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Terres aux ambiances sauvages : Cœur forestier Terres aux ambiances sauvages : Ceinture littorale et

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Bibliographie

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Terres aux ambiances sauvages : Cœur forestier

Maquis, suberaies, yeuseraies, pinèdes composent le visage forestier emblématique de Porquerolles. Ces milieux abritent un cortège faunistique et floristique remarquable : Pin d’Alep, Pin maritime, Ciste de Montpellier, Cistes à feuilles de sauge, Bruyère arborescente, Genèvrier, Chêne vert, Chêne liège, Pistachier, Arbousier composent les paysages porquerollais. La majorité des peuplements sylvestres actuels se sont constitués suite à l’incendie de 1897 qui a ravagé une grande partie de l’île. Cette apparence «sauvage» n’est finalement qu’illusion, l’Homme joue un grand rôle dans la composition forestière.

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Les maquis : stade pionnier

Les maquis sont des milieux liés en général à des perturbations d’origine anthropique. À Porquerolles, les incendies, l’ancien pâturage, et actuellement le débroussaillage, ont fait régresser les chênaies, excluant les grands arbres, détruisant les jeunes plants, ne favorisant que les herbes et les pyrophytes. D’où cette « formation d’arbustes et d’arbrisseaux touffus, ne laissant pas voir le sol entre eux et serrés au point d’empêcher la marche » (Gaussen, 1933). Héritage du passé agricole et des activités présentes sur l’île, on en retrouve trois stades différents à Porquerolles : maquis haut, maquis bas et cistaies, qui sont les stades d’évolutions avant la yeuseraie (forêt de chêne vert). Le maquis bas est un milieu commun sur l’île. On le trouve généralement non loin des plaines agricoles. Dès qu’il fait un peu chaud, un parfum entêtant d’huiles essentielles, de tanins et de résines s’en dégage. Le maquis élevé quant à lui se trouve majoritairement sur les hauteurs et constitue l’élément essentiel du paysage et de la colline de Porquerolles avec la yeuseraie. Ces milieux sont très sensibles au risque incendie puisqu’ils sont composés d’espèces inflammables (callunes, bruyères, cistes).

La forêt de chêne vert : témoin du passé

Sur les coteaux boisés de l’île, se développe la yeuseraie (260 hectares) communément appelée forêt de chêne vert. Le chêne vert est apparu au XIXe siècle après des déboisements importants et l’utilisation intensive des ressources forestières de l’île. Aujourd’hui il fait partie des espèces majoritaires sur l’île, est présent dans les 5 massifs forestiers et représente l’image de la forêt porquerollaise. Les diverses formations de chênes verts ne sont pas encore arrivées à leurs limites géographiques et devraient continuer de se développer puisque leurs structures et leurs classes d’âges sont encore peu diversifiées. Malheureusement, de nos jours le changement climatique risque d’avoir un impact sur son développement. Les sécheresses étant de plus en plus intenses et prolongées, les chênes verts dépérissent. À quoi ressemblerait Porquerolles sans cette espèce emblématique ?

La pinède : état transitoire

Le pin se développe à Porquerolles au-dessus du maquis ou de la yeuseraie. La pinède n’est en effet qu’une étape après la création du maquis et avant que le milieu ne devienne une yeuseraie.

Chêne vert

Arbousier Bruyère arborescente

Salsepareille Pin d’Alep

Myrte Pistachier lentisque

Bruyère à balais Cistes Callune

Une richesse de milieux

Arrêt du fauchage

Fauche, entretien l’Homme déboise

4

Retard de fauche, peu d’entretien

5 1

l’Homme n’intervient pas

Coupes et/ou incendies 2

l’Homme n’intervient pas

1 - Maquis haut 2 - Jeune forêt de chêne vert 3 - Forêt anciennes (100 ans) 4 - Pelouse 5 - Maquis bas et cistaies 3

Dynamique d’évolution des paysages porquerollais

Évolution des paysages forestiers

On assiste au sein d’un milieu à ce que l’on appelle une dynamique de végétation : une succession naturelle faite de plusieurs stades dont l’aboutissement est représenté par le stade terminal (appelé «climax»). S’intéresser à cette « dynamique de végétation» permet de comprendre l’évolution d’un milieu à court et long terme. Au cours du temps, les écosystèmes évoluent passant par étapes d’un stade « jeune » vers un stade « mature », en l’occurrence à Porquerolles, la forêt. Cette dynamique de la végétation s’observe par la succession progressive de différentes formations végétales.

