exposants ont pu présenter non seulement l’éventail complet des divers produits et services de la filière fruits et légumes, mais aussi de nombreuses innovations qui marquent une véritable révolution et qui rendent l’offre encore plus variée pour les consommateurs. Et comme chaque année, l’événement a été couvert par des centaines de journalistes du monde entier. La revue Agriculture du Maghreb était présente, à son habitude, et décrit à ses lecteurs l’ambiance de l’édition 2016.
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n parcourant les nombreux halls de Fruit Logistica, le visiteur découvre les nouveautés qui rempliront demain les linéaires. Semenciers, producteurs, sociétés d’emballage, de conservation, de logistique,… tous avaient un même objectif : fournir les produits idéaux pour les consommateurs… et qui fassent grim32
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per in fine la consommation en rayon. Par ailleurs, nombre d’opérateurs mettent à profit leur participation pour organiser des manifestations destinées à présenter leurs gammes, leurs nouvelles stratégies marketing et promouvoir leurs nouveaux slogans. Pas moins de 27 premières mondiales ont été présentées, ce qui souligne la haute capacité d’innovation du secteur.
Les acteurs présents à Fruit Logisitica ont des idées à revendre. Souvent, des produits associés permettent de consommer les fruits plus facilement. Ainsi des stands proposent des fraises en coffret avec de la crème, d’autres ajoutent à la barquette de citrons verts un pilon pour réaliser des cocktails… La tendance va même plus loin avec des kits tout en un, pour réali-
ser, par exemple, des boissons ou des sauces typiques mexicaines. De façon globale, l’idée est de faciliter la préparation de ces produits bruts. C’est pourquoi, aussi, les QR codes et autres leaflets abondent en rayons. Une idée logique quand on sait que le manque de savoir-faire culinaire est l’un des freins principaux à l’achat des fruits et légumes.
Des exposants et des visiteurs très satisfaits Pendant trois jours, grossistes, détaillants, producteurs et sociétés d’import-export ont présenté un panorama complet des produits et services disponibles à tous les niveaux de la filière. Et avec 2.891 exposants en provenance de 84 pays, l’offre présentée pendant le salon n’a jamais été aussi étendue. Les exposants avaient pour principaux objectifs de fidéliser les clients habituels et d’en séduire de nouveaux. La mission a été en grande partie accomplie puisque 90% des premiers ont jugé positifs les résultats commerciaux de leur participation et 45,7% ont même signé des contrats pendant le salon. « Véritable vitrine pour nos produits, Fruit Logistica nous offre la possibilité de rencontrer pendant trois jours nos clients en provenance du monde entier et de faire des planifications pour toute l’année. Cela nous évite de faire de longs voyages et nous fait donc économiser du temps et de l’argent » explique un exposant. Pour leur part, les visiteurs professionnels ont été caractérisés par leur internationalité et par leur haut pouvoir de décision. Les producteurs de fruits et de légumes, les représentants de l’import-export ainsi que du commerce de gros et de détail ont été les plus importants groupes de visiteurs. Le taux des visiteurs étrangers s’est élevé à 82%. Deux tiers des quelques 70.000 visiteurs professionnels venaient de l’UE, 9% d’autres pays européens, 12% d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, 8% d’Afrique, 5% du Proche et du Moyen-Orient et 3% d’Asie. Les visiteurs ont tous loué l’éventail de l’offre du salon et ont été unanimes quant aux excellents contacts réalisés. Leurs centres d’intérêt étaient avant tout portés sur les fruits et les légumes frais, les emballages et les machines de conditionnement. « Nous sommes
ici également pour essayer de cerner les tendances actuelles de comportement du consommateur afin d’adapter les stratégies du commerce », explique un visiteur. Les trois quarts des visiteurs professionnels pensent que les contacts établis donneront lieu à des négociations et à la conclusion de transactions commerciales après le salon. Quand aux fournisseurs d’intrants agricoles (semences, emballages machines de conditionnement…), ils ont eu la possibilité de présenter leurs nouveautés et en même temps d’avoir une idée des besoins de leurs clients, producteurs de fruits et légumes. Les idées, les concepts et les structures sont au centre des entretiens. La création variétale est au centre de l’innovation produit dans la filière Légumes. Les sociétés de semences présentes au dernier Fruit Logistica ont profité de cette vitrine pour promouvoir leurs sélections. Il est vrai que le marché de la semence potagère est ouvert et porteur. Estimé à plus de quatre milliards d’euros à l’horizon 2020, il offre une croissance de plus de 6% par an dopée par la croissance démographique mondiale et par le développement international du commerce de fruits et Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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SALON tion primaire de simple protection, passant à l’originalité, la praticité, la rentabilité et la préservation de la qualité. Grâce à l’intégration de concepts originaux et de nouvelles technologies, l’emballage a su prendre une nouvelle dimension et accompagner les tendances de consommation et de distribution des fruits et légumes.
légumes dont Fruit Logistica est un témoignage patent. La plupart des maisons grainières présentes ont misé sur des produits à haute valeur ajoutée, générateurs de bénéfices à l’ensemble des opérateurs. Par ailleurs, compte tenu de l’en-
gouement des consommateurs européens pour les produits coupés, les variétés de légumes doivent se prêter à la transformation et présenter une meilleure aptitude au transport, packaging et stockage. L’emballage a dépassé sa fonc-
Des sociétés leader de la protection des cultures étaient également présentes aux cotés des différents acteurs de la chaîne de production. Elles ont pratiquement toutes axé leur participation autour de l’accompagnement des opérateurs pour un meilleur rendement et une meilleure qualité générale et sanitaire des fruits et légumes.
Place à l’innovation Le FRUIT LOGISTICA Innovation Award rend hommage aux nouveaux produits et services exceptionnels dans le secteur des fruits et légumes et récompense les innovations qui marquent une véritable révolution pour la filière des fruits et légumes. L’entreprise espagnole World’s Coconut Trading a remporté le premier prix avec sa noix de coco biologique ″Genuine Coconut″ dotée d’une ouverture brevetée et d’une paille. La Genuine Coconut permet ainsi de se régaler directement du fruit et d’apprécier une boisson délicieuse, riche en nutriments et en minéraux vitaux importants. Les visiteurs professionnels ont voté en deuxième place pour le Kitchen Minis-Tomato de Northern Greens du Danemark. C’est un petit plant de tomates cerises compact et d’aspect attrayant, qui produit jusqu’à 150 fruits toute l’année et qui ne mesure qu’entre neuf et onze centimètres de large et 35 centimètres de haut. Les fruits pèsent entre huit et dix grammes. Le poivron rayé jaune et rouge ″Enjoya″ de l’entreprise néerlandaise Terra Natura International occupe la troisième place. Enjoya se caractérise par son goût épicé et très aromatique et regorge de vitamine C. Pour la première fois cette année, le jury a décerné un prix spécial. Il a été attribué à l’entreprise belge Stoffels pour son distributeur de tomates ″Automato″. Des tomates cerise de différentes couleurs roulent directement des compartiments dans les sachets.
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Marché mondial des fruits et légumes Selon les chiffres publiés récemment par la société Agrarmarkt Informations-Gesellschaft mbh (AMI), Bonn, la production mondiale a atteint en 2015 environ 1,05 milliard de tonnes de légumes (sans les melons) et près de 830 millions de tonnes de fruits (melons inclus). La production a continuellement augmenté au cours des dernières années, tant du côté des fruits que des légumes. Dans le commerce transfrontalier des produits frais, neuf pour cent de la production mondiale de fruits et près de quatre pour cent de la production mondiale de légumes sont exportés. En 2015, la récolte de fruits de l’UE a totalisé près de 38 millions de tonnes, soit une baisse de deux pour cent par rapport à l’année précédente. Dans le secteur des légumes, la récolte de l’UE a diminué de trois pour cent par rapport à 2014 et atteint 61
millions de tonnes environ. Le commerce, c’est le changement – c’est notamment le cas pour le commerce des fruits et légumes. Mais comment le commerce des fruits et légumes se modifie-t-il ? C’est ce que voulait savoir l’association allemande du commerce des fruits et légumes (DFHV) qui a pour cela chargé l’université de Göttingen d’effectuer une étude sous la responsabilité du Prof. Dr Ludwig Theuvsen, département d’économie agricole. On a examiné si et comment les flux internationaux de marchandises se modifient dans le secteur des fruits et légumes. Il est ressorti de cette étude que l’Europe reste un important marché exportateur, mais qu’elle perd en importance. Par contre, le marché asiatique devient de plus en plus intéressant. Des difficultés d’approvisionnement en certains produits pourraient apparaître à long terme en Europe, notamment dans le secteur haut de gamme.
L’Egypte
partenaire officiel du salon En s’engageant comme pays partenaire du salon leader du commerce international des fruits et légumes, le pays nord-africain désire démontrer ses capacités et convaincre les visiteurs professionnels de la diversité et la qualité de ses produits. L’Egypte exporte ses produits agricoles dans 145 pays et les perspectives sont favorables. Les investissements dans le secteur agricole sont élevés et vont assurer la croissance continue dans le marché. Pendant la saison 2014/2015, les entreprises égyptiennes ont exporté 743.000 tonnes vers l’Union européenne alors que les exportations mondiales se sont élevées à 3,53 millions de tonnes pendant la même période. Ainsi, 21% des produits agricoles égyptiens sont exportés vers l’Union européenne sachant qu’au cours des dix dernières années, l’Egypte a augmenté
ses exportations de produits agricoles de 226%. Pendant la saison 2013/2014, l’Egypte a exporté des fruits et des légumes pour une valeur de 2 milliards de dollars, notamment en Russie, en Arabie saoudite et en Grande-Bretagne. L’Iraq, les Emirats arabes unis, la Libye, l’Italie, les Pays-Bas et le Kuwait sont également des clients importants. Le volume des exportations est passé de 1,7 million de tonnes pendant la saison 2005/2006 à 2,9 millions de tonnes pendant la saison 2013/2014, soit une augmentation de 69 pour cent. Les agrumes (1 142 000 tonnes), les pommes de terre (688 000 tonnes), les oignons (359 000 tonnes), les raisins (99 000 tonnes), les grenades (85 000 tonnes), les fraises (34 000 tonnes) et les haricots verts (31 000 tonnes) ont été les principaux produits exportés par l’Egypte pendant la saison 2013/2014. Le salon FRUIT LOGISTICA est organisée par la société Messe Berlin GmbH en coopération avec la revue Fruchthandel Magazin. La prochaine édition de la FRUIT LOGISTICA aura lieu du 8 au 10 février 2017. Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Participation marocaine L
a promotion des exportations à l’échelle internationale est une tâche ininterrompue et le Maroc se doit d’être présent dans toutes les manifestations dédiées au commerce international de ses produits phares dont les fruits et légumes, afin de communiquer sur son potentiel productif et qualita-
tif, et établir des contacts professionnels avec les importateurs du monde entier. C’est dans ce cadre que s’inscrit la 15e participation du Maroc au Salon Fruit Logistica à Berlin. Plus de quarante producteurs, exportateurs, associations et fédérations professionnelles, présents
sur le pavillon marocain, ont ainsi pu présenter sur une surface de 1.000 m² une palette diversifiée de fruits et légumes produits à travers le royaume (agrumes, tomate sous toutes ses formes, légumes divers, fruits rouges, melon, raisin, pommes, avocats, mangues, truffes, ...). En outre, il faut signaler que certains exposants marocains
STAND DES DOMAINES AGRICOLES
STAND DELASSUS
STAND MATYSHA LYMOUNA
STAND ELBOURA
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ont préféré installer leur stand ailleurs et se sont mis parmi les fournisseurs de produits identiques aux leurs. Malgré une hausse du nombre d’exposants cette année, l’on peut encore regretter l’absence de plusieurs entreprises. En effet, les exportateurs marocains exposants pourraient être beaucoup plus nombreux. Il s’agit en fait d’une curieuse contradiction entre la conviction générale de l’intérêt que représente ce salon pour l’ensemble des opérateurs en fruits et légumes, et le fait de ne pas y être présent ! Pourtant, Fruit Logistica est l’endroit idéal pour établir et bâtir des relations personnelles de confiance, indispensables dans le domaine du commerce des fruits et légumes frais. La participation marocaine au salon Fruit Logistica revêt une importance capitale pour consolider les relations avec les clients tradi-
tionnels, communiquer sur leurs nouveautés mais également créer de nouveaux partenariats. En effet, beaucoup d’opérateurs marocains ont des difficultés à élargir leurs contacts dans certains pays à fort potentiel pouvant constituer de nouveaux débouchés pour nos produits. Il faut signaler à ce propos que la levée du monopole et la libéralisation des exportations a entraîné une focalisation des exportateurs sur les marchés traditionnels, négligeant l’aspect prospection. Il est vrai que cette dernière est coûteuse, déborde souvent les impératifs des opérateurs et devrait être entreprise par une structure plus globale. D’ailleurs à propos de la participation marocaine, malgré son importance, elle n’échappe pas aux remarques de certains professionnels de la filière quand aux possibilités d’améliorer cette participation. L’occasion aussi de s’informer, pour ceux qui ont eu le temps de faire
le tour du salon, sur les évolutions des tendances de la consommation sur le marché international et bien sur observer ce qui se passe chez la concurrence. Cela dit, la présence au salon n’est pas suffisante en soi. Ce qui compte c’est surtout l’action. Les rendez-vous avec les clients visitant cette manifestation, doivent de ce fait être préparés longtemps à l’avance. C’est le cas de certains exportateurs seulement dont les salles de réunion ne désemplissaient pas pendant les trois jours du salon. En effet, les acheteurs ne viennent pas à Fruit Logistica pour se promener et leurs séjours sont déjà organisés avec des prises de rendez-vous, ou par des décisions de visites prévues bien avant le début du salon. Il est une question qui revient chaque année parmi les exposants qui est la faiblesse de fréquentation du pavillon Maroc, par
STAND GROUPE KANTARI
STAND AGRI-SOUSS
STAND FRESH FRUIT
STAND AGRUMAR SOUSS Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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rapport aux autres halls du salon. Beaucoup mettent en cause l’emplacement du pavillon marocain qui est pourtant situé juste à l’entrée sud du grand centre d’expositions franchie par des milliers de visiteurs chaque jour. Des ex-
posants suggèrent de déplacer le pavillon dans l’un de ces halls plus visités. Cependant, dans ces halls très prisés, toute la difficulté est de trouver 1.000 m2 d’un seul tenant pour déplacer l’espace Maroc. Alors puisqu’il semble que l’on soit
condamné à rester dans le Hall1, il faudrait probablement miser davantage sur une communication plus agressive avant et pendant le salon et qui pourrait attirer davantage de visiteurs et d’éventuels partenaires.
