La Baleine 159 : Quel urbanisme pour des villes soutenables ?

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Depuis 1971

septembre 2009 /€20 3 N°159

urbanisme pour des villes soutenables ? Quel

www.amisdelaterre.org

La contribution carbone des compagnies pétrolières Prix Pinocchio : c’est reparti ! Poitiers – Limoges, vitesse à tout prix ?


Edito

SOMMAIRE

Un urbanisme pour une ville soutenable Au moment où nous écrivons ces lignes, les réunions du G8 et les décisions prises par le Congrès des Etats-Unis en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre font planer un lourd nuage sur les futures négociations de Copenhague. Comme prévu, les pays dits émergents font de la résistance : mais ils rencontrent en cela le renfort des parlementaires américains, encore moins courageux que les gouvernements de l'Union européenne. Il faut dire que les Etats-Unis demeurent la pointe la plus avancée de la civilisation, c'est-à-dire les premiers émetteurs de gaz à effet de serre (19,6 tonnes de CO2 par habitant en 2005). Car depuis les années 1930, les Etats-Unis ont systématisé un aménagement du territoire que l'Europe a ensuite docilement adopté et qui est au cœur de la civilisation industrielle. De nombreux prophètes annoncent comme une évidence que l'avenir du monde est à la ville. Bien peu imaginent en réalité les conséquences de la lutte pour la maîtrise énergétique sur ce qu'est aujourd'hui devenu le milieu urbain. Une ville qui s'étale en tache d'huile dans ses zones périphériques, dévorant les terres arables pour y planter les hangars et les pavillons où se vendent et se consomment les produits standardisés de la mondialisation. Une ville faite par et pour la bagnole. Une ville sans lien avec sa région, dont les zones sont ultra-spécialisées et socialement ségréguées. Une ville étanche et minérale s'opposant aux grandes fonctions écologiques et à la production agricole. Une ville solidaire de l'industrialisation de l'agriculture, accro à l'automobile et au pétrole. Bien au contraire, nous voulons une ville re-liée à ses campagnes, à ses productions et aux milieux naturels qu'il faudra parfois laisser se reconstituer. Une ville où habitat, services et industries locales coexisteront avec un milieu naturel présent même dans les zones denses, et dont l'architecture exploitera les contraintes écologiques : hauteur maximale, orientation, autoproduction énergétique, matériaux... comme des opportunités de créativité. Une ville pensée en fonction des transports en commun et des modes de déplacement doux, à forte mixité et diversité sociales. Une ville qui libère des terres pour l'agriculture locale, à proximité des besoins. Pour réinventer la ville, il est indispensable de privilégier une démarche démocratique. Elle seule permettra aux citoyens – c'est-à-dire, par l'étymologie, aux habitants de la ville – de reprendre le pouvoir sur leur vie, en commençant par la prise sur le territoire.

> CLAUDE BASCOMPTE Président des Amis de la Terre • France

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3 - 5 > INTERNATIONAL • BEI : comment des prêts publics servent les paradis fiscaux • Climat : un attentisme inquiétant • La contribution directe des compagnies pétrolières aux changements climatiques • Pétrole ou droits de l'Homme, le Pérou doit choisir • OMS : carnet de Vigie 6 - 8 > FRANCE « Total stockerait 120 000 tonnes de CO2 dans la zone sismique de Lacq » • Victoires historiques à Ilisu • Prix Pinocchio 2009 : c’est reparti ! • Les logiciels libres, un combat écolo ? •

9 - 10 > RÉGIONS • Poitiers – Limoges : vitesse à tout prix ? • Enercoop, l'énergie citoyenne en marche 11 - 16 > DOSSIER QUEL URBANISME POUR DES VILLES SOUTENABLES ? • Réinventer la ville • Grand Paris : les citoyens mis à l'écart de la réflexion • La régulation foncière en question • Villes – Campagnes : vers des rapports harmonieux et équilibrés • Ecoquartiers : des résultats en demi-teinte • Villes en transition • Curitiba et Villa El Salvador : l’homme au centre de l’organisation urbaine • Pour un droit de l’urbanisme soutenable 17 > RESEAUX • Contacts en France et dans le monde • Bulletin d’adhésion 18 > COIN DES LIVRES • Villes sécurisées : « Les ghettos de riches sont un produit immobilier porteur » • Publications 19 > JURIDIQUE, COLLECTIFS Genèse de la dérèglementation en matière d’urbanisme • Le CAC 44 en hausse ! •

20 > PRATIQUE, HUMEURS • Femmes, un peu de poésie pour un corps et un monde plus beau • La folie des hauteurs

> LES AMIS DE LA TERRE Le Courrier de la Baleine n°159 « Se ranger du côté des baleines n'est pas une position aussi légère qu'il peut le sembler de prime abord. »

Trimestriel • Septembre 2009 • n°CCPAP : 0312 G 86222 • ISSN 1969-9212

Depuis 1971

Ce numéro se compose d’un cahier principal (20 pages)et du supplément Nous Autres pour les adhérents.

