Rapport d’activité 2019
Protéger le patrimoine pour construire la paix
Rapport d’activité 2019 Protéger le patrimoine pour construire la paix
TABLE DES MATIERES Introduction Avant-propos
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L’esprit ALIPH : action, action, action ! ALIPH, mode de fonctionnement
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Nos premiers résultats ALIPH dans le monde Nos projets
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16
Notre impact
Réhabiliter la mémoire de l’Irak : le musée de Mossoul - Sarah Hugounenq 26 Au Monastère de Mar Behnam en Irak, une reconstruction symbole d’unité - Sarah Hugounenq 30 Le passé au service de l’avenir : le musée de Raqqa - Marine de Tilly 34 Mieux vaut prévenir que guérir : le musée des Civilisations de Côte d’Ivoire - Sarah Hugounenq 38 Témoignages de nos partenaires
40
Notre vie quotidienne 47
Partenariats
Communication
48
Budget et financements
50
Notre gouvernance Notre éthique
54
Conseil de fondation Comité scientifique
56 57
Comité des finances et du développement Comité d’audit
57
57
Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération Secretariat
57
Soutenez ALIPH !
59
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AVANT-PROPOS Au-delà des mots, agir pour protéger le patrimoine culturel L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) a été fondée sur un principe simple mais essentiel : le patrimoine culturel est au cœur de nos vies, et l’on ne saurait trop agir pour sauvegarder ce que l’humanité nous a laissé en héritage, en particulier dans les zones où les besoins sont les plus grands et les plus pressants. Pour servir cette ambition, la Fondation s’est dotée d’un mode de fonctionnement relativement original, caractérisé par des discussions franches et ouvertes, la rapide transposition des contributions scientifiques et techniques en interventions pratiques, le rejet absolu de considérations bureaucratiques, et l’attention permanente portée à l’action concrète, aux résultats tangibles et aux retombées significatives. C’est assez rare pour une jeune organisation, de surcroît instrument multilatéral, d’assumer ainsi sans complexe un mode d’intervention combatif. Et il est encore plus rare qu’un tel état d’esprit anime chacun des membres qui la composent. C’est pourtant le cas de l’équipe aussi talentueuse que dévouée à Genève, de mes chers collègues du Conseil de fondation, et en particulier de Bariza Khiari, qui représente la France, et de Son Excellence Mohamed Al Mubarak, représentant des Émirats arabes unis, qui en assurent conjointement la vice-présidence et incarnent pleinement la « méthode ALIPH », ainsi que de Son Altesse Royale le prince Badr bin Abdullah Al-Saud, qui nous a rejoint début 2020 en qualité de représentant du Royaume d’Arabie Saoudite.
Thomas S. Kaplan Président d’ALIPH
Pour ALIPH, 2019 a sans aucun doute été une année d’action, couronnée de résultats. En réponse à nos deux premiers appels à projets, nous avons reçu 126 dossiers parmi lesquels 33 propositions de prévention ou de restauration du patrimoine ont été retenues. La Fondation a par ailleurs financé sept mesures d’urgence qui ont permis d’intervenir rapidement pour protéger musées, sites et monuments. En quelques mois seulement, ALIPH a mené des actions dans 14 pays en conflit ou en sortie de crise sur quatre continents, pour un budget total de plus de 17 millions d’USD. Pour chacun de nos projets, nous avons veillé à travailler au plus près du terrain, en étroite coordination avec les communautés dans leur diversité. L’attachement que les populations locales vouent au patrimoine en danger nourrit notre action et constitue notre véritable raison d’être.
Rapport d’activité 2019
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Tout au long de l’année écoulée, ALIPH a consolidé son approche scientifique et stratégique grâce au consensus qui règne au sein du Conseil de fondation, aux travaux exigeants des membres du Comité scientifique présidé par Jean-Luc Martinez, Président-directeur du Musée du Louvre, à la participation d’experts internationaux qui évaluent rigoureusement nos projets, et au renforcement du Secrétariat dirigé par Valéry Freland. L’éthique d’intervention que nous avons définie ensemble nous permet de répondre à l’impératif de protection du patrimoine dans les zones en conflit ou post-conflit, mais aussi de faire face à des menaces émergentes, comme l’incidence du changement climatique sur la stabilité et la paix. Nouvelle venue parmi les organisations internationales, ALIPH s’est engagée à s’intégrer pleinement et efficacement dans son environnement multilatéral afin d’être aussi utile que possible à la communauté du patrimoine mondial. La Fondation a signé des accords de partenariat avec l’UNESCO, le World Monuments Fund (WMF) et la Fondation suisse de déminage (FSD), contribué activement au réseau des bailleurs de fonds au service de la préservation du patrimoine culturel (le Grantmakers for Cultural Heritage Preservation) et noué des relations de travail avec d’autres partenaires du secteur, dont l’ICOM, l’ICCROM, ICOMOS, le Cultural Protection Fund du British Council et Europa Nostra. Enfin, et surtout, ALIPH a dépassé l’objectif initial de levée de fonds, ce qui montre à quel point nous prenons au sérieux notre mission de mobilisation des ressources financières pour la protection du patrimoine. Avec un capital de 80 millions de dollars, les financements privés et publics collectés par la fondation dépassent aujourd’hui l’ensemble des promesses de dons faites lors de la Conférence de Paris de mars 2017. Ce succès illustre l’importance que la communauté internationale attache à la mission d’ALIPH et la confiance qu’inspirent cette nouvelle organisation, son approche et ses équipes. En quelques mois seulement, ALIPH a prouvé qu’elle pouvait répondre aux besoins essentiels de protection du patrimoine avec souplesse, efficacité et intégrité. Ce faisant, la Fondation illustre ce que j’appellerais le « multilatéralisme de projets », caractérisé par l’alliance d’États souverains et d’acteurs privés autour d’un objectif commun et d’un même désir de privilégier systématiquement l’action concrète. Qu’il me soit ici permis de remercier collectivement l’ensemble de nos membres pour leur engament sans faille. Puissent les années à venir être aussi productives et significatives que 2019: les défis à surmonter dans le domaine crucial qui est le nôtre n’en exigeront pas moins.
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Avant-propos
2019, année de référence
ALIPH a été créée à Genève en mars 2017, dans le prolongement de la Conférence d’Abou Dhabi de décembre 2016 sur le patrimoine en danger. En 2018, nous avons mis en place son Secrétariat et lancé ses premiers projets, notamment les réhabilitations du Musée de Mossoul, en Irak, et du Tombeau des Askia, au Mali. A l’évidence, 2019, première année pleine de la vie et de l’action d’ALIPH, restera comme l’année de référence.
Mme Bariza Khiari Représentante de la France et Vice-présidente d’ALIPH
Développement de ses modes d’intervention, de ses projets, de ses partenariats, de ses réseaux, de sa notoriété et de son audience : 2019 a été pour ALIPH une année bien remplie, qui lui a permis de s’affirmer comme un partenaire désormais incontournable de la protection du patrimoine dans les zones en conflit ou post-conflit. Je veux ici remercier tous les opérateurs, internationaux ou locaux, qui ont fait le choix de travailler avec nous, pour le meilleur, sur le terrain. La France, pays fondateur d’ALIPH aux côtés des Emirats arabes unis, a pris toute sa part dans l’envol de cette jeune institution, qui se caractérise aujourd’hui par son dynamisme, son ouverture à tous, son exigence éthique et scientifique. ALIPH, c’est aussi une magnifique histoire collective, de passionnés du patrimoine soucieux d’être utiles, tout simplement. ALIPH, c’est enfin une vision du monde fondée sur le respect de la diversité culturelle et le dialogue des cultures. Protéger le patrimoine là où il a souvent été ces dernières années une cible de guerre, c’est permettre à chacun de se réapproprier son identité multiple, de s’ouvrir à la richesse d’un héritage divers multiséculaire. Chez ALIPH, nous partageons la conviction que la protection du patrimoine peut jouer un rôle clé pour réconcilier les peuples, y compris avec eux-mêmes, et construire la paix.