Agriculture du Maghreb Support médiatique aux exportateurs
Fidèle à son habitude, la revue Agriculture du Maghreb était présente encore une fois sur un stand pour soutenir les exportations marocaines et l’agriculture en général. Pour l’occasion, un numéro spécial a été édité en anglais pour être a la portée de tous les visiteurs et a été distribué gratuitement aux professionnels qui ont fréquenté le pavillon marocain. Ce numéro avait pour objectif de mettre à la disposition des professionnels, a travers les articles adéquats, une vision synthétisée de toute la diversité et la qualité de l’offre destinée à l’export. Il présentait aussi les visuels des exportateurs destinés à mettre en avant leurs atouts et leurs marques, et permettait aux professionnels du commerce international d’avoir une idée sur les opportunités que leur offre notre pays. Les nombreux visiteurs qui ont défilé dans le stand de ‘’Agriculture du Maghreb’’ au long de ces trois jours ont ainsi trouvé les informations qu’ils cherchaient et les réponses aux questions qu’ils voulaient poser. En effet, les questions portaient essentiellement sur les produits que le Maroc pouvait exporter, les calendriers, les sociétés exportatrices à même d’assurer la livraison de ces produits, etc. Agriculture du Maghreb espère ainsi avoir rempli son rôle de soutien et porte parole inconditionnel et objectif de l’agriculture marocaine.
STAND BLAGRI
STAND APEFEL 38
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STAND MAROC CITRUS
Les Domaines Agricoles
Trois produits ‘’Saveurs de l’année 2016’’
S
ur un grand stand design et clairement tourné vers le développement durable, les Domaines Export, entité exportatrice des fruits et légumes du Groupe des Domaines Agricoles, a présenté ses nouveautés, entre autres trois produits reconnus ‘’Saveurs de l’année 2016’’. En effet, trois produits ont été choisis par un panel de consommateurs à la fois pour leur aspect et leur qualité gustative, à savoir : la mandarine Afourer® (pour la 7ème fois), le melon charentais (pour la 4ème fois) et la tomate cocktail (pour la 3ème fois). Pour rappel, le label Saveur de l’année est délivré par Monadia, premier centre indépendant de Qualité-Consommateur Européen, suite à l’évaluation d’un jury de consommateurs sur l’aspect, l’odeur, la texture et le goût des produits. Il en ressort une note de satisfaction globale attribuée en fonction du plaisir spontané engendré lors de la dégustation. Pour l’occasion, le président de Monadia a fait le déplacement en personne à Berlin pour remettre les trophées ‘’Saveur de l’année’’ lors d’une cérémonie à laquelle ont été conviés les partenaires du Groupe des Domaine et la presse internationale.
La mandarine Afourer® « Les Domaines »
Cet agrume est produit dans la région de Marrakech, dont la situation géographique, la luminosité et la composition du sol en font un terroir singulier.
En outre, l’isolement des plantations préserve cette mandarine de toute pollinisation croisée. Une précaution qui permet d’offrir des fruits garantis « 100% sans pépin », possédant une coloration, un calibre et un goût incomparables pour les agrumes. Le fruit se distingue par sa jolie forme aplatie, son parfum prometteur, sa peau souple et fine, facile à éplucher. Son juste équilibre entre sucre et acidité lui donne un goût tout en arômes. Fondant dans la bouche, sa dégustation est un moment de plaisir non démenti depuis 7 ans par les consommateurs du jury Saveur de l’année, qui décrivent la mandarine Afourer® comme « agréable à manger, très parfumée, juteuse et bien sucrée, avec une odeur extrêmement agréable ».
Tomate cocktail « Les Domaines » : le goût de l’authentique
La présentation en grappe de la tomate cocktail LES DOMAINES, sa couleur rouge éclatante, son parfum généreux et sa forme ronde éveillent l’appétit. Grâce au climat particulièrement remarquable du sud du Maroc, elle se distingue par sa saveur de tomate mûre alliant finesse et gourmandise. Croquante dans la bouche, sa chair révèle un parfum enivrant. Elle a séduit le jury par son « goût excellent, ses grappes bien fournies, appétissantes et juteuses ».
Melon Charentais « Les Domaines » : la saveur raffinée
Egalement gorgé du soleil du Sud marocain, le melon charentais LES DOMAINES inspire les gourmets les plus exigeants par sa forme généreuse, sa couleur orangée et son parfum intense. Facile à découper, sa chair à la fois ferme et juteuse est fondante en bouche, libérant pleinement ses arômes fruités et sucrés. Ces qualités en ont fait un véritable ambassadeur du raffinement et du goût, en entrée comme en dessert. Ce sont « sa couleur impeccable », son « très bon goût » et son jus «rafraîchissant et délicieux » qui ont convaincu encore une fois le panel. À travers ces trois produits labellisés « Saveur de l’année 2016 », c’est l’ensemble de la filière fruits et légumes des Domaines Agricoles qui se voit récompensé de sa recherche d’excellence. A noter en fin que Les Domaines Export, commercialisent les fruits et légumes des DOMAINES AGRICOLES, à travers un réseau de distribution diversifié (grossistes, grandes et moyennes surfaces et grandes surfaces spécialisées frais). Les Domaines Export sont présents dans plusieurs régions du monde, notamment au Canada et aux Etats-Unis mais aussi en Europe, au Moyen-Orient, en Russie et en Afrique.
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SALON
Au centre à gauche M. Mohamed Benbiga Secrétaire Général de l’APNM
L’APNM lance le label : Morocco Nadorcott Seedless® RA, puis sélectionné et planté par la suite par les Domaines Agricoles dans les années 90. Il s’agit en effet de l’une des grandes découvertes qui marquent l’agrumiculture méditerranéenne.
S
ur un grand stand joliment décoré et animé, au sein du pavillon marocain, l’Association des Producteurs de Nadorcott au Maroc (APNM) a mis à profit sa participation au salon Fruit Logistica 2016 pour lancer le nouveau Label « Morocco Nadorcott Seedless ® » garantissant le meilleur des petits fruits tardifs produits dans leur terroir d’origine. Ce nouveau label, déposé à l’international, traduit le caractère « naturel » et « premium » des fruits et garantit l’unicité de cette mandarine dans le monde entier. Issu d’une hybridation naturelle du mandarinier Murcott (mandarinier x oranger), le mandarinier Nadorcott a été découvert au Maroc dans les années 80, dans les collections de l’IN-
Sa belle forme joliment aplatie, sa peau lisse, sa coloration orange prononcée, sa très bonne qualité gustative grâce à un parfait équilibre entre sucres et acidité, son excellente tenue en rayon et sa disponibilité tardive de mi-janvier à mi-mai en font la star mondiale des easy-peelers. Les fruits portant le label “Morocco Nadorcott Seedless ®” sont produits dans des vergers 100% isolés des autres agrumes incompatibles et régulièrement contrôlés dans les régions du Gharb, Safi, Marrakech, Béni-Mellal, Chichaoua et Souss. Cet isolement empêche la pollinisation croisée et contribue à avoir des fruits sans pépins. La totalité des vergers Nadorcott au Maroc sont conduits en agriculture raisonnée. L’observation, la prophylaxie et la lutte biologique sont les méthodes privilégiées pour protéger les vergers
contre les ravageurs des cultures. Des fruits de qualité premium sont ainsi garantis grâce aux contrôles rigoureux réalisés à travers toutes les étapes : de la production à la distribution. La traçabilité est complétée par le système spécifique «GESVATEC» qui fournit une garantie supplémentaire de l’authenticité du fruit et de son origine pour les exportations. De plus, des contrôles rigoureux sont réalisés au niveau des stations de conditionnement par une société de contrôle indépendante pour veiller au respect du cahier des charges spécifique et aussi par l’EACCE pour le contrôle de l’authenticité de la variété et la présence de pépins. A noter qu’un plan de communication d’envergure a été lancé par l’APNM pour imposer ce label comme étant synonyme d’exigence, de qualité et de confiance. Rappelons que la principale mission de l’APNM est de préserver, protéger et développer la variété du mandarinier Nadorcott au Maroc et promouvoir ses exportations.
Crédit Agricole du Maroc, partenaire des exportateurs
L
a participation du Crédit Agricole du Maroc au salon Fruits Logistica depuis de nombreuses années s’inscrit dans le cadre du renforcement de son positionnement en tant que principal partenaire du secteur agricole, plus particulièrement de la filière fruit et légumes.
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Ainsi, un stand animé par des responsables CAM a servi de tribune à la Banque pour expliquer les offres d’accompagnement et les différents produits ainsi que les possibilités de partenariat qu’elle propose. Il faut rappeler que, fort de sa légitim-
ité historique et de sa position de banque leader dans l’accompagnement de l’agriculture et de la filière agro alimentaire, le Crédit Agricole du Maroc met à la disposition du secteur agricole et agro-alimentaire une offre complète de produits et services appropriés.
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FILIère
Approvisionner le marché local Au Maroc, la surface totale consacrée à la culture du melon est estimée à 10.000 ha. L’export est dominé par les types charentais (marché européen) et Piel de Sapo (Espagne), alors que le marché local est plutôt demandeur de melon Galia (fruit rond, chair verte, extérieur brodé), de melon Ananas (plus allongé, chair blanche crème, extérieur identique au Galia) et de melon jaune canari (allongé, chair blanchâtre, extérieur jaune, lisse ou ridé).
