Hs n 4 2m

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HORS SERIE N° 4

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LES

meilleurs produits

2013/2014


SOMMAIRE

ACCESSOIRE • Stein Music Speaker Match Plus • Absolue Creations Ul-Tim Secteur SOURCE • Platine TD EAT Forte • Platine TD Clearaudio Performance DC • Platine TD Acoustic Solid Wood MPX • Pré/DAC & bloc de puissance Naim DAC-V1 & Nap 100 • DAC Chord QBD76 • Drive/DAC BMC BDC1 & DAC PREHR • Lecteur universel Advance Acoustic X-Uni

• Lecteur CD Accuphase DP720 • DAC North Star Design Supremo • Lecteur de réseau Ayon S5 DAC Hegel HD25 4 6 8 14 18 22 26

ENCEINTE • Magico S1 • Davis Cesanne HD • Proac Response D30R • Rockport Technologies Atria • Leedh E2 • ATC SCM 40 • B&W 800D • Davis Maya • Fostex GX 25o MG • B&W CM10 • Davis Olympia 3

46 48 54 58 62 64 68 74 78 82 88 90 94 98

30 36 ELECTRONIQUE • Tout en un Atoll SDA 200 • Ampli intégré Ayre AX5 • Ampli intégré Jadis I 50 • Ampli intégré BC Acoustique EX-332D

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100 104 110 114

• Préampli Gryphon Pandora • Pré/DAC/bloc de puissance Atoll HD120 & MA100 • Ampli intégré/DAC Icos 270 Init Inclusive • Ampli intégré Advance Acoustic X-i90 • Ampli intégré Accuphase E 600 • Ampli intégré/DAC Hegel H80 • Ampli intégré Mastersound Evolution 845 • Ampli intégré Stein Music Staline AMP2 • Pré/blocs de puissance Soulution 520 & 501 • Ampli intégré Gato Audio DIA 250 • Pré/blocs de puissance Advance Acoustic X-Preamp & X-A220 • Ampli intégré/DAC Devialet 400 • Bloc de puissance Hegel H4 SE

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A C C E S S O I R E

Stein Music Speaker Match Plus V

oici un produit inattendu et inhabituel qui fait déjà parler beaucoup et très positivement de lui hors de nos frontières. Nous pouvons imaginer que le buzz français va aller bon train dès que notre article consacré à ces étonnants Speaker Match Plus aura été parcouru par les audiophiles et les mélomanes désireux de faire progresser qualitativement leurs systèmes pour un investissement très raisonnable. De quoi s’agit-il en réalité ? Les Speaker Match Plus sont des interfaces passives à raccorder entre les bornes de chaque enceinte acoustique et dont l’effet consiste à améliorer sur tous les plans la définition du message restitué. Loin de tout ésotérisme pompeux et de tout artefact marketing, ces petits cylindres en noyer prolongés par deux cordons terminés sur demande soit par une fiche banane en cuivre béryllium, soit par une fourche, ont été mis au point par la société allemande

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et plus la perte de résolution s’accroît. La technologie quantique utilisée dans le Speaker Match Plus intervient à ce niveau infinitésimal de signal. En traversant le Speaker Match Plus, le flux d’électrons est « mécaniquement » régulé et le bruit quantique est donc sensiblement réduit. L’énergie quantique restante est alors dissipée en chaleur plutôt que d’intervenir négativement sur le contenu musical.

UNE VÉRITABLE DÉCOUVERTE SONORE

Stein Music selon un processus très rigoureux de mesures suivies obligatoirement d’écoutes de validation. Le fondateur de l’entreprise située à Mülheim an der Ruhr à l’ouest d’Essen s’appelle Holger Stein. Ce brillant ingénieur physicien par ailleurs audiophile et mélomane (votre serviteur a côtoyé Holger durant de précédentes éditions de l’European Triode Festival en Allemagne et en Hollande) ne conçoit pas le développement d’un produit sans une campagne de mesures fondamentale pour optimiser un circuit ou un composant en termes de bande passante, de distorsion ou de respect de la phase notamment. Stein Music dispose à cet égard d’outils informatiques et de logiciels adaptés et performants. Néanmoins aucune, absolument aucune mesure ne traduira jamais le caractère du son que véhiculera un produit, aussi excellent soit-il sur le papier. Vous pourrez prendre le problème sous toutes ses

formes et sous tous les angles, il est tout simplement impossible de savoir comment sonnera une électronique ou une enceinte acoustique à la seule lecture de mesures et à la seule vue de relevés graphiques. En tant que scientifique de formation et mélomane par passion, Holger Stein a parfaitement assimilé cette règle de base. Aussi chaque développement n’est définitivement validé que si le produit apporte un plus tangible, audible, réel à l’écoute. Ce « plus » n’est en aucun cas un critère parmi d’autres (meilleur grave, meilleur médium, plus d’articulations, etc.), mais un ensemble de prestations qui transcende le message musical restitué dans son intégralité, dans sa plénitude. Le Speaker Match Plus est une évolution du Speaker Match proposé aussi par Stein Music et qui intervient dans le contrôle de l’EMF (pour Electro Motive Force) de l’enceinte. L’EMF est un signal généré par le

L’EVOLUTION “PLUS”

haut-parleur lui-même pendant les mouvements de membrane (et donc de la bobine dans l’entrefer) et qui est renvoyé vers l’amplificateur. L’amplitude de ce signal augmente à la résonance du haut-parleur, là où les élongations de membrane vont être les plus importantes, ce qui tend à contrarier le comportement de l’amplificateur. Le modèle « Plus » introduit une technologie basée sur la physique quantique. Dans un système haute-fidélité, le signal est véhiculé par les électrons circulant dans les conducteurs. Le déplacement de ces électrons interagit mécaniquement avec ceux des matériaux conducteurs, ce qui génère de l’échauffement et donc du bruit d’un niveau infinitésimal (quantique) mais suffisant pour déstabiliser les microdétails fondamentaux (ambiance, timbre, résolution, etc.) contenus dans le signal original. Plus le signal avance dans le conducteur, plus l’énergie quantique s’accumule

La mise en place des Speaker Match Plus est enfantine, le fil rouge est à connecter sur la borne positive de l’enceinte acoustique et le fil noir sur la borne négative. Les fiches banane de ces interfaces acceptent les fiches banane mâles provenant des câbles haut-parleurs, ce qui facilitera les tests comparatifs « avant » et « après ». Nous avons retenu pour nos sessions critiques une piste riche en informations harmoniques et en ambiances, le « Moonlight on Spring River » de Zhao Cong (The Dali CD volume 3). Atmosphère aérienne artificielle de studio, instruments acoustiques et électroniques, chœurs et certains instruments d’origine chinoise par ailleurs assez difficiles à reproduire sans accrocher les tympans de temps à autre sur les pointes de modulation et dans la partie haute du spectre. Nous lançons l’écoute sur notre système repère sans les modules Stein Music afin de définir le niveau d’écoute et de nous imprégner de l’enregistrement très soigné. Le message est convaincant et de belle facture avec néanmoins la petite crispation habituelle (instrument chinois à cordes très tendues) durant l’introduction du morceau. Puis

nous raccordons les Speaker Match Plus sans changer quoi que ce soit au reste des réglages et relançons la piste. Dès la première note, il se passe quelque chose. La restitution n’est plus la même. Le message semble gagner en fluidité (disparue la crispation), en analyse (microdétails des frottements de doigts sur les cordes), en articulation (cadence des percussions dans l’extrême grave), en ampleur de scène sonore, en focalisation des plans, les timbres paraissent plus justes et la palette harmonique bien plus étoffée, les fins de notes se prolongent, les détails sur les extinctions apparaissent avec plus de précision et d’évidence, la lisibilité s’affirme. Tout ça semble trop beau, alors nous retirons les Speaker Match Plus et reprenons l’écoute. C’est le retour à la case Départ. Ce qui nous semblait de « belle facture » auparavant semble curieusement plus désuni, moins percutant. La partition grave et extrême grave paraît plus cotonneuse, moins tendue. La scène sonore donne l’impression d’être légèrement floue, le contour des instruments et leur position devant l’auditeur sont moins nets. Le constat est sans appel : l’écoute a perdu cette allégresse musicale qu’apportaient les Speaker Match Plus. Malgré toutes les qualités originelles de notre système composé d’éléments réputés et reconnus pour leur musicalité, l’insertion des Speaker Match Plus a permis de nettoyer le message d’un certain nombre d’imperfections qui ne sont devenues audibles et évidentes qu’après avoir raccordé les modules allemands. Essayer les Speaker Match Plus, c’est les adopter. Plus qu’un accessoire, un composant indispensable et recommandé.

Fiche technique Origine : Allemagne Prix : 498 euros Contact : « 080 » L’Autre Fidélité - www.080.fr

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A C C E S S O I R E

Absolue Créations UT-TiM Secteur bsolue Créations doit sa réputation à la facture de câbles d’excellente qualité, tant dans le domaine de la modulation analogique et numérique que dans les câbles de puissance, haut-parleur et secteur. Située dans la région de Rouen, la société Absolue Créations propose des gammes de câbles couvrant tous les besoins de la haute-fidélité. Ce maillon à part entière contribue

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à la qualité de restitution de la chaîne. On pense aux câbles de liaison entre les différents appareils, mais un peu moins aux liaisons filaires avec le secteur. Et pourtant… Le fait de remplacer un câble secteur lambda par un UL-TIM Secteur améliore la qualité d’écoute de manière flagrante : pas d’effet placebo, la différence s’impose de manière spectaculaire. L’UL-TIM, terminé par des connecteurs Furutech à contacts or, se compose d’une paire de brins de cuivre désoxygéné (OFC+) de 1,5 mm2 de section chacun par contact. Chacune des trois paires (phase, neutre et terre) est torsadée. Le coton et le silicone entrent dans la composition des isolants. Le constructeur a veillé à l’assemblage mécanique du tout afin de le rendre imperméable aux vibrations mécaniques.

On a peine à croire, avant d’essayer un tel câble, qu’il puisse améliorer la qualité d’écoute : après tout, les câbles secteurs noyés dans les murs ne présentent pas la qualité d’un mètre final de chez Absolue Créations! Pourtant, les différences ne sont pas que des nuances, mais une amélioration flagrante dans toutes les dimensions : un meilleur détourage de la musique, une sorte de pureté, un regain de dynamique et de définition. L’essayer, c’est l’adopter!

ÉCOUTE

Origine : France Contact : absoluecreations.com Prix : 1 200 euros pour un mètre


S O U R C E

Euro Audio Team, société tchèque, se spécialise dans les tables de lecture phonolectrices d’exception. La Forte, modèle le plus abouti, se distingue par sa conception originale sur plusieurs points stratégiques.

Pari audacieux EAT FORTE

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SYSTEME D’ECOUTE Prépré : Nagra BPS Préampli : ATS SCA2 Bloc stéréo : FM Acoustics F-30B Enceintes : Pierre-Etienne Léon Maestral Câbles : HiFi Câbles et Cie : TransAES/EBU III (AES) Maat (ligne) Super Maxitrans 2 (enceintes)

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S O U R C E

EAT FORTE ’EAT Forte se présente sous la forme de deux châssis à la finition optionnelle en macassar (variété d’ébène). Le premier, constitué de métal lesté de sable, accueille le plateau et le bras de lecture, un fantastique Phantom II Supreme de Graham Engineering, une option à considérer pour ses performances époustouflantes et la précision de ses réglages. Le second, placé à gauche, comprend deux lourds moteurs, l’électronique d’asservissement et les commandes de sélection de vitesse, de démarrage et d’arrêt. Chaque moteur entraîne les 20 kg du plateau de 40 cm de diamètre au moyen de sa propre courroie en silicone. Les deux moteurs, très silencieux, totalisent un couple suffisant pour entraîner le plateau qui parvient à 33,33 tr/min en un peu plus de 26 secondes. Une alimentation externe fournit l’énergie alternative à ce module d’asservissement qui délivre aux moteurs une sinusoïde parfaite. Le plateau, réalisé en deux couches d’alliage de densité différente, une tendre et une plus dure, emmagasine une énergie cinétique de 2 460 joules en

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tournant autour de son axe poli et inversé : la bille en céramique, matière réputée pour sa dureté, se trouve située en haut du montage. Un roulement miroir en téflon améliore la rotation tout en réduisant le bruit de fond, aidé en cela par l’ajout de sorbothane sous le plateau. Le disque repose sur un tapis en… vinyle (disques recyclés), tandis qu’un palet presseur le maintient en place durant la lecture. Le constructeur emploie des aimants au néodyme, incorporés à la partie tendre du plateau, afin d’optimiser la suspension du plateau tout en réduisant la pression mécanique sur les roulements. Ce procédé ajustable tend aussi à réduire le rumble dans des proportions sensibles, tout en éliminant toute influence magnétique sur la cellule, ici, une Van den Hul Colibri Special. On retrouve des aimants dans les pieds à hauteur ajustable, afin de constituer un découplage magnétique, ce qui a pour effet d’isoler totalement la table de lecture de toute vibration transmise par le sol, de même que les perturbations aériennes pouvant, elles aussi, affecter la lecture.

DES AIMANTS !

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le bloc-moteur séparé exempte le plateau de toute vibration générée par l’entraînement. Chaque élément concourt à l’insensibilité aux vibrations de cette table de lecture, ce qui explique son rapport signal sur bruit remarquable. La petite alimentation en

alternatif, séparée du bloc-moteur, évite, en raison de son éloignement, tout rayonnement électromagnétique à 50 Hz qui viendrait perturber le fonctionnement de la cellule phonolectrice. Composants : Les circuits de régulation de vitesse, logés dans le coffret accueillant les deux moteurs, disposent d’un long dissipateur thermique à ailettes que l’on aperçoit sous la base. Notons que ce système ne fait pas appel à un stroboscope placé sous le plateau, mais à un asservissement direct de la rotation des axes des deux moteurs fonctionnant en tandem. Le constructeur obtient, cependant, une remarquable stabilité de la vitesse de rotation. Grave : Ce registre évolue d’un disque à l’autre. La précision très satisfaisante de la cellule différencie avec élégance les sources sonores s’appuyant sur ce registre, comme sur les contrebasses et violoncelles du Stabat Mater de Vivaldi, dirigé par James Bowman (L’Oiseau-Lyre). On apprécie également les moindres inflexions de la basse Music Man StingRay à cinq cordes de Tony Levin, qui diffèrent de celles de son Stick Chapman, sur le live de Peter Gabriel. Médium : Les performances en termes de richesse de détails et détourages des sources sonores ravissent tout auditeur attentif : la présence des voix et le contenu émotionnel de celle de John Martyn sur son fabuleux album Grace and Danger font preuve d’un naturel époustouflant. On retrouve la même impression sur le contenu harmonique des caisses claires de Phil

FICHE TECHNIQUE

Le fabuleux bras E-GO, facilement ajustable et doué de qualités musicales exceptionnelles.

Collins dans le même disque, ainsi que les très belles guitares jouées par John Martyn, qu’elles soient acoustiques ou électriques, toutes différentes d’un morceau à l’autre. L’aération de la restitution, détachée de toute contingence mécanique, s’exprime avec une aisance peu commune. Aigu : Toujours sur ce même disque de référence, le registre aigu file très haut, en présentant un caractère soyeux et très musical, jamais agressif, toujours agréable. L’EAT Forte brille, dans ce registre, par le souci du détail, comme ce subtil effet de flanger sur une cymbale de Phil Collins : les résonances modulées de cette percussion

Origine : Tchéquie Prix : 7 700 euros (finition macassar, voir photos), 7 000 euros (finition laque piano noire) Prix bras E-GO Graham Phantom Supreme V2 : 7 500 euros Prix cellule Van den Hul Colibri Special : 6 400 euros Dimensions : 700 x 250 x 440 mm Poids : 65 kg Vitesse : 33,33 tr/min et 45,11 tr/min Variation de vitesse : ± 0,09 % Pleurage et scintillement : ± 0,008 % Rapport signal sur bruit : 73 dB Consommation totale : 2 W Alimentation secteur séparée fournie : 16 V/1A en alternatif s’évanouissent délicatement dans un contexte acoustique authentique, confondant de réalisme. Dynamique : La dynamique moyenne d’une œuvre musicale se situe dans les 30 dB, ce qui ne distance pas les performances du disque analogique par rapport au support numérique qui n’exploite jamais ses 96 dB théoriques. Cette considération technique très positive s’illustre de manière évidente sur l’EAT Forte, d’autant que le fait de posséder les mêmes œuvres musicales sur support numérique et sur disque vinyle facilite les comparaisons.

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S O U R C E

EAT FORTE Attaque de note : Sans surprise, à l’examen des tests précédents, la table de lecture EAT, faisant preuve d’une belle liberté de restitution sur un plan général, se joue avec brio des sons transitoires, retranscrits avec une grande aisance. La complexité rythmique, axée sur un luxe de percussions diverses et variées, et soulignée par le jeu syncopé du piano et de l’orgue Hammond, sur l’album Night and Day du compositeur, chanteur et multiinstrumentiste Joe Jackson, n’a pas mis la Forte en défaut. Scène sonore : Cet aspect particulier de la restitution ne souffre pas de critiques gênantes lorsqu’on écoute un disque analogique à la prise de son irréprochable, en matière de spatialisation des instruments de musique placés dans leur contexte acoustique. Le message perçu présente, sur les enregistrements réalisés en stéréo de phase, un environnement sonore naturel, en trois dimensions. Si l’on compare cette écoute avec celle de la même œuvre enregistrée sur support optique, on va déceler, en retournant au vinyle, une très légère perte de largeur de l’image stéréo, tandis que la profondeur ne subit aucune altération. Ce resserrement est négligeable à l’écoute de l’EAT.

Transparence : Le signal sonore délivré par cette table de lecture d’exception, dotée d’un bras de très haut niveau, semble flotter dans l’air. Les différents tests effectués démontrent à l’évidence que l’EAT Forte présente de sérieux atouts, tant elle se libère, en pratique, de tout ce qui pourrait infléchir ses performances, sur le plan théorique, comme les contraintes mécaniques, déjà évoquées. La grande pureté et la neutralité des timbres pourront être améliorées en optimisant l’adaptation d’impédance et le niveau de la cellule phonolectrice avec le pré-préamplificateur. En effet, si la Van den Hul Colibri Special donne déjà d’excellents résultats, l’EAT Forte saura profiter d’une cellule de qualité encore supérieure… Qualité/prix : La configuration testée

table de lecture + bras + cellule, à laquelle il faut ajouter un pré-préamplificateur, pâtit, de prime abord, d’un coût très élevé. Mais lorsqu’on examine chaque détail de conception, la finition générale irréprochable et l’audace technique mobilisant pléthore d’astuces de découplage et un entraînement séparé à deux moteurs, l’investissement devient nettement plus réaliste. En effet, cette table de lecture d’exception associe de manière harmonieuse de véritables prouesses techniques et une esthétique digne d’une œuvre d’art, une véritable épure dont les grandes qualités se dévoilent à l’écoute.

VERDICT

Cette table de lecture de très haut de gamme, à la finition irréprochable, est très réussie, tant sur le plan technique qu’esthétique, avec sa finition macassar. Le bras choisi lui convient à merveille, tant pour ses hautes performances que pour ses réglages, précis et faciles. Les tests d’écoute ayant donné des résultats très satisfaisants avec la cellule Colibri Special de Van den Hul, il ne fait aucun doute que l’EAT Forte pourra encore progresser en musicalité si l’on lui adjoint une cellule de gamme supérieure. On veillera également à soigner la sélection du pré-pré, élément d’importance cruciale pour une table de lecture aussi responsive que l’EAT Forte.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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DYNAVECTOR

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sans objet

AESTHETIX JANUS

PROAC RESPONSE D30R

AMG VIELLA 12

Musimages SARL 180, rue de la Passerelle Saint Jean sur Veyle 01290 Tél. 03 85 31 64 18 - www.musimages-fr.com Musimages distribue : Aesthetix, AMG, ProAc, Dynavector…


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FICHE TECHNIQUE Origine : Allemagne Prix : 2 990 euros Dimensions : 432 x 342 x 128 mm Poids : 11,5 kg Équipements : bras Clearaudio Clarify, cellule MM Clearaudio Virtuoso V2 Ebony

CLEARAUDIO PERFORMANCE DC

Le spécialiste allemand Clearaudio a décidé de lancer la Performance DC. Ce modèle le plus étoffé des packs «prêt à l’emploi» s’adresse à ceux qui ne souhaitent pas s’embarrasser avec l’achat et le réglage du bras et de la cellule.

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e catalogue Clearaudio est vraisemblablement l’un des plus fournis des fabricants de platines vinyle et de composants annexes. Pas moins de huit modèles de platines, sept bras, onze cellules et neuf électroniques (alimentations et préphono), sans parler des nombreux accessoires et des pressages vinyle du label audiophile de la marque. Tout est fait pour inciter le mélomane à franchir le pas vers le microsillon. Après la Concept et l’Emotion SE, voici la Performance DC qui pousse un cran plus loin le niveau de qualité des « tout-en-un » vinyle du constructeur. La Performance DC est une platine vinyle complète, fournie avec un bras Clearaudio et une cellule Clearaudio. Une démarche logique puisque le constructeur fabrique tous ces éléments. La platine reprend toutes les technologies propriétaires conçues et mises au point in situ. Le socle de 35 mm d’épaisseur est un sandwich de médium très dense entre deux plaques d’aluminium de 5 mm. Il a été optimisé en

JEU DE POM

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termes d’absence de propagation des résonances par un remplissage de billes d’acier de diamètres différents dans des cavités usinées dans le médium. Trois pieds en aluminium à patin acrylique supportent l’ensemble. Un nouveau moteur à courant continu a été retenu, il est monté découplé dans le socle et entraîne l’épais et lourd plateau en POM noir par une courroie plate. Ce matériau appelé aussi Delrin ou Celcon est un polymère synthétique dont les propriétés sont proches de celles du vinyle, ce qui explique l’absence de couvre-plateau. Une petite alimentation enfichable génère le 12VDC. Le plateau épais de 40 mm est posé sur un contre-plateau en aluminium lui-même inséré dans le palier en bronze d’un roulement magnétique CMB à axe en céramique. Ce système diminue de manière drastique la friction même ponctuelle qu’un roulement à billes ne peut éviter.

CLEARAUDIO A TOUS LES ETAGES

Le bras fourni avec la platine est un modèle Clarify en fibres de carbone. Il est maintenu

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CLEARAUDIO PERFORMANCE DC en position sur son support par un roulement magnétique sans contact et un système d’antiskating radial par fil métallique. Une pastille magnétique placée au-dessus du bras, dans son axe virtuel de rotation (virtuel car il n’y a pas maintien mécanique), attire le bras vers le haut. Celui-ci est retenu dans son embase par l’antiskating dont le réglage s’effectue par une petite molette située sous le support du bras. Il n’y a ainsi aucune friction mécanique quand le bras oscille autour de son point de repos. Le contrepoids axial mais excentrique abaisse le centre de gravité du bras. La cellule de type MM est une Virtuoso V2, seconde en qualité dans une

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gamme de cinq modèles. Le boîtier est en ébène poli, le cantilever est en aluminium, le signal depuis les sorties de la cellule transite par les mêmes câbles qui se terminent en RCA. La séparation des canaux à plus de 30 dB et l’équilibre entre canaux sous la barre de 0,2 dB sont des spécifications supérieures à ce qu’on rencontre généralement avec les cellules MM.

ÉCOUTE

Il y a comme une sorte d’apaisement qui s’installe à l’écoute de cette Performance DC. La platine entièrement neuve a été mise en service pour la première fois. Aussi nous attendions un son quelque peu mat

voire vert en haut, et c’est le contraire qui s’est produit. La bande passante s’est imposée comme une des plus étendues du dossier, et l’équilibre comme un des plus linéaires. Le grave solidement charpenté a néanmoins bénéficié de l’ajout d’un palet presseur pour consolider un peu plus les soubassements. Le médium se distille avec une qualité de timbres qui n’est pas sans rappeler ceux d’une cellule à bobine mobile aussi bien par le contenu harmonique que par la douceur. C’est un peu plus pêchu et un poil moins fluide sur les fins de notes, mais ça donne à la Performance DC une plus grande universalité en termes de genres musicaux. L’aigu file déjà avec de la souplesse sans insistance prononcée dans l’extrême aigu. On pourra voyager avec le même plaisir et la même qualité sonore du blues au classique en passant par du démonstratif comme le Jazz Variant du O’Zone Percussion Group. Tout le monde connaît le morceau en CD mais, avec le vinyle 180 g Clearaudio, il prend une tout autre dimension sonore : timbres des percussions infiniment plus nuancés, impacts dynamiques libérés, attaques de notes d’une franchise étonnante, scène sonore bien plus ample, image stéréo plus large. Comparé à la version CD, le vinyle écouté avec la Performance DC nous offre un morceau foncièrement revisité qui sonne d’une manière bien plus réaliste. Sur « Ma plus belle histoire d’amour » par Barbara, les instruments (piano et contrebasse notamment) sont focalisés avec beaucoup de précision autour de la chanteuse dont le grain de voix flirte avec la réalité.


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Acoustic Solid est une marque allemande de platines vinyles et d’accessoires associés qui a vu le jour en 1997. Après mûre réflexion, Romain Grandadam, aux manettes de 080, a décidé d’importer les produits de ce label, produits entièrement conçus et réalisés en Allemagne. La deutsche Qualität appliquée à la platine vinyle.

C

réée en 1997, l’entreprise s’est d’emblée spécialisée dans la fabrication manuelle de tout ce qui tourne autour de la platine vinyle haut de gamme. D’abord baptisée E. Wirth Partnership du nom d’un des fondateurs spécialisé dans la production mécanique, elle devient Wirth Acoustic Engineering GmbH trois ans plus tard après avoir intégré de nouveaux locaux à Altdorf. La qualité des platines est vite reconnue à travers le monde. La société prend un véritable envol international en 2002 et connaît un essor considérable qui l’oblige à agrandir ses locaux en 2006. Désormais appelée Wirth Tonmaschinenbau GmbH et toujours dirigée par Karl Wirth, la société exporte dans 35 pays avec l’Asie et plus particulièrement le Japon comme clients principaux. Elle est aujourd’hui équipée de plusieurs machines-outils numériques CNC qui lui permettent un usinage de haute précision des pièces critiques.

Le catalogue Acoustic Solid comprend trois gammes de platines réparties en 24 modèles, deux bras propriétaires et deux bras OEM Rega, ainsi que différents accessoires dont un palet presseur et un

UNE SOLIDE SOLID

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Love me tender ACOUSTIC SOLID WOOD MPX

préampli phono. La Solid Wood MPX prend place au sein de la gamme Classic qui, comme son nom l’implique, fait usage de bois dans la fabrication. La MPX, évolution de la Wood, reçoit un socle très inerte en bois multiplis satiné de 80 mm en lieu et place du médium sur la Wood. L’impact sur l’absence de transmission des vibrations est très sensible. Elle repose sur trois pieds massifs ajustables en aluminium équipés de pointes : on pourra poser l’ensemble sur des coupelles coniques fournies. Le moteur synchrone basse tension est logé dans un boîtier externe en

aluminium. Il est alimenté par un boîtier indépendant de régulation de vitesse à quatre touches (deux vitesses et deux réglages fins). Il entraîne par le biais d’une poulie réductrice et d’une courroie torique synthétique l’imposant plateau en aluminium massif de 60 mm qui tourne sur un

roulement maison «Zero Tolerance», autrement dit sans jeu ou presque. L’axe de rotation très précisément usiné repose sur de la céramique dans un fût borgne bagué bronze et très légèrement huilé. Le constructeur conseille d’insérer une plaque de mousse fournie entre le plateau et le socle en cas de manipulation de la Solid Wood MPX afin de ne pas endommager le roulement. Un couvre-plateau en cuir véritable recouvert d’une plaque d’acrylique de 5 mm sert de matelas au microsillon. Le bras WTB 213, pour 213 mm de longueur entre le pivot et la coquille, est monté sur un pivot à roulements. Le contrepoids est placé dans l’axe du bras en carbone, il est livré ajusté en fonction de la

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ACOUSTIC SOLID WOOD MPX FICHE TECHNIQUE Origine : Allemagne Prix : 2 550 euros (platine seule), 3 190 euros (« Package » avec bras WTB 303 et cellule Denon DL103), 1 685 euros (bras WTB 213), 1 598 euros (cellule MC Shelter 5000) Dimensions : 470 x 250 x 370 mm (platine) Poids : 35 kg (platine) Vitesse de rotation : 33 1/3, 45 tours/minute Moteur : 1 moteur synchrone, alimentation (vitesse) gérée par microprocesseur Longueur du bras WTB 213 : 213 mm (pivot – cellule) Poids cellule : de 5 à 20 g Cellule Shelter 5000 Type : MC Niveau de sortie : 0,5 mV (1 kHz, 5 cm/s) Force d’appui : de 1,4 à 2 g Impédance de sortie : 14 ohms cellule fournie par le fabricant. Pour notre test, une cellule MC Shelter 5000 a été installée ainsi qu’un préamplificateur phono Jolida JD9 revisité par Staccato.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : On reconnaît immanquablement la touche allemande dans la présentation et dans la qualité de fabrication du produit. Le socle en bois particulièrement épais et non résonant, le plateau massif très lourd, la précision du système de pivot du bras maison, tous les ingrédients sont réunis pour concocter un produit de haut niveau. Par ailleurs, le fait que la platine arrive préréglée notamment au niveau du montage de la cellule enlèvera une grosse épine du pied aux mélomanes pas forcément rompus à ce genre de travail. Composants : Les technologies mises en œuvre n’ont rien de révolutionnaires, mais elles sont appliquées avec le sérieux et la précision indispensables. Le constructeur a également maîtrisé avec brio les phénomènes de résonances parasites qui auraient pu être transmises vers ou par la platine. La séparation pure et simple du moteur et du socle très inerte, l’entraînement

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par courroie et le découplage mécanique vont dans ce sens. Le bras ne dispose pas de système de verrouillage qui le retient sur son support lorsqu’il est posé sur celui-ci, il faudra veiller à éviter tout faux mouvement à proximité de la Solid Wood MPX. Grave : Equipée d’une cellule MC de choix et d’un préampli phono déjà performant à la base et modifié, l’Acoustic Solid délivre un grave puissant, articulé et aux soubassements très satisfaisants. Il souligne sans forcer le trait la plénitude du message, dans la mesure où la gravure contient des basses fréquences bien évidemment. Dans cette gamme de prix et sur ce critère, la Solid Wood MPX s’élève au niveau voire dépasse certains modèles concurrents plus coûteux et plus ambitieux sur le papier. La ligne mélodique de la guitare basse sur la piste «I’m happy» par le United Blues Experience (Heart Blood Ballad, 33RPM Clearaudio 180 g) procure une assise solide et stable au message. Médium : L’ensemble Acoustic Solid tel que nous l’avons testé se révèle tout à fait remarquable dans la transcription de cette zone de fréquences essentielles. Sur les Quatre Saisons de Vivaldi (Orchestre de chambre Paul Kuentz dirigé par lui-même, édition DG), les timbres jouissent de couleurs de toute beauté qui confèrent à la restitution ces saveurs tonales synonymes de vinyle et d’analogique. Chaque instrument se distingue de l’autre par des sonorités uniques, des harmoniques propres. L’ultraanalyse vite ennuyeuse des lecteurs numériques sophistiqués ne peut véritablement rivaliser avec le message aussi organique, aussi réaliste que celui distillé par la platine germanique sur «Coupe-Coupe Tonton Macoute» (vinyle Ainsi soit-il de Louis Chedid) virtuellement vivant devant nous. Aigu : La réponse en fréquences de l’Acoustic Solid mariée, rappelons-le, au préampli Jolida revu et corrigé est incontestablement étendue aux deux extrémités. Le haut du spectre s’avère toujours détaillé avec pléthore de détails. La voix haut perchée de Beata Kossowska sur «I wanna Boogie» avec le United Blues Experience monte en gamme avec une luminosité un peu extravertie mais jamais insistante ni aigre. Sur «Parce que je t’aime» (disque Barbara, gravure Philips), les extinctions sifflantes de la chanteuse sont

restituées sans signe audible de distorsion ou autre chuintement. Dynamique : Les cordes sèchement pincées de la guitare de Wolfgang Bernreuther en introduction de «I wanna Boogie» délivrent des sonorités nettes et amples, avec une réelle sensation de puissance instantanée. L’importante inertie mécanique de la Solid Wood MPX reposant sur trois solides pieds découplés évite toute pollution du signal électrique de la cellule par une quelconque intermodulation vibratoire. Cela se ressent à l’écoute par une plage dynamique très large à bas comme à haut niveau d’écoute, et répartie uniformément sur tout le spectre. Attaque de note : Cette absence d’influence mécanique sur l’électrique que nous venons juste d’évoquer a également des répercussions très positives sur le développement des notes, et notamment à l’attaque où la propreté d’établissement de la note influencera le dégradé harmonique en termes de rangs restitués. Le signal de la cellule, tout le signal de la cellule, rien que le signal de la cellule, telle est l’impression ressentie quand on écoute la Solid Wood MPX. Il est assez facile de cerner les différences de prises de son entre chaque piste du vinyle Heart Blood Ballads du United Blues Experience grâce la lecture fouillée et documentée de la platine.

La vitesse du moteur synchrone est régulée par un circuit à microprocesseur logé dans le petit boîtier ci-dessus. Les touches << et >> permettent d’affiner précisément les 33 1⁄3 ou 45 tours par minute.

C’est un signe probant de sa neutralité. Scène sonore : Premier constat, à chaque vinyle correspond une ambiance, une atmosphère, une scène sonore. Si le support est médiocre, point de miracle, l’écoute reste elle aussi limitée malgré les talents déployés par la Solid Wood MPX en termes de définition. En revanche, si le microsillon est à la hauteur, alors on est transporté en trois dimensions. Comme par exemple avec Fleetwood Mac interprétant «Sara» (disque double live, 1980, Warner Records), on se retrouve face au 15000 personnes présentes au Checker Dome de Saint-Louis au concert de novembre 1979. Les réverbérations de la salle, les cris éloignés du public, la présence vocale du groupe plus proche de l’auditeur et cette formidable sensation de continuité de la trame sonore traduisent à merveille le pouvoir de matérialisation de cette étonnante platine. Transparence : L’appréciation de ce critère doit prendre en compte le fait que la Solid Wood MPX dans sa configuration de test a été raccordée à notre système repère par le biais d’un préampli phono modifié dont nous ne connaissions pas la personnalité. En tout état de cause, la restitution globale proposée est vivante, déliée et organique notamment sur les voix (Louis Chedid en quasi chair et os). La bande passante étendue est légèrement écourtée aux extrémités, mais c’est la cohérence qui prédomine avec un superbe équilibre tonal. Rapport qualité/prix : La base de travail Solid Wood MPX proposée à 2550 euros est assurément un excellent investissement. La version «Package» (voir fiche technique) à un peu plus de 3000 euros devrait donc sérieusement bousculer la hiérarchie en place dans ce créneau de prix. Avec la version testée encore plus aboutie techniquement et qui ne franchit pas le cap des 6000 euros, la musicalité et le réalisme dépassent qualitativement et émotionnellement ce qu’on arrive à obtenir avec des sources numériques beaucoup plus coûteuses.

rassurant de fiabilité. Avec le bras Acoustic Solid et la cellule Shelter installés, la restitution n’a jamais cessé de nous ravir et de nous impliquer dans chaque performance contenue au creux de nos microsillons repères, classiques ou modernes, anciens ou récents. On ne peut que féliciter 080, importateur de la marque, d’avoir osé Acoustic Solid. À écouter absolument !

SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Préampli phono Jolida JD9 modifié Staccato Préampli ATC SCA2 Amplificateur FM Acoustics F30B Câbles : Absolue Créations Ul-Tim 2 (RCA) Jorma Design n° 2 (HP) Absolue Créations Ul-Tim 2 (secteur) Enceintes : Pierre-Etienne Léon Alycastre

CONSTRUCTION

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VERDICT

La table de lecture Acoustic Solid Wood MPX est une magnifique découverte. L’esthétique chaleureuse et éternelle du bois multiplis et la robustesse qui transpire de l’énorme plateau en aluminium véhiculent un confort visuel et un sentiment

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S O U R C E

NAIM vient de commercialiser un ensemble abordable, composé d’un préamplificateur convertisseur et d’un bloc de puissance stéréo. Les p’tits nouveaux méritent-ils que l’on s’y intéresse ? La réponse ci-dessous !

Les entrées numériques se synchronisent avec précision jusqu’à 192 kHz pour le SPDIF et 384 kHz pour le port USB, pour une résolution de 24 bits dans les deux cas et la détection d’une source en Bit Perfect, à partir d’un lecteur péri-informatique idoine. En utilisation courante, il suffit de sélectionner une source numérique parmi six et de jouer sur le volume d’écoute. L’écran du DAC-V1 bénéficie d’une très bonne lisibilité du volume, même à plusieurs mètres. Afin d’éviter de se lever à chaque nouvelle manipulation, NAIM a prévu une télécommande, fournie, qui commute les entrées et ajuste le volume, en agissant sur un encodeur électronique, au contraire d’un potentiomètre motorisé. Le NAP 100 ne dispose, lui, que d’un commutateur de mise sous tension : rien de plus simple !

UNE EXPLOITATION AISEE

Entrée de gamme ! NAIM DAC-V1 & NAP 100

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N

AIM propose donc un DAC avec ajustement du volume et un amplificateur assorti. Il ne faudra pas compter raccorder une source analogique sur le DACV1, puisqu’il ne propose que six entrées numériques : cinq au format S/PDIF, dont une sur connecteur BNC et deux optiques Toslink. La sixième prend la forme d’un port USB. Les sorties, exclusivement analogiques, se déclinent en lignes stéréo : la première sur une paire de cinch et l’autre sur la traditionnelle DIN verrouillable à quatre contacts. Une sortie de casque en façade vient agrémenter l’exploitation du DAC-V1 avec son embase jack 6,35 mm. Le raccordement sur les sorties cinch laisse le choix des liaisons, sachant que l’unique câble stéréo terminé par des fiches DIN restreint les possibilités ! En effet, contrairement à ce qui s’entend ici et là, les NAIM ne fonctionnent pas moins bien en cinch, pour la bonne et simple raison que ces connecteurs sont reliés en parallèle sur les contacts respectifs de l’embase DIN, tant en sortie du DAC-V1 qu’en entrée du NAP 100.

S O U R C E amplificateur, mais beaucoup moins pour un convertisseur ! On aurait aimé la présence de condensateurs électrochimiques, en lieu et place de la myriade de modèles au tantales (les petites gouttes jaunes sur le circuit imprimé). Le cœur du DAC, un DSP SHARC, gère l’ensemble de l’appareil, notamment son ergonomie, permettant de renommer les entrées, de faire fonctionner le volume analogique mettant en œuvre des résistances commutées par des multiplexeurs… Les données numériques disposent de bases de temps de grande précision, l’une pour les fréquences multiples de 44,1 kHz, l’autre pour celles de 48 kHz. Un processeur ATMEL reçoit les données asynchrones du port USB, indépendamment des signaux issus des entrées S/PDIF. En aval, un convertisseur Burr Brown PCM1791 doté d’un filtre à suréchantillonnage octuple a été configuré pour un fonctionnement en multibit (et pas en DSD). Le filtrage analogique en sortie comprend de nombreux transistors, une paire d’amplificateurs opérationnels Burr Brown OPA 604, environnés de cellules passe-bas comprenant des condensateurs au Styroflex et des résistances en version à montage en surface. La sortie de casque possède son propre amplificateur en classe A, mobilisant une paire de transistors bipolaires montés en push-pull.

FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni DAC-V1 Prix : 1 650 euros Dimensions : 20,7 x 8,7 x 31,4 cm Poids : 4,3 kg Entrées numériques : 5 S/PDIF dont 2 sur RCA, 2 optiques sur Toslink, 1 BNC 75 ohms et 1 port USB asynchrone Sorties analogiques stéréo : asymétriques sur RCA, 1 DIN 4 broches et 1 sortie jack pour casque Réponse en fréquence : 10 Hz à 20 kHz (-0,1 dB, +0,5 dB) Niveau de sortie ligne crête : 2,1 V RMS sous 100 ohms Impédance de sortie casque : < 10 ohms Distorsion harmonique totale + bruit : 0,002 % NAP 100 Prix : 890 euros Dimensions : 20,7 x 8,7 x 31,4 cm Poids : 5,1 kg Entrées analogiques : 1 DIN 4 broches et 2 cinch sous18 kilohms Gain : +29 dB Puissance de sortie : 2 x 50 W (8 ohms), 2 x 75 W (4 ohms) Réponse en fréquence : de 3,5 Hz à 69 kHz (-3 dB)

On a l’impression que NAIM réalise toujours le même amplificateur, à quelques

LA STRUCTURE DU NAP 100

NAIM soignant ses alimentations, on ne s’étonnera donc pas de trouver un énorme transformateur torique doté de plusieurs enroulements secondaires, isolant les modules de traitement les uns des autres. Le découplage capacitif total dépasse les 45 000 µF, une valeur courante pour un

LE DAC EN INTERNE

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S O U R C E

S O U R C E

NAIM DAC-V1 & NAP 100 SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Enceintes : Pierre-Etienne Leon Alycastre Câbles : HiFi Câbles et Cie Nephtys (S/PDIF) et Maat (ligne analogique) Jorma Design (enceintes)

variantes près. Le NAP s’inspire du NAIT, mais en légèrement moins puissant. L’énergie provient d’un grand transformateur torique, doté de deux enroulements secondaires symétriques, un par canal : le NAP 100 possède donc une structure double mono en sortie du transfo, d’autant que chaque canal dispose, sur la petite carte électronique de 13,5 cm de côté, de son propre pont de diode et de son découplage de deux condensateurs de 4 700 µF sous 40 volts. Un réseau RC fait office de mise sous tension progressive, en l’absence de détection de tension continue et de circuit de temporisation commandant un relais sur les sorties, par exemple. La solution choisie pour le NAP revêt un caractère nettement plus rustique : la simplicité est de mise. On rencontre de nombreux composants à montage en surface, comme des résistances et des transistors, ainsi que quelques capacités reconnaissables à leurs petits boîtiers jaunes. En revanche, les quelques condensateurs Wima au polypropylène présentent un format plus classique. À l’instar d’amplificateurs NAIM précédents, le petit nouveau se contente d’un push-pull de transistors bipolaires par canal, utilisés principalement dans l’audio : un NPN de

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type 2SC3519 et son complémentaire PNP 2SA1386, capables de délivrer chacun une quinzaine d’ampères. L’alimentation du NAP 100 lui confère une puissance de 50 W par canal sous 8 ohms, cette puissance passant à 75 W sous une charge de 4 ohms, des valeurs suffisantes pour bon nombre d’installations audio. Ce petit amplificateur n’a rencontré, en effet, aucune difficulté à alimenter nos enceintes PEL Alycastre au module d’impédance de 6 ohms.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : On retrouve le design réussi des NAIM, avec leur sobriété de bon aloi. Ne manquerait peut-être qu’une fine couche de bitume sous la partie supérieure du couvercle enveloppant, afin de supprimer ses résonances intrinsèques… À l’intérieur des coffrets, l’électronique bénéficie d’une disposition très rationnelle, illustrant de belle manière l’expérience du constructeur. Chaque coffret repose sur quatre larges pieds amortis d’un tore en caoutchouc de synthèse. Composants : La maîtrise technique de NAIM se remarque aussi à la topologie des circuits, composés d’éléments de bonne

qualité, agencés avec intelligence, afin d’en tirer les meilleures performances. On notera la présence de transformateurs toriques sur mesure, par exemple, mais aussi des composants numériques pouvant évoluer en fonction des mises à jour sur le DAC-V1, doté d’un DSP SHARC de chez Analog Devices. L’amplificateur NAP 100 fait appel, lui, à la simplicité et l’efficacité avec un simple push-pull de puissance par canal. Grave : Le NAP 100 valorise la superbe définition dans le registre grave du DAC-V1, en procurant un bel équilibre entre la fermeté et l’articulation, non dénué d’une certaine douceur, sans pour autant verser dans la mollesse, et encore moins dans la confusion. On retrouve là les subtilités qui sont à l’origine de la signature sonore de la marque. Médium : Le DAC-V1 présente une neutralité si avenante, si ouverte, qu’il se ferait presque oublier. Son absence de coloration et son caractère expressif conviennent à merveille au NAP 100, capable de retranscrire avec tact et sens du rythme le flot d’informations musicales dans ce registre où elles sont les plus nombreuses, et, en conséquence, les plus difficiles à retranscrire. Aigu : Le piqué remarquable du DAC-V1 et son filé à la fois soyeux et défini, y compris sur les petits détails sonores de très faible amplitude, montre à quel point NAIM maîtrise la technologie numérique. Du côté de l’analogique, le NAP 100 restitue le haut du spectre avec délicatesse, et une certaine forme de douceur, en donnant juste ce qu’il faut pour que ces électroniques se fondent dans la musique… et que l’on finisse par les oublier. Dynamique : La belle esthétique sonore constatée sur les timbres se confirme : le DAC-V1 se joue des écarts de niveau importants en conservant cependant un comportement dynamique bien à lui, tant pour son côté imperturbable que son aisance à suivre la dynamique des audiogrammes. Le NAP 100 présente, sur

cet aspect des tests, un équilibre d’une rare élégance : il sait, en temps réel, doser la dynamique en fonction du contenu des plages musicales, sans lenteur, mais sans agressivité non plus. On ressent, là encore, ce petit plus qui marque la spécificité des produits de la marque. Attaque de note : Vif et fidèle sur les attaques des sons percussifs et rythmiques, le convertisseur préamplificateur se voit ajouter un peu plus de densité et de fluidité par l’amplificateur de puissance. Un peu

moins responsif dans les attaques que le DAC-V1, le NAP 100 lui apporte ce qui pourrait lui manquer en consistance et en naturel, toujours dans le cadre du savant dosage des paramètres entrant dans l’aspect qualitatif de ce couple de NAIM, complémentaires à souhait. Scène sonore : Les performances de retranscription du préamplificateur convertisseur ne suscitent aucune critique, la scène sonore restant réaliste et stable en toute circonstance, effet audible d’un taux

de jitter infinitésimal et de circuits audio bien conçus. Le NAP 100 se contente d’apporter du gain aux plages musicales, en respectant leur environnement acoustique respectif, dans une restitution en relief et fidèle aux audiogrammes. Transparence : L’association entre le DAC-V1 et le NAP 100 respecte les timbres dans ce qu’ils ont de plus précieux, en termes d’authenticité musicale et de respect du spectre harmonique. La maîtrise du jitter du premier et le taux de contre-réaction relativement faible du second concourent à une absence de coloration, une restitution d’une grande fidélité, dans une image en trois dimensions. On peut donc évoquer la transparence idéale de cet ensemble NAIM. Qualité/prix : Cette brillante association d’entrée de gamme permet d’accéder aux produits NAIM sans se ruiner. La haute technologie intégrée au DAC-V1 n’a d’égal que le classicisme éprouvé des étages de gain du NAP 100, le tout formant une belle symbiose entre l’audionumérique et le pur analogique, dans un esprit orienté vers la haute musicalité. Le rapport qualité/prix est donc plus que favorable.

VERDICT La conception rationnelle du DAC-V1 : son transformateur torique, ses nombreux découplages et régulateurs, et du CMS presque partout.

Beaux à regarder dans leur finition noir mat, discrète et classieuse, les DAC-V1 et NAP 100 présentent aussi une ergonomie conviviale, au service d’une esthétique sonore axée sur la haute musicalité. L’amplificateur, par exemple, présente un équilibre remarquable, grâce à la beauté des timbres, sa belle articulation et sa restitution en relief. À ce titre, on s’étonnera du savant équilibre sonore qui, bien qu’étant le résultat d’un subtil compromis, ne présente pas, pour autant, de point faible, tant le rapport qualité/musicalité/prix, alléchant, balaie toute velléité de critique…

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE

Les quatre transistors de puissance du NAP 100 sont montés sous la carte et utilisent le fond du châssis comme dissipateur thermique.

SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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S O U R C E

À nouveau convertisseur audionumérique Chord essayé, nouvelle référence. La technicité de ce nouveau DAC n’a d’égale que le résultat obtenu, à savoir une très haute musicalité dépassant les performances que l’on est en droit d’attendre dans cette gamme de prix.

L

a firme britannique Chord réalise des streamers audio, des DAC, ainsi que des préamplificateurs et des amplificateurs à destination des audiophiles avertis et des professionnels du son. Avant de fonder Chord en 1989, John Franks s’est distingué dans la conception d’alimentations à découpage de hautes performances. Il a occupé des postes de direction chez Astec, Raytheon et AT&T.

Dans un coffret réalisé en aluminium de qualité aviation, John Franks a installé, dans un compartiment spécifique, une alimentation à découpage, séparée de la carte mère que l’on peut voir au travers du grand hublot transparent. L’éclairage interne varie en fonction de l’option choisie. Le Chord QBD76 HDSD ne présente pas moins de 8 entrées : 2 S/PDIF sur embases BNC 75 ohms, 2 optiques EIAJ sur connecteur TosLink,

UN DAC HORS DU COMMUN

S O U R C E 2 AES sur une paire de XLR, et deux ports en USB dont l’un gère les signaux de haute définition, comme les fichiers DSD. Afin d’exploiter au mieux les possibilités de ce DAC, le constructeur a mis en ligne les dernières versions des pilotes pour PC (Windows 8) et pour Mac de Mac OS X 10.4 Tiger à 10.9 Mavericks. En sortie, le QBD76 HDSD offre le loisir de connecter un préamplificateur en asymétrique sur RCA ou en symétrique sur XLR, un mode de connexion à privilégier autant que possible. Hormis le commutateur secteur jouxtant l’embase IEC, le Chord ne comprend que trois commandes accessibles sur le dessus de l’appareil : Le sélecteur d’entrée, un inverseur de phase absolue et un ajustement du buffer qui va stocker dans une mémoire tampon un peu de données audionumériques, un peu plus ou pas du tout. Chaque pression sur l’une des trois touches de fonction affecte l’affichage d’un écran matriciel à LED, visible du petit hublot. Lorsque l’on regarde dans le grand, on aperçoit de minuscules LED tête d’épingle qui s’illuminent ou s’éteignent en fonction de la configuration du moment.