Directeur de la publication Claude Bascompte Rédactrice en chef Sophie Chapelle Secrétaire de rédaction Lucie Lebrun Comité de rédaction Alain Dordé, Céline Gossa, Laurent Hutinet, Caroline Hocquard, Florence Leverdez, Lucile Pescadere, Caroline Prak, Emmanuelle Roggeri, Agnès Rousseaux Ont collaboré à ce numéro Julien B, Jérôme B, Françoise Chanial, Cyrielle den Hartigh, Hélène Gassie, Clémence L., Stéphanie Lacomblez, Martine Laplante, Yann Louvel, Hannah Mowat, Anne-Sophie Simpere, Gwenael Wasse Crédits photos Advocnar, Black Wall, Benka, David Cochard, Lieven Soete Maquette Nismo Carl Pezin • 01 48 00 06 94 Impression sur papier recyclé Offset cyclus 90g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50. Cette publication a été réalisée avec l’aide financière de la Commission européenne dans le cadre du projet “Industries extractives : bénédiction ou malédiction pour les pays du Sud ?". Son contenu ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant les positions de l’Union européenne.

Les Amis de la Terre est une association de protection de l'Homme et de l'environnement. Créée en 1970, elle a participé à la fondation du mouvement écologiste en France, et à la formation du premier réseau écologiste mondial, Les Amis de la Terre – International, présent dans 77 pays et réunissant deux millions de membres. Les Amis de Terre mènent des actions de plaidoyer auprès des décideurs économiques et politiques et sensibilisent le grand public sur les problématiques environnementales. Elle s’appuie pour cela sur un réseau de 30 groupes locaux.


INTERNATIONAL

Banque européenne d'investissement Comment des prêts publics servent les paradis fiscaux La Banque européenne d'investissement (BEI) continue à financer des projets impliquant des paradis fiscaux, de quoi mettre en doute sa communication qui ne cesse de les dénoncer. Alors que François Fillon affirme que « des trous noirs comme les centres offshore ne doivent plus exister », Gordon Brown suggère à Washington d’interdire les paradis fiscaux. Depuis quelques mois et le début de la crise financière, les décideurs européens rivalisent de déclarations incendiaires à l’encontre de ces territoires dits non-coopératifs. Pourtant, le dernier rapport des Amis de la Terre, « Au diable le développement : comment les prêts de la BEI servent les paradis fiscaux », démontre que de nombreux projets financés par la Banque européenne d'investissement impliquent des paradis fiscaux et des multinationales qui utilisent des centres offshore. Or les politiques d’investissement de la BEI sont décidées par les Etats membres de l’Union européenne (UE), qui sont ses actionnaires. Difficile alors de croire que ces derniers entendent vraiment lutter contre ces pratiques. 9 juin 2009, Bruxelles : dénonciation par Counter Balance des liens de la BEI avec les paradis fiscaux.

BEI : les portes du paradis ? Dans la région ACP (Afrique – Caraïbes – Pacifique), la BEI se présente comme « un partenaire pour le développement et les objectifs de développement pour le millénaire ». En fait de développement, la banque soutient essentiellement des méga projets d’infrastructures bénéficiant à des multinationales du Nord, projets souvent rattachés à des centres offshore. Le Gazoduc Ouestafricain au Nigeria, la mine de Tenke Fungurume en République démocratique du Congo ou la mine de Mopani en Zambie sont liés aux Bermudes ou aux Iles Vierges. La banque investit également dans des fonds promettant des taux de rentabilité tellement élevés qu’ils recourent à des stratégies d’investissement très agressives, utilisant l’évasion fiscale.

On sait que l’évasion fiscale illégale représente globalement dix fois le volume de l’aide internationale. Les paradis fiscaux et toutes les pratiques qu’ils entraînent sont donc une entrave grave au développement. Ils affaiblissent les institutions publiques et la démocratie. Il est scandaleux que la banque de l’UE finance des projets gérés par des promoteurs utilisateurs de centres offshore.

Maintenir la pression Avec leur nouveau rapport, les Amis de la Terre lancent une campagne pour demander à la banque européenne de ne plus alimenter les paradis fiscaux et d’assurer une transparence totale de ses prêts afin de garantir cet engagement. Le 9 juin 2009, une première action de rue était organisée à Bruxelles pour

interpeller le Conseil européen et la Commission sur ce sujet. La BEI a d’ores et déjà promis de se pencher rapidement sur de nouvelles normes pour faire face à cette situation, « à la lumière des conclusions formulées lors du sommet du G20 » de Londres. Une bonne raison de maintenir la pression sur la banque, pour que cette politique ne fasse pas figure de purgatoire.

