Agriculture du Maghreb N°121 Juillet/Aout 2019

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Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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EDITIONS AGRICOLES

Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 98 07 71 agriculturemaghreb@gmail.com

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Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Pr. Bouzrari B. Pr BOUTALEB JOUTEI Abdelmalek Pr. BENAZOUN Abdeslam Dr. Abbès Tanji

Attachée de Direction Khadija EL ADLI

Directeur Artistique NASSIF Yassine

Imprimerie PIPO

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

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Edito L’agriculture biologique au Maroc Pourquoi la filière reste modeste malgré ses fortes potentialités

C

oncernant le bio au Maroc, les chiffres (qui trompent rarement) donnent à réfléchir : avec, en 2017-18, 9.850 ha réalisés sur les 40.000 prévus par le contrat programme de la filière pour 2020, soit moins de 25%, les objectifs du PMV sont loin d’être atteints dans le domaine du bio. De même, la production a atteint 94.500 tonnes composée en grande partie de produits maraîchers, alors qu’on prévoyant 400.000 tonnes (moins de 24%). Les exportations également ont at�teint difficilement 17.000 tonnes, soit 28% sur les 60.000 prévues. Parallèlement, le taux de croissance n’atteint même pas 5% par an et reste largement inférieur à des pays similaires (Tunisie, Turquie) ou à des pays européens qui atteignent 20%. Pourtant le secteur connait une très forte demande aussi bien nationale qu’internationale. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’engouement des marocains pour les produits ‘‘naturels’’, sains,labélisés ou certifiés bio dans les nombreux salons ou magasins et rayons spécialisés ou autres points de vente. De même, la création d’associations de producteurs et de consommateurs ainsi que la multiplication de fermes bio et du nombre d’entreprises de vente directe aux consommateurs (circuits de proximité) confirment cette tendance. Cependant, la tenue du premier salon Bio expo Maroc dernièrement à Casablanca (voir page 14) a permis aux langues de se délier et de pointer les handicaps et barrières qui entravent la croissance de cette filière prometteuse.

Pourquoi les objectifs du PMV n’ont pas été atteints ?

C’est la question que se posent logiquement les professionnels dont certains estiment que l’objectif des 40.000 hectares n’était pas réaliste. Ensuite, et afin de se conformer aux normes nationales et internationales d’agriculture biologique relatives à la certification des produits, les agriculteurs doivent passer par une période de reconversion qui dure deux à trois ans selon que les cultures sont annuelles ou pérennes. Cette période consiste à conduire ces cultures en bio sans qu’elles soient certifiées (donc commercialisées comme conventionnelles) et ce afin d’éliminer toutes traces ou résidus d’intrants chimiques dans le sol. Au cours de cette période, il faut sensibiliser les producteurs, les former et accompagner leur transition vers le bio. Sans oublier les coûts liés à l’obtention du label Bio Maroc et aux différentes certifications

nécessaires pour la commercialisation En outre l’agriculture biologique souffre de sa faible rentabilité, du manque d’encadrement des producteurs, de la difficulté de s’approvisionner en intrants homologués (importés pour la plupart), … A l’instar d’autres filières, l’agriculture biologique souffre de la primauté accordée par le PMV à l’aspect extension des superficies et des tonnages produits sans accorder l’importance concomitante qu’il devrait donner à la commercialisation et aux marchés censés absorber ces productions Par ailleurs, et même si la demande internationale en produits biologiques est soutenue, il ne faudrait pas compter sur l’export uniquement, mais également et principalement sur le marché intérieur qui reste la valeur sûre de toute croissance et développement du pays. Il faut souligner dans ce sens que consommer bio ne se limite pas à acheter de temps en temps un kilo de fruit ou de légume biologique ou même quelques produits du terroir à l’occasion de salons ou expositions diverses. Consommer bio c’est un mode de vie et de comportement. Développer ce secteur revient à prendre plusieurs mesures, notamment : - des actions de promotion et de sensibilisation sur le long terme auprès des consommateurs - mettre le produit bio à la portée du consommateur aussi bien en ce qui concerne les prix que la disponibilité (ne pas se limiter à des magasins spécialisés hors de portée …), - soutien aux producteurs pour limiter la hausse des prix inhérente à la production bio (baisse des rendements, …) - éviter la confusion entre produit certifié bio et produits ‘‘naturels’’ - éviter confusion entre produits biologiques et produits ‘‘protégés biologiquement’’, termes destinés à abuser le consommateur. Il faut que tous les intervenants agissent pour que ce type de produits ne reste pas lié à un effet de mode, et ce n’est pas impossible.

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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SOMMAIRE

pplément

6 Actualités 24 Haricot plat

Déroulement de la campagne, de la récolte et du post-récolte

30 Courgette noire

54 Acarien rouge oriental Menace permanente sur agrumes

58 Mouche méditerranéenne Combiner les moyens pour s’en protéger

62 La mouche blanche

Campagne particulière et problème majeur : le marché !

Pour une protection efficace contre ce fléau La mouche blanche

34 Courgette blanche

66 Pomme de terre

Quelques rappels pour optimiser la conduite

38 Pommes

Quelques précautions pour garantir des fruits de bonne qualité

42 Les acariens

des arbres fruitiers

Quelle stratégie de lutte efficace et respectueuse de l’environnement

46 Tuta absoluta

Gestion de la résistance (IRM) par l’approche « Fenêtre de Traitements »

50 Maïs fourrage :

les critères à privilégier pour choisir sa variété

Une production handicapée par des déséquilibres récurrents

72 Les plantes face aux différents

stress

74 Menthe bio Comment gérer les mauvaises herbes sans herbicides ?

76 Maintenance d’une

batteuse-vanneuse à poste fixe

79 Tracteur agricole Ce que vous devez savoir pour choisir les pneumatiques

82 Petites annonces

Nos annonceurs AGRILEVANTE SALON 17 BASF 41 AGRIMATCO 35 BASF 55 AGRIMATCO 43 BEJO 27 AGRIMATCO 47 BIOIBERICA 59 AGRIMATCO 51 CMGP 84 AGRIMATCO 53 FUTURECO AGRIMATCO 57 BIOSCIENCE 65 AGRIMATCO 63 FUTURECO BIOSCIENCE 73 ALTERECO 13 GAUTIER SEMENCES 31 Agriculture du Maghreb ATLANTICA AGRICOLA 33 GRAINES VOLTZ MAROC 23 4 N° 121 - Juilllet/Août 2019

IRRI-SYS 9 IRRITEC 7 LALLEMAND 13 MAMDA 2 PIONAGRI 37 PIONAGRI 49 PLASTIC PUGLIA 21 RIZK ZWAAN 23 SIPSA SALON 5 STOLLER 28

SUTERRA 61 TECNIDEX 39 TIMAC AGRO MAROC 69 YARA 29

CAHIER ARABE

AGRIMATCO CMGP MAMDA www.agri-mag.com


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Actu Actu

Comment

la high-tech

favorise l’agriculture urbaine Dans un monde où les zones urbaines ne cessent de s’agrandir, l’agriculture de ville devient un enjeu majeur pour l’alimentation de la planète. Les nouvelles technologies constituent un outil essentiel pour déployer ces modes de culture alternatifs, à petite et grande échelle.

S

elon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), près de 800 millions de personnes pratiquent actuellement l’agriculture urbaine dans le monde. Rien qu’en Île-de-France (région parisienne), l’Observatoire de l’agriculture urbaine dénombre près de 370 hectares d’initiatives. Une ressource de taille si l’on considère qu’en ville, un mètre carré peut fournir 20 kilos de nourriture par an. Pour autant, les problèmes inhérents aux grandes zones urbaines (pollution, espace disponible) ne disparaissent pas dès qu’on plante un potager sur une terrasse et, dans un tel contexte, l’appui des technologies connectées se révèle particulièrement précieux.

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Petit espace, gros rendement

La taille d’un espace agricole ne conditionne pas son niveau de rendement. La FAO a même évalué qu’un simple jardin potager pouvait parfois produire jusqu’à quinze fois plus de nourriture qu’une exploitation en zone rurale. Encore faut-il les bons outils pour le gérer. Né en Californie, le robot potager Farmbot est un véritable concentré de technologie qui permet de gérer à distance toutes les étapes de production (plantation, arrosage, arrachage des mauvaises herbes) d’un petit potager. Le tout sans jamais (ou presque) mettre la main dans la terre. Jusqu’à présent, le principal obstacle au développement de cet outil restait son prix

(un peu plus de 3 000 dollars) et l’absence d’interface française. Problème résolu par la communauté Farmbot France qui fournit une nomenclature française au robot dans l’esprit « open source », qui gouverne le projet depuis ses origines. À côté de cette solution haut de gamme, des kits plus adaptés aux usages particuliers sont disponibles. Grâce aux potagers d’intérieur connectés (Véritable Potager, HomePotager) ou aux « smart systems » conçus par des spé�cialistes du jardinage comme Gardena pour maîtriser tous les paramètres de son terrain (humidité, température, etc.), n’importe quel citadin peut se transformer en agriculteur en herbe pourvu qu’il dispose d’un petit lopin de terre.

Nourrir une famille et bientôt la planète ?

À plus grande échelle, les serres connectées proposées par la start-up alsacienne MyFood ont déjà séduit une centaine de citoyens

pionniers. Combinant des dispositifs de permaculture et d’aquaponie verticale, avec des outils de gestion connectée (capteurs et application), ces serres garantissent, selon leur taille, de 200 à 400 kg de légumes frais chaque année. De quoi nourrir une famille de trois ou quatre personnes et rentabiliser l’investissement (à partir de 8 000 euros pour les solutions les plus « compactes »). En phase avec les nouveaux modes de consommation qui valorisent le circuit court et la consommation locale, les technologies connectées semblent capables d’augmenter le potentiel de l’agriculture urbaine. De là à imaginer que les villes puissent nourrir la planète il reste un grand pas à franchir, même si les cinq containers chargés d’innovation conçus par Agricool fournissent déjà à des grandes enseignes franciliennes, près de sept tonnes de fraises goûteuses et sans pesticides par an. lesechos.fr

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Actu

Actu Agro-Equipement

Machinisme agricole Qui sont les neuf plus gros fabricants européens de machines agricoles ?

Les neuf sociétés les plus importantes dans la fabrication de machines agricoles (hors constructeurs de tracteurs et de télescopiques) ont généré l’an dernier plus de 4,7 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Elles progressent presque toutes, malgré les aléas du marché et de la météo en 2018. Les perspectives 2019 semblent également bonnes pour ces fabricants.

Kuhn

Le plus gros chiffre d’affaires est celui du groupe Kuhn. Au 31 décembre 2018, il était de 1 043 millions d’euros (pour 966 millions au 31/12/2017), soit une progression de 8 %. Cette hausse se ralentit pourtant, elle était de 13,2 % il y a un an. Le groupe Kuhn travaille de manière majoritaire sur le machinisme agricole.

Exel

Pour le groupe Exel, le chiffre d’affaires de l’exercice 20172018 s’établit à 839,1M€, en retrait de 35,1M€ par rapport à l’année précédente du fait d’un effet de change défavorable, de l’année 2016-2017 exceptionnelle pour les arracheuses de betteraves et d’un marché de la pulvérisation agricole en décroissance en France. Pour rappel, le chiffre d’affaires du premier trimestre du groupe Exel (octobre à décembre 2018) est de 137,5 M€. Il est composé de la pulvérisation agricole (61,8

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M€), de l’arrachage de betteraves (17,4 M€), de la pulvérisation et de l’arrosage de jardin (9,5 M€) et enfin de la pulvérisation industrielle pour (48,8 M€).

Krone

Malgré des conditions de marché parfois difficiles dans les secteurs du machinisme agricole et des véhicules industriels, le groupe Krone a réalisé au cours de l’année commerciale écoulée 2017/2018 (1er août 2017 – 31 juillet 2018) un nouveau chiffre d’affaires record de 2,1 milliards d’euros et se situe nettement au-dessus du niveau de l’année précédente (1,9 milliard d’euros). Krone a enregistré pour le segment machinisme agricole au cours de l‘année commerciale 2017/2018 un chiffre d’affaires global de 642,3 millions d’euros. Cela correspond à une augmentation de 10,2 % par rapport à l’année précédente.

Amazone

Au cours de l’année 2018, le groupe Amazone a poursuivi sa croissance malgré des conditions météorologiques défavorables dans certains pays au cours du second semestre. Le chiffre d’affaires s’est établi à 481 millions € soit une progression de + 5,3 % par rapport à l’année précédente (457 millions €).

Kverneland

Les résultats du groupe Kverneland ne sont plus communiqués depuis 2014, année de son rachat par Kubota, où ils s’élevaient à 497 millions d’euros. Cela explique l’absence de ce constructeur dans le graphique. Le groupe Kubota, propriétaire de Kverneland et Great Plains, a fait le choix de ne pas communiquer sur les résultats par business unit. Le chiffre d’affaires de Kubota en Europe est de 256 milliards de yen.

Horsch

« Avec ce chiffre d’affaires de 402 millions d’euros, la société Horsch Maschinen établit un nouveau record », se réjouit Robert Dorsemagen, directeur de Horsch France. « Les raisons de ce fort développement sont multiples ». La croissance de 12 % du chiffre d’affaires par rapport à 2017 - 356 millions d’euros - s’explique en effet par de considérables investissements réalisés sur l’ensemble des sites de production, tant dans le domaine du service qu’en recherche et développement.

Lemken

Lemken maintient la croissance de son activité malgré une conjoncture globale peu favorable cette dernière année. Le chiffre d’affaires total a atteint 380 millions d’euros en 2018, soit une hausse de 6 %. La part des exportations reste inchangée avec 77 % du CA. « En 2018, les aléas climatiques

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ont mis à mal notre calendrier, il n’a pas été facile de respecter les échéances. Nos fournisseurs se sont retrouvés sous pression, eux aussi. En tant qu’entreprise familiale, nous avons l’avantage d’entretenir des relations étroites avec nos clients et nos partenaires commerciaux. Motivées et toujours prêtes à s’adapter, nos équipes sont parvenues à satisfaire toutes les commandes et toutes les demandes d’intervention dans les meilleurs délais », déclare Anthony Van der Ley, le dirigeant de Lemken.

Pöttinger

L’entreprise familiale autrichienne Pöttinger a atteint en 2017/2018 un chiffre d’affaires record de 354 M€ correspondant à une progression de 15 % par rapport à l’année précédente. La récolte et la fenaison représentent la plus grande part du chiffre d’affaires avec près de 60 %, suivies par le travail du sol et le semis à hauteur de 27 % du chiffre d’affaires total.

Maschio Gaspardo

Pour 2018, Maschio Gaspardo annonce également un chiffre d’affaires en hausse à 333 millions d’euros. La croissance est réalisée principalement dans les pays

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de l’Union européenne avec 15 % de hausse. La France est en tête de la croissance avec 25 % de progression.

Väderstad Le groupe Väderstad a réalisé un chiffre d’affaires total de plus de 300 millions d’euros au cours de l’exercice 2018, dont 10 % représentent les ventes en Suède. Le bénéfice net après éléments financiers s’élève à 11,8 millions d’euros. « Väderstad France s’inscrit dans la même dynamique. Le chiffre d’affaires 2018 a augmenté de 21 % par rapport à l’année précédente et 2019 s’annonce sous de très bons augures comme le reflète la présaison exceptionnelle que nous venons d’effectuer », explique François Doisy, directeur de Väderstad SAS.

Perspective marché 2019 Pour l’année 2019, les dirigeants sont optimistes. « Le climat des investissements reste favorable dans le monde agricole, même si les résultats de certaines exploitations agricoles de l’Europe centrale restent encore impactés par les effets de la sécheresse de 2018. La tendance à moyen et long terme est positive. Toutefois pour certains marchés exports, les effets des changements politiques, tels que par exemple les conflits commerciaux internationaux croissants sont actuellement difficiles à évaluer », a commenté Christian Dreyer le dirigeant d’Amazone. Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Actu Actu Viticulture

Conférence internationale sur le raisin de table Innovation variétale, mais aussi qualité, techniques de production, collaboration, … nombreux étaient les sujets traités lors du ‘‘Table Grape Meeting’’, le colloque dédié au raisin de table organisé par le salon Macfrut à Rimini (Italie) le 10 mai dernier.

L

es travaux ont été ouverts par Giacomo Suglia, président d’Apeo, association de producteurs et exportateurs pour la protection du raisin de table de la région des Pouilles, un territoire qui réunit 75% des superficies cultivées en Italie. « Pour faire face à un marché de plus en plus mondialisé, nous avons besoin de productions compétitives et d’une qualité et d’un rendement excellents – a déclaré M. Suglia – Il ne faut pas seulement de nouvelles variétés, mais aussi des techniques de production qui nous permettent d’obtenir de la qualité à faible coût ». Carlo Fideghelli a raconté

l’expérience du réseau IVC, Italian Variety Club, qui réunit des acteurs publics et privés dans le Sud de l’Italie. M. Fideghelli a illustré les principales lignes directrices qui sont à la base de l’innovation variétale : « Nous cherchons des variétés sans aucun pépin – a-t-il expliqué – En outre, nous avons lancé un programme d’amélioration génétique pour la résistance aux cryptogames. Du point de vue des saveurs, le goût muscat est de plus en plus apprécié par les consommateurs ». Maurizio Ventura, Licensing Manager Europe de SunWorld International, a souligné d’autres tendances variétales

importantes pour l’Italie et pour les pays de la Méditerranée : « Les caractéristiques que nous cherchons actuellement sont une productivité élevée, de faibles coûts de production et un goût agréable ». Ce sujet a été abordé par Carlo Lingua, PDG de RkGrowers et d’Avi, le seul agent européen pour le raisin ARRA™. « J’estime que tout le secteur agricole italien offrira de grandes opportunités dans l’avenir, mais ce sera un défi complexe, parce que le marché est en train d’ouvrir ses portes à des pays qui ne pensaient pas devenir producteurs jusqu’à récemment, tels que le Maroc, l’Albanie, la Serbie, la Bulgarie et la Turquie – a dit M. Lingua – Pour obtenir un pro-

duit de qualité, il est nécessaire que les producteurs respectent des protocoles de production proposés par les breeders ». Le groupe Grape and Grape a lancé un intéressant projet entièrement italien lié à l’innovation variétale. « L’offre de raisin sans pépins est très vaste, mais en Italie cette culture n’atteint que %30 - a expliqué Alberto Mastrangelo, responsable commercial du groupe – La réalité italienne est dominée par de petits producteurs et cela amène à une pulvérisation de l’offre ». « La différenciation est l’un des éléments qui peuvent contribuer à faire face à ce problème, grâce au développement d’un paquet variétal qui valorise les caractéristiques spécifiques de la zone de production et qui crée un lien entre la variété et le territoire », a conclu M. Mastrangelo. Gianni Raniolo, président du consortium sicilien Uva da Tavola Mazzarone IGP, a fourni un exemple de production territoriale. « Notre projet dérive de l’exigence des producteurs d’agir ensemble, car la compétition se joue sur le marché global – a expliqué M. Raniolo – En 2018 nous avons dépassé 3 millions de kilos de production et nous sommes

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présents dans les principales chaînes italiennes ».

Table Ronde La première session a été suivie d’une table ronde où des experts internationaux ont abordé les thèmes de l’innovation variétale, des raisins sans pépins et de l’export, présentés au public à travers les vidéos des protagonistes du secteur. Debbie Lombaard, de l’équipe commerciale de Richard Hochfeld LTD, a parlé du marché du RoyaumeUni. « Presque tout le marché anglais est dédié aux raisins sans pépins et les consommateurs préfèrent les fruits sucrés et croquants. Nous ne pouvons pas y commercialiser les raisins jaunes, parce que les consommateurs sont habitués aux variétés vertes – a-t-elle expliqué – Le problème principal concerne la constance de la qualité, les producteurs sont encore très différents l’un de l’autre, donc il est important que les cultivateurs sachent comment gérer ces nouvelles variétés ». Mais l’Italie a un avantage compétitif. « La production italienne est caractérisée par une très grande expertise et une qualité reconnue, et l’Italie peut compter sur ces points de force – a ajouté Mme Lombaard – Pour ce qui est des exportations, l’Italie pourrait étendre son marché, même au-delà des frontières européennes ». www.agri-mag.com

L’Allemagne apprécie elle aussi le raisin italien et elle en est le premier importateur. Annabella Donnarumma, PDG d’Eurogroup Italia/ Rewe, a expliqué l’évolution de la consommation dans le pays : « 70-75% du raisin aujourd’hui est sans pépins ; le raisin avec des pépins deviendra un produit de niche, mais il devra être de première qualité. En Allemagne, les préférences changent selon les zones : dans le Sud on vend des raisins jaunes, mais au Nord les consommateurs préfèrent le raisin vert. L’innovation variétale devrait se concentrer sur des raisins qui, même si peu colorés, présentent un goût sucré ». Ensuite, Annabella Donnarumma a parlé d’export : “Au fil des années les producteurs italiens ont fait des sacrifices énormes pour répondre à nos exigences, ils ont évolué, en comprenant les requêtes du marché. Ce qui leur manque

c’est l’agrégation, un esprit de coopération authentique, pour faire face à la compétition des nouveaux pays qui apparaissent sur le marché global ». Une autre contribution importante a été celle de l’espagnol Joaquin Gomez Carrasco, président de l’association de producteurs Apoexpa. « Depuis 20 ans en Espagne nous faisons des recherches sur de nouvelles variétés sans pépins, parce que celles avec pépins sont en train de disparaître », a commenté M. Carrasco, en définissant le raisin sans pépins comme « une quatrième gamme naturelle ». En ce qui concerne les marchés internationaux, il a ajouté : « La plus grande préoccupation c’est que l’augmentation de la production amène à des fluctuations des prix, donc il faut des débouchées sur de nouveaux marchés, mais souvent la crois-

sance est un processus lent. En conséquence, il ne faut pas miser sur la quantité, mais sur la qualité de la production, ce qui constitue le défi de tous les producteurs de la zone méditerranéenne ». Stefano Borracci, responsable commercial de Serroplast, a raconté son expérience de collaboration avec les producteurs de raisin de table chiliens. « Pour affronter des marchés importants comme celui de l’Amérique du Nord, les agriculteurs ont compris l’exigence d’améliorer la qualité par le biais de techniques innovantes. Ce choix est fondamental même pour faire face au problème du changement climatique, qui provoque des phénomènes météorologiques de plus en plus agressifs ». Pour plus d’informations : www.tablegrapemeeting.it

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Actu Actu Recherche

À la découverte des fruits et légumes de demain

Dans le laboratoire de l’INRA en France, les scientifiques s’attèlent à fabriquer des fruits et légumes d’un genre nouveau. Ces oranges, tomates et pommes de terre, élaborés en lien avec des agriculteurs, seront capables de mieux résister au réchauffement climatique tout en ayant de plus grandes capacités nutritives. Reportage dans le laboratoire qui façonne les récoltes de demain. Innovation variétale et réchauffement climatique

À l’INRA, la création de variétés de fruits et légumes mieux adaptés à leur milieu climatique et plus résistantes aux agressions biologiques est un projet de long terme. Les chercheurs opèrent selon un processus appelé innovation variétale : il s’agit de sélectionner des plantes en fonction d’un certain nombre de critères et de les croiser, le tout grâce à des modélisations informatiques de plus en plus sophistiquées (phénotypage et génotypage). Ce procédé de croisement et d’amélioration génétique se distingue de la modification génétique, qui consiste à intégrer dans le génome d’un aliment ou d’un être vivant des gènes étrangers, qu’ils ne pourraient donc pas obtenir au fil de l’évolution naturelle. L’innovation variétale, elle, permet de favoriser certains gènes pour améliorer les variétés cultivées. On peut par exemple allonger les capacités

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de production de certains types de fruits, comme les mandarines de Corse. Alors que les arbres corses ne donnent plus de fruits comestibles au-delà du 15 janvier, l’INRA cherche à créer in vitro des mandarines “tardives”, sans pépins, ou qui résisteront davantage aux variations du climat. L’INRA cultive ainsi plus de 1100 variétés d’agrumes, originaires de près de 50 pays, sur l’île de Beauté. Pourquoi autant ? Emmanuel Bloquel, agronome, explique dans le Parisien qu’ « il est très important pour l’INRA de conserver un maximum d’espèces d’agrumes, car une variété, même si elle ne présente a priori aucun intérêt aujourd’hui, peut très bien à l’avenir s’avérer essentielle. Notamment pour résoudre un problème sanitaire. » Yann Froelicher, biologiste et l’INRA et spécialiste de la reproduction des agrumes, rêve de son côté que de nouveaux fruits sortent de son laboratoire : « Il y a actuellement une course commerciale pour mettre

sur le marché une mandarine sanguine mais elle n’existe pas encore », raconte-t-il.

Privilégier une agriculture plus saine

En Provence, l’INRA a également lancé un programme de création de nouvelles tomates, avec deux objectifs. Selon le site internet de l’institut, le premier est de proposer un matériel végétal adapté à des pratiques culturales différentes de celles de la production de masse, permettant d’obtenir des tomates de bonne qualité qui répondent à la fois aux attentes des consommateurs et aux contraintes de la filière. Les chercheurs se concentrent sur trois de ces contraintes : la récolte des fruits à maturité, le stockage à température ambiante et non à froid pour éviter la déperdition de goût, et des critères précis de « fermeté extérieure du fruit et fondant de la chair du fruit ». Le second objectif, c’est de produire des tomates dotées

de gènes de résistance aux bioagresseurs et destinées à la culture de saison en pleine terre, sous abri non chauffé ou en plein air, pour produire des fruits destinés aux marchés locaux ou à l’autoconsommation. Car là est aussi l’intérêt de ce programme : il met l’innovation variétale au service d’une agriculture saine, locale et durable. En Bretagne, par exemple, la filière de la pomme de terre figurait parmi les filières les plus consommatrices de pesticides. Grâce aux recherches de l’INRA, de nouvelles variétés plus résistantes aux maladies et aux bio agressions rendent aujourd’hui possible une réduction de l’utilisation des pesticides. C’est un pas vers une agriculture plus saine qui représente aussi un gain économique pour l’ensemble de la filière.

Prochains défis

La recherche en innovation variétale risque de se généraliser et de s’améliorer dans les années à venir. Elle peut en effet s’appuyer sur les progrès de la biologie intégrative et des simulations génétiques d’une part, et sur une meilleure accessibilité des technologies d’autre part. L’enjeu est de taille. « Face à l’ampleur des évolutions à venir, les processus d’amélioration variétale doivent présenter une plus grande flexibilité afin de développer plus rapidement et avec plus de précision des variétés adaptées aux contraintes qu’imposent le milieu biophysique, les systèmes de production et les utilisateurs », écrit l’Institut sur son site. L’INRA conduit déjà des recherches sur des fruits et aliment traditionnellement associés à des climats tropicaux, comme le cacao, le riz ou les bananes. Et il y a fort à parier que l’avènement d’outil comme le www.agri-mag.com


“ciseau génétique” CRISPR, découvert en 2012, dans les laboratoires va sans doute accélérer la création d’aliments plus résilients et nutritifs pour les générations futures.

Le génome de la tomate est intégralement séquencé

Ce travail gigantesque aura des retombées considérables sur l’amélioration d’un grand nombre d’espèces cultivées. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’ADN de la tomate et ses 35.000 gènes est disponible gratuitement sur Internet (solgenomics.net). Un consortium international de 300 chercheurs regroupant 14 pays, est parvenu à séquencer, au terme de six ans de travail acharné, l’intégralité du génome de cette plante emblématique et de son parent sauvage (Solanum pimpinellifolium). Le décryptage de l’intégralité des informations contenues dans les 12 paires de chromosomes de cette solanacée originaire d’Amérique est une excellente nouvelle pour les millions d’agriculteurs et de jardiniers amateurs qui la cultivent dans le monde. Plates, rondes, ovales, cornues, rouges, noires, jaunes ou vertes, on dénombre plusieurs milliers de variétés de tomates et une production mondiale en constante progression. Ce qui fait de la tomate le troisième légume consommé dans le monde derrière la pomme de terre et la patate douce. «En fait, sur le plan botanique, la tomate est un fruit. Les généticiens la considèrent même comme le cobaye de tous les fruits charnus (pomme, pêche, prune…)», corrige le Pr Mondher Bouzayen, directeur du laboratoire génomique et biotechnologie des fruits (Inra, INP-Ensat), à Toulouse et membre du Tomato Genome Consortium. La publication de son génome va donc permettre de réaliser «des avancées considérables» en matière de création variétale pour un grand nombre d’espèces végétales.

Ces végétaux sont la deuxième ressource alimentaire mondiale, après les céréales, et leur importance est amenée à croître dans les prochaines années, notamment du fait de l’incitation à consommer d’avantage de fruits et de légumes. «Ces plantes sont génétiquement très voisines: si on ne met pas de “jumelles”, on ne voit quasiment pas de différences!, poursuit le Pr Bouzayen. Pourtant, c’est peu dire qu’une tomate ne ressemble pas à une pomme de terre. L’un des enjeux consiste maintenant à comprendre pourquoi des génomes aussi sem-

blables s’expriment de manière aussi différente.» Sur un plan plus pratique, les consommateurs sont en droit d’espérer une amélioration significative des qualités gustatives et nutritionnelles de la tomate. «La synthèse de composés complexes comme les arômes, les pigments ou certaines vitamines est gouvernée par un très grand nombre de gènes que nous ne connaissons pas encore», confie le Pr Bouzayen, tout en soulignant que l’environnement au sens large, notamment les conditions de cultures, joue un rôle déterminant.