ERGONOMIE

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filtrage très performants. L’embase USB recevant des signaux asynchrones en haute définition dispose de son propre circuit programmé FPGA (Field Programmable Gate Array). Une attention toute particulière a été portée à la synchronisation des données en interne, dans le but de rendre ces transmissions les plus stables possibles et d’éliminer le jitter, ce que John Franks parvient à réaliser de manière magistrale.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Les Chord ne ressemblent à aucun autre appareil, sinon à un autre Chord. Le châssis en aluminium de qualité aviation est disponible en finition brossée ou

Le décodage des données emploie un processeur Xilinx Spartan, doté d’algorithmes de

LE CŒUR DU CHORD

DAC de référence CHORD QBD76 HDSD

FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni Prix : 6 350 euros Dimensions : 338 x 60 x 145 mm Poids : 7 kg Consommation : 7 W Entrées numériques : 2 S/PDIF sur BNC, 2 optiques sur TosLink, 2 AES sur XLR, 2 USB dont une HD Formats détectés : PCM jusqu’à 384 kHz, DSD64 et DSD128 (192 kHz st DSD128 sur optique). Rapport signal sur bruit : 120 dB Gamme dynamique : 122 dB Distorsion harmonique totale : inférieure à -103 dB Sorties analogiques stéréo : asymétriques sur RCA, symétriques sur XLR sous 75 ohms

anodisée en noir. Les hublots laissent les regards s’immiscer à l’intérieur éclairé, laissant voir les composants et l’afficheur, dans le hublot le plus petit. Composants : Chord reprend dans ce DAC des composants à haute intégration, déjà présents dans les modèles d’entrée de gamme comme le petit Qute EX. La carte mère du QBD76 HDSD supporte beaucoup plus de composants. Grave : Le travail sur la synchronisation des données est impressionnant, tant le registre grave fait preuve d’une fermeté et d’une définition exemplaires. C’est là où le Chord

creuse l’écart avec la concurrence, tant la restitution est empreinte d’un naturel saisissant. La profondeur du grave ne semble pas déterminer de limite basse. Médium : Décidément, le maître mot est «naturel». Le Chord distille les moindres petits détails avec une facilité et une élégance dont pourrait s’inspirer la concurrence. Ce DAC respire et ne manque jamais de finesse sur les voix, les instruments riches en harmoniques et dont les fondamentales se trouvent dans la bande médium. On apprécie, là encore, le travail impressionnant accompli pour la réjection du jitter à des valeurs inaudibles. Aigu :Ce registre s’inscrit dans la continuité des deux précédents et retranscrit la musique avec un sens de l’authenticité hors du commun? Le Chord donne l’impression de se trouver dans la salle de concert, grâce à la pureté de ses timbres et de sa définition sortant des sentiers battus et rebattus. Les aigus, ciselés, renforcent la musicalité du QBD76 HDSD. Ce convertisseur n’en finit pas d’étonner ses auditeurs par ses nombreuses qualités analogiques, dans l’acception la plus musicale du terme. Dynamique : Le Chord réagit aux moindres écarts de niveau qu’il suit sans simplification des signaux de faible à très faible amplitude. Il domine à la perfection le contenu dynamique des enregistrements et ne manque pas de réactivité. Ce comportement contribue de manière optimale à la richesse du son restitué dans ses moindres variations de niveau instantané. Si le petit Qute EX nous avait impressionnés dans ce domaine, le QBD76 HDSD va beaucoup plus loin dans la restitution des nuances. Attaque de note : Cette dynamique réaliste et communicative s’illustre aussi dans la rapidité d’établissement des événements sonores, dans un respect des sons transitoires chargés, comme il se doit, en harmoniques. Le Chord, aussi précis qu’il soit, ne saurait se départir de sa musicalité. Il ne verse jamais dans la dureté, voire une restitution «chirurgicale», bien au contraire. Scène sonore : Comme tous les appareils dotés d’une excellente dynamique et d’un temps de montée quasi instantané, on peut s’attendre à une scène sonore à l’image du contenu des audiogrammes et des intentions


S O U R C E

CHORD QBD76 HDSD SYSTEME D’ECOUTE

artistiques et techniques de leurs auteurs. Le Chord ne possède pas de scène sonore prédéfinie, il suit avec aisance et subtilité ce qu’il doit retranscrire. Il excelle dans la reconstitution des acoustiques de salle, dans le détourage des instruments et la stabilité dans l’espace sonore. Transparence : Le maitre mot «naturel», déjà évoqué plus haut, s’illustre dans la transparence de la restitution du Chord QBD76 HDSD, toujours prompt à tirer le meilleur parti des audiogrammes, en en extrayant les moindres données au prix d’un réalisme saisissant sur tous types d’enregistrements. Bien sûr, son domaine de prédilection n’est pas le format CD, qu’il restitue de la meilleure façon qui soit, mais les fichiers audio de haute définition, où le Chord va beaucoup plus loin dans le fouillé, les nuances et la musicalité. Qualité/prix : La haute qualité des algorithmes «maison» entre pour une bonne part dans l’approche qualitative de ce convertisseur audionumérique. Le prix, élevé, n’en est pas moins justifié, en tout

premier lieu pour la haute musicalité d’un DAC ne ressemblant à aucun autre, ne serait-ce que par le nombre conséquent de ses entrées numériques, avec, en exergue, l’entrée USB de haute définition recevant des fichiers encodés en DSD. De plus, le design de ce DAC sort résolument de l’ordinaire, en se conformant à l’esthétique si originale du constructeur britannique.

VERDICT

Si le Capitaine Nemo avait été audiophile en bénéficiant de la technologie actuelle, il aurait certainement opté pour un DAC Chord, et pourquoi pas le QBD76 HDSD qui n’aurait pas fait tache dans son Nautilus. Le design et l’ergonomie ont été élaborés parallèlement à la technologie de traitement des signaux, suivant des algorithmes propriétaires. Dans ce domaine, Chord a creusé l’écart avec bon nombre de concurrents. Les options techniques marquent leur pertinence par leur efficacité et surtout leur musicalité enviable, à tel point qu’elle pourrait faire figure de référence, tant dans la gamme de prix

Lecteur Nagra CDP Serveur USB Apple avec Pure Music Préampli ATS SCA2 Bloc stéréo FM Acoustics F-30B Enceintes : Pierre-Etienne Léon Alycastre Câbles : HiFi Câbles et Compagnie Super Maxitrans 2 (enceintes) Trans AES/EBU III (AES) Maat (ligne analogique) de ce DAC, que dans la classe supérieure. Ce Chord QBD76 HDSD est étonnant, attachant, et terriblement musical. Une grande réussite du constructeur britannique. CONSTRUCTION

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En bas à gauche, l’alimentation à découpage. Au-dessus des cinq régulateurs, on aperçoit le processeur Xilinx de forme carrée. Un câble coaxial interne relie le port USB haute définition aux circuits de mise en forme du signal et de conversion.

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S O U R C E

S O U R C E

MC (pour Balanced Music Concept), a été créée par Bernd Hugo et Cartlos Candeias. Ils ont décidé de secouer le cocotier en concevant des équipements haute-fidélité de haut de gamme à prix raisonnable. Qui dit haut de gamme dit circuits innovants et haute technologie, et plus implicitement haute musicalité. C’est bien de cela qu’il s’agit quand on évoque BMC, entreprise localisée à mi-chemin entre Dortmund et Göttingen. Toutefois, si la conception est allemande, la construction s’effectue dans une usine chinoise, propriété de BMC. Les coûts de revient bas autorisent ainsi des prix de vente serrés. Juan Carlos Candeias Isaac, qui dirige la société, a un curriculum vitae bien rempli. Il fonde sa propre société Candeias Audio Electronics en 1986 alors qu’il poursuit des études d’ingénieur. Il a notamment travaillé en étroite collaboration avec le fabricant japonais CEC et la compagnie allemande Aqvox. Il conçoit et brevette certains circuits comme le LEF (pour Load-Effect Free) utilisé notamment sur les lecteurs de CD CEC. Son envie de mettre en œuvre de nouveaux concepts le pousse à lancer BMC. Outre les circuits symétriques, toutes les électroniques sont empreintes d’une ligne esthétique unique avec des châssis en plaques d’aluminium soigneusement assemblées et une face avant caractérisée par une énorme molette centrale (préampli RIAA, mécanique, lecteur et DAC) ou un énorme vumètre central (amplificateurs) autour desquels sont placés symétriquement les boutons de commande. La qualité de fabrication et le niveau de finition externe comme interne sont très élevés, ce que ne reflètent pas forcément les prix relativement serrés auxquels sont proposés tous les produits.

B La société allemande BMC Audio GmbH, fondée en 2009, propose une gamme complète d’électroniques ainsi que des enceintes acoustiques et du câble de modulation. Proposer des appareils très performants à des prix décents reste l’objectif numéro 1. A partir d’une mécanique BD1.1 et d’un convertisseur DAC1HR, le constructeur a créé les deux évolutions en test, le BDCD1.1, lecteur de CD, et le DAC1PreHR équipé d’un module préamplificateur.

BMC BDCD1.1 & DAC1PREHR

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Modulaires et musicaux

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S O U R C E

L’appareil est basiquement le transport BD1.1 pourvu du module DAC optionnel pour une évolution en lecteur BDCD1.1. On trouve sur la face avant «la» molette centrale géante BMC. En la pressant, on lance la lecture ou on l’arrête. En la tournant, on va et vient entre les pistes. Un afficheur à diodes LED bleues et un poussoir de mise sous tension situés à gauche, et une série de cinq touches poussoirs à droite dont une intitulée New CD créent l’équilibre visuel autour de la molette. L’appui sur la touche New CD est obligatoire à chaque changement de CD pour lancer la reconnaissance du répertoire (décodage du TOC – pour Table of Content – ou table des matières) qui n’est plus automatique par le fait du déport de l’horloge «master clock» dans le DAC (concept Superlink). Les intitulés de chaque fonction

LECTEUR BDCD1.1

apparaissent par rétroéclairage dont notamment les informations relatives à la lecture du CD sur la gauche. L’arrière reçoit une connectique fournie (voir fiche technique), le module DAC offre des sorties stéréo RCA et XLR de niveau fixe. Point technologique culminant de ces deux références, la mécanique à courroie brevetée du constructeur. L’ensemble du système de lecture est installé sur un berceau en aluminium massif. Le support du CD monté sur un roulement de précision est mis en rotation par une courroie entraînée par une poulie placée en bout d’axe du moteur déporté. Ce principe permet de découpler efficacement le moteur du CD. Par ailleurs, un colossal palet presseur en acrylique est posé sur le CD afin de stabiliser la vitesse de rotation (la servorégulation de vitesse opère sans à-coups) et d’absorber les vibrations.

On note une utilisation intensive de condensateurs électrolytiques “Balanced Current” en filtrage d’alimentations et de modèles Styroflex sur la carte DAC à droite.

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Autre spécificité de ce lecteur (et du transport), la liaison Superlink dédiée au convertisseur de la marque. Contrairement aux standards numériques S/PDIF, AES/EBU et optique où un flux unique véhicule les horloges et les données audio, le principe Superlink (interface I2S du fabricant) transmet ces informations séparément par le biais de quatre câbles coaxiaux. Les informations numériques transitent entre le transport et le convertisseur ad hoc selon un cadencement ordonné par le convertisseur vers le transport. Outre la suppression des étapes d’encodage et de décodage inhérentes aux formats numériques habituels mono-flux, le Surperlink supprime également une source importante de jitter : l’étape de régénération de la fréquence d’échantillonnage dans le DAC, puisque c’est le DAC qui dispose désormais de l’horloge maîtresse. Quant au module DAC, il est fondamentalement constitué de deux chips PCM1792 et d’une horloge de synchronisation placée juste en leur tête. Les datas sont ainsi resynchronisés au niveau des deux puces avec un taux de jitter induit infinitésimal. La sortie en courant des chips est convertie en tension par le biais d’un étage sans contre-réaction de type Current Injection avec buffer LEF. Le concept Current Injection introduit deux notions. D’une part, celle du traitement du signal sous forme de courant plutôt que de tension afin d’éviter les problèmes de distorsions et de bruits générés par un amplificateur de tension (principe mis en œuvre par 99,9% de la concurrence). Et, d’autre part, celle de trajet ultracourt du signal en implantant le DAC au sein même du circuit Current Injection afin de réduire au strict minimum les étages. C’est le courant de sortie du DAC, boosté par le circuit LEF, qui génère la tension de sortie analogique. Le principe du LEF (circuit symétrique cascode en classe A à sections tension et courant séparées) réside dans le fait que l’étage qui traite le signal bas niveau en tension est confortablement assisté par un étage complémentaire sur les demandes en

courant. De ce fait, le signal disponible en sortie ne subit aucune dégradation quelle que soit la charge raccordée. L’implantation modulaire interne est remarquable. Quatre compartiments au total. Deux modules de base prennent place (configuration BD1.1), l’alimentation à découpage avec filtrage actif en entrée, régulation et transformateurs séparés pour chaque type de signaux, et la carte numérique (quatre entrées et Superlink). Le module optionnel DAC propre au lecteur BDCD1.1 prend logiquement place à côté du module numérique. Cette électronique modulaire, elle aussi, est installée dans un châssis similaire à celui du lecteur. On retrouve l’empreinte esthétique BMC avec la molette centrale aussi haute que l’appareil et des commandes réparties de part et d’autre. Cinq poussoirs sur la gauche avec la mise en service, le sélecteur de filtre numérique Pulse ou Flat qui agit sur toutes les entrées digitales, le sélecteur de taux de suréchantillonnage OVS-L (32 fois) ou OVS-H (128 fois), le sélecteur de taux de conversion de la fréquence d’échantillonnage entre Direct (pas de conversion, mode Superlink notamment) ou UPS (upsampling asynchrone d’une fréquence de 96 kHz) et un réglage fixe de gain en sortie analogique du DAC1 (0 ou +6 dB). La sélection d’une

CONVERTISSEUR DAC1PREHR

indiquant le taux de suréchantillonnage pratiqué sur l’entrée USB. Le DAC1 excelle bien évidemment en mode Superlink avec le transport du constructeur. La conversion D/A reprend l’architecture à doubles chips de conversion PCM1792 suivis d’un circuit Current Injection et LEF sans boucle globale de contre-réaction négative. Le filtre numérique Flat optimise la réponse en fréquence tandis que le filtre Pulse met l’accent sur la réponse transitoire tout en minimisant les phénomènes de pré- et de post-oscillation (ringing) avec une atténuation progressive dans l’aigu. Quant au suréchantillonnage, le mode OVS-L délivre un son plus dynamique que le mode OVS-H qui véhicule plus de douceur. Le DAC1 est également équipé de deux sorties appelées DIGM (pour Digital Intelligent Gain Management) ou système numérique intelligent de contrôle du gain. Cette interface

La liaison B.M.C. Superlink se caractérise par quatre connexions coaxiales sur fiches BNC 75 ohms.

des six entrées numériques et d’une des trois entrées analogiques dans le cadre de l’implantation du module optionnel de préamplification, la touche de mise en sourdine et celle de réglage de la luminosité de l’affichage sont situées sur la droite. A propos d’affichage, les différents textes et symboles apparaissent par rétroéclairage comme sur le lecteur BDCD1.1. La sélection des entrées fait apparaître l’intitulé de chacune d’elles (USB, AES ou SLINK, par exemple) et les autres sélecteurs indiquent le choix effectué (FLAT ou PULSE, par exemple). Par ailleurs, une indication sur la fréquence d’échantillonnage du signal entrant est donnée à gauche de la molette (32 à 192 kHz), cette dernière valeur

optique est un réglage de volume maison utilisé avec les amplificateurs de la marque. Le signal analogique symétrique de niveau fixe en sortie du DAC1 est envoyé à l’amplificateur dont l’entrée DIGM est également reliée à celle du convertisseur par un câble optique. Le réglage de la molette sur le DAC1 indique une position de volume ensuite traitée par un convertisseur A/D qui génère une information numérique envoyée à l’amplificateur. Cette information va servir à ajuster le gain de l’ampli parmi 66 valeurs au pas de 1 dB. Rien n’est ainsi inséré directement sur le trajet du signal musical. Les utilisateurs d’électroniques concurrentes n’ont pas été oubliés puisque BMC propose le module optionnel

FICHE TECHNIQUE Origine : Allemagne Prix : 3 890 euros (lecteur BDCD1.1), 3 390 euros (transport BD1.1), 4 190 euros (DAC1PreHR avec module préamplificateur), 3 790 euros (DAC1HR sans module préamplificateur) Dimensions : 435 x 99 x 350 mm (BDCD1.1/BD1.1), 435 x 91 x 350 mm (DAC1PreHR, DAC1HR) Poids : 9 kg (BDCD1.1), 8,5 kg (DAC1PreHR) Lecteur de CD BDCD1.1 Réponse en fréquence : 20 Hz–20 kHz Distorsion : < 0,006 % (0 dB FS, 4 V RMS) Rapport signal sur bruit : -115 dB Entrées : 4 RCA (ligne) dont 1 configurable en bypass, 1 RCA phono (avec prise de masse séparée), 1 XLR ligne, 1 mini-jack 3,5 mm, 1 jack 6,35 mm pour casque Entrées numériques : 4 BNC Superlink (Master Clock, Bit Clock, Left Clock, Right Clock) Sorties numériques : 1 RCA S/PDIF, 1 BNC S/PDIF, 1 optique Toslink, 1 XLR AES/EBU Sorties analogiques : 1 paire RCA, 1 paire XLR

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Convertisseur préampli DAC1PreHR Réponse en fréquence : 20 Hz–20 kHz à +0/-0,25 dB (filtre Flat) et +0/-1,75 dB (filtre Pulse) Distorsion (sortie DAC1) : < 0,006 % (OVS-L, 0 dB FS, 4 V RMS), < 0,013 % (OVS-H, 0 dB FS, 4 V RMS) Distorsion (sortie Preamp) : < 0,0008 % (1 V RMS), < 0,004 % (4 V RMS) Rapport signal sur bruit : -110 dB (OVS-L), -130 dB (Preamp) Entrées : 4 RCA (ligne) dont 1 configurable en bypass, 1 RCA phono (avec prise de masse séparée), 1 XLR ligne, 1 mini-jack 3,5 mm, 1 jack 6,35 mm pour casque Entrées numériques : 4 BNC Superlink, 1 RCA S/PDIF, 1 BNC S/PDIF, 1 XLR AES/EBU, 1 USB1.1, 1 optique Toslink Sorties : 2 interfaces optiques DIGM, 1 paire RCA, 1 paire XLR Module préampli : 2 entrées RCA, 1 entrée XLR, 1 sortie XLR

«préampli» dont disposait l’appareil testé. La molette agit toujours de la même manière, mais l’information numérique image du volume gère cette fois-ci des chips Maxim (réseau de résistances) à 62 positions, montés en configuration symétrique et bufferisés en sortie par un étage LEF. La fabrication reste superbe et l’implantation interne donne envie de remplacer le capot par une plaque d’altuglas transparent. L’alimentation symétrique à transformateur torique est filtrée par un réseau d’une trentaine de condensateurs «BalancedCurrent» (les courants de charge et de décharge ont les mêmes caractéristiques en variation d’intensité, en temps de descente et en temps de montée, les effets inductifs sont supprimés) triés sur le volet pour un total de 70000 µF, valeur énorme pour un convertisseur, avant régulation intensive. Les étages numériques sont installés sur un second module, la conversion D/A et les

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étages de sortie sur un troisième, et l’option préamplificateur remplit le quatrième compartiment.

ÉCOUTE

Nous avons scindé nos écoutes en trois sessions afin de faire ressortir les qualités propres à chaque électronique BMC livrée neuve et non rodée, d’une part, et d’envisager les possibilités de combinaisons avec des produits concurrents, notamment en ce qui concerne le DAC1PreHR, d’autre part. Par ailleurs, nous avons retenu trois pistes musicales de genres et de qualités différentes dans le but d’affiner un peu plus encore notre analyse subjective. Nous avons débuté avec le lecteur seul raccordé à notre système repère. Le premier constat est celui d’une restitution large en bande passante et équilibrée dans la balance tonale. Par ailleurs, le message ne donne pas de signe vraiment distinctif de traitement numérique, confortant ainsi les choix technologiques de M. Candeias. Le grave est opulent, présent, palpable, avec un soupçon de rondeur somme toute agréable (percussions, « Moonlight on Spring River »). Selon les enceintes, les résultats seront bien évidemment différents. La dynamique est très satisfaisante avec des attaques de notes bien calées et plutôt rapides mais pas trop. A l’évidence, on ne retrouve pas ce côté urgent et pressé des appareils concurrents qui créent l’illusion durant quelques instants avec une immédiateté cinglante plus vraie que nature. Ça brille, ça rutile, « c’est très transparent », pour reprendre une expression couramment entendue dans ce genre de situation. Rien de tout ça avec le BDCD1.1 et c’est très vraisemblablement une des raisons pour laquelle il sonne plus

chaleureusement. Il suit la partition à la trace sans essayer de la distancer au(x) démarrage(s) des notes et s’avère in fine plus dans le vrai avec un rendu sonore très analogique. Le médium s’avère ainsi très élégant, très neutre, et l’aigu file sans l’insistance artificielle de nombreux lecteurs concurrents. Les timbres offrent une belle variété tonale avec une palette harmonique et dynamique étoffée, notamment sur les extinctions (vibrations documentées des cordes de la pipa, instrument chinois à quatre cordes joué par Zhao Cong). La scène sonore s’en trouve bonifiée avec une ampleur tridimensionnelle convaincante et une disposition précise des pupitres (Marche de Radetzky). On note juste (rodage ?) une petite crispation dans le haut médium (voix de Lisa Ekdahl moins souple qu’à l’accoutumée) qui pourra éventuellement embrumer la lisibilité, au demeurant excellente, sur les partitions complexes (envolée orchestrale sur l’introduction de la Marche de Radetzky) ou et les transitoires insistants. Nous avons alors inséré le DAC1PreHR en liaison Superlink. Nous avons décidé de travailler avec notre préamplificateur repère plutôt que d’essayer de porter un jugement global avec le module préampli BMC optionnel et lui aussi non rodé qui équipait l’appareil. Cependant, les quelques pistes écoutées avec ce préamplificateur laissaient transparaître un niveau de transparence et de dynamique assez élevé. A confirmer donc au cours d’un prochain banc d’essai… Nous avons par ailleurs effectué des écoutes sélectives avant d’opter pour le filtre numérique Flat, le taux de suréchantillonnage OVS-L et le mode Direct (pas d’upsampling). Ensemble, ces choix nous ont procuré les sensations les

Le module optionnel préampli est à gauche, le système DIGM de réglage de gain par liaison optique est à droite.

plus réalistes au niveau du rendu sonore. Toutefois et comme l’écrit le constructeur dans la notice, ce sera à chacun de déterminer ses propres réglages en fonction du type d’écoute recherché. La restitution plus définie et plus neutre qu’avec le lecteur seul dévoile plus de subtilités sur tous nos critères d’évaluation habituels. Une atmosphère plus apaisée s’installe dans la pièce. On perçoit plus de déclinaisons harmoniques sur les développements de notes avec un gain audible en richesse de timbres. Le grave sonne plus tendu, les quelques traces de rondeur du lecteur seul ont disparu. La crispation dans le haut médium s’est légèrement atténuée. La dynamique progresse avec un suivi rythmique et des attaques plus percutantes. Les percussions sur « Moonlight on Spring River » sont ainsi mieux détourées et bien plus articulées, avec des impacts initiaux plus prononcés. Les écarts de modulation sont plus intenses, plus marqués, à bas comme à haut niveau. La liaison Superlink permet d’extirper pas mal de microinformations de l’ombre comme, par exemple, les moindres glissements de doigts de Zhao Cong sur sa pipa ou le grain envoûtant de la voix de Miss Ekdahl dont la séduction opère à nouveau. L’analyse plus fouillée (le filtre Pulse semble aller encore plus loin en détails, mais il marque le pas en termes de matière, d’épaisseur, de texture) améliore sensiblement l’ampleur et le volume de la scène sonore qui « gagne » des mètres cubes virtuels. La focalisation des sources monte d’un voire deux crans, on se sent bien plus en présence de l’interprète. A l’échelle près, le Consentus Musicus Wien interprétant la Marche de Radetzky donnerait presque l’impression de ne pas être très loin devant nous. Nous avons en dernier lieu joué avec le convertisseur auquel nous avons raccordé le drive de notre lecteur Nagra sur l’entrée RCA S/PDIF et notre ordinateur Mac sur l’entrée USB. En termes d’écoute, les deux cas de figure se situent à mi-chemin entre le lecteur BDCD1.1 seul et l’ensemble BMC en Superlink. La qualité de notre drive, d’une part, et le travail en mode asynchrone de l’entrée USB avec suréchantillonnage en 192 kHz, d’autre part, ne sont pas étrangers à ce constat. Il faut aussi signaler que l’écart qualitatif reste faible entre le lecteur BMC seul et les solutions drive Nagra et Mac plus iTunes raccordées au DAC1PreHR.

En revanche, la comparaison quelle qu’elle soit reste toujours en faveur du montage Superlink. Par ailleurs, nous avons comparé les entrées S/PDIF et USB à partir de la piste « When do you leave Heaven » interprétée par Lisa Ekdahl dont nous disposions en CD et en fichier WAV. Sincèrement, en allant et venant sur ces deux entrées avec la télécommande, il est très difficile de préférer l’une ou l’autre

Le brillant concepteur a tranché dans le vif du sujet en adoptant des solutions techniques peu communes et inhabituelles comme la liaison numérique Superlink, redoutable, la mécanique CD à courroie ou la possibilité de faire évoluer les produits. Le lecteur BDCD1.1 est une affaire si l’on considère le bouquet de qualités et de technologies offert par l’appareil dans cette catégorie de prix. La

De gauche à droite : l’alimentation, les étages numériques d’entrée, le convertisseur DAC (numérique vers analogique) et le module optionnel préampli.

des configurations. Les résultats excellents dans les deux cas tiennent dans un mouchoir de poche sur tous nos critères d’évaluation. Par contre, sachant qu’il est désormais simple de se procurer un logiciel de lecture de qualité comme Amarra ou Pure Music pour Mac, ou Foobar et J-River pour PC, on pourra très sereinement envisager une progression notable dans la qualité de restitution à partir de l’entrée USB.

VERDICT

Ces premières électroniques BMC testées par notre magazine portent à n’en pas douter l’empreinte de grandes électroniques. Tout juste sorties de leur carton, elles n’ont pas attendu pour afficher une remarquable santé musicale.

version mécanique seule BD1.1 (sans convertisseur intégré) permettra d’autres mariages numériques avec un DAC plus abordable que le DAC1HR, par exemple. Toutefois, le mariage avec le DAC1HR ou le DAC1PreHR testé, disposant d’un module de préamplification très intelligent qui permettra de s’affranchir de préamplificateur externe, aboutit à un niveau de prestations tout à fait haut de gamme pour un investissement proportionnellement modéré. Cette configuration, prête à en découdre avec la concurrence autour de 10 000 euros, est parachevée par une entrée USB très affûtée et très musicale. Deux produits parfaitement maîtrisés, de fabrication sérieuse et aux performances de haut niveau. Recommandés !

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À

chaque nouveauté, une bonne surprise. Advance Acoustic possède un dynamisme enviable en commercialisant de nouveaux produits avec une régularité métronomique. Cette fois, le constructeur s’est intéressé à la conception d’une source dans l’air du temps, puisqu’il s’agit d’un lecteur universel, d’où son petit nom, Uni. Complétant la série “X”, il s’intègre parfaitement parmi les autres maillons de cette gamme. Il reprend ainsi le coffret en acier aux dimensions standard, la façade en méthacrylate laissant transparaître le grand affichage central aux caractères bleus, et le bouton de sortie de veille cerclé de rouge, passant au blanc lors de la mise sous tension. Mais, cette fois, un écran tactile couleur vient s’ajouter à la droite de la façade. Cet appareil universel lit les CD et intègre

MULTIFONCTIONS

La firme française Advance Acoustic étoffe sa gamme “X” en proposant, cette fois, un lecteur universel à la fois musical, ergonomique et composé de composants de haute qualité, le tout dans un coffret à l’esthétique avenante. 36

des sources radio telles que la classique FM, mais aussi la radio numérique terrestre DAB+, ainsi que les milliers de webradios que l’on trouve sur Internet. Le X-Uni lit aussi les fichiers audio en provenance d’un ordinateur PC ou Mac, ou encore d’un serveur de musique distant auquel on peut se connecter en filaire, via une embase RJ-45 (Ethernet), mais aussi en sans-fil, Bluetooth et Wi-fi. Le constructeur n’a pas oublié les antennes : le carton contient, en effet, deux antennes vissables et orientables d’un peu plus de 10 cm de long, identiques pour le Bluetooth et le Wi-fi car elles travaillent dans la même gamme de fréquences. Une embase USB de type A complète le tout. À l’instar d’autres maillons de chez Advance Acoustic, ce ne sont pas les entrées audio qui manquent! En effet, le X-Unit propose deux

entrées ligne auxiliaires sur Cinch, ainsi que deux entrées numériques S/PDIF, l’une en coaxial et l’autre en optique. Avec autant de sources disponibles, ce lecteur universel se dote d’un contrôle de volume, offrant le loisir de l’exploiter en préamplificateur!

DES COMPOSANTS DE QUALITE

Qui peut le plus peut le moins, dit-on : le lecteur de CD s’appuie sur une base lectrice Sanyo HD850 et un processeur de signaux MediaTek MT1389DE, deux éléments conçus, au départ, pour lire des DVD et donc des flux nettement plus élevés que le format AIFF

Lecteur universel

ADVANCE ACOUSTIC X-UNI

44,1 kHz sous 16 bits : le XUnit lira d’autant mieux les CD. Le chargement à fente du disque optique, très discret, de type Slot-In, pour reprendre le terme exact, se trouve juste au-dessus des touches de défilement, accessibles aussi depuis la télécommande. Le convertisseur Cirrus Logic CS8416 accepte toute fréquence jusqu’à 192 kHz sous 24 bits. Un Cirrus Logic CS8406 et un PCM1802 assurent la gestion des entrées analogiques et S/PDIF, sachant que les premières sont numérisées à l’intérieur du X-Uni en vue d’être exploitées. Aucun condensateur en série sur les sorties ne vient dégrader le signal audio. Un module à écran tactile Frontier Silicon Venice 8 gère l’ensemble des signaux de programmes radio, de même que le Bluetooth et le Wi-fi, au moyen d’une interface aussi conviviale qu’intuitive. Ces modules ont été tout spécialement configurés pour le constructeur français : outre la carte électronique comportant sa marque, l’écran tactile affiche, lui aussi, au démarrage, le logo d’Advance Acoustique, apportant une touche de classe à cet appareil.

accueillant l’affichage « 7 segments » au centre et un écran tactile sur la droite. À l’intérieur, les sous-ensembles se conforment à la disposition rationnelle et sérieuse chère à Advance Acoustic. Un carter métallique noir mat, au centre du châssis, protège le lecteur optique. Composants : Les modules répartis dans le coffret emploient des valeurs sûres et très efficaces. Une alimentation à découpage jouxte la carte des entrées/ sorties avec son DAC Cirrus Logic CS8416, environné de composants de surface. Les sorties audio ne comportent pas de condensateurs en série sur le signal. Grave : Ce registre reprend avec bonheur les performances sonores des autres maillons de la marque, avec les trois « P » : précision, punch, profondeur. Le pouvoir d’analyse du X-Uni facilite la différenciation des timbres dans le grave, sur les passages complexes, sans jamais se laisser distancer par le message musical. Médium : Le pouvoir d’analyse, très fouillé, du X-Uni, fait des merveilles dans le registre médium, d’autant qu’il fait preuve d’une restitution vivante, sans coloration. Ce lecteur universel donne du détail, tout en restant cohérent et musical. On perçoit les moindres détails d’une prise de son, avec juste ce qu’il faut de densité pour rester au plus près de l’authenticité des fichiers audio lus. Aigu : Tout aussi rapide que ses deux registres complémentaires, l’aigu s’exprime avec finesse, ce que pouvait laisser deviner l’absence de condensateurs sur les sorties audio. Les harmoniques des instruments se prolongent avec naturel dans cette zone spectrale, tout comme ceux qui se cantonnent au registre aigu, comme les cymbales : on reconnaît leur type, leur sonorité, leur côté soyeux ou dur et, à plus forte raison, les subtilités des modèles cloutés. Dynamique : Les électroniques de chez

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 690 euros Dimensions : 430 x 295 x 110 mm Poids : 4,3 kg Consommation : < 30 W (0,5 W en veille) Entrées numériques : 1 USB type A, 1 RJ45 (réseau), 1 coaxiale, 1 optique Entrées analogiques : 2 (Auxiliaires 1 & 2) sur cinch Sorties numériques : 1 coaxiale, 1 optique Sorties stéréo analogiques : RCA Entrées antennes : 1 Bluetooth, 1 Wi-Fi, une embase FM 75 ohms 9,5 mm Réponse en fréquence : 10 Hz à 45 kHz ± 1 dB Rapport signal sur bruit : supérieur à 80 dB Distorsion harmonique totale : 0,1 % Impédance de charge ligne : supérieure à 10 kilohms Accessoires : télécommande, notice, antennes Bluetooth, Wi-Fi et FM, câble secteur Advance Acoustic possèdent toutes ce côté vivant et musical : une constante allant dans le sens de la musicalité. Pour parvenir à cette restitution, il faut respecter la dynamique des audiogrammes. Le X-Uni s’acquitte fort bien de ce rôle, en conservant la même définition même sur les passages de faible amplitude. Attaque de note : Allant de concert, sans jeu de mots, avec un respect scrupuleux de la dynamique, les attaques de notes retranscrites par ce lecteur universel présentent une rapidité optimale. Le disque SoundCheck d’Alan Parsons, conçu pour traquer les moindres défauts d’un système audio, n’a pas pu prendre le X-Uni au piège.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Nous retrouvons l’association du coffret en acier, doublé, en façade, d’une plaque de méthacrylate

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ADVANCE ACOUSTIC X-UNI Scène sonore : Le sens du détail du X-Uni s’illustre aussi dans le respect des plans sonores, sur les prises de son effectuées en trois vraies dimensions. On ressent ici du relief dans la restitution en corrélation avec ce que l’on entendrait dans la salle de concert : les sources sonores, bien focalisées, prennent place avec beaucoup de naturel dans un espace sonore à l’image de l’ambiance captée par les microphones. Transparence : Depuis le début des tests, l’absence de coloration des timbres s’est imposée. Le pouvoir analytique du X-Uni combine ce respect des contenus harmoniques avec celui des sons de faible amplitude, en retranscrivant les réverbérations de salle avec une finesse hors du commun. La neutralité globale laisse libre cours aux moindres nuances des plages musicales jouées.

Qualité/prix : Le X-Uni joue sur de nombreux tableaux : à la fois serveur de musique (avec ou sans fil), tuner radio FM, DAB+ et Internet, de même que lecteur de CD, il peut aussi faire office de préamplificateur. En effet, il dispose d’entrées additionnelles et d’un ajustement du volume. Les performances musicales sont au rendez-vous et, à nouveau, ce nouveau maillon d’Advance Acoustic présente un rapport qualité/prix imbattable.

VERDICT

Pour moins de 700 euros, proposer un lecteur universel pouvant aussi jouer le rôle de préamplificateur aux qualités musicales enviables tient de la performance pure. Un pari réalisé par Advance Acoustic qui, une fois de plus, a su trouver le meilleur compromis et gagner la qualification de marque incontournable.

SYSTEME D’ECOUTE Serveur USB Apple Préampli ATS SCA2 Bloc stéréo Coda TSX Enceintes Pierre-Etienne Léon Maestral Liaisons ligne Van den Hul Mountain Câbles de puissance Jorma Design CONSTRUCTION

■■■■■■■■■■ ■■■■■■■■■■ GRAVE ■■■■■■■■■■ MEDIUM ■■■■■■■■■■ AIGU ■■■■■■■■■■ DYNAMIQUE ■■■■■■■■■■ ATTAQUE DE NOTE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ SCENE SONORE ■■■■■■■■■■ TRANSPARENCE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ QUALITE/PRIX ■■■■■■■■■■ COMPOSANTS

Alimentation à découpage à gauche, carte DAC et ADC au fond, carte radio avec gestion de l’écran tactile à droite. Le capot protège la platine de lecture CD.

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Le son sans concessions Est-il nécessaire de présenter la marque et son ingénierie de très haut niveau? Depuis dix-sept ans, sans cesse en recherche d’améliorations, l’équipe sélectionne et stocke rigoureusement les composants, teste et valide certains éléments avec ses propres instrumentations. En ce début d’année, Accuphase nous revient avec ce superbe DP720.

ACCUPHASE DP720

FICHE TECHNIQUE Origine : Japon Prix public : 16 690 euros Dimensions : 47,7 x 3,94 x 15,6 cm Poids : 28 kg Réponse en fréquence : 0,5-50 kHz +0, - 3 db THD+N : 0,0006 % Rapport signal/bruit : 119 dB

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ACCUPHASE DP720

N

ul besoin de déployer d’artifices avec Accuphase : pour séduire l’audiophile, il suffit de le faire écouter. Si l’esthétique intemporelle de la marque peut surprendre certains, à l’image d’autres figures nord-américaines du très haut de gamme, Accuphase sait l’imposer. Construit pour durer, chaque nouveau modèle de lecteur présente des améliorations importantes. Le DP720 n’échappe pas à la règle, il reprend directement des éléments de conception des modèles du top de la marque DP900/DC901. Ce nouveau modèle utilise donc pas moins de huit convertisseurs en parallèles comme sur le DC901. Si sur ces derniers le top de l’époque était utilisé, le DP720 utilise quant à lui le top de l’actuel avec des composants Sabre. A l’écoute des clients et en quête

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de modernité, l’accent est mis sur le support du DSD. Le lecteur sait, soit en simple ou en double densité, directement lire des fichiers DF stockés sur un DVD gravé, mais également depuis la liaison USB. Le DP720 est avant tout un lecteur CD/SACD et bénéficie donc d’un tout nouveau drive aux performances accrues directement inspiré du travail fait sur le DP900. Le poids de la mécanique, sa rigidité hors du commun grâce aux supports en carbone, la haute précision de la mécanique sont autant d’atouts qui font de ce transport un élément d’exception. Un nouveau système de pression du disque magnétique bloque le disque fermement pendant la rotation. Les vibrations sont donc minimisées et les erreurs de positionnement également. Pendant ce temps, le bloc de lecture constitué d’une lentille unique et d’un jeu de deux diodes laser (une pour CD, une pour SACD) traque l’information avec une grande

précision grâce à la motorisation pas à pas soigneusement conçue. Comme le DP600, son prédécesseur, le DP720 dispose de nombreuses entrées numériques puisqu’il donne accès à son convertisseur interne pour des sources complémentaires. Au rang de la connectique, on trouve une entrée coaxiale S/PDIF, une optique TosLink et une USB 2.0. Il sera donc possible de brancher tout un panel d’appareils externes divers et de profiter de la puissance du convertisseur. Notons que la liaison HSLINK est présente pour pouvoir exploiter un autre transport externe de la marque également. Enfin, pour aller encore plus loin, il est possible d’intercaler par une paire de liaisons HSLINK (toutes résolutions) ou coaxiales (maximum résolution CD) le processeur DG-58. Ce dernier offre la possibilité de travailler sur l’égalisation active du signal afin de traiter les problèmes de la pièce d’écoute. Du côté des sorties, une paire de sorties RCA

asymétriques et XLR symétriques sont comme à l’habitude disponibles. Pour se rendre au plus près conforme des différents types de préamplifications symétriques, un petit commutateur permet de sélectionner la polarité du connecteur. En dernier lieu, la télécommande RC-110 très complète donne accès aux principales commandes à distance, y compris au volume pour gérer le gain des entrées numériques. La télécommande est massive et dans un travail métallique champagne bien assorti aux autres éléments de la gamme.

système de suspensions visqueuses. La mécanique et les cartes imprimées sont montées sur un socle de base de 8 mm d’épaisseur. Le coffret de protection de la mécanique est d’ailleurs également protégé par des plaques d’aluminium de 8 mm. Sur la face avant, les commandes se répartissent autour d’un afficheur élégant. Les compteurs rétroéclairés orange entourent le discret logo central de la marque. La trappe du CD/SACD est comme toujours centrale, elle se déplace avec souplesse et sans aucun bruit. Comme sur

tous les hauts de gamme de la marque, le coffret extérieur est recouvert de bois puis laqué en plusieurs couches pour obtenir cette profondeur caractéristique. Composants : Au rang des prouesses techniques, Accuphase propose entre autres une nouvelle conversion intégrée à base de 2 ESS Sabre 9018 montés en parallèle pour réaliser 8 conversions simultanées par canal et en tirer une moyenne au plus près du réel. Les circuiteries analogiques sont montées sur PCB en résine de fluocarbone pour la

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le châssis, d’une rigidité exemplaire, est soigneusement usiné. La mécanique est également nouvelle et dispose d’un nombre de dispositifs antivibratoires importants, dont le nouveau

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ACCUPHASE DP720

A gauche, la section analogique et ses sorties symétrisées ; au centre, la mécanique au premier plan et les alimentations ; à droite, le convertisseur à base Sabre.

meilleure conduction possible sans pertes. De même la section d’alimentation linéaire est optimisée par deux montages symétriques centraux installés à l’arrière de l’appareil. L’ensemble montre un gain en

SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Source : Nagra CDC en S/PDIF Amplificateur : FM Acoustics Classic Series PC avec Jriver, Mac avec Pure Music Enceintes : Pierre-Etienne Léon Alycastre Câbles : Jorma Design XLR+HP Câble Wireworld Platinium USB

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bruit pour atteindre le chiffre impressionnant de 0,0006 % de distorsion harmonique totale pour 119 dB de rapport signal/bruit. La conversion SA-CD et DSD est aussi prise en charge comme les flux CD. Le système MDSD multiplie donc également les signaux DSD pour les diriger vers le système MDS++ (8 convertisseurs par canal). Le résultat est ensuite moyenné à l’aide de circuits capables d’une précision de plus du double nécessaire. Les erreurs de conversion sont donc minimisées au maximum. Grave : Le registre du grave s’impose avec une ampleur magique. Le DP720 montre à ce niveau, tant sur les plages CD, SACD, que dématérialisées, une aisance

impressionnante. Il fait preuve sur ce point d’une maîtrise et d’un équilibre quasi parfaits. On retrouve l’aisance de la série 900 sur ce registre spécifique, où l’impression de vitesse peut devenir fulgurante. Par exemple, sur les attaques à la main gauche au piano, le DP720 repousse avec aisance toute sensation de compression dynamique dans le bas du spectre. Médium : A l’origine, il constitue l’essentiel du message musical, nous nous penchons donc à nouveau sur son exploration. Le D720 offre sur ce registre, avec grand naturel, une musique claire et détaillée, rapide et équilibrée. Les nombreuses microinformations placées bien à propos excluent toute sensation de brillance et contribuent

à l’impression du naturel avec justesse. Le timbre des voix et les harmoniques des instruments sont également excellents. Les extinctions de notes, et c’est là la marque de l’exception, sont précises et très longues, même à faible niveau. Aigu : Le médium se trouve ici parfaitement complété par un haut du spectre sans aucune extraversion. Comble du raffinement, nous notons particulièrement l’absence de toute crispation, même sur les épisodes complexes symphoniques comme l’introduction de la Première Symphonie de Mahler. La rapidité de l’électronique s’exprime ici avec brio. Sensation renforcée d’autant plus que les pincements de cordes s’expriment avec un naturel parfaitement confondant. Dynamique : L’alimentation des sources Accuphase est souvent exempte de défauts, c’est encore une fois ici le cas. Les demandes en courant sont fort bien régulées et l’électronique aussi bien que le transport font un travail sans la moindre faille. La musique s’écoule avec un dynamisme et une réactivité instantanée. Sur la Symphonie fantastique de Berlioz en SACD, les fortissimo traduisent avec justesse l’impression de puissance attendue sans jamais mollir. Le DP720 offre donc à notre amplification d’exception, à ce niveau, tous les moyens d’expressions disponibles ! Attaque de note : L’écoute est ici, comme nous l’avons exprimé, rapide et détaillée. Dans la tradition Accuphase, l’enchaînement des notes se fait avec grande exactitude et de sorte que le phrasé

musical apparaît avec un fantastique naturel. Les instruments, bien détachés les uns des autres, affirment leur caractère avec cette justesse qui caractérise les équipements d’exception. Sur l’enchaînement des notes exécutées au piano à grande vitesse, la sensation tactile des touches est à son apogée. Scène sonore : La scène sonore s’étale volontiers tant en largeur qu’en profondeur. A aucun moment cette dernière ne semble trop large ou trop étroite. La justesse est d’ailleurs autant de mise sur les petites formations que sur les grandes. Les différents rangs de l’orchestre sont parfaitement palpables, tout autant que peut l’être, par exemple, un grand piano en avant-scène. Un seul mot vient à nouveau à l’esprit : naturel. Transparence : Le DP720 transcrit la musique avec spontanéité, sans aucune brillance ni, à l’opposé, excès de matité. Nous avons d’ailleurs à ce sujet préféré ses sorties XLR qui excellent réellement, là où les sorties RCA démontrent un peu moins de définition. Les timbres sont exceptionnels et il devient extrêmement compliqué de prendre à défaut cette électronique sur une quelconque plage ! Les micro-informations d’ambiance sont présentes en nombre sans jamais perdre d’élégance et plonger dans un excès analytique. Rapport qualité/prix : Ces appareils hors-norme atteignent des sommets en termes de performance. La fabrication du DP720, sans concession, est à l’image du prix de cette fabuleuse électronique. Les

possibilités d’extension sont également grandes, notamment par le support du format DSD parfaitement traité et l’adjonction du processeur externe pour parfaire l’acoustique de sa pièce d’écoute. La musicalité est hors-norme et l’investissement nous semble donc par conséquent justifié.

VERDICT

Accuphase signe à nouveau avec le DP720 une électronique d’exception. Vainqueur du grand prix du concours japonais de référence Stéréo Sound 2013, il s’affiche maintenant comme une référence incontournable en termes d’expressivité. La qualité de la lecture en mode CD ou SACD offre l’une et l’autre un niveau de réalisme et une scène sonore frôlant le parfait. De plus, l’appoint d’accès au convertisseur en S/PDIF et USB est un plus indéniable pour entrer simplement dans le monde du dématérialisé. Voici donc une bien belle source à la fois esthétique et musicale qui retiendra sans aucun doute l’attention!

CONSTRUCTION

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FICHE TECHNIQUE

S O U R C E

Le convertisseur Supremo fait partie des trois plus récentes électroniques DAC du fabricant italien. L’utilisation avec Mac OSX ne requiert plus de driver et l’entrée USB accepte le format DSD natif. Le Supremo est le plus ambitieux des trois, sur le papier et… à l’écoute!

L

a fabricant de Vecchiano, en Toscane, travaille d’une manière différente de ses concurrents en ce sens qu’il investit plus dans la qualité des circuits que dans l’apparence et le faste esthétique. Au final, les convertisseurs North Star Design proposent un rapport qualité sur prix très avantageux, à l’image de ce haut de gamme Supremo qui va sans aucun doute faire parler de lui rapidement.

Le Supremo est le convertisseur tout format audio le plus évolué du constructeur italien. Il est bâti autour du chip ESS Sabre 9018 à huit canaux capable de traiter le flux natif entrant en PCM sur 32 bits et 384 kHz, ou en DSD 2,8 et 5,6 MHz selon les entrées (voir fiche technique). Celui-ci est configuré en stéréo symétrique qui lui permet de travailler sur une plage dynamique de 133 dB. Un filtre numérique peut être sélectionné selon le format PCM ou DSD du signal audio. Un

RAFFINEMENT ELECTRONIQUE

circuit d’asservissement digital DPLL réduit considérablement le taux de jitter. Les entrées numériques coaxiales sont couplées par transformateur. La section USB est bien évidemment asynchrone avec couplage optique par chip Texas ISO7640. Elle dispose d’une alimentation séparée à très faible bruit. D’un point de vue analogique, les étages de sortie n’utilisent que des composants discrets sélectionnés majoritairement CMS dont des transistors appariés à très faible bruit, des condensateurs au polymère organique et des résistances de précision à films. Le plan de masse en étoile est séparé pour chaque voie, ce qui contribue à améliorer la séparation des canaux. L’ensemble des composants est installé sur une carte mère unique avec une sérigraphie précise qui délimite chaque section du schéma global. L’alimentation est rassemblée sous un compartiment métallique qui fait office de blindage, elle met en œuvre deux transformateurs toriques eux aussi blindés, un pour les circuits numériques et un pour la partie analogique. La connectique audio est en WBT Nextgen et le câblage

interne minimaliste est en cuivre OFC. Windows OS nécessite la mise en place d’un driver ASIO fourni sur CD-Rom, Linux et Mac OS n’en ont pas besoin.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le constructeur italien va généralement droit au but quand il conçoit ses électroniques. Il s’embarrasse a minima en termes d’esthétique et de construction, et propose comme le Supremo des appareils sobres, discrets mais bien assemblés avec des matériaux de choix. Le travail interne fait appel au bon sens essentiel quand on traite des signaux aussi fragiles. Câblage ultraréduit, composants sur une même carte. Composants : Le Supremo met en œuvre le chip DAC vedette du moment dans une configuration double symétrique qui améliore le rapport signal sur bruit et la dynamique. L’emploi massif de composants CMS et de résistances MELF permet de réduire l’espace d’implantation tout en augmentant physiquement la section dédiée aux alimentations. La connectique est d’excellente qualité. Grave : Le premier sentiment qui vient à l’esprit quand on écoute le Supremo est l’étonnement devant ce produit qui coûte si peu par rapport à ce qu’on entend. En effet, sur notre installation repère, le message

Conversion al dente NORTH STAR DESIGN SUPREMO

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Origine : Italie Prix : 3 500 euros Dimensions : 435 x 80 x 170 mm Poids : 5,7 kg Entrés numériques : 4 S/PDIF 24/196 (2 RCA, 2 TosLink), 1 XLR AES/EBU 24/196, 1 I2S et 1 USB 2.0 (PCM 32/352, 8-384, DSD x64 et x128) Sorties analogiques stéréo : 1 RCA, 1XLR Distorsion : < 0,0001 % (XLR, 0 dB) Dynamique : > 132 dB est resplendissant de grandeur musicale du grave à l’aigu. Le grave précisément démontre une rigueur peu courante. Il est tendu, descend sans sourciller et développe des notes au contour très net. La ligne de basse synthétique sur le «Moonlight on Spring River» par Zhao Cong est beaucoup mieux structurée qu’à l’accoutumée. Médium : La richesse harmonique du Supremo est également remarquable en ce sens que la construction de chaque note s’échafaude réellement autour d’une fondamentale sur laquelle viennent se greffer les harmoniques significatifs (couleur et timbre) et ceux relatifs au décor musical (ambiances, bruits annexes). Il y a de la matière et de l’air dans ce qu’on entend. Plus simplement écrit, la restitution fleure bon l’authenticité. Aigu : L’utilisation du chip Sabre en sorties doubles symétriques et les étages analogiques à composants discrets rompent avec l’application pure et simple des datasheets de composants. C’est probablement la raison majeure de la qualité du registre aigu distillé par le DAC italien. C’est fin, c’est fluide, c’est quasi analogique dans le haut du spectre. Les cuivres de batterie sur la piste «My Treasure» par Sinne Eeg (The Dali CD3) sont reproduits avec des sonorités très réalistes de métal

épais ondulant. Dynamique : Il est bien évident que la notion de dynamique fait intervenir l’ensemble des maillons d’un système, mais le Supremo utilisé dans la configuration spécifique de notre test – en œuvre – s’inscrit sans ambiguïté parmi les DAC les plus percutants que nous ayons testés. Les impacts des baguettes et du kick de grosse caisse (batterie sur «Animal» par Francis Cabrel) explosent avec une énergie assez communicative. Par ailleurs, les murmures et autres pianissimo musicaux restent d’une intelligibilité parfaite même à très bas niveau d’écoute. Attaque de note : Le grand naturel de la restitution proposée par ce convertisseur trouve ses origines dans sa capacité à scruter en profondeur le signal audio qu’il traite. L’intensité et la rigueur d’analyse qu’il déploie sont le fruit d’une réactivité poussée à chaque démarrage d’une note. Et c’est dès la frappe des baguettes sur les cuivres de batteries (piste «My Treasure») passée à la moulinette italienne qu’on ressent le réalisme sonore du métal en vibration. Scène sonore : Ouverture, profondeur et spatialisation sont trois des noms qui qualifient le mieux le Supremo. Par rapport à nos repères, la spatialisation notamment bénéficie d’un supplément d’aération qu’injecte le DAC au message. C’est l’aboutissement holophonique de ses prouesses en termes d’analyse de la trame musicale. La piste «Gotcha» enregistrée en public par Patricia Barber s’ouvre sur l’ambiance de la salle, et le Supremo installe une image très large et très profonde dans une atmosphère proche de ce qu’on peut entendre dans la réalité (discussions et mouvements dans le public, réverbérations diverses). Transparence : Le Supremo est un

convertisseur d’une grande honnêteté tonale, d’une belle authenticité musicale. Sur un système de haute neutralité, l’appareil s’avère totalement inaudible tout en participant activement à ladite haute neutralité et à la transparence de l’ensemble. Sur une installation moins rigoureuse, l’insertion d’un Supremo sera bénéfique au rehaussement de la qualité globale du système. Rapport qualité/prix : Le North Star Design ne paie pas de mine dans son petit châssis en acier et aluminium. Pourtant il suffit de consulter sa fiche produit pour se rendre compte qu’il n’est pas un autre DAC parmi les DAC. Et pour ceux qui doutent encore, une écoute leur permettra de se rendre à l’évidence, le Supremo est un grand DAC. Et donc pas si coûteux que cela…

VERDICT

Nous avions adoré le modèle Impulso testé dans notre second hors-série Internet www.hautefidelite-hifi.com consacré aux DAC. Le Supremo va plus loin sur tous les plans, ce qui lui vaudrait un «Bargain Award» chez nos confrères britanniques. Il met l’accent sur la véracité et sur l’authenticité du message dont on se délecte quand l’appareil est inséré au sein d’un système de qualité, une attention qu’il mérite. Recommandé!

