Rapport d’activité 2022
Protéger le patrimoine pour construire la paix
Protéger le patrimoine pour construire la paix
7 M. Thomas S. Kaplan, Président du Conseil de fondation – Avant-propos
11 S.E. Mohamed Khalifa Al Mubarak, Vice-président du Conseil de fondation et représentant des Émirats arabes unis – La méthode ALIPH
15 S.A. le Prince Badr Bin Abdullah Bin Farhan Al Saud, ministre de la Culture du Royaume d’Arabie saoudite, représentant du Royaume d’Arabie saoudite au Conseil de fondation – ALIPH à Riyad
19 Mme Bariza Khiari, Vice-présidente du Conseil de fondation et représentante de la France – Conférence des donateurs à Paris
30 Comment soutenir ALIPH
35 M. Mounir Bouchenaki, Président par intérim du Comité scientifique
36 Les projets d’ALIPH
40 ALIPH en chiffres
46 Quelques projets achevés en 2022
48 Province de Kaboul : conservation du patrimoine bâti bouddhiste – stupa de Shewaki (Afghanistan)
52 Beyrouth : ouverture de la bibliothèque orientale de l’université Saint-Joseph (Liban)
56 Beyrouth : restauration de la cathédrale grecque orthodoxe Saint-Georges (Liban)
60 Interventions de premiers secours sur le site du patrimoine mondial de Hatra (Irak)
64 Beitillu, Cisjordanie : réhabilitation du manoir d’Ali Salem (Palestine)
68 Shibam : restauration d’urgence de la vieille ville fortifiée (Yémen)
75 M. Valéry Freland, Directeur exécutif – 2022 : mobilisés aux côtés du patrimoine ukrainien
77 ALIPH mobilisée en faveur de la protection du patrimoine en Ukraine
78 Le Plan d’action pour l’Ukraine en chiffres
82 Témoignages de trois de nos partenaires
82 Mme Oleksandra Kovalchuk, directrice de l’ONG Museum for Change, ancienne directrice du musée des Beaux-Arts d’Odessa
84 Mme Svitlana Stryelnikova, Ph.D., directrice générale du Centre national ukrainien de recherche en restauration
88 Mme Yulia Vaganova, directrice générale, musée Khanenko
90 À la rencontre de l’équipe d’ALIPH dédiée à l’Ukraine
94 Exposition ALIPH
99 M. Richard Kurin, personnalité qualifiée au Conseil de fondation
101 Niger – Documentation et restauration de la vieille ville d’Agadez
104 Bangladesh – Programme de documentation rapide d’urgence (RED) pour le patrimoine mondial de l’Unesco à Bagerhat et Paharpur
108 Mali – Réhabilitation du tombeau des Askia de Gao
110 Soudan – Protection d’urgence du site de Méroé, inscrit au patrimoine mondial, face aux inondations et autres menaces
116 Mme Mariët Westermann, personnalité qualifiée au Conseil de fondation – Protéger le patrimoine pour construire la paix : la porte Mashki de Mossoul
118 La decouverte de la porte Mashki de Mossoul – Article du National Geographic Magazine par Kristin Romey
126 Forger le dialogue interculturel et la confiance à Chypre : conservation conjointe de l’église Saint-Georges-des-Latins à Famagouste et de la mosquée Tuzla à Larnaca
133 S.E. Nadia Ernzer, représentante du Luxembourg au Conseil de fondation
134 ALIPH sur la scène internationale
139 Mme Sandra Bialystok, Directrice de la communication et des partenariats – La première page de l’histoire d’ALIPH est tournée, mais son prochain chapitre est déjà en cours d’écriture 142
7 M. Thomas S. Kaplan, Président du Conseil de fondation – Avant-propos
11 S.E. Mohamed Khalifa Al Mubarak, Vice-président du Conseil de fondation et représentant des Émirats arabes unis – La méthode ALIPH
15 S.A. le Prince Badr Bin Abdullah Bin Farhan Al Saud, ministre de la Culture du Royaume d’Arabie saoudite, représentant du Royaume d’Arabie saoudite au Conseil de fondation – ALIPH à Riyad
Il y a environ six ans, à Abou Dabi, nous avons pris une décision en nous jurant de faire avancer l’histoire dans la bonne direction, même à petits pas. Profondément convaincus de la justesse de leur cause et animés par le désir de devenir des gardiens éclairés, les membres fondateurs d’ALIPH se sont lancé un défi majeur, en pariant que la protection du patrimoine culturel des zones en conflit et en sortie de crise aurait des retombées exceptionnelles sur le plan du développement durable, de la cohésion sociale et même de la paix et de la réconciliation.
En janvier 2022, ces formidables pionniers – au premier rang desquels figuraient la France, les Émirats arabes unis et le Royaume d’Arabie saoudite – ont accueilli au Musée du Louvre, à Paris, bien d’autres partisans afin de déclarer leur soutien renouvelé à la fondation. La deuxième Conférence des donateurs d’ALIPH, qui s’est déroulée sous le haut patronage du président Macron, a connu un succès retentissant sous un concert de louanges saluant les initiatives accomplies par notre fondation. La conférence a mobilisé des ressources considérables, avec 90 MUSD d’annonces de contributions, soit un montant bien supérieur à celui enregistré quatre ans auparavant lors de notre première Conférence des donateurs.
Aujourd’hui, ALIPH rime avec agilité, réactivité, collaboration et efficacité. Ses nombreuses interventions – de Mossoul à
Tombouctou, de Kaboul à Kherson, de Raqqa à Abidjan – en font une référence absolue pour sa rapidité et ses actions à fort impact. Fin 2022, grâce à tous les mécanismes de financement à sa disposition, la fondation avait soutenu quelque 300 projets dans plus de 30 pays, s’établissant ainsi sur la scène internationale comme un interlocuteur incontournable pour les questions liées à la protection du patrimoine culturel dans les zones en conflit ou en sortie de crise.
En devenant la figure de proue de ce qui est tristement un « secteur en croissance », nous avons été amenés à briser le moule de nombreuses façons. Outre notre programme de mesures d’urgence, qui est organisé tout au long de l’année, et les appels à projets que nous lançons régulièrement en parallèle, ALIPH a imaginé un troisième mode de financement, sous la forme de plans d’action spécifiques adaptés à chaque crise et permettant d’intervenir en urgence. Ce concept a été ébauché pendant la pandémie de Covid-19, et a été étoffé rapidement par la suite en réponse à l’explosion qui a touché le port de Beyrouth en 2020. Fin février 2022, ALIPH a, une fois encore, été sollicitée urgemment lors du début de la guerre en Ukraine, qui a imposé une intervention rapide et décisive en vue de protéger immédiatement le patrimoine culturel scandaleusement ciblé ou victime collatérale des hostilités en cours.
Un an s’est écoulé, mais le soutien d’ALIPH perdure, puisque nous continuons à financer des projets de toute taille partout en Ukraine, avec la flexibilité et la réactivité qui nous caractérisent.
Avec le recul, il est évident que 2022 a été une année de transition pendant laquelle le dynamisme d’ALIPH a véritablement atteint la « vitesse de libération ». La fondation jouit désormais d’un réseau bien développé et très collaboratif, qui réunit des partenaires tels des gouvernements, des institutions internationales, des représentants de la société civile, des universités et grandes écoles ainsi que des acteurs du secteur privé. Le nombre impressionnant de Memoranda of Understanding (MoU) signés en marge de notre dernière Conférence des donateurs (12 au total) témoigne à lui seul de l’envergure acquise par ALIPH sur la scène internationale. La maturité de l’organisation transparait par ailleurs dans le nombre significatif de projets achevés à ce jour : sur environ 300 initiatives financées, plus de la moitié ont d’ores et déjà été mises en œuvre. Enfin et surtout, la puissance de la voix d’ALIPH est indéniable, tout comme son rôle de chef de file, d’autorité et de source d’inspiration dans son secteur d’intervention. Notre présence dans les médias internationaux le montre bien, puisqu’au cours de l’année écoulée notre fondation a en effet fait l’objet de plus de 1 000 articles dans les médias de plus de 80 pays.
L’année 2023 recèlera des changements particulièrement prometteurs pour ALIPH, comme l’adhésion de nouveaux membres, la mobilisation de fonds encore plus généreux, l’approbation de nombreux autres projets à fort impact, et le passage de relais à un nouveau dirigeant. Après deux mandats consécutifs de trois ans chacun à la tête de notre organisation, il me semble en effet qu’il est l’heure (et qu’il est juste) pour la fondation d’ouvrir un nouveau chapitre de gouvernance. Je sais que notre Alliance le fera avec la confiance, l’ambition, le calme et pourtant l’assurance qui caractérisent les entités bâties sur de solides fondations, qui jouissent d’une culture exceptionnelle et qui peuvent compter sur des ressources bien gérées. Je me plais aussi à penser que, en prenant les rênes d’une institution avertie et hautement performante, la personne qui me succédera sera dans une position idéale pour ancrer notre réussite dans la durée. Être Président d’ALIPH aura été un immense honneur, et je me réjouis de continuer cette noble mission – avec la même passion, quoique dans un rôle différent –aux côtés de mes distingués collègues et partenaires.
Même si la protection du patrimoine culturel est une cause dont l’avenir reste préoccupant (instabilité de notre époque, reprise de conflits un peu partout sur la planète, conséquences de menaces inédites et diffuses comme le changement climatique), 2022 a magnifiquement prouvé qu’ALIPH possède les moyens mais surtout, peut-être plus important encore, la vision et l’armée de femmes et d’hommes courageux qui lui permettent de participer à la protection du patrimoine commun de l’humanité aux quatre coins du monde. Lors de notre toute première réunion à l’hiver 2016, cela n’allait pas de soi. Dans les années à venir, ALIPH s’appuiera sur ses incroyables accomplissements et renforcera ses formidables atouts pour poursuivre son développement, et pour (re)construire l’histoire au profit des générations futures.
Président, département de la Culture et du Tourisme – Abou Dabi Représentant des ÉMIRATS arabes unis et Vice-président du Conseil de fondation
Vous avez lancé l’idée de « la méthode ALIPH » ; qu’entendez-vous par là ? Quelle a été votre source d’inspiration ?
La réactivité d’ALIPH face à des situations de crise comme en Ukraine l’année dernière et au Liban en 2020, ainsi que tout au long de la récente pandémie, a confirmé son agilité dans le déploiement d’une expertise et d’une aide d’urgence, ainsi que dans la création de synergies avec les partenaires et les intervenants sur le terrain. Cette agilité est l’une des principales qualités dont nous voulions doter ALIPH.
ALIPH a su mettre au point une approche véritablement unique alliant stratégie, précision et efficacité, et se démarque ainsi des autres organisations qui opèrent dans le même domaine, avec pour résultat d’incroyables réalisations en seulement six ans d’existence.
Cette approche, que nous avons baptisée « la méthode ALIPH », s’articule autour de trois facteurs clés :
• Une équipe resserrée, mais polyvalente et enthousiaste, capable de réagir vite dans un contexte aussi épineux et imprévisible que celui des zones en conflit et en sortie de crise pour mettre en place une gestion de projet agile.
• Un conseil actif, solidaire et réactif, qui encourage une prise de décision prompte.
• Un solide réseau de donateurs, de partenaires et d’opérateurs engagés et investis, qui jouent un rôle essentiel en permettant des opérations rapides et stratégiques ainsi qu’une synergie des efforts.
Projetons-nous dans l’avenir : comment une organisation telle qu’ALIPH peut-elle maintenir son agilité ?
Je pense qu’au cours des cinq années à venir il faudra poursuivre la méthode ALIPH, mais aussi se focaliser sur l’édification et le renforcement d’un « écosystème ALIPH », pour rehausser l’agilité de notre organisation.
• Un écosystème qui sache s’adapter et réagir aux crises avec flexibilité.
• Un écosystème qui intègre les communautés, les partenaires et les opérateurs au cœur de la mission d’ALIPH.
• Un écosystème qui englobe toute la chaîne de valeur de l’action, au sein duquel ALIPH puisse aussi renforcer ses capacités de préparation en situation de pré-conflit pour améliorer sa réactivité et son action sur le terrain.
• Un écosystème qui contribue au développement durable à long terme, en participant à l’apaisement et à la restauration de la paix par le biais de la protection du patrimoine, et en encourageant les pratiques durables dans la lutte contre le changement climatique.