De leurs côtés les agriculteurs devraient pouvoir compter sur des variétés capables de mieux résister à la sécheresse, aux maladies et aux insectes nuisibles, avec à la clé des économies d’eau et une réduction de l’usage des pesticides. À noter que la France a joué un rôle moteur dans cette entreprise en séquençant l’intégralité du chromosome 7 de la tomate et en mettant en œuvre une nouvelle technique de séguençage à haut débit, 500 fois plus rapide et efficace que les précédentes.

Deuxième ressource alimentaire mondiale

La grande famille des solanacées, dont la tomate fait partie aux côtés de l’aubergine, du poivron, du piment ou de la pomme de terre, devrait bénéficier, elle aussi, de ces retombées. www.agri-mag.com

Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Actu Actu SALON

Les associations «Agissons vert» et «Club des Entrepreneurs Bio» (CEBio) ont organisé, du 21 au 23 juin 2019, le 1er salon Bio Expo Maroc sur le thème «Le Bio, un secteur national à fort potentiel». La cérémonie d’ouverture a été présidée par M. Mohammed Sadiki, Secrétaire Général du Département de l’Agriculture. Pour les organisateurs, ‘‘Consommer bio n’est pas un effet de mode. Il s’agit d’un choix de sérénité, d’hygiène et, surtout, de santé. En effet, la quasi-généralisation de pesticides dans la production agricole de masse pose aujourd’hui une question de santé publique. D’où l’émergence et le développement des produits bio. Il est aujourd’hui un phénomène universel de constater que le consommateur citoyen choisit avec soin ce qui doit constituer sa nourriture de base, son environnement ambiant et tout ce qui concerne sa vie au quotidien. Le choix du bio, comme composant essentiel de son bienêtre est ainsi devenu un réflexe presque naturel, tant les produits chimiques ont envahi le marché de la production nutritionnelle, à tous les niveaux de la consommation de masse.’’ Cet évènement avait ainsi pour objectif de fédérer les efforts de tous les acteurs de la filière biologique, présenter et valoriser les produits biologiques, promouvoir les échanges entre professionnels et consommateurs et débattre des grands enjeux de la filière biologique. Il visait également à sensibiliser le citoyen à la nécessité de consommer bio pour sa bonne santé et la maîtrise d’une bonne hygiène de ce qu’il consomme, tout en fédérant les entrepreneurs bio autour de valeurs communes 14

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tournées vers la qualité et le respect du label. En dévoilant les activités du salon, Monsieur Slim Kabbaj, Président de CEBio, affirmait que «Bio Expo Maroc avait été rythmé par la signature de conventions, la présentation de nombreux projets, actions et initiatives en faveur du consommateur, sur diverses régions du pays. La mobilisation des exposants, le dynamisme de leurs productions et des projets en cours sont amenés à conduire les filières Bio marocaines vers un secteur économique à part entière, une reconnaissance et une crédibilité certaine à l’échelle internationale. Tous les acteurs en sont une partie prenante, les décideurs gouvernementaux, les leaders d’opinion, les banques, les média.» De même, comme le souligne Madame Bouchra Boukili, Présidente de l’association Agissons Vert, «Si certains considéraient le Bio comme un luxe facultatif, ils le voient aujourd’hui comme une urgence sanitaire pour préserver leur santé et leur environnement. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu justement au cours de ce salon, impliquer, informer et sensibiliser le consommateur en l’invitant à découvrir les différents univers fondamentaux, dont alimentation, compléments alimentaires, écoproduits, beauté et cosmétiques, textiles et jouets, transport vert, mobilier et im-

Une première édition pour un secteur prometteur mobilier vert, et surtout éviter les contrefaçons et le greenwashing que pratiquent certains vendeurs sans scrupules». Selon les organisateurs, le salon Bio Expo Maroc 2019 a accueilli quelques 15 000 visiteurs venus découvrir les espaces dédiés à près de 50 exposants. Six tablesrondes et plus d’une vingtaine de spécialistes nationaux et internationaux ont permis de partager, échanger, informer et former sur les bienfaits des produits biologiques, les réglementations et les enjeux de ce secteur à fort potentiel. La filière biologique offre des opportunités importantes pour le développement durable de l’agriculture au Maroc, notamment en matière de diversification des exportations, de valorisation des produits spécifiques de terroirs et de préservation des ressources naturelles. Les superficies cultivées en agriculture biologique s’élevaient à près de 9.500 ha en 2017/18 (contre 4.000 ha en 2010) et assuraient une production de l’ordre de 95.000 tonnes (contre 40.000 T en 2010) à laquelle s’ajoute une superficie de 800 ha de cultures en conversion et plus de 200.000 ha certifiés de plantes spontanées qui concernent notamment l’arganier, les plantes aromatiques et médicinales, le cactus, les câpres et le caroubier. Les exportations ont connu un accroissement soutenu au cours des dix dernières années passant de 6.500 T en 2005/06 pour atteindre 17.000 T actuellement. Les principaux marchés de destination sont les pays membres de l’Union Européenne, notamment, la France, l’Espagne, la Grande Bretagne et l’Allemagne. Quant à la commercialisation sur

le marché intérieur, elle a connu ces dernières années l’émergence et le développement de magasins spécialisés, offrant une large gamme de produits biologiques issus aussi bien de la production nationale que de l’importation. Toutes les régions du pays se prêtent pour la pratique de ce mode de production en raison de l’existence des conditions favorables en matière notamment, de savoir-faire traditionnel et l’adoption des pratiques agricoles proches des techniques biologiques et la présence de vastes terres agricoles vierges qui se prêtent à la production biologique sans contraintes agronomiques majeures. Ainsi, depuis l’entrée en vigueur en 2018 de la loi 39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques, la production biologique ainsi que le nombre d’opérateurs certifiés bio a grimpé pour passer de 80 à 300 producteurs. Pour assurer la certification des produits biologiques conformément à cette réglementation, le Département de l’agriculture a agréé jusqu’à présent deux Organismes de Contrôle et de Certification.

Témoignages d’exposants

Pour Mme Laila Boukantar, Directrice Marketing et Opérations Commerciales du Groupe ÉLÉPHANT VERT Maroc, ‘‘la participation du Groupe confirme l’engagement de ce dernier pour le développement d’une agriculture performante, saine et durable à travers son offre globale de bio-solutions orientée autour de l’agriwww.agri-mag.com


culture durable et garantissant un impact positif sur l’environnement. Pour rappel, ÉLÉPHANT VERT Maroc est membre du Club CEBIO, co-organisateur du Salon et partenaire privilégié de la La Fédération Interprofessionnelle du Bio au Maroc (FIMABIO). » Pour Mme Chadia Bennis, Directrice Générales d’Agro spray technic, ‘‘la participation de la société à ce salon s’inscrit dans la logique de ses activités. Ainsi, à l’origine, la société a été créée en 1986 pour la commercialisation des produits biologiques, mais vu l’étroitesse du marché, elle a élargi son champ d’action en développant la gamme de produits. Aujourd’hui, elle dispose d’une gamme large et diversifiée. Agro Spray Technic est membre de l’association Cebio, qui co-organise ce salon ainsi que de la Fimabio et en tant que partenaire du salon, organisé en un temps record, nous sommes là pour soutenir le courant bio au Maroc, pour la préservation de l’environnement et de la planète. Notre action vise à sensibiliser les petits producteurs pour revenir à la production bio qu’ils pratiquaient naturellement auparavant et à la lutte intégrée’’. Mme Hind Bennis, directrice marketing d’Agro Spray Technic ajoute que ‘‘le salon a rassemblé tous les maillons de la chaine, dont nous sommes fiers de faire partie allant du producteur au consommateur en passant par les spécialistes de la transformation, de la distribution, etc.’’

A propos des associations organisatrices du salon “AGISSONS VERT” : Créée en 2008, c’est une association à but non lucratif œuvrant au profit du développement durable et de la sauvegarde de notre planète. Ses objectifs s’articulent autour de trois points : - Informer sur les enjeux du développent durable - Sensibiliser sur l’importance de changer notre comportement pour un mode de vie sain et responsable www.agri-mag.com

- Etablir des alliances, développer des projets et collaborer avec les administrations, le secteur éducatif et le secteur professionnel en matière de développement durable

Le Club des Entrepreneurs ‘‘CEBio’’ : C’est une association à but

non lucratif, créée en 2018, elle regroupe les entrepreneurs Bio dans diverses filières : compléments alimentaires - cosmétiques - alimentation saine et diététique dérivés aromatiques et floraux - produits écologiques - textile et autres matériaux naturels et écologiques (jouets, objets

décoratifs), que ce soit dans la production, la transformation, la distribution, l’importexport. Les missions majeures du Club des Entrepreneurs Bio sont de mettre en place des actions complémentaires à court terme et à long terme, sur le plan national et international, afin d’élargir la consommation des produits Bio et naturels et pour développer des projets d’envergure. Elles sont aussi de contribuer à la protection du consommateur, à assoir une éthique exemplaire sur le marché et à faire preuve de responsabilité sociale. Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Actu Actu SALON

GrootGroenPlus 2019

Un salon vert axé sur le futur Du 2 au 4 octobre, près de 300 exposants accueilleront chaleureusement les visiteurs de la 29e édition de GrootGroenPlus, l’exposition professionnelle internationale des pépinières ornementales et fruitières, qui se tiendra à Zun� dert (Pays-Bas). Une exposition pendant laquelle des cultivateurs, pépinièristes, commerçants, fabricants et fournisseurs de machines et d’outils divers les informeront des dernières évolutions de cette filière dynamique. GrootGroenPlus est un salon référence pour le secteur des pépinières en Europe. Une visite à cette exposition est impérative pour les autorités, institutions, sociétés de construction de logements, promoteurs immobiliers et aussi pour les aménageurs d’espaces verts, les pépiniéristes (fruitiers et ornementaux), les jardiniers, les architectes paysagers, etc. Il s’agit d’une véritable plateforme de contacts et d’échanges de connaissances entre l’ensemble des maillons du secteur de la pépinière. Les exposants et visiteurs viennent principalement des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne, d’Angleterre, de France, de Pologne, de Hongrie, du Danemark, d’Italie, d’Espagne, de Slovaquie, de Roumanie, de Croatie et de Russie. Mais les organisateurs cherchent à élargir le visitorat à d’autres pays, notamment ceux d’Afrique du nord dont le Maroc. En effet, pour encourager les visiteurs, les organisateurs du salon proposent des formules tout compris très intéressantes englobant accès au salon, hôtel, repas, service navette, participation aux visites d’entreprises et de pépinières dans la région, etc.

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Pour plus d’informations sur les formules proposées consulter le site : https://grootgroenplus. nl/formules

Visiteurs

D’année en année, le salon gagne en internationalisation. Lors de la précédente édition, les visiteurs étaient originaires de 33 pays différents. Ils étaient très satisfaits du salon et avaient particulièrement apprécié l’organisation, la richesse et la diversité de l’offre des exposants, qui répondait à tous les besoins. L’accès gratuit pour les visiteurs professionnels et les navettes gratuites et en nombre suffisant sont également des aspects très appréciés. Par ailleurs, la participation au salon GrootGroenPlus permet aux professionnels, en plus des opportunités commerciales qu’il offre, de s’informer sur les nouvelles tendances du marché et les dernières technologies se rapportant au secteur des pépinières. Les visiteurs de cette exposition apprécient également les visites organisées en dehors du salon, à des entreprises et des pépinières dans la région.

Exposants

Pendant trois jours, près de 300 exposants de l’industrie des pépinières (80%) ou des industries connexes (20%) seront présents à la foire commerciale GrootGroenPlus 2019. Avec environ 225 pépinières et 75 fournisseurs ou organisations à but non lucratif, GrootGroenPlus offre à ses visiteurs une vaste plate-forme de produits et services intéressants. La gamme exposée sera très large couvrant forêts et arbustes, floriculture et conifères, arbres d’avenue, forêts et parcs, plantes visuellement attrayantes, rosiers et portegreffes, fruits, fournisseurs, technique, éducation, etc. A l’image du visitorat, les exposants aussi s’internationalisent. La précédente édition du salon a ainsi connu une augmentation de 40% d’exposants étrangers dont beaucoup avaient fait le déplacement en groupe. L’enquête de satisfaction menée à la fin du salon a montré qu’ils étaient également très satisfaits du déroulement, du nombre de visiteurs et de la qualité des contacts noués. En effet, la participation à ce salon revêt une importance capitale pour conso-

lider les relations avec les clients traditionnels, mais également créer de nouveaux partenariats. L’arboriculture fruitière sera également bien représentée grâce à la présence de nombreuses pépinières offrantun grand choix d’arbres fruitiers à racines nues, en mottes ou en pots, de nombreuses espèces : pommes, poires, cerises, prunes, abricots, amandes, pêches, nectarines, cerises, coings, nèfles et myrtilles. Ces variétés présentent de nombreux avantages notamment des résistantes aux ennemis de cultures, ce qui permet aux producteurs de réduire le recours aux traitements pesticides. La 29e édition de GrootGroenPlussera sera couverte par de nombreux médias internationaux en provenance de 40 pays. Sur invitation des organisateurs, la revue Agriculture du Maghreb sera également présente pour décrire à ses lecteurs le déroulement et les nouveautés qui vont marquer l’édition 2019 de ce salon phare.

Pour plus d’informations : https://grootgroenplus.nl

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SALON AGRILEVANTE 10 au 13 octobre 2019, Bari (Italie) Bien connu des professionnels marocains, Agrilevante est l’un des plus importants salons consacrés aux machines et technologies pour l’agriculture dans tout le bassin méditerranéen. Ce salon est organisé une année sur deux, alternativement avec EIMA Bologne, par la Fédération italienne des fabricants de machines agricoles FederUnacoma, et l’Agence Levante Fiera avec la région des Pouilles (sud de l’Italie). Les synergies des partenaires ont permis à Agrilevante de devenir en peu de temps, une plate-forme d’innovation agricole dans le bassin méditerranéen. En effet, parmi les expositions internationales consacrées à l’agriculture, Agrilevante est la plus axée sur la production dans la région méditerranéenne, sur

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les cultures typiques des climats chauds et des territoires à faibles ressources en eau et sur les petites exploitations agricoles qui caractérisent les pays méditerranéens d’Europe, d’Afrique du nord et du Moyen-Orient. Chaque édition du salon Agrilevante connait une progression du nombre d’exposants et de visiteurs. Pour rappel, l’édition 2017 a connu une augmentation notable du nombre d’exposants (principaux fabricants mondiaux et locaux de machines agricoles et de jardinage) et un nombre record de visiteurs estimé à 70.700 soit une hausse de 21% par rapport à l’édition 2015. L’évènement a également gagné en internationalisation avec 3.164 visiteurs professionnels en provenance de 50 pays (+25%). Dans le domaine des tech-

nologies et innovations pour l’agriculture, Agrilevante 2019 fournira toute la gamme de machines et d’équipements dédiés aux chaînes de production de cultures méditerranéennes. Cette gamme s’étend depuis le travail et la préparation des sols et jusqu’à la récolte, en passant par l’irrigation et la protection des cultures, le transport et même la première transforma�tion des produits. Agrilevante, s’étendra cette année sur une surface de plus de 50.000 m2 et comportera six grandes sections, consacrées respectivement aux : céréales, oléiculture, horticulture, viticulture et œnologie, élevage, énergie et

production non alimentaire. Le secteur de la multifonctionnalité en agriculture (MIA) complètera les offres exposées Un espace sera spécialement dédié aux réunions avec les délégations officielles d’opérateurs et de représentants d’institutions étrangères de plus de 30 pays, visant à développer les relations commerciales. Cette année encore, une délégation marocaine composée de distributeurs d’équipements agricoles sera emmenée à Agrilevante par l’Agence Italienne pour le Commerce Extérieur (ICE). www.agrilevante.eu/en/

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Actu Actu Salon

Salon Flormart 2019

26 au 28 septembre à Padova (Italie) La 70ème édition de FLORMART, salon professionnel italien de l’horticulture et du paysage, se rapproche et rassemblera du 26 au 28 septembre à Padova (Italie) des opérateurs nationaux et internationaux du secteur horticole proposant un large éventail de produits et de services. L’objectif de cet évènement à la dimension internationale, est d’une part de mettre en valeur les techniques et les produits innovants du secteur pour soutenir le développement et la compétitivité de l’horticulture italienne, et d’autre part d’accompagner les entreprises vers les valeurs de la biodiversité. Les 70 ans de cet évènement confirment bien que FLORMART reste une référence dans le monde de l’horticulture. Les producteurs les plus en vue de l’industrie horticole italienne et internationale se réuniront au salon professionnel de l’horticulture de Flormart pour présenter le meilleur du monde de l’horticulture. Pour la prochaine édition, un accord de partenariat avec ANVE (l’association nationale italienne des exportateurs de produits de pépinières) a été conclu. ANVE sera non seulement présent sur le salon, mais collaborera également pour organiser une conférence sur le nouveau règlement relatif à la santé des végétaux. En outre, l’exposition accueillera le Distretto Altolombardo et le Confvivai de Catane qui seront tous deux présents avec des expositions de leurs producteurs associés. Ce salon tire sa légitimité du fait que les forêts urbaines et les espaces verts dans les villes jouent un rôle très important dans l’amélioration de la qualité de la vie. Ils offrent, en effet, de nombreux avantages à la population, car ils fournissent des services essentiels tels que l’absorption du CO2 (Il a été prouvé que les forêts absorbent 40% des émissions de combustibles fossiles), la filtration des particules et des polluants atmosphériques, le drainage et la conservation de l’eau de pluie, la lutte contre les îlots de chaleur urbains, l’amélioration esthétique de la ville en plus de leur rôle de zones de loisirs pour les citadins. Dans ce sens, le salon Flormart 2019 offre aux visiteurs toute sorte de solutions techniques et de services pour la création de parcs et de jardins, ainsi que de forêts urbaines et périurbaines. Dans le monde entier, un grand nombre de villes ont lancé des initiatives ambitieuses de reboisement urbain. Lors du Forum

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mondial sur les forêts urbaines de 2018, qui s’est tenu à Mantova (Italie) en novembre dernier, différents parcours et expériences de tailles, structures et cultures différentes ont été présentés. Tous ont partagé le même choix

pour améliorer les infrastructures vertes dans le but de renforcer la cohésion sociale et progresser vers un développement juste et durable. Selon la FAO, les forêts et les arbres bien gérés situés dans et

autour des villes fournissent des habitats, de la nourriture et de la protection à de nombreux animaux et plantes et contribuant ainsi au maintien et à l’augmentation de la biodiversité. Nous devons changer radicalement notre façon d’agir : augmenter le nombre d’espaces verts et de petits parcs, planter des arbres pour créer des corridors écologiques, construire des bâtiments écologiques ou même des bâtiments verts verticaux. Ces initiatives auraient un impact non seulement sur la qualité de l’air et du climat, mais également sur le développement économique des villes elles-mêmes, car elles stimuleraient la micro-agriculture et la production alimentaire afin de lutter contre la pauvreté. Investir dans la verdure urbaine est particulièrement efficace, même d’un point de vue économique, car il permet de réduire différents types de dépenses, telles que le refroidissement des bâtiments, l’entretien des sols et la résilience hydrogéologique. En luttant contre la pollution de l’air, les plantes permettent de réduire les dépenses de santé publique, tandis que les parcs et les espaces verts offrent des possibilités de rencontres. Il s’agit de solutions basées sur la nature à des problèmes tels que la consommation d’énergie, la consommation d’eau et le chauffage urbain. Flormart est un événement d’affaires, d’éducation et de formation impliquant tous les secteurs liés au monde vert, réunissant des gestionnaires, des producteurs et des universitaires, afin de mieux faire connaître le patrimoine vert de notre planète. Pour plus d’informations : flormart@padovafiere.it https://flormart.it/en-GB/ www.agri-mag.com


Actu Actu Entreprise

FitoMaat®, l’osmorégulateur naturel le plus performant

Formulé avec 80% de Glycine Betaine et 10% de Proline, il assure une résistance exceptionnelle aux stress La croissance et le développement des plantes peuvent être ralentis lorsque la plante subit un stress abiotique, en réponse à des facteurs climatiques défavorables. L’un des stress qui freinent le plus la croissance des plantes est le stress hydrique, c’est à dire le manque ou l’excès d’eau. Dans la plupart des cas ce stress va de pair avec un déficit d’eau - ou sécheresse - qui fait que l’équilibre hydrique de l’organisme affecte sa physiologie (croissance, reproduction, floraison, transformation ...) et le rendement des cultures. Le manque d’eau diminue le potentiel hydrique et la turgescence cellulaire, et augmente la production d’espèces réactives à l’oxygène (ROS de l’anglais Reactive Oxygen Species), forçant la plante à produire des composés neutralisants pour éviter le stress oxydatif. Avec cette défense, la plante consacre ses ressources à survivre, mais non à produire, ce qui réduit

FR ANCE - MAROC - POLOGNE

le rendement des cultures. FitoMaat®, un biostimulant conçu, produit et formulé par Futureco Bioscience et distribué au Maroc par Éléphant Vert, s’utilise dans des situations de stress hydrique, thermique et salin. Les essais d’efficacité réalisés avec FitoMaat® sur des plants de tomates soumis à un stress hydrique démontrent que le produit est hautement efficace car il permet d’augmenter le rendement des cultures même dans les situations de fort stress hydrique. FitoMaat® a une efficacité prouvée par expérimentation: résultat notable sur tomate sous serre en conditions de stress salin Pour les tests, on a utilisé des plants de tomate Marmande qui ont été semés et ont poussé dans des conditions optimales. À 3-4 semaines des semis, le stress hydrique a été provoqué en réduisant la quantité d’eau d’irrigation

de 50%, sauf pour les plants témoins, qui ont continué de recevoir de l’eau normalement durant toute la durée du test. Deux traitements, avec deux doses différentes de FitoMaat®, ont été appliqués ; le premier 15 jours après la provocation du stress (A) et le second 15 jours après le premier (15DDA, tableau 1). Une fois le deuxième traitement

FitoMaat® est une formulation équilibrée de diverses substances capables de contrer les effets néfastes du stress abiotique sur la croissance et le développement des plantes. Il contient des concentrations élevées de Glycine-bétaïne et Proline, qui agissent en tant qu’osmo-régulateurs dans des situations de stress hydrique (sécheresse, salinité, gel), mais aussi de puissants antioxydants

Informia

s’ouvre à de nouvelles opportunités en rejoignant

Groupe ISAGRI

Informia, éditeur et intégrateur d’une suite logicielle dédiée au secteur des Fruits et Légumes rejoint Groupe Isagri au sein du pôle ERP Agro. Groupe ISAGRI rassemble ainsi les forces de 2 de ses filiales : AKANEA AGRO SOFTWARE et INFORMIA pour accélérer l’innovation et la conquête à l’international sur la filière Fruits & Légumes. La nouvelle filiale de Groupe ISAGRI sera dirigée par Léonard Gallone, actuel PDG d’INFORMIA. Isagri poursuit ainsi la croissance de son activité ERP et confirme sa volonté de proposer des logiciels à haut niveau d’expertise et un service d’excellence pour chaque maillon de la chaîne agroalimentaire. Léonard Gallone pourra pérenniser le savoir-faire d’Informia en s’appuyant sur les valeurs partagées par les deux structures et sur une équipe unifiée. www.agri-mag.com

Ce rapprochement entre les structures INFORMIA et AKANEA doit également permettre à Groupe ISAGRI de poursuivre ses ambitions à l’international pour proposer sa solution complète de suivi informatique de la filière Fruits & Légumes de la production à la distribution dans différents pays, et plus particulièrement la Pologne, l’Italie et l’Espagne.

Les chiffres clés Groupe ISAGRI : - CA : 215 millions d’euros - 150 000 clients sur les 5 continents dont 1/3 en SaaS - 2000 salariés dont près de 10% dans 13 filiales à l’international A PROPOS DE GROUPE ISAGRI : UNE SUCCESS STORY A LA FRANÇAISE Créé à Beauvais en 1983 par

réalisé, le modèle d’arrosage a été modifié pour favoriser la récupération du stress et déterminer ainsi les effets de FitoMaat® sur la culture. Les plants témoins on été irrigués avec 80 ml d’eau par semaine. Pour les plants en situation de stress, le volume d’eau a été réduit à 30 ml par semaine. Quinze jours plus tard (15DDB), la hauteur et la longueur des pousses et des racines ont été évaluées. Après 45 jours de stress, les plants ont démontré une réduction notable de croissance. L’évaluation de la croissance en hauteur du bourgeon et de la longueur du système radiculaire a révélé des différences entre les traitements de sécheresse. D’après ces tests, on peut conclure que l’application de FitoMaat® à 1 ou 2% améliore l’état de la tomate soumise à un stress hydrique sévère. Pour cette raison, il est conclu que FitoMaat® est une bonne solution pour prévenir et traiter le stress hydrique sur les plants de tomates.

tels que l’acide ascorbique et les flavonoïdes, qui empêchent le dommage oxydatif cellulaire causé par le stress environnemental. L’application de FitoMaat® se traduit par une amélioration générale de la physiologie de la plante, augmentant sa tolérance au stress ambiant, permettant d’obtenir une plus grande croissance, un développement et/ou rendement des cultures plus élevé.

Jean-Marie Savalle, son actuel PDG, ISAGRI va très vite révolutionner le marché agricole français en rendant l’informatique accessible au plus grand nombre ; le groupe est leader des services numériques sur ce marché en Europe, en Chine et au Canada. Avec la marque AGIRIS et sa suite de logiciels de gestion, de comptabilité et paye, il facilite la gestion des entreprises. Groupe ISAGRI place l’innovation au cœur de ses développements. A PROPOS DE AKANEA et INFORMIA AKANEA et INFORMIA sont des éditeurs de progiciels métiers qui proposent depuis plus de 30 ans des solutions de gestion pour les entreprises de la supply-chain et de la filière agroalimentaire (de la TPE à la grande entreprise). Ces sociétés regroupent 200 salariés, répartis sur 7 sites (Agadir, Lyon, Marseille, Paris, Toulouse, Tunis et Varsovie) et réalisent un CA de plus de 22 M€. Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Actu Actu Entreprise

Présente son film pentacouches à Agadir Spécialisée dans la fabrication, la commercialisation et le développement du plastique et du filet agricoles, l’entreprise NaturPláS a organisé en partenariat avec Emeraude le distributeur de la société pétrolière mondiale ExxonMobil, le 12 juin dernier à Agadir une journée d’information dans l’objectif de présenter sa nouvelle gamme de produits plastiques agricoles. Cette rencontre a été aussi l’occasion de se rapprocher encore plus de sa clientèle dans la région du Souss et mieux connaitre leurs besoins et leurs attentes afin de renforcer les liens et leurs apporter des solutions toujours plus productives, plus rentables et plus efficaces.

A droite M. Mohamed ZAILACHI CHOUFANI , DG de NATURPLAS A gauche M. Driss Harich ( EMERAUDE )

Créée en 2011, Naturplás est au�jourd’hui une référence de qualité et de confiance dans le secteur de la plasticulture. Sa progression continue lui a permis d’être présente dans de nombreux pays, notamment le Maroc, les pays du Maghreb et l’Amérique Latine. Naturplás est constituée d’un groupe d’entreprises basées à Almeria, à Huelva et au Maroc. La haute technologie employée par Naturplás lui permet de produire des films plastiques pentacouches (cinq couches) dotés des meilleures propriétés mécaniques, optiques, thermiques en plus de la résistance aux produits chimiques utilisés dans le traitement des cultures sous serre. Cette gamme de films de couverture s’adapte aux besoins spécifiques de chaque région. Après la projection d’un film sur la société et sa nouvelle usine de dernière technologie implantée à Tétouan pour la fabrication des 20

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M. Abdelaziz Ouzane ( EMERAUDE )

films cinq couches, M. Abdellah Ibni, Responsable commercial à NaturPláS, a pris la parole pour présenter la nouvelle gamme de produits plastiques de la société. Naturplás est le seul fabriquant au Maroc de films pentacouches (160 microns) qui présentent de nombreux avantages. Il s’agit d’un produit techniquement adapté avec une amélioration des propriétés mécaniques grâce à une combinaison optimisée des matières premières. Il offre ainsi une meilleure résistance aux conditions climatiques défavorables. C’est un produit réunissant d’excellentes propriétés du point de vue de la thermicité et de la protection anti-UV. Par ailleurs, ce nouveau film garantit une résistance chimique maximale au souffre utilisé pour la lutte contre les maladies fongiques sous serre, sur une durée de deux ans. La réduction de l’utilisation de polyéthylène par hectare permet, par conséquent,

M. Abdellah Ibni ( NATURPLAS )

la protection de l’environnement. M. Abdellah Ibni a ensuite présenté d’autres produits fabriqués par Naturplas, notamment : - la gamme de couverture Agroclima et Naturmax, - la gamme de petits tunnels pour cultures de fruits rouges, - la gamme de double toit Thermo Max, - la gamme de désinfection et de solarisation Solmax, - la gamme d’ensilage Ensilock,

- la gamme de films de paillage, - les films Géomembrane - l’Agrofilm. La journée a été animée par M. Abdelaziz Ouzane, Directeur commercial de la société Emeraude qui a présenté l’activité des deux sociétés ExxonMobil et Emeraude, et a expliqué que « l’objectif de la journée est d’être en contact avec les utilisateurs finaux de nos produits et d’améliorer notre perception de leurs contraintes et leurs attentes concernant le film agricole ». Ensuite la parole a été donnée à M. Driss Harich, Directeur Technique d’Emeraude pour parler des polymères à performances extrêmes afin d’assurer une meilleure protection des cultures et démontrer comment la nouvelle gamme de produits pPE (performence PolyEthylène) d’ExxonMobil à travers l’EXCEED XP peuvent contribuer à générer une vraie valeur ajoutée dans le secteur des films agricoles et par la suite comment concrétiser les performances de cette gamme au service de l’agriculture marocaine. A la fin, une séance débat et discussions a eu lieu avec les participants et la soirée a été clôturée par un diner offert aux invités.

