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2001: A SPACE ODYSSEY

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LOLITA

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2001: A SPACE ODYSSEY

2001: A SPACE ODYSSEY

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Titre français : 2001 : L’Odysée de l’Espace Production : Metro-Goldwyn-Mayer Scénario: Stanley Kubrick & Arthur C. Clarke Acteurs : Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Daniel Richter Année de sortie: 1968 Durée: 156 minutes Genre: Science-Fiction, Anticipation Nationalités : Britannique, Américain

RÉSUMÉ

Des siècles plus tard, Dr Heywood Floyd est en mission secrète sur la base de Clavius. Il fait des recherches sur un mystérieux monolithe enfoui sous le sol lunaire. Dès qu’il touche l’objet, une puissante onde électromagnétique s’y échappe. Deux ans plus tard, Discovery One fait route vers Jupiter. À son bord, Dave Bowman et Franck Poole, astronautes, sont accompagnés de cinq scientifiques en hibernation. HAL, l’ordinateur de bord, les suspects une pièce défectueuse, mais les deux astronautes n’en tiennent pas rigueur. HAL cherche à se débarrasser des astronautes, qui sont devenus une menace. HAL désactive les cinq scientifiques et décide d’envoyer Pool faire une balade dans l’espace. Bowman tente d’aider son coéquipier, mais HAL refuse tout simplement qu’ils reviennent à bord. Bowman parvient à revenir dans le vaisseau par un accès de secours, et il désactive HAL. Il découvre, par hasard, un message préenregistré du Dr Floyd, précisant que l’onde magnétique était pointée vers Jupiter. À proximité de la planète, Bowman part en mission de reconnaissance autour du monolithe, mais il se fait aspirer par un vortex. Après un étrange voyage dans divers univers, il se retrouve dans une chambre néo-futuriste où il s’aperçoit mourant dans un lit au pied duquel se trouve le fameux monolithe. Quand il le touche, il se métamorphose en foetus flottant autour de la terre.

« J’AI TENTÉ DE CRÉER UNE EXPÉRIENCE VISUELLE QUI AILLE AU-DELÀ DES RÉFÉRENCES VERBALES HABITUELLES ET QUI PÉNÈTRE DIRECTEMENT LE SUBCONSCIENT DE SON CONTENU ÉMOTIONNEL ET PHILOSOPHIQUE. J’AI EU L’INTENTION DE FAIRE DE MON FILM UNE EXPÉRIENCE INTENSÉMENT SUBJECTIVE QUI ATTEIGNE LE SPECTATEUR AU NIVEAU LE PLUS INTÉRIEUR DE SA CONSCIENCE JUSTE COMME LE FAIT LA MUSIQUE. VOUS AVEZ LA LIBERTÉ DE SPÉCULER À VOTRE GRÉ SUR LA SIGNIFICATION PHILOSOPHIQUE ET ALLÉGORIQUE DE CE FILM. » Stanley Kubrick pour une interview de Playboy en 1968.

ANALYSE

Cette phrase démontre bien toute la richesse que contient ce film, mais Kubrick veut que chaque personne fasse sa propre interprétation. Il est important de rappeler que ce film n’est pas un film pour intellectuels, il suffit juste de se laisser embarquer dans ce voyage vers l’inconnu. C’est en s’immergeant que les réponses viendront. Au premier degré, cette expérience hypnotique peut fonctionner même si les tenants et aboutissants resteront toujours obscurs pour certains, un poème n’a pas nécessairement besoin d’être compris pour être apprécié. Un jour, Kubrick a l’idée de faire un film sur la notion d’une vie intelligente extraterrestre. Il se documente beaucoup sur le sujet, et devant l’évidence qu’une autre forme de vie intelligente existait ailleurs que sur la Terre, il se décide à tourner un film sur le sujet. Avec l’écrivain de science-fiction, Arthur C. Clarke, ils réalisent un premier jet de scénario qui deviendra le scénario de 2001, après modification.

LE TOURNAGE DE 2001 SE DÉROULE SUR SEPT MOIS ET LA POSTPRODUCTION PREND ENVIRON DEUX ANS. LE BUDGET EST COLOSSAL, 60% SONT ATTRIBUÉS AUX EFFETS SPÉCIAUX UTILISÉS DANS PLUS DE DEUX-CENTS PLANS.

Que ce soit le travail sur les maquettes, les effets visuels ou photographiques, ceux-ci n’ont absolument pas vieilli et n’ont rien à envier au tout numérique d’aujourd’hui. C’est en 1968 que Kubrick voit enfin son film sortir. Le résultat final est l’un des rares exemples de superproduction qui se révèle être en même temps un film expérimental. Mais il n’a pas été conçu sous cette forme elliptique au départ. Il devait être initialement quasi documentaire avec voix off et séquences d’interviews scientifiques ou métaphysiques. C’est en cours de tournage que Kubrick procède à d’importants changements, éliminant au fur et à mesure tous les éléments trop explicites du scénario et élaguant considérablement les dialogues. Par cette décision il n’a pas été loin d’atteindre le rêve qu’il avait toujours intérieurement souhaité, réaliser un film muet.