• Un écosystème qui soit soutenu par toutes ses composantes, afin de communiquer et de coopérer pour prospérer.
Dans la perspective de la COP28 de Dubaï en 2023, comment la protection du patrimoine culturel s’inscrit-elle dans les initiatives internationales de lutte contre le changement climatique ?
Les forces de la nature et les guerres ont anéanti et dégradé des environnements bâtis aux quatre coins du monde. Reconstruire le tissu urbain de façon durable en incorporant, préservant et embellissant le patrimoine culturel perdu ou endommagé est un pilier du développement durable, du point de vue non seulement environnemental, mais aussi économique et social. En préservant la trame physique de l’environnement bâti ayant une valeur culturelle, le secteur du patrimoine culturel a un rôle important à jouer dans l’économie durable et le développement social des pays en sortie de crise, en particulier pour la réconciliation, l’apaisement et la restauration du bien-être de communautés et de lieux qui ont tant souffert.
La mission d’ALIPH se concentre spécifiquement sur le patrimoine des zones en conflit, et il serait bon de mieux comprendre pourquoi ces sites sont plus vulnérables face au changement climatique afin qu’ALIPH puisse encourager des pratiques plus responsables sur le plan environnemental, intégrer des exigences de résilience au changement climatique dans les projets qu’ALIPH évalue à des fins de financement, et veiller à ce que les projets présentés contribuent au développement durable sur le long terme.
La préservation du patrimoine permet de conserver les fondements du savoir humain et d’édifier des racines qui rattachent le passé au présent. Quand nous faisons découvrir notre patrimoine à autrui, nous ouvrons un dialogue qui est essentiel pour progresser et bâtir un avenir durable ensemble. Dans cette optique, le Royaume d’Arabie saoudite place la préservation et la diffusion de la culture au cœur de son développement national, mais aussi de ses relations internationales. Notre objectif consiste à renforcer nos relations avec d’autres pays en mettant l’accent sur les échanges et la compréhension entre les cultures.
Au cours des cinq dernières années, ALIPH a prêté main-forte à 180 projets patrimoniaux dans 30 pays et sur cinq continents. Nous avons conscience qu’il est vital de préserver et de réhabiliter les sites patrimoniaux situés dans des zones en conflit et en sortie de crise afin qu’ils puissent éduquer et inspirer les générations futures.
Ce travail est particulièrement pressant au Moyen-Orient et en Afrique, régions dans lesquelles les conflits ont laissé leur marque sur les paysages physiques et culturels.
Partenaires d’ALIPH depuis son lancement, nous sommes déterminés à pérenniser le travail de la fondation en appuyant son développement au Moyen-Orient et en Afrique pour lui donner plus de visibilité dans cette région, et en permettant à notre Royaume de participer plus activement aux projets de préservation du patrimoine, par exemple en renforçant les mesures de prévention comme la numérisation 3D, en facilitant les interventions rapides, en encourageant la participation des communautés aux projets de réhabilitation, et en favorisant le développement durable. Le Royaume d’Arabie saoudite s’engage à promouvoir cette mission essentielle en poursuivant son partenariat.
31 janvier 2022
19 Mme Bariza Khiari, Vice-présidente du Conseil de fondation et représentante de la France – Conférence des donateurs à Paris
30 Comment soutenir ALIPH
L’année 2022 a été décisive pour ALIPH. Elle a conclu un premier cycle de cinq ans d’existence et permis de lancer une nouvelle dynamique grâce au succès de la deuxième Conférence des donateurs, qui s’est tenue au Musée du Louvre le 31 janvier 2022, et du premier Forum ALIPH, qui a réuni plus de 200 professionnels à Abou Dabi les 6 et 7 mars 2023. Nous avons ainsi été en mesure, en quelques mois, à la fois de lancer la recapitalisation de notre fondation pour les cinq prochaines années et de nous fixer de nouveaux objectifs, concrets et ambitieux, comme celui de la lutte contre l’impact du changement climatique sur le patrimoine des pays vulnérables.
Hélas, 2022 a également été la triste année du déclenchement du conflit en Ukraine, et mes pensées vont vers tous ceux qui ont souffert et souffrent de ce drame. Le patrimoine ukrainien n’a pas été épargné, et ALIPH a su trouver rapidement la méthode, les partenaires, les soutiens et l’énergie pour se porter au secours de ce patrimoine exceptionnel et de professionnels dont le courage et l’engagement forcent notre admiration. Ce sont ainsi des dizaines d’institutions culturelles – musées, bibliothèques, archives – dont les collections ont pu être protégées, et continueront de l’être tant que cela sera nécessaire. Une nouvelle fois, notre organisation a su être au rendez-vous du patrimoine en danger.
L’année passée a également été celle de l’achèvement de plusieurs grands programmes ou projets financés par ALIPH. A cet égard, ALIPH, c’est bien plus qu’un financeur, et je devrais plutôt écrire : « des projets accompagnés, co-portés avec nos partenaires locaux ou internationaux ». C’est ainsi que la quasi-totalité de la vingtaine de projets lancés et financés par ALIPH à Beyrouth à la suite de
l’explosion du 4 août 2020 est désormais achevée, témoignage de la mobilisation rapide de notre organisation en faveur de la renaissance de la vie culturelle, économique et cultuelle de la capitale libanaise. J’ai pu le constater sur place lors d’un récent déplacement, qui m’a donné le sentiment du travail accompli même s’il reste encore beaucoup à faire dans cette ville qui nous est chère. Chaque fois, nous nous efforçons d’être attentifs à ce que les projets que nous soutenons contribuent au développement économique et social, mais aussi à faire vivre la diversité culturelle et religieuse, le dialogue entre les parties, à travers notamment la pleine implication des populations locales. Il s’agit de préserver des histoires, des identités, qui sont chacune une part de notre commune humanité.
En 2022, ce sont aussi de nouveaux soutiens qui nous ont rejoints, avec les dons d’Oman et de la Roumanie, le renouvellement de notre partenariat avec Monaco, la candidature – approuvée depuis ! – de Chypre, mais aussi l’aide de l’Union européenne et de partenaires privés comme les Fondations TotalEnergies et Getty. Je comprends que ce qui les attire chez ALIPH, c’est notre agilité, notre capacité à être là où il est le plus difficile d’aller.
Enfin, 2022, c’est aussi l’année du renouvellement du soutien apporté par nos premiers membres : et à tous mes collègues représentants des Emirats arabes unis, d’Arabie saoudite, du Koweït, du Luxembourg, de Chine, du Maroc, de la Fondation Gandur pour l’art, à notre Président, Thomas S. Kaplan, à Mounir Bouchenaki, Président par intérim du Comité scientifique, et à l’ensemble des personnalités qualifiées qui partagent notre ambition, je veux dire la joie que j’ai d’œuvrer à leurs côtés.
Mme Vice-présidente du Conseil de fondation et représentante de la FranceGrâce au soutien engagé de ses donateurs en 2022, ALIPH a pu poursuivre sa mission essentielle de protection du patrimoine dans les zones en conflit et en sortie de crise. Six ans après la naissance d’ALIPH, le raisonnement qui a motivé sa fondation se vérifie : le secteur du patrimoine culturel a besoin d’une organisation de financement capable d’obtenir le concours d’acteurs publics et privés pour protéger les sites patrimoniaux en péril avec rapidité et souplesse, tout en respectant les normes de contrôle et d’excellence mises en œuvre en situation de non-urgence.
ALIPH a endossé ce rôle. Depuis notre création en 2017, nous nous sommes imposés comme l’organisation de protection du patrimoine la plus efficace pour les pays en crise, et donnons l’exemple en misant sur la créativité, la prévoyance et la célérité. Le travail que nous avons accompli en Irak, en Ukraine, au Niger et ailleurs prouve que la sauvegarde du patrimoine culturel ne se résume pas à la protection de pierres et d’édifices : il s’agit d’un outil pour le développement social et économique, pour lutter contre le changement climatique et pour restaurer la paix au sein de communautés déchirées par les conflits.
Malheureusement, nous représentons un « marché en croissance ». Les demandes de subvention qui nous parviennent sont plus nombreuses que jamais, et il est probable que cette hausse se poursuivra à mesure que les nouveaux vecteurs de conflit (notamment le changement climatique) s’intensifieront. Si, en tant que particulier, institution ou administration gouvernementale, vous vous intéressez à la protection du patrimoine culturel et que vous souhaitez soutenir l’action d’ALIPH ou collaborer avec nous, vous pouvez nous contacter en écrivant à harry.tarpey@aliph-foundation.org ou en appelant le +41 22 795 18 27.
Nouveaux donateurs en 2022 :
L’Union européenne
Le sultanat d’Oman
La Roumanie
Le Getty Trust
La Fondation TotalEnergies
35 M. Mounir Bouchenaki, Président par intérim du Comité scientifique
36 Les projets d’ALIPH
40 ALIPH en chiffres
46 Quelques projets achevés en 2022
48 Province de Kaboul : conservation du patrimoine bâti bouddhiste – stupa de Shewaki (Afghanistan)
52 Beyrouth : ouverture de la bibliothèque orientale de l’université Saint-Joseph (Liban)
56 Beyrouth : restauration de la cathédrale grecque orthodoxe Saint-Georges (Liban)
60 Interventions de premiers secours sur le site du patrimoine mondial de Hatra (Irak)
64 Beitillu, Cisjordanie : réhabilitation du manoir d’Ali Salem (Palestine)
68 Shibam : restauration d’urgence de la vieille ville fortifiée (Yémen)
Qui aurait pensé lors de la conférence internationale organisée début décembre 2016 par Son Altesse l’émir d’Abou Dabi, aujourd’hui président des Emirats arabes unis, et Son Excellence le président de la République française que la fondation créée à l’issue de ce grand événement, portant le nom symbolique d’ALIPH, allait devenir six ans plus tard l’une des institutions les plus actives dans le monde pour la protection du patrimoine culturel en péril dans les situations de crise et de guerre ?
Avec son siège à Genève, un système de gouvernance d’une grande flexibilité, un Secrétariat composé d’une équipe de jeunes spécialistes réduite mais tout orientée vers l’action sur le terrain, assisté par un Comité scientifique composé de personnalités reconnues et bénévoles également mobilisées pour étudier les requêtes soumises et donner un avis circonstancié sur ces dernières, elle dispose d’un mécanisme original qui permet d’accorder la validation nécessaire à la mise en œuvre rapide des projets, dont le financement est assuré par des dotations substantielles d’un certain nombre d’Etats et d’institutions privées.
Le premier forum organisé par ALIPH à Abou Dabi en mars 2023 a eu un grand succès et a présenté un bilan exceptionnel portant sur ses six années d’activité sans relâche dans une trentaine de pays, avec un total à ce jour de 315 projets élaborés dans un esprit de pluridisciplinarité, de collaboration et de coordination avec les institutions intergouvernementales spécialisées telles que l’Unesco et l’Iccrom ainsi qu’avec les grandes institutions internationales non gouvernementales comme le Smithsonian, le World Monuments
Fund, la Fondation Aga Khan, l’Œuvre d’Orient et les musées, tel le Musée du Louvre, ainsi que nombre d’universités.
Pour la protection de l’architecture traditionnelle de terre menacée par les groupes djihadistes notamment au Sahel, de même que pour la sauvegarde de monuments insignes du Croissant fertile, comme la plus grande voûte du monde antique à Ctésiphon, et plus récemment pour l’appui substantiel accordé en urgence pour le patrimoine culturel en péril de l’Ukraine, ALIPH répond toujours présent.
Pour les monuments historiques, les musées et centres d’archives touchés par la guerre, le Secrétariat d’ALIPH s’appuie sur des opérateurs qualifiés répondant aux critères requis dans le domaine de la restauration et de la conservation par les conventions et les chartes internationales.
Les requêtes vont continuer à affluer car hélas les conflits se poursuivent, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, dans le bassin du Congo, et toujours en Ukraine. Il est recommandé aux porteurs de projets de s’assurer de trois conditions essentielles :
• la faisabilité des opérations de sauvegarde compte tenu des conditions de sécurité,
• la fiabilité et la transparence indispensables dans la gestion des fonds attribués aux opérateurs sur le terrain,
• le suivi documenté des opérations de sauvegarde et l’évaluation nécessaire sur le plan technique et financier à l’issue de tout projet.