CONSTRUCTION

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S O U R C E

AYON S-5 La marque autrichienne Ayon propose une solution de musique dématérialisée à la fois simple au niveau de son ergonomie et très travaillée sur le plan audio. Les tubes sont les rois de la fête, ils sont très présents même s’ils ne sont pas visuellement mis en avant. 48

Le tube de l’été

e lecteur réseau Ayon S-5 est très valorisant visuellement, son design reste très sobre et classique. Il arbore en face avant l’écran bien connu du lecteur réseau de chez Stream Unlimited déjà rencontré chez d’autres fabricants, mais qui ici semble parfaitement naturel puisque également d’origine autrichienne. Sur la gauche de l’écran, des boutons poussoirs permettent la navigation parmi les menus de sélection de source et de choix des albums ou des morceaux. L’écran affiche la navigation au sein de l’arborescence des menus. Une fois la lecture d’un fichier initiée, l’intitulé de la piste jouée défile sur l’afficheur qui indique également les autres informations disponibles telles que le nom de l’artiste, par exemple. Le S-5 permet la lecture en streaming via le réseau en Ethernet 100 base-T sur un NAS ou sur les dossiers partagés des ordinateurs du réseau; il accepte la lecture directe via USB des fichiers Wave jusqu’à 192khz/24bits, FLAC jusqu’à 192 khz/24 bits, AIFF, AAC, HE-AAC jusqu’à 24 bits 96 kHz. Ayon propose également une application pour lire les contenus des iPad, iPhone et iPod et une application pour leurs alter ego sous Android. Le S-5 se connecte aux web radios, ce qui, bien qu’agréable à l’usage, ne donnent pas encore accès à toutes les qualités de restitution dont est capable un lecteur haut de gamme comme cet Ayon. La droite de l’écran comporte une prise USB capable d’accueillir, par exemple, une clé de stockage; au-dessus de ce port USB vient un petit afficheur avec l’indicateur de niveau sonore. De chaque côté de la face avant se trouvent deux massifs boutons rotatifs : celui de gauche est dévolu au contrôle de volume, car le S-5 intègre la fonction préamplification (sélection des sources et contrôle de volume), celui de droite constitue un sélecteur de source à accès direct (sans passer par les menus). L’ensemble des fonctions est relayé par la télécommande fournie. Sur le dessus, quatre grilles d’aération permettent l’évacuation des calories générées par les tubes. Les tubes concernés sont visibles à travers ces grilles. La face arrière est très richement dotée : outre les entrées et sorties analogiques disponibles à la fois en symétrique et en asymétrique sur XLR et RCA, les entrées

S O U R C E

numériques AES/EBU, S/PDIF sur RCA S/PDIF sur BNC, I2S et optique, nous trouvons une sortie numérique S/PDIF sur RCA et aussi – ce qui est beaucoup plus rare – une entrée analogique reliée à un convertisseur ADC (le contraire d’un DAC) qui va permettre à l’heureux propriétaire de numériser ses sources analogiques, comme ses vinyles par exemple. Nous trouvons également le connecteur multibroches à verrouillage destiné à l’alimentation, le connecteur réseau Ethernet RJ45, un second port USB, l’antenne Wifi pour une utilisation sur un réseau sans fil et un ensemble de quatre sélecteurs à bascule. Ces sélecteurs permettent le choix du gain des étages de sortie (High/Low), ce qui permettra d’adapter le lecteur à un système à haut ou bas rendement, le choix de la phase (0/180°), le choix des connecteurs de sortie (RCA/XLR) et, enfin, le choix du mode de sortie (Normal/Direct Amp) qui permet de bypasser les étages de préamplification et de contrôle de volume. Le boîtier d’alimentation, quant à lui, comporte un indicateur lumineux de mise sous tension en face avant, le connecteur IEC habituel, le connecteur multibroches de sortie et un indicateur lumineux de respect de la phase électrique, ce qui est une trop rare attention qui montre le soin apporté au détail et à l’optimisation des conditions d’écoute. Le mariage des technologies numériques modernes avec les tubes n’est pas exclusif à Ayon, mais la marque autrichienne a poussé le concept dans ses derniers retranchements. En effet, les tubes sont présents dans l’alimentation séparée comme dans le lecteur lui-même. L’alimentation met en œuvre trois transformateurs R-Core qui

DES TUBES A TOUS LES ETAGES

délivrent les tensions alternatives pour les alimentations séparées des étages numériques et analogiques, alors qu’il est fait appel pour l’alimentation des étages analogiques à des tubes redresseurs 6Z4, accompagnés par des condensateurs de forte valeur pour le filtrage et une self Power Choke pour bloquer les hautes fréquences. Les tubes du lecteur S-5 proprement dit sont destinés à l’étage de sortie qui utilise des doubles triodes à chauffage indirect 6H30EB d’origine russe montées en parallèle en single ended, ces doubles triodes miniatures peuvent fournir 2 ampères en pointe, ce qui constitue une valeur très importante. Le fonctionnement de l’étage de sortie se fait sans aucune contre-réaction. Avant les étages de sortie se trouvent les DACs, et nous avons retrouvé avec plaisir des Burr Brown 1704 (Texas Instruments) utilisés ici en parallèle avec pas moins de 4 BB1704 par canal. Ces puces DAC sont des véritables R2R, dont la production a très malheureusement été arrêtée en dépit de leurs qualités sans égales. Cependant, il en reste suffisamment dans les divers stocks pour que cela ne devienne pas un souci pour Ayon. Le seul problème potentiel est l’augmentation de coût afférant, car ce qui est excellent et rare devient généralement cher. Quelle que soit leur valeur d’entrée, les données numériques sont portées à 24 bits et 192 kHz avant d’être envoyées aux DACs. Construit sur la base d’un boîtier en tôle d’aluminium épaisse de 12 mm, le S-3 intègre des circuits de très grande qualité, la construction est mécaniquement parfaite, notre seul regret touche plus au design et à l’esthétique, frustrés que nous avons été

CONSTRUCTION

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S O U R C E

FICHE TECHNIQUE

AYON S-5 d’avoir une source moderne à tubes sans pouvoir profiter visuellement des dits tubes. Les composants sont tous de très grande qualité, les plus grandes marques sont présentes avec leurs plus belles références. Ainsi par exemple au chapitre des capacités, nous trouvons des Mundorf à huile MCap Supreme Silver/Gold, les DACs – nous l’avons vu – sont les BB 1704 R2R, et c’est jusqu’au contrôle de volume passif à résistances que la qualité du design et des composants s’imposent comme une évidence.

COMPOSANTS

ECOUTE

Nous avons constaté que, sur les entrées USB, le S-5 attend des supports au format FAT 32 : il a donc refusé dans un premier temps notre clé USB au format Mac ; qu’à cela ne tienne, nous avons contre-attaqué avec une clé USB convenablement formatée en face avant, un disque USB en face arrière et le NAS sur le réseau. Comme nous avions

la chance de disposer d’un formidable amplificateur à tubes en la présence des imposants blocs mono Mingda MC998-DW, nous avons décidé de prolonger la logique du design des Ayon par une écoute full tubes : nous n’avons pas été déçus. Grave : Le registre grave est parfaitement reproduit avec un niveau subjectif tout à fait crédible et une réelle densité. De plus, les notes sont différenciées, profondes et ont un poids proprement étonnant. Qu’il s’agisse de la contrebasse de Christian Mc Bride ou du piano de Glenn Gould, la composante grave est délivrée avec finesse, subtilité et aplomb. Le son est riche et extrêmement modulé. Médium : Comme pour le grave, nous profitons d’une écoute très très haut de gamme de par sa richesse tonale et harmonique. Nous avons soudain l’impression que bien des écoutes que nous avons appréciées par le passé étaient en quelque sorte simplifiées. Ici au contraire la musique est ultra-modulée et chaque note n’est pas simplement une note, c’est

un festival de musique et de vie. Nous pouvons profiter d’un naturel confondant associé à une vraie richesse et nous découvrons des harmoniques jusque-là inconnus. Sur les bons enregistrements, les voix sont magnifiques, les instruments acoustiques sont somptueux. Aigu : Habituellement, il est assez aisé d’écouter en se concentrant sur telle ou telle partie du spectre afin de détecter un éventuel souci, cette fois, cela fut très difficile car nous ne parvenions pas à nous extraire de l’envoûtement procuré par une écoute véritablement exceptionnelle. L’aigu est, comme le grave et le médium, impressionnant par sa richesse et son foisonnement harmonique. Tout à fait naturel, jamais agressif, il est juste fantastique. Nous en voulons pour preuve le jeu des cymbales dans Orchestrion de Pat Metheny où chaque instrument a ses timbres propres et n’est jamais réduit à une simple restitution métallique. Scène sonore : Nous avons tellement été pris par la musique qu’ici aussi l’analyse

En vert, la carte lecteur réseau ; sur le dessus, les DACs ; en arrière et sur les côtés, les quatre doubles triodes à chauffage indirect 6H30EB et les capacités Mundorf Mcap Silver/Gold/Oil.

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Origine : Autriche. Prix : 14 695 euros Dimensions lecteur : 48 x 12 x 39 cm Dimensions alimentation : 48 x 12 x 39 cm Poids lecteur : 12 kg Poids alimentation : 15 kg Entrées : Entrées numériques – S/PDIF (RCA), I2S, AES/EBU, BNC, TosLink 2 x USB type “A” 2 entrées analogiques (RCA) 1 entrée analogique symétrique (XLR) 1 entrée ADC de conversion analogique vers digital 1 prise réseau RJ45 1 antenne Wifi Sorties : 1 sortie numérique coaxiale S/PDIF (RCA) 1 sortie analogique RCA 1 sortie analogique XLR 1 prise casque en façade (3,5) a été difficile car tout était parfaitement en place et naturel. Le paysage sonore changeant d’enregistrement en enregistrement a toujours permis une visualisation parfaite de l’orchestre et de ses interprètes. Du soliste aux grands ensembles, aucun flou, aucune imprécision, à l’inverse nous avons pu profiter d’une étonnante présence des chanteurs et chanteuses comme avec Emiliana Torini dans « Bleeder » de l’album Me and Armini qui était vraiment avec nous dans la salle d’écoute. La scène sonore n’a jamais été ni tronquée ni exagérée, elle a été respectée au plus près. Dynamique : L’écoute de divers pianos nous a convaincu des excellentes capacités dynamiques et microdynamiques du S-5. Parfaitement juste, la dynamique est tellement convaincante qu’à chaque fois c’est l’impression d’avoir affaire aux véritables instruments et pas à leur reproduction qui domine. La dynamique, bien que pouvant être explosive, n’est jamais exagérée, elle est naturelle et, même sur des instruments difficiles comme la batterie ou la basse, nous avons eu constamment l’impression d’être face aux instruments et à leurs interprètes plutôt que face à des haut-parleurs. Attaque de note : Les guitares acoustiques de Paco de Lucia, John McLaughlin et Al di Meola se sont exprimées avec énergie, vivacité, vigueur et franchise. Les attaques de notes étaient instantanées et suivies par un cortège de

L’alimentation séparée avec ses trois transformateurs R-Core, ses selfs Power Choke, ses capacités de grade audiophile et ses tubes de redressement.

richesse harmonique et une modulation rarement perçue avec autant d’acuité. Cerise sur le gâteau : ces attaques très précises voire incisives restent parfaitement naturelles sans la moindre dureté, et les extinctions de notes sont longues et toujours aussi belles et riches. Transparence : Parfaitement transparent, le S-5 est en même temps plein et chaleureux, il sait s’effacer devant la musique mais sait aussi lui insuffler la vie et lui apporter ce supplément d’âme qui fait qu’il est extrêmement difficile de mettre un terme aux écoutes qui s’enchaînent, confirmant l’une après l’autre que nous avons affaire à un composant audio exceptionnellement musical. Rapport qualité/prix : Avec son S-5, Ayon arrive à un prix où la notion de rapport qualité/prix devient délicate à manier. Cependant, pour les audiophiles qui sont avant tout des mélomanes, nul doute que l’écoute dans de bonnes conditions du Ayon va les convaincre de réaliser une bonne affaire, car il délivre une musicalité qui est l’apanage des sources d’exception. Il convient en outre de ne pas oublier que ce lecteur réseau est aussi un préamplificateur

et un DAC à très haut niveau de performances.

VERDICT

Le lecteur réseau Ayon fait désormais partie des sources numériques de très haut niveau musical, non seulement il donne à entendre toutes les informations contenues dans les fichiers, mais il le fait avec une richesse, une opulence sonore qui magnifie toutes les séances d’écoute en les transformant en intense moment de plaisir et d’émotion. Ce lecteur fait définitivement partie des sources que nous devons rendre à regret.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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sans objet

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FICHE TECHNIQUE

Depuis le début des années 1990, la firme norvégienne Hegel produit des maillons haute-fidélité basés sur la maîtrise technique et l’innovation. Le nouveau convertisseur HD25 illustre brillamment cette stratégie au service de la musicalité.

Phénoménologie musicale HEGEL HD25

egel conçoit et commercialise des préamplificateurs, amplificateurs de puissance et intégrés, lecteurs de CD et convertisseurs audionumériques, dont le plus récent est l’objet de ce banc d’essai. Le convertisseur HD 25 se présente, comme on peut le voir, sous la forme d’un coffret étroit mais raisonnablement profond, réalisé en aluminium anodisé. La façade arbore un écran dont le faible nombre de digits suffit à afficher l’entrée sélectionnée, mais aussi le volume d’écoute. Aucune commande visible ne vient troubler la sobriété extrême de cette paroi frontale.

H

La petite télécommande infrarouge offre la sélection de l’entrée numérique choisie parmi quatre : deux S/PDIF coaxiales sur RCA 75 ohms, une troisième, mais en optique, sur connecteur Toslink, et un port USB 2.0 pour la quatrième. Ce dernier peut recevoir tout flux audionumérique jusqu’à la fréquence d’échantillonnage de 192 kHz,

EXPLOITATION

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au moyen d’un pilote logiciel gratuit à télécharger pour PC, sachant que, comme d’ordinaire, tout ordinateur Apple reconnaît directement le HD25. La télécommande agit aussi sur le volume du convertisseur, dont le niveau de sortie est largement suffisant pour attaquer un amplificateur de puissance. En effet, pour peu que quatre entrées numériques vous conviennent, le Hegel peut faire office, en plus de sa fonction de convertisseur, de préamplificateur, doté d’une paire de RCA

préamplificateur ATS. Cependant, deux autres touches concernent le HD25 : un mode de sélection parmi deux filtres numériques, dont l’un à faible latence, et l’extinction de l’afficheur, qui se rallume brièvement dès que l’on actionne la télécommande. Les concepteurs nous ont gratifiés d’un petit plus ergonomique : hormis la télécommande fournie, on peut sélectionner une entrée parmi quatre en tapotant deux fois la face avant, un peu comme on double-cliquerait sur la souris d’un ordinateur, jusqu’à ce que l’entrée choisie s’affiche suivant une séquence simple : Coax 1, Coax 2, Optique, USB.

UNE ALIMENTATION BIEN REGULEE

Dès l’ouverture aisée du coffret, on n’aperçoit pas moins de huit régulateurs de tension, disposés à proximité des sousensembles qu’ils doivent alimenter. Ainsi, trois 7805 (+ 5 V) se consacrent aux circuits numériques, comme le PIC (processeur programmable) qui gère l’interface utilisateur du HD25, et des LM317 et LM337 formant des alimentations symétriques, en particulier pour les circuits audio analogiques. En y regardant de plus près, ces huit régulateurs en boîtiers TO-220 ne sont pas les seuls, puisque les deux processeurs de signaux les plus importants bénéficient de l’appui de régulateurs + 5 V en composants à montage en surface. Cette isolation des différents modules, pratiquée au niveau des alimentations locales, ne peut qu’améliorer les performances de l’ensemble. En amont, le courant secteur filtré attaque un transformateur torique d’environ 30 VA. Suivent deux ponts de diodes : un condensateur CMS découple chaque semi-conducteur. Le lissage général des tensions d’alimentation à destination des circuits numériques, d’une part, et analogique, d’autre part, atteint les 30 000 µF.

Deux récepteurs de signaux numériques se partagent le traitement des entrées. Ainsi, un CMedia 6631A, doté d’une mémoire Flash (pour les éventuelles mises à jour), gère le port USB et transmet le flux numérique via un transformateur d’isolation 75 ohms. Un second DIR (Digital Interface Receiver) Asahi Kasei AK4115 prend en

DES PUCES SAVANTES et de XLR pour raccorder ses sorties analogiques. Les autres touches de la télécommande se destinent à d’autres maillons Hegel, ou à tout autre périphérique compatible avec le format de transmission RC9, tel que le volume motorisé de notre

Origine : Norvège Prix : 2 000 euros Dimensions : 210 x 260 x 60 mm Poids : 3,5 kg Fréquences d’échantillonnage : jusqu’à 192 kHz sous 24 bits Entrées numériques : 3 S/PDIF dont deux sur RCA et une optique sur Toslink, 1 USB Sorties analogiques stéréo : symétriques sur XLR, asymétriques sur RCA Réponse en fréquence : de 0 Hz à 50 kHz Taux de distorsion : > 0,0005 % Niveau de bruit : -145 dB typique

compte les trois entrées S/PDIF, dotées, pour les deux coaxiales, des mêmes transformateurs. La notice et la brochure du Hegel HD25 passent sous silence la présence d’un AK4127, dont le rôle consiste à recalculer à 192 kHz sous 24 bits toute fréquence entrante, afin d’assigner ce flot numérique haute définition au convertisseur. Cet AK4127 dispose d’une horloge mère, afin de pouvoir travailler en SRC synchrone, sous la forme d’un circuit spécialisé CGS3321, à la référence cadencée par un quartz de précision résonant à 27 MHz. Le flot numérique parvient ensuite au convertisseur AK4399 à la résolution de 32 bits, et intégrant un filtre numérique à deux positions, un mode normal et un mode à faible latence, que l’audiophile choisira en fonction de son idée de l’esthétique sonore. L’AK4399 possède aussi un contrôle numérique de volume, et c’est lui que l’on sollicite lorsqu’on exploite le HD25 en préamplificateur : le volume s’affiche, de 0 à 100, sur l’écran. Les ingénieurs de Bent Holter, fondateur de Hegel Music Systems, ont choisi des composants analogiques pour leur faible offset, ce qui rend inutile le placement de condensateurs en série sur les sorties. Ainsi, le filtrage à faible pente emploie des amplificateurs opérationnels récents de chez Texas Instruments, des L49720 sur les sorties asymétriques, tandis que celles sur XLR reçoivent chacune un couple d’OPA827. Ces éléments sont réputés pour leurs qualités musicales, leur offset infinitésimal, tout comme le taux de distorsion et le niveau de bruit, très faibles

LA SECTION ANALOGIQUE

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S O U R C E

HEGEL HD25

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Préampli ATS SCA2 Bloc stéréo FM Acoustics F-30B Enceintes Pierre-Etienne Léon Maestral Câbles HiFi Câbles et Cie : Super Maxitrans 2 (enceintes) Sechat (S/PDIF) Maat (ligne analogique) eux aussi. Entre les deux types d’amplificateurs opérationnels, des transistors, combinant le silicium et le germanium, profitent des mêmes qualités ayant présidé au choix des amplis intégrés. Hegel a donc très bien soigné la conception du HD25, tant pour les alimentations que pour les sections numériques et analogiques.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : La finition irréprochable du coffret et de l’implantation interne inspire confiance. Tout a été judicieusement étudié, jusqu’à la sélection des entrées au moyen de la télécommande ou en tapotant la façade qui ne comporte rien d’autre que l’afficheur. Composants : Le constructeur norvégien a choisi des éléments électroniques d’excellente qualité, tels que les circuits de traitement du signal, notamment le trio de chez Asahi Kasei, les amplificateurs opérationnels Texas Instruments et l’horloge mère cadencée par un quartz à 27 MHz de haute précision. Grave : Dès les premières notes de musique, le mot chaleur vient à l’esprit, tant il caractérise le registre grave, doué d’une belle profondeur et d’une ampleur maîtrisée. L’assise et l’articulation de cette partie du spectre compensent l’apparente douceur des attaques. Médium : La fidélité des timbres caractérise le Hegel HD25. L’aération de cette gamme de fréquences et le flot d’informations extrait des fichiers audio,

avec précision et vivacité, démontrent que nous sommes en présence d’un excellent convertisseur audionumérique. Aigu : En complément des deux autres gammes de fréquences, l’aigu file très haut, sans agressivité, mais toujours avec une consistance que l’on pourrait qualifier d’analogique. On retrouve cette aération et cette authenticité déjà remarquées dans le grave et le médium. Dynamique : Le suivi scrupuleux de la dynamique des enregistrements s’exprime en toute liberté. On ne constate pas de simplification du signal ou de remontée du bruit de fond sur les signaux de faible amplitude. Le convertisseur retranscrit les fortissimi dans un esprit très musical, sans agressivité, mais sans mollesse non plus. Attaque des notes : En relation directe avec la bande passante étendue de ce convertisseur, l’attaque des notes conserve le caractère vivant et fidèle des enregistrements. Sur le disque d’Alfred Schnittke, les harmoniques produits par les archets sur les cordes de violons que l’on pourrait presque dénombrer à l’écoute nous plongent dans le monde réel, celui de la salle de concert. Scène sonore : La largeur de restitution respecte celle des prises de son en stéréo de phase, mais aussi en stéréo d’intensité, ce dernier point étant plus lié aux intentions de l’ingénieur du son. Le bon étagement des plans, dans toutes les dimensions, y compris la profondeur de champ, démontre, à nouveau, que nous sommes en présence d’un excellent convertisseur. Transparence : On pourrait parler de transparence liquide, sur cet aspect des

tests d’écoute, sans jeu de mot avec le ressac du petit port breton de Kerroc’h, où chaque micro-information est restituée et qualifiée de conforme à l’original. Et l’on retrouve, encore ici, sur ce signal très complexe et sélectif, cette aération constante qui constitue l’un des atouts majeurs du Hegel HD25. Qualité/prix : Petit par la taille, ce convertisseur intègre quelques-unes des meilleures technologies du moment, aux principes aussi bien assimilés qu’ils sont appliqués. La haute technicité du Hegel HD25 se justifie, grâce à sa haute musicalité. En conséquence, le prix s’inscrit dans cette logique, à un tel point que l’on peut parler d’une offre alléchante.

VERDICT

Le Hegel HD25 fait partie de ces éléments de grande classe qui savent se montrer discrets sur une étagère, mais qui expriment avec élégance et pertinence une musicalité de haut niveau dès lors qu’un signal les traverse. Nous l’avons testé en convertisseur, mais aussi en préamplificateur audionumérique, en attaquant directement un amplificateur de puissance et, sur ce plan, il conserve sa belle cohérence. Si l’on n’exploite que des sources audionumériques et que quatre entrées suffisent, le HD25 pourra donc faire office de préamplificateur, grâce à son contrôle de volume intégré et sa télécommande.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE

La carte mère, ses dix régulateurs (dont quatre sur dissipateurs), ses trois Asahi Kasei (U22, U25 et U9), et ses excellents étages de sortie, en bas à gauche.

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SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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E N C E I N T E

FICHE TECHNIQUE Origine : États-Unis Prix : 16 500 euros version satiné mat 20 500 euros version laque vernie Dimensions : 250 x 1 170 x 230 mm Poids : 43 kg Réponse en fréquences : 32 Hz à 50 kHz Sensibilité : 86 dB/W/m Impédance nominale : 4 ohms Puissance minimale recommandée : 50 W

La belle américaine Le fabricant Magico dévoile son enceinte deux voies Mini en 2006, un superbe millefeuille de bois multiplis et d’aluminium massif dont la pureté de la ligne et les choix techniques font désormais référence. La colonne S1 s’inscrit dans cette même quête de vérité sonore par l’originalité de la conception.

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MAGICO S1

n ne présente plus Alon Wolf, musicien à ses heures perdues et concepteur des enceintes Magico fabriquées dans la baie de San Francisco. Chaque modèle fait l’objet d’études extrêmement poussées et de nombreuses simulations à partir de logiciels très sophistiqués, certains ont même été créés pour des applications précises par Magico. Et pour arriver à ses fins musicales, le constructeur a décidé de fabriquer ses propres haut-parleurs et ses propres caisses en aluminium qui ressemblent, sur un modèle comme la Q7, porte-drapeau de la technologie Magico, à un gigantesque Meccano.

LE NEC PLUS ULTRA ACOUSTIQUE

La colonne S1 est une enceinte deux voies à deux haut-parleurs. La charge close utilisée pour reproduire le registre de grave est un principe quelque peu délaissé par la concurrence. Or ce type de charge bien mis

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E N C E I N T E

MAGICO S1 en œuvre avec le bon haut-parleur présente beaucoup d’avantages par rapport au traditionnel bass-reflex. On peut citer entre autres une diminution progressive et à faible pente d’atténuation de l’amplitude du signal, une surtension interne mieux maîtrisée et donc une diminution drastique de phénomènes de toniques ou de résonances prononcées de la caisse. Par ailleurs, cette faible surtension acoustique évitera d’exciter les résonances dans la pièce d’écoute (absence de bosses d’amplitude à certaines fréquences). La caisse de la S1 est réalisée pour la première fois au monde dans une structure monocoque en aluminium. Cette solution bien plus simple à mettre en œuvre que l’assemblage de plaques, de renforts et d’entretoises de la série Q a permis de diminuer

le coût de production et donc le prix de l’enceinte. Ce « tube » d’une épaisseur de 1 cm est clos à ses extrémités par deux plaques vissées du même matériau. La section rappelle un triangle à sommets arrondis dont la base est le baffle support des transducteurs. Plusieurs plaques internes en aluminium sont positionnées sur la hauteur de l’enceinte et viennent renforcer sa structure. Leur géométrie en croix duplique le schéma déjà adopté sur les tranches en bois multiplis de la Mini. La finition standard est noir mat, mais l’enceinte est disponible en plusieurs laques de couleur M-Coat Gloss moyennant un supplément substantiel. Quatre pieds sont fixés sous l’enceinte, ils reçoivent des pointes massives réglables par une molette. Le grave médium est géré par un haut-parleur conçu pour la S1, le Magico Nano-Tec M390 de 18 cm et double aimant néodyme. La membrane d’un seul sandwich de Rohacell entre deux couches tressées en nanotubes en carbone. La rigidité est extrême, l’apparition de résonance et de fractionnement située très au-delà de la bande reproduite. Le tweeter, identique à celui de la S5, flambeau de la série S, est un Magico MB30 à dôme en béryllium de 25 mm, déclinaison du modèle MBe-1 qui équipe la phénoménale Q7. Le filtrage est confié à des composants Mundorf dont l’assemblage est réalisé par le fournisseur allemand. On trouve des inductances à ruban cuivre et des condensateurs de la série Supreme. Le bornier simple de 6 mm en cuivre pur est aussi fourni par Mundorf.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : La version testée nous a été livrée dans une finition laquée optionnelle. Elle est magnifique et donne presque envie d’acquérir les S1 rien que pour leur beauté naturelle. L’assemblage de tous les éléments de l’enceinte est

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parfait, millimétré, horloger. Les quatre bras et les quatre pointes particulièrement massives sur lesquels repose la colonne en aluminium alourdissent un peu le visuel, mais garantissent une stabilité et un chemin d’évacuation des vibrations redoutablement efficaces. Composants : Une Magico est une enceinte exclusive par essence, et c’est cette philosophie qu’insuffle Alon Wolf dans chacune de ses créations depuis la Mini il y a dix ans. Bien qu’elle soit la moins coûteuse des Magico, la S1 ne déroge quasiment pas à cette règle avec ses hautparleurs propriétaires dans un gant d’aluminium. Le filtrage qui provient de chez Mundorf reste la seule note « standard » du produit. Excusez du peu ! Grave : La charge close parfaitement optimisée pour le haut-parleur de grave à grande élongation nous est annoncée pour descendre à 32 Hz. À l’écoute de « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong, ce chiffre nous semble réaliste. La ligne de basse synthétique n’apparaît pas tronquée et se développe sans aucune tonique de boîte ni excitation gênante des résonances de la pièce même à niveau sonore confortable, là où ces défauts se manifestent fréquemment avec la plupart des colonnes bass-reflex. Même si le message manque d’un peu de tranchant et de fermeté, on savoure l’assise assez surprenante créée par cette « petite » colonne. Médium : Nous avons constaté une chose durant nos sessions d’écoute des Magico S1, une impression que nous subodorions. Elle concerne le niveau d’écoute optimal d’une piste, le niveau qui installe l’atmosphère et les sonorités les plus proches de la réalité, tout au moins de celle qu’on s’imagine ou qu’on connaît. La S1 excelle dans ce sens grâce à l’osmose tonale et harmonique de ses deux haut-parleurs qui soudain, au niveau ad hoc, diffusent un message d’une parfaite cohérence. Un soupçon de déséquilibre émerge à niveau plus élevé, mais elles conservent une superbe expressivité à bas niveau. Aigu : Le tweeter à dôme en béryllium MB30 regorge d’énergie et insuffle un véritable courant d’air frais au message. La définition dans le haut du spectre est saisissante de réalisme, on apprécie plus qu’à l’accoutumée les subtilités de la

On ne plaisante pas avec le découplage chez Magico. Les quatre bras et leur mégapointe ne trouvent leur référence mécanique de montage que par la plaque inférieure de l’enceinte. L’évacuation des vibrations est ainsi plus directe qu’avec un socle intermédiaire. composition harmonique de chaque note (cuivres de batterie d’un naturel confondant sur « My Treasure » par Sinne Eeg). La montée en volume sonore s’accompagne d’une légère surdéfinition sans désagrément majeur sur le plaisir d’écoute. Dynamique : La sensibilité basse et l’impédance nominale faible de la S1 invitent à une consommation modérée et raisonnable de la puissance de l’amplificateur. Cela dit, les possibilités d’élongation du grave médium et sa tenue en puissance permettent tout de même de lâcher la bride étant donné que la S1 n’est pas une charge complexe. La sensation de puissance instantanée sur des frappes de timbales ou de grosse caisse par exemple est très correcte. En revanche, c’est surtout la juste répartition dynamique sur tout le spectre qui contribue à la véracité du message. Attaque de note : La musicalité de la S1 doit beaucoup à son tweeter dont la définition, la vitalité et l’expressivité exceptionnelles forgent la personnalité de l’enceinte extrêmement stable au sol. Dès les premiers instants d’écoute, on est interpellé par l’univers sonore aérien et aéré des Magico, par la quantité de détails qu’elles sont capables de restituer précisément grâce à l’intensité d’analyse du tweeter. Le charme opère et on lui pardonne volontiers un grave médium un poil timoré dont on aurait apprécié plus de vigueur. Scène sonore : Le positionnement des Magico n’est pas compliqué, toutefois le respect de l’équidistance par rapport aux murs et le pincement des enceintes vers le point d’écoute améliorera la focalisation. La proximité des haut-parleurs montés sur le baffle étroit d’une enceinte aux parois arrondies favorise la régularité de la réponse polaire et donc l’holophonie du message diffusé. La scène sonore se répand dans la pièce selon les termes de

l’enregistrement, l’image stéréo s’établit au plus près de la performance. Le public en attente de Patricia Barber sur l’introduction de « Gotcha » se répartit comme il se doit bien au-delà du cadre des S1. Transparence : C’est sans doute le mot qui vient d’abord à l’esprit quand on écoute pour la première fois les S1. L’équilibre tonal d’une remarquable linéarité et la réponse en fréquences très étendue aux deux extrémités du spectre renforcent l’impression de neutralité qui se dégage de la restitution. Plus à l’aise sur des partitions acoustiques, la S1 demeure suffisamment convaincante sur des performances électroniques pour combler n’importe quel mélomane esthète. Rapport qualité/prix : Pas franchement donnée et encore moins avec la laque optionnelle, la Magico S1 souffre ou profite de la réputation très haut de gamme de la marque. Chacun appréciera le tarif selon ses critères, mais personne ne peut nier la fabrication exceptionnelle du produit ou la qualité de l’écoute. On pourra préférer le bois, une écoute plus percutante, plus de sensibilité, plus d’émotion, un prix plus doux ou nous ne savons quoi d’autre, ça ne se discute pas. Cela dit, le fait est que la S1 par Magico démontre un potentiel musical tout à fait réel et remarquable. C’est in-con-tes-ta-ble !

VERDICT

Votre serviteur attendait ce moment, cette rencontre avec impatience. Des Magico à disposition pour une écoute à volonté, ça n’arrive pas tous les jours. Après la découverte de l’objet de grande classe et d’une élégance distinguée, ce fut au tour de l’enceinte acoustique de nous séduire et de nous convaincre, et elle y est parvenue sans aucune difficulté. La S1 est une colonne hautement désirable qui rejoint le cercle restreint de nos diffuseurs préférés, sans considération de prix…

CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Lecteur drive Nagra CDP DAC Reimyo DAP999EX Préampli ATC SCA2 Bloc stéréo FM Acoustics F30A HiFi Câbles (AES/EBU) Van den Hul The Mountain (XLR) Leedh Universel (HP) Gigawatt (secteur)

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E N C E I N T E

E N C E I N T E

DAVIS ACOUSTICS CEZANNE HD

FICHE TECHNIQUE

Grosses qualités à prix serré

Dernière création en date du fabricant troyen, la Cezanne est une colonne trois voies dont l’ambition est de proposer une écoute de qualité satisfaisant à la fois le mélomane et l’audiophile. Deux concepts d’écoute différents que la Cezanne va sans doute réconcilier.

N

ouvelle venue dans la gamme Lifestyle, l’idée derrière la Cezanne a été de développer et de mettre au point une enceinte universelle, intermédiaire en termes de gamme et capable de restituer toute la finesse d’un orchestre de chambre comme l’énergie d’une formation de rock. Il fallait donc qu’elle soit naturelle et détaillée dans le médium aigu, d’une part, et qu’elle puisse asseoir la restitution sur des premières octaves convaincantes.

La Cezanne est une trois-voies installée dans une ébénisterie en médium laqué piano noir du plus bel effet. Les flancs galbés réduisent la largeur du baffle support où sont installés trois haut-parleurs. L’intérieur est divisé en deux : le volume inférieur de grave accordé en bass-reflex avec un évent de grand diamètre frontal, surmonté du volume de grave médium aigu, lui aussi bass-reflex

UN DEFI SAVAMMENT RELEVE

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avec évent arrière. En fait, la Cezanne reprend le concept inauguré sur la Matisse avec une enceinte compacte large bande travaillant dès 80 Hz assistée d’une enceinte de grave. Un haut-parleur de 17 cm à membrane légère et rigide en fibres de cellulose gère les basses fréquences. Le médium est traité par une unité de 13 cm à membrane en kevlar mue par une double ferrite. L’aigu est confié à un tweeter à cône, spécialité Davis. Ce cône en fibre de kevlar tressé avec ogive centrale de régularisation de la dispersion distille une réponse spatiale et tonale très proches de celles du médium. Le filtrage est du premier ordre dans le grave avec deux selfs «série» volontairement montées en parallèle, solution meilleure à l’écoute, et du second ordre ajusté par Davis entre le médium et l’aigu, ajustement de la valeur du condensateur pour s’affranchir de sa «sonorité». Le bornier double à barrettes nickelées pourra faire l’objet d’essais de raccordements et de straps filaires. Nous avons adopté pour nos tests en monocâblage le branchement du câble hautparleur sur les bornes supérieures pour une fidélité accrue, le signal au-delà de 80 Hz ne transitant ainsi plus par les barrettes.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : La Cezanne bénéficie d’une finition de très belle qualité, digne d’une enceinte coûtant beaucoup plus chère. L’assemblage des haut-parleurs est précisément réalisé. La séparation interne à mi-hauteur et les différents renforts rigidifient sérieusement la structure.

Composants : Les haut-parleurs de grave et de médium, issu de celui des Matisse, ont été spécifiquement fabriqués pour ce modèle. Le superbe tweeter à cône décliné du modèle mis en œuvre sur les Karla redonne ses lettres de noblesse à cette technologie délaissée par la concurrence. Le filtrage, qui calque sa structure de celui des Matisse, a été validé par des écoutes intensives. Grave : Le nouveau 17 cm se montre très à l’aise dans la restitution des premières octaves, à l’évidence la charge a été

Origine : France Prix : 2 500 euros Dimensions : 234 x 1 032 x 330 mm (hors tout, socle inclus) Poids : 25 kg Réponse en fréquence : 40 Hz – 40 kHz Sensibilité : 91 dB/W/m Impédance minimale : 4 ohms Puissance admissible : 150 W Finition : laque noire peaufinée aux petits oignons. Une fois les enceintes montées sur leurs pointes de découplage, la ligne de basse synthétique sur «Moonlight on Spring River» par Zhao Cong descend étonnamment bas avec une articulation très correcte. Médium : L’arrangement «compacte large bande et enceinte de grave» confère à la Cezanne une écoute très large bande. L’impression est d’écouter un haut-parleur unique! Les deux haut-parleurs à cône apportent une grande cohérence à la restitution en termes de timbres très subtils et de diffusion spatiale. Aigu : La technologie composite de la membrane en cône du tweeter développe un remarquable compromis sonore. Les notes et leurs extensions sont à la fois très filées, avec un dégradé harmonique étendu, et particulièrement palpables, matérielles. Les percussions sur «Moonlight on Spring River» revêtent notamment un caractère authentique que peu de modèles à dôme sont à même de véhiculer. Dynamique : Les Cezanne se sont montrées réactives quel que fut le niveau d’écoute. Les transitoires sont reproduits avec un respect appréciable de l’énergie originale et avec une répartition uniforme le long de la bande audible. Le grave légèrement rond n’entame pas subjectivement le rendu un poil plus volontaire des autres transducteurs. Attaque de note : Néanmoins et pour rebondir sur ce qui vient d’être écrit, l’unité de 17 cm est suffisamment rapide pour réagir aux diapasons du médium et de l’aigu. La fusion des registres est excellente et permet une réponse en phase et en rythme des trois haut-parleurs sur l’ensemble du spectre reproduit. À l’exemple du saxophone ténor sur «Too Darn Hot» par le Jan Harbek

Quartet qui apparaît parfaitement détouré, plein et subtilement détaché des autres instruments. Un relief musical et spatial que nous entendons assez rarement. Scène sonore : L’étroitesse du baffle support et le fonctionnement en large bande sur la quasi-totalité du spectre sonore contribuent à une excellente réponse en phase des transducteurs. Par conséquent, la scène sonore apparaît subjectivement homogène, en place. Nous avons apprécié l’ampleur du rendu dans les trois plans géométriques (espace et aération sur «Moonlight on Spring River») et la remarquable focalisation des sources. Transparence : Les prestations musicales des Cezanne sont assurément remarquables. La bande passante est très étendue aux deux extrémités, les timbres sont d’un grand naturel et la scène sonore comme l’image stéréo bien établies devant l’auditeur. Elles ne représentent pas une charge complexe pour l’amplificateur, mais nous recommandons néanmoins de les associer à une électronique tenue dans le bas afin de bien contrôler le haut-parleur de grave. Qualité/prix : Le lecteur aura compris que ces Cezanne sont de redoutables colonnes, d’autant plus redoutables qu’elles sont proposées à un prix on ne peut plus agressif. Elles disposent de tous les atouts pour pouvoir être comparée à beaucoup de modèles dans un créneau de prix allant jusqu’au double du leur.

parleurs maison de grande qualité, réglages finement optimisés et au final, écoute de haute musicalité. Une recommandation amplement méritée! CONSTRUCTION

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VERDICT

Davis Acoustics avait déjà montré l’étendue de son talent en proposant il y a quelques années la petite colonne Matisse à l’exceptionnel rapport qualité/prix. Avec la Cezanne, il remet le couvert dans une gamme supérieure et ça risque de faire très mal à la concurrence… Superbe finition, haut-

SYSTEME D’ECOUTE Électroniques : Lecteur Icos Fado Init Intégré Icos 260 Init Câbles : Jorma Design n° 2 (mod et HP)

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E N C E I N T E

beaucoup évolué ces dernières années et le constructeur a considérablement investi dans la recherche pour améliorer le comportement acoustique du carbone. La D30 comme la D30R ont logiquement bénéficié des résultats de ce programme. La Response D30R a été conçue par Stewart Tyler. C’est une colonne au baffle support très étroit, dans la parfaite tradition Proac. L’étroitesse d’un baffle permet d’améliorer la réponse polaire et de diminuer les effets de diffraction liés à la réflexion de l’onde sur le baffle. Elle met en œuvre deux haut-parleurs dont un nouveau grave médium de 16 cm à membrane en fibres de carbone avec enduit polymère à l’arrière, et un tweeter à ruban en aluminium plissé de 6 cm de long pour 1 cm de large, identique à celui installé sur la D40R. La charge du grave est du type bassreflex avec un évent cylindrique évasé à sa sortie qui débouche sous l’enceinte. Celle-ci repose sur un socle par l’intermédiaire de deux panneaux de bois positionnés sous le baffle et la face arrière. L’espace ainsi créé entre le fond de la colonne et le socle permet d’évacuer le flux d’air sur les côtés, limitant ainsi l’influence d’un positionnement près d’un mur arrière. On note que cette configuration était déjà adoptée sur le D40. Peu d’informations sont disponibles en ce qui concerne les performances réelles mesurées, néanmoins nous avons réussi à apprendre que la réponse dans le grave en chambre anéchoïque s’étend sans atténuation jusqu’à 40 Hz, ce qui est particulièrement remarquable pour un hautparleur de ce diamètre. L’accord de la charge est situé aux alentours de 35 Hz. Les parois en médite sont plaquées d’essence de bois naturel disponibles en six finitions, quatre en standard et deux plus exotiques (bois de rose et ébène) en option avec supplément. La rigidité est satisfaisante grâce à des renforts internes placés à des endroits stratégiques, le tapotement des parois avec le doigt se traduit par des sonorités mates et rapidement amorties. Le socle est prévu pour recevoir quatre pointes réglables en hauteur, et nous recommandons de les utiliser sous peine de perdre de l’articulation dans les premières octaves et d’opacifier le haut grave. L’unité de grave médium est montée dans un saladier en fonte d’aluminium qui supporte la membrane à large cache-noyau central en tissu par le biais d’une suspension souple en

CARBONE ET ALUMINIUM

l’enceinte Proac D30R est la version avec tweeter à ruban de la D30. Dernière enceinte en date du célèbre constructeur de Brackley, au nord d’Oxford en Angleterre, elle est équipée d’un nouveau haut-parleur de grave médium dont nous avons beaucoup apprécié la justesse de restitution.

G

amme la plus fournie au catalogue Proac, la série Response propose deux compactes, quatre colonnes dont deux, la D30 et la D40, qu’il est possible de commander soit avec un tweeter à dôme soit avec un tweeter à ruban (apparaît alors le suffixe R), une voie centrale et un caisson de graves amplifié. La D30R continue la promotion des membranes en fibres de carbone entamée avec la D40 et la Carbon Pro 8, les deux plus gros modèles Proac. La maîtrise de ce matériau a

PROAC RESPONSE D30R

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Bonne response!

demi-rouleau à longue élongation. Le tweeter offre une dispersion horizontale assez large qui limite la directivité. Le filtrage passif à masse séparée pour chaque transducteur ne met en œuvre que des composants triés sur le volet et le câblage interne est en cuivre désoxygéné multibrins. Le raccordement s’effectue par deux paires de bornes Proac reliées par une tige conductrice.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Les amateurs de Proac ne seront pas désorientés par la D30R qui ressemble à s’y méprendre à une… Proac. La colonne reprend le schéma «2 voies» traditionnel du constructeur avec baffle support étroit et placage en essence de bois véritable. L’assemblage est impeccable avec le bornier double à l’arrière qui mérite des straps filaires. Le découplage au sol est efficace et à notre avis impératif pour une bonne maîtrise du registre de grave. Composants : Le modèle R est équipé du tweeter à ruban fabriqué sur spécifications du fabricant britannique, et le haut-parleur de grave médium est un nouveau modèle développé pour les D30 (tweeter à dôme) et D30R. Le filtre de séparation à composants sélectionnés pour leurs qualités sonores adopte la configuration à masse séparée chère à Proac. Permettant le bi-câblage et la bi-amplification. La géométrie de l’évent est identique à celle utilisée sur la D40. Grave : La fiche technique annonce un grave qui descendrait à 20 Hz. L’écoute des Proac ne laisse planer aucun doute quant à leur capacité à descendre bas, très bas, tout au moins plus bas que la grande majorité des colonnes actuelles dans un créneau de prix dépassant allègrement celui des D30R. On décèle assez vite une petite note chaleureuse qui apporte un soupçon d’emphase vers l’accord (enceintes placées assez loin des murs de notre salle d’écoute). La contrebasse (piste «My Treasure» par Sinne Eeg, The Dali CD3) paraît un peu plus volumineuse qu’à l’habitude, mais elle conserve des proportions et une ampleur des plus crédibles. Médium : L’âme d’un Proac quelle qu’elle soit réside fondamentalement dans la justesse de sa réponse dans le médium. Et les D30R ne dérogent pas à cette règle érigée en principe, voire en art de concevoir, chez le constructeur. L’écoute d’une voix

lyrique comme celle de Simone Kermès interprétant «Ha Vinto Amor» d’Antonio Caldera est un pur régal. Les nombreuses modulations vocales de la soprano sont restituées avec une texture et une épaisseur d’un réalisme rare dans l’absolu, la justesse tonale et la palette de détails sonores très variée accroissent la sensation d’avoir l’interprète devant soi. Le léger effet physiologique véhicule une touche de confort auditif qui n’est pas pour déplaire. Aigu : Votre serviteur n’est pas du tout fervent du tweeter à ruban dont la mise en œuvre très souvent bancale (mauvaise fusion du registre, déséquilibre de la réponse en fréquences, etc.) se traduit par un aigu brillant, métallisant, artificiel. Quand nous avions testé la Proac K6, notre surprise fut double de constater l’adoption du ruban par le fabricant, d’une part, et la parfaite maestria avec laquelle il avait été utilisé, d’autre part. La D30R décline ce savoir-faire avec cette distinction et cette

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E N C E I N T E

PROAC RESPONSE D30R FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni Prix : 6 500 euros Dimensions : 1 041 x 215 x 266 mm Poids : 24 kg Haut-parleurs : grave-médium 165 mm, aigu à dôme 25 mm Réponse en fréquence : 20 Hz à 30 kHz Puissance admissible : 200 W Sensibilité : 89 dB/W/m Impédance nominale : 8 ohms retenue toutes britanniques. L’aigu file haut sans accentuation et fusionne sans accident avec les autres registres. Hormis un léger manque de matière et d’énergie tout en haut, on peine réellement à déceler la moindre rupture de timbres. Dynamique : Qui aime bien (voire beaucoup) châtie bien (juste un peu). La dynamique n’est pas le point le plus fort, le plus évident des D30R. Soyons clairs. L’écoute de musique moderne à forte teneur en impacts de batterie ou de musique classique très chargées en percussions reste des moments intenses de plaisirs musicaux même si on sent qu’il n’y pas toute l’énergie habituelle sur ces passages transitoires. Les micromodulations sont parfaitement explorées et chaque partition est reproduite avec une belle authenticité. Néanmoins l’expressivité des D30R est à son meilleur à partir d’un certain volume d’écoute qui reste, soit dit en passant, peu élevé. Attaque de note : La qualité des timbres d’une enceinte dépend étroitement de son aptitude à «démarrer» quand une note se présente au(x) bornier(x). Non seulement les transducteurs doivent être réactifs, mais le filtrage ne doit ni constituer un bouchon pour le signal ni aiguiller les fréquences en dépit du bon sens. L’étude des D30R a visiblement respecté ces deux principes de base, car le développement de chaque note se déroule avec une précision quasi

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horlogère. Il en découle précisément un dégradé harmonique ordonné qui révèle un éventail de couleurs et de détails propre à chaque piste en écoute. Scène sonore : La présentation spatiale des D30R est vraisemblablement un modèle du genre pour une enceinte colonne. L’utilisation de deux haut-parleurs à la manière d’une bookshelf sur pied n’y est sans doute pas étrangère. On reste étonné par l’ampleur de la scène dans les trois plans géométriques et par l’aération spécifique à chaque performance. L’image stéréo très stable s’épanouit selon le contenu de la performance, soit dans l’espace et en dehors du cadre des colonnes en situation «live» («Gotcha» par Patricia Barber), soit plus intimement en situation «studio» («Animal» par Francis Cabrel). Aux antipodes du reproducteur stéréotypé, la D30R ressemble à un caméléon sonore qu’il faudra néanmoins écouter à un certain niveau pour en apprécier pleinement le potentiel. D’ailleurs, avec un tel bouquet de qualités, pourquoi écouter en sourdine? Transparence : À l’heure du bilan acoustique, les comptes sont rapidement faits. Justesse des timbres, registres de fréquences en parfaite fusion, bande passante subjective en rapport avec la réalité, scène sonore «comme si vous y étiez» ou presque, en d’autres termes une belle brochette de caractéristiques qui placent la Proac D30R dans le peloton de tête de sa catégorie en termes d’écoute. Le grave légèrement chaleureux confère un supplément de moelleux au message sans toutefois en dénaturer la délicatesse. Rapport qualité/prix : Proac n’a jamais fait dans la démesure technique ni dans l’extravagance esthétique. Une enceinte sert essentiellement à reproduire la musique de la manière la plus fidèle possible et doit être capable de se marier à une grande majorité d’électroniques sans souci majeur

d’adaptation. Dans cette perspective, la maison applique les recettes qui ont établi la réputation de la marque (deux voies en compacte ou, comme ici, en colonne étroite) et même si des améliorations sont apportées sur cette D30R, le prix reste globalement mesuré. Tant pis si l’esthétique très sage délaisse l’audace pour le classicisme pourvu que l’écoute flatte nos tympans.

VERDICT

La Proac D30R fait partie des enceintes dont on ne doute plus des qualités intrinsèques dès qu’elles commencent à chanter. Discrète dans sa robe d’essence de bois naturelle pourvue d’une simple paire de haut-parleurs, elle n’en impose pas visuellement comme certaines concurrentes habillées de laque brillante comme un miroir et équipées de multiples transducteurs. En revanche, son authenticité et sa cohérence musicales s’imposent avec une évidence naturelle à laquelle l’artifice visuel d’une somptueuse finition ne peut se substituer. La D30R est une colonne qui vous transportera au cœur de la musique et ce sera la considération essentielle à conserver à l’esprit au moment de la décision d’achat. CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur Nagra CDP DAC Reimyo DAP-999EX Préampli ATC SCA2 Bloc stéréo FM Acoustic F-30B Câbles : Hifi Cables AES (AES/EBU) Van den Hul The Mountain (XLR) Purist Audio Design Strumento (XLR et HP)


E N C E I N T E

L’Atria est la dernière création de l’américain Rockport Technologies. Déclinaison du modèle Avior et nouvelle entrée de gamme du fabricant à la place de la Chara qui disparaît du catalogue, elle conserve l’intégralité des technologies mises en œuvre sur son aînée et la somptueuse fabrication maison.