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ANNE-SOPHIE SIMPERE

Chargée de campagne • Finance publique

Aller plus loin : Retrouver le rapport publié par les Amis de la Terre, la coalition Counter Balance et le réseau Eurodad « Au diable le développement : comment les prêts de la BEI servent les paradis fiscaux » : www.amisdelaterre.org/presse

Climat Un attentisme inquiétant Dans le cadre de la préparation des négociations internationales sur les changements climatiques qui se tiendront en décembre 2009 à Copenhague (Danemark), les pays négociateurs se sont réunis à Bonn (Allemagne) fin juin 2009. Cette réunion n'a malheureusement pas été caractérisée par de grandes avancées. A la veille de Copenhague, les Etats semblent en effet attentistes alors qu'ils vont devoir trouver un accord sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l'après 2012. Si une réduction des

émissions de GES de 40 % est nécessaire à l'intérieur des frontières d'ici 2020 pour les pays industrialisés, les discussions actuelles tournent plutôt autour d’une réduction comprise entre 8 et 14 % !

Face à cette inertie du monde politique et économique, les Amis de la Terre préparent une énorme mobilisation populaire afin d'ébranler les décideurs dans leur tour d'ivoire.

Statut des forêts ?

Chargée de campagne • Changements climatiques

En outre, il semblerait que les négociations s'orientent vers une inclusion des forêts dans le marché international du carbone, ce qui serait une catastrophe, tant du point de vue écologique (biodiversité, changements climatiques) que pour les populations locales.

Aller plus loin : Pour suivre les négociations : www.justice-climatique.org Pour suivre la mobilisation sur Copenhague : www.dubruitpourleclimat.org

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CYRIELLE DEN HARTIGH


INTERNATIONAL

Changements climatiques La contribution directe des compagnies pétrolières Les producteurs d'énergie contribuent considérablement aux changements climatiques et leurs pratiques sont de plus en plus émettrices de gaz à effet de serre. Total et le torchage

Exploitation de sables bitumineux dans l'Alberta (Canada).

Les négociations de Copenhague (Danemark) devront impérativement fixer des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les Etats et les industriels. Parmi ces derniers, l'impact des producteurs d'énergie est considérable. A l'échelle mondiale, le secteur énergétique a en effet été responsable de 25 % des émissions de GES en 2007. Du côté de l'Union européenne, très industrialisée et énorme productrice et consommatrice d'énergie sous toutes ses formes, et notamment d'électricité, ce taux atteignait 61 % en 2003.

Investissements climaticides La contribution au réchauffement climatique des grandes compagnies pétrolières et gazières est considérable et croissante. Figurant parmi les entreprises les plus puissantes au monde, presque toutes les grandes compagnies privées du secteur pétrolier (Exxon, Total, Shell, BP, Chevron, ENI ou encore Repsol), « s’activent » dans l'exploitation des sables bitumineux, au

Canada depuis plusieurs années, et désormais en Afrique. Total, déjà très présent dans les sables canadiens, s'est ainsi engagé dans un projet à Madagascar, et semble également intéressé par des réserves au Congo. Or, la production d'un baril de pétrole à partir de sables bitumineux est tellement énergivore que son impact en termes d'émissions de GES est estimé au triple de celui d'un baril produit à partir de pétrole conventionnel. L'exploitation des sables bitumineux et autres pétroles extralourds revient alors à laisser les compagnies pétrolières gaspiller les énergies fossiles les moins polluantes, telles que le gaz, pour produire les plus sales jamais utilisées dans l'histoire de l'Humanité. Un récent rapport des Amis de la Terre – Europe a d'ailleurs mis cette schizophrénie en évidence : les investissements de la compagnie anglonéerlandaise Shell pour exploiter ses réserves dans les sables bitumineux multiplieront par deux l'impact climatique de sa production par baril de pétrole produit, déjà considérable, dans les années à venir.

En France, Total, première entreprise hexagonale, n'est pas en reste. Ses émissions de GES se sont ainsi élevées à 57,9 millions de tonnes équivalent CO2 en 2007, soit presque 11 % du total des émissions françaises de l’année ! Plus du quart de ces émissions sont imputables au torchage des gaz extraits des puits de pétrole et non valorisés, une pratique désastreuse sur le plan environnemental et sanitaire pour les populations avoisinantes, et qui représente un véritable gâchis énergétique. C'est notamment le cas au Nigeria, où le torchage pratiqué par les grandes compagnies pétrolières privées a entraîné le rejet de 70 millions de tonnes équivalent CO2 en 2004. Le torchage représente la première source d'émission de GES du continent africain, qui subira le plus durement les effets du réchauffement climatique dans les prochaines années. Alors que toutes les compagnies pétrolières communiquent ad nauseam sur leur soi-disante prise en compte du réchauffement climatique, on est donc en droit de s'interroger : le secteur n'est-il pas, plutôt, le principal contributeur au phénomène, aussi bien directement qu'indirectement ?