Du 21 juin 2018 au 31 décembre 2022, 315 projets dans 35 pays ont été soutenus par ALIPH.
Plus de la moitié d’entre eux ont été réalisés.
11 – nombre total de projets 6 – projets complétés 5 – projets en cours
2 – nombre total de projets 1 – projet complété 1 – projet en cours
Arménie
2 – nombre total de projets 1 – projet complété 1 – projet en cours
Irak
42 – nombre total de projets 16 – projets complétés 26 – projets en cours
Afghanistan
20 – nombre total de projets 5 – projets complétés 15 – projets en cours
Palestine
7 – nombre total de projets 3 – projets complétés 4 – projet en cours
Soudan
6 – nombre total de projets 2 – projets complétés 4 – projets en cours
Yémen
15 – nombre total de projets 4 – projets complétés 11 – projets en cours
Erythrée
1 – nombre total de projets 1 – projet complété
Ethiopie
3 – nombre total de projets 3 – projets en cours
Somalie
1 – nombre total de projets 1 – projet complété
Mozambique
1 – nombre total de projets 1 – projet en cours
International
6 – nombre total de projets 4 – projets complétés 2 – projets en cours
Pakistan
1 – nombre total de projets 1 – projet en cours
Bangladesh
1 – nombre total de projets 1 – projet en cours
Cambodge
1 – nombre total de projets 1 – projet en cours
Indonésie
1 – nombre total de projets 1 – projet en cours
du 21 juin 2018 au
31 décembre 2022
21 Projets soutenus
20 Projets achevés
3 600 000 USD fonds engagés
Plan d’action Ukraine de mars à décembre 2022
142 Projets soutenus
100 Projets achevés
229 organisations soutenues
3 746 434 USD fonds engagés
Opérateurs : Afghan Cultural Heritage Consulting Organisation (ACHCO)
Le stupa de Shewaki, qui date du IIIe au Ve siècle de notre ère, se situe à onze kilomètres au nord de Kaboul. Il fait partie d’un complexe religieux situé sur la route autrefois empruntée par les pèlerins bouddhistes lorsqu’ils se rendaient à Bamiyan depuis les plaines d’Inde. Ce projet, dirigé par l’Afghan Cultural Heritage Consulting Organisation (ACHCO), a permis de documenter le site, de stabiliser la structure et de reconstruire partiellement le monument. Pendant ces trois années, de jeunes professionnels afghans ont bénéficié de formations pratiques et d’opportunités professionnelles.
« La conservation du stupa de Shewaki fut une expérience fascinante, aussi bien pour l’équipe de l’ACHCO que pour tous les autres participants au projet. Les fouilles ont permis de recueillir de précieuses informations sur une période de l’histoire régionale dont on savait très peu de choses. Les travaux de conservation menés sur les vestiges architecturaux ont, quant à eux, garanti que les futures générations afghanes pourraient continuer d’admirer ce monument qui fait partie intégrante du paysage culturel. La participation de la communauté locale à la planification et à l’exécution des travaux a fortement contribué à la réussite du projet. »
Jolyon Leslie Fondateur, ACHCOOpérateurs : l’Œuvre d’Orient (France), en coopération avec l’université Saint-Joseph (Liban)
La bibliothèque orientale de l’université Saint-Joseph recèle une extraordinaire collection de manuscrits et d’ouvrages d’une grande rareté. Le souffle de l’explosion du 4 août 2020 a infligé des dommages structurels au bâtiment abritant la bibliothèque, et a endommagé ses installations et ses outils de conservation (chambres froides et déshumidificateurs notamment). Après l’évaluation des dégâts, les équipes ont réparé les murs et les plafonds, et remplacé les portes et les fenêtres. La bibliothèque a rouvert ses portes au public en mars 2022, à l’occasion d’une cérémonie à laquelle participait Valéry Freland, directeur exécutif d’ALIPH. Aujourd’hui, les étudiants et les chercheurs peuvent de nouveau consulter les ressources de cette bibliothèque.
Opérateurs : Institut français du Proche-Orient (Ifpo, France) et École supérieure des affaires (ESA, Liban), en coopération avec la Direction générale des antiquités (DGA) du Liban
Située au cœur de Beyrouth, la cathédrale grecque orthodoxe SaintGeorges possède des fondations qui datent de l’Antiquité tardive, ce qui en fait la plus ancienne église de la ville. Incendiée et pillée lors de la guerre civile libanaise, la cathédrale a subi d’autres dégâts lors de l’explosion du 4 août 2020 : son iconostase (mur revêtu d’icônes et de peintures religieuses), ses fenêtres, ses portes et ses rambardes ont été endommagées. Le projet a permis de réparer l’iconostase et les panneaux de bois, et de remplacer les fenêtres et le plafond de la cathédrale, mais aussi de la chapelle Nourieh adjacente. La cathédrale et la chapelle sont de nouveau fonctionnelles et ouvertes au public.
Opérateurs : Associazione Internazionale di Studi sul Mediterraneo e l’Oriente (ISMEO), en coopération avec le Conseil national des antiquités et du patrimoine (SBAH)
Fondée au cours du IIe ou du IIIe siècle avant notre ère et détruite au milieu du IIIe siècle de notre ère, Hatra est l’exemple de ville parthe le mieux préservé qui soit. Située dans une zone isolée de la steppe désertique du nord de l’Irak, Hatra était un important centre religieux et commercial, ainsi qu’une plaque tournante pour les échanges à la croisée des routes commerciales vers Palmyre, Baalbek et Pétra. Occupée par Daech en 2014, Hatra fut partiellement détruite en 2015.
Le processus de réhabilitation comprend trois phases. La première a permis de documenter le site et d’évaluer les besoins. La deuxième s’est focalisée sur le déblayage, a mis en œuvre des mesures de documentation plus approfondies, a réalisé des actions de restauration sur les monuments, les éléments architecturaux et les sculptures, et a procédé à l’entretien et à la réhabilitation des installations du site. Ces réalisations ont été couronnées par une cérémonie organisée à Hatra en février 2022.
La troisième phase du projet est en cours : approuvée par le Conseil de fondation d’ALIPH en octobre 2022, elle a commencé en mars 2023. Parmi les actions prévues figurent des mesures urgentes de sauvegarde de la structure, le catalogage des artefacts, des évaluations et des diagnostics, et la préparation d’un plan de conservation.
Opérateur : RIWAQ ― Centre for Architectural Conservation
La restauration du manoir d’Ali Salem à Beitillu fait partie d’un projet plus vaste visant à revitaliser les centres historiques de la Palestine rurale et à sauvegarder son patrimoine. Ce projet a abouti à la conservation de l’édifice et au renforcement de sa structure. De plus, huit salles historiques ainsi qu’une cour ont été aménagées pour servir de locaux accueillants à l’Association des femmes de Beitillu, dont les activités sont axées sur la cuisine et un service de traiteur. Cette dernière a pris ses quartiers dans le bâtiment restauré immédiatement après la rénovation. Un café destiné à la jeunesse locale devrait ouvrir dans le grenier du manoir, dont les profits reviendront à l’association. Le conseil du village, fier du résultat final, espère que cette initiative fera converger l’attention vers les autres bâtiments de Beitillu qui, eux aussi, ont besoin d’être protégés et restaurés.
« La mission de RIWAQ est axée sur la protection et le renforcement du patrimoine en Palestine... Le patrimoine ne concerne pas seulement le passé, les pierres et les techniques, [mais aussi] les récits, le savoirfaire, les liens, les ressources et les pratiques. Pour la population locale, le projet de réhabilitation d’Ali Salem est un outil de résilience et une lueur d’espoir. Le fait que le manoir soit exploité par une association de femmes va dans le sens de leur autonomisation et de celle des jeunes, et contribue au développement socioéconomique. Le projet célèbre un processus cher à ALIPH, celui de la protection du patrimoine pris en charge par la communauté. »
Shatha Safi Directrice de RIWAQOpérateur : Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH)
La ville de Shibam, qui date du XVIe siècle, est l’un des plus anciens et des meilleurs exemples d’un urbanisme caractérisé par des constructions verticales : des structures en forme de tour, pouvant atteindre sept étages, s’élèvent sur les bords d’une falaise de l’oued Hadramaout, disposées selon un plan quadrillé rectangulaire composé de rues et de places. Shibam a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1982. Aujourd’hui, les bâtiments de la ville fortifiée se détériorent en raison du manque d’entretien qui résulte notamment du conflit dans la région. Le Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH) a mis en œuvre avec succès un projet à Shibam qui a permis de réhabiliter 18 bâtiments endommagés, en collaboration avec des partenaires locaux, notamment l’Association pour la protection de l’architecture de boue (the Mud Architecture Protection Association), afin que les artisans de Shibam et des environs puissent participer aux travaux de reconstruction.
75 M. Valéry Freland, Directeur exécutif – 2022 : mobilisés aux côtés du patrimoine ukrainien
77 ALIPH mobilisée en faveur de la protection du patrimoine en Ukraine
78 Le Plan d’action pour l’Ukraine en chiffres
82 Témoignages de trois de nos partenaires
82 Mme Oleksandra Kovalchuk, directrice de l’ONG Museum for Change, ancienne directrice du musée des Beaux-Arts d’Odessa
84 Mme Svitlana Stryelnikova, Ph.D., directrice générale du Centre national ukrainien de recherche en restauration
88 Mme Yulia Vaganova, directrice générale, musée Khanenko
90 À la rencontre de l’équipe d’ALIPH dédiée à l’Ukraine
94 Exposition ALIPH
Depuis un an, la guerre en Ukraine, mais aussi d’autres conflits récents, nous ont hélas montré combien l’enjeu – et la mission d’ALIPH – de protéger le patrimoine en temps de guerre n’était pas derrière nous mais bien devant nous : la liste des musées, des monuments et des édifices historiques ou religieux ukrainiens endommagés par le conflit en cours s’est en effet, jour après jour, tristement allongée. C’est une réalité préoccupante pour la communauté internationale que de constater une instrumentalisation croissante du patrimoine en temps de guerre, ainsi que la destruction d’une partie de la mémoire de l’Ukraine, de celle de l’humanité tout entière.
Pour autant, ALIPH s’est, depuis le début de ce conflit, rapidement et pleinement mobilisée aux côtés de ce patrimoine et de ses professionnels afin de contribuer autant qu’il était possible à sa sauvegarde. Et notre action a pu avoir un impact pour deux raisons : d’abord parce que la fondation a une nouvelle fois démontré l’agilité de ses modes de traitement des demandes, de prise de décision, de financement et d’intervention, mais aussi et surtout parce que nous avons pu promptement entrer en contact et travailler main dans la main avec les professionnels ukrainiens – directeurs de musées, conservateurs du patrimoine, archéologues, responsables du ministère de la Culture, ou encore administrateurs d’ONG ou de fondations privées. Tous ont fait preuve d’un engagement, d’un esprit de responsabilité que je veux ici saluer au nom d’ALIPH. Et je souhaite également rendre hommage aux professionnels polonais qui, très souvent, ont été pour nous les intermédiaires réactifs et diligents d’une action au plus près du terrain. J’ai également en mémoire la magnifique mobilisation de la ville de Genève et de ses musées qui, quelques jours après le déclenchement du conflit, avec notre appui, ont été en mesure d’envoyer en Ukraine par camion 300 caisses de bois.
En un an, ALIPH a ainsi engagé près de 4 millions de dollars au soutien de la protection des collections des musées, archives et
bibliothèques, mais aussi de sites et de monuments. Ce sont ainsi 260 organisations ou institutions culturelles ukrainiennes qui ont reçu un soutien d’ALIPH, à travers soit une subvention soit la fourniture d’équipements et de matériels. Au-delà, c’est par son expertise scientifique et technique et son dialogue constant avec tous les professionnels qu’ALIPH a pu contribuer à la mise en œuvre des nombreuses mesures de protection.
