La Baleine 149 : Banques françaises et réchauffement, les affaires continuent

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Le courrier de 149

Depuis 1971 • mars 2007 • 3,20 €

DOSSIER SPÉCIAL

Banques françaises :

Réchauffement, les affaires continuent ET AUSSI . . . Carnet de notes des candidats : un trimestre médiocre « 5 minutes de répit pour la planète » : trois millions de foyers éteints ! REACH : un Règlement à responsabilité limitée En Uruguay, le Crédit Agricole trahit ses rares principes

www.amisdelaterre.org


Édito Climat : la responsabilité cruciale des banques L

a finance est un pouvoir majeur du monde contemporain. Les banques françaises sont aujourd’hui parmi les plus puissantes et les plus riches du monde. Omniprésentes, elles financent tous les secteurs, ignorant, ou peu s'en faut, les impacts environnementaux et sociaux. Elles financent ainsi dix fois plus les énergies fossiles que les énergies renouvelables, et les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les projets qu’elles financent représentent 3,2 fois les émissions totales de la France. Les Amis de la Terre lancent la deuxième phase de la campagne sur les banques et l’environnement, une première en France. Face à l’urgence climatique et énergétique, nous ne pouvons plus attendre. La pression que nous exerçons

déjà doit être renforcée, afin que les banques mettent concrètement en place des politiques sectorielles à la hauteur des enjeux. BNP-Paribas, Crédit Agricole et Société Générale financent régulièrement des projets parmi les plus controversés au monde et continueront d'être nos cibles prioritaires. Après avoir rappelé le mode de fonctionnement des banques comme le poids mondial des groupes français, le Courrier de la Baleine fait un premier bilan de la campagne démarrée en 2005 : quels résultats ? Mais il présente aussi la suite, annonce la publication d’un nouveau rapport d'analyse et d’un guide éco-citoyen sur les banques, joint à ce numéro. Nous rappelons aussi qu'au niveau international, certaines

banques prennent des engagements réels pour l'environnement. Deux témoignages, ceux d'une grande banque internationale et d'une petite structure alternative, nous font part de leur point de vue. Nous donnons enfin notre avis sur Livret de Développement Durable annoncé en grande pompe par le Premier Ministre, avant de jeter un regard sur la campagne des Amis de la Terre États-Unis sur les entreprises côtées en bourse. Chacun peut agir en utilisant la lettre-pétition du guide éco-citoyen, pour exiger des banques qu'elles assument leurs responsabilités en finançant les activités soutenables. ■ Joo Zimmermann

Enquête sur Assemblée fédérale 2007 le Courrier de la Baleine L es Amis de la Terre Montreuil accueillent cette année l’Assemblée Fédérale des Amis de la Terre France, les 12 et 13 mai. Trois temps forts sont prévus : d’abord l'adoption de notre plan stratégique 2007-2012, qui déterminera les grandes orientations de l'association. Il s'est construit collectivement avec les apports des groupes locaux. Il rassemblera des enjeux externes auxquels notre société est confrontée, les réponses des Amis de la Terre pour y faire face et les enjeux internes en terme de développement pour notre réseau. Ensuite, un débat sur la question des relations avec les entreprises. Enfin, les groupes locaux seront invités à présenter un projet ou une action sur lesquels ils se sont mobilisés cette année (avec photos, brochures...). L’Assemblée est le lieu privilégié de notre démocratie interne. Tous les adhérents sont vive■ ment invités à y participer. Anne Castelain

Le Courrier de la

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Merci beaucoup pour vos réponses N

ous remercions les nombreux lecteurs qui ont répondu au questionnaire joint au n°148. Bien que devant encore être analysées plus finement, les réponses montrent un attachement fort pour la formule actuelle. La vision engagée, globale et non uniquement environnementale est appréciée, tout comme le caractère associatif et les pages locales. Le relais vers l'action des Amis de la Terre est plébiscité. De nombreuses personnes diffusent la Baleine autour d'elles et beaucoup jugent la Baleine complémentaire d'autres publications spécialisées. Le Courrier de la Baleine est jugé lisible bien que sa maquette soit pour beaucoup de lecteurs confuse et rigide. Les informations sont jugées sérieuses et indépendantes. Les lecteurs apprécient d'y trouver l'opinion des Amis de la Terre. Les souhaits exprimés diffèrent

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selon les lecteurs. Certains désireraient des analyses plus poussées et plus politiques ; d'autres souhaiteraient des sujets environnementaux concernant la France et l'Europe, des avancées et des innovations positives, des aspects concrets et juridiques. Les demandes mettent en avant la consommation citoyenne, les énergies renouvelables, les pollutions, l'agriculture, la biodiversité et la décroissance.

Nouvelle formule en préparation pour 2008 Nous sommes très heureux de ces réponses, qui permettront d'affiner la nouvelle formule qui devrait sortir en 2008. Les adhérents pourront lire dans Nous Autres un article plus long sur les résultats de l'enquête, et il est possible de les demander à la rédaction qui reste à l'écoute des remarques et suggestions. ■ La rédaction


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Des entreprises pas comme les autres

Un intermédiaire au cœur du système Dans nos sociétés hautement financiarisées, les services bancaires occupent une place incontournable. Pour de très nombreux paiements, il faut recourir aux virements, chèques ou cartes bancaires. Ainsi, en France, où les ménages sont parmi les plus bancarisés d'Europe, il n’est pas possible de percevoir des prestations sociales ou un salaire sans compte bancaire.

Prêter, emprunter, gérer : le métier du banquier D'une certaine façon, les banques vendent de l'argent. Les fonds déposés sur les comptes chèques, comptes épargne, etc., servent communément de contrepartie aux prêts commerciaux et industriels ; mais les banques utilisent aussi l’argent déposé pour investir dans des actions d’autres entreprises ou dans des actifs immobilisés (biens réels tels que centres commerciaux, bureaux, etc.). Leurs marges proviennent de la différence entre les taux d’intérêts versés aux clients dépositaires et ceux payés par les clients emprunteurs sur les prêts accordés, les seconds étant bien évidemment supérieurs aux premiers. La banque, au sens traditionnel du terme, n’existe plus. Depuis une vingtaine

d’années, les banques se sont très largement diversifiées et les nouveaux marchés sur lesquels elles opèrent sont très différents les uns des autres en termes de risques, de rentabilité, etc.

Un secteur qui s'est beaucoup diversifié La banque de détail collecte et prête toujours auprès des particuliers. Traditionnellement, elle dégageait presque tous ses profits de ce secteur. Deux nouveaux métiers s'y sont ajoutés : les filiales de financement et d’investissement (ou « d'affaires ») prêtent aux grandes entreprises et financent de grands projets. La gestion d’actif consiste, elle, à faire fructifier des portefeuilles confiés par des investisseurs en tout genre (en utilisant pour cela actions, FCP, SICAV, et autres produits financiers). Les revenus prove- nant des métiers de gestion d’actifs et d’investissement ont nettement augmenté, et représentent jusqu’à la moitié des revenus bancaires, car, en France, la plupart des banques regroupent les trois métiers. Cette activité paye, puisque les banques françaises gèrent un actif total de 4 400 milliards d’euros, soit 2,7 fois le Produit

Intérieur Brut (PIB) de la France. Le secteur bancaire français représente entre 3 et 4% du PIB, et est le deuxième employeur privé, avec plus de 400 000 salariés. Très concentré, le secteur est polarisé autour de sept grands groupes qui, ensemble, détiennent plus de 90 % des parts de marché. Mis à part quelques initiatives isolées, les banques ignorent toujours les droits de l'Homme et l'environnement. ■ Déborah Lambert-Perez 100 €

90 € 10 €

81 € 9€

Explications sur l'activité bancaire : Un dépôt de 100 € dans une banque dont le taux de réserve est de 10 % signifie que 90 € seront réinjectés dans l'économie (prêts, achats de biens et servies ...). Ils finissent généralement en dépôt dans une autre banque, qui peut à son tour prêter 81 € (10 % soit 9 € sont placés en réserve), et le cycle se poursuit.

Les groupes mondiaux des banques françaises

Intriqués avec les plus grands pollueurs C

omptant d'anciens groupes nationalisés, les banques, en France, ne sont pas précisément des PME. BNP Paribas est 14ème au niveau mondial. La Société Générale est 20ème, et Daniel Bouton, son PDG demandait d'ailleurs au journal Le Monde daté du 15 février 2007 : « Quel est le pays qui peut se vanter de posséder (…) un champion de la banque de détail (Le Crédit Agricole Calyon), l'une des plus fortes capitalisations boursières européennes (BNP Paribas) et l'une des entreprises les plus performantes (Société Générale) ? ». Ces établissements contribuent largement à la puissance financière de la France sur les marchés internationaux. Comme leurs sœurs asiatiques - le pouvoir du géant chinois ICBC est grandissant - elles gagnent du terrain sur les établissements américains.