A Porquerolles, un des premiers stades est la pelouse sèche, milieu ouvert à la couverture végétale basse clairsemée constituée essentiellement d’herbacées, de petits arbustes et graminées. Puis, peu à peu, apparaissent des espèces ligneuses et arbustives formant des milieux de maquis (bruyères, cistes...). Ensuite, ce sont les arbres qui se développent aboutissant à des milieux fermés, formations forestières de chênes verts, pins d’Alep et pins maritimes.

Cette dynamique de la végétation peut repartir de zéro lorsque d’importantes perturbations (incendies, événements météorologiques exceptionnels, actions humaines de défrichement ou de coupes forestières) ramènent l’écosystème d’un stade mature vers un stade jeune. Le maquis est donc une des étapes de la dynamique de végétation des paysages forestiers porquerollais. Il ne peut se maintenir à long terme sur un même espace que si cette dynamique est bloquée. Des incendies répétés, des conditions locales de sol ou de microclimat particulièrement contraignantes, un entretien (fauche, débroussaillage) ou un piétinement régulier peuvent, par exemple, maintenir un maquis pendant plusieurs années ou décennies. Mais dès que les conditions de blocage disparaissent (par exemple arrêt du fauchage), la dynamique reprend. Les arbustes vont se développer puis différentes espèces d’arbres (pins, puis Chênes verts et enfin Chênes pubescents) vont prendre la place. C’est ce que l’on observe avec les yeuseraies présentes sur la majeure partie de l’île.

La gestion forestière des îles de Port-Cros et Porquerolles s’articule pleinement sur les principes fondamentaux définis par l’ensemble des parcs nationaux de France et notamment sur leur caractère d’espace de protection permettant le suivi de l’évolution des successions naturelles. De ce fait, aucune filière de production de bois n’est établie sur les îles.

Paroles habitantes

Leur vision du changement

«La nature est forte sauf face aux incendies. Oui il y a les sécheresses naturelles. Oui si il ne pleut plus il y aura un risque plus fort d’incendie. Mais je pense que l’on est impuissant face à cela. La nature sera toujours plus forte que l’Homme. Si l’île brûle cela va changer beaucoup de choses. »

Le risque incendie

La richesse en espèces pyrophyles du milieu forestier accroît le risque incendie et met en péril la survie des espèces du milieu forestier mais aussi la pérennité des milieux adjacents. L’augmentation des températures, la perturbation du cycle de l’eau et l’intensité des sécheresses, des vents violents et fréquents vont accroître ce risque de façon considérable.

«Le sol s’assèche énormément, les hivers sont secs. J’ai l’impression que cela impacte beaucoup la végétation de

Porquerolles. Les arbousiers, les bruyères, les lentisques, ils ont le système racinaire suffisant, ils vont repartir, les chênes par contre…

La mortalité du chêne vert et la vulnérabilité des autres espèces

Le chêne vert, ainsi que d’autres espèces forestières ne semblent pas s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, en particulier face à la sécheresse. Celles à venir risquent donc d’être d’autant plus dévastatrices.

Depuis quelques années j’ai l’impression que les végétaux se rabougrissent. Les sous-bois s’assèchent beaucoup et en plus de ça ils sont tellement peu entretenus qu’on ne peut plus y pénétrer. »

Vue sur le phare ; Le pin d’Alep, essence pionnière

L’évolution de la dynamique forestière

La diversité des paysages est induite par le cycle des stades d’évolutions des milieux. Si un de ces stade dépérit, cela remet en cause l’intégralité de la dynamique actuelle et risque de modifier considérablement les paysages actuels.

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