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Chronique de la famille Arié de Samokov(suite)
El kantoniko djudyo
Chronique de la famille Arié de Samokov (suite)
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Nous poursuivons la publication bilingue de la chronique de la famille Arié de Samokov. Ce tapuscrit qui comprend plus de 2000 pages en judéo-espagnol en caractères latins retrace la vie d’une famille de grands commerçants sépharades de Bulgarie du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Il est l’œuvre de deux rédacteurs qui lui consacrèrent trente années de leur vie (1884- 1914).
Ce texte inédit a été fortuitement découvert en 1944 par M. Élie Eshkenzi, fondateur de l’Institut scientifique juif auprès du Consistoire central juif de la République populaire de Bulgarie. Les quatre volumes trouvés chez un brocanteur ont probablement été abandonnés par des membres de la famille Arié lors de l’expulsion des Juifs de Sofia en 1943. Ils sont actuellement conservés à l’Académie des sciences de Bulgarie.
Par son ampleur tant chronologique que géographique, la chronique Arié constitue un document ethnographique de premier plan sur le monde judéo-espagnol des Balkans. En prévision d’une édition critique et intégrale du texte, nous en publions ici les chapitres les plus significatifs. Après avoir traité de l’établissement de la famille en Bulgarie, à Vidin puis à Samokov, nous abordons maintenant la période la plus faste de cette famille, celle qui vit les trois frères Tchelebi Yeuda, Gavriel et Avraam M. Arié, développer considérablement leur commerce entre Vienne et Constantinople.
1. Du turc ottoman čayer: prairie, pré.
2. Du turc champs cultivés.
3. De l’hébreu: épidémie. [J. Nehama]
4. Littéralement en turc: sa fin, (le terme de la vie), est venue.
5. Du tuc yatak: receleur.
Eyos los 2 ermanos, Tchelebi Yeuda i Gavriel, ke fin a un grado, ya se konortaron de la muerte de sus Padre, i ke ya kortaron tambien i el mez de el limunio, de prima sus ditchizion fue, de mirarsen un bilanso, por saversen rijir por el avenir, i ansi por poder, lavorar, en algun negosio, a razon ke los gastes en el tiempo ke estuvo hazino sus Padre les fueron grandes muntcho mas ariva de esto ke eyos lo podiyan azerlo, i ansi fue ke sin tadrar eyos rekoj[i]eron sus eskrituras, i esto de ropas ke posedavan i ke lo todo ya lo izieron muy presto, i lo ke toparon fue solo una suma de 10 000 groches ke les kedava por toda sus fortunas, aparte de la kaza de 2 apartamientos ke eyos moravan en eya, i un tchair 1, kon 4 pedasos de tarlas 2, i Tchelebi Avraam, non tomo parte en este bilanso porke el estava, en el midrach, estudiando, kon Hr. Avraam Alkalai, ke fue en este anyo ke tomo la Semaha (depluma) de ahaham achalem, i eyos los 2 ermanos ke lo ataron i lo afirmaron el bilanso, fueron de el presipio muy sikiliyados, ma non se deskorajaron i a dinguno non lo izieron saver sus position, otro ke eyos de mizmo sin dingun trokamiento, se enkaminaron en lo todo sigun de en el tiempo de sus Padre.
Apenas ke eyos eskaparon de rekojer sus eskrituras i afirmar sus bilanso, i tambien ke ya kortaron el mez, de sus padre, fue ke se enpeso a sintirse ke entre los Turkos de Samokov, se ivan muriendo de la epidemiya de la magefa 3 ke es la peste i en Sofia ya estava esta maladia de mas antes, solo ke en Samokov non aviya, ke de esto fueron todos muy muntcho espantados, ke non saviyan kualo azer, porke en akeyos tiempos los Turkos non davan kredito, ke en ansi epidemiyas, ke son apegaderas, ke izieran karantinas, era eyos ke diziyan por kuando alguno se muriya era edjeli geldi4 ke es ke le vino la ora de murir, i eyos sin tadrar, lo izieron ke fueron i alkilaron el un apartamento de el tchiflik, de unos siertos turkos de Samokov, ke eran Ahmed Aga Hadji Ibich oglu, i de Ali Aga Kara Kires ke lo enpatronavan en el kampo de Kalkovo, (el kual Kara Kires, era, un voivoda, yatak 5 or kavesera de una banda
Année 5597 [1837/1838]
Les deux frères, Tchelebi Yeuda et Gavriel, une fois passé le premier mois du deuil de leur père, et s’être un peu consolé de sa mort, décidèrent d’établir un bilan pour savoir où ils en étaient avec l’intention d’ouvrir un commerce. Ils avaient en effet beaucoup dépensé durant la maladie de leur père, bien au-delà de ce qu’ils pouvaient assumer. C’est ainsi que sans tarder, ils firent le bilan ainsi que l’inventaire des marchandises qu’ils possédaient. Tout compte fait, il ne leur restait pour toute fortune qu’une somme de 10 000 groches, sans compter les deux appartements où ils vivaient, un pré et quatre parcelles de champs cultivés. Tchelebi Avraam ne prit pas part à ce bilan, car il étudiait au Midrach avec maître Avraam Alkalai. C’est cette année-là qu’il obtint son diplôme rabbinique. Les deux frères clôturèrent et signèrent le bilan et même si au début ils furent très inquiets, ils ne se découragèrent pas et n’en parlèrent à personne. Ils se mirent à l’ouvrage sans rien changer à ce qu’ils faisaient du temps de leur père.
À peine avaient-ils fait leurs comptes et passé le premier mois du deuil de leur père que se propagea la rumeur d’une épidémie de peste dont mouraient les Turcs de Samokov et qui sévissait déjà depuis un certain temps à Sofia. Cela leur causa une grande frayeur et ils ne savaient pas quoi faire, car à cette époque les Turcs lors de ces épidémies contagieuses n’appliquaient pas les quarantaines. Quand quelqu’un mourait, ils disaient simplement que son heure était venue. Sans tergiverser, ils louèrent un logement dans une ferme de Kalkovo appartenant à des Turcs de Samokov qui s’appelaient Ahmed Agha Hadji Ibichoglu et Ali Agha Kara Kires.