P
our les producteurs, les commerçants et les consommateurs, ces trois types se distinguent par leurs diverses caractéristiques. Ainsi, le type Galia présente, pour le producteur, des avantages comme la précocité et le prix, mais son principal inconvénient reste sa sensibilité aux maladies et au froid. D’où depuis quelques années, les surfaces allouées au Galia sont en léger déclin en faveur des types ananas et jaune canari. Lors de la précédente campagne, il a été cultivé sur une surface de 1.700 ha, à 90% en plein champ dans les régions de Marrakech, Chichaoua, Kelâa et le reste sous abris à Agadir. Quant au type ananas, il est apprécié aussi bien par le consommateur que par le producteur pour son rendement élevé, son calibre (3,5 à 4 kg) et son goût, et connaît une progression continue au Maroc. Il est produit essentiellement dans les régions de Marrakech, Chichaoua, Kalâa et a pris des parts de marché au Galia. Les superficies cultivées s’élèvent selon les estimations des semenciers à 2.500 ha. Le type Jaune Canari est produit dans plusieurs régions (les pré-
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coces à Agadir et Guelmime, les tardifs à Marrakech, au Nord, et dans l’Oriental), sur des superficies dépendant des précipitations et des inondations au nord - qui peuvent réduire considérablement sa culture. La production en variétés hybrides est estimée à 4.000 ha, et concerne principalement les régions du Gharb, Larache, Marrakech, Chichaoua, Kelâa et Agadir. A noter qu’à l’instar du type ananas, le jaune canari prend progressivement des parts de marché au Galia. Généralement, en fin de cycle du jaune canari, les variétés ridées (région Larache) sont les plus recherchées. Leur commercialisation est facilitée par leur aspect ridé et leur gros calibre.
Choix variétal
Selon les professionnels interrogés, les potentialités de développement pour ce secteur sont bien là, à condition de trouver des variétés performantes à tous les niveaux (qualité, rendement et plus de résistances). Les sociétés semencières sont à l’écoute des attentes des agriculteurs et des essais sont menés constamment dans différentes régions du royaume et concernant plusieurs pé-
riodes de production afin de trouver les réponses adéquates. L’objectif est de proposer une gamme de variétés pour que chaque producteur, selon ses exigences, trouve le matériel végétal adapté à sa propre région et à la période de production de son choix (serre, plein champ, précoce, saison…). A noter que devant la grande diversité qui s’offre au producteur, le choix de la variété à cultiver doit se décider en fonction du marché de destination et de certains paramètres variétaux, notamment : la couleur et l’aspect de la robe, l’indice réfractométrique, la durée du cycle, les résistances aux maladies, la conservation, l’aptitude au transport et la résistance à la virescence. Pour le type jaune canari, les caractéristiques recherchées par le marché sont la rusticité de la plante pour tenir le calibre, la rugosité et la fermeté de la peau du fruit (conservation) qui constituent un atout majeur pour une commercialisation vers des destinations éloignées. D’autres caractéristiques sont aussi recherchées telles la couleur jaune profond et des qualités gustatives
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Melon exceptionnelles. L’un des aspects les plus recherchés par les producteurs de melon galia, est la rugosité et la fermeté de sa peau qui constituent un atout majeur pour une commercialisation vers des villes éloignées des zones de production (Oujda, …). Ainsi, pour les nouvelles variétés, même après pleine maturité (jaunissement), le fruit peut résister 10 jours et même plus après récolte, jusqu’à son arrivée chez le consommateur. Il s’agit d’un avantage de taille qui offre au producteur plus de flexibilité pour la commercialisation de sa
production. Il est ainsi moins sensible à la pression des acheteurs et intermédiaires. Pour les producteurs, une bonne variété est également celle qui présente une flexibilité de la production avec un rendement étalé sur toute la période de production, un aspect extérieur homogène quelle que soit la vague de production (1re et 2ème), une bonne qualité organoleptique (arômes et brix élevé), et la même qualité dans toutes les régions. Concernant la plante, il faut signaler sa rusticité et l’équilibre de sa croissance, son taux élevé de nouaison,
son bon rendement commercial et sa bonne tenue après récolte.
Recherche permanente de solutions
Les principaux problèmes rencontrés par les melonniers sont d’ordre phytosanitaire, essentiellement les attaques de maladies fongiques (oïdium, fusarium, cladosporiose). Les feuilles touchées ne peuvent plus remplir leur fonction d’alimentation de la plante et des fruits, même si la fertilisation et les autres facteurs de production sont bien assurés. On note également des problèmes de comportement comme l’éclatement des fruits pour des raisons diversement expliquées. Les producteurs sont donc à la recherche de variétés résistantes (ou hautement tolérantes) au fusarium et oïdium. La recherche génétique est en constante évolution, pour doter les variétés de plus de résistances et de qualités sur les plans du rendement, calibre, coloration, etc., et répondant mieux aux attentes des producteurs. A l’instar de la pastèque, l’une des solutions pour lutter contre les maladies est le greffage, surtout dans les zones souffrant de fatigue des sols comme Agadir. Cependant, pour certains professionnels la technique n’est pas encore bien maîtrisée (problèmes d’affinité entre porte greffe et variété greffée), mais elle peut devenir une solution à la fusariose et aussi à la mise en place des cultures précoces par l’utilisation de porte-greffes courges qui apportent une meilleure tolérance au froid. Pour le moment, ça bouge timidement (début de greffage melon sur melon) et le coût du greffage risque de diminuer fortement la rentabilité de la culture. D’autres estiment que le greffage est une solution provisoire et souffre de nombreuses limites et contraintes (il existe plusieurs races de fusarium), mais la solution serait, entre autres, de conjuguer les efforts pour éradiquer ces maladies. La recherche est actuellement menée par les maisons grainières pour proposer des solutions plus adaptées.
Conditions pour un bon rendement
Pour assurer un bon rendement, un matériel génétique de haute valeur est certes nécessaire, mais d’autres facteurs contribuent également comme la qualité du sol et de l’eau, ainsi que la conduite culturale assu44
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rée par le producteur (irrigations, fertilisation, protection phytosanitaire, …). Ainsi, la fertilisation du melon par exemple doit être raisonnée, prenant en considération le fait que la croissance végétative, la formation des racines et des ramifications peuvent avoir lieu en même temps que la floraison, la nouaison, la fructification et le grossissement des fruits. Une mauvaise alimentation de la culture en eau et en éléments nutritifs risque ainsi de déséquilibrer la plante qui réagit, soit par une coulure de ses fleurs, soit par un avortement de ses fruits, soit par
une autre anomalie de grossissement ou de maturation des fruits.
Commercialisation
Une grande difficulté du secteur est liée à la commercialisation des melons. En effet, les différents types de melon étant essentiellement des produits de saison, la majorité de la production arrive groupée entre mai, juin et juillet d’où une offre importante entraînant les prix vers le bas. Pour obtenir de bons prix, les producteurs recherchent toujours plus de précocité (mars), mais le tonnage est faible,
les calibres petits et les dommages occasionnés par les maladies sont plus importants. De même, pendant l’été (surtout juillet), le marché peut connaître un effondrement des prix suite aux fortes chaleurs qui affectent la qualité, la coloration et le goût. Généralement, en fin de cycle du jaune canari la commercialisation des variétés ridées (région Larache) est facilitée par leur aspect ridé et leur gros calibre. Dès leur apparition sur le marché, le prix du melon lisse chute.
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Réussir le désherbage La maîtrise des adventices est indispensable pour mettre le maïs dans les meilleures conditions possibles, pour qu’il puisse exprimer le maximum de son potentiel de rendement. Cette culture est très sensible à la concurrence des adventices, et il faut être très attentif dès le semis pour mettre en œuvre un programme de désherbage afin d’obtenir une parcelle propre. Pour maximiser l’efficacité du désherbage du maïs, une stratégie (prélevée et post-levée) doit être établie. Elle prendra en considération le stade de la plante, de la flore adventice présente dans la parcelle, des conditions climatiques et de la qualité des pulvérisations.
L
es adventices associés à la culture du maïs se répartissent en 3 groupes : • Les graminées annuelles comme la sétaire et la digitaire. • Les dicotylédones annuelles comme les amarantes, les chénopodes, le pourpier et la stramoine. • Les vivaces comme les liserons, le chiendent et le souchet.
Désherbage de pré-levée
Les herbicides de pré-levée du maïs bloquent la levée des adventices graminées et dicotylédones annuels. Une application de pré-levée est plus efficace si le sol est humide au moment du traitement, et en absence de mottes en surface. Si le 46
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sol est sec, il faut reporter l’intervention en post-levée précoce, sous réserve que le sol soit humide au moment du traitement. A noter qu’un bon désherbage de pré-levée contribue à améliorer l’efficacité des traitements post-levée.
Désherbage de post-levée
Dans l’opération de désherbage du maïs on peut avoir recours aussi bien à des méthodes physiques que chimiques. Sarclage Après les traitements herbicides de pré-levée ou de post-levée, il faut surveiller les infestations. Des adventices non contrôlées ou partiellement contrôlées par les désherbants peuvent
infester la culture. D’autres adventices peuvent germer et lever après les traitements. Mais, un ou deux sarclages (mécanique ou à traction animale ou manuel si la main d’œuvre est disponible) peuvent compléter les opérations de désherbage chimique. Un semis rectiligne avec un écartement constant est également indispensable au bon travail des bineuses. Le choix de la bineuse est conditionné par la texture des sols. Une stratégie de désherbage mécanique réussie implique d’intervenir au bon stade des adventices et de la culture dans de bonnes conditions pédoclimatiques avec des outils adaptés. Si une de ces conditions n’est pas remplie le désherbage peut se révéler
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possibles pour les graminées ou dicotylédones annuelles. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant, auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque majeur pour des plantes qui s’étalent entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, le maïs est plus sensible aux herbicides de la famille des auxiniques ou des sulfonylurées. De plus, à un stade développé, le feuillage du maïs agit comme un « écran » ce qui limite l’efficacité du désherbage, l’herbicide ne pouvant atteindre sa cible.
moins efficace.
La lutte chimique
Plusieurs paramètres sont à prendre en compte pour réussir le désherbage en post-levée du maïs : Stade et état de la culture : Afin de maximiser l’efficacité du traitement, il convient d’intervenir sur une culture en bon état et sur des adventices aux stades les plus jeunes
Conditions climatiques : Les conditions climatiques au moment du traitement sont essentielles, d’autant plus qu’au printemps les amplitudes thermiques peuvent être très élevées dans une même journée. Pour assurer une bonne pénétration des substances actives, le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % minimum). Par temps sec, les applications doivent être réalisées tôt le matin avant 9-10h. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait généralement pas avant 20 heures. De plus, les tem-
Madame, Monsieur, l’Index Phytosanitaire-Maroc 2016 (la treizième édition) est déjà disponible. Cette nouvelle version contient des informations actualisées et mises à jour sur les pesticides à usage agricole autorisés au Maroc. Ce document présente le répertoire de l’ensemble des pesticides à usage agricole commercialisés au Maroc, des indications sur les usages autorisés par culture et par ennemi et les conditions d’application, ainsi que les délais de traitement avant récolte. Il regroupe aussi les textes législatifs en la matière et les adresses utiles. A l’instar des éditions précédentes, l’édition 2016 constitue un référentiel utile pour les producteurs-agriculteurs, les organismes certificateurs, les centrales d’achats, la profession phytosanitaire (Sociétés, Distributeurs et Revendeurs), les services officiels (Vulgarisateurs, Techniciens de la Protection des Végétaux et de Contrôle de la Qualité), les Départements de la Formation et de la Recherche (Instituts, Enseignants, Chercheurs, Etudiants …), les médecins responsables “Hygiène et Toxicologie” ainsi que l’ensemble des personnes qui gravitent autour de l’activité “Protection des plantes”. Vous pouvez vous procurer votre copie de la nouvelle édition de l’INDEX PHYTOSANITAIRE MAROC 2016 , aux points de vente suivants: - Complexe Horticole d’Agadir - Ecole Nationale d’Agriculture de Méknès - Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II - Rabat. CASABLANCA SOGELIV : 82, Bd. Mly Driss 1er - Casablanca - Tél. : 0522 86 46 71 Fax : 0522 86 46 73 - Email : sogelivre@gmail.com RABAT DAR AL QALAM : Av. Annour - Al Kamra- Rabat : Tél. /Fax. : 0537 29 94 90
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pératures minimales doivent être supérieures à 10°C et des températures maximales inférieures à 25°C durant les journées encadrant l’application. Dans le cas contraire, une phytotoxicité sur le maïs est possible en particulier avec les auxiniques ou des sulfonylurées. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui accentuent les écarts de températures. Qualité de la pulvérisation. : L’efficacité du traitement dépend également de la qualité de la pulvérisation. Or, tous les produits n’ont pas la même exigence. Une certaine souplesse existe pour les herbicides systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec des gouttelettes de taille plus importante pour limiter la dérive. En revanche, les produits de contact requièrent une qualité de couverture de la cible plus importante. Il est conseillé alors d’utiliser des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Enfin, l’ajout d’adjuvant n’a d’intérêt que pour les herbicides qui en ont absolument besoin. Limitez leur usage
au cas particuliers recommandés par les fabricants. D’une manière générale, consultez toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifiez les possibilités de mélange.