E N C E I N T E FICHE TECHNIQUE Origine : Etats-Unis Prix : 27 000 euros Dimensions : 1 105 x 317 (socle) x 508 mm (socle) Poids : 68 kg Réponse en fréquence : 28 Hz – 30 kHz Impédance nominale : 4 ohms Sensibilité : 87,5 dB/2,83 V/m Puissance minimale recommandée : 50 W

Au cœur de la musique ROCKPORT TECHNOLOGIES ATRIA 68

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E N C E I N T E

ROCKPORT TECHNOLOGIES ATRIA réée en 1984 par Andy Payor, la société Rockport Technologies s’est d’abord fait connaître grâce à sa platine vinyle Sirius Phonograph avant de développer d’autres platines puis des enceintes acoustiques. Question de transduction sonore, mon cher Watson ! En effet, les deux étapes où les pertes de qualité sont les plus importantes sont celles où le signal audio subit une transformation fondamentale, mécanique en électrique pour la platine et sa cellule, électrique en acoustique pour l’enceinte et ses haut-parleurs, deux domaines dans lesquels le constructeur s’est rapidement forgé une réputation. Désormais ancrée dans la conception et la fabrication d’enceintes acoustiques, Rockport Technologies est un des leaders actuels incontestés sur le marché du très haut de gamme. L’Atria, colonne trois voies objet de ce banc d’essai, est venue récemment s’installer au pied d’un catalogue jusqu’alors composé de quatre modèles plus ambitieux. L’Atria est la nouvelle entrée de gamme chez Rockport Technologies. Il faut plutôt la considérer comme une enceinte de très haut niveau, une véritable Rockport dont les performances sont un peu plus limitées que celles des autres modèles du constructeur. Car en réalité l’Atria est une petite Avior, une version allégée d’un hautparleur de grave et donc de quasiment la moitié du volume dédié au registre, de quelques kilos et in fine moins encombrante. Mais l’essentiel reste avec l’hallucinante qualité de fabrication, les technologies et la musicalité. Les parois de l’ébénisterie réalisées à partir de trois couches laminées précontraintes et amorties adoptent des lignes galbées en externe comme en interne. Outre l’esthétique visuelle agréable, l’irrégularité géométrique ainsi créée en interne bannit tout parallélisme, ce qui augmente la rigidité de l’Atria et diminue sensiblement l’apparition d’ondes stationnaires. L’épaisseur du baffle support est de 10 cm

HAUT DE GAMME EN ENTREE

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et celles des parois varient avec un maximum de 65 mm. De plus, les phénomènes de diffraction d’ondes sont fortement atténués grâce au profil aérodynamique et à la section changeante de l’enceinte vue de dessus. La finition en laque piano noire est superbe. Le socle très épais reçoit quatre robustes cônes de découplage dotés d’une molette d’ajustement en hauteur. Le haut-parleur de grave de 23 cm comme celui de médium de 15 cm sont identiques à ceux de l’Avior, ils ont été entièrement créés et développés par Rockport. Montée sur un saladier en aluminium à branches très fines, pourvue d’une suspension en demi-rouleau caoutchouc très souple et mue par un énorme aimant ferrite, leur membrane en forme de dôme concave est réalisée en sandwich à base de fibres de carbone. Le rapport rigidité sur poids est extrêmement élevé, ce qui garantit un fonctionnement en piston dans leur bande respective de fréquences. Le boomer est chargé en bassreflex avec un évent cylindrique d’accord usiné dans un bloc d’aluminium massif et rapporté à l’arrière de l’enceinte. L’aigu est confié à un tweeter Scan Speak à dôme de 25 mm en béryllium pur. Le filtrage est du quatrième ordre acoustique (combinaison de la coupure naturelle haut-parleur et baffle, d’une part, et de la coupure du filtrage électrique de type elliptique, d’autre part) afin d’éviter toute intermodulation gênante au recoupement entre deux hautparleurs. Les composants utilisés à très faible tolérance incluent des condensateurs à film et des inductances conçus sur cahier des charges Rockport Technologies ainsi que des résistances de puissance Caddock. Le câblage interne Transparent Cable débouche sur une paire de bornes en métal massif d’origine Cardas mais spécifiques au fabricant.

FABRICATION ET ECOUTE

Composants : On n’est jamais mieux servi que par soi-même, et Rockport Technologies l’a parfaitement compris en créant (le terme de création n’est pas usurpé avec ce fabricant) non seulement ses ébénisteries mais en développant ses propres haut-parleurs. Néanmoins, il ne suffit pas d’aligner les meilleurs composants du monde pour penser obtenir

le meilleur produit, encore faut-il les assembler avec maîtrise et cohérence. Et c’est là que le savoir-faire du constructeur entre en jeu avec un choix extrêmement raisonné des technologies (matériaux de la caisse et des membranes, filtrage, etc.) et une mise au point systématiquement asservie à des tests d’écoute. Grave : La faible impédance et le rendement moyen des Atria nécessiteront un amplificateur puissant et très structuré dans le bas du spectre. On se rend d’ailleurs vite compte que l’enceinte encaisse les watts avec une facilité assez déconcertante sans montrer le moindre signe de cafouillage ou de perte de lisibilité, donc il ne faudra pas transiger sur ce point. Du watt et du bon ! Dès cet instant, l’américaine délivrera un registre de grave très étendu et bien articulé. La première octave reste courte, mais on la ressent néanmoins (ligne de basse synthétique du « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong), les frappes de timbales sont très convaincantes et le sont d’autant plus que le diamètre de l’unique boomer n’est pas démesuré. Le haut grave, d’une clarté saisissante, lève le voile sur des informations habituellement en retrait ou voilées. Il souffle un vent de fraîcheur dans les soubassements. Médium : On approche de ce qu’il est possible d’entendre de mieux actuellement sur ce critère. Curieusement, et paradoxalement serions-nous tentés d’ajouter, cette performance est obtenue à partir d’un haut-parleur à membrane en fibres de carbone, matériau qui, hormis des propriétés mécaniques de premier ordre, n’est pas spécialement réputé pour sa musicalité enjouée. Il faut croire que Rockport Technologies a sérieusement travaillé le sujet, car les Atria nous ont vraiment séduits par leur palette tonale et leur nuancier harmonique particulièrement diversifiés, d’une part, et par leur absence totale de distorsion subjective, d’autre part. Les timbres sont superbes, à l’image de la grande variété de tonalités et de la sensualité à fleur de peau de la voix de la soprano Simone Kermes interprétant « Ha Vinto Amor ». Aigu : Le constructeur a fait confiance à son fournisseur de tweeters de prédilection

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E N C E I N T E

ROCKPORT TECHNOLOGIES ATRIA

et a reconduit la technologie du dôme en béryllium pour la reproduction de l’aigu. Il faut reconnaître qu’il est très rare qu’un dôme plus traditionnel (tissu, céramique, métal) déploie l’énergie et le fouillé harmonique restitués par le dôme des Atria. Les percussions sur « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong ou les cuivres de batterie sur « Animal » par Francis Cabrel

sonnent avec beaucoup de pleins et de déliés, la partition module vivement et procure une vivacité peu commune au message. Pour les puristes, l’extrême aigu pourra parfois paraître un peu appuyé, plus vrai que nature, néanmoins il confère un supplément de présence assez appréciable à la performance. Dynamique : Nous évoquions plus haut le fait que l’Atria encaisse la puissance avec beaucoup de facilité et sans accuser de faiblesse particulière, ce qui la prédestine à être drivée par une électronique puissante de haute qualité. Nous avons pu les écouter sur notre bloc stéréo repère et sur les nouveaux blocs Pass Labs Point 8 en appréciant dans chaque configuration les spécificités sonores des enceintes et des amplificateurs, signe de la grande transparence des Atria. La légèreté et la rigidité des membranes favorisent la réactivité et l’absence de distorsion audible sur les appels transitoires, l’auditeur ressent aisément l’énergie restituée par les enceintes. Sur la piste « Animal » interprétée par Francis Cabrel, les différentes percussions sont parfaitement appréhendées en termes de personnalité (taille, matériau, force de la frappe) et de localisation dans l’espace du studio. Attaque de note : Le choix de transducteurs rapides montés dans une caisse ultra-rigide et donc exempte de toute forme de colorations générées par vibrations de parois accroît la fidélité du son restitué par les Atria par rapport au signal original qu’elles traitent. L’indéniable « propreté » sonore de ces colonnes indique que le dégradé harmonique qu’elles proposent se rapproche du dégradé réel. Les attaques respirent l’immédiateté, la spontanéité, et il n’est pas besoin d’envoyer beaucoup de puissance aux enceintes pour en apprécier leur faculté à suivre le rythme et l’écriture de chaque partition. Par rapport à nos enceintes repères, l’agilité du tweeter en béryllium prolonge et éclaircit les extinctions de notes. Et malgré la sensibilité plutôt faible de ces Rockport, l’écoute ne s’assombrit pas à très bas volume sonore ; au contraire, elle reste pleine, fluide et réaliste. Scène sonore : La position des enceintes par rapport au point d’écoute n’est pas critique, nous avons pour notre part retenu une légère orientation vers le

point d’écoute avec un croisement des axes de diffusion juste en arrière. La scène remplit l’espace devant l’auditeur avec une propagation totalement crédible dans les trois plans géométriques ; on apprécie notamment l’étagement des plans très structuré en profondeur spécifique à chaque performance et à chaque enregistrement. La focalisation des sources sonores est précise avec un détourage net des protagonistes. L’analyse particulièrement détaillée du tweeter confère beaucoup d’aération à la restitution. Transparence : Terme souvent galvaudé, la transparence d’un produit audio en général et d’une enceinte acoustique en particulier ne définit ni plus ni moins que son degré de fidélité, son aptitude à traiter le signal sans le déformer de quelque manière que ce soit. En ce qui concerne les Atria, nos pistes repères et nos tests pièges n’ont pu les mettre en défaut. Aucune remarque négative sérieuse n’a donc pu être émise quel qu’ait été le critère d’évaluation subjective abordé. Bande passante étendue, équilibre d’une extrême linéarité, dynamique, vivacité et neutralité, les atouts de séduction dont dispose l’Atria sont vraiment nombreux et évidents.

Believe Your Own Ears

VERDICT

Les colonnes Rockport Technologies Atria figurent parmi les plus musicales enceintes acoustiques qu’il nous ait été donné d’écouter et de tester, et ce toutes catégories de prix confondues. La restitution de qualité ultime prolonge à merveille une esthétique raffinée agrémentée d’une fabrication et d’une finition à tomber. Elle délivrera son immense plénitude sonore avec une amplification puissante et rigoureuse. Du grand art acoustique.

CONSTRUCTION

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Nouveau Hegel H160 AirPlay

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www.hegel.com - Distribution : Accentuel Audio - contact@accentuel.com


L

E N C E I N T E

a Leedh E2 offre la possibilité de pouvoir reproduire la majorité des instruments acoustiques à leur niveau sonore réel et de ressentir des émotions comparables à celles du concert. Telle fut la genèse du projet E2 qui reprend l’architecture de la E mais qui a nécessité un haut-parleur HPAB revu et amélioré, capable de supporter la puissance indispensable pour diffuser de manière réaliste dans des pièces de plus de 50 m2.

Véritable pavé dans la mare audiophile, les enceintes Leedh ont défrayé toutes les chroniques de la profession depuis l’apparition du modèle C. La vision nouvelle et innovante du haut-parleur par Gilles Milot, leur concepteur, est à l’origine d’une enceinte exceptionnelle pensée comme un tout.

L’art du haut-parleur LEEDH E2

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FIDELITE PLUTOT QUE MUSICALITE

Nous ne nous étendrons pas une énième fois sur les particularités techniques propres au haut-parleur HPAB. Rappelons simplement et pour faire très court que ce haut-parleur est notamment doté d’un moteur magnétique sans fer d’un poids de 660 g et composé de dix-huit aimants néodyme. Sa membrane renforcée à dôme concave de 54 mm en composite de carbone et époxy est maintenue par une suspension à joint ferrofluide mis au point avec la société Ferrotec. Le saladier-coffret compose la charge close de 0,3 litre en résine moulée à charge minérale. Le matériau de la membrane renforcée par la bobine très courte ne présente que très, très peu de modes de torsion et de flexion. Les colorations générées par ces déformations dynamiques qui touchent la majorité des membranes classiques sont pour ainsi dire inexistantes. L’élongation possible d’un HPAB monté sur la E2 est de ± 12 mm, mais le champ magnétique vu par la bobine s’annule au-delà de ± 10 mm. La membrane est ainsi naturellement freinée quand l’excursion approche ses limites, ce qui diminue la distorsion à fort niveau d’écoute. La Leedh E2 reçoit cinq HPAB. Deux sont montés au niveau du sol dos à dos de part et d’autre de la structure renfermant le filtre et posée sur le socle en Perspex. Ils traitent l’extrême grave entre 20 et 100 Hz. Deux autres modules sont installés de la même manière à hauteur d’écoute, ils travaillent entre 20 Hz et 1 kHz. Ces quatre hautparleurs diffusent orthogonalement au point d’écoute. Un cinquième HPAB traitant la bande entre 20 Hz et 7 kHz et un tweeter à dôme composite de 25 mm sont installés au-dessus et dirigés vers l’auditeur. Notons que ce HPAB est accolé à un sixième hautparleur dit muet et invisible, ensemble ils annulent leur réaction mécanique.

E N C E I N T E Ce montage dos à dos et deux à deux des HPAB est précisément destiné à annuler les vibrations parasites émises par chaque module vers la structure de l’enceinte qui peut donc être fine et légère. La disposition des haut-parleurs sur l’enceinte permet un rayonnement sur 360° jusqu’à 200 Hz, puis la directivité s’installe progressivement pour aboutir à un angle constant de 90° soit ± 45° autour de l’axe d’écoute entre 400 Hz et 20 kHz. La surface rayonnante dans le grave équivaut à celle d’un haut-parleur de 21 cm avec néanmoins un taux de distorsion très inférieur et une très grande capacité à encaisser la puissance. Un dernier mot sur le caisson de grave 1.20 (pour - 1 dB à 20 Hz) et le câble Universel que le constructeur nous a fait écouter en exclusivité. Le premier embarque deux haut-parleurs de 25 cm chacun couplé en volume clos de 8 litres avec un 38 cm, et quatre amplificateurs, soit un par haut-parleur. Le travail en couplet d’un 25 et d’un 38 permet un contrôle mutuel des déplacements des membranes en simulant une charge infinie. Quant au second, il est constitué de 8 brins isolés par conducteur ensuite blindé, selon une structure propre à Leedh. Rien d’enivrant sur le papier mais à l’écoute, c’est une tout autre histoire…

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 16 000 euros Dimensions : 390 x 1 080 x 410 mm (au sol, hors tout) Poids : 15 kg Réponse en fréquence : 20 Hz à - 8 dB, 50 Hz à - 3 dB, 100 Hz – 20 kHz à ± 1,5 dB Directivité de 500 Hz à 20 kHz : - 3 dB à 30°, - 6 dB à 45° Impédance nominale : 4 ohms (3,5 ohms à 300 Hz) Sensibilité : 83 dB/2,83 V/m Puissance admissible : 500 W

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le constructeur a étudié son haut-parleur HPAB à partir d’une feuille blanche. Il a fait de même pour dessiner et fabriquer ses enceintes Leedh C, E et désormais E2. La forme de l’enceinte pourra déstabiliser car elle diffère totalement mais à dessein de tout ce qu’on a pu connaître en termes d’enceinte domestique jusqu’à son apparition sur le marché. Au-delà du simple exercice stylistique que le concepteur a volontiers souhaité, les matériaux, le positionnement des haut-parleurs, l’optimisation des volumes, tout, absolument tout ce qui se voit et ce qui ne se voit pas a fait l’objet d’une étude approfondie avant d’être adopté. La fragilité que dégagent les deux fines tiges verticales n’est qu’apparente, car elles sont en carbone. Composants : On entre dans le vif du sujet car, s’il est une enceinte qui propose des composants de premier ordre, c’est bien la Leedh E2. Elle va même plus loin que la C et la E car, pour pouvoir répondre à des attentes sonores encore plus exigeantes, notamment l’écoute prolongée à niveau élevé, Gilles Milot a été obligé de reprendre

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E N C E I N T E

E N C E I N T E

LEEDH E2 le design du HPAB afin d’autoriser une excursion encore plus étendue. Cela dit, ce ne sont pas moins de trois brevets qui ont été déposés et qui couvrent les technologies embarquées dans la E2, modèle aussi exceptionnel à l’écoute qu’en termes de technicité. Grave : Nous avons procédé à différentes sessions d’écoutes dont deux effectuées en présence du concepteur. La première s’est tenue lors de la livraison des E2 et après qu’il a effectué une mise en place dans les règles, avec un positionnement des enceintes relativement éloigné des murs (latéraux et arrière). La dernière a eu lieu quelques jours plus tard avec le prototype de caisson de grave qui devrait être proposé à la vente au printemps prochain. Entre-temps, sans caisson de grave donc, nous avons procédé à d’autres écoutes en déplaçant les enceintes plus ou moins vers les murs. Après toutes ces écoutes, une chose est certaine. La Leedh E2 et sa structure particulière à six haut-parleurs HPAB, dont un muet et deux au niveau du sol, est capable de recréer la sensation de soubassement sonore. Non pas que le grave soit tonitruant (surtout pas) ou d’un niveau équivalent au reste du spectre, mais le fonctionnement à rayonnement à directivité contrôlée, la méthode de charge et de montage des HPAB et le filtrage sophistiqué très régulier à pente douce évitent toute rupture brutale de baisse de niveau dans cette région du spectre, comme c’est souvent le cas avec le principe bass-reflex. Il en résulte une épatante continuité tonale jusque tout en bas (orgue d’accompagnement parfaitement discernable sur la piste «Julsang» du CD Cantate Domino). L’apport du caisson de grave se révèle néanmoins justifié dès qu’on recherche plus de consistance et de niveau sonore, notamment sur des pistes comme la Symphonie n° 11 de Chostakovitch ou le

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«Sleep like a Child» de Joss Stone. Médium : À moins d’avoir des bouchons dans les oreilles ou d’être de mauvaise foi, il est impossible de ne pas adhérer à la très grande neutralité et la magnifique justesse de timbres des Leedh E2 dont les membranes constituées d’un même matériau du grave à l’aigu évitent toute rupture tonale. Rupture de timbres Et ces qualités indiscutables sont par ailleurs exacerbées par la mise en place des câbles Leedh Universel, véritable révélation que nous avons pu positivement comparer à nos câbles habituels donnant en comparaison l’impression de ralentir le tempo et de boucher l’horizon. Sur les différentes pistes écoutées et en particulier «Ha Vinto Amor» par Simone Kermes (CD test Cabasse), les Leedh E2 donnent le sentiment de rétablir la vérité, de remettre à leur (juste) place un grand nombre de détails. On ressent plus d’émotion quand la soprano soupire, les notes qui semblent ne jamais vouloir s’éteindre revêtent une structure harmonique encore plus réelle, encore plus intacte, et la somptueuse voix développe soudain plus de sincérité, plus de réalisme. Aigu : Dans la pure continuité du registre de médium, les hautes fréquences sont distillées avec une étoffe harmonique très dense, une extension parfaitement ciselée et de la matière sonore. À niveau d’écoute domestique, la fusion s’établit avec un naturel éloquent et confondant. Si l’on pousse plus loin le volume, l’équilibre a parfois tendance à devenir un poil montant, avec une légère prédominance du haut médium et de l’aigu (caisse claire et cuivres de batterie plus présents qu’à l’habitude, piste «Animal» par Francis Cabrel). Que le lecteur soit rassuré, tout cela reste absolument supportable dans la mesure où aucune distorsion subjective n’est introduite et où aucune espèce de verdeur ne vient agresser les tympans. Et, chose étonnante, l’ajout du caisson confère dans ces conditions d’écoute à niveau élevé un supplément de fluidité sur toute la bande audible tout en estompant le phénomène de légère mise en avant de l’aigu. Dynamique : Ce critère est probablement celui où les points de vue pourront diverger. Pour notre part, les Leedh E2 nous ont comblés sur des écoutes de partitions classiques et acoustiques, simples comme complexes, à bas comme à haut niveau sonore. Leur délicatesse à reproduire tous les écarts

SYSTEME D’ECOUTE Électroniques : Lecteur Nagra CDP DAC Reimyo DAP999-EX Préampli ATC SCA2 Bloc stéréo FM Acoustics Câbles : Jorma Design n° 2 (mod XLR) Van den Hul The Mountain (mod XLR) Leedh Universel (HP) Gigawatt (secteur)

dynamiques sans une once de distorsion, leur subtilité à traduire les intentions des interprètes et leur capacité à virtuellement disparaître devant la musique invitent à se replonger dans toute sa discothèque. Néanmoins et malgré les attentions techniques et technologiques toutes justifiées sans exception et destinées à étendre les possibilités de la E2, il manque de cette énergie, de cette puissance, de ce rendu parfois physique qu’une écoute à haut niveau nécessite pour pouvoir évoquer le réalisme absolu. Les choses sont différentes avec l’insertion du caisson de grave redoutable en termes d’extension et d’articulation. La guitare basse et la grosse caisse puissamment frappée par le kick (piste «Sleep like a Child» par Joss Stone) semblent tout à coup dans la pièce d’écoute, à portée de main. L’impression de pénétrer dans le studio d’enregistrement insuffle énormément de crédibilité à ce qu’on entend. Attaque de note : Toutes les conditions techniques liées au haut-parleur HPAB d’une part, et physiques relatives à la construction et à la mise en œuvre des HPAB sur l’enceinte, d’autre part, sont réunies pour permettre à l’auditeur de profiter du très haut pouvoir de résolution de la E2. Le message s’épanouit en toute aisance et en toute liberté. La réponse impulsionnelle exemplaire de l’enceinte permet à chaque attaque de note de donner naissance à un éventail harmonique extrêmement riche qui insuffle une incomparable familiarité sonore aux Leedh E2. Inutile de préciser que la lisibilité dont elles font preuve atteint des sommets quel que soit le type de partition restituée et dans la mesure où les maillons en amont s’alignent qualitativement sur les Leedh. Scène sonore : Aérienne, somptueuse, holographique, tridimensionnelle, magique sont quelques-uns des qualificatifs qu’on attribue volontiers aux capacités des Leedh E2 à installer le paysage sonore. L’auditeur

baigne littéralement dans le décor musical de chaque œuvre reproduite. C’est d’autant plus impressionnant qu’à chaque piste correspond une ambiance, une atmosphère, des couleurs, des sensations. Les E2 sont de véritables caméléons qui tirent définitivement un trait sur la diffusion formatée et inexpressive d’une grande majorité des enceintes du marché. L’image stéréo est fantastique d’ouverture et de stabilité quelle que soit la position d’écoute, merci à la très faible directivité des enceintes. De plus le positionnement « pincé » des Leedh vers le point d’écoute favorise cette caractéristique unique. Dernier point intéressant, l’ajout du caisson Leedh semble insuffler un supplément de densité et un supplément général de matière et de palpabilité. Transparence : Nous avons procédé aux écoutes avec notre système repère de haut de gamme qui n’a jamais été mis à mal par les E2 malgré leur impédance basse mais régulière et leur faible sensibilité. Nous avons également testé notre « petit » intégré Icos 260 Init afin de vérifier la compatibilité d’une électronique d’entrée de gamme et moins puissante avec les Leedh. Les résultats au-dessus de nos espérances ont démontré que malgré une certaine gourmandise en courant, les E2 restent une charge très stable et peu complexe pour une électronique. En revanche, leur haut niveau de transparence et de neutralité exige des maillons associés qu’ils soient aussi musicaux et fidèles. Le câble Universel du fabricant transcende un peu plus la résolution déjà exceptionnelle des enceintes, et le caisson de grave consolide leur réalisme et le confort d’écoute. Rapport qualité/prix : Il est particulièrement compliqué et délicat d’évaluer et d’appréhender un produit aussi novateur quand la concurrence en est encore à travailler sur des principes datant du début du XXe siècle. Un monde sépare ces deux approches avec pour les uns des tentatives d’amélioration du bon vieux procédé électrodynamique et de sa charge, et pour Gilles Milot un travail colossal depuis la feuille blanche jusqu’aux investissements monstres pour concevoir et réaliser les enceintes Leedh. Les E2 démontrent des qualités sonores qu’aucun ou presque aucun système domestique ne peut revendiquer, même si dans l’absolu l’ajout du caisson Leedh permet de réduire

un peu plus la différence entre son réel et son reproduit.

VERDICT

Mieux vaut tard que jamais. Il était temps pour nous de faire plus ample connaissance avec les enceintes Leedh dont tout le monde parle depuis la sortie des modèles C. IL n’a pas fallu bien longtemps pour que les Leedh E2 nous convainquent, tout au plus les dix premières secondes de la première piste testée. Elles sonnent remarquablement bien et juste notamment en liaison avec le nouveau câble Universel dont nous avons eu la primeur. À la sensibilité près, l’écoute s’apparente quelque part à celle des bons systèmes à pavillons. L’exceptionnelle lisibilité et la très haute résolution du message se complètent avec les E2 d’une tenue en puissance nettement supérieure aux précédentes versions. Pour aller jusqu’au bout des choses, le caisson de grave 1.20 apportera la touche d’universalité vis-à-vis de tous les genres musicaux. Du grand art. CONSTRUCTION

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Fondé en 1976, le Leedh, acronyme de Laboratoire d’études et de développements holophoniques, est l’une des premières créations de Gilles Milot, ingénieur de formation. La marque Leedh a fait connaître le concepteur grâce à ses enceintes comme les modèles Théorème, Aura et plus tard la Psyché dont la structure utilisait du béton-plâtre. Il crée Micromega en 1980 avec un associé pour commercialiser Leedh. Ils décident de fabriquer des électroniques sous la même marque mais, après la séparation des deux hommes, le nom de Leedh est réservé uniquement aux enceintes. Gilles Milot avait préalablement créé les enceintes Audience et Perspective, qui sont ses toutes premières réalisations. Le laboratoire Leedh, qu’il possède jusqu’en 1993, sert à la mise au point d’appareils pour différentes sociétés dont certaines qu’il créera en association avec d’autres personnalités dont Michel Reverchon et Yves-Bernard André, entre autres. Entre 1989 et 2006, il prend la tête du bureau d’études d’Audax alors en plein redressement, sur demande de Harman France. C’est en 2006 qu’il se donne un nouveau défi, celui de relancer une activité économique basée sur la conception d’une nouvelle technologie de haut-parleur. Il crée donc la société Acoustical Beauty et exploite deux brevets mis en œuvre sur les enceintes Leedh C.

GILLES MILOT, CREATEUR DE LA MARQUE LEEDH

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E N C E I N T E

Forte de quatre modèles, la série d’enceintes acoustiques ATC Hifi Passive est la dernière en date du constructeur avec à son sommet la SCM40 de seconde génération. Ce modèle à trois voies adopte la charge close, spécificité de la gamme, et le superbe médium à dôme de 75 mm à l’origine de la réputation mondiale des enceintes ATC.

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a société ATC, acronyme d’Acoustic Transducer Company, a été créée en 1974 par Bill Woodman pour produire des haut-parleurs à vocation professionnelle. Après un premier haut-parleur de grave de 31 cm aux performances très supérieures à celles des modèles concurrents de l’époque, elle développe et fabrique dès 1976 un des transducteurs à rayonnement direct les plus exceptionnels jamais réalisés. Il s’agit du désormais célèbre médium SM75-150 à dôme souple de 75 mm capable de délivrer des pressions acoustiques très élevées avec un minimum de distorsion. Copié, imité mais jamais égalé depuis bientôt quarante ans, ce modèle a été décliné pour équiper les enceintes Hi-Fi ATC.

La colonne SCM40 est une enceinte à trois voies et trois haut-parleurs conçus par ATC. C’est la seconde et nouvelle version d’un modèle déjà au catalogue du fabricant. Il bénéficie d’un upgrade technique conséquent qui commence par l’ébénisterie dont la construction à parois galbées améliore sensiblement l’acoustique et l’esthétique finales. Les nombreux renforts internes participent à la bonne maîtrise des vibrations au demeurant peu excitées par la charge close de 40 litres à faible coefficient de surtension total. La finition classique en essence de bois naturel (cerisier naturel et frêne noir) apporte une touche de classicisme à l’enceinte qui repose sur un socle rapporté en médium à quatre pointes. Le bornier, à l’arrière, comporte trois paires de bornes à vis avec lames métalliques d’interconnexion. Le grave est confié à un haut-parleur de 21 cm dont la membrane de 165 mm reçoit un large dôme central qui aide à recouper le schéma de dispersion du dôme de 75 mm de médium. Ce boomer est équipé

EN DIRECT DU STUDIO

Musique et énergie ATC SCM40 78

d’une bobine courte dans un entrefer long (underhung). Cette disposition permet de limiter considérablement la distorsion sur les longs déplacements, car la bobine baigne dans un champ toujours constant. À partir de 380 Hz, un médium à dôme de 75 mm prend le relais. La face avant de ce haut-parleur crée une amorce de pavillon qui améliore la régularité de la dispersion sur la bande reproduite. L’imposante ferrite a le même diamètre que le châssis. Enfin, un nouveau tweeter à dôme souple de 25 mm intervient au-delà de 3800 Hz. Ce modèle baptisé SH25-76 est pourvu d’une suspension double similaire à celle du médium et qui empêche les effets de basculement de la membrane à forte puissance. La face avant de 5,5 mm en alliage d’aluminium est usinée pour former un guide d’onde optimisant la réponse polaire et la dispersion. La bobine courte dans l’entrefer long se meut dans un champ puissant généré par un circuit magnétique à aimant néodyme doté d’une épaisse plaque arrière traitée qui aide à dissiper la chaleur. Le filtre passif a été revu et emploie des condensateurs à film polypropylène et des inductances surdimensionnées à air. Enfin, une grille métallique amovible protège non seulement les haut-parleurs, mais aide également aux performances sonores de l’enceinte.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : À l’image du modèle EL150 de la gamme Special Editions du fabricant, les enceintes de la HiFi Passive Series adoptent des ébénisteries à flancs galbés qui leur donnent une allure plus contemporaine que le sempiternel parallélépipède. La fabrication très sérieuse avec un placage de belle qualité et une originale grille de protection en métal conserve néanmoins des senteurs traditionnelles, des senteurs britanniques.

FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni Prix : 4 500 euros Dimensions : 980 x 265 x 300 mm Poids : 23,5 kg Réponse en fréquence : 48 Hz – 20 kHz à -6 dB Impédance nominale : 8 ohms Sensibilité : 88 dB/W/m Puissance admissible : 300 W

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ATC SCM40

Composants : Avec cette série récemment intégrée du catalogue ATC, le fabricant a cherché à démocratiser un peu plus son savoir-faire technique issu du monde professionnel. Cette trois-voies SCM40 en est un exemple idéal avec notamment des transducteurs maison dont le magnifique médium à dôme, fleuron de la marque, et une recherche de dispersion parfaitement contrôlée. Grave : La SCM40 fait partie des quelques enceintes du marché dont le haut-parleur de grave travaille en charge close. Ce principe se caractérise par une descente douce à faible pente dans le grave et une absence de tonique qui trahit le bass-reflex dont on essaie de tirer le maximum. La colonne ATC nous propose un grave très immédiat et très bien articulé dont l’impact subjectif ne nous fait aucunement regretter les haut-parleurs de petit diamètre qui inondent la plupart des productions concurrentes dans une gamme de prix allant du simple au triple. Les soubassements courts créent néanmoins une assise solide grâce au parfait mariage du haut-parleur de 21 cm ATC et de la charge. Médium : ATC a acquis sa grande réputation dans le domaine de l’enceinte de monitoring grâce entre autres à son hautparleur de médium à dôme souple de 75 mm. Sa haute sensibilité et sa très faible distorsion même à forte puissance en font un transducteur tout à fait exceptionnel. Il travaille seul entre 380 Hz et 3,5 kHz sur la SCM40, c’est-à-dire dans une zone fondamentale à la cohérence et au réalisme du message. Et le fait est que la proposition tonale des colonnes britanniques frôle une certaine perfection. Les timbres sonnent justes, on apprécie la texture tonale authentique mais rigoureuse et libérée de certains artifices hi-fi enjoliveurs. On ne doute plus du pedigree professionnel du produit. Aigu : L’avènement de cette série HiFi Passive a été l’occasion pour ATC de lancer son nouveau tweeter à dôme dont l’agilité et le filé n’attendent pas longtemps pour

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montrer le bout de leur nez. On décèle sur certaines pistes un côté un peu trop analytique qu’il est possible de tempérer par un choix adapté de câbles haut-parleurs. Dans ce cas, la fusion avec le magistral transducteur de médium s’améliore sensiblement, on ne perçoit plus la frontière entre les deux registres, ce qui tend à fluidifier le message. Dynamique : Malgré une sensibilité moyenne, les SCM40 revendiquent une fois encore leurs origines professionnelles par le côté percutant et très détouré de leur restitution. À bas comme à fort niveau, les qualités dynamiques du dôme de 75 mm capables de reproduire les écarts de modulation les plus variés insufflent une sensation de présence et d’énergie permanente à la musique dont l’essentiel est concentré dans la zone de fréquences médium. Les deux autres registres ne sont pas en reste et notamment le grave confié à un boomer maison de 21 cm dont la «pêche» subjective pourra servir de base de réflexion pour la concurrence. Attaque de note : Quel que soit le genre musical en écoute avec les SCM40, l’impression de crédibilité tonale est systématique. Nul doute que l’unité de médium a nécessité un filtrage assez sophistiqué et donc quelque peu complexe pour travailler sur plus de 3 octaves jusque si bas en fréquence, mais l’enceinte reste très expressive. Les impacts puissants secouent pas mal le dôme de 75 mm qui restitue ses gammes sans aucune distorsion subjective. Le contenu harmonique présente un dégradé régulier mais un poil moins étendu qu’avec nos enceintes repères, ce qui confère aux ATC cette empreinte sonore «monitoring». Scène sonore : Les lignes fuyantes des SCM40 et l’étroitesse de leur baffle support favorisent une diffusion spatiale large. Les ambiances et les espaces sonores de chaque piste sont restitués avec une belle sensation holophonique. La perspective géométrique moins profonde qu’à l’accoutumée déploie en revanche une image très large à la focalisation très stable et très précise (instruments dans l’orchestre parfaitement

localisables, Symphonie n° 11 de Chostakovitch), insufflant de la présence au message à tous niveaux d’écoute. Transparence : Après avoir longuement écouté la colonne ATC, nul ne peut contester le fait qu’elle reproduise la musique avec beaucoup de définition et de rigueur. Le grave incisif et le médium charnu sont à l’image de ce qu’on attend d’une enceinte de caractère qui sait cependant véhiculer l’émotion contenue dans une œuvre. Le tweeter demandera quelque attention quant aux éléments associés pour une fusion optimale. La linéarité de l’équilibre est superbe. Rapport qualité/prix : Pour un peu plus de 4000 euros, on accède à la qualité ATC avec un grand Q. Outre une ligne esthétique rajeunie, la nouvelle SCM40 embarque des haut-parleurs maison dont un médium à dôme large dérivé du modèle équipant les plus imposantes enceintes professionnelles du fabricant. Du travail très sérieux pour une écoute consistante et crédible.

VERDICT

On n’attendait pas moins d’une enceinte ATC qu’elle délivre un message rigoureux, équilibré et timbré. Au sommet de la gamme Hifi Passive, la SCM40 chante et enchante. Délicate ou débridée selon la partition, elle s’adapte à tous les styles musicaux avec aisance et justesse. Elle extrait l’essence musicale sans fioritures superflues. À écouter !

CONSTRUCTION

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E N C E I N T E

FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni Prix à la paire : 22 000 euros Dimensions (avec socle, sans les pointes) : 1 180 x 450 x 645 mm Poids : 102 kg Réponse en fréquence : 32 Hz à 28 kHz (± 3 dB) Sensibilité : 90 dB/1 W/1 m Impédance nominale : 8 ohms (minimale : 3,1 ohms) Fréquences de transition du filtre : 350 Hz et 4 kHz

Dans le panorama des modèles d’enceintes de haut de gamme, les B&W 800 D sont une valeur sûre, incontournable. Ces colonnes à trois voies et quatre haut-parleurs, avec bass-reflex, doivent leur forme originale à la haute technologie développée et surtout appliquée par la firme britannique.

Le fleuron des Diamond

B&W 800D

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BW 800D Ainsi, la «sphère» supérieure réalisée en Marlan, matériau acoustiquement inerte, étirée vers l’arrière, accueille le médium et le tweeter, logés dans des charges infinies afin d’optimiser l’amortissement des hautparleurs par l’arrière de la membrane. L’onde arrière, ainsi absorbée, ne vient plus perturber le signal utile, diffusé vers l’avant. La colonne, accueillant les deux boomers décompressés par évent, reprend des formes précontraintes, très arrondies, ce qui lui procure inertie et rigidité. De plus, le constructeur a ajouté ce qu’il appelle le squelette interne «Matrix», une sorte de barrage (terme emprunté à juste titre au monde de la lutherie) afin de rendre le caisson de graves aussi neutre que possible, en évitant les résonances, favorisant l’amortissement et en cassant un large spectre d’ondes stationnaires, en complétant ce qu’accomplit les parois internes du coffret.

UNE CONCEPTION ORIGINALE

DES TRANSDUCTEURS TRES ABOUTIS

B&W développe ses propres solutions techniques afin de concevoir des hautparleurs capables de se rapprocher du fonctionnement théorique – et idéal – en piston : la membrane d’un haut-parleur doit être aussi rigide que légère. Le constructeur britannique a donc choisi des matériaux en fonction de leurs caractéristiques, dans leurs bandes de fréquences respectives.

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Ainsi, les deux boomers de 25 cm de diamètre fonctionnent en piston grâce à des membranes fabriquées dans une matière issue de l’aéronautique et de l’automobile, le Rohacell. Tout aussi rigide et léger, mais mieux adapté à l’idée que B&W se fait des haut-parleurs de médium, le constructeur a opté pour le kevlar, monté dans une sorte d’anneau très fin faisant office de «suspension fixe», améliorant la restitution des sons transitoires et la définition. Le tweeter devant posséder, lui aussi, une membrane légère et rigide, voit son dôme réalisé en diamant de synthèse, d’où le suffixe «D» de l’enceinte pour «Diamond». Chaque aspect de la 800 D a été longuement étudié, comme, par exemple, la structure granuleuse de la surface de l’embouchure de l’évent bass-reflex afin d’éliminer les bruits d’écoulement d’air et gagner en définition.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : D’aspect massif mais réussi, la 800 D présente une forme particulière, très élaborée, afin, entre autres, d’éviter les effets de bord sur les surfaces externes des parois, en débafflant le médium et le tweeter. Le module médium aigu intègre des charges infinies situées à l’arrière des transducteurs. Les épais panneaux de bois assurent une inertie optimale à l’ensemble. Un savant barrage interne casse les ondes stationnaires dans le coffret. Composants : B&W a employé ici tout le fruit de ses avancées technologiques : une paire de boomers à membrane légère et rigide en Rohacell, un médium à suspension fixe autour de l’élément rayonnant en kevlar, et un tweeter en diamant synthétique, si linéaire qu’il ne nécessite qu’un filtre passe-haut à 6 dB par octave. Grave : La réponse du registre grave des 800 D s’adapte au message musical, en conservant une définition optimale quels que soient le niveau d’écoute et le style de musique joué. Les notes tenues dans le bas du spectre du synthétiseur Moog de Jan Hammer sur le morceau «Darkness/Earth» sont diffusées avec une rare densité. Dans un autre style, les cordes pincées du Stick Chapman de Pascal Gutman sur son album Cascades sont exprimées avec

profondeur, sans traînage. Médium : On retrouve, sur cette enceinte de référence, l’un des fers de lance de la marque : la haute définition naturelle et vivante du registre médium, extrêmement détaillé, fouillé et exempt de coloration parasite. Le haut-parleur FST à membrane kevlar fait des merveilles grâce à son ouverture, sa précision et sa finesse. En effet, ce registre laisse transparaître la qualité des prises de son, notamment sur les voix et les petits détails qui recréent les ambiances. L’émotion non feinte dans la voix de John Martyn est presque palpable sur les morceaux autobiographiques de son album Grace and Danger. Aigu : Le registre aigu se marie harmonieusement avec le médium, en le prolongeant dans le haut du spectre, sans transition audible. La sonorité de la 800 D respire la neutralité, d’autant plus que cette bande du spectre est à la fois précise, détaillée, voire joliment ciselée, sans jamais verser dans l’agressivité, pas plus que de générer des toniques. Les B&W donnent l’impression de filer très haut en diffusant les fréquences les plus élevées avec de très belles nuances et en haute définition. Dynamique : Le haut de gamme de la série 800 possède un haut pouvoir d’analyse : ces enceintes sont douées d’une belle vivacité sur les écarts de niveau, sans pour autant dégrader le signal sur les pointes soudaines de modulation et sans verser dans la simplification sur les pianissimi. La différenciation des sources sonores et musicales participe de manière efficace à la reconstitution réaliste des formations orchestrales, y compris les plus complexes. Attaque de note : Le côté percussif déjà évoqué dans le registre grave est renforcé par la rapidité d’établissement des notes dans le médium aigu. Ces 800 D font, en effet, preuve d’une rapidité impressionnante, libérant littéralement la richesse harmonique naturelle des enregistrements. On s’en aperçoit d’autant plus facilement lorsque l’on a eu la chance d’assister à certains d’entre eux. Scène sonore : Le facteur d’enceintes britannique maîtrise chaque aspect de la conception des haut-parleurs et le respect de leur mise en phase. Outre la restitution des petits détails contribuant à l’authenticité du message sonore, ce soin tout particulier installe une mise en espace stable, cohérente et surtout proche des

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BW 800D sensations que l’on perçoit lorsque l’on assiste à un concert. Les 800 D se distinguent par leur lisibilité sans faille. La retranscription de la scène sonore profite de leur excellent pouvoir d’analyse. Transparence : Toutes les conditions étaient réunies pour constater la transparence des 800 D, à la suite des points de tests abordés dans ce qui précède : une absence de coloration des timbres, des haut-parleurs rapides, performants, musicaux, et une spatialisation d’une stabilité exemplaire, à l’intérieur de laquelle la focalisation des sources contribue également à cette retranscription du relief, cette finesse de tous les instants.

VERDICT

Ces B&W n’en finissent plus d’étonner tant leur restitution vivante ne laisse pas indifférent. Les 800 D présentent un habile équilibre entre matière sonore et finesse, entre densité et rapidité de réaction, dans une image en relief de toute beauté s’illustrant par un bel étagement des plans, grâce à des transducteurs d’excellente facture et à des mises en phase optimisées. On leur associera de préférence un amplificateur puissant (au moins une centaine de watts) et rapide, à même d’exploiter leurs performances et leur dynamique. L’investissement à prévoir rappelle que ces enceintes représentent la descendance directe de la Nautilus dont les grands principes techniques ont été appliqués à la série 800, et notamment à la 800 D, le haut de gamme. Cette B&W, valeur sûre, est tenue en haute estime tant chez les audiophiles exigeants que dans certains studios d’enregistrement mondialement connus, où l’on recherche aussi la meilleure qualité musicale possible. CONSTRUCTION

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La Maya est la nouvelle petite colonne du constructeur de Troyes qu’il a présentée au dernier salon High End de Munich. Cette nouvelle venue dans la série Easy propose une écoute tout à fait surprenante et son remarquable rapport qualité sur prix devrait en toute logique la propulser haut en termes de ventes.

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ouvenez-vous : quand Davis Acoustics avait lancé sa colonne trois voies Matisse, toute la profession avait alors été unanime concernant les grandes qualités sonores du produit et le rapport qualité sur prix proprement incroyable. Avec la Maya, le fabricant de l’Aube reprend la même philosophie de conception et s’offre le luxe (façon de parler) de proposer le modèle à un tarif encore plus bas que son aînée.

La Maya est une colonne très discrète de moins de 1 m de haut et avec un empiétement au sol très limité. WAF garanti ! Disponible en deux finitions, entièrement blanc mat ou noyer avec baffle support noir, cette trois-voies est installée dans une ébénisterie en médium qu’il est conseillé de monter sur les quatre pointes vissables fournies. Equipée de trois haut-parleurs maison, le grave est confié jusqu’à 300 Hz à un boomer de 17 cm à membrane en pulpe de cellulose enduite et suspendue par un demi-rouleau en néoprène. Il est monté dans une charge bass-reflex avec évent frontal évasé. Les fréquences comprises entre 300 et 3 000 Hz sont confiées à un médium de 17 cm monté dans un volume clos. Le cône est en fibre de verre tressée et traitée avec demi-rouleau périphérique en néoprène. Une ogive centrale en aluminium massif régularise la réponse en fréquences à la jonction avec le tweeter, un modèle à dôme souple de 25 mm dont la face avant empiète sur le saladier du médium pour rapprocher les centres d’émission sonore. Le bornier simple utilise des bornes à vis en métal acceptant câble nu, fourche et fiche banane. Un cache amovible à griffes en plastique et tissu noir dissimule toute la face avant au bas de laquelle on découvre la nouvelle typographie « DAVIS Acoustics ».

UNE VRAIE TROIS VOIES

E N C E I N T E

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 600 euros (finition bois), 750 euros (finition blanc mat) Dimensions : 190 x 900 x 270 mm Poids : 15 kg Réponse en fréquences : 45 Hz à 21 kHz Impédance nominale : 8 ohms (minimum à 4 ohms) Sensibilité : 91 dB/W/m Puissance admissible : 120 W

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Cette petite colonne à prix serré n’a pas été fabriquée au rabais, bien au contraire. Le modèle que nous avons testé a de l’allure dans sa finition blanc mat bien appliquée. L’assemblage des hautparleurs est impeccable, le bornier à fiches métalliques permet un raccordement fiable avec tous les types de terminaisons de câbles. La fixation des pointes paraît solide. Composants : Une véritable trois-voies à ce prix et de cette qualité, c’est assez rare à dénicher. De plus, les technologies chères au constructeur, comme la fibre de verre tressée pour le médium ou le papier enduit pour le grave, n’ont pas été écartées pour des raisons de coût, et c’est fort appréciable. Grave : La Maya délivre un message extrêmement cohérent agrémenté d’une assise crédible grâce au bon travail de l’unique boomer de 17 cm de diamètre. L’accord relativement bas obtenu avec la charge bass-reflex procure une surprenante sensation de niveau, de confort. Néanmoins, dans cette zone de fonctionnement, on détecte après quelques pistes un soupçon d’insistance suivi d’une chute rapide et

Des qualités à petit prix DAVIS ACOUSTICS MAYA 88

logique dans l’extrême grave. Vu le volume et la taille du haut-parleur, la prestation globale reste étonnante. Médium : Les premières mesures de musique affichent la couleur, ou plutôt les couleurs, car les Mayas n’en manquent pas. En effet, le registre est déployé avec beaucoup de naturel, dans un bel éventail harmonique qui confère aux timbres de très justes saveurs et une texture assez dense. Le haut médium prend un peu le dessus quand on monte le volume, mais l’intelligibilité de la partition n’en souffre

absolument pas. La fusion entre la fibre de verre et le tissu souple du tweeter est totalement imperceptible. Aigu : Nous avons trouvé le haut du spectre particulièrement propre et fluide. Le dôme souple file subjectivement haut avec beaucoup de douceur et de précision, ce qui confère une belle extension harmonique et des retombées de notes convaincantes de la part de la Maya. Le test de la pipa de Zhao Cong («Moonlight on Spring River», The Dali CD3) est révélateur à cet égard avec un instrument qui n’agresse pas les tympans (déjà une belle réussite) et des cordes frottées très palpables. Dynamique : Dans le cadre de leur utilisation domestique, les colonnes Davis ne semblent pas craindre les watts. Il faudra cependant considérer les 120 W annoncés comme une puissance instantanée maximale. Nous avons écouté certaines pistes tests comme «Dis-le» par Baz (The Dali CD3) à un niveau assez élevé avec une confortable impression d’énergie et une bonne résolution sur les transitoires. Attaque de note : Le fait d’utiliser des haut-parleurs légers et donc rapides favorise la reproduction des transitoires et donc des attaques de notes. Les Mayas réagissent avec vitalité au message musical, ce qui leur confère ce caractère alerte et juste en palette tonale, qu’elles soient drivées par du bon transistor ou par du bon tube. La lisibilité reste très satisfaisante sur les messages complexes. Scène sonore : Outre l’étroitesse du baffle frontal, un autre point important dans la construction des Mayas est le montage rapproché des centres émissifs des hautparleurs de médium et d’aigu qui tend vers la source ponctuelle vue du point d’écoute. La scène sonore prend ainsi de l’envol, de l’espace. La stabilité de l’image stéréo et le bon étagement des différents plans crédibilisent le volume virtuel du lieu de chaque performance. Transparence : Les Mayas disposent d’un large panel de qualités subjectives avec notamment une bande passante étendue, un équilibre très linéaire et une agréable vivacité de restitution. Il faudra cependant rester

raisonnable avec le bouton de volume pour conserver cette intégrité musicale. Le grave demandera que l’amplificateur soit tenu dans cette zone de fréquence. Rapport qualité/prix : S’il est un fabricant d’enceintes acoustiques pour qui le rapport qualité sur prix est un challenge et un impératif de chaque cahier des charges, c’est bien Davis Acoustics. La colonne Maya ne déroge pas à la règle, cette trois-voies est bien fabriquée et offre des prestations musicales tout à fait appréciables sur tous nos critères subjectifs pour un prix d’attaque de seulement 600 euros la paire. Bravo!

VERDICT

La nouvelle Maya de Davis Acoustics devrait connaître un succès rapide et mérité. De taille relativement modeste, bien fabriquée et musicalement fraîche, cette petite colonne nous a surpris par le panache de sa restitution surtout si l’on considère le prix très attractif auquel elle est proposée. Associée à un petit intégré de qualité, tube ou transistor, la Maya permettra de se constituer à moindre coût un premier système réellement haute-fidélité.

CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur CD Icos Fado Init Intégré Icos Elsberg 260 Init Intégré Pier Audio MS-84SE Câbles : Absolue Créations

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Les professionnels connaissent Fostex notamment pour ses électroniques et ses casques, et les amateurs se régalent toujours des haut-parleurs large bande japonais qui alimentent leurs réalisations. L’importateur Hamy Sound a pris l’initiative d’importer les enceintes haute-fidélité Fostex jusqu’alors réservées au marché nippon. Coup de cœur de la rédaction!

L

a société Fostex Company a été créée en 1973 par Foster Electric Co, cette dernière ayant été fondée en 1949 et restant un des plus importants concepteurs et fabricants mondiaux de hautparleurs OEM et de produits de reproduction sonore. Cotée à la Bourse de Tokyo, Foster emploie quelque 20000 personnes dans neuf pays différents. Fostex a été lancée dans le but d’établir une marque de haut-parleurs de haute qualité et d’en assurer la vente aux revendeurs et aux audiophiles japonais, particulièrement friands de réalisations personnelles. Depuis, Fostex s’est ouvert au marché mondial et il est désormais possible de se procurer les gammes de produits Fostex (haut-parleurs au détail, électroniques grand public et produits à vocation professionnelle) n’importe où dans le monde par des réseaux de distributeurs et de revendeurs. En

Show devant! FOSTEX GX250MG

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revanche, moins connues sont les modèles d’enceintes haute-fidélité jusqu’alors exclusivement réservées à la clientèle japonaise. Jusqu’alors écrivions-nous, car Hamy Sound, qui a commencé à importer les produits électroniques et les casques Fostex, a obtenu l’accord du fabricant pour une distribution européenne des enceintes hautefidélité, dont la colonne GX250MG de ce banc d’essai. La GX250MG est une trois-voies à trois hautparleurs qui mettent en œuvre quelques avancées technologiques propres à la maison Fostex, à commencer par les membranes à profil HR de son boomer et de son médium. En effet, ces membranes ont une allure très particulière car elle ressemble à une étoile de mer à cinq bras légèrement incurvés. Le profil HR (pour HP Rotation) est une déclinaison améliorée de la structure HP (pour Hyperbolic Paraboloidal), très connue dans le domaine général de la mécanique structurelle où elle est aussi appelée structure à surface incurvée du 3e ordre. Une des applications les plus célèbres de cette théorie est l’Orchestra House de Sydney, le célèbre édifice lyrique australien. En fait, la structure HP se caractérise par le fait que le mouvement d’une ligne qui relie deux segments de surfaces différentes se décompose à la fois en mouvement hyperbolique et en mouvement paraboloïde, le but recherché étant de juguler l’amplitude des vibrations mécaniques. Rapportée à une membrane Fostex, la surface en étoile de mer peut être assimilée à une multitude de structures droites de différentes longueurs placées dans différents plans. Par conséquent et comparé aux membranes à profil uniforme, l’apparition d’ondes stationnaires et leur amplitude sont considérablement atténuées, d’une part, et les premières résonances n’apparaissent qu’à des fréquences dix fois supérieures, d’autre part. La version HR, qui adopte des courbes et non plus des droites, augmente encore l’immunité aux phénomènes stationnaires. Une des autres particularités de cette enceinte est son ébénisterie. Non seulement elle est finie d’une somptueuse laque piano japonaise appliquée à la main et disponible en deux couleurs, mais le bois utilisé est un multipli composé de trois essences différentes, à savoir le camphre et l’eucalyptus pour les couches intermédiaires et le hêtre pour les couches externes. La

MECANIQUE APPLIQUEE

différence de densité, de rigidité et d’épaisseur de chacun de ces matériaux aboutit à une enceinte à la fois inerte et neutre acoustiquement. L’épaisseur des parois varie de 18 à 36 mm. On note que trois éléments en fonte de métal très lourd sont implantés sous le socle épais sur lequel repose la colonne. Curieusement, ils reprennent le profil HR des membranes et sont probablement là pour interagir avec les dernières résonances récalcitrantes de l’ébénisterie.