Cette crise a ainsi été l’occasion d’un élan de solidarité à l’égard du patrimoine ukrainien, mais aussi d’un renforcement des liens entre partenaires internationaux de première urgence et du développement de nouveaux modes d’intervention. Trois exemples, parmi les projets que nous avons soutenus, l’illustrent. ALIPH a en effet financé la mise en place en Ukraine de neuf refuges pour biens culturels, c’està-dire la modernisation et la déshumidification de grands lieux de stockage prêts à accueillir – et accueillant d’ores et déjà – des œuvres d’art issues de tout le pays. La fondation a également soutenu la mise en circulation par le National Research Restoration Center (NRRC) d’« ambulances du patrimoine », camionnettes destinées au transport de conservateurs et de restaurateurs et de matériels adaptés aux « premiers soins » à apporter aux artefacts. Enfin, notamment en partenariat avec Europa Nostra, Global Heritage Fund et le Heritage Emergency Response Initiative (Heri), ALIPH a participé au soutien de plus de 400 professionnels du patrimoine.
Mais cet engagement de la fondation n’aurait pu être possible sans le soutien et la détermination sans faille de sa gouvernance et de l’équipe du Secrétariat, et l’appui de nouveaux donateurs, parmi lesquels l’Union européenne, le Getty Trust et la principauté de Monaco.
Aussi longtemps que nécessaire, ALIPH poursuivra son appui au patrimoine ukrainien, car il ne pourra y avoir de paix durable sans patrimoine vivant.
Depuis le déclenchement du conflit, ALIPH collabore étroitement avec des organisations locales, nationales ou internationales pour fournir une aide d’urgence aux professionnels ukrainiens du patrimoine, qui travaillent sans relâche afin de sauver, préserver, stabiliser et restaurer le patrimoine unique de l’Ukraine et des Ukrainiens. Très rapidement, le Secrétariat, le Comité scientifique et le Conseil de fondation d’ALIPH se sont mobilisés pour définir et mettre en place un plan d’action consacré à l’Ukraine, un dispositif unique permettant de réagir rapidement à la crise et aux nombreuses demandes de soutien. En mai 2023, le montant total des subventions accordées par ALIPH au patrimoine ukrainien s’élevait à 4 MUSD pleinement attribués à plus de 260 organisations (musées, archives, bibliothèques, institutions de conservation, etc.). Ce résultat témoigne de la réactivité de la gouvernance d’ALIPH, de la flexibilité de ses modes d’intervention, de l’atout que constitue la disponibilité des fonds, et, bien sûr, de l’inestimable engagement des partenaires locaux, nationaux et internationaux.
Le Plan d’action d’ALIPH pour la protection du patrimoine en Ukraine s’articule autour d’un objectif : fournir le plus rapidement possible l’aide indispensable à la protection durable du patrimoine ukrainien. A cet égard, ALIPH n’octroie pas seulement des fonds, mais prodigue aussi, chaque fois que nécessaire, conseils et expertises. Elle veille également à répondre rapidement aux requêtes qui lui parviennent de la part des professionnels du patrimoine, qui travaillent à toute heure du jour et de la nuit, souvent au péril de leur vie, afin qu’ils puissent disposer de l’aide dont ils ont besoin pour sauver, préserver et restaurer sites, monuments et artefacts. Une partie de ce travail de protection implique de déployer des mesures de « premiers secours » sur les sites afin d’atténuer les dégâts infligés aux artefacts et aux œuvres d’art. A cette fin, ALIPH a financé l’achat d’« ambulances du patrimoine » — des véhicules dotés d’équipements spécialisés à l’intention des conservateurs — qui parcourent le pays afin de sauvegarder les artefacts affectés à l’aide de mesures de stabilisation ou de restauration. La fondation attribue également des fonds afin de fournir une aide directe à plus de 400 professionnels du patrimoine culturel en Ukraine. ALIPH poursuivra cette mission aussi longtemps qu’il le faudra.
Depuis le début de la guerre, ALIPH a soutenu plus de 260 organisations culturelles en Ukraine :
140+ musées
18 archives et bibliothèques
62 sites du patrimoine
6 (1 nationale et 5 régionales) institutions responsables pour la conservation du patrimoine
plus de 35 organisations de la société civile travaillant sur la protection du patrimoine
Des centaines de caisses en bois pour musées provenant de la Suisse, d’Italie, de France, de Pologne, d’Autriche et du Royaume-Uni
4 véhicules dotés d’équipements pour la conservation urgente
151 générateurs et stations électriques pour renforcer les systèmes de sécurité et de climatisation pendant l’hiver et lors des pannes d’électricité
Des centaines de dispositifs anti-incendie, notamment des extincteurs, des masques à gaz, des couvertures et combinaisons ignifuges ainsi que des systèmes d’alarme incendie
Entreposage
9 vastes entrepôts d’artefacts ont été modernisés à travers le pays
Des millions d’artefacts et de documents d’archives ont été entreposés en lieu sûr
Documentation d’urgence des collections
Documentation des dégâts infligés au patrimoine
Documentation des monuments et des sites par les opérateurs ukrainiens Skeiron et AERO3D
Mise en œuvre d’un système de documentation, de monitoring et d’analyse mis en place par le Global Heritage Fund et l’University College London
Équipement de numérisation, notamment des scanners professionnels, des appareils photo, des ordinateurs portables, des disques durs et autres dispositifs
400
spécialistes du patrimoine culturel ont été soutenus en Ukraine (dont 70 % de femmes)
Le musée des Beaux-Arts d’Odessa a été fondé en 1899 et, en cent vingt-trois ans d’histoire, ses portes n’ont fermé que deux fois : pendant la Seconde Guerre mondiale et après l’invasion massive lancée par la Fédération de Russie le 24 février 2022. La collection de ce musée compte environ 10 000 peintures, sculptures et œuvres d’art graphiques qui vont du XVIe siècle à la période actuelle.
Nous avions préparé des matériaux d’emballage, mais ils se sont révélés insuffisants pour sécuriser la collection muséale dans son ensemble. Parallèlement, nous nous sommes rendu compte que d’autres musées d’Odessa étaient dans une situation encore plus difficile. En mars, nous avons commencé à explorer des pistes pour recueillir des fonds afin de protéger les collections des musées locaux. Au même moment, j’ai reçu un appel
d’Alexandra Fiebig, de la fondation ALIPH. A ma surprise, elle m’a contactée un dimanche soir, et m’a dit que l’équipe d’ALIPH serait à nos côtés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. ALIPH a tenu sa promesse. Je me souviendrai de ce moment jusqu’à la fin de mes jours. Nous n’avions pas seulement besoin de fonds ou de ressources. Nous avions aussi besoin de nous sentir soutenus.
Après avoir aidé les institutions culturelles d’Odessa et de sa région, nous avons commencé à recevoir des demandes de partout en Ukraine. Peu après, nous prêtions assistance à plus de 60 musées ukrainiens avec le soutien d’ALIPH et d’autres organisations internationales, ainsi que de donateurs privés. Il est difficile de trouver les mots appropriés pour exprimer notre gratitude envers tous ceux et celles qui agissent pour protéger le patrimoine en Ukraine. Notre mission continue.
Mme Oleksandra Kovalchuk directrice de l’ONG Museum for Change, ancienne directrice du musée des Beaux-Arts d’OdessaLa guerre en Ukraine a dévasté le patrimoine historique et culturel, occasionné des pertes colossales et infligé d’importants dégâts aux artefacts abrités dans les musées. Le Centre national ukrainien de recherche en restauration (NRRC), une institution publique experte dans le domaine de la culture depuis quatrevingt-cinq ans, s’est donné pour mission de sauver les œuvres d’art. Toutefois, c’était chose impossible en pleine guerre, sans accès aux éléments nécessaires : équipement, matériaux de restauration, outils ou encore moyens de transport.
Le soutien apporté par ALIPH dans le cadre de son Plan d’action pour l’Ukraine a permis aux professionnels ukrainiens du patrimoine culturel de tout mettre en œuvre pour sauver les pièces muséales rares, de les inspecter pour déterminer leur degré de conservation, de fournir une aide méthodologique et pratique pour les emballer, de vérifier les conditions d’entreposage, de préparer divers artefacts en vue de leur évacuation, et d’assurer la bonne restauration des trésors muséaux endommagés pendant les hostilités.
ALIPH a considérablement soutenu le NRRC en achetant un laboratoire de restauration mobile (véritable « ambulance du patrimoine » dotée d’équipements spécialisés à l’intention des conservateurs, qui peuvent alors parcourir le pays et traiter les artefacts affectés à l’aide de mesures de stabilisation ou de restauration – description ajoutée par ALIPH). Celui-ci a transporté les restaurateurs ainsi que les matériaux nécessaires jusqu’à différents musées ukrainiens, et a aussi livré des équipements et transféré des pièces endommagées à Kiev en vue de les restaurer.
Grâce aux équipements achetés avec la subvention d’ALIPH (utilisée pour restaurer peintures, dessins, arts décoratifs et appliqués, livres, photographies...), une réhabilitation de grande qualité des artefacts muséaux gravement endommagés est en cours.
Étant donné la situation extrême dans laquelle se trouvent aujourd’hui les musées d’Ukraine, les équipements de protection tels que blouses, tabliers, gants et masques respiratoires sont d’une grande utilité pour les restaurateurs. L’achat d’hygromètres modernes a permis d’améliorer la précision des indicateurs de température et d’humidité dans les différentes salles des musées. Ces relevés sont particulièrement importants dans les établissements privés d’électricité et de chauffage.
Pendant l’année de loi martiale imposée en Ukraine, les experts du NRRC de Kiev et de ses bureaux de Lviv, d’Odessa et de Kharkiv ont travaillé dans 250 musées, galeries et entrepôts ukrainiens, établi le degré de conservation de plus de 12 000 objets et effectué 1 121 déplacements en 2022, et 230 début 2023. Grâce aux matériaux de restauration et aux outils spécialisés acquis avec l’appui d’ALIPH, de nombreux artefacts muséaux ont pu être restaurés dans les territoires temporairement occupés, qui ont essuyé des lancements de roquettes et des tirs d’artillerie, été secoués par des ondes de choc, été victimes d’incendies ou ont subi des courts-circuits.
Directrice générale, musée Khanenko
Près d’un an s’est écoulé depuis notre rencontre avec la fondation ALIPH et sa première aide apportée au musée Khanenko. Chaque soutien d’ALIPH nous ramène aux expériences de chaque mois de la guerre. Le matériel d’emballage nous replonge à l’époque de la conservation de la collection, les générateurs à celle des pannes d’électricité, la protection des fenêtres aux lendemains de l’explosion survenue près du musée. Ce « calendrier » est accompagné d’un autre – celui d’un soutien de chaque jour, face à chaque défi, traversé grâce à votre solidarité, aux valeurs partagées et à la foi dans la victoire.
L’intervention d’ALIPH en Ukraine n’aurait jamais eu lieu sans l’expertise, le dévouement, la réactivité et la persévérance de toutes les instances dirigeantes et du Secrétariat d’ALIPH. Début mars 2022, le Conseil de fondation d’ALIPH a adopté en un temps record un Plan d’action de 2 MUSD, montant porté à 5 MUSD avant même septembre 2022. Ce Plan d’action est financé par les États membres d’ALIPH ainsi que par de nouveaux bailleurs de fonds : l’Union européenne (2 MUSD par le truchement du Service des instruments de politique étrangère de l’UE), le Getty Fund (1 MUSD) et la principauté de Monaco (40 000 EUR).
Dès l’approbation du Plan d’action, ALIPH s’est lancée dans une étroite collaboration avec des opérateurs du patrimoine partout en Ukraine et à l’étranger. Le Plan d’action ALIPH a pu être mis en œuvre rapidement, en partie parce qu’il prévoit un processus simplifié d’approbation des projets, en confiant aux présidents du Conseil de fondation, M. Thomas S. Kaplan, et du Comité scientifique, M. Mounir Bouchenaki, la responsabilité d’approuver les projets proposés par le Directeur exécutif, Valéry Freland. Les projets soumis à la fondation ont été évalués en continu, souvent en l’espace de vingt-quatre ou quarante-huit heures, pour pouvoir déclencher au plus vite des mesures de protection du patrimoine.