Excellente santé des banques françaises Les profits sont en hausse. BNP Paribas a dégagé 7,3 milliards d'euros de profit et la Société Générale 5,2 milliards, soit

un doublement sur sept ans pour la première et sur trois ans pour la seconde. Elles se sont mondialisées, réalisant environ la moitié de leur Chiffre d'Affaires à l'étranger, et leur envergure ne cesse de croître. Les trois groupes français investissent dans des achats à l'étranger. BNP a des positions solides dans l'Ouest et le Centre américain et s'est récemment renforcé en Italie. La Société Générale a pris pied dans l'Europe centrale et de l'Est, et le Crédit Agricole, en Grèce et en Italie.

Une formule gagnantgagnant, abritée sous le voile de la concurrence L'État n'y voit que des avantages, notamment en termes fiscaux. Ces géants offrent des financements pour les projets internationaux des entreprises clientes des banques françaises, parmi lesquelles les activités industrielles, extractives ou autres, des grandes multinationales de notre pays -

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mais aussi de clients moins connus. Un responsable du Crédit Agricole expliquait ainsi récemment aux Amis de la Terre qu'il était très difficile de refuser un crédit à Total sur un projet catastrophique pour l'environnement, car un tel client, qui sollicite des demandes de crédit en tous genres auprès de son partenaire de longue date, ne se refuse pas. Quant au projet Botnia, le Crédit Agricole a déclaré in petto qu’il était mauvais, mais que le refuser serait revenu à faire une croix sur le marché scandinave. On voit de quelle façon les logiques se renforcent. L'intérêt est double pour les détenteurs de capitaux en France, puisque les intérêts des dividendes versés par les banques s'ajoutent aux dividendes versés aux actionnaires des firmes. ■

Le Courrier de la

Laurent Hutinet

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Responsabilités climatiques des banques

Faire monter la pression d'un cran L’

urgence climatique et énergétique nécessite de la part des banques des réponses à la hauteur. En 2005, les Amis de la Terre, soutenus par 34 associations, syndicats et organisations de finances solidaires, lançaient la campagne « Banques françaises : épargnez le climat ! », première campagne en France sur les banques et l'environnement. Un an et demi après, c'est un succès. La deuxième phase, plus ambitieuse, est lancée.

Premiers résultats concrets Fin 2005, seule une caisse régionale des Banques Populaires proposait un prêt attractif aux particuliers pour la rénovation écologique de l'habitat, deuxième secteur émetteur de gaz à effet de serre en France. Fin 2006, presque tous les grands réseaux bancaires ainsi que la NEF et le Crédit Coopératif, proposent ou préparent un prêt équivalent. Il y a souvent un cancre : en la matière, c'est BNP-Paribas qui continue à parler de « gadget » alors que le gouvernement rend le prêt obligatoire en 2007, avec la création du Livret de Développement Durable (voir p.6). Deux autres aspects se sont améliorés : la transparence de l'impact des activités des banques sur l'environnement et la comptabilisation de leurs impacts directs (transports, consommation d’énergie, bâtiments et matériels).

Il reste cependant un travail énorme pour que ces avancées se généralisent et se poursuivent, y compris dans l'ensemble des caisses régionales et locales. Des programmes massifs de formation et de sensibilisation dignes de ce nom doivent encore être mis en place par les banques.

Secteurs sensibles : les plus grandes font la sourde oreille Une demande majeure de la campagne n’a pas encore abouti. Les banques impliquées dans le financement des secteurs à hauts risques environnementaux et sociaux (énergies fossiles, grands barrages, mines, infrastructures, etc.) doivent mettre en place des politiques sectorielles pour réduire les impacts. Ces politiques sectorielles doivent reprendre les conventions et meilleures pratiques internationales. Certaines banques y travaillent (HSBC, RoyaumeUni ; Dexia, franco-belge). D’autres, pourtant lourdement impliquées dans le financement de projets controversés, refusent encore d’y travailler : Crédit Agricole, BNPParibas et Société Générale. Elles restent donc nos cibles prioritaires !

« Environnement : comment choisir ma banque ? » et « Banques françaises, banques fossiles ? » La campagne passe à une deuxième étape en publiant simultanément deux documents. Le nouveau rapport d'analyse « Banques françaises, banques fossiles ? » établit l’absence de politiques climatiques et énergétiques crédibles. Les Amis de la Terre y détaillent l'état des lieux et proposent des solutions concrètes et immédiates. Le guide éco-citoyen « Environnement : comment choisir ma banque ? », accompagné de sa lettre-pétition, propose aux citoyens clients des banques des actions directes, en particulier en écrivant à leur banquier. Il s'agit autant de soutenir davantage les secteurs d’avenir : énergies renouvelables, isolation des bâtiments, éco-produits, etc., que d'arrêter progressivement de financer les énergies insoutenables, notamment fossiles. ■ Sébastien Godinot

La réponse d'une grande banque

« Les banques ne peuvent pas tout » M. Arnaud Berger, responsable Développement Durable du Groupe Banque Populaire, a été sollicité pour exprimer le point de vue d'une grande banque dans le Courrier de la Baleine. Les Amis de la Terre répondent à sa lettre. L'intégralité de l'échange figure sur le site internet : www.amisdelaterre.org « La Banque Populaire a été la première banque française à lancer des prêts écologiques et un livret d'épargne écologique (...). Si les Amis de la Terre sont bien dans leur rôle d'aiguillon et d'accélérateur de l'engagement des banques dans la lutte contre l'effet de serre, les relations avec les ONG écologistes sont trop souvent basées sur la contestation et la dénonciation, plutôt que sur l'accompagnement. Or les banques ne

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peuvent pas tout. Le développement de la finance verte repose essentiellement sur la demande du client. (...) Le secteur bancaire est un monde très réactif qui peut faire preuve d'innovations dans l'environnement si un signal fort vient de ses clients. » Un marché ne se crée pas seulement lorsque le client en fait la demande, mais, surtout, lorsque les banques proposent des produits. En 1990, les Banques Populaires ont bien lancé les premiers prêts écologiques, qui ont trouvé écho auprès des particuliers. Pourtant, ce n'est qu'à la suite de pressions des ONG que les banques se sont alignées et ont répondu à la demande, et ce, en un an seulement. Cela montre bien où se situe le signal. Les consommateurs sont extrêmement mécon-

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tents du manque de répondant de banques très conformistes. Ils cherchent à financer l'efficacité énergétique de leur habitat, veulent que leur banquier propose des conditions avantageuses pour acheter un véhicule propre, etc. Nous savons que les banques ne peuvent pas tout. C'est pourquoi les Amis de la Terre travaillent sur de très nombreux axes, à tous les niveaux, avec la société civile, agissant sur les pouvoirs publics. Les banques doivent néanmoins reconnaître leur fort pouvoir d'entraînement et leurs lourdes responsabilités. (…) Notre association continuera à proposer des solutions tout en dénonçant leurs actes lorsqu'ils sont inacceptables. ■ Les Amis de la Terre


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Des exemples de bonnes pratiques dans le monde Banque

Politique

Mesures ■

Reconnaît que le changement climatique représente des risques

S'engage à répondre aux problématiques du changement climatique et à mettre en place des objectifs en ce qui concerne leurs activités aussi bien que leurs opportunités d'investissement

Bank of America (États-Unis)

Politique globale et objectifs de réduction

Objectifs de réduction publics chiffrés des émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes

Engagement de réduire les émissions résultantes du financement des projets dans les secteurs de l'énergie de 7 % d'ici à 2008

La Nef (France)

Triodos (Pays-Bas)

Transparence totale des activités Gestion des impacts directs

JP Morgan Chase Politique de réduction (États-Unis)

Fannie Mae (États-Unis)

des risques Prêts aux particuliers

Publication du détail de tous les prêts effectués dans l'année

Secteurs non risqués : écologie, culture, social, agriculture

Utilisation de 100% d'électricité verte, technologies d'économie d'énergie

N'utilise que des voitures efficaces énergétiquement (en accord avec les Amis de la Terre - Pays-Bas)

Compensation des émissions : activités neutres au niveau carbone

S'engage à ne pas financer les projets d'industries extractives sur les sites classés Patrimoine Mondial de l’UNESCO

A créé l'Hypothèque Efficacité Energétique : les acheteurs de maisons efficaces énergétiquement sont avantagés, des conditions plus favorables sont proposées pour encourager les mesures d'efficacité énergétique.

