ESTAMPES CONTEMPORAINES
Ya n i k P E N ’ D U
par RENÉ TAZÉ, Maître d’art taille-doucier
Ce livret a été réalisé par l’Institut français de Tanger-Tétouan à l’occasion de l’exposition Estampes contemporaines, par René Tazé, Maître d’art taille-doucier présentée du 19 octobre au 14 novembre 2009 à l’Ecole des Arts et Métiers Bab Oqla, Tétouan du 15 janvier au 14 février 2010 à la galerie Delacroix, Tanger dans le cadre de l’Estampe à Tétouan
Marie-Christine Vandoorne, Directrice de l’Institut français de Tanger-Tétouan
Najat Algandouzi Responsable de la Galerie Delacroix
RENÉ TAZÉ, L’ART ET LA MANIÈRE. Les personnes qui atteignent dans leur métier des sommets d’excellence reçoivent au Japon la désignation de Trésor National Vivant. Si le Maître-imprimeur et taille-doucier René Tazé est par nature bien trop joueur pour pouvoir s’incarner en monument patrimonial, c’est à cette échelle pourtant que se distinguent aujourd’hui l’éclat de son talent et la transmission de son savoir-faire. Il n’est pas simple de mesurer tout ce qu’une vie dédiée à l’estampe, quarante années durant, a pu représenter de doutes, de courage, d’abnégation, d’énergie brute et de passion pour atteindre cette exigence de qualité associée désormais au nom de René Tazé. Il n’y a pas si longtemps, la rumeur courrait que la gravure allait livrer ses dernières volontés. La profession évoquait la désaffection d’un public déshabitué de l’estampe. Devant les coups portés par l’envahissement de l’image technologique trop d’ateliers hélas ont dû jeter l’éponge. Face aux vents contraires René Tazé a tenu le cap et il faut bien admettre qu’aujourd’hui la taille-douce doit quelque chose à l’opiniâtreté et à l’adhésion profonde de cet homme voué très tôt à l’art du surgissement. Dans l’histoire des filiations et des éléments-clés, au sujet de Tazé nous retiendrons les débuts
dans l’atelier de taille-douce de Georges Leblanc à Paris. Cet espace repris par Lallier Père & fils en 1968 voit un jeune apprenti de seize ans expérimenter avec voracité les procédés d’impression sous leurs aspects les plus divers. Quelques années plus tard, Tazé est suffisamment aguerri pour s’affronter directement à l’excellence : l’atelier prestigieux des frères Crommelynck à Mougins, là-même où André Masson, Jasper Johns, Jim Dine, David Hockney, Zao-Wou-Ki et Giacometti, artistes influents de la scène internationale venaient griffer le métal. Au milieu de ces athlètes de la création picturale, René Tazé s’est employé à la traduction d’horizons esthétiques nouveaux des formes, des mouvements, des oscillations qui réinventaient en mode d’ampleur l’art et sa vision. En 1976, Aldo et Piero Crommelynck, imprimeurs et graveurs attitrés de Pablo Picasso font se confronter René Tazé à l’œil cannibale du Maître. C’est en confiance qu’ils confient à leur jeune employé le retirage d’une série gravée du peintre espagnol : 365 pièces d’une virtuosité sans exemple, exposées trois ans plus tôt sur les cimaises de la galerie Louise Leiris. Un retirage dont René Tazé s’acquittera avec toute la délicatesse requise.
À terme, il semblait inévitable que Tazé poursuive sa voie d’exigence selon ses modalités propres. En 1978, il ouvre son atelier à Paris dans le dixième arrondissement. C’est aujourd’hui encore, un lieu de référence ou stagiaires et apprentis de tous horizons viennent faire l’expérience d’un monde pour en repartir doués d’une sûreté de geste et d’un regard affermi à l’analyse. C’est que le maître des lieux n’a pas son pareil pour faire circuler dans l’encre les sollicitations de l’artiste, pour accentuer un frémissement d’atmosphère auquel l’artiste lui-même n’aurait pas songé de prime abord. En cela, René Tazé est davantage qu’un pourvoyeur de compétence technique : « Je ne suis pas de ces imprimeurs qui estiment ne rien avoir à apprendre de personne. J’ai un désir intact d’expérimenter, de solutionner des problèmes. » Nombreux sont les créateurs qui pourraient témoigner de cette disponibilité d’esprit en forme de dénouements magiques. Bien sûr, Tazé met en œuvre la totalité des procédés existants, mais au besoin il en invente, témoignant d’une approche dynamique et non révérencieuse de la gravure. Miquel Barcelo, Philippe Favier, Gérard Titus-Carmel, Florent Chopin, Georges Rubel, Erik Desmazières, Nathalie Grenier ou Annick Claudé ne s’y sont pas trompés en confiant leurs compositions aux presses de l’atelier Tazé.