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GWENAEL WASSE

Chargé de campagne • Responsabilité sociale et environnementale des entreprises

Aller plus loin : Retrouver le rapport des Amis de la TerreEurope « Shell's big dirty secret » : www.foeeurope.org/press/2009/

Industries extractives Pétrole ou droits de l'Homme, le Pérou doit choisir La manifestation tourne au massacre le 5 juin 2009 à Bagua (Pérou) où des forces policières s’opposent aux Indiens qui bloquent routes et rivières. Bilan : 33 morts, 200 blessés et 83 arrestations qui interviennent après deux mois de manifestations contre des lois ouvrant l’accès des forêts communautaires indiennes à des compagnies pétrolière et gazière. Ces lois menacent d'autant plus fortement les Indiens que 70 % de l’Amazonie ont déjà été « cédés » à de telles compagnies ces dernières années. La découverte de nouveaux gisements, profitables aux multinationales Perenco ou Petrobras fait donc craindre le pire pour les forêts vierges, les

derniers projets ayant été dévastateurs en Equateur avec pollutions chroniques et impacts sanitaires lourds pour les populations locales.

Une révolte d’abord méprisée La contestation a d’abord été méprisée, le président Garcia ignorant les tentatives des membres du Congrès de modifier les lois au cœur du conflit. Puis, au mépris a succédé une répression qui traduit le malaise du gouvernement : sept membres du Congrès sont limogés, la radio locale couvrant les événements de Bagua n’est plus autorisée à émettre et les ONG sont contrôlées. Alberto

Pizango, de l’organisation des Indiens d’Amazonie, accusé de « sédition » contre le gouvernement, est même contraint de demander l’asile au Nicaragua… Spoliés de leurs terres depuis des siècles, les Indiens du Pérou marqueront peut-être par leur révolte la fin d’une prospection pétrolière irresponsable. C’est ce que demande Survival International, qui appelle les compagnies pétrolières opérant en Amazonie péruvienne à suspendre leurs activités. Les Amis de la Terre rejoignent bien sûr cet appel.

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CAROLINE PRAK


INTERNATIONAL

La santé soumise au nucléaire OMS : Carnet de Vigie Depuis le 26 avril 2007, des vigies se relaient devant le siège de l'Organisation mondiale de la santé pour demander son indépendance à l'égard de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Témoignage. « Après des centaines d'autres militants, nous assurons avec Nicolai, la 100e semaine de Vigie devant l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La vigie vise à dénoncer l'accord de 1959 qui lie l'OMS à l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. Nicolai enseigne le français à New York et tonne du Rabelais à l'adresse des bureaucrates : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ! ». Son indignation vient des témoignages de son frère, Wladimir Tchertkov, auteur de films comme Le Sacrifice, qui m'a propulsée à Genève : un jeune père de famille, liquidateur de Tchernobyl se désagrège sous les yeux de sa femme et répète avec une douceur insoutenable « cosemar »... Son cauchemar est devenu le nôtre.

Comme tant d'autres militants, Françoise et Nicolai dénoncent inlassablement l'accord liant l'OMS à l'AIEA.

Représentants des peuples

v

Un homme traverse la rue avec un grand sourire. Il vient d'Égypte, plus précisément de Nubie, le pays secret des sources du Nil. Il nous parle de son village détruit par le barrage d'Assouan, de son peuple déplacé qui a déjà perdu la moitié de ses chants, de ses danses, de sa mémoire plusieurs fois millénaire. Un poète persécuté s'insurge mais justement, il vient d'être entendu : le gouvernement égyptien a promis aux Nubiens de les réinstaller au bord du Nil ! Mais la terre de Biélorussie aspergée des radionucléïdes venus de Tchernobyl, quand pourra-t-elle de nouveau nourrir le peuple sans l'empoisonner ? Des peuples entiers sont victimes des déplacements environnementaux, frappés dans leur culture, leur santé, leur survie même. Sur notre

trottoir en forme de flèche, nous sommes les représentants de ces peuples qui revendiquent le contrôle de leur vie dans le respect de leur terre.