2001: L’ODYSSÉE DE L’ESPACE EST UNE ŒUVRE EXTRÊMEMENT AMBITIEUSE, UN POÈME VISUEL ET PHILOSOPHIQUE SUR LE DESTIN DE L’HOMME DANS SA RELATION AU TEMPS, AU PROGRÈS ET AU MYSTÈRE.

Le film aborde tous ces thèmes sans jamais être pesant ni surtout prétentieux. Il est constamment intrigant et passionnant par toutes les questions qu’il soulève. En ce qui concerne la scène finale, qui questionne un grand nombre de spectateurs, Kubrick répond: «Le troisième monolithe entraîne Bowman dans un voyage intérieur et interstellaire jusqu’au zoo humain où il est placé, qui n’est pas sans rappeler un milieu hospitalier terrestre, sorti tout droit de ses rêves et de son imagination.

Plongé dans l’éternité, il passe de l’âge mûr à la sénescence, puis à la mort. Il renaît sous la forme d’un être supérieur, un enfant étoile, un ange, un surhomme si vous préférez, et revient sur terre, prêt pour le prochain bond en avant de la destinée évolutive de l’homme.» Le plus grand paradoxe de ce film pourrait provenir de la description de ses personnages principaux. Alors que tous les humains nous apparaissent complètement fades, ternes, sans passion, sans enthousiasme ni envie autres que celle de bien réussir leur travail, le seul personnage qui nous semble être pourvu de sentiments est le super ordinateur Hal. Hal possède une conscience, et quand il finit par mourir, c’est une scène qui touche un grand nombre de spectateurs. Ils demeurent étonnés d’avoir été plus attristés par le «décès» de la machine que par ceux justes auparavant des humains.

EN PLUS D’ÊTRE UN FILM D’UNE GRANDE RICHESSE, IL S’AGIT AUSSI D’UNE EXPÉRIENCE CINÉMATOGRAPHIQUE INOUBLIABLE.

Ici, le progrès passe donc toujours par le meurtre : ce pessimisme de Kubrick pourrait être tempéré par la naissance de cet enfant des étoiles qui sera sans doute à l’origine d’un nouveau pas en avant pour la progression de cette Humanité, un pas en avant que l’on n’espère pas seulement scientifique, mais aussi humaniste. La construction du récit en quatre blocs autonomes et le découpage des séquences atteignent une sorte de perfection.Toute la partie «documentaire» est d’une rigueur scientifique sans égale qui fera dire de Kubrick que c’était un perfectionniste, et surtout un visionnaire puisque sa représentation de l’espace a été tellement juste qu’interrogés un jour sur ce qu’ils avaient vu dans l’espace, des astronautes américains ont répondu «C’est comme dans 2001 » alors que le cosmonaute Alexis Leonov dit avoir l’impression d’être allé deux fois dans l’espace, la première étant lors de sa vision du film.

Pour 2001, Kubrick utilise encore la musique classique, qui sera composée par Richard Strauss, au début du film, ensuite, György Ligeti, lors des séquences les plus mystérieuses, voire angoissantes du film. Cette musique quasiment atonale crée un malaise et un sentiment d’étrangeté vraiment très puissants. Mais l’idée de génie de Kubrick est certainement d’avoir utilisé le célébrissime Beau Danube Bleu de Johann Strauss pour ce qui reste la scène la plus lumineuse et poétique de ce chef-d’oeuvre «la valse des vaisseaux». Cette vaste rêverie poétique au pouvoir de fascination sans précédent qui vous plonge dans un état voisin de l’hypnose, aux perspectives métaphysiques vertigineuses qui stimulent l’imagination du spectateur, est la preuve irréfutable que les seuls artistes exerçant dans les arts dits «sérieux» n’ont pas le monopole du génie et que si l’on accole cet adjectif à des célébrités comme Mozart, Zola ou Manet, on peut aussi bien l’attribuer à un cinéaste. Le cinéma est aussi un art honorable, ce dont beaucoup doutent encore, à l’instar de la littérature, la peinture ou la musique.

CE FILM EST UN CHEF D’ŒUVRE ARTISTIQUE QUI PEUT SE TROUVER AU MÊME PIED D’ÉGALITÉ QUE DE NOMBREUSES AUTRES ŒUVRES EN DEHORS DU DOMAINE CINÉMATOGRAPHIQUE.

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