Sous les pavés la terre n°5

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Sous les pavés, la terre Lettre d’info du réseau des AMAP d’Ile-de-France

n°5 Février Mars

E d i t o

Logo du réseau : la parole est aux AMAPiens ! La période est aux bonnes résolutions mais pas de celles que l’on s’empresse d’oublier une fois prononcées (voire déclamées). A l’approche de notre assemblée générale annuelle (cf. agenda), il n’est pas inutile de tirer les enseignements de l’année écoulée. Et là, le constat est flagrant : les chantiers sont toujours plus nombreux et les bonnes volontés bien trop rares. Au-delà des nombreuses actions qui ont été menées en 2008, des projets en cours particulièrement motivants, force est de constater que nous n’avons pas su mobiliser au-delà d’un cercle restreint de fidèles et actifs AMAPiens. Qu’à cela ne tienne ! L’année 2009 sera l’année de l’engagement AMAPien ou ne sera pas. Des sollicitations vous arrivent déjà qui doivent permettre à chacun de s’impliquer à sa mesure. Il n’y a pas dans ce domaine de «petite tâche» car la moindre saisie d’adhésion libère du temps à Shah-Dia et lui permet de répondre aux besoins d’accompagnement des partenariats et de coordination du réseau. Mais ce n’est qu’un début car l’année sera marquée par de nombreux événements: Printemps des AMAP avec nos partenaires des autres réseaux régionaux, Festi’Solies, expérimentation du système de garantie participatif, suite de la campagne «Semons la biodiversité» ... Des sollicitations ponctuelles faisant appel à vos compétences expertes aux dossiers de fond nécessitant temps et réflexion, les occasions ne manqueront pas de montrer votre attachement au développement des AMAP. Cette période est aussi celle des étrennes et notre chère organisation en aurait bien besoin. Il est important que l’engagement financier dont ont su faire preuve les groupes de consom’acteurs se renouvelle, car être présent dans le domaine de l’aide à l’installation a un coût certain et représente un travail de longue haleine. Qui nécessite par ailleurs une certaine indépendance, sur le plan budgétaire également. A ceux qui désepère de trouver un maraîcher prêt à se lancer avec eux dans l’aventure, nous pouvons leur conseiller de nous soutenir en devenant sympathisant du réseau : la somme de ces petits gestes permettra à Sylvain de continuer à oeuvrer pour que les porteurs de projet trouvent enfin en l’ile-de-France la terre d’accueil qu’ils recherchaient. Je ne terminerai pas cet édito sans vous souhaiter une année enthousiasmante, dans la santé et l’abondance de vos paniers, et toujours aussi riche en heureux événements et belles rencontres.

Jérôme Dehondt, membre du bureau.

S o m m a i r e

2009

Au f i l d u rés eau

- Le panier solidaire des Patates douze - Des parrains et des pommes

Rue B eaubourg

- Des nouvelles des dernières réunions du bureau - Les relations avec la presse - Les rencontres de paysans - La coordination Inter-régionale des AMAP - Le choix du logo - Le projet de SGP - Première soirée d’information

Grand Ang le

- La marmite d’Eugène - Voyage en Lituanie - Appel à souscription : terres de liens

Un œi l s ur la ter re - Un légume : Le navet - Episode de froid de janvier

Culti vons notre jard in

- Livre : Après nous le déluge ? - Mémoire de sociologie sur l’émergence des AMAP

Por trai t

- Portrait de Sylvain Laigniez

A gend a

Cette Lettre est la vôtre : nous attendons vos articles pour le prochain numéro ! La Lettre d’information du Réseau AmapIdF se veut un lieu d’échange et de partage d’expériences pour les Amapiens du réseau. Elle vise également à informer des réalités paysannes et à rappeler les principes de base des AMAP. Si vous souhaitez faire connaître les activités de votre Amap, une actualité agricole ou une lecture récente, envoyer vos articles à lettredinfo@amap-idf.org (350 à 400 mots). Comme nous visons une parution bimestrielle, la prochaine Lettre sortirait autour du 1er novembre. Merci de nous faire parvenir votre prose (ou au moins un titre pour le sommaire) avant le 15 octobre. Nous attendons aussi avec impatience vos commentaires et vos remarques à la même adresse. La gazette est libre de droit à condition d’en indiquer la provenance. N’hésiter pas à la diffuser largement. Adresse du réseau des AMAP d’Ile-de-France : 26 rue Beaubourg, 75003 Paris.


Au fil du réseau Des parrains et des pommes Par Isabelle Lambert, grâce aux connaissances d’Agnès Carlier et Richard Capitaine (AMAP de Vaucresson, 92) Dans 2 ans, les adhérents de l’AMAP de Vaucresson récolteront les fruits de leur parrainage. Cet automne, les agriculteurs partenaires du Cresson Gourmand ont décidé de diversifier leur production de légumes cultivés en bio et de réserver 2a (soit 2 000 m2) à la plantation de pommiers Jonagored et Pinova Corail. Les 50 adhérents de l’association ont financé l’achat de 100 pommiers à un arboriculteur du Nord qui cessait son activité. Les pommiers ont été transplantés dans la terre de Cravent. Comme souvent en agriculture biologique, le plus difficile est à venir. Toujours fidèles à leur engagement de cultiver leur terre en bio, nos agriculteurs lutteront contre la tavelure, une maladie fongique qui attaque les pommiers et les poiriers, avec des décoctions de prêle. Riche en silice, elles empêchent la prolifération de champignons sur les feuilles et les fruits. L’égrenage, l’élimination des fruits et des fleurs surnuméraires, qui se fait une à trois fois par an chimiquement en conventionnel, se fera à la main en mai-juin, avec l’aide de quelques Amapiens volontaires. Les attaques d’insectes étant une autre menace pour la bonne santé des pommiers, les agriculteurs cultiveront la biodiversité. Déjà l’installation de nichoirs à chouettes et de perchoirs a permis d’endiguer la

prolifération de rongeurs consommateurs de choux, poireaux et carottes. De même pour les pommiers, des abris à insectes seront installés à proximité pour encourager la lutte contre les plus destructeurs. Cette initiative, soutenue par des Amapiens solidaires, a permis d’instaurer une pratique agricole durable grâce à l’élimination des traitements chimiques particulièrement nombreux en arboriculture, et à la préservation de la biodiversité.