De qui l'OMS est-elle le nom ? Et vous, responsables de la santé mondiale, qui représentez-vous ? Vos bureaux sont bien gardés, n’y entrent

que les données chiffrées agréées par les gouvernements… et par l’AIEA ! Les poètes, surtout s’ils sont visionnaires, sont priés de rester au carrefour. Vous répandez des brochures pour convaincre qu'il ne faut pas laisser les enfants tomber dans le puits ou la piscine. Le conseil est incontestablement utile, mais son efficacité sera limitée s'il n'est pas relié à l'enjeu global : retrouver collectivement la maîtrise de nos vies, dans le respect de la nature. Vous êtes payés pour servir une politique qui ne dit pas son nom, qui se contente de donner plus de pouvoir à ceux qui en ont déjà, mais à qui en fait ? On se pose la question : « de qui Monsanto est-il le nom ? » mais elle vaut pour l’OMS ou l’AIEA. Leurs employés n'ont aucun pouvoir : la directrice ellemême, Madame Chan, ne peut pas nous répondre. Nous devons pourtant accuser les fantômes que sont nos interlocuteurs, jusqu'à ce qu'on mette au grand jour que la machine à produire du pouvoir marche toute seule et que pour l'arrêter il suffit de désactiver quelques réseaux bancaires... « Sharing is caring », partager c'est sauvegarder, dit Nicolai à la mésange qui picore notre pain. Que voilà une jolie maxime ! Ce n'est pas la règle suivie par nos gouvernants mais il faut changer nos règles ! A la prophétie de Rabelais, ajoutons « Argent sans conscience n'est que ruine du monde ». Utopie ? « Where there is a will, there is a way », vouloir, c'est pouvoir : encore un message de la sagesse des peuples énoncé par Nicolai. Faites passer ! »

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FRANÇOISE CHANIAL

Les Amis de la Terre • Poitou

Brèves Pas de CCE sans justice sociale – Les Amis de la Terre ont participé à la conférence de consensus présidée par Michel Rocard les 3 et 4 juillet 2009, et ont insisté pour que la future Contribution climat énergie (CCE) taxe les mésusages de l’électricité. Cette nécessaire taxe ne doit pas renforcer les inégalités. C’est pourquoi il faut en parallèle restaurer la progressivité de l’impôt et refuser toute baisse des cotisations sociales – contrairement à ce qu’envisage le gouvernement.

Mouvement des Sans-Terre : 25 années de luttes - Face à la concentration de la propriété de la terre, la pauvreté et l'inégalité sociale, des centaines de travailleurs ruraux ont payé de leur vie leur rêve d'une terre libre. La lutte pour la réforme agraire et un autre modèle de développement continue au Brésil et ailleurs. Du 29 septembre au 4 octobre 2009, le Mouvement des Sans Terre (MST) investira la Place des Innocents à Paris par des campements, symboles de leurs luttes. Expo-photos et ateliers-débats rythmeront cet événement soutenu par les Amis de la Terre - France. Condamnation du coup d'Etat au Honduras - Les Amis de la Terre - International, préoccupés par la montée de la violence et de la répression suite à l'enlèvement du Président Zelaya au Honduras en juin 2009, soutiennent la lutte locale pour la démocratie et les Droits humains. Considérant ce coup d'Etat, guidé par les intérêts d'une minorité, comme une régression sociale, les Amis de la Terre – International ont constitué un fonds de solidarité visant à soutenir la mobilisation de la société civile. Plus d'information : www.foei.org/en/get-involved/take-action/solidarity-for-honduras/ honduras-solidarity-fund


FRANCE

Fausses solutions « Total stockerait 120 000 tonnes de CO2 dans la zone sismique de Lacq » Jacques Mauhourat, président de la SEPANSO - Béarn (fédération régionale des associations de protection de la nature de la région Aquitaine), analyse le projet expérimental de captation et de stockage de carbone à Lacq (Pyrénées Atlantiques). La Baleine : Bien que le gaz et le pétrole de Lacq soient pour ainsi dire épuisés, Total n'oublie pas ce site historique... Jacques Mauhourat : Le groupe Total a en effet été chargé par l'Etat d'un projet expérimental de captation et de stockage de carbone (CSC) utilisant un ancien gisement de gaz situé au puits de Rousse, sur la commune de Jurançon, au cœur de l’AOC du même nom. Le CO2 serait acheminé sur 27 kilomètres avant d'être pressurisé et enfoui. Il proviendrait du bassin de Lacq, serait produit dans une chaudière existante, à partir de la combustion de gaz commercial, en présence d’oxygène, afin de limiter la production d’oxydes d’azote. Cette expérimentation, si elle est menée à son terme, pourra donner à Total la capacité de breveter cette technique afin d'attaquer l'immense marché de stockage de carbone, notamment en Asie du Sud-est. Le projet a débuté début 2007 dans le cadre d’un projet de recherche de l’ADEME et du CNRS, et a été confié à Total, qui a organisé trois réunions locales pour le présenter. Aucune commission du débat public n'a été instituée. L'enquête publique ouverte en mai 2008 a été menée au pas de charge et le préfet a signé l'arrêté d'autorisation enregistrant l’expérience sous le régime du droit minier. Cet artifice permet d'échapper à une directive européenne de 2008, non transcrite pour l’heure en droit français et beaucoup plus contraignante, et confie l’avenir du site à l’Etat, donc aux frais des contribuables.