Rapport d’activité 2019
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La destruction massive du patrimoine culturel dans certaines régions du Moyen-Orient et d’Afrique ces dernières années a eu un effet dévastateur et durable sur les personnes et les communautés. Une telle barbarie nécessitait une réponse ambitieuse et déterminée. C’est ainsi que, lors de la conférence d’Abou Dabi sur la sauvegarde du patrimoine culturel en péril de décembre 2016, l’idée a été lancée de créer un fonds international pour la protection et la conservation du patrimoine, matériel et immatériel, dans les zones en conflit ou post-conflit. ALIPH est assurément une organisation originale. Non seulement parce qu’elle est le seul fonds mondial consacré à la protection du patrimoine culturel dans les zones en conflit, mais aussi parce qu’elle représente un collectif international inspirant au sens propre du terme : l’engagement commun de gouvernements, partenaires privés et experts culturels.
S.E. Mohamed Khalifa Al Mubarak
ALIPH est certes une jeune institution, mais elle a démarré sur les chapeaux de roue, reconnaissant l’urgence de sa mission, et se fixant pour objectif ambitieux de devenir en trois ans un acteur mondial central de la protection du patrimoine culturel. L’année 2019 a été à cet égard déterminante, marquée en janvier par une étape importante, le lancement du premier appel à projets. Cette deuxième phase cruciale de développement a permis à la fondation de financer et de soutenir des projets de prévention, de protection ou de conservation de toutes tailles, et de fournir une aide immédiate là où c’était le plus nécessaire.
Président, Département de la Culture et du Tourisme – Abou Dabi Représentant des Emirats arabes unis et Vice-président d’ALIPH
Et ce n’est sans doute pas une coïncidence si 2019 a été l’Année de la tolérance aux Émirats arabes unis. ALIPH est en effet aujourd’hui un instrument de solidarité, de réconciliation et de consolidation de la paix. A travers la grande variété des projets qu’elle soutient, ALIPH est attentive à la diversité culturelle et religieuse, et porte une attention particulière aux communautés et à la coopération. A l’évidence, l’esprit de tolérance est dans l’éthique même d’ALIPH. Les Émirats arabes unis sont fiers de porter cette initiative aux côtés de son partenaire culturel de longue date, la France. Grâce à notre réseau international, qui comprend désormais de nombreux pays, des institutions de premier plan, des philanthropes influents et d’éminentes personnalités, tous œuvrant au soutien de l’équipe dévouée d’ALIPH, il semble que tout soit possible lorsque que prévaut un esprit désintéressé de coopération. Alors que nous nous penchons sur une année 2019 riche d’avancées, nous attendons avec impatience ce que l’année à venir apportera à cette alliance extraordinaire.
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Avant-propos
2019, année d’engagement
Parmi les cinquante propositions formulées dans le rapport sur la protection du patrimoine de l’humanité, que j’ai eu l’honneur de rédiger à la demande du Président de la République française en 2015, figurait l’idée de « créer un Fonds de dotation dédié à la sauvegarde ou à la reconstruction du patrimoine ». Il s’agissait alors de relever le défi de la dispersion des ressources, voire de la relative concurrence entre Etats en la matière, préjudiciables à l’efficacité globale des efforts en faveur du patrimoine en danger. Pour cela, nous préconisions la mise en place d’une institution financière sur le modèle du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, basé à Genève.
Jean-Luc Martinez Président-directeur du Musée du Louvre Président du Comité scientifique
Alors que chacun est souvent prompt à la critique en matière d’initiatives internationales, parfois perçues comme abstraites, on ne peut que se féliciter aujourd’hui du chemin parcouru avec la création d’ALIPH. Pour y parvenir, il a fallu l’engagement déterminé et constant des pays fondateurs, la France et les Emirats arabes unis, mais aussi de tous ceux qui les ont très vite rejoins – l’Arabie saoudite, la Chine, le Koweït, le Luxembourg, le Maroc et la Suisse – et de plusieurs donateurs privés, notamment celui du Président du Conseil de fondation, Thomas S. Kaplan. Depuis, le Comité scientifique d’ALIPH, que j’ai la joie de présider, a, par ses recommandations, largement contribué à l’ampleur et à la réactivité de l’action de la fondation. Avec mes collègues, dont la diversité des parcours et des regards est une immense richesse, nous avons plus particulièrement veillé à la fois à la qualité et au caractère concret des projets retenus. Car si ALIPH a été créée, c’est bien pour apporter des réponses de terrain aux menaces qui pèsent, hier comme aujourd’hui, sur le patrimoine des pays en conflit ou en sortie de crise.
Rapport d’activité 2019
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Ce qui est fascinant avec l’aventure ALIPH, qui a débuté il y a trois ans, c’est qu’ensemble nous construisons quelque chose de nouveau, une organisation internationale atypique, ce qui nous oblige à faire preuve d’imagination et d’audace, à inscrire pleinement notre action dans la modernité, à progressivement définir une identité propre. Il y a à cet égard au sein de la « famille » ALIPH – de la part de son Président comme de l’ensemble des membres du Conseil de fondation et des comités, mais aussi du Secrétariat - une grande convergence de vues sur ce que sont et doivent être les caractéristiques de ce qui est aujourd’hui plus qu’un simple instrument financier multilatéral. Pour cette ambition partagée qui nous porte, je veux ici remercier chacun.
M. Valéry Freland Directeur exécutif d’ALIPH
Flexibilité, réactivité, simplicité sont à l’évidence des traits essentiels de notre caractère. Au sein du Secrétariat mais aussi plus généralement de la gouvernance d’ALIPH, nous avons une préoccupation quasi quotidienne : être à l’écoute du terrain, mettre en place des instruments accessibles à tous, entretenir un dialogue permanent, ouvert et confiant avec tous nos partenaires, soutenir des initiatives concrètes. Et je suis heureux de constater, à travers différents témoignages, que c’est d’ores et déjà comme cela que nous sommes perçus. Une autre priorité est celle de travailler avec toutes les bonnes volontés, et particulièrement avec les communautés et les acteurs locaux. Et ce n’est pas pour nous un effet de style ou de mode : c’est une nécessité profonde, une condition essentielle du succès de notre travail. Nous ne pourrons en effet protéger durablement le patrimoine dans les zones en conflit ou en sortie de crise que si chacun se l’approprie, le fait sien, au-delà de sa propre culture ou de son histoire. Et c’est parfois un défi dans des zones abîmées par la guerre, où la société civile peut être fragilisée. Aussi convient-il toujours de définir un équilibre fin entre partenaires internationaux et locaux, entre formation, partage de savoir-faire et réalisations tangibles. Le patrimoine, nous en sommes convaincus, est un des moyens pour reconstruire un avenir partagé, au niveau local, comme international. Enfin, parmi les valeurs qui nous unissent, figure l’égalité entre les femmes et les hommes, objectif auquel nous sommes toujours plus attentifs au quotidien. Et je me réjouis à cet égard que, à l’occasion de ce Rapport d’activité 2019, nous ayons sollicité pour évoquer nos premiers projets deux femmes, deux journalistes, Marine de Tilly et Sara Hugounenq, non pas parce qu’elles étaient femmes, mais parce que nous avons déjà travaillé avec elles à plusieurs reprises et que leurs regards, à l’une comme à l’autre, nous interpellent et nous intéressent. Je tiens à cet égard à les remercier d’avoir apporté, à ce papier glacé, à notre écran d’ordinateur, une bouffée d’air frais et de chaleur humaine si nécessaires au travail que nous menons.
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Avant-propos
Rapport d’activité 2019
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L’ESPRIT ALIPH : ACTION, ACTION, ACTION ! L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) est l’unique fonds mondial exclusivement dédié à la protection et à la réhabilitation du patrimoine culturel dans les zones en conflit ou post-conflit. Elle a été fondée en mars 2017, en réponse à la destruction massive, ces dernières années, d’un patrimoine culturel exceptionnel, souvent ancien, en particulier au Moyen-Orient et au Sahel.