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S.r.l., fondée à Monopoli, Italie, en 1967 par le Grand Officier, M. le Baron Vitantonio Colucci, est une entreprise leader dans la production de systèmes complets pour l’irrigation de précision. Le Baron Colucci a inventé il y a plus de 50 ans, le premier tuyau de polyéthylène pour l’irrigation au monde: depuis lors, l’entreprise n’a jamais cessé de proposer les solutions technologiques les plus innovantes. La gamme actuelle de produits comprend de tuyaux en polyéthylène en haute et basse densité, des tubes plats en PVC et polyéthylène, la dernière génération de tuyaux par goutte à goutte, des systèmes complets de filtration de l’eau et de fertigation, solutions pour le jardinage et la pépinière, ainsi qu’un large choix de raccords et d’accessoires. Les produit phare de la production, les gaines AquaTape, Aquadrop, AquaPress et Gold-Drip, constituent la solution idéale pour l’irrigation et la fertigation des arbres en pleine champ ou sous serres, d’une grande variété de cultures, de plantes horticoles et floricoles. Les gaines par goutte à goutte augmentent le rendement des cultivations, en gérant au mieux les ressources en eau et en éléments nutritifs, même dans des conditions extrêmes. “AquaPro” mérite une mention spéciale. En efet, il s’agit d’un logiciel qui gère avec précision, les systèmes d’irrigation par goutte à goutte, même à distance. Plastic-Puglia répond, avec ce produit, aux besoins de l’agriculture “digitale“

le Grand Officier, M. le Baron Vitantonio Colucci, fondateur et président du groupe industriel Plastic-Puglia.

en contrôlant les besoins d’irrigation et de fertigation à la fois en plein champ et dans la serre. Le résultat? Où que l’opérateur se trouve, c’est comme s’il était dans son champ. Plastic-Puglia S.r.l. gère une structure de 100.000 mètres carrés, 8 depôts, 6 départements de production, 35 lignes d’extrusion et 150 employés pour une production annuelle de plus de 50 000 tonnes de matières premières transformées. La société est présente dans plus de 50 pays du monde, répartis sur 4 continents, garantissant la livraison de ses produits partout dans le monde. Pour plus de détails concernant notre gamme, veuillez consulter notre page web:

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Une vue aérienne des installations de production de Plastic-Puglia.

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Actu MYCOTROL® Actu Entreprise

Une solution par excellence pour lutter durablement contre un large spectre d’insectes

(2 x 1010 CFU/ml) (11,3%) Beauveria bassiana souche GHA

Des résultats d’essais

Mycotrol est un insecticide biologique à large spectre d’action, efficace contre la mouche blanche, les thrips les pucerons et autres ravageurs du groupe des coléoptères et lépidoptère, et agit sur les différents stades (œufs, larves et adultes). Mycotrol est formulé d’un système de transport colloïdal (STC) consistant en une huile qui protège les spores des agressions externes (températures extrêmes, faible humidité, lumière…).

Un mode d’action unique

Mycotrol a un mode d’action unique et différent des insecticides conventionnels. Son mode d’action complexe évite le développement de la résistance des insectes vis à vis du produit.

1-Les spores se déposent sur la cuticule de l’insecte 2- Libération des enzymes et dissolution de la cuticule 3- Pénétration et développement à l’intérieur de l’insecte 4- Destruction de l’insecte et changement de la couleur des larves ou des pupes vers un rose ou brun 5- Développement d’une masse fongique à l’intérieur de l’insecte De façon générale, l’indication commune d’une action efficace de Mycotrol est le changement de couleur de la larve ou de la pupe. L’insecte peut être complètement détruit avant l’apparition de la masse blanche fongique.

MYCOTROL, une formulation plus concentrée

· Forte concentration en Beauveria bassiana · Control équivalent ou supérieur aux traitements chimiques ; · Excellent pour gérer la résistance de l’insecte ; · Aucun risque pour la faune auxiliaire · Compatible en programmes de luttes intégrées (IPM) ; · Compatible en mélange avec plusieurs pesticides ; · Produit sans résidus ; · Pas de Délai Avant Récolte (DAR) ; · Stable dans un large intervalle de pH d’eau : entre 2 et 9.

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Maraîchage

Haricot plat Hind Elouafi

Déroulement de la campagne, de la récolte et du post-récolte D’après les professionnels, la campagne haricot plat a été exceptionnelle cette année du point de vue commercial. Durant les mois de janvier et février, elle a été marquée par de très bons cours à l’export ayant oscillé entre 3 et 5 euros le kilo. Cette augmentation des prix s’explique essentiellement par une chute des tonnages causée par : - Tout d’abord, un manque de semences de variétés résistantes aux virus. En début de campagne (septembre 2018), de nombreuses parcelles étaient contaminées par le virus SBMV et la seule semence disponible n’était pas résistante à ce virus. Ce n’est qu’à partir du mois de mars que les maisons grainières ont pu mettre à la disposition des producteurs les variétés résistantes. - Le froid a aggravé encore plus la situation car le peu de haricot produit a été impacté négativement par les basses températures. Une baisse significative de la production a donc été enregis�trée. - Certains producteurs de haricot ont converti leurs parcelles aux fruits rouges. A partir de mi-mars la production a augmenté et les prix sont devenus

moyens, de 5 à 7 Dh le kilo, ensuite ils ont chuté en avril à cause de l’abondance de la production sur le marché. A noter que la production en haricot plat a diminué cette année de 30 à 35% par rapport à l’an dernier à cause de ces différents problèmes.

Zwaan et SV3213 de Monsanto - Haricot vert clair anti-virus SBMV : Sedonia de Bejo et Fraceda de Rijk Zwaan

Profil variétal :

Diplômé en gestion à Alméria, M. GORKA RUIZ âgé de 42 ans, a décidé de s’installer au Maroc en 1999 dans la région d’Agadir (Khmiss Ait Amira). Cela fait donc 20 ans qu’il gère la société familiale Emporio Verde avec beaucoup d’efforts et de dévouement. Il a bien voulu répondre à nos questions :

Les haricots verts restent des légumes très attendus par les consommateurs européens. Les exportateurs marocains optent pour une utilisation plus diversifiée des variétés disponibles selon les marchés destinataires où le haricot de type helda prédomine. Aujourd’hui, en réponse aux attentes des consommateurs et distributeurs européens, les producteurs marocains exigent des variétés offrant des gousses avec une bonne coloration et plus charnues. En plus elles doivent être résistantes au SBMV (problème majeur du haricot). Selon les professionnels interrogés, la superficie totale du haricot plat cette année est estimée à 1.600 Ha à raison d’une moyenne de deux cycles et demi. Les variétés dominantes sont : - Haricot vert clair : Fada de RijkZwaan, Massira de Vilmorin Atlas, Estefania de Bejo et SV3212 de Monsanto. - Haricot vert foncé : Faiza de Rijk

Interview

M. GORKA RUIZ, société Emporio Verde

Parlez-nous de votre société

Je représente la troisième génération de ma famille qui a débuté dans la production du haricot plat au cours des années 50 en Espagne. Au début, mon père a introduit le concept de la distribution dans l’entreprise familiale et par la suite j’ai développé l’internationalisation de la société. C’est ainsi que l’entreprise est allée dans une nouvelle direction, en mettant l’accent sur la distribution aux grands clients, tels que les supermarchés européens. On est donc passé d’une production destinée au marché local espagnol à une production exportée aux grands supermarchés à l’international, où nos haricots verts sont aujourd’hui bien connus. Nous avons développé un savoir-faire qui nous a permis de devenir l’un des plus grands fournisseurs en termes de volume et de qualité. En plus de sa propre production de haricot plat sous serre au Maroc, la station Emporio Verde a établi des accords avec des partenaires locaux de la région, totalisant une surface de 225 hectares sous serre. Le volume total commercialisé s’élève à environ 11.000 tonnes par an.

Quels sont les atouts de la production marocaine ?

La production à Alméria est entravée par le problème de disponibilité de la main d’œuvre (MO). Personne ne veut plus travailler dans les fermes et les gens préfèrent plutôt le travail dans l’hôtellerie et

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dans le secteur des services. Cette indisponibilité a entrainé la disparition de certaines cultures très gourmandes en main d’œuvre en Espagne comme la tomate cerise, le piment padron et le haricot plat, surtout au moment de la récolte, qui devient une tâche de plus en plus compliquée et coûteuse. C’est pour cette raison que nous avons décidé de déplacer notre production au Maroc pour sa proximité de l’Europe et la disponibilité de la main d’œuvre. Notre production a été développée à grande échelle, en standardisant tous les systèmes visant à satisfaire les besoins de nos clients les plus exigeants. En 1999, nous avons choisi la région d’Agadir car elle représente le meilleur terroir pour produire et développer cette culture pendant toute l’année grâce à son climat idéal et sa disponibilité en terres cultivables et fertiles. D’autres investisseurs espagnols ont choisi la région de Casablanca pour produire du haricot, mais ils se sont convertis par la suite vers la culture de tomate à cause des conditions climatiques défavorables. Aujourd’hui, et vingt ans plus tard, la situation a forcément changé avec l’arrivée des fruits rouges dans le Souss. Aussi les coûts de la MO, de la location du terrain et des intrants ont considérablement augmenté. Mais malgré toutes ces contraintes, les conditions de production de la région d’Agadir permettent aux producteurs exportateurs de haricot vert de rester présents sur le marché 12 mois sur 12.

Quelles sont les contraintes actuelles ?

Le Maroc a commencé timidement à produire du haricot vert. De 1999 à 26

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2003, les grossistes espagnols qui ne recevaient pas les haricots d’Almeria, ont eu l’initiative de venir investir au Maroc. Au début, leurs productions étaient destinées aux marchés de gros espagnols, en vrac dans des caisses en bois. A partir de 2003, ces investisseurs ont commencé à fournir des clients plus exigeants (en certifications, etc.) qui sont les supermarchés en Espagne et d’autres pays européens (France, Angleterre, Hollande, Allemagne, etc.). La culture du haricot vert se caractérise par sa nature périssable et sa conservation nécessitant une infrastructure d’entreposage frigorifique suffisante et appropriée. Des efforts importants ont donc été consentis dans ce sens afin d’améliorer sa productivité et sa qualité, et pouvoir ainsi répondre aux exigences de nos clients. C’est ainsi que les coûts de production ont énormément augmenté ces dernières années. A noter qu’avec tous les problèmes actuels que pose le plastique par rapport à l’environnement, les clients sont encore plus exigeants au niveau des certifications. Ils se préoccupent davantage du recyclage et du devenir du plastique utilisé en agriculture (serres, paillage, ...) et s’intéressent au développement des régions de production et d’approvisionnement de leurs produits.

Commercialisation

Au niveau commercial, nous produisons du haricot plat 12 mois sur 12. Les périodes les plus favorables sont les mois de janvier, février et mars, durant lesquelles le froid sévit en Europe et la consommation de ce produit augmente. La production européenne ne débute qu’à partir du mois de juin et s’étend jusqu’au mois de septembre, période pendant laquelle la production marocaine baisse. Aujourd’hui, tous les marchés sont exigeants. Il n’y a pas vraiment de différence entre les destinations, mais plutôt entre les clients. Le meilleur client pour nous aujourd’hui c’est celui qui respecte le producteur et ne fait pas beaucoup de réclamations à l’arrivage de la marchandise. Il faut donc savoir écarter les mauvais clients et travailler avec les bons.

Le Brexit aura-t-il un impact sur vos exportations ?

Le Brexit est une vraie catastrophe pour nous, producteurs exportateurs de ce produit périssable. Déjà nos haricots souffrent énormément à cause des perturbations et des longues files d’attente avant de pouvoir traverser les frontières au niveau de Tanger et Algesiras. Alors si après deux douanes, il faut faire encore

des arrêts pour un troisième contrôle, le produit perdra de sa fraicheur à son arrivée à destination. En effet, plus il y a d’arrêts, plus la chaine de froid du camion s’arrête et plus la durée de vie de nos produits va se raccourcir.

Le marché local marocain

Il n’existe pratiquement pas demarché local pour le haricot plat au Maroc. Sa consommation est faible principalement à cause de la mauvaise qualité du produit proposé. En effet, ce sont les écarts de triage (gousse sèche et jaune) qui sont généralement vendus localement, d’où le manque d’engouement pour ce produit. De plus, son prix de vente reste faible pour les producteurs. Ils préfèrent vendre 10 tonnes/ jour de leurs écarts aux éleveurs de bétail à 10cts que de vendre 1 tonne/jour à 50cts sur le marché local.

Récolte et post récolte du haricot plat Les indicateurs de maturité Le haricot plat doit être récolté très jeune afin d’être tendre et dépourvu de fils ce qui implique des cueillettes fréquentes tous les jours ou un jour sur deux afin d’obtenir un produit de qualité répondant aux normes de l’export. La récolte intervient quand la gousse est charnue et sans grain nettement formé. Elle commence à partir de la sixième semaine après plantation, mais cette durée peut changer en fonction des conditions climatiques. Les récoltes sont réparties sur deux vagues (deux floraisons par cycle), chaque vague dure en moyenne un mois où les récoltes sont effectuées régulièrement. La période de récolte est déterminée en se basant sur le calibre du fruit, qui est l’indicateur de maturité de récolte. La maturité est atteinte quand la gousse a environ une longueur de 20 cm et une largeur de 2 cm. Les gousses récoltées sont triées au niveau de la station de conditionnement, puis classées selon leur forme en différentes ca� tégories export.

Le rendement de la culture

Le rendement de la culture est de 40 tonnes par cycle, soit une moyenne de 20 tonnes par vague (la vague dure 25 à 60 jours). Le pourcentage des écarts diffère selon la vague, il est en www.agri-mag.com


SIDONIA Variété à haut potentiel de production Bonne résistance au virus SBMV Très bonne conservation en post-récolte Rendement export très élevé Longues gousses droites, charnues et de couleur vert uniforme

Bejo Maghreb SARL

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Haricot Plat

moyenne de 5% durant la première vague et de 10 à 20 % durant la deuxième vague, alors que les dernières récoltes peuvent engendrer un pourcentage plus élevé qui peut même atteindre 50% en cas d’absence d’entretien adéquat.

Etapes de conditionnement du haricot plat

par la station de conditionnement afin d’être sélectionné et emballé selon les d’exigences du marché de destination. Le conditionnement du haricot plat englobe toutes les opérations de sélection, de traitement, d’emballage et de maintien qui permettent de lui donner la présentation, la fraicheur, la conservation et la qualité interne et externe que cherche le consommateur.

Comme toute production destinée à être exportée, le haricot doit transiter

Réception

L’aire de réception sert à organiser la production à conditionner. La marchandise subit un certain nombre de contrôles, à savoir, le respect du délai avant récolte et la nature du traitement, selon la liste prescrite du produit et le codage de la ferme en vue d’une rapide identification.

Pesage des caisses de récolte

Toutes les caisses récoltées sont pesées avant le triage. Chaque caisse en plastique peut contenir 7 à 9Kg. Ceci permet de déterminer les rendements par parcelle et de calculer par la suite le pourcentage des écarts de triage. Si les quantités récoltées sont très importantes, il peut être nécessaire de procéder à un premier stockage pour un pré-refroidissement dans des chambres à des températures de 8 à 10°C. Triage et Calibrage Le triage consiste à éliminer toutes les gousses malades, flétries, déformées, sans pédoncule, trop mûres ou de petite taille. Le calibrage est une opération ma� nuelle qui consiste à séparer les gousses selon leur forme et de les classer selon les calibres suivant : - Extra fin (18 à 20cm), - Fin (20 à 23cm), - 1er choix (22 à 26cm), - 2ème choix (fruit courbé, déformé), - le reste (écart de triage). Autres opérations Réfrigération : Cette opération se fait après le triage et avant l’emballage, dans la chambre froide à 6°C. Pesage : Une fois toutes les caisses

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d’emballage remplies, elles sont pesées à l’aide d’une balance. Le poids de la caisse varie selon le marché destinataire. Pour le carton : 5Kg et pour le sachet : 250g, 500g et 1000g. Etiquetage : C’est la mise en place des étiquettes sur chaque emballage qui contient les informations suivantes : le code de la station, la variété, le calibre, la catégorie, le poids et la date. Palettisation : Elle consiste à superposer les caisses sur une palette en bois, afin de maintenir l’équilibre et assurer une meilleure protection du produit le long du voyage. Elle se fait de telle façon que les colis profitent d’une bonne aération pour éviter le développement des champignons. Cerclage : C’est l’attachement des colis sur la palette pour qu’ils ne se dispersent pas au cours du transport.

Expédition

C’est la dernière étape de la chaine de conditionnement. Les palettes sont conduites vers des chambres pour une conservation momentanée, en vue de les expédier dans des camions frigorifiques dont la température ne doit pas dépasser 7°C. Chaque expédition dispose d’un dossier qui contient la répartition, le domaine, le calibre, la certification de conformité, la facture, le transport, le plan de chargement, les bons de contrôle pour la marchandise, la douane et le client.

Projet social :

Construction d’un centre en faveur des personnes handicapées du village Khemiss Ait Amira

Ces dernières années, explique M Ruiz j’ai ressenti une dette morale envers la région de Lk- Logo Albert Heijn hmiss dans laquelle nous produisons nos haricots depuis 20 ans. C’est ainsi que j’ai décidé de contribuer au développement de cette région et de donner un coup de main à sa population à travers la construction d’un centre en faveur des personnes handicapées. En effet, après avoir formé une équipe et trouvé le budget nécessaire pour investir, des réunions ont été programmée avec la municipalité afin de cerner exactement les besoins réels de la région qui est dépourvue d’un centre de ce genre. Aujourd’hui, les constructions sont bien avancées et l’inauguration du centre est prévue pour le mois d’octobre prochain. Pour une meilleure gérance de ce centre, des entretiens ont été organisésavec toutes les associations existantes afin de choisir des personnes compétentes pour notre projet. A noter que la station Emporio Verde a réalisé son projet en collaboration avec son partenaire Albert Bakker (Albert Heijn : super marché hollandais et Bakker : la centrale d’achat) qui a déjà des collaborations de ce genre avec d’autres sociétés dans le Souss comme Azura.»

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Export

Courgette noire Campagne particulière et problème majeur : le marché !

Margé l’étalement de la production pour minimiser les contraintes de la concurrence, la campagne courgette 2018/19 a été marquée par des prix très bas à l’export pour les deux types, la conventionnelle et la biologique. D’après les professionnels interrogés, le marché a été saturé par la production des autres origines. Les cours à l’export étaient moyens en début de campagne et intéressants durant une période très courte en novembre. Mais à partir du mois de janvier, ils ont connu une chute vertigineuse.

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ette situation catastrophique a même poussé certains producteurs à arracher leurs plantations pour stopper l’hé-

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morragie et éviter l’accumulation des charges. Conséquence : les agriculteurs n’arrivent pas à payer leurs fournisseurs cette année. En effet, en début de campagne, la

vente de semences était faible car peu de producteurs avaient décidé de se lancer dans cette culture.La plupart étaient réticents et observaient l’évolutiondes cours à l’exwww.agri-mag.com


port. L’augmentation des prix en novembre les a encouragés à semer même en retard vers fin novembre-début décembre. Malheureusement, une fois la production disponible, les prix avaient chuté (janvier). Au niveau production, malgré quelques problèmes de nouaison causés par le froid, les producteurs ont réussi à maitriser la culture grâce notamment à l’usage d’acides aminés, hormones et traitements phytosanitaires adaptés. Par rapport à l’an dernier, moins d’attaques du virus New Delhi ont été signalés cette année sur les plantations précoces et encore moins sous abri-serres. En effet, pour le plein champ, presque tous les producteurs utilisent le P17 et le seuil d’attaque viral n’a pas dépassé 5 à 10%. Pour la production sous serre, les producteurs ont augmenté le nombre de plaques jaunes installées et certains ont même utilisé le P17 pour augmenter la protection contre la mouche blanche, vecteur du virus. De ce fait, les niveaux d’attaque enregistrés n’ont pas dépassé 1 à 2%. Concernant la courgette bio, le problème du thrips a été assez maitrisé cette année.

Cultures de plein champ

La culture de courgette en plein champ à plat demande www.agri-mag.com

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Courgette noire tains producteurs ont relevé avec l’utilisation du P17, l’apparition fréquente de fruits mal noués surtout pour la première à la troisième récolte. D’après les professionnels interrogés, ce phénomène s’explique par le fait que les producteurs attendent l’apparition des premiers fruits pour ouvrir le P17. Or, dans nature, les fleurs mâles apparaissent une semaine à 10 jours avant les fleurs femelles. Avec la présence du P17, une mauvaise fécondation provoque l’avortement des fleurs, ce qui empêche la formation des premiers fruits.

Cultures sous serre

un investissement modéré. De ce fait, elle est plus fréquemment pratiquée par les petits et moyens producteurs. Cependant, ce mode de production présente le risque majeur d’attaques de virus (CMV, WMV …), en particulier lorsqu’il fait doux. Pour pallier ce problème, les plants au stade jeune, avant floraison, sont donc couverts avec du film P17 pour éviter les transmissions de virus à ce stade où les plantes sont très sensibles. Ce dispositif évite la pénétration des insectesvecteurs de virus et permet de gagner quelques degrés de température le soir. Les plants sont ensuite découverts au début de la récolte. La sévérité de ce problème en culture de plein champ a même poussé un grand nombre de producteurs à se convertir en cultures sous abri-serre, mieux protégées et plus productives. Cependant, cer32

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Malgré des coûts de culture plus élevés sous abri-serre, les producteurs de courgette estiment que les résultats sont meilleurs, grâce à une productivité supérieure due à la maîtrise de plusieurs paramètres. En effet, la serre est une barrière physique contre les insectes vecteurs de virus. De plus, elle offre un meilleur contrôle des conditions climatiques, avec un bon gain de température, ainsi qu’une protection contre le vent qui, en plein air, fait bouger les feuilles et provoque la formation de taches sur les fruits. Par ailleurs, sous abri canarien les producteurs ont la possibilité de palisser les plants avec une récolte étalée sur 5-6 mois et des rendements pouvant atteindre en moyenne 80 tonnes à l’ha (contre 24-40 tonnes pour le plein champ).

Profil variétal

Cette année, la superficie totale consacrée à la courgette noire a été estimée à 2.300 Ha. Bien que l’offre des semenciers soit suffisamment large, quelques variétés occupent l’essentiel des surfaces cultivées car elles correspondent le mieux aux attentes des marchés de l’export. La variété Naxos de Syngenta représente la moitié des surfaces plantées cette campagne et le reste est réparti entre les autres variétés, notamment Milenio de Semillas Fito, Prometheus et Cyros de Syngenta, Kaysser d’Enza Zaden, Calazina de RijkZwaan, …

Les variétés les plus recherchées par les producteurs de courgette sont en général, des variétés très productives, précoces, résistantes aux virus et à l’oïdium et avec une bonne qualité et conservation du fruit. En fait, des caractéristiques particulières sont requises pour chaque partie de la plante à savoir : - des feuilles bien orientées pour faciliter la récolte aux ouvriers ; - des entre-nœuds courts sous serre et très court en plein champ pour que la plante soit assez rigide ; - des fruits dotés d’un pédoncule long pour faciliter la récolte, - un point d’attachement fleur fruit bien réduit pour éviter la pourriture, - un bon pourcentage de production de fleurs mâles pour favoriser une bonne nouaison ; - un bon fruit, bien cylindrique avec une couleur vert foncé et brillante ; - pour la plante : un bon équilibre végétatif et génératif.

Apports de la recherche variétale

Tenant compte des demandes des producteurs, les maisons grainières ont réussi ces dernières années à améliorer de nombreux cri� tères, notamment :

Précocité et productivité

Ces deux critères sont le résultat d’une bonne aptitude à la nouaison. Cette dernière a été considérablement améliorée mais elle a ses limites, en particulier pendant les périodes à jours courts. La productivité a été accrue grâce à l’allongement de la période de récolte : à présent une plante de courgette peut donner 30 à 35 fruits sous serre sur une période de 3 mois environ. Cette performance est possible car les fruits sont toujours récoltés avant maturité. Morphologie de la plante Les hybrides actuels répondent à une demande pratique de culture : des plantes à entre-nœuds courts, avec un feuillage peu exubérant www.agri-mag.com


et aéré, à port dressé, pour occuper une place limitée dans l’espace. Des pétioles et des feuilles peu épineuses sont également recherchés. Morphologie du fruit Le fruit doit avoir un pédoncule long pour faciliter la récolte, un point d’attachement fleur fruit bien réduit pour éviter la pourriture, et être de forme cylindrique, de section ronde plutôt que polygonale et de calibre homogène, dont l’optimum est de 17 à 21 cm de long et 3 à 4 cm de diamètre, ce qui correspond à un poids moyen de 180 à 220g. Le goût des courgettes est généralement le même pour toutes les variétés. Ce qui diffère c’est la brillance et la couleur du fruit (vert clair et noir foncé) ainsi que la longueur du fruit (14 à 17 cm), (17 à 21cm) et (21 à 27cm). Plus de tolérances Elles concernent notamment l’oïdium et les maladies virales. En effet, la lutte contre l’oïdium, dont le risque est important à partir du début de l’été, est difficile car les récoltes quotidiennes interdisent l’utilisation de fongicides ayant un DAR supérieur à trois jours. Pour les cultures d’automne, c’est le risque des virus qui devient préoccupant, même sous abris. Toutes les maisons semencières travaillent d’arrache-pied pour créer des variétés résistantes à ces virus. Cependant, la résistance ne présente pas toujours une garantie suffisante en raison de l’apparition de mutations, comme par exemple le WMV de souche marocaine. Facilité de récolte Force est de constater que la disponibilité de la main d’œuvre qui était un atout que le Maroc exploitait efficacement pour prendre avantage sur ses concurrents, devient aujourd’hui un facteur limitant pour ce type de culture. Il s’agit d’un important critère de recherche car il s’intègre dans un objectif plus large de gain de rentabilité en réduisant les coûts de main d’œuvre, entre autres. De fait, un port de plante érigé et aéré, des fruits bien proéminents, peu de rejets secondaires… sont autant de critères qui facilitent la récolte et améliorent le rendement horaire des ouvriers. Rappelons que la courgette est une culture gourmande en main d’œuvre, surtout au moment de la récolte qui devient une tâche de plus en plus compliquée et coûteuse. www.agri-mag.com

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Technique

Courgette blanche Quelques rappels pour optimiser la conduite

Au Maroc, contrairement au créneau de l’export qui demande une courgette vert foncé, le marché local lui, préfère d’autres types comme la courgette claire (blanche), la ronde de Nice, le type Slaoui… Facile à mettre en place, la culture de la courgette est beaucoup plus contraignante dans le suivi de sa protection phytosanitaire (virus, maladies fongiques) et sa récolte. Sa rentabilité est fortement dépendante des cours du marché.

Exigences édaphiques

La courgette requiert des sols bien drainés et bien pourvus en matière organique sous condition d’un apport en eau uniforme. Le type de sol n’est pas limitant s’il est proprement géré et fertilisé. Le sol léger et fertile se réchauffant facilement est préférable pour les variétés d’été destinées au marché précoce. Les sols lourds sont meilleurs pour les variétés cultivées tardivement l’été. Les sols légèrement acides à légèrement alcalins (pH 5,5 à 7,5) sont satisfaisants. Les sols extrêmement acides sont à éviter.

Exigences climatiques

La croissance de la courgette est optimale entre 20 et 25°C le jour et 16-18°C la nuit. Quant à la température du sol, elle est optimale entre 15 et 20°C. Le zéro de végétation avoisine les 10°C. Du fait que la courgette est une plante hydrophile, l’augmentation de la température (en cas du chergui) accélère la croissance et

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rapproche donc la date de récolte. Le changement brusque des températures entre le jour et la nuit peut causer un déséquilibre dans le fonctionnement racinaire. Ceci entraîne un jaunissement au niveau des feuilles, causé par des carences. De par ses origines des régions à climat chaud et humide, la courgette a besoin d’humidité mais de façon raisonnable car elle n’est pas non plus trop sensible à de faibles taux d’hygrométrie. Quand l’hygrométrie dépasse 80%, on constate une déficience de la floraison et le développement des champignons. Des pustules d’origine physiologique peuvent aussi être observées sur les fruits. La croissance très rapide de cette plante, le développement végétatif ainsi que la production du fruit (qui contient 90% d’eau) entraînent des besoins en eau très élevés. Toutefois un excès en eau entraîne une asphyxie racinaire et favorise les maladies fongiques ainsi que le développement des maladies bactériennes. Un taux d’humidité très bas, combiné avec des températures élevées,

peut entraver la formation des fruits. Une faible intensité lumineuse se traduit par une faible activité photosynthétique alors que fortes luminosités favorisent l’apparition des fleurs mâles. La durée du jour n’a pas une influence très importante sur la floraison.