LB : Quelles sont les réactions ? JM : La SEPANSO – Béarn et Aquitaine, et l'Association des Coteaux de Jurançon Environnement, soutenues par France Nature Environnement, ont déposé un recours en annulation devant le Tribunal administratif de Pau. Les risques industriels et

sanitaires sont potentiellement importants. Total stockerait 120 000 tonnes de CO2 dans la zone sismique de Lacq. Alors qu'un relargage de CO2 a entraîné la mort de 1 700 personnes autour du lac de Nyos (Cameroun) en 1986, aucune étude sérieuse n'a été menée sur les risques sanitaires en cas de fuites majeures. Le stockage pourrait en outre s'avérer instable si le CO2 sous pression

entrait au contact de l'eau, des études scientifiques ont montré que 90 % du CO2 stocké dans des couches géologiques profondes va se dissoudre dans l’eau et peut ainsi être rejeté en surface. La capacité de stockage ne représente qu’une très faible part des émissions locales, et le procédé entraînerait, selon Total, une hausse de 40 % de la consommation de la centrale. Les 11 projets de CSC en cours dans le monde ne permettraient de stocker que 0,06 % de la production mondiale de CO2. Les projets de CSC arrivent en bout de chaîne, se contentent de stocker et non d’éliminer et s’opposent à la sobriété et à l'efficacité énergétiques. Le véritable objectif est d’entériner la hausse future des émissions et de justifier la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon. Par ailleurs, les députés Christian Bataille et Claude Birraux, ont remarqué dans leur « rapport sur l’évaluation de la stratégie nationale de recherche en matière d’énergie » de mars 2009 que 26 millions d’euros en dépense publique ont été investis en 2006 dans les projets de CSC contre seulement 4 millions dans la géothermie ou l'éolien, cela sans débat public. Nos associations réclament donc aujourd’hui un moratoire sur le projet, l’organisation d’un débat public et parlementaire et une expertise des risques indépendante.

> PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT HUTINET

Projets controversés Victoires historiques à Ilisu L'annonce a eu lieu le 6 juillet 2009 : après six mois de tergiversations, l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse se sont définitivement retirées du projet controversé de barrage d'Ilisu, en Turquie. Dans la foulée, la Société Générale annonçait également son retrait. Ces décisions constituent une première et une grande victoire pour les ONG qui dénoncent ce projet depuis des années. Ilisu est en effet l'archétype du « projet controversé », aux impacts environnementaux et sociaux massifs : déplacement forcé de plus de 55 000 personnes,

en majorité kurdes, inondation du patrimoine culturel unique de la ville de Hasankeyf, risques géopolitiques majeurs pour la gestion de la ressource en eau avec la Syrie et l'Irak, et dégradation des écosystèmes de la vallée du Tigre.

Mobilisation gagnante C'est grâce à la pression des ONG que les pays européens avaient intégré à leurs garanties 150 conditions environnementales et sociales que la Turquie devait respecter. La campagne internationale « Stop Ilisu » a joué un rôle majeur pour démontrer la violation de ces engage-

ments. Les Amis de la Terre y avaient participé en organisant deux manifestations devant le siège de la Société Générale et de l'OCDE en 2008. Ces victoires marquent une évolution importante puisque pour la première fois, les considérations environnementales et sociales l'ont emporté sur les intérêts économiques à court terme. Mais la Société Générale doit se doter dans les plus brefs délais de politiques sectorielles de réduction des risques afin de ne plus être impliquée à l’avenir dans de tels projets.

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YANN LOUVEL

Chargé de campagne • Finance privée


FRANCE

Alimentation et agriculture Fragiles avancées du Traité La 3ème réunion de l’Organe directeur du Traité international de la FAO sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA) s'est tenue du 1er au 5 juin 2009 en Tunisie. 121 représentants de gouvernements, d’organismes internationaux et d’organisations de la société civile y participaient dont Martin Drago des Amis de la Terre – Uruguay et coordinateur de la Plateforme souveraineté alimentaire. La Baleine : Comment les Amis de la Terre – International s’impliquent-ils dans le processus du Traité ? Martin Drago : Pour préparer cette réunion, j'ai participé à deux rencontres, l'une de la Commission de la biodiversité de la Via Campesina et l'autre, organisée par le Comité international pour la planification de la souveraineté alimentaire (CIP). Dès le début, nous avons été très critiques envers le traité. Il ne garantit pas le droit des paysans et des indigènes à garder, vendre et échanger des semences ; il n’interdit pas les droits de propriété intellectuelle sur les ressources ni la biopiraterie de ces dernières. Jusqu’à maintenant, les Amis de la Terre – International étaient représentés par des organisations alliées, comme la Via Campesina et amies comme Grain et ETC Group. Nous appuyions leur travail et leurs déclarations. Mais nous avons compris après les accords obtenus lors du Forum sur la souveraineté alimentaire de Nyéléni en février 2008, qu'il était nécessaire d'être présents dans des lieux où peut s'organiser la résistance comme le TIRPAA. LB : Quelle a été la teneur des échanges Nord-Sud ? MD : Ils ont été excellents, tant au niveau de la préparation de la réunion, que de la communication, des débats, ou des échanges d'informations.