Le panier solidaire Monique Fontan, AMAP des Patates douze (AMAP , paris , 12ème) L’amap est née, il y a quatre ans déjà, en octobre 2004. D’emblée, la question de la solidarité a été une préoccupation importante pour un certain nombre des adhérents d’alors. Il leur semblait injuste que l’accès à une nourriture saine, et donc pour une bonne part la santé, soit réservée aux personnes disposant de revenus suffisants, les autres restant condamnées aux Lidl et autres Franprix, aux tomates insipides et aux salades arrosées de pesticides. Le prépaiement était un problème pour certains malgré les facilités accordées par le maraîcher de l’époque. C’est par là que nous avons commencé et, pendant les trois premières années, c’était la seule action solidaire. Au début, le nombre de personnes acceptant de prêter une somme le temps d’une saison, était limité à quatre ou cinq et l’action était quasiment confidentielle, puis au fil du temps, le cercle des gens qui se sentaient concernés s’est agrandi, jusque à atteindre le chiffre d’une quinzaine. Le nombre peu élevé d’adhérents, les rencontres et les échanges hebdomadaires aux distributions, les repas et pique nique partagés, les sorties à la ferme, autant de choses qui font que des liens se nouent et s’approfondissent, des amitiés se créent, l’autre devient plus proche. Difficile alors de rester insensible à des situations qui jusque là pouvaient rester parfaitement abstraites pour certains. L’idée d’un prix de panier fonction des revenus a été évoquée, dès les premières AG, mais elle était très minoritaire, reçue avec étonnement, comme quasiment saugrenue et hors sujet, le sentiment largement partagé étant en somme qu’on n’est pas en amap pour refaire le monde, chacun consomme selon ses moyens, c’est bien connu et c’est la vie….. La réflexion a pourtant continué au sein de la commission solidarité de l’amap en lien avec celle qui se développait au niveau du

réseau. Nous avons réfléchi à la possibilité d’échanges de services entre les adhérents et avec l’agriculteur à l’image de ce qui se fait dans les SELS, à la possibilité de faire bénéficier des légumes de l’amap des familles en difficulté (par exemple au sein du Relais 59, le centre social qui nous accueille pour les distributions) par le biais des tickets d’alimentation distribuées par les services d’aide sociale de certaines mairies, nous avons aussi évoqué la piste du SOL (monnaie alternative dont un des objectifs est de donner une visibilité à l’économie sociale et solidaire et au travail bénévole) qui se mettait alors en place. Mais rien de tout cela n’a abouti C’est avec le début du partenariat avec Loïc (octobre 2007) et l’arrivée de nouveaux adhérents pleins d’ardeur que la question s’est trouvée relancée avec force. L’idée d’un prix de panier fonction des revenus est très vite apparue comme la solution la plus satisfaisante. Restait à la mettre en oeuvre. La commission a fourni un gros travail puisque 6 mois plus tard, le système démarrait. (La suite au prochain numéro)

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Rue Beaubourg Des nouvelles des dernières réunions du bureau Shah-Dia, permanente du réseau Depuis la dernière parution de la gazette, les valeureux membres du Bureau du Réseau ont déjà eu le temps de se réunir 3 fois ! Et oui, pour vous préparer une belle AG et faire avancer tous les projets en cours, il faut bien ça. Car vous vous en souvenez, le Bureau de septembre avait débroussaillé les axes de travail prioritaires et depuis, on décline tout cela concrètement… Des « petites » déclinaisons bien sûr : le lancement du chantier SGP, le bouclage du chantier logo ou encore l’engagement dans les actions du Mouvement Inter-Régional des AMAP (voir articles de la rubrique). De plus grandes déclinaisons aussi, avec le large chantier autour de l’installation. Après la grosse déception sur le territoire des Mureaux, le Bureau a eu fort à discuter sur les sollicitations de plus en plus nombreuses de collectivités territoriales pour peut-être une future couveuse ; et sur le montage en cours d’actions communes en faveur de l’installation biologique et paysanne avec le GAB et Terre de Liens. Et c’est pourquoi en novembre, comme vous le savez déjà, il a décidé de prendre le risque de prolonger le CDD de Sylvain sur la trésorerie, en attendant que les demandes de financement en cours aboutissent. Les nouvelles de la rentrée à ce sujet restent inquiétantes puisque les commissions d’examen de nos dossiers ont été retardées à avril, mais nos partenaires à la région restent très engageants. Alors on retient notre souffle et on vous en dira plus dès que l’on en saura plus… Une autre grande déclinaison qui occupe beaucoup le Bureau, c’est bien sûr la préparation de l’AG, au sens large. Celle-ci aura lieu le Dimanche 15 Mars, toute la journée. En effet, outre les parties statutaires habituelles, nous voulons profiter de votre présence pour faire des séquences en ateliers thématiques de travail.

Invitation et programme détaillé à venir dans vos boîtes mails… Par ailleurs, nous avons réfléchi à un mode de fonctionnement qui permette à la fois de faire avancer au mieux les chantiers tout en mobilisant un maximum d’Amapiens. Pour cela nous avons retenu le schéma d’une… fleur ! Si, si… Imaginez : un cœur (le Bureau restreint, en charge de la gestion courante de l’association et de la coordination des chantiers) entouré de ses pétales (les groupes de travail thématiques) – et faisant le lien entre eux, des référents pour chaque pétale (des délégués également élus à l’AG, pour former un Bureau élargi). Et pour nourrir tout cela, les feuilles verdoyantes du réseau (groupes, InterAmap…)… – bon, je vous épargne la métaphore du soleil ou de la terre dans tout ça, mais avouez que c’est beau, non ?! Avec tout cela, l’idée est également d’accueillir les futurs nouveaux élus 2009 avec un collectif qui fonctionnera mieux qu’en 2008, expérience aidant. En complément de cela vient d’être lancé un travail de réflexion sur notre projet associatif avec une consultante expérimentée, sur financement régional (article au prochain numéro). Enfin, le Bureau n’oublie pas qu’il faut vous mobiliser !! Nous avons commencé doucement avec « l’appel à l’aide » administratif de la rentrée (merci encore à tous ceux qui ont répondu présents, ça fait chaud au cœur). Mais nous n’allons pas en rester là puisque d’ici l’AG nous prévoyons des soirées thématiques sur quelquesuns des « pétales » : organisation de la fête des Amap 2009, mobilisation de parrains expérimentés capables d’accompagner des groupes dans des moments importants (création, difficultés…) ou « Sciences citoyennes »… Reportez-vous à l’agenda en dernière page pour les dates – ainsi qu’aux infos transmises par vos adhérents relais. On compte sur vous !

Relations presse Pour réussir à tenir les priorités et se recentrer, le Bureau a décidé de laisser des choses de côté. En particulier, ne plus répondre systématiquement à toutes les sollicitations des médias, surtout grand public : ils ne font souvent que des mini-sujets pseudoécolos assez bâclés, pour vanter le ‘bon plan AMAP’. Impossible alors de faire passer la dimension politique et militante de notre message, par exemple sur les questions de rémunération des paysans ou d’installation. Du coup, les bénévoles qui assurent les relations presse gardent leur énergie pour d’autres choses.

