Rapport D'Etudes - Alban Chavanne

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Architecture & 0uvertures Alban CHAVANNE // Rapport d etudes 2014 // Licence 3 // Representation / Paysage / Materialite


« L’architecture ne peut sauver le monde, mais elle peut donner le bon exemple » Alvar Aalto




Rapport d’études du cycle de Licence d’architecture à l’E.N.S.A.G.

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INTRODUCTION AU RAPPORT D’ÉTUDES :

En ce qui me concerne, l’architecture n’est pas une histoire de famille, ni même quelque chose d’inné. Elle m’est apparue petit à petit, à travers les stages et jobs d’été que j’ai pu réaliser au cours de mon adolescence. La visite de l’école d’architecture de Saint-Etienne en 2008 m’a ouvert les yeux sur le parcours que je souhaitais entreprendre. La minutie des maquettes et le souci du détail des planches de rendu m’ont fait apprécier le côté pratique qui fait l’originalité de ces études. C’est ce contraste fort avec l’aspect scolaire plus théorique, du secondaire qui m’a incité à découvrir une autre manière d’apprendre et travailler. Avec pour seul bagage des stages et travaux d’été en maçonnerie, je me suis lancé dans ces études. La vision d’un néophyte tel que j’ai pu l’être en entrant à l’école est un peu utopiste. On voit le métier d’architecte comme une profession où travail et plaisir ne font qu’un et qu’il est facile d’atteindre les objectifs que l’on se donne. Cependant, les relations qui se créent, les liens qui se tissent au sein de l’école nous font vite ouvrir les yeux sur ce qu’est vraiment l’architecture. L’architecture à proprement parler n’a pas de définition unique. Elle est multiple comme la vision de l’architecture diffère d’un individu à l’autre. Mais on apprend surtout la réalité de la profession, par les enseignants qui, par leurs récits, nous montrent le visage actuel de la difficulté du travail en architecture dans la société aujourd’hui. 7


Ma vision sur l’architecture n’a pas changé, elle a évolué par les connaissances acquises durant le cursus. A travers l’enseignement que l’école a pu et peut m’offrir, j’ai réalisé le poids qu’a l’histoire sur l’architecture contemporaine, comment la pensée de l’architecture a pu se développer au cours du temps, par l’évolution des matériaux et de la recherche (cultures constructives, nouveaux moyens de conception…). Cette évolution de la pensée architecturale est aussi une source d’inspiration pour notre architecture et pour nous, en tant qu’êtres humains. Ceci est pour moi un héritage qu’il faut respecter et entretenir. Les années passées à l’école ont enrichi et développé ma vision de l’architecture. C’est un peu comme lorsque j’ai appris à jouer du piano. Sans cours ni solfège, j’ai commencé à me familiariser avec les bases, puis poursuivi par jouer des morceaux plus ambitieux, jusqu’à comprendre le fonctionnement réel, les rouages et sonorités du piano de manière à ce que je puisse bien la pratiquer aujourd’hui. Ma vision de l’architecture est similaire. C’est comme si les bases étaient les architectes étudiés et les morceaux plus ambitieux nos propres projets. Outre le fait que l’on apprend l’architecture par l’écoute des autres, elle est aussi amenée par soi-même – la remise en question de soi ou de son projet est un moyen de nous faire avancer à certains moments où on peut avoir l’impression que c’est l’inverse qui se produit. L’architecture est aussi caractérisée – selon moi – par le partage et la communication. On ne peut produire un bon projet d’architecture sans bien le présenter et le représenter. Un architecte se doit aussi d’être vendeur pour produire et gagner sa vie. Je considère qu’il est indispensable de bien représenter pour le partager avec les autres, il faut leur donner envie, les immerger dans le projet. L’architecte, de nos jours, se doit d’avoir des qualités de vendeur s’il veut réussir à percer dans le milieu. Le fait de produire avec les bons outils permet d’avoir une clarté dans la représentation graphique de son projet qui induit ensuite une bonne présentation lors d’un échange. L’importance d’un projet est toujours lié à son rayonnement. Ce mot caractérise l’impact que peut avoir un bâtiment, un ouvrage, une sculpture sur ce qui l’entoure. Un projet est-il vu de la même manière s’il est vu à 5 mètres ou à 500 mètres ? Le perçoit-on de la même manière ? Cette notion en architecture me semble indispensable à considérer pour tout projet, dans tout milieu. Une notion et une échelle particulière m’apparaît importante à 8