La Nef, pionnier d'une autre finance

« L’argent peut devenir le nerf de la paix » Le Courrier de la Baleine : Jacky Blanc, vous présidez le direc toire de la Nouvelle Economie Fraternelle (Nef) depuis 6 ans. Qui en est à l'origine et quels ont été les principaux obstacles ? Bien que non destiné à être banquier, je t ra v a i l l e à l a N e f depuis 15 ans. J'en suis l'un des premiers sociétaires. La Nef s'est constituée en 1988 sur une base de militants autour des fondateurs Henri Nouyrit et JeanPierre Bideau. Nous avons réussi à rassembler les 7,5 millions de francs demandés alors pour fonder une société financière. C'est en quelque sorte un projet politique. Agents économiques, les citoyens veulent exercer leur pouvoir pour transformer la société. La Nef propose une autre manière de penser l'économie en y intégrant des valeurs fraternelles. Elle rend la finance solidaire en l'éclairant. Les sociétaires orientent leur épargne sur des projets d'agriculture biologique, d'énergies renouvelables, et à fortes composantes sociale et culturelle, car il faut d'abord donner à chacun la possibilité de s'enrichir sur le plan intellectuel. Exister à cette échelle est un défi énorme. La réglementation est la même

que pour les grands groupes qui font appel aux marchés financiers pour se financer. Les rémunérations proposées par notre coopérative sont peu attractives. C'est la société civile et le militantisme des sociétaires qui nous permettent d'exister. . LCB : Où en êtes vous aujourd'hui, quels sont vos objectifs ? Aujourd'hui, le capital de la Nef dépasse 10 millions d'euros pour un bilan de 130 millions. Plus de 250 nouveaux sociétaires arrivent chaque mois. Nous sommes administrateurs de la Fédération Européenne de finances et Banques Éthiques et Alternatives. Ensemble, nous avons créé des outils qui permettent d'accorder des prêts ayant des difficultés à trouver des garanties et d'aider des structures alternatives à se développer. Aujourd'hui nous n'avons pas la pleine capacité pour gérer toutes les opérations financières : nos sociétaires passent par le Crédit Coopératif pour ouvrir un compte. Cela augmente notre capacité à prêter mais n'est pas entièrement satisfaisant. L'objectif premier est de devenir une banque à part entière afin d'assumer la relation complète avec les sociétaires. La Nef est une goutte d'eau dans le monde bancaire. Changer de statut est très difficile, et évoluer en France en restant indépendant, quasiment impossible. Nous

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étudions avec les sociétaires la possibilité de constituer une banque européenne avec Banca Etica (Italie) et Fiar (Espagne). Nous travaillons à la constitution d'une charte commune définissant des objectifs et des valeurs. Nous ne le faisons pas par nécessité. C'est une chance. Les idées n'ont pas de frontières, elles rencontrent celles des autres. Nous sommes confiants et souhaitons être à la mesure des attentes des sociétaires et de ceux qui nous rejoindront. LCB : Pourquoi la France est-elle en retard ? Il existe des acteurs alternatifs en Europe depuis longtemps. Certains se sont développés très rapidement. Aux Pays-Bas, Triodos affiche un bilan de plus d'un milliard d'euros. La Nef est au niveau des scandinaves. Nous sommes en retard en finance, mais aussi en écologie en général. Certains freins sont techniques, d'autres culturels. En France, celui qui est différent est douteux. On préfère les choses institutionnelles. On nous a même pris pour une secte ! La culture du don, qui panse les plaies sociales, est beaucoup plus développée. Nous la respectons, mais la Nef propose de transformer les actes, d'orienter l'argent, de prêter différemment, pas de réparer les dégâts collatéraux. L'argent peut devenir le nerf de la paix. ■ Propos recueillis par Déborah Lambert-Perez

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Couche de vert sur le CODEVI

Le gouvernement manque le Livret Climat D

epuis le 1er janvier 2007, le CODEVI est transformé en « Livret de Développement Durable », dont le plafond passe de 4 500 à 6 000 euros. Les montants supplémentaires de ce produit d’épargne seront en partie affectés à des prêts en faveur des travaux d’économie d’énergie ou d’équipements d’énergies renouvelables dans les bâtiments anciens, pour les particuliers et les travailleurs indépendants. 2 % de l’encours total doivent être consacrés à ces secteurs début 2008, et 10 % début 2010. Ce qui veut dire qu’au moins 90 % continueront à financer les PME industrielles (objectif du CODEVI d’origine, inchangé).

Refus d’un projet attendu Fait rare, les Amis de la Terre s’accordaient avec la Fédération Bancaire Française pour demander la création d’un

Livret d’épargne « Habitat climat » spécifique. Le projet était également soutenu par le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, l’ADEME, certains parlementaires, les professionnels du bâtiment, des énergies renouvelables, de l’isolation et des éco-matériaux. Contrairement au gouvernement, les particuliers sont désireux d’agir et prêts à placer massivement dans un produit spécifique, bénéficiant du même type d’exonération d’impôt que le CODEVI, ce d’autant plus que la baisse des encours du Livret A et des PEL (Plans d’Epargne Logement) montre que des réserves d’épargne sûres sont mobilisables. L’ADEME a chiffré à 10 milliards d’euros la collecte potentielle après trois ans, ce qui devrait permettre un changement d’échelle dans le financement de la lutte contre le changement climatique, dans le secteur crucial du bâtiment (deuxième émetteur de gaz à effet de serre en France).

Pitoyable effet d’annonce Outre la collecte d’épargne, un Livret « Habitat climat » avait l’immense intérêt de sensibiliser les particuliers sur l’enjeu du changement climatique dans leur habitation. Mais le gouvernement a préféré jouer l’effet d’annonce, en modifiant le nom d’un ancien produit à l’objectif totalement différent. Le message est donc compliqué, et les banques ne feront pas d’effort pour en expliquer les détails à leurs clients épargnants : le gouvernement rate totalement l’objectif de sensibilisation des particuliers, et rend en outre le suivi de la mesure plus compliqué. Le refus du Ministère des Finances de gérer un nouveau produit l’a emporté dans un gouvernement qui ne se donne que l’apparence de la volonté. ■ Laurent Hutinet

Marchés boursiers des États-Unis

L'environnement, un peu plus qu'une donnée secondaire L

es réglementations financières peuvent se révéler utiles, et aux États-Unis, certains actionnaires agissent. Encore faut-il que les données soient disponibles. Après le célèbre krach boursier de 1929, le Congrès créa la Securities and Exchange Commission (SEC), agence dédiée à la protection des investisseurs, qui s'assure que les entreprises publient des informations fiables et significatives. Chaque société américaine cotée en bourse doit régulièrement réaliser son rapport financier et le faire auditer. Depuis plusieurs années, les Amis de la Terre – États-Unis travaillent pour que la SEC exige de publier des informations environnementales et sociales. Les entreprises forcées à intégrer de telles données « noir sur blanc » se sentent en effet plus responsables de leurs impacts.

Environnement et questions sociales, préoccupations en hausse des investisseurs Certaines sociétés rejettent une telle transparence, estimant que les questions de développement durable ne sont pas Le Courrier de la

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substantielles, qu'elles n'ont pas d'impact financier et que les investisseurs ne s'y intéressent pas. Cependant, un nombre croissant d'entreprises ont réalisé qu'abuser de leurs employés, polluer l'environnement et ignorer les préoccupations des communautés peut se révéler négatif pour leur réputation et donc pour leurs affaires. Des investisseurs ont également pris conscience de l'importance de ces questions et certains commencent à réaliser qu'il est imprudent de faire des profits à court terme au détriment des populations, de la planète et de l'économie dans son ensemble.

Les rapports de développement durable, une démarche qui reste volontaire aux États-Unis Aujourd'hui, des centaines d'entreprises publient chaque année des « rapports de responsabilité sociale et environnementale » ; mais la nature volontaire de ces rapports ne suffit pas. Ces questions devraient être intégrées aux rapports financiers, audités par une tierce partie et validés par les agences gouvernementales. Dans ce cas, une entreprise publiant un rapport

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incorrect ou inexact, pourrait se retrouver au tribunal. Finalement, quand des données environnementales et sociales sont inclues au rapport, les actionnaires peuvent inciter les entreprises à s'améliorer. En 2001, la France a été l'un des premiers pays à exiger des entreprises qu'elles intègrent des données environnementales et sociales dans leur rapport annuel. Mais la loi relative aux nouvelles régulations économiques du 15 mai 2001 présente bien des défauts. Pour un groupe, le périmètre d'analyse n'est pas clairement défini, et l'on ne sait pas si les entreprises doivent communiquer sur leurs activités en France ou à l'étranger. On ne leur demande pas non plus de fournir des informations sur un enjeu aussi essentiel que les OGM. Les Amis de la Terre-ÉtatsUnis ont tout de même bien accueilli ces nouvelles règles. Nous espérons que les quelques progrès réalisés en France atteindront les États-Unis. ■ Michelle Chan-Fishel Responsable de programme aux Amis de la Terre-États-Unis


Citoyenneté et actions collectives

Élection présidentielle

Notation des programmes : un trimestre médiocre Le 26 février, l'Alliance pour la planète a rendu publique sa notation des programmes des candidats à la présidentielle

La plupart des candidats à l'élection présidentielle ont signé le pacte écologique de Nicolas Hulot, mais leurs programmes en matière de protection de l'environnement et de solidarité internationale ne sont pas équivalents. C'est pour rendre visibles ces différences que l'Alliance pour la planète a établi et publié une notation des différents programmes des candidats. L'Alliance s'est fondée pour cela sur les 24 mesures phares définies par ses membres. Même si les débats internes ont été vifs notamment sur les notes attribuées au PS et à la LCR, les différences sont de taille ! Sans surprise, Dominique Voynet et Corinne Lepage arrivent largement en tête avec 16,5 sur 20, tandis que Jean-

Marie Le Pen et Arlette Laguiller se partagent la dernière place avec 5 sur 20. Si ces deux candidats n'ont pas signé le pacte, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marie-Georges Buffet, qui l'ont fait n'obtiennent pas pour autant la moyenne !