L’équipe d’ALIPH chargée des projets et des programmes est pleinement mobilisée pour trouver rapidement des professionnels du patrimoine en Ukraine, obtenir et appuyer des propositions de projets, et évaluer l’intérêt scientifique et le degré d’urgence de chaque soumission. Ce travail est mené à bien sous la houlette de Mme Maja Kominko, Directrice scientifique et des programmes d’ALIPH, de deux chargées de projets, Mme Alexandra Fiebig et Mme Elsa Urtizverea, et de nouveaux collègues ukrainiennes, Mme Olena Kokliagina, Mme Vira Orlovska et Mme Daryna Zhyvohliadova, qui ont rejoint ALIPH pour appuyer la réalisation du Plan d’action. La supervision des procédures concernant le financement d’urgence incombe à M. Laurent Oster, Directeur des finances et des opérations, et à Mme Najet Makhloufa, Chargée de finances, qui doivent relever un défi de taille en transférant les fonds
aussi vite que possible aux opérateurs approuvés intervenant dans un contexte de guerre.
En juillet 2022, les partenariats de plus en plus nombreux conclus entre ALIPH et des organismes subventionnés ukrainiens ont été consolidés lors de la visite de Mme Maja Kominko en Ukraine à l’invitation du ministère de la Culture et de la Politique de l’information. Aux côtés de représentants d’Icomos International et de l’Iccrom, elle a effectué une visite approfondie des sites patrimoniaux et a rencontré des partenaires et des bénéficiaires de subventions. Le Directeur exécutif d’ALIPH, M. Valéry Freland, s’est ensuite rendu à Kiev en février 2023 dans le cadre d’une visite officielle de Mme Rima Abdul-Malak, ministre française de la Culture.
En novembre 2022, ALIPH a présenté une exposition intitulée « Agir pour protéger le patrimoine en Ukraine » à l’occasion de la 5e édition du Forum de Paris sur la paix. Cette exposition de 18 panneaux rend hommage aux professionnels ukrainiens aux avant-postes de la protection du patrimoine, qui s’emploient à préserver les monuments et sites de leur pays ainsi que des musées, bibliothèques, archives et collections situés aux quatre coins du territoire. Présentée à l’extérieur du palais Brongniart, au cœur de Paris, l’exposition a souligné à quel point il est nécessaire de protéger le patrimoine culturel riche et varié disséminé un peu partout en Ukraine.
ALIPH a eu l’honneur de présenter cette exposition unique en son genre au président de la République française, M. Emmanuel Macron, qui a pris connaissance des différents panneaux aux côtés
de M. Thomas S. Kaplan (Président du Conseil de fondation d’ALIPH), de Mme Bariza Khiari (Vice-présidente du Conseil de fondation d’ALIPH et représentante de la France au sein d’ALIPH), de M. Valéry Freland (Directeur exécutif d’ALIPH) et de M. Peter Wagner, directeur du Service des instruments de politique étrangère (IPE) de l’Union européenne, qui cofinance l’action d’ALIPH en Ukraine. De même, M. Ignazio Cassis, président de la Confédération suisse et ministre des Affaires étrangères, s’est rendu sur le stand d’ALIPH au Forum et y a rencontré M. Valéry Freland et Mme Sandra Bialystok (Directrice de la communication et des partenariats d’ALIPH) pour évoquer la portée et l’impact des initiatives d’ALIPH en Ukraine.
L’exposition a également été présentée début 2023 au siège du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), à Bruxelles.
Cette section présente des exemples de projets financés par ALIPH en vue de remédier
98 M. Richard Kurin, personnalité qualifiée au Conseil de fondation
101 Niger – Documentation et restauration de la vieille ville d’Agadez
104 Bangladesh – Programme de documentation rapide d’urgence (RED) pour le patrimoine mondial de l’Unesco à Bagerhat et Paharpur
108 Mali – Réhabilitation du tombeau des Askia de Gao
110 Soudan – Protection d’urgence du site de Méroé, inscrit au patrimoine mondial, face aux inondations et autres menaces
aux effets préjudiciables du changement climatique sur certains sites et monuments.
Le changement climatique et le patrimoine culturel entretiennent un lien qui ne date pas d’hier. Équipés de nouvelles technologies et méthodes analytiques, archéologues et écologistes ont en effet mis au jour des éléments qui prouvent que les structures et les établissements antiques et médiévaux ont été conçus pour, et affectés par, de longues périodes de réchauffement et de refroidissement, de crues et de sécheresses. Dans de nombreux cas, les artefacts témoignent d’une lutte pour survivre ou d’une évolution des savoirs et des rites locaux pour s’adapter à de tels changements. En préservant ces sites et en faisant la lumière sur ces adaptations, on peut glaner des informations utiles pour notre propre époque.
Les effets actuels du changement climatique sur les sociétés humaines et leurs écosystèmes sont inédits par leur ampleur, leur portée et leur rapidité. La montée des températures joue directement sur l’intégrité des matériaux employés dans les édifices vieillissants. Les crues ébranlent les structures historiques. La hausse des nappes phréatiques s’accompagne d’une salinité accrue des eaux. La désertification sature l’air de poussière, de sable et de débris, avec comme conséquence une érosion des façades architecturales. L’humidité fait proliférer la moisissure, un ennemi redoutable pour les collections. Induit par la montée des océans, le recul des rives vers la terre ferme menace les sites et les monuments archéologiques situés près des côtes.
Plus indirectement, l’assèchement des lacs et le réchauffement des zones marines provoquent une diminution des moyens de subsistance. La sécheresse, les orages violents, les incendies de forêt, la pollution aggravée par la chaleur ainsi que les pathologies végétales dues à la hausse des températures sont autant de facteurs qui perturbent la chaîne alimentaire et menacent les sources d’eau et d’alimentation, avec à la clé des problèmes de malnutrition et
des famines déclenchant des migrations de masse. Cette situation exerce une forte pression sur les régions proches devenues lieux de refuge. La présence d’un plus grand nombre d’êtres humains sur un territoire plus restreint dont les ressources diminuent est une source de conflit. Et les conflits menacent les sites patrimoniaux, leurs collections ainsi que les traditions culturelles immatérielles, qui deviennent la cible d’actes de violence ou des dommages collatéraux. Les adaptations contemporaines (demande accrue de climatisation, et donc consommation d’énergie plus élevée et pollution plus importante ; utilisation industrielle de mers arctiques en réchauffement ; déforestation visant à dégager de nouvelles terres arables pour le secteur agricole) s’accompagnent toutes d’effets qui dressent les communautés, les nations et les peuples les uns contre les autres, menaçant par là même leur bien-être, leurs modes de vie et leurs sites patrimoniaux. Par ailleurs, le rétrécissement des espaces naturels force l’humanité et la faune à vivre dans une plus grande proximité, ce qui expose nos sociétés à des maladies zoonotiques et à des épidémies virales. De la même façon, l’évolution des conditions climatiques a renforcé les populations de moustiques et facilité la propagation des maladies que ces insectes véhiculent, avec à la clé des risques de perturbation sociale, de difficultés économiques et de conflit civil.
En bref, le changement climatique semble évoluer lentement, mais il s’agit pourtant d’un désastre grandissant et persistant qui mine le contexte naturel et social permettant au patrimoine culturel d’exister. En démultipliant les processus naturels de dégradation et en aggravant les facteurs qui mènent aux troubles civils, au conflit et à la guerre, le changement climatique englobe des phénomènes mondiaux qui exigent notre attention en tant que gardiens, défenseurs et professionnels du patrimoine culturel.
M. Richard KurinOPÉRATEURS : IMANE-ATARIKH EN COOPÉRATION AVEC LE COMITÉ DE GESTION DE LA VIEILLE VILLE D’AGADEZ ET ICONEM
La ville d’Agadez a été construite au XVe siècle le long des routes caravanières et présente une riche diversité de styles architecturaux. Les maisons d’architecture de terre construites autour de la Grande Mosquée sont toutes décorées différemment, avec des formes et des motifs complexes. Le minaret de la mosquée est l’une des plus hautes structures en briques de terre crue au monde. En raison de la combinaison du changement climatique, qui provoque régulièrement des inondations soudaines, et de troubles civils qui ont abouti à des bombardements en 2013, il était urgent de préserver ce site de la manière le plus exhaustive possible. Dans le cadre de ce projet, 19 maisons et la Grande Mosquée ont été restaurées en utilisant des techniques traditionnelles. Les maisons ont été crépies, les toits changés, les fondations et les murs renforcés. Plus de 120 maçons et ouvriers locaux et 45 jeunes de la vieille ville ont participé aux travaux de restauration. Le chef de projet et 11 jeunes ont été formés à la numérisation 3D, à la collecte de données et à l’utilisation de drones. Compte tenu de la réussite de ce projet, ALIPH a décidé de le poursuivre avec l’association locale Imane-Atarikh et le partenaire international CRAterre, afin de réhabiliter une trentaine de nouvelles maisons traditionnelles de la vieille ville et de restaurer près d’une centaine d’objets artisanaux traditionnels d’ici à décembre 2024.
Programme de documentation rapide d’urgence
(RED) pour le patrimoine mondial de l’Unesco à Bagerhat et Paharpur
OPÉRATEUR : CYARK
Les effets du changement climatique mettent en danger la ville-mosquée historique de Bagerhat et les ruines du Vihara bouddhique de Paharpur, deux constructions qui figurent parmi les monuments musulmans et bouddhistes les plus emblématiques du Bangladesh. A Bagerhat, de nombreux bâtiments servent aujourd’hui d’abri à la population locale lors des phénomènes météorologiques violents, leur structure solide en briques offrant un refuge face aux cyclones. Lors des déplacements de population provoqués par des désastres climatiques ou par des conflits, une grande affluence peut se produire dans des endroits tels que Bagerhat, et occasionner des dégâts. Paharpur est un site bouddhiste important dans un pays qui compte moins de 1 % de bouddhistes. Il est potentiellement menacé par les tensions sociales de plus en plus vives liées notamment aux effets du changement climatique.
Le programme RED illustre l’utilité de la documentation numérique 3D pour renforcer la résilience aux sinistres dans les régions menacées par le changement climatique, ainsi que le rôle important que les professionnels du patrimoine peuvent jouer pour récolter rapidement des données sur les sites en cas de catastrophe ou de désastre naturel. Le projet a permis de constituer une documentation de référence des structures prioritaires au sein des deux sites, et de former à ces techniques 18 professionnels du patrimoine local issus de deux universités bangladaises (les universités de Jahangirnagar et de Khulna).
Shahnaz Parvin Eva Étudiante à l’université de Khulna« En tant que pays vulnérable face au changement climatique, il est très important pour nous de recueillir rapidement cette documentation et de la conserver efficacement pour les générations futures. »
OPÉRATEURS : MINISTÈRE DE LA CULTURE DU MALI (DIRECTION NATIONALE DU PATRIMOINE CULTUREL DU MALI), CRATERRE (ASSOCIATION FRANÇAISE SPÉCIALISTE DE L’ARCHITECTURE DE TERRE)
Le tombeau des Askia, construit en 1495 et témoin de la splendeur de l’Empire songhaï, est un éminent exemple d’architecture soudano-sahélienne. Sa structure illustre à merveille les traditions de construction en terre crue propres au Sahel occidental. La communauté locale se rassemble régulièrement devant le tombeau pyramidal et dans les deux mosquées à toit plat à l’occasion de manifestations culturelles. Elle participe à l’entretien de la structure en recourant à des méthodes traditionnelles comme le crépissage.
L’occupation de la ville de Gao par des groupes armés, en 2012 et 2013, a eu de sérieuses conséquences sur son patrimoine, notamment sur ce tombeau. En outre, les effets du changement climatique, en particulier l’intensification des précipitations, ont aggravé la vulnérabilité de ce dernier sur le plan structurel.
Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2004, le site a été placé sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2012.
Pour éviter que le monument ne se dégrade davantage et pour promouvoir et protéger le savoir-faire traditionnel local, un projet de réhabilitation complète est en cours. Il améliorera le degré de conservation du site et renforcera son authenticité tout en perpétuant les pratiques de maintenance traditionnelles. Par exemple, les techniques ancestrales de menuiserie et surtout de crépissage confèrent à l’édifice ses formes arrondies caractéristiques, qui résultent du renouvellement régulier de la couche d’enduit érodée par les pluies chaque hiver.
Protection d’urgence du site de Méroé, inscrit au patrimoine mondial, face aux inondations et autres menaces
OPÉRATEURS : SECTION FRANÇAISE DE LA DIRECTION DES ANTIQUITÉS DU SOUDAN, EN COLLABORATION AVEC LA NATIONAL CORPORATION OF ANTIQUITIES AND MUSEUMS (NCAM)
Le site archéologique de Méroé témoigne de la grandeur de la civilisation nubienne. Composée de multiples nécropoles pyramidales, de vestiges de temples et de bâtiments antiques, la ville a été construite entre le VIe siècle avant notre ère et le IVe siècle. Elle était alors la capitale du royaume de Koush. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2011, le site est aujourd’hui menacé par les risques d’inondation.