appréhender : le rapport à l’Homme. Même si les autres échelles semblent plus difficiles à anticiper – elles dépendent souvent de facteurs indirects (l’environnement, son contexte) – elles peuvent être pensées et réfléchies. Le rapport à l’Homme, c’est la manière dont un individu va agir en voyant, en parcourant le projet. Les proportions et dimensions du bâtiment vont influer sur le ressenti de l’individu, tout comme le matériau employé. C’est ce matériau qui m’intéresse. De plus en plus, on peut voir de nouvelles techniques de fabrications, donc de nouveau moyens de travailler la matière. Je considère que le matériau employé dans un projet et le générateur de l’émotion qu’il dégage. La connaissance de ces matériaux, leurs propriétés, leur mise en place ne peut se faire connaître que par la découverte, donc par le voyage. Bien que la découverte par le voyage ne sera possible qu’une fois le cursus scolaire terminé, je pars en juillet prochain pour une année de mobilité à Porto Alegre, au Brésil, afin de faire une première approche avec une culture différente. Je pourrai alors voir par moi-même ce que le voyage peut m’apporter dans mon inspiration et ma culture architecturales. Je m’attacherai particulièrement à développer le rôle de la représentation en architecture telle que je la ressens et la conçois, l’importance de la réflexion à plusieurs échelles dans le processus de projet, ainsi que la place de la matière et du matériau en architecture.

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PLAN DU DÉVELOPPEMENT

I // L’IMPORTANCE DE LA REPRÉSENTATION EN ARCHITECTURE 1. La représentation comme outil de conception 2. La maquette, compréhension spatiale d’une architecture 3. La représentation, fondement de l’identité architecturale.

II // L’ARCHITECTURE ET SON CONTEXTE, UNE HISTOIRE D’ÉCHELLE 1. L’architecture génératrice du paysage urbain 2. Usages et formes urbaines, une problématique à différentes échelles

III // A LA RECHERCHE D’UNE MATÉRIALITÉ 1. Le voyage, source d’inspiration et générateur de découverte 2. La matérialité pour une architecture sensible et fonctionnelle.

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I // L’IMPORTANCE DE LA REPRÉSENTATION EN ARCHITECTURE A l’école comme dans le monde professionnel, l’étudiant/architecte présente un projet à l’aide de planches de rendus et autres supports permettant de faire comprendre, partager son projet aux autres. Toute présentation nécessite une bonne représentation graphique du projet, afin que la compréhension n’en soit que plus claire. Cet aspect de l’architecture me semble indispensable au processus de projet car il est le reflet de l’identité du concepteur. Comment la représentation en architecture est-elle un outil de partage et de communication ? En quoi la représentation est-elle le reflet de l’identité conceptuelle d’un architecte ?

1. La représentation comme outil de conception Depuis mon entrée à l’école d’architecture de Grenoble, la rigueur demandée en ce qui concerne la représentation graphique est grande. Moi qui n’avait jamais entendu parlé de Rotring ou de Té Fixe, je me suis demandé si j’étais bien à ma place. Les premiers travaux que j’ai pu réaliser étant laborieux, j’ai vite réalisé la minutie et la patience que la représentation graphique peut nécessiter. En commençant par les bases de la représentation, des lectures telles que JP Durand, La représentation du projet, ou alors F.D.K. Ching, Form, Space and Order, on appréhende mieux la charte graphique conventionnelle demandée par les professeurs. Les premiers projets réalisés nous ouvrent les yeux sur l’importance de la qualité de représentation pour 13


