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PATH OF GLORY
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PATHS OF GLORY
Titre français : Les Sentiers de la Gloire Production : James B. Harris et Stanley Kubrick et Kirk Douglas Scénario: Stanley Kubrick, Jim Thompson, Calder Willingham Acteurs : Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou, George Macready Année de sortie: 1957 Durée: 88 minutes Genre: Guerre Nationalité: Américain
RÉSUMÉ
Loin du champ de bataille, le Général George Broulard ordonne au général Mireau une mission suicide afin de prendre une position allemande. Mireau délègue cette mission au Colonel Dax qui ne voit pas l’intérêt de cette offensive. L’attaque contre la colline est lancée. Mireau ordonne de tirer contre ses propres hommes pour les forcer à avancer. Personne ne bouge. C’est le fiasco. Furieux, il exige que cent hommes passent devant la cour martiale pour lâcheté devant l’ennemi. Seuls trois hommes seront jugés, à titre symbolique: le Caporal Paris ainsi que les soldats Ferol et Arnaud. Dax, avocat dans le civil, se propose de les défendre. Sa plaidoirie est aussi émouvante qu’inutile. Il s’agit d’un faux procès. Dax fournit à Broulard la preuve que Mireau a exigé que l’on tire sur ses hommes dans l’espoir de sauver ses soldats, en vain. Les trois hommes seront exécutés malgré tout. Broulard est séduit par le charisme de Dax qu’il considère ambitieux. Il lâche aussitôt Mireau et propose à Dax de monter la garde. Dégoûté par ce jeu de chaises musicales, Dax refuse la promotion. Broulard le taxe alors d’idéalisme. Après l’exécution, les militaires noient leur désarroi dans le bruit et l’alcool. La chanson d’une jeune prisonnière allemande va les apaiser. Dax les laisse en profiter quelques instants, avant de continuer le combat.
ANALYSE
Les Sentiers de la Gloire est un film adapté du best-seller du même nom de Humphrey Cobb, publié en 1935. Les films de guerres ne sont pas inconnu pour Kubrick. Ce film affirme le style et la thématique du Maître, déjà nettement perceptible dans L’Ultime Razzia. Formellement, il manifeste déjà un goût particulier pour les compositions géométriques et les longs travellings, les progressions dans les tranchées étroites en mettent plein les yeux. Mais, Les Sentiers de la Gloire marque surtout, le début de l’étude Kubrickienne des mécanismes de déshumanisation, et l’armée fournit d’excellents exemples. On pourrait, bien entendu opposer l’état-major opérant depuis son château à la masse des fantassins croupissant dans la boue.
KUBRICK POUSSE LA DÉMARCHE DE DÉSHUMANISATION BIEN PLUS LOIN : LES OFFICIERS SONT CLAIREMENT IDENTIFIÉS, MAIS LES SOLDATS RESTENT ANONYMES, SAUF DEUX EXCEPTIONS.
Lorsque Mireau visite les tranchées, il demande le nom de quelques soldats, qui sont dorénavant porteurs d’une identité, mais seul l’officier accorde ce droit. Les soldats sont individualisés lorsqu’ils doivent servir «d’exemple» et sont donc fusillés. Mais Les Sentiers de la Gloire va plus loin, en démontrant que ce système ne fonctionne pas seulement à un niveau global, mais aussi individuel: chaque personnage est déresponsabilisé. Aucun ne prend de décision de sa propre volonté, mais chacun se réfère à une responsabilité supérieure, que ce soit pour couvrir une erreur, ou encore un meurtre sacrifiant un soldat témoignant de son incompétence. Même l’opérateur radio agit en se référant au code pour se protéger des éventuelles accusations.
KUBRICK NE MONTRE PAS UN SYSTÈME D’OPPRESSION CENTRALISÉ, MAIS UNE SÉRIE DE MICROSTRUCTURES OÙ CHACUN PARTICIPE SANS JAMAIS SE SENTIR RESPONSABLE.
La seule exception est le Colonel Dax, dont il est précisé qu’il n’est pas militaire de carrière, au contraire de Mireau qui en fait sa fierté. Dax agit selon ses propres principes, ce qui lui vaudra l’incompréhension du général Broulard, qui pense que sa lutte contre Mireau est motivée par une ambition personnelle. Kubrick traitera de l’aliénation durant toute sa carrière, le premier jalon se trouve ici.
LES SENTIERS DE LA GLOIRE N’A JAMAIS ÉTÉ INTERDIT DE PROJECTION EN FRANCE LA RÉALITÉ EST PRESQUE PIRE.
Le film avait suscité de violentes réactions de l’armée et d’anciens combattants belges, durant la première projection en Belgique. Soucieux de s’épargner une polémique supplémentaire en pleine guerre d’Algérie, le Quai d’Orsay demande à Washington de suggérer au distributeur d’oublier de proposer le film en France. Les cinéphiles seront contraints de passer la frontière pour découvrir ce film. Les Sentiers de la Gloire sortira en France en 1975, durant l’été. Un très grand film sur un sujet très sensible, comme le prouvent les violentes polémiques déclenchées par chaque tentative de réhabilitation des victimes de la justice militaire.