18
en
L’Alliance a été lancée sous la forme d’un partenariat publicprivé réunissant huit pays et trois donateurs privés. Basée à Genève, c’est une fondation de droit suisse disposant du statut d’organisation internationale.
mois
17
MUSD engagés
En 18 mois, ALIPH a engagé plus de 17 millions de dollars au soutien de près d’une cinquantaine de projets dans quatorze pays, sur quatre continents. ALIPH a pour priorité de soutenir des projets de terrain et de travailler le plus étroitement possible avec les autorités, les communautés et les acteurs locaux.
au soutien de près de
L’esprit qui guide ALIPH se résume en trois mots : “action, action, action”. L’organisation est ainsi gérée en mode startup, sans que ni la qualité ni la rigueur ne soient jamais compromises. Tous les projets sont en effet soigneusement examinés par le Secrétariat, le Comité scientifique et des experts internationaux, avant d’être approuvés par le Conseil de fondation.
dans
sur
11
50
14
projets
pays
4
continents
L’esprit ALIPH
ALIPH, MODE DE FONCTIONNEMENT
Processus de sélection des projets : réactivité, efficacité, intégrité
1
2
Demandes de subventions
Eligibilité et suivi
Secrétariat
Appel à projets
Durée moyenne de l’appel : 2
mois
Durée moyenne de l’examen des dossiers : 1 mois
ALIPH soutient des projets concrets mis en œuvre par des associations, des fondations, des institutions académiques, culturelles et patrimoniales, ou des organisations internationales. Ses projets peuvent porter sur la protection de monuments et de sites, de musées et de leurs collections, de documents, d’archives et de manuscrits, ou encore sur le patrimoine immatériel. Ils peuvent être mis en œuvre avant un conflit, pour limiter les risques de destruction, pendant, afin d’assurer la sécurité d’un patrimoine donné, ou après, en période de sortie de crise, afin de permettre aux populations de retrouver la jouissance de leur patrimoine culturel. ALIPH intervient soit au terme d’appels à projets réguliers, soit à travers une procédure dite d’urgence, qui permet aux opérateurs de saisir la fondation tout au long de l’année.
Rapport d’activité 2019
12
4
5
Évaluation technique et scientifique
Recommandations
Sélection finale
Durée moyenne de l’évaluation externe : 1
Durée moyenne pour deux cycles d’examen : 1 mois
3
Panels internationaux d’évaluation
Comité scientifique présidé par M. Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre
mois
Conseil de fondation présidé par M. Thomas S. Kaplan
Décision finale prise 3 mois après la clôture de l’appel
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L’esprit ALIPH
Rapport d’activité 2019
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NOS PREMIERS RÉSULTATS
ALIPH dans le monde Nos projets
15
Nos premiers résultats
ALIPH DANS LE MONDE En 2019, ALIPH a étendu son action dans le monde, soutenant près de cinquante projets dans quatorze pays, sur quatre continents.
Libye
Mali
Rapport d’activité 2019
Côte d’Ivoire
Pérou
16
A propos du patrimoine syrien
Géorgie Irak
Liban
Afghanistan
Yémen Erythrée
Somalie
Palestine
Soudan
17
Nos premiers résultats
NOS PROJETS 2019 : une année de forte croissance !
1. L’affirmation de notre engagement en faveur du patrimoine culturel 2018
2019
Total 2018 & 2019
Projets soutenus
45
39
6 Fonds engagés (USD)
1 365 300
16 024 251
17 389 551
2. Appel à projets : l’augmentation constante du nombre de projets soumis et soutenus Total 2018
2019 1er appel à projets
2019 2ème appel à projets
Total 2019
Propositions soumises
N/A
50
76
126
Projets soutenus
5
13
20
33
3. Appel à projets : la montée en puissance des fonds engagés Total 2018
2019 1er appel à projets
2019 2ème appel à projets
Total 2019
Financements demandés (USD)
N/A
34 838 149
34 437 635
69 275 784
Financements approuvés (USD)
1 310 300
6 283 722
9 431 232
15 714 954
19
Nos premiers résultats
4. Appel à projets : le déploiement de notre action dans le monde 2018
2019 1er appel à projets
2019 2ème appel à projets
Nombre total de pays concernés par les projets soumis
Nombre de pays depuis lesquels les opérateurs ont présenté une demande de financement
N/A
18
33
36
Nombre de pays ciblés par les projets soumis par les opérateurs
3
18
29
33
6. Mesures d’urgence : agir rapidement en cas de risque imminent 2018
2019
Total
Projets soutenus
1
6
7
Financements engagés (USD)
55 000
309 297
364 297
7. 2018 et 2019 : 45 projets soutenus dans 14 pays sur 4 continents
4
projets
2
projets
Afghanistan
1
International
Financements engagés
Financements engagés
2 884 873 USD
163 500 USD
projet
14
projets
Côte d’Ivoire
1
Irak
Financements engagés
Financements engagés
79 681 USD
5 854 488 USD
1
projet
projet
Erythrée
1
Liban
Financements engagés
Financements engagés
166 232 USD
144 500 USD
projet
2 Géorgie
Rapport d’activité 2019
projets
Libye
Financements engagés
Financements engagés
156 675 USD
903 075 USD
20
5. Appel à projets : une contribution décisive à l’émergence des acteurs locaux 2019 1er appel à projets
2018
2019 2ème appel à projets
25 %
20 %
5
13
Projets soutenus
Projets soutenus
30 % 70 %
40 %
5%
20
70 %
Projets soutenus
40% Opérateurs internationaux sans partenariat étroit avec des acteurs locaux
2
Opérateurs internationaux ayant un partenariat étroit avec des acteurs locaux
projets
3
Opérateurs locaux à la tête des projets
projets
Mali
2
Soudan
Financements engagés
Financements engagés
574 990 USD
2 654 101 USD
projets
5
projets
A propos du patrimoine syrien
Palestine
1
Financements engagés
Financements engagés
1 194 152 USD
641 522 USD
5
projet
projets
Pérou
1
Yémen
Financements engagés
Financements engagés
266 164 USD
1 575 557 USD
projet
45
Somalie
projets
Total
Financements engagés
Financements engagés
17 389 551 USD
130 041 USD
21
Nos premiers résultats
Rapport d’activité 2019
22
8. La protection de tout le patrimoine
2018
2019
Total
Protection des monuments et des sites Projets soutenus
2
17
19
Financements engagés
750 800 USD
9 588 770 USD
10 339 570 USD
Documentation et interconnexion du patrimoine Projets soutenus
1
12
13
Financements engagés
103 500 USD
3 303 656 USD
3 407 156 USD
Sauvegarde des musées et de leurs collections Projets soutenus
2
9
11
Financements engagés
451 000 USD
3 052 105 USD
3 503 105 USD
Projets soutenus
1
1
2
Financements engagés
60 000 USD
79 720 USD
139 720 USD
Projets soutenus
6
39
45
Financements engagés
1 365 300 USD
16 024 251 USD
17 389 551 USD
Patrimoine immatériel
TOTAL
23
Nos premiers résultats
Rapport d’activité 2019
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NOTRE IMPACT
Réhabiliter la mémoire de l’Irak : le musée de Mossoul Sarah Hugounenq Au Monastère de Mar Behnam en Irak, une reconstruction symbole d’unité Sarah Hugounenq Le passé au service de l’avenir : le musée de Raqqa Marine de Tilly Mieux vaut prévenir que guérir : le musée des Civilisations de Côte d’Ivoire Sarah Hugounenq Témoignages de nos partenaires
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Notre impact
Réhabiliter la mémoire de l’Irak : le musée de Mossoul
Sarah Hugounenq Sarah Hugounenq est spécialiste d’économie de la culture, de diplomatie culturelle et de politique patrimoniale. Depuis dix ans, elle collabore à divers titres de presse (Le Quotidien de l’art, La Gazette Drouot, Le Point, Télérama, Les Echos, Radio France…). Elle a étudié l’histoire de l’art et la muséologie à l’Ecole du Louvre, et enseigne, notamment en tant que spécialiste du mécénat, la gestion des musées et des monuments dans plusieurs universités et grandes écoles.
