Agriculture du Maghreb n° 91

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Agriculture du Maghreb N째 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Agriculture du Maghreb N째 91 - Dec. 15 / Jan. 16


EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166

Edito

Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 23 82 33 Fax : 212 (0) 522 25 20 94 agriculturemaghreb@gmail.com www.agriculturedumaghreb.com

Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Prof. Hmimina M’hamed, Prof. Mohamed BOUHACHE, Dr. Achbani E.H Benbouazza A. Hdidou A Salmane BEN-GHABRIT Maya Benouniche Marcel Kuper Ali Hammani

Facturation - Abonnements Khadija EL ADLI

Directeur Artistique Yassine NASSIF

Imprimerie PIPO

Régie publictaire France 1154 Chemin du Barret 13839 ChâteauRenard Tél. 04 90 24 20 00 Contact : Mme. Brigitte SENECHAL bsenechal@idyl.fr

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

Détresse du monde agricole

A

près une bonne campagne 20142015, pendant laquelle le Maroc a été gratifié des bienfaits d’une pluie régulière et suffisante ayant permis d’atteindre le record de 115 millions de quintaux de céréales, l’absence des précipitations cette année met l’agriculture en péril dans tout le pays. Le fardeau de la sécheresse pèse de tout son poids sur le moral et le budget des agriculteurs. L’économie marocaine est largement tributaire de la pluviométrie. En effet, les barrages ne permettent d’irriguer que 15% des surfaces cultivables du pays, les 85% restant dépendent toujours des aléas climatiques. Ainsi, une année de sécheresse touche de plein fouet le secteur céréalier, qui occupe une place prépondérante dans l’agriculture du pays, ce qui impacte la croissance et a des répercussions sociales sur le monde rural (l’agriculture fait vivre environ 40% de la population) : faiblesse des revenues, chômage, appauvrissement, sous alimentation, exode rural, ... L’élevage, deuxième mamelle de l’agriculture nationale, est tout aussi largement affecté. Les pluies reçues depuis le début de la campagne sont trop faibles, à tel point que les céréales et autres cultures pluviales semées en novembre sont quasiment perdues. Et aujourd’hui, même si les pluies s’abattent sur le royaume dans les prochains jours, il sera impossible de sauver la saison. La sècheresse touche plus de 7 millions d’hectares de cultures de base comme les céréales, les fourrages et les légumineuses. A cela s’ajoute l’absence de couvert végétal dans les parcours qui met en péril le cheptel national, d’autant que le prix des aliments de bétail atteint des sommets. Les temps sont déjà très durs pour les petits fellahs qui se trouvent dans l’obligation de brader une partie de leur cheptel. La flambée des prix des aliments du bétail qui a presque triplé en un laps de temps réduit est à l’origine de cette décision. A titre indicatif, la botte de paille coûte aujourd’hui 30 dirhams contre moins de 10 dirhams auparavant. De même pour les prix de l’orge, du maïs et du son qui ont dépassé 3 dh par kg. Les éleveurs appellent au contrôle des prix des aliments de bétail et à mettre fin aux spéculations. La détresse des petits agriculteurs est patente

alors que les associations professionnelles, censées les défendre, brillent par leur inexistence. Ils attendent les indemnisations des assurances et les aides de l’Etat qui tardent à venir. A noter que les professionnels des céréales critiquent les montants dérisoires des dommages alloués aux agriculteurs (destinées essentiellement à rembourser les emprunts) et demandent une revalorisation des indemnités contre la sécheresse. Pour Prof. Najib Akesbi, économiste spécialiste des politiques agricoles, 2016 sera «l’année de vérité» pour le Plan Maroc Vert. «Malheureusement, l’accent a surtout été mis sur l’agriculture intensive et d’exportation, qui ne concerne pourtant qu’une minorité d’agriculteurs», déplore M. Akesbi, «alors que la sécurité alimentaire nationale, surtout en temps de sécheresse, est primordiale». La situation catastrophique du monde rural interpelle le gouvernement appelé à planifier une stratégie de développement durable pour le monde rural, et de traiter la sécheresse d’une façon rationnelle et décisive, et non pas en tant qu’événement passager nécessitant uniquement des solutions ponctuelles. A ce propos, et abordant l’impact négatif de la sécheresse que vit le pays, M. Ahmed Lahlimi (Haut Commissaire au Plan), a dressé des prévisions hautement pessimistes et alarmistes pour 2016 (année difficile) et 2017 (encore plus difficile). Il a, en conséquence, conseillé au gouvernement (dans son ensemble) de revoir la politique économique, financière et sociale suivie jusqu’à présent et d’adopter des programmes d’urgence pour sauver le milieu rural (bétail, emploi, …).

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Sommaire Sommaire

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6 I Actualités

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36 I L’acidité des clémentines, une qualité menacée 40 I Tomate

56 2 5 42 45 11 17 41 43 44 21 37 71

30 I SIFEL 2015

Les fruits et légumes en fête à Agadir

34 I TROFEL 2015

Les fruits et légumes à l’honneur

40 Problèmes physiologiques de la conduite en contre-saison 48 Mildiou de la tomate : Principaux moyens de lutte

52 I Le mildiou

Principal pathogène de la pomme de terre

55 I Mener le goutte à goutte à l’économie d’eau

ambition réaliste ou poursuite d’une chimère?

58 I La morelle jaune

une plante envahissante qui menace le périmètre irrigué du Gharb en silence

62 I La casside de la betterave au Gharb

cycle de développement et stratégie de lutte

64 I l’Anthracnose due à Colletotrichum sp.

Une maladie fongique en extension dans nos oliveraies

66 I Adjuvants pour herbicides

quel additif pour quelle situation ?

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PETITES ANNONCES


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Actu Actu Entretien

Au-delà de la décision de la CJUE sur l’accord Maroc-UE Repenser nos relations avec l’UE, La démocratie, arme de négociation Entretien avec Najib Akesbi, économiste et professeur à l’IAV Hassan II Propos recueillis par Abdelmoumen Guennouni

Il y a un mois environ, la cour de justice de l’UE a annulé une partie du dernier accord liant le Maroc à l’Union Européenne provoquant la colère et l’incompréhension des autorités et des professionnels marocains. Après avoir abordé l’historique de ces relations dans un précédent article (voir Agriculture du Maghreb N° 90-Décembre 2015 : ‘‘50 ans de relations perdant gagnant’’), le professeur Najib Akesbi remet cette décision dans son contexte et déplore des négociations qui se déroulent dans un black out total (du côté marocain) empêchant nos négociateurs, dépourvus des outils nécessaires, de recourir à l’opinion publique et aux acteurs professionnels pour renforcer leurs positions.

Dans la situation actuelle, estime le Pr Akesbi, il faudrait repenser la totalité des relations avec l’UE au lieu d’accepter un mauvais accord et de continuer à revendiquer. A quelque chose malheur est bon. Il faudrait profiter de ce jugement et saisir cette occasion sachant que tous les accords avec l’UE sont mauvais pour nous (études à l’appui). Il faut bondir sur cette occasion pour remettre les compteurs à zéro. S’il faut négocier, il faut le faire globalement et la discussion doit fusionner les dossiers agricole, de pêche, d’industrie et services. Quel que soit l’impact à court terme de cette renégociation, à la longue le Maroc ne pourrait être que gagnant. Par ailleurs, et sur le plan communication, en parlant de décision politique, les responsables marocains négligent l’indépendance de la justice dans les systèmes démocratiques et cette critique est contre productive. Un historique révélateur Pour le Pr Akesbi, il faut, pour comprendre la portée de cette décision, la placer dans son contexte historique. Il rappelle que le premier accord de 1969, 6

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avec son volet agricole, a été porté par des promesses européennes en vue de la mise en place d’un modèle de croissance ‘’tiré par les exportations’’. Le Maroc a alors mis le paquet sur le modèle agro-exportateur. Il a par conséquent donné la priorité, pour le développement de son agriculture, aux zones irriguées (barrages) en négligeant le reste des productions (85% du territoire national, à l’image du Maroc inutile). Ainsi, le Maroc a parié sur notre relation avec l’Europe et fait des choix qui lui ont coûté cher. Il a fait des efforts immenses pour adapter sa production aux besoins et desiderata européens, mais cette ‘’révolution technique’’ et ces changements (la libéralisation des exportations en fait partie) ont profité à l’Europe et nous ont coûté cher puisque tous les intrants sont importés par le royaume. Cependant, en cours de route, un tournant décisif s’est produit et le beau modèle construit initialement s’est effondré. En effet, le Maroc exportait des produits de contre saison demandés par le marché européen, jusqu’à l’entrée -1986- de l’Espagne (qui produit la même chose que nous) dans l’Union européenne. En conséquence des barrières tarifaires et non tarifaires ont été adoptées pour limiter progressivement l’accès des produits marocains au marché européen (contingents annuels puis mensuels, calendriers, prix d’entrée, normes de qualité, auxquels s’ajoute la « Valeur forfaitaire d’importation » -dite « VFI »-, …). Par la suite, un deuxième tour-

nant a suivi : les accords du GATT. Le Maroc qui faisait partie des pays les mieux placés dans ces négociations, n’a pas su profiter de sa position. En effet, le Maroc s’attendait à obtenir, à travers ces accords multilatéraux, ce qu’il n’arrivait pas à obtenir par les accords bilatéraux, puisque ces accords prévoyaient l’abolition de toute protection non tarifaire à la circulation des personnes, biens, produits et services ce qui arrangeait les affaires du Maroc. Mais c’était sans compter sur la réaction de l’Europe qui a substitué des équivalents tarifaires par le biais des ‘‘offres’’ des différentes parties qui protégeaient des listes de leurs produits. On a abouti en définitive, à un durcissement du système. Ainsi l’Espagne a pu obtenir le maintien de la protection de produits comme la tomate, la courgette, les agrumes, etc. qui sont les produits visés par le Maroc. En plus s’ajoutaient d’autres contraintes comme la mensualisation des quotas, etc. Ainsi, dans toutes les négociations, l’UE est restée dans sa logique asymétrique et a toujours refusé de céder sur la protection d’un panier de produits de hors-saison en accordant au Maroc des concessions sur une longue liste de produits que nous ne fabriquons pas. Les négociations se sont poursuivies (pendant 6 ans) avec des hauts et des bas aboutissant à l’accord de 2012, véritable marché de dupes, présenté comme accord de libre échange alors qu’en réalité il n’y a pas eu de libre échange, via le recours des européens à la technique des listes introduisant des rythmes de libéralisation différents (sur 3, 5, 10 ans). ‘‘Il faut savoir que, alors que pour ce qui est des échanges de produits industriels (largement à l’avantage de l’UE), le Maroc est depuis mars 2012 en zone de libre-échange avec l’Union européenne, ouvrant ainsi toutes grandes les portes de son marché à ses exportateurs, l’accord agricole signé la même année maintient des « régimes d’exception » précisément à l’encontre des principaux produits agricoles marocains d’exportation (tomates, agrumes, courgette…). Le « régime d’exception » en question est en fait un redoutable arsenal de protection tarifaire et surtout non tarifaire limitant considérablement tout développement des exportations marocaines vers les marchés de l’UE’’ précise le Pr Akesbi. Vient ensuite le statut avancé (2008) qui promet l’accès à ‘‘tout sauf aux institutions’’ dont l’accès au marché unique. En théorie c’est un statut très ambitieux permettant les 4 libertés : libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux et services. Donc les pro-


tections ne joueraient plus. Cependant, la mise en œuvre de ce statut est progressive et soumise à conditions : il faut adopter des normes et lois identiques à l’UE (critères de convergence). Il parait évident que le Maroc ne pourra jamais se mettre au niveau de l’UE sur ces critères et donc le statut avancé devient inaccessible, d’ailleurs ce statut avancé n’a guère avancé depuis sa conception. Sur le volet agricole, rappelle le Pr Akesbi, il ne faut pas oublier que ce sont les mêmes intérêts et les mêmes pressions qui continuent. C’est le paradoxe entre les discours lénifiants (promesses) et la réalité crue. Nous avons bénéficié des promesses et conduit notre développement ‘’par les exportations’’ mais en réalité on a obtenu le contraire. La relation nous dessert et c’est l’UE qui gagne. Par ailleurs, dans une de ses publications, le Pr Akesbi explique que ‘‘cet accord reste fortement protectionniste précisément en ce qui concerne les produits « compétitifs et à haute valeur ajoutée » que le Maroc développe fortement en ce moment et qu’il est donc en mesure d’exporter en grandes quantités sur les marchés européens. On peut même dire que, au regard des ambitions du PMV en la matière, le dernier accord agricole avec l’Union européenne apparaît plutôt comme étant de nature à les entraver, au lieu de contribuer à les promouvoir. Le paradoxe auquel nous risquons d’assister au cours des prochaines années est que, faute de débouchés suffisants sur les marchés européens (qui restent malgré tout les plus proches et les plus rémunérateurs), c’est le marché intérieur qui va être inondé par une production trop importante pour sa capacité d’absorption, avec les risques de chute des prix et de baisse des revenus des agriculteurs…’’

Responsabilité du Maroc Absence de ‘‘mandat de négociation’’

D’après les recommandations de l’UNESCO (Techniques de négociations), pour réussir, pour réussir des négociations, souligne le Pr Akesbi, il faut que les producteurs exportateurs soient en mesure de se passer de l’autre, ce qui n’est pas le cas des marocains. A contrario, si les européens sont convaincus que nous sommes dépendants de leur marché, ils imposeront facilement leurs conditions et dicteront ce qu’ils veulent conformément à leurs intérêts. Par conséquent, diversifier est la première politique de souveraineté. En effet, depuis 40 ans, notre secteur export est vulnérable et fragile. Les exportateurs cherchent la facilité en se limitant aux circuits traditionnels. Pourtant les possibilités existent pour bénéficier d’opportunités sur d’autres marchés, puisque l’Etat marocain a signé des accords de libre échange avec 56 différents pays partenaires. Ainsi, celui signé avec les USA offre de grandes possibilités sans contingents ni prix d’entrée, … Toutefois ces accords ne sont pas exploités par nos exportateurs. Certains lient cette limitation à des opérations de fuite des capitaux (le produit des exportations concernées ne serait pas entièrement rapatrié…). En réalité, notre pays souffre d’un déficit de capacité de négociation : dans le domaine agricole nous sommes demandeurs alors que dans les secteurs de la pêche, industrie et services les européens sont demandeur. Pour nous, il faudrait lier ces dossiers (donnant-donnant) alors qu’il est dans leur intérêt de les dissocier. Ainsi, ils donnent ce qu’ils veulent bien donner et ils arrachent ce qu’ils veulent arracher. En effet, confirme le Pr Akesbi, dans tous les états de droit, les négociateurs agissent sur la base d’un mandat précis (contenu, date butoir, …) que le pouvoir législatif donne au pouvoir exécutif. En outre, la contribution de la société civile (presse, opinion publique, ONG, associations

Qu’est-ce qu’un mandat de négociation ?

’’ En négociation, comme pour la mise en œuvre d’un projet, il est vital de comprendre que ‘si vous ne savez pas où vous allez, il est probable que vous n’arriverez nulle part’. Ainsi, ce que vous devez faire, c’est penser avec soin à ce que vous essayer de réaliser. Vous devez identifier un ensemble d’objectifs, plutôt qu’une seule cible. Cet ensemble inclut : - Un objectif maximum - le meilleur résultat possible. - Un objectif minimum – l’objectif le plus bas acceptable. - Un objectif cible – avec réalisme, ce que vous comptez obtenir. Quand vous fixez les objectifs, essayez d’être aussi précis que possible. Essayez de rendre les objectifs faciles à comprendre, mesurables, et opportuns. Il convient de définir ces objectifs dans le cadre de votre organisation / groupe de gestion de projet. Ceci vous donnera, à la fois d’avantage d’idées et un mandat pour la négociation’’. professionnelles, syndicats, …) est un moyen de pression auquel le négociateur peut recourir pour accepter ou refuser les clauses en discussion, puisqu’il serait, de par son mandat, responsable des engagements acceptés. De leur côté, les négociateurs européens ‘‘se cachent’’ derrière l’opinion publique et invoquent les lignes rouges que leur mandat ne leur permet pas de dépasser. Nous, qu’est ce que nous faisons ? se demande Le Pr Akesbi. Nos responsables instaurent un black out qui ne sert pas nos intérêts. Nos négociateurs se présentent sans aucune préparation aux négociations, même technique et ils manquent de connaissance des dossiers, sans véritables études ni coordination entre les départements, … Pour des négociations réussies, il faut partir sur de bonnes bases : - Avoir une idée claire de ce que nous voulons sur la base d’études, d’une vision stratégique étudiée et réfléchie - Un mandat de négociation établi suite à des consultations internes, démocratiques Sur cette base on devrait conduire une seule négociation dans sa globalité : pas de dissociation de dossiers. Pour dépasser ce cap, prévoit le Pr Akesbi, il est certain que les européens trouveront une sortie juridico-administrative, une ‘‘sortie honorable’’ pour les deux parties afin que leur business continue. D’autant plus que la mise en œuvre des concessions consenties par le Maroc (par le jeu des listes) est progressive et que

leurs bénéfices ne vont entrer en vigueur que dans les années à venir. Les intérêts du Maroc sont le dernier de leurs soucis. C’est à nous de profiter de ce jugement de la CJUE pour défendre nos intérêts sur de nouvelles bases, sinon on aura encore une fois, raté l’occasion d’obtenir un accord équilibré. Il faut rappeler que le Pr Akesbi, dont les écrits sur le sujet et sur les publications nationales et internationales sont mondialement connus, n’a de cesse de démystifier la ‘’schizophrénie’’ des accords Maroc-UE et les concessions imposées au Maroc qui sont loin de servir ses propres intérêts. Ainsi, plusieurs années avant la décision de la CJUE, il arrivait à la conclusion que nos ‘‘responsables n’ont jamais voulu comprendre que ce déficit de démocratie et de transparence était précisément leur talon d’Achille dans les processus de négociation, car contrairement à leurs partenaires, ils ne pouvaient en cas de besoin mobiliser ni l’opinion publique ni la classe politique, ni même de vrais lobbies professionnels conséquents et influents (comment ces acteurs auraient-ils pu le faire s’ils n’avaient même pas l’information de base nécessaire pour se faire leur idée sur les questions en cause ?!...). Ils finissaient ainsi par courber l’échine sous le poids de considérations qui, trop souvent, avaient peu à voir avec les intérêts objectifs du pays’’. Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Actu Actu Salon

Pari réussi

La Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole au Maroc (FISA) a organisé du 24 au 26 Novembre dernier, la 18ème édition du Salon Avicole de Casablanca “Dawajine 2015’’ au Centre International de Conférences et d’Expositions de l’Office des Changes à Casablanca. Comme prévu, le salon a connu un grand succès et a tenus toutes les promesses qu’attendaient de sa tenue les professionnels du secteur.

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our les observateurs, et depuis son lancement il y a 18 an, le Salon Avicole de Casablanca ‘‘Dawajine’’ n’a cessé de connaître une réussite croissante qui en a fait un rendez-vous incontournable de l’ensemble des intervenants dans le secteur (professionnels, fournisseurs, partenaires marocains et étrangers du secteur avicole, administration,…). En effet, il est devenu aujourd’hui un salon international accueillant des exposants nationaux et internationaux représentant l’ensemble de la filière avicole avec un rayonnement particulier sur l’ensemble de la région de l’Afrique du Nord et de l’Ouest où il ne cesse d’accroître sa notoriété et de renforcer son positionnement en tant qu’événement avicole majeur. Ainsi, un nombre re-

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marquable de professionnels africains qui s’intéressent de plus en plus en plus au marché avicole marocain, ont fait le déplacement vers la capitale économique marocaine à cette occasion. Pour cette année, les organisateurs signalent que 380 exposants et marques avec 50% de sociétés étrangères et 20% de nouveaux exposants ont participé à cette édition. Par ailleurs, et en réponse aux enquêtes de satisfaction menées par les organisateurs : - 86% des exposants ont répondu avoir atteint leurs objectifs à travers leur participation au salon « Dawajine 2015 » ; - 93% de satisfaction quant à la qualité d’organisation du salon ‘‘Dawajine 2015’’ ; - 97% jugent intéressante la période du salon (Fin novembre) ;

- 90% de satisfaction par rapport à la disponibilité et l’écoute des organisateurs du salon ; - 100% de satisfaction par rapport à l’emplacement du site d’exposition du salon. - 86% de satisfaction quant à la qualité des visiteurs du salon. Par ailleurs, la FISA a décidé cette année d’augmenter la superficie d’exposition passant de 6.500 à 9.000 m², au vu de l’attractivité grandissante du salon et de l’augmentation du nombre de demandes de participation au salon 2015, a souligné Ahmed Fadil, secrétaire général de FISA. En outre et pour preuve, s’il en est besoin, de l’intérêt suscité par le salon auprès des exposants nationaux et internationaux, le taux de fi-

délisation des exposants de l’édition 2014 a atteint 80%. De même le nombre de visiteurs nationaux et étrangers a atteint 10.000 visiteurs professionnels. Pour rappel, en 2014, cet événement avait reçu le soutien de plus de 360 exposants et marques (dont 50% de sociétés étrangères) venant présenter aux visiteurs leur savoir-faire et les dernières évolutions techniques et technologiques dans le secteur. Aujourd’hui, «Dawajine» s’impose comme le salon de référence des professionnels exerçant dans les différents domaines d’activité rattachés au secteur avicole, sachant que la progression significative des visiteurs étrangers, en particulier de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, traduit le rang de «Dawajine» au niveau


rite avicole, prix du concours du « Meilleur stand » (différentes catégories), - Remise des prix de la tombola organisée à l’occasion du salon 2015

régional comme un Salon avicole de référence. En effet, les aviculteurs marocains et étrangers profitent de cette messe professionnelle, pour échanger leur savoir-faire et découvrir les dernières évolutions techniques et technologiques dans les différentes filières et spécialités du secteur avicole. A rappeler que cette 18ème édition du salon coïncide avec le 20ème anniversaire de la FISA. Cette période de vingt ans s’est caractérisée par des réalisations importantes, notamment en ce qui concerne la restructuration du secteur, le développement des performances techniques de l’aviculture et l’amélioration de son environnement juridique, fiscal et tarifaire.

A l’instar des années antérieures, Dawajine a été marqué par les visites organisées par la FISA et l’APV au profit des éleveurs de volailles des différentes régions du Maroc et dont le nombre a atteint 1.447 soit le double de l’édition 2014.

Activités parallèles En outre, et en marge du salon, plusieurs initiatives, saluées par l’ensemble des professionnels, ont confirmé à Dawajine son rôle de créateur d’une dynamique partagée entre les exposants, les visiteurs et tous les responsables impliqués dans les filières avicoles aux niveaux national et international. On peut citer à titre d’exemples : - La remise des prix de la 4ème

édition du concours du meilleur ouvrier avicole (MOA) et du meilleur technicien avicole (MTA). Ces prix ont été institués en guise de récompense et en signe d’hommage et de reconnaissance des efforts déployés par le personnel des fermes d’élevage, des couvoirs, des abattoirs avicoles et des usines d’aliments composés dans le développement de l’aviculture au Maroc. - La cérémonie de remise des attestations au profit de 17 élèves de la promotion sortante de l’ISTA de Souihla-Marrakech (option aviculture) qui ont bénéficié de la première session de formation à Avipole Casablanca. - Remise des prix du salon Dawajine 2015 : prix de mé-

Il faut signaler en fin, que le développement des partenariats entre le salon ‘‘Dawajine’’ et plusieurs salons avicoles homologues ainsi que la présence de la FISA dans la plupart des salons internationaux dont particulièrement celui de SPACE de France, SIPSA d’Algérie, ANIMALFARMING de l’Ukraine et EUROTIER de l’Allemagne, salons VIV, … ont fortement contribué à ce succès et à l’augmentation du nombre d’exposants et de visiteurs étrangers. Le salon DAWAJINE donne rendez-vous aux exposants et visiteurs pour sa 19ème édition du 22 au 24 novembre 2016.