Un constat partagé, des « solutions » incohérentes Dans leurs litanies, tous les candidats, ou presque, s’accordent : changement climatique, pollution, protection des ressources naturelles sont des enjeux majeurs pour notre société. Mais les « solutions » proposées sont incohérentes car elles ne veulent fâcher personne : certains promettent à la fois le développement des énergies renouvelables et la promotion des économies d’énergie tout en souhaitant continuer à développer le

nucléaire. Les mêmes prônent une agriculture plus respectueuse de l’environnement et de la santé, mais restent en faveur des OGM et des agrocarburants. La plupart des candidats restent favorables à l'incinération des déchets, comme à leur réduction à la source, etc. On prend les mêmes et on recommence, au moment même où nous avons besoin de courage, de vrais choix de société, de projets plus justes, plus équitables pour tous !

Les candidats peuvent encore améliorer leurs notes... Nous allons continuer à rencontrer les candidats et leurs équipes de campagne pour que les 24 mesures proposées par l’Alliance soient intégrées dans les programmes. La notation évoluera jusqu’aux élections en fonction de la prise en compte de ces mesures. Chacun peut agir en rencontrant son député ou son sénateur, mais surtout en expliquant aux citoyens pourquoi les enjeux écologiques demandent des politiques de rupture ambitieuses.■ Anne Bringault Si vous souhaitez en savoir plus sur les 24 mesures de l’Alliance et sur la notation des candidats, consultez le site internet : www.lalliance-2007.org

2007 : Urgence planétaire ! À l'initiative du Centre de Recherche et d'Information pour le Développement (Crid)*, et dans la perspective des élections présidentielles et législatives de 2007, un collectif d'organisations de la société civile s'est constitué le 6 février 2006. Baptisé « 2007 : état d'urgence planétaire ! », celui-ci réunit 22 organisations et réseaux qui représentent plusieurs milliers de groupes locaux et 300 000 militants. La campagne « État d'urgence planétaire : votons pour une France solidaire ! » adresse aux candidat(e)s aux élections présidentielles et législatives cinquante revendications précises sur onze thèmes allant de la protection de l'environnement aux droits des migrants, en

passant par la responsabilité des entreprises et le commerce équitable. Cette campagne se décline en trois volets : présentation des revendications aux principaux candidat(e)s aux élections présidentielles et législatives, suivi de rencontres avec ces derniers, et enfin mobilisations locales (actions citoyennes et interpellations directes). Trois types d'action sont privilégiées : l'analyse des programmes et propositions des principaux partis via un site internet spécifique, l'interpellation directe des canditat(e)s aux élections et l'information des citoyens sur tout le territoire. L'objectif de cette campagne est double : elle doit inciter les candidat(e)s à intégrer les questions de solidarité internationale dans leur programme et faire

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en sorte que les citoyen(ne)s inscrivent la solidarité internationale dans leur réflexion à l'approche du vote. Après les élections, un suivi des candidat(e)s élu(e)s sera établi : au-delà des promesses, la solidarité doit se traduire dans de véritables décisions politiques. ■ Stéphanie Caladou Les initiatives du collectif et l'analyse des programmes sont visibles sur le site : http://www.etatdurgenceplanetaire.fr

* Le collectif rassemble 22 organisations de développement, de défense des droits de l'Homme, de protection de l'environnement, ainsi que des organisations citoyennes : 4D, Accueil Paysan, ATTAC, CCFD, Cimade, CRID, Defap, Fasti, Fédération Artisans du Monde, FFMJC, Greenpeace, IPAM, Les Amis de la Terre, Ligue des droits de l'Homme, Oxfam France-Agir Ici, Peuples solidaires, Plate-forme pour le commerce équitable, RAC France, Réseau Sortir du nucléaire, Ritimo, Secours Catholique- Caritas France, Survie.

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Changements climatiques

« 5 minutes de répit pour la planète » Trois millions de foyers éteints planète » organisée le 1er février 2007 par les Amis de la Terre, à l'initiative de l'Alliance pour la planète, a été un franc succès. Une baisse de 1 % de la consommation électrique française a été constatée, ce qui représente l'équivalent de l'extinction des veilles et lumières de trois millions de foyers. Les Amis de la Terre tiennent à remercier vivement tous ceux qui ont participé à cette action de mobilisation, qui renforce ses revendications pour la mise en place d'un plan national d'isolation des logements. À 19h55 le 1er février dernier, les lumières de milliers d'appartements et de maisons, mais aussi celles de la Tour Eiffel, de la basilique de Fourvière à Lyon, de Notre Dame de la Garde à Marseille, et de nombreux lieux en France se sont éteintes. Aucun incident sur le réseau électrique n’est survenu, démentant certaines craintes évoquées, notamment par rapport au risque de surtension, et c’est dans la bonne

humeur générale que des rassemblements ont fleuri à Paris, Marseille, Nice, Toulouse… Dépassant nos espérances, le mot d'ordre s'est répandu à l'étranger, et a été repris par de grandes villes comme par de petits villages berbères. Plus de vingt pays ont participé à ce geste symbolique.

les décideurs publics à mettre en place des mesures concrètes pour développer l’efficacité énergétique et continueront à faire pression par tous les moyens. ■ Cyrielle den Hartigh

La réussite de l'action a été rendue possible par la diffusion massive d'un mail d'appel, à l'origine d'un véritable « buzz ». Les citoyens se sont approprié cette action qui a suscité une importante couverture médiatique. Les « 5 minutes de répit pour la planète » ont rendu plus visibles le réseau des Amis de la Terre et le travail mené toute l'année par les bénévoles à tous les niveaux. L'action avait un double objectif : attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur la question des économies d’énergies et montrer aux candidats à la présidentielle la forte mobilisation citoyenne sur le thème du changement climatique. Devant l’urgence de la situation, les Amis de la Terre exhortent

© Bob Thomson

L’action « 5 minutes de répit pour la

Les lumières de la Tour Eiffel et celles de près de trois millions de foyers se sont éteintes à l'occasion de l'action « 5 minutes de répit pour la planète »

Responsabilité sociale et environnementale des entreprises

Procès de l'Erika Total face aux juges Le 13 février dernier s’est ouvert à Paris le procès-fleuve de la marée noire de l’Erika. Les Amis de la Terre y sont partie civile. En décembre 1999, la catastrophe a occasionné des dégâts considérables : 400 kilomètres de littoral souillés, des dizaines de milliers d’oiseaux empoisonnés, des écosystèmes détruits, sans compter les pertes économiques pour les collectivités locales et les centaines d’artisans de la mer ruinés. Malgré l’engagement de milliers de bénévoles solidaires, la nature a, une fois de plus, fait les frais de la négligence coupable des hommes. Le Courrier de la

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time. Au final, la nature et la collectivité pâtissent de la recherche permanente de la réduction des coûts de ces compagnies pétrolières dont les bénéfices se chiffrent pourtant en dizaines de milliards d’euros.

L’absence d’un arsenal juridique maritime contraignant

Un combat en justice pour réformer le droit maritime

Les marées noires à répétition (Torrey Canyon en 1967, Amoco Cadiz en 1978, MSC Napoli récemment) n’ont cessé de mettre en lumière la faiblesse du droit maritime international. Malgré cela, les réformes législatives ont peu avancé en Europe : alors que la justice américaine a condamné Exxon à verser plusieurs milliards de dollars pour la marée noire de l’Exxon Valdez en 1989, les sanctions européennes restent dérisoires. Tout est fait pour que les responsabilités des affréteurs soient minimisées et rejetées sur les exécutants secondaires du transport mari-

Représentés par Me Bourdon et Me Alexandre Faro, les Amis de la Terre espèrent que la justice reconnaîtra la responsabilité civile et pénale de Total en tant qu’affréteur, premier pas vers une réforme ambitieuse du droit maritime. A l’heure où le dernier rapport du GIEC confirme l’ampleur du changement climatique en cours, il s’agit également de rappeler l’impérieuse nécessité de diminuer nos consommations en énergies fossiles. ■

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Gwenael Wasse


Agriculture et chimie Loi d'orientation agricole, suite

Belle victoire d'étape pour les produits naturels L

a mobilisation populaire des défenseurs des libertés publiques et des produits naturels vient de remporter une première manche. La loi d’orientation Agricole du 5 janvier 2006 (voir n°148) était sans ambiguïté. Il s'agissait non seulement de mettre hors service l’utilisation à grande échelle des produits naturels, mais, en prime, de réprimer sévèrement le simple fait de communiquer sur l'usage des produits et sur leurs recettes, punissant ainsi la transmission du savoir de peines pouvant aller jusqu'à 75 000 € d’amende et 3 ans de prison.