Sous le flegme tranquille du Maître-imprimeur, un joueur frémit au voisinage de la difficulté. Un joueur qui mise sur l’aptitude à la métamorphose des matériaux les plus inattendus. Un joueur que chaque résistance stimule et pousse à la résolution des problèmes. Parce qu’il ne renonce pas, Tazé va prendre une part déterminante dans le renouveau de la gravure qui pointe et répondre à l’engouement de jeunes artistes qui ne trouveront pas chez cet homme de tassement des aspirations. Il y a maintenant un bouillonnement d’impressions, il y a des linéaments fluides, des battements de formes qui magnétisent, une richesse de l’expression démultipliée entre hardiesse de style et justesse de ton que Tanger a le bon goût de mettre en lumière pour nous faire découvrir combien ce qui a été accompli par Tazé, prend l’allure d’une manifestation continue de liberté. L’œil du visiteur remarquera encore comme ces estampes aux langages plastiques si distincts dans leur affirmation autonome, n’en obéissent pas moins entre elles à certaines lois d’associations émotives. C’est qu’elles gardent toutes en mémoire l’étreinte humide qui les a fait naître un jour sous l’amoureuse pression d’un vrai mordu. Malek Abbou 5 Décembre 2009
ALLIRAND Renaud BARCELO Miquel BOUCRAUT Thérèse BOXER Devorah CHAUDOUËT Yves CHOPIN Florent CLAUDÉ Annick DAVIES Richard DE LA FOREST Astrid DESMAZIERES Erik FAVIER Philippe GARACHE Claude GRENIER Nathalie HOUTIN François MOHLITZ Philippe MOREH Mordecail PETROVITCH Françoise RESSINEUX Martine RUBEL Georges SCANREIGH Jean-Marc SECHERET Jean-Baptiste SEYEDIN Marjan SPIRE Nazim TITUS CARMEL Gérard TRAQUANDI Gérard
Desmazières Erik, Eau forte 76 x 56 cm
Spire Nazim, Impression numÊrique et pointe sèche 50 x 66 cm
Grenier Nathalie, Aquatinte au sucre 25 x 33 cm
Barcelo Miquel, Technique mixte 66 x 50 cm
ClaudĂŠ Annick, Technique mixte 50 x 66 cm
Boucraut Thérèse, Aquatinte 65 x 50 cm
Boxer Devorah, Aquatinte 66 x 50 cm
Pétrovitch Françoise, Aquatinte 38 x 28 cm
Titus Carmel GĂŠrard, Aquatinte 35 x 41 cm
Rubel Georges, Technique mixte 25 x 33 cm
Sécheret Jean-Baptiste, Eau forte 51 x 57 cm
Mohlitz Philippe, Burin 46 x 40 cm
Houtin Franรงois, Eau forte 48 x 56 cm
Davies Richard, Technique mixte 56 x 44 cm
Chopin Florent, Eau forte 56 x 57 cm
Traquandi Gérard, Eau forte 66 x 50 cm
Favier Philippe, Eau forte 46 x 66 cm
Moreh Mordecail, Pointe sèche 56 x 76 cm
Scanreigh Jean-Marc, Technique mixte 53 x 61 cm
Rassineux Martine, Aquatinte et sucre 57 x 76 cm
Seyedin Marjan, Technique mixte 49 x 49 cm
Allirand Renaud, Technique mixte 66 x 50 cm
De la Forest Astrid, Aquatinte 66 x 50 cm
Garache Claude, Aquatinte 72 x 57 cm
ChaudouĂŤt Yves, Aquatinte au sucre 57 x 76 cm
Abdelkrim Ouazzani
L’Estampe à Tétouan
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R E N E
TA Z E
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