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Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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SOCIÉTÉ D’ÉDITION AGRICOLE Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 98 07 71 agriculturemaghreb@gmail.com
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Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID
Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID
Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI
Ont participé à ce numéro : Pr. BENAZOUN Abdeslam Pr. Bouzrari Benaissa Pr. Mohamed BOUHACHE Pr. Mohamed Taher SRAÏRI Dr. Keikichi Kana Dr. Tsukasa Nagaki Dr. Hirich Abdelaziz Rafik Sifeddine
Attachée de Direction Khadija EL ADLI
Directeur Artistique NASSIF Yassine
Imprimerie PIPO
Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.
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Edito
Les fruits rouges
Un avenir sous conditions
L
’histoire des fruits rouges au Maroc a commencé il y a environ un demi siècle avec des essais d’introduction de la fraise. Une opération production de plants fraisiers au Maroc a même été entreprise. Ainsi, dans le cadre d’un programme appelé ‘’Produits Nouveaux’’, l’OCE (office de commercialisation et d’exportation) avait lancé cette opération en vue de diversifier les exportations de fruits et légumes qui commençaient à s’essouffler et nécessitaient des réformes de fond aussi bien sur le plan des techniques de production que de conditionnement et de marchés. Ces tentatives n’ont pas eu le résultat escompté, mais ont permis d’identifier les freins et obstacles au développement de ces cultures. Plus tard, le secteur de la fraisiculture a connu un décollage assez rapide en profitant des conditions agroclimatiques de la région du Loukos-Gharb et sa proximité des marchés de destination, de l’engouement des producteurs de cette zone, de l’intervention d’opérateurs étrangers, essentiellement espagnols, des évolutions techniques (variétés, abris serres, irrigations localisée et fertigation, etc.) pour faire de cette production la filière dynamique et évolutive qu’on connait aujourd’hui. Ultérieurement, au cours des dernières années, la filière a continué à évoluer techniquement en s’adaptant aux nombreuses exigences de plus en plus complexes des consommateurs (calendrier, certifications, limitation des produits phytosanitaires, adaptation de l’itinéraire technique aux différentes variétés, etc.) et des industriels (frais et surgelé) … Par ailleurs, en plus de cette évolution s’est ajoutée la diversification. Ainsi, d’une part, celle-ci a concerné l’introduction de nouvelles espèces de fruits rouges comme les framboises, myrtilles, mûres, goji, etc. D’autre part, la diversification a concerné également les régions de production puisque de nombreux producteurs et sociétés se sont lancés dans ce créneau dans la région du Souss Massa où la rentabilités des primeurs n’était plus à la hauteur des attentes des opérateurs et vu que les fruits rouges ont recours aux mêmes infrastruc-
tures déjà existantes. De l’avis des observateurs, le secteur des fruits rouges évolue dans le bon sens, cependant, il est important que les producteurs soient bien structurés et veillent à établir un équilibre entre les superficies plantées en extension et le marché à l’export. Ils doivent en effet produire en fonction de la demande du marché à l’export et parallèlement, essayer de développer ce marché au fur et à mesure. C’est la stratégie de développement à long terme adoptée par les grandes firmes internationales. Ils doivent également travailler avec un bon matériel végétal (bon tonnage, calibre, bonne qualité gustative) qui répond aux exigences du client. Et preuve de sa maturité, le secteur s’est doté d’une interprofession l’IPBM qui a pour objectifs le développement et la promotion de la filière et la défense des intérêts professionnels communs de ses membres. Il s’est également doté d’un salon annuel professionnel entièrement consacré à la filière des fruits rouges. Cependant, cette production qui contribue à l’enrichissement technique de l’agriculture de pointe au Maroc, qui apporte de fortes opportunités d’emploi à une main d’œuvre de plus en plus expérimentée, améliore les entrées en devise, … risque d’être victime de son succès. En effet, l’augmentation continue des superficies et des offres destinées à l’exportation risque à terme de nuire à cette évolution qui a nécessité tant d’efforts pour se mettre en place. L’ensemble des intervenants dans la filière doivent en être conscients et agir en conséquence.
Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication
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SOMMAIRE
pplément
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Actualités
Pomme de terre Les principales maladies fongiques
L’histoire passionnante de la tomate
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DOSSIER FRUITS ROUGES Fraise, Les biotechnologies en appui à la recherche variétale 50 Choix variétal et exigences en constante évolution 53
Traitement d’hiver contre les formes hivernantes des ennemis des arbres fruitiers
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Pastèque Développement et diversification de la production 100 102
La framboise: Les modes de conduite 56 La myrtille du Souss, la culture en pots pour dépasser les contraintes 60 Fall Creek renforce sa présence au Maroc 68-69 Lutte integree en cultures de fruits rouges 72 Botrytis de la fraise, dépendance de la météo et lutte 76 Oxysol: une application bénéfique pour la plante et l’environnement 80
LES THRIPS de la tomate Chaine de valeur du quinoa au Maroc
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La jacinthe d’eau : une autre plante exotique envahissante 108
Les importations alimentaires, véritable miroir des faiblesses structurelles de l’agriculture marocaine 110
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Mildiou & Botrytis Principaux ennemis de la tomate en hiver
Essai et évaluation d’un épandeur centrifuge porté 114
Petites annonces
Nos annonceurs AGRIMATCO 79 CAM 116 AGRIMATCO 83 CASEM 66-67 AGRIMATCO 87 CMGP 2 AGRIMATCO 93 CORTEVA 57 AGRIMATCO 97 ELEPHANT VERT 48 AGRIMATCO 101 FALLCREEK 61 AGRIVIVOS 53 FLORAGARD 95 ALLTECH CS 70-71 FRUIT LOGISTICA 23 AMPP 91 GAUTIER SEMENCES 7 ATLANTICA GREEN SMILE 51 AGRICOLA 49 INFORMIA 22 BASF 77 IRRI-SYS 21 du Maghreb CALIMAROC 89 4 Agriculture IRRITEC 33 N° 123 - Novembre 2019
KEKKILA 58 KIMITEC 55 MAMDA 5 OXYGENIA 81 PINDSTRUP 63 PIONAGRI 99 PHYTO LOUKOS 55-59 PLASTIC PUGLIA 43 PROMAGRI 57 SAOAS 65 SMURFIT KAPPA 9 STAR EXPORT 29 STOLLER 59
TIMAC AGRO 17 TIMAC AGRO 31 UPL 85 YARA 47
ARABE
AGRIMATCO CMGP CAM MAMDA PIONAGRI www.agri-mag.com
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Actu Actu SALON
Fruit Attraction 2019
Un salon qui monte en flèche En 11 ans d’existence, le salon Fruit Attraction a connu une évolution fulgurante, passant de 350 entreprises exposantes (2 halls) à plus de 1770 cette année (58 pays), et plus de 89 390 visiteurs professionnels venus de 127 pays, soit une augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente. En effet, année après année, le salon s’est étendu et amélioré pour devenir un évènement incontournable pour toute la chaine espagnole et internationale des fruits et légumes. Fruit Attraction s’est tenu cette année du 22 au 24 octobre, et a enregistré des chiffres records d’exposants et de visiteurs, dépassant de loin les prévisions de ses organisateurs IFEMA et FEPEX (Fédération espagnole d’Associations de producteurs, exportateurs de fruits, de légumes, de fleurs et de plantes vivantes). En réponse à la forte demande, il a occupé 8 halls au sein du parc des expositions IFEMA, faisant de Madrid la capitale mondiale des fruits et légumes pendant trois jours. Ces chiffres consolident Fruit Attraction comme l’un des principaux événements mondiaux dans le secteur des fruits et légumes en raison de sa capacité à rassembler toute la chaîne d’approvisionnement. Le salon tire en partie son succès du fait qu’il soit organisé au cours d’un mois clé pour la planification des campagnes d’exporta-
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tion et les réunions d’affaires entre l’offre et la demande. Par ailleurs, l’Europe du Sud est devenue solidement établie comme un centre important et en expansion pour le commerce mondial des fruits et légumes et une porte d’entrée vers l’Europe pour les produits en provenance d’Afrique et d’Amérique latine.
Espace d’exposition
L’innovation, la diversité, la qualité, la connaissance et la commercialisation sont les principaux axes de cette édition, dans laquelle le segment des produits frais a encore une fois, enregistré la plus forte représentation avec 71,5% de l’offre des exposants. Le reste étant représenté par l’industrie auxiliaire qui a également enregistré une forte progression (semences, emballage, machines de calibrage, fertilisants, phytoprotection, lo-
gistique, stockage,…), offrant en un tour de halls, toute la palette de l’offre qui garantit au consommateur, en toutes saisons, un approvisionnement en fruits et légumes frais d’une qualité irréprochable. En outre, le secteur des fleurs et des plantes complète l’offre, avec Flower & Garden Attraction. En ce qui concerne les exposants, la participation espagnole a représenté 58% du total (1020 entreprises), avec la présence de toutes les communautés autonomes qui produisent des fruits et légumes. Pour sa part, la participation internationale (42%), a connu une augmentation tant en termes de surface d’exposition qu’en nombre d’entreprises, ce qui confirme de fait que Fruit Attraction est un événement commercial clé pour production, commercialisation et distribution mondiale de fruits et légumes. A l’importante par-
ticipation de pays de la communauté européenne tels que l’Italie, la France, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Pologne et la Grèce, s’ajoute la présence de pays du continent américain tels que l’Équateur, le Brésil, les États-Unis d›Amérique, le Mexique, le Pérou et l’Argentine, ainsi que des pays d’Afrique comme l’Égypte, le Kenya et le Maroc. Le pavillon de France bat un nouveau record de participation pour cette onzième édition de Fruit Attraction à Madrid, avec près de 200 professionnels français qui présentent leurs produits sur une surface de 2.000 m2. Il faut rappeler que la France est le 4e producteur de fruits et légumes de l’Union européenne avec 6,6 millions de tonnes par an. Elle est le pre� mier fournisseur de l›Espagne avec une moyenne de 324.000 tonnes exportées, et en même temps son premier client avec
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2,2 millions de tonnes de fruits et légumes espagnols importées, se plaçant ainsi juste derrière l’Allemagne. L’initiative «Pays importateur invité», a choisi cette année l’Inde et Singapour comme invités d’honneur. Grace à cette initiative, Fruit Attraction, en collaboration avec ICEX, encourage les relations commerciales entre les pays de l’Union européenne et ces deux marchés extra-communautaires, grâce à un programme complet de tables rondes, visites guidées du salon et sessions B2B.
Diversité, innovation
En plus de l’exposition globale, Fruit Attraction s’est attaché à promouvoir dans les différents halls, des secteurs spécifiques comme : - Ecorganic Market: dédié aux entreprises spécialisées dans les fruits et légumes biologiques, dont la demande augmente considérablement sur le marché international. Le nombre d’exposants dans cette zone est d’ailleurs plus important d’année en année. - Smart Agro : espace axé sur la mise en œuvre de nouvelles technologies et la connectivité, pour générer de nouveaux produits et services susceptibles d’améliorer la productivité agricole, la transformation, la distribution et
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le marketing dans le secteur des fruits et légumes. L’objectif étant d’obtenir une production plus efficace, avec des niveaux de qualité et de contrôle plus élevés et un impact environnemental plus faible., - Nuts Hub : espace consacré aux amandes, noix et autres fruits à coque, un secteur stratégique compte tenu de la valeur de la production espagnole et de sa haute qualité par rapport aux autres pays producteurs. - Flower & Garden pour les distributeurs professionnels de fleurs et de plantes vivantes. - The Innovation Hub et Foro Innova sont les zones dédiées à l’innovation et aux nouveautés des entreprises dans ce secteur. Il s’agit d’un espace qui met en lumière les derniers produits, variétés et marques lancés par les entreprises exposantes sur le marché des fruits et légumes. Ce sont ainsi des dizaines de produits innovants qui ont été exposés dans cet espace, passage obligé pour les visiteurs. - La section Factoria Chef, qui représente l’espace gastronomique au sein de Fruit Attraction avec des démonstrations attrayantes et show cooking. De même, différentes conférences, présentations et séminaires techniques sur les nouveaux développements et
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Actu SALON solutions innovantes pour le secteur des fruits et légumes, ont été organisés par les entreprises participantes.
Des visiteurs professionnels de tous horizons
Pour sa 11e édition, les organisateurs du salon ont investi plus de ressources pour drainer vers Madrid le plus grand nombre d’acheteurs, d’importateurs et de commerçants notamment de pays ayant enregistré, ces dernières années, de bonnes performances d’importations de fruits et légumes. Ces efforts se sont soldés par une hausse significative du nombre total de visiteurs qui s’est élevé à près de 90.000 professionnels (+10%). Les principales chaînes de 8
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marketing, de vente au détail et de supermarchés du monde entier étaient toutes à Fruit Attraction, à la recherche de produits conventionnels ou de nouveautés, et pour les deux les occasions ne manquaient pas. L’un des faits les plus remarquables de cette édition est l’augmentation significative du nombre de participants internationaux (+23%) venus de 127 pays. Les pays européens ont prédominé cette année encore (65% du total), confirmant ainsi ce salon comme un point de rencontre fondamental pour la commercialisation et la distribution européennes. La hausse la plus importante a été observée pour l’Amérique latine et les Caraïbes, avec 47 % de visiteurs supplémentaires, suivie par l’Amérique du
Nord (augmentation de 31 %), le Moyen-Orient (+21 %) et les pays non-membres de l’UE, avec 20 % supplémentaires. Beaucoup de professionnels marocains ont fait le déplacement, parmi eux des producteurs exportateurs, des distributeurs d’intrants, d’emballages ou de machines de conditionnement. Tous se sont réjouis de la présence pour la première fois d’un pavillon marocain, bien que petit, avec une dizaine d’exposants. Mais gageons qu’à partir de la prochaine édition ce pavillon prendra de l’importance compte tenu de l’intérêt du salon Fruit Attraction pour le commerce international de fruits et légumes et son positionnement favorable en début de campagne des exportations marocaines.
A noter que l’ensemble des visiteurs ont loué la qualité des contacts avec les grossistes, les détaillants, les producteurs de fruits et légumes ainsi qu’avec les professionnels de l’import-export. Par ailleurs, pour la plupart des professionnels ayant effectué le déplacement, le salon offrait la possibilité de prendre le pouls des tendances du marché et découvrir les nouveautés.
Programme de conférences
Un programme complet a hissé Fruit Attraction au rang de véritable centre de connaissances pour le secteur, avec des séances caractérisées par la grande diversité des contenus, ainsi que par le haut niveau des participants et des intervenants. Parmi les mowww.agri-mag.com
ments forts de cette édition : - le World Fresh Forum, en tant qu’espace de réseautage institutionnel pour profiter des opportunités offertes dans
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des pays comme la Chine, Singapour et l’Inde ; - le congrès Biofruit, où les participants ont discuté de l’avenir de la production bio-
logique et des marchés ; - la journée AWM (Agriwater Management), qui a analysé la gestion des ressources en eau en horticulture ;
- Technology Attraction : dont l’objectif est de mettre en valeur l’importance de la technologie pour accroître la compétitivité du secteur agricole,
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Actu Actu BIO
Première Conférence UE-Nord-Africaine sur l’agriculture biologique
Une importante conférence sur l’agriculture biologique a été organisée du 11 au 12 novembre à Marrakech, conjointement par l’INRA, L’ISOFAR (International Society of Organic Farming Research-Germany), l’UM6P, l’Université Cadi Ayyad et la FIMABIO (Fédération Interprofessionnelle MArocaine de la filière BIOlogique) sous le thème «Bridging the Gap, empowering Organic Africa». Cet événement qui a connu la participation de 9 conférenciers internationaux, 33 communications orales et 62 communications affichées était une opportunité stimulante de débattre et de partager avec les acteurs de l’Agriculture Biologique du monde entier.
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n plein essor, le marché des produits issus de l’agriculture biologique progresse à l’échelle
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mondiale et serait en passe d’atteindre les 100 milliards d’euros, contre environ 11 milliards en 1999. Cependant, malgré cette progres-
sion, il reste encore de taille très modeste si on le compare au marché alimentaire mondial estimé à 5 000 Milliards de $ en 2015. Et pour
cause, le marché du bio est essentiellement occidental. L’Europe et les États-Unis en sont les principaux consommateurs. Dans ce sens, la première Conférence UE-Nord-Africaine sur l’agriculture biologique avait pour objectif, entre autres, d’identifier les moyens de réduire l’écart actuel entre l’Afrique et l’Europe dans ce domaine. Des congressistes de renommée nationale et internationale étaient présents pour faire part de leurs travaux dans tous les secteurs du bio, des productions végétales aux productions animales en passant par la science du sol et le développement de chaînes de valeur, des débouchés et des lois régissant ce secteur. Différents intervenants ont souligné qu’en Afrique, les enjeux du développement de l’agriculture biologique ont un caractère spécifique en raison du besoin de sécuriser l’alimentation d’une population en pleine croissance démographique, mais aussi de la permanence d’une agriwww.agri-mag.com
Dr Khalid AZIM président de la conférence (Conference Chair)
culture d’autoconsommation très peu consommatrice d’intrants chimiques. Plutôt connu par le biais de produits certifiés et exportés vers les pays du Nord, le potentiel de l’agriculture biologique pour le développement du continent est encore peu éprouvé. L’agriculture biologique en Afrique bien qu’encore marginale, est de plus en plus présente sur les marchés locaux et d’exportation. Cette tendance offre la promesse d’un débouché économique dynamique. Mais jusqu’à récemment, les gouvernements africains et la plupart des programmes de développement s’y sont peu intéressés. De même, le potentiel de l’agriculture biologique pour le développement agricole et pour l’alimentation des populations locales, est peu reconnu. Pourtant les modes de production traditionnels sur ce continent en sont souvent très proches, notamment par leurs caractéristiques d’agriculture familiale, diversifiée, conduite sur de petites surfaces, peu mécaniwww.agri-mag.com
sée, sans recours aux intrants chimiques et valorisant les ressources locales. Les apports de l’agriculture biologique au processus de transition agro écologique amorcé sur ce continent sont indéniables. Elle améliore la résilience des systèmes agricoles et réduit les impacts négatifs sur l’environnement et sur la santé des producteurs et des consommateurs. Dans certaines conditions, ses techniques spécifiques peuvent même accroître la rentabilité agricole, même si les rendements sont en moyenne inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Forte utilisatrice de maind’œuvre, elle peut aussi être une source d’emploi et de stabilisation des jeunes dans les zones rurales. Par ailleurs, en Afrique, le développement de l’agriculture biologique certifiée est assez récent. De même, l’institutionnalisation de l’agriculture bio reste très fragile, malgré la structuration progressive en réseaux nationaux, régionaux et continentaux.
En effet, depuis quelques années, l’agriculture biologique s’institutionnalise avec la naissance de réseaux au niveau continental comme AfrONet (African Organic Network). Créé en 2014, il promeut l’agriculture biologique et écologique en Afrique à travers l’organisation d’événements comme la quatrième conférence africaine sur l’agriculture biologique (AOC) qui s’est tenue au Sénégal en novembre dernier. Le Maroc avait d’ailleurs pris part à cette conférence à travers l’INRA-Agadir et la FIMABIO. Cette participation a été couronnée par le vote en faveur du Maroc pour organiser la 5 Édition de l’AOC en 2021. Pour se préparer à l’AOC 2021 et à la candidature du Maroc à l’organisation de l’Organic World Congress 2023, une conférence au niveau régional s’avérait pertinente pour mettre en exergue les avancées du Maroc dans la filière biologique et aussi pour confirmer sa position de leader au niveau nord-africain.
Pendant deux jours, cet évènement organisé de main de mettre par Dr Khalid AZIM, président de la conférence (Conference Chair) et Pr Hafidi Mohamed coprésident de la conférence, a été l’occasion de : • débattre et imaginer les axes de développement du Bio en Afrique, • partager les initiatives, savoirs et savoir-faire, • présenter les recherches dans le secteur du Bio, • partager des expériences inspirantes et aborder les enjeux spécifiques des professionnels de toute la filière (production, transformation, distribution), • rappeler les fondements philosophiques du mouvement Bio et la transmission des connaissances.
Interventions scientifiques Devant l’impossibilité d’aborder en profondeur la totalité des thématiques qui ont fait l’objet d’interventions lors de cette conférence, nous nous contenterons d’en souligner Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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Actu Actu BIO
Mr Gerold Rahmann, Président de l’ISOFAR
Mr Jordan GAMA, Président de l’AfrONet
les points saillants. Mais nous reviendrons plus en détail sur une sélection de sujets dans nos prochaines éditions. Différentes sessions thématiques autour des solutions et pratiques soucieuses du respect des équilibres naturels et de l’environnement ont composé le programme de cette conférence, notamment : La protection des cultures : - Potentiel des bio-herbicides
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à base d’huiles essentielles, - Effet de l’eau ozonée sur les nématodes associés à la tomate, - Gestion des nématodes phytoparasites par les nématicides botaniques, - Efficacité d’Euphorbia guyoniana contre la mineuse de feuilles de tomate. La fertilisation et la gestion du sol: - Effet des amendements organiques sur la fertilité du sol
et la production de certaines cultures biologiques, - Le traitement magnétique du milieu de culture améliore la croissance et l’absorption de minéraux de la tomate, - Efficacité d’utilisation de l’azote dans la production de melons biologiques, - Utilisation de biofertilisants pour améliorer la tolérance du palmier dattier aux contraintes biotiques et abiotiques, - Augmentation de la croissance des plantes induite par l’inoculation bactérienne, - Utilisation potentielle de mi-
cro-organismes bénéfiques pour augmenter la productivité, - Valorisation du fumier de volaille par compostage, - Optimisation du compostage des feuilles de tomates par l’intégration de différentes matières premières, - à l’intérêt de la culture en bandes et du semis direct pour augmenter la durabilité des systèmes de légumes biologiques - Gestion du phosphore au niveau de l’exploitation biologique, - etc
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D’autres interventions avaient trait : - aux nouveaux règlements et normes sur les produits biologiques dans l’UE - au paysage de recherche sur l’agriculture biologique en Afrique du Nord - à l’agriculture intelligente et son application aux systèmes de production biologique - à l’intérêt du recours aux pollinisateurs alternatifs pour améliorer la productivité en agriculture biologique.
un temps précieux et d’éviter des erreurs qui peuvent être fatales pour le développement de ce secteur naissant.
Profiter de l’expérience des autres
Nul doute que l’agriculture biologique continuera à gagner du terrain dans l’année à venir, d’où l’impératif de développer une recherche spécifique à ce domaine. En effet, la réussite de la transition repose sur la mise en œuvre de techniques innovantes en vue de produire différemment pour assurer la sécurité alimentaire aux générations futures tout en respectant l’environnement. Dans ce sens, l’organisation de ce genre de rencontres dédiées qui rassemblent les
Cette conférence était également l’occasion de faire profiter les pays africains des expériences des autres contrées. Ainsi, des représentants de Tunisie, de Macédoine, de Turquie et des Etats-Unis ont donné un aperçu sur l’expérience de leur pays avec le bio, les étapes traversées, les entraves rencontrées et les leçons tirées. En effet, tirer des enseignements des expériences des autres permettra à l’Afrique de gagner
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Grace aux séances de questions-réponses qui les ont suivies, ces différentes sessions étaient l’occasion d’échanges « biologiquement fructueux » entre les chercheurs et les acteurs locaux du bio afin de faire progresser l’ensemble du secteur vers un plus haut niveau.
compétences scientifiques du monde pour fournir des solutions durables permet aux participants d’être au courant des avancées de la recherche en la matière. C’est
aussi un espace privilégié de discussions et de débats, qui offre des opportunités de collaboration et d’échange d’expériences entre chercheurs, producteurs et décideurs.
Recommandations de la conférence 1-Encourager la recherche agronomique en agriculture biologique en mettant en œuvre des centres de recherche et développement dédiés, et augmenter le budget alloué et les ressources humaines nécessaires en s’inspirant du modèle tunisien, 2-Améliorer la synergie entre les institutions de recherche et les professionnels de la filière biologique avec l’implication des étudiants doctorants et la formation continue des professionnels, 3-Mettre en exergue les solutions biologiques et s’ouvrir sur les nouvelles technologies mises au point en impliquant les industriels des biofertilisants, les fabricants des biopesticides et antagonistes et les développeurs des solutions en intelligence artificielle, 4-Inciter les actions de séquestration de carbone dans le sol à travers le développement du compostage, le zéro labour, les engrais verts, tout en prenant en considération les limitations des ressources hydriques, 5-Stimuler la commercialisation nationale des produits biologiques par la mise en place d’un plan de contrôle efficace et équitable en s’inspirant des modèles américain et turc présentés.
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Actu Actu SALON
Salon des céréales et légumineuses Entre accès aux nouvelles technologies et promotion des métiers et activités d’avenir
La deuxième édition du Salon International des Céréales et Légumineuses (ASICEL) s’est tenu entre le 31 octobre et le 3 novembre 2019 à Berrechid sous le thème: «La production des céréales et des légumineuses face aux défis du climat et du marché». Son organisation s’inscrit dans le cadre de la promotion et du développement des filières des céréales et légumineuses à l’échelle nationale, régionale et provinciale.
C
ette importante manifestation, organisée tous les deux ans par l’Association du Salon International des Céréales et Légumineuses (ASICEL), se veut un lieu d’échange entre les différents opérateurs impliqués dans les deux filières (institutions, entreprises, organisations professionnelles et agriculteurs) pour partager leurs expertises et savoir-faire. Le salon a également pour but de créer une dynamique économique dans la région et promouvoir les métiers et activités en relation avec les deux secteurs. Pour M. Mohamed Benchaïb, Président de l’ASICEL, « l’objectif de cette 2ème édition est de permettre aux petits et moyens
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agriculteurs, qui représentent plus de 90% du tissu agricole, d’accéder aux nouvelles techniques de production afin de s’adapter aux contraintes climatiques d’une part, et de s’organiser face à la concurrence étrangère d’autre part ». Cette année, le salon était étalé sur une superficie de 2 Ha, dont 12.000m² couverts répartis sur 4 pôles : pôle institutionnel, pôle des sociétés agricoles et valorisation, pôle machinisme et pôle des produits du terroir. Plus de 125 exposants ont présenté leurs gammes couvrant tous les intrants impliqués dans la production des céréales et des légumineuses, notamment : les semences, les engrais, les produits phytosanitaires, les machines agricoles, les équipe-
ments d’irrigation... auxquels s’ajoutent des institutions de financement et d’assurance. Selon les organisateurs, 83.980 visiteurs dont 25.000 professionnels ont fait le déplacement cette année, soit une nette progression par rapport à la précédente édition. Leur répartition par profiles montre qu’ils étaient surtout des agriculteurs, des cadres et dirigeants d’entreprises, des commerciaux, des représentants de sociétés de services et logistique… Ceci dénote de l’importance nationale portée aux filières céréales et légumineuses dont l’intérêt n’échappe à personne, compte tenu de leur poids socio-économique et de leur rôle dans la sécurité alimentaire et la stabilité de l’activité
agricole dans le milieu rural. Les visiteurs interrogés ont expliqué qu’ils viennent pour rencontrer, réunis à un même endroit, la majorité des prestataires qui peuvent les aider dans leur travail. La diversité des activités des entreprises présentes et des produits exposés leur a permis de s’informer, entre autres, sur les dernières techniques de semis, de fertilisation, de traitements phytosanitaires, de l’utilisation rationnelle des intrants et de la mécanisation des travaux. Un espace extérieur a été spécialement dédié aux agroéquipements. En effet, la mécanisation revêt une importance capitale en raison de son impact sur l’amélioration des techniques de production, la
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modernisation des exploitations et l’augmentation de la productivité dans l’ensemble des filières agricole. Nombreux étaient les visiteurs venus de régions éloignées du Maroc (Oriental, Tanger-Tetouan, Guelmim, Laâyoune, Souss-Massa, Tafilalet, …), l’autoroute facilitant les déplacements. Pour expliquer les raisons de ce déplacement lointain, l’un de ces visiteurs explique qu’il avait visité le salon de Berrechid il y a deux ans et voudrait voir les évolutions survenues depuis. Il estime qu’un salon professionnel spécialisé lui paraît plus intéressant et mérite largement le détour. Ceci d’autant plus que ce salon concerne spécifiquement les céréales, domaine qui l’intéresse plus particulièrement.
Berrechid, une préférence pleinement justifiée
Pour les organisateurs, le choix de Berrechid ne provient pas du hasard, étant donné que la province appartient à la zone Chaouia reconnue historiquement comme « le grenier du Maroc » au niveau des céréales, et jouissant non seulement des conditions climatiques favorables et de vastes terrains agricoles cultivables, mais aussi d’un bon niveau de technicité. La superficie agricole utile de Berrechid s’étale sur 251.900 Ha dont 161 246 Ha de superficie agricole utile, principalement occupée par les céréales (62%). La province contribue ainsi, à hauteur de 20% de la production régionale des céréales et 12% des légumineuses.
Les céréales et légumineuses au Maroc
La filière céréalière constitue l’une des principales filières de production agricole au Maroc, représentant 52% de la superficie agricole utile, avec une superficie de près de 4,9 Millions d’hectares, prédowww.agri-mag.com
minée essentiellement par le blé tendre (41%) et l’orge (39%). En outre, le secteur de la transformation et valorisation compte 164 unités avec une capacité d’écrasement de 10,5 Millions de tonne par an (2015) dont 87% dédiés au blé tendre. A signaler que le marocain consomme en moyenne 200 kg/habitant/an alors que la consommation moyenne mondiale est de 152 kg/habitant/an, sachant qu’une bonne partie des besoins en céréales est assurée par l’importation. La superficie moyenne des légumineuses sur les dix dernières années se situe autour de 367 000 Ha, soit environ 4% de la SAU avec une production moyenne de l’ordre de 2,7 millions de Qx, soit un rendement de 7,3 Qx/ha. Ainsi, après les céréales les légumineuses alimentaires occupent seconde place dans les assolements au Maroc. La Région de Casablanca est le deuxième producteur des légumineuses au niveau national, la sole des légumineuses est constituée à hauteur de 48% de fèves, 19% de pois chiche, 12% de lentilles et 11% de petits pois. En termes de consommation moyenne des légumineuses alimentaires les marocains consomment 7 kg/habitant/ an sachant que l’import assure une partie importante des besoins essentiellement de lentilles (50% des importations).
Contraintes du secteur
Les principales contraintes auxquelles fait face la filière des céréales et légumineuses peuvent être résumée principalement dans le faible niveau de technicité des petits et moyens agriculteurs qui constituent plus de 90% du nombre total des agriculteurs, le faible recours à l’assurance pour la couverture des risques liés aux aléas climatiques et le non respect d’un itinéraire technique adapté. En effet, le Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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Actu Actu SALON
Stand Promagri - Corteva
Stand Zine Céréales
Stand PIONAGRI
taux d’utilisation des moyens de production est encore en-deçà des besoins. Le recours aux semences sélectionnées ne dépasse pas 20% à l’échelle nationale, 10% pour le recours aux traitements herbicides et 2% pour le traitement fongique et parasitaire. Cette situation affecte la productivité même si les conditions climatiques sont favorables. Mais elle est également due au faible niveau d’esprit d’organisation et de coopération, aux défaillances des réseaux de commercialisation et au faible niveau de valorisation et de transformation, et aussi aux revenus limités liés à cette activité. Il faudrait donc généraliser les techniques culturales adéquates et en mieux recourir à d’autres comme la rotation culturale, le semis direct, l’irrigation d’appoint, etc. D’où l’importance d’un salon comme celui-ci et son rôle dans l’information et la vulgarisation des techniques.
Un riche programme de conférences
Stand New Tech Agricole
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Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
Parallèlement à l’exposition, une série de séminaires, tables rondes et ateliers techniques a été organisée par des professeurs-chercheurs et des experts du domaine. Les exposés thématiques ont porté sur les systèmes de la production, les changements climatiques, l’amélioration génétique, réutilisation des eaux, etc. M. Benchaïb en explique le contexte : ‘‘C’est aujourd’hui une réalité et les événements de ces dernières années l’ont confirmé, le Maroc se voit
confronté, comme le reste du monde, aux changements des conditions climatiques. Si cette évolution climatique s’impose à toutes les filières agricoles, la filière des céréales et légumineuses est particulièrement concernée. D’autre part, la production locale est lourdement pénalisée et reste incapable de faire face aux importations massives impactant négativement le revenu des agriculteurs’’. ‘‘C’est dans ce contexte, ajoute-t-il que cette situation a été au cœur des enjeux qui ont été débattus à l’occasion de la deuxième édition du salon national professionnel des céréales et légumineuses’’.
Produits de terroirs
Composante essentielle de l’agriculture nationale et régionale, les coopératives étaient présentes en force dans un espace dédié, pour faire connaitre des produits qui font partie intégrante de notre patrimoine, ainsi que leur façon de travailler : huile d’argan, amlou, miel, safran, fromage de chèvre, dattes ou encore des produits plus récents comme l’huile de figue de barbarie et les huiles essentielles. Cette présence contribue à valoriser et à promouvoir les produits du terroir marocain auprès des consommateurs.
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Actu Actu SALON
Algérie
SIPSA-FILAHA 2019 : Un challenge réussi Le 10 octobre le SIPSA-FILAHA a clôturé la19ème édition du Salon International de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Agroéquipement, carrefour d’affaires unique qui a réuni 450 exposants, dont 57% internationaux, originaires d’une trentaine de pays différents. Le SIPSA FILAHA s’affirme encore une fois comme le rendez-vous privilégié et incontournable des investisseurs, dans un secteur fortement encouragé par une politique nationale de « promotion des exportations hors hydrocarbures » et une volonté de relever le défi d’une sécurité alimentaire et sanitaire durable. Malgré un contexte économique difficile, le SIPSA FILAHA 2019, a drainé plus de 23 000 visiteurs, qui se sont déplacés pour concrétiser leurs projets agricoles, témoignant ainsi que l’agriculture demeure un secteur attractif pour les investissements.
Un éminent climat d’affaires orienté vers l’Afrique
Le SIPSA FILAHA 2019 s’est déroulé dans une conjoncture très favorable à la promotion du commerce intra-africain notamment suite au lancement de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), dont l’Algérie est signataire. Cette édition a coïncidé également avec la tenue de la conférence nationale sur les enjeux de la zone de libre échange (ZLECAF), ce qui a permis aux exposants de bénéficier d’un visitorat africain qualifié, leur offrant ainsi la possibilité d’explorer de nouvelles opportunités d’affaires et de promouvoir leurs produits sur les marchés
africains.
Catalyseur de projets novateurs
Pour la première fois, le SIPSA accueillait un espace entièrement dédié aux start-up agricoles baptisé « Le grenier des innovations » et qui a reçu un accueil des plus favorables. Il s’agit d’une initiative novatrice qui a pour objectif de promouvoir l’innovation au service d’une agriculture intelligente et durable au service d’une industrie agroalimentaire également innovante et performante. Le concours SIPSA Innov’ a révélé des talents et compétences avérés, issus de divers horizons (exposants du SIPSA-FILAHA, jeunes chercheurs, universitaires, professionnels, et managers de Start-up, agriculteurs …). Ainsi, 77 projets ont été présentés, 18 sélectionnés et 3 lauréats du trophée SIPSA INNOV’ et 3 lauréats du SIPSA Innov’ Hope Award ont été honorés. Cette nouvelle initiative conforte la position du SIPSA FILAHA comme
catalyseur de projets novateurs en agriculture.
Un riche programme de conférences
Les Forums & conférences tenus en marge du salon ont traité de diverses thématiques, la première journée a été dédiée au Forum Maghrébin Vétérinaire « FIV sous l’égide de l’UMA� VET » afin de relancer le mouvement associatif vétérinaire national et maghrébin, et d’échanger des recommandations sur la production et la santé animale au Maghreb. Au programme de la deuxième journée le forum AGROECO a réuni les acteurs impliqués dans l’agro-écologie, l’agriculture biologique, les produits du terroir, l’agritourisme et la valorisation de l’environnement et des espaces naturels en milieu urbain et périurbain afin d’interagir ensemble et anticiper sur les prospectives, les innovations et les transformations nécessaires pour assurer une sécurité alimentaire durable.