Rapport d’activité 2019
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Plans saccadés, cadrages approximatifs… La vidéo est amateur. Le récit qu’elle met en scène relève pourtant moins du dilettantisme que d’une mise à sac en règle. Déterminés et intrépides, les soldats de la mémoire perdue s’acharnent avec fierté sur les statues, frises et autres trésors préislamiques de Nimroud et de Hatra, saccagent à mains nues les chefs d’œuvres parthes et assyriens, pilonnent à coup de massue leur propre passé. On est au cœur de la plaine de l’antique Ninive, à Mossoul, en février 2015, dans l’enceinte du second musée le plus riche d’Irak. Visiblement agacée par la robustesse de ces témoignages d’une Histoire plus grande qu’eux, l’expédition punitive sort l’artillerie lourde, marteau-piqueur et explosifs. Pillé puis transformé en QG quelques temps, cet écrin de l’histoire irakienne est transformé en brasier : 27 000 livres dont 2 500 incunables partent en fumée, sans compter les dommages architecturaux. Créée en réponse à la destruction massive du patrimoine culturel au Moyen-Orient, ALIPH a embrassé le projet de réhabilitation du musée de Mossoul sabre au clair dès 2018, à la demande du Conseil national irakien du patrimoine et des antiquités, et en partenariat avec le musée du Louvre (Paris) et la Smithsonian Institution (Washington). « La priorité était de proposer des mesures urgentes de sécurisation du bâtiment et de la collection : stabiliser les planchers et les toits béants touchés par les bombes, mettre du plastique aux fenêtres, installer des portes et stocker les œuvres afin de les protéger du pillage… Il fallait agir vite pour sauver le maximum », se souvient Corine Wegener, ex-militaire américaine aujourd’hui directrice de la Smithsonian Cultural Rescue Initiative. Si ALIPH s’est fait une spécialité de l’intervention rapide et efficace, l’ampleur des dégâts nécessite un plan d’action réfléchi et séquencé. « Ce projet concentre la complexité qu’il y a à s’engager sur le long terme, confie Rosalie Gonzalez, chargée de coordonner le projet à ALIPH. Pour déterminer une méthodologie rigoureuse, des modalités d’action réalistes compte tenu de la difficulté du terrain, nous avons transformé l’évaluation des dommages en une phase initiale
complète d’un an ». La Smithsonian se concentre notamment sur l’étude structurelle et la stabilisation du bâtiment en dépêchant sur place des ingénieurs. De son côté, le Louvre, en coordination avec les équipes du musée, s’intéresse aux collections : inventorier, trier, identifier et documenter l’état de chaque débris, confronter les inventaires (pour ceux qui n’ont pas brûlé) afin de déterminer quelle œuvre est détruite, endommagée ou dérobée, puis les stocker en attendant que leur sort soit décidé. Sur les sols jonchés de décombres multimillénaires, la tâche s’apparente à un puzzle géant. « C’est une tragédie effroyable », s’émeut Ariane Thomas, conservatrice du patrimoine, responsable des collections mésopotamiennes au musée du Louvre. « Nous avons proposé un plan d’actions jusqu’à la réouverture du musée et nous espérons que ce travail minutieux va porter la renaissance de ce remarquable établissement. Malgré les énormes dommages subis, nous voulons montrer qu’en rassemblant nos expertises et avec du travail, du temps et de l’argent, rien n’est jamais impossible. »
27
Notre impact
Dont acte. Le bilan est positif : le bâtiment et une partie des collections peuvent être sauvés, tandis que le musée a fait des pas de géants (construction d’une nouvelle réserve à Ninive, programme de formation des équipes locales…). En développant la planification et l’analyse, ces différents partenaires ont gagné un temps précieux : celui de la connaissance d’un terrain où tout manque, des tables de travail aux bureaux exigus à l’électricité chancelante, où la résurgence de groupes djihadistes depuis la libération de Mossoul en 2017 paralyse la circulation des personnels. Les rares convois de l’armée desservant la ville sont limités à 4 ou 6 personnes, dont le personnel armé. Sur place, la découverte d’explosifs sur le toit et de mines dans la vieille ville a obligé de faire appel à l’armée en amont de toute autre action. « C’est dans ce type de contexte que l’on prend la mesure de l’utilité d’une organisation comme ALIPH, spécialiste des zones de conflit, salue Corine Wegener. Ils connaissent et comprennent les difficultés du terrain, l’incertitude, le besoin de flexibilité,
Rapport d’activité 2019
nous accompagnent dans notre mission par leur relais auprès des milieux politiques, diplomatiques… ». En rapprochant des acteurs qui n’ont pas toujours l’habitude de collaborer, experts issus de la culture, de la diplomatie, de l’aide au développement, de la défense, ALIPH affirme ne pas être un simple guichet de financement. Sa mission fondamentale de coordination prouve combien la restauration d’un musée est un projet multiforme. « Les musées sont les miroirs d’une civilisation, explique Zaid Ghazi Saadallah, Directeur du musée de Mossoul. Ils offrent la possibilité d’étudier, de rechercher, de se réjouir. Ils incarnent la culture d’un pays vis-à-vis des touristes, aident à raviver l’attachement à son passé et l’enracinement. Sans eux, les nations n’auraient pas de futur. Pour toutes ces raisons, réhabiliter notre musée est primordial ». Dans un pays meurtri, la reconstruction passe aussi par la fierté de sa culture, élément plus essentiel qu’on veut bien le croire.
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“Les musées sont les miroirs d’une civilisation.” Zaid Ghazi Saadallah, Directeur du musée de Mossoul
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Notre impact
Au Monastère de Mar Behnam en Irak : une reconstruction symbole d’unité Sarah Hugounenq
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« Il faut presque être aventurier pour mener à bien un tel chantier », se souvient, amusé, Guillaume de Beaurepaire. Jeune diplômé de l’école d’architecture de Versailles, ce Français a été appelé en 2017 à relever un défi horsnorme : reconstruire un lieu hautement symbolique, devenu champ de ruines dans la plaine de Ninive, le mausolée de Mar Behnam. « Je ne reconstruisais pas un musée ou un monument historique du XIIIe siècle, mais un lieu de vie spirituel, point de rencontre d’un ensemble de populations », poursuit l’architecte. Jusqu’en 2015, au gré de grands piqueniques, les chrétiens syriaques passaient la journée, parfois la nuit, dans ce qui était le plus important témoignage de l’art chrétien du Moyen Age en Mésopotamie. Ils étaient rejoints lors de fêtes par les populations musulmanes, mais aussi yézidies, qui voient dans la colline artificielle contre laquelle s’adosse la tombe du saint Behnam, la présence du prophète al-Khidhr. Cette communion multiconfessionnelle n’était pas le fort de Daech. Après avoir chassé les moines Ephrémites, ils rasèrent le mausolée à coup d’explosifs, un jour d’avril 2015. Au lendemain de la libération du village, en 2016, Mgr Yohanna Petros Mouché, archevêque syriaque catholique du diocèse de Mossoul, découvrit un monceau de gravas. « Mar Behnam est un monastère unique, symbole de coexistence, de fraternité, dans une région où se retrouvent toutes les religions, croyances et ethnies, musulmans, chrétiens, Kakaï et même yézidis. Voilà pourquoi nous avons voulu coûte que coûte protéger ce lieu et le reconstruire », confie-t-il.