Le projet a permis la construction d’une digue avec des matériaux locaux, en vue de protéger l’ancienne cité royale des crues récurrentes du Nil. Cette solution a déjà fait ses preuves sur le site archéologique soudanais d’El-Kourrou. Ce programme, coordonné par l’Unesco, s’inscrit dans le cadre d’une collaboration avec la National Corporation of Antiquities and Museums (NCAM), le German Archaeological Institute (DAI) et la Section française de la direction des antiquités du Soudan (SFDAS).
116 Mme Mariët Westermann, personnalité qualifiée au Conseil de fondation – Protéger le patrimoine pour construire la paix : la porte Mashki de Mossoul
118 La decouverte de la porte Mashki de Mossoul – Article du National Geographic Magazine par Kristin Romey
126 Forger le dialogue interculturel et la confiance à Chypre : conservation conjointe de l’église Saint-Georges-des-Latins à Famagouste et de la mosquée Tuzla à Larnaca
Personnalité qualifiée au Conseil de fondation Vice-chancelière de l’université de New York Abou Dabi
L’idée phare d’ALIPH est que la protection du patrimoine permet de construire la paix. Comment fonctionne ce concept qui peut sembler utopique ?
Le projet de restauration de la porte Mashki, à Mossoul, illustre parfaitement la façon dont ALIPH opère. Cette porte était jadis un monument donnant accès à Ninive, ancienne capitale assyrienne chargée d’histoire. Elle a été édifiée en bordure du Tigre pendant le règne de Sennachérib, vers l’an 700 avant notre ère. Au fil des millénaires, la région a vu les règnes se succéder et les populations évoluer sur le plan ethnique, linguistique et religieux, mais la porte Mashki n’a jamais cessé d’être un repère sur la ligne d’horizon de Mossoul. Endommagée et négligée, elle est redevenue un ouvrage culturel et architectural essentiel à la suite d’une formidable campagne lancée dans les années 1970 en vue de la reconstruire.
Rejetant toute hétérogénéité culturelle, Daech (Isis) a pris ombrage de la grandeur de ce monument préislamique et de l’affection que porte le peuple irakien à ce trésor national. En 2016, des membres de Daech ont fait exploser la porte Mashki et ont rasé la majorité du site, lui faisant subir de terribles dommages comparables à ceux infligés à de nombreux édifices anciens, lieux de culte et bâtiments gouvernementaux de Mossoul.
Comme la défaite de Daech en Irak a coïncidé avec la constitution d’ALIPH en 2017, le Conseil de fondation et le Secrétariat se sont immédiatement focalisés sur Mossoul. La ville avait été par le passé l’une des plus diverses du pays, et ALIPH était désireuse de soutenir un large éventail de projets de restauration et de récupération : mosquées, églises, patrimoine oral juif, musée de Mossoul et porte Mashki, entre autres. ALIPH subventionne des projets qui ambitionnent de redonner vie à l’effervescente mosaïque religieuse et culturelle de Mossoul (d’où le nom « initiative Mosaïque de Mossoul »), en étroite collaboration avec les autorités irakiennes, des organisations locales à but non lucratif et des organisations internationales.
Ces principes (ne pas faire cavalier seul, travailler aux côtés de professionnels locaux tout en mobilisant des acteurs et des experts internationaux) sont au cœur de l’approche adoptée par ALIPH pour encourager une préservation patrimoniale durable. Pour le projet concernant la porte Mashki, ALIPH s’est alliée à l’université de Pennsylvanie, à l’université de Mossoul et au Conseil national irakien des antiquités et du patrimoine. L’objectif n’est pas seulement de reconstruire cette superbe structure, mais aussi de profiter de l’occasion pour mener des recherches approfondies. En 2022, une équipe d’archéologues a ainsi mis au jour huit dalles de marbre, dont l’existence était jusqu’alors inconnue, ornées d’exquises gravures représentant des espèces végétales et d’autres motifs. Ces dalles remontent au règne de Sennachérib et semblent avoir été prélevées dans le palais du roi afin d’être intégrées à la porte. Dans le même temps, des membres de la communauté de Mossoul ont acquis de nouvelles compétences en matière de construction traditionnelle, et le potentiel touristique de la région s’améliore. Une fois achevé, le complexe situé près de la porte inclura un centre pédagogique consacré à l’histoire de Ninive.
Tous ces travaux techniques et ces formations imposent une collaboration et un échange de connaissances au quotidien, ce qui peut aider la communauté locale à tourner la page d’une histoire récente marquée par les tensions et les pertes. À certains moments, ces conflits ont pu forcer les différents intervenants à choisir un camp, alors qu’ils souhaitaient simplement vivre leur vie et subvenir aux besoins de leur famille sur la terre où ils vivent.
Les partenaires impliqués dans les projets de restauration d’ALIPH sont souvent amenés à établir des conditions propices à une coexistence pacifique dans des situations où cela semble pourtant impossible, comme ce fut le cas à Chypre (restauration conjointe d’une mosquée et d’une église) ou en Afghanistan (reconstruction d’un stupa bouddhiste géant). Ce dialogue interculturel noué lors d’impressionnants projets techniques est de bon augure pour une paix durable. 117
Découvrir le passé , réhabiliter pour l’avenirUn membre d’une équipe archéologique irakoaméricaine retire doucement la saleté d’un panneau de pierre taillée, caché sous terre depuis près de 2 600 ans, à la porte Mashki du site antique de Ninive, près de l’actuelle Mossoul. Cette œuvre d’art remarquable fut probablement récupérée dans le palais du roi assyrien Sennachérib (qui régna de 705 à 681 avant notre ère) pour servir plus tard de matériau de construction pour la porte du palais. Les panneaux furent alors installés latéralement au mur, et toute décoration visible au-dessus du sol fut effacée..
PHOTOGRAPHIE DE ZAID AL-OBEIDI, AFP/GETTY
Date de publication originale : 28 octobre 2022 sur nationalgeographic.com
Traduction de l’anglais vers le français assurée par National Geographic
Selon les archéologues, ces panneaux en relief découverts à Mossoul représenteraient des scènes historiques de l’époque à laquelle ils ont été taillés, sous le règne d’un souverain assyrien, il y a près de 2 600 ans.
Gauche : Cette plaque représente un campement militaire assyrien, et le travail qui fut réalisé pour effacer la plupart des reliefs visibles au-dessus du sol.
Droite : Un détail du coin inférieur droit de la plaque révèle un « étranger » portant une coiffure et une barbe, caractéristiques courantes dans les populations iraniennes de l’époque. Les personnages assyriens sont généralement représentés avec une barbe et des cheveux bouclés et longs.
Page précédente : L’équipe de fouilles travaille à la porte Mashki, à Ninive. Lorsque les archéologues ont creusé sous le niveau du sol, les panneaux de pierre qui paraissaient vierges au-dessus du sol se sont révélés arborer des scènes richement détaillées.
Une équipe d’archéologues irakiens et américains a creusé dans les ruines d’une porte historique détruite par l’État islamique, et y a découvert des œuvres d’art étonnantes cachées sous la terre depuis près de 2 600 ans.
Les sept panneaux de gypse proviendraient à l’origine du palais sud-ouest de Ninive, près de l’actuelle Mossoul, dans le nord de l’Irak, et remonteraient à l’époque de Sennachérib, roi d’Assyrie (705-681 avant notre ère). « Aucun d’entre nous ne s’y attendait », confie Ali alJabouri, doyen à la retraite du département d’archéologie de l’université de Mossoul, qui fait partie de l’équipe de fouilles.
Des reliefs similaires, découverts dans le palais de Sennachérib au milieu du XIXe siècle et qui sont désormais conservés dans les collections du British Museum, représentent la campagne militaire du souverain assyrien contre le roi Ézéchias de Judée en 701. Selon AlJabouri, si les reliefs exposés au British Museum sont intouchables, il ne risque pas d’oublier le moment où il a posé la main sur cette nouvelle découverte.
« Lorsque l’on découvre de telles choses et que l’on peut les toucher avec sa main, c’est tout bonnement formidable », a-t-il affirmé depuis Mossoul lors d’un entretien téléphonique avec National Geographic.
Sennachérib compte parmi les dirigeants les plus célèbres de l’Empire néo-assyrien qui, à son apogée, s’étendait de l’actuel Irak jusqu’au Caucase et à l’Égypte. Sa campagne militaire de 701, relatée notamment sur les panneaux du British Museum, apparaît également dans des récits bibliques.
Le règne du roi est également considéré comme un moment charnière dans l’histoire de l’art : en effet, les artistes de Sennachérib se débarrassèrent des restrictions contraignantes de la tradition et adoptèrent une nouvelle approche radicale. Le souverain commanda des représentations artistiques à grande échelle de ses campagnes militaires sous forme de récits continus qui occupaient toute la surface, en accordant une attention particulière aux détails des paysages et des peuples de son vaste empire et des régions au-delà.
Les panneaux récemment découverts, dont l’un porte une inscription de Sennachérib, représentent des soldats et des camps militaires assyriens ainsi que des déportés ou prisonniers de guerre étrangers.
Ces œuvres d’art anciennes survécurent à la fois au sac de Ninive par les Babyloniens et les Mèdes en 612 avant notre ère, et à la destruction causée par l’État islamique au XXIe siècle. Malgré cela, les portions de reliefs sont si bien préservées qu’elles semblent avoir été taillées tout récemment, ce qui émerveille les archéologues.
« Elles sont meilleures que celles du British Museum », affirme Michael Danti, professeur d’archéologie à l’université de Pennsylvanie et directeur du projet conjoint irako-américain. « Elles montrent vraiment le travail en haut-relief, les détails des sculptures de Sennachérib qui étaient révolutionnaires à l’époque. »
Une plaque enterrée représente des archers assyriens ; le motif conique en arrière-plan indique que ces derniers se trouvent dans un environnement vallonné ou montagneux.
Le site improbable de cette remarquable découverte a récemment fait l’objet de violentes destructions. Au cours d’une campagne de terreur à travers le nord de l’Irak et de la Syrie entre 2014 et 2017, l’État islamique a pris pour cible la ville antique de Ninive. À son apogée, vers 700 avant notre ère, cette dernière était la capitale de l’Empire néo-assyrien et la plus grande ville du monde. La citadelle de Ninive, qui abrite des palais construits par Sennachérib et son petit-fils Assurbanipal, était entourée d’un mur de plus de 11 kilomètres de long ponctué de dix-huit portes.
La porte Mashki, qui se trouve à côté du fleuve Tigre, a été restaurée dans les années 1970 après avoir été reconnue comme un monument précieux de l’héritage antique des résidents de l’actuelle Mossoul. Elle a été détruite par l’État islamique en avril 2016.
Le projet conjoint entre le programme de stabilisation du patrimoine irakien de l’université de Pennsylvanie et le comité d’inspection de Ninive du Conseil d’État irakien des antiquités et du patrimoine, financé en partie par la fondation ALIPH, a commencé à fouiller les ruines de la porte Mashki avant la reconstruction qui était prévue en avril de cette année. Ils ont rapidement découvert une porte scellée, qui n’aurait pas été touchée lors de la restauration des années 1970. Au-delà de cette dernière se trouvait un couloir dans lequel personne n’avait pénétré depuis 2 634 ans, lorsque la porte Mashki et l’ensemble du palais furent détruits lors du sac de Ninive, à la fin du VIIe siècle avant notre ère.
En creusant dans la couche laissée par la destruction, les archéologues ont trouvé les restes squelettiques des victimes du sac. C’est toutefois en creusant en profondeur le long d’un mur fait de panneaux de pierre ciselés qu’ils ont mis au jour quelque chose de plus intriguant
encore. Sous le niveau du sol, sept panneaux qui paraissaient vides se sont révélés arborer des scènes taillées : de puissants soldats et archers assyriens, et des paysages montagneux luxuriants avec une végétation détaillée.