L’irrigation

L’irrigation, utilisant une eau de bonne qualité, doit être soigneusement planifiée de manière à parvenir à un équilibre entre la croissance végétative et la fructification qui en résulte. La croissance végétative doit être suffisante pour soutenir une croissance générative optimale, entraînant des rendements élevés en fruits de bonne qualité. L’eau d’irrigation doit être douce et avoir un niveau d’Ec inférieur à 2 Millimhos. En effet, la salinité élevée inhibe la croissance des plantes. Les éléments fertilisants dissous dans l’eau peuvent provoquer une élévation de sa conductivité et aggraver le problème. Pendant la période de récolte, les courgettes

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Courgette blanche d’été ont besoin de cueillette fréquente et, par conséquent, un arrosage soutenu et des apports supplémentaires d’engrais sont nécessaires.

Exigences nutritionnelles

La courgette exige une fertigation bien raisonnée basée sur une connaissance approfondie des caractéristiques du sol et de l’eau (analyse de sol récente). En effet, la quantité d’engrais à apporter dépend entre autres : - du type de sol (sablonneux, contenu en humus…) qui déterminera en grande partie, la disponibilité des éléments nutritifs, - de la culture précédente et des éléments nutritifs résiduels présents et disponibles dans le sol avant que la production de courgette d’été ne commence, - des conditions climatiques (taux d’évaporation, …)

Problèmes phytosanitaires

D’après les spécialistes, les problèmes phytosanitaires qui se posent encore pour la culture de courgette au Maroc sont : - Les ravageurs : les pucerons et la mouche blanche (qui sont les principaux vecteurs de virus), ainsi que les acariens rouges et les thrips. Contre ces ravageurs, la protection intégrée est conseillée. Pour les cultures sous

A noter que la courgette est très exigeante en azote mais tout excès est déconseillé, surtout en début de culture car il entraîne une végétation trop vigoureuse.

Les opérations culturales

La courgette nécessite une conduite adaptée pour obtenir une production satisfaisante qualitativement et quantitativement. Parmi les opérations les plus importantes : - Effeuillage : Cette opération diminue les risques de développement des ravageurs et des champignons sur les feuilles âgées et permet d’avoir une meilleure aération. - Elimination des pièces florales au niveau des fruits à récolter pour éviter la pourriture en post récolte. Elle se fait un jour avant la récolte. - Palissage : Il vise la régularisation et la normalisation de la croissance apicale, surtout que la tige de la courgette est fragile. Il est effectué quarante jours après la plantation. - Application d’hormones : permet d’assurer une meilleure fécondation des fleurs et par la suite une meilleure nouaison des fruits. En effet, l’utilisation d’hormones juste avant la récolte provoque un appel préférentiel de substances nutritives favorables à une meilleure nouaison. Il permet aussi de régulariser la circulation de la sève au profit des organes floraux dans les conditions climatiques les plus difficiles. - Elimination des fruits mal noués : Cette opération consiste à éliminer les fruits mal noués qui entrent en compétition avec les jeunes fruits et affaiblissent l’apex de la plante. Les fruits mal formés sont dus à plusieurs facteurs dont on peut citer : les conditions climatiques défavorables (excès de chaleur ou de froid), une mauvaise application d’hormones, l’excès de quelques éléments comme l’azote et la potasse, l’attaque des thrips. Ces fruits sont éliminés dès leur apparition car ils sont très sensibles au Botrytis. 36

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froide et humidité élevée et le botrytis (la pourriture du collet) en période de pluie. La protection repose en premier lieu sur l’utilisation de variétés résistantes qui permettent de diminuer le nombre de traitements. Il faut également assurer un bon suivi de la culture pour pouvoir intervenir dès la détection des premiers symptômes. Pour éviter le développement des résistances, les producteurs doivent veiller à alterner les produits fongicides appartenant à des familles chimiques différentes. - Les maladies virales principalement le CMV et le virus New Delhi. La courgette est une culture très sensible aux virus disséminés par les pucerons et la mouche blanche, et qui ravagent des parcelles entières ou causent des déformations qui rendent les fruits invendables. La résistance génétique de certaines variétés permet d’assurer une meilleure protection des cultures que les variétés sensibles, mais il n’existe pas de résistance totale. Il n’existe malheureusement pas de moyen de lutte curative contre les maladies à virus dont les conséquences sur la production peuvent être importantes. Les traitements sont dirigés contre les insectes vecteurs. La stratégie de lutte doit donc reposer en grande partie sur l’application de mesures préventives : production de plants sains, maintien des bords de parcelles propres et entretenus… La culture sous filet anti-insectes est recommandée de même qu’un bâchage de la culture avec le P17 de la plantation jusqu’à la floraison, ce qui retarde efficacement les attaques. En fin, dès repérage des symptômes, il faut arracher et détruire les premières plantes virosées. - Les nématodes au niveau des racines

Récolte

abri, la mise en place de filets anti-thrips (11-21, 10-22) aux portes et aux ouvrants limite les possibilités d’introduction dans les serres. Il est également conseillé d’éviter tout traitement pendant les périodes d’activité des abeilles. Il faut privilégier les traitements insecticides très tôt le matin, pour une meilleure efficacité avec des températures moins élevées et une pulvérisation homogène. Parmi les mesures de prophylaxie conseillées : maintenir les bords propres et entretenus régulièrement. - Les maladies fongiques les plus rencontrées sont : l’oïdium en périodes chaudes et humidité basse, le mildiou en période

La récolte est une opération à laquelle le producteur doit consacrer une grande importance. Cette opération doit accompagner le rythme plus ou moins rapide de la maturité des fruits et en même temps contrôler la qualité du travail des récolteurs. Si on récolte en dessous ou au-dessus de la fourchette de calibre demandée par le marché, on diminue la valeur commerciale des courgettes récoltées. La cueillette doit être assurée quotidiennement, elle se fait à l’aide de couteaux en mettant des gants pour ne pas blesser l’épiderme, très fragile. Les précautions nécessaires sont : - Absence de déformation ou des symptômes des maladies. - Disposer les fruits délicatement d’une façon transversale dans la caisse. - Respecter le calibre ayant une valeur commerciale importante. www.agri-mag.com


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Arboriculture

Pommes

Quelques précautions pour garantir des fruits de bonne qualité Afin de garantir des pommes de qualité et donc de bons résultats économiques, certains traitements doivent être effectués dans les vergers mais aussi au niveau des stations et lieux de stockage. Les précautions à prendre au niveau du verger reposent sur le respect des bonnes pratiques agricoles qui vont du choix du matériel végétal sain à la mise du produit sur le marché.

Le choix du plant 1er pas vers la qualité

Le choix d’un plant sain est primordial aussi bien pour l’authenticité variétale que pour l’aspect sanitaire. Le profil variétal disponible actuellement est très varié avec même des variétés ayant des qualités très intéressantes en matière de conservation. Le choix variétal assure également une meil�leure façon de faire face aux maladies véhiculées par les plants d’où l’importance d’activer le processus de certification des plants par l’administration de tutelle. L’engagement réel de la profession à ce projet reste aussi primordial.

La maîtrise de la maturité Une étape délicate

Afin d’éviter des applications inutiles en post récolte, il est indispensable de bien apprécier la maturité des fruits. Une récolte trop précoce entraîne des problèmes d’échaudures superficielles et de brunissement dus à l’oxydation d’un composé naturel, l’α-farnesène au niveau de l’écorce du fruit. Ce produit volatile appartient

à la famille des terpénoides qui sont stimulés par la présence de l’éthylène. Ce désordre peut représenter une perte économique importante chez certaines variétés comme la Granny Smith, la Golden Delicious,… L’échaudure précoce apparaît généralement après 2 à 3 mois en conservation et aussi après le transfert du fruit à température ambiante. Les autres variétés qualifiées de moins sensibles ne sont pas à l’abri du risque, car les dégâts apparaissant en général plus tardivement. Les conditions d’atmosphère contrôlée et particulièrement des valeurs faibles en oxygène assurent un contrôle efficace de ce désordre physiologique chez de nombreuses variétés. Dans le cas de récolte trop tardive, les fruits peuvent présenter des symptômes d’échaudure de surmaturité et deviennent vulnérables aux attaques des pathogènes.

Maladies fongiques de conservation

La plupart des maladies de conservation apparaissent pendant le stoc-

kage, mais les contaminations par des champignons pathogènes peuvent se faire avant la récolte. Les agents responsables des maladies de conservation des pommes vivent comme saprophytes sur différentes parties de l’arbre. Les spores, disséminées par l’eau de pluie, infectent les fruits où le champignon reste latent jusqu’à un certain degré de maturité des pommes. Les symptômes de pourriture se manifestent lors de la conservation, surtout sur des variétés sensibles. Selon le niveau de pénétration de l’agent pathogène on distingue :

1-Les maladies de blessures

On groupe différentes espèces de parasites de blessures, entrant par des blessures d’origine accidentelle dans la cuticule. Les 3 principaux sont : Moniliose Elle est causée par le champignon parasite Monilia fructigena qui pénètre via les blessures. Il s’agit d’une pourriture brune ou noire, ferme et sèche en atmosphère humide, avec présence d’un mycélium blanc, dense, en surface.

Moniliose 38

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Pommes Pourriture grise L’agent responsable de cette maladie est le Botrytis cinerea. Cette pourriture est généralement molle et humide, mais parfois très ferme. En conditions humides, on constate le développement d’un feutrage blanc puis gris. Pourriture bleue Causée par Penicillium expansum, il s’agit d’une pourriture claire très humide, avec une moisissure de couleur bleue ou verdâtre en surface. Elle attaque le fruit blessé lors de la cueillette ou la manipulation en post-récolte. Il apparaît moins de 7 jours après l’infection à température ambiante. Une récolte réalisée avec soin et un bon triage avant l’entreposage, permettront d’éviter la dissémination de ces différentes maladies. L’utilisation de produits fongicides adaptés ré� duit le risque de développement de ces moisissures. Les producteurs re�cherchent généralement des produits abordables mais disposant d’un large spectre d’efficacité contre les pathogènes.

2. les maladies Lenticellaires

Des parasites latents, généralement désignés sous le nom de « Gloesporium », entrent par des portes d’entrée naturelles (lenticelles), entrainent des pourritures qui constituent la principale source potentielle de pertes en conservation pour les pommes. Les parasites les plus graves sur pommes (peu fréquents sur poire) sont : Phlyctaena vagabunda Parasite latent dont l’infection a lieu en verger, surtout durant le mois qui Gloeosporium

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précède la récolte. En conditions humides, un feutrage blanc recouvre la nécrose et les pycnides libèrent une gelée sporale blanche. Cryptosporiopsis curvispora Les symptômes sont assez caractéristiques, avec le centre des taches nettement plus clair que P. vagabunda. En conditions humides, les fructifications produisent une gelée sporale crème. Colletotrichum gloeosporiodes Caractérisée par une fructification mycélienne foncée qui produit une gelée sporale rose caractéristique. Cylindrocarpon mali Pourriture irrégulièrement circulaire dont la surface se plisse rapidement, avec apparition en surface de petits coussinets blancs, puis fauves. La lutte contre ces différents parasites lenticellaires se réalise à deux niveaux : - avant cueillette : une application 3 à 4 jours avant la récolte, d’un fongicide ; - après la récolte : un trempage des fruits dans un bain contenant un produit anti-fongique adapté.

Lutte contre le Bitter pit

Le bitter pit (ou taches amères) est lié à une faible teneur en calcium ou un rapport (potassium+Magnesium)/Calcium trop élevé. Des masses brunes spongieuses situées le plus souvent sous l’épiderme, apparaissent au verger et principalement à la station dans les semaines qui suivent la récolte. La sensibilité des fruits à cette carence en calcium est accrue pour les arbres jeunes ou faiblement chargés dans le cas d’une alimentation irrégulière en eau et une date de récolte trop précoce. Pour lutter contre cette maladie physiologique, 2 solutions s’offrent aux producteurs : - en pré-récolte, si le verger souffre d’un faible taux de calcium, il est préférable de traiter les arbres par une application foliaire d’engrais riche en calcium chélaté. - en post récolte, un traitement par infiltration de nitrate de calcium ou autre peut être effectué. La difficulté avec le calcium réside dans sa très lente absorption et translocation au niveau de différentes parties de l’arbre. En effet, surtout en pH basique, le calcium absorbé n’est pas libéré dans le sol. Une acidification du sol

est nécessaire pour atteindre l’objectif du producteur, c’est-à-dire augmenter la teneur en Calcium au niveau des arbres. Par ailleurs, dans le cas d’une conservation longue en atmosphère contrôlée, le pourcentage final de bitter pit est souvent plus faible qu’après un court séjour en froid normal suivi d’une période d’une semaine à température ambiante.

Autres difficultés de conservation D’autres maladies communément connues sous le terme chilling injury (ou dégâts de froid) peuvent apparaître au cours de la conservation à cause des températures trop basses. Les variétés précoces comme la Hanna et royal gala sont les plus sensibles lorsqu’elles sont maintenues à des températures proches de 0°C. Il faut savoir que le choix de la température de conservation dépend de la tolérance de la variété, de son stade de maturité et de la durée de conservation. Pour réussir cette opération, il est important de réduire le temps d’attente et d’exposition des fruits à des températures élevées avant le stockage. Parfois, le recours à la pré-réfrigération dès l’arrivée à la station est important afin d’enlever la chaleur cumulée au verger et par conséquent stabiliser l’activité métabolique du fruit. Le contrôle de cette activité est le facteur clé de la réussite de l’opération qui se mesure par la réduction des pertes et le maintien d’une qualité proche du moment d’entrée au frigo. Les producteurs peuvent être également confrontés à des maladies évoluant rarement en surface. C’est le cas de la pourriture du cœur des pommes, provoquée par plusieurs facteurs notamment une mauvaise ventilation entraînant une accumulation de CO2 et donc un noircissement de l’intérieur du fruit. L’hétérogénéité de la maturité des fruits et le mauvais contrôle de la température peuvent accentuer ce phénomène, non décelable avant la consommation et qui peut avoir des incidences économiques dramatiques. www.agri-mag.com


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Arboriculture

Les acariens des arbres fruitiers Quelle stratégie de lutte efficace et respectueuse de l’environnement

Pr BOUTALEB JOUTEI Abdelmalek, Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès / Boutaleb10@yahoo.fr; Boutaleb@enameknes.ac.ma Au Maroc, l’arboriculture fruitière occupe une place très importante au niveau national et occupe 16% de la Surface Agricole Utile. Actuellement, cette filière arrive à satisfaire la demande nationale en fruits ainsi que le fonctionnement des unités agro-industrielles. Egalement, ce secteur contribue à la création d’emplois et constitue une source non négligeable de devises grâce à certaines espèces arboricoles qui sont exportées vers l’étranger, notamment les pêches, nectarines, abricots, etc. Cependant, ces cultures sont souvent attaquées par différents ennemis nuisibles qui engendrent des problèmes sérieux au niveau de la production, dont principalement les acariens phytophages.

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sacées notamment le Bryobia rubrioculus (Scheuten) sur rosacées à noyaux, Brevipalpus phoenicis Geijskes et Polyphago tarsonemus latus (Banks) sur agrumes. De toutes les espèces mentionnées ci-dessus, les espèces s’attaquant au rosacées à noyaux et à pépins notamment l’acarien rouge Panonychus ulmi Koch, et l’acarien jaune Tetranychus urticae Koch sont les espèces les plus connues par les producteurs et celles qui posent plus de problèmes à la plupart des productions arboricoles. Vu les dégâts imputés par ces deux espèces Tétranyques, la lutte se fait actuellement essentiellement par l’utilisation des produits chimiques de synthèse. Des études menées en 2003 ont montré que les vergers de pommier dans la région de Meknès reçoivent moyennement 15 traitements/campagne (7 insecticides + 2,5 acaricides + 5,5 fongicides). Cette lutte chimique, est essentiellement dirigée contre le carpocapse, les pucerons, les acariens, la ta-

velure, l’oïdium et le Phytophtora (sur collet). En outre, une autre étude réalisée durant la campagne 2006/2007 au Moyen-Atlas a montré que 65% des pomiculteurs surdosent lors des traitements chimiques contre les acariens phytophages. Une étude réalisée plus récemment en 2018 dans la province d’Ifrane (commune de Tigrigra et Sidi Lmakhfi) a montré que 100% des agriculteurs traitent contre le carpocapse vu les dégâts néfastes provoqués par ce dernier. En deuxième position, viennent les acariens tétranyques et 92.68 % des agriculteurs traitent contre ces derniers considérés comme des ravageurs clés de la culture. A cela s’ajoute l’utilisation de produits très toxiques et le non-respect par la majorité des arboriculteurs d’un certain nombre de normes phytosanitaires à savoir la dose homologuée (problème du surdosage), le Délai Avant Récolte (DAR) et la rémanence des produits (application de plusieurs produits au cours du cycle de la culture). Les résultats directs de ces pratiques se ma-

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Photos Boutaleb Joutei

S

ur rosacées à pépins et à noyaux, les espèces tétranyques les plus fréquentes sont l’acarien rouge, Panonychus ulmi Koch (cas du pommier, poirier et parfois vigne), Panonychus citri Mc Gregor (cas des agrumes) et l’acarien jaune, Tetranychus urticae Koch ainsi que d’autres tétranyques Tetranychus cinnabarinus Boiduval, Tetranychus turkestani (Ugarov et Nikolskii) et Eutetranychus orientalis Klein (cas des agrumes). Les espèces d’acariens Eriophyides les plus fréquentes sont : * Phytoptus pyri Pagenstecher (Phytopte du poirier), * Acalitus phloeocoptes (Nalepa) et Aculus fockeui (Nalepa & Trouessart) (cas des rosacées à noyaux), * Colomerus vitis Pgst (érinose de la vigne), Calepitrimerus vitis Nal. (Acariose de la vigne) * Aceria sheldoni Ewig (cas des agrumes), * Aceria oleae (Nalepa) (cas de l’olivier), D’autres espèces d’acariens phytophages moins fréquentes peuvent se trouver sur ro-


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Adultes et larves Eriophyides A Phloecoptes dans une galle

Photos Boutaleb Joutei

Tissage soir acarien jaune (Inra France)

nifestent par l’acquisition de la résistance des acariens aux pesticides (1er cas de résistance croisée des acariens aux acaricides au Maroc, identifié au laboratoire de Zoologie Agricole déjà en 2002). Le problème de la résistance des arthropodes aux pesticides peut même obliger les agriculteurs à abandonner certaines cultures tel est le cas dans certains pays surtout que les prix des acaricides sont chers par rapport aux autres pesticides. A travers l’ensemble des études réalisées dans les régions du Moyen-Atlas et du Saïs sur les rosacées à noyaux et à pépins depuis une quinzaine d’années, le pommier reste jusqu’à maintenant la culture qui reçoit le plus grand nombre de traitements chimiques sans respect des normes phytosanitaires. Ainsi le raisonnement de la lutte reste la meilleure option pour un contrôle efficace et respectueux de l’environnement.

Aperçu sur la biologie et l’écologie des principales espèces d’acariens sur rosacées à noyaux et à pépins L’acarien rouge : Panonychus ulmi Koch (Acari: Tetranychidae)

Morphologie

Les œufs sont de forme sphérique, mesurant 0,13mm de diamètre, avec de fines stries méridiennes et une longue pointe apicale. L’œuf d’hiver est, rouge brique, celui d’été, plus petit, est moins pigmenté. Les premiers stades larvaires d’environ 0,17mm, sont de couleurs rouge clair, ayant uniquement 6 pattes. Les nymphes (protonymphe et deutonymphe) ayant une taille de 0,23 à 0,27mm, ont 8 pattes et sont de couleur rouge foncé. La femelle visible à l’œil nu et de forme ovale, mesure entre 0,4 à 0,7mm de long. Le corps a une couleur rouge ou rouge brun et porte de fortes soies dorsales issues de protubérances blanchâtres. Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle et fusiforme, il a une couleur orangée avec des taches noirâtres et des protubérances peu visibles par rapport à la femelle.

Biologie et écologie

L’acarien rouge hiverne à l’état d’œuf d’hiver sur le pommier. Les œufs sont déposés 44

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à la base des rameaux de l’année et surtout sur le vieux bois, aux points d’insertion des ramifications, dans les cicatrices ou autour des bourgeons et sur les bourses. Ces œufs déposés en grand nombre peuvent former des plaques rougeâtres bien claires. Les œufs d’été sont pondus sur les feuilles. Les jeunes larves issues des œufs d’hiver gagnent les feuilles sur lesquelles elles se développent. Chez P. ulmi, entre l’œuf et l’adulte, il existe 3 stades larvaires actifs : la larve (3 paires de pattes), protonymphe et deutonymphe, alternant avec 3 stades au repos : protochrysalide, deutochrysalide et téliochrysalide. La durée de développement d’une génération varie de 6 jours à plus d’un mois en fonction des conditions climatiques et alimentaires. Les formes mobiles par leur appareil buccal piqueur-suceur constitués de chélicères, se nourrissent en suçant le suc des cellules du parenchyme de la face inférieure des feuilles, après les avoir détruits à l’aide de leurs pièces buccales. Au Maroc, la ponte des œufs d’été a lieu sur les feuilles, entre le début de mai et le mois d’octobre alors que la ponte des œufs d’hiver commence vers fin août. Ainsi de nombreuses générations peuvent se succéder durant le printemps et l’été, voir même l’automne. Généralement, il y a une génération chaque trois à six semaines. Une température élevée et une hygrométrie faible constituent les meilleures conditions favorisant la pullulation des Tétranyques.

Dégâts occasionnés par l’acarien rouge

En cas de fortes populations, les feuilles jaunissent, brunissent et prennent un aspect gris-plombé (dû à la perte de chlorophylle) caractéristique et peuvent même tomber prématurément. Les piqûres réduisent la photosynthèse et provoquent une perte en eau. Au printemps, les larves issues des œufs d’hiver peuvent se concentrer, provoquant la crispation et le rabougrissement des pousses sur lesquelles elles s’installent. Ces dégâts peuvent se traduire par : · Une chute prématurée des feuilles ; · Une réduction de la croissance des rameaux ; · Une réduction de la floraison et de la nouaison. · Une réduction de la taille des fruits, et par conséquent, de la production ; · Une réduction de la conservation de la pomme en particulier certaines variétés comme la Golden delicious;

L’Acarien jaune : T.urticae Koch (Acari: Tetranychidae)

A l’échelle internationale, cet acarien constitue l’un des ravageurs les plus polyphages vu sa longue liste des espèces de plantes hôtes. Cet acarien est capable de s’attaquer à plus d’un millier de plantes-hôtes, dont plus d’une centaine d’espèces ont une valeur économique.

Morphologie

Les œufs de cet acarien sont sphériques, d’un diamètre inférieur à 0,1 mm, blanchâtres et translucides. Après la ponte, les œufs de couleur claire s’opacifient et prennent un aspect jaune nacré avant leur éclosion. La femelle de T. urticae a une longueur de 0,55mm, de couleur jaune clair et présente deux taches brun noires sur les parties latérales du corps. Le mâle de forme plus élancée mesure 0,35 mm de long, et ayant une couleur jaune foncé avec les deux taches plus pâles, et peu visibles. Comme l’acarien rouge, les premiers stades larvaires sont hexapodes, de couleur jaune, et mesurent environ 0,15 mm. Les protonymphes et deutonymphes sont morphologiquement identiques à la femelle mais de taille plus petite. A l’automne, il apparait des individus de couleur nettement orangée (à ne pas confondre avec l’acarien rouge), sans taches. Ce sont en fait les formes hivernantes de T.urticae.

Biologie et écologie

Comme l’acarien rouge, T. urticae passe par trois stades larvaires mobiles (larve hexapode, protonymphe et deutonymphe) alternant avec trois stades immobiles (Protochrysalide, Deutochrysalide et Teliochrysalide). Cependant, l’acarien jaune passe l’hiver (diapause) sur l’écorce de l’arbre au stade femelle adulte. Dans les conditions du Moyen-Atlas, la période d’activité ne débute qu’à partir de février sur les rosacées fruitières. La ponte se fait à la partie inférieure de la feuille et la fécondité est environ 100 œufs par femelle. Pour des températures de l’ordre de 30°C, une génération peut se passer en 8 à 9 jours, et par conséquent plusieurs générations peuvent se passer au cours du cycle de la culture. Contrairement à l’acarien rouge qui est un acarien d’altitude, l’acarien jaune est un acarien de plaine et peut tolérer les fortes chaleurs.

Dégâts occasionnés par l’acarien jaune

Avec son appareil buccal piqueur-suceur www.agri-mag.com


Dégâts (galles)provoquées par acarien des bourgeons du Prunier

Méthodes de lutte

pouvant aller jusqu’à l’intérieur des cellules, l’acarien jaune détruit le contenu des cellules des feuilles. Les cellules ainsi vidées, forment de minuscules points jaunes à blanchâtres (absence de chloroplastes) qui brillent légèrement à la lumière. Les attaques massives créent sur le feuillage des déformations et des crispations. En cas de fortes populations, ces tétranyques tissent des toiles ce qui gène énormément les fonctions métaboliques des feuilles, entrainant par la suite leur chute. Si l’acarien rouge P. ulmi reste localisé au niveau du tronc et de la couronne du pommier, l’acarien jaune T. urticae peut, durant son cycle biologique, coloniser aussi bien la couronne de l’arbre que la couverture végétale du sol (liseron de champs, mauves, etc.)

Méthodes de dépistage et seuils d’intervention

L’estimation quantitative des populations de ravageurs ou la prévision du risque pour la culture sont les principaux objectifs dans la protection des plantes, afin de prendre la bonne décision càd traiter ou ne pas traiter. Le dépistage commence dès qu’il y a du feuillage au niveau des arbres. Il est recommandé d’examiner attentivement la face inférieure des feuilles à l’aide d’une loupe à main (10X). A l’échelle internationale, plusieurs méthodes de dépistage ont été développées. Toutes impliquent l’observation d’un nombre déterminé de feuilles prises au hasard au sein du verger. La technique de dépistage la plus recommandée consiste à prélever durant la période de pleine végétation (à partir du mois de MarsAvril selon les années) 100 feuilles au hasard dans le verger (50 arbres à raison de 2 feuilles/ arbre de petite taille ou 5 feuilles par arbre de taille standard). Les feuilles de même grandeur, ni trop grande ni trop petite, doivent être prises par le pédoncule (pour ne pas écraser ou déranger les acariens) sur les bouquets en fruits et pas sur la pousse de l’année. L’examen doit porter sur les deux faces des feuilles. Il est recommandé d’intervenir quand 40 à 50% des feuilles sont infestées par des formes mobiles (2 à 3 formes mobiles par feuille). Pour l’acarien rouge, le contrôle des œufs d’hiver qui doit se faire en janvier-février doit porter sur 100 rameaux de 2 ans sur une cinquantaine d’arbres (2 rameaux par arbre). Certains producteurs se limitent à un échantillon de 50 arbres à raison d’un rameau par arbre. Si 60% des échantillons sont infestés (occupés par les œufs d’hiver), un traitement est recommandé. Certains producteurs traitent à partir d’un seuil de 50% du niveau d’infestation. www.agri-mag.com

Pour une bonne gestion des problèmes d’acariens phytophages et celui des autres ravageurs, l’entretien de l’état du verger (mesures prophylactiques) est primordial avant d’agir chimiquement ou par autres moyens de lutte. Ces mesures consistent à éliminer par la taille tous les rameaux dépérissants, et à débarrasser le verger du bois de taille et des arbres morts. Ces mesures ont pour objectif de réduire au maximum les refuges pour les formes de conservation des acariens. Pour rappel, l’acarien jaune passe l’hiver sur les plantes-adventices des vergers. La migration de cette strate herbacée vers le pommier est variable en fonction des années. Pour les années à faible pluviométrie, les plantes-adventices sèchent rapidement et la remontée est précoce vers les arbres (fin mars-début avril) alors qu’elle est tardive en cas d’une année pluvieuse. De ce fait, le désherbage des parcelles en automne et en hiver est d’une très grande utilité pour diminuer la charge d’acariens migrant vers les arbres. Après les mesures prophylactiques, la lutte doit agir à deux niveaux : d’abord au niveau des stades de conservation des acariens en hiver, ensuite au cours de la période de végétation au cours de laquelle se développent énormément les populations d’acariens ayant échappé aux traitements d’hiver.

Les traitements d’hiver

Vu le cortège des ravageurs s’attaquant à la culture du pommier et vu le problème épineux de la résistance des acariens aux acaricides et même aux insecticides à action acaricide, le traitement à base d’huile est nécessaire pour réduire les populations d’acariens émergentes au printemps et réduire le nombre de traitements de printemps pouvant amplifier le problème de résistance. A partir du mois de Mars, époque de l’éclo�sions des œufs de l’acarien rouge (sortie de diapause) et de migration des femelles hivernantes de l’acarien jaune, il est nécessaire dés que le seuil est atteint d’appliquer une huile tout en assurant un bon mouillage des arbres jusqu’à ruissellement (une bouillie de 1500 à 2000 litres/ha environ est suffisante). Le choix d’un matériel de traitement bien réglé et assurant une forte pression est nécessaire pour la réussite du traitement.