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La volonté du sage engagea une opération à l’image du lieu : emblématique et symbole d’unité entre les Hommes. L’équipe de restauration s’appuya ainsi sur un architecte français, un archéologue irakien, Abdelsalam Seman, chrétien de Qaraqosh, des ouvriers de Khidhr, village à majorité sunnite - qui intervinrent dès 2016 pour déblayer et trier 600 m3 de gravas - une unité militaire irakienne chargée d’extraire les restes d’explosifs… « Notre association n’a pas vocation à protéger le patrimoine, mais à aider les Irakiens à vivre dignement dans leur pays, explique Marion Besson de l’association Fraternité en Irak qui a mené le projet sur le terrain. Daech avait voulu diviser la région, monter les populations les unes contre les autres. Reconstruire Mar Behnam était symbolique : en aidant les chrétiens à retrouver leur sanctuaire, on aidait tout le monde et on contribuait à rebâtir l’unité de l’Irak. On s’est lancé dans l’aventure sans vrai budget. L’important était de commencer. Le soutien d’ALIPH fut déterminant ». Le chantier avait toutes les qualités requises pour attirer la fondation genevoise. Portée par une association humanitaire souple, avec une bonne assise sur le terrain, le projet fut exécuté avec une rare rapidité, en moins de deux ans. Malgré la finesse des pierres taillées d’entrelacs, la modernité des motifs géométriques parfois agrémentés de prières et la délicatesse de plaques votives sculptées, le chantier était moins patrimonial qu’un message d’apaisement, de sécurité et de renaissance économique. Premier bâtiment religieux que l’évêque souhaita reconstruire, quand partout la priorité était donnée aux maisons des habitants, Mar Behnam a permis de relancer l’activité d’artisans locaux, réduits à la mendicité à l’époque de Daech. Par un système de prêts et de commandes, Fraternité en Irak a ainsi relancé les affaires d’un ferronnier, auteur de la croix sommitale, ou d’un menuisier pour les portes du monastère. « Reprendre le travail pour ces artisans n’était pas seulement une chance, c’était une fierté », se réjouit Marion Besson. Dans la droite ligne des projets estampillés ALIPH, l’opération se devait d’avoir une portée plus large que strictement patrimoniale, et intégrer son environnement. Cette exigence se logea dans les moindres détails. Pour garder l’âme d’un lieu chargé d’histoire et de sens, l’archéologue irakien proposa de recycler les briques de maisons en ruine du XIXe siècle de Qaraqosh, ville de résidence des ouvriers du chantier, afin d’éviter une édification neuve et insignifiante. L’image est forte : réconcilier et stabiliser la région depuis l’intérieure. Profondément ancrée dans son territoire, une telle entreprise n’a pourtant rien de local. « Outre les financements, ALIPH a été un levier inespéré pour faire rayonner le projet sur la scène internationale, analyse Marion Besson. Il est important que ces chantiers se sachent : on parle de paix et d’humanisme ».
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Le passé au service de l’avenir : le musée de Raqqa Marine de Tilly En haut de l’escalier flambant neuf du musée archéologique de Raqqa, deux hirondelles affolées virevoltent et se cognent contre un tombeau romain datant de 2000 ans avant J-C. « Quand les oiseaux entrent quelque part, s’exclame Leïla Mustapha, c’est toujours de bonne augure ». C’est la première fois que l’actuelle co-maire de la ville retourne au musée depuis la fin de sa restauration. Ça sent encore la peinture et le ciment frais, sur le parvis des plans sont toujours affichés et, dans le jardin, un engin de chantier désœuvré semble fier de son forfait. Au-dedans, les vitrines et les objets ne sont pas encore installés mais au dehors, comme un totem immaculé au milieu du gris de la ville en ruines, le musée porte haut et fier l’étendard de la reconstruction. « Avant la guerre, se souvient Leïla Mustapha, ce musée était un havre de calme et de paix. J’y venais souvent car j’étudiais à l’université, juste à côté. J’aimais beaucoup m’y arrêter, regarder depuis la fenêtre l’agitation du quartier, les souks aux antiquités où les marchands venus de tout le pays vendaient et négociaient bruyamment. C’était un lieu d’échange et de culture ; c’était Raqqa ».
Marine de Tilly est journaliste indépendante. Elle collabore avec Le Point, Le Figaro Magazine, ELLE et GEO depuis quinze ans. Ces dernières années, elle a effectué plusieurs reportages au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Turquie). Elle est l’auteur de deux livres : L’homme debout : humanitaire, diplomate, anticonformiste, histoire du premier consul français au Kurdistan irakien (Stock, 2016), et La femme, la vie, la liberté : au cœur du chaos, la maire de Raqqa raconte (Stock, 2020), qui a été publié juste avant que la pandémie de COVID-19 ne se propage dans le monde.
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Traditionnelle, tribale, économiquement prospère, majoritairement arabe mais sans tension communautaire, ethnique ou religieuse, Raqqa était une ville composite. Dans les artères commerçantes du centre se mêlait une foule remuante piquée d’Arabes, de Kurdes, de Yézidis et d’Arméniens, de vieux cheiks et d’ados à la mode d’Erbil, d’ingénieurs et de techniciens travaillant au grand barrage, de tapissiers turkmènes, d’investisseurs aleppins en costume et de bédouins en keffieh rouge, de chrétiens de Ninive et de militants turcs, bref, il était là, le grand bouillon de culture de toutes les Syrie. « La force et la singularité de Raqqa, c’était sa diversité, et la simplicité des relations de la majorité avec les minorités ». Au cœur de cette effervescence, comme le symbole et le carrefour de toutes ces cultures : le musée. D’abord situé place Arafat, à l’extrémité sud du quartier de la vieille ville, il déménage en 1981 dans un ancien poste gouvernemental ottoman à l’occasion du « Congrès International pour l’Histoire de Raqqa ». Destiné à présenter au monde l’importance de la ville pour les arts et les sciences, ce congrès inaugure le bâtiment que l’on connait, qui expose des pièces jusqu’alors conservées au musée d’Alep et au musée national de Damas (où une salle entière est consacrée à Raqqa), et le fruit des fouilles conduites dans toute la Djézireh par des équipes françaises (années 50), syriennes (années 70) et allemandes (années 80). Entre ses murs également, les bureaux de la Direction générale des antiquités et des musées (DGAM) pour la division du gouvernorat de Raqqa. Immédiatement après son ouverture, se souvient encore Leïla Mustapha,
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« le musée a porté haut et fier le patrimoine qu’il conservait et les histoires qu’il racontait ». Témoin du passé de la ville, depuis la préhistoire en passant par l’Antiquité, la période byzantine et jusqu’aux ères islamiques voire modernes, « il était pour tous les Raqqaouis un lieu de cohésion », ajoute Zyad al Hamad, Président du comité archéologie du Conseil civil de la ville. Pour cet intellectuel né à deux pas du musée et spécialiste des sites archéologiques de la ville et de la région, « Raqqa a toujours été la capitale culturelle de la Syrie et, dès sa création, ce musée en était devenu le ministère ». Capitale du calife abbasside Haroun al Rachid, héros des mille et une nuits, « étoile du croissant fertile » exceptionnellement placée au « point médian » de l’Euphrate, à mi-chemin entre sa source et son embouchure du chott-Al Arab, carrefour stratégique des routes commerciales reliant la Syrie à l’Asie centrale et la Méditerranée au Golfe Persique, Raqqa est une ville de contact et d’échanges entre trois mondes : celui des pasteurs nomades, celui des sédentaires et celui des citadins. « Il y a toujours eu là un foisonnement d’artistes, d’écrivains, de poètes, poursuit Zyad. C’était un vivier d’intellectuels, de renom national et international, comme le nouvelliste Abd Essalam al Ujaily, l’écrivain Ibrahim Khalil, le docteur Fayez al Fawaz, ou l’astronome Al-battani, dont l’un des plus grands carrefours de la ville porte encore aujourd’hui le nom. Même Zubayda, l’épouse du calife, qui aimait tant Bagdad, lui préférait Raqqa - qui s’appelait alors Rafiqa. Alors oui, ce musée était comme un sanctuaire pour ces trésors, la poitrine battante du savoir, de l’histoire, de la création et de la transmission, matérielle et immatérielle ».