Les députés corrigent le tir, mais le Ministère doit encore préciser sa copie Cette loi, après un essai de mise en application chez Eric Petiot, paysagiste et enseignant, a soulevé un tollé dans la population. La volonté de faire la part belle aux lobbies de l’agro-chimie vient d’être mise en échec grâce à une levée de bouclier sans précédent des citoyens, du monde associatif (dont les Amis de la

Terre) accompagnés par des médias eux aussi menacés. La loi a été modifiée par un amendement en décembre 2006 et doit être précisée par un décret visant à définir le caractère « peu préoccupant » des produits naturels autorisés. Les Amis de la Terre sont présents dans la commission chargée de préciser ce décret. A ce jour, le Ministère de l'Agriculture semble nettement plus à l’écoute des défenseurs des pratiques culturales naturelles qu’au moment du contrôle de la DGCCRF chez Eric Petiot. Nous restons très vigilants, car la rédaction finale du décret et de son lot d’arrêtés d’application sera déterminante pour l’avenir des produits naturels. Savourons tout de même cette première victoire, tellement l’enjeu était grand, tant au plan des restrictions de la liberté d’expression que de la mainmise de l’agro-chimie sur la santé et des menaces de disparition du bio… À suivre.■ Jean-François Lyphout

Projet de mine et de centrale au charbon Chimie un Règlement dans la:Nièvre : à responsabilité limitée Après 10 ans de négociations, l’Union européenne a adopté, en décembre dernier, la réglementation « REACH » sur les substances chimiques. Ce nouveau cadre législatif devrait permettre de réduire notre exposition quotidienne aux substances toxiques, à l’origine de l’explosion du nombre de cancers, troubles du développement de l’enfant et baisse de la fertilité humaine.

Un premier pas encourageant Le dispositif adopté, bien qu’amoindri par le lobbying de l’industrie chimique, constitue néanmoins une avancée importante. En effet, il va permettre d’évaluer, contrôler et limiter la production et l’usage de certaines des substances les plus dangereuses pour la santé et l’environnement. Il prévoit pour cela de répertorier quelques 30 000 substances

Contact : jeanfrancois.lyphout@wanadoo.fr

La Confédération paysanne demande un moratoire pour un printemps sans OGM L’année 2006 a connu des avancées majeures en matière de lutte contre les cultures OGM : condamnation des responsables de Monsanto pour vente illégale et publicité mensongère, annulations d’autorisations d’essais, relaxes de faucheurs, confirmation du droit des États à voter des moratoires partiels. En revanche, le renouvellement en 2007, des autorisations accordées en 1998, dont celle du seul maïs OGM cultivé aujourd'hui en Europe (le Mon 810), va à l’encontre de nouvelles données scientifiques et de la demande des consommateurs. Une loi doit donc être instaurée, pour les paysans et les citoyens, afin de protéger les systèmes agraires existants, la nourriture et les autres produits. Un débat doit également être ouvert sur un moratoire européen interdisant leur dissémination volontaire dans l’environnement. Les responsables politiques qui refuseraient d’en instaurer un sur toute culture de maïs OGM seraient responsables et complices de la généralisation des contaminations. ■ Éric Meunier

chimiques utilisées en Europe (sur les 100 000 commercialisées !) pour lesquelles les industriels seront tenus de fournir des données de sécurité.

... mais pas de réelle substitution des produits dangereux En outre, il adopte le principe de substitution, mais en limite sérieusement son application. De nombreuses substances nocives pour la santé substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, certains perturbateurs endocriniens - continueront d'être utilisées dans les produits de consommation courante, si l’industriel prouve qu’il peut contrôler les risques « de façon adéquate » et ce même quand des alternatives plus sûres existent. Le consommateur demeure scandaleusement mal informé, faute d’un étiquetage

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Les Amis de la Terre Europe devant le Parlement européen

listant les substances chimiques dangereuses. À défaut, il pourra toujours demander au fabricant d’un produit la liste des ingrédients « extrêmement préoccupants » qu’il contient ! ■

Le Courrier de la

Anne Castelain

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Les groupes locaux en action

Isère, Haute-Savoie et Savoie

Pollution majeure à Gilly sur Isère : le procès de la dioxine reste à ouvrir C

'est dans un climat tendu que se termine l'information judiciaire ouverte sur plainte des victimes. A Gilly sur Isère, en octobre 2001, l'incinérateur à l'origine d'une pollution majeure à la dioxine a été fermé en catastrophe. Les doses ont atteint jusqu'à 12 850 fois la valeur limite admise. Après l'abattage de 7000 bêtes sur 285 exploitations et le placement du foin sous séquestre, l'exploitant Norvegie (groupe Suez), le Syndicat intercommunal et le maire d'Albertville ont été mis en examen.

Un procureur timide, des lobbies puissants Mais le dossier dérange. Le Parquet n'ouvre aucune procédure en 2001 et s'associe depuis aux personnes poursuivies pour minimiser l'affaire et entraver l'action du juge d'instruction qu'il a tenté de dessaisir au profit d'un pôle sanitaire marseillais fantomatique. L'association des victimes (ACALP) tient bon depuis des années, s'invite dans le débat public, promeut les alternatives à l'incin é ra t i o n e t c r i t i q u e f e r m e m e n t l'attentisme des élus. Le procureur a annoncé qu'il allait « dégonfler » ce dossier « trop émotionnel ». On peut donc s'attendre au pire : un procès correctionnel de la dioxine fait bien trop peur au lobby de l'incinération pour que l'Etat ne tente pas par tous les moyens de faire oublier l'affaire. Après avoir refusé le statut d'association de victimes à l'ACALP, il s'efforce d'obtenir l'annulation de la mise en examen des préfets.

L'InVS revoit les cancers à la baisse et regarde ailleurs Parallèlement, les rapports de l'Institut national de veille sanitaire (InVS) de 2006 suscitent toutes les interrogations. Après avoir par le passé reconnu, sur la base des registres, un surcroît de cancers dûs aux dioxines, l'InVS publie une étude sur le lait maternel à Gilly en se fondant sur 48 cas seulement, et compare ces résultats de 2006 à des Le Courrier de la

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L'association des victimes de la catastrophe de Gilly s'est formée après la découverte de la pollution à la dioxine provoquée par l'incinérateur.

moyennes nationales de 2000... Plus grave encore, alors que les cancers apparaissent 20 à 30 ans après l'exposition, l'étude s'achève en 2002, soit 16 ans après l'ouverture du four, et l'InVS estime qu'il est inutile de poursuivre la surveillance. Personne ne sait expliquer pourquoi, curieusement, l'imprégnation des habitants est inférieure à la moyenne nationale. La catastrophe aura au moins permis la fermeture de dizaines d'incinérateurs

hors normes que l'Etat laissait fonctionner par inaction. Seul un procès pourra faire jaillir la vérité sur les responsabilités qui ont abouti à ce désastre majeur. Son ouverture est entre les mains d'un juge d'instruction soumis à d'intenses pressions. ■ Les Amis de la Terre Isère, Haute-Savoie et Savoie

Plus d'informations : www.acalp.org

Les Amis de la Terre renforcent leur présence en Rhône-Alpes L

e réseau national s'enrichit avec la création en janvier dernier, d'un groupe local en Savoie. La mobilisation des Amis de la Terre en Savoie se concentre actuellement sur le devenir du plateau du Revard, dans le Parc regionnal des Bauges, menacé par des projets qui tendraient à transformer ce plateau en parc d'attractions. Ces projets sont à mettre en relation avec les problématiques actuelles sur le changement climatique, la pollution liée aux loisirs motorisés et au tourisme de la neige, mais aussi sur la preservation de patrimoine naturel pour les générations

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futures. Les Amis de la Terre Savoie travailleront sur la thématique des transports et de la protection du littoral et de la montagne, en complémentarité avec les groupes voisins de Haute-Savoie et d'Isère. Le groupe soutiendra aussi les campagnes nationales, sur l'agriculture biologique et les énergies renouvelables notamment. ■ Caroline Prak Pour rejoindre et soutenir les Amis de la Terre - Savoie, n'hésitez pas à contacter Patrick BASTIEN : Tél : 06 37 54 47 60 savoie@amisdelaterre.org


Les groupes locaux en action

Ile-de-Groix

Reconquêrir les terres nourricières de l'Ile de Groix ? P

eut-on espérer que l’ensemble des élus et des habitants permanents ou temporaires encourage une polyculture locale? Une agriculture de qualité qui respecte l’environnement, créé de l’emploi, et produise une bonne partie des fruits et légumes de saison ?

Un remaniement agricole Groix était un immense jardin potager formidablement entretenu, une polyculture naturelle avec apport de goémon. Une terre riche en nutriments et vers de terre. L’agriculture conventionnelle, après un remembrement musclé, a participé à la détérioration des écosystèmes ruraux. Pour différentes raisons, les parcelles agricoles ont été partagées en champs cultivés aux intrants chimiques et en terres abandonnées. Comme on l’a vu cet été, les masses de ronces et de prunelliers constituent un risque d’incendie.

arrose de glyphosate des terres en zone de captage, au vu et au su de tous! Que fait donc le Service Privé de l’Eau ? A-til oublié la réglementation? Les consommateurs ont là de quoi lui rappeler leur existence et attentes en terme de qualité d’eau et de respect de la nappe phréatique.