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Actu Actu Salon

Renforcer le positionnement à l’international Avec pour but d’informer, d’exposer les nouvelles technologies et d’encourager les investissements, la 3ème édition du salon international des filières viandes rouges et lait MaroCarne & Milk, qui s’est tenue du 2 au 4 décembre à l’Office des Foires et Expositions de Casablanca OFEC, a clôturé avec un grand succès selon ses organisateurs. Il a regroupé pour la première fois les professionnels des deux filières lait et viandes rouges et a confirmé son positionnement en tant que plateforme professionnelle internationale.

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n effet, le MaroCarne & Milk 2015, qui s’est tenus sur 6.000 m² de surface, a accueilli 5.500 visiteurs professionnels et 88 exposants nationaux et internationaux de 13 pays, qui ont tous contribué à sa réussite. Les sociétés internationales ont représenté 50% des exposants, reflétant l’engouement des industriels étrangers pour le marché marocain. Le salon a été organisé par la Fédération Interprofessionnelle des Viandes Rouges (FIVIAR) et la Fédération Interprofessionnelle Marocaine du Lait (FIMALAIT) qui se sont associées pour faire du salon MaroCarne&Milk une plateforme de professionnalisation et d’intégration des filières viandes rouges et lait. La coorganisation par les deux fédérations de l’unique salon professionnel en Afrique du Nord rassemblant deux secteurs importants, se base sur la complémentarité naturelle et l’interdépendance en terme de production des deux secteurs lait et viandes rouges et répond ainsi aux besoins des éleveurs et acteurs économiques qui, pour la plupart, opèrent dans la production du lait comme de la viande.

L’Afrique à l’honneur

Aujourd’hui, le salon s’impose comme une plateforme internationale reliant l’Europe et l’Afrique Ainsi, en plus des participants du Maroc et de l’Europe, le MaroCarne & Milk a invité différents pays africains à présenter leurs secteurs lait et viande et les opportunités d’investissement dans leurs pays. Le salon constitue de ce fait une plateforme d’accès au marché marocain et africain. Il faut signaler qu’en Afrique de l’Ouest on a recourt depuis des années au savoir-faire marocain en termes de production animale. En accueillant un plus 10

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grand nombre de visiteurs de ces régions, le salon, veut ainsi souligner le rôle du Maroc en tant que partenaire et plateforme d’affaires pour l’Afrique. Pendant sa tenue, le salon s’était doté d’un programme riche en activités diversifiées. Ainsi, dans le cadre des contrats programmes 2020 des deux filières, trois conventions ont été signées, lors de l’inauguration: - Convention entre la Fimalait et l’Association Walonne des Eleveurs (AWE) - Convention entre la Fimalait et l’ONCA - Convention entre la FIVIAR et INTERBEV France De même, des conférences traitant des thèmes d’actualité des deux filières se sont tenues tout au long du salon. Des visites ont également été organisées par les DRAs et l’ONCA au profit des professionnels des différentes régions agricoles du pays. Ainsi, presque 3.000 éleveurs et professionnels ont visité le salon et profité des différents ateliers et programmes d’animation organisés. A noter qu’en marge du salon MaroCarne & Milk 2015, des visites d’élevages bovins, d’atelier d’engraissement et sites agro-industriels (fermes d’élevage laitier, abattoirs...) ont été réalisées au profit des délégations étrangères. En outre, l’exposition s’est accompagnée par des conférences comprenant des ateliers et des débats sur des thèmes d’actualité. Les concours d’animaux de boucherie ont primé les meilleurs spécimens en mettant à l’honneur les efforts de leurs éleveurs. Rappelons qu’au départ le salon a été initié pour accompagner la stratégie de modernisation de la filière des viandes rouges qui vise l’accroissement de la quantité et de la qualité de production. Il s’adresse à tout opérateur de la

filière : éleveurs de bovins, ovins et caprins, chevillards, bouchers, transformateurs et industriels. Son but est d’encourager les investissements dans le secteur et de mettre à la disposition des opérateurs un endroit d’échange de savoir-faire. Le rendez-vous étant biannuel les organisateurs du salon et

l’agence mandatée pour son organisation, Growing Markets, remercient encore une fois les exposants, les partenaires et les visiteurs du salon, pour leur remarquable participation, et leur donnent rendez-vous au MaroCarne & Milk 2017.


FRUIT LOGISTICA 2016

Repousse les limites Vitrine mondiale de la filière fruits et légumes, le salon Fruit Logistica s’apprête à rassembler en 2016, près de 3.000 exposants qui vont accueillir près de 65.000 visiteurs professionnels en provenance du monde entier. Ceci en fait sans nul doute, le lieu idéal pour avoir une vue d’ensemble des tendances et innovations du commerce mondial des fruits et légumes frais. Ce sera aussi l’occasion d’échanger, de tisser des partenariats, et surtout de découvrir les innovations qui seront demain incontournables dans nos rayons. Une offre complète de toute la filière sera représentée: de la production jusqu’à la mise en rayon, en passant par l’emballage, la logistique, le stockage, etc.

L’Egypte

cots verts ont été les principaux produits exportés par l’Egypte.

FRUIT LOGISTICA Innovation Award

Pays partenaire en 2016 En s’engageant comme pays partenaire du salon leader du commerce international des fruits et légumes, le pays nord-africain désire démontrer ses capacités et convaincre les visiteurs professionnels de la diversité et la qualité de ses produits. Pendant la saison 2013/2014, l’Egypte a exporté des fruits et des légumes pour une valeur de 2 milliards de dollars, notamment en Russie, en Arabie saoudite et en Grande-Bretagne. L’Iraq, les Emirats arabes unis, la Libye, l’Italie, les Pays-Bas et le Kuwait sont également des clients importants. Les agrumes, les pommes de terre, les oignons, les raisins, les grenades, les fraises et les hari-

Quel produit ou quel service sera l’innovation de l’année ? Le plus important prix de la filière des fruits et légumes sera décerné le 5 février 2016 à Berlin. Plus de 65 000 visiteurs professionnels en provenance de plus de 135 pays auront l’occasion de voter pour l’innovation de l’année. Le FRUIT LOGISTICA Innovation Award rend hommage aux nouveaux produits et services exceptionnels dans le secteur des fruits et légumes et récompense les innovations qui marquent une véritable révolution pour la filière des fruits et légumes.

Forum du Frais

Le 35ème Forum du Frais Fruits et Légumes, aura lieu le 2 février 2016, la veille du salon. Elle sera

consacré au thème ″Le changement climatique – les défis pour la production mondiale et l‘approvisionnement″. Le déplacement des zones climatiques modifie les cycles de croissance et de production des régions cultivables. Cela implique pour le secteur des changements fondamentaux dans l’approvisionnement mondial. Des intervenants de marque vont montrer à quoi doit s’attendre le commerce de détail des fruits et légumes. Comme chaque année, l’événement sera couvert par des centaines de journalistes du monde entier. Le magazine Agriculture du Maghreb pour sa part sera présent à son habitude et décrira à ses lecteurs l’ambiance de cet événement mondial ainsi que l’ensemble des nouveautés présentées lors de l’édition 2016 qui se tiendra cette année du 03 au 05 février.

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Actu Actu Partenariat

Souss-Massa

Création d’un Centre d’Excellence en Horticulture Le 02 Décembre 2015, le Complexe Horticole d’Agadir et le Ministère de l’Agriculture ont organisé en collaboration avec l’Ambassade des Pays Bas au Maroc une conférence de présentation de l’étude de faisabilité du Centre d’Excellence en Horticulture. Le centre sera opérationnel en septembre 2016.

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n vertu d’un accord-cadre de partenariat, signé par le Ministère de l’Agriculture et l’Ambassade des Pays Bas au Maroc en marge de la 10ème édition du SIAM, il a été convenu de créer un Centre d’Excellence en Horticulture au niveau de la Région de Souss-Massa qui sera abrité par le Complexe Horticole d’Agadir-IAV Hassan II. La mise en œuvre du Centre d’Excellence en Horticulture vise la promotion de la recherche et de l’innovation, le renforcement du processus de création de la valeur ajoutée et l’optimisation des facteurs de production. Il a pour objectifs de : 1. Apporter le progrès technologique, en s’appuyant sur un réseau de partenaires nationaux et internationaux et un réseau de chercheurs de haut niveau, au bénéfice des producteurs de la Région ; 2. Assurer la production et le transfert de la connaissance, notamment à travers la formation et la démonstration ; 3. Devenir une référence internationale en matière de recherche scientifique et d’innovation. Cette structure qui s’inscrit dans le cadre d’un projet plus global baptisé : «Campus d’excellence régional» sera construit autour de 3 composantes complémen-

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taires. Il s’agit de consacrer un terrain agricole d’une superficie d’1,5 ha à la recherche scientifique et à l’innovation technologique dans la filière horticole. «Le champ d’intervention de cette plateforme couvrira dans un 1er temps les problématiques de la tomate sous serre et pourra être élargi à moyen terme pour couvrir d’autres problématiques liées au développement de l’horticulture de la région», explique Farid Lekjaa, directeur du Centre horticole d’Agadir. En plus de l’encadrement des travaux de recherche, un laboratoire sera adossé à ce projet pour la réalisation des essais et des contrôles nécessaires tandis que l’équipement du terrain précité sera assuré, dans le cadre d’un partenariat, par un consortium privé. Le Centre d’excellence a pour objectif l’amélioration conséquente des rendements de la tomate sous serre dans la région. Des travaux seront également menés sur l’amélioration géné-

tique et l’efficience énergétique, ledit centre d’excellence permettra également de réduire les pertes induites par la conduite technique des cultures, diminuer l’usage des pesticides et surtout la consommation en eau au niveau de la région Souss-Mass. Sur le plan organisationnel, le Centre d’excellence s’appuiera selon les résultats exposés sur 3 instances, à savoir le conseil d’administration, l’unité de gestion du centre et le comité scientifique. Par ailleurs, les structures précitées (le Centre d’excellence marocco-néerlandais et l’incubateur) seront renforcées par la création d’un centre de formation continue et un master international en double diplômation en eau, horticulture et innovation porté conjointement par le Complexe Horticole d’Agadir et l’Agro campus ouest d’Angers. La Convention spécifique de coopération a déjà été signée entre les deux entités.

Ont pris part à cette conférence les professionnels du secteur horticole marocain et leurs homologues néerlandais. Le programme de cette conférence a contenu les interventions suivantes : - Le secteur horticole dans la Région de Souss-Massa : progrès réalisés et besoins en transfert de technologies par M. Zakaria Hannich, Vice Président de l’APEFEL et Président de la commission technique « recherche et Développement de l’APEFEL » - Le secteur horticole aux PaysBas par Mme Lisette Bakker, Dutch Horticultural Trade Board - Présentation des résultats de l’étude de faisabilité du centre d’Excellence en Horticulture à Agadir : o Organisation et business plan par M. Farid Lekjaa, Directeur du Complexe Horticole d’Agadir o Choix technologiques et axes de recherche et de formation supérieure par Mme Cecilia Stanghellini, Université de Wageningen aux Pays-Bas - Présentation par KENLOG sur le système de formation professionnelle aux Pays Bas par M. Henk van Eijk, HortiKnowledge CentreetKenlog b.v.


Actu Actu Environnement

Changements Climatiques

Impact sur la faune et la flore des Oasis du Haut Atlas Oriental Hrou ABOUCHRIF

A travers leurs répercussions sur l’économie et l’environnement, les changements climatiques constituent, ces dernières années, une source de préoccupation pour un très grand nombre de pays. Chez nous, les conséquences du réchauffement planétaire se font de plus en plus sentir par les populations du Haut Atlas Oriental Marocain.

Hiver doux et Cycle de végétation perturbé

Les agriculteurs du Haut Atlas Oriental souffrent non seulement du retard des précipitations, mais aussi à cause d’une saison jugée par tous les habitants des Oasis, des montagnes et des plaines, comme étant un « hiver doux ». Suite à l’ensoleillement que connait la région en cette période hivernale, il fait relativement chaud pendant la journée et froid pendant la nuit avec des écarts thermiques dépassant parfois les 20°C dans quelques zones. Cette augmentation des températures journalières, non habituelles, aura toutefois des répercussions négatives sur la production des amandes. En effet, la chaleur a occasionné la floraison des amandiers au début de l’hi-

ver et les vagues de froid ou les chutes de neige et de grêle qui pourraient se produire d’ici le mois de Mars pourraient détruire toutes ces fleurs prématurées. En principe les variétés précoces d’amandier fleurissent, en zones de montagne, à partir de fin janvier début février. Les zones où des amandiers sont actuellement en pleine floraison relèvent des Communes rurales d’Amellago (Province Errachidia) située à une Altitude de 1.440 m, et les communes rurales d’Amougueur et de Gourrama (Province de Midelt), situées respectivement à 1.560 et1.360 m d’altitude. La floraison a commencé, selon quelques agriculteurs rencontrés, sur le terrain vers le 22 Décembre 2015. Ainsi, les fleurs d’amandier très sensibles au froid ne pourraient pas échapper au gel et au vent froid d’hiver, et la production des amandes de cette année

sera, sans le moindre doute, très affectée.

Des oiseux déboussolés

La région du Haut Atlas oriental du Royaume dont une grande partie a été reconnue par l’UNESCO comme « Réserve de Biosphère des Oasis du Sud Marocain » recèle des potentialités extrêmement intéressantes en termes de biodiversité animales et végétales. Parmi ces richesses figurent les oiseaux qui attirent chaque année des ornithologues et des touristes passionnés. Au lieu d’aller passer l’hiver dans des pays chauds d’Afrique de l’Ouest, plusieurs cigognes blanches (Cicogna cicogna) ont été observées au mois de Décembre, à 2.250 m, dans la région du Haut Atlas Oriental. La présence de cette espèce migratrice à Imilchil témoigne bien d’un hiver doux. De même plusieurs couples de tourterelles des bois (Streptopelia turtur) ont été observés dans les Oasis du Sud Est du Maroc aux mois de Décembre 2015 et Janvier 2016. La tourterelle des bois, qui est une espèce granivore, hiverne normalement au sud du Sahara Marocain dans la zone sahélienne. Elle arrive dans nos oasis au mois d’Avril et les quitte en septembre-début Octobre.

Ressources pastorales

Cette chaleur anormale n’a pas épargné des plantes pastorales en zones de montagne dont quelques unes ont déjà fleuri au lieu d’attendre le mois de Mars. Ces changements climatiques ont beaucoup influencé les dynamiques territoriales et le mode de gestion des ressources pastorales. Le manque de précipitations a rendu la vie difficile pour les éleveurs transhumants des tribus des Ait Seghrouchène, Ait Hdidou, Ait Morghad et Ait Atta sillonnant les montagnes du Haut Atlas Oriental. En effet, le couvert végétal des terrains de pâturage, base d’alimentation du cheptel ovin, caprin et camelin a été fortement touché par la sécheresse que connait la région depuis plusieurs mois. Pour nourrir leur cheptel, les éleveurs se retrouvent dans l’obligation d’acheter l’aliment de bétail, notamment l’orge dont le prix dépasse actuellement 310 Dh le quintal !! Les nomades Ait Hdidou ont quitté les montagnes d’Imilchil à destination des régions de Figuig et Errachidia à la recherche des terrains de pâturage propices. La concentration des troupeaux dans des cuvettes présentant suffisamment d’herbes expose ces terrains au surpâturage, à l’érosion des sols et aux conflits entre tribus.


Actu Actu Formation

L’agroalimentaire, un centre d’intérêt pour la FST d’Al Hoceima La Faculté des Sciences et Techniques Al Hoceima (FSTH) a organisé le vendredi 27 novembre 2015, une journée d’étude autour de l’agriculture et l’agroalimentaire. L’évènement a été organisé dans le cadre du rayonnement scientifique que les Professeurs de l’agroalimentaire ont pris à leur compte et dans le cadre aussi, du développement de la filière en question visant principalement l’extension du transfert technologique de ce secteur au niveau national.

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a journée a été organisée et cordonnée par les Enseignants-Chercheurs de la filière (Pr. Hassan Amhamdi & Pr. Kamal Aberkani) en collaboration avec Pr. Toufik Mourabit et Pr. Saida Aarab. La FSTH a été honorée au cours de cette journée par la présence des conférenciers connus par leur recherche dans le domaine de l’agroalimentaire et représentant des institutions et des compagnies à haut niveau, notamment l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) et les deux compagnies multinationales Suisse (Eléphant Vert) et Française (Agronutrition). Un public important a assisté à cette activité scientifique, étudiants, cadres professionnels, enseignants-chercheurs de la FSTH et de l’Ecole National des Sciences Appliquées à Al Hoceima (ENSAH), interlocuteurs qui n’ont pas caché leur engouement pour ce genre de festivités scientifiques dont l’intérêt est incontestable. Les conférences ont été modérées par Pr. Kamal Aberkani et Pr. Amhamdi Hassan qui ont cédé la parole au Pr. Toufik Mourabit, doyen de la faculté qui a présenté la FSTH, les for-

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mations dont elle est chargée et les différentes filières disponibles au sein de l’établissement et a rappelé l’intérêt que revêt la Filière Agroalimentaire et Techniques de Commerce (SATC). Ce qui a, aux yeux de M. le doyen un impact très positif sur le rayonnement pédagogique et scientifique de l’étudiant et sur le développement socioéconomique de la région et de notre pays. Le Pr. Mourabit n’a pas manqué de remercier, les conférenciers et les organisateurs pour avoir pensé à cet événement, le premier du genre au sein de la filière, depuis la création de la FSTH. Par la suite, M. Mohamed Acherkouk, Directeur de l’INRA (unité Al Hoceima), a présenté au cours de son exposé le plan « MAROC Vert », son importance et ses enjeux à l’échelle nationale et internationale. Il a ensuite abordé quelques contraintes du secteur agricole et agroalimentaire du pays qui nécessitent beaucoup d’efforts et des travaux de recherche sérieux et innovants, pour les surmonter et pour développer le secteur en question. M. le Directeur a enchainé en insistant et encourageant les étudiants à profiter des subventions offertes par le gou-

vernement marocain dans le cadre du plan « MAROC Vert » pour développer leur parcours professionnel et fonder des petites et moyennes entreprises (PME), leviers de l’économie nationale. Quant au deuxième intervenant, M. Abdelaziz Quarouach, représentant commercial du groupe « Eléphant Vert », il a présenté avec le maximum de concision l’investissement au sein de l’entreprise géante « Eléphant vert » et a mis l’accent sur la valeur fertilisante de la matière organique en agriculture. M. Quarouach, a ajouté que le compost qui est un des principaux produits commercialisés par sa compagnie, joue un rôle capital dans l’amélioration de la structure et de la fertilité des sols. Il a mentionné, par ailleurs, que les sols marocains sont pauvres en matière organique nécessaire pour de bons rendements. Mr. Quarouach a exposé aussi la technique relative à la mycorhization ; en valorisant l’usage des mycorhizes ou les champignons bénéfiques, présents dans la nature qui jouent un rôle primordial dans le développement racinaire des plantes et des cultures.

Enfin, l’auditoire a eu le plaisir d’écouter à un troisième conférencier : M. Salaheddine Bouzidi, ingénieur agronome, spécialiste en nutrition minérale et représentant national du groupe multinational français (Desangosse ou Agronutrition France). M. Bouzidi a exposé la base de la nutrition minérale d’une plante et le rôle de chaque élément, tels l’azote, le phosphore, le potassium, le calcium, le zinc, le manganèse, le bore, le magnésium etc. Il a précisé, ensuite, que la plante a nécessairement besoin d’un équilibre nutritionnel minéral pour optimiser l’indice de sa production et la qualité de récolte. M. le conférencier, a ajouté que les producteurs devraient utiliser chaque élément minéral au bon stade physiologique et faire appel à de bonnes formulations chimiques comme celle commercialisées par Agronutrition réputées à l’échelle internationale.

Article révisé par Pr. Chicar Mouman


Vient de paraître Nouvelles publications de l’INRA Le porte feuille documentaire de l’INRA vient de s’enrichir par deux nouvelles publications :

«La Culture de la pomme de terre au Maroc»

Il s’agit d’un ouvrage collectif sous la direction du Dr Achbani, dédié à une filière qui a une importance socio-économique de premier rang au niveau de notre agriculture. Cet ouvrage qui réunit l’expertise des chercheurs de différentes disciplines, est destiné aux agents de développement, aux enseignants, ingénieurs, techniciens et professionnels. Les principaux aspects traités couvrent les domaines de la botanique, les exigences écologiques, l’itinéraire technique, la production de variétés et de semences de la pomme de terre, la fertilisation minérale et organique, la fertigation, la lutte phytosanitaire, les techniques de récolte et de conservation de la semence de la pomme de terre.

«L’amélioration génétique du colza : enjeux et réalisations pour un développement durable de la filière» de son auteur Dr Abdelaghani NABLOUSSI.

Le présent ouvrage structuré en cinq sections, en plus d’être une référence de synthèse de l’importance des enjeux et des réalisations de l’amélioration génétique de cette culture à l’échelle internationale, présente et montre en détail, au niveau de sa troisième section, ce programme de sélection national conçu, mis en oeuvre et développé par l’auteur durant les vingt dernières années. Après avoir passé en revue les risques et les inconvénients d’utilisation de la semence importée et montré l’importance et l’intérêt de développement des variétés marocaines de colza, cette section décrit, d’une manière concise, les objectifs, la stratégie et les méthodes de sélection et les réalisations du programme national de sélection du colza. Il constituera, certainement, une bonne référence pour les scientifiques, les chercheurs, les étudiants, les développeurs et les professionnels de la filière oléagineuse.

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Actu Actu Logistique

50ans

du Syndicat National des Importateurs Exportateurs de Fruits et Légumes de Saint Charles

I

naugurée en 1970, Saint Charles International est devenue la plateforme leader en Europe dans la commercialisation de fruits et légumes, mais aussi en termes de transport et de logistique sur cette gamme de produits. Ce sont plus de 1,6 Millions de tonnes du monde entier qui transitent chaque année par le centre de Perpignan, avec une gamme permettant de fournir les clients tout au long de l’année en incluant notamment la production locale durant les mois d’été.