Ce dernier Kara Kires était à la tête d’une bande de voleurs et vivait près des portes de la ville. À cette époque, Samokov était ceinte de profonds fossés et possédait à chaque extrémité deux portes d’entrée. Le soir, la police les fermait et elle les rouvrait à l’aube. Pendant la nuit, on ne pouvait entrer en ville. Ce Kara Kires avait sa maison près des portes et, pour pouvoir abriter à l’occasion sa bande de voleurs, il avait fait creuser un tunnel, très bien conçu et en grand secret. La nuit, il recevait ses hommes chez lui et les renvoyait
de ladrones, i morava serka, de las puertas de la sivdad, i en akel tiempo la sivdad de Samokov, era arodeyada de unas ondas kavaduras, (endekis) i teniya puertas para entrar a la sivdad de 2 partes, i las tadres las seravan, de parte la polisiya, i a la maniyana las avriyan, kon el amaneser, i mientres las notches non se podiya entrar en la sivdad, i el ditcho Kara Kires, ke su kaza, era serka de las puertas, ke para guadrarlos en okasion a su banda de los ladrones, lo izo ke se izo kavar un lagum adebacho la tiera, kon ke fue muy bien lavorado i en muy sikreto i por la notche los resiviya en su kaza i a la maniyana los mandava, sin ke dinguno los viera, i de esta manera iva lavorando i soideyando a los pasantes i tornantes, sin ke se dieron en mano lungo tiempo, i mas tadre ke fueron buchkando, por saver sus sikretos, a razon ke estuvieron aziendo muntchos danyos, i las puertas ke mas ya non las seraron, porke esta seradura turo fin a el anyo de 5625, i en este tiempo tambien lo mataron a Kara Kires, kon plomo de viya la polisia i fue denpues de su muerte ke pudieron deskuvrir, el ditcho lagum, ke teniya una largura de komo 300 metros, i era ke una persona etchada podiya arastarse 6 , i esto avista lo taparon, i lo derokaron, komo tambien i la kaza, i lo decharon kampo vazio, sin ke dinguno lo podria, enpatronarlo,) i sigun ditcho kon el alkilamiento de el ditcho tchiflik, eyos mandaron sus menesteres seya en mobiliya i seya tambien i de todos los otros menesteres por sus bivir, i en el 14 tamuz de este anyo partieron i eyos kon sus familias, adjuntandose tambien i H. Refael sus tio, kon toda su familia, i tambien H. Behoratche Avdala kon su familia ke es la Bu. Rahel sus tiya, i estuvieron todos djuntos en el ditcho apartamento, ke en el sigundo apartamento, ke aviya en este tchiflik, lo alkilaron H. Presiyado Koen, kon Chemuelatche el Chichko, i otras familias, i eran kada uno aparte ke se governavan, kuanto a las kazas i butikas de Samokov, les eran todas seradas, i siempre se estava en el tchiflik, sin ke dinguno de eyos veniya ni una vez a Samokov.
le lendemain sans que personne ne s’en aperçoive. De cette façon, ils agissaient et dévalisaient les passants sans que [le butin] traîne dans leurs mains. Comme ils causaient beaucoup de ravages, on chercha plus tard à percer son secret. Depuis 1865, on ne fermait plus les portes de la ville et c’est à ce moment-là que la police tua par balles Kara Kires. Après sa mort, on découvrit le tunnel qui mesurait environ 300 mètres et qu’une personne pouvait parcourir à plat ventre. Ils le bouchèrent et le détruisirent aussitôt tout comme la maison et laissèrent le terrain nu sans que personne puisse l’acheter.
Une fois loué le logement à la ferme, ils y envoyèrent tout ce dont ils avaient besoin qu’il s’agisse de meubles ou d’autres choses nécessaires à la vie courante. Le 14 Tamuz de cette année, ils partirent avec femmes et enfants accompagnés également de leur oncle maître Rafael, de sa famille, de leur tante la Bulisa Rachel et de son mari maître Behoratche Avdala. Ils partagèrent le même logement. L’autre logement de la ferme était loué par maître Presiado Koen et Chemuelatche el Chichko et d’autres familles. Ils s’occupaient chacun de leur côté de leurs affaires. Quant aux maisons et aux boutiques de Samokov, elles étaient toutes fermées et ils restaient à la ferme sans qu’aucun d’entre eux ne mette, ne serait-ce qu’une seule fois, les pieds en ville.
Maître Avraam Alkalai se chargeait de leur acheter et de leur apporter tout leur approvisionnement. Quand il s’approchait de la ferme, ils le fumigeaient bien ainsi que tout ce qu’il apportait, et une fois que les provisions avaient été bien fumigées pendant environ deux heures, ils les prenaient et recevaient maître Avraam chez eux. Il leur racontait tout ce qui se passait en ville pendant leur absence.
Ils vivaient bien à l’étroit dans la ferme et toutes sortes de questions surgissaient entre eux que l’on ne saurait écrire, mais ils durent prendre leur mal en patience. Ils passèrent ainsi quatre mois dans l’inconfort de leur refuge, mais heureusement rien de grave ne leur arriva et personne ne perdit la vie.
Comme la direction de la communauté de Samokov dépendait d’eux, avant de partir pour la ferme, ils réunirent tous les notables de la ville au Midrach, qui était l’endroit où l’on se réunissait pour décider des
6. Arrastarse (du portugais): se traîner.
7. Purifié, assaini par fumigation. [J. Nehama]
8. Rohesim ou rohes (de l’H.) membres d’une confrérie pieuse administrant la toilette mortuaire.
9. Arrastando: sans travail, sans gagne-pain.
I por el menester de sus komaniyas i otros era por lo todo ke Hr. Avraam Alkalai, ke se las empleyava, i se las yevava, i lo aziyan ke kuando, se aserkava de el tchiflik, era ke lo safumavan muy bien a Hr. Avraam Alkalai, i tambien todas las kozas ke les yevava, i denpues ke ya pasavan de safumerio 7 komo unas 2 oras, era ke las tomavan las kozas i tambien lo resiviyan a Hr. Avraam ande eyos, i el era ke les kontava todas las kozas ke pasavan en la sivdad mientres los diyas ke non veniya.
Sus maneras de bivir en este Tchiflik fue kon algo de estretchura en todos los puntos, i entre eyos les pasava, muntchas diferentes kistiones, ke son kozas ke non se pueden eskrivir, ma ya era ke las somportavan, eyos estuvieron ansi 4 mezes guadrandosen i sufriendo maneras de kozas, i grasias ke ke non arivaron en dingun modo de apreto, ni menos dingun kavzo de muerte.