Adventices vivaces
Les liserons sont capables de coloniser les parcelles de maïs très rapidement. Ils ont une croissance très rapide, particulièrement au printemps et en été. Ils sont nuisibles au maïs. Des herbicides foliaires comme 2,4-D et 2,4-D + dicamba peuvent être utilisés sur maïs lorsque les liserons sont suffisamment développés. Il faut impérativement respecter les règles d’emploi de ces herbicides (quand les températures sont fraiches ≤25 C) et moduler la dose pour éviter les risques. Les liserons ont tendance à reprendre après les traitements. Si nécessaire, un deuxième traitement (dirigé entre les rangs de maïs), avec les mêmes herbicides serait nécessaire pour totalement éradiquer les liserons. Contre le souchet (Cyperus rotundus), les herbicides de pré-levée du maïs comme s-métolachlore ou s-méto-
lachlore + mésotrione + terbuthylazine peuvent réduire les infestations. Contre le chiendent (Cynodon dactylon), le glyphosate à la dose de 720 g m.a. par 100 litres d’eau peut être utilisé sur un chiendent bien développé, après la récolte ou avant le semis de n’importe quelle culture.
Conclusion
Des solutions de désherbages sont à la portée des maïsiculteurs. Certes, une
gamme d’herbicides est homologuée pour le désherbage en pré-levée ou en post-levée. Des options de binage ou de sarclage existent. Seule la lutte intégrée combinant les herbicides et les sarclages est nécessaire pour réduire les infestations et maximiser la productivité. Sources : Dr. Abbès Tanji, Spécialiste du désherbage Valérie BIBARD (ARVALIS - Institut du végétal)
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Nutrition
Les plantes face au stress hydrique et salin El Housseine Zaoui et Germaine Brun, Bureau d’étude et conseil Agro-challenge
Tout être vivant peut être exposé au stress à un moment donné. On parle de stress lorsque les conditions de l’environnement s’éloignent de l’optimum requis pour le fonctionnement normal de l’organisme. Il peut être abiotique, lié aux conditions physiques du milieu, ou biotique lié aux autres être vivants, surtout les parasites et les antagonistes.
Croute de sels formee suite a l’irrigation par des eaux salee.
Les végétaux sont particulièrement exposés aux différents types de stress vu leur incapacité à se déplacer pour changer de milieu et fuir les conditions défavorables. Leur seul moyen de défense est donc leur capacité à tolérer le stress. Le stress hydrique et salin est celui qui affecte de manière importante les végétaux. C’est même la tolérance à ce stress qui détermine la répartition des végétaux sur la surface de la terre. On distingue ainsi : - Les plantes xérophytes qui vivent dans les milieux très arides.
- Les plantes Mésophyte qui vivent dans les milieux tempérés. - Les plantes Ombrophiles qui vivent dans les milieux très humides - Les plantes Glycophytes qui sont sensibles la salinité. - Les plants Halophiles qui aiment ou qui tolèrent la salinité. Le stress hydrique intervient quand la perte de l’eau par transpiration est supérieure à l’approvisionnement en eau par l’absorption. Il peut être provoqué par tout phénomène qui diminue l’approvisionnement en eau par l’absorption ou qui augmente sa perte par transpiration : - la sécheresse - la salinité de la solution du sol - le froid - la pourriture des racines liée à l’engorgement du sol en eau ou aux maladies racinaires Le stress salin intervient quand la concentration des sels dans le milieu est très élevée. Les contraintes liées au stress salin sont de deux types : - stress osmotique qui diminue l’absorption de l’eau par la plante donc expose la plante aux conséquences d’un stress hydrique. - stress ionique qui est lié à la toxicité des ions comme le sodium et le chlore (effet du stress ionique) Dans cet article nous parlerons essentiellement du stress osmotique et les mécanismes qui permettent aux plantes de lui résister. Il faut savoir que les plantes ont deux options pour s’adapter au stress osmotique : - augmenter l’approvisionnement en eau par l’absorption - diminuer les pertes par éva-
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potranspiration Les adaptations sont d’ordre : - Anatomique : feuilles succulentes (font partie des organes charnus), organes charnus, système racinaire bien développé. - Métabolique : photosynthèse (ouverture des stomates et absorption du CO2 pendant la nuit), ajustement osmotique (production d’osmoprotecteur), détoxification (baisser les effets négatifs des radicaux libres). Ces adaptations sont très poussées chez les xérophytes et les halophytes. Ceci leur permet d’occuper des milieux extrêmement arides ou salins. A l’exception de quelques unes, la plupart des plantes cultivées sont sensibles au stress hydrique et salin. Actuellement, alors que la sécheresse et la salinité sont des facteurs de plus en plus limitants du rendement agricole, la question qui se pose est : quelles sont les particularités des plantes xérophytes et halophytes qu’on peut transmettre aux plantes à intérêt agronomique pour augmenter leur tolérance au stress hydrique et salin ? La plupart des investigations sont orientées vers les adaptations métaboliques qui permettent l’ajustement osmotique et la neutralisation des radicaux libres.
Ajustement osmotique
Pour parler de l’ajustement osmotique, on doit d’abord parler du potentiel hydrique. Représenté par Y, le potentiel hydrique est la capacité de l’eau à quitter un compartiment donné. Il est mesuré en unité de pression (bar) et est toujours inferieur ou égal à zéro. Plus il est élevé dans un compartiment,
L’eau se déplace spontanément d’un compartiment à potentiel hydrique élevé vers des compartiments à potentiel hydrique faible.
plus l’eau à tendance à le quitter (voir figure1). L’eau se déplace spontanément d’un compartiment à potentiel hydrique faible vers des compartiments à potentiel hydrique élevé. Il dépend de l’humidité du compartiment ou de sa concentration en sel. En temps d’un fonctionnement normal, l’eau a tendance à se déplacer du sol vers les racines (absorption), de la racine vers les feuilles (conduction) et de la feuille vers l’atmosphère (transpiration). Les plantes peuvent être confrontées à des situations où la transpiration est plus élevée que l’absorption. Leur équilibre hydrique se trouve compromis et elles déclenchent une chaine de réactions dont l’ultime résultat peut être la sénescence. Ces situations arrivent lors d’une forte sécheresse (potentiel hydrique de l’atmosphère trop bas), lors de maladies racinaires (pourriture, nématode) ou quand la solution du sol est riche en sel (potentiel hydrique du sol trop bas). Les plantes doivent donc trouver un moyen d’ajuster leur potentiel hydrique de manière à maintenir un bilan hydrique à des niveaux compatibles avec le fonctionnement de leur métabolisme. Dans ce genre de situation les plantes doivent ajuster la pression osmotique de leurs tissus et leurs cellules pour augmenter l’absorption et baisser la perte d’eau par transpiration. Elles y arrivent en accumulant les osmolytes (sels, molécules organiques) dans le cytoplasme de leur cellule. Cependant, à forte concentration, les sels altèrent des protéines indispensables aux métabolismes de la plante. D’où l’accumulation chez les plantes adaptées à vivre dans des conditions extrêmes d’aridité
Rôle des osmo-régulateurs dans l’adaptation au stress osmotique
fig. 1
et de salinité de molécules dites osmoprotectants ou osmoregulateurs, qui permettent d’ajuster leur pression osmotique sans altérer leur métabolisme. Ces molécules font partie des acides aminés et leur dérivés, de sucres ou d’alcool. Les plus efficaces et les plus fréquentes dans le règne végétal sont : - la glycine bétaïne - la proline - le mannitol - le tréhalose - le saccharose - le pinitol
fig. 2
- Mécanismes de prévention : lors d’un stress la plante déclenche des mécanismes de protection de la chlorophylle pour empêcher la formation des radicaux libres. - Mécanismes de détoxification : après la formation des radicaux libres, la plante déclenche des réactions de détoxification pour inhiber leurs actions. Parmi les molécules qui interviennent dans ces mécanismes :
Neutralisation des radicaux libres Les radicaux libres sont des ions ou des molécules agressives qui altèrent plusieurs constituants de la cellule (protéines, enzymes, pigments, ADN, lipides, membranes). Ils s’accumulent dans les cellules végétales lors d’un stress suite à une altération de la chlorophylle et de la réaction de la photosynthèse (mauvaise oxydation de l’eau). Les plantes se protègent contre les radicaux libres par deux types de mécanismes :
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Plante résistante à la salinité du sol.
Les plantes face au manque d’eau
Dégats de la salinité sur une culture de melon dans la région de Guélmim.
Les solutions possible pour l’agriculture sont la transformation génétique et l’apport exogène d’anti-oxydants
- les caroténoïdes - l’acide ascorbique (vitamine C) - le tocophérol - le glutathion - les Flavonoïde - les Osmorégulateurs comme la proline et la glycine bétaïne
Plusieurs causes abiotiques peuvent être responsables d’une chlorose des folioles et des feuilles de la tomate, notamment l’excès de sel.
Lutter contre le stress hydrique et salin en agriculture
Seules les plantes adaptées à vivre dans des conditions d’aridité et de salinité sont capables de mettre en œuvre de manière spontanée les mécanismes d’ajustement osmotique et de neutralisation des radicaux libres. En effet, ces plantes sont préparées génétiquement pour fabriquer les osmoprotectants et les anti-oxydants. Par contre, la plupart des plantes à intérêt agronomiques sont incapable de fabriquer ces molécules de manière spontanée en réponse à un stress hydrique ou salin. Pour tirer profit du potentiel des plantes cultivées dans des conditions de chaleur, de sécheresse et de salinité, l’agriculture dispose de deux options complémentaires : Prévenir le stress : Il s’agit d’adopter des modes de conduite qui permettent de baisser l’intensité du stress (choix de la variété, choix de la saison, travail et amendement des sols, fertilisation et irrigation adaptées…). Lutter contre le stress : Il s’agit d’augmenter la tolérance des plantes au stress hydrique et salin. Parmi les solutions possibles : 1. l’amélioration génétique des cultures : il s’agit d’introduire chez 52
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les plantes cultivées les gènes qui confèrent la capacité de perception du stress et du déclenchement des mécanismes d’osmo-régulation et de détoxification. Faisant appel aux techniques de transformations génétiques, l’amélioration génétique est encore en phase de recherche. 2. Apport exogène des osmorégulateurs et des anti-oxydants : il s’agit d’apporter à la plante par voie foliaire ou racinaires des molécules osmoprotectantes et anti-oxydantes ou d’autres molécules qui leur sont précurseurs. Pour les apports exogènes, des produits plus ou moins spécifique sont déjà d’usage sous la désignation de bio-stimulant ou anti-stress. On y trouve : - Les extraits d’algues : ils ont une action polyvalente. En plus des osmorégulateur (glycine bétaine, proline, Mannitol…), ils contiennent également des anti-oxydant (acide ascorbique, caroténoïde, …) ainsi qu’un ensemble d’oligo-éléments, d’acides aminées, de sucres et de vitamines. - Les acides humiques et fulviques : Ils n’ont pas un rôle dans l’osmorégulation, mais peuvent jouer un rôle dans la
neutralisation des radicaux libres. - Les acides aminés : les produits communément vendus sous la désignation d’acides aminés contiennent tous les acides aminés qu’on peut trouver chez les êtres vivants. Ils sont présents à des concentrations variables et seuls quelques uns (proline par exemple) ont un rôle dans la tolérance aux stress hydrique et salin. A noter que les extraits d’algues, les acides humiques et fulviques ainsi que les acides aminés sont des produits à action polyvalente et non spécifique au stress osmotique. Leurs concentrations en osmorégulateurs et en anti oxydants est plus ou moins faible. On assiste actuellement à l’apparition de produits purifiés et concentrés en un ou deux principes actifs spécifiques à la lutte contre le stress osmotique. Ces produits sont des extraits de plantes adaptés aux stress osmotique. Leur fabrication nécessite des techniques d’extraction et de purification très avancées qui sont brevetées par leur obtenteur. Parmi les produits disponibles actuellement, on trouve des produits à base de Glycine bétaine purifiée, des produits à base de caroténoïdes, des produits à base d’acide ascorbique et des produits à base de sucre comme le Tréhalose.