Une information en bref pour les paysans… et les autres ! Par Shah-Dia Rayan, permanente du Réseau AmapIdF

La dernière rencontre InterPaysans du 4 décembre a été un succès, avec près de 20 maraîchers présents. Autant dire qu’il y a eu beaucoup d’échanges, cette fois sur les calendriers de semis. Faute de temps, le compte-rendu définitif n’est pas encore prêt, mais l’essentiel est déjà en ligne, sous forme de documents provisoires : allez lire tout cela dans Vie du Réseau/Rencontres InterAmap… Et pour les paysans uniquement : je vous rappelle que le forum « Paysans » a été crée fin décembre – maintenant, c’est à vous de le faire vivre pour qu’il serve à quelque chose ! Si vous n’avez pas reçu vos codes fin décembre, contactez-moi…

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Une information en bref pour les paysans… et les autres ! Par Shah-Dia Rayan, permanente du Réseau AmapIdF

D’abord, avez-vous bien reçu (via vos adhérents relais) les documents de la campagne d’adhésion 2009 ? Si la réponse est non, envoyez-moi un petit mail… Si tout va bien jusqu’à la réception, la question à se poser ensuite c’est bien sûr «Pourquoi adhérer ?». Pour les groupes, l’adhésion au Réseau, c’est d’abord l’engagement au respect de la charte des AMAP ainsi que la participation à un collectif d’échange et de mutualisation. Et puis, c’est aussi l’accès à quelques petits «services pratiques» (intranet, assurance collective….). Mais pour l’association régionale, l’adhésion, c’est LA condition de son existence : réelle d’abord, puisque le réseau c’est vous - mais ça vous le savez ! Et aussi financière, puisque les adhésions représentent actuellement nos seuls fonds propres (17 000€ en 2008). Or, vous l’aurez remarqué, l’activité s’étoffe, et nos besoins financiers avec. Cependant, nous avons choisi de ne pas augmenter la cotisation administrative (seulement 30€ par groupe pour une année civile) mais de faire appel à votre soutien sur une base volontaire. Voilà pourquoi nous vous avons envoyé tous ces tableaux et ces chiffres qui récapitulent les besoins financiers du réseau et vous donnent une idée de ce que pourraient permettre différents niveaux de soutien de votre part. Alors, posez-vous la question : notre groupe souhaite-t-il soutenir l’association régionale au delà de 30€ et si oui, à quel niveau ? Les valeureux bénévoles qui se sont proposés pour la saisie des bulletins attendent vos réponses (fin février dernier délai, pour éviter la paperasse le jour de l’AG). Merci à vous….

La coordination Inter-régionale des AMAP persiste et signe Shah-Dia, permanente du réseau et Jérôme Dehondt, membre du Bureau, délégué aux relations partenaires Comme nous vous l’expliquions dans le n°3 de votre chère gazette, nous avons pris l’habitude ces derniers mois de rencontrer régulièrement nos petits camarades des autres régions. Pour se connaître d’abord, puisqu’à chaque journée nous voyons arriver de nouvelles têtes. Et puis pour travailler peu à peu ensemble sur des thématiques communes. Et surtout, nous avons décider de plusieurs évènements communs dans les mois à venir. Pour le colloque prévu en fin 2009 à Lyon, les recherches de financements avancent à grands pas, et nous attendons des réponses définitives pour la fin du mois. L’organisation pourra alors se mettre vraiment en place. Et pour commencer, nous avons également prévu un week-end de travail les 21 et 22 mars prochain à Paris, avec une trentaine de représentants régionaux. Encore un moment de connaissance des uns qui permettra de lancer les travaux de groupes thématiques à travers plusieurs séquences d’ateliers. Et si nous avons choisi cette date, ce n’est

pas par hasard puisque le 20 mars aura lieu la conférence de presse de lancement du Printemps des AMAP. Celui-ci sera pour les membres de la coordination de communiquer de manière commune sur les évènements que nous organisons les uns et les autres durant toute la saison, comme par exemple la fête des AMAP franciliennes de 2009. Bref, de tout ça vous entendrez beaucoup parler dans les semaines à venir car il va s’en passer des choses… et aussi parce que nous allons avoir grandement besoin de toutes les bonnes volontés (hébergement militant pour le WE de mars, aide pour l’organisation de la conférence de presse puis du printemps, diffusion du dossier de presse, etc etc – si quelque chose vous intéresse, n’hésitez pas à vous manifester sans attendre nos appels !). Et nous vous solliciterons également à l’AG du 15 mars pour discuter d’un socle commun de valeurs préparé ces derniers mois par le MIRAMAP pour encadrer cette initiative… mais j’anticipe !

Choix du logo Jérôme Dehondt, AMAP-IdF, Membre du bureau, délégué aux relations avec les partenaires L’élaboration d’un logo est partie du besoin d’une identité visuelle pour accompagner nos supports de communication, principalement avec nos partenaires extérieurs, mais aussi à l’intérieur du réseau pour renforcer les liens des différents groupes répartis sur toute l’Île-de-France. Afin de cadrer le travail des dessinateurs, nous avons élaboré un cahier des charges simplifié, qui a servi à sélectionner les projets qui vous sont présentés. Outre quelques aspects techniques, ce document mettait en avant les valeurs (lien à la terre, partage des ressources entre les hommes, solidarité) et l’esprit (apaisant et fraternel, à la tonalité sobre/modeste, tourné vers l’avenir/nouveau) recherchés pour ce logo. Nous avons finalement décidé de soumettre quatre créations au vote des groupes de consom’acteurs et paysans du réseau.

Quatre parmi les nombreuses et vraiment très intéressantes propositions qui nous sont parvenues et pour lesquelles nous remercions chaleureusement les dessinateurs qui nous ont donner de leur temps et de leur créativité. Il s’agit désormais de déterminer, parmi les quatre propositions retenues, celle qui nous semble le mieux convenir pour représenter notre réseau. Chaque groupe de consom’acteurs et paysans du réseau a une voix qu’il peut attribuer au logo de son choix. Libre à chaque AMAP de définir la méthode pour cette attribution de cette voie collective. Merci de me transmettre le résultat du vote d’ici le 1er mars. La désignation officielle aura lieu lors de l’assemblée générale le 15 mars prochain.

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Projet de système de garantie participatif du réseau Amap IdF Première soirée d’information Magali, Amap du Haricot Magique (Paris, 18ème) et Shah-Dia, permanente du réseau Afin de lancer de manière effective le chantier de construction d’un système de garantie participatif (SGP) pour le réseau Amap IdF (voir article gazette n°4), une première soirée d’information a été organisée rue Beaubourg le 16 Janvier dernier. Une dizaine d’amapiens sont venus écouter les intervenants présents pour présenter les démarches et surtout l’esprit de leurs propres organisations en la matière : Jean-Luc Anglade, président de Nature et Progrès IdF ; R ; Michel Besson, secrétaire général de Minga et Gaetan Vallée, coordinateur de Alliance Provence. C’est l’expérience de Nature et Progrès qui donne la plus grande profondeur historique puisqu’elle remonte aux origines de la bio en France, avec tout le long travail collectif de rédaction de l’époque de cahiers des charges. Avec l’harmonisation de ceuxci et le passage dans le domaine public du label AB dans les années 90, l’émergence des organismes certificateurs a éloigné le bio de cette démarche collective et participative d’origine. La question de l’équité des échanges et des circuits courts est également oubliée par les règlementations officielles de l’agriculture biologique. C’est pourquoi, Nature et Progrès entend remettre au premier plan avec son SGP des valeurs différentes : vision commune, participation, transparence, confiance, processus d’apprentissage et horizontalité. Celles-ci ont sont relayées par un groupe de travail international au sein de l’IFOAM. Dans un autre domaine, celui du commerce équitable, MINGA a quant à lui élaboré un cahier des charges en sept chapitres adossée à un « système collectif de travail ». Cette dernière expression qui a été préférée à celle de « système de garantie participatif », souligne l’importance accordée à la mise en relation de tous les