Traitement pendant la période de végétation

La lutte chimique contre les acariens doit être basée, d’une part, sur le choix judicieux de l’acaricide en fonction de la structure de la population (ovicide, larvicide, adulticide) pour assurer un maximum d’efficacité et pour empêcher le développement de la résistance (les stades larvaires sont plus sensibles aux traite-

ments par rapport aux adultes) et d’autre part, sur l’utilisation de matières actives à différents modes d’actions et à faible impact sur la faune auxiliaire (punaises et coccinelles prédatrices, acariens prédateurs, etc.). pour empêcher le développement du phénomène de la résistance, il est nécessaire d’alterner des matières actives à différentes modes d’action : Ø (produits neurotoxiques (Acaricides non spécifiques). Ø Produits qui agissent sur la croissance et le développement. Ø Inhibition de la chitine. Ø Produits qui agissent sur la respiration cellulaire (Inhibition du transport des électrons dans la mitochondrie et Inhibition de la phosphorylation oxydative). Ø Inhibition de la biosynthèse des lipides. Compte tenu de la biologie des deux principaux acariens et en fonction du site de plantation (en haute altitude ou en moyenne ou basse altitude), il est recommandé de traiter - en début de saison (février) par un ovicide (ciblant l’éclosion des œufs diapausants de l’acarien rouge), - en mars-avril par un ovicide-larvicide (ciblant les premières pontes des femelles hivernantes de l’acarien jaune et les stades larvaires des deux Tétranyques) - en avril jusqu’à mois de septembre par un ovicide-larvicide-adulticide (ciblant les populations mixtes des deux Tétranyques). En récapitulatif, il est recommandé de bien positionner les traitements et de ne pas dépasser 2 à 3 traitements maximum le long de la période végétative où plusieurs générations che� vauchantes d’acariens se développent et où le risque de développement de la résistance est très important (temps de génération court, etc.).

Résultats d’essais de lutte par des biopesticides contre les acariens du pommier

Des essais réalisés par l’Unité de Zoologie Agricole au cours de l’année 2008 dans la région de Midelt ont montré l’efficacité du mélange « Savon noir + Poivre de Cayenne » 3 jours après traitement contre les acariens du pommier. Le mélange a permis de réduire les populations d’acariens de presque 50%. De même en 2017, des essais de lutte par le savon mou à 5% (5 Kg/100 litres) dans la région d’Immouzer ont permis de réduire le niveau de population des acariens respectivement de presque 65%, et 47% pour l’acarien rouge et l’acarien jaune et ceci 7 jours après traitement. Ceci montre clairement le caractère dangereux de l’acarien jaune par rapport à l’acarien rouge et qui est dû à son fitness. Concernant les acariens Eriophyides, les traitements à base du soufre (produit autorisé par le cahier de charges de l’Agriculture biologique) ont montré leur efficacité par rapport à d’autres produits chimiques de synthèse. Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Tuta absoluta Gestion de la résistance (IRM) par l’approche « Fenêtre de Traitements »

Depuis plusieurs décennies déjà, l’IRAC (Comité d’action contre la résistance aux insecticides) met en avant des mesures de bonnes pratiques phytosanitaires, répétées régulièrement par les techniciens aux utilisateurs afin de minimiser la sélection de populations résistantes. La plus importante est : ne pas réaliser des applications répétées d’insecticides issus d’une même famille chimique. L’IRAC précise aussi d’autres conditions d’emploi qui sont parfois peu prises en compte par manque de connaissance, notamment dans le cadre de la construction de stratégies efficaces de gestion préventive du risque d’apparition de résistance, pour des cultures soumises à plusieurs générations successives d’une ou plusieurs espèces de ravageurs. En effet, l’IRAC accorde une importance particulière aux applications. Les traitements au même mode d’action doivent s’agencer en ‘fenêtre’, dont la durée est déterminée par la biologie et les stades du ou des ravageur(s) ciblé(s) et de la culture. Une ‘fenêtre de traitement’ est une période d’activité résiduaire apportée par une application ou une séquence d’applications d’un même mode d’action. Théoriquement, la ‘fenêtre de traitement’ correspond à minima, à la durée d’une génération d’un ravageur cible. Plusieurs applications d’un produit d’un même groupe IRAC sont possibles au sein d’une fenêtre de protection mais il est reconnu fondamental que deux générations successives d’un même ravageur ne soient pas traitées avec des matières actives d’un même groupe. Le nombre maximum d’applications, signalé sur la vignette de chaque produit, ne doit pas être ignoré ou sous-estimé. Il convient donc de définir le meilleur positionnement de chaque spécialité en fonction de ses caractéristiques et des besoins de la protection pour chaque période d’une culture donnée. 46

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A noter que le recours à des méthodes culturales ou de lutte biologique permettant de retarder dans la saison ou de limiter les applications insecticides est une partie importante dans la construction d’un programme durable de protection. Et pour le cas où des mécanismes de résistance métabolique pourraient occasionner des résistances croisées entre groupes IRAC, les recommandations doivent être adaptées en conséquence pour créer de réelles alternances en puisant dans les groupes définis par l’IRAC, avec au moins une génération/fenêtre non assujettie à une pression de sélection. Sur toute culture, le défaut de respect des consignes exposées ci-dessus et des conditions d’emploi précisées sur l’étiquette des produits conduit généralement à de sérieuses complications de production comme ce fut le cas notamment en Sicile en 2014, dans des serres de tomates attaquées par T. absoluta et à présent chez nous. Des utilisations répétées de spécialités à base de diamides (chlorantraniliprole et flubendiamide (groupe IRAC 28) au cours de ces dernières années par des utilisateurs ne respectant pas les recommandations édictées en matière de nombre total d’application et d’alternance par fenêtre ont conduit à la détection de cas de résistance aux diamides, et cela malgré un contexte favorable en terme de nombre de familles chimiques homologuées et efficaces contre ce ravageur. Pour Tuta, un raisonnement rigoureux des traitements et de leur rythmicité demeure un im-

pératif précisé déjà en 2011 (voir www. irac-online.org/documents/tuta-absoluta-irm-poster/?ext=pdf ). Il est salutaire que ces recommandations soient partagées et mises en œuvre par les prescripteurs et les maraichers, afin de garantir la durabilité des stratégies actuelles et par conséquent celles des exploitations.

Recommandations 1. Pratique de la lutte intégrée (IPM) • Pratiquer la rotation des cultures et intégrer une période sans hôte (période où seules les cultures non hôtes à Tuta peuvent être plantées) • Entretien de la serre pour éviter l’entrée des adultes de Tuta • Pratiquer le vide sanitaire avant et après la saison de production • Utiliser les phéromones et les pièges à glu pour le suivi et le piégeage de masse des adultes • Détruire toutes les solanacées sauvages et les autres plantes hôtes qui sont dans les alentours de la serre • Enlever, détruire ou transformer en compost tous les plants totalement infestés • Augmenter et conserver la population des ennemis naturels • Lâcher les insectes auxiliaires • Suivre la population du ravageur pour déterminer le moment exact d’application selon le seuil de traitement (voir stratégie de lutte) • Utiliser une bouillie qui assure la couverture totale, maintenir et calibrer le matériel de traitement www.agri-mag.com


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organismes utiles par l’utilisation des insecticides à faible où à zéro impact sur les organismes naturels et auxiliaires 3. En cas de résistance confirmée officiellement au Maroc, ne plus utiliser le MoA concerné 4. Rotation des produits par MoA selon l’approche « fenêtre de traitements »

Surveillance et seuil d’intervention • Suivre les recommandations indiquées sur l’étiquette : dose d’application, intervalles, nombre d’application par saison et méthode d’application • Ne pas appliquer les insecticides en goutte à goutte s’ils ne sont pas homologués pour cet usage • Utiliser le même mode d’action sur une large surface • Bien calibrer le pulvérisateur. Le nettoyer après usage et remplacer les buses • Ajuster le ph de l’eau et utiliser les adjuvants homologués et recommandés 2. Préserver les insectes non cibles et

Monitoring de Tuta absoluta sous serre • 2 à 4 piège à phéromone par hectare (piège delta à glu) • Hauteur : 80 à 120 cm • Observation journalière des mâles capturés par les pièges

Rotation des produits

Les spécialistes recommandent de respecter la rotation des insecticides utilisés selon leur Mode d’Action (MoA) dans les fenêtres du temps : • Une fenêtre d’application est d’environ 30 jours, soit la durée moyenne d’une génération de Tuta. Au cours

de cette fenêtre, une ou plusieurs applications consécutives d’insecticides appartenant à un seul groupe IRAC peuvent être appliquées (ont le même numéro du groupe IRAC) • Après le dernier traitement d’une «fenêtre» donnée, il faut attendre au moins 60 jours avant d’utiliser à nouveau des insecticides du même groupe IRAC, • Évitez d›utiliser les produits ayant le même MoA dans plus de 3 fenêtres sur la tomate à cycle long conduite sous serre • Éviter d’utiliser les produits ayant le même MoA dans plus de 2 fenêtres sur la tomate de plein champ. • Les recommandations du groupe ‘Mode d’action IRAC’ sont accessibles en consultant le site www. irac-online.org/documents/moa-brochure/?ext=pdf • Installer l’application gratuite IRAC MoA sur votre smartphone ou tablette. L’ensemble des insecticides est classé dans cette application par leur MoA. Les insecticides ayant le même numéro de groupe IRAC, ont le même mode d’action.

Seuils d’intervention sous serre (tableau1) Nombre de captures

Risque

0

Nul

< 3 par semaine

Faible

< 3 par jour

Modéré

Interventions Rien • Piégeage de masse (15-20 pièges à eau par ha) • Piégeage de masse (15-20 pièges à eau par ha) • Application tous les 10 à 15 jours de: Azadirachtine, huile minérale, B.t • Piégeage de masse (15-20 pièges à eau par ha)

≥ 3 par jour

Elevé

• Application tous les 10 à 15 jours de:Azadirachtine, huile minérale, B.t • Application des insecticides chimiques comme : Indoxacarbe, Spinosade, Emamectine, Chlorantraniliprole, Flubendiamide, Cyantraniliprole, Spintorame… (avec le respect de l’approche fenêtre des traitements.

ROTATION DES PRODUITS PAR MOA SELON L’APPROCHE « FENÊTRE DE TRAITEMENTS »

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présente la variété de tomate plein champ Dalya La société Pionagri, importateur et distributeur exclusif de semences Crown Seeds au Maroc, a organisé le 16 juillet 2019 à Lakhyayta, région de Casablanca, une journée d’étude et de présentation d’une culture de tomate. La journée a débuté par un mot de bienvenue de la part de M. El Ouafi El Ayachi, gérant de la société, aux professionnels en leur présentant les activités de Pionagri pour le développement du secteur. Ont participé à cette journée une cinquantaine de producteurs et revendeurs de la région ainsi que d’autres venus de Temara, Bouznika, Bir Jdid, Sidi Rahal, Berrechid, El Jadida, etc.

L

De gauche à droite : M. El Ouafi El Ayachi, M. Abdelhak Rochdi et M. Mohammed Talbi.

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dans différentes variantes : - En présences de variétés témoin bien connues - Sols traités en comparaison avec des parties non traitées de son exploitation - Lignes avec paillage plastique et d’autres non paillées - Précédent tomate pour certains blocs alors que d’autres viennent après d’autres cultures - Différentes dates de semis pour tester la précocité et les rendements - Différents niveaux de fertilisation - Conduite sur 2 ou 3 bras, sachant que le nombre élevé de bras contribue à la réduction du calibre des tomates et permet de satisfaire la demande du marché qui préfère le calibre moyen. Les différentes variantes de l’essai permettront au producteur d’adapter sa production de tomate à ses propres conditions locales au lieu de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, dans le but d’améliorer ses rende-

ments en quantité et en qualité et de satisfaire la demande du marché. D’après M. Rochdi, la culture de tomate de plein champ dans la région est très développée mais avec la particularité de parcelle de faibles superficies. Deux cycles de production y sont pratiqués : - Cycle précoce, semis de février à mai avec des variétés non Tylcv essentiellement et une part limitée de variétés Tylcv. - Cycle tardif, semis de juin à aout et dont la production peut aller jusqu’en novembre-décembre. Le secteur de la tomate de plein champ est dominé par quelques variétés leader, mais on note au cours des dernières années la pénétration de nouvelles variétés dans ces créneaux de production. Ainsi, Pionagri est présente dans le cycle précoce avec la variété Dalya (Tylcv) et dans le cycle tardif avec la variété Acadia (Tylcv).

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Publi-reportage

’objectif de la journée était de présenter aux professionnels invités une culture de tomate de plein champ, menée dans des conditions particulièrement difficiles de production. Les conditions, telles que l’a expliqué M. Abdelhak Rochdi, responsable commercial de Pionagri, sont liées à cette région de pro� duction et essentiellement une très forte salinité de l’eau d’irrigation qui atteint 4 g/l ce qui est très défavorable à la culture de tomate. La variété Dalya qui a fait l’objet de cette journée de démonstration est une obtention de Crown Seeds, dont Pionagri est le distributeur exclusif au Maroc. M. Rochdi a expliqué que les caractéristiques de cette varié�té lui promettent un grand avenir dans ce domaine. En effet, elle présente une bonne vigueur et des entre nœuds courts. En outre elle est caractérisée par une bonne productivité (7-9 fruits par bouquet), des fruits de forme ronde légèrement aplatie, de couleur rouge, un calibre moyen (le plus demandé sur le marché), une bonne fermeté du fruit et une longue conservation. De plus, sa bonne vigueur lui permet une croissance en hauteur avec une production continue même dans la partie haute de la plante. M. Mohammed Talbi, producteur de la région (Ouled Abbou, Lakhyayta) qui a pris l’initiative de l’essai, a expliqué que, devant la diversité des variétés et des conditions de production il a opté pour la conduite d’un essai de culture de tomate, variété Dalya,


Grandes cultures

Maïs fourrage :

les critères à privilégier pour choisir sa variété Choisir une précocité adaptée à son contexte et valoriser le progrès génétique sont les deux clés pour assurer performances du troupeau et rentabilité de la culture.

La précocité :

un compromis rendement/qualité

La productivité du maïs fourrage est liée à la précocité. Ainsi, un point d’écart de teneur en matière sèche à la récolte se traduit en moyenne par une production de 0,2 t MS/ha supplémentaire pour une variété plus tardive. Mais cet avantage ne s’exprimera que si l’offre climatique est suffisante. L’essentiel est donc d’adapter la précocité à son contexte, fonction de la zone de culture et de la date de semis. L’objectif sera de récolter un maïs entre 32 et 35 % MS plante entière pour un bon compromis entre rendement, conservation au silo et valeur alimentaire (teneur en amidon, digestibilité des fibres, ingestibilité). En secteur froid, il faut viser une récolte à au moins à 30 % MS, quel que soit le scénario climatique, et avant la mi-octobre. En secteur chaud, l’objectif est de ne pas récolter à surmaturité, tout en valorisant au mieux la température et la lumière disponibles.

Productivité et régularité pour la performance économique

nétique pour les variétés de maïs fourrage est estimé entre 0,13 et 0,18 t MS/ha/an. Intégrer régulièrement des variétés récentes dans son assolement permet de valoriser ces gains de productivité.

Tenue de tige et tolérance aux maladies pour la sécurité

Depuis une vingtaine d’années, le progrès génétique en matière de « tenue de tige » est manifeste. Il permet de sécuriser le rendement et la qualité du fourrage récolté. Lors du choix variétal, la vigilance reste de mise, surtout en cas de risque de récolte tardive. La tolérance à l’helminthosporiose dans les zones à risques endémiques est à considérer pour préserver le potentiel de production et réduire le risque infectieux dans un secteur donné.

La productivité est un critère de choix important pour la performance économique. A précocité identique, un écart de 5 % de rendement se traduit par un écart de recettes du même ordre. En production laitière, le rendement du maïs fourrage étant synonyme de stock fourrager, la régularité est à prendre en compte, notamment dans les secteurs à alimentation hydrique limitée, pour assurer chaque année la ration hivernale du troupeau. Pour ce critère, il faut prendre en compte la régularité des performances multi-sites et surtout pluriannuelles dans les résultats d’essais. Le progrès gé-

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La valeur énergétique, clé de la production laitière

La valeur énergétique du maïs fourrage est estimée par la concentration en UFL. Pour des vaches qui produisent 20 à 30 kg de lait par jour et qui consomment 16 kg MS de maïs, un écart de 0,035 UFL se traduira par une différence de production de l’ordre de 1 kg de lait par vache et par jour. A noter qu’une faible valeur UFL ne peut être compensée par une ingestion supérieure. La construction de la valeur UFL est à prendre en compte également. Les variétés avec un profil énergétique équilibré entre la concentration en amidon et la digestibilité de la partie tiges + feuilles présentent l’avantage de s’adapter à tous les types de ration. Plusieurs critères permettent de caractériser la digestibilité des fibres : - le dMOna (digestibilité de la matière organique, hors amidon) caractérise la digestibilité de la partie tiges + feuilles, - le dNDF renseigne sur la digestibilité

des parois végétales NDF. Il existe des différences significatives de valeurs alimentaires entre variétés, mais l’impact des conditions de culture est lui aussi très important. Le respect du stade de récolte optimal - entre 32 et 35 % MS - est indispensable pour valoriser la qualité intrinsèque des variétés.

En résumé : un choix multicritères et une bonne gestion du risque

Un choix variétal raisonné doit s’appuyer sur des résultats d’essais fiables et représentatifs. Le bon compromis précocité – productivité est la priorité, sans oublier la régularité des performances. En situation à risque particulier (récolte tardive, risque maladies), le choix variétal intégrera des critères supplémentaires. En maïs fourrage, il existe des écarts significatifs de valeur alimentaire entre

Améliorer sa marge grâce au choix variétal En maïs fourrage, le choix d’une variété sur des critères de rendement ou de valeur énergétique se traduit directement sur le porte-feuille de l’exploitation. Des essais variétaux menés en France ont montré qu’à précocité équivalente, les écarts de rendements en maïs fourrage varient de 3 à 7%. En faisant le meilleur choix, il est possible de nourrir son troupeau avec moins de surface de maïs à implanter, au profit de cultures de vente. Par ailleurs, en choisissant une variété à bonne valeur énergétique (UF), ce sont les dépenses en concentrés protéiques qui diminuent. Mais il serait réducteur de limiter le progrès génétique au seul rendement. A maturité équivalente, il profite à l’ensemble des caractéristiques de la culture du maïs. A titre d’exemple, le niveau de verse noté dans les essais n’a jamais été aussi bas et la valeur énergétique (UF) est globalement stable.

variétés, indépendamment des conditions de culture et de la date de récolte qui reste primordiales pour assurer la qualité du produit conservé puis distribué. Pour une bonne gestion du risque, il est préférable de choisir plusieurs variétés sur l’ensemble de la sole maïs fourrage. Les « valeurs sûres », évaluées en situations variées depuis 2 ou 3 ans, tiendront une place principale. Pour préparer les prochaines campagnes, des nouvelles variétés performantes pourront être essayées sur une partie de la sole.

Un progrès génétique pour des variétés toujours plus rustiques Un tel essor des rendements est dû à une sélection dynamique qui explore différentes voies de progrès. Parmi celles-ci, il faut citer le travail lié à la résistance aux températures basses lors du démarrage de la culture. C’est ainsi que le maïs a pu rapidement conquérir les grandes zones d’élevage, et gagner sa première place dans les auges des exploitations de ruminants. Les plantes cultivées aujourd’hui valorisent également mieux l’eau et résistent bien au stress hydrique, gardant des rendements élevés même lors d’étés difficiles. Il existe aussi une meilleure résistance aux températures parfois extrêmes rencontrées dans les zones continentales ou dans le sud. Ainsi, les feuillages restent verts plus longtemps, et la photosynthèse se poursuit tout au long du cycle, y compris pendant la phase de remplissage des grains. Il faut également souligner que les sélectionneurs ont progressivement réalisé un tri variétal vis-à-vis des principales maladies rencontrées (l’helminthosporiose, les fusarioses…).

Michel MOQUET (ARVALIS Institut du végétal)

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Agrumiculture

Acarien rouge oriental

Menace permanente sur agrumes Dans la région méditerranéenne, les acariens tétranyques les plus dangereux sur agrumes englobent les espèces suivantes : - Tetranychus urticae (Koch.) : Acarien jaune (araignée jaune). - Panonychus citri (Mc Gregor) : Acarien rouge (araignée rouge). - Eutetranychus orientalis (Klein) : Acarien rouge oriental

L

es acriens constituent depuis longtemps au Maroc une préoccupation permanente en vergers d’agrumes à partir de juin et jusqu’en automne, période de récolte où il devient difficile de maitriser leurs populations. L’acarien rouge oriental E. orientalis est arrivé au Maroc au printemps 2008 dans les régions de Marrakech puis Béni-Mellal. L’invasion a été tellement rapide qu’entre juin et septembre 2008 quelques 450 ha ont été traités contre ce ravageur dans le Haouz et près de 800 ha dans le Tadla. Le ravageur est passé inaperçu malgré les dommages qu’il a causés, car ses dégâts se rapprochent de ceux de l’acarien rouge Panonychus citri, introduit lui aussi dans les années 80 dans la région de l’oriental, avant de s’étendre à travers toutes les zones agrumicoles du pays. Il reste toutefois que la morphologie des deux acariens est très différente. Une loupe à main permet de les distinguer facilement. Signalons qu’en Espagne, Eutetranychus orientalis est associé dans les orangeraies

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à une autre espèce moins abondante, Eutyertranychus banksi (Mc. Gregor). Facilement transporté par le vent à cause de ses longues pattes, cet acarien s’est étendu à partir de 2009 et 2010 à toutes les régions du Maroc, du Souss à Berkane en passant par le Gharb et Larache, nécessitant des interventions acaricides durant la période été-automne.

Caractéristiques de l’acarien rouge oriental

(E. orientalis) : DESCRIPTION - L’œuf de l’acarien rouge oriental est ovale, plus ou moins aplati, sans épine (tige) dorsale caractérisant d’autres tétranyques. Au moment de la ponte les œufs sont hyalins, ils virent au jaune marron au fur et à mesure du développement embryonnaire. - La larve globuleuse est de couleur marron

pâle à vert clair. - L’adulte femelle mesure environ 0,5 mm de long avec une forme ovale légèrement aplatie dorso-ventralement et une couleur variant entre le marron, le marron pâle et le vert foncé avec de petites taches sombres sur le corps. Les pattes jaunes-marron sont de même longueur que le corps. Une confusion peut être faite parfois avec la femelle de l’araignée jaune, mais chez les mâles la différence est nette. - Le mâle de forme triangulaire est bien plus petit que la femelle, avec des pattes allongées (la 1e paire faisant environ 1,5 fois la longueur du corps). En raison de ses longues pattes, ce ravageur peut facilement être transporté par le vent. Mais comme tous les acariens, il peut également être disséminé par les caisses, les plants, etc. Normalement, l’espèce n’infeste pas les fruits. Biologie Les œufs sont déposés sur la partie supérieure de la feuille et en cas de très fortes infestations, sur la partie inférieure. Dans les conditions de fin de printemps, en juin, les œufs peuvent éclore au bout de 4 à 6 jours et le cycle de la jeune larve à l’adulte

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peut prendre entre 8 et 11 jours. Sous nos conditions, l’espèce prolifère durant la période allant de juin à octobre parfois même jusqu’en novembre et décembre lorsque le froid et les pluies arrivent tard en saison. C’est le cas notamment de l’automne 2010 où les infestations ont continué à sévir jusqu’à fin décembre dans toutes les régions. Comportement Exception faite pour la région d’Azemmour à climat particulier où on retrouve tous les stades tout au long de l’année, dans les zones intérieures l’acarien passe l’hiver généralement sous forme de pontes à l’état d’embryons (en état de vie ralentie) qui reprendront leur développement normal au début du printemps avec de grandes populations dès le mois de juin. Les œufs de l’acarien rouge oriental sont sensibles aux basses humidités relatives, tandis que les chutes de températures entre 5 et 0 degrés engendrent une forte mortalité de tous les stades de développement. E. orientalis demeure donc une espèce des pays chauds. Cet acarien occasionne des dégâts sur la face supérieure des feuilles d’agrumes entraînant des décolorations du parenchyme foliaire avec des ponctuations blanchâtres. Les dommages sont particulièrement localisés sur feuilles, mais dans les cas de fortes infestations des dommages sur fruits sont constatés : coloration jaune-orange avec des ponctuations microscopiques noires après véraison du fruit (photo 3). Cependant, ces dégâts sur fruits sont moins prononcés que ceux causés par l’araignée rouge Panonychus citri (photo 4). L’infestation peut être rapide sous nos climats : dans les conditions de fin de printemps et jusqu’au début d’automne, la durée d’une génération n’excèderait guère 12 à 15 jours.

Stratégie de lutte

Le contrôle des acariens sera essentiellement réalisé par une lutte chimique dirigée et le respect de mesures pro56

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phylactiques. La lutte biologique existe mais reste insuffisante dans la plupart des cas. Particulièrement dans le cas des acariens, les pratiques culturales sont d’une grande utilité puisqu’elles participent à la réduction de la population. On peut citer : · Irrigation optimale évitant le stress hydrique et fertilisation optimale évitant l’excès d’azote. · Plantation des brise-vents pour réduire la vitesse du vent et le dépôt de poussière. · Arrosage des allées entre les parcelles et limitation de vitesse de déplacement des engins pour réduire le dépôt des poussières sur les feuilles. La poussière est un bon facilitateur de déplacement des acariens. · Désherbage partiel des parcelles. En effet, il est important de garder une partie pour stimuler l’activité des auxiliaires. Il faut être vigilant afin de détecter les premiers foyers, signalés par des dégâts localisés. Aussi dans la pratique il est souvent conseillé de traiter de façon systématique selon un calendrier, dont la fréquence est fonction des conditions climatiques et de la sensibilité de la plante. Les acariens sont des piqueurs-videurs de cellule et les produits à propriétés pénétrantes ou translaminaires (qui traversent la feuille) sont les plus efficaces. Il faut privilégier les vrais acaricides plutôt que des insecticides à action acaricide secondaire, ceux-ci ayant généralement un spectre d’action large et une action très négative sur les auxiliaires. De plus les acaricides agissent sur les différentes espèces d’acariens, ce qui est rarement le cas des insecticides à effet acaricide. Les acariens développant rapidement des populations résistantes aux produits, il faut alterner les familles chimiques pour limiter ce phénomène. Plusieurs matières actives acaricides peuvent être appliquées pour lutter contre les acariens (voir index phy-

tosanitaire et www. o n s s a . g ov. m a ) . Le savon potassique est aussi envisageable à condition de bien mélanger la bouillie avant application. L’utilisation de l’eau claire a montré aussi une bonne maitrise de ces acariens et surtout T. urticae. Une attention particulière devra être accordée à E. orientalis. Un traitement ovicide/larvicide est pleinement justifié vu l’hibernation de cette espèce au stade larvaire. C’est pourquoi on assiste à une pullulation synchronisée de la population de E. orientalis durant son premier pic en avril qui surprend généralement les gérants des vergers non ou mal traités en hiver. Sur le plan pratique, on distingue 2 types de traitements de ‘’nettoyage’’ ou de ‘’maintenance’’. Le traitement nettoyant est le plus important en termes de coût et de stratégie puisqu’il conditionne la fréquence des traitements en période à haut risque (pic). Ce type de traitement consiste en général en une seule application après la taille, d’une huile minérale, de souffre ou autre acaricide ovicide/larvicide. Il faut préciser que l’huile minérale et le souffre présentent en plus de leur toxicité acaricide l’avantage d’une compatibilité relative avec la faune auxiliaire. La décision des traitements au cours des périodes à haut risque se base sur les enregistrements du monitoring, sur l’inspection des zones susceptibles d’être foyer à acariens (bordures et arbres non ou mal traités au cours du traitement de nettoyage) et sur les zones exposées à la poussière. Les traitements aux huiles minérales en hiver comme en été réduisent fortement les populations et ont un effet dépressif sur les œufs. A noter qu’à l’approche de la récolte (à partir de la mi-septembre pour les variétés précoce), les producteurs de clémentine précoce doivent arrêter les traitements. La plupart recourent au lavage à l’eau seule ou l’eau additionnée de savon potassique (ou l’eau avec usage d’adjuvants) en privilégiant une pulvérisation à forte pression pour descendre les acariens au sol. Ces derniers n’auront pas le temps de remonter et la production sera épargnée. On peut également recourir à l’utilisation d’huiles minérales légères. www.agri-mag.com


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Agrumes

Mouche méditerranéenne

Combiner les moyens pour s’en protéger La cératite (Ceratitis capitata) appelée aussi mouche méditerranéenne des fruits, est bien connue des agriculteurs de la région méditerranéenne, dont les marocains. En effet, les producteurs d’un grand nombre d’espèces fruitières ont conscience de l’importance des dégâts qu’elle occasionne sur leurs cultures. Les cultures susceptibles d’être attaquées sont très diversifiées englobant : les agrumes (surtout les variétés précoces et celles à peau mince notamment la clémentine), les rosacées fruitières (prunier, pêcher, abricotier, pommier), certaines cultures maraîchères ainsi que des espèces non cultivées (arganier, jujubier…). La lutte contre la cératite est très difficile et les producteurs savent qu’une seule méthode de lutte (surtout chimique) est insuffisante et qu’il faut associer plusieurs techniques pour espérer obtenir des résultats satisfaisants.