Il a été également souligné l’intérêt des savoir-faire locaux et ancestraux et la préservation de la biodiversité, comme « arme » sans pareil pour adapter l’agriculture et l’élevage au change�ment climatique. Sur un autre volet non moins important, il a été souligné la nécessité de promouvoir l’égalité des sexes dans l’emploi et l’entreprenariat notamment dans les secteurs agricoles et agroalimentaires dans le but de développer une croissance durable et inclusive et ainsi réaliser les engagements de l’Algérie en matière d’ODD. Quant au Forum SIAFIL EXPORT parrainé par le ministère du commerce, il a porté sur la valorisation des produits agricoles nationaux à l’export. Les communications et les interventions se sont focalisées principalement sur les opportunités et défis de l’Algérie par rapport à la ZLEFCAF dans le domaine de l’export des fruits et légumes et produits agroalimentaires. En outre, il a été en mis en évidence le rôle de la logistique et de la certification type GLOBAL GAP dans le développement de l’export. Le Forum AGRIFOOD INNOV a été organisé pour la première fois sous le thème « valorisation des produits agricoles dans l’agro-industrie et les enjeux de l’innovation en agroalimentaire ». L’importance de sa mise en œuvre dans les prochaines éditions du SIPSA-FILAHA à l’occasion de son 20e anniversairea fait l’unanimité auprès des participants. Rendez-vous en Octobre 2020, pour célébrer le 20eanniversaire du « SIPSA-FILAHA »
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Le salon en escale au Maroc Pour présenter en avant-première l’édition 2020 du Salon professionnel des Fruits et Légumes MACFRUT, une conférence de presse a été organisée le 12 novembre à Agadir par Cesena fiera et ICE–Agence Italienne pour le Commerce Extérieur, en collaboration avec le Crédit du Maroc. MACFRUT est un salon international consacré à la filière des fruits et légumes, qui se déroulera à Rimini du 5 au 7 mai 2020 en Italie. La grande variété de services et produits exposés à Macfrut et la richesse du calendrier des conférences, contribuent au succès de cette manifestation. Lors de sa précédente édition, le salon a accueilli 43.500 visiteurs dont 25% Internationaux qui ont pu découvrir l’offre de pas moins de 1.000 exposantsdont 20% d’étrangers, représentant des secteurs d’activité très variés : production et commercialisation de fruits et légumes - machines et technologies pour triage et le conditionnement - packaging et matériaux de conditionnement - logistique et services - machines et installations pour la culture de fruits et légumes - pépinières et semences - produits phytosanitaires et fertilisants Agenda de rencontres B2B Tous les exposants pourront organiser leur participation au salon en programmant des rencontres avec les acheteurs invités grâce à la plateforme B2B spécialement créée à cet effet. Les acheteurs et les opérateurs spécialisés, prowww.agri-mag.com
venant de plus de 50 pays, sont des professionnels du secteur avec un fort pouvoir décisionnel et une grande capacité de négociation. CONCOURS SUR LES TOMATES Pendant ce championnat du monde de la tomate, de nombreux acteurs - producteurs de tomates et entreprises du secteur des semences - présenteront les excellences de la production internationale. Un jury d’experts sélectionnera le lauréat, qui recevra son prix pendant Macfrut. Un espace spécial au sein du salon a été prévu pour l’exposition des variétés de tomates participant à la compétition. SYMPOSIUM INTERNATIONAL DE LA FRAISE Le Symposium international de la fraise revient en Italie après 32 ans. L’évènement organisé par la Société internationale pour la science horticole (ISHS) accueillera une série de colloques au Centre des congrès de Rimini du 2 au 5 mai 2020, avec une journée finale le 6 mai 2020 à l’intérieur des pavillons du salon Macfrut. ACQUA CAMPUS À MACFRUT Un projet réalisé en collaboration avec ANBI (Association
Nationale Consortiums de gestion et de protection du territoire et des eaux d’irrigation). A l’intérieur des pavillons, une zone dynamique sera entièrement consacrée aux innovations et aux technologies appliquées à l’irrigation, divisée en deux parties : une zone d’exposition et un champ démonstratif pour illustrer dans la pratique les technologies les plus avancées pour la gestion des ressources hydriques appliquées à l’horticulture. SOLUTIONS POUR LES CHAMPS Le salon accueillera un champ démonstratif où, lors des 3 jours de la manifestation, il sera possible d’observer en direct le fonctionnement des technologies mécaniques les plus modernes pour l’horticulture. En particulier, il sera possible d’approfondir les systèmes conçus pour améliorer la productivité, optimiser les coûts de production et réduire l’impact environnemental. TECHNOLOGIES POUR LES SERRES C’est une zone dédiée aux technologies modernes appliquées à l’horticulture sous
serre. Un espace interactif et dynamique visitable à l’intérieur des pavillons du salon pour étudier de près un secteur qui affiche une forte tendance à la hausse. Les avantages liés à une meilleure utilisation des ressources naturelles deviennent de plus en plus stratégiques, car les cultures sous serre permettent d’optimiser la consommation d’eau et de fertilisants chimiques, tout en réduisant l’impact environnemental grâce à une utilisation réduite de pesticides. COLLOQUE SUR LES FRUITS TROPICAUX Troisième édition consécutive d’un rendez-vous unique en Europe consacré aux fruits exotiques. L’évènement approfondit les tendances du marché, la consommation, l’évolution du commerce, les développements scientifiques, les stratégies de vente des produits exotiques - de plus en plus populaires au niveau global - à travers la participation d’experts, d’acheteurs importants et de producteurs internationaux. Pour plus d’informations : j.elbartal@ice.it www.macfrut.com Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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Actu Actu Export
Symposium ASCAM
Leviers de développement des exportations vers l’Afrique Dans le cadre de ses activités annuelles, l’Association des Stations de Conditionnement des Agrumes au Maroc (ASCAM), en collaboration avec l’Association Marocaine des Conditionneurs Maraîchers (AMCOM) et l’Association des Exportateurs d’Agrumes au Maroc (Citrus Export), et en partenariat avec Morocco Foodex et la Chambre de Commerce d’Agadir (CCIS), ont organisé le 2 Octobre dernier un Symposium sous le thème « Les Leviers de Développement des Exportations des Fruits et Légumes vers l’Afrique ». L’objectif était de débattre des préoccupations des producteurs et exportateurs de fruits et légumes et d’apporter des éléments de réponses aux questions posées lors des deux missions organisées récemment par la profession pour découvrir le marché africain. En effet, le marché subsaharien offre des opportunités indéniables pour les exportations marocaines. D’ailleurs, plusieurs entreprises marocaines ont déjà saisi cette opportunité pour accroitre leurs flux commerciaux vers ce continent, notamment pour les fruits et légumes frais. Cependant, si une grande partie des exportations se réalise dans des conditions respectant les normes en vigueur, l’autre partie est malheureusement pratiquée dans des mauvaises conditions conduisant à la dégradation de la qualité des produits livrés et avec elle l’image du label marocain. Par ailleurs, malgré que la profession ait adopté cette campagne plusieurs mesures qui ont permis d’augmenter le volume des exportations destinées au marché subsaharien, il reste un nombre important d’handicaps à résoudre, principalement : - le retard quasi permanent enregistré au niveau de la porte de Guergarate (encombrement des camions), Mme Abir Lemseffer, Directrice de Morocco foodex
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- le manque de procédures fiscales et de change, adaptées à ce marché, - le manque d’utilisation de l’expertise marocaine pour éviter les mauvais arrivages (80% de l’export est informel).
Nécessité d’une approche structurée et opérationnelle pour faciliter les transactions
Ce symposium était donc l’occa�sion de lancer une réflexion qui devrait amener l’ensemble des participants à améliorer leurs actions en vue d’un développement soutenu des exportations marocaines des fruits et légumes vers les pays africains. Le mot d’ouverture du symposium a été prononcé par M. Abdelfatah Baalla, Président de l’AMCOM qui a mis l’accent sur l’importance des marchés subsahariens. Il a aussi insisté sur la nécessité de l’accompagnement de la profession par les instances ministérielles afin de mettre en place une plate forme de réflexion et d’échange entre tous les intervenants à savoir le ministère des finances, via la douane, l’office des changes, le ministère du commerce, les professionnels et les exportateurs de fruit et légumes, pour arriver
M. Khalid Bounajma, Président de l’Ascam
à conclure des accords douaniers à même de faciliter les échanges commerciaux et couper court à l’informel. Ensuite la parole a été donnée à M. Ismail Aboulhokouk, Gouverneur de la province Inzegane Ait Melloul, qui a expliqué que le volume des échanges avec l’Afrique reste relativement faible et qu’il devient aujourd’hui fondamental de fonder une approche structurée et opérationnelle, notamment par le développement des infrastructures de transport connectant le pays avec l’Afrique subsaharienne et de renforcer le financement du commerce, et l’accès à l’information sur les opportunités d’investissement. Il a également insisté sur l’importance de promouvoir la normalisation des produits marocains et leur adaptation aux besoins du consommateur africain. Pour sa part, M. Kacem Bennani Smires, Président de Citrus Export, a insisté sur la problématique de l’informel qui cause du tort aux agrumes marocains à cause de la qualité déplorable des fruits livrés sur ces marchés. Il a également souligné le fait que malgré les efforts et la progression réalisée ces dernières années, les tonnages livrés restent relativement faibles, comparés à l’énorme potentiel d’absorption de ces M. Abdelfatah Baalla Président de l’AMCOM
pays. Il a appelé les stations de conditionnement des primeurs et des agrumes à prendre en main ce courant porteur vers l’Afrique et réussir la percée vers ce continent d’avenir. Mme Abir Lemseffer, Directrice de Morocco foodex, a également insisté sur l’aspect stratégique des marchés africains et l’importance de saisir les opportunités qui y sont offertes, en face desquelles il y a aussi plusieurs défis à relever. En effet, ces marchés qui comptent des millions de consommateurs, connaissent pour la plupart des taux de croissance à deux chiffres qui se tra�duisent par des pouvoirs d’achat de plus en plus intéressants.
Recommandations pour plus de rigueur et persévérance afin de relever le niveau des échanges
M. Khalid Bounajma, Président de l’Ascam, a présenté dans un premier temps les principales contraintes qui bloquent l’accès aux marchés d’Afrique Subsaharienne. Ensuite, il a exposé les recommandations relevées lors des deux missions de prospection, avec un plan d’action réalisable et réaliste. M. Bounajma a expliqué que les marchés subsahaM. Kacem Bennani Smires, Président de Citrus Export
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riens sont à la portée des professionnels marocains, cependant ils nécessitent une politique de rigueur et de persévérance pour lever les handicapes qui limitent le niveau d’échange qui reste en deçà des aspirations de nos exportateurs. Aussi, des visites d’évaluation et de prospection annuelles des ces marchés seront nécessaires pour mesurer le travail accompli et ajuster les stratégies. Pour un éclairage sur les outils et les moyens qui permettront de réussir la pénétration du marché subsaharien, un panel d’experts a animé cette rencontre. L’intervention de M. Lbiad Abdellah, Directeur Régional sud de Morocco Foodex était articulée autour de deux volets, la situation actuelle des exportations des fruits et légumes sur le marché de l’Afrique de l’ouest et les perspectives sur cette destination. En effet, les exportations vers l’Afrique de l’ouest constituent une part de 94% des exportations globales vers l’Afrique subsaharienne, la première destination étant le Sénégal, suivi par la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et le Mali. L’Afrique est également un marché potentiel pour les fruits et légumes transformés. L’intervention de M. Mounir Assime, Chef de département de Contrôle Technique à Morocco Foodex a rappelé le contexte réglementaire de la procédure du contrôle technique, avant d’enchainer sur les modalités d’inscription et de contrôle des exportateurs au niveau de la procédure de l’Afrique subsaharienne.
Qualité des produits et préoccupations des professionnels
Dans son exposé M. Francesc Jorba, Exwww.agri-mag.com
pert en système de froid, a insisté sur l’importance vitale de la chaine de froid dans tout le processus, de la ferme jusqu’au client final, pour préserver la qualité du produit à travers une température bien contrôlée. M. Razik Mohamed de l’Agence Marocaine de Développement et de la Logistique AMDL a exposé le projet de la zone logistique au Sud d’Ait Melloul et son état d’avancement. Ce projet structurant constitue un Levier de la compétitivité économique de la Région de Souss-Massa. M. Mehdi El Fakir, Expert-comptable et Analyste Economique, a présenté le sujet de la conformité fiscale douanière dans son contexte général avant de décliner les préoccupations actuelles des professionnels en trois points : - la conformité fiscale : il y a la problématique de la TVA qui nécessite une clarification du traitement fiscal en la matière, - la conformité douanière : il y a absence de mesures spécifiques d’où la nécessité d’un redimensionnement du traitement douanier, - la conformité à la réglementation de change : les opérations en devises sont soumises au référentiel de réglementation de change d’où l’obligation de justifier la source des rentrées en devises et d’être supportées par des opérations économiques. En organisant ce symposium, l’ASCAM a engagé une réflexion ayant pour finalité d’être une force de proposition pour les pouvoirs publics en vue de concevoir et de mettre en place des mesures novatrices en vue d’encourager l’activité exportatrice du secteur des fruits et légumes. Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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Salon FRUIT LOGISTICA 2020 :
Découvrez le monde des produits frais en un seul endroit ! Avec des exposants venant de plus de pays pour participer à FRUIT LOGISTICA 2020, le leader mondial de l’industrie des fruits et légumes frais revient avec un programme chargé et un aménagement de hall amélioré qui facilite la création de nouveaux contacts. Pour les visiteurs professionnels, il sera plus facile de s’orienter dans les halls du salon et de découvrir ce que l’industrie a de mieux à offrir, grâce à une nouvelle présentation qui regroupe des pays et des segments spécifiques.
L
e salon qui se tiendra à Berlin du 5 au 7 février 2020 présentera des entreprises de tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement de fruits et légumes: des producteurs et exportateurs aux importateurs, grossistes et détaillants ; des spécialistes de l’élevage et de la protection des cultures aux experts en technologie et en emballage ; des opérateurs de transport et de logistique aux agences de commercialisation et fournisseurs de certification. De plus, en présentant un nombre inégalé de nouveaux produits, services et idées, FRUIT LOGISTICA constitue également une excellente opportunité d’entreprendre un nouveau voyage commercial dans presque tous les coins du globe. Ailleurs, un superbe programme de conférences et de séminaires explorera les différentes tendances qui façonnent l’industrie des fruits et légumes frais
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d’aujourd’hui. Le salon de l’innovation multimédia Fruitnet World of Fresh Ideas démarrera le 4 février avec le lancement du dernier rapport FRUIT LOGISTICA Trend Report, qui présentera cette fois-ci un guide complet sur tous les aspects de la durabilité dans le secteur des produits frais et examinera comment l›industrie peut se rendre plus durable dans le futur. Pendant le salon en lui-même, le programme se poursuit au Tech Stage, au Logistics Hub, au Future Lab et au Fresh Produce Forum. La durabilité sera un thème central ici aussi, avec des intervenants expliquant comment l’industrie des fruits et légumes peut minimiser son utilisation des ressources naturelles, par exemple en réduisant les émissions de dioxyde de carbone, ou en trouvant des formes plus durables d’emballage qui utilisent des matériaux alternatifs et même organiques. Puis, le vendredi 7 février, un tout
nouvel espace Career Network accueillera des conférences spéciales sur le recrutement et le développement de carrière. La très populaire phase de démarrage de l’an dernier sera également de retour pour mettre en valeur les nouvelles entreprises les plus brillantes de l’industrie. Le salon Fruit Logistica entend ainsi confirmer son statut de première plateforme mondiale pour le commerce des fruits et des légumes avec, chaque année, un nombre croissant d’exposants et de visiteurs professionnels, plus d’innovations et une internationalisation accrue. Rappelons que lors de la précédente édition, plus de 78.000 visiteurs professionnels de haut niveau venus de 135 pays et 3200 exposants en provenance de 90 pays ont présenté un aperçu complet du marché du secteur des fruits et légumes frais. Innovations variétale, manutention,
emballage, conservation, distribution, gestion, logistique, solutions informatiques,… ce salon propose en un tour de halls toute la palette de l’offre qui garantit au consommateur, en toutes saisons et partout dans le monde, un approvisionnement en fruits et légumes frais d’une qualité irréprochable. Comme chaque année, les exposants n’ont pas lésiné sur les moyens pour attirer toujours plus de visiteurs. Les stands ont rivalisé de créativité et de convivialité avec de nouveaux concepts et des présentations attrayantes. Dans cet environnement propice, les exposants et les visiteurs ont profité des excellents contacts avec les producteurs de fruits et légumes, les grossistes et les détaillants, ainsi qu’avec les importateurs et exportateurs. La participation au salon Fruit Logistica revêt une importance capi-
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tale pour consolider les relations avec les clients traditionnels, mais également créer de nouveaux partenariats. « Fruit Logistica nous offre la possibilité de rencontrer pendant trois jours nos clients en provenance du monde entier et de faire des planifications pour toute l’année. Cela nous évite de faire de multiples et longs voyages pour aller à la rencontre de nos clients, et nous fait donc économiser du temps et de l’argent » explique un exposant. « Nous sommes ici également pour essayer de cerner les tendances actuelles de comportement du consommateur afin d’adapter les stratégies du commerce et bien sur, d’observer ce qui se passe chez la concurrence », explique un autre. Pour les professionnels marocains des filières fruits et légumes, le salon Fruit Logistica n’a pas besoin d’être présenté. Certains y participent comme exposants dans le pavillon marocain d’autres exposent comme indépendants dans différents halls et un grand
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nombre de producteurs et d’exportateurs y viennent à titre de visiteurs individuels. Le plus important pour tous est d’y être, sous une forme ou une autre. Le Maroc a participé avec un pavillon de plus de 1000 m² regroupant une quarantaine d’exposants. Etaient présents à cette édition, les groupes et exportateurs les plus représentatifs de la filière fruits et légumes frais ainsi que les associations professionnelles, coopératives, et fédérations qui les regroupent. Le pavillon marocain a permis d’exposer la richesse de l’offre exportable marocaine à travers l’exposition d’une palette diversifiée de fruits et légumes produits à travers le royaume : agrumes, tomate sous toutes ses formes, légumes divers, fruits rouges, melon, raisin, pommes, plantes aromatiques et médicinales, avocats, ... et dont la qualité et le respect des normes européennes et mondiales sont aujourd’hui bien connus. De par les nombreuses opportu-
nités qu’il offre aux professionnels de la filière, Fruit Logistica constitue une importante plateforme pour le développement des exportations des fruits et légumes marocains vers les marchés internationaux. Il permet de mettre en avant les spécificités des produits marocains, principalement en termes de qualité et de diversité. «Nous avons d’excellents produits avec une gamme diversifiée. L’objectif aujourd’hui est d’élargir le portefeuille marchés » explique un exportateur marocain. Il a également relevé la nécessité d’explorer les moyens de renforcer la présence des produits agricoles marocains sur le marché allemand. Ce marché figure parmi les plus grands importateurs de fruits et légumes au monde 5,3 millions de tonnes de fruits et 3,2 millions de tonnes de légumes ont été importés en 2018 avec 5,3 millions de tonnes de fruits et 3,2 millions de tonnes de légumes importés en 2018 (premier importateur mondial d’oranges et 2ème
de petits fruits). Il s’agira cependant de déployer davantage d’efforts en matière de présentation et d’emballage pour assurer plus de compétitivité aux produits marocains sur ce grand marché. En effet le potentiel de développement sur le marché allemand est important puisque, par exemple, sur les 850.000 t/an d’agrumes qu’elle importe, 2.000 t à peine proviennent du Maroc (0,23%). Par ailleurs, la participation marocaine au salon Fruit Logistica permet aux exportateurs marocains, en plus des opportunités commerciales qu’elle offre, de s’informer sur les nouvelles tendances du marché et les dernières technologies se rapportant au secteur des fruits et légumes (calibrage, conservation, logistique…). D’autant plus que les opportunités d’affaires ne manquent pas et que les opérateurs marocains disposent de tous les atouts nécessaires.
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Actu Actu SALON
GrootGroenPlus 2019
Le salon expert du monde du vert La ville de Zundert dans le sud des Pays-Bas a accueilli du 2 au 4 octobre, la 29e édition de GrootGroenPlus, l’exposition professionnelle internationale des pépinières ornementales et fruitières. Une visite à ce salon référence pour le secteur des pépinières en Europe est impérative pour tous les opérateurs du secteur y compris les autorités, institutions, sociétés de construction de logements, promoteurs immobiliers et aussi pour les aménageurs d’espaces verts, les pépiniéristes (fruitiers et ornementaux), les jardiniers, les architectes paysagers, etc. Cette année encore, le salon a été couvert par un grand nombre de journalistes nationaux et internationaux, dont un représentant d’Agriculture du Maghreb. Les pluies qui ont marqué les 3 jours du salon n’ont visiblement pas découragé les visiteurs puisque leur nombre a augmenté cette année par rapport à 2018. De même, la part des visiteurs internationaux a connu également une hausse, portant le nombre de pays présents à 36, y compris le Maroc (contre 33 pays en 2018). A noter que la plupart des visiteurs internationaux qui étaient auparavant présents le premier jour, ont été répartis cette année, sur les trois jours. Des sondages auprès des visiteurs ont montré qu’ils étaient très satisfaits de la configuration du salon organisé sous formes de road show (Itinéraires rouge, bleu et gris) traversant les chapiteaux d’exposition. Ils ont également
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apprécié l’ambiance conviviale, la richesse et la qualité des produits exposés ainsi que la qualité des contacts noués et qui devraient aboutir à des transactions commerciales. A noter que l’accès gratuit pour les visiteurs professionnels et les navettes gratuites et en nombre suffisant ont été éga�lement parmi les aspects les plus appréciés pour ce salon. Par ailleurs, la participation au salon GrootGroenPlus permet aux professionnels, en plus des opportunités commerciales qu’il offre, de s’informer sur les nouvelles tendances du marché et les dernières technologies se rapportant au secteur des pépinières. Il s’agit en effet d’une véritable plateforme de contact et d’échange de connais-
sances entre l’ensemble des maillons du secteur de la pépinière. Les exposants et visiteurs étaient originaires principalement des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne, d’Angleterre, de France, de Pologne, de Hongrie, du Danemark, d’Italie, d’Espagne, de Slovaquie, de Roumanie, de Croatie et de Russie. En outre, les organisateurs cherchent à élargir le visitorat à d’autres pays, notamment ceux d’Afrique du nord dont le Maroc. Ainsi, pour encourager les visiteurs, les organisateurs du salon proposent des formules tout compris très intéressantes englobant accès au salon, hôtel, repas, service navette, participation aux visites d’entreprises et de pépinières de la région, etc.
En effet, la région de Zundert est réputée pour abriter des centaines de pépinières ornementales ayant une longue tradition dans la production et l’élevage de 400 espèces végétales de grande qualité et leur commercialisation. Ces entreprises sont également connues pour leur esprit d’innovation. D’ailleurs les couleurs ont été annoncées dès l’ouverture du salon avec la remise des prix de l’innovation aux entreprises méritantes. Les produits primés en été mis en avant dans une allée centrale, passage obligé de tous les visiteurs du salon. Lors d’une visite à GrootGroenPlus, il n’est pas seulement question de découverte et de recherche, mais également de mise en réseau. Un salon comme celui-ci offre aux
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Visite interne du salon GGP au profit des médias internationaux
M. Khalid El Khaldi de la pépinière AGROSSAR en visite au salon GGP
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Actu Actu SALON professionnels du secteur vert, centres de jardinage, architectes, jardiniers, entrepreneurs en jardin et autres parties intéressées une plate-forme idéale pour se rencontrer, entretenir des relations et nouer de nouveaux liens.
Des exposants satisfaits Sur les 255 exposants présents cette année, 80% étaient des pé�pinières et 20% représentaient les activités connexes. Le salon offrait ainsi aux visiteurs une vaste plateforme de produits et de services. En effet, la gamme exposée était très large couvrant : forêts et ar� bustes, floriculture et conifères, arbres d’avenues, forêts et parcs, plantes visuellement attrayantes, rosiers et porte-greffes, fruits, divers intrants, machines, conseils techniques, formation, etc. La hauteur des chapiteaux du salon permet aux sociétés d’exposer des arbres de grande taille (parcs, avenues). Les visiteurs ont ainsi pu s’informer sur les dernières évolutions de cette filière dynamique. A noter que l’arboriculture fruitière était également bien représentée grâce à la présence de nombreuses pépinières offrant un bon assortiment d’arbres fruitiers à racines
nues, en mottes ou en pots, de nombreuses espèces : pommes, poires, cerises, prunes, abricots, amandes, pêches, nectarines, cerises, coings, nèfles et myrtilles. Les variétés exposées présentent de nombreux avantages notamment en termes de résistances aux ennemis des cultures, ce qui permet aux producteurs de réduire le recours aux traitements pesticides. L’enquête de satisfaction menée à la fin du salon a montré que les exposants étaient également très satisfaits de son déroulement, du nombre de visiteurs et de la qualité des contacts noués. En effet, leur présence à ce salon revêt une importance capitale pour consolider les relations avec les clients traditionnels, mais également créer de nouveaux partenariats. A noter en fin que l’un des points forts du salon GrootGroenPlus est que les organisateurs tiennent toujours compte des résultats des sondages et des remarques et suggestions des professionnels pour améliorer les éditions suivantes du salon.
créé au milieu de l’itinéraire gris. Il s’agit d’un jardin développé spé�cialement pour les malvoyants, où les autres sens comme l’ouïe, l’odorat et le goût deviennent une partie intégrante de l’expérience. Un jardin avec une configuration comme celle-ci a une valeur sociale et conduira à une plus grande conscience de l’importance des plantes.
Le jardin sensoriel Parmi les grandes nouveautés de cette édition le jardin sensoriel
La 29ème édition de GrootGroenPlus a été couverte par 26 représentants de la presse internationale,
La connexion Varb pour les participants GGP Depuis 2017, les exposants du salon GrootGroenPlus ont la possibilité de présenter gratuitement et pendant 6 mois de l’année, leur assortiment de produits via Varb sur le site Web de GGP. Varb rassemble la demande et l’offre de produits, ce qui offre un système efficace d’achat et de vente de produits. Cette coopération est un atout majeur pour le salon physique. Cela donne aux visiteurs un aperçu des produits que tous les participants ont à offrir.
Grande couverture médiatique
notamment la revue Agriculture du Maghreb. Cette année, trois visites de presse ont été organisées: deux visites internes et une visite externe. Les deux tours guidés organisés dans l’enceinte du salon, leur ont permis de visiter une sélection de stands représentant différents secteurs d’activité et différents pays exposants. Quant à la visite externe, elle a permis aux journalistes de visiter 4 pépinières représentant la diversi�té et la richesse de cette région du sud des Pays-Bas.
Aperçu 2020 Satisfaits du bilan de leur participation, de nombreux participants ont déjà exprimé leur volonté de s’inscrire à l’édition d’automne de 2020 qui se tiendra du 30 septembre au 2 octobre. Ils ont également demandé plus d’informations sur la troisième édition de la foire de printempsqui qui aura lieu les 22 et 23 janvier 2020.
Pour ceux qui souhaitent revoir ces principaux faits marquants de l’édition 2019, il est possible de retrouver plusieurs vidéos et des photos sur le site Web : https://grootgroenplus.nl/
Les produits primés lors du concours de l’innovation 2019
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Drones pour traitements phytosanitaires Une première pour l’agriculture marocaine Abdelmoumen Guennouni
Actuellement interdit au grand public marocain pour raisons sécuritaires, le drone (du mot anglais signifiant faux bourdon) est pourtant une technologie moderne aux usages multiples pouvant apporter des avantages importants aux professionnels dans plusieurs domaines dont l’agriculture. De gauche à droite : Sohaib Laalami, Oumaima Lbou (Ingénieurs aérospacial) Abbès Kalil (Ingénieur Dr, Chef de l’entreprise : Moroccan Industry Services et Ingeneering)
• Le drone peut voler à une hauteur (pouvant aller de 5 à 30 m) adaptée à la hauteur des cultures afin d’éviter le transfert des produits sur les champs voisins (dérive) et d’assurer la sécurité de l’environnement et des personnes (ouvriers, agriculteurs, …) • Coût des traitements : la société assure la prestation de service à des coûts équivalents ou inférieurs aux méthodes classiques
Un groupe d’ingénieurs du domaine aérospatial a lancé il y a quelques années, grâce à des moyens personnels, une société d’ingénierie et service industriel pour l’agriculture. Ayant réalisé le premier drone 100% marocain (conception, ingénierie, …) l’entreprise, spécialisée dans l’utilisation du drone pour la pulvérisation agricole, a exposé des prototypes fonctionnels au salon de Berrechid. Son stand a attiré une foule d’agriculteurs désireux d’en savoir plus sur ce nouvel outil capable de révolutionner la pratique des pulvérisations phytosanitaires sur leurs cultures. Pour M. Abbès Kalil, Chef de l’entreprise, ‘‘Notre objectif est de former des techniciens et ingénieurs aux métiers du futur au profit de l’agriculture de précision englobant l’intelligence artificielle, les systèmes embarqués, les nouveaux matériaux, l’ingénierie de systèmes complexes, etc.’’ Il est à signaler que le drone apporte à l’agriculteur un certains nombre de solutions à des contraintes qui se posaient dans 28
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le cas de traitements classiques : • Accès aux parcelles difficiles, inaccessibles en raison des conditions du terrain ou après des précipitations, • La rapidité d’exécution des travaux, puisqu’un seule appareil avec une équipe de 3 personne (un pilote et deux techniciens) peut traiter jusqu’à 60 hectares par jour quelles que soient les cultures, (soit environs 15 minutes à l’hectare), sachant que le travail est possible jour et nuit et que pour les grandes exploitations on peut faire appel à plusieurs appareils et équipes intervenant en même temps. Chaque appareil pèse 58 kgs (poids total en charge) et a une capacité de 25 litres de bouillie, • Les travaux peuvent être menés sans interruption grâce à la disponibilité de batteries de rechange et à la présence sur place de matériel pour les recharger, • Qualité du travail : • Uniformité du traitement suite au fonctionnement des hélices qui, en plus du vol, assurent la dispersion du produit distribué par les asperseurs avec des gouttelettes de 60 microns.
• En outre, la précision des interventions est due au système de programmation et de contrôle par GPS adaptable aux différentes cultures (en lignes préétablies par l’agriculteur ou en plein champ) permettant d’éviter le recouvrement et les ratés. • Cette précision est assurée également par l’utilisation de buses électrostatiques (charges électriques + ou -) qui permettent d’atteindre les organes à traiter sans perte de produit et de couvrir les faces supérieure et inférieure de chaque feuille, et de compenser la faible quantité de bouillie pulvérisée.
A ce jour des essais et démonstrations ont été menés efficacement dans toutes les régions du Maroc et sur toutes sortes de cultures, causant l’enthousiasme et la satisfaction des agriculteurs et techniciens devant les résultats obtenus. On peut citer entre autres, les opérations de désherbage sur grandes cultures, lutte contre la cératite sur agrumes, traitements fongicides sur olivier, traitements de riz, canne et betterave à sucre, tournesol, … Ces essais ont permis la certification du drone et de ses applications agricoles par l’INRA et bientôt par les autres organismes du secteur.
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Pomme, production pour le marché local exclusivement Au Maroc, la culture du pommier s’étend sur une superficie totale de l’ordre de 50 590 Ha, avec une dominance des deux régions, Draâ-Tafilalet et Fès-Meknès, occupant respectivement 39% et 28% de la superficie nationale. Les principales variétés selon l’importance en superficies sont : Golden Delicious, Stark Delicious, Starkrimson, Royal Gala et Golden Smoothe. La production nationale varie d’une année à l’autre. Lors de la campagne 2017-2018 elle a avoisiné les 700.000 tonnes. La quasi-totalité de cette production est commercialisée au niveau du marché local. La filière du pommier joue un rôle socio-économique important au Maroc notamment dans les zones de montagne où elle est considérée parmi les principales filières les plus adaptées aux conditions édapho-climatiques de ces régions. Elle constitue la principale source de revenu pour une large frange de petits et moyens agriculteurs et procure une activité agricole intense, contribuant ainsi à la fixation de la population en milieu rural et à la limitation de l’exode vers les centres urbains. Cette espèce fruitière contribue par ailleurs, à la préservation de l’environnement à travers la lutte contre l’érosion et la valorisation des terres agricoles marginales. La filière du pommier bénéficie également d’incitations financières dans le cadre du contrat programme relatif au développement des industries agroalimentaires signé entre le gouvernement et les opérateurs privés en Avril 2017 sur la période 2017-2021. Ces aides portent sur la valorisation et l’exportation des fruits et légumes.
Pomme de Midelt ». Pour rappel, Midelt a accueilli du 10 au 13 octobre 2019 le Salon National de la Pomme organisé cette année sous le thème « La logistique, la valorisation et la commercialisation de la pomme : levier pour la promotion de l’emploi des jeunes». L’organisation de ce salon traduit l’intérêt porté au développement de la filière du pommier. Il se veut une occasion pour encourager les arboriculteurs à développer l’esprit de marketing territorial de la pomme labellisée et à valoriser la culture des
rosacées fruitières et notamment le pommier.
La filière du pommier dans la Région Drâa-Tafilalet
Au niveau de la région Drâa-Tafilalet, le pommier vient en troisième rang parmi les espèces arboricoles cultivées après le palmier dattier et l’olivier. Il constitue la principale rosacée fruitière devant l’amandier, le pêcher, l’abricotier, le poirier et autres. Environ 60 % de la production nationale en pommes provient de la région Drâa Tafilalet et 90% de celle-ci est produite au niveau de la province de Midelt. Le pommier est un produit caractéristique de la province de Midelt où il est doté d’une notoriété distinctive qui le classe comme produit de terroir avec l’indication géographique protégée « www.agri-mag.com
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Actu Actu Recherche
Des chercheurs ont trouvé comment booster l’absorption de CO2 par les plantes ! Céline Deluzarche
Le stockage de carbone par les plantes fait partie des moyens les plus efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique. Récemment, des chercheurs de l’ETH-Zürich en Suisse ont calculé que planter 1.000 milliards d’arbres permettrait de réduire de 25 % le taux de carbone dans l’atmosphère. Pour augmenter encore ce potentiel, les scientifiques envisagent de modifier génétiquement les plantes, par exemple pour faire pousser les arbres plus vite ou améliorer le processus de photosynthèse (voir ci-dessous).
Des racines plus longues pour enfouir le carbone dans le sol
Des chercheurs du Salk Institute ont imaginé une nouvelle approche : développer le réseau racinaire des plantes. « L’idée n’est pas de stocker plus de carbone mais de le stocker dans des parties du sol où le carbone est plus stable », explique Wolfgang Busch, l’un des auteurs de l’étude parue dans le journal Cell. Lorsque les racines poussent, elles stockent le carbone sous forme de carbohydrates. Or, les micro-organismes présents dans le sol ont tendance à dégrader cette matière organique qui va alors être relâchée sous forme de CO2 dans l’atmosphère. Avec des racines plus profondes, le stockage est donc plus efficace qu’avec des racines horizontales juste sous la surface du sol. Les chercheurs se sont penchés sur le rôle de l’auxine, une hormone qui contrôle la croissance des plantes. Mais cette hormone affecte de nombreuses fonctions de la plante, et la difficulté a donc consisté à trouver un gène agissant spécifiquement sur la partie racinaire sans altérer d’autres fonctions. C’est finalement un gène nommé Exocyst70A3, codant pour une protéine régulant le transport d›auxine, qui a été retenu. En modifiant ce gène dans Arabidopsis thaliana, une plante modèle bien connue des scientifiques, ils sont ainsi parvenus à obtenir des racines 30
plus longues et s’enfonçant plus loin dans le sol.
Des plantes mieux adaptées au changement climatique
En outre, cette découverte ne va pas seulement augmenter le stockage du carbone, mais va aussi permettre d’enrichir les sols grâce à une meilleure aération, un peu comme l’action des vers de terre. Avec des racines plus longues, la plante sera également plus apte à puiser l’eau plus profondément et ainsi à mieux résister à la sécheresse. De façon inversée, un meilleur réseau racinaire aidera à lutter contre les inondations en améliorant la capacité d’absorption des sols. Ainsi, non seulement ces plantes modifiées aideraient à lutter contre le réchauffement climatique, mais elles seraient aussi mieux adaptées au stress environnemental. Et comme le
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gène Exocyst70A3 est présent dans la majorité des plantes, on pourrait utiliser cette technique sur les grandes cultures. « Le blé, le maïs, le soja, le riz, le coton et le colza couvrent à eux seuls 800 millions d’hectares dans le monde. Le potentiel de séquestration est donc énorme », rappelle Wolfgang Busch au site New Atlas.
Des graminées nutritives pour absorber 50 % des émissions de CO2 anthropiques
Cette recherche fait partie de l’initiative Harnessing Plants, développée par le Salk Institute et visant à optimiser la capacité de capture carbone des plantes. En novembre 2017, la généticienne Joanne Chory, qui travaille pour ce projet, s’était vu attribuer le prestigieux prix Breakthrough Prize 2018 dans la catégorie Sciences de la vie, remis par
les patrons de la Silicon Valley, dont le président d’Alphabet, Sergey Brin, ou le P-DG de Facebook, Mark Zuckerberg. La scientifique travaille sur la subérine, une substance cireuse qui compose la paroi des cellules végétales et protège la plante de la sécheresse et de la décomposition. Lorsque la plante meurt, elle relâche le carbone dans l’atmosphère. En renforçant l’action de la subérine, le carbone reste stocké plus longtemps dans le sol. Selon Joanne Chory, il serait possible d’absorber 50 % des émissions de CO2 anthropiques en recouvrant 5 % des surfaces cultivées dans le monde avec une plante ainsi «dopée» (idéalement une graminée nutritive riche en protéine comme le pois chiche). Reste à savoir si le consommateur, extrêmement méfiant vis-à-vis des OGM, sera prêt à goûter à cette nourriture écolo. www.agri-mag.com
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Actu Actu Recherche
Une puce pour surveiller l’irrigation des plantes
Une équipe de chercheurs de l’université américaine Cornell aux Etats Unis a développé un capteur d’humidité sous la forme d’une puce de silicium, qui est non seulement beaucoup plus petite mais aussi plus efficace et moins chère que les capteurs existants. Ce capteur inséré dans la plante doit permettre la mesure des besoins en eau des végétaux en conditions réelles et au plus près des organismes.