Forum Tech Agro
Sécheresse : Le printemps
ne remplace pas l’automne ! Synthèse : Abdelmoumen Guennouni
Tech agro, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un forum de discussion regroupant un grand nombre de membres de domaines divers, liés par l’intérêt qu’ils portent à l’agriculture marocaine. Parmi ces membres on trouve des professionnels (agriculteurs, éleveurs, fournisseurs, bureaux d’études, etc.), des ingénieurs, des universitaires, des enseignants et chercheurs des instituts et écoles d’agriculture, ainsi que d’autres membres qui, sous couvert d’anonymats, sont fonctionnaires ou employés dans des établissements publics et entreprises privées. Agriculture du Maghreb a rapporté dans plusieurs numéros précédents, des discussions entre ces membres ayant porté sur des sujets divers, liés à des aspects techniques, économiques ou en relation avec l’actualité du moment. Dans ce numéro, nous vous rapportons une discussion qui a porté sur le sujet du moment qui inquiète les milieux agricole, paysan et même citadin : la sécheresse. La discussion a démarré suite à une intervention s’élevant contre le matraquage médiatique affirmant que les cultures de printemps peuvent ‘’sauver la campagne’’ qui connait une sécheresse extrême. De même est pointée du doigt l’irrigation, présentée comme pouvant contribuer à ce sauvetage, alors que les nappes sont surexploitées et que l’arboriculture sensée être l’une des solutions, nécessite beaucoup d’eau en été, période connue pour les fortes chaleurs et l’absence de précipitations. De même, les difficultés de l’élevage en pareille conjoncture : prix des fourrages et spéculation, mortalité et chute des prix du bétail, choix de modes d’élevage inadaptés, aides insignifiantes, etc.
Un constat alarmant Intervention N° 2
Lorsqu’on parle des zones irriguées, il faut voir quelle est la part des cultures fourragères dans l’assolement et à quel prix de revient on produit une Unité Fourragère. L’intervention précédente a évoqué 5 dh/UFL, mais je peux vous assurer que ce chiffre ne peut être adapté qu’à une année «normale» lorsque les cultures ne sont irriguées qu’en été. Cependant, cette année les fourrages en irrigué nécessitent plus de 20 irrigations cette année (1 par mois pendant la période allant d’octobre à Avril soit 7 irrigations et 2 fois par mois pendant les autres mois soit un minimum de 17 irrigations). Sans oublier la compétition des cultures pour l’eau d’irrigation et donc des chutes en rendement !
Système d’irrigation improvisé par un agriculteur pour sauver une parcelle de blé.
Des questions sans réponses Intervention N° 3
Je pense que, tant qu’on n’a pas une stratégie pour résoudre le problème Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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En temps de sécheresse extrême, des troupeaux ne trouvant pas d’acquéreur sont abandonnés dans les souks
Forum Tech Agro
Certains barrages ne peuvent pas dépasser 43% de leur capacité de stockage de l’eau. D’autres atteignent très rapidement les 100%, et on assiste par suite à des inondations.
de la sécheresse à long terme, on va toujours rester dans le bricolage : sauvegarde du cheptel, création de points d’eau, etc.
Intervention N° 4
Vous avez raison de parler de stratégie à long terme, ne serait ce que capitaliser sur ce que les générations de cadres ont fait, et s’en servir comme base de départ à améliorer. Nous avions vécu dans les années 1981 à fin 85, une sécheresse extrême. Chez nous le Gouvernement attend que la sécheresse soit bien installée pour déclarer l’existence d’une catastrophe, et déclencher les mesures d’urgence à mettre en œuvre. Attendre a fait que le cheptel a souffert, des troupeaux, ne trouvant pas d’acquéreur étaient abandonnés dans les souks, les producteurs de poussins les brûlaient faute d’acheteurs, les cours des viandes s’étaient effondrés, etc. Considérant les pertes dans le cheptel ovin Feu Hassan II avait demandé au peuple marocain d’éviter le sacrifice d’Aïd Al Adha pour sauvegarder les meilleurs géniteurs de nos races ovines.
Intervention N° 5
Les efforts entrepris durant la ou les sécheresses antérieures sont louables et personne ne le niera. Mais, il reste que ce sont des actions de «sapeurs pompiers». On improvise des solutions dans un but sous entendu mais essentiel qui est celui de calmer les esprits. Or on devrait décréter notre pays comme semi-aride à aride, exposé à un manque voir une pénurie d’eau et élaborer des programmes conséquents de conservation et gestion de cette ressource. Depuis maintenant 35 ans, l’urbanisation a triplé, le nombre de touristes à été multiplié par six, Est ce que les projets de tout ce qui a été construit ont prévu la collecte de l’eau des pluies avec séparation des eaux usées, combien de stations d’eau usée ont été installées ? N’est ce pas scandaleux de verser des tonnes d’eau potables dans les chasses des toilettes, 54
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Certains professionnels suggèrent d’arrêter de subventionner des spéculations qui ne peuvent que concourir à amplifier le déficit hydrique, comme l’arboriculture qui arrive en fruits à l’automne, ce qui suppose de continuer à irriguer des arbres en plein été.
d’irriguer les terrains de golf avec de l’eau de la nappe. Avez-vous vu des spots télé sur l’usage et la rationalisation de l’eau domestique ou des piscines privées ? Si on retourne à nos moutons, les points soulevés sont fondamentaux et je donnerai un exemple sur l’eau verte ou virtuelle, nous avons eu des périodes très favorables où on a produit 8-10 millions de tonnes de céréales alors qu’on pouvait avec un peu d’effort produire 12-15 millions voir plus. Ceci converti en eau virtuelle serait équivalent au volume actuellement dans les 140 barrages. Une irrigation d’appoint en hivers de 100 mm peut apporter l’équivalent de 600 mm en été càd qu’on peut produire six fois plus. Produire commence d’abord dans les bonnes années, un producteur qui a où stocker son grain et sa paille au lieu de le vendre à moindre prix (absence de coopératives citoyennes) qui aurait produit du foin serait plus résilient et moins vulnérable aujourd’hui. Il faut aussi se dire que la société civile aussi dort sur ses deux oreilles. Elle ne se manifeste nulle part, et n’a jamais fait de propositions. 40% de la population attendent les yeux rivés au ciel (admettant un acte divin de châtiment) et une charité de l’administration. Les plus petits, n’ayant pas souscrit l’assurance, sont en train de perdre le poids autant que leurs animaux à force de penser comment s’en sortir.
Poser les bonnes questions Intervention N° 6
Comme souligné dans les avis précédents, il s’agit effectivement de « bruits médiatiques » dans le sens où les discussions qui ont eu lieu, jusqu’à présent, sur les plateaux des 3 chaînes nationales de télévision, ont produit des messages brouillés visant seulement à justifier le conjoncturel au détriment de la question de fond. Sans entrer dans les détails des discussions qui ont eu lieu, je dirais qu’il aurait fallu
traiter les points suivants : 1) cadrage de la question de la sécheresse dans le temps à travers, d’une part, la présentation des expériences vécues antérieurement et, d’autre part, les leçons qui en ont été -éventuellement- tirées ; 2) prise en compte des spécificités des entités bioclimatiques (bour/ irrigué, montagne/plaines, aride/semi-aride,…); 3) modulation des messages en fonction des différentes catégories socio-économiques ciblées (agriculteurs/éleveurs, producteurs/commerçants/consommateurs, ruraux/citadins,…); 4) comparaison avec ce qui se passe dans d’autres pays ; 6) liaison de la question avec le phénomène général du changement climatique ; 7) présentation des mesures et des actions sous forme de projets (avec des objectifs, des stratégies d’intervention, des échéances, des résultats et des produits).
Intervention N° 7
Il est plus que temps de faire preuve de courage et de dire tout haut les évidences : le Maroc est un pays aride à semi aride. Il ne peut plus exporter de l’eau, car quand il le faisait (dès la période de l’Empire romain, et plus récemment avec l’installation de cultures exotiques emblématiques comme les agrumes dans le Souss-Massa), c’était lorsqu’il ne fallait nourrir qu’une population beaucoup plus réduite et avec des besoins limités (10 millions de Marocains dans les années 1950, et dont les habitudes alimentaires n’avaient rien à voir avec ce que consomme le marocain moyen aujourd’hui). Là, on est devenus 35 millions et nos réserves en eau durable ne peuvent plus nous permettre de le faire. Mieux, il faut focaliser toutes nos énergies et compétences sur la valorisation optimale de l’eau de pluie et arrêter de subventionner des spéculations qui ne peuvent que concourir à amplifier le déficit hydrique, comme l’arboricul-
ture qui arrive en fruits à l’automne, ce qui suppose de continuer à irriguer des arbres en plein été, lorsqu’il fait 45°C. Cela suppose d’avoir le courage de penser le choix des cultures selon les régions du pays où les plantes vont d’abord recourir à des ressources hydriques disponibles en quantité suffisantes. Quant à l’élevage, s’il est aussi stratégique, c’est que dans bien des endroits, il sert justement à valoriser de l’eau pluviale, lors des années favorables (herbe spontanée, parcours incultes, résidus des céréales et des cultures industrielles, etc.). En fin il faut se rendre compte qu’avec pareils aléas climatiques et qui risquent malheureusement de s’amplifier à en croire les scénarii du changement climatique, la rentabilité de l’agriculture devient significativement limitée, impliquant qu’elle ne peut en aucun cas être une locomotive de développement humain harmonieux pour la population de ce pays.
Des idées et des propositions Intervention N° 8
Je crois que lorsqu’on parle de stratégie anti-sécheresse à long terme, on vise une stratégie du développement agricole adapté à nos conditions climatiques. Mais pas de miracles ni de cultures sans eau. Il faut améliorer les choses et ne pas attendre l’arrivé de la sécheresse pour rechercher des solutions immédiates. Quant aux propositions, ce sont surtout les chercheurs et spécialistes qui peuvent les faire mieux que moi, cependant, je crois qu’il faut penser à: 1- L’assainissement de nos barrages. Savez-vous qu’on a des barrages qui ne peuvent pas dépasser 43% de leur capacité de stockage de l’eau. D’autres atteignent très rapidement les 100%, et on assiste par suite à des inondations comme c’était le cas l’année précédente (Inondations dans des zones
arides notamment Ouarzazate et Guelmim); 2- La généralisation des systèmes d’irrigation économisant l’eau comme le goutte à goutte; 3- L’appui à la recherche scientifique (techniques culturales adaptées aux pénuries d’eau). 4- L’installation de cultures qui consomment moins d’eau : je crois que tout le monde est au courant des exploitations d’agrumes qui ont séché à Sebt el guerdane (Ouled Taima, Taroudant). Ceci est dû à l’épuisement de l’eau souterraine à cause de l’exploitation abusive...
Intervention N°9
Est-il temps d’étudier la production de fourrage en hors sol qui consomme beaucoup moins d’eau ? Il libère des terres irriguées qui peuvent être utilisées à des produits importés. Avec comme résultat une réduction des coûts, une meilleure production en quantité et qualité, sans réduire la consommation de compléments alimentaires produits localement.