I siendo ke de eyos dependiya el governamiento, de la komunita de Samokov, fue ke antes ke partieran por irsen a el tchiflik, se rekoj[i]eron eyos djunto todos los notavles de la sivdad, en el Midrach lugar ke se aziyan las reuniones por el reglamiento de la sivdad, por reglar tambien seya el etcho de la komunita komo tambien sovre esto de la epidemiya de la magefa ke si en kavzo se podiya mas espanderse, i de suyo es ke kada uno iba a buchkar seya de fuirse or de guadrarse i en kavzo de algun muerto podiya ser ke non uviera ken ke lo rij[i]era i tambien ke lo enterara, i todas las familias ke aviyan en Samokov, en este tiempo eran todo 75, i ansi fue ke nominaron, Rohesim8 i kabari, i Chamas[h]im, i de eyos les nombraron semanada, por esto ke deviyan de kudiyar i tambien ke non podiyan salir de la sivdad, i eran los ke les pagavan a Hostemli, a H. Chemuel Baruh, i a H. Koen i a 2 Chamachim, ke todos los kavzos de muerte, ke uvo en Samokov entre los Djidios fue, de 18, ke murieron de esto.
I mas tadre ke ya non uvo mas i ke ya era entrada de invierno i tambien ke ya fueron muy kansos de estarsen arastando 9 por los kampos, i dechando kada uno sus kazas i butikas, i sovre todo ke los gastos tambien les eran grandes, se
affaires communales comme de la communauté, et de l’épidémie de peste au cas où elle s’étendrait plus. Chacun pour soi allait chercher à fuir ou à s’isoler de sorte qu’il ne resterait bientôt plus personne pour s’occuper des morts et les enterrer. Il y avait 75 familles [juives] à Samokov à cette époque et ils nommèrent des préposés aux soins funéraires et aux enterrements auxquels ils attribuèrent un salaire, pour ceux dont ils devaient prendre soin et qui ne devaient pas quitter la ville. Ils payèrent Hostemli, maître Chemouel Barouh, maître Koen et deux veilleurs. Parmi tous les Juifs de Samokov, 18 moururent de la peste.
Quand il n’y eut plus de cas, à l’approche de l’hiver, alors qu’ils étaient fatigués de traîner désœuvrés à la campagne et d’avoir laissés derrière eux leurs maisons et leurs boutiques, alors que leurs dépenses étaient grandes, ils rassemblèrent leurs affaires et chacun retrouva sa maison et sa boutique. Au début, ils vécurent dans la peur, mais plus tard, ils retrouvèrent leur calme et leur confort et chacun reprit le chemin de son travail.
Ladite ferme, après quelques années, tomba complètement en ruine et il ne resta plus à son emplacement qu’un terrain nu pas très grand qu’ils achetèrent en association avec Rachid Bey, qui était mineur, où l’on extrayait de grandes quantités de minerai de fer et qu’ils exploitaient pour leurs fabriques. Aujourd’hui où j’écris ce texte, il appartient à M. Chemuelatche Yeuda Arié et il en tire de 30 à 40 charrettes de foin chaque année.
En l’an 5598 [année civile 1837/1838], les deux frères Tchelebi Yeuda et Gavriel et toute leur famille étaient revenus de la ferme avec leur mère la Bulisa Lea tandis que Tchelebi Avraam poursuivait ses études avec maître Avraam Alkalai. Ils s’installèrent dans leur maison où ils vivaient déjà du temps de leur père et où les deux frères maître Yeuda et maître Gavriel étaient passés dans le second appartement nouvellement construit alors que la Bulisa Lea avec son jeune fils Tchelebi Avraam demeuraient dans l’appartement qu’ils occupaient auparavant. Ils conservèrent toutes les règles de vie du temps de leur père, la cuisine se faisait toujours dans l’appartement de la Bulisa Lea où ils se retrouvaient tous pour manger. Les deux frères sortirent en ville pour trouver un travail, peu importe
enpesaron a rekojersen i venirsen kada uno a su kaza i butika, ke a los presipios les fue espanto grande ma mas tadre eyos ya se resentaron i estuvieron muy buenos, i enpesaron kada uno a buchkar sus lavoro.
Este ditcho tchiflik denpues de unos kuantos anyos, se deperdio enteramente, i resto un kampo vazio ni sikera bastante grande, i eyos lo merkaron en Hevra kon Rachid Bey, ke era Rudichta, ke sali[y]a muntcho metal de fiero, i la lavoravan para sus fabrikas, ke sali[y]a partidas grandes, i agora ke esto eskriviendo la dita lo enpatrona Sr. Chemuelatche Yeuda Arie i toma de el de 30 a 40 karos de paja en kada anyo.