Notre impact
Et puis… vint la grande écorcherie. Pendant les deux premières années de la Révolution, Raqqa est restée silencieuse. Comme toutes les autres villes de Syrie, elle rêve de « liberté, de justice et de dignité », les premiers mots d’ordre plaqués sur les banderoles des manifestants de Deraa, où tout a commencé au mois de mars 2011. Mais, jusqu’en 2013, emmurée dans sa peur, elle n’ose rien dire. Au mois de mars 2013, l’Armée Syrienne Libre et des factions djihadistes entrent dans Raqqa et, avec elles, le début du chaos, les premiers pillages. Malgré les tentatives de protection de la DGAM, beaucoup de pièces sont expédiées à des acheteurs en Turquie via Tal Abyad, d’autres sont abandonnées n’importe où et n’importe comment – on en retrouvera notamment bien plus tard dans la ville de Tabqa. Au mois de janvier 2014, Daech s’impose comme la seule force en présence à Raqqa, qui devient sa capitale auto-proclamée en Irak et au Levant. Les loups sont dans la ville, et avant même de s’attaquer aux hommes, ils volent, pillent et détruisent les symboles. Entre deux questions techniques sur le système électrique et les arrivées d’eau - elle est ingénieure de formation, Leïla commente : « Leur seul but était d’anéantir toutes traces de civilisation, pour qu’on oublie, pour que l’Histoire, notre Histoire, tombe dans le néant ». Pendant le siège de Daech, dans la première boutique du musée, entre deux vitrines vides et brisées, on vend de la viande. « Sous l’escalier et dans le jardin raconte Zyad, ils avaient carrément installé un marchand d’électroménager ». Machines à laver, frigidaires et groupes électrogènes remplacent alors des céramiques vieilles de 1000 ans. Le 25 novembre 2014, une bombe explose près du musée, causant des dommages sur sa façade sud et, le 14 novembre 2015, une frappe aérienne de bombardier russe troue littéralement le toit du musée. Pendant la dernière phase de l’opération « Colère de l’Euphrate », au plus dur des combats, Daech pose des explosifs partout dans le musée et place ses tireurs d’élite en embuscades aux balcons.
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Le 17 octobre 2017, après 134 jours de combat, Raqqa sort des mâchoires du diable. Les Forces Démocratiques Syriennes (FSD) sécurisent le musée truffé de mines mais, même nettoyé, il est orphelin de ses trésors, sale et très endommagé. Entassés comme de la vaisselle cassée dans un coin du deuxième étage, des monceaux de poteries séculaires brisées ou brûlées. C’est alors qu’une jeune ONG tout juste créée à Tal Abyad entre en scène, Roya. L’un de ses fondateurs, Aziz al Mouh, originaire de Raqqa, y revient quelques mois après sa libération. « J’avais envie de faire quelque chose pour ma ville, se souvient-il. La majorité des associations se concentrait sur les services, aucune sur le patrimoine. Je suis jeune et j’avais le sentiment que ma génération ne s’intéressait plus au patrimoine alors que pour moi, ce musée, c’était une clé, le cœur de notre culture, un garant précieux, physique comme mental, de l’histoire commune des Arabes, des Kurdes et des Arméniens de Raqqa ». Aziz propose donc au Conseil civil, qui avait déjà tant à faire avec le déminage et l’aide d’urgence aux personnes, de s’occuper du nettoyage du musée. Début décembre 2017, un premier état des lieux est fait par l’Autorité du tourisme et de la protection des antiquités - canton d’Al Jazira : le musée est debout mais sa façade toujours criblée d’impacts, et l’intérieur très détérioré. En juin 2018, Roya, en coopération avec ASOR Cultural Heritage Initiative, entreprend la première stabilisation d’urgence du bâtiment du musée. Un important travail de réhabilitation débute ensuite à la mi-septembre 2019, mené par l’ONG française La Guilde Européenne du Raid, en coopération avec Roya et l’ONG allemande Impact, avec un financement d’ALIPH. Sols, plafonds, mosaïques, escaliers, fenêtres et façades : chaque étape du projet fait l’objet de réunions hebdomadaires au cours desquelles une expertise est apportée, par les acteurs locaux, Roya et le Comité pour l’architecture du Conseil civil, avec l’aide de la Guilde (Djamila Chakour, responsable des collections à l’Institut du Monde Arabe, et Jean-Marc Lalo, architecte, spécialisé dans les lieux publics et culturels), tant sur le plan architectural que sur celui de la conservation préventive. Fin février 2020, tout est terminé, le musée est prêt à accueillir les collections sauvées de la guerre et conservées au Conseil civil. « Témoin du passé, commente Zyad Al Hamad, ce musée porte aujourd’hui la promesse de l’avenir ». Et Leïla Mustapha de conclure : « Voyez notre réponse aux soldats de Daech ! Nous sommes là, nous n’avons rien oublié, ni notre passé, ni ce qu’ils ont fait, et maintenant tout va continuer. Dès que les vitrines et les antiquités seront réinstallées, nous ferons une grande fête et les enfants de Raqqa viendront admirer les preuves de leur Histoire et de leur passé ». « Les maisons de Raqqa n’ont pas de portes » dit le dicton populaire pour célébrer l’hospitalité de ses habitants. Depuis la fin des combats, pour 85% d’entre elles, elles n’ont plus de murs non plus. Mais elles ont un musée, un patrimoine, une mémoire vivante qu’aucune guerre, aucun siège ou aucune barbarie ne saura effacer.
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Notre impact
Mieux vaut prévenir que guérir : le musée des Civilisations de Côte d’Ivoire Dimanche 28 novembre 2010. A l’issue du second tour des élections présidentielles, la Côte d’Ivoire se couche avec deux présidents. La crise politique est profonde ; pendant cinq mois, le pays va connaître de violents affrontements. Dans ce contexte, le sort du musée des Civilisations d’Abidjan ne suscite guère l’intérêt. Particulièrement mal placé à l’entrée du Plateau, quartier du palais présidentiel, et voisin du siège de l’état-major de l’armée, le plus important musée de Côte d’Ivoire est pourtant une victime collatérale de taille. Les pillards font main basse sur 121 œuvres : objets sacrés, insignes royaux, parures et textiles traditionnels, statuettes et masques Sénoufo et Wè. Pis, la totalité des objets en or massif sont dérobés et probablement fondus : pendentifs baoulés du XVIIe siècle, couronnes et chasse-mouches. « Tout un pan de l’histoire ivoirienne s’est effacé, car ce matériau est très lié à la vie de notre pays », se souvient encore émue Silvie Mémel-Kassi, directrice de l’institution. Et de poursuivre : « ce que je redoute le plus est que l’histoire recommence avec les élections prévues à l’automne 2020. Je revis le scénario de 2010 : environnement électrique, discours incendiaires, retournements politiques… Devant les portes en bois du musée qu’un seul coup de pied suffit à détruire, j’ai commencé dès 2018 à chercher comment anticiper une potentielle nouvelle crise ».
Sarah Hugounenq
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Si le musée étatique a perdu une partie de ses fleurons, le fonds comporte encore quelques 16 000 pièces retraçant l’histoire artistique ivoirienne, de la préhistoire à aujourd’hui, et attire désormais près de 100 000 visiteurs, quand ils n’étaient que 8 000 en 2006 et 30 000 à la veille de la crise postélectorale. Au gré de conversations avec des professionnels de musées internationaux, le nom d’ALIPH est soufflé à l’oreille de la directrice. « Une nouvelle fondation basée en Suisse, m’a-t-on dit. Je savais qu’il y avait des organisations dans le domaine des musées et du patrimoine, mais pour être franche, il est difficile d’y avoir accès. J’ai fait un courrier sans grand espoir, et ALIPH a répondu présent en quelques semaines ! ». Menace avérée, urgence, intérêt patrimonial, implication des acteurs locaux comme le ministère de la Culture et de la Francophonie… Tous les ingrédients étaient réunis pour que la fondation genevoise réponde présente en un tournemain. Rompue aux chantiers de protection ou de reconstruction sur les théâtres de guerre moyen-orientaux, ALIPH profite de cette opération en Afrique de l’Ouest pour rappeler combien la prévention et la réactivité sont des axes fondateurs de son action. Le projet a bénéficié de la procédure exceptionnelle d’urgence, qui permet de débloquer rapidement une enveloppe maximale de 75 000 $. Outre cette agilité administrative, le partenariat noué avec la Fondation TAPA, organisation soucieuse d’appuyer le développement des musées africains, a permis de poser huit portes blindées d’accès aux salles d’exposition et aux réserves, entre août et décembre 2019. Mais quelle est l’utilité d’une serrure dernier cri si, à l’intérieur, les œuvres ne sont pas conservées dans les meilleures conditions ? « Nos armoires en bois de 1942 étaient infestées d’insectes xylophages qui contaminaient les œuvres ! confie la directrice. Sans ALIPH, rien n’aurait bougé. Leur dotation fut supérieure au montant de notre budget annuel ! C’est dire si leur intervention restera dans les annales ! » Bazardé, le mobilier de rangement vétuste est remplacé par des étagères et autres charriots métalliques plus maniables et adaptés. Les réserves sont en train d’être réaménagées par typologie d’objet. Même si la crise du COVID-19 a stoppé les opérations, cette nouvelle organisation va faciliter les missions de recherches et de numérisation menées chaque année par 350 étudiants internationaux, pour certains issus de la Sorbonne. A l’heure du débat sur la restitution du patrimoine africain conservé en Europe, l’amélioration des standards de conservation est un argument de poids. Par son pragmatisme, sa réactivité et sa simplicité, la sécurisation du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire d’Abidjan donne un coup de pied dans la fourmilière. Il n’est définitivement pas nécessaire de lancer des projets multimillionnaires pour être efficace rapidement et à long terme sur le terrain.