… doublé d’une prolifération animale Ceci n’est qu’un volet des mésaventures actuelles pour la reconquête de terres nourricières. Sur les 20 km2 de l’île, il y a probablement plus de 30 000 lapins pour peut-être 70 chasseurs. Ces lapins dévastent allègrement des dizaines d’hectares de plantations. Ils ont compris qu’une végétation sans apports chimiques est excellente, pas bêtes ces rongeurs ! Compte tenu du sens de la multiplication de ces petits mammifères, qui va gagner en 2007 ? Les lapins ou les Groisillons qui veulent une économie locale durable, une île pleine de biodiversité et d’attraits ? À suivre. ■

Il est stupéfiant de constater qu’aujourd’hui un ex-élu, également agriculteur,

Armina Knibbe

Sur l'Ile de Groix, l'agriculture conventionnelle, après un remembrement musclé, a participé à la détérioration des écosystèmes ruraux.

Limousin

Transport et réchauffement, un enjeu pour le Limousin A

lors que l’actualité sur le changement climatique est brûlante, et que 26 % des gaz à effet de serre sont émis par le secteur des transports, que font les pouvoirs publics limousins ? Chaque collectivité défend son projet d’infrastructure. Ainsi, Limoges veut une liaison TGV avec Poitiers en oubliant la priorité qui devrait être donnée aux investissements publics pour le fret. D’autres veulent multiplier les liaisons routières à quatre voies, oubliant que l’autoroute n'est pas un outil de développement économique, et que l’A89 (Bordeaux - Clermont Ferrand) est définitivement déserte.

Enfin, la sous-préfecture de la Corrèze, Brive la Gaillarde, torse gonflé à bloc et forte de ses 49 141 habitants (sic), met en chantier un aéroport international qui va détruire les milieux naturels et déstabiliser l’économie régionale. En bétonnant et en niant le sombre avenir du trafic aérien, les Brivistes entendent appâter la clientèle du nord de l'Europe !

Informés au cours de sessions proposées lors d’une première étape, les participants élaboreront des propositions (ou contre-propositions) pour, dans un dernier temps, interpeller les décideurs. Chacune de ces étapes pourra être accompagnée par des actions en direction du grand public, des conférences, une présence médiatique, des actions de rue…

Quelle coordination entre tous ces projets ?

La mise en place de permanences café et les réunions mensuelles du groupe d’animation seront autant d’occasions pour chaque citoyen de contribuer à cette réflexion naissante. ■

Quelle réflexion globale sur la politique des transports ? C’est précisément la question à laquelle ont décidé de répondre les Amis de la Terre Limousin.

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Le Courrier de la

Julien Bétaille

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Les groupes locaux en action

Paris

Une cheminée à effet de serre : le Tunnel de Neuilly vient de rendre son rapport confirmant la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’État autorise l’enfouissement de la Nationale 13 à Neuilly. Ce projet coûtant près d’un milliard d’euros est aux antipodes des politiques de lutte contre le changement climatique.

Les Amis de la Terre - Paris dénoncent les contradictions de l’Etat qui vient de donner son feu vert au projet de tunnel sous l’avenue Charles de Gaulle à Neuilly. Alors que depuis une loi de 2005, la lutte contre le changement climatique fait partie des priorités de la politique énergétique, et que Christian de Boissieu

Il ne répond pas non plus aux légitimes préoccupations des initiateurs du projet, qui souhaitent réduire les pollutions, celles qui émaneront du tunnel devant être rejetées à l’extérieur avec des concentrations importantes aux lieux d’évacuation. De plus, les deux tours de bureaux de 50 étages qui seraient construites sur la surface récupérée accroîtront les dépla-

cements domicile – travail à travers Neuilly, alors qu’aucune mesure de transport en commun supplémentaire n’est prévue. Cette coûteuse opération pourrait remettre en cause les budgets que l’Etat et la Région consacreront aux projets d’infrastructure de transports collectifs, qui devront être à la hauteur des enjeux climatiques des vingt prochaines années. L’aménagement de pistes cyclables, la mise en œuvre de plans de déplacement d’entreprise (PDE) pour les entreprises de La Défense, la mise en place de couloirs de bus protégés et de transports collectifs inter-banlieues constitueraient des solutions alternatives plus efficaces de réduction du trafic automobile et de lutte contre l’effet de serre. C'est pourquoi, les Amis de la Terre Paris demandent un moratoire sur les investissements routiers en Ile de France. ■ Claude Bascompte / Françoise Chevris

Val d’Ysieux

Blocus contre l’implantation d’une décharge P

lus de 70 hectares du parc naturel du Val d’Oise risquent de se transformer en une montagne de détritus. Grâce à la mobilisation des Amis de la Terre - Val d’Ysieux, la révision du Plan local d'urbanisme (PLU) a été annulée par le tribunal administratif. La commune d’Épinay - Champlâtreux dans le Val d’Oise est située au cœur d’un parc naturel régional. Classé « zones de sensibilité paysagère » dans la charte du parc, ce site accueille de nombreuses espèces protégées : le cerf d’Europe, la chouette chevêche, le criquet des jachères, le héron cendré, la pie grièche écorcheur, le grand murin ou bien encore l’alisier blanc. Le Courrier de la

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Une grande partie des habitations et terres entourant le château de la commune sont la propriété du Duc de Noailles. Également maire de la commune, le Duc semble s’être arrogé le pouvoir de réviser le plan local d'urbanisme à sa guise. C’est ainsi qu’apparaît dans le nouveau PLU une décharge sur plus de 70 hectares et une usine de tri de 4 000 m2 défigurant le paysage et supprimant un chemin départemental de randonnée. Les Amis de la Terre Val d'Ysieux, suivis par le Parc naturel, la communauté de communes et deux autres associations ont attaqué la révision du PLU devant le tribunal administratif de Pontoise. Le tribunal a annulé la révision du PLU pour

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cinq motifs : l’intérêt personnel du maire, l’absence d’intérêt général de la commune, le refus de consulter les associations, l’incom- patibilité du projet avec la charte du Parc naturel régional et la proximité du Château d’Épinay – en limite d’un site classé et inscrit dans une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique – le maire, fort de l’appui du Conseil général et du Préfet, a fait appel. Les défenseurs de l’environnement et le Parc ont promis d’aller jusqu’au bout. ■ Étienne Bohler


International

Usine de pâte à papier géante

En Uruguay, le Crédit Agricole trahit ses rares principes E

n janvier 2007, la filiale internationale du Crédit Agricole a accepté de financer une usine de pâte à papier géante qui suscite une mobilisation historique en Uruguay et en Argentine. Ce soutien décrédibilise totalement les quelques engagements de responsabilité environnementale manifestés par le groupe. 12 janvier 2007 : la totalité des accès terrestres entre l’Uruguay et l’Argentine sont bloqués par les manifestants. En ligne de mire, l’usine de pâte à papier en construction sur les rives du fleuve Uruguay qui sépare les deux pays. Avec une production d'un million de tonnes par an de pulpe d’eucalyptus, cette usine appartenant à l’entreprise finlandaise Botnia sera l'une des plus importantes du monde. Selon la Banque mondiale, l’activité générera 2 500 emplois locaux. Alors pourquoi une telle colère ? Tout d'abord parce que les données avancées par la Banque mondiale sont biaisées. Deux de ses organes, la Société Financière Internationale et l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements ont respectivement accordé des prêts et garanties au projet en se fondant sur celles-ci. Mais après un dépôt de plainte, le médiateur de la Banque mondiale a établi en février 2006 un rapport indépendant.

Impacts délibérément négligés, population ignorée Les dangers sociaux, économiques et environnementaux établis dans le rapport du médiateur sont immenses. Le déni des impacts de l’usine sur les populations locales est flagrant : alors que plus de 300 000 personnes habitent dans la zone d’influence de cette industrie, elles n’ont été consultées qu’une fois la construction de l’usine commencée. A la pollution défigurant les sites touristiques s’ajoutent les risques sanitaires. L’usine utilisera la technologie Elemental Chlorine Free. Le procédé incorpore du dioxyde de chlore dans le processus de blanchiment, produisant

des perturbateurs endocriniens, des dioxines et des émissions de dioxyde de soufre - responsable des pluies acides. De plus, en aval de l’usine à seulement 14 km se déploie une zone humide, site d’accueil de la faune migratrice classé au niveau international. En certaines conditions de marée, des polluants organiques persistants pourront atteindre ce site. La viabilité économique de cette entreprise est aussi mise en cause par une étude de l’Université nationale d’Uruguay. Pour pouvoir fonctionner à plein, l’usine a besoin de 198 000 hectares d’eucalyptus dans un rayon de 200 km. Or l’Uruguay ne peut fournir que 67 % des besoins de l’usine. Il est probable que l’usine tourne en sous capacité ou qu'elle importe du bois ; dès lors, la hausse de la demande d'eucalyptus aura des impacts négatifs majeurs pour les agriculteurs de la région.