Saint Charles International compte environ 200 entreprises, dont la moitié d’impor tateurs- expor tateurs qui comptent plus de 500 commerciaux polyglottes chargés de vendre dans des conditions optimisées les produits. Les autres grands métiers indispensables représentés à Saint-Charles International sont ceux de transitaires, transporteurs et logisticiens. A partir de la plateforme, il est en effet possible d’expédier partout en France et en Europe et même au-delà une palette ou un colis chaque jour dans

des délais très courts (A pour B ou A pour C). Le site qui s’étend sur 70 ha est idéalement situé, au carrefour des flux de fruits et légumes méditerranéens, que les produits arrivent par mer ou par route. L’autoroute en provenance d’Espagne est à 1 km de la plateforme et les expéditions peuvent se faire sur toute la France et l’Europe par route, mais aussi par fer via le Perpignan Saint Charles Container Terminal ou l’autoroute ferroviaire. Ces dernières années, le Maroc est devenu le second

fournisseur de Saint Charles International après l’Espagne. Saint Charles International représente donc 67% du flux qui part vers la France, soit un peu plus d’un quart des exportations marocaines totales en matière de fruits et légumes frais. Les principaux fruits et légumes importés du Maroc par les entreprises de Saint Charles International sont : la tomate (et ses différentes segmentations qui représentent environ les 2/3 du total importé), la les courgettes, les haricots verts, les melons et les agrumes. Ces produits sont importés du Maroc, par route ou par mer via le port de Port-Vendres qui se situe à 25 kms de la plateforme pour être vendus, en France et à l’étranger. A noter que l’installation de sociétés leaders marocaines représentatives du secteur des fruits et légumes à Saint Charles International est un signe fort de l’attractivité de la plateforme et des potentialités qu’elle offre pour les produits marocains.

Un peu d’histoire Le Syndicat National des Importateurs/exportateurs de Fruits et Légumes de Saint Charles International est né en 1965, une époque où la quelque dizaine d’importateurs présents sur le marché de gros de Perpignan commençait à être à l’étroit et où la zone de Saint-Charles n’était encore qu’un Graal inachevé. Le site historique de Saint Charles International s’est rapidement rempli et les entreprises ont essaimé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le tout sur une surface de 70 hectares pour les 200 000m² d’entrepôts climatisés. Les présidents du SNIFL se

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Actu Actu Logistique

Notre ambition au Maroc : un service complet (Douane, Transport, Entreposage)

100 camions et remorques réfrigérées. 11 000 m2 d’entrepôts frigorifiques avec contrôle hygrométrique, un système informatisé de gestion et d’exploitation. Pour se rapprocher des sites de production en matière de fruits et légumes, le Groupe GUANTER-RODRIGUEZ a implanté des filiales au Maroc avec des bureaux à Tanger et Agadir. Le savoir-faire et la rigueur permettent au Groupe GUANTER-RODRIGUEZ de proposer un service complet, en tenant compte des besoins spécifiques de chaque client.

PERPIGNAN

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AGADIR

Tél.: 212 (0) 6 61 16 46 53 Fax : 212 (0) 5 28 23 85 58

sont succédés au fil des années, portant toujours plus haut le flambeau d’une plateforme en devenir. Après l’arrêt soudain des livraisons de fruits et légumes en provenance d’Algérie, c’est l’Espagne qui a été le partenaire privilégié du SNIFL, évolution que l’on retrouve dans les appellations du syndicat. Aujourd’hui, le Maroc est devenu le second partenaire de la plateforme et de nombreux fruits et légumes de contresaison sont également importés d’Amérique du Sud.

Différents noms pour différentes époques :

En 1965, le Syndicat avait pour nom « Syndicat National des Importateurs et Exportateurs des Pyrénées-Orientales ». En 1976, il prend le nom de « Syndicat National des Importateurs de Fruits et Légumes en Provenance d’Espagne ». Depuis lors, le SNIFL reste le « Syndicat National des Importateurs/ exportateurs de Fruits et Légumes». Tout ne s’est pas fait en un jour, mais les tonnages commercialisés sur la plateforme ont rapidement pris de l’ampleur. Yves Mir, ancien directeur de Saint Charles se souvient de l’année 1984, celle du million de tonnes, où pendant une journée de décembre, 20.000 tonnes

d’agrumes avaient passé le péage, soit le poids de deux Tour Eiffel.

1997, une étape

La plateforme est reconnue pour la première fois par les pouvoirs publics et devient officiellement plateforme multimodale à vocation européenne. Cette date est d’autant plus importante pour la vie de la plateforme qu’elle est la première étape sur la route d’une vraie synergie entre le monde privé de Saint Charles et le monde public des organismes d’Etat et des collectivités, synergie qui ne s’est jamais démentie.

GRANDES ACTIONS

Au fil de son histoire, le syndicat de Saint-Charles a eu à se préoccuper de bien des dossiers de grande ampleur. Il a ainsi été impliqué au premier chef lors de la bataille sur les délais de paiement en 1992 quand la plateforme a sollicité le député des Pyrénées-Orientales sur les décalages de trésorerie entre paiement fournisseurs et réception des paiements clients. Autre combat épique, celui de la responsabilisation pénale. Les entreprises de la plateforme étaient assujetties en tant que premier metteur en marché de fruits et légumes en provenance d’Espagne à une obligation de


résultat quel que soit le stade de commercialisation où le manquement était constaté. Saint Charles International ira jusqu’en cour de cassation en 1999 pour que la situation change : chaque stade de commercialisation est depuis cette date responsabilisé. Cette action en justice fut primordiale puisqu’elle provoquera la naissance de la Démarche Qualité Saint-

Charles dont la première convention fut signée en 2001 avec la DGCCRF. Le quatrième renouvellement de cette convention a eu lieu le 15 octobre 2015. Il faudrait écrire un livre sur tous les combats menés par la plateforme, que ce soit sur la TVA intracommunautaire, sur la réactivité prouvée pendant les deux crises qui ont agité le monde des fruits et légumes (en 2011 notamment avec la fausse crise du concombre espagnol), sur le memorandum en 2006 pour une alternative au 100% routier…. De beaux outils ont également été développés au fil des années, dont certains sont uniques en France, comme les bases import et export automatisées, ou les systèmes de suivi de données en temps réél à la pointe de la

profession. Mais alors que la COP 21 vient de s’achever, il est aussi indispensable de rappeler que le premier chantier solaire intégré au bâti en tuile photovoltaïque au monde a bel et bien été inauguré… sur les toits des entrepôts de Saint Charles en 2011. La solution du compostage est quant à elle déjà utilisée depuis bien des années pour tous les déchets de fruits et légumes et la présence de

l’association ANDES, qui redistribue des produits à son réseau d’épiceries solidaires, vient compléter le dispositif de développement durable de la plateforme.

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Actu Actu Produit Arboriculture

Bio :

Adapter les variétés Une étude de l’Inra en France sur l’arboriculture bio affirme que les écarts de rendements obtenus par rapport au mode de production conventionnel peuvent être comblés grâce à des variétés mieux adaptées au bio. Elle demande également une refonte des critères d’évaluation de la production bio pour assurer sa pérennité. L’arboriculture fruitière biologique peut-elle concilier les valeurs dont elle est porteuse avec une durabilité économique et environnementale ? Pour répondre à cette question, les chercheurs de l’unité d’écodéveloppement de l’Inra Provence-Alpes-Côte d’Azur ont évalué ses performances environnementales, agronomiques et socio-économiques. Les progrès et les atouts mis en avant pour valoriser l’agriculture bio-

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logique, comme le respect de l’environnement, sont contrebalancés par des rendements souvent plus faibles et des produits plus chers. Si les premiers résultats valident le potentiel de l’arboriculture biologique pour réduire l’impact sur l’environnement et améliorer la qualité des produits, ils confirment également des rendements inférieurs à ceux de l’arboriculture conventionnelle. Toutefois, ces écarts se ré-

duisent avec des variétés mieux adaptées au mode de production biologique. En très grande majorité, les arboriculteurs bio (87,5 %) adoptent des logiques de traitements préventifs et peu toxiques ou de protection intégrée, « les plus favorables à la diversité et à l’abondance des auxiliaires », les autres adoptant des pratiques raisonnées et curatives à base de produits chimiques homologués. En revanche, les

calibres et les rendements des fruits sont plus faibles. La diminution de la production est en moyenne de 23 % en vergers de pêchers bio expérimentaux et de 30 % dans les vergers commerciaux. Cette baisse est due, entre autres facteurs, à une moindre vigueur des arbres, à davantage de dégâts liés aux ravageurs et aux maladies de conservation. Et ces dégâts se traduisent par « des déchets plus importants : 29 % en production bio contre 8 % en arboriculture conventionnelle. Ces écarts peuvent être plus faibles pour des variétés mieux adaptées au mode de production biologique, comme par exemple l’utilisation de variétés de pommes résistantes à la tavelure en vergers bio. Le domaine de l’Inra de Gotheron (Drôme) a ainsi réussi à atteindre 82 % des rendements obtenus en agriculture conventionnelle. Par ailleurs, parmi les critères de qualité des produits, les chercheurs ont observé dans leurs essais que les pêches ont une jutosité, des teneurs en sucres et en polyphénols plus élevées en bio. D’un point de vue économique, entre 2008 et 2009, le résultat économique des exploitations bio étudiées est


resté relativement stable alors que celui des arboriculteurs conventionnels s’est effondré. Selon l’étude, si 70% des agriculteurs en AB se déclarent satisfaits de leur revenu, 60% cherchent à augmenter leur part de vente directe ou en circuits courts pour mieux répartir leur production et sécuriser leurs revenus (plus grande autonomie d’approvisionnement en intrants et dans la mise sur le marché de la production). Et la vente directe appelant à une diversification culturale, ils en tirent une moindre pression parasitaire, souligne l’institut. Ces résultats justifient d’adopter une approche globale du système, et notamment de réviser les critères habituels d’évaluation de la production, pour rendre compte du potentiel de l’agriculture biologique. La qualité plus globale des produits et les processus de production pourraient être des indicateurs des performances attendues de l’arboriculture biologique, au lieu des critères tels que le calibre et l’absence de défaut visuel, explique un chercheur. Dans un deuxième temps, les chercheurs de l’Inra vont s’intéresser aux conséquences de l’intensification de la production bio sur les niveaux de prix des produits, pour anticiper une baisse des cours actuels et œuvrer à la pérennisation d’une « agriculture biologique productive et écologique ».

Le verger de demain Pour réduire la dépendance aux pesticides des productions fruitières, l’Inra de Gotheron (France) expérimente depuis seize ans des techniques alternatives aux traitements chimiques dans des vergers de pommes, poires et pêches. Dans son verger, une pomme produite en arboriculture conventionnelle reçoit en moyenne 35 traitements. Cette dépendance aux pesticides est liée à la pérennité des arbres fruitiers - il s’agit d’une production qui s’étale sur plusieurs années - qui favorise le maintien des ravageurs et des maladies dans le verger d’une année sur l’autre. C’est aussi la nécessité de répondre aux demandes de la

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Actu Actu Produit

filière commerciale et des consommateurs qui veulent un fruit esthétique pour la consommation en frais. Les chercheurs de l’Inra comparent depuis 1994 des vergers menés en arboriculture conventionnelle et biologique pour réduire au mieux les traitements sans mena-

cer la production de fruits.« Nous étudions les pistes pour concevoir le verger de demain : qu’il soit bio ou non, le verger devra être plus résistant, moins sensible aux maladies et aux ravageurs », explique un chercheur. Moins traiter, cela passe, selon les résultats des expérimentations,

par un choix de variétés plus rustiques, - qui résistent bien aux maladies et qui sont peu exigeantes en matière d’alimentation -, et l’utilisation d’un ensemble de méthodes pour limiter les traitements chimiques. Planter des pommiers peu sensibles ou résistants aux

maladies, plutôt que des variétés qui sont sensibles, est un des leviers importants pour réduire les traitements. La forme des arbres serait aussi un facteur de résistance aux attaques des ravageurs. Les chercheurs expérimentent des stratégies de protection alternatives à la protection chimique en privilégiant les produits de traitement d’origine naturelle à base de virus, parasites ou bactéries qui détruisent les insectes nuisibles des arbres fruitiers. Pour favoriser les insectes utiles pour le verger (c’est-à-dire les auxiliaires), ils étudient également l’implantation d’une biodiversité utile pour l’agriculture. Un dosage délicat, explique le chercheur : « installer des habitats pour les insectes et les oiseaux, comme des haies ou des bandes fleuries, favorise le développement de cette faune bénéfique. Mais nous devons choisir les bonnes essences pour ne pas encourager les ravageurs ! Car les mécanismes en jeu lorsqu’on modifie l’environnement végétal des cultures sont loin d’être tous connus ».

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Recherche

Des pommiers qui s’éclaircissent tout seuls Des chercheurs français identifient dans les ressources génétiques disponibles des génotypes ayant des propriétés auto-éclaircissantes afin de les introduire dans les schémas de sélection. A Angers, un pommier a été identifié il y a quelques années comme possédant le caractère auto-éclaircissant : ce nouvel hybride se caractérise par sa capacité à faire chuter les fruits latéraux en développement tout en conservant le fruit central. Les analyses ont permis d’identifier que les pédoncules des fruits centraux renferment des faisceaux supplémentaires permettant à ces fruits un meilleur approvisionnement en sucres et en eau. Les fruits centraux grossissent alors plus vite et prennent l’ascendant sur les fruits latéraux, provoquant le développement d’une zone d’abscission à la base de ces derniers et entrainant leur chute. Les chercheurs travaillent donc à l’identification des gènes et des régions chromosomiques qui contrôlent ce caractère d’auto-abscission. Des marqueurs de ce caractère pourront être utilisés par les sélectionneurs pour augmenter la qualité des futures variétés.

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Actu Actu Entreprise

Marbar Chimie

Lancement du Prolectus 50 WG La société MARBAR CHIMIE, spécialisée dans la commercialisation des produits phytosanitaires et de la chimie industrielle, a organisé des journées de lancement du nouveau produit anti-Botrytis «Prolectus 50 WG» de Sumitomo, le 24 novembre à Moulay Bousselham et le 26 novembre Agadir.

L

es journées ont été inaugurées par le mot de bienvenue de M. Karim Ben Brahim, Directeur Général du Groupe Marbar SA, qui a donné un aperçu sur l’historique de la société ainsi que ses différents secteurs d’activités dont principalement l’agrochimie qui a été introduite au groupe en 1975. Les journées ont été animées par M. Larbi Achgar, Directeur Technique & Développement, qui a présenté le programme et a passé ensuite la parole à M. Georges Kassis, Business Manager de la société Japonaise Sumitomo Chemical au niveau de la Grèce, Moyen Orient et Afrique du Nord. Opérant dans le domaine de l’agrochimie depuis 1913, Sumitomo Chemical est présente partout dans le monde à travers plusieurs filiales. Elle développe des produits dans l’objectif de

sécuriser les aliments, raison pour laquelle la compagnie investit encore plus dans la recherche et développement dans le secteur de l’agrochimie. Pour mieux cerner la maladie de la pourriture grise (Botrytis), la société Marbar a fait appel au Professeur Mohamed Achouri, Enseignant-Chercheur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Complexe Horticole d’Agadir. Dans sa première intervention, Pr. Achouri a rappelé l’importance de la maladie sur la culture de la tomate, la biologie, l’épidemiologie, les symptômes ainsi que les méthodes de lutte par l’intégration de toutes les méthodes : culturales, biologiques et chimiques. On apprend ainsi que l’agent pathogène de la maladie de la pourriture grise Botrytis cineria s’attaque à plus de 300 espèces végétales

Journée d’Agadir

et est responsables de plus de 20% des pertes des récoltes. Il attaque aussi bien la culture au champ qu’en post-récolte. M. Masato Soma, Marketing Manager de la société Sumitomo a ensuite présenté le profil du produit «Prolectus 50 WG». Homologué sur les cultures de tomate, fraisier et vigne, Prolectus 50 WG est un anti-Botrytis qui arrive avec un nouveau mode d’action permettant ainsi une excellente efficacité et une meilleure gestion de la résistance. Ses points forts : - Son nouveau mode d’action basé sur l’interférence au niveau de la biosynthèse des stérols ; - Sa bonne flexibilité d’usage (très tôt ou trop tard dans le cycle sans aucune toxicité); - Sa compatibilité avec la lutte intégrée et le respect de l’environnement;

M. Karim Ben Brahim, Directeur Général du Groupe Marbar SA.

Les gagnants du Tombola

M. Larbi Achgar, Directeur Technique et Développement Marbar.

- Compatibilité avec une très large liste de pesticides ; - Sa faible accumulation en résidus permettant aux producteurs de répondre aux cahiers de charges les plus exigeants en termes de LMR de pesticides. Dans sa deuxième intervention, Pr. Mohamed Achouri a conclu par la présentation des résultats concluants des essais du Prolectus 50 WG conduits sur fraise dans la région de Larache et sur tomate dans la région du Souss, au Centre de Transfert de Technologie de l’APEFEL. Après une riche session de débats et discussion, les journées ont été clôturées par une tombola au profit de l’assistance.

Journée de Moulay Bousselham

Communiqué de presse Informia dévoile sa nouvelle vitrine 2.0.

I

nformia, éditeur et intégrateur de progiciels spécifiques Fruits et Légumes, a lancé son nouveau site internet depuis décembre 2015. C’est par le biais d’un tout nouveau design que la société a apporté plus de modernité et d’ergonomie à son site au profit des utilisateurs, notamment par l’accès désormais adapté aux 24

Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

ordinateurs PC/Mac, tablettes et smartphones. Avec une arborescence déclinée en cinq rubriques, « société » « offre » « réseau » « actualités » et « contacts », la navigation sera ainsi facilitée. L’accès à un contenu utile, détaillé et interactif, a été repensé pour être en cohésion avec l’image d’Informia au cœur

des nouvelles technologies. De nouvelles fonctionnalités ! Il sera désormais possible : - de déposer des projets directement en ligne, - d’accéder au flux constant d’actualités, - de consulter les plaquettes pro-

duits, - de visualiser l’étendue du réseau Informia en consultant les références clients et témoignages en France et à l’étranger. Rendez-vous sur www.informia.fr et bonne navigation !


Marbar Chimie

Lancement du «REMEDIER» et la gamme tradecorp à Marrakech Marbar Chimie a organisé le mardi 15 décembre 2015 une journée pour le lancement de son nouveau fongicide biologique «REMEDIER» fabriqué par la société Italienne Isagro Spa et sa nouvelle gamme de fertilisants de la société Espagnole tradecorp. Homologué sur les cultures de tomate et melon, REMEDIER est un fongicide biologique à base de deux souches synergiques de Trichoderma avec un excellent niveau d’efficacité préventive contre les champignons telluriques responsables des fontes de semis et des pourritures racinaires et du collet. Ce produit répond aux nouvelles exigences Food chain et de respect de l’environnement.

La journée a été ouverte par M. Mohamed Soumbati, Responsable Commercial Marbar Chimie de la zone de Marrakech. M. Larbi Achgar, Directeur Technique & Développement Marbar Chimie, a assuré la relève par la présentation du programme, du Groupe Marbar et en organisant le relais des différents intervenants. A son tour, M. Lorenzo Campioni, Business Manager de la zone

Communiqué de presse

MedFEL 2016 :

les 26, 27 et 28 avril à Perpignan Organisé par Sud de France Développement et la Région Languedoc-Roussillon, le rendez-vous international d’affaires des fruits et légumes MedFEL se tient du 26 au 28 avril 2016 au Parc des Expositions de Perpignan. MedFEL, l’événement fruits et légumes le plus important de France, met la salade à l’honneur en 2016. Pendant trois jours, Perpignan devient la capitale agricole du monde méditerranéen et figure de proue, avec l’union du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées, de la 2e région agricole de France en surface, en nombre d’exploitations et en emplois. La nouvelle région créée sera également la pre-

mière région de France pour la production de fruits à noyaux (49%), de melons (41%), de chicorées scaroles (34%) et 2e région de France pour la production de tomates (10%). Cette 8e édition conforte pour sa deuxième année MedFEL Tech qui, en rassemblant les professionnels en amont de la production, fait de MedFEL, la plus belle vitrine de la filière fruits et légumes du monde

MENA de la société Italienne Isagro Spa a présenté sa société tout en mettant l’accent sur les axes de recherche orientés Bio-Solutions. M. Matteo Coarezza, Product Manager des Bio-Solutions, a quant à lui présenté le produit REMEDIER out en développant les points suivants : • Composition du produit et intérêt des deux souches synergiques de Trichoderma ; • Classification du produit « BIO» avec intégration à la liste américaine OMRI ; • Son mode d’action préventif et importance du positionnement. Cette journée a également été l’occasion de présenter la nouvelle gamme de fertilisants de la société Espagnole Tradecorp

méditerranéen. MedFEL est désormais incontournable à l’international. Lors de la 7e édition, 5 855 visiteurs (+ 10% par rapport à 2014) étaient à Perpignan parmi lesquels les acheteurs les plus importants de la filière fruits et légumes et 240 exposants du bassin méditerranéen générant plus de 5 632 rendez-vous B to B (contre 4 000 rendez-vous B to B en 2014). Incontestablement un rendez-vous business de qualité et à taille humaine.

MedFEL au cœur de l’EuroMéditerranée

MedFEL conserve ses objectifs: accroître les débouchés des

comprenant 4 produits : Boramin Ca Max ; Delfan V ; Ruter AA V & Florastart S. M. Abdellatif Hassnaoui, Business Manager de la zone Afrique du Nord et de l’Ouest de tradecorp a présenté la société et l’historique de son développement important à travers le monde avec une gamme classée « Spécialités Haut Niveau » et répondant aux attentes de l’agriculture moderne. Ensuite, M. Mohamed Ait El Kaid, Technical & Developpement Manager de la zone Afrique du Nord a pris le soin de présenter la gamme tradecorp distribuée par Marbar Chimie. A la fin de la réunion, une tombola a été organisée au profit de l’audience et elle a ressorti trois heureux gagnants.

exposants et présenter aux visiteurs l’offre en fruits et légumes la plus pertinente. Il garde aussi son cap : développer les relations économiques entre les 43 pays de l’Union pour la Méditerranée. Le rendez-vous est un pont sans équivalent de rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée qui répond pleinement aux besoins des producteurs et négociants du sud et du nord de la Méditerranée d’échanger, de faire du business, d’optimiser les moyens de transport et logistique et d’élaborer des partenariats commerciaux. MedFEL réunit les acteurs de la filière fruits et légumes du bassin méditerranéen autour de débats sur les enjeux du secteur, de visites de sites de production et des prévisions de récolte (abricot, pêche, melon, prune, pomme).

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Actu Actu Entreprise

Lama Filtration Systems Solutions de filtration d’eau La société Lama Filtration Systems, conçoit et fabrique depuis plus de 60 ans des solutions de filtration d’eau. L’entreprise a récemment déménagé dans la ville de Gelves (Séville, Espagne) où elle exporte ses systèmes de filtration vers les 5 continents. Au sein de ces nouvelles installations, les processus de fabrication, les coûts et les délais de livraison ont été considérablement réduits, toujours dans le respect des normes de qualité des matières premières. L’entreprise Lama Filtration Systems est mondialement

connue car elle est la seule à fabriquer des systèmes de filtres à disques, à tamis, à sable, à microfiltration et hydrocyclones; avec deux vannes multivoies : l’une en métal et l’autre en polyamide renforcé par de la fibre de verre. L’entreprise a déjà distribué 150 000 stations de filtration dans le monde entier. Le département technique de Lama Filtration Systems, en recherche constante d’améliorations, a perfectionné la tour du filtre à disques automatiques Autosenior. Cette nouvelle tour sera commercialisée en 2016.

CERTIPLANT S.L.