acteurs d’une filière (agriculteurs, transporteurs, commerçants, citoyens) et à la création de lien social. Il s’agit aussi d’une démarche constructive car suite à l’évaluation des propositions sont émises en vue d’une amélioration de la filière. Notons que devant les questions de solidarité, de respect avec la nature, et d’équité dans le travail qui sont toutes bien détaillés dans ce cahier des charges, Minga a choisi de mettre en première place un engagement à étudier la société dans laquelle on vit. D’où la conclusion de Michel Besson à propos de ce « système collectif de travail » : « il s’agit d’un outil d’évaluation mais aussi outil pédagogique pour se réapproprier notre vie économique dont nous avons été dépossédés ». Shah-Dia, salariée de notre réseau, a auparavant animé pendant deux ans un réseau paysan autour de la charte d’Agriculture paysanne1 de la Confédération Paysanne. Celle-ci consiste non seulement en 10 principes et 6 thèmes (cf. le schéma de la marguerite représentant ces 6 thèmes) mais aussi en un outil d’autoévaluation des pratiques paysannes. Celui-ci a également été réalisé par des paysans, pour des paysans, afin qu’ils disposent d’un outil pédagogique collectif de réflexion sur leurs pratiques. En effet, la réalisation par tout un groupe d’un même questionnaire permet de pouvoir dialoguer ensemble, avec les mêmes mots, sur les pratiques des uns et des autres. Les éléments essentiels qu’elle garde en mémoire de cette expérience sont d’une part l’utilité de la « mise à plat » qui permet de réfléchir ensemble à l’amélioration des pratiques et d’autre part l’incroyable énergie de ces moments de réflexion et de fondation du collectif.

A la croisée des chemins : Alliance Provence

Profitant des expériences et des valeurs de ces différentes démarches, le travail d’évaluation participative de la charte des AMAP a été lancée il y a un an et demi en PACA. En effet, il faut d’une part réussir rapidement à garantir l’éthique de notre charte par un dispositif adapté tout en renforçant les dynamiques collectives d’amélioration des pratiques des amapiens (producteurs comme consom’acteurs), et d’autre part, la démarche participative doit aussi permettre aux différents acteurs d’entretenir un débat permanent. Il s’agit donc bien de construire un outil de médiation qui permette d’entrer dans une démarche progressive. Deux grilles d’évaluation ont été élaborées, l’une pour l’exploitation agricole, l’autre pour le groupe de consomm’acteurs ; il s’agit concrètement de critères d’évaluation qualitatifs ou quantitatifs des différents points de la charte. Les procédures d’utilisation sont en cours d’élaboration sur le terrain. Alliance Provence a en effet expérimenté l’enquête dans une dizaine de cas et lance des formations. Ce travail prendra certainement plusieurs saisons en PACA – et commence à peine en IdF (comme en Rhônes-Alpes d’ailleurs). Ici, la soirée du 16 Janvier a permis de motiver 3 AMAP volontaires pour tester tel quel l’outil PACA. Les résultats seront présentés à l’AG pour envisager ensuite comment nous souhaitons travailler sur notre SGP. Et le travail inter-régional sur le sujet permettra d’enrichir en continu nos travaux. Pour ceux qui veulent en savoir plus, le compte-rendu complet de cette première soirée, ainsi que les résultats des premiers tests en IdF seront prochainement en ligne.

Marguerite de l’Agriculture Paysanne 1) L « agriculture paysanne », c’est avant tout le projet politique éla-

boré par la Confédération Paysanne en réaction aux dérives de l’agriculture productiviste développée en France dans les années 60-70 par le syndicalisme agricole majoritaire. Des groupes de réflexion se sont constitués au sein de la Confédération Paysanne puis de la FADEAR pour donner une définition précise et positive de ce projet. Ces réflexions ont abouti à la présentation en 1998 d’une charte de l’agriculture paysanne. C’est cette charte qui fondera en partie celle des Amap dans les années 2000...

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Grand angle La marmite d’Eugène Par Amandine. La Marmite d’Eugène est née lundi 8 décembre 2008 à la Maison des Associations de Montreuil. Cette association a pour objectif, de servir des repas composés d’aliments issus de l’agriculture raisonnée ou biologique dans la mesure du possible, à prix coûtant, afin de rendre accessible ce type d’alimentation à toutes les classes sociales. Pour ce faire, La marmite d’Eugène se propose de subventionner des agriculteurs sur le même principe que les AMAP. Ce sera grâce aux adhésions que l’association pourra subventionner les agriculteurs. En retour, les adhérents auront des prix préférentiels sur les repas. Ce restaurant coopératif a été pensé selon le modèle de ce qui a déjà existé au XIXème siècle, tel le premier restaurant ouvrier crée par Eugène Varlin. Il y a 140 ans Eugène Varlin lançait un appel aux ouvriers, aux ouvrières, aux consommateurs, pour la formation d’une cuisine coopérative. Son appel a été un véritable succès. Son restaurant associatif : la Marmite a vu le jour en 1868 et ne fermera qu’à la chute de la Commune (1871). Cette coopérative comptera jusqu’à 8000 adhérents et deux succursales. L’appel d’Eugène Varlin : « Aujourd’hui, nous constatons une hausse excessive sur tous les objets de première nécessité et particulièrement sur l’alimentation. (…) C’est à vous tous, que je fais appel aujourd’hui. Unissonsnous. Formons une société coopérative d’alimentation. » « Dans cette cantine nous préparerons une nourriture saine que nous pourrons, à notre gré, consommer dans notre établissement ou emporter chez nous » « Point de luxe, point de dorures ni de glaces, mais de la propreté, mais du confortable (...) L’association libre, en multipliant nos forces, nous permet de nous affranchir de tous ces intermédiaires parasites dont nous voyons chaque jour les fortunes s’élever aux dépens de notre bourse et souvent de notre santé. Associons-nous donc, (...) pour la défense de notre nourriture quotidienne.» C’est en se basant sur cet appel que le 8 décembre dernier, l’association « La marmite d’Eugène » est née. L’association « Rêve de Terre » nous a fait l’amitié de sa présence. Cette association monte un projet autour du site des Murs à Pêche de Montreuil. Ils nous ont transmis un bon nombre d’informations, puisqu’ils travaillent à la mise en place de paniers de légumes solidaires, (plus accessibles économiquement parlant que les paniers existants déjà), mais surtout à la remise en culture des Murs à Pêches. Manger bon, manger écolo, manger solidaire : oui, mais pas sans vous ! La première année les adhésions vont essentiellement servir à la réalisation du premier repas de La Marmite d’Eugène et donc au soutien de l’agriculture raisonnée d’Ile de France, et aux frais de fonctionnement. Sans adhérents, une association ne peut fonctionner. Par votre soutien vous augmentez le crédit et le poids de la marmite, vous permettez à son réseau de s’agrandir et de faire connaître l’initiative. Adhérents ne veut pas dire bénévoles. Pour soutenir la marmite d’Eugène deux possibilités sont proposées : vous pouvez décider d’être membre actif ou membre d’honneur. Les membres d’honneur sont des sympathisants qui soutiennent La marmite d’Eugène dans ses champs d’action, que ce soit moralement comme financièrement. Ces membres, (après adhésion,) bénéficient des activités de l’association, peuvent assister aux réunions et sont régulièrement mis au courant des