Intervention N° 10
Concernant la sécheresse actuelle, voici quelques mesures immédiates : 1) Commencer immédiatement l’exécution et la mise en œuvre du programme anti-sécheresse (pourquoi ce retard ?). 2) Contrôler les prix de vente des aliments de bétail pour empêcher la spéculation: Où sont les contrôleurs de prix et la répression de fraude ? Actuellement, son et orge dépassent 3 DH, botte de paille 30 Dh, etc. 3) Réparer toutes les fontaines d’eau en panne ou non fonctionnelles dans les douars. C’est honteux de parler de distribution d’eau par citernes en 2016 alors que les citoyens ruraux devraient être servis depuis très longtemps avec l’eau potable ! On peut facilement trouver 10 à 20 fontaines en panne ou sans robinets par commune x 1 503 communes = 15 000 à 30 000 fontaines en panne. 4) Créer de l’emploi utile en organisant
des opérations d’épierrage, d’aménagement des pistes, des dispensaires, des écoles, de creusement de puits, de plantations d’arbres fruitiers (oliviers, figuiers, grenadiers, cactus), de reboisement des forets et plantation d’arbres le long des axes routiers… 5) Effacer ou échelonner les dettes du crédit agricole, essentiellement les crédits engagés pour les cultures d’automne pluviales sinistrées. 6) Veiller à ce que la MAMDA indemnise les sinistrés le plus tôt possible. 7) Ni le plan anti-sécheresse, ni le Plan Maroc Vert n’ont mis les citoyens ruraux et les ressources humaines rurales comme priorité. Il est temps de considérer les habitants du milieu rural comme des citoyens à part entière, qui ont droit - à l›éducation (ouvrons les CQA aux agriculteurs et éleveurs pour hausser leur niveau de technicité), - à l›eau potable (mettons l›eau potable à leur disposition), - aux pistes (aménageons les pistes et routes rurales qui sont partout dans un état lamentable), - aux dispensaires (nos centres de santé ruraux sont sous équipés, parfois déserts, ...), - aux souks (nos souks ruraux laissent à désirer), - aux centres de conseils agricoles (ces centres sont déserts ou sous équipés et dans un état lamentable), etc. 8) Il faut militer pour avoir une deuxième tranche d’un budget équivalent ou dépassant les 5,3 Milliards de DH. Car, ce budget ne représente que 10 à 20 DH par individu ou animal ou ha. Attention, la sécheresse touche plus de 7 millions d’ha bour sinistrés, plus de 20 millions de têtes de cheptel, et plus d’un million d’agriculteurs et d’éleveurs. 9) Il faut veiller à une bonne gestion de ces budgets en empêchant la spéculation et le détournement de l’orge et autres aides prévues dans le programme anti-sécheresse. Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Les pluies de la cinquième saison Prof. M’hamed Hmimina, IAV Hassan II Rabat
Pile, le 31 janvier 2016, la sécheresse est enfin avouée par une finasserie qu’on voulait adroite alors qu’elle est manifestement empruntée : retard des pluies. Et la sécheresse commença le lundi 1er février ! On demeure confondu en présence d’une invraisemblable aberration, et, l’expérience n’offre que bien peu d’exemples d’une telle cécité. Si on a besoin de rire, cette figure de style nous en donne l’occasion : on attendra pour semer, le temps de la récolte ! La sagesse populaire ne nous rappelle-t-elle à ce propos : ( يال جا بالرج ما بقى لحرث ماتعالجquand vient la cigogne, la saison des labours est close) ?
M
ême si l’unanimité n’est pas faite sur tous les points, un certain nombre de concepts-clés définissent la sécheresse. Par exemple, nous savons bien que la faiblesse de la pluviosité ou même les indices qui la combinent avec les températures et l’évaporation, ne suffisent pas à caractériser la sécheresse d’un milieu; la répartition des précipitations dans l’année, l’irrégularité de leur distribution au cours de la saison des pluies, la durée et la rigueur de la saison sèche, enfin et surtout la variabilité interannuelle de ces pluies, ont infiniment plus d’importance et de signification pour caractériser la sécheresse climatique que les moyennes pluviométriques. La sécheresse, ce n’est pas la faiblesse des pluies en soi ou la durée prévisible de la saison sèche, mais tout épisode anormalement déficitaire, long ou répété durant lequel le déficit des ressources en eau compromet le fragile équilibre établi entre une société et son milieu de vie. Eu égard à cette précision, ne confondons-nous pas saison avec époque ? Ceux qui commettent ce lapsus, je les compare volontiers à l’architecte Dinocrate, qui proposait à Alexandre de bâtir une ville sur le mont Athos, et quand celui-ci lui demanda, comment les habitants se procureraient des vivres et de l’eau, il répondit qu’il n’y avait pas songé !!!! L’annonce étant faite, et alea jacta est, l’aorte qui faisait battre notre cœur paysan se rompt. Peu au fait de la concordance des temps, ceux qui répètent à profusion l’expression-retard de pluies- comme celle qui a fait des petits - لعام زين-, cherchent à nous faire croire qu’il ne s’agit que d’une sécheresse de coulisses ou les coulisses d’une sécheresse ! Tout comme
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Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
s’il suffisait qu’il pleuve dans les heures, les jours ou les semaines à venir pour que les cultures d’automne reverdiront, le bois des poteaux et des pieux et même de leurs chaises se ranimera et portera des fruits, le bétail cessera de gigoter. Cette trivialité, je ne sais pourquoi, me fait penser incontinent au train. En effet, lorsqu’un train a un retard non annoncé de 3 mois est-ce un retard ? Et le train qui paraîtra est que l’on prendra est-ce le bon train ? Le mensonge a cela de bon, c’est qu’à la rigueur il peut remplacer la vérité pendant un certain temps. Peu importe que la pluie arrive dans une minute ou dans une éternité, c’est le plaisir ou la douleur qui regarde marcher l’aiguille du temps ! Et apprenons par-dessus tout ça, que l’on doit toujours dire à son supérieur que tout est parfait. Cette manière pathogène plutôt que sédative est une des plaies de notre dressage qui fausse toute discussion ! Ce pronunciamiento est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Très rapidement, l’inquiétude s’est développée comme en témoigne la multiplication des émissions radiotélévisées déprimantes, conduites par des journalistes extrêmement généralistes, incultes en matière scientifique et techniques, qui ressassent toujours la même chose, avec les mêmes intervenants -des rats de ville qui parlent au nom des rats des champs- qui se prennent pour les pointures de la profession agricole. Dans ces débats protéiformes, où l’absence du petit paysan est patente, où il ne dit pas un mot mais gémit tout haut et sa plainte s’entend partout, quand par hasard une caméra le surprend, il baisse la tête pour ne pas montrer ses yeux mouillés, la souffrance dédaigne la publicité, on s’intrigue entre orateurs
au moyen de paroles intentionnellement imprégnées de parfum de terroir, pour faire vrai, pour parler comme lui. Bref, on emploie son temps pour son mieux. Certains, les autorisés ou les porte-paroles officiels, sortes de propriétés nationales, prétendument riches en matière de voir, possèdent plusieurs opinions sur un même sujet. Leurs mots sont comme des vêtements flottants qui conviennent à toutes les tailles ; sans dépasser les instructions, ont pour consigne de calmer le ventre des Marocains et faire promesses sur promesses. D’autres, un peu plus hardis, à l’affamer, mais tout juste pour en tirer profit et demander aux dirigeants des actions plus décisives dont ils sont les premiers adjudicataires. D’autres, à les entendre ergoter, francs jusqu’à l’imprudence, brulerait toute la paille du Gharb pour jouir du spectacle, mais on douterait que c’est tout juste une vengeance de domestique congédié. D’autres enfin, leur discours n’est qu’un chaos, un papotage stérile qui me fait dire qu’ils ont parlé, mais qu’ils n’ont rien dit… En gros, l’information chez nous va de la situation est maitrisée ou maitrisable à il est déjà trop tard. Et face à ce bavardage, le vrai paysan, celui qui se trouve tout d’un coup sans cultures et potentiellement sans bétail, n’a plus de mots, il n’a que des cris et à ce jour il attend encore cette mise en parallèle entre les discours cocardiers et les actes. Et on est toujours tenté de le préférer car la véracité de ses dires condamne et endommage sérieusement notre médiocrité et notre ignorance. Et s’il avait la possibilité d’être convié à une de ces émissions télévisées, toutes les chaines et radios s’empresseraient autour de lui pour en fabriquer d’autres, si bien qu’avant de finir la semaine il est déjà vedette, donc comédien à son tour. Il n’y a pas de quoi faire une hérésie, les calamités ont été de tout temps un territoire où s’affrontent différentes tentatives pour l’occuper. Pour résumer, il n’y a en fait que deux discours forts éloquents : le télévisuel et les pleurs du paysan ! Et par-dessus tout, comme la disette avait jadis une dimension pécheresse et considérée comme un châtiment, dans la foulée, de naïfs fkihs déterministes, en charge de la moralité et de la vertu, voulant se démarquer vigoureusement en attribuant une influence marquée à l’inconduite humaine sur le climat, et par la même occasion vilipender les fortunes mal acquises, crient, dénoncent et incriminent
Tableau 1. Extrait du calendrier agricole marocain Dates
Evénements
Remarques
1 février
Il tombe de la neige, vent
2 février
Tempête de 3 jours
3 février
Tempête
4 février
Tempête ; le sang s’échauffe chez l’homme. Il est recommandé de boire et de manger peu ; s’abstenir de manger les choses froides et de copuler
5 février
Idem
6 février
Premières gelées dans l’air
7 février
Premières gelées dans l’air
8 février
Premières gelées dans l’air
9 février
Jour bienheureux ; les abeilles essaiment ;
Trop tôt pour la nouaison
les poires et les pommes nouent La sève rétablit son cours dans les arbres 10
Tempête qui durera 3 jours
Rien à signaler
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Les cigognes arrivent
Les cigognes ne nous quittent plus ou peu
12
S’il y a éclipse de lune, l’année sera bonne ; partout abondance de fruits, de céréales et elle sera pluvieuse dans ses premiers mois
13
Jour funeste
14
Si le tonnerre retentit, l’année sera bonne pour les troupeaux ;
15 16
il y aura du lait et du miel en abondance
Coïncidence : 1ère semaine de pluie et de neige et de pluie de l’année
17 18 19 20
Les animaux engourdis sous la terre se réveillent
publiquement certaines communautés et l’économie de certaines régions. S’il en est ainsi, comment se fait-il que dans leurs argumentations, ces lettrés ne se disent-ils pas : pourquoi Dieu laisse ses fidèles souffrir autant que les infidèles ? Ne peut-il pas être sélectif? D’un côté, on se croirait à l’époque de l’Ancien Testament, dans le passage avant le siège de Jérusalem ! D’un autre côté, tout en restant respectueux des religions pour confondre avec elles les superstitions qui souvent les accompagnent et dont la dissociation est difficile, la magie des prières ne fonctionne plus. Les anecdotes à ce propos abondent. Les I phones, les Smartphones, les tablettes, les ordinateurs… livrent banalement les secrets du ciel à qui les interrogent. Il y a quelques dizaines d’années on prenait ses leçons de météo dans la nature : coassement des grenouilles, chant des oiseaux, mort des puces, calendriers agricoles accompagnés d’éphémérides et de pronostics connus sous le nom de Raâdia, dont j’ai le manuscrit sous les yeux en ce moment, c’est-à-dire le 12 février 2016, et dont voici un extrait pour les 20 premiers jours de ce même mois. Au lecteur d’en juger. Pour ma part, je pense qu’une telle prescience, d’une sobriété pastorale, à mettre au même rang que l’astrologie et l’interprétation des songes, ne présente maintenant qu’une valeur culturelle. Il devrait être vu comme un mélange d’éléments de souvenirs et de propos métaphysiques. Il en est de même pour le calendrier de Cordoue, sorte de tradition orale condensée par Ibn al-Bannâ, qui remonte très loin dans le temps que les données climatiques, rarement antérieures au début du XXe siècle. Aux effets de la sécheresse s’ajoutent des réactions subsidiaires qui mettent en péril encore davantage la vie des peuples. Des conflits se trouvent engagés entre les individus, les tribus, les ethnies et une infinité de petits drames surgissent ça et là. Le nombre de gens malheureux à cause de leur simple lieu de naissance dépasse l’imagination : pauvreté, faim, soif, exil, déportaAgriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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tion, guerres, maladies… L’évolution des divers groupes humains obéit aux règles primaires de la survie et il n’est pas rare de voir des populations affectées par des catastrophes naturelles s’en prendre à certaines minorités avec qui vivaient-elles en symbiose, transformées spontanément en boucs émissaires, comme ce fut le cas à Fès le 22 avril 1912 pour le quartier juif et en Europe pendant la peste noire, où les juifs, toujours eux, furent couramment accusés d’empoisonner les puits. Pour témoigner que ce phénomène n’est pas propre à une population ou à une culture, plus en Orient, après les tremblements de terre du Kantô en 1923, des Japonais attaquèrent et tuèrent des milliers de Coréens dans cette région ainsi qu’à Tokyo et Yokohama. Obstinément et partout, en périodes de crises, les chasses aux sorcières atteignent leur apogée, et s’il est difficile de prouver que le climat modifiait directement les façons de penser des gens, on peut néanmoins raisonnablement établir des liens avec certaines tendances culturelles ! Si on élargit l’angle d’approche, en considérant en général les catastrophes naturelles, la connaissance du passé peut nous éclairer. En effet, toutes les sociétés ont été affectées par des sécheresses, des inondations, des épidémies… Dès lors, comprendre les réponses qui ont été apportées peut être un indicateur précieux des réactions que l’on peut s’attendre à observer dans le futur pour sortir du piège où nous nous trouvons. En étudiant le passé, nous gagnons une certaine clairvoyance sur les événements actuels. Exactement de la même façon dont les officiers étudient l’histoire militaire pour se préparer à la guerre, que les entomologistes étudient les insectes pour déterminer leur faiblesse ou que les économistes examinent (ou devraient examiner) l’histoire écoUtilisant les proxies, M’hirit et Benzyane, offrent dans leur ouvrage « Le cèdre de l’Atlas: mémoire du temps » la traque des épisodes de sécheresse sur 1000 ans