Des plants de qualité pour les arboriculteurs Créée en 1985 et située dans la zone de production de fruits la plus importante d’Espagne, la société Certiplant S.L. est spécialisée dans la production de scions de qualité destinés aux producteurs de fruits. L’entreprise Certiplant S.L. est dirigée par Monsieur Belil et fait partie du groupe NUFRI. Certiplant S.L. produit 60% de scions de pommiers, 30% de scions de poiriers et 15% de scions de pêchers et nectariniers. 85% des scions sont produits dans le cadre de la certification « virus free ». Consciente que l’avenir de la production est lié aux nouvelles sélections pouvant apporter plus de valeur aux

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fruits, Certiplant S.L. développe de nouvelles variétés, travaille sur des projets d´amélioration génétique et collabore avec des centres de recherche en Espagne et à l´étranger. La surface dédiée à la production de porte-greffes est de 15 hectares sur des terres argilo-sableuses, ce qui assure un très bon enracinement des porte-greffes. Certiplant S.L. dispose d´un bâtiment de 800 m2 pour la sélection et le calibrage des porte-greffes et d’une parcelle isolée de 2,5 ha pour produire des greffons certifiés. Les arbres sont sélectionnés avec soin pour obtenir un bois

Avec sa nouvelle forme l’hydrodynamique est nettement améliorée au moment de la filtration et du processus de nettoyage. Elle dispose également de nouveaux jets d’eau qui permettent un lavage des anneaux encore plus efficace. La tour est fixée au sol grâce à des vis, amélioration qui facilite grandement le travail de montage et de démontage de cette tour par l’utilisateur final.

de qualité lors des greffes. Pour la production des scions, la pépinière dispose de plus de 45 ha de terres d´excellente qualité. Certiplant S.L. a amélioré la qualité et les performances de ses arbres et porte-greffes grâce aux nouvelles technologies et aux nouvelles méthodes de production de plants ramifiées, à double greffage, en pot, micro-greffés et également aux nouvelles machines et procédures. A noter que la procédure de production de Certiplant S.L. assure la traçabilité de toutes les plantes et la société est auditée par les organismes officiels. De cette façon l’entreprise peut garantir la qualité, la santé et la variété de tous ses arbres. En effet, l´utilisation de produits de qualité supérieure, libres de virus et homologués est une condition sine-qua-non pour la réussite

Pour plus d’informations : www.lama.es

des plantations de ses clients. Pour cette raison, Certiplant S.L. fait partie du groupe CEFRUT pour garantir la santé du matériel végétal. Enfin, avant de les livrer, les arbres sont sélectionnés et calibrés en 5 catégories en fonction de leur taille pour assurer une qualité homogène lors de leur plantation. Certiplant S.L. est à l’écoute de ses clients pour répondre à leurs besoins et leur offrir un service de proximité de qualité. Certiplant est à la recherche d’un collaborateur sur le Maroc. La société est ouverte à toutes les propositions de collaboration. www.nufri.com


TECNIDEX, FRUIT PROTECTION

Tecnidex présentera ses dernières innovations pour la protection des fruits en post-récolte lors du salon Fruit Logistica. La société espagnole présentera son catalogue complet de produits, de technologies et de services, et notamment ses deux produits Scholar® et Textar® COAD. Tecnidex sera exposant au Fruit Logistica 2016, événement clé pour la filière des fruits et légumes. Du 3 au 5 février, Tecnidex, sera dans le Hall 5.2 stand A06, à Berlin et présentera deux de ses principales nouveautés pour la protection des fruits en post-récolte : Scholar®, avec une autorisation étendue à plus de produits et de pays et Textar® COAD. Scholar® est un produit exclusif, élaboré en collaboration avec le leader mondial Syngenta. Cette nouvelle substance active pour le contrôle de la majorité des champignons en post-récolte est autorisée en Espagne depuis octobre 2015 sur les agrumes, les fruits à noyau et à pépins. En Italie, elle est autorisée sur le kiwi et au Portugal sur le kiwi, les agrumes et les fruits à pépins donc sur la quasi-totalité des

variétés de fruits. D’une grande efficacité (90100% en conditions optimales), Scholar® est stable et persistant, ce qui fait de lui un produit très intéressant pour la conservation et les temps de transport importants. Il est peu susceptible de provoquer une résistance des champignons selon le FRAC (Comité d’Action sur la Résistance des Fongicides) et possède un excellent profil toxicologique, classé par l’EPA (Agence de Protection Environnementale ; États-Unis) comme fongicide à faible toxicité (Reduced Risk). L’autre grande nouveauté qui sera dévoilée par Tecnidex au Fruit Logistica est Textar® COAD, un produit pour la désinfection des agrumes et des poivrons à leur arrivée dans la station et l’hyginénisation de leur eau de lavage, ce qui permet la réutilisation de cette

eau et donc une réduction de la consommation. Scholar® et Textar® COAD font partie du catalogue complet pour la post-récolte, dans lequel Tecnidex propose d’autres produits, services et technologies innovants pour protéger les fruits et légumes depuis leur récolte jusqu’au consommateur final. En effet, l’entreprise est spécialiste du traitement des agrumes et une référence concernant le traitement du kaki, des fruits à noyau et à pépins. Tecnidex propose des formulations très efficaces et sûres dans ses deux principales lignes de produits Textar® (traitements et désinfectants) et Teycer® (cires et détergents). Depuis que Tecnidex a démontré leur efficacité, les cires Teycer® sont utilisées par des entreprises leaders dans le commerce international agrumicole dans plus de 30 pays producteurs et consommateurs comme l’Espagne, le Portugal, le Maroc, la Turquie, l’Italie, l’Afrique du Sud, l’Argentine ou le Pérou. «Année après année, nos clients continuent à faire confiance à notre cire car ils savent qu’avec elle ils obtiendront toujours une brillance homogène du fruit et

qu’elle les protègera jusqu’à ce qu’ils soient consommés par des millions de citoyens dans le monde», a souligné le président de Tecnidex, Manuel Garcia-Portillo. Tecnidex a également mis au point des technologies uniques CONTROL-TEC®, qui assurent une application optimale de ses produits phytosanitaires, la réutilisation des eaux résiduelles et le contrôle de l’atmosphère en chambres, avec une sécurité alimentaire et environnementale maximales. A tout cela s’ajoute VIA-Verde®, un service technique qui assiste les clients partout dans le monde, en les conseillant sur les différents aspects nécessaires à leur activité et au stockage en post-récolte. Le siège social de Tecnidex est basé en Espagne mais l’entreprise est largement présente à l’international avec ses propres sociétés au Maroc, en Turquie, en Afrique du Sud, en Italie et en Grèce. www.tecnidex.com

Ribawood

Palettes, caisses et conteneurs plastique Ribawood, fabricant espagnol de palette, caisses et conteneurs plastique, installe une nouvelle machine dans son unité de production pour augmenter sa capacité de fabrication à plus de 2 millions de palettes par an. Elle réaffirme

ainsi sa position de leader sur le marché espagnol et européen et s’exporte dans d’autres pays. L’entreprise espagnole a terminé une année très positive durant laquelle elle a élargi sa gamme de palettes et investit dans de nouveaux moules. Ribawood a pu ainsi apporter des solutions à tous les besoins

de ses clients potentiels et a su, avec son équipe, conseiller et proposer le produit adéquat. En effet, les palettes Ribawood sont personnalisables pour une identification rapide. Il est également possible de personnaliser la couleur ou encore d’intégrer le système de radiofréquence RFID. L’évolution et le développement des règlementations

favorisent l’utilisation de matériaux tels que le plastique pour éviter les contaminations phytosanitaires lors de l’exportation, d’où la nécessité de remplacer le bois par du plastique dans certains secteurs. Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Actu Actu Entreprise

Groupe SAOAS Nouvelles solutions

contre les maladies fongiques des fruits rouges La production nationale de fruits rouges étant principalement destinée au marchés étrangers dont les exigences sont en constante évolution, les producteurs marocains sont toujours en quête de nouvelles technologies et de bonnes pratiques agricoles pour la conduite de leurs cultures. Conscient de ces enjeux et afin de permettre

aux agriculteurs marocains d’accéder à de nouvelles alternatives biologiques dans les programmes de protection de leurs productions, le groupe SAOAS enrichit régulièrement le marché des pesticides par de nouvelles générations de matières actives. C’est dans ce cadre que le groupe SAOAS a organisé, le 17

SCPC SAPEL

Nouveau dépôt à JORF LASFAR Le 14 janvier dernier fut l’occasion pour SCPC SAPEL d’inviter environ 200 clients à l’inauguration de son nouveau dépôt de stockage situé dans la zone industrielle de JORF LASFAR. Ce dépôt de stockage facilitera un approvisionnement direct des produits phosphatés OCP (DAP, TSP, MAP) ainsi que du nitrate d’ammonium, de l’urée ou 28

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encore du sulfate d’ammoniaque importés directement au port de JORF LASFAR. Cette nouvelle implantation permettra d’optimiser la distribution de ces engrais dans la zone Nord du Royaume. Pour rappel, SCPC SAPEL est l’un des leaders marocains dans l’importation, la fabrication et la distribution des engrais solubles au Maroc.

novembre 2015 à Moulay Bousselham, une journée d’information sous le thème “ Encore deux solutions pour la lutte intégrée contre les maladies fongiques des fruits rouges“ pour la présentation aux producteurs de deux produits biologiques spécialement conçus pour la gestion des maladies de l’oïdium et du botrytis. Cette journée a été initiée par le mot d’accueil du directeur du département marketing monsieur Ibrahim El Ouafi à l’assistance constituée d’une cinquantaine d’agriculteurs opérant dans le domaine de la production des fruits rouges. Ensuite, Mr El Alaoui Amine a pris la parole pour apporter des informations techniques sur l’oïdium et le botrytis qui touchent les cultures des fruits rouges. Pour leurs parts, Messieurs Andrea Braggio et Hicham Amini de la société hollandaise AAKO ont axé leurs interventions sur la présentation des deux fongicides AQ 10 à base du champignon Ampelomyces quisqualis et BIOBAC à base du Bacilus Subtilis (souche

Y 1336) contre le botrytis. Les agriculteurs ont suivi ces exposés avec beaucoup d’intérêt puisque AQ 10 et BIOBAC offrent une solution pour la gestion des problèmes de résidus et de résistance que posent les autres fongicides. M. Ahmed Hdidi du département lutte intégrée du groupe SAOAS a quant à lui présenté aux agriculteurs une gamme d’auxiliaires arthropodes produits dans une unité du groupe unique en son genre pour lutter contre les principaux ravageurs qui s’attaquent aux cultures des fruits rouges à savoir les acariens, les pucerons et les thrips. Après ces présentations, un large débat a été ouvert pour discuter davantage la plus value qu’apportent les produits biologiques du groupe SAOAS. A cet effet, Mr El Ouafi a proposé aux producteurs des fruits rouges une gamme de produits que le groupe a développé au profit des agriculteurs marocains pour un programme de lutte ZERO RESIDU.


Futureco Bioscience,

pionnière de l’innovation agrobiologique

F

utureco Bioscience est une société espagnole d’agrobiotechnologie qui se consacre à la recherche, au développement et à la commercialisation de produits qui respectent l’environnement pour la protection et la nutrition des plantes, et ce, afin de réduire l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement. Ses produits sont vendus dans 26 pays, dont le Maroc, et sont un pari réussi de qualité certifiée, respectueuse de l’environnement et du commerce équitable. Elle a gagné plusieurs prix pour sa stratégie d’internationalisation respectueuse, pour son sens de l’innovation, lui permettant de relever les défis de l’environnement, et pour ses développements et ses innovations résultant d’importants investissements dans la R&D*. Ses cinq grandes valeurs sont le leadership dans la recherche, une approche commerciale globale, le développement local, le respect de l’environnement et l’engagement social.

Leadership dans la R&D

Née en 1993, Futureco Bioscience compte depuis 2001 avec un département de R&D et d’Affaires réglementaires qui est aujourd’hui l’un des plus grands atouts de l’entreprise et qui rassemble 40 % du personnel de la société, un pourcentage d’engagement ferme en faveur de l’innovation. La gestion de ce département a été pensée pour optimiser le transfert des connaissances scientifiques dans de nouvelles formulations pour assurer le « zéro déchet », la solubilité, l’efficacité et la sécurité pour

la santé humaine, animale et végétale ainsi que pour caractériser les micro-organismes de contrôle biologique des nuisibles ou qui stimulent la croissance ou les fonctions physiologiques des plantes qui les aident à lutter contre le stress hydrique. Futureco Bioscience a deux principales lignes de produits ayant des applications différentes : la nutrition (biostimulants, bioactivateurs, correcteurs de carences, coadjuvants) et la protection (biopesticides et extraits de plantes ayant une activité préventive ou curative contre les agents pathogènes). Les gouvernements et les administrations des pays à travers le monde prennent des mesures juridiques, de sensibilisation et de promotion du changement des pratiques agricoles en préconisant des pratiques agricoles mieux intégrées et respectueuses de l’environnement, visant à réduire leur impact et à veiller à préserver la santé humaine et animale et à élargir la chaîne alimentaire sur le terrain, tout en réduisant l’érosion des champs cultivés. Dans les bureaux de registre des engrais et des pesticides du monde entier, la priorité est donnée aux dossiers de commercialisation des intrants agrobiologiques au détriment des produits de synthèse chimique. La pratique de la production intégrée, impliquant un plus grand nombre de connaissances et de techniques agricoles, est également encouragée.

Présence internationale, développement local et engagement social et environnemental

Futureco Bioscience est ac-

tuellement présente dans 26 pays et prévoit de renforcer son rayonnement dans 50 pays d’ici 2018. En 2014, Futureco Bioscience a changé sa stratégie d’expansion, passant d’accords signés avec des distributeurs espagnols qui géraient leurs registres de commercialisation depuis leur pays d’origine à l’ouverture de ses propres bureaux techniques dans chaque pays cible. Sur place, les bureaux assurent la gestion des registres de produits pour la commercialisation en respectant les exigences juridiques de chaque pays. Ils traitent aussi les actions locales d’intégration dans le territoire qu’il s’agisse d’actions de solidarité ou des campagnes de communication avec les agences locales de publicité et les médias locaux, avec l’aide de professionnels du pays. C’est une autre façon de pénétrer le marché cible. En fait, l’une des caractéristiques fondamentales des commerciaux de Futureco Bioscience est leur profil très technique et intégré, car ils travaillent en partenariat avec Département R&D afin de répondre aux demandes et aux modifications suggérées par les clients (en innovant dans leurs intérêts), sans court-circuiter l’approche personnelle des clients. Leur haut niveau d’engagement et de contrôle permet de renforcer la fidélisation des distributeurs. D’autre part, Futureco Bioscience est une entreprise qui veut apporter de la valeur ajoutée à ses clients en leur offrant qualité et engagement social et environnemental, à titre d’arguments de vente. Tous les processus et les produits répondent aux normes ISO de gestion de l’environ-

nement 9001 et ISO 14001. La plupart des produits sont certifiés pour une utilisation en agriculture biologique. Depuis 2014, l’entreprise est partenaire et signataire du Pacte mondial des Nations Unies, en vertu duquel la responsabilité sociale des entreprises est engagée pour préserver les droits de l’homme et lutter contre la corruption, défendre les droits du travail des employés et mettre l’accent sur les actions de sensibilisation et de respect de l’environnement. Ces facteurs répondent non seulement à une demande et aux tendances des marchés émergents, mais ils permettent également à Futureco Bioscience d’être une société incluse dans la chaîne alimentaire du commerce équitable et de la consommation responsable. Grâce à sa puissante R&D, elle est en mesure de répondre aux exigences des gouvernements de prévenir les conséquences du stress environnemental telles que le changement climatique, la contamination des sols et l’impact de l’agriculture sur l’environnement.

* Pour plus d’informations et de références sur ces informations, veuillez consulter le site : www.futurecobioscience.com Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Les fruits et légumes en fête à Agadir Comme chaque année depuis 2003, la capitale du Souss Massa Draa a accueilli pour la 13ème fois le salon international de la filière fruits et légumes (SIFEL) du 3 au 6 décembre derniers. Cet événement, de portée internationale a coïncidé cette année avec la 7ème édition du TROFEL, cérémonie annuelle de remise des prix des Trophées de la Filière Fruits et Légumes au Maroc

M

algré toutes les difficultés rencontrées en chemin, le Sifel Maroc a fait ses preuves comme destination de tous les professionnels de la filière fruits et légumes aussi bien nationaux que de différents horizons. Ainsi l’édition 2015 n’a pas dérogé à la règle des 12 autres qui l’ont précédée. Elle a accueilli, sur un espace de 15.000 m², plus de 16.200 visiteurs de 23 pays et 250 exposants de 18 pays, nationaux et internationaux (38%), dont plusieurs pays africains (Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun…), ainsi que d’autres pays d’Europe et d’Amérique. A signaler que cette

édition a enregistré la participation de 42% de nouveaux exposants. Géographiquement, les exposants étaient originaires pour les 2/3 du Maroc, 12% de France, 11% du reste de l’Europe (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Pays Bas, Portugal) , 3% de Turquie et 8% d’autres provenances (Russie, USA, …). Sur les 4 jours qu’a duré le salon, les visiteurs se sont concentrés pour 68% sur les deux premiers jours et étaient représenté pour 28% de cadres et dirigeants d’entreprises, 25% d’agriculteurs et producteurs, 17% de commerciaux services et logistique, 9% d’ingénieurs et techniciens, etc. En outre le cru 2015 a adopté le slo-

gan «SIFEL Maroc se réinvente !» dans le cadre de sa dynamique continue d’amélioration et d’adaptation intelligente, avec pour objectif d’accompagner les professionnels de la filière dans un monde qui connait une évolution constante et rapide et une importance particulière accordée aux énergies renouvelables. ‘‘Aujourd’hui le SIFEL a plus que jamais besoin de prendre une autre dimension et d’entamer un nouveau cycle de croissance, c’est un grand défi, certes, mais c’est aussi ma forte motivation’’ a affirmé M. Abderrahim Rifai, Commissaire Général du salon. La manifestation qui s’est déroulée au Parc Expo d’Agadir a été répartie en quatre chapiteaux/pavillons : un

Stand Crédit Agricole du Maroc

Stand CMGP 30

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Stand Elephant Vert


pavillon Institutionnel, un pavillon Produit, un pavillon agrofourniture et un pavillon agrobusiness. Outre cela, trois villages ont été mis en place : - Le village du producteur : regroupant les producteurs-exportateurs et les principales organisations professionnelles de la filière telles que l’Interprofession Agrumicole (Maroc Citrus), l’Interprofession Arboricole (FéDAM), l’Interprofession Maraichère (FIFEL) et l’Interprofession Oléicole (Interprolive)… - Le village des services : accueillant plus des sociétés de service et bureaux d’études, - Le village des coopératives: dédié aux coopératives agricoles et celles spécialisées dans les produits du terroir. En plus, cette année le salon a connu la mise en place d’une salle de conférences d’une capacité de 1.000 personnes et a abrité des rencontres B to B (trading center) pour plus d’opportunités d’affaires, visites des sites de production ainsi que des débats portant sur la formation professionnelle agricole, la loi portant sur le Conseil agricole privé, la fiscalité agricole et sur le développement de la filière des

fruits et légumes… Un riche programme scientifiques s’est aussi tenu avec des intervenants de renommée internationale, issus entre autres, des universités d’Angers (France), Wageningen (Pays-Bas), Med Z, Ecole nationale d’agriculture de Meknès, Institut agronomique et vétérinaire Hassan II…

L’Afrique sub saharienne souhaite profiter de l’expertise marocaine Parmi les représentants africains présents au salon, l’AAFEX (association Afrique Agroexport). Mme Hawa Sy BERETE, responsable de l’information et de la communication, indique que 2015 était l’occasion de la 6ème participation consécutive au Siam de Meknès et la 1re participation au Sifel d’Agadir. Le principal objectif décrit par Mme Berete est le volet transfert de technologies. En effet, décrivant ses premières impressions elle affirme : ‘‘Depuis nos premières visites à aujourd’hui, nous voyons les changements qui se sont opérés dans les filières agricoles du Maroc et nous comptons sur l’expertise marocaine pour améliorer les processus de production dans nos pays’’. Mme Berete ajoute que ‘‘pendant ses déplacements au Maroc, la dé-

Stand Agrembal

Stand Agriculture du Maghreb Stand Etablissement Slaoui

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Stand INFORMIA

légation profite pour effectuer des visites aux exploitations et entreprises de la filière. Cette année nous avons rendu visite au CTT de l’Apefel et avons été frappés par ce que peuvent faires les professionnels pour leurs membres sans attendre que l’Etat s’en charge’’. Pour nous c’est un exemple à suivre et une expérience à développer en Afrique sub saharienne’’. Par ailleurs, Mme Berete se félicite des échanges déjà existants avec le Maroc, même s’ils sont encore à développer. Ainsi, dit-elle, ‘‘lors d’une visite Meknès j’ai été surprise et fière de voir un échantillon de nos produits, en l’occurrence des mangues du Burkina Faso, sur les stands d’un grand centre commercial’’. Pour information, l’AAFEX est un groupement de PME africaines exportatrices de produits agricoles et agroalimentaires regroupant 115 entreprises de 16 pays africains. Avec pour précepte (slogan) ‘’L’union africaine par les entreprises’’, elle a pour objectif la promotion des produits d’Afrique sub saharienne, l’accroissement de leur compétitivité, … à travers des programmes d’accompagnement qui

s’articulent autour de deux axes : - Mise à niveau des entreprises : pour l’obtention de produits de qualité et en quantité aussi bien pour satisfaire le marché local que pour l’export. Pour cette tâche un expert qualité (africain) accompagne les programmes au sein des entreprises - Promotion commerciale : prospection de nouveaux marchés et augmentation des volumes exportés Selon Mme Berete, la demande pour les produits africains existe. Le problème est de refuser ces demandes en raison d’une insuffisance des capacités de production en quantité et qualité et la difficulté pour les opérateurs (secteur de transformation) d’accéder à la matière première. La participation au SIFEL s’inscrit dans le cadre de ce programme de mise à niveau et de promotion. Ainsi, l’une des cibles de cette participation est de voir comment amener sur le marché marocain et maghrébin des produits à fort potentiel (fruits et légumes frais, exotiques)

Parmi les produits proposés par les entreprises membres de l’Aafex, on peut signaler l’anacarde, karité, sésame, mangues, bissap, noix de cajou, fruits et légumes, miel, … Ces produits peuvent être proposés sous forme de fruits frais, transformés (secs, jus, poudre, purée, confitures, …)

Des Gharbaouis à Agadir Fidèle au salon depuis sa première édition, M. Bouselham Bendaif, producteur de banane et revendeur dans le Gharb, vient au SIFEL tous les ans accompagner des groupes de producteurs du Gharb. Au programme : visite du salon pour découvrir les nouveautés et établir des contacts avec les agrofournisseurs exposants, puis visite sur le terrain pour découvrir les techniques de productions qui pourraient être adoptées dans la région du Gharb. ‘‘Pour moimême, explique-t-il, ainsi que pour les producteurs qui m’accompagnent, le déplacement annuel vers Agadir et le SIFEL est devenu une sorte de pèlerinage et de tradition nous permettant de nous

Stand Dunkerque Port

Stand de la chamber d’Agriculture Souss Massa 32

Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

Stand de l’AAFEX (association Afrique Agroexport)


Stand Magriser

mettre au courant des nouveautés proposées par les exposants dans le domaine des fruits et légumes’’. Pour les agriculteurs fréquentant le salon, cette visite permet une rupture dans le rythme d’activité quotidienne pour se mettre à jour et constater de visu les nouveautés dans le secteur agricole. Ils cherchent des informations sur les nouvelles technologies, sur les marchés, des promotions, des nouveautés dans le domaine variétal (nouvelles variétés, nouvelles espèces, nouvelles opportunités,… ‘‘Personnellement ajoute M Bouselham, je cherche à établir, au cours du Sifel, des rencontres avec les différents intervenants du secteur. En tant que revendeur, c’est pour moi l’occasion de renouer les contact avec mes fournisseurs de semences, engrais, phytosanitaires…, de voir leurs nouveautés et de redéfinir les stratégies de collaboration avec eux. Nous aimerions bien avoir une foire comme celle-ci régionale dans le Gharb qui est quand même une importante région avec beaucoup de cultures locales et export’’. Les producteurs qui accompagnent M. Bouselham sont par-

Stand Floragard

Stand Bodor

Stand FIFEL

ticulièrement intéressés par les machines agricoles susceptibles de faciliter leur travail, car le problème de la main d’œuvre se pose avec de plus en plus d’acuité dans le Gharb connu par la diversité de ses cultures, dont beaucoup sont gourmandes en main d’œuvre (fruits rouges, tomate, haricot vert,…). De plus, les terrains y sont occupés en permanence, ce qui augmente encore plus les besoins. ‘‘Profitant de ce voyage, nous avons pu visiter des exploitations produisant de la tomate et des framboises. Ces visites nous ont permis de constater le haut niveau de technicité auquel sont parvenus les producteurs de la région’’ témoignent les visiteurs du Gharb. Comme à son habitude le salon est bien organisé, estime M. Bousselham, caractérisé par son professionnalisme, les larges espaces d’exposition, la sécurité, ... Cependant, la conjoncture que traverse le Maroc (manque de précipitations, baisse des prix des produits agricoles, …) a certainement impacté le visitorat en jouant sur le moral des agriculteurs.