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TÉMOIGNAGES DE NOS PARTENAIRES Exposition « Cités millénaires. Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul » « L’exposition « Cités millénaires » à l’Institut du monde arabe a montré qu’un projet grand public permettait de sensibiliser une large audience à la question du patrimoine en danger dans les zones en conflits. Le soutien d’ALIPH a donné un poids supplémentaire à notre propos et a mis en lumière des actions concrètes sur le terrain. Beaucoup de nos visiteurs demandaient comment agir face au terrible constat des destructions, et nous citions ALIPH comme l’un des organismes capables d’intervenir non seulement pour la reconstruction, mais aussi pour la sauvegarde en amont de ce patrimoine. Le dialogue fluide et régulier créé à cette occasion entre l’IMA et ALIPH nous a ALIPH croit fermement à l’importance de la sensibilisation pour protéger le patrimoine menacé par les conflits. ensuite permis d’envisager L’exposition itinérante « Cités millénaires. Voyage virtuel d’autres actions à plus long de Palmyre à Mossoul » reconstitue les villes de Palmyre, Alep, Mossoul et Leptis Magna grâce à la réalité virtuelle. terme. » Elle a été présentée à l’Institut du Monde Arabe (IMA) du 10 octobre 2018 au 17 février 2019, où elle a été vue par plus de 130 000 visiteurs. L’exposition a depuis été montrée à Riyad, Bonn et Washington DC.
Aurélie Clemente-Ruiz, Directrice du département
des expositions, Institut du Monde Arabe (IMA)
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Notre impact
Collart – Palmyre : reconstruction virtuelle du Temple de Baalshamȋn
« Le soutien d’ALIPH au projet Collart-Palmyre a été une marque importante de reconnaissance de notre travail, qui nous a permis d’inscrire celui-ci dans le temps, avec l’assurance des financements nécessaires à notre mission. Travailler avec ALIPH, c’est travailler avec un partenaire réactif, à l’écoute et innovant ! »
Le Temple de Baalshamȋn, à Palmyre, exemple extraordinaire d’architecture syro-romaine du 2e siècle de notre ère, a été complètement détruit par Daech en août 2015. Sa restauration virtuelle s’appuie sur l’étude, la numérisation et la mise en accès libre des archives de l’archéologue suisse Paul Collart, qui a documenté le site dans les années 1930-1960.
Patrick Michel, Chargé de recherche et Chef du projet Collart-Palmyre, Université de Lausanne
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NOTRE VIE QUOTIDIENNE
Partenariats Communication Budget et financements
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Notre vie quotidienne
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PARTENARIATS En 2019, ALIPH a conclu trois protocoles d’entente (MoU) avec divers acteurs du secteur de la protection du patrimoine dans les zones en conflit, afin de répondre à deux objectifs : son insertion dans son environnement professionnel, tant au niveau international que local, et le renforcement des synergies entre les différents acteurs intervenants dans ce secteur.
UNESCO
11 octobre 2019 Le protocole d’entente signé avec l’UNESCO vise à renforcer les échanges d’informations entre les deux organisations, relayer et soutenir techniquement l’action de l’autre partie sur le terrain, identifier et entreprendre des projets communs, ou encore sensibiliser l’opinion publique mondiale aux menaces qui pèsent sur le patrimoine dans les zones en conflit. Cet accord a été signé par M. Ernesto Ottone Ramírez, SousDirecteur général de l’UNESCO pour la culture, et M. Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH.
Fondation Suisse de Déminage (FSD) 21 octobre 2019
ALIPH a noué un partenariat avec la Fondation Suisse de Déminage (FSD), actuellement présente notamment en Irak, afin de pouvoir bénéficier, à titre gracieux, de son expertise dans le domaine du déminage, et de lui apporter en retour la sienne en matière patrimoniale. Les deux opérateurs envisagent en outre de mener des actions communes de déminage-réhabilitation dans des zones d’intérêt commun. En présence de S.E. l’Ambassadeur Valentin Zellweger, représentant permanent de la Suisse auprès des Nations unies et des autres organisations internationales à Genève, l’accord a été signé dans les bureaux d’ALIPH par S.E. l’ambassadeur Jürg Streuli, Président du conseil de fondation de FSD, et M. Valéry Freland.
World Monuments Fund (WMF) 28 octobre 2019
Ce partenariat vise à mettre en place un fonds d’urgence financé à parts égales par ALIPH et le WMF à hauteur de 125 000 USD chacun, en vue de mobiliser conjointement des financements pour soutenir une mesure d’urgence de moins de 30 000 USD, comme par exemple une mission d’expertise internationale. Mme Bénédicte de Montlaur a signé l’accord en sa qualité de Présidente Directrice Générale du World Monuments Fund, M. Valéry Freland le signant pour ALIPH.
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Notre vie quotidienne
COMMUNICATION ALIPH, déjà un nom qui marque !
1/7/2020
Global fund allocates Dh36.7 million to cultural projects in war zones - The National
Global fund allocates Dh36.7 million to cultural projects in war zones
The International Alliance for the Protection of Heritage in Conflict Areas will assist 20 projects
A bust of a Palmyrean man, made of marble in Palmyra. A global fund dedicated to preserving cultural sites in war zones has allocated more than Dh36 million to new projects. Marc Deville / Gamma-Rapho via Getty Images
https://www.thenational.ae/uae/government/global-fund-allocates-dh36-7-million-to-cultural-projects-in-war-zones-1.952653
Tout au long de l’année 2019, la marque ALIPH s’est progressivement ancrée à l’international dans le monde des défenseurs du patrimoine culturel. Après le lancement de son identité visuelle à l’automne 2018, ALIPH s’est dotée en janvier 2019 d’un site internet en trois langues (anglais, français, arabe), consulté par plus de 17 000 personnes en un an. Une centaine d’articles sur la fondation ont en outre été publiés dans la presse écrite, sur le web ou à la radio, dans plus d’une douzaine de pays.
ALIPH a par ailleurs été mise à l’honneur à trois occasions
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Le 9 juillet 2019, Emmanuel Macron, Président de la République française, a remis la Légion d’honneur à Bariza Khiari, vice-présidente d’ALIPH. “Depuis 2017, vous êtes ma représentante et la Vice-présidente d’ALIPH”, a-t-il déclaré devant une salle comble. “Ce formidable projet ... se déploie grâce au talent et à l’engagement d’un groupe auquel vous appartenez ... et cette mission ... est au cœur même de votre plus grand engagement.”
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Pays : FR Périodicité : Mensuel OJD : 41968
Date : Mai 2019 Page de l'article : p.82-85 Journaliste : Bérénice GeoffroySchneiter
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Tous droits réservés à l'éditeur
Lors du dîner de gala de la Biennale de Paris, le 11 septembre 2019, près de 1 000 personnalités du monde de l’art, de la culture et du patrimoine se sont réunies pour soutenir la réhabilitation du musée de Mossoul, projet phare d’ALIPH, en présence des ministres français et irakien de la Culture.
ALIPH-MDI 6889756500507
Le Hadrian Award, décerné chaque année par le World Monuments Fund (WMF) aux personnalités internationales qui ont fait progresser la cause de la préservation de l’art et de l’architecture, a été remis en octobre 2019 à Thomas S. Kaplan, Président d’ALIPH. “La beauté est sa propre forme de vérité”, a-t-il déclaré à cette occasion, “et en découvrant cette beauté, en préservant cette beauté, nous rappelons à tous notre humanité commune”.