En este anyo de 5598, los 2 ermanos, Tchelebi Yeuda, i Gavriel kon todas sus familias, i Tchelebi Avraam ke kontinuava, de mizmo sus estudios, kon Hr. Avraam Alkalai, i sus madre la Bu. Lea ke ya se boltaron de el tchiflik, i se resentaron en sus kazas ke moravan de mizmo i antes en el tiempo de sus Padre, ke es los 2 ermanos Tchelebi Yeuda, kon Tchelebi Gavriel, se pasaron en el sigundo apartamento ke fue muevo fraguado, i la Bu. Lea kon su ijo el Tchiko el Tchelebi Avraam, fueron en el apartamento ke ya moravan i de antes, i todas las reglas, de sus bivir fueron de mizmo, sigun ke en el tiempo de sus Padre, i la kozina fue tambien en la kaza de la Bu. Lea i de mizmo se ivan todos a komer, en su kaza sin ke uvieran dingunos trokamientos, i eyos ke salieron a la plasa, para enpesar a buchkar de lavorar, en kualo fuesa, visto sigun ditcho ke sus furtuna ke les aviya kedado de sus padre afuera ke ya era muy tchika, fue ke i esto tambien ya lo gastaron en la ida ke se fueron por razon de la magefa, ke ya se kere entendido en kuala position arivaron, kij[i]endo dizir ke fueron enteramente vazios, i eyos torna kon todo los 2 ermanos, non pedrieron el kuraje, i entre las muntchas platikas ke eyos las aziyan, sovre el suyo avenir, fue ke eyos se detchizaron por ke, se fuera Tchelebi Gavriel, a Sofia, i ke le rogara a su esfuegro, H. Presiyado Tatcher, a ke le diera algunas kartas de kredito, por algunos de sus komisioneros, de Viena, porke H. Presiyado era uno de los
lequel, car comme je l’ai dit non seulement la fortune qui leur était resté de leur père était fort réduite, mais ils l’avaient encore dépensée en fuyant l’épidémie. On comprend aisément dans quelle situation ils se trouvaient, autant dire qu’ils n’avaient plus un sou vaillant en poche, mais, malgré tout, les deux frères ne perdirent pas courage, et au cours des nombreuses discussions qu’ils eurent à propos de leur avenir, ils décidèrent que Tchelebi Gavriel irait à Sofia et qu’il prierait son beau-frère, maître Presiado Tatcher, de lui donner des lettres de change pour certains de ses fournisseurs à Vienne. Maître Presiado était en effet l’un des principaux commerçants de Sofia ; ce dernier, sans rien leur refuser ni même discuter ou y mettre des conditions, leur donna plusieurs lettres de change toutes rédigées de façon à ce qu’on leur ouvre un crédit illimité. Il le remercia comme il se doit et il rentra à Samokov avec les lettres. On comprend sans peine le plaisir et la joie qu’ils éprouvèrent. Ils avaient l’intention d’acheter des marchandises et de les vendre en gros pour aller plus vite. Ils se préparèrent en peu de jours et Tchelebi Gavriel partit pour Vienne. Tout le voyage se faisait à cheval en passant par Nich, Aleksinac, Belgrade, Semlin [aujourd’hui Zemun] et Budapest d’où l’on allait à Vienne en diligence. Le voyage prenait un mois, car on devait respecter une quarantaine au passage de toutes les frontières. À peine était-il arrivé à Vienne qu’il s’adressa sans tarder à tous les fournisseurs auxquels il remit les lettres de change et tous le reçurent aimablement en lui disant qu’il fasse ses achats pour la somme qu’il souhaitait et en se mettant à sa disposition. Il s’en réjouit et il fit ses achats sans tarder suivant la liste qu’il apportait de Samokov à laquelle il ajouta quelques articles qui lui paraissait bons et des plus convenables pour Samokov. Ses achats s’élevèrent à une somme de 100000 groches. Il s’en réjouit et revint très satisfait à Samokov. Les marchandises arrivèrent peu de temps après et ils firent de bonnes ventes avec un gain de 25 %. Surtout, les ventes se firent rapidement et ils encaissèrent les règlements sans aucune difficulté ni retenue.
Cette année-là, où Tchelebi Avraam poursuivait ses études au Midrach, et comme les deux frères Tchelebi Yeuda et Gavriel avaient fait de bonnes affaires, ils
10. L’actuelle Aleksinać en Serbie. Elle est située entre Nich et Belgrade.
11. Cette ville est aujourd’hui en périphérie de Belgrade et a pris le nom de Zemun.
12. Bulgare граница: frontière. mas grandes, merkaderes de Sofia, ke el kual sin en nada refuzarle ni menos dingunas difikultades, ni algunas kundisiones, fue ke le dyo unas kuantas kartas, i todas eskritas porke lo akreditaran sin limito, ke de esto le dyo las grasiyas, menesterozas i se vino djunto kon las kartas a Samokov, i ya se kere entendido el gusto i la alegriya ke eyos la tuvieron, kon la entision, de merkar ropas, i venderlas en groso, lo todo por mas presto, i esto eyos se prontaron en pokos diyas, i partio Tchelebi Gavriel por Viena, i el viyaje, ke lo aziyan todo a kavayo, i se ivan viya de Nich, a Belogrado, i Aleksensa10, i Semlin11, Budapechta, i kon karusa era ke se iva a ir a Viena, i esto todo le turava el viyaje komo un mez, porke guadrava karantinas en todas las grani[t]sas 12,(konfines) i apenas ke ya arivo en Viena, sin tadrarse el se adereso ande todos los komisioneres ke les yevo las kartas de kredito, i todos lo resivieron kon buenas karas, en diziendole ke iziera sus empleos de la suma ke lo keri[y]a ke eyos ya, estan prontos para responder, ke de esto tambien se gusto muntcho i sin tadrar, el izo sus empleos, a detras de la nota ke ya se yevo de Samokov, i algunos tambien artikolos ke a el le paresio de bueno, ke lo todo de los artikolos ke eran los mas pasavles en Samokov, i la suma ke merko, fue, de 100 000 groches, el ke ya fue tanto kontente i kon esto, se vino a Samokov, muy kontente, i pasando poko tiempo ke ya le arivaron i las ropas, eyos izieron sus buenas venditas i kon una ganansiya de 25 %, ke lo mijor fue ke presto la vendieron i en kurto tiempo tambien izieron sus enkasos, en buena regla si[n] ke tuvieron dingunas difikultades ni menos detenimientos.