Stand APEFEL

Stand MatyshaLymouna

Stand Agri-Souss

Stand Zymophar Biotech Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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2015

FIlière

Les fruits et légumes à l’honneur Initiés en 2008 par le cabinet Gold Roots Consulting (GRC), les Trophées de la filière fruits et légumes au Maroc (TROFEL) ont coïncidé cette année avec la 13e édition du SIFEL. Il s’agit d’une décision des organisateurs de faire fusionner les deux événements afin d’opérer une synergie positive entre deux événements réunis autour des mêmes objectifs : la promotion du produit marocain, le transfert de technologie et la création d’un pont d’échange entre opérateurs marocains et ceux étrangers. Cette année, les Trophées ont été décernés à trois catégories : Fruits, Légumes et Fruits rouges. L’occasion également de rendre hommage à plusieurs personnalités marocaines et étrangères.

G

rande nouveauté de cette année, la cérémonie de remise des prix «TROFEL 2015» a été organisée au sein même du site d’exposition à l’issue de la première journée du SIFEL. Réunissant plus de 800 personnalités nationale et internationale, cette cérémonie présidée par Madame le Wali de la Région

Souss Massa a été l’occasion de primer les élites de la filière et rendre hommage aux personnalités méritantes. Cet évènement parrainé par l’EACCE et organisé sous l’égide du Ministère de l’Agriculture et le Support Officiel de l’APEFEL, compte parmi ses partenaires les plus grands opérateurs privés et

publics. De même, les Interprofessions et Associations professionnelles représentant la filière des fruits et légumes, soutiennent et contribuent à la réussite de cette manifestation, et ce depuis la première édition. L’édition 2015 a connu la participation de pas moins de 800 personnalités nationales et internationales: officiels, producteurs, représentations des associations professionnelles, chefs d’entreprises d’agro-fournitures, représentations diplomatiques et économiques de certains pays européens et africains, etc. L’évènement a connu une large couverture médiatique avec la présence d’une vingtaine d’attachés de presse et en plus des chaines nationales. Les professionnels présents ont été unanimes à souligner l’importance de ces Trophées pour la valorisation de la filière des fruits et légumes. En effet, en récompensant les efforts des professionnels qui se sont distingués par leurs actions dans les domaines de l’innovation,

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Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16


le développement durable, le social et la qualité, cet évènement encourage les autres opérateurs à suivre leur exemple, contribuant ainsi à la mise à niveau de l’ensemble de la filière.

Lauréats 2015

Comme chaque année, TROFEL a récompensé des professionnels ayant fait preuve d’excellence et d’innovation dans le domaine de la production et de l’exportation des fruits et légumes. Pour rappel, le concours est ouvert à tous les opérateurs (producteurs, conditionneurs et exportateurs, personnes physiques ou morales), opérant

dans les secteurs des agrumes, maraîchage, fruits rouges et arboriculture fruitière. C’est un jury d’experts et professionnels qui départage les candidats en prenant en considération plusieurs critères d’évaluation (organisation, qualité, valorisation des produits, degré d’intégration, encadrement des adhérents, conditions de travail, usage rationnel des ressources, respect de l’environnement, …). C’est ainsi qu’ont pu être déterminés les heureux gagnants de cette édition dans les différentes catégories (voir tableau). Des hommages ont également été rendus à plusieurs personnalités ayant marqué de leur empreinte le secteur agricole.

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L’acidité des clémentines, une qualité menacée

La clémentine est un fruit hybride entre le mandarinier et l’orange douce caractérisé par son absence de pépins, sa facilité d’épluchage et son côté plus acidulé que la mandarine. Mais depuis quelques années, les chercheurs ont noté une diminution de l’acidité des clémentines. Une atténuation sur laquelle se penchent les experts de l’Inra en France qui ont constaté que les clémentines de Corse sont en train de perdre de leur acidité, une perte d’identité regrettable (IGP).

S

ur la station expérimentale de San Giulliano en Corse, les scientifiques étudient environ 70 variétés de clémentines. Avec 1100 espèces et variétés, la station de recherche possède une des plus grandes collections au monde.

Le réchauffement en cause « Le réchauffement climatique a un réel impact sur les clémentines qui perdent en couleurs et en acidité» explique Olivier Pailly le directeur de l’unité de recherche sur les agrumes de l’Inra. En se penchant sur les mécanismes de la photosynthèse et de la respiration du fruit, les scientifiques se sont aperçus que les hausses des températures pendant la maturation du fruit, en automne, au moment où la lumière - nécessaire à la photosynthèse - baisse, accélèrent la respiration du fruit et entrainent une surconsommation 36

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d’énergie. Le fruit en vient alors à puiser dans ses réserves d’acide citrique.

Stocks d’acides Olivier Pailly ajoute : « Rois de l’accumulation des acides, les agrumes stockent dans leurs cellules des sacs à jus très acides qui peuvent atteindre un pH extrêmement bas de 2,2 à 2,3. Le pH du cytoplasme des cellules est proche de la neutralité (pH7) soit 100 000 fois moins acide ! Si ces sacs éclataient, ils entraineraient la mort de la cellule ! Tout au long de sa croissance et jusqu’à fin août, la clémentine accumule cette acidité qu’elle consommera ensuite partiellement avant sa maturation complète. »

Surconsommation d’énergie

Les chercheurs ont décelé une diminution de l’acidité et des couleurs du fruit, liée semble-t-il au réchauffement du climat. Les hausses des températures en au-

tomne, époque de maturation du fruit, accélèrent la respiration du fruit et entraînent une surconsommation d’énergie. Le fruit en vient à puiser dans ses réserves d’acide citrique, et à perdre son signe distinctif. La corrélation climat-acidité est connue : sous la douceur d’un climat tropical, les agrumes sont moins acides.

L’acidité, support d’arômes Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’acidité est une qualité de l’agrume. L’appellation Clémentines de Corse (IGP : Indication Géographique Protégée) exige d’ailleurs que le fruit affiche un caractère dit acidulé : son taux d’acidité doit être supérieur ou égal à 0,85, contre 0,65 pour une clémentine classique. Raison « objective » de primer l’acidulé : l’acidité est un support des arômes, arômes mieux perçus si le fruit n’est pas trop sucré.


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Les agrumes ont leur préférence climatique ! Une parade, la culture en bio Pour pallier la baisse d’acidité des clémentines, les scientifiques de l’Inra explorent les résultats de culture de ces fruits dans le monde pour trouver des variétés plus acides et plus tardives qui pourraient être des alternatives. Ils étudient aussi l’influence des pratiques des arboriculteurs sur l’acidité des fruits qui semblent avoir un effet sur le taux d’acidité. « On se rend compte que les vergers en agriculture biologique produisent des fruits plus acides, que certaines fertilisations potassiques favorisent l’acidité, que l’irrigation a aussi un

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Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

impact très important ». « Nous réalisons un diagnostic agronomique régional sur plus d’une vingtaine de parcelles de clémentiniers de l’AOP Clémentines Corses. Nous analysons le sol, le climat, les techniques de l’arboriculteur… et l’acidité finale des fruits pour comprendre les leviers agronomiques pour mieux maîtriser l’acidité des fruits. » Le but des chercheurs : « Si les changements climatiques s’accentuent nous serons alors capables de proposer plus rapidement des variétés plus adaptées » conclut Olivier Pailly.

Un programme de recherche de deux ans sur les agrumes méditerranéens a été lancé par le Cirad et la société Agro’Novae (entreprise d’agroalimentaire) avec l’objectif d’étudier l’influence des origines géographiques sur les microconstituants nutritionnels des agrumes et fabrication d’extraits d’agrumes enrichis en ces composés. Le projet est parti d’une thèse sur les agrumes et de l’effet des origines géographiques sur leur teneur en caroténoïdes. Car si l’influence du climat (fortes fluctuations de températures jour/nuit comme en Corse) est bien réelle sur la couleur de la peau des agrumes (meilleure synthèse des pigments caroténoïdes et fruits plus colorés), ces don-


nées intéresseraient-elles également la pulpe du fruit ? C’est la question qui amenait les scientifiques du projet à une étude sur la comparaison entre les teneurs en caroténoïdes d’agrumes génétiquement identiques, cultivés sous des climats tropicaux puis méditerranéens. Une fois l’influence géographique démontrée sur la composition du fruit, une deuxième phase du projet permettra la fabrication d’extraits et produits à valeur nutritionnelle ajoutée. Les oranges, clémentines et pomelos contiennent des microconstituants comme les caroténoïdes mais aussi les polyphénols (en particulier l’hespéridine) qui est responsable de nombreux effets santé. Les caroténoïdes sont précurseurs de vitamine A qui joue un rôle essentiel en santé humaine (vision, croissance osseuse, reproduction). Ce sont aussi des molécules dont les propriétés biologiques participeraient à la prévention de certains cancers et maladies cardiovasculaires. Ce potentiel nutritionnel suscite un fort intérêt pour l’élaboration d’extraits naturels d’agrumes enrichis en ces microconstituants. Des procédés physiques de séparation par filtration sans adjonction chimique et respectueux

de la richesse nutritionnelle du fruit, actuellement à l’étude. C’est un enjeu majeur pour la production industrielle d’aliments-santé.

Autres effets des changements climatiques Le climat du Maroc a beaucoup changé durant les six dernières décennies. En effet, les années sont devenues plus sèches avec moins de précipitations et avec des épisodes de fortes chaleurs atteignant plus de 48 °C dans certaines localités de production agrumicoles comme le Souss. Ces vagues de chaleurs sont souvent associées de baisse considérable de l’humidité de l’air (avec des minimas inférieurs à 10% pendant plusieurs heures de la journée) avec des vents desséchants ce qui se traduit par un déficit de pression de vapeur élevé entre la feuille et l’air qui l’entoure (donc une demande climatique élevée). Ces condition sont un impact négatif sérieux sur la physiologie générale des arbres se traduisant par une fermeture des stomates des feuilles (et donc arrêt de la photosynthèse et de la transpiration qui est un élément essentiel pour la régulation de la température de la feuille et le transport des éléments nutritifs) et

une brûlure des fruits et leur chute. L’impact est encore plus grave si ces chaleurs coïncident avec la période de floraison-nouaison-grossissement, le cas de l’année 2012 et de cette année 2015. En 2012, les effets ne se sont pas limités aux chutes de fruits qui étaient massives mais même les fruits qui sont restés sur les arbres n’ont pas bénéficié de la faible charge des arbres du point de vue calibre, et leur teneur en jus était souvent jugée non satisfaisante et leur peau grossière et rugueuse. Cependant, certaines variétés (la Maroc late et la Washington sanguine en particulier) ont résisté plus que d’autres (Nova, Lane late ont été les plus affectées) et les plantations qui étaient greffées sur certains porte-greffes comme le Citrus macrophylla (connu pour sa résistance à la sècheresse) ont mieux résisté que celles qui étaient sur d’autres porte-greffes comme les Citranges. Source : Prof. Mohamed EL-OTMANI, IAV Hassan II - CHAgadir

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Conduite technique

Tomate

Problèmes physiologiques de la conduite en contre-saison Malgré l’idée courante sur les bonnes conditions climatiques de la région d’Agadir (ville des 300 jours de soleil), les cultures de primeur et principalement la tomate sous abris, rencontrent des problèmes particuliers. Ainsi, les contraintes auxquelles fait face la tomate sont dues au fait qu’une grande partie du cycle de cette culture se déroule en période froide, d’automne-hiver.

R

appelons les phases essentielles du cycle de tomate de primeur, cultivée sous abris serres, dans la région d’Agadir :

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- Semis en juin-juillet - Plantation en juillet – août - Entrée en production vers la mi-octobre - Pleine production entre dé-

cembre et mars - Fin de la culture: mai - juin - Durée du cycle: environ 9 mois - Nombre total de bouquets produits par plante : 20 à 30


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Tomate forte intensité lumineuse (> 1600 joules/cm²/Jour) ; – Des températures estivales favorables ; – Une humidité abondante par irrigation localisée

Période 2 : En hiver, des malformations de fruits sont observées suite à des problèmes de pollinisation (activité réduite des bourdons) .

La plante passe par plusieurs périodes aux caractéristiques très contrastées :

Période 1 : Elle coïncide avec les mois de juillet- août – septembre. L’installation de la culture est suivie rapidement d’un bon départ en végétation et un bon développement du système racinaire, favorisés par : – Une forte luminosité à l’intérieur de la serre en relation avec le faible taux de couverture végétale ; – Des jours longs (> 12 heures) et

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Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

Elle correspond aux mois d’octobre-novembre. C’est une phase à la fois végétative et générative caractérisées par : – Des conditions climatiques intermédiaires (températures clémentes, ensoleillement suffisant malgré la diminution progressive de la durée du jour) – Un système racinaire bien développé et une plante dépassant 1m de hauteur; – Une entrée en production au niveau des 4 premiers bouquets ; – Un plein régime d’irrigation (dose quotidienne environ 1 l/plant) et de fertigation (EC solution nutri-

tive ≈ 2dS/m).

Période 3 : La phase végétative et générative se passe au cours des mois les plus frais de l’année à Agadir (novembre – décembre) caractérisés par : – Des conditions climatiques défavorables (températures minimales faibles (<12°C), ensoleillement insuffisant (< 800 j/cm²/j) et durée du jour < 12 heures; forte humidité (pluies) ; – Forte baisse du métabolisme de la plante (faible demande climatique) ; – Plante en pleine production: 8ème ou 9ème bouquet de fruits, sur une plante haute d’environ 2 m ; – Plein régime d’irrigation (dose >1 l/plant) et fertigation (EC solution nutritive ≈ 3 dS/m). Les conséquences de cette évolution sont bien connues des maraîchers pratiquant la culture de


la tomate dans la région du Souss Massa : étiolement des plants, pourriture des racines, nouaison défectueuse, malformations de fruits suite à des problèmes de pollinisation (activité réduite des bourdons pollinisateurs entre autres) et des symptômes parfois graves de carences (absolues et/ ou induite). Les conséquences sur la production (baisse relative des tonnages récoltés et de la qualité des fruits – fermeté, calibre, …).

malformation est due à un développement inégal des cavités loculaires, ce qui entraîne l’apparition d’un côté plat alors que le côté opposé dont les cavités sont remplies par le placenta, le gel et les graines, présente une forme ronde. Les défauts de pollinisation et les excès de l’humidité relative, auxquels s’ajoutent les températures basses pendant la nuit seraient à l’origine de ce phénomène.

Nécrose apicale Coloration inégale ou ″tâches immatures″ ou ″Blochy ripening″: Ce sont des défauts de coloration du fruit qui présente des zones vertes ou jaunes et qui peuvent se

Période 4 : Amélioration progressive des conditions climatiques (températures, luminosité) avec effets positifs sur la pollinisation et les facteurs de production des cultures (tonnages, calibre, qualité du fruit).

Principaux problèmes d’ordre physiologique Fruit à facettes : Bien que le fruit soit initialement lisse, il prend un aspect côtelé. Les facettes ainsi délimitées correspondent en fait aux différentes cavités loculaires. Ces symptômes sont associés aux variétés vigoureuses, sans éclaircissage des fruits, et ayant bénéficié d’un apport important en azote et en phosphore, mais avec un faible régime en potassium. Lorsque le déséquilibre nutritionnel se conjugue avec la période de faible ensoleillement (hiver) et un excès d’humidité relative, ce sont souvent les derniers fruits apparus au niveau du bouquet qui sont déformés. Par ailleurs, ce phénomène est souvent lié au manque de fermeté des fruits.

Fruits pointus : Ils sont caractérisés par une forme conique dont la pointe se situe au niveau de l’attache pistillaire. Cette Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Tomate maintenir à maturité et rendre le fruit impropre à la commercialisation. A l’intérieur du fruit, on peut également observer le brunissement des vaisseaux dans le péricarpe. Ce sont des symptômes caractéristiques qui apparaissent en période d’alternance de temps couvert et de temps ensoleillé, avec des températures basses, et surtout en présence de variétés à forte végétation (surtout si l’effeuil-

lage est insuffisant), avec des apports copieux d’eau d’irrigation et une faible conductivité électrique.

Fruits creux : C’est le symptôme-type d’un défaut de pollinisation par période froide. L’examen d’une coupe transversale du fruit montre que celui-ci est partiellement vide, avec peu de gel et peu de graines. Le fruit est déformé à cause d’un déséquilibre de croissance du fruit après la nouaison. Les températures basses et les excès d’humidité gênent la libération du pollen et le déroulement de la fécondation des ovules.

Pourriture apicale : Appelée aussi ″nécrose apicale″ ou ‘‘Blossom-end-rot’’, il s’agit d’un déséquilibre de nutrition minérale due à une carence induite en calcium et en présence d’un excès de potassium. En effet, et bien que l’eau et le sol soient riches en calcium dans les conditions de production au Maroc, le calcium ne parvient pas à être absorbé par les racines car celui-ci est naturellement absorbé en phase passive (avec l’eau d’irrigation). En conditions hivernales, l’excès de l’humidité relative dans les abris-serres, en plus des températures basses et de la faible intensité d’ensoleillement en période de jours courts, il y a un ralentissement du métabolisme de la plante. Le flux de sève diminue et il s’en suit une carence en calcium. Utilisé en grande majorité dans le maintien de l’intégrité membranaire des fruits, la carence induite en calcium provoque une rupture de cette membrane, d’où la nécrose apicale. Ce problème est également lié à une forte teneur en ammonium par rapport aux nitrates (minéralisation insuffisante en période froide). 44

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Besoins en eau de la tomate (L/plant) (x10 en m3/ha pour une densité de 10000plants/ha) RG

ETPs mm/j

plant-F2 0,6

0,7

0,8

0,9

1

0,9

NOV.

808

1,51

0,91

1,06

1,21

1,36

1,51

1,36

DEC.

682

1,28

0,77

0,89

1,02

1,15

1,28

1,15

Kc

F2 -F3 F4-F6 F6-R2

R2R9

R9-FIN

JANV.

772

1,44

0,87

1,01

1,15

1,30

1,44

1,30

FEV.

1036

1,94

1,16

1,36

1,55

1,74

1,94

1,74

ETPs = RG x t = RG* 0,00187 ETM = ETPs x Kc (coefficient cultural)

Persistance du collet vert à maturité: La zone pédonculaire du fruit présente au stade vert une coloration verte très soutenue liée à une teneur plus élevée en chlorophylle. Pendant la phase de maturation, alors que le fruit devient plus mou et se colore en rouge, cette zone reste plus ferme et présente une

coloration qui peut aller du vert au jaune dans les cas les plus sévères. Certaines variétés laissent apparaître un léger collet vert au stade vert mais qui disparaît complètement à maturité. La sensibilité au collet vert étant contrôlée par des gènes dominants, les travaux de sélection ont permis aujourd’hui d’obtenir des variétés avec des fruits « uniformcolor » indemnes de

collet vert. Cependant, certaines variétés et en particulier celles de type « longue conservation » ont tendance à présenter ce défaut et certains facteurs peuvent favoriser l’apparition du collet vert, en particulier, les températures ambiantes élevées, les rayonnements solaires importants qui accroissent la température du fruit et les fruits touchés sont ceux qui sont direc-

Med Hermes Semences

présente à Fruit Attraction-Madrid du 28 au 30 Octobre 2015, et à Fruit Logistica-Berlin du 03 au 05 Février 2016 La recherche et les essais de Med Hermes Semences accordent une attention particulière, à la redécouverte des saveurs antiques de la Méditerranée, rendue possible grâce à la création d’une gamme de tomates premium, caractérisée par de hautes valeurs organoleptiques et nutritionnelles (polyphénols, lycopène, sucres etc). La gamme premium comprend cinq variétés de tomate qui ont été présentées lors de l’édition 2015 du salon Fruit Attraction à Madrid sur le stand de Med Hermes. Cette nouvelle gamme offre des réponses concrètes, dans les différents segments, à la demande croissante des consommateurs en variétés de tomates très gustatives et d’une haute valeur nutritionnelle. MED HERMES concentre ses recherches sur les 5 principales espèces cultivées dans le bassin méditerranéen (tomate, poivron, melon, pastèque, courgette) pour offrir les meilleurs produits pour la chaine de consommation. MED HERMES sera présente du 3 au 5 Février 2016 au FRUIT LOGISTICA CityCube Hall B / C-08

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Tomate

tement exposés aux rayons lumineux.

Eclatement des fruits : La peau des fruits craque au début de la maturation des fruits, particulièrement en périodes chaudes et humides. Les à-coups de l’irrigation aboutissent au même résultat. La cause serait un flux rapide de l’eau et des solutés à l’intérieur du fruit, parallèlement à la maturation qui provoque une diminution de l’élasticité de la paroi. Les craquelures peuvent prendre l’aspect de cercles concentriques autour du pédoncule ou atour du fruit. Nombreuses variétés sont sensibles à ces accidents (fruits à peau fine, faible épaisseur du péricarpe, variétés à gros fruits, nombre faible de fruits par plant, fruits non protégés par l’ombre du feuillage).