Le contrôle de l’irrigation
Trois questions se posent: comment irriguer, quand irriguer, et quelle dose prévoir ? Si la première question dépend principalement du matériel disponible, et donc d’investissements antérieurs aux propres opérations culturales, les deux dernières sont fonctions d’un nombre très important de facteurs au cours du cycle de culture, dont les conditions climatiques (température, luminosité, vents, etc.), le type de sol et sa capacité de rétention de l’eau, son humidité, le stade de la culture, etc. Une fois les données collectées, des calculs complexes sont nécessaires et font références à des modèles de cultures historiques dans des environnements spécifiques. Les principaux moyens de gestion de l’irrigation utilisés aujourd’hui reposent donc sur la mesure des conditions de l’environnement et l’estimation des besoins de culture à l’aide de modèles parfois éloignés des réalités du terrain. De plus, ces différents facteurs peuvent varier considérablement sur un court laps de temps ou au sein d’une même parcelle, et ces variations rendent la planification théorique de l’irrigation difficile. Les observations en parcelles peuvent également permettre de déclencher l’irrigation, mais tout signe de manque sur la plante est déjà considéré comme préjudiciable pour les rendements. Il est donc nécessaire d’anticiper. 32
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La difficulté des mesures au niveau des plantes
Mesurer les niveaux d’eau à l’intérieur même de la plante est un moyen plus précis pour évaluer les besoins hydriques, mais c’est jusqu’alors un processus couteux, manuel et gourmand en main-d’œuvre. L’agriculteur coupe une feuille, la place dans une chambre pressurisée et y augmente la pression jusqu’à ce que de l’eau en sorte. Cette méthode, bien que plus efficace, consomme temps et énergie, est destructive et ne peut être automatisée. Elle n’est de fait pas souvent utilisée. De plus, elle ne fournit qu’une image instantanée de la santé de la plante, qui ne permet pas de suivi continu. Pour pallier cela, de nouvelles mesures non destructives ont fait leur apparition pour mesurer la déshydratation des végétaux in situ : mesure micrométrique des variations de diamètre de tiges ou de fruits pour déterminer leur contraction, détection d’ultrasons ou de sons très ténus produits par les bulles d’air ou de vapeur qui se créent dans les canaux conducteurs de sèves, mesure de flux de sève dans les organes ligneux des arbres par voie thermique, mesure de la température foliaire, etc.
Une première solution sur mesure pour la vigne et le pommier
Ces mesures nécessitent toutefois du matériel de contrôle cou-
teux et ne peuvent être mises en œuvre à l’échelle de la parcelle. Partant de ce constat, une équipe de chercheurs américains a souhaité développer une méthode, simple, précise et efficace, qui mesure les besoins en eau des plantes en permanence. Pour ce faire, chaque plante devrait être équipée de son propre capteur d’eau - c’est ce qu’a créé l’équipe de recherche de Cornell University. Le capteur, une puce électronique, doit être inséré directement dans la plante. Pour concevoir la structure de la puce, l’équipe s’est inspirée de la physiologie végétale : les feuilles de la vigne et du pommier sont dotées de minuscules pores, qui sont remplis d’eau provenant des racines. Cette eau peut s’évaporer à travers les membranes des feuilles. La puce comporte également une cavité remplie d’eau et une membrane à travers laquelle l’eau peut s’évaporer. Le capteur, dont les chercheurs estiment le coût de production industrielle à environ 3,5 euros (40dh) la pièce, étant intégré dans la plante, les variations hydriques des tissus y sont répercutées : si la plante épuise ses réserves hydriques, l’eau que contient la puce diminue. Lorsque le niveau d’eau atteint un seuil d’alerte, la puce envoie un signal (par fil ou sans fil) à un enregistreur de données, pour y être stockées et interprétées à l’échelle de la parcelle. L’agriculteur est alors averti qu’il est temps d’arroser les plantes.
Après l’irrigation, lorsque les cultures disposent de suffisamment d’eau, la puce reconstitue son humidité. Le cycle peut alors recommencer. Ce suivi dynamique et en temps réel devra permettre d’ajuster au plus près les apports en eau dans les vignobles et les vergers équipés : il sera possible d’éviter tout stress hydrique, mais également tout apport d’eau en trop grande quantité. Certains cépages tendent à développer plus leurs feuillages en présence d’eau en quantité trop importante. Un léger stress hydrique est nécessaire pour favoriser le développement des grappes. Les scientifiques viennent de passer à la phase d’essai de grande envergure. L’avancée que constitue ce capteur est rendue possible grâce au type de plantes concernées : la présence de bois permet de placer la puce facilement sans impacter la plante. Reste à concevoir les micro-puces, capables d’être implantées - sans trop d’efforts et à moindre coût - dans les herbacées : pour ce qui est du maïs, du sorgho ou du tournesol, la taille des plantes permet raisonnablement de percevoir un aboutissement technique dans les années à venir. Rien n’est moins sûr, dans un futur proche, pour ce qui est du colza, du blé, de l’orge, etc, du fait de leurs tiges de quelques millimètres de diamètre. www.agri-mag.com
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Actu Actu Entreprise
Media Event 2019 BASF mise sur l’innovation Bien plus qu’une société de phytoprotection, BASF est aujourd’hui un acteur majeur qui développe des solutions intégrées combinant protection des plantes, solutions biologiques, traitements de semences, semences et outils numériques pour soutenir la réussite des agriculteurs dans le monde entier. Afin de présenter ses dernières innovations, mais surtout de confirmer son engagement pour une agriculture rentable et durable, BASF a convié du 9 au 11 octobre près de 70 journalistes de 27 pays à une conférence de presse dans son centre de recherche à Nunhem (Pays-bas). BASF a développé un important pipeline de solutions pour l’agriculture avec un chiffre d’affaires attendu de 6 milliards d’euros d’ici 2028. L’entreprise compte ainsi lancer plus de 30 nouveaux produits comprenant 8 substances actives ainsi que des semences haute performance de blé hybride, de soja, de colza, de coton et de légumes. Cela permettra de renforcer la position de leader de la société en matière d’agriculture innovante et durable. Le pipeline d’innovations de BASF présente des innovations
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majeures rendues possibles grâce à un investissement continu en recherche et développement, y compris au travers des entreprises acquises et de partenariats solides. En effet, le portefeuille d’innovations de BASF en matière agricole est soutenu par un accroissement du budget de Recherche et Développement (R&D) à près de 900 millions d’euros en 2019. A noter que les critères de développement durable sont fermement ancrés dans l’intégralité du processus de R&D, afin d’identifier et de développer davantage les innovations favorables pour les agri-
culteurs et l’environnement. Par ailleurs, les équipes d’experts de BASF, qu’elles se trouvent sur le terrain, dans les laboratoires ou les sites de production, font le lien entre l’innovation et l’action concrète afin d’élaborer de véritables idées qui fonctionnent dans le monde entier. Et l’un des points forts du géant allemand est de convertir rapidement les acquis de la recherche en succès commerciaux.
Une offre intégrée Après avoir réussi l’intégration structurelle des activités et des actifs achetés à Bayer en moins
d’une année, BASF se met, à présent, au service des agriculteurs avec un portefeuille intégré de solutions agricoles, qui couvre les semences, la génétique, la protection des cultures, la gestion des sols et les solutions numériques. BASF axe désormais ses activités autour de quatre grands segments de clientèle stratégiques et leurs systèmes de culture : - le soja, le maïs et le coton dans les Amériques ; - le blé, le colza et le tournesol en Amérique du Nord et en Europe ; - le riz en Asie ; - la vigne et les fruits et légumes dans le monde entier. Au total, ces cultures représentent près de 70 % du marché mondial. Par ailleurs, BASF a pour ambition de créer de nouvelles sources de revenus à partir de solutions numériques dans l’agriculture. En effet, grâce à son expertise de pointe dans le secteur agricole et à de solides partenariats, le groupe fournira des solutions numériques qui permettront aux agriculteurs d’ajouter de la valeur à leur utilisation des produits BASF, à la gestion de leurs exploitations, ainsi qu’à leurs modes d’accès et d’achat de produits ou de services.
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Le site de Nunhems aux Pays-Bas, 67 ha dont 5,5ha de serres
Une croissance guidée par l’innovation La stratégie agricole de BASF repose sur des innovations qui permettent aux agriculteurs du monde de nourrir une population croissante et de surmonter des défis tels que les surfaces arables limitées, la raréfaction des ressources naturelles, les risques de maladies et de nuisibles, le changement climatique, … À titre d’exemple : - BASF a développé des solutions innovantes pour les producteurs de soja, leur permettant d’obtenir une qualité et des rendements élevés, notamment la nouvelle variété de soja de BASF avec la plateforme de caractéristiques génétiques LibertyLink®GT27TM qui permet aux agriculteurs d’appliquer l’herbicide Liberty®, ou du glyphosate pour la lutte contre les mauvaises herbes en post-levée. Cette technologie innovante pour le soja sera proposée aux agriculteurs sous la marque de BASF Credenz®, ainsi que sous les marques des titulaires de licences. Le lancement est prévu pour 2020. - Le traitement nématicide/fongicide ILeVO®. Il s’agit du seul produit sur le marché aux ÉtatsUnis à offrir une protection efficace de la semence contre le syndrome de la mort subite et les nématodes. Il permet ainsi de produire des plantes plus saines en augmentant le potentiel de rendement. Une autre homologation est prévue au Brésil d’ici 2020. - BASF a développé l’herbicide Tirexor® spécialement conçu pour lutter contre les mauvaises herbes résistantes, notamment les principaux types de graminées et de dicotylédones. Sous réserve des autorisations réglementaires, les premiers lancements de produits à base de Tirexor sont prévus en 2020.
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- Afin d’étoffer davantage sa gamme insecticides, BASF a co-développé Broflanilide avec la société Mitsui Chemicals Agro, Inc. Il s’agit d’un insecticide polyvalent qui agit selon un nouveau mode d’action pour lutter contre les insectes broyeurs. Les premières mises sur le marché sont prévues pour 2020. - BASF propose un pipeline d’innovations tout aussi variées et prometteuses pour l’ensemble du cycle de production pour d’autres cultures importantes comme le canola, le blé, le riz, ainsi que les fruits et légumes. Les entreprises acquises récemment ont considérablement élargi le champ de la plateforme d’innovation de la société, permettant ainsi à BASF de proposer des solutions plus complètes encore pour les cultures et d’offrir aux agriculteurs un véritable choix. - BASF mise également sur sa recherche, notamment celle sur le blé hybride qui devrait bouleverser le paysage technologique pour le blé dans les prochaines années. Les premières variétés seront lancées entre 2023 et 2025 en Europe. Plus performantes et plus résilientes, ces variétés promettent d’atteindre des niveaux importants de rendement pour les agriculteurs et de la régularité dans la performance.
Vincent Gros, President Agricultural Solutions BASF SE
Livio Tedeschi Senior Vice President EMEA & CIS Agricultural Solutions BASF SE
Rendements plus élevés, de façon durable La gestion de la résistance constitue l’une des plus grandes difficultés auxquelles se trouvent confrontés tous les agriculteurs. Avec son dernier fongicide Revysol®, BASF leur fournira un outil essentiel pour la gestion des phénomènes de résistance observés dans de nombreuses cultures importantes comme les céréales, le soja, le maïs mais également les fruits et les
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Actu Actu Entreprise
Des produits comme xarvioTM Field Manager ou xarvioTM Scouting, permettant aux producteurs d’utiliser les données pour améliorer la prise de décision.
Dirk Hartmann, Directeur de la Division protection des cultures BASF pour la région Afrique et Moyen Orient
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légumes. Le nouveau principe actif offre aux producteurs d’excellentes performances biologiques pour ces cultures, ainsi qu’une souplesse d’application leur permettant d’optimiser leur exploitation agricole. Après avoir reçu les premières homologations en Colombie et en Corée, BASF prépare d’autres mises sur le marché. Les premières mises sur le marché de produits à base de Revysol pour les céréales sont prévues en 2019/2020 en Europe. BASF prévoit également d’introduire un nouveau produit de traitement des semences à base de Revysol, qui sera commercialisé sous la marque Relenya™. Ce produit protégera les semences des céréales contre les champignons pathogènes lors des premières étapes du développement de la plante.
une affectation des ressources plus efficaces et durables. Par exemple, l’un des modèles élaborés identifie, en fonction des conditions météorologiques et environnementales, la bonne fenêtre d’application des herbicides BASF. En effet, les conditions météorologiques, la température du sol, la vitesse du vent... sont autant de facteurs qui peuvent influencer les performances des produits de protection des cultures. De plus, l’assistance numérique permet d’affiner la protection phytosanitaire notamment grâce à des micropulvérisations intelligentes qui optimisent les traitements et réduisent, justement, les résidus. En effet, des cartographies très détaillées des parcelles permettent de limiter les interventions aux zones qui en ont besoin.
Le numérique pour une meilleure prise de décision
Améliorer l’utilisation des produits phytopharmaceutiques
Aujourd’hui, les agriculteurs évoluent dans un contexte économique et sociétal difficile. Ils sont amenés à analyser de plus en plus de données et se trouvent face à une complexité accrue pour prendre les bonnes décisions pour leurs cultures. BASF leur propose désormais des solutions numériques associant les données météorologiques, de développement des cultures et des nuisibles, qui peuvent rapidement traduire les données locales en conseils pour une conduite des cultures plus efficace. Elle les aide ainsi à tirer profit de la quantité croissante de données (big data) générées dans l’agriculture et son environnement. Les solutions digitales pour l’agriculture xarvioTM assistent les producteurs avec des produits comme xarvioTM Field Manager ou xarvioTM Scouting, en leur permettant d’utiliser ces données pour améliorer la prise de décision, garantissant ainsi une utilisation des intrants et
ADAMA, BASF, Corteva Agriscience, Nufarm et Syngenta unissent leurs forces dans le but d’améliorer encore davantage l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en formulation liquide en Europe, grâce à la promotion d’un système de transfert clos (Closed Transfer System - CTS) pour le chargement des pulvérisateurs. Chacune des sociétés partenaires teste actuellement le système CTS easyconnect dans plusieurs pays européens, pour garantir le plus haut niveau de protection des agriculteurs et de l’environnement. Le système easyconnect s’appuie sur la complémentarité de deux innovations : un bouchon spécifique (prémonté sur les bidons) et un système de transfert, le tout formant le système CTS. D’ici 2021/2022, une large gamme d’emballages phytopharmaceutiques (norme industrielle IS 63) sera équipée de ce bouchon, spécifique et normalisé, et sera prowww.agri-mag.com
posée aux agriculteurs. Un système CTS tel qu’easyconnect permet de transférer directement les produits phytopharmaceutiques liquides de leur contenant d’origine à la cuve du pulvérisateur. Cela diminue de manière très significative l’exposition des agriculteurs opérateurs aux produits phytopharmaceutiques lors de la phase du remplissage, ainsi que les risques environnementaux associés aux éclaboussures ou déversements accidentels. Le système de rinçage intégré présente par ailleurs d’autres avantages, en facilitant le nettoyage et le rinçage des emballages phytosanitaires Développé par BASF en collabo-
Développé par BASF en collaboration avec des équipementiers, le système easyconnect a été largement testé par les agriculteurs depuis 2015
ration avec des équipementiers, le système easyconnect a été largement testé par les agriculteurs depuis 2015, en France, au Royaume-Uni, au Danemark et
en Allemagne. Grâce aux retours d’expérience des agriculteurs, le système a été sans cesse amélioré, à la fois en termes de facilité de manipulation et
de vitesse de vidange, ce qui rend le remplissage plus rapide qu›avec une introduction via le bac d’incorporation aujourd’hui fréquemment utilisé.
L’Afrique au centre de l’attention de BASF La matinée du vendredi 11 octobre a été consacrée à la présentation des activités de BASF en Afrique. L’occasion pour M. Dirk Hartmann, Directeur de la Division protection des cultures BASF pour la région Afrique et Moyen Orient, de souligner l’importance de ce continent stratégique où 25% seulement des terres arables sont actuellement exploitées et où la population connait un taux de croissance galopant. M. Hartmann a également présenté la stratégie de croissance
future de BASF pour l’Afrique, basée sur une adaptation des solutions aux besoins locaux des différents profils d’agriculteurs (agriculture vivrière, marché local, export), une proposition de solutions innovantes et intégrées qui vont au-delà des solutions conventionnelles de protection des cultures, ainsi qu’un développement de partenariats durables avec les différents acteurs du secteur agricole. Dans ce sens, BASF prévoit d’introduire dans les quelques
années à venir, plusieurs solutions fongicides, herbicides et insecticides, auxquelles s’ajoutent des semences performantes, des technologies de précision de même que des offres connectées. Le calendrier d’introduction varie selon les pays, mais en général le Maroc fait partie des pays qui vont bénéficier en premier de produits comme le fongicide Revysol®, de nouveaux insecticides, des semences de colza, des phéromones pour la confusion sexuelle...
Ensuite, les représentants des principales sous-régions de BASF en Afrique, notamment Nord, Est et Sud, se sont relayés pour présenter leurs zones respectives, les principales cultures qui y sont pratiquées, les défis rencontrés ainsi que les actions qui ont été menées par BASF pour être au plus près des clients, comprendre leurs besoins et leur offrir les solutions adaptées. Un exemple de ces actions, est la caravane des céréaliers au Maroc et la clinique agricole mobile en Algérie, organisées en collaboration avec des partenaires locaux du privé et du public. Ces actions ont permis de toucher et de former des milliers de petits producteurs à travers les régions agricoles des deux pays. A souligner également, les possibilités immenses offertes par la généralisation de l’utilisation des smartphones et l’extension continue des zones couvertes par le réseau internet. Ces deux atouts permettront de toucher encore plus de personnes, mêmes dans les zones les plus reculées.
Présentation des activités de BASF en Afrique
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Actu Actu Entreprise
Alltech Crop Science
Des produits innovants satisfaisant producteurs et consommateurs Fidèle à sa coutume annuelle, la société Alltech Cropscience a convié une trentaine de professionnels internationaux à sa tournée agricole Iberia Tour organisée du 20 au 25 octobre. Commençant à Faro dans le sud du Portugal et se terminant au salon Fruit Attraction à Madrid, cette visite a permis aux invités de découvrir une large palette de cultures et de techniques à travers plusieurs escales. Invité par Alltech Maroc, un groupe de professionnels marocains principalement des gérants d’exploitations agricoles, a également pris part à cette aventure.
C
e voyage a été une excellente opportunité pour l’échange d’expériences entre les professionnels de 8 nationalités différentes et pour développer le savoir technique en production agricole. L’occasion de découvrir également comment les solutions innovantes naturelles d’Alltech Crop Science permettent à beaucoup de producteur à travers le monde de faire face aux défis agronomiques auxquels ils sont confrontés au quotidien. Cette année, la tournée a commencé par la visite de l’exploitation Esconderijo Do Sol, spécialisée dans la production de framboise depuis 2015. Grace au recours à des variétés performantes et à l’utilisation des nouvelles
techniques de conduite, le producteur a pu atteindre un rendement de 28 tonnes/ha/ an. Cependant, depuis qu’il a découvert la gamme Alltech, il a réussi à améliorer sa production de 5 tonnes supplémentaires par hectare. La visite a continué vers la région de Tavira, à 20 km de la frontière espagnole, où le groupe a visité une exploitation qui produit des framboises, des avocats et des agrumes. La production des 10 ha de framboise conduits en hors sol sous serre, est exportée vers des marchés connus pour leurs exigences strictes comme l’Angleterre, l’Allemagne, la Suède et l’Autriche. C’est pour cette raison que l’entreprise a choisi d’opter pour une production zéro résidu. Dans ce sens elle a trouvé une aide précieuse
dans les produits Alltech qui maintiennent la culture performante et en bonne santé. L’entreprise atteint une production de 32 tonnes/ha sur deux cycles. Lors de la visite du verger d’avocatiers, les professionnels ont pu constater qu’à trois ans seulement les arbres donnent l’impression d’être plus âgés et fournissent déja une production de 10-12 tonnes/ha, grâce notamment à l’usage de nouvelles variétés, d’un nouveau porte-greffe tolérant au calcaire, à la chaleur, et à des bons produits de fertilisation. La production est exportée principalement vers l’Espagne. L’étape suivante a été l’entreprise Frutas Esther à Lepe, dans le sud ouest de l’Espagne. L’entreprise qui réalise un chiffre d’affaire annuel
de 80 millions d’euros, se spécialise dans la production des fruits rouges dans la région de Huelva, capitale de la production des baies en Espagne, en plus des fruits à noyaux et de raisin à Murcia. A perte de vue, des centaines de serres tunnels produisent des fraises et des framboises en hors sol, ainsi que des myrtilles sur sol et en hors sol. Pendant tout le processus de production, Frutas Esther fait confiance à la gamme Alltech, notamment Soil Set aid, ProCrop ISR, ProCrop Shield et Complex Aid. En plus d’assurer une production satisfaisante en rendement et en qualité, ces produits améliorent l’état sanitaire des cultures ce qui implique un moindre recours aux traitements phytosanitaires, même pour des
Le groupe de professionnels marocains en visite de l’exploitation Esconderijo Do Sol, en compagnie de M. Piquet (A droite).
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cultures aussi fragiles que les fruits rouges. Lors de la deuxième journée, Alltech a programmé une visite à Citricos Covadonga (Huelva), une entreprise qui a une longue tradition dans la production et la commercialisation d’agrumes. Elle exploite près de 1000 ha dans cette localité, dont 700 sont en production (30 variétés). Ses autres vergers sont situés à Valencia et Tarragona. Sur le site visité, le sol est très caillouteux, peu profond avec un mauvais drainage de l’eau. Pour faire face à cette entrave, l’entreprise à opté, d’une part, pour un nouveau porte greffe résistant à l’excès d’eau, et d’autre part, pour l’utilisation des solutions conseillées par Alltech pour contourner ce genre de stress, notamment : Complex-Aid, Solplex Algae, Solplex Mix+, Solplex Humisol et SolPlex K. La troisième journée a été consacrée à la visite dune exploitation de la région Santa Cruz (Cordoue) spécialisée dans la production d’olives en super intensif. L’oliveraie est gérée moyennant les techniques les plus avancées. Des essais variétaux, d’irrigation, nutrition, taille, orientation des rangs, … sont menés en permanence pour affiner la conduite technique. Il est donc tout à fait normal qu’une entreprise avec un tel niveau d’efficacité se tourne vers des partenaires fiables, et c’est pour cette raison qu’elle a choisi de s’allier à Alltech pour une production intensive (rendement, teneur en huile), mais dans le respect le plus total de l’environnement. Lors des différentes étapes du voyage, l’occasion a été donnée aux professionnels de discuter longuement avec les gérants des exploitations ainsi qu’avec les experts d’Alltech qui les ont www.agri-mag.com
accompagnés durant toutes les étapes. Les professionnels marocains ont ainsi pu constater qu’ils partagent les mêmes cultures pratiquées et font face aux mêmes entraves d’ordre agronomique que leurs confrères portugais et espagnols, et qui ont un effet négatif sur la croissance des cultures et la qualité de leurs productions : - changement climatique, - rareté des ressources hydriques, - Longue période de production sans repos du sol - Réalisation de 2-3 cycles par an ce qui conduit à un épuisement du sol qui s’accentue avec le haut niveau de salinité et l’usage des pesticides, - absence de rotation, - main d’œuvre… A ces obstacles agronomiques, s’ajoute l’évolution continue des exigences des consommateurs et des chaines de distribution qui exigent des fruits et légumes d’une qualité irréprochable, avec moins de résidus de pesticides, voire zéro pesticide. Face à ces défis, les producteurs espagnols et portugais ont dû s’adapter en améliorant leurs systèmes de production et leurs méthodes de travail. Ils se sont tournés vers les nouvelles techniques et les innovations en privilégiant les solutions naturelles plutôt que les engrais et les pesticides conventionnels. Dans ce sens, Alltech Crop Science propose une gamme très complète de produits dérivés de la fermentation des levures, fabriqués dans des usines à la pointe du progrès et qui aident les producteurs à résoudre les difficultés qu’ils rencontrent le long du cycle de production. En effet, ayant mené des recherches sur 70 cultures dans une trentaine de pays, Alltech CS est en mesure de profiter des expériences mondiales pour
Verger d’avocatiers de 3 ans
Frutas Esther
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Actu Actu Entreprise
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fournir des solutions locales adaptées aux contraintes des producteurs. Ces solutions sont le résultat d’investissements importants et de structures de Recherche-Développement très sophistiquées.
35 ans d’avancées technologiques
Partant du constat que les besoins des cultures évoluent constamment au cours du cycle de production, Alltech a conçu quatre catégories de solutions à base de levures qui corrigent les lacunes de l’agriculture intensive, en se focalisant sur plusieurs leviers :
1- Un sol en bonne santé
Ainsi, la gamme Alltech pour la santé du sol englobe des activateurs, des inoculants bactériens et des fertilisants qui favorisent un fort développement racinaire des plantes. En effet, ils incitent le développement d’une microflore bénéfique qui œuvre à la décomposition des résidus de matières organiques des cultures. Ils augmentent ainsi la disponibilité des nutriments et améliorent le développement racinaire, ce qui se traduit par une amélioration des rendements. De plus, l’activation de la microflore du sol permet d’accroître la vigueur de la plante tout en réduisant les agents pathogènes telluriques.
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2- Performance
La gamme Performance d’Alltech qui comprend des accélérateurs de croissance combinés à des fertilisants, a été créée pour favoriser le développement des plantes et augmenter leur potentiel de production. Elle permet de rationaliser le métabolisme naturel des plantes et de leur fournir de façon ciblée les oligo-éléments nécessaires. Les cultures sont ainsi plus résistantes aux stress environnementaux et climatiques de tous genres. Ceci se traduit par une bonne santé de la culture avec une amélioration notable du rendement, du calibre, de la couleur et du taux de sucre. A noter que ces solutions permettent d’obtenir des résultats rapides et peuvent facilement s’intégrer dans les programmes classiques de pulvérisations foliaires.
3 - Nutrition
Dans son programme de nutrition, Alltech utilise la complexité naturelle inhérente aux acides aminés pour fournir une source équilibrée de nutriments essentiels sous une forme biodisponible unique. Son approche spécifique capitalise sur la technologie de chélation des minéraux et permet de combler le fossé entre le potentiel et la performance des cultures, et ainsi permettre de meilleurs rendements sans compro-
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mettre l’environnement. L’absorption rapide à travers les feuilles, combinée avec une application ciblée, permet aux végétaux de bénéficier rapidement des nutriments essentiels. Des tensioactifs naturels agissent sur la tension en surface sur la feuille pour lui permettre d’absorber les minéraux de façon plus efficace.
4 - Protection
Avec beaucoup de produits chimiques tombés en disgrâce, les produits naturels gagnent du terrain rapidement. En effet, les méthodes de contrôle biologique associées à des stratégies de nutrition précises deviennent maintenant une partie intégrante des programmes de traitement des cultures. Renforçant les défenses des plantes grâce à une meilleure nutrition, les programmes de Protection Alltech sont conçus pour diminuer l’utilisation des fongicides chimiques, grâce à l’intégration de biofongicides et de suppléments nutritionnels. Ces différents produits offrent également l’avantage d’être parfaitement appropriés pour une utilisation en agriculture biologique.
Alltech au Maroc
La société Alltech est présente depuis longtemps au Maroc dans le secteur
de la santé et de la nutrition animale (parmi le top 10 des entreprises mondiales de ce secteur). Depuis quelques années et après des essais hautement concluant sur plusieurs cultures végétales stratégiques et chez de nombreux producteurs des principales régions agricoles du royaume, la société a mis plusieurs de ses solutions à la disposition des producteurs marocains afin de les aider à relever les défis auxquels ils font face actuellement : changement climatique, stress hydrique et salin, fatigue des sols... Parmi les produits phares d’Alltech Cropscience au Maroc on peut citer : SOIL-SET AID Ce produit stimule la microflore du sol, améliore la disponibilité minérale pour la nutrition de la culture et contribue à un bon développement racinaire et une meilleure croissance. SOIL-SET AID est le fruit de recherches intensives sur des métabolites bactériens spécifiques et sur les composés enzymatiques naturels améliorant le développement et la croissance des plantes. PROCROP- SHIELD Appartenant à la gamme protection, ce produit est formulé pour un effet immédiat et une réponse rapide face aux www.agri-mag.com
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situations de stress. Il comprend des produits formulés pour soutenir nutritionnellement les défenses naturelles des plantes y compris des fertilisants, des activateurs et des inoculants microbiens. Il s’intègre facilement à tout programme chimique de traitements fongicides foliaires traditionnels. PROCROP- ISR Cette solution biorationnelle pour les cultures fait également partie de la gamme de protection d’Alltech. Elle améliore la santé des plantes et leur permet de se défendre efficacement et naturellement, et d’être plus résistantes aux maladies. I MPRO- SET Ce produit développé spécialement pour les fruits et légumes, fournit à la plante des éléments qui optimisent la photosynthèse et le fonctionnement métabolique, ce qui a pour conséquences : • Réduction de l’impact négatif des situations de stress, d’où une croissance saine de la plante • Uniformité des cultures et de la taille des fruits • Augmentation du rendement commercialisable • Amélioration de la coloration, du taux de sucres, de la fermeté, de la richesse en antioxydants et même de la conservation après récolte. www.agri-mag.com
Citricos Covadonga
IMPRO- GRAIN IMPRO-GRAIN a été spécialement développé pour la production de céréales. - Il optimise l’absorption des nutriments indispensables à la photosynthèse et au métabolisme des plantes. - Améliore l’uniformité des cultures. - Réduit les effets liés à des situations de stress et stimule une croissance saine des plantes. - Améliore le remplissage, augmente le poids des grains et par conséquent le rendement. - Améliore la valeur nutritionnelle et la qualité générale des grains. Aujourd’hui, ces produits font partie intégrante des programmes de fertilisation des plus grands domaines agricoles à travers le pays.
Oliveraie en super intensif El Valenciano Farm
Oliveraie en super intensif El Valenciano Farm
Et pour clôturer en beauté cette tournée alliant l’utile à l’agréable, le dernier jour a été consacré à la visite du salon Fruit Attraction à Madrid, qui devient une référence mondiale en matière de commerce des fruits et légumes. Pour plus d’informations sur cette gamme, vous pouvez contacter la société Alltech Maroc : Tél : 0522-470-425 Site web : www.alltech.com/morocco
Sur le stand Alltech au salon Fruit Attraction
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Actu Entreprise
Kimitec Group Solutions Naturellement Productives pour les fruits rouges. Kimitec Group, groupe de biotechnologie qui croit en une façon différente de produire des aliments, offre des solutions naturelles et innovatrices de la même efficacité que les solutions de synthèse chimique, recommandées pour les fruits rouges par ses deux entreprises : Kimitec Agro, spécialisée dans la nutrition spécifique, et Agrocode, destinée aux biopesticides et aux produits pour la nutrition des cultures par le biais de probiotiques et de prébiotiques. Parmi les produits recommandés pour la culture des fruits rouges suivant leurs différentes phases phénologiques, nous trouvons : des biostimulants tels que Bombardier, Bombardier Sugar,
Rhyzo FL, Seanergy, Batallón, Fruka et Rhinö High tech ; des correcteurs de carence tels que Caos XT, Katon XT, Cupra GL et Tundamix EDTA; desprobiotiques du sol tels que Mycogel, Nitrocode AZ+, Phosbac PS et des prébiotiques du sol comme Prebiota Max. De plus, Agrocode et son équipe de recherche et développement, en collaboration avec le Conseil Supérieurde Recherches Scientifiques espagnol, ont mis au point la Technologie de Priming, grâce à laquelle ils proposent différentes solutions pour augmenter la capacité de la plante à surmonter les conditions dans lesquelles les agents de stress peuvent altérer son activité nor-
male. Ces produits sont : Cooper Pro, Inductor Prime, T90 Prime, Priming Fol et Inmunext. D’autre part, pour le groupe multinational espagnol de biotechnologies, l’inauguration de son nouveau centre de recherche, le MAAVi Innovation Center, plus grand centre de biopesticides, de prébiotiques et de probiotiques en Europe, coïncidera avec l’organisation de son
congrès annuel 4Heatlh Summit, les 20, 21 et 22 Novembre à Almeria. Plus d’informations sur les produits mentionnés et sa conférence annuelle sur ses différents sites Web : www.kimitecgroup.com www.kimitecagro.com www.agrocode.com
PROMAGRI-CORTEVA, 40 ans de partenariat PROMAGRI et CORTEVA (société issue de la fusion de Dow, Dupont et Pioneer) ont célébré leurs 40 ans de partenariat pendant l’édition 2019 du salon inter-
national professionnel des céréales et légumineuses de Berrechid. L’union entre PROMAGRI et CORTEVA a débuté en 1979, les deux sociétés offrent
des solutions innovantes et durables répondants aux problèmes phytosanitaires et aux nouveaux défis de l’agriculture marocaine. PROMAGRI et CORTEVA
œuvrent aujourd’hui sur un marché exigeant et évolutif en accompagnant les agriculteurs marocains dans leur programme de production.
Salon des céréales de Berrechid
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AquaPro de Plastic Puglia Technologie innovante pour gérer l’irrigation à distance Optimiser les processus de production, augmenter le rendement des cultures, valoriser chaque goutte d’eau. C’est la philosophie qui a poussé Plastic-Pugliasrl, leader mondial de la production de systèmes complets pour l’irrigation de précision, à développer AQUAPRO, le logiciel qui permet de surveiller et de gérer même les processus d’irrigation à distance grâce à l’utilisation combinée de solutions technologiques innovantes. Avec ce produit, le plus moderne du marché, Plastic-Puglia entre à juste titre parmi les protagonistes du monde de l’agriculture «numérique», qui a révolutionné le secteur avec le contrôle stratégique et précis des besoins en irrigation et en fertigation, à la fois en plein champ, ou sous serre. AQUAPRO permet la programmation des cycles d’irrigation, la gestion du système de filtration, le bon fonctionnement de la station de pompage. Le logiciel interagit avec les données collectées sur le terrain à partir d’un système complexe de capteurs, tels que les capteurs d’humidité relative, les pluviomètres, les sondes de température, les capteurs d’humidité des feuilles et l’humidité du sol. Il est donc possible de contrôler l’installation et d’optimiser ainsi les processus et les ressources, en obtenant une meilleure qualité et un rendement plus élevé des cultures. Le contrôle automatisé en temps réel permet d’obtenir les infor-
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Le Grand Officier de la République Italienne, M. le Baron Vitantonio Colucci, fondateur et président du groupe industriel Plastic-Puglia.
mations appropriées pour dimensionner les interventions à moyen et à court terme et il permet à l’utilisateur d’effectuer des calculs complexes pour prédire la bonne quantité d’eau et de nutriments en permettant l’utilisation plus rationnelle et durable des ressources. Le système est facile à apprendre et à utiliser, même à distance avec un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Dans ce dernier cas, l’appareil est comme une télécommande qui permet de gérer le système d’irrigation comme si l’utilisateur était sur son propre terrain.
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Actu Actu Entreprise
TERREAUX PINDSTRUP Gamme professionnelle, gamme amateur
Pindstrup livre dans le monde entier depuis ses usines, toutes situées à proximité de ses propres tourbières, au Danemark, en Espagne, l’Estonie, la Lettonie, la Grande-Bretagne et la Russie. La tourbe est au cœur de l’activité de Pindstrup depuis la fondation de l’entreprise par M. Johannes la Cour, il y a plus de cent ans. Aujourd’hui, étant l’un des principaux producteurs de substrats au monde, nous restons fidèles à la tradition Pindstrup, à savoir fournir des produits de grande qualité, tout en continuant à développer notre expertise et notre savoir-faire. Pour illustrer notre engagement de développement continu, en 2016, nous avons ouvert une unité de fabrication de fibres de bois à la pointe du progrès dans nos installations en Lettonie. Cette expansion constitue une avancée majeure, car nous produisons aujourd’hui des volumes importants de Forest Gold (fibre de bois mélangée avec de la tourbe de première qualité). Ce produit a été développé et perfectionné par Pindstrup depuis de nombreuses années en étroite collaboration avec des pépiniéristes et horticulteurs du monde entier. Sur la base d’excellents résultats en essais et d’utilisation au quotidien, nous avons intégré Forest Gold à notre assortiment standard. Entretenir des liens étroits avec nos clients constitue une autre tradition chez Pindstrup. Nous mettons un point d’honneur à ce que nos clients nous communiquent leurs exigences sans le moindre intermédiaire. Nous comprenons que la confiance est essentielle pour fournir un substrat adapté aux plantes, et nous récompensons cette confiance en livrant chaque fois des produits de haute qualité. 44
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PLUS D’UN SIÈCLE D’EXISTENCE
La société Pindstrup a été fondée dans le village de Pindstrup au Danemark, par l’entrepreneur Johannes la Cour en 1905. Un homme visionnaire et déterminé, M. la Cour s’est impliqué dans de nombreuses activités pendant les premières décennies, parmi lesquelles la fabrication de blocs de tourbe pour le chauffage. La tourbe était également vendue sous forme de litière pour animaux. Étant donné que l’utilisation de tourbe pour l’énergie a diminué dans les années 1960, Pindstrup a cherché des alternatives pour écouler ses produits. Au même moment, la tourbe s’est révélée être un excellent support pour la croissance des plantes, et notre entreprise a commencé à développer et vendre des substrats à base de tourbe, au Danemark et à l’exportation. Avec le temps, nous avons délaissé les autres activités, et
les substrats sont devenus notre cœur de métier.