En este anyo, ke Tchelebi Avraam, estava de mizmo kontinuando sus estudios, en el midrach, i siendo ke sus etchos, ya les fueron buenos, fue ke los 2 ermanos Tchelebi Yeuda i Tchelebi Gavriel se detchizaron de kazarlo a sus ermano el tchiko, kon la Bu. Bulisu Simha, la ija grande de Tchelebi Yeuda, i esto kon ke kedaron de akordo los 2 ermanos mas grandes, ke Tchelebi Avraam tambien teniya de tomar parte, en todos los etchos ke eyos lavorara, anke
décidèrent de marier leur jeune frère avec la Bulisa Simha, la fille aînée de Tchelebi Yeuda. Les deux frères s’accordèrent là-dessus et sur le fait que leur frère devait être partie à toutes les affaires qu’ils traitaient même s’il était encore étudiant. Ils décidèrent aussi de partager les dépenses du mariage et ils en informèrent Tchelebi Avraam pour que tout cela soit fait avec son accord. Il accepta toutes leurs propositions et sur ce, ils commencèrent les préparatifs. En peu de temps, ils furent prêts et ils célébrèrent les noces en grande cérémonie. Ils convièrent beaucoup d’invités des autres villes, et parmi eux les plus grands rabbins de ce temps-là qui résidaient à Sofia, Dupnitsa, Kyustendil et Pazardjik, tous revêtus de leurs robes et de leurs couvre-chefs rabbiniques et chaussés de babouches. Ils restèrent les huit jours que durèrent les noces, se réjouissant et chantant tous les jours et toutes les nuits. Durant tout ce temps, les deux frères n’ouvrirent pas leur boutique et ne traitèrent pas de leurs affaires. Tous les soirs, ils accueillaient nombre d’invités et de parents à leur table. Les hommes, les femmes et même les enfants étaient toujours dans la maison où se célébrait le mariage. Chaque jour, les femmes venaient leur rendre visite et ils leur offraient toutes sortes de confitures en guise de douceurs, des cafés et des chibouques. Elles chantaient, dansaient et les hommes comme les femmes se réjouissaient, car l’on savait, comme je l’ai déjà écrit, que lorsque l’on célébrait les noces dans la maison des Ariés on ne regardait pas à la dépense du moment que tous prenaient du plaisir. La mariée apportait une dot de 500 groches et un trousseau bien garni. Elle était et fut toujours d’un bon caractère, très gaie, bonne ménagère, très convenable et elle avait des doigts de fée. Elle fut toujours comblée et n’était en rien jalouse. Elle savait bien chanter et avait une belle voix haute et claire. Elle était économe et était d’un naturel généreux et porté à faire le bien. Elle était franche et ne cachait rien de ce qu’elle avait sur le cœur. Elle ne se soumettait à personne, car elle n’avait peur de personne et savait se défendre, en tout bien tout honneur. C’est ainsi que tous l’aimaient et la respectaient beaucoup, son père plus que personne qui ne lui refusait rien de ce qu’elle lui demandait. Elle vécut toujours très unie à son mari. Tous ses parents
ke estava estudiando, i kon el gaste de la boda, ke lo teniyan de azerlo de en medio, i de esto todo ke se lo izieron saver a Tchelebi Avraam, porke fuera kon su kontentes, fue de akordo, a todas sus proposisiones i sovre eyo, es ke enpesaron a prontarsen todos los menesteres por la Boda, i esto en poko tiempo eyos ke ya estuvieron prontos, izieron la Boda kon muy muntcho saltanat, i tuvieron a muntchos kombedados de otras sivdades, i entre los kombedados uvieron tambien i de los mas grandes Rabanim de akel tiempo, ke eran de Sofia, i de Dupnitsa, i Kyustendil, i Pazardjik, i todos kon sus bonetas i biniches, i sapatos kon las mestas 13, i estuvieron todos los 8 diyas de la Boda, en todos los diyas i en las notches, siempre alegrandosen i kantando i en estos diyas sus ermanos non avrieron butika ni menos ke miravan dingun etcho, era ke en kada notche, ke teniyan mezas yenas de kombidados, i todos sus parientes, seya parientes, seya los ombres komo tambien i las mujeres mizmo i las kriyaturas, eran todos siempre en la kaza de la boda, i entre los diyas era ke kada diya vijitavan todas las mujeres i a todas las adulsavan kon modos de konfiturias, i kahves, i tchibukes i eyas kantavan i bailavan, i se alegravan sovre todo ke kuando ya aviya bodas en la kaza de los Aries, sigun ke ya lo tengo eskrito, ke se gustavan todos seya ombres komo tambien i mujeres, i a eyos no se les enporto por el grande gaste ke izieron en tal de alegrarsen, i la noviya ke ya trucho 500 groches de kontado i muntcha achug[u] ar, i la noviya ke ya era i fue siempre buena, i muy alegre, i nikotchera i muy yakichikliya 14 , ke a eya le veniya todo azerlo de su mano, i eya fue siempre arta de lo todo, i por nada non se enselava, eya saviya muy bueno kantar, i su bos era muy alta i ermoza, eya saviya i konosiya, la ikonomiya, su natura era de azer bien a todos, eya era liberala, i esto ke lo teniya en el korazon era i en la boka, ke nada non enkuvriya, i lo todo era a la klara, eya non se sotometiya a dinguno, porke non se espantava de dinguno, i se saviya defenderse, kon muntcha onor, i ansi era ke
et leurs amis lui offrirent beaucoup de cadeaux et de gratifications, en ducats comme en d’autres choses tout comme au marié. Une fois les noces terminées et que tous les invités furent repartis joyeux et satisfaits, et que furent généreusement rétribués, en argent comme en nature, les serviteurs et les servantes, tout comme les musiciens, ils se reposèrent quelques jours et Tchelebi Avraam à la satisfaction de ses frères et de sa mère, retourna à la maison d’études. Les deux frères reprirent leur commerce et la Bulisa Lea était pleine de joie. Elle dirigeait la maison et ses trois belles-filles en conservant la même disposition qu’auparavant : la Bulisa Lea avec Tchelebi Avraam et la Bulisa Bulisu dans l’ancien appartement. Ils ne changèrent rien non plus à la cuisine et comme avant elle se faisait chez la Bulisa Lea et tous mangeaient à la même table comme ils en avaient l’habitude.
Toutes les visites que leur rendaient leurs parents, d’autres personnes et même toute la communauté aux premiers jours de Souccot et de Pessah se déroulaient dans l’appartement de la Bulisa Lea. Il en allait de même des visites que faisaient les femmes et en général toutes les rencontres avaient lieu chez la Bulisa Lea. C’est de cette façon qu’ils marquaient leur déférence envers leurs parents et il faut dire qu’ils agissaient bien ainsi alors qu’aujourd’hui c’est l’inverse chez la plupart des jeunes; les uns disent que leurs parents sont déjà vieux et qu’ils ont assez vécu et les autres leur disent de rentrer à la maison se mettre au lit, car ils se sentent déshonorés lorsque l’on dit qu’ils ont un père ou une mère âgée.
