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BARRY LYNDON

BARRY LYNDON

BARRY LYNDON

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Production : Warners Bros Scénario: Stanley Kubrick Acteurs : Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Leon Vitali, Patrick Magee Année de sortie: 1975 Durée: 177 minutes Genre: Historique, Comédie dramatique Nationalités : Britannique, Américain

RÉSUMÉ

Redmond Barry tombe amoureux de sa cousine Nora Brady, mais celle-ci s’intéresse à l’officier Britannique John Quin et à sa rente. Redmond, vexé, le provoque en duel après lequel il se voit contraint de quitter l’Irlande. Avant de partir, il se fait dérober par le capitaine Feeney et ses hommes. Redmond s’engage dans l’armée, et il y rencontre le Capitaine Grogan qui l’informe qu’il n’a pas tué Quin. Il est envoyé en Allemagne puis déserte en partant pour la Hollande et en prenant l’identité d’un soldat. En chemin, il rencontre le Capitaine Potzdorf qui lui donne le choix entre le livrer aux Anglais, ou rejoindre l’armée prussienne. Barry retourne une nouvelle fois sa veste. Après la guerre, il travaille au service du Chevalier Balibari, par l’intermédiaire duquel il rencontre la Comtesse de Lyndon. Barry la charme, et se marie avec elle, prenant le titre de Barry Lyndon à la mort de son mari. Il s’installe en Angleterre et abuse de la richesse de son épouse. Le premier fils de la Comtesse, Lord Bullingdon, désapprouve ce mariage. Barry le brutalise. Des années plus tard, Lord Bullingdon confronte une nouvelle fois Barry. La mort de leur fils Bryan va sceller la fin du couple. Lord Bullingdon réclame un duel. Barry accepte. Il refuse de tirer. Lord Bullingdon insiste et lui tire dans la jambe. Bullingdon lui propose de lui payer la rente si Barry accepte de quitter le pays. Barry voyage à travers l’Europe et tient sa promesse de ne jamais revenir en Angleterre.

ANALYSE

Stanley Kubrick est obnubilé par l’idée de réaliser un film sur Napoléon. En 1974, ce projet a tout pour être concrétisé, mais il est beaucoup trop coûteux pour la Warner. Malgré beaucoup de critiques, avant même que le projet ne soit lancé, Kubrick ne baisse pas les bras et trouve une solution pour offrir un nouveau film qui sera moins coûteux. Il décide de faire l’adaptation du roman «Les Mémoires de Barry Lyndon de Thackeray». Pourtant il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Kubrick a décidé d’adapter cet ouvrage. En effet, en plus du cadre napoléonien, Kubrick reprend un thème qu’il aime aborder : l’erreur humaine. Pour Kubrick, le meilleur roman pour faire un film n’est pas un roman d’action, mais un roman tourné vers la vie intérieure de ses personnages. C’est pour cette raison qu’il a décidé de porter les aventures désenchantées de Barry Lyndon, à l’écran.

CE FILM A DEMANDÉ UNE PRÉPARATION DE 250 JOURS DE TOURNAGES. BARRY LYNDON SOULIGNE UNE NOUVELLE FOIS LE TALENT VISUEL ET LA MAÎTRISE DE LA MISE EN SCÈNE DE CE GÉNIE DU CINÉMA.

Barry Lyndon est vu comme un documentaire. Ce voyage dans le passé est marqué par un ensemble de décors, de costumes, d’accessoires, mais aussi de comportements d’époque. Kubrick se concentre sur ses interprètes, car ce sont les personnages, les situations et la technique qui prédominent la réalisation. Il attend beaucoup de ses comédiens, ce qui lui vaut souvent de passer pour un dictateur sur un plateau de tournage. Le travail qu’a fourni Kubrick répond à une exigence voulue par le cinéaste pour être au plus près d’une époque, mais surtout pour que Barry Lyndon soit «un film de Stanley Kubrick».

En effet, de très nombreuses séquences du film marquent à jamais l’esprit du spectateur. La lumière naturelle à la bougie, la musique poétique au climat tragique, les costumes et le détail dans l’expression des visages soulignent avec justesse le propos, l’émotion et la période que Kubrick veut nous montrer. L’éclairage, particulièrement celui à la bougie, est une des caractéristiques du film, car au 18e siècle, on s’éclairait à la bougie. Kubrick veut être le plus réaliste possible. Pour cela, il a utilisé un objectif utilisé par la NASA, avec une ouverture de diaphragme incroyable, ce qui leur permettra de filmer dans des conditions de basses lumières. Ce choix est un grand défi pour Kubrick. Il aura fallu 3 mois pour que la mise au point de l’objectif soit parfaite. Mais le résultat parle de lui-même, aucun film, encore aujourd’hui, n’a réussi à restituer une lumière à la bougie aussi naturelle.

UNE AUTRE PARTICULARITÉ, PROPRE À KUBRICK, C’EST L’UTILISATION DU ZOOM QUI PERMET LE PASSAGE D’UN POINT DE L’ESPACE À UN AUTRE.

Le choix du zoom lui offre la possibilité d’éviter d’avoir un montage trop découpé et permet ainsi de garder une certaine douceur et fluidité. Ce calme hiératique qu’on a pu lui reprocher va devenir une des qualités les plus mémorables du film. Kubrick nous offre une œuvre de très grande qualité visuelle, mais on ne peut pas passer outre la bande-son richement variée utilisant des musiques de compositeurs aussi différents que Bach, Haendel, Mozart, Schubert ou encore, Vivaldi. Pour le cinéaste, la musique sert à la fois d’accompagnement de l’image cinématographique, mais aussi comme modèle de communication c’est-à-dire qu’il vise un cinéma qui fonctionne moins au niveau du rationnel qu’au niveau de l’affectif. La musique joue un rôle majeur dans la narration et dans le climat mélancolique de l’œuvre.

Outre la musique, le réalisateur utilise comme autre particularité sonore la voix off. Elle est déjà employée dans neuf autres de ses films afin de créer une distance par rapport aux personnages et aux situations.Le film repose en effet sur un savant équilibre entre un discours extérieur à l’action, qui commente le cours des choses, et une participation plus classique grâce à l’entremise des plans rapprochés, de découpage au plus près des regards, des gestes, de la tension des évènements. L’importance narrative et émotionnelle de l’image est constante. Barry Lyndon oscille entre deux points de vue, refusant la dramaturgie conventionnelle de la transparence : soit nous sommes dans l’iconographie historique, soit nous sommes dans le pur subjectif. C’est une œuvre inclassable qui peut paraître déroutante et c’est ce qui a dérangé certains spectateurs à sa sortie.

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