De conflits juridiques en crises diplomatiques Quatorze plaintes sont liées au projet. La Cour Internationale de Justice (CIJ) a été appelée à trancher en juillet 2006 la plainte par laquelle l’Argentine accusait son voisin d’avoir violé le Traité du fleuve Uruguay. Ce Traité établit la gestion commune et la protection des ressources naturelles du fleuve depuis 1975. La CIJ n’a pas considéré les dangers engendrés par l’usine comme imminents et irréversibles tout en laissant la porte ouverte à une plainte ultérieure. Ces faits interviennent dans le contexte d'un grave conflit diplomatique. Sous la pression des manifestations, grèves et blocages routiers, les présidents des deux pays se sont réunis en mai 2006 pour rechercher une sortie de crise. Après onze heures de discussion, ils ont demandé à Botnia de stopper la construction de l’usine dans l’attente de nouvelles études d’impact environnemental. Botnia a refusé. Les interventions du Brésil, du Chili et du Venezuela pour éviter les impacts potentiels sur leurs relations commerciales n’ont pas fait bouger Botnia.

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Les valeurs du Crédit Agricole : vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà ? La banque néerlandaise ING a renoncé à financer l’usine. De son côté, l’entreprise espagnole ENCE a abandonné un projet sur le même site. Les Amis de la Terre ont rencontré le Crédit Agricole à plusieurs reprises pour attirer son attention sur les risques du projet. En janvier 2007, Calyon, sa filiale internationale, a néanmoins accepté de financer l’usine. Pour Sébastien Godinot, des Amis de la Terre, « cette décision remet en cause la crédibilité des engagements sociaux et environnementaux du Crédit Agricole, notamment les Principes d’Equateur1 sur lesquels le groupe communique beaucoup, mais qu’il n’a pas cherché à appliquer ici : à quoi servent-ils ? » « Une relation durable, ça change la vie » affirme la banque. En effet. Après avoir financé en France le démantèlement de l'agriculture traditionnelle tout en continuant à favoriser une agroindustrie qui vide les campagnes françaises de leur vie, le Crédit Agricole soutient à présent la destruction des agricultures et des sylvicultures viables en Uruguay et en Argentine en promouvant une usine aux capacités délirantes. Aucun mécanisme ne garantit la mise en œuvre des engagements pris, ce qui démontre, si besoin était, le double langage d'une des plus puissantes institutions de notre pays. ■ Sophie Chapelle 1

En signant les principes d'Equateur, une banque s'engage à prendre en compte un certain nombre de critères d'évaluation sociaux et environnementaux dans le choix des projets qu'elle finance.

Le Courrier de la

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Le coin des livres

Effondrement ou comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie Jared Diamond

Ce n'est pas la dernière nouveauté. Mais le livre nous plaît. Servies par une écriture limpide, les questions sont « Comment les sociétés ont-elles disparu dans le passé ? » ou « au rythme actuel de la croisance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? » Au terme d'une analyse poussée, appuyée sur l'exemple de la disparition de la colonie Viking du Groenland comme sur ceux des sociétés aujourd'hui fragiles (Rwanda, Haïti, Saint-Domingue, Chine), l'auteur montre qu'une société ne s'est jamais effondrée en raison de seules contraintes écologiques, mais que son sort est conditionné par la conjonction de dommages environnementaux, d'un changement climatique, d'un voisinage hostile, d'un rapport de dépendance commerciale et des réponses sociales élaborées aux moments critiques face à ces défis. Fort de cette analyse, Diamond conclut que la disparition des sociétés occidentales n'est pas tant en cause que l'examen des conséquences sociales des différents scénarios d'adaptation possibles. Les Amis de la Terre y seront sensibles. ■ ■

648 pages - Editions Gallimard - Mai 2006 Prix : 29,50 €

Écologuide de A à Z Fondation Nicolas Hulot

Un gentil abécédaire bon

marché (2 €), à mettre entre les mains de tous les ignares en écologie. Peu sévère dans le ton, y compris avec les pollutions comme sur le nucléaire, il fait tout de même en moins de 100 pages le tour des grandes notions indispensables à un premier décodage du discours ambiant :

Le Courrier de la

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milieu naturel, énergie, pollutions, agriculture et pêche, développement durable, etc. Il convient parfaitement à l'ouverture de débats avec les non-initiés et permettra d'attirer l'attention de ceux qui souhaiteront aller plus loin. ■ ■

Editions Librio - Décembre 2006 96 pages - 2 €

Créez vos cosmétiques bio Sylvie Hampikian

H ygiène, beauté, bien être, chez soi... et au naturel ! Une initiation à la « cosmétique maison » qui fait le point sur les ingrédients de base (huiles végétales, yaourt, miel, fruits, etc.) et nous donne toutes les clés pour réaliser des produits respectant notre peau. De plus, ce guide offre de très nombreuses recettes, testées par l'auteur, faciles à réaliser, et que l'on peut décliner à l'infini !

Bâtir écologique, chronique d’une construction bois Emmanuel Carcano

Comment réaliser sa maison écologique, en bois, en auto-construction assistée, en six mois, et pour 100 000€ ? Réponse dans ce carnet de bord, inédit. Ossature bois, ouate de cellulose, puits canadien, eau chaude solaire, toiture végétalisée… Un livre très pratique et richement illustré pour partager les réflexions de l’auteur, mais aussi, bien sûr, les étapes de son chantier. Avec des avis de professionnels, les prix, la législation. Editions Terre Vivante - Avril 2007 Prix : 21 € + frais de port + frais de port (utilisez le bulletin de commande ci-contre)

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Le courrier de

192 pages, Editions Terre Vivante 23 € + frais de port (utilisez le bulletin de commande ci-contre)

Le courrier de la Baleine n° 149 Trimestriel - mars 2007 n°CPPAP : 0307 G 86222

Fruitiers au jardin bio, arbres et arbustes

Ce numéro se compose d’un cahier principal (16 pages) et des suppléments : Nous Autres 149, guide éco-citoyen « Environnement : comment choisir ma banque ? », invitation à l’Assemblée générale 2007, et document « Pour des alternatives au nucléaire, stop EPR ».

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Alain Pontopiddan

Terre Vivante publie un nouveau guide de jardinage bio : comment installer et entretenir des arbres fruitiers dans son jardin. Choisir, planter, greffer, lutter contre les maladies, tailler…, tous ces conseils sont donnés de façon très claire, et dans un souci permanent de respect de l’environnement. Avec 22 portraits de fruitiers, et les recommandations adaptées à chacun. Editions Terre Vivante Prix : 23 € + frais de port + frais de port (utilisez le bulletin de commande ci-contre)

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Directrice de la publication : Joo Zimmermann Rédacteurs : Claude Bascompte, Julien Bétaille, Etienne Bohler,Anne Bringault, Stéphanie Caladou, Anne Castelain, Michelle Chan-Fishel, Sophie Chapelle, Françoise Chevris, Cyrielle den Hartigh, Fabrice Flipo, Sébastien Godinot, Laurent Hutinet, Armina Knibbe, Jean-François Lyphout, Éric Meunier, Caroline Prak, Gwenael Wasse, Joo Zimmermann, Les Amis de la Terre Isère, Haute-Savoie, Savoie Relecteurs : Stéphanie Caladou, Sophie Chapelle, Célia Fontaine, Laurent Hutinet, Odette Kobana, Claire Lux, Eric Meunier, Caroline Prak, Emmanuelle Roggeri, Perrine Vallet Illustrations et photos : L’Alliance pour la planète, Les Amis de la Terre, Giovanni Garrido, François Gorin, Bob Thomson Maquette : François Gorin Impression : imprimé sur papier recyclé par Presse Pluriel 01 43 66 71 53

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Commandez et diffusez les documents des Amis de la Terre Les Amis de la Terre « Changements climatiques : équité et solidarité internationale » Ouvrage collectif de 43 pages couleur - 3 €

Modes de production et de consommation durables ■

Agriculture et OGM Pour une Europe sans OGM : à nous de décider ! Les Amis de la Terre - février 2006 dépliant - 0,5 €

Banques françaises : épargnez le climat ! Les Amis de la Terre - décembre 2005 dépliant - 0,5 €

Gérer l’eau avec les citoyens, quelles alternatives ? Recueil d’expériences au Sud et pistes de réflexion sur la gestion participative. Les Amis de la Terre - septembre 2005 72 pages - 7 €

Alternatives Économiques : les banques doivent passer au vert N° spécial Amis de la Terre - mars 2006 - 2 €

Nucléaire et énergies ■

Des gaz à effet de serre dans mon assiette Réseau Action Climat - France - décembre 2006 dépliant - gratuit

Stop aux piles, choisissons une énergie durable Les Amis de la Terre - septembre 2006 dépliant - 0,5 €

Forêts ■

Teck de Birmanie : le bois du scandale Les Amis de la Terre - mars 2006 dépliant - 0,5 €

Bassin du Congo : à qui profite la forêt ? Agir ici - mars / juin 2006, dépliant - 1 €

Moabi : arbre de vie ou de profit ? Les Amis de la Terre - février 2005 dépliant - 0,5 €

Affiche « Oh ! la belle forêt tropicale » Les Amis de la Terre - décembre 2003 - 3 €

Guide du consommateur de bois Les Amis de la Terre - Juin 2003 - 16 pages, 3 €

Foyers mal chauffés et climat déréglé Les Amis de la Terre - juin 2006 dépliant - 0,5 €