L

es dommages sur les fruits sont dus à la ponte des œufs par la femelle. Pendant son développement, la larve se nourrit de la chair, ce qui favorise l’oxydation et la maturation précoce des fruits, les rendant impropres à la consommation. Le nombre de générations par an de la cératite est déterminé essentiellement par la température. C’est ainsi que plusieurs générations peuvent se succéder durant l’année. Ses dégâts constituent un obstacle majeur pour les exportations en raison de la dévalorisation de la marchandise et des mesures imposées par les pays importateurs. En effet, la cératite est considérée comme un ravageur de quarantaine par la plupart des pays potentiellement importateurs d’agrumes : Russie, Etats Unis d’Amérique, Chine, Japon… Eu égard à l’importance de ces marchés pour

la filière agrumicole nationale et vu la nécessité pour le Maroc de diversifier ses débouchés à l’export, la profession entreprend, aux côtés des pouvoirs publics, des efforts louables pour la lutte contre la cératite, notamment : · Protocole japonais de traitement au froid, · Programme de lâchers de mâles stériles de cératite, · Construction d’une usine de production de mâles stériles.

Moyens de lutte pour la protection phytosanitaire

Le contrôle traditionnellement réalisé avec des insecticides est de plus en plus controversé, du fait des résidus et de leur impact sur la santé. Parallèlement, d’autres techniques de contrôle ont été développées, telles

que le piégeage massif, la libération de mâles stériles, les pièges « attraction et mort », etc. Toutes ces solutions présentent des avantages et des lacunes d’efficacité. Le recours à la lutte intégrée est nécessaire d’une part, pour améliorer l’efficacité de l’intervention d’autre part, pour préserver les auxiliaires et respecter l’environnement.

Surveillance et seuil d’intervention

La cératite est le ravageur qui demande le plus d’observation et de surveillance. Avant la réceptivité des fruits, des pièges pour les mâles, contenant un attractif (phéromone) et un produit insecticide, ou des pièges pour femelles contenant un attractif alimentaire (hydrolysat de protéine) et un insecticide sont suspendus aux arbres à une hauteur de 1,5 à 2 mètres, à l’exposition sud-est. Dans la lutte chimique classique, l’intervention durant la période de sensibilité de fruit, n’est justifiée que si le nombre de mouches dépasse 1 individu/jour/parcelle pour les pièges à mâles ou 0,5 individu/jour/parcelle pour les pièges à femelles, et si le pourcentage de fruits présentant des piqûres de mouches est supérieur à 1%.

Lutte culturale

Dans les vergers fruitiers, de nombreux travaux ont été réalisés en vue de maitriser la bio-écologie de la cératite et de rechercher des moyens de lutte autres que ceux déjà utilises dont l’efficacité s’avère limitée et la toxicité établie. La lutte envisagée est purement culturale et consiste en la recherche de variétés résistantes et de sols qui réduiraient les populations de ce déprédateur. 58

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Les pratiques culturales les plus utilisées et qui ont contribué a la lutte contre la cératite : • Les fruits attaqués doivent être détruits et enfouis. Aucun fruit ne doit rester au sol dans le verger. Les fruits doivent être mis dans des sacs en plastique fermés hermétiquement et exposés au soleil pendant deux mois au minimum. • Toutes les plantes réservoirs présentes autour des parcelles doivent être éliminées : à savoir les néfliers, les bigaradiers, les figuiers de barbarie, les haies d’Aberia et de Lycium. • Un travail du sol régulier en hiver sur les 5 premiers centimètres sous les frondaisons permet d’exposer une partie des pupes hivernantes à l’humidité, au gel éventuel et aux prédateurs et peut ainsi diminuer la première génération suivante.

Lutte chimique

La lutte chimique généralisée avec des produits non sélectifs présente des inconvénients majeurs, qui résident dans la destruction des ennemis naturels, l’augmentation des taux de résidus dans les fruits et la recrudescence de

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ravageurs secondaires. C’est pour cela que cette méthode doit être évitée autant que possible dans nos vergers. Les traitements qui consistent en l’application d’un insecticide additionné d’un attractif alimentaire, se font chaque fois que le niveau des captures par piège le nécessite. A noter que les seuils d’intervention

peuvent varier en fonction de la région, de la variété, de l’état de maturité du fruit et de la charge de l’arbre.

Piégeage de masse et appâtage

Cette lutte consiste en l’installation d’un nombre important de pièges par ha (de 30 à 400) selon les spécialités

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Mouche méditerranéenne

commerciales. Il s’agit d’un traitement permanent au sein de la parcelle qui permet de garder la population à un niveau bas. Il est plus efficace quand il est appliqué à grande échelle. Mais il peut s’avérer nécessaire d’avoir recours à des traitements chimiques en cas de fortes populations. Pour cela il faut toujours garder les pièges de surveillance pour déterminer le seuil de traitement. Cependant, il ne contrôle pas à 100% le ravageur. A noter que pratiquement tous les groupes producteurs exportateurs d’agrumes installent les pièges de masse homologués. À cet égard, l’utilisation de systèmes à appâts alimentaires, permettant d’attirer ces mouches qui meurent ensuite à l’intérieur du piège, se généralise progressivement. Ces dispositifs vont des modèles simples faisant appel à des bouteilles aux inventions beaucoup plus sophistiquées. Certains utilisent des insecticides d’autres non. Parmi les solutions disponibles sur le marché, on trouve Cera Trap® mise au point par la société BIOIBERCIA et qui fonctionne en émettant de façon continue et contrôlée des composés volatiles à fort pouvoir attractif pour les adultes nuisibles. Cera Trap® attire plus de femelles que de mâles et plus particulièrement les jeunes femelles vierges qui sont ainsi capturées avant d’être fécondées et avant qu’elles ne puissent percer les fruits pour y déposer leurs œufs. Une fois que la mouche entre dans le piège, elle ne peut plus s’en échapper et meurt par noyade dans le liquide. Ce piège n’utilise pas d’insecticides, ni dans sa formulation, ni dans son utilisation sur le terrain. Les résultats obtenus prouvent que Cera Trap® permet de réduire significative60

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ment l’infestation des cératites et donc les dommages sur les fruits. Aussi, parmi les solutions les plus récentes mises sur le marché, le système d’appâtage-et-de-mort Magnet™ MED de la société Suterra. Il consiste en une plaque qui renferme un attractif et dont l’extérieur est imprégné de deltamethrine. Les mouches, attirées par l’appât, viennent se poser sur le piège et meurent intoxiquées quelques instants plus tard. Ce produit apporte des atouts supplémentaires, dont celui de ne recourir qu’à une seule application par campagne agricole, ainsi que le fait de ne pas avoir à entretenir le dispositif ou l’avantage de bénéficier d’un produit qui reste attractif pendant au moins 6 mois. Cette durée protège la culture bien au-delà de la période sensible de la récolte, ce qui contribue à une diminution des populations de ravageurs dans la zone.

La confusion sexuelle

Elle consiste à diffuser dans l’atmosphère du verger des quantités importantes de phéromone sexuelle de synthèse de façon à désorienter les mâles empêchant ainsi la rencontre des sexes. Cette méthode ne présente aucun avantage pratique pour la Cératite à cause de ses exigences techniques et économiques (coût élevé de la phéromone).

La technique des mâles stériles

Elle consiste en des lâchers massifs de males stérilisés aux rayons gamma de l’espèce en question dans la nature où ils entrent en compétition avec les mâles naturels pour la fécondation des femelles (pas de descendance).

La protection de l’environnement est l’avantage le plus important de cette technique qui est plus économique quel’utilisation des insecticides. Cette méthode est également compatible avec d’autres techniques telles que la lutte biologique. En 2008, un programme de lâchers de mâles stériles de cératite a été lancé dans la région du Souss au niveau d’une zone pilote de 4.800 Ha, visant la réduction du niveau de pullulation de ce ravageur au niveau de la zone traitée et par conséquent des traitements appliqués.Les pupes utilisées pour ces lâchers sont importées de l’unité de Valence en Espagne à la charge de l’ONSSA et Maroc Citrus assure le financement des ressources humaines et des opérations de lâchers sur le terrain. A noter qu’une unité de production de mâles stériles de cératite est prévue à Agadir dans le cadre d’une convention conclue entre Maroc Citrus, l’ORMVA du Souss Massa et l’ONSSA. L’unité sera construite et équipée par l’Etat qui déléguera sa gestion et son fonctionnement à Maroc Citrus. Cette unité, qui sera équipée d’un irradiateur, va permettre la production localement de près de 200 millions d’insectes stériles par semaine, ce qui va faciliter l’extension des lâchers vers les autres régions agrumicoles du pays.

Lutte biologique

Pour un meilleur contrôle de la cératite des essais ont démontré que la combinaison de la technique de mâles stériles et les lâchers des parasitoïde ont abouti à réduire 10 fois la population de C. capitata en seulement six mois. Ci-après quelques agents de contrôle biologique de la cératite : 1- Fopiusaris anus (Sonan) 2-Diachasmimorpha longicaudata 3- Coptera haywardi Au Maroc, comme ennemi naturel, le seul parasitoïde connu de la cératite est l’hyménoptère Opius concolor szpe ligeti. Mais il existe également des prédateurs tels que les fourmis, les araignées et les oiseaux. Systèmes automatiques pour la détection des dégâts de la cératite sur les fruits Les traitements de quarantaine exigés pour contrôler la cératite en post-récolte peuvent être surmontés s’il y a un système de détection capable d’éliminer tous les fruits présentant des dégâts de la cératite dans la chaîne de conditionnement. www.agri-mag.com


liaire utile. C´est pour cela que tous les agrumiculteurs doivent utiliser une gestion phytosanitaire qui englobe tous les moyens de lutte ne causant pas beaucoup de dégâts à l´environnement dans le cadre d´une lutte intégré. En fait, l’Institut de recherche agronomique de Valence (IVIA), a développé un système optique de vision ; artificiel multi spectral, capable d’identifier l’origine des dégâts externes sur les fruits d’agrumes et d’évaluer leur importance. Ce système arrive à détecter les fruits piqués par la mouche méditerranéenne en combinant des informations recueillies sous le spectre ultra violet (UV), infra rouge (IF) et le visible.

Les moyens de contrôle en post-récolte

- Traitement au froid : Ce type de traitement est très ancien mais son usage pour les fruits tropicaux est très limité car les températures inférieures à 10 °C les endommagent en cas de stockage prolongé.A noter que Maroc Citrus prévoit la réalisation du protocole expérimental de traitement au froid de la cératite tel qu’exigé par l’Autorité Phytosanitaire Japonaise. Ce protocole consiste en l’identification du niveau de la température et de la durée du traitement au froid à appliquer aux fruits d’agrumes à exporter sur ce pays. - Irradiation : Longtemps délaissée au profit de la fumigation, ce n’est qu’au début des années 80, avec la reconnaissance par un comité d’experts internationaux de l’absence totale de dangers et risques liés à la consommation d’aliments irradiés que son utilisation a été agréée pour certains produits. La nature, les sources de l’ionisation irradiante et la dose d’irradiation sont déterminants. Les mesures de lutte basées essentiellement sur la lutte chimique ne fait qu’aggraver la situation. L’augmentation de la fréquence des traitements aux pesticides pose des problèmes de pollution de l’environnement, de résidus sur les cultures et de destruction de la faune auxiwww.agri-mag.com

Utilsable sur: agrumes, raisin de table, fruits à pépins et à noyaux, fruits subtropicaux et tropicaux.

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Phytoprotection

La mouche blanche

Pour une protection efficace contre ce fléau S’attaquant à de nombreuses espèces végétales cultivées, les aleurodes ou mouches blanches (whiteflies en anglais), bien connues et redoutées par les producteurs, sont particulièrement dangereuses et peuvent occasionner des dégâts énormes aux cultures. Deux espèces de ces ravageurs attaquent la tomate : Bremisia tabaci et Trialeudes vaporariorum. Il est primordial de bien les connaitre afin d’établir le diagnostic et de mettre en place un programme de lutte adapté permettant d’éviter d’en subir les désastreuses conséquences.

Bemisia tabaci (Gennadius)

B. tabaci aurait un adulte plus petit avec des ailes accolées au corps au repos et un puparium jaune ovale, plat avec une marge extérieure arrondie, sans poils, alors que T. vaporariorum serait plus grande à l’état adulte avec un puparium

allongé couvert de longues soies, cireuses et épineuses. B. tabaci est un ravageur très polyphage signalé sur environ 500 espèces végétales cultivées et spontanées appartenant à 74 familles botaniques, surtout les Solanaceae, Chenopodiaceae, Asteraceae, Cucurbitaceae et Malvaceae. Elle attaque les cultures maraîchères (tomate, aubergine, melon, pastèque…), les plantes ornementales (Poinsettia, Lantana, Salvia…) et les mauvaises herbes (Datura stramonium, Solanum nigrum…). Biologie et dégâts B. tabaci s’alimente directement à partir du phloème. Lorsque la population est importante, la succion des feuilles entraîne une perturbation des activités physiologiques de la plante qui se traduit par une réduction de la croissance et parfois une chute des feuilles. Ceci entrave le développement du fruit provoquant ainsi une diminution du rendement de l’ordre de 20% ou plus. Le développement de la fumagine (Capno dium spp.) sur les fruits et les feuilles (diminution de la photosynthèse), nuit à la croissance de la plante. En ef-

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fet, ce champignon se développe sur le miellat des aleurodes, riche en sucres. Les fruits de la tomate peuvent alors être sérieusement endommagés (revêtement noir sur l’épiderme). En plus de ces dégâts B. tabaci peut transmettre une trentaine de virus dont les plus importants sont des Geminivirus dont le Tomato yellow leaf curl viruse ou TYLCV est le virus le plus important. D’autres groupes de virus peuvent également être transmis par B. tabaci à savoir les Carlavirus: (Cowpea Mild Mottle Virus), les Clostérovirus: (LettusInfectious Yellow Virus, Cucurbit Yellow Stunting Disorder Virus, Sweet Potato Sunken Vein Virus, Tomato Infectious Chlorosis Virus) et le Rod shaped (Cucumber Yellow Vein Virus). Transmis par le mode persistant, le TYLCV provoque sur les feuilles 2 types de symptômes : un jaunissement plus ou moins prononcé des feuilles qui commence du bord extérieur du limbe vers la nervure principale et leur enroulement vers le haut, en forme de cuillère. Le développement de la plante est bloqué, la taille des folioles est réduite et la longueur des entre-nœuds est raccourcie, ce qui entraîne un nanisme de la plante quand l’infection est précoce. Ainsi, la production est fortement compromise puisque la plante ne produit plus de fruits à cause de l’abscission des fleurs. B. tabaci s’adapte mieux aux conditions estivales et son développement y est optimal à des www.agri-mag.com


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températures de l’ordre de 30 à 33°C. Sa biologie est fortement liée au climat de la région et à la plante hôte (+autres facteurs). Au Maroc et plus particulièrement dans la région du Souss, B. tabaci est l’aleurode le mieux représenté sur tomate (67%). Il y évolue en 3 à 4 générations chevauchantes entre septembre et mai. En conditions contrôlées (27°C de température et 65% d’HR), la durée de développement larvaire de B. tabaci varie de 21 à 27 jours, alors qu’un adulte vit entre 10 et 13 jours. La femelle pond environ 100 œufs durant toute sa vie et le nombre de femelles est légèrement supérieur à celui des mâles qui est de 48%. En qualité de vecteur, l’espèce peut acquérir le virus en 20 minutes et le transmettre en 15 minutes. Néanmoins, selon certains auteurs, le TYLCV a besoin d’une période de latence de 17 heures. La distribution de B. tabaci est fortement agrégative, ses pullulations débutent à partir des foyers, et les 2/3 des œufs sont généralement pondus dans le lieu le plus chaud de la parcelle. Les adultes peuvent voler (vol actif ) pendant plus d’une heure, ils sont transportés par le vent (vol passif ) ou par l’homme sur de longues distances. La répartition des larves et des adultes de B. tabaci sur une plante n’est pas aléatoire. Les adultes préfèrent les jeunes feuilles pour s’y nourrir et y pondre, et les larves se distribuent du haut vers le bas : sur un plant de tomate, les stades les plus âgés sont présents sur les feuilles basses, alors que les œufs et les larves jeunes se trouvent sur les jeunes feuilles.

Trialeurodes vaporariorum (Westwood)

T. vaporariorum est une espèce fré64

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quente dans les serres de la région méditerranéenne. Elle a une large gamme de plantes hôtes (274 espèces appartenant à 81 familles botaniques différentes). Rencontrée principalement sur cultures ornementales (Gerbera, Pélargonium, Poinsettia...), cultures maraîchères (haricot, courgette, piment, tomate...), sur tabac et sur plusieurs adventices. Ses dégâts directs sont semblables à ceux infligés par B. tabaci. Plusieurs seuils de tolérance ont été établis pour T. vaporariorum : une densité de 400 adultes/plant peut être tolérée et ne nécessite pas un traitement, alors qu’une densité de 0.7 immature/cm² de surface foliaire réduirait le rendement de tomate sous serre de 5%. Généralement une densité qui dépasse 6 larves par cm² peut provoquer une perte économiquement importante. En plus des dégâts directs T. vaporariorum peut transmettre certains virus: SunflowerMosaic Virus, TomatoInfectiousChlorosis Virus, TomatoChlorosis Virus, Beet Pseudo Yellows Virus. Biologie et dégâts T. vaporariorum présente le même cycle évolutif que celui de B. tabaci. La femelle commence à pondre 1 à 3 jours après son émergence. Elle dépose entre 30 et 500 œufs durant sa vie sous forme de cercle à la face inférieure des feuilles. La femelle préfère l’aubergine et peu le poivron pour y pondre. Après éclosion, chaque œuf donne naissance à une larve qui évoluera en 4 stades dont le dernier est assimilé à une pupe de laquelle émerge le futur adulte. Le zéro de développement de T. vaporariorum est d’environ 7°C. Une température de 24°C est optimale pour son développement, alors que la température létale serait de 35°C pour les

œufs et 38°C pour les larves. La durée moyenne du cycle complet est de 32 jours, mais on note sur haricot 110 jours à 12°C et 25 jours à 21°C. Un adulte peut vivre sur tomate 50 jours à 15°C et seulement 8 jours à 27°C. Sur poivron, l’insecte survit très peu, sa mortalité étant très élevée. Contrairement à B. tabaci, la population larvaire rencontrée sur la même feuille est généralement homogène. Les adultes se trouvent au sommet de la plante et y déposent leurs œufs, de préférence sur les jeunes feuilles à partir desquelles les larves âgées vont se diriger vers les anciennes feuilles.

Stratégie de lutte

En matière de lutte contre les aleurodes plusieurs mesures sont conseillées : - Au niveau de la pépinière : produire des plants sains indemnes de toute maladie virale ; - équiper la serre sur les côtés latéraux et sur la faîtière de filet Insect-Proof (10x20) adéquat qui élimine les entrées des aleurodes. Les portes (sas) peuvent aussi être efficaces ; - installer des plaques et des bandes jaunes comme moyen de piégeage de masse ; - désherber et incinérer les résidus de cultures pour détruire les pupes. Dans ce cadre il serait nécessaire de pratiquer un vide biologique pour réussir cette mesure ; - pratiquer une rotation culturale qui serait bénéfique pour réduire les populations de l’insecte ; - éviter les périodes et les lieux de fortes pullulations de B. tabaci pour planter, en décalant les dates de plantation de tomate et lui épargner le virus. Un désherbage complet et régulier permet de débarrasser l’intérieur et le pourtour de la serre des réservoirs de www.agri-mag.com


Nesidiocoris tenuis Reuter

l’aleurode. Le choix de quelques variétés tolérantes, pourrait minimiser les chances d’expression du TYLCV mais il n’inhibe pas sa propagation; - surveiller des adultes piégés sur plaques jaunes pour détecter les premiers vols et intervenir avec un traitement adulticide. 5 à 8 plaques par hectare peuvent être installées à 20cm en dessous de l’apex pour être contrôlées, chaque jour au début de la culture et chaque semaine vers sa fin. Les pièges jaunes peuvent servir aussi pour le piégeage de masse, ils peuvent être installés sous forme de bandes en plastique jaune englué, à l’intérieur et à l’extérieur de la serre ;

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- inspecter les plants, à l’aide d’une loupe à main, pour détecter les premières larves visibles. Ceci sera la base du choix de l’utilisation d’un larvicide. Insister dans ce cas sur les lignes de bordure et sur les feuilles basales, c’est là où on peut facilement trouver des pupes et des larves. L’observation des œufs reste difficile, mais la présence d’adultes sur les feuilles du tiers supérieur laisse supposer que les femelles ont déjà commencé la ponte ; - savoir distinguer entre les deux espèces d’aleurodes à l’œil nu. L’adulte de B. tabaci est plus petit, blanc jaunâtre. Au repos, ses ailes sont accolées au corps, alors que celui de T. vaporariorum est recouvert par un duvet cireux blanchâtre, ses ailes sont en forme de toit, maintenues en parallèle. - raisonner la lutte chimique en choisissant des produits sélectifs

et en alternant les matières actives pour éviter le phénomène d’accoutumance. Il faut donc s’orienter vers l’usage de produits naturels ou d’agents biologiques qui ciblent spécifiquement le ravageur sans pour autant être nuisibles aux organismes bénéfiques ou utiles associés au ravageur. Concernant la lutte chimique, qui ne cesse d’évoluer, les producteurs marocains ont le choix entre plusieurs insecticides homologués. - utiliser des ennemis naturels, comme la punaise prédatrice Nesidiocoris tenuis Reuter (Hétéroptère. Miridae), les parasitoïdes du genre Eretmocerus (Hymenoptera; Aphelinidae) et les champignons entomopathogènes dont Verticillium lecanii (Moniliales).

Extrait d’un article de Pr. BENAZOUN Abdeslam

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Filière

Pomme de terre

Une production handicapée par des déséquilibres récurrents Abdelmoumen Guennouni

La pomme de terre est le légume le plus consomméau Maroc. C’est un produit qu’on peut trouver dans le commerce en frais (en plus du stockage frigo) toute l’année et également, en terre, dans les plantations, tout au long de l’année, dans les différentes régions de production, vu leur complémentarité. Par ailleurs, de nombreux professionnels estiment que la conduite technique de la pomme de terre a beaucoup évolué et que, actuellement, elle est assez bien maitrisée par la plupart des producteurs puisqu’elle ne nécessite pas une très grande technicité (comparée à d’autres filières), d’autant plus que son cycle de production est court (3-4 mois) et que son rendement à l’hectare n’a cessé d’augmenter depuis des décennies.

C

onsidéré au Maroc comme culture maraichère alors que dans d’autres pays elle est classée comme grande culture, la pomme de terre est l’une des cultures employant le plus de main d’œuvre. En outre, et comme important complément alimentaire aux céréales, elle contribue à l’alimentation des marocains sous diverses formes et offre énormément de potentialités pour toute la filière.

Amélioration de la production malgré des superficies stationnaires Au cours d’un demi-siècle (entre 1961 et 2017) la culture de la pomme de terre au Maroc a connu une évolution relativement lente puisqu’elle n’a été multipliée que par un peu plus de 4 en 56 ans (Figure 1). Ainsi, elle est passée de 15.000 ha par an en 1961 à un pic de 65.600 ha en 1996 pour se stabiliser autour de 60.000 ha au cours des 2 dernières décennies. Cependant, l’évolution des superficies a enregistré des fluctuations avec des baisses interannuelles liées aux résultats commerciaux de l’année précédente qui causent fréquemment des baisses importantes des recettes des producteurs.

NB : Les graphiques sont réalisés par nos soins à partir de données de Faostat

Parallèlement, la production a connu une évolution relativement plus rapide et plus régulière

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A droite M. Abdelhak Rochdi , responsable commercial PIONAGRI. à gauche M. Rachid El Barkaoui, Responsable développement pomme de terre PIONAGRI

passant de 150.000 t en 1961 à 1,92 Mt en 2017 soit une croissance de plus de 13 fois (Figure 1). Ainsi, après une certaine stagnation entre 1961 et 1975, la croissance a été plus rapide et plus soutenue depuis cette dernière date jusqu’en 2017 (multipliée par près de 10). Cette croissance a été possible suite à une augmentation du rendement par hectare obtenue par les producteurs grâce à une amélioration de l’itinéraire technique qu’ils n’ont cessé d’améliorer (Figure 2). En effet, ce rendement a été multiplié par 3 en passant de 10 à 30 tonnes par hectare. Pourtant les professionnels n’ont cessé de tirer les sonnettes d’alarme quant à certaines difficultés freinant son évolution : * la question variétale, * absence de production nationale de semences et de recherche, * désintérêt des exportateurs, * manque de rentabilité et de compétitivité, * dépendance du marché extérieur en matière d’approvisionnement du pays en plants certifiés * fluctuation des prix à l’importation des plants certifiés avec tendance actuelle à la hausse. * risque d’introduction de maladies et ravageurs non existants au Maroc. * baisse de la productivité en quantité et qualité par l’utilisation des plants non certifiés ...

Périodes de production Production de saison

Elle diffère légèrement selon les régions et selon les conditions climatiques limitant la période de culture et qui est principalement la crainte des producteurs de la survenue des gelées. Selon M. Rachid El Barkaoui, Responsable Technique et chargé des plateformes expérimentales Pionagri, on peut distinguer différentes régions selon leur précocité de mise en place, sachant que la différence entre régions n’excède pas 2-4 semaines : · Région côtière : Gharb (Lamnasra, Ouled Jelloul, Dlalha, Laaouamra, …) où la plantation commence en janvier. De même qu’à El Jadida. · Février : o Grand Casablanca : Berrechid, Médiouna o Doukkala : Boulaaouane, Ouled Frej, El Aounate o Agadir : Chtouka Aït Baha, Taroudant · Plus tardives (1 à 2 semaines) : Régions de Meknès et Berkane Généralement, les récoltes se déroulent entre mai et début juin dans toutes les régions. La pomme de terre de saison est destinée à plusieurs utilisations : « Une partie est directement mise sur le marché, « L’autre partie est mise en frigo pour stockage - Les quantités les plus importantes sont destinées à la consommation et sont commercialisées au fur et à mesure, selon les conditions du marché - Les tonnages restants (de calibre 35- 55) sont www.agri-mag.com

stockés pour être utilisés comme semences pour la production d’arrière saison.

Production d’arrière saison

Pour cette production, la plantation a lieu au mois d’aout pour une production à partir de décembre. La date de plantation pour la pomme de terre d’arrière saison varie selon les régions, les fortes températures et les risques de gelée. En effet, en cas de températures élevées les plantes seront mono-tiges et donneront un rendement plus faible, alors que si la mise en place de la culture est tardive elle risque de coïncider avec des périodes de gel. Production de montagne (Moyen et Haut Atlas) La plantation s’effectue entre fin avril et mai pour une entrée en production en septembre. Cette culture est localisée dans les zones d’altitude entre Moyen et Haut Atlas, notamment à Timahdit, Guigou, Midelt, etc. Elle utilise des plants communs non contrôlés, qui proviennent de la production d’arrière saison des régions de Meknès, Marrakech et Doukkala constituant la 3ème génération issue des semences d’importation.

Une production entre contraintes et modernisation Choix variétal

D’après les professionnels de la filière, les besoins nationaux en semences sélectionnées de pomme de terre s’élèvent à 150 000 t et sont couverts à hauteur de 30% par les importations annuelles de différents pays européens, soit 45 000 t par an en moyenne coutant au pays plus de 30 M$ (Faostat) en devises fortes. En outre, elles sont constituées essentiellement des variétés du domaine public obsolètes, de plus de 45 ans d’âge comme la Désirée (40%) et Spunta (10%) qui représentent environ la moitié des tonnages importés. Le reste des tonnages est réparti entre de nombreuses variétés protégées (environ 75) appartenant à différents fournisseurs européens. Près de la moitié des importations sont effectuées par les trois plus grandes sociétés sur la vingtaine opérant sur le marché marocain et sont fournies par une quarantaine d’obtenteurs étrangers. Sur la dizaine de pays fournisseurs, les 2/3 des importations proviennent de Hollande suivie par l’Ecosse. Le Danemark, la France, etc. suivent avec de faibles taux, entre 0,2 et 6%.

Pourtant, les variétés inscrites au catalogue officiel marocain, explique M El Barkaoui, sont nombreuses (plus de 300) et couvrent toutes sortes d’utilisations, en plus de la possibilité d’accéder aux nouvelles variétés performantes obtenues à l’échelle internationale. Cependant, les consommateurs marocains ne connaissent que deux types la pomme de terre : lablanche et la rouge au moment où, à travers le monde, on trouve des centaines de variétés pour tous usages, bien connues des consommateurs. De même, le Maroc, où la surproduction devient structurelle, en arrive même à importer des produits de PDT transformées, dont plus de 35.000 t de frites prédécoupées surgelées par an, entre autres d’Egypte et destinées aux restaurateurs essentiellement et de plus en plus aux consommateurs particuliers.