Nous avons réalisé des analyses conjointes, et avons coordonné une action commune au sein de la séance plénière en impulsant, comme grille d'analyse de toutes les propositions, la défense de la souveraineté alimentaire des peuples et la résistance au pouvoir des multinationales.

LB : Quels ont été les résultats de la réunion ? MD : Au début de la réunion de la FAO, les organisations qui avaient été à la réunion

préparatoire organisée par le CIP, ont fait part de leurs exigences aux Etats participants. En premier lieu, nous avons demandé la suspension de tous les droits de propriété intellectuelle empêchant les paysans de conserver et d’échanger les semences non transgéniques, de même que l'arrêt des pratiques monopolistiques des sociétés semencières multinationales. L'obtention d'un accord financier permettant de conserver les semences et la diversité génétique, et poursuivant la biopiraterie nous paraît essentielle. Enfin, si les paysans doivent être associés à toutes les décisions, leurs droits – relatés dans le traité – doivent être appliqués par les gouvernements. Les négociations furent difficiles, il s'agissait de la dernière chance que nous laissions au traité, mais nous avons obtenu des avancées intéressantes dans le domaine de la défense des droits des agriculteurs. Cependant, nous sommes lucides sur la fragilité des accords négociés, il reste de nombreux points à débattre, et l'appui financier manque pour que le traité ait un réel impact. Il est évident que la reconnaissance et la mise en œuvre des droits des agriculteurs n’auraient pas été possibles sans la pression des organisations sociales présentes.

> PROPOS RECUEILLIS PAR HÉLÈNE GASSIE TRADUCTION DE CHRISTIAN BERDOT

Responsabilité sociale et environnementale des entreprises Prix Pinocchio 2009 : c’est reparti ! Pour sa première édition en 2008, les prix Pinocchio du développement durable avaient rassemblé plus de 4100 internautes. Ces derniers avaient voté pour les « pires » entreprises françaises sélectionnées pour leurs pratiques inacceptables en matière de droits de l'Homme, d'environnement ou de communication. Les prix Pinocchio seront de nouveau décernés cet automne à trois nouvelles entreprises. Alors qu'Areva et le groupe Louis Dreyfus ont été « récompensés » l'an passé, de nombreux abus en France et au Sud continuent à être commis. Ils prouvent l'absolue nécessité de réformer les lois visant à encadrer les activités des

multinationales. Alors que ces dernières sont en grande partie responsables de la crise actuelle, elles restent pourtant très peu contraintes par les pouvoirs publics des pays riches, qui continuent à les soutenir activement.

Prix participatifs Pour cette deuxième édition, d'autres organisations partenaires avec lesquelles les Amis de la Terre travaillent régulièrement seront sollicitées, afin d'élargir l'audience de l'événement. Le lancement des votes aura lieu fin septembre, pour une remise des prix prévue à Paris vers la mi-novembre, avant les négociations de

Copenhague qui devront notamment contraindre les entreprises à cesser de dérégler le climat.

Connectez-vous ! Dès l’ouverture des votes, rendez-vous sur www.prix-pinocchio.org , votez pour vos lauréats 2009 et faites circuler l’info ! Merci ! Contact : gwenael.wasse@amisdelaterre.org


FRANCE

Informatique Les logiciels libres, un combat écolo ? Les logiciels libres ont du succès et concurrencent aujourd'hui les logiciels propriétaires, en proposant des produits plus simples et accessibles à tous. Une belle utopie devenue réalité que défend Luc Fiévet, de l'association de promotion des logiciels libres en France (APRIL). Un autre enjeu concerne la vente liée, comme par exemple un ordinateur avec un système d'exploitation Windows et des logiciels pré-installés. L'acheteur est obligé de tout prendre, sans savoir le coût réel de chaque élément. La jurisprudence est actuellement très favorable aux démarches de remboursement qui se multiplient. Il y a aussi un travail à mener avec l'Education nationale, où rien n'est fait pour développer les logiciels libres, sauf au niveau local. Sans chercher à former des spécialistes, il serait bien que les élèves comprennent comment marchent les logiciels, au-delà d'apprendre à les utiliser.

Linux est un système d'exploitation libre alternatif à Windows

La Baleine : Quels sont les enjeux actuels concernant les logiciels libres ?

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Luc Fiévet : Nous avons suivi de près la discussion sur la loi HADOPI. Avec cette loi, chacun doit rendre compte de ce qui transite par sa connexion internet. Pour être dédouané en cas de problème, il faut installer un mouchard sur son ordinateur. Or on ne sait pas ce que fait ce mouchard. Il est présenté comme un système de protection mais ça peut être n'importe quoi...