Responsabilité des acteurs financiers

Boutique

Guide éco-citoyen sur les banques « Environnement : comment choisir ma banque ? » Les Amis de la Terre France - février 2007

Rapport sur les banques « Banques françaises, banques fossiles ? » Les Amis de la Terre France - février 2007

La Banque Européenne d’Investissement dans les pays du Sud : au bénéfice de qui ? Les Amis de la Terre International janvier 2006 - 52 pages - 3 €

Banques françaises et environnement : presque tout reste à faire Les Amis de la Terre - mars 2006 - 72 pages - 5 €

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Cartes de correspondance Carte double - format fermé : 10 x 21 cm (avec enveloppe) - 7 € les 5 + frais de port

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Le Courrier de la

• n° 148 • décembre 2006


Les Amis de la Terre dans le monde

Réseaux

Les Amis de la Terre International

Les Amis de la Terre-France - 2B rue Jules Ferry - 93100 Montreuil Tél. 01 48 51 32 22 - Fax. 01 48 51 95 12 Mél : france@amisdelaterre.org / Site internet : www.amisdelaterre.org

Groupes Amis de la Terre DUNKERQUE (NORD) Nicolas FOURNIER BP 21 - 106 avenue du Casino 59941 DUNKERQUE Cedex 2 Tél : 03 28 20 30 40 Fax : 03 28 20 30 39 fournierni@voila.fr GERS Robert CAMPGUILHEM 31 rue Rouget de Lisle 32000 AUCH Tél : 05 62 65 64 50 Fax : 05 62 60 14 21 gers@amisdelaterre.org

ÎLE DE GROIX Contact : Jessica COLIN Les Amis de la Terre Ile-de-Groix Boîte des associations - Mairie 56590 ILE-DE-GROIX Tel : 06 81 21 31 98 ile-de-groix @amisdelaterre.org ISÈRE Henry TIDY, 16 Grand Rue 38000 GRENOBLE Tél : 06 27 44 16 06 isere@amisdelaterre.org

LOIRE-ATLANTIQUE Odile DEMAURE 4 rue Pierre Landais 44200 NANTES Tél : 02 40 76 69 15 jcdemaure@free.fr

PARIS Claude BASCOMPTE 95 rue des Grands Champs 75020 PARIS Tél : 01 43 56 93 18 paris@amisdelaterre.org

MAYENNE Marc-Michel DUGUE 350 chemin St Pierre le Potier 53000 LAVAL Tél : 02 43 56 12 42 marc-michel.dugue@laposte.net

PÉRIGORD Olivier GEORGIADES Maison des associations Cours Fénelon 24000 PÉRIGUEUX Tél : 05 53 09 27 90 perigord@amisdelaterre.org

LANDES Christian BERDOT 24 boulevard Candau 40000 MONT-DE-MARSAN Tél/Fax : 05 58 75 34 50 landes@amisdelaterre.org

MIDI-PYRÉNÉES Alain CIEKANSKI 21 rue Bernard Mulé 31400 TOULOUSE Agenda 24 h/24 : Tél/Fax : 05 61 34 88 15 midipyrenees@ amisdelaterre.org

HAUTE-SAVOIE 22 Allée des Vergers 74600 SEYNOD Tél : 06 24 27 45 04 haute-savoie@amisdelaterre.org

LIMOUSIN Jean SCHWEYER Maison des droits de l’Homme 37, rue Frédéric Mistral 87100 LIMOGES Tél : 05 55 53 77 62 limousin@amisdelaterre.org

MONTREUIL Alain DORDÉ Secrétariat national 2B rue Jules Ferry 93100 MONTREUIL Tél : 01 41 72 18 41 montreuil@amisdelaterre.org

PYRÉNÉES-ATLANTIQUES Mélia MAKHLOUFI 8 place de la République 64000 PAU Tél : 05 59 80 04 93 pyrenees-atlantiques @amisdelaterre.org

HYÈRES (VAR) Jacqueline HERBRETEAU BP 522 83409 HYÈRES Cedex Tél : 04 94 65 05 27 Fax : 04 94 57 37 15 athyeres@cegetel.net

LOIRE Hervé CHAPUIS 7 bis rue des Bruns 42450 SURY LE COMTAL Tél : 06 07 37 03 14 loire@amisdelaterre.org

MOSELLE Alexis NAUROY 2 rue de l’Yser 57000 METZ Tél : 03 87 62 19 16 moselle@amisdelaterre.org

RHÔNE Gilbert GOUVERNEUR 242 rue de Créqui 69003 LYON Tél : 04 78 60 87 75 rhone@amisdelaterre.org

HAUTE-NORMANDIE Arnaud FIX 32 rue des Oiseaux Appartement n°3 27400 LOUVIERS Tél : 02 32 50 79 24 haute-normandie@ amisdelaterre.org

SAVOIE Patrick BASTIEN 31bis, rue Jacotot 73100 AIX-LES-BAINS Tél : 06 37 54 47 60 savoie@amisdelaterre.org VAL-DE-BIÈVRE Richard COTTIN 36 rue Jean Rostand 91300 MASSY Tél : 01 60 13 99 51 valdebievre@amisdelaterre.org VAL-D’OISE Anne GELLÉ 14 rue des Chasseurs 95100 ARGENTEUIL Tél/Fax : 01 39 80 15 46 valdoise@amisdelaterre.org

POITOU (VIENNE) Françoise CHANIAL 6 rue de l’ermitage 86580 BIARD Tél : 05 49 58 25 55 poitou@amisdelaterre.org

VAL-D’YSIEUX (Val-d’Oise et Oise) Arlette NOEL 5 rue de la Source - 95470 FOSSES Tél : 01 34 71 25 34 VAUCLUSE Monique CORTASSE La Badelle - 84220 GORDES Tél : 04 90 72 20 05 vaucluse@amisdelaterre.org L’action des Amis de la Terre est relayée par des délégués dans les départements suivants : Aisne,Aveyron, Bouches-du-Rhône, Corse, Hautes-Pyrénées, Yvelines, Somme,Tarn,Tarn et Garonne, Lot. Pour avoir leurs coordonnées, s’adresser aux Amis de la Terre France.

PO Box 19199 1000 GD Amsterdam PAYS-BAS Tél. 31 20 622 1369 Fax. 31 20 639 2181 info@foei.org www.foei.org

Les Amis de la Terre Europe 15, rue Blanche 1050 Bruxelles BELGIQUE Tél. 32 2 542 0180 Fax. 32 2 537 55 96 info@foeeurope.org www.foeeurope.org

Groupes nationaux : Allemagne (Bund-Freunde der Erde), Afrique du Sud, Angleterre/Pays de Galles/Irlande du Nord, Argentine, Australie, Autriche (Global 2000), Bangladesh (IEDS), Belgique, Belgique Flandres (For Mother Earth), Bolivie, Brésil, Bulgarie (Ecoglasnost), Cameroun (CED), Canada, Chili (Codeff), Chypre, Colombie (CENSAT), Corée, Costa Rica (COECOCEIBA), Croatie, Curaçao, Danemark (NOAH), Écosse, Espagne, Estonie (ERL), États-Unis, Finlande (Maan ystävät ry), Géorgie (SMM), Ghana, Grenade, Guatemala, Haïti (cohpeda), Honduras, Hongrie (MTS), Île Maurice, Indonésie (WALHI), Irlande (Earthwatch), Italie, Japon, Lettonie (VAK), Lituanie (LZJ), Luxembourg (Mouvement Écologique), Macédoine (DEM), Malaisie (Sahabat Alam Malaysia), Mali (Guamina), Malte, Népal, Nicaragua (Centro Humboldt), Niger (Environmental Right Action), Norvège (NNV), Nouvelle Zélande, Palestine (Pagon), Papouasie-Nouvelle Guinée, Paraguay (Sobrevivencia), Pays-Bas (Vereniging Milieudefensie), Pérou, Philippines (LRC-KSK), Pologne (PKE), République Tchèque (Hnutí Duha), Salvador (CESTA), Sierra Leone, Slovaquie, Sri Lanka, Suède (MJV), Suisse (Pro Natura), Swaziland, Togo, Tunisie (ATPNE), Ukraine (Zenelyi Zvit) et Uruguay (REDES).

Bulletin de soutien et d’abonnement

OUI, je soutiens les Amis de la Terre Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . . . Rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À noter : 66 % de mon don et de ma cotisation sont déductibles de mes impôts, dans la limite de 20 % de mon revenu imposable.

Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . soit un prélèvement de 13 € par trimestre, abonnement à la Baleine inclus J’autorise l’établissement teneur de mon compte à prélever sur ce dernier, si sa situation le permet, tous les prélèvements ordonnés par Les Amis de la Terre. Je pourrai en faire suspendre l’exécution par simple demande à l’établissement teneur de mon compte ou aux Amis de la Terre France. Association bénéficiaire : Les Amis de la Terre – 2B rue Jules Ferry – 93100 Montreuil

1 € par semaine

Nom et adresse postale de l’établissement teneur du compte à débiter Agence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . . . Rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code banque

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