actions de celle-ci. Les membres actifs soutiennent le projet financièrement et par des actions bénévoles, selon leurs compétences et leurs disponibilités. Ils participent aux réunions et ont le droit de vote à l’Assemblée Générale. Nous avons fixé l’adhésion à partir de 15 euros. N’étant pas une somme trop importante, cela permet un soutien plus large de sympathisants non montreuillois. Des citoyens (comme vous) qui soutiennent notre démarche. Une fois le lieu crée, les adhésions serviront principalement à subventionner les agriculteurs partenaires, en échange de prix préférentiel sur les repas. À table ! Nous travaillons à l’organisation d’un premier repas festif en l’honneur du lancement de La Marmite d’Eugène. Ce repas est programmé pour le 13 juin 2009 en collaboration avec La Maison Ouverte de Montreuil, et d’artistes de la région parisienne. Le mois de juin est le meilleur moment pour goûter aux premiers fruits et légumes d’été… C’est aussi la première fois que nous pourrons soutenir l’agriculture d’Ile de France, riche de produits de terroir. Pendant toute sa phase de création, La Marmite se doit de bouillonner ! Cette première soirée sera suivie d’autres aux rythmes des saisons. L’organisation de ce premier repas nous est très bénéfique. C’est pour nous l’occasion de compléter, affiner et jauger notre plan de gestion, mais aussi d’exister. Grâce à cet événement est pour nous le moyen de constituer une équipe de fidéliser des fournisseurs et travailler en collaboration avec d’autres associations. Mais nous avons besoin de contacts dans le milieu agricole comme dans celui de la restauration, comme d’adhérents. Aussi, n’hésitez pas à nous contacter et nous rejoindre ! Solidairement et marmitement votre, Amandine. La Marmite d’Eugène 06 rue des saules clouet 93100 Montreuil tel : 01 48 97 13 10 / 06 60 29 95 62 lamarmitedeugene@gmail.com Eugène Varlin (1839-1871): «On a proclamé la liberté du commerce; la spéculation en use pour nous exploiter à merci. Travailleurs ! consommateurs ! ne cherchons pas ailleurs que dans la liberté le moyen d’améliorer les conditions de notre existence. L’association libre, en multipliant nos forces nous permet de nous affranchir de tous ces intermédiaires parasites (...). Associons nous donc, non seulement pour défendre notre salaire, mais encore, mais surtout pour la défense de notre nourriture quotidienne». (Eugène Varlin. Pratique militante et écrits d’un ouvrier communard, présenté par Paule Lejeune, L’Harmattan 2002, p. 34)

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Nous recherchons des contacts dans le milieu agricole afin de nous fournir en denrées pour le premier repas de La marmite le 13 juin, et espérons que nous aurons besoin de ces mêmes agriculteurs de manière quotidienne, si La marmite d’Eugène voit le jour. Nous avons également besoin de connaître les avis avisés de cuisiniers professionnels sur ce projet, et savoir si certains seraient intéressés par une collaboration dans un premier temps ponctuelle pour ce 1er repas.

La marmitte d’Eugène

Compte rendu du voyage en Lituanie de décembre 2008 (réseau Urgenci) Par Jean-Louis Colas & Sylvie Mieussens-Bonnaud. Mercredi, nous sommes arrivés vers 15 heures. Nous avons été accueillis par Alvita Armanaviciene, présidente de la Fédération lituanienne des consommateurs qui avait établi pour nous un programme très précis et bien rempli. La Fédération des consommateurs et/ou le Ministère de l’Agriculture avaient organisé autour de notre venue plusieurs rendez-vous dans les institutions. Le soir de notre arrivée, nous avons pu rencontrer Mathieu Vattan, un Français établi en Lituanie depuis plusieurs années qui nous a un peu raconté ce qu’est la vie dans son pays d’adoption et ce qui se déroule au Café de Paris, café qui jouxte le Centre Culturel Français dans la capitale. C’est là que sont, entre autres choses, organisées des rencontres entre des producteurs et des consommateurs avec un principe de ventes un dimanche sur deux, le matin. Jeudi matin, nous avons participé à un séminaire au Ministère de l’Agriculture. Étaient présents notamment : le Ministre de l’Agriculture, un représentant du Ministère de la Santé, une attachée Parlementaire, un représentant de la direction du service d’hygiène et service vétérinaire, un représentant de TATULA (structure qui a mis en place l’agriculture biologique dans une région écologiquement sensible), des représentants du mouvement VIVA SOL (dont Julija Smiskal, présidente du mouvement), le fondateur de l’association Alvita Armanaviciene (Valdas Kavaliauskas), la présidente de la Fédération lituanienne des consommateurs. Ce séminaire était l’occasion de parler de l’expérience de TATULA qui existe depuis vingt ans et de celle VIVA SOL qui existe depuis trois ans. Nous avons également expliqué le fonctionnement des AMAP en France. Nous avons eu une bonne écoute, mais le débat est reparti assez vite sur les marchés et leur mise en place dans les grandes villes, solution que les producteurs et le Ministère tentent de mettre en place actuellement, et qui pourrait être tout à fait complété par la création d’AMAP. Par ailleurs, notre exposé portait essentiellement sur la production maraîchère,

Ferme de Mindaugas et Genute Sakalauskai à Ukmergé.

or la priorité semble être de soutenir la production laitière et la transformation du lait. L’après-midi nous avons participé à une conférence de la Chambre de l’Agriculture à Kaunas (deuxième ville de Lituanie) où le projet Turgulis (marché locaux) était présenté par Mindaugas Maciulevicius. Nous avons parlé de notre expérience, il y a eu beaucoup de questions de la part des agriculteurs sur la façon dont fonctionnent les AMAP, était présent un représentant des petits producteurs qui a dû cesser sa propre exploitation par défaut d’une rentabilité suffisante à sa survie. Un des membres de la Chambre d’Agriculture a émis un avis critique sur les services vétérinaires, souhaitant que ces services travaillent avec les agriculteurs plutôt que des missions de contrôle. Il a été fait état et il y a eu étonnement sur la liberté que nous avons en France de pouvoir nous lier directement entre producteur et consommateurs dans le cadre des AMAP. Les gens semblent aussi très craintifs par rapport aux missions de contrôle des services de l’Etat, notamment quand nous avons parlé du fait que les Amapiens viennent donner des coups de main sur nos fermes. Après nous avons fait un passage bref au dîner de la Chambre d’Agriculture et avons pu discuter plus longuement avec Mindaugas Maciulevicius du projet Turgulis orienté sur la mise en place de marchés. Nous avons ensuite rejoint, comme prévu initialement, pour la fin de soirée deux membres de VIVA SOL : Julija qui en est la présidente et qui a aussi créé un café restaurant dans un quartier d’habitation de Vilnius où les plats proposés sont faits exclusivement à partir de produits locaux cultivés par de petits producteurs et Audrius Jokubauskas, jeune agriculteur en cours d’installation. Le concept des AMAP les intéresse beaucoup mais ils ne voient pas exactement quelle forme cela pourrait avoir en Lituanie. Le problème semble être de sensibiliser les consommateurs qui sont attirés par les supermarchés qui se développent très vite depuis dix ans. La Lituanie est sortie du régime soviétique en 1991, soit depuis 17 ans seulement et la diversité des produits proposés dans les magasins pleins de marchandises empêche toute réflexion sur la qualité des produits exposés. « Les pommes pourrissent dans les champs et les supermarchés proposent des fruits importés. » nous indique un producteur. La Pologne voisine est un très gros fournisseur de produits agricoles, alors que plus de 50% de la surface en Lituanie est en friches, suite à la déprise agricole consécutive à l’effondrement du système Soviétique. En décembre et sous cette latitude, nous avions des tomates proposées à tous les repas.

