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ANTONIN RENARD

ANTONIN RENARD

Antonin RENARD

2023

Feutre à alcool, feutre à eau et crayon de couleur 65 x 50 cm

Nom vernaculaire : Agara

Hauteur à l’âge adulte : 30 m

Feuillage : persistant

Aire de répartition : Papouasie-Nouvelle-Guinée, Australie, Îles Bismarck et Salomon

Propriétés : feuilles et écorce contenant des alcaloïdes narcotiques et hallucinogènes.

Usages : infusion avec des feuilles d’une espèce d’Homalomena. Le bois est aussi utilisé comme matériau de construction (habitats + outils). L’artiste, a choisi de se concentrer sur une petite partie de l’arbre. Ce zoom, presque photographique, vient accentuer l’effet absorbant et hypnotisant induit par la contemplation de ces fleurs jaunes aiguisées de rouge ainsi que ces feuilles persistantes et coriaces. Certaines ombres, projetées sur celles-ci, viennent renforcer l’effet de l’hors-champ, laissant ainsi deviner l’existence de la végétation alentour. Les dimensions des feuilles et des fleurs, ainsi que les couleurs saturées, permettent de transmettre une impression de luxuriance. Une atmosphère que l’on peut retrouver dans les forêts tropicales humides, où poussent les Agaras.

Réaliser ces formes souples au feutre, avec des couleurs franches et contrastées, apporte à la plante une vibration onirique qui se détache du dessin réaliste de celleci. Ce choix figuratif laisse libre interprétation des effets que peuvent produire la plante à son consommateur.

Kelit Raynaud

Né en 1999, originaire de Marseille, Kélit Raynaud joue avec de multiples technologies numériques et analogiques pour créer des œuvres multimédias. Diplômé du DSAA Design et Création Numérique de l’École Estienne et du Master 2 Design Transdisciplinaire du Cnam et du Césaap en résidence au Mobilier national, il réalise des films, développe des jeux vidéo, compose de la musique et conçoit des objets et expériences interactives. Son travail a été présenté au MIAM, au Musée Guimet, à la Cité des Sciences, et à la Paris Design Week.

Orienté vers l’art des nouveaux médias, il utilise ces nouvelles philosophies des techniques pour s’approcher d’un travail de sauvegarde de données quasiment anthropologique. L’étude des cultures et des civilisations se mêle alors à une volonté d’approche performative, rendu possible grâce à l’emploie d’outils expérimentaux.

Depuis 2020, il conçoit des paysages numériques réaliser en temps réel. Dans son projet Unreal Engine, il met en scène des scans 3D, des meshs sculptés en VR et des créations issues de médiums artistiques multiples afin d’en raconter une histoire, interactive ou non. Si sa pratique est initialement issue de la création musicale et du VFX, il tente aujourd’hui de la diriger vers une sensibilité plus cinématographique et organique, en recherche d’une forme d’authenticité.

Dans une démarche interculturelle où l’art rencontre les récits des peuples, il participa en tant que directeur artistique à la réalisation de Baba Yakhsoz, un conte se déroulant dans la vallée de Bamiyan, mêlant animations 2D d’un studio de dessinatrices afghanes, photogrammétrie de lieux emblématiques afghans et paysages Unreal. Ce court métrage est le résultat d’un workshop qu’il mena de septembre à novembre 2022 auprès des étudiants en graphisme numérique de l’école Estienne et qui fût diffusé au musée Guimet. Il souhaite à présent poursuivre cette direction et approfondir cette approche sur les terres des Penan. Le Sarawak (Malaisie) a radicalement changé sur les trente dernières années face à l’action des entreprises forestières. Accompagné de son père, ils mettront en commun leur engagement pour les Penan autour d’un projet et poursuivront ensemble la documentation de l’évolution de leur situation. En utilisant des techniques de captations audiovisuelles et de numérisations de paysages, Kélit Raynaud souhaiterais restituer par le biais d’une installation vidéo immersive la forêt tropicale humide et ses habitants, retranscrire leurs histoires, leurs visages et leurs présences dans leur contexte.

Installation In situ

« Salvia »

Kélit Raynaud

2023

Installation vidéo

Écrans récupérés, corde en jute, techniques de photogrammétrie, de composition 3D et d’intelligence artificielle

« Salvia » est un témoignage d’une relation entre la première expérimentation hallucinogène et Kélit Raynaud. Ces visions provoquées par la consommation de cette substance psychotrope, projeta l’artiste à travers de multiples visions interférées. A travers cette distorsion, des figures interprétés comme des esprits, lui soufflèrent les mots suivants « ça y est, tu as enfin compris », phrase encore raisonnante dans la mémoire de l’artiste. Cette œuvre interprète alors sa connexion personnelle avec une forme divine, semblable aux rituels mélanésiens.

Le nom Salvia, fait également écho aux notions d’un caractère salvateur, sauveur, qui soignerai les maux par des altérations de la perception du réel. Cette installation tend à reproduire une perception mystique et expérimenter une vision sensorielle subjective. L’artiste a volontairement conçu une installation à l’allure organique, décomposant les éléments numériques, où l’électronique se mélange au végétal. Dirigé vers le ciel, la seule corde suspendant la structure de bois, imagine l’idée d’une réception, d’une connexion entre les hommes et les ancêtres, inspirée du culte du cargo en Nouvelle-Guinée, ou les esprits célestes, apporteraient richesse et abondance.