FICHE TECHNIQUE Origine : Japon Prix : 13 500 euros Dimensions : 366 x 1 066 x 376 mm Poids : 56 kg Réponse en fréquences : 40 Hz à 40 kHz Impédance nominale : 4 ohms Sensibilité : 90 dB/W/m Puissance admissible : 150 W

RAFFINEMENT TECHNOLOGIQUE

Le registre grave de la colonne Fostex est pris en charge par un boomer HR de 25 cm à membrane composée de pulpe de cellulose et d’un matériau hybride. Elle est installée sur un saladier en alliage par le biais d’une suspension demi-rouleau en néoprène, saladier qui reçoit une généreuse ferrite. La charge bass-reflex d’environ 68 litres est accordée par deux évents arrières de forme oblongue et recouverts de feutre. Quelques renforts internes consolident le volume. Le médium est quant à lui confié à un haut-parleur de 13 cm à membrane HR en magnésium pur à 99,9 % suspendue par une suspension de type UDR à bord tangentiel. Cette suspension se caractérise visuellement par une alternance de creux et de bosses dont les fuyantes sont tangentielles à la périphérie de la membrane, ce qui permet de réduire les phénomènes d’antirésonance générés par la membrane et la suspension arrondie d’un haut-parleur traditionnel. Cette disposition améliore également la linéarité de mouvement de l’équipage mobile. Quant au magnésium pur dont le process de développement a été étudié en collaboration avec Mitsubishi Steel Manufacturing, il présente des propriétés mécaniques tout à fait intéressantes puisqu’il est plus léger, plus rigide et plus dur que l’aluminium ou le titane. Les problèmes de corrosion ont été résolus par l’application d’un film ultra-fin de plastique spécial breveté par Mitsubishi, et sans influence sur la qualité de reproduction sonore. Enfin, les propriétés d’amortissement interne du magnésium pur sont 4 à 5 fois supérieures à celles des alliages métalliques utilisés par la concurrence. Le médium de la GX250MG reçoit une double ferrite et est installé dans une charge close avec le

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FOSTEX GW250MG tweeter lui aussi à dôme en magnésium pur. Ce dôme de 25 mm à suspension UDR est à profil spécifique avec une arête verticale qui renforce sa rigidité, il est mû par un aimant néodyme. Le filtrage du second ordre avec réglage de niveau du tweeter est installé au niveau du double bornier fourni avec des straps filaires. Enfin, le socle repose sur quatre pieds massifs avec pastille de contact au sol réglable en hauteur.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le moins que l’on puisse dire est que la célèbre marque japonaise de produits audio fait une entrée remarquée et remarquable sur le marché européen de

Les fiches plaquées or sont d’excellente qualité et sont reliées par de vrais straps en câble méplat. Le bouton permet d’ajuster le niveau du tweeter à + ou - 1 dB.

l’enceinte haute-fidélité, car ce produit essentiellement disponible au Japon est désormais distribué en Europe par Hamy Sound. La qualité de fabrication est de très haut niveau, la finition miroir est absolument superbe. Connu des amateurs de kits pour ses gammes de haut-parleurs large bande, d’une part, et par les professionnels pour ses enceintes de contrôle de proximité, Fostex nous propose

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avec cette colonne une des enceintes les plus abouties que nous ayons testées à ce jour. Composants : Grand spécialiste mondial du transducteur, le fabricant a équipé sa GX250MG de hautparleurs spécifiques à sa série GX, notamment ceux de médium et d’aigu qui mettent à profit les avantages mécaniques du magnésium pur. Les membranes du boomer et du médium sont à profil HR, évolution du profil HP reconnu pour son extrême rigidité et ses facultés à contrôler le fractionnement. Celle du tweeter a été déclinée des études réalisées par Fostex sur les membranes HP et HR, elle adopte une forme singulière adaptée aux hautes fréquences. L’utilisation d’un bois multipli composé de trois essences différentes confirme que le constructeur a optimisé son modèle au-delà d’une simple mise en configuration de haut-parleurs sophistiqués. Grave : La lecture des spécifications de la GX250MG indique que le registre grave descend à 40 Hz. À l’écoute, ces quarante hertz dépassent en niveau et en exploration du registre ce qu’on a l’habitude de ressentir avec d’autres enceintes aux chiffres bien plus prometteurs… L’accord du bass-reflex vers 29 Hz à faible surtension permet d’explorer les soubassements en toute linéarité, sans exciter les résonances de la pièce. On obtient dès lors une fermeté et une articulation que nous n’avons pu obtenir qu’à de très rares occasions avec des concurrentes bien plus coûteuses… La caisse de résonance de la contrebasse de la piste « My Treasure » (Sinne Eeg, The Dali CD2) revêt des dimensions et un volume extrêmement crédibles et on peut pousser le niveau sans qu’elle ne commence à se déstructurer. Le travail d’intégration du boomer de 25 cm est impeccable. Médium : Le profil HR de la membrane du haut-parleur de médium et le matériau avec laquelle elle est fabriquée montrent la subtilité de conception. En effet, la fusion dans le bas médium s’effectue avec une dispersion polaire comparable entre

le médium et le boomer, et la membrane très légère en magnésium pur évite toute rupture de timbres avec le tweeter. Au final, la restitution semble émaner d’un seul et unique haut-parleur. De plus, le magnésium aurait pu métalliser les sonorités comme c’est souvent le cas avec les membranes en métal, mais il n’en est rien pour la GX250MG. A l’écoute du « Moonlight on Spring River » (Zhao Cong, The Dali CD2), on est même surpris par la douceur et la matière de la redoutable (pour les tympans…) pipa distillée avec un fouillé harmonique de premier ordre. Aigu : Votre serviteur n’est absolument pas

adepte des tweeters à dôme ou à membrane en métal autre que le béryllium. Jusqu’à l’arrivée des GX250MG, ce matériau était la seule technologie « métal » qui garantissait une restitution des hautes fréquences exempte de brillance artificielle et parfois synthétique. Car il faudra désormais compter avec le magnésium pur à la mode Fostex appliquée au tweeter et à sa membrane particulière. Aucune agressivité ni verdeur ne viennent troubler le filé, le naturel et le soyeux du registre, à l’image des harmoniques de rangs supérieurs émanant de la pipa de Zhao Cong et qui lui confèrent fluidité et légèreté. Dynamique : On ne répétera jamais assez que le diamètre de la membrane d’un haut-parleur électrodynamique influe directement sur l’énergie qu’il est capable de restituer, surtout dans le cas d’un hautparleur à rayonnement direct. La transformation du signal électrique en pression acoustique gagne en efficacité avec un grand haut-parleur. Avec la GX250MG, le constructeur met en application cette règle de base. Le boomer de 25 cm particulièrement bien épaulé par le médium de 13 cm réagissent avec énormément de caractère aux sollicitations transitoires violentes (introduction particulièrement physique de la piste « Disle » par Baz). L’enceinte n’en demeure pas moins délicate sur les passages pianissimo (solo de batterie sur le « Castilian Drums » du Dave Brubeck Quartet) avec une analyse scrupuleuse des micromodulations. Attaque de note : Avant même d’écouter les Fostex, la simple présence du hautparleur de grave d’un diamètre supérieur aux standards du marché actuel pourrait laisser penser à une enceinte au rendu un peu lourd, voire un peu lent. Cet a priori est vite balayé dès que la musique démarre. En effet, on se rend vite compte que les trois haut-parleurs jouent de concert, car les démarrages de notes distillent une véritable sensation de vélocité, d’immédiateté, à la manière d’un haut-parleur unique. On ne sent ni ne ressent le moindre retard subjectif sur les transitoires, la fusion tonale est impeccable et confère au message reproduit un haut degré de réalisme. Scène sonore : La réactivité des GX250MG et surtout leur grande cohérence de phase sont à l’origine de la palette harmonique particulièrement ordonnée

qu’elles reproduisent. La scène sonore qu’elles installent devant l’auditeur va au-delà de ce que nos enceintes repères, pourtant performantes sur ce critère, nous proposent. La spatialisation gagne en relief avec une focalisation accrue des détails d’ambiance, l’aération générale modèle mieux l’espace entre les interprètes, l’étagement plus net des plans améliore la perspective en profondeur. Transparence : Nous pensions que le magnésium aurait embarqué les Fostex vers une écoute typée. Ce fut une première erreur. Puis nous avons imaginé que le boomer de 25 cm allait épaissir la texture de la restitution, il n’en a rien été. Au final, les GX250MG nous ont gratifiés d’une écoute équilibrée et étoffée en termes de couleurs tonales, de fouillé harmonique, de fusion des registres. Elles ont démontré un pouvoir de résolution très au-dessus de la moyenne et une musicalité qui chatouille sérieusement celle de modèles beaucoup plus coûteux. Rapport qualité/prix : Quand l’importateur nous a annoncé le prix de vente de ces remarquables enceintes, nous l’avons fait répéter une seconde fois, pensant avoir mal entendu. Même si le tarif demandé reste élevé dans l’absolu, il faut le considérer comme extrêmement compétitif comparé à certains modèles de prestige que nous avons testés ces derniers mois. Le niveau qualitatif des prestations musicales est très élevé et rejoint celui des quelques références actuelles de conception similaire. Par ailleurs, les GX250MG mettent en œuvre quelques technologies propriétaires d’un fabricant qui œuvre et innove dans le domaine du hautparleur grand public et professionnel depuis plusieurs décennies. Ces enceintes ne sortent pas du chapeau d’un magicien, mais sont le fruit d’une conception experte totalement aboutie.

c’est l’écoute qui met définitivement l’auditoire d’accord. La restitution n’appelle aucune critique, l’enceinte « sonne » dès les premières secondes et le fait avec de la classe. Bande passante étendue et ultra-linéaire, timbres de premier choix, dynamique débridée, attaques vivaces, bref cet inventaire subjectif non exhaustif suffit à dresser le portrait de cette colonne qui va faire monter la température des départements R&D concurrents. Show devant ! CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur CD Nagra CD-P Préamplificateur ATC SCA-2 Bloc stéréo FM Acoustic F-30B Câbles : Purist Audio Design (HP) Van den Hul The Mountain (mod XLR) Jorma Design n° 2 (mod RCA) Gigawatt (secteur)

VERDICT

Grosse, très grosse surprise que ces Fostex GX250MG qui nous ont irrésistiblement séduits. Outre la finition de haut vol et les haut-parleurs tout à fait uniques élaborés par le fabricant,

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E N C E I N T E

E N C E I N T E FICHE TECHNIQUE Origine : Royaume-Uni Prix : 3 600 euros la paire (finitions merisier rouge, wengé, noir brillant ou blanc satiné) Dimensions : 108,7 (tweeter inclus) x 20 x 33,7 cm Poids : 33,5 kg Réponse en fréquence : 28 Hz à 50 kHz à -6 dB (45 Hz à 28 kHz ±3 dB) Puissance admissible : de 30 à 300 W sous 8 ohms Impédance nominale : 8 ohms (minimale : 3,1 ohms) Sensibilité : 90 dB pour 1 W à 1 m Fréquences de transition du filtre 3 voies : 350 Hz et 4 kHz

La CM10, nouvelle venue dans la gamme de B & W, comble un vide entre la CM9 et la série 800. Elle emprunte des solutions techniques héritées des 800 tout en conservant les prix compétitifs des CM. Portrait d’un best-seller en puissance.

E

ntre deux séries d’enceintes d’une même marque, proposer un modèle colonne aux alentours de 2 500 euros, telle que la B&W CM9, tout en sachant que l’entrée de la gamme supérieure atteint les 4 500 euros, avec la petite 2 voies B&W 805, pose un problème. Pire, la première colonne de la série 800, la 804, se situe dans les 7 000 euros la paire… Entre les deux colonnes CM9 et 804, rien… Jusqu’au jour où la firme britannique a souhaité combler ce vide, en ajoutant un modèle venant coiffer la série CM, pour un prix à la paire comparable à celui d’une seule 804. Grâce à l’arrivée des CM10, le vide dans la gamme est comblé, tout comme les audiophiles qui voient là une manière de s’équiper d’excellentes enceintes à prix alléchant.

B&W a donc repris le coffret des CM9 en le réaménageant. Ainsi, un boomer supplémentaire prend place sous ceux des CM9, ce qui porte leur nombre à trois. On retrouve, à l’arrière du coffret, l’évent bass-reflex dont le profil évasé évite les turbulences de l’air en mouvement à l’embouchure, ce qui aurait pu être préjudiciable à l’écoute. Le second héritage provient de la série 800, cette fois : un tout nouveau modèle de tweeter prend place au sommet de l’enceinte, débafflé comme sur ses grandes sœurs 800, 802 et consorts, voire les fabuleuses Nautilus.

DOUBLE HERITAGE

La CM10, enceinte à trois voies, comprend donc trois boomers, dont la sensibilité globale

DOUBLE AVANTAGE

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Tête de liste

BOWERS & WILKINS CM10

est supérieure à celle de deux boomers. En conséquence, l’alignement des niveaux du registre grave avec celui du fabuleux médium de 15 cm à suspension fixe FST (Fixed Suspension Transducer) nécessite, pour ce dernier, moins d’atténuation, de même que pour le tweeter. Cette conséquence très positive, digne d’un problème de physique de base, s’inscrit dans la démarche technique de B&W. En effet, le constructeur préfère construire, en amont, les meilleurs hautparleurs qu’il soit possible de réaliser, afin de simplifier au mieux le filtrage, dans le but de limiter les pertes en ligne. Ainsi, l’on est en droit d’attendre des CM10 une définition supérieure à celle des CM9, puisque l’alignement, en niveau, du médium-aigu avec le grave nécessite moins d’atténuation. À ce premier avantage vient s’ajouter le second : le gain de 1 dB de la sensibilité des CM10, passant à 90 dB pour un watt à un mètre, contre 89 dB pour la CM9. Les membranes des boomers sont réalisées en papier et kevlar, afin de concilier légèreté et rigidité. Leur suspension en demi-rouleau positif leur assure une bonne excursion qui apparaît comme étant moyenne, compte tenu de leur diamètre de 165 mm : B&W a trouvé le bon compromis pour obtenir des basses profondes sans distorsion gênante, ce défaut intervenant souvent lorsque l’excursion des membranes présente une trop grande amplitude. Le transducteur de médium possède une membrane en kevlar tressé de 15 cm de diamètre. Il équipe de très nombreux modèles de la marque,

TRANSDUCTEURS D’EXCEPTION

en moyenne et haut de gamme. Ce médium « FST » présente d’excellentes caractéristiques en termes de définition et de distorsion, des performances dues en bonne partie à l’emploi d’aimants au néodyme. Sa suspension dite fixe lui assure d’excellentes performances. Son saladier repose sur le baffle, avec insertion d’un gel entre les surfaces de contact, afin de découpler le haut-parleur de la paroi de l’enceinte et ainsi éliminer les vibrations parasites. On ne distingue aucune vis de fixation, puisque ce haut-parleur est maintenu au moyen d’une barre de tension s’appuyant sur la paroi arrière de la CM10, ce qui procure au médium FST un excellent maintient. Enfin, le tweeter, monté au sommet du coffret, possède une membrane en aluminium à double paroi, l’une présentant une ouverture en son centre, contrairement à l’autre qui, en outre, présente une très fine épaisseur : la légèreté de l’équipage mobile permet à ce tweeter d’atteindre les 38 kHz. Il dispose d’un double aimant et d’une charge infinie inspirée des enceintes Nautilus, un procédé contribuant à réduire la distorsion Le carter de protection en forme d’ogive bénéficie, lui aussi, d’un découplage sous forme de gel.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Les standards de fabrication de B&W sont très élevés, tant pour la finition exemplaire que pour l’agencement interne des enceintes. Les différents éléments ont tous été étudiés pour en tirer le meilleur parti. L’installation prend du temps, car il faut déverrouiller le médium, entre autres, et installer (ou pas), le large socle fourni, à l’esthétique discutable… Mais on peut se contenter de visser les pieds à pointes ou à supports hémisphériques, car malgré leur hauteur, les CM10 restent stables. Composants : Ce modèle le plus élaboré de la série CM est le seul à posséder un tweeter externe, prenant place sur le dessus du coffret. La technologie des transducteurs s’inspire largement de

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E N C E I N T E

BOWERS & WILKINS CM10 la série 800, comme l’adaptation de charge arrière infinie du tweeter, la membrane en kevlar répondant au procédé FST et la conception très aboutie des boomers chargés par un évent bass-reflex à faible turbulence. Le filtrage ne comporte que peu de composants, en raison de performances des haut-parleurs qui nécessitent moins de correction que d’ordinaire. Grave : Le grave descend très bas, avec une consistance hors du commun. On pouvait redouter une sorte de traînage, en raison du nombre des boomers, mais il n’en est rien. Le kick de batterie (le marteau, actionné au pied, de la grosse caisse) fait preuve d’un réalisme saisissant. Les basses tonnent (sans jeu de mots) sur les rythmiques au stick Chapman de Pascal Gutman, avec ce son profond et claquant si singulier. La cinématique des membranes, parfaitement maîtrisée, ne génère que peu de distorsion sur le papier, inaudible à l’écoute. L’extrême grave prolonge avec naturel la réponse des boomers. Médium : La technologie FST du médium, héritée de la série 800, donne toute sa mesure ici, sur un modèle au prix nettement plus abordable. On s’étonne du peu d’excursion de la large membrane en kevlar, et pourtant ce transducteur présente des qualités de retranscription exceptionnelles, toutes en nuances et en réalisme. Superbe sur les voix, tant masculines que féminines, il ne se laisse pas dominer par la complexité de certains passages musicaux, tout en présentant un grand pouvoir analytique, notamment dans la focalisation des différentes sources dans un environnement en trois dimensions. Aigu : Le registre aigu s’appuie sur des solutions techniques mises au point sur la prestigieuse B&W Nautilus. La déclinaison du principe de charge infinie apporte un registre aigu dynamique, grâce à l’amortissement de l’onde arrière de la membrane. Bien que métallique, elle délivre un aigu fin et ciselé, très rapide

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sans être agressif, et surtout dénué de toute coloration. Dynamique : La sensibilité des CM10 se tient dans la bonne moyenne, avec ses 90 dB de pression acoustique à un mètre pour un watt, ce qui constitue déjà un atout allant dans le sens d’une restitution de la dynamique à l’image de celle des plages musicales. De plus, la construction des haut-parleurs les rend très réactifs, notamment sur les sons transitoires. Ainsi, la dynamique de ces nouvelles B&W passe brillamment les tests des deux premières plages de l’œuvre d’Alfred Schnittke diffusant les passages de faible amplitude de manière parfaitement intelligible, sans simplification du contenu harmonique, et les fortissimi sans distorsion audible. Attaque de note : La rapidité des transducteurs, déjà remarquée et appréciée sur le test de dynamique, procure d’excellentes attaques de notes. Les percussions, très demandeuses en énergie, sont restituées avec réalisme, en phase avec les corrections que les ingénieurs du son y ont apportées. Les B&W s’attachent à reproduire, dans toutes ses dimensions, le message musical aussi fidèlement que possible et le résultat est plus que probant. Scène sonore : Les hautparleurs de la CM10 présentent des caractéristiques optimales pour le respect scrupuleux de toute scène sonore. En effet, à leur sensibilité, leur rapidité et leur très faible taux de distorsion vient s’ajouter une dispersion horizontale de 60° et 10° en vertical, le tout tenant dans une fourchette de 2 dB de variation par rapport à la courbe de réponse mesurée dans l’axe. Les sources musicales bénéficient d’une excellente focalisation, dans un espace sonore tridimensionnel de toute beauté. Transparence : Ces CM10 lèvent un voile sur la musique qu’elles diffusent, en la rendant plus proche de la réalité, sans jamais se départir de leur grande précision. L’écoute s’avère très agréable, car dénuée de toute dureté, d’autant que les taux

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur NAGRA CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Préampli ATS SCA2 Bloc stéréo FM Acoustics F-30B Câbles : HiFi Câbles et Compagnie Trans AES/EBU III (AES) Van Den Hul Mountain (ligne analogique) enceintes : Jorma Design .

de distorsion atteignent des valeurs très basses pour des enceintes acoustiques. Chaque timbre y gagne en authenticité. Le savoir-faire de B&W n’est plus à démontrer ! Qualité/prix : Autant de performances sortant des sentiers battus et rebattus, proposées à un prix si compétitif force l’admiration. On ne s’attend pas, en effet, à une telle pureté et une telle richesse des timbres à ce niveau de prix ! Dès les premières secondes d’écoute, on se rend compte du potentiel de musicalité des CM10 auxquelles un avenir florissant est promis, à n’en pas douter !

VERDICT

Ces enceintes, issues de la pertinente symbiose de plusieurs technologies développées par B&W, ne sauraient laisser quiconque indifférent, en raison de leur sonorité riche, vivante et définie qui fusionne, en un habile équilibre, la précision et la musicalité. Déjà, l’association du médium MST et du tweeter à charge infinie installe une nouvelle référence. Les trois boomers assurent une assise remarquable dans le grave, avec fermeté, dynamique et précision. L’investissement à prévoir pour l’acquisition d’une telle paire d’enceintes colonnes ne semble pas en corrélation avec l’offre, en raison de la haute musicalité des CM10 qui s’apparenterait plus à une gamme de prix supérieure.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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E N C E I N T E

E N C E I N T E

Bon sang ne saurait mentir! DAVIS ACOUSTIC OLYMPIA 3

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Nous avons, dans le numéro 169 de Haute Fidélité, testé l’entrée de la gamme Olympia de Davis Acoustic, les Olympia One. Ces enceintes compactes nous ont laissé un grand souvenir et reçoivent un succès mérité sur toute la planète. La colonne Olympia 3 est en quelque sorte une Olympia One rehaussée, à laquelle le constructeur a ajouté une section dédiée aux basses fréquences.

’une hauteur quasi idéale de 108 cm, pour une largeur de 26 cm, l’Olympia 3 est une colonne 3 voies à charge bass-reflex, dont l’évent de décompression de 95 mm de diamètre et de 230 mm de long débouche sur l’avant. De ce fait, cette enceinte sera moins que d’autres sensible à la distance par rapport au mur arrière. Le haut du spectre est confié à un tweeter à dôme souple dont la bobine mobile a un diamètre de 28 mm. Ce tweeter, identique à celui de l’Olympia One, est une version modifiée de celui de l’enceinte CESAR. La linéarité de sa réponse en fréquence a été améliorée et sa fréquence de résonance propre a été abaissée à 600 Hz. Le médium de 13 cm de diamètre, lui aussi partagé avec l’Olympia One, utilise comme souvent chez Davis une membrane en kevlar. Son saladier en aluminium moulé est ultra-rigide et fin de façon à faciliter la circulation de l’air en arrière de la membrane et à améliorer le

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refroidissement de la bobine mobile. Au final, cela se traduit par un affaiblissement des taux de distorsion et par une meilleure tenue en puissance. Le haut-parleur de grave est un 21 cm à cône carbone hyperrigide pour un équipage mobile plus léger et une membrane quasi sans déformations. Sa bobine mobile est de 12 mm pour plaque de champ de 6 mm, ce qui permet une course totale de 12 mm dans l’entrefer. Le moteur met en œuvre une ferrite de 120 mm et, comme pour le médium, le châssis très rigide permet d’améliorer le refroidissement et donc la tenue en puissance qui est confortée par un spider raide. Le filtre répartiteur de fréquences passif a été lui aussi optimisé : il coupe à 400 Hz entre le grave et le médium avec des pentes de 6 et 12 dB par octave, et à 4 kHz entre le médium et l’aigu selon une pente de 18 dB par octave. Le bicâblage comme la biamplification sont possibles.

ECOUTE

Dans le cadre de nos écoutes, nous sommes restés en mono-câblage en utilisant le strap fourni qui relie les deux borniers. Construction : L’ensemble transducteurs et filtre est monté dans une ébénisterie soignée dont la face avant atteint 25 mm d’épaisseur. Cette ébénisterie réalisée en MDF est cloisonnée intérieurement de façon à séparer la charge du grave de celles du médium et de l’aigu. Une autre

cloison, ajourée cette fois, est installée entre le haut-parleur de grave et l’évent, ce qui rigidifie davantage encore la section grave et l’ensemble de l’ébénisterie. L’ensemble atteint le poids respectable de 32 kg par enceinte, ce qui autorise son placement et sa mise en place par une personne seule. La construction comme la finition sont très très soignées. Composants : Outre les haut-parleurs que nous avons déjà évoqués, l’ensemble des composants est de grande qualité. Les capacités sont de qualité audiophile, comme le sont les selfs à air ou sur noyau ferrite. Ainsi, par exemple, la self filtrant le grave voit sa résistance série abaissée à 0,3 ohm. Grave : Lorsque nous avions écouté les petites Olympia One, nous avions beaucoup apprécié un grave de grande qualité, qui certes ne descendait pas dans le sous-grave, mais était à la fois tendu et très propre. Nous retrouvons le même caractère de «rapidité» subjective du grave avec l’Olympia 3 qui, ici, descend davantage – lois de la physique oblige. Jim Keltner et Ron Tutt sur Drum & Track Disc chez Scheffield Lab jouent de leurs batteries avec énergie et le grave, à l’unisson du reste du spectre, est propre, net et sans bavures, très convaincant. Médium : La voix d’Allan Taylor dans «Let the Music Flow», album Stockfisch Records volume 4, est à la fois vraie et profonde, elle a ce côté légèrement voilé que l’on aime, et reste absolument précise et humaine à la

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : noir mat 3 600 euros, bois verni 3 900 euros Dimensions : 26 x 108 x 31 cm Rendement : 92 dB Bande passante : 32–21 000 Hz Boomer : 21 cm carbone Médium : 13 cm kevlar Tweeter : dôme tissu – bobine 28 mm Filtre : grave 12 dB/octave, coupure à 400 Hz médium : 6 et 12 dB/octave aigu 18 dB/octave coupure à 4 kHz Impédance 4 ohms (mini) Poids : 32 kg

fois. C’est bien un chanteur et sa guitare qui sont face à nous. La guitare et la voix sont en harmonie, les cordes répondent instantanément à chaque pincement et à chaque glissement des doigts sur le manche avec acuité et finesse, les harmoniques sont riches et le naturel de la restitution est très agréable. Il y a beaucoup d’émotion, on se sent bien et, lorsque le morceau se termine, on en redemande et l’on ne résiste pas à l’envie d’écouter le suivant. Aigu : La colonne Olympia 3 est homogène et l’aigu s’intègre sans rupture, nous l’avions apprécié avec la guitare d’Alan Taylor et en avons eu la confirmation avec Jordi Savall dans le Quatrième Livre de Marin Marais avec un aigu doux, filé et étendu. Le message est délivré sans agressivité, avec naturel et beauté du haut du spectre. Dynamique : Les différentes prises de son que nous avons écoutées nous ont convaincus d’une certaine aisance qu’a cette enceinte à restituer les écarts entre les forte et le plus léger pianissimo. L’Olympia 3 n’en fait pas trop et reste cohérente sur l’ensemble du spectre, nous ne décelons à aucun moment de rupture entre les trois haut-parleurs quel que soit le niveau d’écoute. Les microdétails ne sont pas masqués même à faible niveau, alors que les Davis remplissent parfaitement l’espace sonore à fort niveau. Attaque de note : La qualité des hautparleurs maison permet une qualité de la réponse impulsionnelle qui se retrouve dans les attaques de notes. Flou, traînage, approximation sont des mots qui ne font pas partie du vocabulaire des Davis Olympia 3; leur vocabulaire comprend précision, acuité, rapidité, vivacité. Les attaques de notes, sur la guitare en particulier, sont incisives et ultranettes comme détourées mais sans agressivité. Scène sonore : A l’écoute du CD Companion de Patricia Barber, les interprètes et leurs instruments sont précisément disposés et la scène sonore est crédible. L’image est profonde et les applaudissements sont étales. Bien que l’évent de cette colonne trois voies débouche en face avant, nous avons sensiblement décollé l’enceinte du mur arrière, ce qui a permis un gain en clarté et en définition dans le bas du spectre et a augmenté la scène sonore en largeur et en profondeur. Nous avons très peu pincé les enceintes vers la zone d’écoute. La distance au mur arrière,

aux murs latéraux comme le pincement devront être ajustés en fonction de la salle, ce petit effort de placement sera largement récompensé par l’obtention d’un paysage sonore réaliste et précis. Transparence : Dans «Stimela», la voix de Hugh Masekela est superbe, la représentation du train est convaincante, beaucoup d’énergie se dégage. Les Davis supportent bien une écoute à fort volume, le travail effectué sur les haut-parleurs et sur leur tenue en puissance est récompensé et, à nouveau, nous ne pouvons que louer la cohérence de l’ensemble. Propreté du message sonore et clarté de la restitution procurent une écoute où la sensation de transparence est bien réelle. Qualité/prix : Ces enceintes Davis Acoustic Olympia 3 sont idéalement proportionnées et elles délivrent une musique très belle et très juste. La qualité perçue comme la qualité sonore sont plus qu’à la hauteur du budget nécessaire à leur acquisition. Nous n’irons pas jusqu’à dire que ces colonnes sont bon marché, mais leur prix est plus que justifié, car elles procurent réellement un résultat d’écoute absolument remarquable.

VERDICT

Grande sœur de l’Olympia One, l’Olympia 3 ne renie pas ses excellentes origines et va plus loin dans l’exploration du grave. Il en ressort une capacité à jouer juste dans des pièces de plus grande taille, même si ces enceintes sont parfaitement à leur aise dans de petits espaces. Raisonnablement peu exigeantes en amplification, car elles sont faciles à driver avec un rendement correct. Les Olympia 3 ont vocation à devenir des bestsellers, car elles réunissent un faisceau de qualités difficiles à trouver dans cette gamme de prix. Selon la formule consacrée, une écoute s’impose, vous ne le regretterez pas.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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E L E C T R O N I Q U E

E L E C T R O N I Q U E

ATOLL SDA200

Super intégré

Atoll a présenté, au dernier salon de Munich, deux «super-intégrés», rassemblant lecteur réseau, DAC, préamplificateur et amplificateur en un même coffret. Voici le SDA200, l’aîné de la gamme, devant le SDA100…

L

orsque l’on consulte la brochure du constructeur exposant les détails du SDA200, on jurerait voir la fusion d’un lecteur réseau ST200 avec un amplificateur intégré IN80SE, à quelques petites différences près, comme, par exemple le remplacement de la puce de conversion du DAC par un modèle plus récent… Répondant à la demande de sa clientèle, Atoll, toujours à l’écoute, a donc intégré quatre appareils en un. Les sources numériques ayant évolué de manière

MULTIFONCTIONS

100

spectaculaire, ces dernières années, il apparaissait donc logique d’adjoindre un lecteur réseau à un préamplificateur et amplificateur intégré. Le pont entre analogique et numérique s’appuie sur un module de conversion. Une sorte de quatreen-un logé dans un coffret de dimensions harmonieuses, mais pesant 9 kg tout de même ! Ce SDA200 fusionne, en quelque sorte, un lecteur de réseau ST200 avec un amplificateur intégré IN80SE, mais sans verser outre mesure dans la simplification… Le constructeur normand a réduit le nombre d’entrées analogiques au niveau ligne à deux seulement. En revanche, celles

DE NOMBREUSES ENTREES

fonctionnant dans le domaine numérique sont nettement plus nombreuses : hormis les traditionnelles S/PDIF au standard coaxial et optique (une de chaque), le SDA200 présente pas moins de trois entrées USB, dont une, de type B, reçoit les signaux audio issus d’un ordinateur. Les deux USB de type A se partagent entre la façade et le dos de l’appareil, à même de lire des fichiers audio à partir de clés de stockage ou de disques durs formatés PC. On accède à ces entrées via l’écran de façade. Une embase RJ45 offre la possibilité de connexion à un réseau LAN en filaire. Mais ce n’est pas tout, puisque le SDA200 reçoit aussi les signaux sur le mode sans fil via Bluetooth (dont on

aperçoit le radôme de plastique noir au dos de l’appareil) et aussi en Wi-Fi, via une petite antenne qui se visse sur son embase coaxiale. Autre source et non des moindres : le tuner des radios présentes sur le réseau. La qualité sonore de ces webradios dépend de leurs traitements de signaux respectifs, certaines stations sonnant mieux que d’autres, quand elles ne versent pas dans la distorsion sur les crêtes. Ce constat mitigé à l’égard des radios d’Internet n’engage absolument pas le SDA200.

ERGONOMIE TRES CONVIVIALE

Aux touches de la face avant s’ajoutent celles de la télécommande fournie. Cependant, le SDA200 peut aussi se piloter depuis une interface tactile encore plus pratique, tournant sous iOS, système d’exploitation des iPhone et des iPad, mais aussi sous Android, histoire de ne pas pénaliser les possesseurs de tablettes Samsung et autres. On peut donc lire de la musique via le SDA200 à partir de ces

périphériques. Le raccordement à un réseau filaire ou sans fil (via Wi-Fi) s’opère sans difficulté, grâce à une notice claire et à la convivialité de l’écran, qui comporte un menu de configuration. Un néophyte, confronté pour la première fois à la diffusion de musique dématérialisée depuis un réseau domestique, saura facilement configurer le SDA200 en quelques minutes. Une grande carte mère dont les contours épousent la forme du transformateur torique de 330 VA, dédié à l’amplificateur de puissance polarisé en classe AB, accueille la plupart des composants. L’alimentation des courants faibles (préamplificateur, lecteur réseau, DAC) est assurée par un transformateur moulé de 30 VA. Le découplage lissage de l’alimentation de puissance s’appuie sur une capacité de plus de 27 000 µF, répartis en quatre éléments. Le découplage total du SDA200 atteint pas loin de 45 000 µF. Les sections de régulation sont nombreuses, et contribuent au silence de fonctionnement et à l’isolation galvanique des différents sousensembles. On remarque la présence d’une carte de réception des signaux signée Atoll, équipée d’une puce de réception XMOS, compatible 192 kHz sous

SOUS LE COUVERCLE

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 2 800 euros Dimensions : 440 x 90 x 255 mm Poids : 9 kg Entrées ligne stéréo : 2 asymétriques (RCA) Sortie ligne stéréo fixe : 1 asymétrique (RCA) Sorties de puissance : 2 paires d’embases banane 4 mm dorées Entrées numériques : 2 S/PDIF (1 RCA, 1 Toslink), 3 USB (2 type A et une type B) 1 réseau filaire LAN sur RJ45. Réseaux sans fil : Wi-Fi et Bluetooth Fréquence d’échantillonnage : jusqu’à 192 kHz sous 24 bits Réponse en fréquence audio analogique : 5 Hz à 100 kHz Distorsion : < 0,005 % à 1 kHz Rapport signal sur bruit : > 100 dB Puissance de sortie : 2 x 80 W (8 ohms), 2 x 120 W (4 ohms)

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ATOLL SDA200

De gauche à droite : les quatre transistors de puissance, les drivers de l’ampli, le carter de blindage des condensateurs Mundorf, les cartes d’entrées numériques (en haut) et streamer (en bas), les régulateurs et les deux transformateurs.

24 bits. Sous la carte mère, un convertisseur Texas Instruments PCM5102 travaille jusqu’en 192 kHz sous 24 bits. Pour les écoutes, nous l’avons testé aux fréquences d’échantillonnage nominales, dans un premier temps, puis forcé à 192 kHz à partir d’un ordinateur Apple, cette opération ayant apporté une meilleure définition et une aération améliorée du message musical. Le découplage des sorties du DAC et celui des entrées analogiques s’appuient sur l’exploitation de condensateurs Mundorf au polypropylène de 4,7 µF chacun. Ils se trouvent sous le

SYSTEME D’ECOUTE

Lecteur Nagra CDP Serveur audio Apple Enceintes Pierre-Etienne Léon Maestral Câbles HiFi Câbles et Compagnie : Super Maxitrans 2 (enceintes) Sechat (S/PDIF)

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carter en aluminium qui les blinde (à proximité des étages de puissance), car le constructeur s’est aperçu qu’ils récupéraient des rayonnements électromagnétiques, ce qui atténuait le rapport signal sur bruit du SDA200. L’électronique de ce super-intégré reflète la grande maîtrise d’Atoll en matière de conception, l’un des nombreux points forts de la marque.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Comme d’ordinaire chez Atoll, un épais châssis abrite l’électronique. La façade, rationnelle et sobre, offre une lisibilité optimale des différentes commandes, ce que vient renforcer l’apport de l’écran. La disposition rationnelle des éléments à l’intérieur du coffret garantit à l’ensemble une excellente fiabilité. Les étages de puissance, bien que relativement

puissants, sont montés sur des dissipateurs individuels largement dimensionnés. Le câblage interne est réduit au minimum, grâce à une disposition rationnelle des éléments. Composants : Atoll choisit ses composants électroniques en fonction de leurs performances. La réception des signaux numériques venant de l’extérieur fait appel à un processeur XMOS, et le DAC sélectionné, attaqué en I2S, est un Texas Instruments PCM5102, compatible 192 kHz sous 24 bits. Tout concourt à la recherche de la qualité, tant dans la conception générale que dans les moindres détails. On notera le push-pull de puissance par canal, constitué de transistors MOSFET, les composants discrets en amont, et le blindage des condensateurs de liaison entre les entrées analogiques, les sorties du DAC et l’entrée des étages de puissance. Le câblage, réduit, emploie des liaisons isolées de

téflon pour les sorties de puissance. Grave : Le bas du spectre fait montre d’une belle fermeté et d’une précision exemplaire. Il soutient le message sonore en lui procurant une assise remarquable, tout en nuances et en articulation, comme sur les autres produits de la marque. Médium : La pureté des timbres et le souci du détail caractérisent le registre médium, exempt de coloration, tout en naturel, ce qui traduit la présence de circuits audionumériques performants, car dépourvus de jitter qui aurait apporté son lot d’agressivité. Cette bande spectrale mérite largement la qualification d’analogique. Aigu : Délicatement ciselé et fort bien défini, surtout lorsque l’on configure la lecture en 192 kHz à partir d’un ordinateur, le registre aigu impose son caractère naturel et une haute définition. L’aigu file très haut et prolonge les sons et notes au riche contenu harmonique, dans une démarche tout analogique. Dynamique : Doté de circuits de gain fort bien conçus et d’une réserve de puissance confortable, le SDA200 s’avère vivant et aéré, ce qui le rend apte à restituer les passages complexes où les plans se superposent. L’Atoll ne se laisse jamais distancer, délivrant un message sonore particulièrement détaillé. Attaque de note : Le constat éminemment positif des performances de

ce « super-intégré » en matière de dynamique s’illustre aussi dans les attaques de notes. Le temps de montée très rapide de la section amplificateur de puissance (seulement 2 microsecondes) en est responsable, tout comme le module DAC de haute volée. Scène sonore : L’ouverture de la scène sonore en trois vraies dimensions à la stabilité exemplaire, d’un audiogramme à l’autre, s’explique par la conception très aboutie du SDA200, comme nous avons pu le constater dans les tests d’écoute précédents. Le respect de la phase renforce cette appréciation très positive dans la restitution des différentes sources sonores qui voient leur contenu harmonique conserver une cohérence enviable. De plus, cette retranscription scrupuleuse du message musical s’accompagne d’un total respect des ambiances, notamment les acoustiques de salles. Transparence : La pureté des timbres et leur contenu harmonique très réaliste s’associent à une absence totale de coloration et à une aération hors du commun, apanage des très bons appareils haute-fidélité. Le SDA s’applique à recréer les plages musicales telles qu’elles ont été enregistrées, avec toujours cette sensation d’aération qui lui confère une musicalité enviable. Qualité/prix : La politique avantageuse d’Atoll ne se dément pas, en matière de

prix, avec le SDA200, un appareil intégré ergonomique, fiable, performant et surtout musical. Cet appareil complet et très polyvalent répond à un très grand nombre de configurations exploitées avec brio.

VERDICT

Atoll se lance avec succès dans les superintégrés avec ce SDA200, rassemblant dans le même coffret un lecteur réseau, un DAC 192 kHz/24 bits, un préamplificateur et un amplificateur de puissance, chaque section présentant des qualités optimales, sans compromis autre que leur intégration en un seul coffret. Ce type d’appareil se situe dans l’air du temps et constitue un excellent choix, tant pour la musicalité que pour l’ergonomie, sans oublier la compacité de cette sorte de nodal haute-fidélité qui est promis à un très bel avenir !

CONSTRUCTION

■■■■■■■■■■ ■■■■■■■■■■ GRAVE ■■■■■■■■■■ MEDIUM ■■■■■■■■■■ AIGU ■■■■■■■■■■ DYNAMIQUE ■■■■■■■■■■ ATTAQUE DE NOTE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ SCENE SONORE ■■■■■■■■■■ TRANSPARENCE ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ QUALITE/PRIX ■■■■■■■■■■ COMPOSANTS

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L’importateur Sound and Colors nous l’avait promis depuis un certain temps et il est enfin arrivé après quelques ultimes perfectionnements en usine. L’intégré Ayre AX-5 embarque des technologies introduites précédemment sur certains produits de la série R très haut de gamme du constructeur. Son élégance esthétique est à l’image de sa finesse musicale.

L

’AX-5 est le plus puissant intégré produit par la société Ayre basée à Boulder dans le Colorado. Fondée en 1993 par Charles Hansen, également designer des différents produits de la marque, l’entreprise s’est fait connaître rapidement grâce à ses réalisations numériques qui ont toujours été à la pointe de la technologie du moment. Qui se souvient par exemple qu’Ayre a créé le premier DAC USB à transistors à transfert asynchrone de données ? Le catalogue a néanmoins toujours inclus des électroniques analogiques et l’AX-5 représente un certain état de l’art de l’intégré vu qu’il a été équipé des circuits qui ont établi la réputation de la marque et l’excellence de références Ayre, comme le préampli KX-R et le bloc mono MX-R.

DES CIRCUITS TRES ORIGINAUX

L’intégré AX-5 est logé dans un superbe châssis constitué d’un assemblage soigné de plaques d’aluminium extrudé et anodisé noir. La somptueuse face avant avec

afficheur central à diodes à segments et les deux onctueuses molettes agissant sur des roues codeuses sont en revanche usinées dans la masse. La tôle de fond est en aluminium brossé et laisse dépasser une extrémité du transformateur d’alimentation à tôles EI. Pour l’anecdote, le transformateur a été calculé précisément pour l’AX-5 et fabriqué conformément au cahier des charges techniques, mais il était trop gros pour le châssis, d’où l’idée d’ouvrir le fond. La sélection d’une des six sources s’effectue par le bouton de gauche qui agit sur un circuit de commutation à J-Fet, tandis que le volume se règle par celui de droite. Ces deux molettes servent également à parcourir le menu de réglages et à ajuster certaines fonctions selon les besoins de chacun (mise en service des entrées qui sont « OFF » à la première mise sous tension, attribution d’un nom à chaque entrée, réglage du gain sur chaque entrée, etc.). L’appui prolongé sur les deux poussoirs en face avant permet d’abord de commuter l’amplificateur en état de consommation basse puis d’accéder au menu. Le capot largement ajouré permet

Bouffée d’Ayre AYRE AX-5

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puissance. La disposition interne est un miroir d’un canal vers l’autre. Autrement dit, le schéma symétrique par ailleurs sans contre-réaction est disposé de manière symétrique depuis les enroulements secondaires du transformateur central. La carte d’alimentation gérant le redressement et le filtrage de chaque voie est placée au dos de la face avant, les étages audio driver et de sortie de chaque canal sont installés sur un circuit imprimé recouvert d’un dissipateur ajouré à ailettes, tous deux sont posés au fond du châssis. La face arrière qui reçoit toute la connectique de niveau ligne et une paire de connecteurs Cardas pour haut-parleurs, une constante chez Ayre, est flanquée des étages VGT (pour Variable Gain Transconductance) et du système motorisé à double commutateur

Shallco à 46 positions et résistances calibrées qui servent à ajuster ce gain variable. Les technologies utilisées dans l’appareil donnent une idée du degré de perfectionnisme de Charles Hansen. Ça commence par l’alimentation équipée d’un transformateur à tôles EI, supérieur selon le fabricant en termes de réjection des bruits secteur, et pourvue d’un filtre RFI maison qui réduit encore la pollution électrique. Certains composants ont été fabriqués sur mesure (résistances et condensateurs au polystyrène). Et la topologie entière symétrique est dotée de plusieurs circuits préalablement validés sur les électroniques les plus ambitieuses du catalogue. L’étage de sortie travaillant en classe AB est bâti autour du circuit Diamond qui a été breveté en 1967 par Richard Baker. Basiquement, ce circuit en pont de transistors bipolaires (PNP et NPN à bases communes en

FICHE TECHNIQUE Origine : États-Unis Prix : 11 500 euros Dimensions : 440 x 120 x 480 mm Poids : 21 kg Puissance nominale : 2 x 125 W (8 ohms) , 2 x 250 W (4 ohms) Réponse en fréquence : DC – 250 kHz Sensibilité : 8V RMS (RCA, 1 Mohm), 16V RMS (XLR, 2 Mohms) Entrées : 2 RCA, 4 XLR Sorties : 1 paire de fiches HP Cardas, 1 XLR « enregistrement »

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AYRE AX-5 La construction est à l’image du schéma : symétrique ! Admirez les commutateurs Shallco et le système de motorisation à courroie. Le trajet direct du signal audio limite le câblage interne.

entrée, NPN et PNP à émetteurs communs en sortie, émetteurs d’entrée raccordés aux bases de sortie, collecteurs tous communs) dont la structure pourrait être dessinée comme une étoile des vents qui rappelle les facettes d’un diamant, offre beaucoup de gain, il est rapide, fiable et simple. L’AX-5 adopte un circuit Equilock, sorte de cascode symétrique à transistors bipolaires, pour driver le Diamond sans condensateur

de liaison. Une des spécificités majeures de cet intégré est son circuit VGT qui remplace purement et définitivement le traditionnel réglage de volume à potentiomètre. Plutôt que d’appliquer du gain au signal entrant puis de le moduler par un potentiomètre placé sur le trajet audio, ce qui en général dégrade le rapport signal sur bruit de l’appareil, l’idée a été de déterminer combien de gain il fallait appliquer à l’étage

d’entrée pour obtenir le volume recherché en sortie. Ainsi l’étage d’entrée différentiel à J-Fet voit son gain et la transconductance de ses transistors modifiés à chaque pas de réglage des commutateurs Shallco soit -1,5 dB sur une plage de 67,5 dB. Le signal ne subit ainsi aucune dégradation directe.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le constructeur du Colorado nous a toujours habitués à des réalisations soignées au niveau de l’assemblage et de l’esthétique. Les lignes fluides de l’AX-5, au demeurant disponible en silver ou en noir, ne sont pas dissociées de l’usage intensif de l’aluminium, matériau de rigueur chez Ayre. L’implantation entièrement symétrique suit la logique imparable du trajet audio le plus court possible, le câblage reste ainsi limité. L’utilisation d’un système de commutation de résistances de précision, système motorisé et synchronisé par courroie, apporte une touche de nostalgie en comparaison des réglages de volume par chip intégré de plus en plus souvent rencontrés. Composants : Cet intégré se singularise par la quantité de subtilités technologiques qu’il embarque. Sans être une nouveauté, le schéma symétrique et sans aucune contreréaction adopte une topologie Diamant en sortie. Réputée pour être à la fois simple, fiable et performante, la structure a été optimisée par le fabricant. Le principe de la

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variation du volume sonore par réglage du gain de l’étage d’entrée à transistors J-Fet est particulièrement brillant puisque le signal n’emprunte ni escalier ni rampe résistive. Et d’un point de vue purement technique, on ne peut que tomber sous le charme des magnifiques commutateurs Shallco drivés par un moteur pas à pas, et un jeu de poulies et de courroie. Grave : L’appareil sonne bien à froid, mais on gagne de la sérénité quand il atteint sa température de croisière, signifiant que la polarisation en classe AB s’effectue avec une bonne proportion de classe A au repos. Le registre de grave s’avère très consistant et visite les soubassements dans leur globalité. Ce n’est pas l’électronique à transistors la plus ferme qu’il nous ait été donné de tester, probablement à cause de l’absence de contre-réaction et d’une impédance de sortie conséquemment moins basse qu’à l’accoutumée. Néanmoins, c’est ce côté à la fois légèrement onctueux et tout de même articulé qui insuffle de l’authenticité au registre. Le volume virtuel de la contrebasse (piste «My Treasure» par Sinne Eeg, The CD Dali 3) conserve des proportions tout à fait familières. Médium : La proposition sonore de l’AX-5

libère un grand nombre de détails sonores et un excellent suivi harmonique. Malgré une légère matité subjective dans le développement des notes, la justesse des timbres permet de reconnaître sans aucun effort tous les interprètes d’une performance ou la signature d’un lieu. Quel que soit le niveau d’écoute, on ne ressent aucune interférence tonale entre la position du réglage de volume et ce qu’on entend, prouvant si besoin était le bien-fondé du circuit VGT du constructeur. Aigu : La bande passante très étendue dans l’aigu est à l’origine de la palette large de détails qui s’échappent des enceintes. Cette exploration harmonique insuffle une sensation d’aération assez surprenante aux différentes pistes mais bien présente dans l’enregistrement. Si le registre file avec de la douceur, on retrouve cependant la petite matité constatée plus haut dans l’expression des notes. Les extinctions sont un poil plus courtes qu’avec nos électroniques repères, mais la qualité des couleurs fondamentales contribue à donner de la matière et de l’épaisseur à cette région du spectre. Les cuivres de batterie (piste «Animal» par Francis Cabrel) semblent plus percutants que d’habitude, mais leurs vibrations s’éteignent un peu plus tôt, accentuant l’effet de proximité des interprètes. Dynamique : La tenue en puissance de l’appareil et sa très grande stabilité à fort

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AYRE AX-5

L’Ayre AX-5 ne dispose que d’entrées analogiques. Les connecteurs Cardas pour haut-parleurs peuvent recevoir toutes les terminaisons.

niveau d’écoute sont à même de venir à bout de la plupart des enceintes du marché soumises à tous les genres musicaux. Comme la batterie de la piste «Dis-le» (par le groupe Baz-Baz, CD test Cabasse) qui déborde d’énergie à chaque percussion de baguette et de boule de grosse caisse, ou l’entame orchestrale de la Marche de Radetzky dirigée par Nikolaus Harnoncourt avec une attaque collégiale très incisive des instruments. Dans un contexte sonore plus intimiste, l’AX-5 reproduit les plus discrètes inflexions musicales avec une répartition modulatoire précisément déployée sur toute la bande audible. Attaque de note : L’AX-5 nous propose musicalement beaucoup de choses. La vivacité fait partie intégrante de son pedigree et c’est elle qui est responsable de l’ouverture sonore que dégage l’appareil dès qu’il commence à chanter. L’impression de matité que nous ressentions précédemment n’interfère subjectivement pas sur la qualité du dégradé harmonique et in fine sur le réalisme dont est capable l’intégré. Le baryton-basse George London interprétant

SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur Nagra CDP DAC Reimyo DAP-999EX Câbles : Ocellia Signature (S/PDIF) HiFi Câbles Trans AES/EBU III (AES) Van den Hul The Mountain (MOD XLR) Jorma Design n° 2 (HP) Enceintes acoustiques : Pierre-Étienne Léon Alycastre

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«Wahn! Wahn! Überall wahn! » (les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner) semble évoluer dans la pièce d’écoute, la définition de la voix introduit un effet de présence étonnant. La lisibilité sur message complexe est excellente. Scène sonore : C’est le critère subjectif qui interpelle d’emblée et avant les autres quand on commence à écouter l’AX-5. L’espace sonore apparaît vaste et aéré avec des proportions absolument crédibles. Elles diffèrent subtilement de celles de notre système repère, l’impression d’être plus proche de l’interprète confère une présence réjouissante au message, la profondeur moins accentuée ne trahit en revanche pas l’étagement très précis des plans. La largeur de l’image parfaitement stable dépasse allégrement le simple cadre des enceintes qu’on oublie rapidement. Transparence : L’écoute de l’AX-5 a révélé quelques différences sonores par rapport à celle des électroniques de notre système repère mais, dans un cas comme dans l’autre, l’expérience musicale reste intense et implique l’auditeur. Ce qui est certain est le fait que l’Ayre insuffle beaucoup de clarté et d’aération à la restitution. Sa proposition tonale révèle une grande justesse de timbres et un équilibre tonal très satisfaisant. Et la présence qui s’en dégage a quelque chose d’hypnotisant. Rapport qualité/prix : L’appareil est puissant, dynamique, musical, bien construit, bien présenté et emploie quelques techniques inhabituelles parfaitement maîtrisées par le constructeur. C’est un Ayre, et chacun sait qu’un Ayre n’est en général mais à juste titre pas réellement bon marché. Dans l’absolu et selon la tendance qui semble désormais se dessiner, il manque un DAC (même optionnel…) à l’AX-5 pour qu’il puisse jouer à arguments vraiment égaux avec les plus récentes fines fleurs de la catégorie.