transmettre et partager le projet conçu. Après une première année centrée sur la représentation et l’acquisition de connaissances en matière d’architecture, j’ai dû effectuer une année de redoublement qui pour moi a été le « déclic » de ma prédisposition pour l’architecture, à travers la représentation graphique. Les enseignants de projet de première année accordent une grosse partie de la notation finale à la manière de représenter, à la propreté et la qualité du trait. Il en a été de même pour l’année de redoublement qui a été portée sur des projets différents de ceux réalisés en première année, avec une attention accrue au niveau de propreté attendu. Le projet du 1er semestre de redoublement a porté sur l’étude et la représentation de la Villa Stein, à Garches, conçue par Le Corbusier en 1927. Il nous était demandé de représenter plans, coupes, élévations de cette villa, avec un code graphique spécifique à respecter. La pression du redoublement et la peur de l’échec m’a fait travailler plus dur, jusqu’à refaire 4 à 5 fois la même façade pour arriver à un résultat qui me convenait. Étant un projet de représentation et non un projet de conception, il ne nous était pas demandé de réfléchir à quelconque modification du projet, et toute la note finale se recentrait sur cette représentation graphique. En ayant posé mes propres contraintes qualitatives, j’ai pu rendre un travail satisfaisant à mes yeux. Outre le fait d’avoir réussi le semestre, il m’a été permis d’acquérir une rigueur de travail, une propreté dans le trait, et une manière de travailler efficace pour chaque rendu de projet. La lecture des plans, la propreté d’une planche rend agréable la visualisation de celle-ci, et devient – de mon point de vue – un véritable outil de conception lorsqu’on le maîtrise. Outil de conception dans le sens où cela constitue une aide dans la lecture, l’échelle et la manière de représenter. Les projets et les rendus à la main ont laissé place aux rendus informatisés, domaines plus simple et plus complexe à la fois. J’essaie, à travers mes planches de rendus à l’informatique, de retranscrire ce que je pourrais faire à la main, en y ajoutant les avantages que peut procurer les logiciels de conceptions. La sobriété des rendus main associée au caractère réaliste d’un modèle 3D. La bonne lecture des éléments de présentation repose aussi en partie sur la mise en page. Comment « habiller » une planche de rendu ? Je peux dire que mes rendus ont été et sont sujets à des expérimentations de 14


texturages, de pochage, et d’épaisseur de lignes. La qualité du résultat variait en fonction de la sobriété ou l’extravagance de mes planches de rendu. Entre le rendu classique normé de première année et les libertés graphiques qui nous ont été offertes les années suivantes ont conduit à des rendus variés, comme mon projet du 2ème semestre de 2ème année où je m’étais amusé à créer un sens de lecture original dans une planche chargée en couleurs et teintes automnales. C’est en tentant des choses que l’on remarque ce qu’il faut ou ne faut pas faire. C’est pourquoi, petit à petit, mon travail sur la représentation et la mise en page ont porté leur fruit, tout au long de la licence pour permettre d’avoir un rendu de qualité pour le dernier projet de licence (Chai viticole à Chignin). C’est en cela que la qualité de représentation determine aussi la qualité d’un projet. La représentation graphique en architecture est le fondement de notre capacité à retranscrire et transmettre. Cependant, il existe une autre manière de représenter l’architecture, d’une manière plus lisible et logique : la maquette.

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2. La maquette, compréhension spatiale d’une architecture Durant le processus de conception d’un projet d’architecture, l’architecte doit maitriser l’espace qu’il conçoit. L’espace est l’un des premiers éléments qui nous est demandé de manipuler, de « maîtriser ». La genèse d’un espace se conçoit par le plein/vide. Le vide régit le plein, le plein génère le vide. Ces notions de plein/vide nous dirigent vers une compréhension spatiale, et nous font ressortir les éléments fondateurs, les idées directrices d’un projet. Dans le cadre des études, le moyen le plus « ludique » et efficace d’arriver à cette compréhension de l’espace est la maquette. Elle est une manière de s’approprier le projet conçu, et remarquer ou non les incompatibilités qui peuvent être générées. La maquette est le premier élément avec lequel on se familiarise en école d’architecture. On apprend la genèse d’une forme avec une feuille de papier. Petit à petit, on note l’importance de la maîtrise de l’espace en architecture. Comment générer un espace avec une forme ? Est-ce l’espace qui régie la forme ? Ou bien l’inverse ? La maquette est là pour nous aider à mieux comprendre le travail effectué à la main. Elle est un véritable appui dans le projet et nous aide vraiment à l’appréhender. La maquette se présente un peu comme le symbole des études en architecture et est un peu le reflet de notre personnalité, notre évolution. L’amélioration des productions au fur et à mesure de l’apprentissage nous permet de penser plus ambitieux, plus grand, ou tout simplement nous 16