PINDSTRUP DANS LE MONDE
Dans le respect de l’esprit d’entreprise de M. la Cour, la société Pindstrup s’est toujours montrée ouverte pour se développer et investir. Disposant dans un premier temps de tourbières et d’installations au Danemark uniquement, Pindstrup est devenue un groupe international lorsque nous avons fondé une filiale en Irlande du Nord en 1979, Bulrush Horticulture Ltd. Aujourd’hui, nous sommes actifs dans les pays baltes, en Russie et en Espagne, ainsi qu’au Danemark et au Royaume-Uni. En plus de ses sites de production, Pindstrup d i s -
pose de bureaux de vente et de consultants dans de nombreux pays à travers le monde et répond aux besoins des clients dans plus de 100 pays. Toujours détenue par les descendants de M. la Cour, l’entreprise familiale Pindstrup est plus puissante que jamais, aussi bien en tant qu’entreprise que comme marque renommée en horticulture. C’est le personnel qui fait la force de Pindstrup: son savoir, son engagement et ses idées. Nous entendons continuer à construire l’avenir sur cette base.
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Association Crop Feed Jeune mais très dynamique !
Crop Feed (Association marocaine des formulateurs et importateurs de produits de la nutrition des plantes), également membre associé de la FIFEL (Fédération Interprofessionnelle des Producteurs Exportateurs des Fruits et Légumes) a vu le jour le 21 novembre 2017. Elle est constituée d’une soixantaine de membres qui sont des entreprises de haut niveau, spécialisées dans la fabrication et la commercialisation de fertilisants, biostimulants et plus généralement les produits de la nutrition des plantes indiqués pour les cultures à haut rendement. Parmi les principales raisons qui ont motivé la création de l’association, le problème posé par la rétroactivité de 4 ans suite à l’application de la TVA sur les produits de la nutrition végétale, et l’impact sur les sociétés et opérateurs du secteur. Partant du constat que tous les secteurs d’activité ont des associations qui défendent leurs intérêts, les fondateurs de Crop Feed ont décidé de créer une association dédiée au secteur des fertilisant au Maroc.
Objectifs de l’Association
Parmi les objectifs que les membres de l’association se sont fixés depuis son lancement : · Représenter ses membres et défendre les intérêts de la profession ; • L’organisation rationnelle de la profession à tous les niveaux, et veiller au respect strict des normes de qualité et de la concurrence loyale ; • La sensibilisation des autorités et tous les intervenants de la profession concernées aux problèmes et aux préoccupations de ses membres ; • L’orientation et la coordination de toute action commune nécessaire à la préservation des intérêts économiques, commerciaux et environnementaux.
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concurrence loyale. • La vulgarisation et la promotion de l’utilisation des engrais et produits de la nutrition des plantes pour l’amélioration de la qualité et des rendements agricoles ; • Participer aux stratégies nationales en matière de normalisations des procédures d’importations et de formulation des produits dans le respect des intérêts suprêmes de la nation, des droits des consommateurs et de la profession ; • Participer à l’introduction de nouveaux produits pour améliorer la compétitivité des agriculteurs via la recherche scientifique en relation avec les universités.
Actions menées par l’Association :
Crop Feed a mené de nombreuses actions parmi lesquelles la publication d’articles dans les médias, expliquant le problème posé aux membres par l’application de la TVA aux produits de nutrition végétale. En effet, depuis toujours ces entreprises importent les engrais, qui sont par définition, exonérés de la TVA. L’application de cette dernière risque d’impacter négativement l’ensemble du secteur, notamment par la réduction du volume produit et de la qualité des fruits
et légumes marocains. En outre, l’association a entrepris de nombreuses démarches dans le cadre du suivi et l’avancement de nombreux dossiers, dont on peut citer : Dossier Douane /TVA : • Des lettres ont été adressées notamment aux ministères de l’Agriculture et des Finances pour solliciter l’arrêt d’urgence de la rétroactivité et le maintien de l’exonération de la TVA sur tous les engrais, afin de préserver le tissu économique et social du secteur agricole déjà suffisamment fragilisé et ne pas compromettre la compétitivité de nos produits à l’export. • Une série de réunions a été te�nue avec les responsables de la douane (Service nomenclature, Direction de la prévention et du contentieux, Direction des études et de la coopération internationale) afin de trouver une issue à ce problème qui compromet le secteur agricole, entraine plusieurs sociétés vers la faillite, alors qu’elles participent activement à l’activité économique et sociale de notre pays et créent continuellement une masse d’emplois, depuis les ouvriers jusqu’aux techniciens, ingénieurs et cadres supérieurs. Ces efforts ont été couronnés de succès puisque la procédure de la rétroactivité de la TVA par
la douane a été arrêtée. L’as�sociation a même obtenu la promesse du Directeur Général de la douane de supprimer la TVA sur les engrais dans le futur. De même, CropFeed a réussi à obtenir la réduction très considérable du montant des amendes suite à la révision des 4 ans pour certaines sociétés membres. Dossier ONSSA : Une série de réunions a eu lieu avec les représentants de l’ONSSA et la Direction de la stratégie et de statistique du Ministère de l’agriculture pour solliciter leur aide afin de résoudre ce problème et harmoniser la classification des engrais dans l’avenir ainsi que la normalisation des procédures pour hausser la qualité des produits. De même, l’association a formulé une demande de suspendre l’application du code des procédures jusqu’à l’élaboration d’un nouveau code. Le but étant de trouver une solution durable et mutuellement acceptable. Dossier LOARC : L’association Crop Feed a également adressé une série de correspondances à la direction de LOARC (Laboratoire Officiel d’Analyse et de Recherche Chimique) concernant le délai d’attente lors d’un prélèvement pour analyse.
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Semences
L’histoire passionnante de la tomate
Bien qu’utilisée depuis près de 2 siècles seulement, la tomate est aujourd’hui le légume le plus consommé au monde. Domestiquée en Amérique du Nord (Mexique, Texas), elle est maintenant cultivée dans tous les pays, sous toutes les latitudes, et sa production mondiale dépasse 100 millions de tonnes. Les fruits sont destinés à la consommation en frais ou à la transformation. Méthodes de l’amélioration variétale La tomate cultivée est issue de l’espèce sauvage Lycopersicon aesculentum variété cerasiforme. Les cultivars exploités en Europe provenaient d’introductions répétées à partir du Nouveau Monde, et aussi probablement de sélections à partir de mutants ou d’hybrides naturels. Une véritable sélection, avec hybridations contrôlées et choix des plantes les plus performantes dans la descendance n’a
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réellement débuté que dans les années 1920. Depuis cette époque, de nombreux organismes, publics et privés, se sont intéressés à la tomate, et les techniques de création variétale ont évolué. Ressources génétiques Malgré une assez grande diversité apparente des plantes et des fruits, la tomate cultivée présente en fait une variabilité génétique réduite. Pour augmenter cette variabilité, les sélectionneurs ont donc re-
cours aux 8 espèces sauvages appartenant au genre Lycopersicon. Originaires de l’ouest de l’Amérique du Sud (entre le Pacifique et la Cordillère des Andes), mais occupant des milieux très différents (allant du niveau de la mer à plus de 3 000 m d’altitude), ces espèces ont déjà fourni des gènes de résistance aux maladies, des caractères d’adaptation aux stress climatiques et d’amélioration de la qualité des fruits. La tomate est ainsi la culture chez laquelle les espèces sauvages
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ont été les plus utilisées dans les programmes de sélection, et cette tendance devrait encore s’accroître dans l’avenir. Ces croisements sont facilités par le fait que toutes les espèces ont le même nombre de chromosomes. Les modes de fécondation sont en revanche divers (autofécondation, pollinisation par des insectes...). Certaines hybridations entre espèces cultivées et sauvages s’obtiennent sans difficultés, alors que d’autres nécessitent l’utilisation des techniques de culture in vitro pour sauver les embryons hybrides incapables de se développer dans la graine. Variétés hybrides Depuis plusieurs décennies, les programmes de sélection se sont orientés vers la production de cultivars hybrides F1 (première génération issue du croisement entre deux lignées pures différentes), qui ont aujourd’hui pratiquement complètement remplacé les variétés fixées. Initialement mis au point pour les cultures sous abri, les hybrides se sont ensuite imposés au champ, pour la culture tuteurée puis non tuteurée. Ils gagnent maintenant les tomates destinées à la transformation, culture peu rémunératrice pour laquelle le prix élevé des semences hybrides constitue pourtant un frein. Les hybrides F1 présentent des rendements meilleurs et plus réguliers (grâce notamment à un pourcentage accru de fleurs donnant des fruits et à des fleurs mieux fécondés), ils permettent en plus de cumuler plusieurs gènes de résistance à des maladies. Dans la plupart des pays, la sortie des premiers hybrides cultivés à grande échelle a coïncidé avec le développement des serres, où ils ont été utilisés avant d’être également exploités en plein champ. Par la suite, les travaux de sélection ont progressé améliorant les hybrides, en particulier en introduisant des résistances aux maladies dans les lignées parentales et en améliorant leur adaptation à la serre. Objectifs de l’amélioration variétale Si les programmes de sélection ont certains objectifs en commun, comme l’accroissement des rendements ou l’introduction de résistances aux maladies et aux ravageurs, la tendance majeure de la création variétale est la mise au point de cultivars spécialisés, c’est-à-dire adaptés à des conditions de culture et à des utilisations particulières des fruits. De nouvelles variétés sont ainsi créées pour répondre à l’évolution des techniques culturales (modes de cultures plus intensifs, développement des serres...), à la diversification de la destination des fruits ou à l’extension des cultures dans de nouvelles zones géographiques (conditions pédoclimatiques particulières, jours courts et peu lumineux de l’hiver en Europe du Nord...). Cette spécialisation des variétés s’est notamment traduite par la séparation entre les cultivars destinés à la production de fruits consommés en frais et ceux destinés à la transformation industrielle, qui se distinguent tant au niveau des techniques culturales que de la définition de la qualité des fruits. Résistances aux ravageurs et aux stress Les cultivars anciens étant pratiquement tous sensibles aux www.agri-mag.com
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Tomate maladies et parasites susceptibles d’attaquer la tomate, la plupart des programmes de sélection intègrent la recherche de résistances aux ravageurs, et tous les cultivars modernes possèdent un ou plusieurs gènes de résistance ou de tolérance. Ces gènes proviennent d’espèces sauvages : Lycopersicon pimpinellifolium (tomate groseille) a fourni la résistance à la verticilliose et la fusariose vasculaire (maladies dues à des champignons parasites), L. peruvianum a apporté les résistances au virus de la mosaïque du tabac et aux nématodes Meloidogyne responsables des galles des racines. Les espèces sauvages sont également utilisées pour introduire des résistances aux stress climatiques : L. hirsutum, espèce que l’on peut trouver en haute altitude, est à la base des programmes de sélection pour la résistance au froid et L. Cheesmanii de ceux visant la résistance à la salinité.
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Variétés pour l’industrie Alors que les mêmes variétés étaient autrefois cultivées pour le marché du frais et pour l’industrie, les cultivars actuels pour l’industrie sont très spécialisés. Ils sont notamment adaptés à des modes de culture et de récolte (unique) entièrement mécanisés. Les rende-
ments ont été nettement améliorés et la production de tomates pour la conserve en plein champ peut atteindre 100 tonnes par hectare (alors que les rendements moyens mondiaux sont estimés à 26 t/ha). L’industrie de la conserve a beaucoup diversifié ses productions au cours de ces dernières années ; les critères de qualité concernent la te-
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neur en matière sèche (pour la fabrication de concentré), mais aussi le pH, la viscosité, la couleur ou la facilité de pelage. A noter que la sélection de cultivars pour l’industrie a d’abord été réalisée en Californie. Par la suite plusieurs cultivars, variétés et hybrides F1 ont été créés pour répondre à la demande des producteurs et des transfor�mateurs (adaptation aux conditions climatologiques, teneur élevée en matière sèche, résistance au Pseudomonas tomato ou à la pourriture des fruits ...). Variétés pour la consommation en frais Pour ce type de production, les modes de culture sont extrêmement variés : production en plein champ, avec ou sans tuteurs, cultures tuteurées sous abri (chauffé ou non, en sol ou hors sol)... Là encore, les rendements ont énormément progressé : ils peuvent atteindre, en culture hors sol sous serre, 500 t/ha sur 11 mois (soit une centaine de récoltes). Concernant la qualité des fruits, le producteur recherche d’abord l’absence de défauts (fruits déformés, éclatés ou mal colorés, non commercialisables), et des produits répondant aux conditions actuelles de transport et de commercialisation. Les qualités de présentation et de conservation des fruits ont été améliorées : la forme et le calibre sont plus homogènes, la couleur est plus attractive, le collet vert persistant à la maturité a été supprimé, la fermeté et la durée de conservation sont meilleures. Sur ces deux derniers points, des progrès très importants ont été réalisés ces dernières années. Il existe actuellement une certaine diversification concernant la forme des fruits (ronds ou longs), le calibre (grande, cerise, cocktail, la présentation (en grappes par exemple), la couleur (rouge, jaune, orange) et le goût. Cependant, les progrès génétiques qui ont abouti à la création de variétés présentant une productivité, puis des qualités de présentation et de conservation des fruits améliorées ont parfois été obtenues au détriment des qualités gustatives. L’amélioration du goût constitue maintenant un objectif important pour les sélectionneurs qui, après avoir tenté de sélectionner ce caractère de manière plus ou moins empirique, sont à la recherche de tests objectifs, simples, rapides et fiables d’appréciation du goût. Concernant la qualité des fruits, la recherche porte actuellement sur les bases génétiques des composantes de la qualité organoleptique et nutritionnelle. L’utilisation des marqueurs moléculaires devrait permettre d’accélérer le progrès génétique. Concernant les résistances aux maladies, les outils de marquage moléculaire sont utilisés pour l’étude des résistances aux potyvirus (PVY, TEV, PVMV) issue de l’espèce L. hirsutum. Les programmes de recherche sur la transformation de la tomate sont orientés vers l’augmentation de la variabilité génétique en introduisant de nouveaux caractères de résistance par transgénèse (CMV, Potyvirus, parasites telluriques, insectes) et la mise au point d’un système efficace de transformation de la tomate qui puisse s’affranchir du gène de résistance aux antibiotiques. www.agri-mag.com
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Fraise
Les biotechnologies en appui à la recherche variétale L’amélioration des plantes est une activité aussi ancienne que l’agriculture. Elle vise à sélectionner des variétés répondant aux critères demandés par les consommateurs et les agriculteurs : qualité du produit, performance des plantes, préservation de l’environnement… Adaptée aux marchés actuels, la création variétale de la fraise doit en anticiper les besoins. Le processus d’obtention est long et complexe. Il nécessite près de dix années entre la conception d’un projet par le croisement initial de deux lignées et la mise sur le marché de milliers de plants d’une variété commerciale.
e facteur temps est difficilement compressible. Mais depuis la fin des années 1970, il existe
de nouveaux outils en génétique, les biotechnologies, qui améliorent considérablement le processus de création variétale. Certaines de ces techniques génétiques ont pour principe d’observer et de localiser des régions d’ADN susceptible d’aider les chercheurs. Les biotechnologies utilisées en recherche en appui à la création variétale, permettent de mieux exploiter la diversité, de connaître le génome, de diminuer la durée de création, de certifier et de protéger les nouvelles variétés. Les biotechnologies, en tant qu’outils d’aide à la création variétale, font intervenir plusieurs disciplines spécialisées, mais complémentaires telles que : - l’expérimentation (essais en conditions naturelles et notations), - la culture in vitro (multiplication des pathogènes responsables de maladies), - la pathologie (tests biologiques d’infection en conditions contrôlées), - la biochimie (dosages des métabolites), - la biologie moléculaire (génétique), - la bio-informatique (analyse des données). Il s’agit d’un travail de longue haleine car entre les premières spécifications et la mise en étal, il peut facilement s’écouler dix ans. Il faut d’abord écrire le cahier des charges avec les producteurs : le goût recherché, les maladies à combattre, la saisonnalité, le rendement cible, l’adaptation aux conditions climatiques... A l’aide de marqueurs moléculaires, les obtenteurs cherchent ensuite, dans leur « fraisothèque », les caractères géné�tiques correspondants. Puis ils croisent entre elles les lignées pures présentant des aptitudes complémentaires et trient dans la descendance les individus répondant au mieux aux objectifs
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qu’ils se sont fixés. Avant de les multiplier. Les plants obtenus subissent ensuite de nouveaux cycles de sélection pour vérifier leur stabilité et leur performance dans différents environnements de culture. ‘’Sélectionner, c’est éliminer jusqu’à obtenir le graal commercial recherché’’, explique un professionnel. Parmi les sujets de préoccupation du moment, la résistance à l’oïdium. Les centres de recherche dédient à ce champignon pathogène des programmes particuliers. Des variétés tolérantes ont été mises au point, cependant elles ne présentent pas les autres caractères d’intérêt réclamés par les professionnels. Les recherches continuent. Lorsqu’il s’agit de créer une variété de fraise, de nombreux critères demandés par les producteurs doivent être pris en compte, depuis la recherche jusqu’à son développement. Parmi ces de� mandes, il y a bien sûr le goût, l’aspect, et la conservation mais aussi des critères plus techniques directement liés à la culture de la fraise. Les producteurs sont par exemple en demande de variétés plus résistantes aux maladies afin de diminuer les traitements, ou présentant des floraisons et un stolonnage important pour obtenir des périodes de production allongées et donc au total un rendement plus important.
Carte génétique des fraisiers
Pour répondre à toutes ces demandes, la première étape de la création d’une variété est donc d’abord de bien choisir les géniteurs en identifiant au mieux leurs « avantages et inconvénients» à la fois par une caractérisation des ressources génétiques des variétés et par www.agri-mag.com
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l’établissement de la carte génétique des fraisiers. Une identification précise des caractéristiques des géniteurs est en effet importante puisque ce sont eux qui par croisement permettront la création de nouvelles variétés. Les croisements sont quant à eux réalisés par les équipes de sélection, véritable interface entre la recherche et les producteurs. Leur rôle : stocker des gênes et des variétés, faire les croisements, égrainer, semer, récolter, tracer et gérer les variétés, voir si les produits obtenus répondent aux résultats espérés, mais aussi déterminer les conditions optimales de culture… En fin de programme d’évaluation des produits obtenus, une vingtaine de variétés peuvent être sélectionnées mais seulement 5 d’entre elles passeront le cap du pré-développement. Seule une à trois variétés pourront ensuite passer à la phase de développement. A cette étape, on se rapproche déjà un peu plus de l’assiette des consommateurs. Le but ici est de trouver la conduite culturale optimale pour les variétés sélectionnées, en les confrontant sur le terrain aux enjeux technico-économiques des bassins de production. Les essais sont donc multi-sites, chez les producteurs et l’analyse des résultats donne lieu à des concertations entre techniciens, producteurs et experts des stations régionales d’expérimentation. Ainsi, au final, sur une moyenne de trois variétés mises en phase de développement une seule sera lancée sur le marché, sauf si, bien sûr, aucune ne réussit à sa�tisfaire aux exigences de cette dernière phase de sélection…
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La conduite technique : Un point crucial
Afin de révéler pleinement son potentiel génétique, chaque variété requiert une conduite adéquate. Par conséquent, l’agriculteur devra maîtriser les techniques de culture appropriées et notamment la fertilisation (programme différent d’une variété à l’autre) pour concilier productivité, régularité de production et qualité des fruits tout au long de la campagne. Beaucoup de producteurs soulignent le fait que pour plusieurs des variétés actuellement disponibles, ils ont du apprendre, parfois à leurs dépends, la conduite adéquate, ce qui prend dans certains cas des années (erreurs,
Axes de recherche
Les critères étudiés au sein des programmes de recherche sont souvent choisis sur la base de discussions avec la filière professionnelle. Certains critères intéressent l’ensemble des obtenteurs, notamment la floraison, la résistance aux maladies et la richesse en antioxydants, etc. En effet, la maîtrise de la floraison du fraisier permettrait de mieux gérer les périodes de production. L’allongement de la période de production est le meilleur moyen d’augmenter le potentiel de rendement au niveau de la plante sans nuire à la qualité gustative du fruit. Par ailleurs, la création de variétés de fraisier naturellement résistantes aux maladies permettrait de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires (difficulté de gérer les Délais Avant Récolte). Le but est de permettre la production de fruits de qualité sans
échecs, tâtonnements). Ils demandent donc aux pépinières de fournir, avec chaque nouvelle variété, des fiches techniques précisant leurs avantages, mais aussi leurs faiblesses et la manière de les contourner. Bref, le maximum d’informations techniques et les conditions optimales de production permettant de valoriser au mieux le potentiel productif et qualitatif de chacune. D’ailleurs, pour éviter ce genre de problèmes dans l’avenir, l’une des solutions proposées depuis plusieurs années par la profession au Maroc est la mise en place d’un centre de recherche dans la région de production, dont la mission serait de mener des essais sérieux sur les différentes variétés existantes pour déterminer celles qui résidus, respectueux de l’environnement et d’en assurer le rendement (surtout avec la réduction du nombre de solutions pesticides autorisés par les cahiers des charges imposés par les chaines de distribution). La qualité du fruit est aussi l’un des principaux objectifs de sélection des programmes de création variétale. En particulier, la richesse en antioxydants est un caractère recherché pour la haute qualité nutritionnelle qu’elle confère à la fraise. Les autres axes de recherche concernent généralement : - Productivité - Bon calibre et couleur du fruit - Homogénéité de la production et réduction des écarts - Qualité organoleptique et nutritionnelle - Facilité de récolte - Résistance aux maladies et aux variations climatiques - Bonne vie commerciale www.agri-mag.com
Choix variétal et exigences en constante évolution Pour assurer une bonne production en quantités et qualité exportables, les producteurs de fruits rouges et spécialement de fraise, sont amenés à faire des choix et à prendre des décisions souvent lourdes de conséquences. Parmi ces décisions le choix variétal : comment choisir la (ou les) variétés répondant à un nombre très élevé de critères. Entre le rendement, les résistances, les exigences techniques, la qualité, les certifications, traçabilité et exigences des clients en constante évolution, etc. les fraisiculteurs ont du pain sur la planche. Les variétés utilisées au Maroc sont aussi commercialisées et cultivées en Espagne. En plus des variétés importées, les espagnols ont de nombreuses variétés qu’ils ont créées eux-mêmes, car ils ont constitué un organisme de recherche il y a une dizaine d’années regroupant les agriculteurs, l’université, les exportateurs, les pépiniéristes, ... Parmi ces variétés certaines ne sont pas commercialisées au Maroc. Ces variétés s’adaptent aux conditions marocaines grâce aux efforts des pro-
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ducteurs marocains. Certains ont des relations avec des sociétés espagnoles qui testent chez elles les variétés importées des Etats Unis ou celles développées dans le royaume ibérique. Ainsi quand une variété donne de bons résultats en Espagne elle est testée au Maroc un ou deux ans plus tard. Généralement, ce sont les producteurs leaders marocains de fraises, qui ont de bonnes relations avec les pépiniéristes fournissant les plants au Maroc, ou avec les producteurs espagnols, qui
testent ces variétés dans leurs exploitations. Après un an ou deux, si elles donnent de bons résultats chez les gros producteurs, les petits vont aussi les adopter [d’où un retard de plusieurs années sur la concurrence]. Ce qu’on remarque actuellement, c’est que les nouvelles variétés n’ont pas une longue durée de vie. Ainsi, si on retrace l’historique de ces dix dernières années, on constate qu’après son apparition, une variété est à la mode 2 à 5 ans, après quoi elle est détrônée par
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Problèmes rencontrés en matière de choix variétal
une autre qui prend sa place. Ce n’est plus comme avant quand une variété comme la Camarosa pouvait durer une vingtaine d’années. En fait, aujourd’hui avec l’entrée en jeu de la grande distribution, les GMS éliminent certaines variétés et en retiennent d’autres et les producteurs sont obligés de cultiver les variétés agréées par les supermarchés car ce sont eux les clients. Au Maroc, le problème pour ceux qui exportent en Espagne, c’est que les variétés cultivées doivent être valables aussi bien pour le frais que pour le surgelé (double fin). Les variétés destinées au surgelé doivent avoir en plus, des caractéristiques adaptées, avec une texture très forte. Pour le frais, les variétés utilisées doivent être précoces pour bénéficier de prix plus élevés. Ainsi, il est difficile de concilier toutes les exigences puisque par exemple, on peut trouver une variété bonne pour le frais mais qui est molle, donc non adaptée au surgelé. Il est rare de trouver des variétés qui répondent à tous les critères. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
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les producteurs marocains recourent à des combinaisons variétales dans leur programme de culture. En effet, chaque année le producteur choisit deux ou trois variétés en fonction des relations de partenariat qu’il a avec les pépiniéristes, avec les grands agriculteurs, avec ses amis en Espagne, etc. De même, chaque année c’est une variété qui est adoptée mais l’année suivante elle peut donner ou pas des résultats satisfaisants et il est rare de trouver une variété qui va donner les meilleurs résultats sur 6-7 ans.
Qu’est ce que ces nouvelles variétés apportent au producteur ?
Le principal apport c’est qu’elles sont demandées par les clients. Si les producteurs ont recours à ces variétés c’est parce qu’elles figurent dans la liste établie par les différentes grandes surfaces. Il n’est pas question de produire des fraises qui ne seront pas acceptées commercialement. Ainsi dès qu’une nouvelle variété est dans la liste agréée par la grande distribution, automatiquement les producteurs vont la chercher et la mettre dans leur programme de culture. Que peut faire le producteur d’une variété refusée à partir du mois de janvier ? C’est le marché et la demande de la clientèle qui guident. Parfois ces variétés donnent de bons rendements sinon, dans le cas contraire, l’agriculteur subit les conséquences car même s’il a la bonne variété demandée et que le prix sur le marché est intéressant, il n’a pas le rendement adéquat. En outre les grandes surfaces exigent que le producteur leur fournisse un éventail de variétés et ne sont pas intéressées par une seule ou par les petites quantités.
Chaque année apporte son lot de problèmes d’ordre variétal aux producteurs : virus, sensibilité au mildiou,… qui peuvent occasionner de grandes pertes. C’est une fois que le producteur a compris ces aspects qu’il peut procéder aux traitements appropriés. Et dans ce sens les agriculteurs n’arrêtent pas d’apprendre. En plus des problèmes phytosanitaires, les fraisiculteurs peuvent en rencontrer d’autres liées à la conduite des cultures. Par exemple la sensibilité de chacune des nouvelles variétés à l’azote et à ses périodes d’apport n’est pas la même, etc. Chaque variété a son itinéraire technique propre et le rôle du pépiniériste est primordial dans ces cas. En livrant le plant, il doit en principe informer le client afin qu’il fasse attention à différents facteurs à prendre en considération. Cependant, parfois l’information passe mal, ce qui fait que les bons professionnels avertis s’en sortent alors que d’autres qui font du panurgisme et se limitent à transposer ce qu’ils voient ailleurs ont des difficultés. Il ne faut pas oublier que dans le domaine des fruits rouges, les professionnels marocains sont confrontés à la concurrence internationale et qu’ils sont obligés d’être à jour dans le domaine des techniques de production (irrigation, conduite, fertilisation, traçabilité, lutte intégrée, auxiliaires, etc.). En effet, ils sont obligés d’être à la pointe pour entrer en concurrences avec les différents pays producteurs sur des marchés de plus en plus exigeants. En plus, les techniques évoluent rapidement d’où la nécessité d’un centre technique au service de la profession (voir encadré) qui soit doté d’une grande réactivité afin d’enregistrer toutes les nouveautés et les diffuser rapidement. S’il faut attendre 4-5 ans pour adopter une nouvelle technologie, le secteur marocain ne sera jamais à niveau.
Attentes de la profession des différentes variétés
La principale attente de ces variétés c’est la rentabilité de l’exploitation. Pour un producteur, au début de la campagne, il doit se renseigner sur les variétés acceptées par les clients. Par conséquent, il est nécessaire d’être fixé dans ses choix avant de commander les plants destinés à la production, choix conditionné par l’acceptabilité par la clientèle. On commence par établir l’acceptabilité par les consommateurs càd les grandes surfaces, ensuite on opte pour les variétés compte tenu de l’expérience personnelle, des techwww.agri-mag.com
niques culturales, etc. qui pourront donner les meilleurs résultats. Et c’est là où vont jouer le professionnalisme, les contacts qu’on a avec les gens ayant une grande expérience, etc. Là aussi le centre technique a un grand rôle à jouer car même si une variété est agréée et qu’elle n’assure pas un bon rendement, l’agriculteur ne doit pas se lancer dans sa culture
Nécessité de la mise en place d’urgence du centre technique des fruits rouges
C’est pour toutes ces raisons que parmi leurs doléances, les professionnels demandent la mise en place d’un centre technique pour les fruits rouges qui devrait compiler les résultats, procéder à une classification de ces variétés dans nos conditions, élaborer une stratégie selon leurs prix de vente à l’exportation, et conseiller les agriculteurs sur les meilleures d’entre elles. En même temps ce centre devrait œuvrer à la mise en place de variétés adaptées au Maroc car les variétés qui marchent bien dans le sud de l’Espagne peuvent ne pas donner de bons résultats au Maroc et vice versa. Il faut rappeler que les espagnols ont commencé à mettre en
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place des équipes de chercheurs il y a une dizaine d’années et aujourd’hui ils arrivent à lancer des variétés locales. Ils disposent actuellement de 5-6 variétés dont ils ont décidé de fournir 3 aux marocains mais se sont réservé les 3 autres pour leur propre production. Par conséquent si nous commençons notre propre recherche aujourd’hui, on pourrait d’ici 10-15 ans avoir des variétés marocaines. Ce centre technique des fruits rouges constituera le coordinateur des équipes de recherche qui peuvent se trouver à l’Inra, à l’enseignement agricole, ou à l’étranger et qui travailleraient sur des variétés qui vont être testées au Maroc et qui seront adaptées au climat marocain. Le centre constituera le carrefour où toutes les informations techniques devront être concentrées et jouera le rôle de diffusion auprès des agriculteurs, des informations à même de les aider dans leur choix des variétés à mettre sur le marché et leur éviter l’erreur d’opter pour des variétés à faibles rendements ou non demandées sur le marché. Il devrait également asseoir une politique pour la mise en place d’une structure permettant la recherche de variétés marocaines.
En plus, le conseil qui serait apporté par le centre technique et assuré par les professionnels pour les professionnels, sera plus adapté et plus proche que celui assuré par un organisme étatique. Dans la pratique le centre serait un outil supplémentaire et ces structures ne peuvent être que complémentaires pour renforcer la vulgarisation agricole, surtout pour la petite exploitation. Il ne faut pas oublier que dans la filière fruits rouge la majorité des exploitations ont une superficie inférieure à 5 ha.
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DOSSIER FRUITS ROUGES
Framboise: Les modes de conduite La région du Souss offre d’importants avantages pour la production de la framboise. En effet, l’entrée en production est plus précoce comparativement à la région du nord, permettant l’obtention de prix intéressants. Par ailleurs, contrairement aux serres tunnels peu étanches utilisées dans ne nord, les serres canariennes du Souss, utilisées auparavant pour la tomate et autres légumes, offrent la possibilité de fermeture et d’utilisation de la brumisation, dans le cas de vents chergui par exemple. Cependant, la région a son lot d’inconvénients notamment le problème de la disponibilité des ressources hydriques et la salinité élevée de l’eau des puits. La culture du framboisier connait actuellement un essor fulgurant dans la région du Souss qui est devenue un acteur important de la production hivernale de la framboise (2500ha actuellement). En effet, son climat semi-aride permet des récoltes de contre saison à une période pendant laquelle il y a une quasi-pénurie de ce fruit sur le marché européen. La grande expérience des opérateurs de la région dans la production de primeurs permet une adaptation rapide aux exigences de culture et de marché.
Les modes de conduites dominants
En fonction des objectifs de production de l’exploitation, plusieurs types de conduite sont envisageables. Ainsi, selon les exigences du marché, le producteur adopte un système donné pour arriver à produire en 56
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automne et en hiver par exemple. Les principaux modes de conduites adoptés dans la région du Souss sont : - Le système classique : utilisé par la plupart des producteurs de la région, il assure un rendement de 7 à 14 tonnes selon les variétés. Les racines nues sont plantées en juillet pour une récolte de novembre jusqu’à mai. - Les plants en motte : leur plantation se fait en aout et la récolte en décembre. Le rendement oscille entre 8 à 14 tonnes selon variétés. - Le Malldown : ce mode de conduite permet d’atteindre un rendement allant de 7 à 12 tonnes de framboise. En fin de campagne, vers le mois de juin, le producteur pratique un rabattage de la plante. L’entrée en production se fait en octobre et continue à produire jusqu’à janvier. - Le Cutback : permet de produire sur 2 cycles. La plantation se fait en mai
et la récolte commence en octobre. Vers mi-décembre il faut procéder à une taille (1,4 à 1,6 m) et un défoliage. Il faut ensuite augmenter la température dans la serre en fermant les couvertures. Il faut également assurer une bonne nutrition hydrominérale. Grace à ce système la récolte reprend vers mi-mars. Le 1er cycle permet d’obtenir un rendement de 8 tonnes contre 10 à 12 tonnes pour le deuxième. - Long cane : ce mode connais un grand succès actuellement auprès des producteurs. Certains grands producteurs ont même opté pour du 100% long cane cette année. Plus couteux que les systèmes précédents, il repose sur une plantation en novembre de cannes bien aoutées d’une taille de 1,7m (livrées dans des pots). La récolte commence à partir de mi-mars et s’étend jusqu’à mai. Le tonnage obtenu est important et www.agri-mag.com
groupé, de l’ordre de 20 à 25 tonnes par hectare.
La plantation La plantation se fait généralement en été (juin, juillet, et août), les types de plants sont soit sous forme de racines soit en mottes. Concernant les racines, elles sont importées dans des cagettes et plantées à raison de 11Kg de racines par billon de 100 mètres linéaires. Les boutures de racines doivent être plantées à une profondeur de 5cm, pour faciliter la croissance des parties aériennes, après la levée. Un certain nombre de rejets est sélectionné selon leur vigueur et leur position (alignement avec la rampe d’irrigation) pour arriver à une densité d’environ 16 plants par mètre linéaire. Par contre, les plants en motte sont plantés à raison de 3 plants par mètre linéaire. Lorsqu’ils arrivent à une hauteur de 20 cm, on a recours à un pincement pour favoriser le départ de plusieurs tiges latérales.
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Le palissage : Les tiges du framboisier poussent verticalement, mais une fois chargées, elles ont tendance à se plier vers le sol. Il faut donc prévoir un système de palissage pour supporter les tiges et leur permettre de se développer, tout en restant dressées. Quand les plants atteignent une hauteur de 20cm, les premiers poteaux sont installés avec un espacement de 5 m, sur lesquels une ficelle est fixée. Les ficelles sont rajoutées au fur et à mesure que le plant croît. Quand le plant atteint 60 cm de hauteur, deux roseaux sont rajoutés pour permettre la séparation des deux rangées de ficelles soutenant les plants, ce qui assurera l’aération des haies et évitera ainsi le développement des maladies fongiques et facilitera la cueillette.
Le drageonnage Vu que le framboisier est une plante qui se multiplie par drageonnage,
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tout au long de son cycle, de nouvelles tiges sont émises depuis les racines des plantes. Ces nouvelles tiges peuvent créer une concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs avec les tiges déjà formées et sont considérées donc comme des gourmands à éliminer. La fréquence de drageonnage
varie fortement selon les variétés et leur tendance à produire beaucoup ou peu de drageons.
La récolte Le chantier de récolte de framboise revêt une importance capitale car la gestion de la récolte peut faire la différence entre une bonne et une mauvaise campagne, vu la grande sensibilité du fruit qui doit être récolté avec délicatesse et peut rapidement dépasser le stade de maturité. Il est impératif donc de s’assurer que les ouvriers sont qualifiés et en nombre suffisant puisque deux passages par jour sont parfois nécessaires pour éviter les pertes dues à la sur-maturité des fruits. La récolte est ensuite acheminée vers la table de triage où les fruits endommagés, trop murs et pourris sont écartés. La marchandise est ensuite pesée puis emballée dans des barquettes puis dans des caisses en carton qui sont transportées en camion frigorifique à 2°C vers la station. Les problèmes liés à la main d’œuvre constituent un réel défi pour les exploitations, surtout au niveau du Sous Massa où une vraie compétition pour la main d’œuvre a lieu surtout lors de la période de récolte coïncidant avec celle d’autres cultures où les ouvriers sont payés à la tâche. Sans oublier le critère de qualification puisque la récolte de la framboise nécessite une attention particulière vu la fragilité des fruits et d’importantes pertes peuvent être enregistrées à cause de la mauvaise récolte.