Multiplication des semences

L’idée de produire des semences de pomme de terre au Maroc a toujours existé chez les professionnels marocains et les organismes publics intervenant dans le secteur. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers et de limiter les sorties en devises pour leur importation. De nombreux projets ont été établis mais sans résultats. On peut citer, par exemple, le programme lancé en 1977 par la DPVCTRF associant la SONACOS, l’OCE et la SASMA ainsi que des producteurs de bon niveau technique. Cependant malgré les efforts fournis, les résultats n’étaient pas à la hauteur des espérances. De même que des essais qui ont été conduits pour la multiplication par la technique in vitro ou la production à partir de semences botaniques (graines). Ainsi, et de l’avis de M. Belhaj FATHI, Responsable technique au sein de la société Kettara, vu l’absence d’un programme national de création de nouvelles variétés comme le cas pour les céréales, la production locale a été un véritable échec, et les producteurs locaux de pomme de terre préfèrent les semences importées au détriment d’une production locale, dont les couts ne permettent pas d’être compétitive. Il ajoute que, parmi les facteurs handicapant cette compétitivité, l’entreposage frigorifique qui, à lui seul, représente jusqu’à 30% du prix de revient. Cependant, le principal obstacle à cette production serait, d’après certains professionnels, le climat au Maroc. En effet parmi les exigences de cette opération, des températures assez faibles et régulières puisque la chaleur peut entrainer le développement des problèmes physiologiques et sanitaires (bactéries, chamAgriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Pomme de terre jourd’hui dans notre paysage agroindustriel. Cette industrie contribuerait par la même occasion à faire évoluer la culture vers des variétés à haut potentiel adaptées à ces utilisations spécifiques. Les utilisations potentielles sont nombreuses, mais on peut citer certaines des plus pratiquées comme les frites surgelées, chips, plats cuisinés (purée, gratins, patates farcies, …). Sans oublier les fécules et amidons destinés à diverses activités comme la charcuterie, les sauces, gâteaux et pâtisseries, pain sans gluten pour allergiques, desserts lactés, pharmacie, cosmétique, additifs, etc.). D’autres utilisations, et non des moindres, sont possibles telles l’alimentation animale, …

Journée d’information des producteurs organisée par la société KETTARA

pignons, …). Par exemple en plantant des semences Super Elite on peut obtenir en Europe, des semences de classe Elite et même des Super Elites alors qu’au Maroc le processus s’accompagne d’une dégradation rapide de la qualité d’une génération à l’autre et on pourra obtenir dans ce même cas, au mieux des semences classe A. En outre la présence d’organismes certificateurs en Europe et de contrôles stricts tout au long du processus de production sur le terrain jusqu’aux analyses de laboratoire après arrachage, assurent la garantie, l’image et la confiance nécessaires aux producteurs et aux autorités compétentes.

Une production de plus en plus coûteuse

Dans un témoignage affecté, un producteur de longue date de la région d’Azemmour rapporte que, dans les zones traditionnelles comme Chtouka, les conditions ont beaucoup changé. Initialement les agriculteurs produisaient sur des sols vierges et fertiles, nécessitant peu d’intrants (engrais, produits de traitement), mais aujourd’hui les sols sont fatigués et nécessitent une grande technicité, des travaux plus complexes, des intrants de plus en plus chers et des moyens plus coûteux de lutte contre les maladies et les ennemis. Ainsi, l’utilisation de matière organique (fumier) est passée de 10 t il y a quelques années à 40 t/ ha aujourd’hui. Les producteurs de PDT s’approvisionnaient auprès des éleveurs pendant les périodes creuses (le fumier était moins de�mandé) à 1.000-1.200 dh par chargement de 7-8 t. Aujourd’hui, cesprix ont doublé ou triplé. « De même, sur le plan phytosanitaire les produits qui étaient les plus utilisés (manèbe et mancozèbe) ne sont plus fabriqués en Europe. Ils sont importés de certains pays d’Asie, moins chers, mais sans aucune efficacité », affirme un autre producteur. Aujourd’hui, il faut passer à d’autres gammes de produits nécessitant une grande technicité et beaucoup plus de moyens. Leurs prix ont augmenté de plus de 100%. Même chose pour les engrais (+ 100150%) et tous les intrants ont augmenté de plus de 100% alors que les prix de la PDT sont 68

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Commercialisation : Les aléas du marché

Le principal problème auquel font face les producteurs de pomme de terre au Maroc est quand et comment vendre leur produit, toujours les mêmes sur le marché. Ils n’aug� mentent qu’en cas de problèmes (inondations, sachant que la production lors de chacune des périodes, arrive groupée et que d’une année gelées) mais là il n’y a pas de marchandise. à l’autre l’offre et la demande peuvent varier énormément. Extension des zones D’après une étude réalisée par Imane El Bakali, de production Abdelkader Ait El Mekki (ENAM), les producAutre facteur favorisant la surproduction, teurs, notamment les petits et les moyens, l’extension des zones de culture. En effet, font face à de sérieux problèmes de commeralors que, avant, il y avait des régions spécia- cialisation qui se répercutent sur leurs revelisées dans la production de PDT, aujourd’hui nus, en dépit des efforts entrepris pour l’amétoutes les régions du pays produisent de quoi lioration de la production et de la productivité. satisfaire leurs besoins locaux ou régionaux. Ces problèmes sont fonction de déterminants, En outre l’augmentation de la production est principalement représentés par l’offre comaussi due aux aides et subventions accordées merciale, l’environnement commercial, les à l’agriculture (goutte à goutte, …) et dont il pratiques commerciales des producteurs et la rentabilité du produit. En outre, l’absence de n’est pas question de se plaindre. l’intervention de l’Etat en matière de commercialisation ne permet pas de développer les Dynamiser les exportations compétences commerciales des producteurs et l’agro-industrie qui se voient contraints de se fier en majoriSelon les données de Faostat (2016 et 2017), té aux intermédiaires pour l’écoulement de sur une production annuelle de 1,9 Mt, le Ma- leurs produits avec des ventes généralement roc exporte difficilement 46.000 t de pommes conclues sur le champ. Comme conséquence de terre de primeur. Les exportations sont à l’ensemble de ces contraintes, la marge nette aujourd’hui marginales alors qu’elles dépas- des producteurs reste relativement faible par saient fréquemment les100.000 t au cours rapport à celles des détaillants des souks des années 80-90, enregistrant une chute et des villages et des Moyennes et Grandes de 70 à 90%. Les raisons de ce déclin sont Surfaces. L’amélioration de l’intégration au diverses et ont été souvent abordées sur les marché devrait passer par le renforcement de pages de ‘‘Agriculture du Maghreb’’. De fait, la formation des producteurs en termes de pour reprendre la place qu’il a abandonné à la techniques de commercialisation, la mise en concurrence, notre pays est appelé à adopter place d’un système efficace d’information sur des mesures incitatives pour relancer la filière, le marché et l’encouragement de la commerrelance qui passe par sa mise à niveau et son cialisation collective de la pomme de terre à adaptation aux exigences des marchés et aux travers des coopératives. différents types d’utilisation. Par ailleurs, et depuis quelques années les De même, et dans la recherche de nouveaux professionnels constatent une offre dépassant débouchés, certains proposent d’encourager largement la demande du marché. Ce désél’export vers l’Afrique, dans le cadre des nou- quilibre persistant serait dû à la conjonction velles tendances vers le renforcement des de plusieurs causes : relations avec les pays du continent. Actuelle- · Suppression du système de quotas qui liment, on exporte par camion de petites quan- mitait les tonnages importés par les fournistités en vrac, d’oignons, carottes et PDT vers la seurs de semences sélectionnées qui depuis Mauritanie, le Sénégal et le Mali. quelques années, peuvent importer les quanPar ailleurs, et afin d’appuyer la reprise de l’ex- tités qu’ils estiment pouvoir écouler. port et de soutenir la production nationale de · Effet des subventions et aides publiques pomme de terre, il est nécessaire de créer une sur l’extension des superficies (goutte à industrie de transformation qui manque au- goutte, mécanisation, …) www.agri-mag.com


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Pomme de terre

· Apparition régulièrement de nouvelles variétés plus performantes et plus productives contribuant à augmenter l’offre · Faibles quantités à l’export vers les marchés traditionnels, sans l’apparition de nouveaux marchés · L’export vers l’Afrique sub-saharienne absorbe des quantités très faibles, d’autant plus si la production européenne est élevée et qu’elle inonde ce marché impactant la demande sur la pomme de terre marocaine · Absence d’industrie de transformation (frites, chips, purée, farine, …). A signaler que le Maroc importe annuellement des quantités importantes de pommes de terre prédécoupées pour frites à partir de l’Europe et même de l’Egypte. · Le système de commercialisation imposant un passage obligé par les intermédiaires et le marché de gros conduit à augmenter considérablement le gap entre producteurs et consommateurs. Ainsi, un kilo payé au producteur 0,801,00 dh arrive sur les étals à plus de 3,50 dh, soit 4-5 fois plus. · Amélioration des conditions de conservation avec l’installation de nouvelles unités de stockage frigorifique, diminuant par là même le recours au stockage, de moins en moins pratiqué, en ‘‘huttes’’ traditionnelles. En effet ce dernier est accompagné d’une perte non négligeable d’une partie des tonnages stockés suite à des pourritures et maladies non maitrisées, accompagnée d’une application de produits phytosanitaires dépassant largement les normes. A signaler que le coût du stockage n’est que de 0,50-0,70 dh/kg sur une période de 3 mois (au-delà s’ajoutent 0,10 dh/ kg par quinzaine) avec un tonnage à la sortie égal à celui entré au frigo sans aucune perte.

Un avenir sous conditions

Pour sa reviviscence, la filière pomme de terre doit relever de nombreux défis afin d’occuper la place qu’elle mérite au sein du paysage agricole et agroalimentaire marocain. Parmi ces défis : - Amélioration du rendement : avec une moyenne nationale ne dépassant pas 30 t/ha la pomme de terre ne donne que la moitié de ses potentialités, puisque les meilleurs producteurs arrivent à un ren�dement de plus de 50 t/ha. Pourtant, le Maroc dispose de toutes les conditions nécessaires (zones favorables, compé70

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tences, …) - Encadrement des producteurs, formation, conseil et vulgarisation des bonnes pratiques de production et de protection intégrée - La production locale de semences certifiées, importées à 100% serait à même de réduire les importations et la dépendance de l’étranger - Diversification variétale : aussi bien au niveau des producteurs que des consommateurs, qu’il s’agit également de mieux informer - Améliorer le stockage : des pertes importantes sont dues au post-récolte en raison du stockage traditionnel et de l’insuffisance des infrastructures malgré l’augmentation des frigos ces dernières années - Organiser le marché local : il s’agit de permettre une commercialisation qui assure au producteur un revenu décent sans pénaliser le consommateur par la cascade d’intermédiaires, dont les marchés de gros - Offrir un produit satisfaisant : respectant les normes de qualité, le consommateur, les limites maximales de résidus, l’environnement, etc. - Accorder plus d’importance à la recherche, sur tous les aspects de la culture tels les techniques de production, protection phytosanitaire, post récolte, … - Développer le secteur d’exportation : un plan d’action ambitieux et innovant est nécessaire aussi bien sur le plan technique que le post récolte, le commercial, le conditionnement, la logistique, la concurrence,… - Structurer la profession et aider à l’organisation professionnelle de tous les intervenants dans la filière, inexistante actuellement - Assurer aux professionnels une meilleure information sur les préférences des consommateurs - Valoriser la production par la transformation : les industries constituent un débouché potentiellement très important pour l’amélioration des revenus des agriculteurs, la création de valeur ajoutée, … Les opportunités existent aux professionnels de les saisir et aux responsables de les y aider. - Initier un programme de promotion opérationnel sur l’intérêt de l’utilisation des plants certifiés.

Témoignage :

Haj Mustapha Slimani, producteur de la région de Médiouna, nous apporte quelques éclaircissements sur le déroulement de cette campagne et sur une comparaison avec la campagne précédente, il prévoit que le rendement cette année sera inférieur de 20 à 30% par rapport à la campagne précédente. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette importante baisse de rendement, mais essentiellement les conditions agroclimatiques. Ainsi, la faiblesse des précipitations est le principal agent ayant impacté la culture vu que l’eau de pluie est de bonne qualité contrairement à l’eau des puits présentant une salinité plus ou moins élevée. De même, la pluie est accompagnée de basses températures et ambiance fraiche qui sont des facteurs favorables à la culture. Il rappelle également, qu’il y a deux ans, en raison d’une baisse des quantités d’eau d’irrigation disponibles, le rendement avait chuté de 40%. Par ailleurs, M.Slimani indique que même si les tonnages de semences importées cette année étaient plus faibles, la concentration de la production risque de provoquer une importante baisse des prix de vente des producteurs qui vendront sur pieds ou directement après arrachage alors que pour ceux qui stockeraient leur produit en frigo les prix seront certainement plus intéressants. En comparaison avec la campagne précédente la situation était inversée puisque pour les ventes sur le terrain les prix étaient plus élevés et plus rentables qu’après stockage en frigo. Une autre contrainte rappelée par M Slimani est celle de la main d’œuvre, de son coût, de sa disponibilité et de son efficacité. Pour y faire face les plus gros producteurs se sont équipés en arracheuses mécaniques qui permettent de récolter autour de 80% de la productiondans certaines régions comme Berrechid si l’on inclut la location aux autres producteurs. Seuls les plus petits producteurs ou ceux qui veulent bénéficier d’une certaine précocité d’entrée en marché recourent à la récolte manuelle.

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D’une balance export excédentaire vers un déficit chronique Historiquement, au cours de la période (1961-2016) les exportations marocaines de pomme de terre ont enregistré une évolution en dents de scie très marquée (Figure 3). Ainsi, au cours des 15 premières années, les exportations ont varié entre 40 et 100.000 t par an suives par une dizaine d’années (1976-86) de baisses importantes atteignant 30-50% de ce qui était exporté auparavant (20-70.000 t/an). Par contre les 3 dernières décennies ont connu deux phases : la première, entre 1987 et 2000, avec de fortes variations et des records de 100 à plus de 125.000t. La deuxième entre 2000 et 2016 au cours de laquelle les exportations, revenues au niveau d’avant 1987, ne dépassent pas 55.000t/an, mais avec des minimas entre 10 et 20.000 t.

Parallèlement, en termes de tonnages, les importations annuelles marocaines de pomme de terre ont fluctué de 1961 jusqu’en 1996 dans une fourchette allant de 20.000 à 40.000 t approximativement avec de plus grandes variations interannuelles en fin de période (Figure 3). Depuis 1997 elles ont enregistré une augmentation de 20-50% selon les années, avec des minima de 30.177 t en 1997 et 52.587 t en 2016. En termes de valeur des importations, et après une période de hausses régulières et quasi linéaires allant de 1961 (2,2 M$) jusqu’en 1988 (9 M $) la facture totale des importations de pomme de terre, essentiellement de semences, a enregistré une hausse plus marquée ramenant ce montant à 30 M$ (Figure 4). Cette hausse était liée aux quantités importées, aux prix du marché mondial et aux taux de change du dollar.

De même (Figures 4 et 5) les exportations en termes de valeurs, ont suivi plus ou moins la même tendance haussière que les importations jusqu’en 1988 avec des années où les deux montants s’équilibraient et d’autres où les exportations étaient excédentaires (+ 12 à 13 M$). Par la suite les recettes des exportations ont enregistré de grandes variations comprises entre 13 et 48 M$ par an. Cependant, depuis l’an 2000 la tendance s’est inversée et le bilan est devenu déficitaire atteignant des montants entre 21 M$ en 2011 et 12,3 M$ en 2016.

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Les plantes face aux différents stress Les végétaux sont particulièrement exposés aux différents types de stress vu leur incapacité à se déplacer pour changer de milieu et fuir les conditions défavorables. Leur seul moyen de défense est donc leur capacité à tolérer le stress. Le stress hydrique et salin est celui qui affecte de manière importante les végétaux. C’est même la tolérance à ce stress qui détermine la répartition des végétaux sur la surface de la terre.

S

eules les plantes adaptées à vivre dans des conditions d’aridité et de salinité sont capables de mettre en œuvre de manière spontanée les mécanismes d’ajustement osmotique et de neutralisation des radicaux libres. En effet, ces plantes sont préparées génétiquement pour fabriquer les osmoprotectants et les anti-oxydants. Par contre, la plupart des plantes à intérêt agronomiques sont incapable de fabriquer ces molécules de manière spontanée en réponse à un stress hydrique ou salin. Pour tirer profit du potentiel des plantes cultivées dans des conditions de chaleur, de sécheresse et de salinité, l’agriculture dispose de deux options complémentaires :

Prévenir le stress :

Il s’agit d’adopter des modes de 72

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conduite qui permettent de baisser l’intensité du stress (choix de la variété, choix de la saison, travail et amendement des sols, fertilisation et irrigation adaptées…).

Lutter contre le stress :

Il s’agit d’augmenter la tolérance des plantes au stress hydrique et salin. Parmi les solutions qui se proposent : 1. l’amélioration génétique des cultures : il s’agit d’introduire chez les plantes cultivées les gènes qui confèrent la capacité de perception du stress et du déclanchement des mécanismes d’osmo-régulation et de détoxification. Faisant appel aux techniques de transformations génétiques, l’amélioration génétique est encore en phase de recherche. 2. Apport exogène des osmorégula-

teurs et des anti-oxydants : il s’agit d’apporter à la plante par voie foliaire ou racinaires des molécules osmoprotectantes et anti-oxydantes ou d’autres molécules qui leur sont précurseurs. Pour les apports exogènes, des produits plus ou moins spécifique sont déjà d’usage sous la désignation de bio-stimulant ou anti-stress. On y trouve : - Les extraits d’algues : ils ont une ac� tion polyvalente. En plus des osmorégulateur (glycine bétaine, proline, Mannitol…), ils contiennent également des anti-oxydant (acide ascorbique, caroténoïde, …) ainsi qu’un ensemble d’oligo-éléments, d’acides aminées, de sucres et de vitamines. - Les acides humiques et fulviques : Ils n’ont pas un rôle dans l’osmorégulation, mais peuvent jouer un rôle dans la neutralisation des radicaux libres. www.agri-mag.com


Salinité Tolérent

- Les acides aminés : les produits communément vendu sous la désignation d’acides aminés contiennent tous les acides aminés qu’on peut trouver chez les êtres vivants. Ils sont présents à des concentrations variables et seuls quelques uns (proline par exemple) ont un rôle dans la tolérance aux stress hydrique et salin. A noter que les extraits d’algues, les acides humiques et fulviques ainsi que les acides aminés sont des produits à action polyvalente et non spécifique au stress osmotique. Leurs concentrations en osmorégulateurs et en anti oxydants est plus ou moins faible. On assiste actuellement à l’apparition de produits purifiés et concentrés en un ou deux principes actifs spécifiques à la lutte contre le stress osmotique. Ces produits sont des extraits de plantes adaptés aux stress osmotique. Leur fabrication nécessite des techniques d’extraction et de purification très avancées qui sont brevetées par leur obtenteur. Parmi les produits disponibles actuellement, on trouve des

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produits à base de Glycine bétaine purifiée, des produits à base de caroténoïdes, des produits à base d’acide ascorbique et des produits à base de sucre comme le Tréhalose.

Quel mécanisme utilisent les plantes pour survivre aux carences nutritives ?

Les plantes ont la capacité génétique de synthétiser des substances protectrices comme les « osmolytes ». La glycine bétaïne est l’osmoprotecteur le plus puissant du monde végétal. Elle augmente la pression osmotique dans la cellule végétale afin d’éviter la fuite de l’eau hors de la cellule aboutissant à sa mort. Elle permet la rétention ou la diffusion de l’eau et des oligo-éléments par la gestion de cette pression osmotique. De la même manière elle diminue le

Sensible

point de cristallisation de l’eau à l’intérieur des cellules de la plante. Cela permet de baisser la température de gelée et donc d’éviter l’éclatement des cellules et la mort de la plante. En viticulture, par exemple, en application foliaire à la fin de la floraison, la glycine bétaïne améliore la nutrition en cas de fortes chaleurs. Et 3 semaines avant la récolte, elle permet une meilleure résistance à l’éclatement / fissuration des baies et tenue des fruits post récolte (raisin de table). Pour les fruits, il a été démontré qu’elle permet même d’améliorer la conservation après récolte. Toute la réussite réside dans la prévision des agressions. Chaque agriculteur connaît les risques de fortes chaleurs (la météo l’y aide bien) et sait par exemple jusqu’à quand une gelée peut encore avoir lieu au printemps.

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Désherbage

Menthe bio Comment gérer les mauvaises herbes sans herbicides ? Dr. Abbès Tanji, Spécialiste du désherbage

En agriculture biologique, l’usage des herbicides est interdit. Ceci ne doit pas limiter l’adoption et l’extension de ce type de production agricole. Dans le cas de la menthe biologique, la gestion des mauvaises herbes est basée sur les labours, le faux semis, le paillage, le binage, le sarclage, l’arrachage manuel des mauvaises herbes et l’incinération de la cuscute. En utilisant les bonnes pratiques agricoles (irrigation, fumure et protection phytosanitaire), un seul désherbage manuel suffit entre 2 coupes, sachant que la menthe est une culture pérenne qui peut donner 4 à 5 coupes par an à raison de 10 à 20 tonnes/coupe/ha et reste productive pendant 4 à 6 ans.

Mauvaises herbes Il faut rappeler que les mauvaises herbes associées à la menthe se répartissent en 4 groupes : · les graminées annuelles comme le pâturin, les sétaires, le polypogon, le ray grass, l’avoine, les alpistes, etc. · les dicotylédones annuelles comme le pourpier, les chénopodes, les amarantes, les mauves, l’ortie, le coquelicot, le laiteron, les chardons, les moutardes, etc. · les vivaces comme les liserons, le chiendent, le souchet, la morelle, etc. · les parasites comme la cuscute.

Gestion des mauvaises herbes Labours et faux semis Tout d’abord, il est préférable que la parcelle (ou la serre) choisie pour planter la menthe soit non infestée par les

mauvaises herbes vivaces (liserons, chiendent, souchet, morelle ou autres). Si la parcelle qui sera plantée avec la menthe est infestée avec les mauvaises herbes vivaces, un ou plusieurs labours profonds seraient donc nécessaires pour extirper les systèmes enterrés des vivaces (rhizomes, stolons, tubercules, bulbes, souches). De même, des ouvriers peuvent collecter et brûler les vivaces. Ne pas oublier qu’en agriculture biologique, il n’est pas permis d’utiliser les herbicides comme le glyphosate pour détruire les vivaces. A noter que l’éradication des mau�vaises herbes vivaces peut parfois prendre plusieurs semaines ou plusieurs mois. L’essentiel est d’avoir une parcelle convenable et propre avant de planter la menthe. Car, la gestion des mauvaises herbes vivaces dans les cultures est très difficile voire impossible, et on finit, dans la plupart

des cas, par abandonner la parcelle de menthe infestée par les mauvaises herbes vivaces et chercher une autre parcelle. Le faux semis consiste à irriguer le terrain pour favoriser la germination et la levée des mauvaises herbes, et ensuite labourer pour détruire toute la végétation. En plus des labours, il est possible de recruter la main d’œuvre pour dégager les systèmes enfouis des vivaces avec les houes et les pioches, les exposer au soleil ou les collecter et brûler. Ces différentes opérations peuvent être répétées plusieurs fois avant de procéder à la plantation. En général, un labour profond avec la charrue à disques ou à socs coûte environ 500 DH/ha. Un labour moyen avec le cover crop coûte environ 200 DH/ ha. Les salaires pour la main d’œuvre varient de 70 à 100 DH/jour.

Sarclage Après la plantation de la menthe, les mauvaises herbes lèvent et occupent l’espace vide entre les plants cultivés. Si les infestations sont importantes, il y a concurrence des mauvaises herbes avec la culture pour l’eau et les éléments nutritifs, et réduction du rendement et/ou de la qualité de la menthe. Le sarclage précoce est donc nécessaire en utilisant la main d’ouvre équipée d’outils comme le couteau, la sarclette, le sarcloir ou la binette. Les racines des mauvaises herbes sont sectionnées au dessous du collet; les annuelles étant totalement détruites alors que les vivaces reprennent leur croissance. Il faut environ 10 jours de travail pour désherber 1 ha, avec un

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coût de 800 à 1000 DH/ha. Une seule opération de sarclage manuel suffit entre 2 coupes, sachant que la menthe offre 4 coupes par an.

Binage

Comme en agriculture conventionnelle, il est possible d’utiliser le binage mécanique avec la bineuse tractée, le binage à traction animale pu le binage manuel. Les binages mécanique et à traction animale détruisent les mauvaises herbes qui se trouvent entre les lignes, alors que le binage manuel détruit les mauvaises herbes qui se trouvent sur les lignes. Ces opérations de binage nécessitent un espacement adéquat (50 à 100 cm) entre les lignes.

Paillage

Après plantation de la menthe, il est possible d’épandre de la paille des cé�réales (ou autres) pour couvrir le sol entre les plants de la menthe. Et, c’est d’autant plus facile qu’il suffit pour cela de disposer en contact du sol des résidus de cultures, des plantes mortes, des brindilles et des branches broyées, les tontes de gazon, des copeaux de bois, des déchets compostés, de la paille, etc. L’essentiel est de ne pas couvrir les plants de menthe, mais de conserver une épaisseur de paillis entre 3 et 10 cm environ. Le paillis couvre la terre et empêche la lumière d’atteindre la surface du sol, ce qui réduit la germination et la levée des mauvaises herbes. Pailler présente également l’avantage de réduire l’arrosage et l’apport d’engrais. Le paillage avec les bâches en plastique, polyéthylène, polypropylène ou autre peut être utilisé, avant de planter, le long des rangées ou des lignes de plantation. Toutefois, les paillis organiques ont l’avantage d’être biodégradables.

Incinération de la cuscute

La cuscute est une plante parasite qui s’enroule autour des plantes cultivées et forme parfois un tapis dense jaune. Elle appartient à la famille des liserons ou Convolvulaceae. Les plantes parasitées par la cuscute sont affaiblies et n’ont aucune valeur commerwww.agri-mag.com

Couteau de cuisine: un outil très utilisé pour couper les mauvaises herbes de la menthe.

ciale, car la cuscute prélève l’eau et les substances nutritives. Puisque les herbicides ne sont pas permis, seul le fauchage des plantes de menthe parasitées par la cuscute et l’incinération sont préconisés.

Eviter la menthe bio en monoculture

La menthe en monoculture peut être facilement envahie par les mauvaises herbes, les ravageurs et les agents pathogènes. Ce qui pousse les producteurs à abandonner l’agriculture biologique et se convertir en agriculture conventionnelle. Pour éviter la monoculture et créer une biodiversité végétale, on peut associer la menthe avec d’autres cultures compagnes : absinthe, ail, artichaut, aubergine, bette, cardon, carotte, céleri, chou, coriandre, courgette, échalote, fenouil, fève, haricot, laitue, navet, oignon, persil, petit pois, poireau, poivron, pomme de terre, radis, sauge, tomate, etc. Cette diversification des cultures bio s’avère très pratique (cas de la ferme pédagogique de Terre et Humanisme à Dar Bouazza, cas de Swani Tiqa à Shoul, etc…), puisque d’une part les bonnes pratiques agricoles (irrigation, fumure et protection phytosanitaire) sont suivies, et d’autre part les mauvaises herbes, les ravageurs et les agents pathogènes sont maitrisés sans pesticides. Les producteurs sont organisés en réseaux ou associations qui regroupent plusieurs jardins maraîchers agro-écologiques, à tel point que la menthe bio et autres produits agricoles bio sont disponibles pendant toute l’année. Dans le cas de la menthe biologique, diverses techniques de désherbage non chimique sont à la portée des agriculteurs : labours, faux semis, paillage, binage, sarclage, arrachage manuel des mauvaises herbes et incinération de la cuscute. La combinaison de ces techniques exige une mécanisation adaptée et une main d’œuvre qualifiée. En somme, pour réussir la menthe bio, il faut éviter de l’installer en monoculture mais la planter en association avec d’autres cultures compagnes.

Collecte manuelle des mauvaises herbes

Binette: un outil très utilisé pour désherber la menthe

La cuscute, une plante parasite, à contrôler en fauchant et brulant les plantes parasitées

Chiendent pied de poule, Njem, une Graminée vivace à éradiquer avant de planter la menthe

Morelle à feuilles argentées, une mauvaise herbe vivace à éradiquer avant de planter .

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Agro-Equippement

Maintenance d’une batteuse-vanneuse à poste fixe Pr. Bouzrari B. Département Energie et Agroéquipements Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II - Rabat.