restreindre dans une plausibilité structurelle moins farfelue. La maquette n’est pas seulement une finalité dans le processus architectural mais bien un outil de conception à part entière. Elle est le sujet à des expériences de déformations, torsions et remodelage qui offrent une meilleure visualisation spatiale du projet. Par exemple, lorsque l’on commence le travail d’analyse et d’implantation de projet, on cherche à poser l’élément identitaire du projet dans le contexte, puis on le calibre de telle manière à ce qu’il garde une proportion et une dimension propre. Ce procédé de conception a été et est pour moi l’élément qui m’aide à avancer. Bien que je puisse voir mentalement mon projet, je considère toujours que le fait de lui donner une matérialité, quelque chose que l’on peut toucher, est plus modelable que de le déformer sans poser une base physique. Le fait de ne pas être entré dans le cursus architectural avec une qualité graphique manuelle suffisante, la maquette a été en quelque sorte une révélation, un moyen d’expression que je maîtrise qualitativement parlant, et qui m’aide à avancer dans les différentes phases du projet. Après l’année de redoublement, il m’a été difficile de me relancer moralement, et la maquette a été une grande contribution dans le redressement qui s’en est suivi. Le degré de difficulté de représentation – jusqu’à cette année là relativement facile – ayant considérablement augmenté, je me suis fixé comme objectif d’aller au delà des objectifs, et de me surpasser pour continuer à avancer. La réalisation de la maquette de la villa Stein du Corbusier a été le début de la rigueur imposée concernant les différents modes de représentation, mais j’ai aussi réalisé qu’un jury ou une personne quelconque peut être interpellé par un projet et s’y intéresser du moment où il est bien représenté. Le fait de retranscrire un projet en maquette relève plus du miniaturisme que de la vraie maquette architecturale. Retranscrire l’élément fondateur d’un projet, le matérialiser différemment, le mettre en avant peut aider à la compréhension spatiale. Lors de rendus, un jury peut ne passer que quelques secondes devant un projet, et l’intérêt d’une maquette aide à l’immersion rapide et totale dans un projet. Je pense qu’il en est de même dans le monde professionnel. Un architecte qui va essayer de proposer ou vendre un projet sera d’autant mieux appuyé s’il s’accompagne d’un réel moyen de représentation tridimensionnel. 17


Une maquette ne va pas concevoir un projet, elle est juste un outil de conception qui est destinée dans un premier temps à aider à la manière de concevoir, puis devient un véritable outil de communication dans la présentation lorsqu’il s’agit de mettre en avant son projet. Une maquette se doit de parler d’elle même, que la lecture soit aussi claire qu’une représentation en plan ou en coupe, de telle manière à ce qu’elle soit un réel complément au projet.

3. La présentation, fondement de l’identité architecturale

En école d’architecture, le projet de fin de semestre passe par un oral de présentation, véritable épreuve pour les élèves. Souvent redouté, l’oral constitue un véritable challenge pour l’élève. Concevoir un projet est une chose, savoir le présenter en est une autre. Je me suis vite rendu compte de la difficulté et de l’importance d’un oral face à un jury expérimenté. La peur et l’anxiété prennent le dessus pour laisser place au stress, nous déstabilisant tout au long de notre intervention. C’est ce qu’il s’est produit pour le projet final de première année. En prenant conscience mes ‘’non-prédispositions’’ concernant mes facultés à parler en public, j’ai réalisé qu’il ne servait à rien de concevoir un projet si l’on est pas capable de l’expliquer clairement et explicitement à un interlocuteur. Ce qui ne m’était pas venu à l’esprit en premier lieu, c’est qu’observer les planches et maquettes d’un rendu de projet ne constitue par entièrement la compréhension parfaite d’un projet. Il y a toujours certaines choses que seuls les mots peuvent éclaircir. On comprend à ce moment là l’importance de la phase oral de projet, toute aussi importante que le projet lui-même. Elle conditionne la note comme un architecte diplômé va être dépendant de sa faculté à vendre son projet oralement pour que son projet puisse voir le jour. A part soi-même, personne ne sait comment on voit son propre projet. 18