Conservation L’utilisation du froid permet le maintien de la fermeté, de la couleur, la réduction des échanges gazeux, des pertes d’eau et limite donc la perte de poids des framboises. Le froid entraîne donc un allongement de la durée de survie des fruits après la récolte. Les framboises doivent être entreposées à +2°C si l’on veut disposer de six à huit jours pour la commercialiser. D’ailleurs, le refroidissement à air forcé est la méthode la mieux indiquée pour débarrasser le fruit de sa chaleur. On doit maintenir constamment les framboises à 90-95% d’humidité relative. A noter que la bonne conservation des framboises est en relation directe avec trois paramètres : les délais entre la récolte et la mise à froid, le niveau thermique appliqué et la continuité thermique.
Problèmes phytosanitaire Les principaux ennemis de la culture du framboisier au Maroc sont : Phytophtora des racines Cette pourriture est l’une des maladies majeures qui affectent les framboisiers. Elle est causée par au moins huit es-
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pèces de champignons telluriques appartenant au genre Phytophtora. Les spores persistantes du champignon peuvent demeurer dans le sol pendant plusieurs années. Les tiges flétrissent et l’extrémité de la pousse dépérit. Pourriture grise : Causée par le champignon Botrytis cinerea, c’est la principale maladie de post-récolte des fruits. Les baies infectées se couvrent de masses de spores fongiques qui donnent à la maladie son nom particulier « pourriture grise ». Si elles ne sont pas cueillies, les baies atteintes se momifient et restent attachées au plant et peuvent alors servir de sources additionnelles de l’inoculum dans la plantation. Les pratiques agronomiques qui permettent une bonne circulation d’air autour des baies fruitières peuvent contribuer à lutter contre la maladie. Rouille jaune : Cette maladie causée par Phragmidium
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rubi-ideae est caractéristique des régions du Nord durant les périodes de pluies prolongées. Des petites pustules, remplies de spores poudreuses jaunes à oranges se forment sur la surface inférieure de feuilles infectées. Les calices des fleurs, les pétioles et les fruits peuvent être attaqués à tous les stades de leur développement. Sur les fruits, des pustules se développent sur les drupéoles individuelles, produisant des masses de spores jaunes. Une taille appropriée permet de contrôler la densité et assurer une bonne circulation d’air, ce qui contribue à lutter contre cette maladie. Acariens Lorsque le climat devient chaud et sec au printemps et en été, les acariens peuvent constituer un sérieux problème. Ils causent des dégâts au niveau du feuillage qu’ils râpent et sucent. La lutte biologique est la seule solution contre ce ravageur, puisque les traitements chimiques sont prohibés pen-
dant la récolte des fruits, en procédant aux lâchers du prédateur « Phytoseilus persimilis » qui est également un acarien. Les noctuelles : Ces chenilles se nourrissent des feuilles du framboisier et peuvent s’attaquer aux bourgeons floraux de la plante ce qui peut sérieusement nuire à la production. Drosophila suzukii : Cet insecte pullule lorsque les températures ainsi que l’humidité relative augmentent et est donc le principal ennemi des agriculteurs lors du cycle de printemps puisqu’elle pique directement les fruits pour y pondre ses œufs. Ce sont les larves qui se nourrissent de la pulpe de fruit et les dégradent.
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La myrtille du Souss
la culture en pots pour dépasser les contraintes Traditionnellement, la myrtille est cultivée de manière commerciale en Amérique du Nord et aus�si dans l’hémisphère Sud en Australie, Argentine et Chili. Mais pour répondre à une demande en constante augmentation, de nouveaux pays émergents cultivent désormais ces fruits. Parmi ces pays, le Maroc qui se démarque grâce à sa proximité du marché européen, la précocité de sa production qui lui permet d’exporter à une période où il n’existe que très peu de disponibilité dans le monde.
Photo FALL CREEK Variété BiancaBlue
Récemment introduits au Maroc les fruits rouges et notamment la myrtille, ont connu un développement soutenu grâce à plusieurs facteurs favorables à savoir : des zones agro-climatiques adaptées à ces cultures, l’existence d’une impor� -
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tante infrastructure pour la culture et l’exportation de ces espèces, la proximité des marchés et la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée. Par ailleurs l’entrée précoce en production de ces espèces sous les conditions marocaines par apport à
celle des autres des autres pays producteurs, font que le Maroc possède un grand avantage économique et concurrentiel dans la production des petits fruits rouges. Produite tout d’abord dans la région nord du Maroc, la myrtille a également conquis ces dernières années la région du Souss Massa. L’engouement pour cette culture s’explique notamment par les nombreux problèmes liés aux marchés que connaissent les producteurs de tomate dans cette région. De plus, en termes de bénéfice, cette culture permet aux producteurs de dégager une marge bien supérieure à celle de la tomate (750 000 Dh à 1 Million de Dh de chiffre d’affaire à partir de la troisième année), malgré son coût élevé d’investissement pour l’installation de la culture. Par ailleurs, grâce à son climat semi-aride, cette région permet des récoltes de contre saison et sa production de myrtille est disponible du mois de décembre au mois de juin. La myrtille est cultivée sous des serres canariennes et a les mêmes besoins pédoclimatiques que la tomate (25 C° en moyennes). C’est une culture très économe en eau et en engrais ce qui convient bien aux conditions de cette région qui souffre de la rareté de l’eau. Depuis leur introduction, les myrtilles ont été plantées en plein champs sur des sols légers bien drainés et sur des billons et sous abriserres. Les producteurs ont constaté que le système de conduite sur sol www.agri-mag.com
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limite le nombre de plants par hectare, avec un maximum de 3.200 plants. En plus, le contrôle du pH et la salinité du sol est plus difficile et couteux sous ce système de production. Pour ces raisons, les producteurs de la myrtille ont adopté le système de production en pot (hors sol) permettant d’augmenter le nombre de plants/ha (approximativement 4.000 plants) et par conséquent les rendements, avec une entrée en production plus précoce d’environ 30 jours par apport à celle enregistrée en plein sol (sur billon). Sur le plan conduite culturale, la culture en hors sol a permis une meilleure maitrise et contrôle du pH, de la salinité du substrat et aussi une économie d’eau.
Importance de la maitrise technique
Au vu des investissements substantiels requis au départ de la culture et vu qu’il s’agit d’une culture pluriannuelle, la maitrise technique s’impose à tous les niveaux pour assurer une production satisfaisante en termes de rendement et de qualité. En effet, étant principalement destinée à l’export, la production de la myrtille doit répondre aux normes et exigences des marchés de destination. Cette étape était importante puisque d’une part la myrtille est une culture assez récente au Maroc (2008 dans le nord et 2014 dans le Souss), dont la conduite technique n’a pas été enseignée dans les écoles d’agriculture de notre pays, et d’autre part, il s’agit d’une culture spéciale nécessitant une conduite bien différente de celle des cultures auxquelles nos producteurs sont habitués. Ses exigences sont même différentes de 62
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celles des autres espèces cousines de fruits rouges comme la framboise et la mure. Pourtant, beaucoup de producteurs ayant une certaine expérience dans la production de la framboise par exemple ont jusqu’à maintenant été tentés d’appliquer la même conduite culturale à la myrtille, ce qui a inévitablement conduit à un fiasco de la production. A noter également que les experts insistent sur le fait qu’il n’existe pas de recette universelle. La gestion doit être adaptée en fonction du contexte et des conditions de chaque exploitation et de chaque variété.
Exigences de la culture
Le pH et la salinité du sol sont les facteurs les plus importants influençant la croissance de la myrtille. En effet, la myrtille exige des sols fortement acides, très bien drainés et riches en matière organique. Les principales contraintes de la région du Souss pour la myrtille sont : la disponibilité de l’eau et le type des sols qui sont plus alcalins par rapport à la région du Nord. En effet, les conditions de sécheresse de la région augmentent la valeur de l’Ec de la nappe phréatique utilisée dans l’irrigation, ceci a poussé certains agriculteurs à investir dans des machines d’osmose inverse (pour le dessalement de l’eau) qui coûtent entre 500 milles à 1 Million de dirhams selon le débit désiré pour permettre de réduire la salinité (Ec) de l’eau à 0,3 millimhos. L’installation d’un système de brumisation est obligatoire dans la région afin d’éviter les dégâts du chergui et des fortes températures. Il est important aussi que les substrats de culture soient à pH acide. Le pH optimum pour la myrtille est situé entre 4,5 et 4,8. A un pH de
moins de 3,8, on observe une carence en potassium (roussissement des marges des feuilles), tandis qu’à des pH supérieurs à 5,5, l’absorption du fer est bloquée provoquant la chlorose. La salinité du sol est également un facteur néfaste au développement du myrtillier du fait qu’elle restreint sa croissance. En hors sol, les producteurs de myrtille utilisent des pots de 25 à 40 litres de substrat dont les composantes et leurs proportions sont variables selon les fabricants (tourbe, fibre de bois, fibre de coco, perlite). Ces substrats sont pensés pour permettre une bonne reprise du plant qui est caractérisé par un système racinaire très sensible, fibreux et très superficiel, sans racine pivotante dominante. Les myrtilles préfèrent des substrats drainants et ne tolèrent pas le stress hydrique. Avant de planter dans des pots il est nécessaire d’acidifier le substrat. Géné�ralement, les plants utilisés datent d’une année.
Le choix variétal
Le choix de la variété est un critère prépondérant pour la réussite de la culture. Les principaux critères de sélection à prendre en compte sont : le calibre des fruits, la qualité gustative des baies, la facilité de cueillette, la maturité groupée des fruits, la vigueur des arbustes, la tenue des baies après récolte, l’échelonnement de la période de production. Le calibre des fruits et la maturité groupée des fruits jouent un rôle prépondérant dans la vitesse de récolte. Il est important d’avoir des buissons vigoureux pour assurer un renouvellement régulier des jeunes pousses et des ramilles fruitières, ce qui influence directement le rendement des plantes et leur durée de vie. www.agri-mag.com
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A noter que le comportement de chaque variété est particulier et de ce fait les différentes opérations culturales doivent lui être spécialement adaptées, notamment la taille.
La taille
Il s’agit en effet d’une opération délicate qui doit être menée de manière à former un port intéressant de la plante, à stimuler de nouvelles pousses et à rendre les plants capables de donner de bonnes récoltes et des fruits de calibre satisfaisant. Lors du début de la culture, la pratique de la taille permet par exemple de reporter l’énergie potentiellement dépensée dans la floraison et la formation des fruits, vers le développement d’un plant plus grand et plus fort, capable de porter de bonnes quantités de gros fruits. Dans le Souss,
pour la plupart des producteurs, la taille débute au mois de juin, juste après la récolte, et s’arrête le 31 juillet (le dernier pincement en fin juillet). La taille an-
nuelle est nécessaire pour stimuler les nouvelles pousses et permettre aux plants de continuer à fournir de bonnes récoltes et de grosses myrtilles. Pour cela, les ouvriers éliminent le vieux bois afin d’éclaircir l’arbuste et permettre le développement de nouvelles pousses issues de la base. Ils éliminent également les branches basses dont les fruits sont difficiles à cueillir et éliminent aussi les rameaux les plus faibles ou trop à l’intérieur du buisson. Les fruits se forment sur les courtes branches latérales qui sont sorties plusieurs mois avant la récolte ou au cours de l’année précédente.
Le mode de conduite : Le buisson est la forme naturelle de développement du myrtillier et un palissage est nécessaire pour soutenir les branches et faciliter la cueillette. La conduite des plants
est donc axée sur le développement d’une frondaison capable de supporter la charge des fruits. La forme idéale de l’arbuste est en U avec un espace intérieur ouvert afin de favoriser la répartition de l’air et de la lumière. La fertilisation, la taille et les autres pratiques agricoles visent le développement de cette forme.
L’irrigation : Il faut maintenir le substrat du myrtillier constamment humide. Ses besoins sont comparables à ceux du framboisier. Il est préférable d’apporter régulièrement des petites quantités d’eau, car le myrtillier a un système racinaire très superficiel et ses racines n’ont pas de poils absorbants. Le goutte-à-goutte est particulièrement bien adapté.
La fertilisation : Une fertilisation raisonnée améliore de façon sensible la végétation et les rendements du myrtillier, sans pour autant pénaliser la qualité du fruit. Les éléments fertilisants sont apportés avec l’irrigation. A partir du début du cycle végétatif, des micro-éléments doivent être ap� portés par application radiculaire hebdomadairement, et foliaire une fois toutes les 2 semaines jusqu’à la fructification. A noter que la culture de myrtille est sensible aux engrais nitriques et préfère les engrais ammoniacaux.
La récolte La période de récolte varie selon 64
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la variété. Pour qu’une baie puisse exprimer son potentiel de qualité, elle ne doit pas être récoltée avant d’avoir atteint son stade optimal de maturité (baies complètement colorées). Dans le Souss, la récolte débute en décembre jusqu’au mois de mai. Les agriculteurs font le tri et l’emballage à la main et sur place, ce qui demande une disponibilité appropriée en main d’œuvre qualifiée afin de pouvoir faire une récolte avec rapidité et efficacité.
Avec le pouce les myrtilles mûres sont roulées à partir de la grappe dans la paume de la main. Le cueilleur doit manipuler les fruits avec soin et les toucher le moins possible afin de ne pas enlever la fine pellicule cireuse naturelle qui recouvre le fruit et qui garantit sa fraicheur, sinon elles sont considérées comme des écarts. En pleine production, le nombre moyen d’ouvriers est de 12 à 15 par hectare, le pic de récolte se situant vers mi-février. Les fruits sont récoltés et emballés sur place au niveau de la serre dans des boites à double coques en plastique transparent qui sont pesées et rangées dans des plateaux en carton.
La conservation Les myrtilles évoluent rapidement à température ambiante. De ce fait, juste après la récolte, les fruits doivent être refroidis rapidement à 2°C pour prolonger leur conserva-
Myrtilles, pour créer de la valeur, faire les bons choix techniques Une majorité de producteurs s’orientent vers le hors sol, une conduite qui demande une bonne maîtrise technique. Encore faut-il choisir un substrat stable, adapté et être accompagné par des spécialistes.
La tendance au hors sol
Pour des cultures longues et fragiles comme les myrtilles beaucoup choisissent le hors sol. L’investissement est important mais grâce à un pilotage technique plus précis de la ferti-irrigation les rendements sont meilleurs. Les myrtilles ont besoin d’un pH bas et d’une EC faible. En pleine terre, on observe une augmentation du pH alors qu’il peut être plus facilement stabilisé en pot.
Equilibre entre air et eau, les fractions de tourbe gage de succès
Comment maximiser l’activité racinaire, donc les rendements et la qualité des fruits? Choisir des substrats aux capacités en
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air et eau adaptées aux conditions de culture. La tourbe de sphaigne possède un pH naturellement acide qui contribue à une bonne stabilité chimique du substrat. Les substrats myrtilles de Klasmann-Deilmann incorporent de la tourbe blonde, du coco (ou de la Fibre de bois), de la perlite et des fractions de tourbe blonde. Ces éléments assurent un équilibre entre l’aération et le drainage, limitant ainsi les risques d’excès d’eau. Un autre élément à prendre en compte dans le choix du substrat est sa stabilité dans le temps. Les fractions de tourbe blonde jouent ici un rôle important : elles évitent le tassement, limitent la perte de volume du substrat dans le temps et protègent les racines.
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tion et freiner l’apparition de maladies, en particulier l’anthracnose et la pourriture grise. Les myrtilles fraiches sont ensuite exportées en Europe par camions réfrigérés en 1 à 4 jours. A noter que la myrtille est un fruit qui se conserve plus longtemps que la framboise, jusqu’à trois semaines.
Principaux ennemis - La pourriture des racines (phytophthora) : c’est la première maladie répandue dans la culture de la myrtille. Elle est causée par un mauvais drainage et une mauvaise aération du sol, et provoque le jaunissement, la décoloration, le flétrissement du plant, l’absence de nouvelles pousses et la nécrose des racines. - La pourriture grise (botrytis cinerea) qui apparaît sur les fleurs et les fruits. Son risque augmente avec la température et l’humidité. - L’oïdium : La brumisation consti-
Des experts qui connaissent les conditions locales
Klasmann-Deilmann a développé, en collaboration avec son partenaire CASEM, une gamme de substrats myrtille qui ré-
pondent aux contraintes et méthodes de culture propres aux producteurs marocains. Avec l’équipe CASEM, nous vous accompagnons pour choisir, dans cette gamme, les solutions les mieux adaptées à votre environnement et techniques culturales.
Culture de myrtilles sur substrat KLASMANN TS4 977 : tourbe blonde – fractions de tourbe – coco – perlite
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tue le principal facteur favorisant l’apparition de ce champignon dans la région. Son attaque commence par l’apparition d’une poudre blanche, d’aspect farineux à la surface des feuilles, des tiges et parfois des fleurs ou des fruits. L’oïdium provoque une déformation des feuilles, qui se boursouflent. Le champignon se multiplie sur les organes jeunes (feuilles), qu’il envahit et déforme. - Les thrips apparaissent au moment de la floraison. Ils provoquent l’apparition de tâches pâles et argentées et la déformation des points de croissance. Pour ces différents ennemis il existe des solutions homologuées au Maroc (voir index phytosanitaire) en plus de solutions biologiques. Au Maroc, rares sont les études et les recherches entreprises pour évaluer l’effet du mode de conduite en pot (hors sol) et sur le billon (plein sol) sur la qualité physico-chimique des
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fruits de myrtille produits. Une étude a été menée par des chercheurs marocains pour évaluer et comparer la qualité, les caractéristiques physiques et les attributs chimiques des fruits produits en pot par apport à ceux issus des plants cultivés sur billon dans la région de Gharb. Cette étude a montré que les fruits de myrtille issus de l’hors sol ont une meilleure qualité physicochimique que ceux d’une production normale (en plein sol). De même, ce mode de conduite a d’autres avantages, et se caractérise par une taille réduite des supports de plantation. Il permet donc un meilleur contrôle de la nutrition. Seuls les éléments introduits dans l’eau sont présents dans la zone racinaire. Ce mode de culture permet de conserver l’eau si l’on compare avec la culture en terre. De la même façon, la presque totalité de l’engrais utilisé est absorbée par la plante. Rien ne
se
perd dans le sol, ce qui écarte le danger de polluer les nappes phréatiques et de réduire la vie microbienne dans le sol. Dans ce mode, la masse racinaire n’a pas besoin de s’étendre autant qu’en pleine terre. Les plantes reçoivent toute la nutrition dont elles ont besoin sur une surface réduite, sans qu’il y ait de réelle compétition entre elles. En conséquence, elles peuvent pousser bien plus près les unes des autres qu’en terre.
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Fall Creek renforce ses équipes commerciale, de soutien aux producteurs et de recherche appliquée pour accompagner le nombre croissant de producteurs-exportateurs de myrtilles au Maroc. Fall Creek Farm & Nursery, Inc, entreprise mondiale de sélection et pépinière de myrtille, a étoffé son équipe et lancé de nouvelles recherches appliquées afin d’apporter plus de valeur aux producteurs exportateurs au Maroc et dans la région méditerranéenne. L’entreprise fournit des plants de myrtilles aux producteurs marocains depuis plus de 15 ans, mais l’ajout de personnel résident représente un nouveau niveau d’engagement envers la région.
développé des partenariats efficaces à long terme avec plusieurs grands négociants. Les deux parlent le français, l’espagnol, l’anglais et d’autres langues clés. «Cultiver des myrtilles avec succès n’est pas chose facile, et nous reconnaissons l’importance de fournir à nos clients un soutien technique constant sur le terrain, explique M. Guély. «Notre équipe de recherche appliquée travaillera en étroite collaboration avec les responsables des ventes et les producteurs de la région afin d’optimiser la gestion de chacune des variétés que nous avons déjà mises en marché ainsi que les nouvelles variétés que nous lancerons cette année. Notre équipe aidera également les producteurs à choisir les variétés qui conviennent à leur stratégie en fonction du marché de destination et des objectifs saisonniers. En fin de compte, la tâche de notre équipe est d’aider les producteurs à réduire les risques dans leurs exploitations agricoles et à réaliser les rendements nécessaires pour livrer des fruits exceptionnels sur le marché et continuer à investir et à faire croître leurs entreprises. Il ajoute que l’entreprise embauchera plus de personnel local dans un proche avenir. M. Francisco Manuel Tirado Monge, agronome avec une grande expérience dans la gestion technique des cultures de baies (fraises, framboises, mûres et myrtilles), di-
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Photo FALL CREEK variété BiancaBlue
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Photo FALL CREEK variété JupiterBlue
Publi-reportage
« Fall Creek a toujours respecté une philosophie de : « Aller là où ils poussent », explique M. Bertrand Guély, directeur régional de la pépinière de myrtilles et de la génétique de Fall Creek en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. «Il est de plus en plus clair que les producteurs marocains sont essentiels pour assurer un approvisionnement en myrtilles en contre saison et fiable tout au long de l’année pour le marché européen, en particulier en hiver et au printemps. Nous continuons donc à investir dans la région avec des ressources humaines dédiées.» Fall Creek et d’autres membres de l’Organisation internationale des myrtilles (Internatio-
nal Blueberry Organization) prévoient que la demande en myrtilles de qualité et de saveur constantes ne fera qu’augmenter à mesure que les consommateurs d’Europe et d’ailleurs prendront conscience des bienfaits des fruits et des légumes pour la santé, et que les tendances en matière de consommation des fruits et légumes délicieux et faciles à consommer continueront à croître, comme ce fut le cas en Amérique du Nord. L’équipe de Fall Creek au Maroc comprend maintenant M. Abdelhadi Zougui, responsable des ventes et du soutien aux producteurs, qui a travaillé au Maroc au cours des 15 dernières années, d’abord en tant que gestionnaire de fermes de melons et de brassicacées avant de se lancer dans la commercialisation pour diverses entreprises d’engrais, de semences et de sciences du végétale (Crop Science). Il travaillera directement avec les producteurs clients de Fall Creek au Maroc pour les aider dans le choix des variétés adaptées de myrtilles, la livraison et le soutien technique pour la gestion des récoltes et l’expédition. M. Zougui travaillera en étroite collaboration avec M. Juan Antonio Lorenzo Siguenza, Key Account Manager, qui a plus de 18 ans d’expérience dans le secteur alimentaire, et plus récemment sur le marché mondial de l’huile d’olive, et qui a
M. Bertrand Guély Regional Director EMEA
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M. Abdelhadi Zougui, Sales & Grower Support Rep. Morocco
M. Juan Antonio Lorenzo, Key Account Manager
rige les efforts de recherche appliquée pour les clients de Fall Creek dans la région EMEnA , et est un autre nouvel employé basé en Espagne. Il a passé les quatre dernières années à travailler sur la gestion et l’évaluation de nouvelles variétés de myrtilles à tous les niveaux de besoins en froid. «J’ai six ans d’expérience avec les variétés Fall Creek en tant que client de l’entreprise. Je connais très bien le programme de sélection et je connais aussi le terrain et les conditions au Maroc», expliquet-il. «Ce poste correspond donc parfaitement à ma connaissance des deux domaines. Je suis également très enthousiaste au sujet des nouvelles variétés que nous lancerons sur le marché la saison prochaine et du matériel à venir. J’ai hâte de développer les meilleures pratiques de gestion pour chacun de ces nouveaux génotypes.» M. Tirado s’associera à Messieurs Zougui et Lorenzo pour rechercher des solutions aux défis les plus pressants de la gestion des cultures au Maroc et leur fournir les informations techniques essentielles pour aider à la réussite de leurs clients. «Les producteurs marocains s’attendront à recevoir de l’information technique sur chaque variété, y compris les avantages et les inconvénients, les points faibles, les atouts et ainsi de suite», explique M. Tirado. «Le personnel de recherche appliquée de Fall Creek élaborera des guides de culture spécialement pour le Maroc afin de fournir des recommandations sur ce qu’il faut faire et éviter en matière de gestion pour les variétés de myrtille de l’entreprise. Nous comprenons que les producteurs marocains se préoccupent de l’adaptation des variétés au Maroc par rapport à d’autres pays, de leur caractère saisonnier, de leur rendement et de la qualité des fruits.» Actuellement, il étudie quand et comment les producteurs marocains devraient tailler certaines variétés en particulier et utiliser des techniques nutritionnelles spécifiques, en cherchant les meilleures variétés à produire aux saisons souhaitées, et comment synchroniser les saisons de taille et de production. «Les producteurs veulent savoir s’ils taillent www.agri-mag.com
Francisco Manuel Tirado Monge, Applied Research
aujourd’hui, quand ils vont pouvoir récolter les fruits, explique-t-il. «Nous avons de nouveaux génotypes qui offrent un nouveau niveau de plasticité dans la gestion.» En plus de l’appui d’un personnel local dévoué, Fall Creek offre un nouveau programme d’octroi de licences avec un pipeline de variétés de plants de myrtilles pour aider les producteurs indépendants à réussir à répondre à la demande «hors saison» en Europe, hiver et printemps. La Fall Creek Collection™ comprend des variétés déjà testées dans le sud de l’Espagne, au Mexique et au Pérou, pays ayant quelques points communs avec des environnements de culture dans le nord, le centre et le sud du Maroc. Le modèle de licence de la collection Fall Creek s’adresse aux producteurs professionnels qui veulent avoir accès à des variétés exceptionnelles de myrtilles à un prix concurrentiel sans être obligés de livrer le fruit par un canal de commercialisation particulier. Parmi les variétés actuellement disponibles dans la Collection figure JupiterBlueTM «FCM12- 131», qui est actuellement à l’essai mais qui semble prometteuse en tant que variété extrêmement précoce pour la production fin hiver/début printemps dans le nord et pour une production encore plus précoce (automne) dans les régions du sud du Maroc. Cette variété a été mise au point au Mexique, où les producteurs ont fait savoir qu’elle «est un peu difficile à cultiver, mais qu’elle en vaut la peine pour son gros calibre, son goût et sa période de production extrêmement précoce». Une autre variété actuellement disponible par le biais de la Collection est BiancaBlueTM «FCM12-087», qui produit des fruits d’une qualité exceptionnelle pour la saison tardive. «Il n’y a pas de variété parfaite de myrtilles, mais grâce à la recherche et au développement, nous nous rapprochons de la création de meilleures variétés pour répondre aux objectifs et aux besoins spécifiques de chaque région et de chaque producteur», explique M. Hans Liekens, directeur commercial de Fall Creek pour la région EMEnA.
Hans Liekens, Fall Creek’s commercial manager for EMEnA
Dans les mois à venir, la collection comprendra une nouvelle variété «early-mid season» développée dans le sud de l’Espagne qui promet un rendement élevé, un faible coût de récolte, est facile à gérer et produit des fruits savoureux et croquants. «Peu de temps après ce lancement, d’autres variétés précoces proviendront de programmes internes et de programmes partenaires, alors restez à l’écoute», explique M. Liekens. A noter que Fall Creek est prudent lorsqu’il s’agit d’introduire de nouvelles variétés de myrtille. En effet, l’entreprise ne lance un nouveau matériel végétal qu’après avoir procédé à des essais approfondis, et lorsqu’il a fait ses preuves afin de réduire les risques pour ses clients producteurs. «Nous sommes impatients de servir encore mieux nos clients producteurs au Maroc, mais nous espérons aussi y développer de nouveaux partenariats», explique M. Guély. «Les myrtilles offrent aux producteurs qui cultivent d’autres fruits et légumes, une excellente occasion non seulement de diversifier leurs cultures, mais aussi d’accroître leurs bénéfices nets. Avec les bons conseils et le soutien technique, c’est tout à fait possible.» Fondée il y a 40 ans par la famille Brazelton à Lowell, Ore, États-Unis, Fall Creek Farm & Nursery, Inc, en plus de ses pépinières aux ÉtatsUnis, au Mexique et au Pérou, possède deux pépinières en Europe avec une équipe technique et commerciale professionnelle répondant aux besoins spécifiques des producteurs de myrtilles en Europe, au Moyen Orient et en Afrique : Fall Creek Europe, qui en est à sa quatrième année de production à Aznalcázar, en Espagne, et Fall Creek Driesvenplant, la plus récente acquisition de la société aux Pays-Bas. D’ici la fin de 2020, l’équipe de Fall Creek en Afrique du Sud achèvera le développement d’une autre installation dans ce pays. Les producteurs intéressés peuvent contacter l’équipe de Fall Creek Maroc par email : blueberries@fallcreeknursery.com ou visiter : www.fallcreeknursery.com. Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
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LUTTE INTEGREE EN CULTURES DE FRUITS ROUGES Saïd AMAZOUZ Directeur Technique et du Développement
Face aux exigences de plus en plus strictes des clients, au développement de la résistance par les ravageurs à certaines matières actives, à l’élimination de plusieurs substances chimiques et au rythme de récolte allant jusqu’à 3 passages par jour, le producteur marocain s’est retrouvé devant la nécessité d’opter pour la lutte intégrée. C’est le cas actuellement des cultures de fruits rouges à l’instar des deux principales cultures maraîchères sous serre: tomate et poivron. Mais l’atteinte des objectifs attendus de cette nouvelle stratégie repose sur un ensemble de méthodes de protection et de connaissances.
I- Définition
La lutte intégrée se définit comme étant la combinaison harmonieuse de toutes les méthodes de lutte et de prévention disponibles ; la
priorité est donnée aux moyens physiques (filets anti-insectes, bandes et plaques adhésives, paillage, …), aux moyens biotechniques (phéromones) et aux moyens biologiques (lâchers et/ou préservation des
auxiliaires), les interventions chimiques peuvent avoir lieu, en tenant compte de leurs effets sur la faune auxiliaire, lorsque l’ennemi de la culture atteint un niveau économiquement intolérable.
II - Principaux ravageurs des cultures de fruits rouges 1- Importance des ravageurs par culture Ravageur Acariens tétranyques Acariens tarsonèmes Chenilles défoliatrices et carpophages Thrips Drosophila suzuki Cécidomyie Cochenilles Pucerons
Espèce Tetranychus urticae Tetranychus evansi Polyphagotarsonemus latus Tarsonemus pallidus Plusieurs espèces: - Spodoptera exigua - Duponchelia fovealis Plusieurs espèces Drosophila suzuki Dasineura oxycoccana Plusieurs espèces Plusieurs espèces 72
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Framboisier ***
Mûrier **
Fraisier ***
**
***
**
***
*
**
** ***
** **
*** **
Myrtilles
** ** *** ** *
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2- Reconnaissance des ravageurs des fruits rouges et leurs dégâts Ravageurs
Espèces Tetranychus urticae Tetranychus evansi
Dégâts
Acariens tétranyques
Polyphagotarsonemus latus Tarsonemus pallidus Acariens tarsonèmes
Chenilles défoliatrices et carpophages
Plusieurs espèces: - Spodoptera exigua - Duponchelia fovealis
Plusieurs espèces
Thrips
Drosophila suzukii
Drosophila suzukii
Cécidomyie du bleuet
Dasineura oxycoccana
Cochenilles
Plusieurs espèces appartenant à 3 familles : Pseudococcidae, Coccidae et Margarodidae
Pucerons
Plusieurs espèces
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III- Principales composantes de la lutte intégrée 1- La surveillance des cultures
En lutte intégrée, la mise en place d’un système de surveillance de l’état sanitaire est inévitable. Ceci est dû à l’efficacité limitée des moyens de lutte possibles d’où la nécessité d’agir en préventif. La surveillance nécessite la formation et l’implication de tout le personnel de la ferme. Un technicien ou un ouvrier qualifié est conseillé pour chaque 10 ha. La surveillance consiste en des comptages systématiques sur des plaques engluées ainsi que des examens de feuilles afin de déterminer le taux d’infestation, la localisation des foyers et l’évaluation des mesures de protection mises en place. Cette pratique n’est pas encore pratiquée par la majorité des producteurs qui se limitent à de simples tournées et des évaluations visuelles des risques.
2- Les mesures prophylactiques
Les mesures prophylactiques à prendre en compte dans la protection des cultures de fruits rouges sous serre contre les attaques de ravageurs peuvent être résumées en : - Choix du site : voisinage propre dans la mesure du possible; - Désherbage des abords des serres car les serres ne peuvent pas être étanches; - Bon choix des plantes des haies servant de réservoir d’ennemis naturels ; - Utiliser des plants indemnes de toute attaque de ravageurs à la plantation ; - Bien nettoyer et désinfecter la serre avant plantation ; 74
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- Gestion du plan d’assolement de façon à éviter les contaminations entre serres ; - Gestion du personnel : commencer le travail par les serres moins infestées ; - Hygiène : détruire les fruits pourris ou tombés par terre ou trop murs.
mandés au niveau des pourtours des serres. L’utilisation des plaques et bandes adhésives doit obligatoirement tenir compte de leur effets sur les auxiliaires.
3- La lutte biotechnique
Généralement le producteur a recours au service des sociétés spécialisées dans le domaine de lutte biologique pour la mise en place d’une stratégie de lutte intégrée. Ces dernières imposent au producteur certaines restrictions et recommandations en matière d’utilisation des pesticides avant et après les lâchers. Toute négligence au niveau du respect de ces exigences risque de mettre en péril l’installation des auxiliaires et par conséquent toute la stratégie.
Elle englobe le piégeage de masse à l’aide de bandes adhésives bleues pour les thrips et rouges pour Drosophila suzukii en plus des pièges alimentaires à base de vinaigre et levure pour ce dernier ravageur. Ces techniques sont plus efficaces lorsque la population des ravageurs cibles est très faible. Les pièges sont vivement recom-
4- Le respect des traitements avant les lâchers
5- La lutte biologique Bandes adhésives bleues contre les thrips
Bandes adhésives rouges contre Drosophila suzukii
La lutte biologique contre les ravageurs repose sur des connaissances approfondies de la biologie et l’écologie des insectes ravageurs et de leurs ennemis naturels (auxiliaires). De ce fait, l’assistance d’une société spécialisée dans ce sens est souhaitable. Pour des producteurs disposant d’une superficie suffisamment importante, un cadre supérieur dédié à cette fin est vivement recommandé. Les lâchers d’insectes doivent être programmés dans la mesure du possible en préventif et dirigés après par le système de surveillance pour cibler les endroits à risque ou infestés (foyers). www.agri-mag.com
Principaux agents de lutte biologique utilisables sur les cultures des fruits rouges Ravageur Acariens tétranyques
Auxiliaires utilisables
Phytoseiulus persimilis Acariens tarsonèmes
Amblyseius swirskii Thrips (à l’exception de Heliothrips haemorrhoidalis)
Orius laevigatus Chenilles défoliatrices et carpophages
Pulvérisation de produits à base de Bacillus thuringiensis
6- Les traitements chimiques d’accompagnement Etant donné la non maitrise de tous les paramètres dans une serre, il arrive qu’un ravageur dépasse le seuil de tolérance avant qu’il soit maitrisé par les moyens de lutte précités ou qu’il ne soit maitrisable que chimiquement. Dans ces situations, le recours à un traitement chimique s’impose. Le choix du produit, du moment d’application et de la dose doivent être raisonnés selon la situation de la culture (niveau d’installation des auxiliaires, climat, niveau des autres ravageurs) et selon la liste des pesticides autorisés. Avant d’avoir recours à des interventions généralisées, il vaut mieux privilégier les traitements localisés si le ravageur se développe en foyers (cas des acariens, cochenilles et pucerons) ou profiter de l’intersaison après récolte pour procéder à l’assainissement. www.agri-mag.com
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Botrytis de la fraise Dépendance de la météo et lutte Le botrytis, couramment appelé pourriture grise, est causé par le champignon Botrytis cinerea. Cette maladie cryptogamique est favorisée par des conditions printanières humides. C’est une maladie de première importance économique pour le fraisier, pouvant provoquer des dégâts considérables quand les conditions d’humidité et de température lui sont favorables.
L
es feuilles mortes du fraisier, porteuses de sclérotes, constituent un réservoir de spores de Botrytis cinerea. Quand les conditions sont propices, les spores libérées vont atteindre les bourgeons naissants ainsi que les fleurs. Leur propagation s’effectue alors grâce au vent et aux éclaboussures. Les conditions climatiques déterminent par conséquent, l’importance de la maladie pendant une campagne donnée. La maladie se développe si l’humidité est très élevée, voire saturante, et si les températures sont comprises entre 15 et 20 °C. Les précipitations jouent donc un rôle très important pendant la floraison et la formation du fruit. Les fruits formés peuvent aussi être contaminés, mais les symptômes ne sont pas toujours visibles au moment de la récolte. Ils s’expriment et se propagent à mesure que le fruit murit. Des infections secondaires peuvent également se produire par des blessures microscopiques sur les fruits après la récolte.