VERDICT

Votre serviteur avait découvert Ayre avec le modèle AX-7 E testé en avril 2012. La séduction avait opéré tout comme elle a à nouveau opéré avec l’AX-5. Ce dernier, techniquement supérieur, se révèle aussi beaucoup plus ambitieux sur le plan musical en général, ainsi que sur tous nos critères subjectifs, notamment en termes d’espace sonore et de définition en particulier. Ses performances techniques repoussent très loin les limites de son utilisation qui satisfera les amateurs de tous types de musique. Une électronique sophistiquée, dans l’Ayre du temps.

CONSTRUCTION

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Le tube reste un composant d’actualité sonore. Le constructeur Jadis n’en a jamais douté et nous propose encore aujourd’hui cet intégré I50 à base de tétrodes de dernière génération. Et l’appareil est même équipé d’une entrée numérique. En phase avec son temps.

C

ela fait trente et un ans que la société Jadis a été créée. De la fabrication à l’unité des débuts, l’entreprise dut rapidement s’adapter à une construction en quantités plus élevées après le succès qu’elle rencontra un peu partout dans le monde. Ce succès ne se dément toujours pas aujourd’hui avec une production qui s’exporte en majeure partie. Le catalogue actuel est extrêmement fourni en matériel avec trois sources et de nombreuses électroniques à tubes, dont des convertisseurs DAC, des préamplificateurs, des blocs de puissance et des intégrés. Le I50 est le plus récent des intégrés, qui inaugure quelques nouveautés technologiques.

Bien qu’il soit le fruit des plus récentes réflexions du constructeur de l’Aude, l’intégré I50 a été installé dans un châssis qui respire

KT ET USB

bon l’esthétique Jadis, cette esthétique que le fabricant a adoptée dès la première heure et qui fait toujours rêver les audiophiles du monde entier. Ce châssis (cage et fond) est réalisé dans de l’acier inoxydable poli miroir très épais. La face avant est doublée d’une plaque en métal doré et poli miroir lui aussi, avec sérigraphie noire de toutes les indications relatives au nom de l’appareil et aux commandes. Celles-ci, au nombre de quatre, se déclinent selon la séquence suivante : interrupteur de marche/arrêt puis molettes plaquées or de volume motorisé, de balance et de sélection d’une des cinq sources. Les neuf tubes, les trois transformateurs, conçus et fabriqués chez Jadis, ainsi que quelques éléments de la régulation haute tension (dissipateur et condensateurs) et le bulbe récepteur de la télécommande émergent au sommet du boîtier. Les tubes sont recouverts par une grille de protection amovible maintenue par vissage. On note deux doubles triodes à gain élevé 12AX7 et deux doubles triodes à gain moyen 12AU7EH, puis l’alignement de quatre nouvelles tétrodes chez Jadis : la KT150 d’origine Tungsol Russie, montées en simple push-pull sur chaque voie et

JADIS I50

Au goût du jour

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dotées d’une enveloppe de verre en forme d’œuf qui améliore la dissipation thermique. Les étages de gain et le driver reprennent une configuration classique et similaire aux autres schémas push-pull du constructeur. Le schéma de l’étage de sortie a lui été peaufiné autour des KT150. Capable de frôler les 300 W en pushpull classe AB, le tube a été utilisé par Jadis

dans une autre perspective puisqu’il a été polarisé en pure classe A et dans une zone de fonctionnement très linéaire. Au final, ce sont 50 W de haute qualité par canal qui sont proposés par le I50. L’autre surprise concerne la présence d’une entrée numérique USB compatible 16/48 et donc d’un convertisseur intégré. Ce DAC concentré autour d’un chip CS4398 et d’une puce CM102S pour le décodage USB est de provenance externe afin, comme l’évoque le constructeur, de proposer une solution musicale et moderne sans alourdir le budget final. L’implantation interne adopte le câblage en l’air, une

FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 8 100 euros Dimensions : 485 x 330 x 345 mm Poids : 32 kg Puissance nominale : 50 W en classe A (8 ohms) Entrées analogiques : 4 RCA (ligne) Entrée numérique : 1 USB B (16/48) Sorties : 4 paires de fiches HP (2 en parallèle par canal)

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JADIS I50 institution chez Jadis. L’alimentation à régulation série est filtrée par une cellule à inductance en tête. La connectique hautparleurs offre deux paires de fiches montées en parallèle sur chaque canal.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Jadis fait partie des figures emblématiques du haut de gamme français dans le monde. La marque doit sa réputation aux qualités musicales de ses produits, bien entendu, mais aussi à leur esthétique à nulle autre pareille. Le I50 ne déroge pas à la règle du châssis en inox et du placage or 24 carats qui mêle classicisme et une certaine élégance. Le câblage interne, principalement

réalisé en l’air, ne présente pas tout à fait le même soin que la présentation extérieure. L’implantation reste néanmoins dictée par la recherche du trajet le plus optimal du signal. Composants : L’autre point important d’une électronique Jadis est la qualité de ses transformateurs tous réalisés in situ et calculés précisément aux spécifications requises. Les composants passifs mis en œuvre suivent la même règle que le constructeur s’impose depuis le premier appareil. Ils sont bien entendu de qualité, disponibles sur catalogue et ils répondent aux normes en vigueur. L’arrivée d’une entrée numérique est «la» principale nouveauté de ce modèle qui par ailleurs adopte des tétrodes de dernière génération sur son étage de sortie.

Grave : Contrairement à beaucoup de fabricants qui essaient de tirer un maximum de puissance de leurs électroniques, Jadis a préféré jouer la qualité et la fiabilité. Les 50 W en classe A annoncés pour les KT150 indiquent que les tubes travaillent en régime de croisière, néanmoins leur point de fonctionnement a été optimisé pour qu’ils fonctionnent de manière optimale à l’endroit où ils sont électriquement ancrés. Le registre de grave affiche une bonne santé, il descend bas, très bas même, avec un certain confort mais sans emphase ni tension robotique. La basse synthétique sur «Moonlight on Spring River» par Zhao Cong explore les octaves basses avec un bon niveau et une articulation correcte. Médium : C’est surtout dans cette zone de fréquences que le I50 donne toute la mesure

Le câblage en l’air est une marque de fabrique chez Jadis. Le circuit imprimé sur la gauche est celui du convertisseur numérique. On distingue, à droite, contre le châssis, la self de lissage de l’alimentation haute tension.

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de ses possibilités. Le point de fonctionnement et la polarisation des KT150 en sortie diffèrent de ce qu’on peut trouver sur les produits concurrents, et cela s’entend. Nous n’avons que très rarement entendu des tétrodes en général et ces tétrodes en particulier sonner de la sorte dans le médium. La justesse de timbres est tout à fait excellente, le délié des notes et leur naturel insufflent une grande souplesse et une belle aération au message. Les violons baroques sur «Ha Vinto Amor» interprété par Simone Kermes ont une teneur harmonique très bien documentée. Sur ce test piège, leur sonorité naturelle légèrement âpre ne verse jamais dans l’aigreur ou la verdeur. Aigu : Sur ce registre également, le I50 fait la différence avec une grande majorité de push-pull. En effet, ce genre de circuit, dont on cherche à extraire de la puissance et par conséquent polarisé en classe AB, est généralement affublé d’un aigu légèrement typé dont le filé manque de précision, de lisibilité, tout au moins de la précision et de la lisibilité d’un bon schéma simple étage, éternel repère en la matière. L’intégré Jadis arrive à créer le compromis et nous gratifie d’un haut de spectre d’une grande douceur et au fouillé surprenant y compris à la lecture de fichiers dématérialisés, signe d’une interface USB musicale. Sur «Gotcha» en live par Patricia Barber (fichier WAV 16/44), les sifflantes émises par la chanteuse restent gracieuses et extrêmement lisibles, les cuivres de batterie distillent des sons très fluides, très déliés et très palpables. Le compte harmonique est bon. Dynamique : «Dis-moi comment tu alimentes ton circuit, je te dirai comment il est susceptible de sonner» pourrait être un des dix commandements de l’électronique hautefidélité. Le constructeur a retenu la haute tension régulée pour la très grande stabilité des points de fonctionnement des composants actifs. Flanquée d’une bonne réserve d’énergie en sortie, cette alimentation permet au I50 de maîtriser les appels transitoires avec beaucoup d’aplomb et de sérénité. Les frappes de boule de grosse caisse («Animal» par Francis Cabrel) sont délivrées avec une puissance subjective très crédible. À l’autre extrémité de l’échelle des décibels, les balbutiements de Simone Kermes sur «Ha Vinto Amor» conservent une remarquable intelligibilité. Attaque de note : Sur cette même piste «Animal», les impacts des baguettes sur

La connectique traditionnellement analogique est complétée sur le I50 d’une entrée numérique USB.

la caisse claire claquent avec une grande instantanéité. La peau frappée émet une première sonorité franche. Puis s’établissent les résonances de la caisse, variées, diverses et qui durent dans le temps. C’est le signe d’une excellente réactivité du I50 avec un dégradé harmonique étendu en rangs et correctement amorti en amplitude. Les notes se développent et s’éteignent sans contrainte particulière, le rendu ni crispé ou faussement urgent s’avère assez authentique. Scène sonore : Nous avons été séduits par la présentation spatiale de l’intégré français qui marche sur les traces des amplificateurs à triodes en termes d’aération générale et d’effet holographique. Le piano de Simone Dinnerstein interprétant le largo du Concerto n° 5 de J.-S. Bach prend précisément place légèrement sur la gauche devant l’orchestre. On évalue assez aisément, par la hauteur des notes des instruments qui le composent, la distance en profondeur qui sépare l’orchestre et le piano. L’image très stable s’établit en dehors des enceintes si la partition l’exige. Transparence : Le Jadis I50 est un des intégrés push-pull les plus transparents que nous ayons pu écouter à ce jour. Il propose un équilibre d’une très grande linéarité et une balance tonale particulièrement juste qui place en concordance subjective les deux extrémités de son spectre sonore. Son extrême grave «grand tourisme» est en adéquation avec un extrême aigu qui privilégie le fouillé organique à la chirurgie analytique. On croit vraiment à ce qu’on entend. Qualité/prix : Le prix demandé ne nous a pas semblé exagéré compte tenu de la fabrication artisanale de qualité et française du produit d’une part, et des performances musicales obtenues d’autre part. L’entrée USB ouvre la connectivité du Jadis aux sources d’aujourd’hui. La puissance qu’il délivre lui permet

de piloter la majorité des enceintes domestiques actuelles, donc aucun souci majeur de compatibilité n’est à craindre.

VERDICT

Cela faisait un certain temps que nous n’avions pas eu de Jadis au magazine. Avec le I50, le constructeur fait un premier pas vers l’électronique tout-en-un ou presque. Outre l’esthétique unique de l’appareil dont même les Japonais, audiophiles devant l’Éternel, ne se lassent pas, cet intégré embarque un circuit soigneusement mis au point par l’équipe de Villedubert assorti de la possibilité d’être connecté à un ordinateur. La haute musicalité est au rendez-vous, elle ne décevra ni les aficionados de la marque ni les très probables nouveaux acquéreurs qui seront certainement attirés par un prix somme toute mesuré pour un tel bouquet de qualités sonores. Dominique Mafrand

CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX iMac et iTunes Câbles HiFi Câbles, VDH The Mountain et Leedh Universel Enceintes : Pierre-Etienne Léon Maestral

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Le constructeur français de BC Acoustique vient de commercialiser l’EX-332D, intégré musical et puissant, équipé de nombreux petits plus montrant autant d’optimisations judicieuses dans sa conception.

L

e constructeur français BC Acoustique étoffe sa gamme d’électronique vers le haut, avec une régularité métronomique. Les moyens techniques mis en œuvre lors de la genèse de cet amplificateur ont apporté des résultats probants, d’autant que des améliorations très pertinentes permettent à l’EX-332D d’échapper à un statut figé, puisqu’il est évolutif.

La présentation sobre et esthétique des commandes apporte à cet intégré une petite touche classieuse. Sur la partie de gauche

UN CONCEPT ABOUTI

Puissant et évolutif BC ACOUSTIQUE EX-332D

de sa façade se trouve une touche baptisée « Gain » qui démultiplie la course du potentiomètre motorisé du volume, ce qui peut s’avérer pratique en fonction de la sensibilité des enceintes. Une touche « Direct » insère, le cas échéant, l’EX-332D dans une installation de home-cinéma. Suit un correcteur Baxendall, soit grave à 100 Hz et aigu à 10 kHz sur une plage de ± 10 dB. Ces potentiomètres, éclairés lorsqu’ils sont actifs, s’encastrent dans la façade. L’EX-332D possède quatre entrées ligne à commutation à relais, dont la première fonctionne sous le mode symétrique via une paire d’embases XLR. La quatrième peut se voir attribuer un autre type de source, au moyen d’une carte optionnelle s’enfichant dans un logement accessible au dos de l’appareil : préamplificateur phono, voire d’un DAC haute définition avec entrée USB et d’autres projets à venir. L’EX-332D intègre, d’origine, un DAC équipé d’une interface Cirrus Logic CS8416 et d’un convertisseur Burr-Brown PCM1793 configuré en 48 kHz/24 bits, en aval de deux entrées S/PDIF : une coaxiale et une optique. Le fait de presser la touche DAC sélectionne, en premier lieu, l’entrée coaxiale, en illuminant la commande d’un anneau blanc. Ce dernier passe au rouge lors d’une seconde pression, activant l’entrée optique. L’intégré dispose de deux sorties stéréo du préamplificateur, l’une sur XLR, l’autre sur Cinch. Deux autres sorties

ligne, fonctionnant en mono, sont prévues pour alimenter un ou deux subwoofers actifs. Les bornes universelles de type WBT pour les sorties de puissance sont configurables en mode ponté (ou bridgé), ce qui porte la puissance, en mono, à 400 W efficaces. Les circuits sont disposés de manière rationnelle : le transformateur de 700 VA alimente en double mono les étages de puissance latéraux, montés sur leurs dissipateurs thermiques. Chacune des deux cartes d’amplification met en œuvre un double push-pull de transistors complémentaires, des Toshiba bipolaires 2SC5200/2SA1943, polarisés en classe A jusqu’à 5 W et en AB au-delà. Dans le prolongement du transformateur, on aperçoit les éléments de redressement, montés sur un dissipateur latéral. Le filtrage fait appel à 6 condensateurs de 10 000 µF chacun, secondés par d’autres capacités plus petites. Les signaux de faible amplitude bénéficient de carters de blindage : celui du fond accueille les relais de sélection des entrées et le DAC 48/24. L’autre, situé derrière la façade, abrite le préamplificateur et ses correcteurs de tonalité, le volume motorisé et la sortie de casque. Les optimisations du câblage procurent à l’EX332D un très bon rapport signal sur bruit, pour laisser plus de place à la musique. Justement, il est temps de passer à l’écoute !

LES ETAGES DE GAIN

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Dès l’ouverture du couvercle, on se rend compte du soin apporté à l’élaboration de cet amplificateur intégré. Les signaux de faible amplitude sont à l’abri des perturbations électromagnétiques et radiofréquences, tant par la structure métallique du coffret que par l’ajout de deux caissons : le premier, situé à proximité des connecteurs, protège les commutations à relais des entrées. Le second, installé derrière la façade, remplit son rôle de cage de Faraday pour la section du préamplificateur. Le câblage est exemplaire. Composants : Les composants ont tous été choisis en fonction de leurs performances reconnues, le transformateur

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Une disposition rationnelle et symétrique. Les étages de gain sont montés sur les dissipateurs latéraux. Au centre, le transformateur de 700 VA.

de 700 VA en tête, de même que le découplage dépassant les 60 000 µF. Les composants discrets prennent le pas sur les amplificateurs opérationnels. Les doubles push-pull par canal de transistors bipolaires ne sont pas inconnus dans le domaine du très haut de gamme, sachant qu’ils équipent de nombreux modèles valant plusieurs fois le prix de l’EX332D. Grave : Ce registre fait preuve de fermeté et d’articulation. Il procure au message musical une assise remarquable, avec tout ce qu’il faut de dynamique et de définition. Les boomers sont maintenus de main de maître par les étages de sortie de l’EX332D. Aucun traînage ne se fait sentir et l’écoute donne l’impression que le grave ne possède pas de limite basse, tant il est profond. On ressent là toute la puissance de l’amplificateur. Médium : La fermeté et la dynamique ressenties à l’écoute dans ce qui précède n’altèrent en rien la restitution du médium, tant l’EX332D a de la puissance à revendre. Il se montre, en effet, imperturbable sur les demandes de courant instantané, ce qui garantit la fluidité et la dynamique du registre médium. Le souci du détail prévaut à tout instant, dans la différenciation des différences sources musicales, le respect de l’ambiance acoustique sur les prises de son, notamment les réverbérations des salles de concert. Les voix s’expriment dans une

haute définition et un respect des timbres, dans une authenticité remarquable. Aigu : Le filé que nous avons pu apprécier sur d’autres amplificateurs de la marque se retrouve ici, avec un surcroît d’énergie et de respect du contenu harmonique du haut du spectre, restituant les guitares acoustiques avec réalisme. La richesse du son des cymbales, qu’elles soient martelées ou frappées, démontre à nouveau la rigueur de retranscription des nuances, tantôt évidentes, tantôt délicates, dans un esprit de neutralité satisfaisant, renforcé par une aération que l’on ne rencontre pas si

FICHE TECHNIQUE Origine : France (fabriqué en Chine) Prix : 999 euros Dimensions : 430 x 135 x 400 mm Poids : 18,7 kg Entrées stéréo analogiques : 4 lignes dont 1 sur XLR et 3 sur RCA Entrées numériques : 2 S/PDIF (une coaxiale et une optique) Réponse en fréquence : 10 Hz à 30 kHz (- 0,5 dB) Rapport signal sur bruit : > 110 dB Puissance de sortie : 2 x 120 W (8 ohms), 2 x 200 W (4 ohms), 1 x 400 W (mode bridgé, 8 ohms).

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BC ACOUSTIQUE EX-332D basique et sa modularité, en raison de la présence d’un logement pour une carte optionnelle, renforcent son rapport qualité/prix particulièrement intéressant, sans parler de sa riche connectique et de la possibilité de le ponter en mono…

VERDICT souvent dans cette gamme de prix. Dynamique : Les étages de puissance bien conçus de l’EX332D profitent d’une source d’énergie à toute épreuve, grâce au transformateur de 700 VA et son énorme découplage. Ce choix technique pertinent ne peut que restituer le message musical en lui conservant sa réponse dynamique en toutes circonstances. Les tests effectués, entre autres, avec l’album solo de Roger Waters (Radio K.A.O.S.), démontrent que le BCAcoustique domine la dynamique avec aisance et sans jamais être à court de ressources. Les écarts brutaux de niveau, tant sur le disque cité que sur le «Sound Check» d’Alan Parsons, sont restitués avec spontanéité et naturel. Attaque de note : La conception même de l’amplificateur laissait présager de bonnes attaques de notes. À nouveau, l’EX332D se montre à la hauteur des exigences en se montrant vif et détaillé sans jamais s’essouffler sur les passages complexes de dynamique élevée. Ces attaques de notes facilitent la focalisation des sources dans un espace sonore homogène. Le BC Acoustique réagit avec rapidité et précision, en restituant les enveloppes de chaque événement sonore, tant ceux d’amplitude élevée que ceux de plus faible niveau, avec la même aisance. Scène sonore : Il est souvent possible de rapprocher des aménagements techniques à

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une particularité de la restitution. En principe, presque tout peut s’expliquer. Ici, par exemple, on peut évoquer la puissance de l’alimentation découplée d’au moins 60000 µF qui passe en double mono dès les enroulements secondaires du transformateur. On peut lui associer celle des étages de sortie et un faible taux de contre-réaction : tous les ingrédients majeurs sont donc réunis pour obtenir une scène sonore toute en relief, à l’image de ce qui a été extrait des différents audiogrammes de tests. Le BC Acoustique rend au terme «stéréophonie » cette troisième dimension qu’est la profondeur. Transparence : La justesse de restitution des timbres, le respect de leur contenu harmonique et un suivi de la dynamique remarquable contribuent à cette impression de transparence, de naturel, y compris dans l’image stéréo convaincante de cet amplificateur décidément aussi polyvalent que performant sur le plan de la musicalité, à condition, bien entendu, de lui associer une source et des enceintes dignes de lui, afin de ne pas amoindrir son pouvoir d’analyse. Qualité/prix : Cet amplificateur intégré présente des caractéristiques audio très intéressantes, fruits d’une démarche technique dans laquelle, à l’instar de la restitution, le concepteur a gardé à l’esprit le souci du détail. De plus, sa polyvalence sur la version de base équipée d’un DAC

Le BC Acoustique EX 332D propose un équipement nettement plus cossu que la plupart de ses concurrents dans cette gamme de prix. Il s’appuie sur une conception remarquable et intègre de nombreuses optimisations. Les choix judicieux du concepteur s’illustrent dans les performances générales de l’EX-332D, à commencer par sa musicalité, son aération, sans oublier sa grande souplesse d’exploitation et son caractère évolutif.

AYON STRATOS

CONSTRUCTION

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ATC SCM40

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Enceintes : Pierre-Etienne Léon Maestral Câbles d’enceintes : HiFi Câbles et Compagnie Super Maxitrans 2 Câble audio : XLR HiFi Câbles et Compagnie Double Star

CHORD QBD76 HDSD


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de coût de revient, de taille, de poids ou d’apparence.

ET GRYPHON CREA LE PANDORA…

Présenté au salon High End de Munich en 2011, le Gryphon Pandora est le fleuron des préamplificateurs du constructeur danois. Conception poussée à l’extrême, spécifications techniques exceptionnelles, la réalisation est brillante. Mais au-delà de l’exercice, cette singulière électronique rivalise musicalement avec les meilleurs préamplificateurs de la planète.

L’exception danoise GRYPHON PANDORA

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FICHE TECHNIQUE Origine : Danemark Prix : 28 700 euros Dimensions : 480 x 130 x 400 mm (chaque unité) Poids : 17,5 kg (l’ensemble) Réponse en fréquence : 0,1 Hz – 3 MHz à -3 dB Distorsion : < 0,005 % (1 kHz, 10 Hz – 30 kHz) Impédance entrée : 25K RCA, 50K XLR Impédance de sortie : 7 ohms Entrées : 3 XLR (ligne), 2 RCA (ligne et monitoring) Sorties : 2 XLR (ligne), 1 RCA (monitoring)

e préamplificateur Pandora et son alter ego de puissance, l’amplificateur Mephisto, donne une idée très concrète de ce dont un engineering qualifié et mélomane est capable de réaliser. Conçus comme un couple d’exception comme le furent il y a quelques années l’amplificateur Reference One et les enceintes Poséidon, ces électroniques montrent une fois encore que Gryphon a toujours développé ses produits en marge de la production mondiale. Concevoir mieux, oui, mais surtout concevoir le meilleur. Comme le Pandora et le Mephisto pour lesquels les ingénieurs danois ont eu le privilège et le luxe de pouvoir concevoir un ensemble d’électroniques sans aucune considération

L

Création de Zeus, Pandora fut la première femme sur Terre dans la mythologie grecque et fut ainsi dotée de tous les talents. Le nom repris par Gryphon pour son préamplificateur semble vouloir indiquer que l’appareil propose ce qu’on peut trouver de mieux aussi bien en termes techniques que musicaux. Au commencement furent donc séparées les alimentations et les circuits audio, meilleur moyen de supprimer les interférences que les alimentations pourraient induire dans les étages audio. Et quitte à aller jusqu’au bout, le constructeur fidèle à sa tradition du schéma symétrique a également séparé le canal droit du canal gauche, cordon secteur y compris (soit deux cordons secteur par appareil). Les phénomènes d’intermodulation et de diaphonie sont considérablement atténués pour une meilleure séparation des canaux. Puis fut mise au point une topologie symétrique travaillant en pure classe A en utilisant des étages ultra-transparents et ultra-réactifs comme le buffer d’entrée qui consiste en une paire de transistors et une simple résistance, et en y intégrant des composants de la plus haute qualité comme les résistances de haute précision CAR (pour Charcroft Audio Resistor) pour le contrôle de volume. Ces résistances mettent en œuvre la technologie Vishay Z-Foil à film métallique nu, sans boîtier ni encapsulage d’aucune sorte, qui a pour effet de considérablement diminuer la distorsion et d’améliorer la définition, notamment sur petits signaux. L’absence de contre-réaction négative n’empêche nullement le Pandora d’afficher une bande passante de 3 MHz. Le couplage est direct de l’entrée jusqu’à la sortie du préamplificateur avec un asservissement

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GRYPHON PANDORA

de contrôle de présence de tension continue. Tout cet arsenal technologique n’aurait eu que peu de sens sans une alimentation à la hauteur. Ainsi fut-il. Outre le transformateur à circuit magnétique réalisé sur cahier des charges, à circuit magnétique double-C et enroulements imprégnés, un redressement par diodes Schottky et une batterie de filtrage symétrique capacitif de 90 000 µF sur chaque canal, la tension est ensuite régulée avant d’être adressée au châssis audio par ombilic dédié. Un châssis accueille les alimentations, un autre les étages audio. Tous deux reposent sur deux pieds et deux pointes pour un découplage optimum. D’esthétiques identiques, ils sont un assemblage de plaques d’aluminium

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extrudé et anodisé noir, la face avant reçoit une épaisse plaque en méthacrylate teinté, à rétroéclairage réglable en intensité et à commandes tactiles sur le boîtier audio. L’architecture interne est physiquement symétrique. Les composants sont installés sur un unique circuit imprimé au sein de chaque châssis. La connectique audio est directement soudée sur la carte pour éviter tout câblage générateur de parasites. L’alimentation ne compte pas moins de quarante-quatre condensateurs de filtrage par voie, par ailleurs une temporisation est activée à la mise en service qui permet aux différentes tensions de se stabiliser. La section audio dévoile l’utilisation de très nombreux relais étanches à contacts plaqués or pour le système d’atténuation de volume à 85 pas contrôlé par

très haut de gamme est toujours un grand moment de plaisir. En général, un appareil digne de cette appellation transfigure la restitution en y insufflant un degré supplémentaire de réalisme et de crédibilité sur tous les critères habituels d’évaluation, fussent-ils les nôtres ou ceux de n’importe quel mélomane, averti ou pas. Le Pandora s’inscrit dans ce cercle très fermé des préamplificateurs d’exception (une dizaine tout au plus) qui explorent avec une aisance et une précision déconcertantes chaque piste, chaque note, chaque harmonique de la plus infime modulation jusqu’aux transitoires les plus telluriques. Le grave notamment fait preuve d’un tonus, d’une fermeté et d’une rapidité tout à fait remarquables. Si la piste contient des informations dans les premières octaves (introduction à l’orgue sur « Julsang », CD Cantate Domino), les modulations du signal à très basse fréquence, les pulsations de l’air sont beaucoup mieux ressenties qu’avec la quasi-majorité des préamplificateurs du marché. Plutôt qu’un registre reproduit comme on mâche un shamallow, ce sont des soubassements très articulés et très profonds que le Pandora est capable de restituer. Médium : La proposition tonale du Pandora est absolument savoureuse. Nous serions tentés de dire qu’elle s’inscrit quelque part entre l’aération et la souplesse des tubes, d’une part, et la précision analytique et la rigueur des transistors, d’autre part. Fondamentalement, on est très près d’un

microprocesseur. Ce dernier traite l’information envoyée par le positionnement de la superbe molette centrale très onctueuse à manipuler. Une télécommande à infrarouge duplique entre autres ce réglage.

symboles s’illuminent en face avant « audio » et vont permettre sans télécommande d’utiliser le préamplificateur par appui tactile. Outre la sélection des sources, la mise en sourdine et l’activation de la sortie « monitoring », on note une touche « Menu » qui permet de régler et de programmer certaines fonctions propres à l’appareil. Les modifications et les déplacements dans le menu s’effectuent par l’intermédiaire des autres touches et de la molette de réglage de volume. On pourra ainsi attribuer un nom à chaque entrée, régler un niveau maximum de volume qui ne sera jamais dépassé ou un niveau minimum qui sera automatiquement ajusté à chaque allumage du Pandora, régler la balance, prédéfinir pour chacune des entrées un niveau correspondant à la source raccordée, assigner l’entrée 3 à une application home-cinéma avec by-pass des étages de pré-amplification du Pandora, changer l’intensité du rétroéclairage ou retourner aux réglages d’usine. Enfin, le préamplificateur dispose également d’une fonction Green Bias qui va lui permettre, une fois raccordé par la liaison Green Bias Link à un amplificateur Gryphon compatible, de contrôler selon trois niveaux la polarisation en classe A des étages de sortie de l’amplificateur afin de réduire sa consommation électrique et sa dissipation. La position de la molette de volume définit la polarisation de l’amplificateur afin d’optimiser le courant de repos en fonction de la demande musicale.

La mise sous tension s’effectue par un interrupteur situé sous la face avant du châssis d’alimentation une fois que les trois ombilics (un pour les signaux de commande, deux pour l’audio) ont été raccordés. La mise en veille ou en stand-by est opérée en appuyant sur la face avant tactile du boîtier audio. Après une période de temporisation (clignotement d’un voyant et du logo Gryphon sur l’alimentation), le Pandora est opérationnel. Plusieurs

Le châssis audio (tout comme le châssis alimentation) scinde le canal gauche du canal droit très distinctement. On a en réalité deux circuits totalement séparés, ce qui se voit par la disposition symétrique de la connectique en face arrière.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Les électroniques Gryphon font partie des réalisations les plus abouties qu’on puisse se procurer actuellement. Le Pandora ne faillit pas à cette règle et la proposition en deux boîtiers s’aligne sans problème sur les standards les plus ambitieux du moment. Cette configuration vise à isoler totalement les sections audio de l’alimentation pour bannir la moindre interférence mutuelle. L’utilisation quasi exclusive de l’aluminium assure un blindage très efficace vis-à-vis de l’extérieur tout en offrant une esthétique très futuriste exacerbée par la mise en place d’une épaisse plaque en métacrylate teinté en face avant des deux châssis. Le travail interne est superbe avec une architecture double mono depuis la fiche secteur (une par voie) jusqu’aux étages de sortie. Composants : Pas de doute, le constructeur n’a effectivement pas imposé de limites dans le choix des composants qui équipent son préamplificateur. Entre des alimentations utilisant des transformateurs à circuit magnétique double C, un filtrage intensif par plusieurs dizaines de condensateurs, l’emploi de résistances japonaises Takman et britanniques de précision Charcroft Z-Foil ou des relais étanches de commutation à contacts plaqués or, on reste impressionné par autant de qualité. Grave : L’écoute d’un préamplificateur de

GREEN READY

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GRYPHON PANDORA

SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur Nagra CD-P en drive DAC Reimyo DAP999-EX Bloc stéréo FM Acoustic F-30B Câbles : Purist Audio Design (mod et HP) Van den Hul The Mountain (mod) Enceintes : Pierre-Etienne Léon Maestral

certain idéal sonore avec une très grande justesse de timbres et un dégradé harmonique remarquable, notamment sur les fins de notes (cordes de la pipa sur la piste « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong). La grande densité de couleurs et d’informations tonales améliore le relief et la texture du message, les instruments sonnent bien plus vrais qu’à l’accoutumée, les voix semblent plus incarnées, l’impression de présence intensifiée et le détourage des sources beaucoup plus précis. Aigu : Les spécifications du Pandora annoncent purement et simplement que la bande passante dépasse allègrement le mégahertz. Pourtant nous n’avons jamais eu à nous plaindre d’un registre d’aigu insistant ou trop brillant. C’est justement tout l’art de la conception d’un préamplificateur de référence. Reproduire

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au plus près tout le contenu musical d’une piste ou d’un sillon sans retrancher ni ajouter quoi que ce soit. Etre capable de reproduire le mégahertz en toute décontraction permet donc au Pandora de restituer le 20 kHz en roue libre. Le registre d’aigu et d’extrême aigu du Gryphon est probablement un des plus fins, un des plus ciselés, un des plus subtils qu’une électronique à transistors puisse délivrer. Par ailleurs, on est réellement épaté par la matière et le contenu harmonique que le Pandora extirpe à ces fréquences. Dès la frappe initiale, les percussions (« Moonlight on Spring River ») sont reproduites avec une palette extrêmement variée de sonorités entremêlées (fondamentale et harmoniques de la matière en vibrations) qui s’éteignent sans qu’aucun écart de modulation ne paraisse gommé ou voilé. On apprécie ces extinctions qui n’en

finissent pas et qui confèrent un inhabituel réalisme au message. Superbe ! Dynamique : S’il est épaulé par des maillons de haut niveau, le Pandora fera profiter l’ensemble du système de ses capacités dynamiques fulgurantes. Sans même parler de la réserve d’énergie quasi illimitée du Gryphon qui dispose de banques de condensateurs à faire pâlir pas mal d’amplificateurs de puissance concurrents, l’appareil reste sous contrôle et aux ordres du signal audio. Il sera donc capable de reproduire n’importe quel écart dynamique, micro ou macro, en pure harmonie avec le contenu musical. Il n’est pas du genre démonstratif, à faire vrombir la mécanique en dépit du bon sens et de la réalité. En revanche, quand il faut appuyer sur le champignon, ça pousse très fort ! L’introduction du tambour solo puis l’envol de l’orchestre sur la Marche de Radetzky

ont très rarement atteint un tel degré de véracité grâce aux écarts de modulation incroyablement extrêmes de tous les instruments. Attaque de note : Circuit en liaison directe de bout en bout, bande passante de folie, on pouvait attendre du Pandora qu’il soit irréprochable également sur le plan de la réactivité. Nous n’avons absolument pas été déçus. En vérité, le Pandora est aussi vif que l’éclair et décline un rendu harmonique de premier ordre jusque dans des rangs très élevés. Il est si rapide et si précis dans son analyse qu’il devient possible de virtuellement voir et repérer devant soi tous les protagonistes d’une performance musicale aussi complexe soitelle. Le détourage exceptionnel permet de pointer du doigt chacun d’entre eux. Loin de tout artifice démonstratif, cette faculté de restituer tous les détails va permettre au système accueillant le Pandora de trouver un nouveau souffle et de s’exprimer avec plus de crédibilité. Scène sonore : En toute logique et conséquemment au constat précédent, la proposition de scène sonore du préamplificateur danois bénéficie de ses capacités à fouiller en grande profondeur le message musical dont il puise à la fois des informations fondamentales (timbres, rythme, bande passante, etc.) et secondaires (bruits d’ambiance, résonances, etc.). Si les premières sont capitales pour apprécier une interprétation,

par exemple, les secondes sont primordiales pour recréer un espace sonore proche de celui de la performance originale et pour éventuellement sublimer la compréhension d’une œuvre (durée ressentie d’une extinction de note par exemple). La Pandora excelle dans les deux cas. Qu’il s’agisse d’une création de studio (« Locked in Closets » par Solange, CD True) ou d’une orchestration « live » (« Gotcha » par Patricia Barber, CD A Fortnight in France), l’appareil vous plonge illico dans l’atmosphère de chaque piste avec une peinture tonale très précise et très documentée de l’ambiance du moment. Transparence : Sans aucun doute un des plus transparents et des plus neutres préamplificateurs disponibles à ce jour, toutes technologies confondues. Il serait présomptueux d’émettre la moindre réserve sérieuse après avoir écouté en long et en large le Pandora dont l’énorme potentiel qualitatif de restitution ne mérite que les meilleurs maillons. Rapport qualité/prix : Avec une étiquette de prix approchant les 30 000 euros, nul doute que le Pandora ne trônera pas sur toutes les étagères. Il se compare aux meilleurs préamplificateurs du moment qui affichent un tarif tout à fait similaire. Le choix final du mélomane heureux qui pourra s’offrir ce magnifique jouet sera affaire de goût et de couleur. Esthétique unique, conception sans autre considération que d’aboutir au meilleur,

composants de tout premier ordre, spécifications hors normes et musicalité exceptionnelle. Les atouts du Pandora sont nombreux.

VERDICT

Nous vivons de temps à autre de grands moments de haute-fidélité. C’est ce que nous avons vécu avec le préamplificateur Gryphon Pandora, malheureusement inaccessible au commun des mélomanes. L’apport subjectif qu’un appareil de cette classe apporte à un système est très sensible avec une amélioration globale de l’écoute qui vous fait pénétrer dans un autre monde musical. Cette performance rare et convoitée est la conséquence directe d’une conception extrêmement rigoureuse et brillante de la part d’un fabricant qui n’en est plus à son coup d’essai. Une nouvelle référence est née.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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sans objet

Deux fiches secteur sur l’alimentation signifient deux circuits d’alimentation séparés comme on peut le voir sur la photo de gauche. Notez les transformateurs à circuit magnétiques en double C et la quantité phénoménale de condensateurs.

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ELECTRONIQUE

ELECTRONIQUE

rappelées par des leds sur la partie gauche de la façade. Celle de l’USB est verte, mais elle passe au rouge lorsque le HD120 se verrouille sur un signal entrant. Elle vire au bleu en cas de synchronisation avec une source en Bluetooth. On aperçoit le radome protégeant son antenne, au dos de l’appareil. En dépit de sa compacité, l’amplificateur délivre 2 x 60 W sous 8 Ω. Il est possible de le ponter, au moyen d’un petit commutateur et d’un câblage externe spécifique. Ainsi l’ampli stéréo devient un bloc mono de 150 watts. Une led verte, installée en façade rappelle cette configuration. Il dispose d’une entrée ligne stéréo sur Cinch et de quatre borniers universels de bonne facture pour le raccordement aux enceintes.

LE MA100

Hormis les pavés numériques et un autre circuit intégré agissant sur la logique des commandes, à distance ou pas, le HD120 ne contient que des composants discrets. Son alimentation fonctionne au moyen de trois transformateurs. Le plus petit (gris) étant dévolu à la logique de commande et aux circuits numériques, tandis que les deux noirs alimentent les circuits analogiques en double mono. Le découplage total dépasse les 12 000 µF, répartis dans la pléthore de condensateurs électrochimiques jouxtant les transformateurs. On découvre, comme d’ordinaire chez Atoll, des circuits de régulation à transistors, contre quelques rares régulateurs intégrés, afin de soigner la dynamique et le rapport signal sur bruit. Les circuits audio sont alimentés en symétrique, sous ± 30 volts, fait rare pour être souligné. Le MA100 travaille en symétrique sur ses étages de gain. Les transistors de puissance, deux MosFet complémentaires par canal, de chez International Rectifier (IRFP 150 / IRFP9140) sont montés sur de larges dissipateurs chargés d’évacuer leurs calories superflues via les ouïes du couvercle. De nombreuses protections fiabilisent l’amplificateur. Les dix premiers watts par canal sont polarisés en classe A. Au-dessus, le MA100 passe en classe AB.

UN PEU D’ELECTRONIQUE

ATOLL HD120 & MA100

La musicalité L abordable

Atoll propose une large gamme d’électroniques qui se maintient dans des prix réalistes. La firme normande vient de commercialiser des produits taille midi de toute beauté, à un prix très compétitif. 124

e préamplificateur, DAC et amplificateur de casques HD120 succède au HD100. Ses concepteurs lui ont adjoint un amplificateur de puissance, possédant la même largeur de coffret de 32 cm. L’ensemble forme une petite chaine (par la taille seulement) qui ne manque pas d’atouts !

Ce préamplificateur en fait plus qu’il ne le laisserait penser, de prime abord. Il dispose de six entrées : deux analogiques sur

LE HD120

Cinch, et quatre numériques : optique, coaxiale, USB et… Bluetooth, cette dernière constituant une nouveauté par rapport au HD100. Autre innovation, toutes les entrées (excepté le Bluetooth) acceptent désormais le format PCM en 192 kHz / 24 bits, grâce à la présence d’un processeur XMos qui gère les signaux se présentant au port USB. Tout l’analogique est polarisé en classe A, un point fort pour l’amplificateur de casques intégré. Les deux sorties Jack 6,35 mm, connectées en parallèle exploitent tout type de casque électrodynamique, grâce à leur impédance de seulement 1 Ω. Le potentiomètre de volume ALPS est motorisé : on peut donc le piloter via la télécommande optionnelle. La sortie ligne reprend le standard Cinch. À droite des embases Jack, deux poussoirs agissent sur la sélection des sources,

FICHE TECHNIQUE Origine : France Préamplificateur / DAC / ampli casques HD120 Prix : 750 euros Dimensions : 320 x 60 x 220 mm Poids : 2,5 kg Entrées stéréo analogiques : 2 sur RCA Entrées numériques : 2 S/PDIF (une coaxiale, une optique), 1 USB, 1 Bluetooth Sorties stéréo : 1 RCA, 2 sur Jack 6,35 mm (casques) Réponse en fréquence : 1 Hz à 150 kHz Temps de montée : <3 µs Rapport signal sur bruit : > 100 dB A Impédance d’entrée : 220 k Taux de distorsion + bruit à 1 kHz : 0,01 % Puissance casque nominale / impulsionnelle : 1,4 W / 6,8 W sous 32 Impédance de sortie casques : 1 Amplificateur MA100 Prix : 400 euros Dimensions: 320 x 30 x 230 mm Poids : 4 kg Entrées stéréo : 1 RCA, Sorties : 2 paires HP sur borniers universels Puissance de sortie : 2 x 60 W (8 ), 2 x 80 W (4 ) Puissance en mode ponté (mono) : 150 W (8 ), 165 W (4 ) Puissance impulsionnelle : 100 W Réponse en fréquence : 5 Hz à 200 kHz (à -3 dB) Temps de montée : 2 µs Rapport signal sur bruit : 100 dB Taux de distorsion : < 0,05% à 10 watts Il puise de l’énergie dans son alimentation basée sur un transformateur torique de 170 VA, un pont de diodes et plus de 16 000 µF lissant une tension symétrique de ±50 volts. Ces deux nouveaux Atoll reprennent les standards de la marque, à savoir une fabrication irréprochable, simple, efficace et fiable.

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ELECTRONIQUE

ATOLL HD120 & MA100

FABRICATION ET ECOUTE

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur NAGRA CDP Serveur Apple Câble HiFi Câbles et Cie Trans AES/EBU III (AES) Liaisons ligne Van den Hul Mountain Câbles de puissance HiFi Câbles et Cie Super Maxitrans 2 Enceintes Pierre Etienne Léon Alycastre

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Construction : Les coffrets de 32 cm de large sont réalisés en acier suffisamment épais (1,5 mm) pour garantir une bonne rigidité, même couvercle ouvert. Les faces avant en aluminium de 4 mm présentent une belle finition, disponible en naturel ou en noir anodisé. Ces produits abordables bénéficient du savoir faire de la marque et l’on ne peut rien reprocher à leur construction. Composants : Les composants discrets sont à l’honneur, tant dans le HD120 que dans le MA100. La plupart des circuits de régulation emploient aussi des transistors. Le découplage est conséquent, en particulier sur le préampli / DAC / ampli casque qui contient pas moins de trois alimentations. L’amplificateur bénéficie d’une structure différentielle. Une paire de transistors MosFet par canal de la série IRF, montés sur dissipateurs, génère la puissance de sortie.

La réalisation interne des deux maillons est splendide et rationnelle. Grave : Ce registre met en valeur bien plus sa tension et son articulation que son ampleur ou sa profondeur, même si ces deux paramètres sont bien présents : le registre grave fait preuve d’une belle linéarité, et restitue de nombreux détails. Sur des enceintes à la linéarité reconnue, l’amplificateur MA100 dévoile une précision peu commune dans cette gamme de prix. Médium : Si ce registre est particulièrement vivant, il s’inscrit dans la continuité de ce que l’on a perçu dans le registre grave. Sa fluidité surprend dans le registre médium, tout autant que son absence totale de coloration parasite. La différentiation des timbres dans ce registre habituellement complexe montre la maîtrise du constructeur dans ce domaine, que ce soit en exploitant le MA100, ou en utilisant les sorties casques du HD120. Aigu : Le haut du spectre conserve une excellente homogénéité avec les deux autres registres qu’il complète, avec une belle constance dans la définition, sans jamais tomber dans l’agressivité. L’album “Animals” de Pink Floyd, récemment remastérisé, présente quelques passages assez vifs, voire déroutants, à la premier écoute, surtout lorsque l’on peut les comparer avec ceux de la version originale. Les Atoll, sur ce test, restituent les timbres sans jamais verser dans l’agressivité ou la caricature.

Dynamique : L’une des spécialités d’Atoll (et elles sont nombreuses) réside dans l’emploi quasi systématique des composants discrets, ce qui leur évite les limitations de caractéristiques produites par la plupart des amplificateurs opérationnels du commerce. Les pianissimi conservent le même sens du détail que les fortissimi, plus faciles à restituer. Cette dynamique déploie un suivi remarquable du message musical. Attaque des notes : Les facultés de restitution des détails et le suivi dynamique dignes d’appareils nettement plus onéreux s’associent dans le respect des sons transitoires exprimés, à l’image des audiogrammes joués. Les Atoll ne manquent pas de coffre, et ne s’écroulent pas en dynamique sitôt les attaques de notes passées. Ce pouvoir d’analyse contribue à la musicalité de l’ensemble. Scène sonore : Les tests des trois types de studios de prise de son, donnent satisfaction, que ce soit la grande salle de concert accueillant un orchestre symphonique (œuvre “Gogol Suite” d’Alfred Schnittke), le club de jazz nettement plus intimiste (Patricia Barber “A Fortnight in France”) et le petit studio d’enregistrement (Ted Hawkins, “The Next Hundred Years”. En effet, on perçoit aisément les changements d’acoustique de salle, d’un album à l’autre, restituée avec naturel, y compris dans la profondeur. Transparence : Le HD120, sur ses sorties ligne et casques, et tout autant le MA100, comme nous l’avons vu dans les tests d’écoute qui précèdent, se distinguent par la justesse de leurs timbres, leur respect de la dynamique et des attaques, ainsi qu’une restitution scrupuleuse de la scène sonore. Cet ensemble, bien articulé dans le registre grave et fluide sur le reste du spectre, propose un savant équilibre musical. Qualité / prix : Ces éléments Atoll sont

proposés à des prix raisonnables. Le HD120 coûte près du double du prix du MA100, mais il intègre préamplificateur, DAC et ampli de casque. L’amplificateur possède de nombreux atouts, notamment pour le temps de montée, la puissance et la possibilité de le ponter en bloc mono. Pour le prix raisonnable de chaque élément à part ou pour l’ensemble, on en a vraiment pour son argent, tant pour l’ergonomie que pour les performances musicales.

pense notamment aux six entrées dont une USB 192 / 24 et deux analogiques, au volume télécommandable, à l’impédance de sortie de seulement 1 Ω pour les casques, sans oublier l’amplificateur de puissance MA100 fonctionnant en classe A jusqu’à 10 watts. Atoll n’a rien laissé au hasard et a trouvé les meilleures solutions sur les aspects techniques, esthétiques, ergonomiques et surtout musicaux. Un grand bravo ! Philippe DAVID CONSTRUCTION

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VERDICT

À nouveau, Atoll étonne par la pertinence des produits. Cette fois, il s’agit de maillons de taille réduite, une particularité qui ne se fait pas sentir à l’écoute. Chaque élément a été judicieusement pensé et optimisé. On

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D L’époque est à l’intégration de l’amplification et de la conversion. Mise en œuvre simple, peu de câbles et prix bien plus serré que des éléments séparés. Il manquait au catalogue du constructeur d’Illkirch ce type d’électronique. C’est chose faite avec ce nouvel intégré qui reprend l’architecture interne du 270 associée à un DAC maison doté d’une entrée USB.

isponibles en versions Init et Elsberg dans la gamme Prestige, les électroniques 270 et 370 se voient désormais proposées avec le suffixe Init Inclusive, signifiant qu’elles embarquent dans leur châssis un convertisseur numérique vers analogique peaufiné par Denis Hausherr, créateur de la société et de la marque Icos. Elles deviennent ainsi les premiers intégrés Icos à répondre objectivement à une demande du public pour des appareils tout-en-un

simples, musicaux et capables de dialoguer avec un ordinateur.

SIGNAL AUDIO EN DIRECT

Le 270 Init Inclusive est installé dans un châssis à berceau et capot en tôles d’acier. Les parois collées sont en médium peint en noir mat et la face avant en aluminium extrudé anodisé noir. Celle-ci est équipée d’une fenêtre dotée de la molette de volume et de 7 poussoirs à impulsions dont l’un agit sur la mise en service des entrées analogiques ou des entrées numériques. Ces choix sont dupliqués par la

Le chaînon manquant ICOS 270 INIT INCLUSIVE

télécommande fournie. La face arrière déploie la connectique qui se complète sur ce modèle Inclusive d’une section numérique. À noter la présence de RCA «Vidéo» dont une entrée fixe qui permet d’utiliser l’appareil en ampli de puissance (volume bypassé) et une sortie réglable qui permet de contrôler un amplificateur externe. Le 270 Init Inclusive reprend une topologie de schéma analogique Icos qui rend unique les circuits du fabricant. Il n’y a pas de condensateur sur le trajet du signal depuis l’entrée jusqu’à la sortie. Le préampli à composants discrets n’utilise que deux jonctions semi-conductrices et travaille en classe A. L’ampli qui travaille en classe AB comporte un total de quatre jonctions semi-conductrices. Les deux paires complémentaires de transistors bipolaires Darlington par canal sont montées sur une équerre très épaisse en aluminium. Fixée au châssis, elle forme avec celui-ci un efficace dissipateur thermique. L’alimentation fait également l’objet d’une attention particulière. Elle dispose d’un énorme transformateur torique de 500 VA suivi d’un redressement à double pont diodes ultrarapides à faible recouvrement et d’une banque conséquente de condensateurs de stockage. Le préamplificateur dispose d’une stabilisation individuelle supplémentaire et d’un filtrage par capacités à faible impédance. Les entrées haut niveau sont commutées par

relais à contact or sur béryllium directement sur le potentiomètre motorisé de volume Alps. Le DAC est installé sur un circuit imprimé monté au dos de la connectique USB et optique. Ses étages numériques comme analogiques de sortie sont alimentés individuellement. Chaque fonction dispose de son circuit. Le signal sortant du récepteur USB est reformaté puis transite par un transformateur d’isolation. Le traitement de cette entrée a été optimisé pour la lecture de fichiers natifs 16 bits jusqu’à 48 kHz. Le récepteur de données PCM travaille de pair avec un rééchantillonneur asynchrone en 32/192 à partir d’une horloge à très faible jitter. Le DAC (chip PCM1795) travaille en 32/192. Ses sorties symétriques en courant sont converties en tension par des amplis vidéo ultrarapides avant d’attaquer l’étage de sortie à impédance très basse.

FABRICATION ET ECOUTE

Nous avons procédé à des écoutes en alternant entre les entrées de type ligne analogique et les S/PDIF et USB numériques à partir de pistes disponibles en CD (sorties analogique et S/PDIF de notre lecteur) et en fichiers 16/44. L’appareil a été mis en température après une journée complète de fonctionnement. Construction : On ne change pas une stratégie technique qui fonctionne. Le fabricant a repris la structure de châssis à matériaux multiples (acier, aluminium et bois) dont les densités différentes créant ainsi un piège pour les vibrations qui ne se propagent pas.