Une fois la cérémonie achevée, il leur fallut partir à nouveau à Vienne pour faire leurs achats. Tchelebi Gavriel fit une liste de tout ce qu’il devait acheter et il prépara aussi l’argent nécessaire. Cette préparation se faisait ainsi : tout ce qu’il recueillait tant en or qu’en argent, ils le faisaient fondre en lingots, car les monnaies qui circulaient en Turquie n’avaient pas cours en Autriche. Quand ils arrivaient à Aleksinac en Serbie et à Semlin, ils observaient trois jours de quarantaine. Leur banquier, M. Mathe Ruso venait leur rendre visite durant la quarantaine et il leur achetait les lingots d’or et d’argent qu’ils avaient apportés et il leur donnait des minsas qui est la monnaie en circulation en Autriche. M. Mathe Ruso
13. Chaussure sans contrefort pour soutenir le talon, à l’usage des rabbins et des personnes très pieuses quand elles vont à la synagogue pour les offices prolongés de Kippour, du 9 Av etc. [J. Nehama]
14. Du turc yakişmak en judéo-espagnol yakishear: convenir, seoir, aller bien. [J. Nehama]
todos la amavan i la respektavan muy muntcho, su padre la amava mas de muntcho, i non le refuzava, en nada por todo esto ke le demandava, siempre bivieron kon su marido, muy aunados en todos los puntos, a eya le dieron todos los parientes, i los amigos muntchos prezentes, de bezas manos, seya en dukados komo tambien i de otras kozas, de mizmo i a el novio, i denpues ke ya eskaparon la Boda, i ke ya mandaron a todos los kombedados, [y]endosen muy kontentes i alegres, i ke ya pagaron a todos los servidores, i las servideras, muy bien pagados, seya en moneda komo tambien i en ropas, ansi tambien i a los tchalg[u]idjis, repozaron unos kuantos diyas, i denpues Tchelebi Avraam kon la kontentes de sus ermanos i su madre se fue tambien i en este anyo a el midrach por ainda kontinuar algo sus estudios, i eyos los 2 ermanos ke ya se fueron a sus negosio, era la Bu. Lea yena de la alegriya, i governava la kaza i a todas sus 3 nueras, en restando de mizmo sigun antes, la Bu. Lea kon Tchelebi Avraam, i la Bu. Bulisu en la kaza ke estavan i de antes, i los 2 ermanos de mizmo en la kaza ke estavan tambien i de antes, i kon la kozina non trokaron tambien nada, i lo aziyan lo todo sigun de antes, ke torna se guizava, ande la Bu. Lea i se komiya todos en una meza, sigun ke i de mas antes.
Todas las vijitas ke les aziyan, seya los parientes, i seya tambien i otra djente, i de mizmo i kuando les veniyan el kolel entero a vijitarlos en los primeros diyas de Sukod i de Pesah i esto tambien era ke les veniyan en la kaza de la Bu. Lea, de mizmo era i las mujeres, en general lo todo era en la kaza de la Bu. Lea ke se rekojiyan, para lo todo, i era de esta manera ke las respektavan a sus parientes, i por esto kale dizir ke teniyan todo lo bueno, anke ke en el tiempo de agora, es al kontrario, en lo mas de la manseveriya, kon dizirles ke sus parientes ya son viejos ke los unos le dizen ke ya abasta bivio, i los otros les dizen ke se vayga en kaza i ke se etche a durmir, porke non les aze onor a eyos ke se diga ke tienen un Padre or una Madre vieja.
les visitait chaque jour durant le temps de la quarantaine ; il leur apportait souvent de quoi manger et ils en profitaient pour se restaurer ensemble. Au sortir de la quarantaine, ils restaient encore un ou deux jours le temps de trouver le moyen de repartir, et M. Ruso les invitait chez lui où ils mangeaient et dormaient avant leur départ. Il en était ainsi à chacun de leur voyage. Au bout de quelques jours, Tchelebi Gavriel arriva à Vienne, et il ne perdit pas de temps en distraction. Il se mit aussitôt à l’ouvrage et s’efforça de le terminer au plus vite pour repartir. Lors de ce voyage, il fit des achats deux fois plus importants qu’à sa première visite. Quand la marchandise arriva en grande quantité à Samokov, ils ne purent l’écouler tout de suite et ils décidèrent d’en envoyer une partie à Filibe et une partie à Pazardjik où se tenaient des foires. De nouveau, ils l’écoulèrent rapidement en en tirant un bon prix, ils en furent très contents et satisfaits, et ils mirent toutes leurs forces dans le travail.
Usref Pacha, le gouverneur de Samokov les avait sous sa protection et ils lui rendaient souvent visite en lui apportant des cadeaux de Vienne. Tchelebi Yeuda était celui qui lui rendait visite le plus fréquemment, et Usref Pacha le faisait asseoir et lui offrait un chibouque et un café ce qui, en ce temps-là, était un très grand honneur.
Cette année-là, Tchelebi Yeuda eut un fils et ils le nommèrent Josef David, [celui qui dans la suite du texte est nommé] M. Davidtchonatche. Comme ils étaient très contents et satisfaits du tour que prenaient leurs affaires, ils célébrèrent comme une noce les huit jours où l’accouchée garda le lit, et il va sans dire que le jour de la circoncision, ils firent une grande fête en invitant toute la ville, hommes et femmes, et ils se régalèrent en chantant et en dansant, en s’égayant et en se réjouissant. Ce fut sa propre mère qui l’allaita et en prit soin, sans en concevoir de fatigue.
Ils poursuivaient leurs vies comme les autres années. Ils mangeaient tous dans la maison de leur mère, la Bulisa Lea et économisaient sur leurs dépenses. Toute la somme qu’ils dépensaient pour subvenir à leurs besoins s’élevait à 3000 groches par an alors que du temps où leur père était en vie, ils dépensaient plus de 10 000 groches et malgré tout ils s’arrangeaient avec cette petite somme sans comparaison avec celle d’avant, et faisaient
Denpues ke ya se eskapo la Boda, i ke eyos ya kalia ke partieran de muevo a Viena por azer sus empleos, fue ke Tchelebi Gavriel se izo la nota, de esto ke le kalia ke empleyara, i se pronto tambien i la moneda, ke el prontamiento de la moneda era ke todo lo ke rekojiyan seya en oro komo tambien i en plata, era ke lo deritiyan seya el oro komo tambien i la plata, i lo aziyan en kioltches, por razon ke las monedas ke sirkuliyavan en Turkia, non eran valavles en la Austriya, i kuando ya arivaran en Aleksensia, Serbia, i tambien Semlin ke en todos los 2 lugares guadravan a 3 diyas de karantina, i en sus estar en la karantina de Semlin ya les veniya sus bankero ke era el Sr. Mathe Ruso i les merkava las piezas de oro i de plata, ke eyos teniyan, i les dava minsas, ke es la moneda ke sirkuliyava en la Austriya, i el ditcho Sr. Ruso en el tiempo ke eyos guadravan la karantina, era ke los vijitava kada diya i muntchas vezes
en sorte que personne ne s’en aperçoive. Aux yeux du monde, rien ne paraissait changé et ce fut l’une des raisons de leur réussite. Ils continuèrent de cette façon un certain nombre d’années, sans se lasser et en conservant un lien fraternel entre eux et tous ceux de leur maisonnée, et ils vivaient ainsi heureux et satisfaits.