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Les symptômes de botrytis
Cette maladie se manifeste en fin de floraison, sur les pétales desséchés naturellement. Ceux-ci se nécrosent et se recouvrent de taches brunes et d’un duvet gris, d’où le nom de pourriture grise. Les fruits sont ensuite atteints avec les mêmes symptômes, puis ils s’assèchent et se momifient. A noter que les fleurs affectées par la gelée sont des victimes idéales pour le Botrytis et peuvent donc servir de point de départ pour l’infection. La répartition des attaques de botrytis se fait au hasard puis en foyer et se généralise rapidement si les conditions de développement sont favorables. Le rhizome du fraisier peut également être atteint. Dans ce cas, une nécrose brun foncé à sa partie supérieure peut être observée par coupe longitudinale. Même si les différentes parties aériennes du fraisier peuvent être attaquées par cette maladie, les dégâts sur les fruits et dans la partie supérieure du rhizome sont les plus préjudiciables. Lorsque le rhizome est atteint, le botrytis peut provoquer soit la mort totale de
la plante, soit le départ de bourgeons axillaires localisés sur la partie inférieure du rhizome. A noter que les symptômes peuvent apparaître aussi bien avant la récolte que sur les fraises déjà récoltées.
Stratégie de lutte
Eu égard aux exigences de plus en plus strictes des marchés de l’exportation en matière de résidus de pesticides, la lutte intégrée paraît de plus en plus comme la solution la plus adéquate pour faire face aux ennemis du fraisier. La stratégie de lutte contre le botrytis du fraisier doit donc reposer sur la combinaison des différentes méthodes disponibles. Choix de la parcelle Il est recommandé de choisir un site où l’air circule facilement, avec une bonne exposition au soleil, sur un sol qui se draine bien. Choix variétal La sensibilité des variétés de fraisier au botrytis est variable. Ainsi, les variétés dont les fleurs et les
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conditions idéales de son développement sur les parties aériennes du fraisier. Il est possible de diminuer fortement les dégâts de botrytis en prenant des mesures indirectes comme enlever systématiquement de la fraisière toutes les feuilles sèches et, pendant la récolte, tous les fruits pourris. De même, l’enfouissement des résidus de culture dans le sol après la rénovation des fraisières coupe le cycle du champignon.
La lutte chimique fruits se trouvent en-dessus des feuilles, celles qui forment des fruits fermes avec un long pédoncule et des sépales ne se plaquant pas contre le fruit sont considérées comme moins sensibles. Et la sensibilité diminue encore si le cône central ne mûrit qu’après la chair qui l’entoure. Type de plantation Il est préférable d’orienter les rangs dans le sens des vents dominants, pour assurer un séchage rapide du feuillage et des fleurs afin de limiter le développement du champignon. La culture sur planche (billons) et en rangs étroits peut aussi faciliter le séchage des feuilles. Mesures préventives Le contrôle prophylactique du botrytis sur fraisier passe par des mesures préventives indispensables qui ont toutes pour objectif d’éviter le maintien de l’eau sur la plante et d’aérer la culture. Parmi ces mesures, le choix de la bonne densité de plantation, pour faciliter la circulation d’air dans les rangs et des volumes d’abris serre suffisants. Les plantations suffisamment aérées, gérées avec un bon contrôle de la fertilisation et de l’irrigation, préviennent le développement accru de la pourriture grise. Par exemple, l’apport raisonné d’azote empêche ces conditions favorables à la maladie. L’utilisation du paillage plastique est préférable pour ne pas donner au botrytis les 78
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L’observation continue de la parcelle est très importante, notamment lorsque les fleurs sont blessées par le gel et deviennent donc plus sensibles aux infections. La vérification de la présence de brunissement sur les fleurs et les calices des fruits en développement, l’observation des signes de pourriture à mesure que le fruit mûrit et l’examen des centres de rangs, là où l’humidité relative est la plus élevée, sont des mesures de bon sens qui peuvent empêcher une épidémie conséquente de pourriture grise. En fonction des observations réalisées et selon le ou les stades de développement du Botrytis présents sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes adéquats d’action et de pénétration dans la plante (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique). Il est important de prendre en compte également leur polyvalence pour lutter contre d’autres maladies fongiques qui
peuvent être présentes en même temps. Les experts en protection des cultures recommandent de privilégier les traitements en préventif, de respecter les doses recommandées et d’inclure dans le programme de traitement des fongicides issus de différentes familles chimiques afin de prévenir le développement de résistances. A noter qu’il existe des fongicides offrant une durée de protection plus prolongée, même au delà de la récolte. Il s’agit d’un atout de taille pour les exportateurs.
Produits biologiques
De plus en plus de producteurs incluent dans leur programme de traitement des fongicides biologiques notamment à base de Pythium oligandrum ou à base de souches Trichoderma comme solutions au problème de la pourriture grise. Il existe également des produits qui stimulent l’activité microbienne utile du sol, rendant ainsi la nutrition hydro-minérale de la plante plus efficiente en plus de la protection et la stimulation du système racinaire et l’amélioration de l’autodéfense et la résistance au stress chez la plante. La réussite de la maitrise du botrytis permet au producteur d’obtenir des fraises plus saines et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de plus en plus strictes des marchés (absence de résidus, moins de pertes au stockage, au transport, sur les étals et chez le consommateur).
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Publi-reportage
Oxysol: une application bénéfique pour la plante et l’environnement
La société Econotion, située à Belfaa dans le Souss, a entamé cet été sa deuxième campagne de cultures de framboises, variété Adélita, sur une superficie de 8 hectares. Bien informée du potentiel et des effets de la silice minérale Oxysol par des collègues européens, Econotion applique le protocole Oxygénia depuis 12 mois : « c’est 100% naturel, efficace et rentable nous avait-on dit. Alors pourquoi ne pas essayer ? C’est ce que nous avons fait et nous ne le regrettons vraiment pas » explique Achraf Belgourch, le directeur de l’exploitation familiale. L’anecdote est savoureuse et mérite d’être contée. En septembre 2018, Econotion teste la silice minérale Oxysol sur 1 hectare de tomates. Trois mois plus tard, Achraf Belgourch observe un développement
plus rapide et moins de maladies sur sa parcelle d’essai. « Je me suis tout simplement dit, si ça marche sur la tomate, pourquoi ne pas essayer sur la framboise. C’est une culture que nous voulons développer.
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Début août 2018, nous entamions notre première campagne sur 3,5 hectares. Nous avons débuté l’essai Oxysol au mois de novembre, en cours de culture ». Février 2019, soit une centaine de jours plus tard, le résultat est flagrant : par rapport aux témoins, les serres testées présentaient des plants de framboisier plus vigoureux avec un système racinaire (photo 1) et des charges de fruits beaucoup plus développés. « Nous avons donc décidé d’étendre le protocole Oxygénia à l’ensemble de notre exploitation qui représente une superficie de 11 hectares ». Mounir BEN KHELIFA, qui vient d’intégrer l’équipe d’Oxygénia Maroc, n’est pas surpris par les résultats obtenus. Cet ingénieur agronome, ancien chercheur à l’INRA de Bordeaux, est spécialisé en phytopathologie et nutrition des plantes. Eminent spécialiste de la silice, il en connait parfaitement les effets et les propriétés et la conseille vivement : « La silice Oxysol est 100% minérale, micronisée et énergisée en oxygène. Elle est unique sur le marché. C’est la seule silice minérale non amorphe existante. Son potentiel est immense et ses propriétés multiples que ce soit pour la protection de la plante, pour l’assimilation des éléments nutritifs, pour la croissance, la régularisation du Ph etc. ».
« Nous avons
diminué la fréquence d’utilisation des enracineurs » A Belfaa, Jamel Adarmouch, le responsable technique d’Econotion, surveille ses framboises au quotidien. En ces premiers jours du mois de novembre il observe attentivement l’évolution de ses plants plantés à la mi-juillet et recueille les premiers fruits de la campagne 2019. La récolte s’annonce prometteuse, un large sourire se dessine sur ses lèvres : « c’est vraiment très intéressant à tous les niveaux : le système racinaire est bien développé, nous avons même diminué la fréquence d’utilisation des enracineurs. La charge de fruits m’impressionne (Photo 2 et 3), il y a plus de bouquets que l’an passé et plus de fruits sur les bouquets. Certains bouquets cassent parfois sous le poids ». En parcourant les nombreuses allées des différentes serres où de petites mains récoltent les précieuses framboises. Jamel enchaîne : « même pour les ouvriers, c’est plus facile. Les cellules des fruits ne cassent pas ». Il se baisse, relève le paillage plastique au sol « Regardez les drageons. Il y en a plus. C’est pareil pour les bourgeons latéraux et la vigueur (Photo 4) ». L’action d’Oxysol www.agri-mag.com
de diminuer l’apport en fertilisants de 20 à 30% avec le protocole Oxygénia » détaille Mounir BEN KHELIFA puisque la plante assimile beaucoup mieux tout ce qu’on lui donne». Ce scientifique tunisien, installé depuis bientôt cinq ans au Maroc, est aussi un ex coordinateur national de la lutte phytosanitaire et de prévisions des risques épidémiques au Ministère de l’Agricultu�re Tunisien. Il porte un regard très éclairé et scientifiquement prouvé sur les effets préventifs de la silice sur les pathogènes.
4 sur la rhizosphère (zone racinaire) est très importante. Il favorise la démultiplication de l’activité microbienne dans le sol grâce à son apport unique en oxygène. « Il permet et facilite la transformation de la matière organique en matière minérale et accélère donc le processus de minéralisation. La plante dispose alors d’éléments minéraux facilement assimilable au niveau du sol ce qui permet de faire des apports raisonnés. C’est pour cela que l’on conseille
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La silice permet à la plante de fabriquer naturellement ses phyto-alexines
« La silice contribue à renforcer l’endoderme et empêche l’installation des maladies ce qui offre à la plante un seuil de tolérance aux agressions extérieures. La plante est moins stressée en raison de la mise en place naturelle d’une couche silicatée au niveau de l’épiderme des feuilles. Ce qui empêche notamment la prolifération des hyphes mycéliens des champignons ». Et de poursuivre : « La silice empêche l’évapo-transpiration excessive par fortes
chaleurs, elle minimise les pertes d’eau en raison de ses qualités naturelles de rétention hydrique ». Enfin, et ce n’est pas le moindre des arguments, estime Mounir BEN KHELIFA « la silice est un éliciteur des moyens de défenses de la plante. Elle déclenche et favorise la sécrétion naturelle des phyto-alexines des plantes, ces substances produites habituellement par la plante suite à une agression. Grâce à la silice, la plante va fabriquer naturellement ses phyto-alexines et devenir plus tolérante». Pendant ce temps, à Belfaa, la société Econotion poursuit son petit bonhomme de chemin. Pour sa 2èmecampagne, l’entreprise familiale a plus que doublé sa superficie de framboises passant de 3,5 à 8 hectares entre 2018 et 2019. Un choix logique, dicté par des facteurs économiques et écologiques : une consommation d’eau moins importante, un rendement à l’hectare plus intéressant et une demande conséquente à l’export. « J’ai hâte de connaître les résultats des pesages nous confie Achraf Belgourch. Nous débutons dans ce domaine et souhaitons devenir une référence».
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Phytoprotection
Mildiou & Botrytis
Principaux ennemis de la tomate en hiver La tomate conduite sous serre en particulier, est sujette à la pression de plusieurs maladies et ravageurs qui impactent considérablement la productivité et la qualité. L’objet de cet article est de décrire brièvement les maladies cryptogamiques aériennes les plus courantes sur tomate pendant la saison froide ainsi que les stratégies de lutte actuellement utilisées.
Le mildiou de la tomate Phytophtora infestans, responsable du mildiou sur d’autres solanacées comme la pomme de terre, l’aubergine, le poivron, affecte aussi bien les tomates de plein champ que celles cultivées sous abris-serres au climat mal maîtrisé. Cette maladie est particulièrement redoutée car son expansion sur tout ou partie de plante peut être fulgurante. Ce champignon présente une grande diversité génétique avec des niveaux de virulence différents selon les souches. Les dégâts peuvent être très importants si l’attaque est mal contrôlée. Le nombre de fruits commercialisables est alors très limité.
Symptômes
La maladie se développe le plus souvent par foyers. Les premiers symptômes observés sont des taches foliaires d’abord humides puis brunes de forme irrégulière. Leur ex-
pansion peut être très rapide: des portions importantes du feuillage finissent par être affectées et se dessèchent entièrement. Sur la face inférieure des feuilles on peut observer, en conditions humides, un duvet blanchâtre fugace. Sur tiges, les symptômes se manifestent également sous forme de taches brunes irrégulières évoluant en lésions chancreuses qui peuvent les ceinturer entièrement. Sur les bouquets floraux, la maladie peut provoquer des brunissements puis la chute de nombreuses fleurs. Sur les fruits en formation apparaissent des marbrures brunes le plus souvent bosselées accompagnées parfois d’un duvet blanchâtre. Les fruits attaqués restent fermes. Seuls ceux partiellement attaqués arriveront à maturité mais seule la partie non infectée pourra rougir. La pourriture molle des fruits apparaît lorsque des micro-organismes secondaires
profitent de l’infection pour envahir les tissus.
Conditions favorables à son développement
P. infestans se développe à la faveur de périodes prolongées humides (épisodes pluvieux, brouillards, rosées prolongées…) accompagnées de températures douces entre 10 et 25°C. A l’inverse, son développement est inhibé en périodes sèches ou journées de vents accompagnées de fortes températures (>30°C).
Conservation, sources d’inoculum, dissémination
Les modalités de conservation d’une saison à l’autre du mildiou de la tomate sont encore mal connues. Elles dépendent beaucoup de la spécialisation parasitaire des souches. P. infestans se conserve sous des formes variables selon les cultures sensibles (Solanacées cultivées ou sauvages) présentes dans les zones de production : oospores ou mycélium. La dissémination des spores formées par le mycélium ou les oospores est assurée par le vent, les pluies. L’utilisation de graines ou de plants contaminés est également un autre mode de dissémination de la maladie.
Moyens de lutte
· Matériel végétal : contrôler la qualité
des plants avant plantation. · Choix de la parcelle : rotation recommandée, éviter les parcelles à proximité de plantations d’autres solanacées ou celles mal drainées ou trop pourvues en matière organique. · Conduite culturale : mettre en œuvre toutes les mesures permettant d’éviter l’excès d’humidité (aérer au maximum les abris, privilégier le système d’arrosage au goutte à goutte, …), même si les serres canariennes 82
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L‘antimildiou qui répond aux attentes des producteurs / exportateurs
Milidiou de la vigne DAR 30 jours
Milidiou de la pomme de terre DAR 15 jours
Milidiou du concombre DAR 7 jours
Milidiou de la tomate DAR 3 jours
Milidiou du melon DAR 3 jours
Action par contact et pénétration. Effet préventif et curatif. Souplesse et confort d’utilisation : - formulé en granulés dispersibles - pas d’odeur ni de poussière au moment de l’utilisation - faible dose d’utilisation (400g/ha) Bonne compatibilité avec les autres pesticides. Résistant à la pluie. Pas d’effet néfaste sur la faune utile. Faibles résidus.
Equation pro : Granulés dispersibles dans l’eau (WG) contenant 22,5 % de Famoxadone (groupe FRAC 11) + 30 % de Cymoxanil (groupe FRAC 27)
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qui constituent la majeure partie des abris au Maroc, ont montré leur inadéquation en termes de gestion du climat. Raisonner la fertilisation (éviter les excès, privilégier la fumure organique). Favoriser une bonne aération de la végétation (densité de plantation réduite, bonne orientation des buttes). Le paillage contribuerait à réduire le risque mildiou. · Entretien de la culture : Eliminer les adventices sensibles à la maladie ainsi que le maximum de débris végétaux en fin de culture. Enfouir profondément les résidus de culture dans le sol.
Lutte génétique
Plusieurs gènes de résistance ont été identifiés et utilisés pour sélectionner des variétés capables de contrôler P. infestans. Des variétés exprimant une résistance partielle au mildiou sont disponibles. Afin d’assurer la durabilité de cette résistance, il est généralement conseillé de pratiquer une lutte chimique complémentaire pour pouvoir garder sur le long terme les avantages de cette lutte génétique.
Lutte chimique Suivre l’évolution de la maladie et réaliser un suivi régulier des parcelles.
L’objet visé étant de protéger les plants le plus tôt possible afin d’empêcher le mildiou de s’installer. Des traitements préventifs sont indispensables en pépinière et en cours de culture durant les périodes à risque et restent le moyen de lutte le plus efficace. Les programmes de traitements seront définis en fonction des conditions de l’exploitation afin d’adapter au mieux le positionnement des fongicides. Selon le ou les stades de développement du mildiou sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes d’action et modes de pénétration dans la plante adéquats (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre l’alternaria. En période à risque, le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser les 7 à 12 jours selon les produits utilisés. Il faut également veiller à alterner les modes d’action des fongicides pour prévenir les risques de résistances.
Le Botrytis ou Pourriture grise La pourriture grise provoquée par le Botrytis fait partie des maladies fongiques les plus courantes affectant la tomate. Le Botrytis est un champignon cosmopolite à large gamme d’hôtes qui touche pratiquement toutes les parties de la plante, mais la forme qui touche la tige est la plus destructrice. Favorisé par le manque de lumière, il s’attaque de préférence aux tissus jeunes et tendres qui nécessitent
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moins de spores pour déclencher la maladie.
Symptômes et conditions favorables Botrytis cinerea se conserve sur les débris de végétaux infestés et dans le sol sous forme de mycélium. Les conidies sont disséminées par l’eau, le vent et les outils de travail.
Ce champignon est responsable de pourritures et de taches fantômes sur fruits, de taches foliaires, de chancres sur tiges, de pourritures racinaires et de fontes de semis. Il est également responsable de pourriture lors du transport et de la conservation. L’attaque des fleurs, fruits, tiges commence généralement par les organes sénescents (pétales, sépales) et par les blessures causées lors de l’effeuillage, de l’ébourgeonnage. Par temps froid et humide, le champignon produit un grand nombre de spores de couleur grise (d’où le nom de pourriture grise) qui assurent la dissémination de la maladie. Le développement de la maladie est favorisé par une humidité relative supérieure à 90%, des températures comprises entre 17 et 23°C et une mauvaise aération des serres. A noter que quand son symptôme le plus caractéristique ‘’la sporulawww.agri-mag.com
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Principaux ennemis de la tomate en hiver
tion’’ apparait, la maladie est déjà bien installée. Il faut donc réussir à l’identifier bien avant cette phase et sans possible confusion avec d’autres maladies fongiques. Ainsi, dès la fin de l’automne, les producteurs doivent surveiller attentivement les symptômes et se préparer pour réagir à temps puisqu’il s’agit d’une maladie omniprésente. En effet, avec la germination très rapide des spores (germination et pénétration dans la plante dans les 5 à 8 heures), le champignon ne laisse qu’un temps de réaction réduit aux producteurs.
Méthodes de lutte
Le botrytis fait partie de ces maladies qui nécessitent toujours une stratégie de lutte intégrant plusieurs facteurs. Les professionnels recommandent, pour un meilleur résultat, la combinaison de toutes les méthodes de lutte disponibles : 1- Méthodes prophylactiques
et culturales
- Désinfecter les structures des serres - Empêcher l’infection initiale (l’introduction de Botrytis dans la serre) - Surveiller tôt les symptômes (dès fin automne et jusqu’à mi‐printemps). - Assurer une bonne circulation de l’air et éviter l’ombrage (densité de plantation, effeuillages, ébourgeonnage, fermeture des serres la 86
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nuit et ouverture le jour…). - Éviter les opérations de pulvérisation à la fin de l’après‐midi et les jours nuageux - Éviter la stagnation d’eau - Eliminer les plantes fortement infectées - Traiter les lésions limitées sur les tiges à un stade très précoce en raclant les tissus et appliquant une pâte fongicide (les lésions graves ne peuvent être traitées, les plantes atteintes doivent être éliminées) - Elaguer en début d’après‐midi (pour permettre aux plaies de sécher) - Envelopper les tissus infectés dans du papier journal mouillé (pour éviter la dissémination des spores) - Désinfecter les sécateurs et couteaux (éthanol ou eau de javel, après chaque plant élagué, prévoir des sécateurs de rechange) - Fermer, évacuer les poubelles (enterrer ou incinérer les résidus de culture). - Considérer la direction du vent (au moment de décharger les déchets) 2- Génétique : pour l’instant il n’y a que des résistances partielles 3- Lutte biologique : utilisation de certains champignons antagonistes : Trichoderma spp., Coniothrium spp., Gliocladium spp., etc. 4- Lutte chimique : La lutte contre la pourriture grise
sur tomate est essentiellement chimique. Cette lutte ralentit le développement de la maladie, mais ne permet pas d’éliminer complètement le champignon. Il existe deux méthodes de traitement : la pulvérisation sur le feuillage et le badigeonnage des plaies et des chancres curetés avec des pâtes fongicides. C’est la lutte la plus fiable à condition d’être bien raisonnée. En effet, l’apparition de souches résistantes à certains produits fongicides, rend parfois les traitements complètement inefficaces. Pour continuer à bénéficier des bonnes molécules le plus longtemps possible, il faut bien gérer les choix et les interventions pour éviter le développement de résistances. Tout produit doit être utilisé dans un programme de lutte intégrée, de préférence en alternance avec d’autres groupes chimiques. Les professionnels recommandent de choisir les produits à action anti‐botrytis unisites et multisites, à utiliser préventivement de préférence. Les fongicides ne doivent jamais être utilisés au dessous des doses et couvertures recommandées (quantité de bouillie). A noter que les nouveaux produits fongicides offrent de nombreux avantages notamment un bon profil IPM (préservation des auxiliaires, bourdons et abeilles) et un DAR de quelques jours seulement. Certains produits assurent même une bonne protection contre le botrytis au-delà des champs durant la phase post-récolte. Il s’agit d’un avantage de taille pour les producteurs-exportateurs qui cherchent à ce que la qualité de leur tomate se maintienne tout au long de la chaine des valeurs (stockage, transport, étals et chez le consommateur) avec moins de pertes pour tous les maillons, tout en répondant aux normes de sécurité. www.agri-mag.com
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Plein champ
Pomme de terre
Les principales maladies fongiques La culture de la pomme de terre est menacée par de nombreux adversaires nuisibles pour les récoltes et les rendements. Qu’il s’agisse de lutter contre les maladies (mildiou et alternariose) ou les ravageurs hostiles (doryphores ou noctuelles), il est nécessaire de mettre en place des programmes de protection fongicide et insecticide adaptés, selon les contraintes économiques, réglementaires et environnementales. Les pommes de terre sont principalement sensibles au mildiou qui peut provoquer des ravages sur les parcelles, allant jusqu’à la destruction totale de la récolte. Maladie fréquente et redoutable, il est possible de prévenir les contaminations de façon efficace et d’utiliser des traitements fongicides performants pour conserver un maximum de rendement. La pomme de terre est également sensible à l’alternariose qui dégrade les récoltes notamment en cas d’attaque précoce. A ces deux champignons s’ajoutent les maladies dites de présentation comme la gale argentée et la rizoctone, qui affectent la qualité visuelle des tubercules, avec l’apparition de taches sur la peau. La présence de ces maladies peut conduire à des pertes de rendement, mais surtout à des déclassements de lots pour la commercialisation sur le marché du frais en pomme de terre lavée. Ces maladies se traitent principalement avant ou au moment de la plantation.
Le mildiou de la pomme de terre Le mildiou de la pomme de terre est une maladie redoutable provoquée par le champignon Phytophtora infestans. Le moindre écart dans la protection peut entraîner en quelques jours des pertes de rendement considérables, voire une destruction complète de la parcelle.
Symptômes
- Sur feuilles : Le mildiou se reconnaît aux larges taches brunes huileuses auréolées de vert pâle à la face supérieure des feuilles et au duvet blanc sur leur face inférieure. Ces taches se dessèchent ensuite en leur centre. La maladie apparaît par foyers isolés, puis
s’étend avec une extrême rapidité à l’ensemble de la parcelle. - Sur pétioles et tiges : La maladie se manifeste sur les pétioles et les tiges par des taches brunes à différents niveaux qui peuvent entraîner la destruction des jeunes plants ou la cassure des tiges des plantes adultes. - Sur tubercules : Des taches brunes apparaissent sur l’épiderme des tubercules, et des zones marbrées de couleur rouille et fibreuses, à l’intérieur, sous la forme d’une pourriture sèche. Ces attaques sont la porte d’entrée à d’autres champignons ou bactéries qui entraînent une pourriture
humide des tubercules dans le sol ou en cours de stockage.
Facteurs favorables à la maladie Conditions climatiques : L’eau sur les feuilles de pomme de terre est nécessaire pour que les zoospores de mildiou puissent germer et infecter les plantes. En outre, le mildiou est favorisé par la succession de périodes de forte hygrométrie (supérieure à 90%) et assez chaudes (comprises entre 10°C et 25°C). Les journées à caractère orageux sont très propices au développement de la maladie. Transmission : Les zoospores se conservent sur les débris de pommes de terre ou les tubercules malades qui en germant, donnent naissance à des pousses contaminées. La maladie se transmet ensuite aux autres parcelles par le vent qui entraine les zoospores, parfois sur de très longues distances. Le mildiou peut également se conserver dans le sol sous forme d’oospores qui contamineront directement la culture de pomme de terre en place.
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Nuisibilité : des pertes im- Moyens de lutte portantes la prévention avant tout Le mildiou peut entraîner des pertes de rendement considérables pouvant aller jusqu’à 70 ou 80% de la récolte, voire dans certains cas la totalité de la récolte. N’oublions pas que le mildiou de la pomme de terre a été à l’origine de la grande famine de 1845-1849 en Irlande.
· Allonger les rotations et détruire les tas de déchets et les repousses pour écarter le risque de contaminations primaires. · Choisir des variétés qui présentent une moindre sensibilité au mildiou. L’avantage: il est possible de décaler le premier traitement. · Intervenir préventivement
avec un fongicide efficace. Il existe aujourd’hui des modèles informatiques développés par des services spécialisés dans la protection des végétaux qui permettent d’anticiper le cycle du champignon et d‘alerter les producteurs sur les risques de contamination. · Avoir recours au plus vite à un traitement curatif lorsque le mildiou est détecté dans une parcelle.
L’alternariose de la pomme de terre Moins connue que le mildiou, l’alternariose peut provoquer des pertes de rendement, notamment lorsque la maladie se manifeste de façon précoce.
Symptômes
- Sur feuilles : La maladie s’attaque en général au feuillage de la pomme de terre après la floraison en commençant par les étages fo-
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liaires inférieurs. Elle peut provoquer une sénescence précoce des plantes. L’Alternariose se manifeste sur les feuilles par des taches nécrotiques brunes de taille variable, avec des anneaux concentriques sur les taches importantes. - Sur tubercules : En cours de stockage, des taches brunes déprimées peuvent apparaître sur les tubercules.
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Pomme de terre Facteurs favorables à la maladie
L’alternariose est favorisée par l’alternance de périodes sèches et humides et par un stress de la culture (sécheresse, attaque d’insectes, carence nutritionnelle, etc.). L’intensité de la maladie n’est pas liée à la pression de l’inoculum à chaque cycle, mais à la succession de cycles rapprochés.
Nuisibilité
Des pertes de 5 à 20% en cas d’at-
taque précoce. En général peu élevées, les pertes de rendement peuvent devenir significatives en cas d’attaque très précoce. Elles atteignent alors de 5 à 20% de la récolte, voire plus de 50% dans certains cas.
Moyens de lutte
L’alternariose est une maladie peu connue à ce jour, notamment en ce qui concerne ses conditions de conservation et de contamination. Les mesures agronomiques sont
essentielles dans la lutte contre l’alternariose : · Limiter la conservation de l’inoculum en éliminant les débris de culture ; · Choisir des variétés moins sensibles ; · Limiter les stress (carences, stress hydrique). La lutte chimique permet de contrer une attaque d’alternariose à partir de la floraison.
Le rhizoctone de la pomme de terre Le rhizoctone provoque des dommages variés sur pomme de terre, à différents stades du cycle de végétation. Le pathogène peut également être présent sur d’autres cultures comme le maïs, la betterave, les crucifères, etc.
Symptômes du rhizoctone
Début de végétation : · Levées irrégulières ou tardives si climat froid et humide · Taches brunes (nécroses) sur germes et stolons En cours de végétation : · Base des tiges attaquées > entrave la circulation de la sève > affecte le feuillage Le rendement brut et le calibrage
peuvent être altérés si l’attaque est forte.
Symptômes sur tubercules :
Les symptômes seront d‘autant plus marqués si l‘attaque a lieu près du début de tubérisation. · Déformation, entailles ou crevasses · Altération superficielle de la peau (liège, desquamation) · Sclérotes : amas superficiels noirs qui restent, même après lavage Les tubercules ne sont pas commercialisables en pommes de terre lavées. Sources d’inoculum : Sol, Plant
contaminé Conditions de développement : · Climat frais et humide après plantation. · Tout ce qui retarde la levée : Plantation : profonde, précoce, en sol froid · Plant : non germé, non réchauffé · Facteur aggravant : Rotations courtes, délai important entre défanage et récolte.
Nuisibilité Le rhizoctone peut entrainer des pertes de rendement jusqu’à 20%. Le calibrage et la qualité des tubercules peuvent être fortement altérés, allant jusqu’à rendre un lot non commercialisable en pommes de terre lavées.
Moyens de lutte · Adapter les rotations selon le potentiel infectieux du sol et selon les autres espèces cultivées sur la parcelle ; · Planter dans un sol réchauffé et bien préparé ; · Utiliser des plants sains ; · Protection chimique des tubercules avant plantation ou en raie de semis ; · Délai défanage – récolte le plus court possible. 90
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La gale argentée de la pomme de terre La gale argentée ne provoque pas de symptômes en végétation : elle affecte uniquement les tubercules et s‘exprime après la récolte.
Symptômes Sur tubercules :
· Zones claires, argentées, bien vi-
sibles sur les variétés à peau rouge. · Ces zones s‘étendent et développent de très fines ponctuations noires (conidiophores) ; c’est la fructifications du champignon. · Décollement de l‘épiderme qui favorise la déshydratation et le flétrissement du tubercule. Les symptômes sont très peu visibles à la récolte. Ils se manifestent pendant le stockage dès que les conditions sont favorables. Ils sont parfois difficiles à différencier de la Dartrose. Sources d‘inoculum : · Plant contaminé · Sol : la gale argentée se maintient et survit sur des résidus de cultures sensibles Conditions de développement : · Peut se développer dès 5°C. · Optimum thermique : 20 - 25°C. · Facteurs aggravant : - Rotations courtes - Délai important entre défanage et récolte
· Au stockage : les spores sont
dispersées par la ventilation et la maladie se développe en humidité saturante, dès 5 - 8 °C dans le stockage et/ou après déstockage. Nuisibilité Selon le degré d’attaque, une perte de poids au stockage est possible. L’impact sur la qualité de stubercule peut rendre un lot non commercialisable en pommes de terre lavées
Moyens de lutte
En végétation : · Utiliser des plants sains ou traité avec un fongicide efficace · Détruire les résidus de culture et d’adventices sensibles · Epiderme bien formé, délai défanage – récolte court En conservation : · Désinfecter les locaux avant stockage · Bien sécher les tubercules à la récolte · Bonnes conditions de stockage (basse T°C et humidité limitée) · Eviter les phénomènes de condensation · Protection chimique des tubercules avant plantation ou en raie de plantation · Délai défanage – récolte le plus court possible
La protection fongicide de la pomme de terre Un programme fongicide sur pomme de terre se construit principalement en préventif. Cette culture doit être ainsi protégées contre le mildiou et l’alternariose tout au long de leur cycle : de la levée à la récolte. Un programme type qui fonctionnerait pour toutes les parcelles n’existe pas. Celui-ci doit en effet être adapté en fonction de la situation géographique - les régions étant plus ou moins sensibles aux maladies - et de l’historique de la parcelle. En fonction des conditions climatiques, en cours d’année, il peut être nécessaire d’ajuster son programme. Les observations réalisées sur le terrain permettent d’adapter les cadences de traitements. www.agri-mag.com
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Arboriculture
Traitement d’hiver contre les formes hivernantes des ennemis des arbres fruitiers Comme son nom l’indique, ce traitement a lieu en hiver, en plein repos végétatif, juste après la taille des arbres fruitiers. Cependant, il faut faire la distinction entre les traitements contre les maladies et ceux contre les formes hivernantes des ravageurs.
TRAITEMENT CONTRE LES MALADIES
Ce traitement est en principe réalisé dans la quasi-totalité des vergers. Les agents pathogènes responsables des principales maladies des rosacées fruitières possèdent des formes hivernantes (spores, formes de résistance, mycelia…). Ces propagules sont logées dans les écailles des bourgeons, les échancrures de l’écorce, les plaies, ainsi que sur les fruits et feuilles tombées à terre.
Principales maladies concernées par les traitements d’hiver sur Rosacées:
· Tavelure et Oïdium du pommier. · Chancre européen du pommier. · Anthracnose, pommier et poirier. · Dépérissement bactérien à Pseudomonas des Rosacées à noyaux. · Maladie criblée des Rosacées à noyaux. · Moniliose des Rosacées fruitières. · Chancre du Pêcher. · Cloque du Pêcher. · Anthracnose de l’Amandier.
· Chancre à Cytospora sur Pêcher. Les arboriculteurs utilisent généralement un fongicide à base de cuivre qui est utilisé sous plusieurs formes dont les principales sont : · Le Cuivre «fixé» ou «insoluble» commercialisé prêt à l’emploi. · La bouillie bordelaise. Dans le cas des traitements d’hiver, voici les proportions conseillées : - 1 volume de sulfate de cuivre - 1 volume de chaux - 10 volumes d’eau Dans les conditions marocaines, il est conseillé d’effectuer : · Deux traitements au cuivre sur les Rosacées à noyaux, le premier à la chute de 50 à 60% des feuilles, le second après la taille. · Un seul traitement sur les Rosacées à pépins, après la taille. Ce traitement n’est normalement indispensable que dans les vergers où de fortes attaques de certains ravageurs ont été observées en cours de végétation.
Principaux ravageurs concernés par les traitements d’hiver sur Rosacées :
· Cochenille (pou de San José, cochenille violette) sur toutes les Rosacées. · Puceron (vert du pêcher, noir du pêcher, brun du pêcher, vert de l’amandier, vert du pommier, farineux du prunier, cendré et lanigère du pommier). · Carpocapse du pommier. · Psylle du poirier. · Acariens (rouge, jaune, phytopte…). · Hoplocampe du poirier.
La plupart des ravageurs des arbres fruitiers restent sur place et passent la période hivernale sous différentes formes :
· Œufs d’hiver pour l’acarien rouge et pour la plupart des pucerons des arbres fruitiers (Figures 1 et 2). · Chenilles âgées dans un cocon pour le carpocapse. · Adultes pour le psylle et le phytopte du poirier et pour l’acarien jaune. · Larves et adultes pour le pou de San José, pour les pucerons noir et brun du pêcher et pour le puceron lanigère. Si en cours de végétation, certains des ces ravageurs ont été mal maîtrisés, ou si les conditions climatiques ont été particulièrement favorables à leur pullulation, il y a de fortes chances que leurs populations hivernantes soient très importantes. Le danger pour les arbres devient imminent dès le réchauffement printanier et il convient de mettre en place les traitements adaptés. RECOMMANDATIONS POUR LES TRAITEMENTS D’HIVER Les produits actuellement commercialisés au Maroc et homologués contre les formes hivernantes des ravageurs nuisibles aux arbres fruitiers sont essentiellement à base d’huiles. Pour
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les produits à base d’huiles blanches, les traitements devront être exécutés à l’approche du débourrement des arbres fruitiers. Ceux à base d’huiles jaunes auront lieu de préférence durant le repos complet de la végétation (stade phénologique A).
· Ramasser et détruire par le feu tous les déchets de taille et les feuilles mortes. · Désinfecter les plaies importantes laissées par la taille en utilisant une pâte fongicide et cicatrisante.
blement les populations printanières
Avant d’effectuer le traitement d’hiver, certaines mesures prophylactiques s’avèrent nécessaires. Ces mesures sont valables pour tous les vergers et constituent souvent un complément indispensable à la lutte chimique. Elles consistent à : · Arracher et détruire par le feu tous les arbres morts qui sont souvent de véritables réservoirs de certains ravageurs et maladies tels que les scolytes, le capnode, le cossus, les chancres, etc. · Eliminer par la taille tous les rameaux dépérissants.
Exécution du traitement
Comme il a été précisé plus haut, les formes hivernantes des différents ennemis sont souvent localisées dans des endroits bien abrités de l’arbre. Pour les atteindre, il est nécessaire : · D‘utiliser un matériel de traitement adéquat permettant des pulvérisations énergiques. · De bien mouiller les arbres jusqu’au ruissellement de la totalité des rameaux (une bouillie de 1000 litres/ha environ). Si ce traitement est correctement exécuté, il permet de réduire considéra-
Dans le cas de la bactériose dite feu
de la majorité des ennemis des arbres fruitiers.