Quelques conseils techniques Pour mieux préparer et conduire la tomate en période d’hiver Optimiser le rayonnement global - Assurer une bonne transmission du rayonnement par le film plastique - Supprimer les feuilles âgées à faible rendement - Apport de bio-stimulants pour 46

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former les jeunes feuilles

Optimiser la Nouaison/Fécondation - Introduire une population suffisante de pollinisateurs - Utiliser des hormones et autres activateurs de la nouaison - Éventuellement aider par le vibrage des plants

Optimiser la maturation des fruits et la coloration - Assurer une bonne alimentation en phosphore et en potassium - Utiliser les activateurs de la maturation

Optimiser l’irrigation - Adapter les apports à la consommation qui est limitée - Prendre en compte le stade et l’Etp

Optimiser l’alimentation minérale - Assurer des conditions favorables à un bon enracinement - Augmenter l’Ec du sol pour favoriser la pénétration des éléments dans la racine Ec = 1 a 1,2 (dilution à 1/2 ), adapté selon la variété - Adapter l’Ec d’apport pour un Ec du sol convenable - Ec d’apport autour de 3, adapté en fonction de la situation. - Augmenter les apports de potassium et limiter les apports d’azote : K/N= 3 à 3,3. - Optimiser l’assimilation du phosphore (paillage thermique, apport de matière organique en mulch… - Complémenter par voie foliaire (oligo-élément, phosphore, potassium)


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Phytoprotection

Mildiou de la tomate Principaux moyens de lutte

Les changements climatiques que connait le Maroc, qui est l’un des 10 pays qui seront les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique, auront sans doute un effet sur les parasites et maladies des plantes de la même façon qu’elle affecte des agents de maladies infectieuses de l’homme. En d’autres termes, l’éventail de maladies et de ravageurs attachés à la culture de tomate peut s’élargir et de nouvelles combinaisons de ravageurs et de maladies peuvent apparaître de manière non prévisible à certaines époques de l’année face à des températures et des profils de précipitations inhabituels. Toute augmentation de la fréquence ou la gravité des événements météorologiques extrêmes, tels que la sécheresse, les vagues de chaleur, les orages, les inondations, pourrait également perturber les relations prédateur-proie qui, normalement, régulent les populations de ravageurs. L’effet du climat sur les maladies et ravageurs peut s’ajouter à l’effet d’autres facteurs tels que l’usage intensif des pesticides et la perte de biodiversité peuvent contribuer déjà à la résurgence de certaines épidémies de maladies et de ravageurs.

Q

ue ce soit sous serre ou en plein champ, la culture de la tomate peut être attaquée par de nombreux champignons à dissémination aérienne ou autre. Transportées, entre autres, par le vent, la pluie ou par contact, les spores des champignons se disséminent et se déposent sur les plants de tomate. Là, profitant de conditions favorables, elles germent et pénètrent les tissus, par voie naturelle ou en profitant des blessures causées, entre autres, par des parasites. Après une période d’incubation, les champignons se développent et les premiers symptômes apparaissent: feuilles nécrosées, rameaux tachés... La plante s’affaiblit et parfois meurt. Les maladies cryptogamiques de la tomate sont nombreuses : Mildiou, Botrytis, Oïdium, Cladosporiose, Alter-

nariose, etc. Ci-après une brève description des deux principales maladies cryptogamiques aériennes rencontrées sur tomate cultivée sous abri ou en plein champ au Maroc :

Le mildiou Le genre Phytophthora est un redoutable adversaire pour diverses cultures légumières ou ornementales. L’agent causal du Mildiou de la tomate est le champignon Phytophthora infestans. Il peut causer des pertes considérables aussi bien sur le feuillage et la tige que sur les fruits (pourriture en pré et en post-récolte). Les spores de ce champignon peuvent vraisemblablement être dispersées sur des dizaines de kilomètres. Lorsque les spores sont parvenues sur les feuilles

de tomate en serre, la présence d’eau demeure un pré-requis essentiel pour leur germination. Une fois l’infection initiée, le développement de la maladie est favorisé par des nuits froides (10 à 15°C) et des journées modérément chaudes (21 à 26°C) jumelées à une humidité relative élevée (90 % et plus). Au fur et à mesure que les brûlures apparaissent sur le feuillage, des fructifications du P. infestans sont formées et servent à propager la maladie à l’intérieur de la serre. Si les conditions optimales sont réunies pour une expansion rapide du mildiou, une culture de tomate en serre peut être entièrement détruite en 3 ou 4 jours. Symptômes - Sur les feuilles : Le Mildiou débute souvent sur les feuilles basses en contact avec le sol, puis il s’étend rapidement à l’ensemble du feuillage. Il forme de larges tâches, d’abord jaunâtres, puis brunes estompées. Le centre se dessèche rapidement, alors que, si les conditions sont favorables, le pourtour reste clair et huileux sur la face supérieure et couvert d’un duvet blanchâtre sur la face inférieure. Ce feutrage est constitué par les sporangiophores qui se développent au dessous du limbe et portent de nombreux sporanges contenant les spores. - Sur les tiges : on observe, s’étendant de haut en bas, des taches mates, noires, accompagnées d’une nécrose tissulaire qui a pour conséquence l’étranglement du plant. - Sur baies : la contamination a lieu

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Tomate moins 8 h. Les spores perdent rapidement leur viabilité lorsque l’HR est < à 80%. Elles germent uniquement en présence d’eau. Le Mildiou de la tomate peut être considéré comme un exemple tout à fait typique d’une maladie à caractère épidémique. A partir des premiers pieds malades, la maladie s’étend rapidement aux pieds voisins.

Les différents moyens de lutte La stratégie de lutte doit reposer en premier, sur les méthodes culturales et prophylactiques :

généralement lorsque les fruits sont encore verts tout en ayant acquis leur taille définitive. On remarque au niveau de l’insertion du pédoncule ou à un emplacement quelconque, une tache brunâtre marbrée, irrégulièrement bosselée en surface, à marque huileuse s’étendant rapidement. Sous cette tache, la chair du fruit n’atteint pas sa maturité. A l’épluchage, elle reste adhérente à la peau. La pourriture des tomates sous l’influence du Mildiou se complique par suite de l’intervention de divers champignons saprophytes et de bactéries. Elle est quelquefois à l’origine de pertes considérables.

Conditions de développement

P. infestans se conserve dans le sol et se dissémine par le vent et la pluie. Son développement est fortement influencé par la température et l’humidité et la contamination a lieu en présence d’eau libre et de températures comprises entre 18 et 22 °C. L’apparition des sporangiophores exige 100% d’humidité relative pendant au 50

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- rotations culturales avec des plantes non hôtes : la culture sous abri apporte de bonnes solutions à la culture des tomates, cependant elle être conduite en respectant quelques règles. La première des contraintes de la serre réside dans la difficulté de respecter le principe de rotation des cultures dans un espace restreint. Pour rappel, la rotation des cultures est vivement conseillée pour ne pas épuiser le sol et pour éviter que les parasites et les maladies spécifiques à un légume, ou à une famille de légumes, s’installent dans le sol - Utilisation de semences saines, - Recours à des variétés exprimant une résistance partielle au mildiou. Mais bien que représentant un réel atout pour la culture de la tomate, ce matériel végétal devra être utilisé de concert avec les autres méthodes de protection, en particulier avec une lutte chimique complémentaire. Les experts recommandent de ne réaliser en aucun cas des cultures mixtes de variétés résistantes et de variétés sensibles et on évitera la proximité de variétés sensibles. - Le paillage et, à un moindre degré, le tuteurage contribueraient à réduite le développement du mildiou. - On évitera l’implantation de la tomate dans des parcelles mal drainées où se produisent de fortes rétentions d’eau et dans des sols trop pourvus en matière organique. Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives. - évacuation des restes du précédant cultural

- aération adéquate des serres.

La lutte chimique L’intervention chimique doit être préventive, raisonnée et judicieuse. Au Maroc, plusieurs spécialités commerciales de produits anti mildiou sont homologuées sur tomate. Les producteurs disposent de nombreux fongicides systémiques et de contact, avec un délai avant récolte (DAR) généralement compris entre 3 et 35 jours. En cours de culture, l’extension du mildiou étant très rapide, il y a lieu de réagir promptement lorsqu’on observe les tout premiers symptômes, surtout si aucun traitement préventif n’a été effectué. Il convient donc de réaliser au plus tôt un traitement fongicide anti-mildiou. Plusieurs matières actives fongicides sont utilisées, seules ou en associations, pour contrôler Phytophthora infestans. Notons que pour que les fongicides multisites soient relativement opérant, ils doivent être appliqués préventivement et chaque semaine. Malgré une efficacité limitée dans le temps, ils ont tout de même l’avantage d’être assez polyvalents et de ne pas être concernés par les phénomènes de résistance. Ce n’est pas le cas de certains fongicides unisites qui sont utilisés rarement seuls, souvent associés entre eux et/ou avec les fongicides multisites afin de limiter les risques d’apparition de résistances. Rappelons que les traitements curatifs, à l’efficacité relative, favorisent davantage l’apparition de souches résistantes aux fongicides. Il faut donc alterner des fongicides à modes d’action différents. Avec certains produits, il ne faudra pas réaliser plus de 2 à 3 applications par campagne, et ne pas intervenir sur des attaques déclarées. A noter qu’un certain nombre de micro-organismes et d’extraits de plantes (romarin, lavande, thym, fenouil…)… ont été testés à l’égard de P. infestans. Certains d’entre eux ont présenté une certaine efficacité in vitro. Malheureusement, placés dans les conditions de production au champ et devant l’agressivité de l’agent responsable du mildiou, ils se sont souvent avérés inaptes à contrôler les épidémies de ce dernier.


‫كليب‬

Clip M3;11

Pour une stratégie de lutte contre l’apparition d’éventuelles résistances du Mildiou

Mildiou de la vigne DAR 28 jours

Mildiou de la tomate DAR 3 jours

Mildiou de la pomme de terre DAR 14 jours

Les bonnes raisons de choisir CLIP : Associe 2 matières actives

(Famoxadone et Mancozèbe)

Remarquable efficacité contre les mildious Résistant au lessivage Respect de l’environnement Applicable à petites doses à l’hectare Clip : Granulés dispersibles dans l’eau (WG) contenant 22,5 % de Famoxadone (groupe FRAC 11) + 30 % de Mancozebe (groupe FRAC M 3)

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Phytoprotection

Le mildiou

Principal pathogène de la pomme de terre Parmi les 160 maladies affectant la pomme de terre à l’échelle mondiale, une cinquantaine sont dues à des champignons (Cercosporiose, Charbon, Galles diverses, Oïdium, nombreuses pourritures, Rouilles, etc.). Ces maladies peuvent causer des dommages économiques importants handicapant la rentabilité de la culture : diminution du rendement, destruction totale ou partielle de la récolte,

Connaitre le mildiou

Le mildiou, causé par un champignon oomycète, Phytophtora infestans, est une maladie cryptogamique à caractère épidémique, répandue dans le monde entier et affectant de nombreuses cultures (tomate, vigne, tabac, …) et principal ennemi de la pomme de terre.

Ses symptômes

Ils commencent par l’apparition, sur la face supérieure des feuilles, de tâches jaunâtres qui brunissent rapidement, se dessèchent au centre et restent huileuses et livides à la périphérie alors que, sur la face inférieure des feuilles, apparaît un duvet fin, blanc-grisâtre. Ces tâches se transforment en lésions nécrotiques qui tuent toutes les feuilles atteintes et s’étendent des pétioles à la tige. Les tiges attaquées noircissent et la plante peut être détruite en quelques jours. A partir de là sont disséminées (par le vent) des spores en

baisse de la qualité, … Au Maroc les maladies les plus répandues sont l’alternaria, le rhizoctone, le fusarium et le verticillium, mais la plus redoutable est le mildiou. Pour le contrôle de cette maladie, trois démarches sont à combiner :

- la bonne connaissance de la maladie - la surveillance continue des parcelles - le bon choix des produits fongicides

nombre, le processus étant aggravé par une courte durée d’incubation. Les tubercules présentent des tâches diffuses brunâtres, marbrées, irrégulièrement bosselées sur l’épiderme, suivies durant le stockage, par un pourrissement complet (pourriture sèche) qui s’étend profondément à l’intérieur. La chair présente des zones à texture granuleuse de couleur brun-rouille. Des pourritures secondaires s’installent par la suite. Sur une coupe, apparait une chair marbrée de couleur rouille progressant vers l’intérieur du tubercule

Cycle du mildiou

Pour se développer (sporuler et germer) la spore a besoin de température (15-25°C), d’humidité relative (80-90%), de temps nuageux et de pluie. Une fois dans la feuille, l’humidité de celle-ci assure la survie du pathogène. La vitesse d’incubation dépend de

la température et la dissémination est occasionnée par le plant contaminé, les oospores contenues dans le sol et le vent qui dissémine les spores produites sur de longues distances. De même, la pluie, la rosée, l’irrigation par produisent toutes des conditions favorables au développement de la maladie.

Méthodes de lutte

Le mildiou devrait susciter plus d’attention de la part des producteurs de pomme de terre vu sa courte durée d’incubation et sa sporulation très importante. En effet, les producteurs n’accordent que peu d’intérêt aux soins culturaux et, pour la plupart, la lutte repose essentiellement sur l’usage des pesticides. D’une façon sommaire, la lutte contre les principales maladies fongiques de la pomme de terre se fait en plusieurs étapes :

Prévention

Le meilleur moyen de se protéger du mildiou est d’adopter des mesures préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores. Ainsi, avant plantation et avant de penser à la lutte chimique il est nécessaire de commencer par : - Une rotation culturale efficace en évitant que des solanées ne reviennent sur la même parcelle après plusieurs années (3 à 5). - Le terrain destiné à la culture doit être sain et éventuellement désinfecté et traité contre les nématodes - L’élimination des résidus des cultures précédentes (repousses et feuilles) de même que des mauvaises herbes (surtout de la famille des solanacées) afin de diminuer l’inoculum primaire, - Le recours à des variétés résistantes ou tolérantes à cette maladie, si elles existent, - L’utilisation de semences, de préférence sélectionnées, saines - En outre, il est préférable d’éviter la salinité du sol et de l’eau d’irrigation. - Désinfecter les lieux qui ont servi au stoc52

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Le mildiou

kage des récoltes précédentes et l’outillage. En plus, après plantation, il est nécessaire d’améliorer les conditions de production en : - Augmentant l’espacement des rangs de plantation, - Evitant les excès d’azote, - Eliminant les plants malades, - Eliminant régulièrement les fanes, les plants malades, les adventices et plants spontanés de PDT qui constituent un foyer de contamination, - Effectuant un buttage, - Evitant l’irrigation par aspersion

La lutte chimique

Le choix du fongicide approprié (produit de contact, systémique, etc.) pour lutter contre le mildiou de la pomme de terre dépend de plusieurs paramètres à savoir le stade de la plante, le but du traitement (préventif ou curatif ) et l’étendue de l’aire de traitement (foyer ou général). En général, la lutte chimique est basée essentiellement sur des pulvérisations de fongicides préventifs en période de risque, dès que les conditions climatiques deviennent favorables (pluies, humidité élevée et températures favorables, temps nuageux, pluie, brouillard, rosée fréquente, etc.). Une fois que la maladie s’installe, il faut traiter à l’aide des

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fongicides systémiques en veillant à recouvrir de bouillie toutes les parties de la plante. Il est recommandé d’alterner les familles chimiques de produits de traitement afin d’éviter le phénomène d’accoutumance. Pour rappel, il existe différents types de produits fongicides : - Type 1 : Produits de contact sans protection des tubercules qui assurent une action préventive par destruction des spores lors de la germination - Type 2 : Produits de contact ou assimilés, avec protection des tubercules. Forte action préventive sur les spores. Diminution du potentiel de germination. Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules - Type 3 : Produits pénétrants ou translaminaires (pénètrent dans la plante) avec ou sans rétroaction (curativité). Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules

Autres recommandations

Selon les spécialistes de la protection des cultures, il est recommandé de : • Toujours supposer que la maladie est présente. • Inspecter les semences et écarter tout tubercule suspect. • Utiliser un traitement fongicide pour les semences. Selon des études, ce traitement serait efficace pour réduire le risque de propagation pendant le tranchage et la plantation. • Vérifier fréquemment les prévisions des éclosions de la maladie. • Vérifier de près les champs pendant toute la saison. • Porter une attention particulière aux endroits plus enclins à des taux élevés d’humidité pendant de longues périodes, les dépressions et le long des lisières d’arbres, etc. • Avertir les voisins de tout problème. •Vérifier fréquemment le fonctionnement du pulvérisateur, ses buses et l’étalonnage.

Il est important de noter que l’efficacité de la protection fongicide dépend: - de la qualité de l’application : pression, volume, vitesse, et type de buse - des conditions météorologiques - du choix du fongicide : différentes propriétés seront requises tout au long de la saison de culture, selon le stade phénologique, la pression de la maladie et l’état sanitaire du champ - du moment d’application, d’où l’intérêt d’un système d’avertissement. • Au besoin, adopter une stratégie de protection vigoureuse tôt dans la saison. • Appliquer toutes les quantités de fongicide indiquées. • Confectionner une butte assez haute. • Ne pas récolter quand l’environnement est humide. S’il se met à pleuvoir, il faut cesser la récolte. • Manipuler les tubercules de façon à minimiser les meurtrissures qui favorisent les infections. • Enlever le plus de terre et de rebuts possible. • Aérer les locaux : le manque de courant d’air dans les entrepôts favorise l’apparition de points chauds et la décomposition des tubercules. Le mildiou est une maladie cryptogamique causée par Phytophthora infestans et répandue dans le monde entier. Quand les conditions lui sont favorables, ce redoutable champignon évolue très rapidement et sur de grandes distances. On estime le coût annuel des dommages causés par le mildiou à travers le monde à quatre milliards de dollars.


IRRIGATION Mener le goutte à goutte à l’économie d’eau : ambition réaliste ou poursuite d’une chimère? Maya Benouniche1,2, Marcel Kuper1,2, Ali Hammani1 1

IAV Hassan II, Département Eau, Environnement, Infrastructures, Rabat. 2 Cirad, Umr G-Eau, Montpellier.

Au Maroc, l’économie d’eau est l’objectif affiché pour promouvoir l’irrigation localisée, en particulier le goutte à goutte. Le programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) prévoit une amélioration de l’efficience d’irrigation à la parcelle, de 50% en irrigation gravitaire vers 90% en irrigation localisée, pour économiser 826 millions de m3/an. Cependant, cet objectif prête à confusion, car il est souvent intégré dans un objectif d’amélioration de la production agricole. Des analyses ont été menées en 2011 sur les efficiences réelles d’irrigation à l’échelle de la parcelle dans quelques exploitations agricoles dans le Saiss, ayant mis en place le goutte à goutte, pour comprendre comment la notion d’économie d’eau se traduit sur le terrain. Les résultats indiquent des sur-irrigations pour la plupart des systèmes avec une efficience d’irrigation parfois inférieure à celles obtenues en irrigation gravitaire. Ces sur-irrigations sont liées aux objectifs d’augmentation de production agricole des agriculteurs. Ils montrent aussi qu’il y a une possibilité d’amélioration des efficiences d’irrigation sans nuire à la productivité agricole. Nous propo-

sons d’opérationnaliser le concept d’économie d’eau, en considérant les agriculteurs comme des alliés qui disposent de solides connaissances dans l’utilisation du goutte à goutte en établissant un cahier des charges négocié et régionalisé entre l’ensemble des parties prenantes, permettant un suivi partagé des volumes réels consommés. Réduire les pertes d’eau, ou augmenter la productivité agricole ? Le concept d’économie d’eau a suscité de vives critiques dans la littérature pour son ambiguïté. Les pertes et efficiences à l’échelle locale influencent la disponibilité de l’eau à l’échelle d’un bassin versant.

Quand un agriculteur améliore l’efficience d’irrigation à la parcelle, par exemple, et utilise cette eau pour adopter des cultures plus consommatrices en eau ou pour étendre sa superficie irriguée, il restitue moins d’eau aux dépens d’autres utilisateurs. En replaçant l’eau d’irrigation dans le cycle global de l’eau d’un bassin versant, l’économie d’eau observée à la parcelle ne représente souvent qu’un transfert de l’eau d’un utilisateur vers un autre, et non pas une économie d’eau à des échelles plus importantes. La mise en place du PNEEI a donc pour objectif essentiel l’extension des superficies irriguées en goutte à goutte et à travers cela l’intensification agricole : « Aujourd’hui, on encourage l’adoption du goutte à goutte pour augmenter la productivité, l’économie d’eau viendra après » (responsable au Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, 2014). Dans les services décentralisés, l’économie d’eau ne semble pas figurer non plus parmi les priorités de ceux qui sont en charge du suivi du PNEEI. Sur-irrigation et manque d’efficience Les mesures effectuées en conditions réelles révèlent des sur-irrigations durant la campagne agricole pour la plupart des systèmes de

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IRRIGATION ajuster l’irrigation aux besoins en eau des cultures. Par ailleurs, la disponibilité en eau peut constituer une contrainte qui influence la pratique d’irrigation : dans certaines exploitations, le débit de pompage ne suffit pas pour répondre aux besoins en eau d’irrigation de plus en plus élevés, surtout en période de pointe (généralement l’été).

Les raisons de la sur-irrigation

goutte à goutte. En effet, certains agriculteurs apportent 2 à 4 fois la dose nécessaire aux besoins des cultures. Paradoxalement, le suivi des pratiques des irrigations montre des périodes de sous-irrigation dans la conduite de la culture de l’oignon, alors que le volume d’irrigation total pour la campagne agricole présente souvent une sur-irrigation. Ces périodes de sous-irrigation, souvent en début de campagne, peuvent affecter négativement les rendements. Des améliorations dans la conduite de l’irrigation sont donc tout à fait possibles pour mieux

Pour certains systèmes, on a constaté une mauvaise distribution de l’eau à la parcelle, due à la conception du réseau et des problèmes d’entretien, que compensent les agriculteurs en apportant plus d’eau, pour d’autres, une ambition de l’agriculteur visant d’excellents rendements, et souhaitant qu’en aucun cas un stress hydrique puisse affecter négativement les rendements. Cependant, la qualité des installations n’explique qu’une partie de la sur-irrigation, les logiques des agriculteurs déterminent aussi l’efficience d’irrigation tout en constatant des différences entre les typologies des agriculteurs sur la base de ces logiques

Mettre l’économie d’eau à l’ordre du jour Il en ressort que le concept de l’économie d’eau proposé dans le Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation prête à confusion. Les services de l’Etat accordent un intérêt particulier à l’intensification agricole et aux superficies équipées en goutte à goutte et non pas aux volumes d’eau économisés. Ces services ne fixent pas d’objectifs précis quant aux volumes d’eau qui devraient être économisés, et il n’y a pas de méthode pour l’estimation de ces volumes. Sur le terrain, le goutte à goutte est adopté par les agriculteurs pour une pluralité de raisons. Le goutte à goutte renvoie à un statut social d’agriculteur moderne, à l’intensification agricole et à l’extension des superficies irriguées. La plupart d’entre eux sur-irriguent, en particulier ceux qui ont des installations subventionnées. Nous pouvons conclure que l’économie d’eau n’est pas une priorité ni pour les agriculteurs, ni même pour les autres acteurs (ingénieurs DPA, Ministère en charge de l’Agriculture) pour le moment. L’absence de compteurs d’eau, le manque de suivi des agriculteurs ayant bénéficié des subventions dans l’utilisation de leurs équipements et l’absence de données concernant l’efficience d’irrigation réelle, témoignent du fait que l’efficience d’irrigation reste un concept théorique, peu mobilisé sur le terrain. L’économie d’eau n’est plus au centre des débats, le concept a cédé la place à la valorisation agricole. Une clarification du concept d’économie d’eau avec

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l’ensemble des acteurs est importante, car les agriculteurs sont capables d’orienter leurs pratiques d’irrigation vers une pratique plus efficiente, quand la logique d’économie d’eau fera partie de leurs motivations. Les résultats montrent que les agriculteurs orientent leurs pratiques en fonction de ces motivations, qui déterminent ensuite l’efficience d’irrigation. Les agriculteurs considèrent leurs pratiques d’irrigation «bonnes » car elles permettent d’atteindre leurs objectifs. Il est important de considérer les agriculteurs comme des alliés dans la recherche d’économie d’eau disposant de solides connaissances dans l’utilisation du goutte à goutte, les agriculteurs référents en sont le bon exemple. L’enjeu est donc d’engager un débat sur l’économie d’eau entre

toutes les parties prenantes – l’Etat, la profession agricole, les entreprises d’irrigation –sur la base des usages réels de l’eau des systèmes de goutte à goutte. Ils pourront ainsi fixer des objectifs opérationnels d’économie d’eau, qui sont tout à fait possibles tout en améliorant les rendements. Un cahier des charges négocié, mis en place dans les différentes régions

du Maroc, pourra concrétiser ces objectifs et permettra la mise en place d’un suivi des volumes réels utilisés dont les résultats seraient accessibles à tous les acteurs.