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Terre de liens mobilise la société civile pour installer des paysans Aujourd’hui, acheter des terres pour un paysan, c’est s’endetter sur plusieurs générations. La spéculation foncière empêche les agriculteurs de s’installer ou de transmettre leur ferme. En conséquence : - près de 200 fermes disparaissent chaque semaine en France, souvent au profit des plus grosses exploitations ; - 160 ha de terre sont artificialisés chaque jour. En 10 ans, l’équivalent d’un département français de taille moyenne a été soustrait à l’agriculture, à la forêt et aux espaces naturels ; le prix de la terre ne cesse d’augmenter et rend difficile l’accès au foncier pour des candidats à l’installation ; - seulement 2% de la SAU sont cultivés en bio en France alors que l’objectif du Grenelle de l’environnement est de 20% en 2020 ! Nous avons pourtant besoin de paysans, plus nombreux, plus proches de nous et plus respectueux de l’environnement, de notre santé et de nos paysages ! La Foncière Terre de liens, créée en 2006 par l’association Terre de liens et la Société financière de la Nef, est une initiative utile et efficace. Elle fait appel à chacun d’entre nous pour prendre ensemble notre part de responsabilité dans l’avenir de nos campagnes, de notre agriculture et de notre alimentation. La Foncière collecte de l’épargne auprès des personnes physiques et morales pour acquérir du foncier agricole. Propriétaire de ces terres, elle les loue, via des baux ruraux environnementaux, à des hommes et des femmes qui pratiquent une agriculture paysanne, biologique ou biodynamique. Avec votre épargne, la Foncière Terre de liens : sort les terres agricoles de la spéculation foncière aide les agriculteurs à s’installer en leur enlevant le poids du foncier encourage le développement de l’agriculture bio en France donne la possibilité aux citoyens de participer concrètement à l’achat de foncier pour maintenir ou installer des paysans. Votre épargne est utile, donnez lui du sens ! La Foncière Terre de liens procède actuellement à un appel public à l’épargne. Cet APE est une opération de collecte nationale

d’épargne solidaire. L’objectif est de collecter 3 millions d’euros d’ici avril 2009 pour soutenir une quinzaine de projets. Loin des dérives de la finance spéculative, vous pouvez investir de manière concrète, responsable et solidaire en plaçant une partie de votre épargne au profit de l’installation d’agriculteurs bio partout en France. Vous pouvez choisir de dédier cet investissement à une région précise, à un projet particulier ou faire confiance à l’expertise de la Foncière Terre de liens dans le choix de l’attribution de vos actions. Souscrivez à la foncière ! En prenant part dans la Foncière, vous contribuez à rendre nos campagnes plus vivantes! La Foncière Terre de liens est agréée « entreprise solidaire » par l’Etat et est labellisée Finansol. Actuellement, la Foncière Terre de liens, avec près de 350 actionnaires, a collecté 1,4 million d’euros et a procédé à 9 acquisitions sur la France. Une dizaine d’autres projets sont à l’étude. Une action de la Foncière vaut 100 €. Remplir et renvoyer le bulletin de souscription. La souscription ouvre droit à des réductions fiscales. Infos : Foncière Terre de Liens - 10, rue Archinard - 26400 Crest - France - www.terredeliens.org Tel : +33 (0)9 70 20 31 09 (coût d’un appel local) Fax : +33 (0)9 59 95 07 37 - fonciere@terredeliens.org

Un œil sur la terre Le navet

Par Véronique Legendre, Amap Saint Fiacre (Essonne) Plante herbacée bisannuelle à fleurs jaunes, de la famille des crucifères (ou brassicacées) comme le rutabaga, le chou, le radis et le colza, le navet (Brassica napus, var. rapa) est originaire d’Europe. C’est sa racine charnue qui est consommée comme légume. Selon l’espèce, elle est sphérique, allongée, ou plate. Elle est de couleur blanche, bicolore rose-blanc, jaune pâle ou noire. Il en existe plus d’une trentaine d’espèces. Supplanté par la pomme de terre au 18ème siècle, le navet est consommé depuis la préhistoire. C’est le légume national de l’Écosse. Le Royaume-Uni en est le premier producteur en Europe de l’Ouest, avant la France, l’Italie et l’Irlande. En France, il est surtout cultivé dans la Vallée du Rhône, le Centre-Ouest, la Basse-Normandie et le Nord. Le Français n’en consomme pas plus d’un kilo par an. Le terme de navet est également employé pour désigner un mauvais film. Ses vertus. Au début du 17ème siècle, on a dit du navet que «... par suite de la force de pénétration qui lui est naturelle, (il) fait uriner, favorise le sommeil, réchauffe le coeur, combat la mélancolie, guérit les fièvres quartes, calme les maux de dents... chasse l’odeur fétide des aisselles !». On a également prêté au navet des propriétés pectorales. Riche en eau, d’un apport énergétique modéré, il est riche en potassium, en calcium et en phosphore. Le sodium qu’il contient en quantité assez importante en limite la

consommation dans le cadre d’un régime désodé. Sa culture. Semis en plein air de juin à octobre. On peut avoir des navets d’été en semant les variétés hâtives de février à avril. Cette plante aime les terrains humides, souples, légers, exposés au soleil, et réclame peu d’engrais. Elle craint les terrains calcaires La récolte a lieu de juin en juillet pour les navets hâtifs semés au printemps, et en automne et en hiver pour les autres. On arrache généralement les navets avant les gelées et on les conserve en coupant préalablement le collet et en les abritant du froid et de l’humidité.

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Episode de froid de janvier 2009 : quelles conséquences pour les mariachers ?