Il est vivement recommandé de respecter scrupuleusement les dosages et les conditions d’emploi préconisés par les fabricants.
bactérien, la période hivernale constitue pour le producteur l’opportunité pour un premier diagnostic et pour un suivi efficace de la santé de son verger. L’application des mesures d’assainissement d’hiver indiquées dans cet article permet de diminuer la pression de l’inoculum bactérien pour la campagne future.
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FILIÈRE
Pastèque
Développement et diversification de la production Ces dernières années, malgré les fluctuations interannuelles de la production, les volumes exportés depuis le Maroc ont connu une progression continue. Cette évolution vient en réponse à la demande de certains pays européens, principalement ceux habités par beaucoup d’émigrés marocains, mais aussi à la coïncidence du cycle de production au Maroc avec les périodes creuses dans ces pays. Lors de la précédente campagne, les différentes régions de production de la pastèque ont connu de bonnes performances à l’export à l’exception de la région de Zagora à cause du petit calibre et de la mauvaise qualité export.
Régions de production, calendrier, superficies : des mutations profondes La région de Tata, devenue la région la plus précoce du pays en termes de production de pastèque a connu une bonne campagne car c’est la première à profiter des prix élevés de l’export. Elle entre en production 15 jours avant
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Zagora qui était il y a quelques années seulement, la zone la plus précoce du royaume. La superficie allouée à la pastèque dans la région de Tata est en évolution continue et a atteint 3.000 Ha. Après plusieurs années de gloire pendant lesquelles ses pastèques étaient les plus prisées du marché, la région de Zagora a vécu plusieurs problèmes ces dernières années notamment liés à la surexploitation des ressources hydriques. La campagne catastrophique qu’a vécue la région l’année dernière n’a pas arrangé les choses. En effet, plus de 80% des producteurs de la région ont décidé de planter précocement en aout 2018 au lieu de décembre-janvier-février comme à l’accoutumé, afin d’entrer précocement en production, profiter des bons prix et aussi pour éviter de coïncider avec le mois de ramadan où les prix de transport et de main d’œuvre doublent et la consommation de la pastèque diminue. Conséquences : mauvaise qualité pour l’export avec des fruits de petit calibre et qui manquent de goût. De plus, les bons résultats enregistrés lors de la campagne d’avant, ont poussé les agriculteurs à augmenter leurs parcelles de 30% portant la superficie totale à 6.000 Ha. Ainsi, commercialement, les prix ont débuté à 7 à 8 Dh/Kg durant la période du 10 au 20 avril, avant de chuter juste après à 0,50 Dh/Kg. Pour enfoncer le clou, au niveau phytosanitaire, la première partie de la production a été caractérisée par un jaunissement des plants dont l’agent causal n’est toujours pas identifié malgré les nombreuses analyses effectuées par les professionnels. Les régions de Taroudant et Marrakech ont connu une bonne campagne pastèque car ils ont pris la placé de la production de Zagora qui était
de mauvaise qualité cette campagne. Leurs productions de bonne qualité étaient d’un calibre bon pour l’export. Les prix oscillaient entre 2,50 à 3 Dh/Kg avec un bon tonnage maintenu du 15 mai jusqu’à fin juin. A noter cependant que 20 à 30% de la production a été affecté par l’éclatement des fruits à cause des aléas climatiques notamment la vague de chaleur et le chergui. Par ailleurs, quelques problèmes de jaunissement ont été observés au niveau des plantations tardives du mois de mai. La superficie totale à Taroudant était d’environ 1.200 Ha. Les producteurs de Marrakech étaient réticents cette année et n’ont cultivé que 35% de la surface plantée l’année d’avant qui était catastrophique. Quant à la région du Gharb, malgré des atouts indéniables comme la disponibilité en eau, les rendements importants et la technicité des producteurs, elle connait une diminution continue des surfaces de la pastèque à cause de la compétition avec la production de Marrakech et la fin de la production de Zagora, auxquelles s’ajoute surtout la production des nouvelles régions (Boudnib région Er-Rachidia 500 Ha, Boufekrane région Meknès 150 Ha, Kariat Ba Mohamed région Fès plus de 1.000 Ha). Ces nouvelles régions de production de pastèque ont débuté en 2014 et sont en extension depuis et ce, grâce aux terrains vierges et à l’abondance de l’eau. Concernant la région de l’oriental qui englobe Nador, Zaiou, Saïdia, Berkane et Taourirte, elle a connu une bonne campagne et ce malgré une réduction importante estimée à 50%, de la surface de production à cause du manque de disponibilité en eau. Dans cette zone où la culture de la pastèque est relativement récente, la production s’étale géwww.agri-mag.com
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FILIÈRE néralement de mi-juin à mi-septembre. Bien qu’elle profite d’avantages notamment la proximité des marchés de la zone nord, cette région souffre malheureusement d’entraves comme l’absence d’encadrement des producteurs et le manque de précocité de la production.
Mode de consommation
D’une manière générale, les agriculteurs marocains visent la production de pastèques d’un gros calibre (15-20 kg) d’une qualité interne répondant aux exigences du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé, ...). De ce fait, le choix variétal se porte généralement sur les variétés qui permettent de satisfaire ces différentes exigences. Les habitudes classiques de consommation des pastèques sont encore très présentes, le consommateur marocain restant très attaché aux pastèques traditionnelles de gros calibre. Comptant sur les changements de la société marocaine -dont les familles comptent désormais moins de personnes-, certaines maisons grainières ont tenté d’introduire des variétés de petits à moyens calibre (5 à 10 kg), qui répondent logiquement mieux aux besoins. Cependant, dans l’esprit des consommateurs, le gros calibre reste synonyme de maturité du fruit et d’un bon taux de sucre. Au Maroc, la mini-pastèque reste donc un produit plutôt destiné à l’export avec un très petit marché de niche fortement dépendant de contrats ponctuels entre certains producteurs et les distributeurs européens. Pourtant beaucoup de consommateurs, essentiellement dans les grandes villes, souhaiteraient trouver dans les étals des pastèques de taille moyenne de bonne qualité gustative.
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Dans ce sens, l’introduction de la mini pastèque peut être un moyen pour dynamiser le marché et redresser les prix. A l’instar de la tomate, le marché de la pastèque pourrait connaitre une segmentation avec des pastèques noires, des striées, des seedless, des mini pastèques de 4 Kg, etc. A noter également, que le choix variétal existe déjà et les principales maisons grainières proposent des variétés intéressantes dans les différents segments. En attendant le changement des mentalités, on trouve de plus en plus dans les grandes villes, des pastèques en tranches que ce soit dans les grandes surfaces ou dans les épiceries de quartier.
Choix de la variété
De manière générale, en plus d’un bon rendement et de fruits d’ungros calibre (15-20 kg), le choix des agriculteurs marocains se porte sur les variétés qui permettent de satisfaire aux différentes exigences qualitatives du consommateur (coloration, fermeté de la chair, bonne tenue, taux de sucre élevé...). D’autres exigences peuvent s’ajouter en fonction de la région et du créneau visé : précocité, résistance au transport (écorce assez rigide), résistance aux maladies… A noter que pour répondre aux impératifs de l’export, les producteurs tournés vers les marchés étrangers ont globalement des exigences variétales spécifiques : calibre, taux de sucre, qualités gustatives, résistance au froid (pour le segment précoce) et une bonne tenue après récolte pour supporter le transport sur de longues distances.
Choix des porte-greffes
La répartition variétale lors de la campagne 2019 a été comme suit : 40% de
Delta (Seminis), 30% de Sentinel (Seminis), le reste étant réparti entre plusieurs nouvelles variétés comme Charif d’Agrin Maroc, bien appréciée pour sa précocité, Atos (Nunhems), Tilila (Aphysem), Adim(Pionagri) et Alpha (Med Hermes). Pratiquement tous les producteurs recourent aujourd’hui au greffage qui permet de contourner certains problèmes liés notamment à l’exploitation successive des parcelles de production (fatigue du sol, monoculture, …). Cependant, les producteurs doivent être conscients que chaque porte-greffe présente des inconvénients et des avantages. Les caractéristiques les plus importantes à prendre en considéra�tion sont : - Meilleure vigueur de la plante - Résistance au froid et à la salinité - Homogénéité de la germination des graines - Meilleur calibre des fruits tout au long du cycle de production - Tolérance ou résistance aux Nématodes et aux maladies du sol (différentes races de fusarioses, verticillioses et aux pythiums), - Grand pouvoir de régénérescence de nouvelles racines - Durée de production prolongée Toutefois, le porte-greffe doit être choisi en fonction du type de sol afin d’éviter les accidents physiologiques et l’éclatement des fruits. Par ailleurs, beaucoup de producteurs
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février et mars. Le Sénégal est notre fournisseur principal avec 75% du volume importé. En général ces quantités sont commercialisées dans les GMS et les magasins spécialisés avec des prix élevés.
Contraintes du secteur
accusent le greffage de baisser la qualité gustative des pastèques qui auraient un gout de ‘’courge’’. Les semenciers interrogés expliquent que c’est une question de compatibilité encore la variété greffée et le porte-greffe et aussi de la gestion appropriée des plants greffés notamment en ce qui concerne la fertilisation. Certains professionnels estiment que ce goût particuler est accentué avec l’augmentation des températures au cours du cycle.
Des exportations en hausse
Au niveau mondial, le marché de la pastèque est très dynamique avec une valeur de près de 1.5 milliards de dollars américains. Les marchés de l’Union Européen, des USA et de la Russie sont les principaux acteurs dans ce segment. L’Espagne et le Mexique sont les plus grands exportateurs mondiaux de pastèque. La quasi-totalité des pastèques mexicaines sont écoulées sur le marché américain, tandis que l’Espagne domine le marché européen. Par provinces, Almeria domine les exportations espagnoles de pastèque, principalement destinées aux marchés de l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Portugal. Les principaux concurrents de l’Espagne restent la Grèce, la Hollande, le Maroc, la Hongrie, le Brésil et la Turquie. Ces dernières années, malgré les fluctuations interannuelles de la production, les volumes exportés depuis le Maroc ont connu une progression continue. Cette évolution vient en réponse à la demande de certains pays européens, principalement ceux habités par beaucoup d’émigrés marocains, mais aussi à la coïncidence du cycle de production au Maroc avec les périodes creuses dans ces pays. A noter que l’amélioration des performances à l’export des pastèques marocaines est le résultat entre autres, des efforts 98
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des producteurs et des exportateurs, notamment pour l’amélioration de la qualité et la diversification des marchés.L’analyse des exportations par destination montre qu’un grand travail a été effectué pour la diversification des marchés. Par ailleurs, la durée de la fenêtre d’exportation est passée de 4 mois (de mars à juin) en 2003 à 6 mois actuellement (de mars à août). Ceci a amélioré le positionnement de nos exportateurs sur le marché mondial. Actuellement, le Maroc est présent particulièrement sur plusieurs marchés en Europe : la France, l’Allemagne, les Pays Bas, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Mais sa position géographique lui permettrait de conquérir d’autres marchés en Europe notamment le Portugal. Des opportunités sont aussi présentes dans les pays d’Afrique subsaharienne et les marchés du Moyen Orient (dominé actuellement par les pastèques iraniennes). Selon les statistiques disponibles, en moyenne annuelle, les Emirats Arabes Unis importent 72.000 tonnes et le Qatar 10.000 tonnes de pastèques.
Importations limitées
Les importations marocaines de pastèques sont très limitées et ne dépassent pas 160 tonnes annuellement. Elles se font en hors-saison de la production marocaine durant les mois de
Du point de vue commercialisation, vu l’importante production annuelle et la capacité d’absorption limitée du marché, l’entrée en production simultanée des différents terroirs s’accompagne chaque année d’une chute des prix et de difficultés de commercialisation. De plus, la pastèque subit la concurrence d’une multitude d’autres fruits estivaux qui entrent en production à même la période (raisin, pêche, melon, …). A cela s’ajoute l’intervention de nombreux intermédiaires qui font chuter davantage les prix, ce qui aggrave le problème à l’échelle nationale. Coté production, les agriculteurs déplorent plusieurs facteurs qui ont contribué à une augmentation signifi cative des charges de production, notamment la généralisation du greffage et la hausse des prix des intrants (engrais, produits phytosanitaires, plastique...) et de l’énergie.
Et la solution ?
Pour les observateurs, et comme pour d’autres filières agricoles marocaines, la solution résiderait dans l’organisation des agriculteurs dans le cadre de coopératives et d’associations afin de faire une meilleure planification des surfaces par région, éviter les intermédiaires, et pouvoir commercialiser leurs produits dans de meilleures conditions. Par ailleurs, cette organisation permettrait l’échelonnement du calendrier de semis, le choix des variétés les plus adaptées à chaque zone et à la période de plantation (précocité, tardivité) et d’éviter ainsi le télescopage des productions.
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Fiche Technique
LES THRIPS de la tomate Pr. BENAZOUN Abdeslam
Deux espèces sont inféodées à la tomate : Le Thrips californien : Frankliniella occidentalis (Pergande) et le thrips de l’oignon: Thrips tabaci LIND. F. occidentalis
C’est une espèce de couleur variable (du jaune-rougeâtre au marron-brun voire même sombre chez les populations hivernantes). Ses ailes sont plumeuses, elles permettent un vol faible et surtout un déplacement passif avec les masses d’air. Ses œufs sont de couleur blanc perle, de 0,2 mm de long, plus ou moins réniforme selon son degré de développement. Les larves sont de couleur jaune à orange avec des yeux rougeâtres. Les deux premiers stades s’alimentent activement alors que la prénymphe et la nymphe gagnent le sol et s’y développent sans nourriture. C’est une espèce qui vit cachée entre les poils de l’extrémité de la tige ou à la base des fleurs, mais aussi sur les pousses, les bourgeons et les fruits (plein champ et serre). Ses dégâts les plus graves sont dus aux blessures de la ponte et aux réactions de la plante après injection de la salive toxique : • Apparition sur les feuilles (face inférieure), et sur les pétales de taches ou de lésions blanc argentées pouvant évoluer en plages grisâtres, d’où le dessèchement de l’organe infesté. Ces taches présentent souvent de petits points noirs correspondant aux excréments des Thrips; • décoloration et déformation des feuilles, fleurs et fruits; • nécrose et avortement des boutons floraux; Frankliniella-occidentalis
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• réduction de la photosynthèse, et flétrissement de la plante infestée; • transmission à diverses plantes du virus de La Mosaïque Bronzée de la tomate “Tomato Spotted Wilt Virus” (TSWV) qui occasionne de graves dommages. Les races vectrices de ce virus manifestent une résistance remarquable à plusieurs insecticides. Au Maroc F. occidentalis est repérée sur tomate, pêcher, rosier, piment fort, concombre, melon, et haricot vert. Elle peut être sexuée ou asexuée. Les femelles non fécondées donnent naissance à des mâles, alors que les sexuées donnent 2/3 de femelles. La femelle commence à pondre dans les 3 jours qui suivent son émergence : A l’aide de sa tarière elle insère en moyenne un œuf jaune légèrement saillant par jour dans les parenchymes des feuilles, fleurs et fruits. Une femelle peut pondre dans sa vie jusqu’à 40 œufs. Les Larves du premier stade (L1) éclosent 4 à 13 jours après la ponte, commencent aussitôt à s’alimenter et se maintiennent près du gynécée et au fond de la fleur pendant 2 à 7 jours. Les Larves du deuxième stade (L2 ) se localisent de préférence sur le calice au milieu des étamines et des pétales durant 4 à 12 jours. Au terme de leur développement les L2 se réfugient dans des anfractuosités du végétal ou descendent dans les premiers centimètres du sol pour s’y transformer en prénymphes (PN), puis en nymphes inactives. Les adultes émergent au bout de 4
à 12 jours après le début de la nymphose. Ils acquièrent leur coloration en 48 heures et deviennent très mobiles (sauts, dispersion par le vent..). La durée totale du cycle de F. occidentalis varie de 2 à 7 semaines selon la température, l’humidité, la région, la culture, et autres facteurs. En conditions chaudes l’espèce évolue sans interruption en plusieurs générations chevauchantes.
Thrips de l’oignon T. tabaci
Il fut signalé depuis longtemps sur Cotonnier dans le périmètre de Tadla. C’est une espèce très polyphage, susceptible d’accomplir son cycle biologique sur plusieurs espèces végétales spontanées et cultivées (Solanacées, Légumineuses, Crucifères, Malvacées) aussi bien en plein champ que sous abri. Les mâles sont très rares et la reproduction est presque exclusivement parthénogénétique. Les femelles insèrent des œufs minuscules de couleur crème dans l’épiderme des tissus tendus. La ponte s’étale sur 3 semaines à raison de 2 à 4 œufs par jour, et l’incubation dure une semaine. Après éclosion, les larves néonates commencent immédiatement à se nourrir, et muent pour donner des larves du 2ème stade qui après 3 à 4 jours, descendent dans le sol à une profondeur de 4 à 5 cm pour s’y transformer en pré-nymphes, puis en nymphes (stades non actifs). Les adultes émergent au bout de 2 à 3 jours. Le cycle total varie de 3 à 8 semaines selon la température et l’humi-
Symptômes du TSWV
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dité. En conditions chaudes l’espèce peut présenter jusqu’à 20 générations chevauchantes sans interruption du développement au cours de l’année. Les méthodes de lutte recommandées contre la première espèce sont applicables sur T. tabaci.
Stratégie de lutte
La lutte contre les thrips revêt trois aspects:
La prophylaxie
Elle consiste à utiliser des plants indemnes de toute infestation (Insect Proof ), à détruire les mauvaises herbes et les résidus de la culture qui peuvent servir de refuge aux Thrips et à surveiller la tomate par les pièges englués en suivant l’évolution des émergences. La lutte chimique : Elle est difficile; les œufs et les nymphes sont rarement atteints par les insecticides, les adultes peuvent se cacher dans les étamines. Il est donc important de respecter les consignes suivantes lors d’un traitement: - Ne pas mélanger plus d’une matière active,
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Thrips Tabaci - rapprocher les traitements (2 ou 3 pulvérisations espacées d’une semaine), - utiliser un important volume d’eau et un appareil de traitement suffisamment puissant pour permettre une bonne pénétration du produit, - alterner les matières actives. En résumé, il est recommandé d’utiliser deux types de traitements: * Une désinfection du sol (solarisation, stérilisation et traitements chimiques) pour tuer les larves et les pupes en hibernation dans le sol
lutte biologique * Traitements des parties aériennes: Plusieurs matières actives homologuées peuvent être utilisées.
La lutte biologique : Elle est envisageable avec quelques ennemis naturels, notamment les acariens prédateurs du genre Amblyseius (A. cucumiris et A. barkeri) et des punaises. Anthocorida du genre Orius (O. majusculus et O. laevigatus) qui semblent efficaces.
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Nouveauté
Chaine de valeur du quinoa au Maroc Coopération IDRC-ICBA-UM6P Dr. Hirich Abdelaziz* et Mr. Rafik Sifeddine**
Le Quinoa (Chenopodium quinoa Willd) est une culture native des Montagnes des Andes (Bolivie, Chili, Pérou et Équa�teur). Il a été cultivé dans les Andes depuis 3.000 A.J.C. Le Quinoa est l’aliment principal du peuple Inca, d’ailleurs le mot quinoa veut dire dans la langue des Incas « mother grain » ou la mère de toutes les graines. C’est une pseudo-céréale de la famille des Chénopodiacées, considérée comme l’une des cultures vivrières les plus nutritives actuellement connues. Il contient les neufs acides aminés essentiels nécessaires à la santé humaine, a deux fois plus de protéines que le maïs, l’orge et le blé et plus de micronutriments que les céréales de base. * Centre International de l’Agriculture Biosaline, UAE. ** Université Mohamed VI Polytechnique, Maroc
Fig. 1: Évolution de l’introduction du quinoa au Maroc
L
’introduction du quinoa au Maroc a eu lieu en 19992000 à Khénifra dans le cadre d’un projet de partenariat IAV HASSAN II-BYU University (USA). Depuis, sa culture s’est étendue progressivement aux différentes régions du Maroc. Certaines sont actuellement des principales zones de production. D’autres sont toujours en phase d’essai. Un projet récent mené par l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (Sustainable water use securingfood production in dry areas of the Mediterranean region (SWUP-MED)) a démontré que le quinoa s’adapte à des conditions de stress (sècheresse et salinité) et aux différents types de sol. En fin, la culture du quinoa peut être économiquement rentable en comparaison avec les différentes céréales. Les sous-produits du quinoa sont également valorisables.
Un projet de trois ans financé par CRDI-Canada (Centre de Recherche et Développement International) intitulé « Développement de la chaîne de valeur du quinoa pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les communautés rurales de Rehamna » a récemment démarré en 2018. Le projet proposé est mis en œuvre dans la province de Rhamna, où une part importante de la population vit sous le seuil de la pauvreté. La province est dotée d’une chaîne de valeur du quinoa qui existe déjà il y a une dizaine d’année, mais elle est limitée par divers facteurs (manque de matériel génétique performant, faible valorisation et transformation, manque de moyen de mécanisation, etc.). Durant les deux premières années du projet, un business model économiquement viable a été développé. Il s’intéresse, notamment, à toute la chaine de valeur du quinoa.
Introduction des variétés performantes du quinoa et développement d’un système de production de semences
Les essais d’adaptation de nouvelles variétés (développées au niveau de l’ICBA à Dubai) conduits au niveau de la ferme expérimentale de l’UM6P et chez les agriculteurs de la province de Rhamna. Les résultats montrent une très bonne performance des variétés introduites comparées aux semences locales optées par les agriculteurs de Rhamna (Fig. 2 et 3). Pour une finalité de développement et de commercialisation des semences de nouvelles variétés, un système de production de semences a été installé chez un agriculteur agréé disposant des moyens techniques et financiers nécessaires pour la production et la multiplication de ces semences.
Développement des moyens mécanisés pour la production et traitement des graines du quinoa
Dans le cadre du projet quinoa Rhamna, nous avons développé plusieurs machines de production, récolte et traitement des graines du quinoa à sa�voir le semoir, la batteuse, le tarare et la Panicule du quinoa, photo prise à la ferme expérimentale d’UM6P
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Fig. 2 : Rendement en T/ha de variétés du quinoa sous différentes conditions (Bour, Irrigué, amendement organique) polisseuse des graines. Semis Le semis est l’opération la plus critique dans son itinéraire technique. Si le quinoa arrive à atteindre une hauteur de 10 à 15 cm, la chance de survie devient plus importante en résistant au stress et aux attaques des insectes et des oiseaux. Le lit de semences doit être bien préparé et la profondeur du semis ne doit pas dépasser 1 cm vu le petit calibre de la graine (≈2 mm). A l’instar de ce projet, nous avons importé un semoir adapté à la culture du quinoa de la chine. Cet équipement sera dupliqué et optimisé dans le but d’assurer une fabrication locale. Certains agriculteurs disposant des semoirs des céréales peuvent effectuer des réglages à leurs équipements en jouant sur les orifices et la profondeur des semeurs. Récolte La récolte du quinoa peut s’effectuer manuellement ou mécaniquement à l’aide des moissonneuses batteuses en remplaçant les tamis des céréales par des tamis de petites mailles adaptés à la culture du quinoa. Dans le cas d’utilisation des moissonneuses batteuses, nous devons adopter une haute densité de semis (plus de 20 plants/m2) pour avoir des plantes non ramifiées avec une seule panicule principale.
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Fig. 3 : Rendement en T/ha de variétés du quinoa en irrigué testées au niveau de la ferme expérimentale d’UM6P
Battage Le battage du quinoa peut aussi être effectué d’une manière manuelle ou mécanique en utilisant des batteuses stationnaires comme celles des céréales ou des batteuses adaptées à la culture du quinoa. Le battage du quinoa vient après l’opération de la récolte manuelle et le séchage des panicules à l’air libre. Vannage Dans ce projet, on a développé localement un tarare ou vanneuse pour remplacer le vannage manuel qui se faisait par jour de grand vent avec un van en jetant en l’air les graines pour les séparer des impuretés. Cette machine est utilisée après le battage des panicules du quinoa et peut être intégrée avec une batteuse dans la même ligne. Polissage Le quinoa contient naturellement de la saponine qui est une substance amère, d’apparence mousseuse produite par la plante et qui peut être éliminée par une laveuse écaleuse. Dans le cadre de ce projet, on a développé une polisseuse permettant l’élimination des saponines à travers une abrasion mécanique. Des études en cours sont menées pour évaluer l’efficacité de la machine en analysant la teneur en saponines avant et après l’opération du polissage.
Valorisation du quinoa
Le projet quinoa s’intéresse à toute la chaine de valeur du quinoa y inclus la transformation des graines de quinoa. Certains groupements producteurs ont déjà commencé à produire des produits transformés à base du quinoa (comme le couscous), notamment Chabab M’khalif et la coopérative du 3ème Millénaire (Province de Rhamna), l’Association Tirsal pour le développement social (commune d’Agoudim à Khénifra), l’Association Moullablad (Ain Sbit à Rommani), etc. Quelques entreprises privées, comme Amendy Food (Chichaoua), Dari (Salé) et le Domaine Lion Agriculture (Marrakech) produisent, en petites quantités, les graines de quinoa et dérivés. À no�ter que les graines et le couscous du quinoa restent les produits phares les plus commercialisés à l’échelle natio� nale.
Marketing du quinoa
Le Maroc importe plus de 30 T de quinoa, soit une valeur de plus d’un million de dirhams (Fig. 5). Les principaux pays exportateurs du quinoa vers le Maroc sont : la Bolivie, la France, l’Équateur et l’Italie. Au Maroc, les points de vente de quinoa sont diversifiés, on trouve : · Les magasins biologiques & épicerie verte : recourent souvent à l’importation ; · Les halles aux grains : les graines
Tarare du quinoa, fabriquée localement par ferme Ben Rim à Berrechid
Polisseuse du quinoa, Agriculture du Maghreb fabriquée localement par N° 123 - Novembre 2019 103 ferme Ben Rim à Berrechid
Fig. 4 : Fourchette des prix en Dh des principaux produits du quinoa élaborés et commercialisés au Maroc brutes de quinoa sont alignées, à côté des céréales, légumineuses et éventuellement d’autres produits ; · Marchés paysans : il s’agit des marchés hebdomadaires ou bimensuels qui se tiennent dans les grandes villes et sont souvent fréquentés par des initiés, soucieux de la qualité de ce qu’ils consomment. Ils rassemblent des producteurs acquis au mode de production biologique ; · La grande distribution (les GMS) ; · Les plateformes de commerce en ligne (Jumia.ma, MyMarket.ma, greenvillage.ma, epicerieverte.ma, CityMall. ma, etc.) ; · Les foires etles salons d’agriculture. Les prix des produits (100% quinoa) élaborés au Maroc restent relativement chers. La figure 4 visualise la fourchette des prix des principaux produits du quinoa fabriqués et commercialisés au Maroc. Une étude marketing a été réalisée en interrogeant environ 600 répondants montre que seulement 69% connaissent le quinoa dont 61% seulement sont des consommateurs. Donc, c’est légitime de poser la question par rapport aux freins à la consommation de ce produit. Par conséquent, des efforts de communication et de promotion demeurent nécessaires pour faire connaitre ce produit. Dans l’optique de diagnostiquer la perception du prix, une étude a été menée pour calculer « Atelier cuisine animé par Chef Khadija durant le 1er atelier de promotion du quinoa organiséa UM6P le 14 Novembre 2018
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Fig. 5 : Évolution des quantités et valeur du quinoa importée au Maroc. Source : Office de change
Fig. 6: Coût de production et marge nette du quinoa par rapport aux principales céréales cultivées a Rehamna le prix psychologique. Ce dernier a été développé par les marketeurs et permet de calculer le prix (ou tranche de prix) qui permettra de satisfaire le maximum des clients. Il ressort que le prix psychologique ou d’acceptabilité optimal se situe entre 21 et 25 Dh pour un paquet de 500 g. Soit un prix d’acceptabilité entre 42 et 50 Dh le kg. Pour mieux valoriser la culture du quinoa, le projet a créé le 1er groupe de producteurs du quinoa Bio au Maroc visant à produire et transformer les graines du quinoa et ses produits dérivés sous un système biologique.
Activités de promotion du quinoa et renforcement des capacités
Plusieurs activités de promotion du quinoa ont été réalisées y inclus le premier atelier de la promotion du quinoa animé par Chef Khadija, membre jury du Master chef Maroc. Le projet a aussi supporté la participation des coopératives impliquées au SIAM 2019 à
Meknès pour promouvoir les produits du quinoa développés dans le cadre de ce projet. Le projet quinoa Rhamna a également renforcé la capacité technique de plus de 300 bénéficiaires dont plus de 80 femmes et 200 agriculteurs en organisant plus de 6 sessions de formation technique sur les bonnes pratiques de production et de valorisation du quinoa.
Analyse économique
La comparaison du quinoa avec les deux principales céréales pratiquées dans la province de Rhamna en tenant compte les conditions favorables de production montre clairement que le quinoa rapporte trois fois plus que le blé et 6 fois plus que l’orge en termes de revenu net. Tandis qu’il est plus exigeant en termes de coût de production dû aux opérations de post récolte. Le prix de vente de quinoa utilisé dans cette analyse est de 40 Dh/kg alors que pour le blé et l’orge, le prix de vente utilisé est de l’ordre de 300 et 240 Dh/ql. Participation du projet quinoa Rehamna au SIAM 2019
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ALERTE !
La jacinthe d’eau : une autre plante exotique envahissante menaçant les eaux douces au Maroc Prof. Mohamed BOUHACHE Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat
Contrairement à la laitue ou salade d’eau qui a réussi à envahir Oued Fès dans le bassin hydraulique de Sebou (Voir Agriculture du Maghreb N° 71, Novembre 2013), la jacinthe d’eau persiste dans la première étape de son processus d’invasion (phase de latence). Ainsi, sa présence reste limitée aux pièces d’eau des jardins (publics ou d’hôtels) et des résidences privées et aux pots de certains pépinièristes ou vendeurs de plantes ornementales. Etant une plante de quarantaine, tout retard dans la prise des mesures d’éradication qui s’imposent pourrait compromettre la politique nationale en matière d’eau ou rendre la facture socio-économique et environnementale à payer très lourde.
Présentation synoptique de la jacinthe d’eau
La jacinthe d’eau en français ou common water hyacinth en anglais ou zahrat ennil en arabe est une plante aquatique exotique envahissante connue sous le nom scientifique d’Eichhornia crassipes (Martius) Solms-Laubach. Appartenant à la classe des monocotylédones et à la famille des Pontederiaceae, la jacinthe d’eau est une plante herbacée, généralement haute de 0,5 m, aquatique (hydrophyte) et librement flottante d’eau douce. Elle peut se développer aussi dans la boue des cours d’eau ou de certaines cultures telles que le riz. Du point de vue morphologique, elle présente une variabilité considérable dans la forme et la couleur de ses feuilles et de ses fleurs selon les conditions du milieu de croissance et l’âge de la plante. Les feuilles (6 à 10/pied), sont simples, épaisses, largement ovales à
rondes, glabres, vertes brillantes, recourbées et possèdent des nervures parallèles bien distinctes. Elles sont arrangées en rosette à la base d’une tige et dotées de pétioles (5 cm de diamètre et 30-50 cm de longueur) spongieux et renflés qui permettent à la plante de flotter à la surface de l’eau (Photo 1, prise aux jardins exotiques). Le système racinaire de la jacinthe est fasciculé pouvant atteindre 3 m de long, généralement violet foncé, composé d’environ 70 racines latérales ce qui lui confère un aspect plumeux. Il constitue une partie non négligeable de la plante puisqu’il peut représenter à lui seul plus de 50% de la biomasse de la plante. L’inflorescence est constituée de 10 à 30 fleurs avec 6 pétales bleus-violets ou roses-violets. Le pétale supérieur porte une tache jaune. Les graines sont produites en grand nombre dans des capsules, chaque capsule pouvant contenir jusqu’à 450 graines d’une taille de 1 mm de large par 4 mm de long. Les graines
enfouies dans les sédiments peuvent y rester viables pendant 5 à 20 ans.
Principaux traits biologiques et écologiques
C’est une plante vivace qui se multiplie végétativement par émission de nombreux bourgeons axillaires qui se développent en stolons dont résultent de nouvelles plantes filles (Photo 2, prise aux jardins exotiques) et par graines (germination). Les graines sont facilement transportées par l’eau et les oiseaux et assurent sa dissémination à longue distance et la pérennité de l’espèce dans les lieux conquis. Les plantes filles détachées de la plante mère assurent également la dissémination de la jacinthe via les cours d’eau et les moyens de navigation. A la longue, elles forment un tapis dense (natte), pouvant supporter le poids d’un homme, à la surface des lacs, des étangs, des rivières et autres cours d›eau. Les exigences de la germination ne sont pas clairement connues, mais il est certain que la germination des graines ne se fait ni sous une eau profonde ni sous les amas de plantes flottantes. La germination est liée aux facteurs hydrologiques et à la température. Ainsi, les plantules de la jacinthe sont observées dans des endroits soumis à une faible lame d’eau et bien ensoleillés. La jacinthe a la capacité de doubler sa biomasse (ou population) tous les 6 à 18 jours en fonction de la température de l’eau et de la teneur en nutriments (Biomasse verte de l’ordre de 400 - 1700 t/ha/an). Effectivement, une étude a démontré que 10 plants de la jacinthe arrivent à produire 655.330 nouveaux individus en huit mois uniquement. La jacinthe d’eau vit dans l’eau douce ayant un pH oscillant entre 4 et 10 avec un optimum entre 6 et 8 et à une température comprise entre 10 et 34°C avec un optimum de 28 à 30°C. La croissance est arrêtée soit à
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La jacinthe d’eau une température inférieure à 10°C ou supérieure à 34°C. Une exposition assez longue à une température inférieure à 5°C entraine la mort de la plante. En outre, elle se développe dans les milieux pollués, contenant des déchets organiques et résidus d’engrais. Ainsi, elle bénéficie des teneurs élevées en azote, phosphore et potassium dans le milieu. Elle est considérée comme bio-cumulateur de métaux lourds et utilisée dans les actions de phytoremediation des milieux aquatiques pollués. Cet aspect positif (ou autre usages) de la plante ne devrait pas être utilisé comme argument pour l’introduction et/ou utilisation de la jacinthe d’eau vu son statut de plante envahissante. La jacinthe d’eau se développe dans les milieux stagnants ou à faible courant jusqu’à une altitude de 2000 m. En outre, elle a la capacité de tolérer les fortes variations du niveau d’eau et les variations saisonnières de la vitesse d’écoulement des eaux. Elle affectionne les milieux bien ensoleillés. Cependant, elle est sensible au gel, aux carences en calcium (< 0,5 mg/l) et à la salinité de l’eau (> 0,2%).
Origine et distribution dans le monde
La jacinthe d’eau est originaire du bassin de l’Amazone au Brésil. Vu son aspect attrayant, elle a été introduite comme plante ornementale pour les bassins dans la plupart des pays du globe. D’ailleurs, c’est l’une des plantes aquatiques les plus répandues et vendues et, par conséquent, les plus populaires. Conscient de cette voie de dissémination dans le processus d’invasion, l’Union Européen a interdit la commercialisation de la jacinthe d’eau depuis août 2016. Sa dispersion a commencé par son introduction intentionnelle en Amérique du Nord à partir de son berceau, à la fin du XIXe siècle, comme plante ornementale et ensuite a échappé à la culture. A présent, la jacinthe d’eau est déclarée comme mauvaise herbe ou/et plante envahissante dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde (en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique, Asie, Australie et en Nouvelle-Zélande), européennes et méditerranéennes (points rouges sur la carte, Figure 1). Il semble que la plante a développé dernièrement des biotypes adaptés ou tolérants au froid. Ainsi, son aire d’extension sera élargie pour toucher les pays nordiques !
Photo 2 ces jardins ont été crées en 1951 et leur ouverture au public a été lancée en 1961. En outre, des essais d’épuration des eaux usées domestiques par la jacinthe d’eau étaient conduits en 1986 dans la région d’El Azzouzia, lieu où l’épandage des eaux usées de la ville de Marrakech était fait sans traitement préalable. La jacinthe utilisée dans cette expérimentation provenait du jardin de la municipalité de Marrakech où elle est utilisée comme plante ornementale. Etant une plante aquatique, la jacinthe est utilisée pour embellir les pièces d’eau des jardins de l’hôtel Mamounia et du Riad Dar Ghizlane à Marrakech selon leurs pages Web. De même, le site web du Crocoparc (Zoo des crocodiles) à Agadir indique que la jacinthe d’eau figure parmi les plantes aquatiques de son jardin ou parcours pédagogique. Ainsi, une question qui se pose, s’agit-il d’une ou plusieurs introductions ? En tout état de cause, les plants de la jacinthe d’eau sont commercialisés et circulent dans le pays. Effective-
ment, j’ai observé en 2015 deux plants chez un revendeur de plantes ornementales dans le quartier « Akkari » à Rabat. En 2019, il m’a suffit de deux arrêts chez les pépinièristes de Bouknadel pour trouver chez l’un d’eux une vingtaine de plants flottant dans un tonneau (Photo 4). Lors de notre discussion, j’ai retenu que la jacinthe est très recherchée par les citoyens, que sa collection est âgée de plus de 10 ans sans donner sa provenance et qu’un plant coûte 100 dh. Il ajoutait que cette colonie n’est pas commercialisable pour le moment car il envisage d’abord la multiplier pour avoir plus de plants et pouvoir satisfaire la demande des clients !