Source : www.alternatives-rurales.org-

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La morelle jaune : une plante envahissante qui menace le périmètre irrigué du Gharb en silence

Prof. Mohamed BOUHACHE, IAV Hassan II, Rabat

Salmane BEN-GHABRIT, IAV Hassan II, Rabat

La région du Gharb est actuellement menacée d’être envahie complètement par une Plante Exotique Envahissante qualifiée d’un des plus redoutables adventices du bassin méditerranéen. La morelle jaune, signalée pour la première fois dans cette région en 1996 sous forme de quelques foyers, est actuellement en voie d’expansion et se trouve dans plus de 20 sites avec des densités allant de quelques plantes à quelques centaines de plantes par site. La plupart des foyers se trouvent au bord des routes, dans l’entourage des souks, aux emprises publiques, ainsi que dans les jardins publics et les terrains vagues dans les zones urbaines. Cependant, plusieurs foyers ont été observés dans les champs cultivés et le long des canaux d’irrigation. En cas de non intervention urgente pour la stopper et éviter le scénario du Tadla, cette plante envahissante gagnerait plus de terrain et alourdirait la facture économique et environnementale de cette importante région agricole qu’est le Gharb.

Nomenclature et origine

La morelle jaune, scientifiquement appelée Solanum elaeagnifolium Cav., est connue au Maroc (dans la plupart

de ses régions) sous le nom de Rbiäa « l’Herbe », car c’est une plante exotique qui n’a été introduite dans ces régions que récemment. Au Tadla, première région infestée et la plus touchée par cette plante, elle est connue le plus souvent sous le nom de chouka safra, chouika, chouk jmal, hassika, matichet jmal ou Zririgua. C’est une Solanaceae originaire de Sud-ouest des Etats-Unis et du Nord du Mexique avec une possibilité que l’Argentine soit aussi un centre d’origine. Elle se trouve actuellement dans les cinq continents du globe. Elle a été signalée pour la première fois au Maroc en 1949, depuis, elle ne cesse de se propager dans la quasi-totalité des régions du pays, avec des degrés d’infestations variables.

Description succincte de l’espèce C’est une plante vivace rhizomateuse, possédant un système racinaire très développé : une racine pivotante qui atteint deux mètres de profondeur et pouvant aller jusqu’à cinq mètres avec des racines horizontales qui peuvent s’étendre sur un rayon de deux mètres de diamètre et donner naissance à de nouvelles repousses. La partie aérienne peut dépasser un mètre de hauteur (une plante de 130 cm a été observée dans la région du Gharb), mais généralement elle est de 40 à 80 cm. Les tiges sont cylindriques et herbacées (sauf dans la partie basale) avec un diamètre variable. Elles sont le

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plus souvent ramifiées. La ramification peut commencer dès la base des tiges comme elle peut ne commencer qu’à 30 cm (ou même plus). Les feuilles sont alternes et de forme et de taille très variable. Les fleurs sont pédonculées, pentamères, groupées en cymes et en nombre variable. La couleur de la corolle va du bleu au violet et des fleurs de couleur blanche existent mais rares (Photo 1). Les fruits sont sphériques (baies), de diamètre variable, verts au début et jaune à orange à maturité. Le nombre de fruits par plante est très variable et peut aller de 50 à 200 (Photo 2). Les graines sont aplaties, lisses, brunes et de taille variable. Un fruit peut contenir 30 à 180 graines. Toute la partie aérienne de la plante (tige, pétiole, feuille, pédoncule et calice) est poilue et peut être épineuse avec une densité des épines très variable.

Principales caractéristiques biologiques La morelle jaune est une espèce printanière estivale. Les germinations et les régénérations de la morelle jaune sont observées fin février et début mars et peuvent se poursuivre jusqu’à fin août; l’initiation florale commence à partir de fin mars; la floraison commence vers début avril et s’étend jusqu’à fin septembre; la fructification (baies vertes, baies jaunes et maturation) s’échelonne sur la période allant de juin à décembre. L’espèce se trouve en repos végétatif durant la période allant de dé-


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cembre à fin février. L’invasion et/ou l’agressivité de la morelle jaune est expliquée par sa grande production grainière par pied, sa forte capacité de régénération végétative, la diversité et l’efficacité de moyens de sa dissémination et sa grande capacité d’adaptation aux différents milieux. Le système racinaire bien développé et profond, ayant une forte aptitude à drageonner, donne à cette espèce une grande capacité de reproduction végétative : un fragment de moins d’un centimètre de racine peut donner naissance à une plante entière et peut garder sa viabilité pendant 15 mois. Les fragments de la tige donnent aussi des repousses végétatives. En outre, une plantule décapitée (au ras du sol) au-delà de 5 jours après son émergence régénère. Le nombre de baies produites par pied est variable. Il est de 50 à 200 avec un nombre de graines produites par baie oscillant entre 30 et 180. Ainsi, la production de semences par pied peut atteindre 36.000. La grande production semencière de cette plante ainsi que 60

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les caractéristiques de ses semences lui donnent tous les atouts d’une plante invasive et lui permettent la dispersion vers de nouvelles régions. Un stock de semences dans le sol de 33.672 graines viables/m2 a été noté au Tadla. Les semences enfouies dans le sol peuvent garder une viabilité de plus de 10 ans. Quant à la levée au champ, les deux tiers de l’infestation sont fournis par la régénération végétative. Les semences peuvent garder leur viabilité même après être passées par l’appareil digestif des animaux. D’ailleurs, le fumier constitue le principal facteur de dissémination de la morelle jaune. En plus du fumier, la morelle jaune assure sa propagation soit par l’eau d’irrigation, soit par l’homme qui agit directement ou indirectement par l’intermédiaire des véhicules, des machines et des produits agricoles (bottes de paille et de luzerne, plants en mottes issus de pépinières infestées). En plus, cette plante s’adapte aux différents types de sols, résiste à des hautes températures, se trouve dans différentes altitudes (jusqu’ à 1.400 m) et tolère les faibles précipitations (250 mm) et les terres salines.

Situation de la morelle jaune dans la région du Gharb La présence de la morelle jaune dans la région du Gharb n’a été constatée et documentée qu’au milieu des années 1990. À cette époque, l’infestation s’est limitée à quelques foyers dans trois localités : Souk El Arbâa, Sidi Kacem et Sidi Slimane. La source de cette infestation viendrait des produits agricoles contaminés par les semences (au sens large) de cette plante et de provenance du Tadla (une étude est conduite actuellement à l’I.A.V. Hassan II pour clarifier l’origine des infestations au Maroc). Comme plante exotique envahissante, la morelle jaune commence son invasion par une phase d’adaptation ou de latence qui dure plusieurs années. Si les conditions sont favorables (une forte activité agronomique et agro-économique en plus des bonnes conditions pédoclimatiques), l’invasion passe à l’étape suivante qui est la phase exponentielle. Cette phase est caractérisée par une forte et rapide extension des surfaces infestées par la

mauvaise herbe en augmentant à la fois le nombre des sites infestés et la densité des plantes par site. Une rapide prospection au champ en novembre 2015 a permis de détecter la présence de la morelle jaune dans 20 sites (Voir carte de distribution) et d’admettre que la région du Gharb est maintenant au début de la phase exponentielle de l’invasion. La morelle jaune semble être bien adaptée à cette région. Une caractérisation morphologique de plusieurs individus de cette plante, collectés de différents sites du Gharb, a montré que les individus de cette région ont battu le record de plusieurs paramètres morphologiques aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Un plant récolté au Douar El Guebass avait la hauteur la plus élevée (130 cm) et le nombre le plus élevé de fruits par plante (1.841 fruits sur 105 branches). Avec une longueur de feuille de 17,2 cm, un autre individu récolté dans la région a aussi battu le record concernant ce paramètre. Le diamètre de la partie basale des tiges de la morelle jaune est généralement de 2 à 16 mm, alors que nous avons trouvé 3 individus ayant des diamètres des tiges supérieurs à 16 mm dans la région du Gharb. L’un de ces 3 individus possède une tige de 19,2 mm de diamètre. Concernant la taille des foyers, 54% des sites ont un nombre de plantes compris entre 100 et 500 ou même supérieur à 500 plantes par site, alors que le pourcentage des petits foyers de 1 à 9 plantes par site ne dépasse pas les 5%. Il est à noter que 61% des sites infestés se trouvent au bord des routes, le long des canaux d’irrigation et à la proximité des souks (Photos 3 et 4), alors que 4% des sites seulement se trouvent dans les champs. Ces foyers de grande taille qui sont au bord des routes, même s’ils ne perturbent pas directement l’agriculture, présentent une menace directe à ce secteur. Ils sont considérés comme une bonne source d’alimentation pour les ovins qui consomment les fruits et disséminent, par conséquence, les semences. Ces foyers se trouvent parfois à l’entrée ou aux bordures des parcelles. En outre, de nombreux foyers qui sont au bord des routes, se trouvent en même temps à coté de fumiers prêts à être utilisés ou vendus (Photo 5).


Impact de l’espèce

Déclarée comme plante nuisible dans plusieurs pays du monde et considérée comme l’une des plantes les plus envahissantes et les plus nuisibles au Maroc et en tant que Plante Exotique Envahissante, la morelle jaune a des effets négatifs énormes. Toutes les cultures qui ont un cycle coïncidant totalement ou partiellement avec celui de la morelle jaune (Mars – Décembre) sont susceptibles d’être infestées et subissent des préjudices qualitatifs et quantitatifs. Au Tadla, dans un champ de maïs non désherbé, les pertes du rendement causées par la morelle jaune arrivaient à 64%. L’effet dépressif de la morelle jaune sur les plantes cultivées ne se limite pas uniquement à la compétition vis-à-vis de l’eau, des éléments nutritifs, de la lumière et l’espace, mais elle agit aussi par la sécrétion des substances chimiques à effets allélopathiques. Certaines substances secrétées par la morelle jaune telles que la saponine ont un effet inhibiteur sur la croissance et le développement de certaines cultures comme le cotonnier et le concombre. Elle peut aussi agir indirectement en se comportant comme hôte intermédiaire de plusieurs ennemis de cultures. C’est le cas des phytovirus (Lettuce chlorosis Virus, ou LCV) en Califonie et Potato Virus Y en Tunisie, les pucerons, les acariens et la mouche blanche au Tadla. . Vu son caractère très épineux (Photo 6), elle gêne certaines pratiques culturales manuelles comme l’arrachage de la betterave à sucre : les ouvriers sont d’abord obligés d’éliminer cette mauvaise herbe. Elle gêne également la moisson des céréales car à cette période, la morelle jaune est encore verte en plus du caractère ligneux de ses tiges. Les parcelles fortement infestées par l’espèce sont souvent abandonnées et leur valeur foncière et locative est très réduite. La morelle jaune n’infeste pas seulement les champs cultivés, elle envahit aussi les espaces verts et les bords de routes, pouvant ainsi causer un déséquilibre écologique en remplaçant les plantes endémique ou naturalisées.

Gestion de la morelle jaune

D’emblée il faut admettre qu’une seule méthode de lutte n’est pas suffisante pour contrecarrer les méfaits ou arrêter le processus d’invasion de la morelle jaune. Toute stratégie doit être bâtie sur deux piliers principaux : la prévention et la lutte curative. Ainsi, l’élimination de tous les foyers de la

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morelle jaune qui se trouvent sur le bord des routes, le long des canaux d’irrigation et dans les jardins publics, les zones urbaines et les entourages des souks est une étape indispensable et urgente. De même, certaines précautions peuvent être prises pour limiter ou empêcher la dissémination de la mauvaise herbe d’une parcelle infestée à une parcelle indemne ou d’une zone à l’autre de la région. A la lumière des résultats obtenus en matière de lutte chimique contre la morelle jaune au Maroc, on peut dire que les solutions existent selon les biotopes concernés. Cette méthode de lutte est très prometteuse bien que l’efficacité de la majorité des herbicides envisagés soit influencée par plusieurs facteurs. Les herbicides systémiques « le glyphosate et l’aminotriazole » semblent être les plus efficaces contre cet adventice mais nécessitent des conditions d’application particulières et sont conseillés surtout en cas de fortes infestations. L’application du glyphosate dans les premières heures de la matinée, au début de la fructification de la morelle jaune (stade baies vertes), après avoir appliqué une pré-irrigation de la parcelle une semaine avant le traitement, avec un matériel d’application adéquat, une eau douce, en ajoutant le sulfate d’ammonium à la bouillie semble être la recette la plus efficace pour lutter contre cette mauvaise herbe. Les méthodes de lutte non chimique consistent en l’introduction d’une culture étouffante dans la rotation telle que la luzerne qui permet une réduction notable de l’infestation. Le labour profond (³ 30 cm)

en début été en post-récolte des cultures contribue également à la diminution de la densité de l’adventice. Le désherbage manuel utilisé 2 à 3 fois par an au stade initiation florale dans les cultures annuelles, les vergers, les parcelles non exploitées et les emprises publiques, permet l’affaiblissement progressif de la mauvaise herbe à moyen terme. Des interventions mécaniques suivies de traitements chimiques montrent souvent de bonnes efficacités et il en est de même dans l’autre sens. La combinaison de ces méthodes est vivement souhaitable pour les grandes superficies où l’infestation est moyenne à forte.

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Cultures sucrières

La casside de la betterave au Gharb : Prof. Hmimina M’hamed, IAV Hassan II, Rabat hmimina@yahoo.fr

cycle de développement et stratégie de lutte

La casside (Cassida vittata Wild, Coleoptera, Chrysomelidae), dénommée localement Fakroun, Nhassia, Cassetta par corruption du mot casside, est répandue en Afrique du Nord, en Europe tempérée et méridionale et au Proche Orient. Les dégâts les plus importants sévissent plus particulièrement en Italie, en Espagne du sud, en Grèce, en Turquie, en Algérie et au Maroc où, plus précisément avant l’introduction de la betterave, elle vivait sporadiquement sur des Chénopodiacées spontanées. L’introduction de la betterave dans notre pays, conséquence immédiate de la diversification des cultures suite à la mise en valeur de grands périmètres agricoles irrigués, a conduit le ravageur à coloniser férocement cet hôte fraîchement implanté. Avant, la quantité de ressources était assurément le facteur limitatif des pullulations ; de petites populations soumises aux dures lois de la compétition subsistaient çà et là sans ostentation. Dans cet ordre d’idées, la conversion de quelques 20.000 ha en sole betteravière rien qu’au Gharb, y a entraîné naturellement l’installation et le développement de la Casside ; les sources d’infestation existaient déjà. Et c’est évidemment dans cette région que les premiers dommages du ravageur ont eu lieu et sont toujours observés d’une manière permanente et préjudiciable.

Cycle de la casside

La casside présente une diapause imaginale : cette particularité temporelle originale chez l’insecte et beaucoup d’autres arthropodes, influence la composition et l’organisation des populations. En plus de son rôle synchronisateur, ce mécanisme assure, avec la migration aller-retour des adultes qui l’accompagne, des concentrations d’individus remarquables. Ainsi, à tout moment du développement de la culture, les imagos y sont présents et se nourrissent peu ou prou des feuilles. Graduellement leur quantité se renforce pour culminer entre mi-février et début mars. Le

deuxième pic d’activité, plus important, composé essentiellement de jeunes adultes formés sur place, a lieu la deuxième quinzaine de mai. Le démarrage des premières pontes, très modestes d’ailleurs, accompagnées des premières éclosions larvaires s’observe vers le 10 février. Le pic de ponte et d’éclosion est constaté la deuxième décade de mars, et à tout moment, comme c’est le cas des adultes puisque les uns procèdent des autres, on observe des œufs et des larves du premier âge sur la culture avec une réduction croissante de leur effectif jusqu’à début mai.

photos Nadif A de l’ORMVAG

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La formation de larves plus âgées prend place dès début avril, culmine vers mi-avril et se poursuit decrescendo jusqu’à l’arrachage. Il est évident que les larves à différents âges, fortement tributaires de l’hôte, surprises par la récolte soient perdues pour le cycle. Détachées de leur plante nourricière, elles meurent d’inanition sans pouvoir finir leur développement. Seules survivront les nymphes en raison de leur aphagie et les adultes qui s’épancheront alors sur toutes les parcelles adjacentes non récoltées encore. Cette information très importante permet d’appréhender les concentrations quasiment spontanées constatées sur des champs pourtant indemnes peu de temps avant, suite à l’arrachage des parcelles contiguës infestées ou mal traitées. Au Gharb, en divers CDA, il est aisé de vérifier qu’à partir du 15 avril la présence d’imagos sur betterave s’affaiblit par rapport à ce qui a été observé avant et ce qui s’observera après. Mais, dès début mai, les populations imaginales grimpent


et cette ascension s’accompagne d’un abaissement des larves et une absence de pontes. Un schéma moyen conventionnel et intégrateur paraît alors bien confirmé pour le grand Gharb. Nous le décrivons par une figure simulée fusionnant les diverses données accumulées dans les quatre zones objets de nos observations (Allal Tazi, Sidi Slimane, Ksiri et Loukkos (Fig. 1). Nous avons tracé le cycle pour ainsi dire théoriquement, c’est-à-dire nous avons lissé par les courbes de tendance propre à chacune d’elles leur déroulement de manière à réduire l’embrouillement et les discontinuités de forme. A présent, plus concrètement, nous gagnerons à redire que les données cumulées concourent à la définition d’un cycle homodyname du ravageur dont il ressort les faits suivants : - deux voutes d’imagos, l’une en début et l’autre en fin de cycle reliés entre elles par les tardifs de la première et les précoces de la seconde ; - une sortie maximale des pondeuses et des mâles entre fin janvier et fin mars ; - une activité de ponte et d’éclosion larvaire optimales durant mars et avril ; - une poussée de larves dès fin février ; - une formation de jeunes adultes dès début mai. En termes plus pratiques encore, ce jeu de données, exprès défrisées par les courbes de tendance afin de les rendre plus opérationnelles, procure les précisions supplémentaires suivantes : - les dégâts des adultes sévissent à deux périodes critiques que l’on peut définitivement fixer entre 20 janvier et fin février pour la première et 15 juin-20 juillet pour la seconde. Les dégâts de la vague estivale sont souvent plus évidents en raison des rassemblements des adultes sur les parcelles non récoltées avant leur émigration et la voracité qui accompagne la pré-diapause (constitution des réserves nécessaires au repos estival) ; - les dégâts commis par les larves

Figure 1. Représentation figurée du cycle de la casside au Gharb-Loukkos

relayent ceux des imagos d’hiver, peu frappants, et, précèdent ceux des adultes qui en seront issus (adultes de printemps), c’est-à-dire les jeunes cassides en instance d’émigration, aux ravages parfois désastreux, mais tardifs. En conclusion, l’étude réalisée dans la région du Gharb a permis de préciser avec certitude le cycle de l’insecte. Cette étape, extrêmement importante pour la conduite de la lutte, fixe le développement du ravageur à une génération. Nous avons beau multiplier les exemples, analyser parcelle par parcelle, date par date, les populations, dans chaque cas nous avons retrouvé le même constat qui symbolise l’unicité du cycle régional. Ce monovoltinisme est rendu possible par la longue diapause imaginale qui est sous contrôle de la photopériode et dont la levée est assurée par les basses températures. Quelques individus formés précocement peuvent engendrer un semblant de deuxième génération, mais celle-ci demeure d’un aboutissement incertain, de faible effectif, donc d’une conséquence négligeable sur la production. Les insectes en diapause, tout au moins ceux ayant constitué leurs réserves, c’est-à-dire ceux chez qui la dormance est bien installée,

quittent les champs de betterave avec les premiers arrachages, donnant ainsi le coup d’envoi à une lente émigration vers des sites de repli ou d’estivation, qui s’étend sur toute la période de récolte. L’idée qui consiste à admettre la proximité de la canne comme une origine absolue de ré-infestation de la betterave n’est pas erronée. L’équivoque réside dans le fait de ne pas s’enquérir du cadre dans lequel se fait l’infestation des parcelles éloignées des champs de canne. En s’appuyant sur le cycle établi, une certaine stratégie de lutte parait évidente. Dans l’hypothèse où les pullulations sont les plus dommageables, un maximum de 3 traitements bien positionnés subviennent aux besoins d’une protection convenable. L’hypothèse la plus favorable est 2 traitements, si toutefois les pullulations sont perçues suffisamment bien avant qu’elles aient commencé à faire des dégâts. Il va sans dire que le développement d’un réseau d’observations permanent est un moyen particulièrement adapté pour ceindre la propagation du ravageur et promouvoir la lutte raisonnée. C’est aussi un moyen de rationalité de la lutte, un rempart convaincant contre le gâchis et une garantie d’économie et de meilleure protection. Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Alerte ! l’Anthracnose due à Colletotrichum sp.

Une maladie fongique en extension dans nos oliveraies Dr. Achbani E.H., Benbouazza A. Hdidou A. - INRA de Méknès Achbani105@gmail.com

L’olivier constitue la principale espèce fruitière cultivée au Maroc. La faiblesse de la productivité de ce secteur majoritaire est le résultat de contraintes multiples notamment liées à la nature du matériel végétal utilisé, au mode d’exploitation qui est souvent traditionnel notamment dans les systèmes de culture extensifs (90% du patrimoine) et à une infrastructure de transformation insuffisamment modernisée. En effet, les oliviers au Maroc ne bénéficient en majorité d’aucun entretien, notamment dans les zones de montagne.

L

Figure 1. Observation de tache marron sur fruit atteint

es pratiques agricoles comme la fertilisation, la taille de fructification et le contrôle des mauvaises herbes sont utilisés dans quelques vergers d’olivier particulièrement au niveau des zones irriguées. La récolte mécanique utilisant les vibreurs et la lutte contre les maladies et les insectes sont rarement pratiqués sachant que l’olivier peut être attaqué par plusieurs ravageurs qui affectent aussi bien le rendement que la qualité des olives et de l’huile. Les principaux sont: la mouche de l’olivier, la teigne de l’olivier et la cochenille noire de l’olivier. Une panoplie de maladies affecte également cette culture et limite ses potentialités de production telles que le Cycloconium, la Verticiliose et la Tuberculose de l’olivier auxquelles s’ajoute une nouvelle maladie que nous avons repérée en décembre 2012, lors des prospections réalisées dans la région de Ouazzane sur quelques vergers avec des oliviers de la variété Picholine marocaine

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présentant des symptômes inhabituels sur des fruits aussi bien mûrs qu’immatures. Nous avons ainsi constaté des tâches de pourritures marrons à noires avec des allures de truffe au chocolat, de différentes tailles, touchant soit une partie très restreinte du fruit (Figure 1) soit la majorité de l’organe (Figure 2). Ces tâches de pourrissement conduisent à la momification partielle ou totale des olives et par la suite à leur chute (Figure 3). Certaines de ces olives altérées sont fripées, alors que d’autres semblent gorgées d’eau. La chute prématurée des fruits est également observée. Outre la pourriture du fruit, des jaunissements plus ou moins localisés sur feuilles et des petites altérations sur branches peuvent être également observés. Il s’agit d’une attaque fongique due au champignon phytopathogène appartenant à la grande espèce de Colletotrichum sp (= Gloeosporium olivarum ALM.), responsable de la maladie de l’Anthracnose de l’olivier.