Cécile CHAPUT, conseillère en production maraîchère et biologique, Chambre d’Agriculture Interdépartementale d’Ile-de-France Les premiers jours de 2009 ont été rudes, avec une température moyenne en deçà de – 10°C, voire jusqu’à – 17°C en plaine ! Certes, de telles températures ne sont pas si exceptionnelles en cette saison, mais elles sont tout de même inhabituelles dans la région, où le climat hivernal reste aux alentours de - 5°C en général. Un froid de cette nature a évidemment une incidence sur les cultures. Certains légumes d’hiver, sur lesquels les maraîchers comptaient pour remplir les paniers, ne sont plus commercialisables. En effet, beaucoup de cultures laissées au champ ont gelé. Les choux de milan ont été les premiers produits touchés. Certaines variétés de carottes, un peu moins tolérantes au froid, ne peuvent plus être distribuées. Les salades qui étaient arrivées à maturité ont brûlé sur les pommes et ne peuvent se retrouver dans les paniers. Le froid est aussi responsable des marques sur l’épiderme des betteraves… Et

même s’il est encore trop tôt pour le savoir, il est fort possible que le gel ait détruit certaines plantations d’artichauts. Mais il existe des légumes qui sont plus savoureux avec le froid, comme le panais, qui devient plus sucré ! Espérons néanmoins que le climat de ce mois de janvier 2009 permette de détruire un nombre important d’insectes ravageurs comme le pucerons ! Normalement, des températures en dessous de – 7°C / - 10°C, pendant au moins 3 jours consécutifs, augmentent de façon considérable le taux de mortalité des insectes et des gastéropodes. Ne l’oublions pas, les limaces, tout comme les rongeurs, sont, tout autant que les insectes, des ennemis des cultures. Les premiers jours de 2009 permettront peut être aux maraîchers de ne pas subir de si fortes attaques de ravageurs que nous avons connues en 2007 et 2008.

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Cultivons notre jardin « Après nous le déluge ? » Un livre de Jean-Marie PELT et Gilles-Éric SERALINI par Stéphane Thiers, AMAP des Feuillantines (Paris, 5ème). Le monde ne tourne pas bien rond, c’est le moins que l’on puisse dire, à tel point que les êtres humains, animaux dotés de quelques facultés intellectuelles supplémentaires par rapport aux autres êtres vivants, sont en train de le détruire, petit bout par petit bout. Les biologistes qui ont écrit ce livre le constatent à travers leurs observations scientifiques : la diversité biologique, richesse incroyable pour la vie, est en train de se réduire comme peau de chagrin. Nous assistons littéralement à une phase d’extinction des espèces. L’homme est à l’origine de ces destructions : la surexploitation des terres, la déforestation et les pollutions multiples de l’air, de l’eau, des sols qui constituent les authentiques richesses de notre planète. Les êtres humains n’ont pas consciences que ces différentes atteintes à la nature dont ils sont responsable mettent en péril leur propre avenir. Et là aussi les faits sont là : cancers, maladies de toute sorte, infertilité,... Les pesticides, les métaux lourds, les plastiques déversés dans l’environnement par l’industrie se concentrent petit à petit dans la chaîne alimentaire à tel point

que l’on en retrouve même dans le sang des parlementaires européens ou des nourrissons ! À travers ce petit livre, les auteurs dressent un bilan synthétique de l’état des lieux et tirent la sonnette d’alarme. Ils rappellent aussi aux citoyens et aux élus les moyens qu’ils ont de changer de comportement pour arrêter ce massacre et aux scientifiques leurs devoirs vis-à-vis de la société.

« L’émergence des AMAP en France », mémoire de sociologie Par Magali Zimmer D’où vient ce terme d’ « Alliance » qui a disparu du nom du réseau des AMAP d’Ile de France mais qui sert toujours à désigner les autres réseaux (tels qu’ « Alliance Provence » et « Alliance Rhône-Alpes »)? Et l’agriculture paysanne, que désigne-t-elle précisément et comment ce projet s’est-il construit ? Ce mémoire (prochainement en ligne sur le site du réseau) nous invite à une reconstitution historique des recompositions successives du champ politique agricole français qui voit notamment l’apparition d’Alliance Paysans-Ecologistes-Consommateurs en 1991. Le développement des AMAP est ainsi mis en relation avec les recompositions du champ syndical agricole français. Partant d’un positionnement exclusivement corporatiste, celui-ci en est venu à élargir progressivement son champ de revendication et d’action. C’est ainsi qu’apparait une nouvelle forme de solidarité dirigée non plus vers l’ensemble des paysans, mais plutôt vers l’ « out-group », ce qui conduit les paysans à mener des luttes communes avec les citadins. Une partie du syndicalisme agricole français est amené à prendre en compte les préoccupations propres au courant écologiste, qui tout en partant d’une réflexion autour d’une recherche accrue d’autonomie aboutit à une critique du productivisme. Ces modifications des thématiques et des formes d’actions développées par le syndicalisme agricole français aboutissent à la création d’Alliance Paysans-Ecologistes-Consommateurs (Alliance PEC) en 1991 qui portera le projet de développement des AMAP à partir de 2001. L’apparition des AMAP en France apparait alors comme constituant la dernière ramification d’Alliance PEC, elle-même crée à l’initiative de la Confédération Paysanne, qui a vu le jour en 1987. C’est au sein de la Confédération paysanne que mûrit progressivement le projet d’agriculture paysanne qui apparaît en contre-point de l’agriculture productiviste. La Confé-

dération paysanne s’inscrit elle-même dans le prolongement du courant des Paysans-Travailleurs qui émerge en réaction aux thèses défendues par le syndicalisme majoritaire dans les années 1970. On voit bien que l’émergence des AMAP prend son essor à la suite d’une recomposition du champ syndical agricole français qui s’ouvre progressivement aux préoccupations des citadins. Ce mémoire tente de mettre en évidence le travail d’information et de mise en relation d’acteurs réalisé par Alliance PEC de 1991 à 2001. Par ailleurs plutôt que d’insister sur les facteurs externes ayant favorisés le développement des AMAP en France, tels que les risques alimentaires (avec notamment les deux crises sanitaires de la « maladie de la vache folle » en 1996 et en 2000), cette étude se focalise sur la dynamique propre aux mouvements sociaux en s’intéressant au champ mutli-organisationnel dans lequel apparaît une initiative solidaire particulière, suivant en cela la méthode initiée par E. Agrikoliansky et I. Sommier2. Cette approche tente ainsi de mettre en valeur la dimension politique des AMAP, ces dernières étant souvent réduites à la simple recherche d’une plus grande sécurité alimentaire pour un groupe d’individus soucieux de leur santé.

2) Agrikoliansky E., Fillieule O., Mayer N., (2005), L’Atlermondialisme en France. La longue histoire d’une nouvelle cause, Flammarion. Sommier I., Filliieule O., Agrikoliansky E. (2008), Généalogie des mouvements altermondialistes en Europe. Une perspective comparée, Editions Karthala.

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Trois nouvelles parutions : - en décembre 2008 :

« Les intermittents du bio» : Pour une sociologie pragmatique des choix alimentaires émergents de Claire Lamine, Maison des sciences de l’homme.

- en janvier 2009 :

« OGM » : Tout s’explique » de Christian Vélo, Editions Gouttes de sable

- en février 2009 :

« AMAP » : Replaçons l’alimentation au coeur de nos sociétés » de Stéphane Girou et Maud David-Leroy aux Editions Dangles.