Selon les chercheurs, ces panneaux auraient été récupérés dans le palais de Sennachérib et réutilisés comme matériaux de construction, potentiellement lors d’une rénovation de la porte Mashki par Sîn-shar-ishkun, l’arrière-petit-fils du roi. Les panneaux de 1,5 m sur 2 m environ furent placés latéralement contre les murs en briques de la porte, et tout relief visible au-dessus du sol fut ensuite effacé.
C’est la première découverte significative de tels bas-reliefs de l’époque de Sennachérib depuis les fouilles du palais du sud-ouest au milieu du XIXe siècle par Austen Henry Layard, dont la majorité des découvertes furent envoyées dans des musées européens. Ces panneaux, cependant, seront les premiers à rester en Irak.
Les chercheurs n’ont pas encore confirmé quels événements ou campagnes militaires spécifiques sont représentés sur ces morceaux d’Histoire, et ils continuent à fouiller la zone. Les fragments de décor trouvés dans la salle fourniront aux archéologues des informations
Gauche : Les archers assyriens sont représentés dans un paysage montagneux.
Droite: Les détails des scènes, tels que le bétail dans un campement militaire, aident les chercheurs à mieux comprendre comment les dirigeants assyriens organisaient et menaient leurs campagnes dans leur vaste empire.
PHOTOGRAPHIE DE MICHAEL DANTICe dessin, qui représente peut-être des rois assyriens de profil, a été aperçu par les archéologues sur une partie vide d’un panneau exposé. Il fut probablement réalisé par un garde ou un passant qui s’ennuyait.
supplémentaires pour reconstituer les scènes, tandis que les panneaux révèlent des détails sur les méthodes de recyclage et de réutilisation des matériaux de construction dans tout l’empire..
Zainab Bahrani, professeure d’art et d’archéologie du Proche-Orient ancien à l’université de Columbia, a remarqué qu’un personnage taillé sur l’un des panneaux portait une coiffure et une barbe de style non assyrien, que les habitants de l’Iran portaient à l’époque ; cela suggère qu’il pourrait s’agir d’une autre campagne militaire plus tardive menée par Sennachérib dans les monts Zagros.
« J’ai trouvé [la découverte] vraiment réconfortante parce que nous avions tellement perdu lors de l’attaque de l’État islamique », confie Bahrani, qui rappelle d’autres découvertes étonnantes réalisées sous l’ancien sanctuaire de Nabi Yunus à Mossoul, qui a également été détruit en 2014. « Le fait que ces choses ne puissent jamais être vraiment détruites apporte un certain réconfort. Elles trouveront toujours un moyen de réapparaître. »
« La terre est pleine d’antiquités », ajoute-t-elle. « Elle est pleine de sites antiques. Et il est impossible d’effacer toute cette histoire. »
PHOTOGRAPHIE DE MICHAEL DANTIChypre
Forger le dialogue interculturel et la confiance à Chypre : conservation conjointe de l’église Saint-Georges-des-Latins à Famagouste et de la mosquée
Tuzla à Larnaca
Opérateur : Pnud ― Comité technique du patrimoine culturel (CTPC)
Située dans la vieille ville de Larnaca, la mosquée Tuzla était à l’origine une église médiévale bâtie sur les fondations d’une basilique. Elle a été convertie en mosquée au cours de la période ottomane. A Famagouste, l’église de Saint-Georges-des-Latins est le plus ancien monument d’architecture gothique de la ville fortifiée.
Le projet de conservation de la mosquée et de l’église fait appel au savoir-faire de conservateurs experts chypriotes grecs et turcs, et met parallèlement à leur disposition un forum favorisant l’échange de bonnes pratiques. Dans le même temps, ces initiatives s’appuient sur d’autres activités de mobilisation communautaire. Orchestrées par des Chypriotes grecs et turcs, celles-ci visent à promouvoir la réconciliation en mettant en avant le patrimoine commun aux deux communautés. Ces deux types d’activités (préservation du patrimoine et sensibilisation à l’héritage commun) sont au cœur des efforts déployés à Chypre par le Comité technique du patrimoine culturel du Pnud pour renforcer la confiance.
Depuis 2018, le Comité technique du patrimoine culturel (CTPC) à Chypre s’emploie à préserver et à restaurer des sites du patrimoine culturel pour qu’ils deviennent des vecteurs de confiance et de compréhension entre les communautés chypriote grecque et chypriote turque. Le fait que les deux leaders chypriotes aient décidé de fonder un comité consacré à la préservation des monuments du patrimoine culturel constitue un tournant historique par contraste avec les approches conflictuelles du passé. Il était particulièrement audacieux non seulement de cesser de se rejeter le blâme, mais aussi de miser sur le patrimoine culturel comme instrument pour la coopération et la confiance.
Depuis le tout début, les membres du CTPC ont adopté une stratégie reposant sur trois piliers fondamentaux : préserver les monuments de toutes les communautés sans faire de distinction, considérer que tous les monuments légués par l’histoire forment le patrimoine commun de tous les habitants de l’île, et dépolitiser les procédures du CTPC pour éviter toute conséquence négative pouvant découler du processus de négociation politique sur l’île. En préservant et en restaurant les sites du patrimoine culturel, le CTPC a pu réunir des représentants des deux communautés autour d’un but commun. Des experts bicommunautaires ont collaboré à plus de 120 projets, et ont tissé des liens axés sur le respect mutuel et la compréhension réciproque. En restaurant des sites du patrimoine culturel, le CTPC a contribué à préserver la mémoire collective des deux communautés et à cultiver l’idée d’un patrimoine commun. Cela les a aidées à avoir une attitude plus positive l’une envers l’autre, à briser les stéréotypes et les idées reçues, et même à atténuer une animosité profondément ancrée car perpétuée par les récits historiques.
Le partenariat entre le CTPC et ALIPH renforce sa capacité à préserver des monuments historiques essentiels, et, plus important encore, participe aux efforts déployés pour favoriser paix et réconciliation, mettant ainsi en place les conditions nécessaires à un avenir plus pacifique et plus harmonieux pour tous les Chypriotes.
M. Sotos KtorisDécouvrir le passé , réhabiliter pour l’avenir
133 S.E. Nadia Ernzer, représentante du Luxembourg au Conseil de fondation
134 ALIPH sur la scène internationale
Représentante du Luxembourg au Conseil de Fondation
En seulement six ans d’existence, ALIPH a su se hisser au rang des acteurs incontournables dans la préservation du patrimoine culturel en zone de conflit. Et ce, grâce à sa capacité à mobiliser des ressources et de l’expertise rapidement, de manière innovante, agile et efficace, ce qui la rend unique en son genre. Le Luxembourg est fier d’avoir adhéré dès la toute première heure à ce beau projet qu’est ALIPH.
L’Unesco, l’UE et tant d’autres organisations régionales et locales veillent à la préservation et à la protection du patrimoine culturel et naturel mondial. ALIPH a déjà conclu des partenariats avec certaines d’entre elles. Il existe là des complémentarités évidentes, qui mériteront certainement d’être renforcées là où c’est utile et faisable, et sans que cela ne remette en question l’agilité et l’efficacité de l’Alliance. J’appelle de mes vœux l’adhésion à ALIPH d’autres acteurs nationaux, régionaux et internationaux qui partagent les valeurs et aspirations de l’Alliance, notamment des pays européens.
Le patrimoine culturel constitue le fondement de toute société : une société qui perd son patrimoine culturel perd son histoire et ses repères. Et n’oublions pas que ce patrimoine constitue un ressort important pour le développement des économies locales. L’appropriation des projets par les populations locales, les femmes en particulier, restera donc essentielle. En cela, la philosophie ALIPH est en ligne avec celle de nombreuses organisations internationales.
Alors que je suis membre du Conseil de fondation depuis moins d’un an, je salue le caractère visionnaire et profondément humaniste de l’Alliance, qui veille à ce que ses projets s’inscrivent dans la durée et soient mis en place dans une approche inclusive, avec une attention toute particulière portée à l’égalité des genres. J’en profite pour remercier tous ceux qui contribuent à la réalisation de ce beau projet, selon le leitmotiv si bien décrit par le Président du Conseil de fondation, Thomas S. Kaplan : action, action, action !
Rencontre avec les autorités allemandes, Berlin, Allemagne, 10-11 janvier 2022 (Valéry Freland et Alexandra Fiebig)
Rencontre avec les partenaires et les autorités locales, Manama, Bahreïn, 17-18 janvier 2022 (Valéry Freland)
Conférence pour le renforcement de la coopération européenne contre le trafic illicite des biens culturels, Paris, France, 1er février 2022 (Valéry Freland, Maja Kominko, Elsa Urtizverea)
Lancement de l’exposition itinérante d’ALIPH, Genève, Suisse, 5 septembre 2022
Conférence mondiale de l’Unesco sur les politiques culturelles et le développement durable – Mondiacult 2022, Mexico, Mexique, 27 septembre-3 octobre 2022 (Valéry Freland, Sandra Bialystok, Othman Boucetta)
Sommet de la culture d’Abou Dabi, « Une culture vivante », EAU, 23-25 octobre 2022 (Valéry Freland, Sandra Bialystok)
Édition 2022 de la conférence « International Conference on Opportunities in the Arts: Create the Future » de TransCultural Exchange, Boston, États-Unis, 4-6 novembre 2022 (Thomas S. Kaplan, Sandra Bialystok)
« Cultural heritage in fragile contexts. Development cooperation in Afghanistan and neighboring countries », Agence italienne pour la coopération au développement et université de Florence, Florence, Italie, 10-11 novembre 2022 (Elsa Urtizverea)
Exposition itinérante d’ALIPH à Riyad, Arabie saoudite, novembre 2022
Festival de l’histoire de l’art, Fontainebleau, France, 3-5 juin 2022 (Valéry Freland)
Conférence des ministres de la Culture de la région euro-méditerranéenne. Réunion des ministres de la Culture des pays du partenariat euro-méditerranéen, Italie, 16-17 juin 2022 (Valéry Freland)
Visite des bureaux du CoPaM (Co-développer le patrimoine mondial en Méditerranée), Arles, France, 11-12 juillet 2022 (Valéry Freland)
Table ronde « Protection of Cultural Heritage, One Year After the Adoption of Council Conclusions » (Protection du patrimoine culturel, un an après l’adoption des conclusions du Conseil), Bruxelles, Belgique, 19-20 septembre 2022 (Valéry Freland)
Table ronde « EU’s Approach to Cultural Heritage in Conflict and Crises Best Practices and Lessons Identified » (L’approche de l’UE à l’égard du patrimoine culturel en période de conflit et de crise, meilleures pratiques et enseignements tirés), Bruxelles, Belgique, 12 octobre 2022 (Valéry Freland)
Atelier sur la protection du patrimoine dans les zones en conflit, Riyad, Arabie saoudite, 26 octobre 2022 (Valéry Freland)
Vernissage de l’exposition d’ALIPH au musée Guimet, Paris, France, 17 novembre 2022
Conférence de Chatham House sur l’Irak, Londres, Royaume-Uni, 14-15 novembre 2022 (Maja Kominko)
Journée de la Méditerranée, Monaco, 28 novembre 2022 (Valéry Freland, Maria Gurova)
139 Mme Sandra Bialystok, Directrice de la communication et des partenariats – La première page de l’histoire d’ALIPH est tournée, mais son prochain chapitre est déjà en cours d’écriture
142 Revue des médias
Le 31 janvier 2022, ALIPH organisait sa deuxième Conférence des donateurs dans la cour Khorsabad du Musée du Louvre. Sur chaque siège trônait un exemplaire de « 5 ans d’ALIPH », le livret que notre équipe avait conçu pour l’occasion. Son contenu couvrait une période de cinq ans à peine ; pourtant, les réalisations d’ALIPH remplissaient aisément plus de 100 pages, puisque cette période riche en « premières fois » retraçait les projets initiaux qui ont cimenté la réputation d’ALIPH en faisant valoir ses atouts clés : réactivité, flexibilité, fiabilité. Cette Conférence était importante pour maintes raisons : d’une part et surtout parce qu’elle a permis de renflouer les caisses de la fondation pour cinq années supplémentaires, et d’autre part parce qu’elle a réaffirmé l’engagement de nos donateurs envers la méthode ALIPH. Sur le plan de la communication, ce fut aussi un moment crucial ― l’occasion de réfléchir à la façon dont nous avions présenté l’histoire d’ALIPH jusqu’alors (ALIPH, organisation jeune et dynamique ayant su tisser des partenariats en partant de rien, à la seule force de sa détermination), et de penser à la façon dont nous voulions faire évoluer ce discours. La première page de l’histoire d’ALIPH est tournée. Il nous faut maintenant parler des prochaines étapes.