Problématique

Au Maroc, la maintenance (entretien et réparation) et les conditions de sécurité dans le travail avec batteuses-van�neuse à poste fixe méritent beaucoup d’efforts d’encadrement et de sensibilisation. Les idées exposées dans cet écrit sont le fruit, depuis les années 1980, de constats, d’études, de travaux de terrain puis d’encadrement de formations continues de vulgarisateurs du ministère de l’agriculture et autres techniciens. Une analyse critique des machines en action ou en hivernage, de leur utilisation et de leur état a permis de constater que : (1) la qualité du travail obtenu laisse beaucoup à désirer, notamment lorsque l’appareil est utilisé pour la prestation de service. Au travail, la rapidité du battage et la vitesse élevée pendant les déplacements sur pistes, routes ou terrain sont perçues, par les prestataires de service, comme, soit disant, «moyen de rentabilisation» des opérations de battage. Pour atteindre ce but, les batteuses-vanneuses à poste fixe sont employées au delà de leurs capacités techniques et aux limites du bourrage, provoquant ainsi des pertes élevées en grains, une fatigue des organes par vibrations intenses, une usure due à l’échauffement par frottement anormal entre pièces, des fissures et des détérioration de pas mal d’organes (battes du batteur, paliers, essieu, pneus, tôles de protection, etc. (2) la maintenance est souvent bâclée si, toutefois, elle est effectuée, (3) le coût de prestation du service du battage-vannage est élevé pour le prestataire si on l’analyse à travers le rapport prix/qualité mais, aussi, en tenant compte des frais effectifs de maintenance, (4) dans ces conditions d’emploi, la sécurité des utilisateurs n’est guère garantie et plus particulièrement lorsque les utilisateurs travaillent sans protection aucune.

Objectif

Le présent article a pour but de sensibiliser les utilisateurs sur l’importance de la maintenance (entretien et répa76

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ration) des machines de battage-vannage à poste fixe pendant et après le travail. De même, il tient à présenter au lecteur une liste, loin d’être exhaustive, des entretiens les plus importants à effectuer (1) pendant le travail pour tirer grand profit des capacités mécaniques de la machine, et (2) à la fin de la campagne de récolte pour préparer la machine à l’hivernage et optimiser ainsi les frais de maintenance.

Importance de la maintenance

La maintenance est l’ensemble des opérations d’entretien et de réparation qu’un utilisateur est tenu d’effectuer sur un matériel, tout au long de sa durée d’utilisation, en vue d’assurer son bon fonctionnement, augmenter sa longévité, optimiser sa rentabilité économique, garantir sa propre sécurité et celle de ses utilisateurs et de son environnement, puis offrir une prestation de service de qualité. Ces différents points ne peuvent être garantis de manière sûre que si, en plus de la maintenance, le matériel est utilisé correctement. Une utilisation non convenable et une maintenance mal faite augmentent la fréquence des pannes et, par suite, les pertes de temps et celle des grains soit par écrasement, soit par battage insuffisant, soit au niveau de la séparation par ventilation. De même, cela accroît la consommation en pièces de rechange, en carburant et en lubrifiants (graisses, huile) -tous importés par le pays- puis diminuent l’efficacité et la longévité du matériel. Selon nos propres estimations, les frais d’entretien et de réparation d’une batteuse-vanneuse représentent, selon les types, plus de 16 % des charges variables et 7 % de l’ensemble des charges. Cette valeur augmente de façon démesurée avec le vieillissement de la machine car les conditions d’utilisation sont difficiles et le renouvellement se fait, en général, très tardivement. Ces chiffres et ces remarques dénotent d’une anomalie grave au ni-

veau de la conduite de la maintenance qui s’explique par l’absence quasi totale de la maintenance préventive et par des réparations médiocres réalisées par des réparateurs ayant un degré de technicité relativement faible. Dans ce qui suit, nous présenterons les points de maintenance les plus importants auxquels il convient de s’atteler pour réaliser pleinement les avantages qu’offre une telle intervention. Au Maroc, l’ensemble des batteuses-vanneuses à poste fixe sont traînées et entraînées par tracteur, cependant, les conseils que nous présenterons dans ce qui suit ne concerneront que la machine, la maintenance du tracteur ayant déjà fait l’objet d’un article à part entière (cf. Agriculture du Maghreb, n° 77, juillet/Août 2014, pp. 72 - 75).

Technique de conduite de la maintenance d’une batteuse à poste fixe

La maintenance d’une batteuse-vanneuse à poste fixe doit être effectuée (1) tous les jours, (2) périodiquement et (3) à la fin de la compagne agricole.

Entretien quotidien

Tous les matins, comme pour tout autre équipement agricole, avant de commencer le battage, il est recommandé de faire une inspection générale de la machine et du tracteur qui l’entraîne. De même, il convient de s’assurer de l’existence d’un extincteur au moins, d’une boite à pharmacie, d’une caisse à outils, d’un téléphone portable rechargé et bien chargé, du réseau de télécommunication et d’une réserve d›eau d’une dizaine de litres au moins. Pendant le travail, il convient d’arrêter la machine toutes les deux heures pour inspecter l’ensemble de ses organes. Ceci n’est, malheureusement, jamais fait sauf lorsque la machine s’arrête sous la contrainte. A chaque pause, il faut : · Commencer par débarrasser les organes de la paille qui peut s’y accrocher ou s’y enrouler. Faire le tour de la machine en vue de déceler toutes www.agri-mag.com


Figure 1: Moyens d’entretien: pompe à graisse et burette à huile. traces d’échauffement ou de grippage des roulements, des paliers, des limiteurs d’efforts, etc. ou détecter toutes traces de fuites du grain au niveau du sasseur, du convoyeur, du répartiteur de remplissage des sacs et y remédier sur le champ. · Inspecter l’ensemble des organes : batteur/contre-batteur, sasseurs, ventilateur, convoyeur à vis sans-fin, etc. · Vérifier le serrage des boulons susceptibles de se desserrer pendant le travail. · Vérifier l’état et le gonflage des pneus. · Vérifier l’état et la tension des courroies. · Graisser et huiler, suivant les consignes du plan de graissage, les organes qui nécessitent une telle intervention. · A la fin de chaque journée de travail, il est impératif de refaire les travaux d’entretien cités ci-dessous et refaire le plein en carburant du réservoir.

Entretien périodique

La maintenance périodique doit se faire régulièrement toutes les deux semaines (100 à 150 heures environ) suivant la cadence d’utilisation de la machine. Elle consiste à contrôler l’ensemble des organes de la machine à l’aide d’une check-list, préalablement préparée et soigneusement élaborée : · L’état des pneus et des jantes puis le serrage des boulons des roues. · L’état des paliers et le jeu des moyeux des roues. · L’état et la tension des courroies et des chaînes. · Le resserrage de tous les boulons de la machine. · Les dispositifs de signalisation (feux, plaques de signalisation, …) · L’existence d’un extincteur, d’une boite de pharmacie, …

Entretien annuel

L’entretien annuel, appelé aussi entretien d’hivernage, doit avoir lieu à la fin de chaque campagne. C’est à ce moment que l’utilisateur de la machine a encore présent à l’esprit tous les problèmes constatés et les difficultés vécues, en plus de la disponibilité du temps pour effectuer convenablement les travaux de maintenance. Pour une bonne gestion, il faut noter dans un journal de bord, au fur et à mesure du travail, tous les problèmes constatés et les travaux de maintenance réalisés ou à faire ultérieurement. Dans les exploitations familiales marocaines de petite et moyenne taille, il est généralement rare de rencontrer des exploitants adoptant une organisation du travail www.agri-mag.com

Figure 2: Exemple d’état de machine en hivernage à l’air libre

basée sur la consigne par écrit. Ceci rend la gestion difficile et les oublis très nombreux. Ce qui se passe, en général, c’est qu’après un nettoyage sommaire et un graissage maigre, les travaux de réparation des machines sont laissés, jusqu’au début de la campagne suivante. A ce moment, après plusieurs mois, les parties brillantes deviennent rouillées, la graisse mise sur certaines parties ou pressurisée dans les paliers durcit lorsqu’elle est mélangée avec la poussière ou la fine paille, les courroies non détendues et les pneus non dépressurisés se déforment et perdent de leur élasticité. Certes, les travaux d’entretien et de réparation nécessitent beaucoup de temps (rinçage, décapage, nettoyage, dressage, soudage, graissage, peinture, etc.), néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’il faut les bâcler ou ne pas les faire du tout ou les laisser jusqu’au début de la récolte de l’année suivante. A titre d’illustration, la figure suivante présente le cas d’une machine hivernant à l’air libre, dans une zone pas loin de la cote atlantique, où elle est exposée à toutes sortes d’intempéries. L’assise du châssis est posée à même le sol et est noyée dans les mauvaises herbes. Comme on peut le constater, sur certaines parties, la couche de peinture a gonflé et s’est détachée sous l’effet de l’oxydation causée par l’humidité de l’océan et les parties bril� lantes entièrement corrodées. La maintenance de fin de campagne d’une batteuse-vanneuse n’obéit pas à une méthode unique. Toutes les dé-

marches sont bonnes, mais à condition qu’elles soient exécutées suivant les règles de l’art permettant la préparation d’une machine opérationnelle à tout moment. L’intervention consiste en trois principaux points, à s’avoir: (1) la préparation préliminaire de la machine au travail de maintenance proprement dit, (2) la vérification de tous les organes de la machine (3) la réparation de tous les organes défectueux et la vérification finale de tous les réglages avant de procéder à l’hivernage.

Préparation préliminaire à la maintenance : nettoyage, lavage, etc.

La préparation préliminaire de la machines à l’entretien commence, avant tout, par débarrasser la machine de toute la paille et des corps étrangers qui restent accrochés à ses organes. La façon la plus simple et la plus efficace de faire sortir ce qui est resté à l’intérieur est de faire à fonctionner la machine à vide pendant quelques minutes pour ma dépoussiérer et expulser, au dehors, le matériel végétal, la matière inerte comme la terre et tout autre objet solide ayant pu glisser à l’intérieur avec les gerbes puis donner un coup de jet d’air sous pression. Après ce travail, on commence par nettoyer, au gasoil, les endroits enduits de graisse ou d’huile usée tout en faisant attention à ne pas atteindre les or� ganes caoutchoutés (courroies, pneus, joints, …). Si, jamais, cela se produit par erreur, nettoyer à l’essence les endroit touchés car, au contact du gasoil, le caoutchouc commence par se fissuAgriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Agro-Equippement

Figure 3: Batteuse-vanneuse à poste fixe après un travail journalier (Noter la paille enfouie entre poulies et corps de la machine)

l’étanchéité et le système de sécurité du convoyeur. - Vérifier l’état de fonctionnement du tube à vis sans fin de convoyage du grain propre (fluidité de transmission de mouvement, sécurité, étanchéité). Les organes d’élévation de la récolte, du battage et du contre-battage, de ventilation, de séparation et de nettoyage doivent être vérifiés avec soins. En ce qui concerne le batteur et le contre-batteur, il est important de vérifier l’équilibrage statique du batteur et le parallélisme entre les deux éléments, sans oublier le mécanisme d’entraînement du sasseur et celui des pales du ventilateur et de la vanne de réglage du flux d’air.

Figure 4: Etat d’une vis sans fin de convoyage des grains dans une batteuse-vanneuse à poste fixe (battage de fève dans la région de Taza).

Les organes de transmission de mouvement doivent être vérifiés minutieusement en vue de remplacer ceux qui sont défectueux et conserver ceux qui sont encore fonctionnels.

Réparation des organes défectueux

Figure 5: Vanneuse-batteuse à poste-fixe sur calles dans un abri clos pendant l’hivernage (commune d’Akoubaâ; région de Tétouan).

rer rapidement. Une fois cette tâche terminée, essuyer les saletés dégagée avec des chiffons propres puis rincer abondamment à l’eau, chaude de préférence. Ainsi, après séchage à l’air libre, procéder à la vérification, à l›aide d›une check-list, de tous les organes en vue d’établir la liste des pièces défectueuses à commander (roulement, chaînes, courroies, pneus, cardans, protections, ...) et détecter celles qui nécessitent, un dressage, une soudure, une couche de peinture, etc. Ceci dit, que faut il vérifier au juste ? La réponse à cette question est simple : on vérifie, dans l’ordre, les organes d’alimentation, les organes de battage, de séparation et de nettoyage, puis, les organes de transmission de mouvement. Les organes d’alimentation doivent être vérifiés en premier et ce en : - Vérifiant l’état des organes du convoyeur de récolte (lattes, rouleaux d’entrainement, chaînes puis contrôler 78

Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

La réparation consiste à redresser les organes déformés, souder ceux qui sont cassés ou fissurés, changer ou charger à l’arc électrique, quand c’est possible, ceux qui sont très usés. Procéder, ensuite, à un décapage d’ensemble puis graisser, huiler, nettoyer et mettre une couche de peinture sur les parties brillantes ou dénudées par les vibrations, les frottements ou les chocs accidentels. Réparer tous les organes défectueux (paliers, roulements, chaînes, courroies, pneus, feux de signalisation, etc.), resserrer tous les boulons d’assemblage et ne pas oublier de refaire l’équilibrage dynamique si cela s’impose.

Vérification des réglages et des ajustements

La vérification du réglage et de l’ajustement de tous les organes doit être exécutée en respectant les cotes données par le constructeur, dans les manuels d’utilisation et d’entretien. Une fois ce travail réalisé et tous les organes réparés et réglés, il convient de procéder au montage, serrage de tous les boulons et réglage de tous les organes, puis procéder au graissage des parties brillantes de la machine ainsi que de tous les points munis d’un graisseur, en vue de démarrer la machine pour s’assurer qu’elle tourne convenablement.

fermes de sorte que les jantes (ou les roues dégonflées) ne touchent pas le sol. Elle doit être entreposée dans un abri clos pour empêcher l’accès aux enfants et aux animaux et la protéger des intempéries. De même, les points suivants doivent être, également, respectés : - Les chaînes doivent être démontées et mises dans un bac rempli d’huile ; - les chaînes du convoyeur de récolte doivent être graissées puis détendues ; - les courroies doivent être démontées et rangées dans un endroit obscur; - les pneus doivent être dégonflés à moitié et déposés dans un endroit obs� cur.

Conclusion

Une maintenance sommaire et un hivernage incorrectement effectué peuvent avoir des conséquences néfastes sur la longévité et l’utilisation d’une batteuse-vanneuse à poste fixe puis sur la sécurité des utilisateurs. De même, lors d’un hivernage à l’air libre, les intempéries induisent une fatigue prématurée et une corrosion prononcée des organes mécaniques. La conséquence immédiate est un fonctionnement anormal et, par suite, des risques d’accident élevés pour les opérateurs lors de l›utilisation. La maintenance ne doit être confiée qu’à des personnes qualifiées et responsables. De simples malfaçons peuvent provoquer des accidents graves et parfois mortels : clou à la place d’une goupille, tube de châssis soudé n’importe comment, assemblage d’objets par simple fil de fer, utilisation de cordes à la place de courroies usées, montage de boulons sans rondelles, ni contre-écrous, etc. Les propriétaires des batteuses à poste-fixe doivent être exigeants quant à la qualité des pièces de re� change, à l’exécution de la maintenance et à l’utilisation correcte de la machine par les ouvriers. Ils sont les premiers responsables de tout incident susceptible de se produire et ce quelque soit son niveau de gravité.

A la fin de ces travaux de maintenance, la machine doit être mise sur cales bien www.agri-mag.com


Tracteur agricole

Ce que vous devez savoir pour choisir les pneumatiques Abdelmoumen Guennouni

En agriculture le pneu (abréviation de ‘‘pneumatique’’) est à la base de tous les efforts de mécanisation. En effet, il équipe les tracteurs, les moissonneuses batteuses et enjambeurs, les remorques, les camions, camionnettes et engins de chantier, les semoirs, les appareils de traitement tractés, etc. La qualité et l’état des pneumatiques sont déterminants pour la réalisation des travaux et par conséquent pour les rendements et les revenus de l’agriculteur.

L

a fabrication des pneus a beaucoup évolué depuis les débuts de la mécanisation, à tel point qu’aujourd’hui l’agriculteur se trouve en difficulté pour choisir les pneus les plus adaptés à ses besoins, puisqu’il doit prendre en considération un grand nombre de critères dont, la plupart du temps, il ignore même la signification. Dans ces cas, il est tenté de faire confiance au vendeur, à la société mère du tracteur en question ou encore à l’expérience de ses voisins les plus proches. En effet, sous leur apparence rustique, les pneus destinés aux tracteurs agricoles sont des produits extrêmement techniques dont on ne soupçonne pas, à première vue, la complexité de fabrication. Contrairement aux voitures et camions, le tracteur comporte deux types de pneus, avant et arrière, dont les caractéristiques varient selon qu’il s’agit de tracteur à deux ou quatre roues motrices.

une certaine adhérence, un amortissement des chocs et des vibrations facilitant ainsi le déplacement des véhicules terrestres.

Importance des pneumatiques

Les fabricants, pour répondre à la demande du marché, proposent différentes catégories de pneus (standard, étroit, large, base pression) définies en fonction de la puissance et de l’utilisation. Parmi elles on peut citer les cas particuliers : - Les roues étroites : elles sont utilisées pour les cultures en lignes (betteraves, pommes de terre, maïs...) ou pour réduire la largeur des passages de roues dans les grandes cultures telles que les cé-

Qu’est ce qu’un pneu? Il s’agit d’une enveloppe ou bandage déformable et élastique, formé de gomme (caoutchouc) et autres matériaux textiles et/ou métalliques, conçue pour être montée sur la jante de roue de l’engin et gon�flé avec un gaz sous pression. Il assure le contact de la roue avec le sol, procurant www.agri-mag.com

Fonction Le pneu assure la liaison entre la machine et le sol afin de transmettre le couple moteur nécessaire au déplacement des véhicules. C’est un élément primordial, car c’est lui qui met en œuvre l’ensemble des forces que l’on connaît aux machines (entraînement, mouvement et direction). De plus, il est en contact direct avec les sols travaillés, ce qui influe sur leur tassement. Enfin, le pneu assure une bonne adhérence et un certain confort grâce à sa capacité d’absorption des chocs et des vibrations. Ainsi, un pneumatique qui répond à l’ensemble de ces critères participe au bon état général et à la durée de vie des machines.

Gamme de pneus agricoles

réales. L’utilisateur est tenté de choisir la roue la plus étroite possible, mais il faut bien avoir à l’esprit que plus la roue est étroite, plus le compactage du sol et les risques d’orniérage (déformation permanente longitudinale caractérisée par un tassement qui se crée sous le passage répété des roues) sont importants. La faible surface de contact avec le sol est en effet compensée par une pression de gonflage importante pour obtenir la capacité de charge recherchée. - Le pneumatique «basse pression» : le développement de machines toujours plus puissantes, plus lourdes et plus efficaces a pour aspect négatif de tasser et d’endommager les sols. Pour pallier ces inconvénients, les machines doivent être équipées de pneumatiques avec une pression de gonflage aussi faible que possible, tout en assurant une capacité de charge suffisante pour que la machine puisse avancer sans laisser de trace ou causer d’autres dommages au sol. Des pneumatiques avec une grande surface de contact avec le sol et un important volume d’air répartissent le poids de la machine sur une surface plus importante, réduisant la pression de contact, ce qui limite l’impact sur la structure du sol et donc accroît la productivité de ce dernier. Marquage des pneumatiques Le marquage, ce sont les indications et données techniques inscrites sur le flanc Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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Série du Pneu :H/S=80

Pneumatique

H S=260

Appellation commerciale m 0m 0 : 26 /S=8 l) ) 1 H ( : ia r d u u a e ge Pn R (R uces Lar e du : o l re 0p rie ri Sé tructu te : 2 maté P S e/ IM an j n i : l e h a l c : min r ma grico mbre no a u tre u po cha less è s e m Pn san Tube Dia eu Pn

Semaine et année de production

Nom du manufacturier

Indices de charge:

136 (roue motrice) 148 (rotation libre) Indice de vitesse: A6

Pictogramme : Pression Maximum de gonflage (au montage)

Sens de rotation (1) Largeur de section (S) ou ‘’Grosseur du boudin’’ (2) Série du pneu (H/S) ou ‘’Rapport nominal d’aspect’’

Source: Goodyear

du pneu. Elles sont identiques d’un constructeur à l’autre, conformément à la réglementation, malgré quelques légères différences entre eux. Parmi les indications les plus importantes, on peut signaler : Marque et nom du modèle de pneu : La marque commerciale ainsi que le modèle figurent en grosses lettres sur les flancs du pneu. Ces indications sont les plus facilement reconnaissables. Dimensions : - Largeur du pneu gonflé, mesurée d’un flanc à l’autre (en millimètres). Certains l’appellent « grosseur du boudin » et les fabricants « section nominale du pneu ». Ce n’est pas la largeur de la bande de roulement, qui peut varier ; - Série (hauteur du flanc par rapport à la largeur du pneu ou rapport h/l) exprimée en pourcentage - Structure (carcasse) du pneu : Il existe principalement deux types de pneus agricoles (selon leur construction interne) : le pneu à structure radiale (signalé par un « R » sur le flanc du pneu) ou à structure diagonale (quelquefois signalé par « D » ou « - »). Les pneus à structure radiale sont plus coûteux que ceux à structure diagonale, mais le travail du sol est plus efficient : gains de temps et consommation de carburant,... Les pneus à structure diago-

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nale, eux, correspondent à des travaux légers et ponctuels. Ils sont idéals sur des engins tels que les remorques. Aujourd’hui, les pneus de structure diagonale ont été largement supplantés par les pneus à structure radiale sauf pour certaines applications spécifiques. - Diamètre de la jante en pouces (1 pouce = 2,54 centimètres) Autres caractéristiques : - Chambre à air : TL ou « Tubeless » in� dique un pneu sans chambre à air alors que TT ou « Tubetype » indique un pneu avec chambre à air. Il faut savoir que si votre jante est Tubeless, vous ne pouvez pas monter de pneus Tubetype dessus, alors qu’il est possible de monter une chambre à air avec un pneu tubeless, même si pratiquement c’est inutile. - La date de fabrication du pneu est mentionnée en quatre chiffres : les deux premiers indiquent la semaine de fabrication (de 1 à 52) et les deux derniers l’année de fabrication (1702 signifie que le pneu a été fabriqué lors de la 17e semaine de l›année 2002). Cette mention est particulièrement utile en cas d’achat de pneumatiques d’occasion. - Le matricule du pneumatique est composé d’une suite de chiffres et de lettres. C’est un numéro unique attribué à chaque pneu. Il est notamment

relevé lors de chaque expertise de pneu. Selon les marques, il revêt différentes formes. - Nombre de plis (ou plys en anglais) : Les plis sont des couches de toiles synthétiques (kevlar, nylon, polyester) recouvrant l’intégralité de la carcasse en joignant les deux parties de la tringle (10, 12 ou 14 plis). Ce nombre traduit la résistance du pneu, et rend compte de sa rigidité. Avant que les indices de charge ne soient adoptés, les indices de plis ou/et le nombre réel de plis était utilisé comme mesure de résistance. Plus il y avait de plis, plus la carcasse était solide. Les pneus tourisme ne portent généralement pas d’indication à ce sujet. - Indice de capacité de charge : charge maximale que le pneumatique peut supporter à la pression recommandée par le constructeur - Code de vitesse : vitesse maximale d’utilisation (km/h) - Sens de rotation : figuré par une flèche indiquant la rotation de la roue lors de l’avancement du tracteur - Bruit de roulement (pollution sonore émise par le pneu), protection des sols (réduction du compactage), etc. Il existe des tableaux de conversion ou explicitant les codes et les indices qu’on peut trouver chez tous les fournisseurs ou sur les sites spécialisés NB : D’autres indications non obligatoires peuvent figurer sur les pneumatiques et varient d’un fabricant à l’autre

Entretien et recommandations d’utilisations

Les différents fournisseurs de pneumatiques agricoles proposent aux utilisateurs de leurs produits, les conseils nécessaires pour le montage, une utilisation appropriée, les procédures d’entretien, etc. Ci après quelques unes des questions les plus fréquentes : A quelle pression régler les pneus ? Une bonne pression de gonflage est le facteur le plus important pour de bonnes performances et un bon entretien des pneus agricoles. Le sous-gonflage et le sur-gonflage, pratiqués dans certains cas particuliers, doivent être évités en raison des risques d’endommager le pneu et de causer des accidents de la circulation avec dommages matériels et corporels. La pression d’un pneu de tracteur dépend du nombre de plis de celui-ci (c’est à dire de l’épaisseur de caoutchouc qui le compose). Plus le pneu aura un nombre de plis important, plus la pression devra l’être elle aussi. www.agri-mag.com


Dans tous les cas, il faut absolument respecter les indications du fabricant, sachant que chaque fournisseur de pneumatiques fournit des tableaux de préconisations pour la pression des pneus en fonction des utilisations prévues Le lestage liquide Le lestage consiste à alourdir votre tracteur soit en ajoutant des lests sous forme de masses métalliques (généralement en fonte) soit par lestage à l’eau des roues motrices. Il est particulièrement utile, voire indispensable pour les travaux demandant beaucoup de traction, comme le labour par exemple. En effet, la capacité de traction d’un engin est directement reliée à son poids. Le lestage permet d’augmenter l’adhérence des outils, ce qui augmente l’efficience du travail (réduction du temps de travail) et la longévité des pneus du tracteur (diminution de l’usure des barrettes). Il permet également d’augmenter la stabilité d’un outil dans les conditions difficiles de travail. Le lestage peut se faire à l’aide de masses métalliques fixées à des endroits prévus à cet effet. Le lestage liquide se fait par le remplissage des pneus pour environ 70-75% avec de l’eau (en ajoutant éventuellement des solutions agréées par le fabricant, contre la corrosion ou le gel) Télégonflage Le télégonflage qui a fait son apparition sur des modèles récents de tracteurs, consiste à ajuster, en roulant, la pression des pneus aux conditions rencontrées, c’est-à-dire l’augmenter sur route et la diminuer en entrant dans les parcelles. L’idée est d’optimiser la pression dans les pneumatiques aux conditions rencontrées (route, sol peu porteur, etc.). Les dispositifs de télégonflage peuvent être intégrés d’usine par certains tractoristes ou ajoutés par des équipementiers spécialisés. Ces derniers proposent deux types de système reposant soit sur l’utilisation du compresseur du système de freinage du tracteur, soit sur l’ajout d’un compresseur spécifiquement consacré au

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télégonflage. Pour le moment, les systèmes de télégonflage, très coûteux, sont peu utilisés dans l’agriculture Autres recommandations : - En fonction de l’utilisation du matériel (quotidienne, occasionnelle, etc.), une vérification plus ou moins fréquente sera à effectuer de l’usure des pneus et de leur état général, afin d’optimiser leur durée de vie. - La pression de gonflage doit être vérifiée régulièrement (au moins toutes les deux semaines). La pression doit être vérifiée à froid et avant le travail. Il faut savoir que le travail aux champs et l’utilisation sur route nécessitent des pressions différentes. - Stockage : en dehors des périodes de travail, et lorsqu’un véhicule doit être immobilisé pour une longue durée (au-delà d’un mois), il est conseillé de le monter sur cales ou bien de faire rouler un minimum le véhicule pour éviter de le laisser statique. Les pneus, s’ils sont démontés, doivent être stocké convenablement, c’est-à-dire en intérieur, au sec, et de préférence à la verticale ou suspendus. Il n’est pas conseillé d’empiler ses pneus à l’horizontale, sauf s’il s’agit d’une courte période ou si les pneus sont montés sur jantes et gonflés. A noter qu’il est important de nettoyer ses pneus et d’enlever les éventuels cailloux coincés entre les rainures avant de les stocker.

Comment faire le bon choix ?

Le pneumatique agricole doit permettre un travail soigné, réalisé avec un maximum de performances et donc de rentabilité. Ainsi, face aux nombreuses marques et aux multiples modèles de pneus de tracteurs, aux offres de tarifs, d’origines et de qualité très variés, il est essentiel de faire un bon choix. Ce choix ne peut pas se faire à la légère, vu les coûts et l’impact qu’ils auront sur l’exploitation et sur sa productivité à long terme. Les exigences pour le choix peuvent être de plusieurs natures : - Techniques : type de tracteur (principal ou pour tâches légères) et sa puis-

sance, - Pratiques : travail à effectuer (travaux au champ, transport, polyvalence, circulation sur route, …), - Pédologiques : type, contraintes physiques et techniques des sols, nature des champs - Economiques : rapport qualité/prix, Cependant, le prix d’achat, malgré son importance, ne doit pas être le seul critère à prendre en considération pour justifier la préférence. Pour le choix des pneus, il est conseillé de commencer tout d’abord par lire le manuel du tracteur ainsi que les informations inscrites sur les anciens pneus. Avant d’entreprendre l’achat il faut disposer des informations principales suivantes, à présenter au fournisseur, sans négliger les autres, figurant plus haut : -Dimensions : Elles sont indiquées sur le flanc du pneumatique. Ce sont essentiellement la largeur du pneu ex� primé en mm, la hauteur du pneu, en pourcentage de la largeur et le dia�mètre de la jante, en pouces. -Type d’activité : indiquer l’utilisation principale prévue pour le tracteur - Pour le tracteur principal de l’exploitation, il est recommandé d’opter pour des pneus de structure radiale. Même si leurs prix sont plus élevés à l’achat, leurs coûts seront rentabilisés à l’utilisation. Si l’exploitation dispose d’un deuxième tracteur pour les travaux légers, les exigences sont moindres. - Il faut s’assurer également tu type de jante du tracteur et si elle est tubeless (TL) ne nécessitant pas de chambre à air ou tubetype (TT) avec chambre à air. - Le nombre de plis/capacité de charge est également à prendre en considération. - Côté prix, l’agriculteur a intérêt à procéder à une comparaison poussée des pneus proposés par les différentes marques tout en prenant en considération que les caractéristiques soient les mêmes. Il est d’ailleurs possible de négocier également des remises ou des avantages particuliers comme un paiement échelonné, la gratuité du montage, de la livraison, etc. Agriculture du Maghreb N° 121 - Juilllet/Août 2019

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