Il s’agit de l’une des plus importantes mycoses foliaires de l’olivier et la principale maladie du fruit. Le symptôme le plus caractéristique de cette maladie comme constaté dans les vergers visités est la pourriture et la momification des olives. Ces organes attaqués constituent un réservoir important d’inoculum à partir desquels les conidies sont dispersées vers d’autres organes sains (Infection secondaire) via les éclaboussures de pluies et le vent, entre autres. Cette piste de dissémination de la maladie a été ressentie surtout en 2015 où la maladie s’est propagée dans plusieurs sites dans les régions de Taounate (Benimlid, Aïn Aicha,..), Moulay Driss Zarhoune- Meknès (Moussaoua) et Khenifra avec des incidences oscillant entre 4%, enregistrée dans le site de Khénifra, et 30% dans la région de Taounate. A Moulay Driss Zerhoune, l’incidence est d’environ 10%. La maladie a pu se propager au bout de 3 ans vers d’autres sites lointains. Ces momifications et ces pourritures sur olives impactent négativement

Figure 2. Tâches de pourrissement s’amplifient et englobent l’ensemble du fruit. Elles conduisent à la momification totale des olives.


la qualité de la production et surtout la qualité des huiles extraites. Ces dernières sont très acides avec une qualité organoleptique déplorable. Malheureusement, certains producteurs récoltent (à part dans la région de Moulay Driss Zerhoune) ces fruits infectés en prétendant qu’ils sont mûrs et bons à consommer immédiatement. Or, les huiles extraites à partir de ces fruits infectés par le champignon contiendraient malheureusement des toxines. L’incidence et la gravité de la mycose varient considérablement en fonction des conditions environnementales favorables (Pluies abondantes, fortes humidités et fortes rosées, des températures inférieures à 25°C), la sensibilité variétale, la virulence de la population de l’agent pathogène concerné et les blessures d’insectes. Les déséquilibres minéraux dans les plantes dus à un manque de fertilisation, à une fertilisation excessive notamment en azote, à des apports systématiques d’éléments minéraux sans analyses de sol et/ou foliaire, le non-travail du sol sous les arbres, favorisent probablement le transfert d’inoculum d’une année à l’autre par les olives chutées.

Dégâts à l’échelle mondiale

A noter que cette maladie fongique a été signalée au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Tunisie (en 2010), en Serbie, au Monténégro, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Brésil, en Argentine et en Uruguay. C’est une mycose qui est qualifiée de très dangereuse du fait des énormes dégâts qu’elle engendre sur la production oléicole. En Espagne par exemple, la perte globale pour l’industrie oléicole due à ce champignon est estimée annuellement à plus de 93,4 millions de dollars. En 2011, ces pertes ont été estimées à environ 53 millions d’euros dans la seule région italienne de « Puglia ». Au Portugal, elle est très fréquente et a causé des pertes allant jusqu’à 100%, en particulier au niveau de la variété sensible « Galega », une variété largement cultivée dans le pays. Dans la péninsule ibérique, des pertes importantes ont été signalées en automne 2006 chez des cultivars largement cultivés dans

Figure 3. Chute des fruits due à la momification des olives atteintes de cette mycose.

la péninsule comme l’Arbequine et la Picual, alors qu’ils étaient considérés auparavant comme modérément résistants. En Australie, la maladie affecte jusqu’à 80% des olives chez les cultivars sensibles tels que Barnea, Manzanillo, Kalamata et UC13A6.

Méthodes de lutte Lutte chimique Pour combattre cette maladie il faut se baser sur la lutte intégrée englobant des traitements chimiques, la sélection de cultivars résistants et la récolte hâtive. En effet, les fongicides à base de cuivre qui sont maintenant le principal moyen de contrôle de la maladie, ne sont pas efficaces dans la suppression de l’anthracnose dans les oliveries en cas d’une forte pression du pathogène. La gestion de cette mycose est également rendue plus difficile par la présence de différentes espèces de Colletotrichum acutatum (et C. gloeosporioides) et, récemment, une troisième espèce en Italie, C. clavatum, s’est ajoutée à ce complexe. Une ou deux de ces espèces peuvent sévir dans les vergers touchés par la maladie. Les fongicides à base de strobilurine peuvent être utilisés mais au vu des agriculteurs italiens, ils sont très coûteux. Ajoutons à cette cherté, le risque d’apparition de populations d’anthracnose résistantes comme il a été rapporté chez certaines cultures. Lutte préventive Des mesures prophylactiques doivent être prises en parallèle : - un contrôle efficace de la mouche

de l’olive semble primordial pour limiter le développement et la propagation de la maladie. Les points d’entrée et de sortie qu’elle provoque ont une incidence certaine sur le développement de cette maladie; - tailler régulièrement et suffisamment les arbres ; - raisonner l’irrigation et la fertilisation (modérer les apports en azote) ; - ramasser et incinérer les olives chutées sur le sol afin de diminuer le taux d’inoculum primaire. Au Maroc, l’olivier couvre aujourd’hui plus de 930.000 ha, soit environ 60% de l’ensemble de l’arboriculture nationale et 5% de la surface oléicole mondiale. Les incitations de l’état via le Plan Maroc Vert, et les efforts conjugués des différents acteurs ont amplement stimulé les plantations d’oliviers. L’ambition de l’Etat est de rendre ce secteur compétitif et porter la superficie cultivée en 2020 à 1,22 million ha pour atteindre une production de 2,5 million de tonnes contre 1,2 à 1,5 millions de tonnes actuellement qui est départagée entre la conserverie d’olive de table (25%), la trituration (65%) et l’autoconsommation et les déperditions dues aux dysfonctionnements des moyens de stockage ou de transport (10%). Un nombre de plant d’environ 266 millions annuellement est nécessaire pour accompagner cette politique. L’anthracnose est une maladie cryptogamique relativement courante, et qui atteint de nombreux végétaux, notamment des arbres, des arbustes et des plantes potagères. Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Adjuvants pour herbicides :

quel additif pour quelle situation ? Prof. Mohamed BOUHACHE Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat

L

es agriculteurs accordent une grande importance au choix de l’herbicide mais n’attachent pas forcement la même attention à l’adjuvant à utiliser. Pourtant, les adjuvants n’améliorent pas tous de la même façon les performances des traitements. Ainsi, le choix d’un adjuvant doit être basé essentiellement sur sa fonctionnalité, l’herbicide à utiliser, la flore cible, la culture et les conditions climatiques. En absence de toute indication, sur le prospectus de l’herbicide, concernant l’adjuvant à utiliser, les agriculteurs et même les agents de développement tâtonnent et trouvent des difficultés à choisir ou

à recommander l’adjuvant qu’il faut pour chaque situation. Action et rôle des adjuvants Dans le processus de l’application d’un herbicide, les adjuvants activateurs et/ ou utilitaires vont agir à trois différents niveaux : • Avant la pulvérisation, au moment de la préparation (c’est-à-dire dans la cuve). A ce niveau, les adjuvants ajoutés ont pour rôle l’amélioration de la qualité de la bouillie. Ainsi, tous les adjuvants qui permettent de maintenir les propriétés physico-chimiques d’une bouillie dans des plages optimales sont utilisables. De ce fait, on fait appel aux agents de compatibilité (ou homogénéisation), stabilisants, anti-mousses, acidifiants, correcteurs de la qualité d’eau etc. Le type de contrainte technique posée et/ou la recommandation du fabricant quant à l’utilisation de l’herbicide choisi imposent le type d’adjuvant à mettre dans la cuve. • Pendant la pulvérisation, entre la buse et la plante traitée. Les adjuvants utilisés visent à améliorer la qualité de pulvérisation. Cette phase est déterminante dans un traitement. Ce qui suppose d’abord que le matériel de traitement est bien adapté et calibré ou réglé. Par la suite, certains adjuvants peuvent être ajoutés pour permettre l’amélioration de la structure des jets de pulvérisation, la réduction du nombre de gouttelettes très fines, l’homogénéisation de la taille des gouttelettes et la réduction du risque

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d’évaporation des gouttelettes avant leur impact sur la surface traitée. Ainsi, les adjuvants antidérive et les huiles peuvent jouer ce rôle. • Après la pulvérisation, au niveau de la cible traité (au contact des plantes traitées). C’est une phase cruciale dans le processus de traitement. Ainsi, pour être efficace, un herbicide de contact ou systémique doit être au contact (le plus long possible) avec la surface des feuilles traitées et traverser (le plus rapidement possible) toutes les barrières imposées par la cuticule (couche couvrant les feuilles et les tiges). La levée de ces contraintes est possible en utilisant les adjuvants ayant pour fonction d’augmenter la rétention des gouttelettes et leur étalement (grande surface de contact), améliorer la pénétration des herbicides systémiques (augmenter la quantité de matière active absorbée par la plante et accélérer cette absorption), limiter le dessèchement trop rapide des gouttelettes et enfin rendre ces dernières résistantes au lessivage par l’eau de la pluie ou d’irrigation (cas de l’aspersion). Ces actions ou rôles sont les spécificités (par excellence) des mouillants (tensio-actifs ou surfactants), huiles et engrais azotés. En pratique, il y a des adjuvants qui sont utilisables à un, deux ou trois niveaux du processus de traitement. Ainsi, la connaissance du mode d’action d’un adjuvant est indispensable pour savoir à quelle phase de traitement l’adjuvant choisi sera utile pour lever les contraintes techniques posées ou


A

B

C Figure 1: Effet de la pilosité et l’angle de la feuille sur sa mouillabilité. A : feuille glabre et inclinée (glissement des gouttes), B : Forte pilosité (faible pénétration), C : faible pilosité (pénétration favorisée) (Guide culture 2012 -13, chambre d’agriculture de Niève, France)

corriger les conditions de traitement défavorables.

Toxicité des adjuvants Les définitions qui qualifient les adjuvants de produits dépourvus d’activité biologique ou produits inertes laissent croire à beaucoup d’utilisateurs de cette catégorie de produits chimiques, que les adjuvants ne sont pas phytotoxiques. C’est vrai que les effets secondaires négatifs de beaucoup d’adjuvants sont négligeables et/ou éphémères. Par contre d’autres ont des effets prononcés et persistants. Les mouillants peuvent avoir un effet stimulateur ou inhibiteur de la croissance et du processus métabolique des systèmes biologiques. Le type d’effet est déterminé par la nature de la plante traitée, la composition chimique, la concentration et la dose du mouillant utilisé. Les effets bénéfiques des mouillants recherchés sont obtenus à une concentration oscillant entre 0,01 et 0,1% (poids/volume). Par contre, l’effet toxique sur les plantes est observé lorsque le mouillant est utilisé à concentration supérieure à 0,1%. A une concentration inférieure à 0,001%, les mouillants non-ioniques manifestent un effet stimulateur. Plusieurs études ont démontré que les mouillants affectent la germination, la croissance et le métabolisme (changement des propriétés des membranes cellulaires et dénaturation des protéines) des plantes traitées. Les adjuvants appliqués directement au sol (traitement de prélevée) ou tombés sur le sol pourraient avoir des effets négatifs (ou néfastes) sur les microorganismes du sol (surtout bactéries et champignons).

La faune des milieux aquatiques (surtout les poissons) n’est pas épargnée par les adjuvants comme souligné par certaines études. Il parait que les doses /concentrations des adjuvants recommandées pour usage agricole sont négligeables pour causer une toxicité chez les humains et les mammifères. Ainsi, il est temps que notre réglementation prenne en considération le dossier toxicologique des adjuvants dans la procédure de leur homologation.

Adjuvants utilisables au Maroc Avec neuf mouillants et six huiles, les agriculteurs marocains disposent de 15 adjuvants homologués pour améliorer les performances des herbicides choisis. Le type, la composition, les propriétés et la dose de ces adjuvants ainsi que les sociétés distributrices sont consignés dans le tableau 2. Les mouillants non ioniques sont au nombre de 8 (53%) et dominent les adjuvants. Ils sont d’ailleurs très utilisés et compatibles avec beaucoup de pesticides. Ils ont pour fonctionnalité l’augmentation de la rétention et l’étalement des herbicides pulvérisés sur les plantes cibles. Trois d’entre eux (Heliosol, Liberate et Li-700) ont en plus d’autres fonctions telles que la pénétration, l’acidification et la limitation de la dérive. Spartan est le seul représentant des mouillants cationiques. Cette catégorie de mouillants est recommandée pour les bouillies à base du glyphosate. Les mouillants cationiques sont de bons bactéricides et anticorrosifs. Trois huiles d’origine végétale et trois autres d’origine minérale constituent la catégorie des huiles commercialisées au Maroc. Ces huiles

sont essentiellement utilisables pour favoriser l’étalement et la pénétration des herbicides. Elles sont utilisées dans le cas où les conditions de traitement sont difficiles (sécheresse, forte infestation) et elles sont recommandables pour les herbicides antigraminées de post-émergence. Il est à signaler que plusieurs adjuvants listés peuvent être aussi utilisables avec d’autres pesticides (insecticides et fongicides) et régulateurs de croissance. Bien que la législation marocaine ne reconnaisse pas les engrais azotés et l’acide sulfurique comme additifs ayant des fonctions d’amélioration de l’efficacité des herbicides, ces produits sont largement utilisés par les agriculteurs. L’acide sulfurique est utilisé comme adjuvant utilitaire acidifiant. Cependant, le sulfate d’ammonium est utilisé en tant que correcteur de la dureté de l’eau, acidifiant et humectant. Les nitrates d’ammonium et l’urée pourrait être aussi utilisés comme adjuvants humectant.

Critères de choix des adjuvants Nombre d’agriculteurs ne sont pas familiarisés avec les adjuvants. Ainsi, il est très fréquent de se trouver dans des situations ou les retombés de l’utilisation d’un ou plusieurs adjuvants sont négligeables ou presque absents. En cherchant les éventuelles causes de cette défiance technique, on s’aperçoit que le recours à l’adjuvant n’était pas du tout justifié ou le choix de son type n’était pas judicieux pour lever la contrainte technique observée. Effectivement, en absence de toute recommandation (du fabricant de l’herbicide) Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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Adjuvants pour herbicides sur le prospectus de l’herbicide choisi, les agriculteurs sont livrés à eux même et tâtonnent. Parfois, ils trouvent la solution simple et rapide en imitant leurs voisins en achetant le même adjuvant. A l’instar des herbicides, le choix des adjuvants doit être fait et/ou raisonné sur la base de certains facteurs ou critères pour sécuriser l’efficacité d’un traitement phytosanitaire. Parmi ces facteurs nous citons : • L’étiquette ou prospectus de l’herbicide : c’est la première base de sélection d’un adjuvant. Le fabricant inclue certains adjuvants (co-formulants) dans la formulation pour garantir la

sélectivité et l’efficacité de l’herbicide. Ainsi, l’agriculteur peut se passer des additifs. Parfois, le fabricant peut recommander (pour certaines conditions) l’ajout d’un adjuvant spécifique ou un type d’adjuvant (mais sans précision) pour sécuriser le traitement. • La flore adventice à contrôler : la nécessité d’ajout d’un adjuvant dépend de la mouillabilité des espèces et le port de feuilles (Figure 1). La mouillabilité des feuilles est déterminée par le degré de pilosité et le dépôt des cires épicuticulaires à la surface des feuilles. Le port de feuilles influe beaucoup sur la rétention des gouttelettes de bouil-

lie sur les feuilles. Ainsi, la rétention est faible chez les espèces à port dressé. En général, l’adjuvant n’a pas d’intérêt pour les dicotylédones (mouillables et ont un port étalé). Par contre, il est recommandé pour les graminées peu mouillables (pilosité) et ayant un port dressé. • Le stade des adventices : plus le stade d’une plante est avancé, plus la pénétration de l’herbicide pulvérisé est défavorisée à cause de l’épaississement de la cuticule et/ou de développement des cires épicuticulaires à la surface des feuilles (Figure 2). Les huiles sont

Tableau v2 : Les adjuvants homologués au Maroc (Index Phytosanitaire Maroc, 2015) Produits

Composition (concentration)

Propriétés

Type

Dose /ha

Société

Actirob B

Huile de colza estérifiée (842g/L)

Etalement, Pénétration

Huile

2,5 L

Bayer SA

Arado

Huile de colza estérifiée (636g/L)

Etalement, Pénétration

Huile

1,0 L

Promagri

Atplus 463

Huile minérale parafinique (540g/L)

Etalement, Pénétration

Huile

0,4 L/hl

Marbar Chimie

Codacide oil

Huile de colza (95%)

Etalement, Pénétration

Huile

1,0 L

Agrimatco

Golden Mirowet

Nonyl phénol polyglycol ether (525g/L)

Rétention, Etalement

Mouillant non ionique

100 à 120 cc/hl

Alfachimie

Heliosol

Alcools terpéniques (665 g/L)

Rétention, Etalement, Fixation, Pénétration Anti-dérive Acidifiant

Mouillant non ionique

200 cc/hl

Univers Horticole

Liberate

Lécithine de soja (488 g/L)

Rétention, Etalement, Pénétration, Anti-dérive, Acidifiant

Mouillant non ionique

1,0 L

Promagri

Li 700

Lécithine de soja (355 g/L)

Rétention, Etalement, Pénétration, Anti-dérive, Acidifiant

Mouillant non ionique

0,5 /Lhl

Kemagro

Oleo

Huile minérale parafinique (940 g/L)

Etalement, Pénétration

Huile

0,5 L/hl

SAOAS

Seppic 11E

Huile blanche de pétrole (489 g/L)

Etalement, Pénétration

Huile

0,5 L

Agrimatco

Silwet Gold

Polyalkyleneoxide heptamethytrisiloxane (800 g/L)

Rétention, Etalement Anti-dérive

Mouillant non ionique

15 cc/hl

CPCM

Spartan (= Bellagio)

Polyoxyéthylène d’amine grasse (500 g/L)

Rétention, Etalement

Mouillant cationique

100 cc/hl

SAOAS

Tenon

1-octyl-2-pyrrolidone (100 g/L)

Rétention, Etalement, Pénétration

Mouillant non ionique

50 cc/hl

Marbar Chimie

Transit

Lécithine de soja (355 g/L)

Rétention, Etalement, Pénétration, Anti-dérive, Acidifiant

Mouillant non ionique

0,5 L/hl

Arzak Seeds

Trend 90

Alcool isodecylique (900 g/L)

Rétention, Etalement

Mouillant non ionique

0,1 L/hl

Agrimatco

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très indiquées comme adjuvants pour dépasser ce problème. • L’herbicide utilisé : la composition chimique, la formulation et le mode d’action d’un herbicide sont déterminants quant au choix de l’adjuvant avec qui l’herbicide choisi sera combiné. Pour maximiser l’efficacité, certains herbicides nécessitent l’ajout d’adjuvants tandis que d’autres sont performants sans les doper avec ces additifs (Tableau 3). Les herbicides de contact ont besoin des adjuvants qui augmentent leur recouvrement et leur rétention. Tandis que certains adjuvants sont déconseillés pour une catégorie d’herbicides. C’est le cas des huiles pour les phytohormones comme 2,4D, MCPA, Dicamba etc. (perte de sélectivité). • Les conditions pédoclimatiques : sont prises en considération celles qui règnent au moment et après le traitement. Souvent, les adventices sont soumis à un stress hydrique ou traitées dans des conditions climatiques qui ne sont pas optimales (température, humidité relative de l’air, vent, etc.). Ainsi, l’utilisation d’un ou plusieurs adjuvants (huiles pour les plantes stressées, humectants pour une humidité faible et anti dérives dans les conditions ventées) s’impose pour lever la contrainte de traitement. • L’eau de bouillie : la connaissance de la qualité de l’eau de bouillie (pH, dureté, alcalinité et turbidité) est nécessaire pour faire des corrections qui s’imposent avant de mettre l’herbicide dans la cuve. L’engrais à base de sulfate d’ammonium (21%) est bien indiqué pour corriger et stabiliser la qualité de l’eau à utiliser. • Le prix de l’adjuvant : c’est un facteur à considérer, surtout si l’agriculteur a le choix entre plusieurs adjuvants ayant la même fonction ou entre adjuvants ayant plus de matière active ou de services pour le même prix. Souvent l’agriculteur est appelé à utiliser plusieurs adjuvants dans la même cuve pour résoudre plusieurs problèmes techniques qui pourraient

hypothéquer le résultat final de l’opération de désherbage. Dans ce cas, le choix des adjuvants à ajouter n’est pas suffisant, mais l’ordre d’introduction des adjuvants est aussi très important et même parfois déterminant. Comme règle générale, il faut toujours commencer par les adjuvants correcteurs de la qualité d’eau ou de compatibilité, suivis des mouillants et enfin des huiles.

Ce qu’il faut retenir Les adjuvants sont des additifs apportés par l’agriculteur pour améliorer les performances d’un herbicide ou réduire sa dose. Dans le processus d’application d’un herbicide, les adjuvants activateurs et/ou utilitaires vont agir à trois niveaux différents : dans la cuve, à la sortie de la buse et au contact avec la surface de la plante traitée. Les effets secondaires négatifs de beaucoup d’adjuvants sont négligeables

ou éphémères. Par contre, d’autres ont des effets apparents et persistants. Selon la dose utilisée, les mouillants peuvent avoir un effet stimulateur ou inhibiteur de la croissance et du processus métabolique des systèmes biologiques. En plus de l’acide sulfurique (acidifiant) et du sulfate d’ammonium, les agriculteurs marocains disposent de 15 adjuvants homologués pour herbicides et dont les mouillants constituent la grande majorité. En absence de toute recommandation du fabricant de l’herbicide, le choix de l’adjuvant à ajouter doit être fait sur la base de certains facteurs pour appliquer l’herbicide dans des conditions optimales et sécuriser l’efficacité de l’opération de désherbage chimique. Dans le cas ou l’agriculteur devrait ajouter plusieurs adjuvants dans la même cuve, l’ordre d’introduction des ces adjuvants est très important et même parfois déterminant.

Tableau 3 : Effet des adjuvants sur l’efficacité (%) du Pallas sur les graminées (Bouhache et Taleb, 2015)

Herbicide

Adjuvants

Adventices* Ray-grass Brome (peu (mouillable) mouillable)

Pallas (0,5 L/ha)

-

96

96

Pallas (0,5 L/ha)

Heliosol (1,0 L/ha)

97

96

Pallas (0,5 L/ha)

Li-700 (1,0 L/ha)

97

96

Pallas (0,5 L/ha)

Nitrate d’ammonium 33% (1 Kg/ha)

96

95

Pallas (0,5 L/ha)

Sulfate d’ammonium 21% (5 kg/ha)

97

95

*Traitées au stade 3 feuilles Agriculture du Maghreb N° 91 - Dec. 15 / Jan. 16

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