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Périodes
Localisation et impacts
868-878
Andalousie, Maghreb
1020
Maghreb, famines et épidémies
1060-1064
Fès et sa région
1118
Maghreb
1323-1325
Maroc
1519-1521
Maroc, durement touché
1626-1628
Maroc : famines et pestes
1651-1653
Maroc : famines et pestes
1776-1782
Maroc : famines et pestes
1794-1797
Maroc : famines et pestes, perte de la moitié de la population
1815-1818
Maroc : famines et pestes
1822-1825
Maroc : famines et pestes
1904-1905 1917-1920 1930-1933 1944-1945
Aâm jouâa
1948-1950 1960-1961 1974-1975 1981-1984 1986-1987 1991-1993 1994-1995 2015-2016
nomique pour anticiper la prochaine crise. L’histoire nous fournit les nombreux épisodes de sécheresse passés de notre pays. L’idée que nous offre le tableau synoptique ci-dessus est que d’une certaine manière la nature est instable ; qu’elle est dynamique et, du reste, chaotique, imprévisible. Actuellement, par une avalanche de progrès techniques, nous disposons de moyens d’alerte et de mesures de protection, mais à mesure que l’on remonte le temps les forces cosmiques dont dépend le climat deviennent de plus en plus inconnues et inattendues, pliant nos ancêtres à leurs implacables tyrannies sans qu’ils puissent leur opposer autre chose que des prières et une morne résignation. La sécheresse a une histoire. Jusqu’au XIXe siècle, l’enseignement et l’œuvre de nos anciens lettrés n’était rien que de la compilation ; ils juxtaposaient, mêlaient, entassaient, ajoutaient leur propre point de vue, parfois de manière fantaisiste, comme le montre l’extrait du calendrier présenté plus haut. Un travail de synthèse reste à accomplir, d’innombrables données sont dispersées dans différentes disci-
plines qui ne communiquent pas toujours entre-elles. Il faut appréhender ce genre littéraire comme un réservoir d’expériences et d’observations permettant de mieux penser notre évolution. En revanche, le XXe siècle, en raison de l’entrée en jeu des techniques météorologiques, les sécheresses semblent pleuvoir ! Les épisodes, mieux définis dans le temps, se succèdent à un rythme soutenu. Nonobstant toutes carences, cet inventaire restitue d’assaillants souvenirs et nous rappelle que cette épée de Damoclès plane perpétuellement sur nous et peut se manifester à tout instant. Et c’est déjà méritant. Tout près de nous, Aâm jouaâ ( )ﻋاﻢ اﻠﺠﻮﻉa marqué les esprits et demeure sans conteste le traumatisme de la génération de nos parents. Cette famine fut telle qu’elle ramena les populations à un niveau de développement proche des temps préhistoriques. Du reste, ces sécheresses que l’on interprète chaque fois comme le signe avant-coureur de la fin du monde, par un calcul élémentaire, on s’aperçoit qu’elles durent dans 34.7% des cas 1 an, 26% 2 ans ; 26% 3 ans et 4.3% des cas 4 ou 6 ou 10 ans. Les 7 ans du songe du
Tableau 2. Durées, périodes et intervalles entre sécheresses successives au Maroc
Pharaon ne figurent pas dans cette prévision ! D’autres épisodes assez fortement ressentis eurent lieu : 1906-1907, 1910-1914, 1920-1927, 1952-1953, 1965-1967 et 1972-73. Et à ces chiffres, les paysans dans l’âme sentent tout de suite un petit frisson triste et voient en pensées les difficultés converties en choses réelles. Dans leur attente, le lever du soleil les leur rappelle et le crépuscule du soir les leur rappelle encore. Utilisant les proxies, M’hirit et Benzyane, nous offrent dans leur ouvrage « Le cèdre de l’Atlas : mémoire du temps » la traque des épisodes de sécheresse sur 1000 ans (Tableau 2). Ces auteurs parviennent aux conclusions suivantes : - la sécheresse se produit en moyenne tous les 11 ans ; - la durée d’un épisode est plutôt courte : 1 à 1.5 an ; - les sécheresses de longue durée sont relativement rares ; les plus récentes, comme celles de 1979 et 1984 ne se produisent qu’une fois tous les quatre siècles et demi ; - deux sécheresses de 6 ans se sont produites de 1009 à 1074 et de 1626 à 1632 ; - une sécheresse de 5 ans de 1794 à 1798 ; - 2 sécheresses de 4 ans entre 1404-1407 et 1714-1717 ; - les sécheresses de 3 ans, plus nombreuses, ont lieu en 3 périodes : 1693-1695 ; 1860-1862 et 19571959 ; - les cernes du cèdre indiquent 26 sécheresses de 2 ans et 54 d’un an pendant le millénaire de vie des arbres examinés ; - la sécheresse des années 1970 et 1990 sont probablement les plus sévères depuis 1750. Cette étude, établissant mieux, que tous les approximatifs ouvrages des siècles antérieurs l’occurrence du phénomène, montre que les infortunés paysans ont rarement le temps de se remettre de ses ruines, en ad-
mettant que le fléau les laisse respirer pendant un aussi laps de temps ! C’est un peu l’ouvrage de Pénélope. Nous pouvons en apprendre davantage sur les sécheresses en lisant l’histoire humaine. Les principales calamités ayant affecté les hommes ont, indéniablement, été, d’un point de vue strictement numérique, les épidémies et les guerres. Certaines ont pu causer, dans les cas les plus sévères, entre 30 et 100 millions de morts (peste noire de 1348-1352, épidémies post-colombiennes en Amérique, grippe espagnole de 1918-1919, guerres mondiales, etc. Par comparaison, les pires sécheresses et les inondations les plus meurtrières n’ont tué jusqu’à aujourd’hui que quelques millions d’humains ! Mais si les épidémies et les guerres finissent par trouver des solutions, le livre de la sécheresse, toujours ouvert, est immense et les effets de cette calamité sont et seront pernicieux. Son album renferme des milliers de pages et dont chaque page on constate inexorablement la lente élévation ou chute d’un empire. La disparition dramatique de lointains empires en est l’exemple. A titre de renseignement, il y a plus de 42 siècles, un épisode de sécheresse majeur se produisit dans l’Egypte pharaonique, causant probablement l’effondrement des anciens empires Egyptien et Akkadien. Des archéologues avancent l’idée d’une sécheresse importante dans les régions méditerranéennes il y a quelques 3200 ans pour expliquer la crise de l’âge du bronze tardif, lorsque des peuples de la mer détruisirent l’Empire Hittite et tentèrent de s’emparer de l’Egypte. Rappelons la civilisation Maya qui se serait démantelée particulièrement à la suite d’une longue sécheresse tout comme plus tard, celle des Anasazis de l’Ouest américain ou de la civilisation de Tiwanaku de la rive sud du lac Titicaca, lors de la Grande Sécheresse concordant avec une phase climatique affec-
Durées de la période sèche
Nombre de périodes
Intervalle entre 2 sécheresses
1-6
89
11
2-6
35
26.5
3-6
9
113.7
4-6
6
182
5-6
4
399.3
6
3
455
tant une grande partie l’Ouest des États-Unis. Les proxies climatiques montrent que cette phase commença en 1276 et se poursuivit jusqu’en 1299. L’effondrement de la culture de l’île de Pâques a vraisemblablement été accéléré par une sécheresse prolongée (effet El Nino). Beaucoup plus tard, parmi les facteurs climatiques ayant déclenché une des plus vieilles révolutions du monde, la Révolution française, les historiens ont identifié une sécheresse source de famines et de dénutrition accompagnées, comme il est toujours le cas, d’une forte hausse des prix des denrées alimentaires. A tous coups, la sécheresse, escortée de sa fille la misère, pousse un peu rudement les portes d’édifices branlant ou fait éruption dans des structures déjà vulnérables. Des faits religieux sont liés aux épisodes de sécheresse. On a tous entendu parler de Moulay Bouchta Lkhammar. Les disciples de cet illustre santon repoussent absolument le sens d’ivrogne ou de marchand de vin qu’on assigne à son nom. Ils prétendent que Khammar a la signification de âammar ()عمار, c’est-à-dire quelqu’un qui peuple, qui colonise et distribue des bienfaits. Dans Kitab al Istiksa (tome 3, page 97), une très courte notice résume la biographie de ce saint. Il s’appelait Mohammed ben Moussa Chaoui. Il dut son éponyme de Bou-Chta (l’homme à l’hiver ou à la pluie) au miracle suivant : pendant une grande sécheresse la population le supplia de demander de la pluie à Allah. Le saint fit son oraison et aussitôt les écluses du ciel s’ouvrirent. Pour ma part, je pense c’est de la que viendrait le pseudonyme de Khammar c’est à dire quelqu’un qui a le pouvoir d’humidifier ou d’imbiber d’eau quelque chose, notamment la terre. Ce qui
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explique la popularité de ce prénom dans le Prérif. Pour situer cet événement, Moulay Bouchta mourut en 1589 et fut inhumé à Jbel Amergou dans la tribu de Féchtala. On lui attribue un autre prodige, digne d’être raconté. Il fut enterré pour la première fois dans le village d’Essafiyine, sa résidence habituelle. Les Bni Mezgalda, tribu voisine de Féchtala, avaient pour lui une vénération particulière. Ils vinrent la nuit déterrer son cadavre et remplirent soigneusement la fosse. Enfin, ils avaient leur saint, et, vite l’emportèrent et l’inhumèrent chez eux, dans le village de Zrira. Les Essafiyines apprirent sitôt le pieux larcin. Ils ouvrirent la tombe et constatèrent avec bonheur que My Bouchta était toujours à sa place. Cette nouvelle annoncée triomphalement aux Bni Mezgalda, décida ceux-ci à s’assurer à leur tour si leur bien-aimé marabout reposait encore à l’endroit où ils l’avaient enseveli. Le bienheureux Chrif, parfaitement conservé, y était toujours. Il semblait dormir tel qu’on l’avait vu le jour où on l’avait retiré de sa tombe initiale, le visage pâle, sa grande barbe blanche déployée en éventail sur sa poitrine. Enfin, pour concilier tout le monde, le soir même le saint apparut en songe à plusieurs personnages vertueux des deux tribus, disant aux uns et aux autres que son corps était réellement présent dans les deux tombes ! En Europe, plus précisément en France, en 1137, le Nord et le Centre de ce pays connaissent une sécheresse de sept mois (mars à septembre), accompagnée en juillet et août de chaleurs effroyables. Puits, fontaines et fleuves se tarissent et, à Saint-Maur-des-Fossés, un miracle de la pluie se produit en l’église Saint-Nicolas. Plus tard, en 1336, à Aubervilliers, une longue sécheresse cesse après des prières d’une jeune fille à la Vierge. 60
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Alors que les yeux de la statue de la Vierge ruisselaient, la pluie se mit à tomber. Après ce miracle de la pluie, Notre-Dame-des-Vertus devient un lieu de pèlerinage tout comme notre Moulay Bouchta Lkhammar. Les fluctuations climatiques et les épisodes météorologiques extrêmes eurent de graves conséquences dans le monde entier. Les travaux du Suisse Christian Pfister et autres montrent de façon détaillée comment elles influencent les récoltes et les prix, les naissances et les décès. L’histoire fournit aussi des exemples d’adaptation : l’Angleterre et les Pays-Bas virent ainsi leur mortalité diminuer grâce à une agriculture plus diversifiée, une économie de marché plus développée, et une meilleure organisation de secours aux pauvres qui a permis de réduire l’exode rural des ruraux affamés en quête de secours. En tout temps, aux terribles chocs, les sociétés humaines créent différents types de réponses. La première et principale forme de résilience au sein des sociétés traditionnelles, dont les moyens de subsistance sont mis en péril, est l’émigration. Cet exode est resté très longtemps une option et le reste encore. D’autres formes traditionnelles de résilience, comme la recrudescence de la natalité, peuvent également être mises en œuvre. Puis, les catastrophes ont souvent des effets paradoxaux sur les sociétés. Elles attisent les divisions d’une part et encouragent la solidarité de l’autre. Souvent, elles rendent le mieux-être de quelques uns aisément achetable au prix d’une excessive misère des autres… Pour cela, la question des inégalités environnementales, des inégalités d’exposition aux risques et d’accès aux aides, de répartition des efforts des politiques environnementales doit faire l’objet de la plus grande attention de la part des pouvoirs publics. Comme on dit, ce