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FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 5 100 euros Dimensions : 445 x 145 x 310 mm (hors tout) Poids : 9 kg Puissance nominale : 2 x 80 W (8 ohms) Réponse en fréquence : DC – 100 kHz Rapport signal sur bruit : > 100 dB pondéré Distorsion : < 0,03 % (20 Hz à 20 kHz) Entrées analogiques : 3 RCA niveau ligne (500 mV, 12 K), 1 RCA phono MM (5 mV, 47 K), 1 RCA « Vidéo » (fixe 1,5 V, 12 K) Sorties analogiques : 1 RCA monitoring, 1 RCA « Vidéo » (après volume 300 mV, 12 K), 2 paires de fiches WBT 0710 plaquées or Entrées numériques : 2 RCA S/PDIF (24/192), 2 optiques Toslink (24/192), 1 USB (optimisée 16/48)

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ICOS 270 INIT INCLUSIVE SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur Nagra CDP iMac et Pure Music Câbles : Van den Hul Ultimate (USB) Ocellia Signature (S/PDIF) Jorma Design n° 2 (mod et HP) Gigawatt (secteur) Enceintes acoustiques : Pierre Étienne Léon Alycastre

La carte DAC est perchée au-dessus de la carte principale, juste au dos de la connectique numérique. Les câbles de sortie torsadés, de couleur rouge, transitent au travers de deux relais de protection (visibles à gauche du potentiomètre).

L’implantation interne à composants discrets respecte la logique du trajet court et du câblage minimum. Composants : Pas de révolution technologique mais un choix raisonné et maîtrisé de circuits analogique et numérique. Le convertisseur de cette évolution Inclusive adopte une philosophie identique à celle des célèbres Dactablette Icos complétée d’une entrée USB 16/48 de série. Composants discrets à tous les étages analogiques répartis le long d’un schéma à faible nombre de jonctions, gage de plus de fidélité et de plus de transparence. Le transformateur qui occupe le quart du volume interne est très largement dimensionné. Grave : À l’évidence, le 270 Init Inclusive rappelle immanquablement notre 260 Init avec toutefois une dimension supérieure dans le traitement du registre. L’assise et la

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matière du grave sonnent d’une façon plus consistante, mêlant fermeté et souplesse à la fois. L’articulation des notes ne se brouille pas à bas niveau d’écoute. L’extension vers les soubassements s’effectue avec un contrôle efficace des haut-parleurs de nos Alycastre notamment à partir de l’entrée S/PDIF. Médium : Le schéma d’amplification Icos marque beaucoup de points sur ce critère. L’écoute des trois entrées aboutit au constat simple que le 270 Init Inclusive distille des timbres très justes sans aucune sensation de projection ni de dureté. Nous avons été particulièrement séduits par l’entrée USB dont la proposition tonale même issue d’un fichier 16/44 véhicule une saveur analogique tout à fait inattendue. Aigu : L’étendue dans les fréquences élevées de la bande passante de l’intégré laissait présager d’un aigu très filé et très

détaillé. La restitution à partir d’une entrée analogique dépend essentiellement du signal entrant et l’excellente neutralité du Icos n’enlève rien au caractère de la source. L’entrée USB propose un aigu charnu et soyeux (cuivres ciselés et épais, piste « Gotcha » en fichier 16/44) là où l’entrée S/PDIF parcourue du même morceau issu de notre drive perd un peu de l’authenticité du message par une analyse harmonique très fouillée et ultra-aérée. Dynamique : Après quelques minutes d’écoute, le sentiment est que cette électronique très vivace paraît subjectivement plus puissante que ce qu’indique la fiche technique. De plus, elle dévoile une très grande stabilité vis-à-vis des enceintes qui n’ont pas la nécessité absolue d’être hautement sensibles. Les impacts de la boule frappant la grosse caisse (piste « Animal », CD Sarbacane

de Francis Cabrel) évacuent une dose d’énergie dont la générosité grimpe avec le traitement numérique effectué après l’entrée S/PDIF. Attaque de notes : Nous évoquions plus haut le mélange de fermeté et de souplesse de l’appareil. Le 270 Inclusive séduit par ses facultés d’analyse qui mêlent définition et douceur. L’électronique est alerte et rapide sans chercher à en faire trop, évitant ainsi de tomber dans l’excès de sécheresse et de matité. La déclinaison harmonique s’attache à donner du corps et de la familiarité tonale aux notes. Scène sonore : L’appareil dresse une scène sonore parfaitement crédible. Nous n’avons logiquement pas obtenu la même ampleur et la même perspective spatiale selon l’entrée utilisée. Le travail en dématérialisé via l’entrée S/PDIF affiche un côté spectaculaire par l’abondance de détails sonores qui parfont l’illusion d’y être. Plus expressive dans le ressenti, l’entrée USB joue la carte du charme et de la sincérité par sa restitution plus pulpeuse. Quel que soit le type de signal entrant, la netteté de la focalisation accentue l’effet de présence des interprètes plus proches de l’auditeur qu’à l’habitude. Transparence : Icos fait partie des constructeurs d’électroniques dont nous

apprécions la transparence, entendez par-là la neutralité, la vivacité et l’effacement devant la musique. Pas de signature propre, pas de redondance tonale d’une piste à l’autre mais bel et bien une lecture unique et distincte de chaque partition. Les entrées S/PDIF dévoilent incontestablement un plus grand nombre de microdétails alors que l’entrée USB paraît plus charnelle. En peinture, on pourrait évoquer l’hyperréalisme et l’impressionnisme. Rapport qualité/prix : Nous avions effectué il y a quelques mois un comparatif d’intégrés autour de 5 000 euros, et ce que nous avons obtenu avec le 270 Init Inclusive nous fait regretter de ne pas avoir pu l’insérer dans ce groupe. Car l’Icos est techniquement et musicalement paré pour se comparer à plus puissant et à plus ambitieux que lui sur le papier. La fabrication qui emprunte aux habitudes du constructeur ne répond plus totalement aux canons esthétiques actuels. Cependant, la maîtrise technique des schémas, l’intégration d’un DAC et la qualité de l’écoute justifient le prix demandé.

VERDICT

Nous avions raccordé le Icos 270 Init Inclusive la première fois, quand nous

l’avons reçu, après une séance intensive d’écoutes en compagnie d’autres électroniques. Dès les premières mesures émises par l’Icos pourtant froid, ce fut la surprise, la bonne surprise d’une restitution pleine, bien timbrée et vivante. Cet intégré prouve qu’une ligne de conduite technologique parfaitement réfléchie et implémentée avec des composants certes triés mais disponibles sur catalogue permet de proposer des électroniques de la plus haute musicalité, à l’image de ce 270 Init Inclusive. Doté d’une connectivité s’ouvrant au virtuel, cet Icos nouveau est à consommer sans modération. CONSTRUCTION

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La gamme X-Line du constructeur francilien est la plus récente au catalogue. Composée de cinq électroniques, elle propose deux intégrés dont ce X-i90 capable de faire le grand écart entre le vinyle et le dématérialisé. L’esthétique soignée, les performances musicales et le prix serré en font une proposition plus que convaincante pour un premier système.

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FICHE TECHNIQUE

Un intégré rassembleur ADVANCE ACOUSTIC X-i90

L

a diversité des sources qu’il est aujourd’hui possible de raccorder à un système haute-fidélité a poussé les constructeurs à revoir la connectivité de leurs électroniques. C’est dans cette optique nouvelle qu’ont été conçus les intégrés X dont le modèle i90 de ce banc d’essai. La présentation du X-i90 est particulièrement soignée. L’électronique est installée

VRAIMENT TOUT EN UN

sélection des enceintes et volume) symbolisé par des caractères sur l’afficheur, et la rotation de celle-ci fait défiler les options de réglage, une seconde impulsion valide le choix. Une télécommande fournie duplique ces fonctionnalités. La connectique inclut entre autres une entrée phono MM, un set de RCA Pre Out et Amp In avec straps, cinq entrées numériques et deux paires de fiches haut-parleurs. Un interrupteur High Bias permet de polariser les étages de sortie de type double push-pull complémentaire bipolaire en classe A sur la première dizaine de watts avant de glisser en classe AB. Aux côtés d’un transformateur torique de 400 VA alimenté via un filtre secteur interne, les circuits analogiques sont disposés sur deux cartes imprimées au fond de l’appareil, les circuits numériques sont installés sur deux petites cartes au dos des connecteurs. Une carte placée derrière la face avant gère toutes les commandes. Un récepteur CS8416 traite les entrées S/PDIF jusqu’en 24/192 natifs, l’entrée USB B est gérée sur 16 bits jusqu’en 48 kHz par un chip PCM2900 à sortie analogique stéréo.

FABRICATION ET ECOUTE

dans un châssis rigide et inerte dont le berceau est constitué de panneaux et de renforts en acier plié vissés entre eux. La face avant très épaisse en méthacrylate teinté noir est superbe. Outre une sérigraphie discrète, on y trouve un poussoir de mise en veille, un jack 6,35 mm pour casque et une molette centrale couplée à un système de poussoir à impulsion et de roue codeuse. La mise sous tension illumine la source en service et un afficheur central à LED bleues à segments. Une impulsion sur la molette appelle un menu parmi cinq (sélection des entrées, balance, contrôle de tonalités,

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Nous avons alterné la lecture de CD et les fichiers dématérialisés sur l’entrée USB B sans pour autant noter d’écarts notables de qualité à l’écoute. Malheureusement, nous ne disposions pas de platine vinyle pour tester l’entrée phono MM. Construction : On est très agréablement surpris par l’esthétique du X-i90 dont la face avant lui confère une touche assez haut de gamme. Nous avons apprécié la qualité générale de l’assemblage et notamment le châssis conçu à la façon d’un Meccano avec des barres de renforts latérales dans le but d’atténuer la transmission des vibrations tout en augmentant la rigidité. Le signal emprunte un trajet court et direct avec peu de liaisons filaires.

Origine : France Prix : 690 euros Dimensions : 430 x 120 x 320 mm Poids : 8 kg Puissance nominale : 2 x 90 W (8 ohms), 2 x 110 W (4 ohms) Réponse en fréquence : 10 Hz – 65 kHz à -3 dB Sensibilité : 0,55 V RMS (CD & AUX, 10 K), 2,5 mV (phono, 47 K), 1,1 V (Amp In, 47 K) Entrées analogiques : 7 RCA (niveau ligne), 1 RCA (phono MM), 1 RCA (Amp In) Entrées numériques : 1 USB A (MP3), 1 USB B (16/48), 3 S/PDIF (2 RCA, 1 optique) compatibles 24/192 Sorties analogiques : 2 paires de fiches HP, 1 RCA « enregistrement », 1 RCA « Pre Out » Composants : Rien d’extraordinaire au sein de l’intégré, mais les choix effectués sont raisonnés. On note un transformateur torique de bonne puissance, une temporisation par relais de l’insertion des sorties haut-parleurs, des étages d’amplification à composants discrets et des entrées numériques USB et S/PDIF. Mention spéciale pour l’intelligence du bouton de commande unique en face avant. Grave : Le X-i90 nous propose un registre de grave correctement charpenté et suffisamment solide pour conférer au message une assise satisfaisante. L’extrême grave reste assez discret, mais apporte néanmoins un certain confort d’écoute qui apaise le message. Les hautparleurs de grave ne donnent jamais l’impression de n’en faire qu’à leur tête, le X-i90 contrôle la situation en écoute domestique. Médium : L’intelligibilité et la crédibilité d’un message musical tout comme l’émotion qu’il peut contenir sont fondamentalement liées à la justesse et à la neutralité de restitution de cette zone de fréquences. L’intégré Advance Acoustic tire son épingle du jeu grâce à des timbres subjectivement très satisfaisants en termes de couleurs et de nuancier harmonique, notamment en

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ADVANCE ACOUSTIC X-i90

position High Bias. Le message distillé est suffisamment documenté pour apprécier tous les genres musicaux. Aigu : Soyons honnêtes et avouons que nous attendions le X-i90 sur ce critère généralement approximatif avec la plupart des électroniques de prix serré. La surprise est bonne donc puisque l’appareil dévoile, avec ou sans High Bias, un aigu très doux qui évite la brillance et l’insistance. Les extinctions de notes, plus courtes qu’avec nos électroniques de référence, ne dénaturent pas le filé du registre, le constructeur a visiblement préféré privilégier

niveau d’écoute domestique. La répétition prolongée d’impacts (Symphonie n° 11 de Chostakovitch) ne donne pas trop de fil à retordre à l’intégré qui ne s’essouffle pas même à niveau d’écoute élevé. Le transformateur généreux remplit son rôle de robinet d’énergie avec sérieux. Attaque de note : Sans être une électronique qu’on pourrait qualifier de «rapide», l’intégré Advance Acoustic n’en est pas moins vivant et alerte. La bonne justesse tonale de sa restitution provient de cette vivacité, même si dans l’absolu la déclinaison harmonique se tarit rapidement.

SYSTEME D’ECOUTE Electroniques : Lecteur Icos Fado Init iMac et Pure Music Enceintes acoustiques : Pierre-Étienne Léon Alycastre Câbles : Van den Hul (USB) Jorma Design n° 2 (mod et HP)

dernier, le X-i90 s’évertue à respecter le climat et l’ambiance de la performance à laquelle nous assistons du milieu de la salle. Transparence : Le X-i90 reste une électronique très agréable à écouter. Elle se montrera plus à l’aise avec des enceintes de bonne sensibilité comme par exemple celles du constructeur. La bande passante subjective fait preuve d’un bel équilibre, les registres de fréquences sont proposés avec beaucoup de douceur et la trame musicale conserve de l’épaisseur. Rapport qualité/prix : Comme à son habitude, le constructeur français réussit un tour de force. Pour moins de 700 euros, le X-i90 dispose d’une puissance largement suffisante en usage domestique et déploie une batterie d’entrées propices à rassembler les amateurs de vinyles et les « data boys ». Avec la possibilité de raccorder quatre enceintes et de séparer les sections préampli et ampli, la souplesse d’utilisation est tout à fait appréciable.

VERDICT

L’implantation privilégie les trajets courts et les circuits imprimés. Notez le filtrage secteur sur la petite carte au-dessus du transformateur torique.

l’équilibre et la cohérence dans le haut du spectre quand d’autres jouent la carte du trop beau pour être vrai. Dynamique : La puissance annoncée laissait présager un bon comportement sur le long terme musical et l’instantané. Nous devons avouer que le X-i90 s’en est tiré avec les honneurs. Rien à dire en ce qui concerne la restitution des micromodulations que le X-i90 reproduit avec sincérité. De même un transitoire violent passera correctement à

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L’impression de crédibilité sonore prédomine. L’intelligibilité est globalement satisfaisante même sur messages complexes écoutés à niveau domestique. Scène sonore : L’espace reconstitué virtuellement par l’appareil s’établit dans des proportions familières qui ne sont pas très éloignées de celles auxquelles nous a habitués notre système repère. Évidemment tout est une question d’échelle et si nous ne retrouvons pas l’ampleur et l’aération de ce

L’intégré Advance Acoustic X-i90 nous paraît représenter une sorte d’aboutissement, de consécration de la philosophie de conception du constructeur français. Cette électronique offre une connectivité particulièrement étendue et des performances très satisfaisantes. Elle est bien fabriquée, musicale et d’une manipulation simple et très intuitive. Il ne serait pas concevable de ne pas la considérer avant toute décision d’achat dans cette catégorie de prix.

CONSTRUCTION

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Le nouvel intégré E-600 emprunte aux mêmes standards qualitatifs que les électroniques exceptionnelles élaborées par Accuphase pour le 40e anniversaire de la marque. Son schéma en classe A affiche des performances techniques tout à fait remarquables. Quid de l’écoute?

L’esprit des 40 ans

ACCUPHASE E-600 136

FICHE TECHNIQUE Origine : Japon Prix : 9 900 euros Dimensions : 450 x 230 x 500 mm Poids : 55 kg Puissance nominale : 2 x 30 W/60 W/120 W (8/4/2 ohms) Réponse en fréquence : 20 Hz – 20 kHz à +0/-0,5 dB Facteur d’amortissement : 500 (charge 8 ohms, 50 Hz) Distorsion : < 0,05 % Sensibilité : 77,7 mV (20 K RCA, 40 K XLR), 617 mV (Power In 20 K) Entrées : 7 RCA (ligne dont 1 Power In et 1 enregistrement), 3 XLR (ligne dont 1 Power In) Sorties : 4 paires HP, 1 XLR (ligne Pre Out), 2 RCA (monitoring et Pre Out)

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A

ccuphase reste un des leaders actuels du schéma analogique à transistors. Les modèles concoctés à l’occasion du 40e anniversaire de la marque donnaient une idée des capacités créatives extrêmes du fabricant. Néanmoins, Accuphase n’a jamais été emporté par l’ivresse du succès et a toujours su décliner ses gammes vers des produits accessibles, de prix raisonnable mais toujours de grande qualité. Pour preuve, le catalogue a toujours inclus des électroniques intégrées, plus abordables que des éléments séparés, dont certaines réalisées en pure classe A, le sommet musical pour un schéma à transistors. Après des références unanimement reconnues dans le monde entier comme le E-530, le E-550 et plus récemment le E560, voici le E-600, seul intégré en classe A parmi une offre de quatre appareils.

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ACCUPHASE E-600 face avant reçoit deux molettes (source et volume) de part et d’autre de la fenêtre centrale et de la trappe amovible qui abrite des commandes annexes dont le réglage de la balance, un correcteur de tonalités et la mise en service des cartes optionnelles, entre autres. Derrière la fenêtre, deux vumètres « bargraph » et plusieurs diodes LED informent sur l’état courant des réglages. La disposition intérieure brille par son absence de câblage et par la rigueur d’implantation des sous-ensembles (transformateur capoté, réglage de volume, triple push-pull de

TRADITION PROPRIETAIRE

Le E-600 prend place dans un châssis posé sur quatre pieds et composé de la célèbre face avant en aluminium massif anodisé champagne dotée des non moins célèbres vumètres. Elle est montée sur un berceau compartimenté en acier très épais, peint en noir satiné, flanqué de deux joues en aluminium extrudé et recouvert d’un capot en acier doté de nombreux orifices de ventilation indispensables pour évacuer les calories naturellement dissipées par les étages polarisés en classe A. La connectique très complète et de qualité inclut quatre paires de borniers haut-parleurs Accuphase à molette de grand diamètre. On distingue deux trappes verticales qui dissimulent des « slots » (logements à glissières) pouvant recevoir des cartes optionnelles proposées par Accuphase, à savoir une carte DAC-40 (DAC 32/192 avec entrée USB), une carte AD-30 (phono MC/MM) et une carte LINE10 (entrées additionnelles de type ligne). La

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transistors MosFet sur dissipateurs à ailettes, etc.) et des composants sur les circuits imprimés. Les technologies propriétaires embarquées et réparties dans un schéma entièrement symétrique incluent le réglage de volume maison AAVA à plus de 65 000 pas de réglages. Il a été optimisé avec une molette à inertie élevée identique

à celle du préampli C-2820, dix-huit convertisseurs parallèles tension-courant (impédance de sortie et bruit plus bas) et étage d’entrée à cinq circuits MCS parallèles (plus de puissance de travail et réduction de la distorsion). L’étage de gain en tension est du type MCS+ (pour Multiple Circuit Summing), un principe Accuphase de mise en parallèle de circuits d’amplification pour augmenter le rapport signal sur bruit et abaisser la distorsion par harmoniques. Le signal est alors adressé au driver à basse impédance, lui-

même suivi de l’étage de sortie triple pushpull parallèle à six transistors Mos-Fet polarisés en pure classe A.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : La construction d’un Accuphase est superlative, qu’il s’agisse d’une électronique ultra haut de gamme comme l’ensemble de lecture DP-900 et DC901 ou d’un appareil beaucoup plus grand public comme le A-600. Il n’est donc pas surprenant (le contraire eut été étonnant) de retrouver ce souci aigu presque pathologique de perfectionnisme dans la construction, dans l’assemblage et dans le choix des matériaux. Les moyens restent évidemment en rapport avec le prix public, donc n’attendez pas de joues en bois massif à plusieurs couches de vernis sur le E-600. En revanche, ce que nous offre cet appareil dépasse tout ce que propose la concurrence sur la planète dans cette tranche de prix. Composants : Certains fabricants jouent plus l’effet marketing d’une pseudotrouvaille pour essayer de nous vendre leur produit. Rien de tout cela depuis quarante ans avec Accuphase dont chaque produit est issu de la mise en œuvre des principes L’agencement exemplaire du E-600 profite des compartiments internes pour s’affranchir des problèmes de transmissions des bruits et autres parasites. Le long boîtier situé derrière la molette de volume embarque le système AAVA.

fondamentaux de l’électronique appliqués selon des technologies propriétaires validées par la mesure et par l’écoute. Le réglage de volume AAVA spécifique, les condensateurs d’alimentation fabriqués sur cahier des charges, le cloisonnement interne pour une meilleure isolation des étages entre eux sont quelques-unes des spécificités uniques en leur genre qui font d’un Accuphase une électronique au-dessus des autres. Grave : Les intégrés en classe A du marché ne sont pas légions et ne délivrent généralement qu’assez peu de puissance. À première vue, le E-600 et ses 30 W par canal sous 8 ohms ne semble pas déroger à cette règle mais, en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il est capable de quadrupler ce chiffre si la complexité électrique de l’enceinte l’exige. Il ne nous a pas fallu très longtemps pour « entendre la différence ». Sur la partition de la basse synthétisée du « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong, le E-600 explore les soubassements jusque dans l’extrême grave avec une franche générosité et une articulation satisfaisante. La correction de tonalité « grave » nous a permis de peaufiner la réponse subjective des enceintes dans la pièce d’écoute. Appréciable. Médium : L’intérêt essentiel de la classe A est de faire fonctionner les composants de l’étage de puissance sans rupture, sans raccordement entre l’alternance positive et l’alternance négative du signal musical. L’écoute gagne ainsi en fluidité et en réalisme, notamment dans le registre de médium. Le E-600 travaille de la sorte avec un étage de sortie conçu dans une veine minimaliste, ce qui exacerbe en principe la fidélité de reproduction. C’est effectivement ce qu’il ressort de l’écoute de « My Treasure » par Sinne Eeg avec une

contrebasse très bien dimensionnée et tonalement très juste, très palpable, et une interprète dont le grain et les inflexions de la voix deviennent plus perceptibles, plus organiques qu’à l’accoutumée. Le E-600 n’est pas loin des meilleures triodes sur ce terrain. Aigu : Cette impression de fluidité, de souplesse de restitution imprègne également le registre d’aigu proposé par le E-600. Les frappes très légères de baguettes sur les cuivres de la batterie (piste « My Treasure » par Sinne Eeg) sont restituées avec une finesse remarquable agrémentée d’un cortège de détails vraiment subtil et parfaitement audible même à bas niveau d’écoute. Cette analyse dense permet d’apprécier l’épaisseur, la consistance du métal dont les vibrations s’éteignent dans une durée tout à fait crédible. Sur ce point, on note avec satisfaction que le facteur d’amortissement particulièrement élevé pour un schéma en classe A n’altère pas outre mesure la liberté d’expressivité de l’appareil. Dynamique : À puissance efficace comparable, les performances techniques du E-600 surpassent celles de tous les intégrés actuels travaillant en classe A. À ce propos, ses possibilités de délivrer quelque 210 W en pointe sous 1 ohm closent toutes les discussions. C’est donc la preuve d’une stabilité inconditionnelle des alimentations et d’une réactivité élevée des circuits. Il est vrai que les impacts de la boule de grosse caisse sur « Dis-le » par Baz Baz ne manquent pas d’énergie même à niveau élevé d’écoute. L’impression est cependant différente de celle ressentie avec notre bloc stéréo repère certes plus puissant et fonctionnant en classe AB. Si le E-600 apparaît moins percutant et moins « spectaculaire », il dispense en revanche une dynamique plus sensuelle, plus

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ACCUPHASE E-600 transparence d’un système dépend étroitement de celle de tous les maillons qu’il regroupe.

VERDICT

organique. Plus fidèle ? Attaque de note : Les nombreux circuits propriétaires disséminés avec beaucoup d’à propos entre les entrées et les sorties du E-600 sont l’origine même des performances chiffrées et auditives de l’appareil. La recherche d’une adaptation optimale entre des étages développés avec un minimum de composants limite les embûches rencontrées par le signal audio. D’où cette grande spontanéité ressentie à l’écoute du E-600 qui lui permet de décliner chaque note avec une étoffe harmonique très complète. La voix de Simone Kermes comme les instruments baroques sur « Ha Vinto Amor » brillent de mille et une couleurs tonales, d’une multitude de détails qui confèrent plus de véracité, plus d’authenticité à l’interprétation. Scène sonore : Il ressort des écoutes avec le E-600 que celui-ci insuffle un degré de réalisme qu’il n’est pas courant d’atteindre même avec des électroniques plus ambitieuses et souvent plus coûteuses. Cette notion de réalisme renseigne sur le

fait qu’un appareil est capable de restituer l’environnement sonore et spatial de chaque œuvre au plus près de ce que contient le signal qu’il traite. En écoutant « Gotcha » par Patricia Barber enregistrée en live, on sent que le E-600 va très loin dans la localisation et dans la focalisation des protagonistes sur la scène, dans la présentation spatiale du public en contrebas de la scène et réparti très largement devant l’auditeur. On se sent avec eux. Transparence : La transparence d’un appareil relève de sa fidélité à reproduire le plus exactement possible le signal qu’il traite. Le E-600 nous est apparu précisément d’une grande transparence car capable de véhiculer les subtilités du message tel qu’il le recevait. À ce sujet, nous avons obtenu des résultats absolument remarquables en remplaçant notre câble numérique AES/EBU habituel par un modèle Absolue Créations Tim Reference. Le bond en véracité, en authenticité a été sans appel. Ce qui conforte également l’idée que la

La classe A reste une classe d’amplification à part. Les électroniques intégrées à transistors qui en font usage présentent généralement des puissances relativement limitées pour des raisons de commodités d’utilisation (chaleur dégagée, encombrement, fiabilité, etc.). Cependant, ce sont ses prestations musicales qui sont appréciées, des prestations particulièrement recherchées par les mélomanes plus épris d’authenticité que de watts. Sans même aborder le sujet de la qualité de fabrication qui n’a pas ou très peu d’équivalent notamment à ce prix, l’intégré Accuphase met la barre haut en termes de performances et de musicalité. Équipé des cartes optionnelles phono et DAC, le E-600 devient un des plus complets et des plus désirables intégrés du marché.

CONSTRUCTION

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La connectique est très complète et de haute qualité, avec les massifs borniers haut-parleurs Accuphase. On distingue sur la gauche les deux capots qui dissimulent les emplacements dédiés aux deux cartes optionnelles (phono, RIAA et/ou ligne).

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HEGEL H80

Un concentré de technologie

Le fabricant norvégien Hegel fait partie de ces concepteurs d’électroniques qui savent ingénieusement se positionner par des produits parfaitement en adéquation avec les besoins du moment. Nous attendions donc avec impatience l’arrivée de cette synthèse technique entre le meilleur de la conversion et de l’amplification de la marque. 142

L

e nouveau modèle H80 affiche une puissance sensiblement supérieure de 75 W contre 70 W par rapport à son petit frère, le H70. Mais il ne s’arrête pas là. Si d’apparence les deux se ressemblent, ce nouvel intégré diffère considérablement en conception. Le H80 reprend une bonne partie du principe de la série Référence. Il s’adosse sur une section analogique dont les étages de sortie maison SoundEngine apportent une transparence et une dynamique accrue. La préamplification est également directement tirée de cette même série Référence. Enfin, la section numérique du convertisseur a elle aussi été totalement

revue pour s’inspirer du travail fait sur le modèle de convertisseur séparé HD11.

DESCRIPTION GENERALE

Le châssis traditionnel au format des autres électroniques de la marque joue la sobriété et la discrétion. Pour un meilleur contrôle de stabilité, il s’adosse sur trois pieds uniquement. A l’avant, la façade dépouillée est parée d’un jeu de boutons rotatifs pour gérer le volume et la commutation des sources. La télécommande livrée avec l’appareil offre la gestion des sources, du volume mais également de l’application dématérialisée pour la lecture des plages via la connexion USB. Les entrées et sorties à l’arrière de l’appareil sont abondantes. Du côté des sorties

analogiques d’abord, on trouve deux jeux de prises RCA dont une en bypass, qui peut être utilisée par exemple pour une installation de home-cinéma. Un jeu de prises XLR vient compléter l’ensemble et lui donner sa touche haut de gamme. De l’autre côté des deux jeux de borniers pour les enceintes se trouve la connectique numérique. Deux entrées coaxiales S/PDIF, deux fibres optiques TosLink et une USB pour ordinateur. A la différence de la concurrence, Hegel a fait le choix du zéro pilote et livre donc une section de conversion au système de reclockage propriétaire 100 % plug & play depuis l’ordinateur. De ce fait, la fréquence d’échantillonnage sur cette entrée est « limitée » à 96 kHz.

tenue de la dynamique. L’étage d’amplification en classe AB est confié à un groupe de deux transistors de puissance par canal montés sur un gros radiateur commun. La section de conversion repose quant à elle sur un classique composant USB 2.0 Tenor 7022. Grave : Gardant en mémoire l’écoute des modèles plus cossus, on retrouve cette signature sonore fort musicale où le bas du spectre s’étend volontiers avec rondeur mais sans tension. D’une bonne assise sur nos différentes enceintes, ce dernier reste cohérent même à bas volume. Nous avons apprécié sa justesse et sa présence notamment sur les accompagnements de trio jazz à la contrebasse. Médium : Il constitue l’essentiel du message musical. L’auditeur a d’ailleurs tendance à se focaliser sur le médium. Le H80 offre une restitution racée dans ce domaine. Spontané, il s’impose sans aucune sensation de dureté, presque fruité. Nous avons apprécié tout particulièrement la très belle sonorité sur les cuivres et les prestations vocales aux accents charnels.

FICHE TECHNIQUE Origine : Norvège Prix public : 1 590 euros Dimensions : 8 cm x 43 cm x 34,5 cm (HxLxP) Poids : 12 kg Puissance en sortie : 75 + 75 W sous 8 ohms Réponse en fréquence : 5 Hz – 100 000 Hz Ratio Signal/Bruit : + 100 dB Diaphonie stéréo : - 100 dB Distorsion : - 0,01 % 50 W - 8 ohms - 1 kHz Distorsion d’intermodulation : - 0,01 % (19 kHz + 20 kHz) Facteur d’amortissement : + 1 000

FABRICATION ET ECOUTE

Si la préamplification et la conversion ont été améliorées, la section d’amplification a, elle, été également revue. Avec le gain sur le bruit observé avec la structure SoundEngine sur le premier, le travail fait sur l’amplification amène une nette amélioration dans le pilotage des enceintes. Le facteur d’amortissement apporte une stabilité accrue sur le contrôle des haut-parleurs au H80. La bande passante est plus que généreuse avec ses 5 Hz-100 kHz laissant augurer un comportement exemplaire sur la tranche traditionnellement audible depuis nos sources habituelles. Composants : L’alimentation est confiée à un énorme transformateur de 300 VA doublé d’un système de régulation du courant très soigné. Les quatre grosses capacités Nover Black de 10 000 µF sont volontairement réduites pour une meilleure

A gauche, le transfo ; à l’arrière, la section de conversion ; à droite, la régulation et l’amplification analogique.

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HEGEL H80

Aigu : La première impression qui vient est l’absence totale de crispation. Le velouté de la main droite au piano s’accorde aussi bien que la pression sonore d’un saxophone à une écoute à fort volume. A l’essai de nos différentes enceintes, nous avons noté que le H80 laissait le caractère de ces dernières s’exprimer en modérant avec musicalité toute agressivité dans l’aigu. Dynamique : Le H80 nécessite l’utilisation d’enceintes de bon rendement pour donner le meilleur de lui-même. Malgré la réserve de courant importante, les watts sont tout de même limités pour de grosses et molles enceintes. Cependant, le facteur d’amortissement important permet, même à bas volume, d’apporter une réactivité complètement à propos. Le H80 suit alors parfaitement le rythme toujours en distillant une signature sonore mate et dépourvue d’agressivité. Attaque de note : Vous l’avez deviné, il ne s’agit pas d’une électronique rapide aux accents fortement charpentés, mais d’une restitution toute en douceur. Le H80 met très bien l’accent sur la qualité du médium. Le réalisme des instruments s’en trouve bonifié, notamment au niveau des attaques, dont l’élégance nous a séduits. Scène sonore : La scène sonore se présente avec une bonne spatialisation. L’étalement des plans dans l’espace en profondeur reste limité, mais contribue à une restitution naturelle sans sensation

SYSTEME D’ECOUTE Source Nagra CDC Ordinateur avec JRiver Media Center v18 Enceintes Mulidine Cadence Câbles Jorma Design Câbles USB Wireworld Platinum Starlight

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de manque. Les instruments sont perçus bien en place et correctement définis. En largeur, la scène est a contrario large et sans excès. L’écoute nous a semblé plutôt orientée au naturel qu’à l’exubérance. Transparence : En apportant une signature sonore mate mitigeant toute extraversion, la restitution est racée sans renflement perceptible du spectre sonore. La palette tonale est crédible : son grave est rond et charpenté, et son médium est linéaire et bien en place. Le haut du spectre ne s’étend naturellement pas à l’infini, mais s’impose avec une tonalité sans effet de crispation. Qualité/prix : En observant le marché, dans cette tranche de prix on trouve plus volontiers despréamplis/convertisseurs ou amplificateurs intégrés seuls. La finition est soignée, la connectique dorée, le châssis bien rigide et enfin un soin tout particulier a été apporté aux composants pour en témoigner. Hegel nous propose donc un combiné complet capable d’alimenter cinq sources numériques et deux analogiques à un prix qui nous semble très compétitif.

VERDICT

Hegel vient consolider sa position sur le marché de l’intégré avec force. Les entrées sont abondantes, l’intégration avec un système de home-cinéma ou une amplification séparée possible offrant ainsi une belle opportunité de progression. La dynamique et la scène sonore se sont également améliorées avec une image stéréo plus large et définie. La signature sonore de l’ensemble, mate et dépourvue d’agressivité, saura certainement séduire les amateurs d’électroniques très musicales que le H80 vient directement titiller.

CONSTRUCTION

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E L E C T R O N I Q U E dans le sens où chaque canal dispose de son propre transformateur d’alimentation. Nous sommes donc en présence de deux amplificateurs indépendants réunis en un même coffret. Leur seul point commun tient aux entrées ligne sur cinch, au nombre de trois, plus une directe, cette dernière contournant le potentiomètre de volume. Un rotacteur commute la source sélectionnée parmi les quatre. Cette fonction peut uniquement être effectuée en local : la petite télécommande fournie avec l’intégré se contente de piloter, au moyen de ses deux touches, la commande de volume assurée par un potentiomètre motorisé ALPS. En sortie de puissance, les bornes dorées proposent deux impédances de charge : 4 et 8 ohms. En amont de la paire de 845 (des triodes Electron Tube fabriquées en Chine) pour chaque canal, le signal transite par d’autres tubes. Tout d’abord, un ECC802 (équivalent, pour la référence militaire, d’un 12AU7) prend en charge la modulation d’entrée, au moyen d’un buffer sur la première triode, tandis que la seconde lui applique du gain. Ces deux ECC802 américains Sylvania ont été choisis pour leur bonne linéarité et leur réponse profonde dans le registre grave. Suivent les drivers 6SN7, tout aussi linéaires et retenus pour leurs performances musicales, ainsi que pour leur réponse dynamique, leur faible bruit de fond et leur longévité. Si cette référence, apparue en 1939, paraît moins populaire que les petits 12xx7 et leurs homologues ECC8xx, de nombreux constructeurs en fabrique toujours, et il est donc très facile d’en trouver. Mike Matthews propose justement ce modèle figurant dans le vaste catalogue d’Electro Harmonix, sous la référence 6SN7EH. Tous ces tubes de première monte, soigneusement sélectionnés, remplissent leur rôle à la perfection, comme nous le verrons à l’écoute.

RIEN QUE DU TUBE

Pure classe A Après le 300B P.S.E., voici un amplificateur intégré reprenant le même principe avec des tubes 845, mais, cette fois, en véritable structure double-mono.

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C

MASTERSOUND EVOLUTION 845 onçu et fabriqué à Vicence, dans la plaine du Pô, cet amplificateur intégré Evolution 845 répond aux critères qui ont fondé puis confirmé la réputation de la marque italienne. Ainsi, ce modèle à tubes fonctionne en pure classe A. Mastersound fabrique ses propres transformateurs : on n’est jamais si bien servi que par soi-même. En effet, même si de nombreux constructeurs

prestigieux proposent des modèles de haute qualité, les modèles de Mastersound n’ont rien à leur envier. Ce modèle aurait pu s’appeler 845 P.S.E. à l’instar de l’un des amplificateurs 300B de la marque. L’abbréviation signifie Parallel Single Ended, ce qui signifie que les circuits de puissance à simple étage mobilisent deux tubes (les 845) en parallèle. Mais le nom d’Evolution provient de la structure en double mono de cet intégré,

UN “845”

La firme italienne fabrique elle-même ces éléments d’importance cruciale. Réalisés à la main et enfermés dans des cylindres qui les blindent et les protègent des vibrations exogènes, ces transformateurs restent silencieux en ne créant ni ronflette, ni vibration. En sortie des tubes, les transformateurs de modulation bénéficient du même savoir-faire. Leur conception affranchit les étages de puissance de toute contre-réaction négative. Le Mastersound Evolution 845 fait la part belle aux composants de bonne facture, à commencer par les supports en stéatite des tubes, et le large emploi de condensateurs au polypropylène. Les composants de petite taille prennent place sur des circuits imprimés aux épaisses pises dorées sur verre époxy, telles que les résistances à couche métal de 2 et 4 W à tolérance serrée (1 %). On rencontre aussi des résistances de haute puissance, cémentées pour la plupart, voire montées dans des dissipateurs à ailettes. Les liaisons entre les différents sous-ensembles, claires et rationnelles, donnent une idée de la conception aboutie d’un tel amplificateur intégré. On aimerait que d’autres constructeurs prennent exemple sur Mastersound !

LES MEILLEURS INGREDIENTS

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Bien proportionné, cet intégré à l’esthétique équilibrée reprend les standards de la marque italienne. Cependant, on peut ne pas aimer le profil des flancs en bois. Mais pour la disposition des tubes, protégés par les

FICHE TECHNIQUE Origine : Italie Prix : 11 500 euros Dimensions : 54 x 47 x 27 cm Poids : 53 kg Entrées stéréo : 3 sur RCA, dont une « Direct » Impédance d’entrée : 50 kilohms Sorties stéréo : sorties de puissance sur 6 borniers 4 ohms ou 8 ohms Réponse en fréquence : 8 Hz à 40 kHz (0 dB) Puissance de sortie : 2 x 55 W plaques ajourées en aluminium, les capots cylindriques des transformateurs, en un mot : superbe. Composants : Cet intégré est polarisé en classe A, comme tous les autres modèles du constructeur. Outre les tubes sélectionnés, l’Evolution 845 fait la part belle aux condensateurs au polypropylène, résistances à couche métal au calibre de 2 et 4 W… Mastersound signe les transformateurs, tant ceux de sortie que ceux des alimentations. N’oublions pas le câblage interne, que l’on peut qualifier d’exemplaire. Grave : Un amplificateur à tubes doit atteindre sa température idéale avant de donner le meilleur de lui-même. Il aura fallu une petite demi-heure pour que le Mastersound se sente en mesure de restituer de la musique. Le bas du spectre dévoile une belle fermeté, prodiguant une assise remarquable et une excellente définition : hormis les tubes, les transformateurs de sortie, surdimensionnés, ne risquent pas de saturer là où l’on pourrait s’attendre qu’ils le fassent, soit dans le registre grave. L’Evolution 845 maîtrise les boomers

UNE CONCEPTION INTELLIGENTE

Les triodes de puissance de type 845 nécessitent une tension de plaque de 1 000 V, ce qui induit, sans jeu de mots, la conception de transformateurs adaptés.

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MASTERSOUND EVOLUTION 845

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Câble AES et audio RCA XLR HiFi Câbles et Cie Double Star Câbles d’enceintes HiFi Câbles et Cie Super Maxitrans 2 Enceintes Pierre-Etienne Léon Maestral

de prédilection. Attaque de note : L’énergie à profusion fournie par les alimentations distinctes des deux canaux, et le montage d’excellents tubes polarisés en classe A et nourrissant des transformateurs de sortie de belle facture, tout concourt à l’intégrité des attaques de notes. Si l’on n’atteint pas la

vivacité caractéristique des amplificateurs à transistors les plus rapides, l’Evolution 845 se montre magistral sur cet aspect de l’écoute en mettant en valeur son esthétique sonore hautement musicale, harmonisant la consistance des attaques avec la densité du suivi de note. Scène sonore : Le réalisme de retranscription de la scène sonore fait honneur au simple étage parallèle en classe A et à la structure en double-mono véritable de cet amplificateur intégré. Aucun voile, aucun flou ne vient troubler les dimensions presque palpables des univers acoustiques des audiogrammes. Le mur arrière des salles de concert se tient à la bonne position, apportant de l’air et de l’espace au message sonore. Parfois, sur les amplis dotés d’une forte contre-réaction, ce mur a tendance à se rapprocher de l’auditeur… Ce n’est pas le cas ici. L’élégance musicale du Mastersound se ressent jusque dans les infimes réverbérations de salle, voire les silences qui suivent. Transparence : La splendide définition constatée dans ce qui précède s’illustre à chaque nouvelle plage, car rien ne vient entraver le pouvoir analytique, articulé et pertinent de l’Evolution 845 qui fait véritablement corps avec la musique, au prix d’une subtilité de bon aloi, mais surtout sans emphase. Aucun style musical ne saurait mettre cet intégré en difficulté. Au contraire, rien ne lui résiste et la qualité de restitution du Mastersound, joliment interprétée, traduit sa faculté constante

de se mettre au service de la musique. Qualité/prix : À ce niveau de qualité de conception et de musicalité, on ne saurait évoquer ce paramètre. La maestria avec laquelle ce Mastersound Evolution 845 remplit son rôle d’amplificateur se confond avec son haut pouvoir de résolution des plages musicales qu’il magnifie sans jamais verser dans l’emphase.

VERDICT

Mastersound connaît les meilleures recettes pour concevoir des amplificateurs à tubes de très haute musicalité, résultat d’un schéma simple et de composants de haute qualité. Cette fois, l’application de l’excellente démarche technique de la firme italienne s’est portée sur un montage parallèle de deux tubes 845 par canal, et polarisés en classe A, comme d’ordinaire… pour une restitution extraordinaire de réalisme, de consistance et de délicatesse de tous les instants.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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Sans objet

Beau à l’extérieur, le Mastersound Evolution 845 l’est aussi à l’intérieur. Les cartes électroniques reçoivent les composants passifs et les quatre tubes pré-drivers et drivers, tandis que les 845 sont câblés en l’air de manière rationnelle.

de nos PEL Alycastre branchées sur les sorties 4 ohms, en raison de leur module d’impédance de 6 ohms. Médium : C’est, avant tout, ce registre qui met en valeur l’esthétique sonore si particulière, chaude et veloutée, des montages à tubes bien conçus, tels que ce Mastersound. On ne saurait parler de coloration de la bande médiane, mais plutôt d’une restitution accompagnée d’une petite nuance d’onctuosité de bon aloi qui entretient de belle manière les petits plus agrémentant la musicalité des tubes.

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Le message sonore gagne en vérité et en cohérence, notamment sur les voix et les instruments de tessiture voisine. Aigu : Le piqué de cette portion du spectre confirme les sensations très positives ressenties lors des tests ci-dessus. Les fréquences élevées allient douceur et définition, le côté naturel de la restitution étant subjectivement renforcé par cette notion de matière, si attachante à l’écoute. L’aération, présente en permanence, ne nuit en rien à la définition générale, ciselée, voire cristalline, exempte de toute

coloration des timbres, tout simplement mis en valeur avec tact et élégance, grâce au montage parallèle des tubes de puissance. Dynamique : Mastersound excelle dans le domaine du suivi dynamique, en mettant l’accent sur les passages enlevés et rythmiques. Il serait peut-être plus judicieux de ne pas évoquer la dynamique globale de cet intégré, mais plutôt des dynamiques de chacune des sources sonores, s’exprimant dans une belle cohérence, sans perte des nuances. Le Mastersound dévoile, à nouveau, l’un de ses domaines

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FICHE TECHNIQUE Origine : Allemagne Prix : 1 998 euros (version standard), 2 698 euros (version Signature) Dimensions : 460 x 90 x 325 mm Puissance nominale : 2 x 20 W sous 8 ohms Entrées : 4 RCA (ligne), 1 USB 24/96, 1 RCA S/PDIF Sorties : 1 RCA (sortie pré), 2 paires de fiches HP

STEIN MUSIC STATELINE AMP 2

L’effet Stein

Voici un petit intégré qui sort des sentiers battus. Son schéma à transistors ne ressemble à aucun autre. Quant à sa musicalité, elle s’inscrit plus dans la lignée de celle d’une triode de qualité.

L

’intégré Stateline Amp 2 est le successeur du Master Class Amp au catalogue de Stein Music. Toute l’expérience acquise dans la conception du Master Class a été appliquée sur ce nouveau modèle dont l’équipement de série inclut en plus un DAC Nonos sans suréchantillonnage conçu par le constructeur. L’alimentation est également plus puissante et d’autres détails ont été améliorés, sans parler de la version Stateline Amp 2 Signature qui, moyennant un supplément raisonnable, propose un upgrade technique assorti d’une écoute encore supérieure.

Le Master Class et par voie de conséquence le Stateline Amp 2 puisent leur philosophie de conception d’un petit amplificateur japonais à transistors conçu par Kii San et que Holger Stein a reçu en cadeau de la part de Makoto Watanabe, rédacteur en chef de la revue nippone MJ Magazine. Le schéma du circuit est constitué de deux sections. Le premier étage de niveau ligne n’utilise qu’un seul transistor sans aucune contre-réaction. Tous les composants sont triés avec des tolérances très serrées afin de réduire la distorsion par harmoniques à moins de 0,2% et concentrée essentiellement sur le second rang, les ordres 3 et 5 restant extrêmement faibles. Un deuxième transistor hors trajet

LES SENTEURS DU JAPON

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audio agit en correction d’erreur du signal. Quant à l’étage de sortie, il est constitué d’un chip stéréo intégré TDA 1552Q monté sur un radiateur à ailettes et dont les sorties travaillent en mode bridgé. Cette solution qui rappelle celle adoptée sur l’intégré Yamamura Churchill Artemis réduit au plus court le trajet audio. Le signal musical envoyé vers les haut-parleurs ne se reboucle donc pas par la masse, ce qui présente un gros avantage en termes d’abaissement du seuil de bruit et de résolution sur les microdétails. L’alimentation est fournie par un module à découpage professionnel IBM suivi de plusieurs régulateurs dont deux à circuits discrets à très faible bruit pour l’étage ligne et le convertisseur. Le filtrage capacitif de 36000 µF a été réparti après écoutes entre plusieurs types de condensateurs électrochimiques. Les composants passifs sont discrets et résolument audiophiles avec des résistances à couche Beyschlag, des condensateurs au polypropylène Siemens pour la partie analogique. En ce qui concerne le DAC à composants SMS, il est du type à non-suréchantillonnage avec un chip Philips TDA1543 N.O.S et traite donc le flux dans son format natif. Il accepte les datas échantillonnées jusqu’à 96 kHz sur ses deux entrées S/PDIF et USB. Hormis la carte USB à chip Tenor TE7022L rapportée, l’ensemble des circuits est installé sur une carte imprimée unique. L’Amp 2 est monté dans un châssis en tôle pliée très rigide agrémentée

d’une face avant en méthacrylate teinté noir. Elle ne comporte qu’un poussoir de mise sous tension, une molette de sélection des sources et une autre pour le volume. Ce dernier est confié à un potentiomètre Alps fabriqué pour Stein Music. Motorisé et pilotable par la télécommande fournie, il dispose de pistes parfaitement appairées et équipées à certains endroits de résistances additionnelles pour une variation du volume mieux adaptée à notre oreille. Un dernier mot concernant l’évolution Signature : le filtrage capacitif grimpe à 50000 µF essentiellement constitués de condensateurs OsCon, l’entrée USB devient compatible 24/192 et les composants sensibles aux vibrations sont enduits de vernis Stein Music Maestro.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : L’intégré Stateline Amp 2 est à l’image des autres réalisations de Holger Stein. Ce brillant électronicien ne se contente pas de concevoir des électroniques de qualité. Il les équipe de composants triés sur le volet et les habille de manière simple mais élégante, à l’image du mélange de tôle d’acier peint et de méthacrylate teinté de l’Amp 2. Composants : Beaucoup d’originalité dans le schéma et dans son implémentation qui ne sont pas sans rappeler ceux de certains montages japonais radicalement zen… Le choix des composants passifs comme actifs a été dicté par une démarche fondamentalement mélomane, tout comme la conversion numérique sans suréchantillonnage.

Grave : Il faut laisser au moins une heure à l’appareil pour qu’il atteigne sa température de croisière. C’est alors qu’il révélera tout son potentiel, à commencer par le registre de grave qui, sans descendre de façon vertigineuse dans les soubassements, épate par son articulation de tous les instants. L’architecture particulière du schéma évite donc tout romantisme chaleureux, ce qui se traduit par une contrebasse sur la piste «My Treasure» par Sinne Eeg qui conserve une charpente sonore remarquablement réaliste. Médium : Le petit intégré se révèle assez divin dans cette zone de fréquences, qu’on l’attaque indifféremment en analogique ou en numérique. Notamment sur les voix (chœurs de la Radiotélévision suisse sur «Laudate Pueri» de Steffani) qu’il scrute avec un réalisme et une fluidité tout simplement inattendus dans cette gamme de prix au moins… C’est un Stein Music, donc ce n’est pas une surprise, mais plutôt une confirmation du standard de haute qualité de ce constructeur atypique. Aigu : L’écoute n’est entachée d’aucune brillance ni matité typiques de beaucoup de montages à transistors. Ça file haut avec beaucoup de finesse et les détails harmoniques sont distillés dans un timing et une répartition modulatoire assurément justes. Dynamique : L’Amp 2 ne s’en laisse pas compter et monte au créneau quand il s’agit de restituer la violence d’un transitoire ou, à l’opposé, les balbutiements d’une voix. La puissance limitée invite évidemment à rester raisonnable sur le niveau sonore, mais l’utilisation d’enceintes de bonne sensibilité soutiendra les efforts de l’Amp 2. Attaque de note : Quiconque écoute un Amp 2 à bonne température ne peut qu’apprécier la familiarité tonale des sons qu’il amplifie. La notion de timing que nous évoquions auparavant déteint très

favorablement sur le dégradé harmonique à forte teneur en rangs pairs. L’écoute vivante contient même une certaine dose de cette magie irremplaçable des triodes… La lisibilité ne faiblit pas sur les partitions complexes. Scène sonore : On retrouve également et avec bonheur sur ce critère un lien de parenté avec les montages à simple étage à triode. La scène s’installe confortablement devant l’auditeur avec une excellente sensation de volume (particulièrement étonnante avec les Living Voice sur les chœurs interprétant «Laudate Pueri» d’Agostino Steffani…) et une focalisation précise des différentes sources. Transparence : Le Stateline Amp 2 s’avère être une électronique à transistors d’une grande linéarité et d’une formidable expressivité. Certes l’extrême grave reste en retrait, mais cette infime réserve n’influe en rien sur la neutralité générale et sur l’équilibre tonal du message restitué. Rapport qualité/prix : Avec 20 W par canal, l’Amp 2 se propulse vers le haut de la catégorie des intégrés de petite puissance hautement musicaux avec les quelques contraintes logiques d’utilisation qui en

découlent. Cependant il se rapproche du podium grâce à sa section de conversion numérique très chantante avec entrée USB.

VERDICT

Nous sommes tombés sous le charme du Stateline Amp 2. Il faut lui laisser le temps de se mettre en jambes et lui associer des enceintes sensibles dans tous les sens du terme. Mais une fois ces conditions réunies, on se laisse bercer sans résister par sa proposition musicale étonnamment aérienne.