Le but est de le faire sortir au mieux de notre imagination par les moyens de conception, mais surtout par des mots. Je pars du principe que celui qui réussit le mieux à retranscrire graphiquement et/ou oralement un projet est celui qui aura le plus de plaisir à concevoir, et de réussite si son architecture est de qualité. La représentation graphique, au même titre que la présentation orale, est un moyen qui caractérise un architecte. Un architecte a beau être un génie, il ne sera pas reconnu s’il ne convainc pas dans sa présentation ou sa représentation. La parole d’un architecte doit être le reflet de son identité architecturale, et non l’inverse. Cette identité, c’est ce qui caractérise un architecte, son architecture et sa manière de concevoir et de travailler. Notre carrière dépend de l’identité que l’on a et que l’on montre aux autres. Au cours des études d’architecture, on apprend aussi à avoir confiance en nous, à avoir aussi confiance en ce que l’on fait. La majeure partie des anxieux à l’oral le sont par peur de ne pas plaire (le projet) au jury. Les enseignants nous font avoir confiance en nous et nos projets, et nous expliquent que le sentiment du jury à l’égard d’un projet peut évoluer s’il est bien développé et expliqué. C’est cette évolution que je recherche, la prise de confiance en soi pour ensuite avoir confiance en son architecture. Edit : Au cours de mon cursus en licence d’architecture, j’ai senti une évolution de ma faculté à m’exprimer devant des personnes jugeant de ma prestation et de mon travail. J’ai, pour mon dernier rendu de licence, pris des dispositions pour mon oral de présentation en modifiant ma manière de présenter un projet. J’ai été moi-même surpris du résultat en constatant l’amélioration au niveau de l’intonation de ma voie, autrefois hésitante et basse, qui s’est considérablement transformé pour être directe et limpide. Parce qu’être sûr de soi se transmet par la parole et que, si l’on est sur de soi, alors on peut transmettre cette confiance aux autres. Le projet d’architecture se traduit et se comprend si toutes les notions sont abordées, les normes respectées. Il y a tout particulièrement un argument important qui est pour moi indispensable dans le processus de conception : l’échelle.

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II // L’ARCHITECTURE ET SON CONTEXTE, UNE HISTOIRE D’ÉCHELLE L’architecture aujourd’hui est en constante évolution, plus particulièrement dans les villes avec leurs nouvelles politiques urbaines. Des quartiers de bureaux ou de logements fleurissent créant de nouveaux centres dans et autour des villes. Ces quartiers sont composés de projets d’architecture variés qui offrent un panel diversifié créant un nouveau tissu urbain. Les projets composant ces nouveaux types de quartiers répondent à une demande de diversification du paysage urbain, et le but de chacun est d’avoir un rayonnement à plusieurs échelles. La place de l’homme y est importante, et la forme et les espaces qui découlent de ces projets le font agir, et qui, à son tour fait vivre ces types de quartiers. Comment les besoins actuels de l’Homme influent-ils sur les usages ? Comment ces usages, en lien avec l’architecture, permettent de dessiner le paysage urbain de la ville aujourd’hui, à l’image de l’Homme du XXIe siècle ? 1. L’architecture génératrice du paysage urbain De nos jours, de plus en plus de quartiers répondant aux problématiques urbaines actuelles voient le jour, se construisent sur d’anciennes friches, de quartiers plus anciens. L’uniformité de l’architecture des années d’après guerre a laissé place à la diversité architecturale des bâtiments de ces néo-quartiers. On peut penser notamment au quartier de Bonne à Grenoble ou bien le quartier de l’Île de Nantes. Ces projets sont significatifs et remarqués car ils se concentrent en une seule et même zone 20