ne sont pas les séismes qui tuent les gens, ce sont les immeubles ! Et dans ces conditions, nul ne peut calculer ce qu’il faut de temps à la raison pour avoir raison surtout lorsqu’on songe que c’est toujours à ceux qui vivent de certains abus qu’est confiée la responsabilité de les réformer ! Dans les débats autour de cette sécheresse, certains objecteurs évoquent souvent le Plan Maroc Vert ! Que lui reprochent-ils ? Pour beaucoup, les grands projets sont toujours inventés pour être le dessert des nantis. Ne faisant pas exception, le plan Maroc Vert, est sournoisement perçu comme de l’agrimimétisme ou de l’agriculture en copier-coller! Il donne une image verte tout en ne changeant rien et en faisant du reste de l’agriculture paysanne la variable d’ajustement. Quoi qu’il en soit, les grands projets soulèvent toujours des avis multiples. A ce propos, la politique des barrages n’a-t-elle pas eu mauvaise presse à l’époque, alors que maintenant elle nous vaut la plus haute distinction ? Beaucoup de jugements ne peuvent être que rétrospectifs. Le Plan Maroc Vert, avec ses objectifs, n’est certainement pas La Solution, mais il fait partie des grandes solutions aux problèmes du pays tout comme les autoroutes, les énergies renouvelables, l’électrification rurale, le Régime d’Assistance Médicale (RAMED) ... Néanmoins, ce que l’on peut lui reprocher, chaque action a ses qualités et défauts, est qu’il n’a pas fabriqué ou stimulé de cerveaux verts pour l’accompagner. En soi, l’idée du projet n’est donc pas fondamentalement mauvaise ou malhonnête. Au contraire, il est louable de chercher à produire plus et durablement. C’est ce durablement qui pose problème. Et avec les changements toujours imprévisibles, dont personne ne peut dire ce qu’ils en seront, le jugement de
ce programme ne pourra être que rétrospectif. Et pour cela il faut solliciter des observateurs attentifs, au regard large, une intelligence à la fois fine et globale et surtout un esprit capable de rendre perceptible au regard des profanes ce qui se joue réellement. Pour finir, les répercussions de la sécheresse sont sociales, économiques, éco systémiques, techniques… Certaines, notamment les deux premières, exigent des compétences dont je ne dispose pas. Néanmoins, le pays en a suffisamment et, autour de moi, elles sont toutes pleines de santé et d’une certaine vigueur intellectuelle entretenue d’une éloquence toujours râleuse et antagonique. En frondeurs invétérés, ils sont à même de mettre le feu dans la rivière ou rendre la sécheresse résoluble dans un sous chapitre de ces vieux manuels d’économie politique !!!!! Un défaut néanmoins, ils travaillent toujours a posteriori et ne sont souvent pas d’accord avec euxmêmes. Faut-il rappeler à ces noircisseurs des choses, qu’entre nous et la sécheresse il n’existera jamais de traité de paix, mais seulement des armistices et que notre verdure n’est qu’une sécheresse différée ou inversement ? Dans notre région, la sécheresse est systémique, structurelle comme disent injustement les agroéconomistes. Le fait qu’elle survient à un moment donné nous délivre d’une attente et nous protège pour quelques temps de celle à venir. Et ce que nous vivons maintenant peut être bien pâle auprès de ce qui nous attend. Là-dessus, comme sur tant d’autres choses, il y aura toujours plusieurs théories, plusieurs opinions : des petites, des grandes, des éphémères, des durables, des préjugés, des passions, des empreintes du douar, de la région, de la ville où l’on vit, du parti auquel on est inféodé… Arrêtons donc cette fraternité à la Caïn et pensons positivement et ensemble comment nous en sortir. Pour cela, l’outil indiqué est évidemment la Recherche-Développement, mais malheureusement elle demeure chez nous une entreprise où l’on voit plus de difficultés que de moyens, ce qui avantage tout bonnement les palabreurs et les friands du PIB, PNB, pour qui le Matériel et Méthodes sont une console d’ordinateur et une fiche d’enquête. En tout état de cause, il est toujours difficile de dire la vérité toute entière sur tel ou tel fait. On ment de tant de manières, par le geste, le sourire, le silence même autant que par la parole. On ment volontairement, involontairement, par bêtise, par igno-
rance, par ruse, par manque de tact, par omission, par lacune de récit, et tous les diplomates savent qu’on peut produire un rapport absolument truqué rien qu’avec des documents à tous points vrais. Maintenant, à mon humble avis d’observateur mûr, économiquement candide et désinvolte, notre société, comme toutes les autres, a besoin de sens et le PIB me semble bien pauvre pour le porter. De nouveaux indicateurs de progrès sont à imaginer. Ce qui n’est manifestement pas simple. Il ne va plus de soi que l’activité marchande et la consommation matérielle sont la source de bien-être. Un autre indicateur plus objectif est à proposer : je pense au BNB (Bonheur National Brut). Pour moi, le bonheur est le meilleur signe extérieur de réussite et c’est la meilleure arme pour combattre la misère acquise. Une parenthèse : à l’heure où j’écris ce texte, des nuages couvrent le ciel. Le fellah qui a la sagesse des générations précédentes et la force de la sienne prie et espère. Enfin, en écologue, ma compétence dans ce débat est le traumatisme qu’occasionne la sécheresse aux écosystèmes. Vaste programme et autant de sujets sensibles ! Limitons-nous à quelques évidences bien établies et décrites, par ailleurs, dans divers manuels d’écologie. La conséquence la plus immédiate et délicate de toute phase de sécheresse est évidemment la détérioration du tapis végétal. Cette dégradation a des effets d’autant plus absolus que le milieu est plus fragile aux différentes formes d’érosion et que l’exploitation de ce manteau végétal est à la base des activités pastorales et agricoles, sources de vie de la population. En effet, comment rester impassible face à un cheptel, monnaie du fellah, qui s’agite, se plaint et souffre ? Le caractère aléatoire et discontinu, dans le temps et dans l’espace, des ressources herbagères et hydriques, ne permet qu’une utilisation saisonnière d’une grande partie de notre espace pastoral. D’où la nécessité de déplacements en latitude, en altitude, de regroupements à proximité des points d’eau, qui ne sont pas sans conséquences sur l’espace occupé. Tout au moins, au stade de l’actuelle sécheresse, on nous rassure que de grandes solutions techniques sont proposées. Le gros bétail est informatisé, authentifié par ordinateur et gare à la triche. Dans cette abondance automatisée, l’orge et autres composés alimentaires surabonderont dans de multiples points de vente à des prix sensés et à portée de toutes les panses. Et cerise sur le gâteau, l’assurance parachève la félicité paysanne… Justement, dans ces débats, dont il était question au début de ce texte, les assureurs et les banquiers jouent à la même table et s’emploient frénétiquement à la réparation ! Où est le problème donc ? Cette sécheresse, que dis-je ? ce retard de pluies, ressemble à un problème sans en être un ! Et là-dessus, d’un mouvement naturel, je produis pour l’occasion, ce couplet : Le cheptel, par le retard des pluies, au bord du tombeau, Approvisionné par ordinateur, revivra de nouveau ! Sans escobarderie, la technique et les aides peuvent sauver mais peuventelles être mises en place à un niveau efficace rapidement ? On verra bien ce qu’il arrivera, si cette sécheresse n’est pas tuée entre-temps par les pluies de la cinquième saison !
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Petites annonces
Responsable de Vente et Développement (Maroc) HM Clause, entreprise internationale leader dans les semences potagères, recherche dans le cadre de son développement, un Responsable de Vente et Développement. Rattaché au Responsable de la zone Maghreb, vous aurez comme Missions:
• Développement du chiffre d’affaires et parts de marché de la marque sur le Maroc, sous la coordination du responsable de la zone Maghreb. • Atteinte de l’objectif des chiffres de ventes
de la zone et de l’équipe de ventes et mise en place des stratégies pour atteindre les objectifs en concordance avec celles de la société. • Validation des objectifs quantitatifs et qualitatifs ainsi que des priorités d´actions sur la zone avec le responsable de la zone Maghreb et suivi des réalisations. • Établissement des prévisions de ventes pour la région en collaboration avec le Responsable Maghreb • Management et animation de l’équipe technico-commerciale. • Promotion du nouveau matériel génétique de la marque via l’équipe technico-commerciale (essais, inscriptions variétales, échantillons...). • Etablissement du plan d’expérimentation avec les équipes de marketing. • Actualisation de toutes les données sur le marché Marocain des semences potagères. • Prospection, suivi et fidélisation de la clientèle. • Suivi et prise en charge direct des producteurs leader spécialisés ou PLS. • Suivi du recouvrement efficace et gérer des possibles litiges clients. • Gestion des importations et maintien des critères établis.
• Gestion des pré-conditionnements en France pour les produits à exporter au Maroc. • Diffusion de l’image du business unit de la société et de la marque.
Profil recherché
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agricole, vous justifiez d’une expérience d’au moins 4 ans dans la vente et la promotion des semences et connaissez le fonctionnement de la chaîne de distribution pour les semences potagères.
Connaissances requises :
• Connaissances agronomiques • Maîtrise des règles sociales et financières • Connaissance du Marché des semences • Maîtrise du Français et de l’Anglais pour les
relations avec la BU, le responsable Maghreb et les autres filiales.
Merci d’envoyer vos CVs à l’dresse e-mail suivante :
management@twc.ma
Nous sommes une grande multinationale spécialisée dans la fourniture des fertilisants et intrants agricoles. Dans le cadre de notre développement, nous recherchons les profils suivants :
une expérience de 3 ans au minimum en marketing et communication produit.
1/ Directeur Commercial Grands Comptes (Réf. DC001/16)
De formation Bac + 5 / Master ou équivalent en biotechnologie, microbiologie, biologie moléculaire ou équivalent. Ayant cumulé une expérience significative dans un poste similaire (dans l’agro-alimentaire, analyse biomédicale, ou vétérinaire, etc.
De formation supérieure en agronomie, ayant cumulé au minimum une expérience de 5 ans dans un poste similaire dans la commercialisation des fertilisants, pesticides et intrants agricoles.
2/ Responsable commercial Grands comptes (Réf. RC002/16)
5/ Ingénieur en Biologie moléculaire/biochimie (Réf. IB005/16)
6/ Responsable logistique (Réf. RL006/16)
De formation supérieure en agronomie ayant cumulé au minimum une expérience de 3 ans dans la commercialisation des fertilisants, pesticides et intrants agricoles.
De formation Bac+5, Ingénieur ou équivalent en Logistique, supply chaine, achats et approvisionnement ou équivalent, ayant cumulé une expérience de 3 ans au minimum dans un poste similaire de préférence dans le domaine agricole ou agro-alimentaire
3/ Technico-commercial (Réf. TC003/16)
7/ Stagiaire en Microbilogie (Réf. SB007/16)
De formation supérieure en agronomie ayant cumulé au minimum une expérience de 3 ans dans la commercialisation des fertilisants, pesticides et intrants agricoles.
De formation Bac + 5 / Master ou équivalent en microbiologie, biologie du sol ou équivalent. En recherche de stage de fin d’études ou équivalent.
4/ Chef de produits (Réf. CP004/16) De formation supérieure en agronomie, ayant cumulé
Merci d’envoyer vos CVs à l’adresse e-mail suivante : maji_med@yahoo.fr, en spécifiant la référence du poste.
BULLETIN D’ABONNEMENT Nom :
EDITIONS AGRICOLES, 22 bis, rue des Asphodèles, Résidence Zakia 20380 Casablanca - Maroc
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Société - Organisme : ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Tél.
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Fax
:
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Rue :
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Ville :
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Chèque ou virement au nom de la Société Editions Agricoles Abonnement 1 an / 8 Numéros Tél.: 05 22 23 62 12 / Fax : 05 22 25 20 94 Maroc : 300 dhs Agriculture du Maghreb Pour l’étranger 62 : 90 Euros, Règlement Uniquement par virement bancaire N° 92 - Février 2016
N° :
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Pour l’étranger
Code Swift : MAMC
Règlement par virement bancaire (Société Générale SGMB)
C. Banque 022
C. Ville 780
N°compte
Clé
0001400005035976
74
JOINDRE COPIE DE L’ORDRE DE VIREMENT AVEC LE BULLETIN D’ABONNEMENT
Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016
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Agriculture du Maghreb N° 92 - Février 2016