À partir de ce moment, Tchelebi Gavriel estima que plutôt que de se rendre à Vienne, il serait préférable d’aller seulement à Pest où se tenaient à cette époque quatre foires annuelles. Il les fréquentait toutes et il y retrouvait toutes les marchandises, les fournisseurs et les banquiers de Vienne qui leur faisaient crédit. Cela leur permit d’ouvrir un magasin pour vendre leur marchandise à Filibe. Ils s’entendirent à ce propos et Tchelebi Gavriel partit seulement à Pest. Il emporta cette fois une plus grande somme d’argent en empruntant à leurs amis et à des beys. Beaucoup des marchands juifs de Sofia étaient également du voyage et ils se réunirent et partirent tous ensemble.
La foire annuelle à Nagyszeben (Transylvanie) en 1819. Musée hongrois du commerce et de la restauration Budapest.
La foire annuelle à Nagyszeben (Transylvanie) en 1819. Musée hongrois du commerce et de la restauration Budapest.
les traiva i koza de komer, i komiyan djuntos, i kuando ya saliyan de la karantina i ke estavan un diya 2 fin a topar el molde por partir adelantre, era ke Sr. Ruso se los yevava en su kaza i komiyan i dormiyan tambien en su kaza, fin ke partiyan adelantre, i ansi lo aziya en kada vez ke ivan, i Tchelebi Gavriel denpues de unos kuantos diyas ke el ya arivava a Viena era ke non se tadrava, or mirava en algunos sus plazeres, otro ke de vista era sovre el etcho i muy presto buchkava, de eskapar, por vinirse, i mirar de adelantar, ke en este viyaje el izo los enpleos 2 vezes mas grande ke de la primera vez, i en arivandoles la ropa a Samokov, i ke era la suma mas grande, i en Samokov ke non la podiyan venderla tanto presto eyos lo izieron ke mandaron partida de eya a Filibe i partida a Pazardjik ke en estos lugares se aziyan feriyas, i de mizmo las vendieron kon su buen presio i esto tambien i presto, i ansi eran
Comme je l’ai dit auparavant, ils observaient la quarantaine à Aleksinac et Semlin. Leur banquier M. Mathe Ruso qui les protégeait et leur apportait la monnaie qui avait cours à Pest vint les trouver et ils furent à nouveau reçus chez lui. Au moment de quitter la maison de son hôte, Tchelebi Gavriel avait l’habitude d’offrir des gratifications aux domestiques et M. Ruso en était très honoré et satisfait d’autant que les Sofiotes n’agissaient pas ainsi. C’est pourquoi M. Ruso le tenait en haute estime, le protégeait et l’aidait bien plus que les autres. Une fois à la foire de Pest, ils firent leurs achats, chacun selon ses moyens. Tchelebi Gavriel acheta d’abord les marchandises qui se vendaient à crédit, puis celles qui se vendaient au comptant, jusqu’à ce qu’il ait dépensé tout son argent. Les achats réalisés par Tchelebi Gavriel étaient bien plus modestes que ceux des marchands de Sofia. Alors que la foire était sur le point de s’achever, il remarqua qu’il y avait beaucoup d’articles que l’on cédait à prix cassés, et
muy kontentes i muy gustozos, i tambien lavoravan kon todas sus fuersas.
Usref Pacha ke era el governador de Samokov era ke los protejava muy muntcho, i eyos siempre lo vijitavan i le traivan i algunos prezentes de Viena, ke lo mas muntcho era Tchelebi Yeuda ke lo vijitava, i era tambien ke lo asentava i le dava tchibuk i kahve ke esto era una onor muy grande para akel tiempo.
En este anyo le nasio a Tchelebi Yeuda un ijo, i lo yamaron Josef David ke es este el Sr. Davidtchonatche, i sigun ke ya estavan muy gustozos, i alegres de sus etchos ke les kaminavan a delantre, fue ansi ke en todos los 8 diyas ke la parida estuvo en la kama lo izieron boda grande, i non kere ditcho ke en el diya de el birkad mila lo izieron fiesta grande kon ke kombedaron a la sivdad entera seya a los ombres komo tambien i a las mujeres, i komieron todos, kon kantes i bailes, i se kontentaron, i se alegraron, ke eran de esta manera ke se pasavan i biviyan kontentes, era su propia Madre ke lo aletchava i lo kudiyava, sin enfastiyarse.
Eyos era tambien i en este anyo ke kontinuaron sigun de los otros anyos, ke komiyan todos en la kaza de sus Madre la Bu. Lea, i non se antcharon en el gaste, eyos tambien guadraron la ikonomiya, ke toda la suma ke eyos gastavan por el menester de sus mantenimiento, era de 3 000 groches, en el anyo, a tiempo ke ke kuando biviya sus Padre, el gaste ke gastavan era ariva de 10 000 groches, i aun kon todo ke eyos lo aziyan kon esta tchika suma ke era grande la diferansiya, ma torna kon todo eyos non se aziyan demostrar, ande la djente, i a los ojos de el mundo, se demostravan lo todo sigun de mas antes, ke fue i esto tambien i una de las razones, de los suyos adelantamientos, i de esta manera eyos kontinuaron unos kuantos anyos, sin kansarsen i kon la grande union ke los ermanos la tuvieron, i esta de todos los ke eran en kaza, i era ke lo pasavan i biviyan muy, alegres i muy kontentes.