Pourquoi s’inquiéter de cette plante?
La jacinthe d’eau a réussi à dépasser les barrières géographiques pour entamer le premier pas dans son processus d’invasion au Maroc. Heureusement, elle n’a pas en-
Historique et localisation de la jacinthe d’eau au Maroc
Au Maroc, la jacinthe d’eau a été introduite comme plante ornementale dans les jardins exotiques de Bouknadel (Photo 3), cis sur la route nationale entre Rabat et Kenitra, il y’a plus de trente ans (information recueillie auprès des jardiniers du site) sachant que 106
Photo 1
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Figure 1
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core envahi les zones humides naturelles et artificielles constituées de retenues de plus de 150 barrages, plus de 200 barrages collinaires, 10 grands fleuves, 30 lacs naturels, une dizaine de marécages et environ 10000 ha des rizières inondées. La jacinthe d’eau a les mêmes effets négatifs que la laitue d’eau, une autre plante aquatique signalée au Maroc par Bouhache et Taleb en 2013. Elle peut avoir des effets néfastes sur l’environnement, l’économie et la santé humaine lorsqu’elle est en phase d’invasion active : elle gêne l’accès à l’eau pour le bétail et les populations riveraines ainsi que la pêche. Elle empêche également la navigation, bloque les barrages, bloque les pompes, intercepte la lumière, réduit le taux d’oxygène, augmente de 3 fois l’évaporation d’une surface d’eau libre donc perte énorme d’eau. Elle bouleverse l’équilibre minéral de l’eau, cause un fort dégagement d’H2S et constitue un hôte préférentiel et lieu de pullulation pour plusieurs vecteurs de maladies de l’Homme (bilharziose, filariose, paludisme etc..) et sert d’bri pour les serpents venimeux. En cas de fortes infestations, elle arrive à recouvrir la totalité de la surface d’eau libre, ce qui se traduit par de graves conséquences écologiques, notamment pour la faune aquatique et la flore autochtone (acidification du milieu, réduction de l’oxygène de l’eau, eutrophisation par décomposition massive des vieilles feuilles, réduction drastique de la lumière (ombrage), accumulation de métaux lourds relâchés par la suite dans le milieu). L’obstruction de la rivière ralentit la circulation de l’eau et cause ainsi un débordement de la rivière qui inonderait les habitations se trouvant à proximité des rives. En outre, c’est une menace à la production agricole, suite à l’obstruction des canaux d’irrigation et du système de drainage sans oublier sa concurrence (par compétition et allèlopathie) avec la culture infestée (ex. le riz inondé).
Quelques considérations pour gérer ce fléau
En absence de leurs ennemis naturels dans le nouveau milieu envahi, les plantes étrangères (exotiques) trouvent des conditions environnementales favorables pour leur développement et leur éradication devient presque impossible. Cependant, ces plantes ne posent pas de problèmes dans leur milieu ou région d’origine où elles sont maintenues en équilibre avec leurs ennemis naturels. Ainsi, un www.agri-mag.com
des problèmes majeurs et l’une des causes de difficultés dans la gestion des espèces exotiques envahissantes est que souvent on intervient trop tard lorsque la plante s’est largement répandue et que le problème a atteint des proportions énormes. L’exemple de la cochenille du cactus entre autres n’est pas loin. D’où l’importance d’entreprendre les actions nécessaires pour empêcher l’introduction ou réintroduction et au cas où la plante exotique serait déjà présente sa détection précoce. La prévention englobe un ensemble de mesures qui empêchent l’introduction ou l’établissement ou la dissémination d’une plante dans un milieu non infesté. Etant une plante de quarantaine au Maroc qui est confinée dans des espaces très réduits et fermés, son éradication s’avère indispensable et facile à réaliser. Un programme d’éradication de la jacinthe d’eau doit être fondé sur les cinq points suivants : - faire une prospection (ou inspection selon la loi) nationale dans les lieux soupçonnés pour cerner d’une façon exacte et précise la distribution spatiale de la plante, - interdire la commercialisation et la circulation de la plante pour empêcher la dissémination de l’espèce, - lancer une campagne de sensibilisation et de communication par tous les moyens disponibles (classiques et nouveaux). La jacinthe est une plante facile à reconnaitre. Les professionnels (surtout les pépiniéristes et revendeurs), les administrations responsables des zones humides ainsi que le grand public devraient être informés sur le danger de cette espèce. Une communication ciblée et réussie permet d’inciter le citoyen à participer à un programme de surveillance et de monitoring de la plante, - Détruire tous les plants de la jacinthe détectés ou/et repérés. Cet objectif peut être atteint avec trois grandes catégories de techniques de lutte contre la jacinthe d’eau en l’occurrence la lutte physique, chimique et biologique. Dans la situation actuelle du Maroc, l’arrachage manuel des plantes aquatiques reste le moyen de lutte convenable et efficace pour les petites surfaces infestées, - Préparer un programme de suivi pour s’assurer du contrôle de la plante. Les effets positifs de l’arrachage manuel sont limités et temporaires à cause de la ré-infestation due à la grande capacité et vitesse de ré-
Photo 3
Photo 4 génération végétative des plantes non touchées ou cachées dans des endroits inaccessibles d’une part et le stock semencier du sol d’autre part.
Conclusion
La présence de la jacinthe d’eau au Maroc est confirmée et existait même avant la promulgation de l’arrêté du Ministre de l’Agriculture N° 832-02 de juin 2002 (Bulletin Officiel N°5022) fixant la liste des organismes de quarantaine dont trois plantes aquatiques (laitue d’eau, jacinthe d’eau et fougère d’eau). Importer les plantes envahissantes c’est jouer avec le feu. Ainsi, il est temps et à l’instar des autres pays, que le Maroc se dote d’un code de conduite sur l’importation des végétaux et les plantes exotiques envahissantes ayant pour but de limiter ou d’éliminer les éventuelles introductions. Quel que soit l’intérêt de la jacinthe (décoration, phytoremédiation, biogaz, l’alimentation animale, engrais vert et compost, industrie du papier, meubles, vannerie etc..), son utilisation ou valorisation (aubaine environnementale pour certains, voir Agriculture du Maghreb N° 105, Juillet/Août 2017) ne doit pas être considérée comme une autre facette de la gestion des plantes exotiques envahissantes selon les principes de l’approche écosytèmique.
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Libre opinion
Les importations alimentaires, véritable miroir des faiblesses structurelles de l’agriculture marocaine Mohamed Taher SRAÏRI * Publié dans ‘’Le Desk’’ et repris avec l’accord de l’auteur
L’agriculture demeure un secteur important au Maroc ; ses performances déterminent le taux annuel de croissance économique du pays et elle emploie plus de 40 % de la population active. Ces indicateurs ne révèlent cependant pas des vulnérabilités avérées, à commencer par l’extrême sensibilité de l’agriculture à la variabilité climatique annuelle. De ce fait, la croissance économique est dépendante des caprices de la pluviométrie, plombant toute velléité de développement stable. Pire, face à la croissance démographique et aux changements des habitudes alimentaires, l’agriculture marocaine, à cause de ses faiblesses structurelles, n’arrive plus à nourrir la population, impliquant des importations massives de biens vivriers. En effet, le poids de ce secteur et les diverses stratégies pour le promouvoir, ont amené l’imaginaire collectif, conditionné par le matraquage médiatique, à se représenter le Maroc comme une puissance agricole, alors que la réalité est totalement différente. C’est ce que s’attelle à démontrer cet écrit, chiffres à l’appui. * Mohamed Taher SRAÏRI est ingénieur et docteur en sciences agronomiques. Il est professeur de l’enseignement supérieur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire (IAV) Hassan II à Rabat.
Les importations alimentaires au Maroc
L’opinion publique continue de considérer le pays comme exportateur net de produits agricoles. Elle vit encore avec les slogans de l’ère du Protectorat quand le Maroc participait de force à l’approvisionnement des puissances coloniales, en temps de guerre, avec des biens comme les agrumes, les œufs, la viande, la laine, etc. Or, la situation actuelle est devenue bien différente, et n’eussent été les exportations de produits halieutiques (poissons, crustacés, algues, etc.), la balance commerciale alimentaire serait déficitaire. En effet, les importations alimentaires sont surtout représentées par des produits de base. Selon les statistiques officielles de l’année 2018, dans le top 5 en valeur de ces importations, arrivait le blé avec 3 987 000 tonnes (112 kg par habitant et par an …), suivi des tourteaux et sous-produits des agro-industries, utilisés en alimentation animale (1 779 000 tonnes), puis du maïs, lui aussi utilisé en priorité pour nourrir la volaille (2 360 000 tonnes), et du sucre (1 057 000 tonnes) et enfin du thé (76 000 tonnes). Venaient ensuite d’autres biens vivriers consommés en masse telles que les dattes (97 000 tonnes), différents fruits (53 000 tonnes), les pâtisseries et biscuits (51 000 tonnes) et les fromages (24 000 tonnes). Au total, la valeur des importations alimentaires en 2018 a atteint 45,7 milliards de DH, soit 1 285 DH par habitant. Elles sont donc en partie constituées de marchandises que le
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pays ne peut pas produire pour des raisons climatiques (des biens tropicaux comme le thé et le café). Mais elles sont surtout sous forme de denrées qui peuvent très bien être produites localement comme le blé (tendre et dur), le sucre, les dattes, etc. Cela devrait donc interpeller tout analyste de la situation du commerce extérieur du Maroc et encore plus de son agriculture à réfléchir aux raisons qui sont à l’origine de cette dépendance alimentaire. En effet, qu’adviendrait-il si d’aventure les prix des aliments importés augmentaient significativement ? Le citoyen lambda serait-il en mesure d’accéder à une alimentation suffisante ? Légitimement, ce même citoyen ne peut-il pas se demander pourquoi l’agriculture nationale n’arrive pas à produire ce qu’il consomme ? De quelles faiblesses souffre-t-elle, alors qu’elle mobilise d’importantes ressources variées : capital, eau, terre, travail, etc. ?
Les faiblesses structurelles de l’agriculture marocaine
Les importations alimentaires constituent effectivement un moyen commode de contourner les maux qui rongent l’agriculture. Le plus important est le stress hydrique qui affecte près de 80 % de la surface du Maroc, puisque le niveau moyen des précipitations annuelles n’y dépasse pas 400 mm. Selon la littérature scientifique, ces importations alimentaires doivent être considérées comme des flux d’eau virtuelle, représentant les quantités
aqueuses pour obtenir ces produits dans leur pays d’origine. Aussi, n’estce pas un hasard si les fournisseurs du Maroc en blé, maïs, sucre ou fromages sont des pays où les précipitations moyennes annuelles sont nettement plus élevées qu’ici (Argentine, Brésil, Etats Unis d’Amérique, Ukraine, pays de l’Union Européenne, etc.). En ce qui concerne les dattes, la situation est différente, puisque les importations sont devenues déterminées par la chute de production des palmeraies nationales, causée par la fusariose (maladie du bayoud). Pour revenir aux céréales (blé et maïs), importations alimentaires les plus emblématiques, l’eau virtuelle qui leur est associée est aussi une solution pour compenser le manque de productivité de ces cultures à l’échelle nationale. En effet, les rendements moyens demeurent très limités. Ainsi, ils atteignent à peine 20 quintaux de grains à l’ha, dans les années fastes, et n’ont pas significativement évolué depuis le début du siècle, en raison de l’absence de programmes d’appui adaptés. Il faut y voir l’impact des politiques publiques qui ont délaissé l’agriculture pluviale pour consacrer plus d’aides au domaine irrigué, qui ne représente pourtant que 15 % de la surface utile. Il faut aussi y voir les autres limites structurelles de l’agriculture marocaine : morcellement des exploitations, vieillissement des agriculteurs qui implique que l’attractivité du secteur est limitée pour les jeunes générations qui voient les difficultés endurées par leurs prédécesseurs, encadrement
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technique quasi inexistant avec en retour des usages d’intrants (engrais, pesticides, aliments de bétail, etc.) peu raisonnés. En outre, les écarts entre les domaines irrigué et pluvial se sont amplifiés. Dans les zones « bour », le niveau de matière organique dans les sols est en recul permanent impliquant que la fertilité baisse, par manque de stratégies effectives de gestion de l’association des cultures pluviales (les céréales et les légumineuses alimentaires) et de l’élevage. Ce dernier, qui était en grande partie pastoral (consommant principalement des ressources végétales spontanées issues de la pluie), est lui aussi en proie à des difficultés. Certes, les animaux (notamment les ovins et caprins) sont encore localisés dans les pâturages, mais leurs productions effectives ne peuvent pas supporter l’intensification nécessaire pour répondre aux besoins de la population. Cela explique aussi la part prépondérante des tourteaux et aussi des grains (maïs et même blé, sous forme de pain sec convoyé soigneusement des villes vers les campagnes) dans les importations alimentaires, pour soutenir l’essor de l’élevage, surtout bovin laitier et avicole. Dans le domaine irrigué, les rythmes croissants d’usage des eaux, notamment souterraines, pour des cultures estivales (maraîchage et arboriculture) en partie destinées à l’export, ont exacerbé les effets du stress hydrique. Les niveaux des nappes sont en baisse continue et de nombreuses exploitations agricoles éprouvent de réelles difficultés à maintenir leurs activités, du fait de coûteux investissements nécessaires pour continuer à pomper de l’eau. En outre, la volatilité des prix des récoltes, notamment des fruits tels que les agrumes ou les pommes, ont amplifié les inconnues pour les producteurs, impliquant des ventes à perte et amenant même certains à penser à arracher les arbres … Á l’échelle du bassin hydraulique du Souss, un des plus affectés par le stress hydrique et ses conséquences sociales (paupérisation, exode rural, etc.), ces logiques ont précipité la réflexion au dessalement de l’eau de mer mais elles semblent ne pas considérer suffisamment le coût de cette source hydrique non conventionnelle (plus de 5 DH/m3) et ses impacts environ-
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nementaux collatéraux : comment se débarrasser de la saumure ? En effet, seules des cultures très spécifiques (fruits rouges et tomates sous serre) peuvent valoriser cette eau dessalée de manière rentable, et de facto, une majorité d’agriculteurs seront exclus de son usage du fait des investissements nécessaires pour installer pareilles spéculations, impliquant qu’ils n’auront plus d’alternative pour faire face au stress hydrique, et ils devront renoncer à leurs activités.
Conclusion
Ce tour d’horizon des importations alimentaires du Maroc récapitule l’ampleur de la dépendance vis-à-vis de biens vivriers de base pour l’approvisionnement de la population. Il démontre que les importations constituent un moyen commode de s’affranchir des limites du secteur agricole, à commencer par un stress hydrique pesant qui risque de s’amplifier en raison du changement climatique en cours, et ce, malgré leurs multiples coûts : devises, coût carbone correspondant au convoyage sur de longues distances de milliers de tonnes de marchandises, etc. Il sous-entend aussi une érosion des ressources génétiques utilisées traditionnellement par les agriculteurs, le marché national de nombreux types de semences (aussi bien végétales qu’animales) étant devenu dominé par du matériel importé. Ce même état des lieux des importations alimentaires reflète aussi les piètres performances de l’agriculture pluviale, qui est demeurée le parent pauvre des politiques publiques, malgré l’importante surface qu’elle couvre. Aussi, un regain d’intérêt pour les cultures pluviales est-il plus que souhaitable au vu de sa contribution majeure aux performances du secteur agricole, avec des programmes bâtis sur le long terme et mobilisant des budgets conséquents. Cela doit garantir des changements de mentalité dans la gestion de la fertilité des sols et de l’eau dans les exploitations agricoles localisées en zones « bour ». Cela doit aussi contribuer à alléger la facture des importations de grains de céréales, surtout le blé, qui continue de peser lourdement sur les finances nationales. Au niveau du domaine irrigué, une nécessaire volte-
face est aussi nécessaire, car les choix opérés récemment, dont la subvention à plus de 80 % des investissements dans l’irrigation en goutte-à-goutte, ont largement contribué à surexploiter les eaux souterraines, induisant des exportations accrues d’eau à partir de régions souffrant déjà d’un stress hydrique prononcé. Il se pourrait que les usages non raisonnés des eaux souterraines soient amplifiés par la course à l’équipement en moyens de pompage actionnés à l’énergie solaire, pour lesquels des lobbies sont à l’œuvre pour les faire bénéficier de subventions publiques, ce qui signifierait alors l’accélération du rythme d’épuisement des nappes, voire la désertification de régions en entier … Au final, il faut exploiter la situation actuelle des importations alimentaires pour alerter l’opinion publique sur les limites de l’agriculture nationale, découlant de l’état de disponibilité des ressources, à commencer par l’eau, mais aussi la terre et le capital. De ce fait, le citoyen doit arrêter de contribuer à l’amplification du mythe du Maroc considéré comme une puissance agricole, apte à approvisionner le monde, alors que son alimentation du quotidien dépend en partie de biens vivriers importés. En outre, ce même citoyen doit être avisé que ses choix de consommation ont un impact direct sur l’ampleur de la facture de ces importations et sur la qualité de ce qu’il ingère : comment peut-il continuer à gaspiller, voire jeter, du pain, au motif qu’il est subventionné ? Peut-il s’accommoder de grains de type ‘OGM’ (organisme génétiquement modifié) pour alimenter les animaux qu’il va ensuite consommer ? Peut-il supporter que les denrées importées soient contaminées par des résidus de pesticides, comme l’a suggéré la récente sortie des autorités sanitaires par rapport au thé ? C’est donc vers une nouvelle approche de la sécurité alimentaire qu’il faut s’orienter, en mobilisant en priorité une ingénierie agronomique qui considère qu’il faut produire d’abord localement ce dont la population a besoin, et à n’exporter que des denrées qui utilisent des ressources réellement renouvelables.
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Essai et évaluation d’un épandeur centrifuge porté Pr. Bouzrari Benaissa.* , Dr. Keikichi Kanai** et Dr. Tsukasa Nagaki** * : Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II - Rabat ** : Institute of Agricultural Machinery of NARO (ex. BRAIN) - Omiya / Tokyo Dans certaines régions agricoles marocaines où la culture céréalière est pluviale et à caractère extensif et aléatoire, les épandeurs d’engrais centrifuges sont également utilisés comme machine de semis à la volée pour un certain nombre de semences comme le blé, l’orge, le riz, etc. Le recouvrement des grains est fait (1) par pulvériseur léger (connu sous le nom de cover-crop) si l’emblavement est effectué sur sol non labouré à humidité optimale acquise des premières pluies automnales des mois d’octobre et novembre ou bien (2) par herse légère à dents ou par pulvériseur léger si le semis est réalisé sur sol travaillé au pulvériseur moyen (un à deux passages, généralement croisés). Sur lesdits appareils d’épandage, certains réglages et ajustements sont souvent effectués à tâtons (réglage de débits, largeur de travail) et certaines données ne sont pas toujours spécifiées (performance du système de distribution , uniformité de répartition). Même lorsque la grille de débit est fournie dans le manuel d’utilisation, elle n’est qu’indicative et ne concerne, souvent, que les engrais. Pour pallier à ces insuffisances, les spécifications des distributeurs doivent être complétées, contrôlées et confirmées par des essais et évaluations techniques conduits au laboratoire et au champ. Les moyens qui doivent être mobilisés pour ce faire sont à la portée de bon nombre d’intéressés par la machinerie agricole (vendeurs de matériel agricole, instituts d’enseignement, établissement de recherche, ...). Dans ce contexte, la préoccupation principale du présent article est d’établir une méthode simplifiée dédiée spécialement à ces épandeurs lorsqu’ils sont utilisés comme moyen de semis à la volée. La démarche s’inspire d’une norme japonaise élaborée par l’Institut des Machines Agricoles d’Omiya pour le compte du JIS (Japan Industry Standard). Pour une question didactique, la présentation de la dite méthode d’essai sera accompagnée d’un exemple concret d’essai effectué par nos soins sur un épandeur d’engrais centrifuge du département d’Energie et Agroéquipements de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II. passages dans le but d’obtenir une répartition correcte sur tout l’espace à emblaver. L’évaluation au champ vise la détermination des performances pratiques de l’appareil: efficience, capacité au champ, facilité d’utilisation (maniabilité, réglages, maintenance), etc. MATERIEL ET METHODE D’ESSAI AU LABORATOIRE:
L’ossature structurale de cette procédure simplifiée d’essais et d’évaluations s’articule sur deux types d’expérimentations: une première effectuée au laboratoire et une seconde accomplie au champ. L’essai au laboratoire a trait (1) à la précision du mécanisme de distribution et est déterminée par mesures de débits et (2) au degré d’uniformité qui permet, en même temps, de calculer la largeur de la zone de recouvrement entre
1. Matériel d’essai: Le matériel d’essai englobe la semence, la machine sur laquelle porte l’essai, les appareils de mesure et autre matériel d’expérimentation. La semence utilisée dans les essais est une variété locale de blé tendre inconnue des vendeurs du marché local duquel elle a été achetée. Le tableau suivant donne les spécifications principales relatives à cette semence. La machine à essayer est constituée d’une trémie tronconique de 300 litres de capacité (calculée par la formule: C = H . (D² + Dd +
Tableau 1: Spécifications principales de la semence utilisée dans l’essai de l’épandeur centrifuge .
Désignation · · · · · · · · ·
Valeur
Espèce Variété Forme Poids de 100 grains Densité apparente Humidité Propreté Taux de germination Angle de talus 110
Agriculture du Maghreb N° 123 - Novembre 2019
· · · · · · · · ·
Blé tendre Inconnue allongée 44,6 g 800 g/l 13,9 % Bonne Non déterminé 38 °
d²) . 3,14/12 où D, d et H sont respectivement le grand et le petit diamètre puis la hauteur de la trémie). Pour faciliter l’écoulement de la matière, la paroi de la trémie est inclinée d’un angle de 38° par rapport à la verticale et son fond est muni d’un agitateur à doigts. Le fond de la trémie est doté de deux lumières assurant l’écoulement du produit à quelques centimètres du centre du disque pour l’une et près de la périphérie pour l’autre. La superficie de chaque lumière est de 22 cm². Le réglage du flux se fait par un obturateur circulaire externe en acier inoxydable commandée par un levier de réglage se déplaçant sur un secteur gradué. Le disque répartiteur (42 cm de diamètre) est muni de 4 palettes droites, demi cylindriques, qui y sont assemblées de manière radiale pour porter le diamètre du disque à 54 cm. L’entraînement se fait par arbre à cardan au moyen d’un renvoi d’angle droit sans possibilité de variation de vitesse. La portée du jet est réglable par simple inclinaison de la potence d’attelage (extension ou raccourcissement du bras supérieur). Un déflecteur droit est fixé à l’avant sur le châssis de l’appareil pour empêcher les projections de la matière sur l’arrière du tracteur. La tableau suivant résume les principales caractéristiques du distributeur centrifuge Autre matériel également indispensable pour accomplir convenablement les essais consiste en une balance de précision, un mètre, un pied-à-coulisse, un tachymètre, un tube standard de mesure de densité apparente, une étuve ou un testeur d’humidité, des bacs en matière plastique, un feutre effaçable pour numéroter les bacs, un balai, une petite pelle en plastique, quelques jawww.agri-mag.com
Tableau 2: Spécifications principales du distributeur centrifuge utilisé dans l’essai de mesure de performances au laboratoire Désignation Valeur · Type d’attelage · 3 points · Nombre de disques · un seul · Diamètre du disque avec et sans palettes · 54 / 42 cm · Capacité de la trémie · 300 litres · Vitesse du disque · 540 tr/min · Poids à vide · 65 kg · angle de paroi de trémie · 30 ° · Largeur effective déclarée · 6 à 18 m · Capacité au champ déclarée · 3 à 6 ha/h · limite inférieure de quantités épandues déclarée · 20 kg/ha · Hauteur du disque · 50 à 80 cm · vitesses de travail déclarées · 3 à 16 km/h
d’avancement du tracteur pour délimiter des bandes dans lesquelles on peut prélever les grains à partir de placettes de même dimensions (par exemple: 1,5 x 0,5 m).
Tableau 3: Résultats de performances du système de distribution de l’épandeur centrifuge essayé
3. Résultats des essais au laboratoire:
Repère de débits Durée de l’essai [s] Poids total [g]
Essai 1 Essai 2
Moyenne [g] Dose [Kg/ha]
1 20 567,00 691,60 629,30 007,15
2 20 3790,40 3712,20 3751,30 0042,62
lons, un bloc notes, des tableaux pour consigner les mesures obtenues, une calculatrice scientifique ou un ordinateur avec tableur de traitement de données, une caisse sous forme de contener à ossature métallique ou en bois, recouvert de contreplaqué ou d’un film plastique et capable d’envelopper tout l’épandeur pendant l’essai mais facilement maniable par sa simplicité de construction et sa légèreté,. 2. Méthode d’essai: La mesure de performance du système de distribution est faite en poste stationnaire en plaçant l’épandeur centrifuge attelé au tracteur dans un contener étanche. L’essai est répété trois fois pour chacune des cinq différentes doses à l’hectare choisies par simple repérage de cinq points suffisamment éloignés les uns des autres et réparties sur toute la longueur du secteur gradué. L’essai commence par le repère qui correspond à l’ouverture maximum de la vanne de fond. La durée de chaque répétition est de 60 secondes. A la fin de chaque essai, la semence est récupérée puis pesée et consignée dans un registre approprié. La dose à l’hectare Da [kg/ha] à appliquer pendant le semis est calculée par la formule: Da = Dr + Dr [(100 * G)/100]; où Dr est la dose recommandée et G, le taux de germination. Dans la pratique, les essais de doses à l’hectare sont réalisés avec trois calibres différents de semences habituellement appelées à être emblavées par l’épandeur en question.
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3 20 7853,50 7665,50 7759,50 0088,18
4 20 13270,50 13442,00 13356,30 00151,78
5 20 17617,00 17818,00 17717,50 00201,34
L’uniformité de répartition peut être mesurée par simple simulation des conditions au champ en parcourant une distance donnée (50 ou 100 m, par exemple) à la vitesse de travail sur un espace plat à l’intérieur du laboratoire, si le lieu le permet, si non, à l’extérieur. Il s’agit de disposer aligner des bacs standards ou ordinaires de façon perpendiculaire à la direction d’avancement du tracteur. Ainsi, les grains projetés sont recueillis dans ces bacs, pesés et enregistrés ou, simplement comptés si leur nombre est faible. Les bacs standard sont normalisé par l’ISO (International Standardization Organization) et munis de logettes anti rebondissement. Les bacs ordinaires doivent être légers, de préférence en plastique, suffisamment larges et recouvert chacun, pendant l’essai, d’un morceau de filet en vue d’amortir le rebondissement des grains pour qu’ils ne s’échappent pas vers l’extérieur. Dans l’essai, les bacs sont disposés de manière équidistante (1,5 m dans le cas de notre essai) et montrant le numéro d’ordre et le côté (droit ou gauche) qu’ils occupent par rapport à l’axe du tracteur. Le bac qui se trouve sur l’axe de symétrie du tracteur est noté «C». Ainsi, par exemple, le bac numéroté «9D» est le neuvième bac à droite du tracteur à partir du bac «C». On peut, aussi, choisir deux groupes de bacs de couleur différente (Blanc pour le coté droit et bleu pour le coté gauche, par exemple). Si les bacs ne sont pas disponibles, l’essai peut être exécuté directement sur sol nu et ferme; dans ce cas, il est possible de tracer des lignes équidistantes parallèles à la direction
L’essai de répartition est répété trois fois au moins. Après chaque passage, la contenance de chaque bac est pesée puis notée dans un registre. Les résultats des mesures obtenues, permettent de connaître le degré de régularité de la répartition transversale de l’appareil et d’estimer, par là, la valeur de la largeur de recouvrement qui aide à définir une largeur optimale d’épandage conduisant à une répartition homogène sur tout l’espace emblavé.
Performance du système de distribution Avant de commencer l’expérimentation, un essai de dégrossissage a permis de savoir qu’on peut descendre en deçà de 20 kg/ha qui est une limite donnée par le constructeur pour l’épandage des engrais. Le tableau suivant résume les résultats des pesées des essais de performance réalisés ainsi que leurs moyennes et doses à l’hectare calculées. Noter que la dose à l’hectare D [kg/ha] peut être calculée par la formule : D = (q . 10000) ÷ (V . Lw) ; où : q : débit [kg/min], V : Vitesse d’avancement [m/min] et Lw : Largeur de travail estimée [m] La représentation graphique des cinq doses moyennes à l’hectare choisies en fonction des degrés d’ouverture de la vanne de fond de la cuve renseigne sur la performance du système de distribution de l’épandeur centrifuge essayé. La précision de ce mécanisme est
Figure 1: Essai d’uniformité de répartition avec bacs disposés perpendiculairement à la direction de passage du tracteur
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Agro-Equipement Figure 3: Représentation graphique de la répartition transversale simple de l’épandeur centrifuge essayé.
Figure 2: Doses à l’hectare en fonction des ouvertures de la vanne du distributeur centrifuge essayé.
estimée par le degré de linéarité des différents points représentés correspondant aux doses mesurées. Un système est dit performant à 100% lorsque les points représentant les doses à l’hectare se trouvent tous alignés sur une même droite. Dans le cas de notre essai, le modèle mathématique qui décrit le mieux la relation entre les débits obtenus et les ouvertures de la vanne correspondantes est une droite de régression d’équation:: y= 49,75 x – 51,03 avec un coefficient de détermination Rxy de 0,99. Uniformité de répartition transversale: Les quatre quantités de grains récupérées dans chaque bac ont servi à calculer les moyennes et les coefficients de variation. Les résultats obtenus sont consignées, en partie, dans le modèle de tableau suivant. Les coefficients de variation balayent une large plage allant de 9 à 42% et plus puis admettant une moyenne globale de 16%. La représentation graphique suivante montre la forme de la répartition obtenue par l’épandeur centrifuge essayé. En général, le modèle de répartitions des distributeurs à disque est soit triangulaire, soit ovale, soit trapézoïdal plat soit trapézoïdal avec cornes et un léger affaissement à l’intérieur; la forme est toujours symétrique par rapport à l’axe du tracteur. La courbe de répartition obtenue lors de l’essai de notre épandeur est proche du 4ème cas de figures mais avec la corne de droite légèrement plus grande et plus contractée que celle de gauche. Cette imperfection est certainement induite par
un défaut de positionnement de l’écoulement du produit sur le disque distributeur, une palette déformée ou autres. En effet, des défauts de fabrication ou d’assemblage, des déformations accidentelles d’organes liées à une mauvaise utilisation comme lors d’un attelage, du transport, d’une réparation, ou autres peuvent se produire facilement sur le matériel agricole. Le graphique de la figure N°3 permet de déterminer la largeur optimale de travail comme le montre l’exemple d’illustration de la figure N°4. En effet, il suffit de déterminer la limite à partir de laquelle la courbe de répartition commence à décliner progressivement pour s’annuler. Cette bande, appelée largeur de recouvrement, permet de compenser la même bande du passage de répartition qui précède pour la rehausser à sa valeur normale. Dans la figure suivante, la largeur optimale (Lo = 16 m) est obtenue en retranchant, de à la largeur totale d’épandage (Lt = 20 m), la valeur de la bande de chevauchement (Lc = 2 m): Lo = Lt - 2Lc/2 = 18 m. Noter que la distance entre passages successifs est bien égale à la largeur optimale.
METHODE D’EVALUATION AU CHAMP:
Dans le cas de notre essai, la largeur optimale de travail peut être estimée à 17,6 m pour obtenir une répartition uniforme; elle sera plus grande si le défaut constaté est réparé. Pendant le travail, la largeur doit être contrôlée avec des jalons placés avec précision en bordure de champ. Le graphique de la figure suivante illustre la technique de calage des passages pour obtenir une répartition plus ou moins homogène sur la totalité de la parcelle.
Pour effectuer convenablement les essais au champ sur matériel de moyenne puissance, des parcelles de surfaces équivalentes au dixième d’hectare avec trois différentes conditions de sols sont recommandées. De même, les essais doivent être effectués avec trois types de semences différentes de point de vue taille, choisies parmi celles qui sont habituellement utilisées dans l’exploitation. Cependant, il est fortement recommandé de ne pas faire les essais par temps venteux
La détermination des performances réelles d’un épandeur centrifuge ne peut être complète que par des essais effectués dans les conditions réelles d’utilisation. Ces essais ont trait à l’influence des vibrations, de la pente, de la vitesse de travail, de la planéité du terrain, etc. sur la dose à l’hectare. Ils s’intéressent également à la facilité d’utilisation (chargement, réglage, ...) et de maintenance de l’appareil. Ils permettent, aussi, de mesurer le glissement, le temps total de travail, le temps perdu dans les tournières, le temps des arrêts au champ pour causes de pannes, de maintenance, et d’autres imprévus. Ces mesures sont utilisées pour le calcul de l’efficience et des capacités effective et théorique au champ. Noter à ce niveau que des vitesses de travail excessives peuvent entraîner des irrégularités au niveau de la répartition surtout sur des surfaces mal nivelées. Une vitesse raisonnable doit se situer entre 5 et 6 km/h. Si, toutefois, la surface de la parcelle est naturellement plane et correctement nivelée, la vitesse peut aller jusqu’à 9 km/h et même plus.
Tableau 4: Partie des résultats obtenus dans l’essai de mesure de l’uniformité transversale de l’épandeur centrifuge. Numéro de bacs Nombre de grains
Moyenne
112
L10
L9
L8
L7
L6
...
C
...
R6
R7
R8
R9
R10
Test1
9
11
28
32
55
...
67
...
24
7
0
0
0
Test2
0
1
22
46
72
...
96
...
17
2
0
0
0
Test3
0
0
2
14
59
...
103
...
25
1
0
0
0
Test4
0
3
8
36
68
...
98
...
14
0
0
0
0
2.3
3.8
15.0
32.0
63.5
...
91.0
...
20.0
2.5
0
0
0
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Figure 4: Exemple de détermination graphique de la largeur optimale de travail car ce paramètre a une forte influence aussi bien sur la répartition que sur la portée de projection. Noter que la dose d’application est déterminée avec la trémie remplie à un niveau donné et à la vitesse d’avancement recommandée pour couvrir la surface de la parcelle d’essai. Elle est mesurée en pesant la quantité de semence nécessaire pour ramener le niveau dans la trémie à sa position initiale. Le glissement est calculé par différence entre le nombre de tours des roues motrices du tracteur mis à parcourir une certaine distance (50 mètres, par exemple) sur le sol de la parcelle expérimentale puis sur un espace goudronné ou bétonné. La profondeur de semis peut être mesurée et évaluée immédiatement après l’opération d’emblavement et de recouvrement en faisant des fouilles minutieuses sur des placettes suffisamment dispersées dans la parcelle d’essai. De même, la levée peut, aussi, être utilisée comme indicateur de performance de l’épandeur et des outils de recouvrement utilisés (herse, cover-crop, ...). Le taux de levée peut être déterminé au stade 2 à 3 feuilles à partir de placettes réparties sur toute la parcelle expérimentale. Enfin, la fiche descriptive des conditions d’essais doit contenir un certain nombre d’informations comme: le responsable et la date d’essai; la localisation, la taille et une brève description des parcelles; le type, la texture et l’humidité des sols; la quantité de chaumes; la structure et la régularité de la surface du lit de semis; etc.
Figure 5: Représentation graphique du chevauchement optimal entre passes
CONCLUSION: De manière générale, nous pouvons dire que la relation entre doses à l’hectare et ouvertures de vanne est quasi linéaire, la répartition transversale est trapézoïdale mais asymétrique, la largeur de travail est relativement intéressante mais difficile à maintenir en l’absence d’un jalonnage précis. La sécurité est difficile à assurer du moment que le disque ne peut pas être protégé pendant le travail. De même, l’utilisation de la machine au laboratoire s’est avérée aisée car l’appareil est de conception simple, léger et protégé contre la corrosion.
FICHE TECHNIQUE D’ESSAI
Commentaire sur l’essai:
1. Performance: la relation entre doses et ouvertures de vannes est presque linéaire. Marque: .....................................................................................................................2. Précision: La répartition transversale est trapézoïdale. 3. Maniabilité de la machine: La largeur effective de travail est relaDate et lieu d’essai: ................................................................................................... tivement bonne. Cependant, il est difficile de la garder constante sans Responsables de l’essai: ........................................................................................... jalonnage précis. Organisme chargé des essais: .................................................................................. 4. Sécurité: Le disque ne peut être protégé pendant le travail. Les utilisateurs doivent y prêter constamment attention. RAPPORT D’ESSAI D’UN EPANDEUR CENTRIFUGE PORTE
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