Les écrans ne sont pas rétroéclairés dans un souci d’altération visuel, jumelant ainsi les lignes technologiques aux corps botaniques.

Remerciements :

Pierre Bourdon, Paul Leblanc, Raphaël Guez, Matthias Appadourai (TV Store).

Commissariat

Mael Revaillot

Né en 2000, originaire de la région de Saint-Etienne, Mael Revaillot effectua des études d’Art Appliqué spécialisation Création industrielle, avant de continuer des études supérieures orientées vers le Marché de l’art. Actuellement en Master 2 Marché de l’art/commissariat d’exposition à l’IESA Paris, il construit son mémoire de fin de cycle en tant qu’exposition, premier projet curatorial individuel organisé 17 rue des Beaux-Arts à la galerie Meyer. Apprenti dans cette même galerie depuis plus de 2 ans, il tend à joindre plusieurs domaines différents autour de projets, comme les arts premiers, l’art contemporain et la photographie argentique.

Bibliographie

•Marshall David Sahlins, Âge de pierre, âge d’abondance : l’économie des sociétés primitives, 1972.

•Jean Delay, La psycho-physiologie humaine, 1945.

•Benzi Marino, « Les derniers adorateurs du peyotl » in Journal de la Société des Américanistes, Tome 60, 1971, pp. 341-343.

• Bareau André, « R. G. Wasson. Soma ; Divine Mushroom of Immortality » in Revue de l’histoire des religions, tome 177, n°2, 1970, p. 236.

•Lévi-Strauss Claude, « Les Champignons dans la culture. A propos d’un livre de M. R. G. Wasson » in L’Homme, 1970, tome 10 n°1, pp. 5-16.

•Eliade Mircea, Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, 1951.

•Hamayon Roberte, « La Chasse à l’âme. Esquisse d’une théorie du chamanisme sibérien » in Archives de sciences sociales des religions, n°74, 1991, pp. 253-255.

•Eliade Mircea, Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, 1951, p. 371.

•Perrin Michel, Le chamanisme, 1996, p 43.

•Barrau Jacques, « Observations et travaux récents sur les végétaux hallucinogènes de la Nou-velleGuinée » in Journal d’agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 9, n°3-6, mars-avril-mai-juin 1962, pp. 245-249.

•Barrau Jacques, « Usage curieux d’une Aracée de la Nouvelle-Guinée » in Journal d’agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 4, n°7-8, juillet-août 1957, pp. 348-349.

•Bronislaw Malinowski, The Natives of Mailu: Preliminary Results of the Robert Mond Research Work in British New Guinea, 1915.

•Bowden Ross, Art and Creativity in a New Guinea Society: The Kwoma in Cross-Cultural Perspective, 2022.

• Schmid Jürg & Kocher-Schmid Christin, « Söhne des Krokodils, Männerhausrituale und Initiation in Yensan, Zentral-Iatmul, East Sepik Province, Papua New Guinea » in Journal de la Société des Océanistes, 102, 1996-1, compte-rendu par Christian Coiffier, pp. 125-126.

• Mercier André, « L’aréca et le bétel » in Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 13ᵉ année, n°3, mars 1944, pp. 46-48.

•Philippus Theophrastus Aureolus Bombast von Hohenheim dit Paracelse, Les plantes Magiques, vers 1530.

•Marlene Dobkin De Rios, Hallucinogens: Cross-Cultural Perspectives, 1984.

• François-André Isambert, « L’Élaboration de la notion de sacré dans l’“école“ durkheimienne », Archives de sciences sociales des religions, n°42, 1976, pp. 35-56.

• Tcherkézoff Serge, « Le mana, le fait “total“ et l’“esprit“ dans la chose donnée : Marcel Mauss, les “cadeaux à Samoa“ et la méthode comparative en Polynésie », Anthropologie et Sociétés, 1997.

•Durkheim Emile, Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912

•Zinberg Norman, Drug, set, and setting, 1984.

•Mann Thomas, Dans la montagne magique, 1924, p. 615.

•Changeux Jen-Pierre, 1983. L’homme neuronal, Paris, p. 198. Butor Michel, Répertoire IV, 1974, Paris.

•Hillman David, The Chemical Muse, Drug Use and the Roots of Western Civilization, 2008

• Bellwood Peter, Man’s conquest of the Pacific: the prehistory of South-east Asia and Oceania. Auckland, Sydney, London: Collins, 1978.

•Meyer Anthony JP, Oceanic Art, 1995.

•Scelma Jean-Jo, Le voyage en Polynésie, 1994.

•Piers Vitebsky, Les Chamanes, 1995.

•Catalogue SPATULES – MASSIM - SPATULAS. 20th Anniversary Exhibition. Galerie Meyer, Paris 2000.

•Beran Harry, Mutuaga, A nineteenth-Century New Guinea Master Carver, 1996

Mémoire Master 2, IESA Paris.

Mael Revaillot, élève en Master 2 Marché de l’art / commissariat d’exposition. Promotion 2022-2023

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