Quand vous travaillez pour une organisation qui a été conçue pour répondre aux crises, ce sont en général l’actualité géopolitique et les situations d’urgence qui dictent votre histoire. Les événements récents l’ont bien prouvé puisque, un mois à peine après la Conférence des donateurs, l’éclatement de la guerre en Ukraine a mobilisé toutes nos ressources, y compris en matière de communication. Il est en effet très délicat de sensibiliser le grand public aux conséquences de la destruction du patrimoine culturel dans un pays en conflit tout en prenant les plus grandes précautions pour ne pas compromettre la sécurité des personnes et des artefacts présentés dans ces récits. Ce point a fait l’objet de discussions quotidiennes en salle de réunion, alors même que nous avions tous convenu qu’il était important d’évoquer non seulement l’action d’ALIPH, mais aussi celle de nos partenaires en Ukraine (dans la
mais son prochain chapitre est déjà en
mesure où ils souhaitaient ou pouvaient en parler), ainsi que les extraordinaires initiatives entreprises pour protéger le vaste et riche patrimoine de ce pays. Certains de ces récits ont fait les gros titres, comme le démontrent certaines des coupures de presse qui figurent dans la présente section, mais d’autres seront gardés sous silence un long moment encore. Je me plais néanmoins à croire que, en publiant plusieurs centaines d’articles décrivant les efforts déployés pour préserver le patrimoine culturel de ce pays en guerre, nous avons contribué (ne serait-ce qu’un peu) à montrer au public du monde entier la façon dont le patrimoine culturel était protégé en première ligne des combats.
Nous avons décidé que l’automne 2022 serait le moment de bâtir la « marque » ALIPH. En septembre, nous avons lancé à Genève une exposition photo immersive sous la forme de 12 panneaux présentant certains de nos projets et rendant hommage aux opérateurs et aux pays que nous soutenons. Cette exposition s’accompagnait d’une application de réalité augmentée permettant de découvrir en 3D quatre sites patrimoniaux remarquables. En présence du conseiller de la ville de Genève responsable du Département de la culture et de la transition numérique, de la Directrice générale de l’Office des Nations unies à Genève et de membres du Comité scientifique et du Conseil de fondation d’ALIPH, le Directeur exécutif d’ALIPH a inauguré le tout premier événement que nous organisions dans notre propre ville. L’exposition racontait les débuts d’ALIPH et transportait les visiteurs à Agadez (Niger), à Beyrouth (Liban), leur faisait découvrir le tombeau des Askia à Gao (Mali) ainsi que l’arche de Ctésiphon (Irak) et d’autres lieux fascinants, avant de partir elle-même faire son tour du monde. J’ai eu la chance de monter l’exposition à Mexico lors de la conférence Mondiacult de l’Unesco, puis à Paris dans le cadre de la Saison afghane du musée Guimet, à Riyad, où elle a été dévoilée au Conseil de fondation d’ALIPH, et enfin à Abou Dabi, dans le cadre du Forum ALIPH. L’exposition a également été présentée en Bosnie-Herzégovine, en Erythrée et à Monaco.
L’automne dernier, plusieurs autres événements et conférences ont dominé notre calendrier événementiel. Un moment fort a été la présence du président de la République française, Emmanuel Macron, à la deuxième exposition photo conçue par nos soins. Intitulée « Agir pour protéger le patrimoine en Ukraine », elle s’est tenue à l’extérieur du palais Brongniart dans le cadre de la cinquième édition du Forum de Paris sur la paix. Un autre événement marquant a été l’intervention, lors d’une conférence publique au musée des Beaux-Arts de Boston, de M. Thomas S. Kaplan, Président du Conseil de fondation d’ALIPH, et d’Oleksandra Kovalchuk, alors directrice du musée des Beaux-Arts d’Odessa, pour expliquer à quel point il était pressant de protéger le patrimoine culturel ukrainien.
En marge de ces expositions et conférences, nous préparions le tout premier Forum ALIPH, prévu début mars 2023 à Abou Dabi et conçu pour accueillir près de 200 participants (représentants d’ONG, d’organisations internationales et de gouvernements, mais aussi chercheurs et donateurs) au sein de la Famille ALIPH. Autant la cour Khorsabad et la Conférence des donateurs constituaient le contexte idéal pour évoquer les débuts d’ALIPH, autant le Forum ALIPH et la Fondation culturelle d’Abou Dabi étaient le décor parfait pour projeter notre histoire dans l’avenir, un lieu où nos partenaires ont pu parler de nos réussites communes et où, ensemble, nous avons pu préparer le terrain afin que de nouvelles initiatives puissent poursuivre notre mission essentielle de protection du patrimoine culturel.
Le prochain chapitre de notre histoire est déjà en cours d’écriture.
146 Conseil de fondation
148 Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération
148 Comité des finances et du développement
149 Comité scientifique
149 Comité d’audit
150 Secrétariat
153 Notre éthique
Président :
Vice-président :
Vice-présidente
M. Thomas S. Kaplan (donateur privé) : Mme Bariza Khiari (France) S.E. M. Mohamed Khalifa Al Mubarak (Émirats arabes unis) S.A. le Prince Badr Bin Abdullah Bin Farhan Al Saud (Royaume d’Arabie saoudite) S.E. Mme Nadia Ernzer (Luxembourg) Mme Mariët Westermann (personnalité qualifiée) M. Mehdi Qotbi (Maroc) S.E. Elena Rafti (Chypre) M. Wen Dayan (Chine) M. Jean Claude Gandur (donateur privé) M. Richard Kurin (personnalité qualifiée) Pr Dr Markus Hilgert (personnalité qualifiée)Président : M. Jean Claude Gandur
Pr Dr Markus Hilgert
Pr Marc-André Renold Rapport
Président : M. Richard Kurin (États-Unis)
S.E. Saood Al Hosan (Émirats arabes unis)
Mme Irene Braam (États-Unis)
Mme Deborah Stolk (Pays–Bas)
M. Valéry Freland
Président (ad interim) : M. Mounir Bouchenaki (Algérie)
Mme Amel Chabbi (Émirats arabes unis)
M. Wang Chunfa (Chine)
M. Laith Hussein (Irak)
M. Patrick Michel (Suisse)
Pr Claudio Parisi Presicce (Italie)
Pr Eleanor Robson (Royaume-Uni)
M. Samuel Sidibe (Mali)
Mme Bahija Simou (Maroc)
M. Abdullah Alzahrani (Arabie saoudite)
Président : M. Jeffrey D. Plunkett, J.D. (États-Unis)
M. Abderrazak Zouari (Tunisie)
AU 31 mai 2023
M. Valéry Freland, Directeur exécutif
Mme Sandra Bialystok, Directrice de la communication et des partenariats
Mme Maja Kominko, Directrice scientifique et des programmes
M. Laurent Oster, Directeur des finances et des opérations
M. Bastien Varoutsikos, Directeur du développement stratégique
M. Waseem Albahri, Chargé de projets
Mme Gala-Alexa Amagat, Chargée de projets
M. Othman Boucetta, Chef de cabinet
M. Adonis El Hussein, Chargé de projets
Mme Alexandra Fiebig, Chargée de projets
Mme Maria Gurova, Chargée de la communication et des partenariats
Mme Solange Mackoubily, Assistante administrative & comptable
Mme Najet Makhloufa, Chargée de finances
M. David Sassine, Chargé de projets
M. Harry Tarpey, Chargé des partenariats stratégiques
Mme Elsa Urtizverea, Chargée de projets
Mme Olena Kokliagina, Chargée de subventions Ukraine
Mme Vira Orlovska, Consultante
Mme Daryna Zhyvohliadova, Consultante
150 Rapport d’activité 2022
Le travail d’ALIPH est guidé par les valeurs fondamentales suivantes :
• la protection du patrimoine
• la diversité culturelle et religieuse
• l’éducation et le renforcement des capacités
• l’égalité des sexes
• la cohésion sociale et la coexistence pacifique
• le développement local durable
• la paix et la réconciliation
• la solidarité internationale
L’objectif d’ALIPH est de financer des projets concrets et viables sur la durée. La fondation porte naturellement une attention particulière à l’intégrité et à la transparence de la gestion des projets qu’elle finance. C’est ainsi que, avant la signature d’une convention de subvention, les bénéficiaires potentiels font l’objet d’un processus rigoureux de diligence financière raisonnable (« due diligence »). Ensuite, dans le cadre de la mise en œuvre du projet, ils doivent remplir régulièrement des rapports financiers et d’activité.
Rédacteurs : Sandra Bialystok, Maria Gurova, Valéry Freland
Conception graphique : EyeTalk Communication – www.eyetalkcomms.com
Traductions : Mélissa Médart (EN – FR), Swisstranslate (FR – EN) – www.swisstranslate.ch
Photos : ALIPH remercie tous ses partenaires qui ont fourni des photos de leurs projets. L’utilisation des photos de cette publication à des fins non commerciales a été autorisée par leurs propriétaires. Toute réutilisation, copie ou distribution doit faire l’objet d’un consentement écrit préalable des propriétaires. Les photos suivantes ont été reproduites avec l’autorisation des photographes indépendants et des bénéficiaires d’ALIPH :
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Pages 80-81 – © Kharkiv Museum
Page 83 – © Odesa Museum of Western and Eastern Art
Pages 84-85 – rangée du haut – toutes les images
© NCRR
rangée du bas (de gauche à droite)
© NCRR
© Svitlana Strielnikova
© The Museum of History and Local Lore of Petro Kalnyshevsky, Pustovoytivka, Sumy Oblast
Transport of museum storage boxes from UK to Ukraine © unknown
© Ville de Genève
© NCRR
Pages 86-87 – © Yurii Stefanyak
Pages 88-89 – © Yurii Stefanyak
Page 90 – haut © ALIPH, bas © Yurii Stefanyak
Pages 92-93 – © NCRR
Pages 94-95 – © ALIPH
Pages 96-97 – © ALIPH – Adonis El Hussein
Page 98 – © ALIPH – Thomas Raguet
Page 100 – © ALIPH – Thomas Raguet
Page 101 – © Iconem
Page 102 – © ALIPH – Thomas Raguet
Page 103 – © Imane Atarikh
Pages 104-105 – © CyArk
Page 106 – haut © CyArk
bas © OUR PLACE The World Heritage Collection
Page 107 – © CyArk
Page 108 – © ALIPH – Thomas Raguet
Page 109 – © DNPC
Page 110 – © ALIPH – Adonis El Hussein
Page 111 – (de gauche à droite)
© Ko Hon Chiu Vincent
© Unesco
Page 112 – © Unesco
Page 113 – © Unesco
Pages 114-115 – © Michael Danti
Pages 116-125 – droit d’auteur sur le texte
Page 123 – © Mohamed Al Baroodi Mashki Gate
Pages 126-129 – © ALIPH – David Sassine
Pages 130-131 – © ALIPH – Azhar al-Rubaie
Page 132 – haut © ALIPH
bas © Turquoise Mountain
Page 134
Rangée du haut (de gauche à droite)
© Shutterstock
© Shutterstock
© Antoine Tardy
Rangée du milieu (de gauche à droite)
© ALIPH
© ALIPH – Sandra Bialystok
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Rangée du bas (de gauche à droite)
© Daryl Luk
© ALIPH – Elsa Urtizverea
© ALIPH – Sandra Bialystok
Page 135
Rangée du haut (de gauche à droite)
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© Ministero della Cultura
© Shutterstock
Rangée du milieu (de gauche à droite)
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© ALIPH – Valéry Freland
© Ministry of Culture of Saudi Arabia
Rangée du bas (de gauche à droite)
© ALIPH – Adonis El Hussein
© Shutterstock
© ALIPH – Valéry Freland
Pages 136-137 – © Rubina Raja
Page 138 – © ALIPH – Antoine Tardy
Page 141 – © Shutterstock
Pages 144-145 – © ALIPH – Antoine Tardy
Page 147 – © ARC-WH
Pages 148-149 – © L’Œuvre d’Orient
Pages 150-151 – © ALIPH – Adonis El Hussein
Pages 152-153 – © ALIPH – Thomas Raguet
Page 155 – © AKTC