entièrement aménagée et dont les projets sont réfléchis les uns par rapport aux autres. Ces réhabilitations à grande échelle ont pour but de créer un « nouveau centre », plus moderne et plus accessible… Cette concentration a pour incidence un renouvellement du paysage architectural. Par exemple, on peut se rendre compte d’un tel changement lorsque l’on se promène dans le XIIIème arrondissement de Paris, dans le quartier autour de la Bibliothèque Nationale de France. La diversification des matériaux utilisés, des techniques employées offre dans un quartier à caractère homogène (par son « âge ») une multiplicité de bâtiments différents de par leur forme et leur couleur. C’est ce qui est pour moi important dans l’architecture aujourd’hui : cette capacité à offrir à l’œil humain un panel de bâtiment de style parfois complètement différents mais que, lorsqu’ils sont voisins, paraissent liés, homogènes et dépendant l’un de l’autre à l’échelle d’un quartier. A la différence d’un quartier ou d’un îlot de type Haussmannien, où ornement et linéarité prédominent et créé une unité par le conformisme et la similarité de cette architecture, les nouveaux quartiers sont régis par la pluridisciplinarité des mise en œuvres, créant ainsi un tissu divergent mais unitaire et propre à lui. L’identité par la diversité. C’est le constat de l’évolution du paysage urbain – que je peux établir – qui se poursuit actuellement. Même si cette approche est intéressante et temporellement liée à nous (étudiants), je me suis particulièrement intéressé cette année aux cours de Catherine Maumi, dont l’étude des différentes villes à différentes époque nous a montré la diversité et le développement de ces paysages urbains. Les développements de villes telles que Chicago, New York ou bien Paris se sont déroulés en fonction d’un contexte historique propre à chacun, le paysage urbain pouvant ainsi changer radicalement d’une période à une autre. Je peux considérer que chaque paysage urbain est un orchestre dont l’architecture est le chef. Si l’on assemble tous les instruments (//bâtiment), on obtient une symphonie, une harmonie de notes. En revanche si l’on isole les éléments, et que l’on écoute le son d’un seul à la fois, il fonctionne tout aussi bien, mais sans la dimension, l’échelle d’un ensemble. C’est un peu similaire pour un projet d’architecture dans un tissu urbain, il peut fonctionner seul tout en s’intégrant dans le paysage contextuel.

J’ai intégré cette notion de paysage urbain dans mon projet de 1er 21


semestre de 3ème année. On nous demandait de créer des logements dans le quartier Berriat et je me suis penché sur ce à quoi pouvait ressembler la « skyline » du quartier avec mon projet compris dedans. Hormis les normes type PLU ou SCOT, je considère que le respect d’un contexte prime sur le projet lui même. C’est cet effet, ce rayonnement qui m’intéresse car il peut se considérer selon différents points de vue, différentes échelles. 2. Usages et formes urbaines, une problématique à différentes échelles • L’architecture → un rayonnement à plusieurs échelles • Échelles / Paysage / Contexte / Histoire / Place de l’Homme / Rayonnement Les nouveaux quartiers dessinent un nouveau paysage architectural au sein d’une ville mais aussi modifie sa forme. Les projets sont conçus autour d’espaces faits pour faciliter l’usager dans le déplacement, l’utilisation de l’espace. Des usages sont créés afin de rendre un espace plus accessible, plus propre… Ce sont ces espaces, qualifiés d’usages, qui déterminent la pertinence de l’insertion d’un projet dans son contexte. D’après ce que j’ai pu ressentir et voir à travers différents projets rencontrés, c’est l’attitude de l’homme dans un lieu qui détermine l’usage nécessaire approprié. Si l’on se trouve dans une ville possédant une forte densité de bâti, les usages découlant de cet état seront installés en conséquence, comme des parcs ou des espaces de verdure. Outre la forme architecturale, c’est par les usages que l’Homme va s’intégrer et vivre dans un projet. Je considère qu’un projet doit être réfléchi au même titre que les usages s’associant à lui. Je tiens à citer deux exemples de projets (bien qu’il y en ai plus) m’ayant convaincu quant à leur rapport architecture/usage : - 1 : The Tietgen Student Residence par Lundgaard et Tranberg à Copenhague en 2006. Dans ce contexte de logement universitaire, ce bâtiment de forme ciruclaire dégage un espace en son centre qui est utilisé et envahi par les étudiants chaque soir (L’usage). Les espaces intérieurs de vie font face à ce « patio » tandis que les espaces diurnes se regroupent vers l’extérieur du cercle (La forme). - 2 : Le technopôle de Saint-Etienne : Au départ, des friches minières, aujourd’hui, un quartier d’affaires en expansion. Le projet d’une ligne de Tram (Usage indispensable dans une telle ville) et son ouverture à la mode et au Design (Cité du Design), la rénovation du stade Geoffroy Guichard, 22