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Notre vie quotidienne
BUDGET ET FINANCEMENTS Les données financières 2019 en bref
Subventions approuvées en 2019
Subventions versées en 20191
16 024 251
1 872 784
USD
USD
Total des subventions 2018 et 2019
Dépenses de fonctionnement en 20192
17 389 551
1 523 443
USD
Contributions reçues en 2019
19 889 250
Capital au 31 décembre 2019
76 871 289
USD
Les comptes annuels 2019 et le rapport de l’organe de révision sont disponibles sur notre site.
1 2
La plupart des subventions sont allouées à des projets pluriannuels Chiffre établi avec le taux de change moyen CHD/USD de 2019
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Nos soutiens ALIPH est financée par les membres de son Conseil de fondation, Etats ou donateurs privés, ainsi que par plusieurs autres acteurs privés.
Etats membres France Emirats arabes unis Arabie Saoudite Koweït Luxembourg Chine Maroc
Membres donateurs privés M. Thomas S. Kaplan Fondation Gandur pour l’Art
Pays hôte Suisse
Donateurs privés The Andrew W. Mellon Foundation Lionel Sauvage Family Foundation
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Notre vie quotidienne
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NOTRE GOUVERNANCE
Notre éthique Conseil de fondation Comité scientifique Comité des finances et du développement Comité d’audit Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération Secrétariat Soutenez ALIPH !
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Notre gouvernance
NOTRE ÉTHIQUE
Le travail d’ALIPH est guidé par les valeurs fondamentales suivantes : • la protection du patrimoine • la diversité culturelle et religieuse • l’éducation et le renforcement des capacités • l’égalité des sexes • la cohésion sociale et la coexistence pacifique • le développement local durable • la paix et la réconciliation • la solidarité internationale Pour plus d’informations, veuillez consulter nos statuts et notre code d’éthique.
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Notre gouvernance
Conseil de fondation 6
Président : M. Thomas S. Kaplan (donateur privé)
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M. Jean Claude Gandur (donateur privé)
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Vice-présidente : Mme Bariza Khiari (France)
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Mme Mariët Westermann (personnalité qualifiée)
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Vice-président : S.E. Mohamed Al Mubarak (Émirats arabes unis)
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M. Richard Kurin (personnalité qualifiée)
S.A.R. Prince Badr bin Abdullah bin Mohammed bin Farhan Al-Saud (Royaume d’Arabie saoudite)
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Pr. Markus Hilgert (personnalité qualifiée)
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M. Marc-André Renold (Suisse)
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S.E. Sheikha Hussah Sabah Al-Salem-Al-Sabah (Koweït)
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M. Ernesto Ottone Ramirez (UNESCO)
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S.E. Mme Martine Schommer (Luxembourg)
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M. Jean-Luc Martinez (président du Comité scientifique)
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M. Wen Dayan (Chine)
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M. Valéry Freland (Directeur exécutif)
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M. Mehdi Qotbi (Maroc)
Le Conseil de fondation s’est réuni trois fois en 2019 : le 13 février à Abu Dhabi, le 19 juin à Paris et le 9 décembre à Genève.
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Comité scientifique 6
Président : M. Jean-Luc Martinez, Président-directeur du Musée du Louvre
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M. Mounir Bouchenaki, Conseiller spécial de la Directrice générale de l’UNESCO
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M. Wang Chunfa, Directeur du Musée national de Chine de Pékin
6
M. Samuel Sidibe, Directeur général du Parc national du Mali
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Mme Bahija Simou, Directrice des Archives royales du Maroc
Comité d’audit 6
Président : M. Jeffrey D. Plunkett, J.D.
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M. Abderrazak Zouari, Ancien ministre du Développement régional, Tunisie
Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération
Comité des finances et du développement
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Président : M. Jean Claude Gandur
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Pr. Markus Hilgert
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M. Marc-André Renold
Secretariat
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Président : M. Richard Kurin
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M. Valéry Freland, Directeur exécutif
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Mme Deborah Stolk, Coordinatrice du programme Cultural Emergency Response, Prince Claus Fund
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M. Laurent Oster, Responsable administratif et financier
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M. Saood Al Hosani, Directeur général des services, Département de la Culture et du Tourisme - Abou Dabi
Mme Sandra Bialystok, Responsable de la communication et des partenariats
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M. Valéry Freland
M. Andrea Balbo, Chargé de projets
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Mme Alexandra Fiebig, Chargée de projets
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Mme Rosalie Gonzalez, Chargée de projets
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Mme Mahdia Siari, Chargée de projets
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Mme Laura Willis, Assistante de direction
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Notre gouvernance
Droits d’auteur Couverture Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en haut à gauche © Fraternité en Irak © King’s College London © Xavier de Lauzanne © ISMEO © AMALIA © Thomas Raguet © Monumenta Orientalia © Première Urgence Internationale © Valery Sharifulin/TASS Getty Images (Image du centre) Couverture intérieure © Première Urgence Internationale Table des matières Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en haut à gauche © Xavier de Lauzanne © ISMEO © Turquoise Mountain © King’s College London © Smithsonian Institution © J. Paul Getty Trust © ACHCO © CRAterre © Thomas Raguet © SBAH © Xavier de Lauzanne © Première Urgence Internationale (Image du centre) Page 5 © Mission archéologique de Douki Gel Page 6 © Digital Library of the Middle East (DLME) Page 7 © ISMEO Page 10 © Musée national du Mali Page 12-13 © Michele Cattani Page 14 © CRAterre Pages 16-17 Pérou : © Universidad Nacional de Ingenieria Mali : © Michele Cattani
Libye : © Mission archéologique française de Libye Côte d’Ivoire : © Fondation Tapa Soudan : © Marc Chaillot Liban : © L’OEuvre d’Orient Palestine : © Première Urgence Internationale A propos du patrimoine syrien : © Valery Sharifulin/TASS Getty Images Irak : © ISMEO Somalie : © J. Paul Getty Trust Géorgie : © Georgian National Committee of the Blue Shield Erythrée : © Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana Afghanistan : © UNESCO Yémen : © Monumenta Orientalia Page 18 © Hafed Walda Pages 20-21 Afghanistan : © ACHCO Cote d’Ivoire : © Fondation Tapa Erythrée : © Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana Géorgie : © Georgian National Committee of the Blue Shield International : © J. Paul Getty Trust Irak : © ISMEO Liban : © L’OEuvre d’Orient Libye : © Mission archéologique française de Libye Mali : © Michele Cattani Palestine : © Khalidi Library Pérou : © Universidad Nacional de Ingenieria Somalie : © Horn Heritage Soudan : © Marc Chaillot Syrie : © La Guilde Européenne du Raid Yémen : © CEFAS Page 22 De gauche à droite 1ère ligne : © Monumenta Orientalia, © Mission archéologique de Douki Gel, © ISMEO 2ème ligne : © Turquoise Mountain, © AMALIA, © King’s College London 3ème ligne : © Fight for Humanity, © BIEA, © Musée National du Mali 4ème ligne : © Turquoise Mountain, © Turquoise Mountain, © Mark Whatmore Page 24 © Turquoise Mountain
Page 26 © Smithsonian Institution Page 27 © Smithsonian Institution Page 28 © Smithsonian Institution Page 29 © SBAH (photo du haut)) © Smithsonian Institution Pages 31-33 Photos © Fratenité en Irak Pages 34-37 Photos © Xavier de Lauzanne Page 39 Photos © Fondation Tapa Pages 40-41 © IMA/T.Rambaud Pages 42-43 © Shutterstock/Dalius Juronis Pages 44-45 © Ivan Erhel Page 46 © Mark Whatmore Pages 48-49 De gauche à droite © Philippe Servent /Présidence de la République © Paris La Biennale © WMF Page 51 De haut en bas © J. Paul Getty Trust © Mark Whatmore © AMALIA © CRAterre Page 52 © UNESCO Page 55 © Thomas Raguet
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Juin 2020
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