Tchelebi Gavriel de este tiempo i endelantre, mas ya non lo topo de djusto por ir a Viena, otro ke ya le fue muntcho mas mijor el ir solo a Pechta,
comme il n’avait plus d’argent, il voyait les Sofiotes les acheter, car ils avaient beaucoup plus de ressources que lui. Il pensa écrire à son frère à Samokov pour qu’il trouve le moyen de lui procurer une somme d’argent, mais ce n’était pas possible, car non seulement il était tard, mais il n’y avait pas de télégraphes, de postes et d’autres facilités pour communiquer. Il resta donc à chercher comment il pourrait se procurer une somme d’argent pour acheter lui aussi les articles qu’il voyait à si bon prix. Il n’osait demander à personne, car il avait peur d’un refus et d’être atteint dans son honneur. Il alla donc marcher au bord du Danube, déambulant en proie aux soucis, et au cours de cette promenade, il tomba sur M. Ruso qui lui demanda : « Pour quelle raison te promènes-tu ainsi alors que la foire bat son plein ? » Aussitôt Tchelebi Gavriel lui dit qu’il avait bien raison de lui poser cette question et que la cause en était qu’il était à court d’argent et que bien qu’il y ait encore beaucoup d’articles, il n’avait plus de quoi les acheter; que s’il voulait lui être agréable, il pouvait lui prêter une somme contre intérêts, et qu’il aurait de quoi la lui rembourser, car les articles étaient très intéressants. Sur-le-champ, M. Ruso sortit son portefeuille de sa poitrine et tout en lui disant de bien les tenir, car il y avait beaucoup de vent et qu’ils auraient pu s’envoler dans le Danube, il lui décompta 10 billets de 1 000 florins en lui demandant : « c’est suffisant ? » Tchelebi Gavriel non seulement le remercia mille fois, mais il lui dit que c’était beaucoup, et aussitôt il se rendit là ou se tenait la foire et il acheta beaucoup plus d’articles à bon prix qu’à l’ouverture. Il est facile d’imaginer combien il fut satisfait de ces derniers achats, et après avoir envoyé toutes les marchandises qu’il avait achetées, il rentra à Samokov tout réjoui, et après quelques jours, il partit pour Filibe louer un magasin, et plus tard, quand les marchandises commencèrent à arriver, ils les vendirent en bon ordre et de la manière la plus honnête qui soit tant à Samokov qu’à Filibe.
15. Facilités. Substantif formé sur l’adjectif kolay (du turc facile). ke en este lugar en akel tiempo se aziyan 4 ferias en el anyo i el las iva a frekontar todas las 4, ke de mizmo ya se topavan todas las ropas i los komisioneres i bankeres de Viena, ande eyos teniyan sus kreditos, i kon esto eyos era ke podiyan i avrir tambien i un magazen por vender ansi ropas tambien i en Filibe, i esto ke ya lo toparon de mas djusto fue ke partio Tchelebi Gavriel torna por ir solo a Pechta, kon ke se yevo en esta vez mas grande suma de moneda i esto kon ke se enperestaron de sus amigos, i de los begis, i de Sofia ke ya se ivan muntchos de los merkaderes Djidios ke ya aviyan fue ke se adjuntaron todos i en una partieron, i sigun ditcho mas antes ke eyos guadravan las karantinas, en Aleksensa i Semlin, i ke sus bankero el Sr. Mathe Ruso, ke los protejava i les trokava, sus moneda, por la moneda pasavle en Pechta, fue i en esta vez tambien lo mizmo, i estuvieron tambien, en su kaza komo musafires, i Tchelebi Gavriel ke estava tambien, era ke lo aziya ke kuando se iva a salir de la kaza, el les dava prezentes en moneda a los servidores de la kaza, i esto le era a el Sr. Ruso muy grande onor i plazer, lo kual ke los otros sus musafires los Sofiyales non lo aziyan esto, i ansi era ke a Tchelebi Gavriel lo viya muy klaro ke lo protejava i lo ayudava mas muntcho de los otros, i eyos ke ya estuvieron en la feria, de Pechta, lo izieron sus empleos, kada uno, sigun de su posibilidad, ansi de mizmo i Tchelebi Gavriel lo izo ke merko al presipio las ropas ke se merkavan a kredit, i denpues estas ke eran por kontante, lo todo fin a ande tuvo moneda, i a toda viya los empleos ke aziya Tchelebi Gavriel eran muntcho mas tchikos de estos ke los Sofiyales los aziyan, i serka komo a la seradura de la feria, era ke Tchelebi Gavriel lo viya ke aviyan de merkar muntchos modos de artikolos ke se estavan vendiendo muy baratos, i siendo ke el ya non tuvo mas moneda, era ke estava mirando sigun ke los Sofiyales siempre los merkavan, porke eyos ya teniyan muntcho mas de Tchelebi Gavriel, el se pensava, si mizmo, eskriviya a Samokov a su ermano porke topara el molde de kuala suma fuesa, non podiya ser porke aparte ke ya era tadre, era ke non aviya tambien los telegrafos, i pochtas i otros kolailikes 15 para azerlo esto, ansi fue ke sovre esto lo tuvo muy muntcho a pensar, komo lo podiya azer, por aremediyarse de algun lugar alguna suma de moneda por poder i el tambien merkar de los artikolos ke se le viyan tanto baratos, ke astrevirse a dinguno se espantava por el refuzo i kon esto era ke se guadravan muntcho la onor, lo izo ke se enpeso a kaminarse al borde de la oriya de la Tuna en aziendo las promenatas kon los mil penserios, i en esta promenata fue ke lo enkontro el Sr. Ruso i le demanda, kualo es la razon en el tiempo de feriya azer promenatas ? a la ora Tchelebi Gavriel le dize ke ya tiene muntcha razon de ansi una demanda ma el es ke non teniya mas moneda, por empleyar, ke ya ay muntchos artikolos ma es esto ke le mankava, i si le keriya azerle plazer, ke le enprestara la suma fuesa kon ke le pagava sus interesos, i ke ya teniya konto de pagar porke los artikolos ya estavan muy konvenivle, i a la ora el Sr. Ruso sigun ke estavan en la plasa kito su portmone, de su petcho, i le dicho deteneldos bueno porke aviya muntcho aire i ke non se bolen a la Tuna, i le konto 10, bankonotos de a 1 000 florinos, i le demando abasta ? i Tchelebi Gavriel aparte de todas las grasiyas ke el le dyo, le dicho tambien ke ya es i muntcho, i devista se fue a la plasa de la feriya, i se merko muntcho mas baratas ropas de el presipio, i ansi de esto tambien ya se kere entendido, el gusto ke tuvo, de este ultimo empleo, i denpues ke ya expedio toda su ropa ke el la empleo, se vino a Samokov muy kontente, i pasando unos kuantos diyas el partio por Filibe para alkilarse magazen, i mas tadre ke ya le enpesaron, i arivar las ropas, eyos aziyan las venditas seya en Samokov komo tambien i en Filibe, lo todo en muy buena regula, i kon la mas grande deretchedad.