Portrait Portrait de Sylvain Laigniez, « notre » producteur. Nadège Lascols, Les Paniers de l’Atelier, Elancourt, dans les Yvelines, en province... Notre Amap se remettait tout doucement d’une fort mauvaise expérience avec un maraîcher qui n’était pas en bio mais nous a dit au départ bien vouloir aller vers le bio, puis qui s’est vite avéré ne pas être correct. Le bio, ça le faisait ricaner ; il n’avait en fait pas du tout envie de se reconvertir et il a fini par nous jeter. Quelques semaines plus tard, j’ai pensé à l’Amap de Noisy le roi, voisine, qui a un producteur sympa. je les contacte, et coup de chance : il va s’agrandir et veut bien bosser avec nous. Nous avions mangé notre pain noir ; il est un vrai jeune maraîcher, il est en bio, il est ouvert au dialogue, il assiste aux distributions une fois sur deux (un mercredi à Noisy, l’autre chez nous), il est très correct, géant timide, patient, ne se lassant pas de raconter son travail, répondant à toutes les questions, ouvert aux demandes pour les saisons suivantes. Il ose à peine nous demander de l’aide pour monter des serres, ce que nous faisons de bon coeur (à pas beaucoup car plusieurs étaient malades le jour J, ou se sont «dégonflés» au dernier moment devant un temps... incertain) Au bout de quelques mois d’une collaboration agréable, voilà l’été pourri, ses champs sont noyés ; c’est du cresson qu’il aurait fallu faire, pas des tomates ! et toutes ses plantations

pourrissent. C’est avec une grande joie que nous avons joué la carte de la solidarité, c’était tout à fait normal pour tous les adhérents. Il nous a confié plus tard que sans nos paiements réguliers il aurait mis la clé sous la porte, nous fûmes encore plus contents de l’avoir aidé. A cette époque, il vivait dans une caravane et l’argent qui lui restait après avoir payé ses charges, servait à lui payer ses cigarettes ! Mais l’horizon finit par s’éclaircir, un agriculteur bio vient le voir, lui dit : tu vas laisser ces terres, elles sont nulles (et c’est bien vrai), viens, je te passe quelques hectares, tu choisis. Et le voilà le pied sur l’étrier ! Nouvelles terres, nouvelle vie, tout va bien. Le démarrage fut difficile car les jeunes plants avaient aussi pourri, après une petite interruption, et à nouveau de la solidarité, la saison suivante fut bonne pour la première fois, mais pas la dernière. Alors, pour nous remercier de notre solidarité passée, Sylvain nous a apporté chaque mercredi des paniers superbes, débordants d’excellents légumes ; les intermittents n’en revenaient pas : vous avez tout ça pour quinze euros ? Il faut dire que nous avons eu jusqu’à quatre kg de tomates, un régal ! Aujourd’hui il s’associe avec un jeune maraîcher, tout aussi

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sympa que lui, en moins timide, il prend une Amap de plus, que nous créons en soeur jumelle à la nôtre. Pour terminer, un conseil : ne dites jamais du mal de Sylvain

Agenda

Laigniez, c’est toute l’Amap des paniers de l’atelier qui vous tomberait dessus, et peut-être aussi celle de Noisy !

Sylvain LAIGNIEZ, maraîcher.

(pour plus de détail, consultez notre site : http://amap-idf.org/) Vie du réseau : • 17 février à 19h dans les locaux : soirée d’accueil et d’information pour créateurs de groupes en AMAP (inscription péalable nécessaire). • 18 février : deuxième réunion du groupe ‘Circuits courts’ créée récemment par le Ministère de l’Agriculture, auquel participe le Réseau. • 21 février à 19h : Repas de soutien aux Faucheurs à la Rotisserie. Repas de soutien aux Faucheurs volontaire d’OGM organisé par l’Amap les Patates douz’ à La Rotisserie (4, rue Sainte-Marthe, 10ème, M° Colonel Fabien). • 25 février à 19h dans les locaux : lancement du groupe de préparation de la Fête de AMAP IdF 2009. • 25 février ou 3 mars à 19h dans les locaux (date exacte à confirmer) : première réunion des personnes intéressées pour parrainer des groupes ou des producteurs en Amap (création, difficultés de partenariat…) • 27 février à 19h dans les locaux : lancement du groupe de travail ‘Sciences citoyennes’ (lien entre Amap et recherche) • 15 mars toute la journée : AG du réseau des AMP Idf (lieu à déterminer) • 21-22 mars, Paris : rencontre inter-régionale AMAP • 24 mars, 19h dans les locaux : soirée d’accueil et d’information pour les créateurs de groupes en AMAP (inscription nécessaire) • Pendant tout le printemps : «Printemps des AMAP» dans toute la France, avec conférence de presse de lancement le 20 mars. • En décembre 2009 : Colloque MIRAMAP

Autres dates importantes : • Les 13, 14 et 15 février : GRAND MARCHÉ BIO et NATURE à Versailles Avenue de St-Cloud, plusieurs exposants offriront une dégustation de leurs produits, conférences, animations et concerts sont prévus...! • 21 février : Journée de solidarité avec les centres de communication

Conception / Réalisation - jean luc Monié - Versailles 01 39 02 28 00

autonome zapatistes. Depuis près de onze ans maintenant, les communautés zapatistes se sont appropriés les moyens de communication audiovisuelle. Aujourd’hui près de vingt-quatre films, diffusés internationalement, ont été réalisés par des paysans zapatistes. Aujourd’hui, ils rencontrent des problèmes de financement, cette journée du 21 février est là pour les soutenir. De 17h à 22h00 au 33, rue des Vignoles (Paris, 20ème, métro Avron). • 20 mars : Colloque « La politique peut-elle sauver l’espèce humaine ? Le défi écologique ». organisé par l’Institut Hannah Arendt de l’université Paris-Est. Ce colloque aura lieu à l’académie des sciences morales et politiques quai de Conti à Paris de 8h45 à 17h30. • Du 20 au 30 mars : 4ème Semaine pour une Alternative aux Pesticides. La Semaine pour les alternatives aux pesticides nous donne l’opportunité de faire connaître vos actions en faveur des alternatives durables à l’utilisation des pesticides, respectueuses de l’homme et de l’environnement. Si vous souhaitez prendre part à cet événement et avoir plus d’informations. Contacter : Gabriele Oteri par mail à semainesanspesticide@free.fr ou par téléphone au 01 45 79 07 59 • 17 avril : Journée internationale des luttes paysannes. Ensemble pour les droits des paysans et des paysannes! Depuis 1996, le 17 avril a été déclaré par La Via Campesina « journée internationale des luttes paysannes ». Cette journée commémore le massacre par la police brésilienne de 19 paysans du mouvement des sans terres alors qu’ils s’étaient mobilisés pour obtenir des terres. La Via Campesina appelle toutes ses organisations membres, ses amis et alliés à s’unir en ce 17 avril, pour les droits des paysans et des paysannes (droit d’accès à la terre, aux semences, à l’eau etc). Vous pouvez organiser des manifestations, des débats publiques, une projection de film, un marché de produits paysans, une fête, une action, des concours de chansons etc. Pour donner une unité à nos actions, inscrivez-vous sur la liste de diffusion du 17 avril en envoyant un message « blanc » à : http:// viacampesina.net/mailman/listinfo/via.17april_viacampesina.net.

© Photos :

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