le Zénith de Foster sont tous des projets ayant un potentiel d’ouverture car ils ont été bâtis (ou réhabilités) en prenant compte des usages associés (Parkings, Espaces Verts, Transport, Confort, Sécurité). Ces projets d’architecture, mais aussi d’urbanisme (Saint-Etienne) m’ont aussi plu parce que leur rapport à l’homme est important. Ce rapport au référent humain aujourd’hui est indispensable de nos jours si l’on veut concevoir un bâtiment à notre image. C’est ce que l’on a pu voir au 1er semestre de 2ème année où l’on a commencé d’étudier des bâtiments en les insérant dans la « ville ». Le travail d’analyse a été fait en binôme, avec Antoine Baudy, et nous avons du analyser l’ouvrage d’Arne Jacobsen, le Ved Bellevue Bugt, construit à Klampenborg, au Danemark, en 1960-61. Retranscrire telle architecture dans un espace determiné est très intéressant et enrichissant, mais qu’il est dur de travailler la ville, le contexte, afin que notre architecture, de la manière dont on l’a dispose, n’altère pas celle qui l’entoure. Ce travail d’insertion dans un milieu urbain a été pour mon binôme et moi une source d’expérimentation du travail, de la morphologie de la ville. De manière plus concrète, le travail du 1er semestre de 3ème année s’est porté exclusivement sur le caractère urbain d’un projet et son rayonnement à l’échelle d’un quartier. Le projet et les différentes analyses élaborées tout au long du semestre (Sadoux, Bardagot) nous ont aidé à mieux comprendre ce qu’est l’urbanisme ainsi que la difficulté à générer une forme dans un espace urbain régit par différentes normes et cahiers de charges. En ce qui me concerne, j’ai été amené à travailler sur le Parc Marliave dans le quartier Berriat à Grenoble, et je me suis interessé sur l’intéraction que peut avoir un bâtiment avec un espace vert. Mon objectif a été de mettre en évidence le par cet lui donner un rapport spécial avec le projet, lui-même ayant une interaction avec le paysage lointain (Chartreuse/Belledonne/ Vercors). Cette relation au paysage est celle que je veux développer dans mon architecture, car quoi de plus beau que la Nature, l’essence même de ce que la Terre nous a offert. Bien que la ville n’est pas le meilleur contexte pour travailler cet aspect, on peut donner une valeur au contexte paysager en façonnant l’architecture de manière à ce que l’on choisi ce que l’on veut mettre en avant. Ces dernières années, l’intégration des nouveaux référents communs que sont l’écologie et le développement durable en architecture sont autant de critères qui incitent la Nature à pénétrer dans le contexte 23


urbain d’aujourd’hui. L’exemple même d’une telle emprise de la Nature dans la ville remonte à plus de 140 ans, aux débuts de l’architecture paysagère, avec Central Park à New York, où la Nature (quand même créée par l’homme) pénètre la ville et devient une entité unique dans un milieu urbain. Cette quête d’une architecture en rapport avec son contexte, et plus particulièrement l’intégration dans un contexte naturel est importante à mes yeux. La ville est le moteur de la création et du renouvellement du paysage urbain par des projets d’architecture et d’urbanisme, c’est le meilleur terrain d’expérimentation que l’on puisse offrir. Mon objectif futur est de pouvoir travailler à ce développement continuel, mais pour cela, plusieurs facteurs et connaissances doivent bien être intégrés, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui, et ne le sera sûrement pas encore à la sortie des études. Il y a un projet qui me tient vraiment à cœur, projet à caractère autant personnel que professionnel, qui pourrait me faire évoluer personnellement mais aussi améliorer considérablement mes connaissances en matière d’architecture : réaliser un tour du monde.

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