CONSTRUCTION

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La qualité de fabrication de cet Amp 2 est remarquable pour le prix. Le chip d’amplification est plaqué par une lame métallique au centre du dissipateur.

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FICHE TECHNIQUE PREAMPLIFICATEUR 520 Origine : Suisse Prix public avec entrée phono : 20 000 euros Dimensions 520 : 442 x 448 x 143 mm Poids : 18,5 kg Réponse en fréquence : 0-500 kHz THD + N : < 0,001 % Rapport S/B : > 120 dB Impédance de sortie : 10 ohms Impédance d’entrée : 3 kilohms Consommation en marche : 100 W AMPLIFICATEUR 501 Origine : Suisse Prix public : 43 000 euros Dimensions 501 : 442 x 448 x 143 mm Poids : 22 kg Puissance : 125 W sous 8 ohms Voltage, Courant max. : 70 V rms, 45 A Réponse en fréquence : 0-800 kHz Vitesse de montée : 900 ns THD + N : < 0,001 % Facteur d’amortissement : > 10 000 Impédance d’entrée : 2 kilohms

Le matériel high-end suisse a cette rigueur qui allie à la fois précision, soin de fabrication, mais également de grandes qualités musicales. Soulution fait partie de ces quelques concepteurs du très haut de gamme qui, à chaque moment, rappellent que performance et élégance font intégralement partie de l’idée que l’on se fait du luxe sonore. 152

Plus rapide que l’éclair! SOULUTION 520 & 501 153


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SOULUTION 520 & 501

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’entreprise suisse allemande Soulution appartient à deux mordus du très haut de gamme. Egalement propriétaires d’une revue de haute-fidélité, nos deux compères par ailleurs acteurs du domaine industriel connaissent donc bien leur affaire! Au départ, leur idée derrière la production de leur première série 700 fut de développer une gamme d’électronique sans concessions. Apporter une solution d’une transparence audiophile d’exception, caractérisée par une rapidité capable d’écarter toute notion de compression dynamique. Avec cette nouvelle ligne d’électroniques 500, le constructeur décline son savoir-faire de manière plus accessible en reprenant les fondamentaux de sa ligne maîtresse. Nous allons voir que ces éléments d’amplification, également à l’esprit purement high-end, adoptent un design très proche de la série 700 en termes d’esthétique, mais pas seulement… La ligne générale de ces blocs reprend donc la philosophie à la fois épurée et à l’épreuve du temps de la série 700. Massif, inspirant à la fois neutralité et sobriété, leur châssis en aluminium mat intègre au plus discret commandes et affichages. Examinons donc de plus près leur composition.

La préamplification est toujours affaire délicate. Son but vise à fournir un moyen d’amplifier ou diminuer le signal musical sans distorsion, bruit et intermodulation tout en conservant une bande passante la plus large possible. Le 520 a donc été pensé sur une architecture totalement symétrique afin de limiter les interactions entre les canaux à -120 dB. Les signaux issus des sources sont notamment mis en tampon directement à leur entrée afin de garantir une bande

LE PRÉAMPLIFICATEUR 520

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passante capable de monter jusqu’à 200 MHz. C’est naturellement bien plus qu’il n’en faut, mais en s’éloignant des bornes utiles, le système garantit une stabilité maximale. Le tout est ensuite soigneusement découplé aux endroits stratégiques par un lot de capacités de grade audiophile. Du côté du contrôle de volume et de la balance, une solution très élaborée est implémentée. Un premier étage purement analogique est mis en œuvre à base de résistances de très haute précision. Un second étage, à base d’amplification du gain, vient ensuite piéger spécifiquement d’éventuels pics sonores pendant notamment la commutation de source. Ce système ne se met d’ailleurs en route que pendant la sélection du volume et se débraye automatiquement le reste du temps. Derrière le discret logo de la marque,

sur le 520, l’afficheur situé en façade dispense les informations contextuelles de sélection, de volume et plus généralement des réglages d’une couleur rouge-orange neutre soigneusement étudiée. A l’arrière, le préamplificateur dispose d’un nombre d’entrées confortables. Un jeu de deux entrées analogiques symétriques au format XLR et deux asymétriques au format RCA est complété par une entrée phono (optionnelle). Au rang des sorties, un jeu de prises symétriques au format XLR et un asymétrique RCA complètent la panoplie. La connexion vers l’amplification 501 se fera, de préférence, à l’aide des liaisons symétriques. C’est d’ailleurs à l’aide de ces dernières que nous avons effectué nos écoutes. Le design interne de l’appareil, s’il s’inspire du bloc 700 et du 710, apporte tout de même ses propres solutions. En pure classe A et sans contre-réaction, il met en œuvre un jeu de deux rampes d’amplification à trois étages. Il délivre d’ailleurs une puissance confortable de 125 W sous 8 ohms. Un filtrage important de 47000 µF vient ensuite garantir une réponse impulsionnelle très élevée. De même, une circuiterie ultraprécise gère le courant de repos, en tenant compte de la montée en température de l’appareil. Le niveau de bruit mesuré

L’AMPLIFICATEUR 501

résultant est d’ailleurs proprement exceptionnel avec -150 dB! Chaque section critique de l’appareil dispose de sa propre alimentation. Ces dernières sont au nombre de 6. Elles sont individuellement régulées et isolées par l’utilisation d’octocoupleurs ou d’isolation galvanique selon les cas. Notons que le 501 délivre pas moins de 1200 VA, c’est plus qu’il n’en faut pour satisfaire à toute paire d’enceintes. Le 501 supporte d’ailleurs des pics de courant allant jusqu’à 45 A avant de passer en sûreté!Sur la façade, trois LED permettent de suivre fort simplement son fonctionnement. Outre le témoin de veille, la mise sous tension et le passage en protection sur malfonction sont également indiqués. Le bouton rotatif central permet, quant à lui, de sélectionner sa mise en route ou de confier sa gestion automatisée par le préamplificateur 520.A l’arrière du bloc, une connectique heureusement traditionnelle permet de s’y retrouver facilement. Un jeu de prises symétriques XLR est prévue pour

relier le préamplificateur 520, mais également un second amplificateur afin d’envisager une bi-amplification. C’est d’ailleurs dans ce mode que nous avons testé l’ensemble. Une sortie spécifique est également prévue pour relier le préamplificateur 520 afin de pouvoir les commander en tandem/trio. Enfin, un jeu de borniers vissant acceptant des câbles de fortes sections est à disposition pour relier les enceintes. Ce dernier accepte également les fiches banane.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : L’usinage dans la masse tout aluminium de l’ensemble respire, de par les formes arrondies et épurées, la sobriété des électroniques de grande classe. Les éléments pèsent plus de 18 kg pièce. Extrêmement stables, les radiateurs dissipent la chaleur efficacement. Ils

chauffent au final peu, même fortement sollicités, malgré la mise en œuvre de pure classe A. Notons enfin que l’idée des boutons rotatifs en façade, sur les blocs d’amplification, est plutôt originale et très pratique en termes d’accès. Composants : Le préamplificateur 520 met en œuvre un mécanisme élaboré de tracking du volume. Son architecture symétrique et bufferisée maximise de plus le contrôle et la gestion du gain, minimisant tout bruit d’alimentation. L’amplificateur 501 propose, quant à lui, des rails de conduction en cuivre présents de bout en bout pour maximiser la qualité de la transmission du signal vers les enceintes. Pas moins de 6 alimentations desservent chaque section critique du 501, pour une puissance en sortie de l’ordre de 1 200 VA. Au final, cette alimentation fortement filtrée et régulée délivre un courant d’une pureté quasi idéale. Basses : La résolution de ce type d’électronique dans le bas du spectre est de tout premier ordre. Sans jamais tenter d’en faire trop, avec une extraordinaire qualité de transparence, la fermeté du grave s’approche de très près du naturel. Les blocs de puissance réagissent avec une peu commune vélocité. La finesse des informations sur cette zone délicate est d’ailleurs gérée avec grande fermeté par le 520. Nous restons sur une impression d’écoute sans renflement ni manque, semblant cadrer toujours au plus près de la qualité de la source.

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SOULUTION 520 & 501 Médium : Critère décisif dans la perception du vrai, le médium est ici proposé par Soulution au travers d’une foultitude de détails. A la fois aérée, fluide et rapide, l’urgence de la restitution frappe tant elle est juste. Les timbres des différents instruments sont excellents, détaillés, dépourvus de toute connotation trop charnelle, coloration ou sensation de dureté analytique. A l’écoute des prestations vocales, pourvu que la source soit bonne, l’émotion musicale vous prend instantanément. Les voix chaudes comme celles plus de tête marquent par leur naturel. Aigu : Sans réelle surprise, nous notons que la résolution dans le haut du spectre est également d’exception. Faisant preuve d’une finesse hors normes, la restitution s’accorde aux avantages ou défauts de la source au plus près. Mû avec une exceptionnelle transparence, le 501 délivre une palette d’harmoniques riche et détaillée, que l’on retrouve volontiers au travers d’un juste placement dans l’espace. Que l’on soit sur une scène à caractère intimiste ou devant une grande masse orchestrale, l’extension dans le haut du spectre semble rester d’une neutralité remarquable. Dynamique : Les quelque 10 000 unités de facteur d’amortissement annoncées ne sont pas volées. Le couple de 501 réagit avec une rapidité et une urgence, en termes de restitution, clairement exceptionnelles. Les montées sont fulgurantes, abondamment fournies de microinformations. Les détails et les harmoniques sont perceptibles même au plus haut des alternances d’intensité. Le rendement théorique d’une amplification en classe A

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La connectique du 520 est naturellement symétrique. On note les borniers du 501 prévus pour des câbles de fortes sections.

s’efface donc considérablement face à la réactivité du montage en présence. Le trio Soulution fait, au final, preuve d’une maîtrise de nos enceintes avec une facilité déconcertante. Attaque de note : La liaison du phrasé musical est retranscrite avec une extrême justesse. Mêlant émotion et justesse, chaque note, aussi complexe soit-elle, aussi superposée en contre-chant soit-elle, nous semble délivrée avec une réelle justesse. Le piano est en particulier d’une saveur et d’une justesse rendant clairement justice à l’enregistrement original, d’ailleurs autant en bien qu’en mal. Avec une extrême neutralité, l’attaque de note est donc des plus précises et efficaces. Scène sonore : L’amplification séparée des blocs 501 apporte un surcroît de lisibilité à l’espace sonore. Chaque enceinte dispose donc d’un bloc dédié pour répondre à ses propres besoins en termes d’appels en courant. Pour autant, le résultat pourrait ne pas forcément être réussi. Le combiné Soulution réussit ici encore à nous étonner. La scène, sur nos enregistrements jazz intimistes de test, s’étend avec grande justesse, aussi bien que sur les grosses masses orchestrales. Nous sommes également fort impressionnés par la qualité de la lisibilité des plans, qui reste à tout moment d’une très grande justesse. Transparence : Pourvu que la source le permette, le 520 préamplifie le signal avec une facilité déconcertante. S’il est caractéristique de cet ensemble, c’est bien

sa légitime transparence et neutralité. Aucun compromis ne vient enjoliver une lecture claire et épurée d’une source quelconque. Nous restons donc sur une réelle impression de musicalité à l’extrême. Lorsque la piste est bonne, la transparence frôle la perfection. Enfin, l’absence marquée de crispation intrinsèque aux électroniques est flagrante, laissant place à une extraordinaire vélocité.

VERDICT

Le suisse Soulution propose avec son couple 520/501 un ensemble d’électroniques aux qualités peu communes. La restitution est au plus juste, collant à la source, sans concessions, sans édulcorant. Marqué par son caractère ultrarapide, le trio nous a littéralement étonnés par sa faculté à mettre en scène une reproduction holographique, à la fois vaste en largeur et en profondeur, avec une très grande précision.

CONSTRUCTION

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Le constructeur danois s’impose sur le marché du haut de gamme depuis 2009 avec une équipe de professionnels reconnus pour leur talent. Souhaitant toujours trancher avec les designs traditionnels, l’entreprise revient avec de nouvelles électroniques au look toujours aussi raffiné.

Un combiné complet de plaisir musical GATO AUDIO DIA-250

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Le châssis est à l’opposé du traditionnel, dans le même style que la ligne AMP150/CCD-1. Sa forme aussi bien que les matières utilisées sont nobles. La marque joue donc à nouveau à l’opposé de la sobriété et de la discrétion. La partie supérieure est fabriquée sur mesure et peut être choisie en plusieurs matières, visant à une intégration harmonieuse avec la salle d’écoute. A l’avant, la façade épaisse d’aluminium brossé est parée d’un bouton rotatif pour gérer le volume. Elle est secondée par deux petits poussoirs pour la commutation des sources et la mise en veille. La télécommande offre également la sélection des sources et du volume. L’affichage est, quant à lui, réparti de chaque côté du bouton de volume. A l’arrière de l’appareil se présentent comme à l’habitude les entrées et sorties. Les deux jeux d’entrées en RCA sont complétés par un jeu de prises symétriques XLR pour connecter un lecteur CD haut de gamme, par exemple. Du côté des sorties, la connectique RCA et XLR est présente pour permettre une interconnexion avec un amplificateur de puissance externe. On remarque également le discret boutonpoussoir permettant d’éteindre l’afficheur ou d’afficher la fréquence d’échantillonnage. Sous le bornier gauche, se trouve la connectique numérique. Une entrée coaxiale S/PDIF, une fibre optique TosLink et une USB 2.0 asynchrone pour ordinateur.

DESCRIPTION GENERALE

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FICHE TECHNIQUE Origine : Norvège Prix public : 3 250 euros Dimensions : 32,5 x 10,5 x 42 (LxHxP) Poids : 10 kg Puissance en sortie : 250 + 250 W sous 8 ohms Réponse en fréquence : 20 Hz-20 kHz – 0,5 dB Ratio signal/bruit : + 110 dB Distorsion : - 0,001 % en sortie pré

n se souvient de l’AMP-150 que nous avons primé chez Haute Fidélité au mois de septembre… Gato remet déjà le couvert avec de nouveaux appareils intégrés d’exception. Le DIA-250 est le premier d’une nouvelle ligne intégrée combinant préamplificateur, amplificateur et convertisseur. Avec ses 250 W de puissance en classe D, il présente d’ores et déjà une capacité à bouger un grand nombre d’enceintes. En cas de besoin, le DIA-400, avec ses 400 W, saura apporter un gain en puissance pour faire face à tout besoin. Une amplification en classe D au design très soignée garantit en effet une réponse énergique appréciable. Enfin, sa section numérique de conversion repose sur ce qui se fait de mieux chez Burr Brown à l’heure actuelle.

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GATO AUDIO DIA-250

SYSTEME D’ECOUTE Source : Nagra CDC Ordinateur : PC et Mac Enceintes : Pierre-Etienne Léon Alycastre Câbles : Jorma Design Câble USB Wireworld Platinum Starlight

FABRICATION ET ECOUTE

Composants : Le montage interne est soigneusement réparti et chaque zone isolée l’une de l’autre. La section numérique située à l’avant côtoie le pilotage de l’appareil (affichage, volume, sélections), le convertisseur. L’amplification est quant à elle parfaitement isolée à l’arrière, sous une cage métallique. Cette dernière

est confiée à un montage en classe D rigoureux à plusieurs étages animé par une alimentation à découpage de type Ice Power dédiée à cet effet. Un choix ambitieux dont le résultat s’avère à la hauteur des promesses lors des écoutes. Grave : S’imposant avec force et fermeté, l’imposant afflux de courant impulsionnel garantit un déplacement des transducteurs d’enceintes avec une vélocité surprenante. Le bas du spectre se pose avec naturel

et sans excès. Il vient harmonieusement compléter un caractère affirmé musical et très naturel. L’impact sur la présence de la main gauche au piano et des instruments à corde, notamment la contrebasse, est également de mise. Médium : Elément essentiel dans la perception, il définit le caractère du message musical. Ce DIA-250 propose une réelle impression de présence vocale assortie d’une foultitude de détails sans

A l’arrière, la section numérique au plus près des étages d’amplification. A l’avant, isolée, l’alimentation blindée.

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jamais s’imposer d’une quelconque dureté. La justesse des timbres restitués est à ce titre particulièrement bien réussie sur ce modèle intégré. Aigu : Le haut du spectre audible s’installe avec caractère, les voix, dont le médium est déjà d’un réalisme saisissant, en sont complétées harmonieusement et sans impression de crispation. Si la matité est de mise, chaque petite note de piano conserve un caractère à la fois cristallin et tactile. Dynamique : La réserve de puissance est clairement importante. Si le DIA-250 s’accorde d’un couplage avec des enceintes de moyen rendement, le modèle 400 pourra quant à lui, sans encombre, rendre vie aux plus molles d’entre elles. La réactivité, comme l’on pouvait s’y attendre avec ce type de montage, est instantanée, laissant l’impression de compression à l’état d’idée saugrenue ! Attaque de note : L’électronique est rapide, réactive et voulue en phase avec une musique aux accents rythmés. En toute musicalité, le DIA-250 s’applique à transcrire tout enchaînement de notes avec délicatesse et détail. Nous avons particulièrement remarqué sa capacité à garder une parfaite séparation des plans et des timbres d’orchestre même lors de solos. De même les voix superposées restent bien distinctes. Scène sonore : La scène sonore est reproduite avec une excellente largeur. L’étalement des plans dans l’espace,

notamment en profondeur, est palpable. La perception est également complétée d’une légère projection plutôt naturelle et bienvenue. Les instruments restent bien en place en gardant une excellente définition. Transparence : D’une signature sonore mate, laissant tout de même percer la moindre inflexion, la restitution ne fait apparaître aucun renflement du spectre sonore. La palette tonale est très étendue, le grave est tendu, charpenté, le médium fin et naturel. Le haut du spectre est également riche de micro-informations, s’imposant sans effet de crispation. Qualité/prix : Le marché des intégrés avec convertisseur grossit peu à peu. Le Gato DIA-250 offre une excellente capacité à reproduire avec beaucoup de naturel toutes sortes de musiques. A ce niveau de finition et de performance, inutile de faire la fine bouche ! A un prix presque démocratique, cet intégré nous offre donc un très bon combiné avec des possibilités d’évolution non négligeables.

VERDICT

Gato bouleverse la donne sur le terrain des intégrés haut de gamme en proposant, à un prix contenu, un combiné performant, élégant et évolutif. La sonorité racée et détaillée, complétée par une scène sonore étendue et aérée, surprend à ce niveau de prix. La dynamique et la qualité des timbres ne sont d’ailleurs pas en reste. Nous vous invitons donc vivement à découvrir ce nouveau venu.

CONSTRUCTION

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La Série X d’Advance Acoustic s’étoffe! Elle comprend désormais deux amplificateurs intégrés X-i90 et X-i60, un préamplificateur, le X-Preamp, un bloc de puissance stéréo, le X-A160 et un bloc mono XA220. Cette série couvre une large palette budgétaire, mais toujours compétitive.

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e préamplificateur X-Preamp et l’amplificateur X-A160 ont été testés dans le numéro 191 de votre magazine et ont obtenu la récompense du meilleur achat. Cette fois, nous reprenons le préamplificateur pour l’associer à une paire de blocs monophoniques X-A220. Le parti pris du constructeur, sur le plan de l’esthétique, s’appuie sur un châssis en acier présentant une épaisse façade de méthacrylate de toute beauté, laissant apparaître, sur le préamplificateur, deux fenêtres d’affichage

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aux caractères bleus, couleur que l’on retrouve sur le fond du vumètre du bloc de puissance. Le constructeur français propose un grand nombre d’entrées sur ses préamplificateurs, intégrés ou non, comme le X-Preamp. Ainsi, il ne propose pas moins de sept entrées analogiques, dont une sur XLR et une autre pour une platine phono à aimant mobile. Si le X-Preamp répond à la tendance du moment grâce à son entrée USB, il ne néglige pas pour autant les autres standards numériques, comme

LE X-PREAMP

Un trio de choc ADVANCE ACOUSTIC X-PREAMP & X-A220 162

l’AES et son embase XLR, et le S/PDIF, représenté par une paire d’entrées coaxiales et autant en optique EIAJ. Dans ce domaine audionumérique, le X-Preamp intègre un convertisseur Burr Brown PCM 1796, capable de prendre en charge toutes les fréquences d’échantillonnage jusqu’au 192 kHz sous 24 bits. Il est précédé d’un récepteur de signaux Cirrus Logic CS8416 pour les entrées S/PDIF et AES, et d’une interface XMOS XK1119L1 pour la prise en charge des signaux asynchrones en provenance du port USB. Cette petite carte

surmontant celle du DAC s’alimente au moyen des +5 V de la source péri-informatique, et ses caractéristiques rejoignent celles du récepteur Cirrus Logic en matière de traitement des signaux. Précisons-le, car bien souvent, les entrées S/PDIF et AES savent gérer le 192/24, là où les entrées USB se limitent à du 96/24. Ce n’est, heureusement, pas le cas ici. Le X-Preamp présente quatre sorties analogiques principales : celle du casque, disposant d’une carte d’amplification séparée, une stéréo symétrique sur embases XLR et deux paires de Cinch. De plus, une sortie d’enregistrement, tamponnée par un amplificateur opérationnel et des transistors, est également présente. La plupart des étages de gain font appel à des composants discrets : le constructeur a installé des transistors en parallèle dans le but d’abaisser le bruit de fond, ce qui profite tant au rapport signal sur bruit qu’à la définition des signaux de faible amplitude. L’encodeur rotatif central taillé dans la masse propose de nombreuses fonctions, séparées sur la télécommande. Le contrôle de volume repose sur des circuits logiques, pilotant en numérique des réseaux de résistance, traitant ainsi le signal analogique sans conversion et sans remontée du bruit de fond. Comme le bloc stéréo et le préamplificateur, le X-A220 se met sous tension au moyen d’un commutateur au dos du coffret, la sortie de veille étant commandée par des triggers filaires du

LE BLOC MONO X-A220

FICHE TECHNIQUE Origine : France Préamplificateur X-Preamp Prix : 900 euros Dimensions : 11 x 44 x 35 cm Poids : 6,6 kg Entrées analogiques stéréo : 6, dont 1 phono RCA (MM) et 1 symétrique XLR Entrées numériques : 6 dont 2 optiques, 2 coaxiales, 1 AES et 1 USB Résolution maximale : 192 kHz sous 24 bits, USB comprise. Sorties stéréo : 2 RCA, 1 XLR Réponse en fréquence : 20 Hz à 150 kHz (+1 dB – -3 dB) Rapport signal sur bruit : > 105 dB Séparation des canaux : > 80 dB Taux de distorsion + bruit : < 0,05 % Amplificateur X-A220 Prix unitaire : 1 200 euros Dimensions : 20 x 43 x 45 cm Poids : 21 kg Entrées stéréo : 1 RCA (32 kilohms), 1 symétrique XLR (38 kilohms) Sorties : 1 paire style WBT Gain : 30 dB Réponse en fréquence : 10 Hz à 80 kHz (à -3 dB) Rapport signal sur bruit : > 100 dB Taux de distorsion : < 0,08 % Puissance de sortie par canal : 220 W (8 ohms), 350 W (4 ohms) préamplificateur, au moyen de la télécommande fournie. Le rétroéclairage du vumètre fonctionne sous trois modes : plein éclat, mi-puissance ou extinction. Chaque bloc mono dispose d’un transformateur torique de 700 VA identique à celui du bloc stéréo. Après redressement, quatre capacités de 10 000 µF/80 V lissent le courant continu. Un seul amplificateur opérationnel NE5532 figure sur la carte des entrées avec commutateur symétrique/asymétrique.

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ADVANCE ACOUSTIC X-PREAMP & X-A220

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Les étages de puissance font appel à un triple push-pull de transistors complémentaires NJW0281G/NJW0302G, délivrant jusqu’à 220 W/8 ohms et 350 W/ 4 ohms en classe AB. L’amplificateur peut fonctionner sous deux modes accessibles via un commutateur : lorsque la fonction « High Bias » est enclenchée, le X-A220 fonctionne en classe A jusqu’à 55 W et glisse, au-delà de cette puissance, en classe AB.

FABRICATION ET ECOUTE

Entre la carte verticale et le dissipateur, se trouvent les trois push-pull de transistors de puissance. A côté du transformateur torique se trouvent le redressement, le filtrage et l’alimentation du vumètre.

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Construction : Les châssis en acier présentent une finition irréprochable. L’apport des façades en méthacrylate rehausse leur esthétique réussie, tout en apportant une dimension ergonomique non négligeable, grâce à l’affichage du préamplificateur et les vumètres des blocs de puissance. L’implantation interne, rationnelle, traduit une excellente maîtrise du sujet. Composants : Cette disposition judicieuse des différents sous-ensembles s’accompagne d’un choix de composants de qualité, soudés sur des cartes distinctes et séparées par fonction. Dans le préamplificateur comme dans les amplificateurs, des transformateurs toriques assurent l’alimentation primaire, combinant compacité, rendement et faible rayonnement. Les blocs mono doivent leur épaisseur à la hauteur du dissipateur thermique des transistors de puissance. Grave : Ce que nous avions remarqué dans le X-A160 en termes d’articulation, de grave charpenté et de restitution organique va encore plus loin sur les blocs mono X-A220. Le grave ne manque donc ni de précision, ni de punch, ni de profondeur. La haute définition de cette portion du spectre est à même de séparer les différents événements sonores les uns des autres, comme si chaque instrument avait son propre amplificateur, tant le détourage est exemplaire. Médium : Ce que nous avons pu constater et apprécier dans le registre grave se retrouve dans le registre médium, pour son caractère fouillé, très réactif, faisant preuve d’un beau pouvoir de discrimination des différents timbres sur les passages comportant un grand nombre d’informations simultanées. Les Advance

Acoustic savent faire le tri en temps réel sur ces mouvements musicaux difficiles à reproduire. Le message sonore est restitué avec cohérence et matière, plus encore que sur le bloc stéréo, qui délivre moins de courant. Ceci posé, le point commun entre le bloc stéréo et les blocs mono tient au pouvoir d’analyse et au suivi du moindre détail. Aigu : Ce registre sait se montrer rapide en toutes circonstances, diffusant le haut du spectre en un savant équilibre de subtilité, de finesse et de consistance. Sur ce dernier point, il va un peu plus loin que le bloc stéréo. On sent que les X-A220 ont de la puissance à revendre, tellement ils se montrent responsifs à toute sollicitation. Le spectre harmonique de certains instruments, en particulier les cordes pincées, est restitué sans coloration, mais avec une aération évidente : l’apanage des bons amplificateurs. Dynamique : Les blocs mono, bien épaulés par la vivacité et la haute définition du préamplificateur, semblent avoir de la puissance à revendre. Cette source inépuisable ou peu s’en faut leur facilite la diffusion de morceaux pouvant passer d’un pianissimo à un fortissimo de manière soudaine, comme sur les morceaux choisis du disque d’Alfred Schnittke, extraits de Gogol Suite et bien plus encore sur l’album Radio K.A.O.S. de Roger Waters. Attaque de note : Cette puissance dont fait preuve cet ensemble bien assorti respecte les attaques des notes dans ce qu’elles ont de richesse harmonique (plus un son est bref et plus son contenu spectral est riche). On perçoit les attaques et la différenciation des timbres à faible niveau, et cette spontanéité ne faiblit pas lorsque l’on monte le volume, gage d’alimentations généreusement dimensionnées.

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Câbles : HiFi Câbles et Cie Trans AES/EBU III (AES) Liaisons ligne Van den Hul Mountain Câbles de puissance Jorma Design Enceintes : Pierre-Etienne Léon Alycastre

Scène sonore : Sachant que les composants des amplificateurs ont été sélectionnés afin d’obtenir une homogénéité d’un canal à l’autre, c’est sur le préamplificateur que repose l’évaluation de la scène sonore. Les tests de la profondeur, au moyen d’enregistrements en stéréo de phase, n’ont pas permis de mettre le X-Preamp en difficulté. La localisation des sources sonores et instrumentales dans l’espace fait preuve à la fois de stabilité, de détourage et de cohérence. Transparence : Nous avons alterné les

analogiques et numériques, et deux puissants blocs mono de conception aboutie et de musicalité enviable.

VERDICT

Le sérieux de conception d’Advance Acoustic en matière d’électronique n’est plus à démontrer. La maîtrise technique, rassurante, associée à une saine recherche esthétique profitant à l’ergonomie font de cet ensemble préamplificateur et blocs monophoniques une offre de premier choix, en donnant plus que l’on en attend dans cette gamme de prix abordable. Il faudra

Au-dessus, l’amplificateur, sa connectique audio et ses contrôles de trigger et d’illumination du vumètre. Ci-contre, le préamplificateur dispose d’un grand nombre d’entrées analogiques et tous les standards numériques, USB compris.

écoutes en reliant notre DAC Reymio sur l’entrée symétrique du préamplificateur, puis en reliant directement la sortie de notre lecteur Nagra sur l’entrée AES du X-Preamp. Bien sûr, on ressent des différences, mais le DAC intégré au préamplificateur se comporte de manière très satisfaisante. Rappelons que notre DAC de référence coûte près du double de l’ensemble Advance Acoustic. Le pouvoir analytique de ce dernier dépasse cependant largement ce que l’on est en droit d’attendre dans cette gamme de prix. Qualité/prix : Ce trio de choc présente un excellent rapport qualité/prix. L’investissement reste raisonnable pour un préamplificateur très réussi, doté d’entrées

compter sur un investissement de 3 300 euros pour l’ensemble, ce qui n’est pas énorme, vu les performances et la musicalité des Advance Acoustic.

CONSTRUCTION

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DEVIALET 400 & B&W 802D

Une écoute d’exception 166

Un Devialet 400 branché sur une paire d’enceintes que l’on ne présente plus, les B&W 802D, constitue un choix homogène du point de vue du prix, mais aussi sur le plan de la qualité de restitution, d’autant que les électroniques intègrent le fameux Speaker Active Matching.

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ous avons publié de nombreux articles sur Devialet, depuis la sortie du D-Premier, et nous suivons l’évolution de cette marque française, au point d’avoir été la première revue au monde à dévoiler le fonctionnement du Speaker Active Matching, qui optimise le fonctionnement des électroniques avec les enceintes acoustiques, pour peu que celles-ci aient été mesurées par Devialet. Actuellement, la liste comporte plus de 100 modèles d’enceintes et ne cesse de s’implémenter de jour en jour !

NOUVELLE TECHNOLOGIE, NOUVELLE MENTALITE

Rappelons quelques points importants illustrant la spécificité des amplificateurs Devialet. Leur système ADH (Analog Digital

Hybrid) combine un amplificateur en classe A sans contre-réaction par canal (amplification en tension) à un amplificateur en classe D (amplification en courant). Le “classe A” ne consomme pas grand-chose, car il travaille seulement en tension. Le “classe D” amplifie en courant et l’avantage de ce type de montage est son efficacité : plus de watts et moins d’énergie perdue en chaleur. En conséquence, un Devialet intégrant une alimentation de 600 W en régime continu (et 3 000 W en crête) dispose de bien plus d’énergie qu’il ne lui en faut, contrairement à un amplificateur entièrement analogique de puissance équivalente. La référence des Devialet indique leur puissance en watts efficaces par canal, des vrais watts, ajustables via le configurateur du site Internet de la marque. Nous avons entendu parler d’un magazine qui n’avait trouvé que 165 W sur les 240 W annoncés parce que le D-Premier testé à l’époque avait été configuré ainsi… Le Devialet 400 se compose de deux modules, des Devialet 200. L’amplificateur maître est complet, tandis que son compagnon est dépourvu de la carte WiFi et de la télécommande, ce qui explique, pour cet élément, l’allégement du prix de 1 000 euros. Avec deux blocs d’amplification, les possibilités sont nombreuses : on peut configurer les Devialet en quatre amplificateurs indépendants, comme deux canaux alimentant le grave et les deux autres, le médium aigu, en utilisant le filtre passif

TECHNOLOGIE OUVERTE

des enceintes ou en le supprimant : dans ce cas, le filtrage actif et configurable des Devialet sera exploité, à l’exclusion de tout autre. Nous nous en tiendrons à la fonction générique du Devialet 400, sous la forme d’une paire de blocs mono. Il ne s’agit absolument pas de bi-amplification, comme on a pu le lire ailleurs, mais de mode ponté.

LE MODE “BRIDGE” OU “AMPLI PONTE”

Chaque Devialet (un 200) dispose de deux amplis de 200 W. Le montage en pont consiste à inverser la phase de l’un des deux modules de puissance pour le faire fonctionner en différentiel avec l’autre étage de puissance. C’est un genre de montage en “push-pull” (un module qui tire, et l’autre qui pousse), avec, au milieu, la charge, représentée par l’enceinte acoustique. On obtient donc 400 W par canal avec cette configuration en pont. En conséquence, chaque amplificateur de 2 x 200 W en stéréo passe à 1 x 400 W en mono, et c’est pour cette raison qu’il faut deux blocs distincts, un pour chaque canal. Comme les deux modules de puissance fonctionnent en différentiel, on relie l’enceinte sur chaque bloc mono en se servant uniquement des deux bornes rouges des sorties de puissance. Pour respecter la phase d’une enceinte à son homologue de l’autre canal, il faudra se fier au repérage en couleur des câbles, afin de brancher les deux enceintes dans le même sens.

AVANTAGES DU MONTAGE EN PONT

Le temps de montée des amplificateurs est divisé par deux, de même que le taux de distorsion, déjà infinitésimal. De plus, les ressources des circuits numériques étant

En configuration bloc mono, le nombre d’entrées est doublé : les RCA sont configurables en analogique ou numérique. Il faut relier les deux RCA les plus proches des XLR. Chaque enceinte se branche sur un bloc entre les deux bornes rouges.

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DEVIALET 400

FABRICATION ET ECOUTE

doublées, l’ensemble Devialet 400 dispose donc de deux Magic Wire, ce module révolutionnaire qui convertit les signaux entrants en 192 kHz/24 bits et qui alimente, via un convertisseur courant/tension de haute qualité mais simplissime dans le fonctionnement, les étages de puissance. Ainsi, en fonctionnant en différentiel, la résolution atteint 384 kHz/24 bits, puisque les deux puces de conversion Texas Instruments PCM 1792 fonctionnent en double mono ! À chaque audiogramme lu, nous avons successivement activé et désactivé le Speaker Active Matching configuré pour les B&W 802D, afin de rendre compte ici de son influence sur la musicalité. Nous le faisons pour la dernière fois, sachant que, d’une part, le SAM est partie intégrante de tout amplificateur Devialet et, d’autre part, les corrections très pertinentes effectuées par le SAM donnent des résultats si probants, que, dans la vraie vie, on le laisse actif en permanence.

CONDITIONS DU TEST

Construction : Les coffrets très plats et sobres, en aluminium poli taillé dans la masse, ne présentent qu’une touche à impulsion par amplificateur, et un afficheur circulaire. Des plaques amovibles offrent l’accès facile à la connectique, que l’on aura configurée au préalable, via le site du constructeur. Composants : Pas moins de 10 calculateurs, à la précision de 40 bits à virgule flottante, font partie des 2 500 composants, de provenances diverses, assemblés en des modules révolutionnaires ayant donné lieu au dépôt de dizaines de brevets. Le nombre élevé de ces composants ne laisse pas deviner que très peu d’entre eux sont sur le chemin ultracourt du signal, entre 5 et 10 cm. C’est là toute la puissance de Devialet, maîtrisant le matériel aussi bien que le logiciel. Grave : Les B&W 802D possèdent ce qu’il faut pour restituer le grave, avec leurs boomers de 20 cm, décompressés par un évent bass-reflex dirigé vers le bas. L’association avec le Devialet 400 apporte de la consistance et du punch. Avec le SAM enclenché, les 802D descendent plus bas et gagnent en précision de manière flagrante, rappelant ce que nous avons ressenti avec les Atohm GT-1 qui, d’enceintes de bibliothèque, se mettent

à sonner comme des colonnes. Le grave, avec le SAM, présente un caractère plus tendu et plus réaliste. Médium : Les transducteurs FST diffusant le médium sur les 802 D s’acquittent de leur tâche en faisant preuve de haute définition, notamment dans le respect des signaux de faible amplitude qui ne disparaissent pas dans le message sonore ambiant, face aux événements sonores plus perceptibles en raison de leur amplitude. Le SAM, bien que n’agissant pas directement dans cette bande de fréquences, contribue à un gain en précision, en détourant chaque information sonore tout en conservant une très belle homogénéité. Aigu : Au fil des Devialet testé dans Haute Fidélité, nous avons pu constater une nette amélioration de la musicalité dans le registre aigu, conséquence de l’évolution des amplificateurs de la marque. Le 400 gagne encore en finesse dans ce registre. En effet, si nous n’avons pas décelé de différence sensible dans l’aigu, avec ou sans le SAM, le fait de bénéficier de l’apport des deux “Magic Wire” affine la qualité de restitution et le caractère vivant du haut du spectre. Dynamique : Les caractéristiques du Devialet démontrent son aptitude à respecter la dynamique des audiogrammes, avec une précision nettement supérieure à bien des amplificateurs du marché. Son comportement dynamique semble

Le Devialet maître (à gauche) et son compagnon (à droite) : la carte WiFi, sous les six condensateurs, est absente sur l’amplificateur de droite. En haut à gauche, on aperçoit les alimentations de 600 VA (3 kVA crête). De la haute intégration !

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FICHE TECHNIQUE Origine : France Prix : 12 980 euros (6 990 euros pour l’ampli maître et 5 990 euros pour le “compagnon” Dimensions à l’unité : 400 x 400 x 44,5 mm Poids à l’unité : 7 kg Entrées et sorties suivant configurateur : Entrées numériques S/PDIF ou analogiques stéréo ou mono ligne ou phono, sorties de filtrage actif ajustable de 10 Hz à 10 kHz et de 6 à 24 dB par octave, sortie de casque sur 2 RCA… Entrée USB : asynchrone 192 kHz sous 24 bits avec récepteur XMOS. Entrées optiques : 1 Toslink et 1 Toslink Mini 3,5 mm Entrées réseau : 1 filaire Ethernet sur RJ45 (10/100 Mbps) et WiFi 802.11 b/g/n (streamer universel Devialet Air) Résolutions : jusqu’à 384 kHz sous 24 bits en mode ponté Puissance de sortie : ajustable de 30 W à 400 W par canal Impédance de sortie : 0,001 ohm (1 m ) Distorsion harmonique totale + bruit : 0,001 % à pleine puissance Distorsion d’intermodulation SMPTE : 0,00025 % Rapport signal sur bruit non pondéré : >130 dB Bande passante : 0 à 87 kHz (-3 dB), 0 à 60 kHz (-1 dB), 0 à 30 kHz (-0,1 dB) Accessoires : télécommande, câble Crystal Cable Diamonds de liaison entre les amplificateurs, cartes SD, notices, câble d’alimentation, logiciel Devialet AIR, apps IOS et Android gratuites. escamoter une étape de la chaîne de production sonore, comme si nous écoutions les bandes master sans les opérations de copie, de pressage, etc. Le SAM renforce cette impression qui devient certitude, car la musicalité se fait alors encore plus réaliste, saisissante de vérité, comme si un voile s’était levé entre les enceintes acoustiques et l’auditeur. Attaque de note : Déjà rapide à l’unité,

tel qu’un Devialet 200, un 400 est encore plus rapide, établissant les notes deux fois plus vite, grâce au montage en pont des amplificateurs. On perçoit donc la musique telle qu’elle a été enregistrée. Ce test confirme l’absence de voile constatée dans le test de dynamique. Avec le SAM, le Devialet 400 va plus loin, en améliorant l’enveloppe des notes plus jouées que restituées, en leur donnant leur attaque originelle. Lorsque l’on désactive le SAM, les boomers donnent l’impression qu’ils sont moins tenus par les étages de puissance. Scène sonore : La rapidité d’établissement des notes, la dynamique, à l’image de ce qui a été enregistré sur les différents audiogrammes écoutés, s’associent pour une scène sonore large et profonde, loin de cette sorte de tassement, de profondeur mate que l’on remarque sur les amplificateurs en classe D. Sur ce plan, le système ADH s’affranchit de cette lacune, grâce, entre autres, aux étages en classe A. Le SAM apporte de la précision supplémentaire, en recréant les enveloppes dynamiques des notes en raison d’un maintien optimal des membranes des quatre boomers des 802D, en gommant littéralement leur inertie. Transparence : Rarement un amplificateur sera allé aussi loin dans la transparence, tant le Devialet 400 fait preuve d’un réalisme saisissant sur toutes les nuances et dans tous les styles de musique. Aucune coloration ne vient dégrader le signal. Le Devialet ne verse jamais dans l’approximation ou le flou plus ou moins artistique, bien servi par une paire d’enceintes de haute musicalité. Ces dernières gagnent en naturel lorsque le SAM est enclenché, son action prédictive empêchant toute inertie dans les hautparleurs, en particulier ceux dévolus au registre grave. Qualité/prix : Ce duo de Devialet intègre

des technologies innovantes au service de la musicalité. Les possibilités étendues de configuration de ces amplificateurs n’ont d’égale que la facilité de mise en œuvre. Devialet a su lier la souplesse de ses électroniques et l’ergonomie, le tout présenté dans des coffrets à l’esthétique très réussie, notamment pour la sobriété. Le rapport qualité/performances/prix est optimal.

VERDICT

Le chemin parcouru depuis les D Premier s’évalue à l’oreille. Les nouveaux amplificateurs font preuve d’une musicalité et d’une précision surpassant bien des maillons de prestige. La souplesse d’utilisation, à l’image de la possibilité de ponter certains modèles pour les configurer en bloc mono, apporte une dimension supplémentaire dans l’évolutivité des amplificateurs, en dehors des mises à jour régulières et gratuites proposées par le constructeur. Et n’oublions pas le Speaker Active Matching qui creuse littéralement l’écart avec la concurrence. Partie intégrante de tout amplificateur Devialet, il n’a été parfois désactivé dans ce banc d’essai que pour mieux évaluer son influence bénéfique sur l’écoute. Car une fois enclenché, on ne le désactive plus jamais !

CONSTRUCTION

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SYSTEME D’ECOUTE Lecteur universel Oppo Serveur USB Apple

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e bloc stéréo de puissance représente le milieu de gamme de chez Hegel, entre le « petit » H20 délivrant 200 W par canal sous 8 ohms, et le bloc mono H30, éventuellement configurable en stéréo (puisqu’il fonctionne en mode bridgé en mono). Sur le plan historique, les premières électroniques élaborées par le norvégien Bent Holter, avant qu’il ne fonde Hegel, furent des amplificateurs de puissance destinés à sonoriser son groupe. Le bloc stéréo H4SE applique de nombreuses techniques fort pertinentes, tant les résultats probants se vérifient à l’écoute.

LA TECHNOLOGIE SOUNDENGINE

Les circuits de gain, constitués de 14 paires de transistors bipolaires par canal, des modèles très classiques et répandus, spécialisés pour l’audio, prennent place dans un montage combinant les avantages de la classe AB et de la classe A, sans leurs inconvénients respectifs. Ainsi, les couples de transistors PNP 2SA1943 et NPN 2SC5200 (15 A/150 W chacun) éliminent, dans un montage dérivé de a classe AB, la distorsion de croisement provoquée par le raccordement, au passage par zéro, du « push » et du « pull », comme le ferait un montage en classe A. Ce système préventif est dénué de toute contre-réaction négative globale. En résumé, ce procédé combine la distorsion négligeable de la classe A avec le rendement énergétique de la classe AB.

PRISE EN CHARGE DE LA MODULATION

Le Hegel reprend les traditionnels borniers universels pour les sorties de puissance, doublés pour le bi-câblage des enceintes. Les entrées se partagent entre les liaisons symétriques sur XLR et asymétriques sur cinch. On passe d’un standard à l’autre en actionnant un petit commutateur par canal. Un amplificateur opérationnel de très bonne qualité (un SSM 2141 par canal) prend en charge la liaison différentielle. L’entrée asymétrique transite par un condensateur au polypropylène SCR frappé de la marque Hegel. Enfin, au bas du panneau arrière figure une embase IEC recevant le courant secteur. Et du courant, il en faut !

En corrélation directe avec la Dual Power, qui procure deux alimentations distinctes à chaque canal, Hegel sépare, sur tous ses modèles d’amplificateurs, le gain en tension du gain en courant. Tout d’abord, la modulation traverse le module fonctionnant en tension, puis celui fonctionnant en courant. Ce dernier génère un fort courant à destination des enceintes, dont la force contre-électromotrice est totalement

LA TECHNOLOGIE DUAL AMP

maîtrisée. On peut en avoir une idée précise lorsqu’on constate que le facteur d’amortissement atteint une valeur élevée : 1 000 sous 8 ohms, ce qui signifie, à la fréquence donnée (que le constructeur ne précise pas), que l’impédance de sortie du H4SE est de seulement 8 millième d’ohms : de quoi piloter les enceintes les plus capricieuses en terme de variations d’impédance. De plus, cette technologie séparant étages de gain en tension de ceux fonctionnant en courant a pour effet annexe de réduire encore la distorsion et d’améliorer le comportement dynamique de l’amplificateur. L’application des principes développés par Hegel en termes des résultats d’écoute démontre, à l’évidence, que ces technologies « propriétaires » ont un impact très positif sur la restitution.

FABRICATION ET ECOUTE

Construction : Le coffret, à l’épaisseur calculée pour recevoir plus d’une quarantaine de kilos de composants, à commencer par le transformateur torique de plus de 2 kW, repose sur six pieds. La disposition symétrique des deux cartes d’amplification gauche et droite est dictée par leur montage sur de larges dissipateurs

FICHE TECHNIQUE Origine : Norvège Prix : 7 500 euros Dimensions : 21 x 43 x 55 cm Poids : 45 kg Puissance de sortie sous 8/4/2 ohms : 2 x 300 W / 2 x 570 W / 2 x 1 000 W Facteur d’amortissement : supérieur à 1 000 Entrées ligne stéréo : 1 sur cinch, 1 sur XLR (commutables) Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz ± 0,2 dB Réponse en phase : moins de 2° sur toute la bande passante Taux de distorsion : > 0,004 % à 100 W Niveau de bruit : -100 dB thermiques latéraux. Composants : Afin de garantir la meilleure stabilité possible pour une grande puissance de sortie, le constructeur a doté son amplificateur de 56 transistors bipolaires finaux et de 32 capacités électrochimiques montées à proximité immédiate des transistors, gros demandeurs d’énergie instantanée. Grave : Après quelques minutes de chauffe, cet Hegel donne toute sa mesure, à

UNE PUISSANCE CONFORTABLE

L’énorme transformateur torique capable de délivrer plus de 2 000 W alimente les étages de gain en double/double mono, sachant que chaque carte d’amplification dispose de deux circuits indépendants, ce que l’on devine à la présence de deux ponts de diodes à haut courant pour chacune des voies. Il s’agit là de la technologie Dual Power développée par Hegel. Le découplage des alimentations comprend 16 condensateurs électrochimiques de 8 200 µF par canal, soit plus de 260 000 µF en tout. Cette valeur capacitive, déjà conséquente sur le papier, prend toute son importance lorsqu’on remarque la disposition des condensateurs à l’horizontale, au plus près des étages de gain, afin d’éviter la perte en ligne, tout en conservant un comportement dynamique optimal.

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Puissance et musicalité HEGEL H4SE

Spécialisé dans les électroniques (lecteurs CD, DACs, préamplificateurs et amplificateurs), la firme Hegel ne propose pas moins de trois modèles de puissance, dont le plus récent H4SE doté de performances alléchantes.

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HEGEL H4SE commencer par une assise époustouflante dans le bas du spectre qui se montre charpenté, organique et rapide, tout en restant stable et jamais en manque d’énergie. On sent les chevaux sous le capot ! Il est peu courant (sans jeu de mots) de ressentir aussi bien le mélange de claquant et de profondeur du stick Chapman joué de main de maître par Pascal Gutman. La densité et la définition en deviennent quasi palpables. Médium : Magistral dans le registre grave, le HASE devient nuancé, tout en pleins et en déliés dans la bande médiane, grâce à une puissance disponible vertigineuse dont il use sans abuser, même si l’on sent, parfois, qu’il aimerait bien lâcher la cavalerie. Cet amplificateur possède une grande vivacité qu’il aurait du mal à dissimuler, surtout sur les passages bien enlevés. La restitution fouillée de ce registre complexe traduit une grande aisance et le respect du moindre détail musical. Aigu : Le caractère prompt et méticuleux constaté sur les deux autres registres ne dépare pas de l’impression donnée par le comportement du Hegel dans le haut du spectre. À l’instar des meilleurs amplis du moment, il remplit son office sans difficulté, dans le respect des événements sonores et musicaux, reproduits avec authenticité et aération. Si le H4SE file très haut dans les harmoniques présents sur les audiogrammes, il le fait en conservant une densité toute analogique, dans l’acception la plus musicale du terme. Dynamique : Cet amplificateur dispose d’une telle énergie potentielle que la plage dynamique, aussi large soit-elle, n’entraîne ni tassement sur les fortissimi, ni simplification harmonique des signaux de faible amplitude. Les pointes de modulation sont avalées sans la moindre difficulté, grâce

à une énorme réserve de puissance et des circuits courts entre l’alimentation et les étages de gain. On ressent toujours cette impression de grande puissance, qui n’attend que le moment propice pour s’échapper des enceintes… Impressionnant. Attaque de note : Cette vivacité permanente, mais parfaitement maîtrisée de l’amplificateur, s’illustre dans les attaques de notes, restituées à l’identique par rapport au contenu des audiogrammes. Cela posé, la dureté n’est pas de mise, seulement le caractère vivant des œuvres musicales, comme pour coller au plus près de la prise de son initiale, sans la dénaturer, mais au prix d’une sorte de punch aéré qui traduit bien la personnalité de l’Hegel H4SE. Scène sonore : Les tests d’écoute précédents laissent deviner ce à quoi l’on peut s’attendre dans le respect des environnements sonores. Sur ce plan (sur ce relief, pourrait-on préciser, car cette expression sied mieux au comportement de l’Hegel), l’amplificateur brille dans toutes les dimensions. En effet, les scènes sonores sont restituées avec beaucoup d’authenticité, en largeur, profondeur, mais aussi en hauteur, tant l’Hegel fait preuve d’une acuité peu commune dans le respect des sources sonores et de leur focalisation dans l’espace musical. Transparence : L’absence de coloration, le caractère organique et musclé, une scène sonore conforme aux enregistrements… Le H4SE domine, de ses performances musicales, tout ce qui passe dans ses transistors de puissance, avec beaucoup d’aisance et de tenue, d’autant que le facteur d’amortissement, supérieur à 1 000 sous 8 ohms, maintient fermement les membranes des haut-parleurs en éliminant leur force contre-électromotrice.

SYSTEME D’ECOUTE Lecteur Nagra CDP Convertisseur Reimyo DAP-999EX Préampli ATS SCA2 Enceintes Pierre-Etienne Léon Maestral Qualité/prix : Cet amplificateur de puissance, musclé, charpenté et articulé à souhait, dévoile des performances que l’on ne rencontre que peu souvent. La maestria avec laquelle il impose le signal audio amplifié aux transducteurs ne laisse pas de place à la fantaisie, au profit d’une musicalité diffusée au plus près du contenu des audiogrammes. Que lui demander de plus ? De présenter un prix plus abordable ? Même pas, tant il remplit son rôle au-delà des espérances.

VERDICT

Cet amplificateur remarquable, bien qu’arborant une implantation générale somme toute classique, à première vue, surpasse toutes les espérances. En effet, l’alimentation centrale et les étages de gain montés sur dissipateurs latéraux ont un air de déjà vu… Cependant, un examen plus poussé laisse entrevoir la conception aboutie de l’Hegel H4SE, consistant à séparer le gain en tension du gain en courant, pour une musicalité accrue. De plus, les caractéristiques élevées, tant en matière de puissance que de facteur d’amortissement, assurent à cet amplificateur la faculté de piloter n’importe quel type d’enceintes acoustiques, y compris celles de faible sensibilité et dotées d’une courbe d’impédance plutôt accidentée : autant de contraintes que le Hegel a le pouvoir de gommer sans effort, ce qui le place dans le peloton de tête des très bons amplificateurs de puissance du moment.

CONSTRUCTION COMPOSANTS GRAVE MEDIUM AIGU DYNAMIQUE ATTAQUE DE NOTE SCENE SONORE TRANSPARENCE QUALITE/PRIX

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