LB : Les logiciels libres sont l'illustration d'un autre modèle de développement, plus coopératif... mais aussi plus écolo ? LF : Le logiciel libre, c'est un système contributif. Le travail des uns s'ajoute à celui des autres, on est dans la coopération permanente. Bien sûr, il y a des gens qui ne s'entendent pas. Mais comme tout le monde peut revenir au code source, à la base, le travail n'est jamais perdu. C'est une forme supérieure d'efficacité sociale. A l'inverse, aux Etats-Unis, on pose des brevets sur tout et n'importe quoi, comme par exemple le « doubleclic » ou « la barre de progression » qui apparaît lors d'un téléchargement. Cela freine l'innovation et coûte très cher. Une étude a montré que Microsoft coûte à la France l'équivalent du salaire de 50 000

développeurs. Autant d'argent à économiser si tout le monde passait aux logiciels libres. Aujourd'hui, rien n'est vraiment fait pour rendre l'informatique plus écolo. Un PC neuf représente 750 kg d'émission de CO2. Le système d'exploitation libre Linux requiert moins de puissance pour faire tourner un ordinateur, ce qui augmente la durée de vie des machines. A l'opposé, le nouveau système Vista de Microsoft nécessite encore plus de puissance. Or les besoins en traitement de texte par exemple n'ont pas beaucoup bougé depuis 10 ans. Certaines machines pourraient durer beaucoup plus sans cette logique qui pousse à l'acquisition de versions successives de logiciels énergivores. Mais il faut reconnaître aussi que la communauté des informaticiens n'est pas la plus écolo qui soit : quand on est passionné, on adore acheter du matériel neuf. Sur ce sujet, tout reste donc à faire...

> PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS ROUSSEAUX

Aller plus loin : APRIL : www.april.org

Brèves Le MDRGF poursuivi – Le mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) est assigné en justice pour avoir réalisé et publié des analyses de pesticides dans le raisin de table, révélant que les vins issus de l'agriculture conventionnelle étaient contaminés, contenant parfois jusqu'à 5800 fois la concentration de pesticides acceptée pour l'eau. La fédération des producteurs de raisin de table demande 500 000 euros à l'association pour dénigrement. Pour soutenir le MDRGF, rendez-vous sur www.generations-futures.org Antennes-relais : les villes se mobilisent – A l'appel d'Agir pour l'Environnement, deux villes, Saint-Denis (93) et Tourcoing (59) ont voté un moratoire interdisant toute nouvelle implantation d'antennes-relais sur leur territoire, dans l’attente des résultats de l’expérimentation d’un seuil maximal d’exposition à 0,6 volts/mètre. Saisi par le préfet du Nord, le tribunal administratif de Lille à ordonné le 16 juillet 2009 à la Ville de Tourcoing de suspendre ce moratoire.

Elu local et OGM – Agir contre les OGM quand on est élu local, c'est possible ! L'association Inf'OGM publie en juillet 2009, un guide présentant un panorama de leviers possibles : arrêtés, conditionnement des aides à l'agriculture, restauration collective, etc. Le guide « OGM et collectivités locales : comprendre et agir » répertorie également bonnes pratiques et contacts utiles. Plus d'information : www.ogm-et-collectivites-locales.org


RÉGIONS

Actions publiques Les groupes locaux dans la rue ! Stands, tracts, conférences, projections, réunions, participations à des commissions, les modalités d'actions des groupes locaux sont multiples. Et les groupes locaux se mobilisent également dans la rue, dans les magasins, dans les aéroports ; ils se déguisent, sèment et s'expriment ! Et ça fonctionne ! On les entend et les voit ... Voici quelques exemples d'actions de rue récentes. Des orang-outans à Limoges

Stop à l'expansion de Roissy

Les militants des Amis de la Terre Limousin, pour partie déguisés en orangoutans ont envahi deux magasins distributeurs de bois exotiques. Alors que les orang-outans attiraient l'attention des visiteurs et vendeurs, la brigade d'action contre la déforestation collaient des étiquettes « Ce produit nuit gravement à la forêt et au climat » encourageant les consommateurs à se rendre sur le site des Amis de la Terre : www.ecolobois.org pour connaître et faire partager les alternatives en bois local notamment.

Le 14 mai 2009, les principaux aéroports européens ont été le théâtre d'une mobilisation contre les nuisances aériennes. 450 personnes, chantant la « roissyllaise » se sont retrouvées à Roissy pour demander un arrêt des vols de nuit et de l'expansion de l'aéroport. Mobilisés depuis des années sur les transports aériens, les Amis de la Terre Val d'Oise étaient de la partie.

Guerilla potagère en milieu urbain

Contact : valdoise@amisdelaterre.org

Contact : limousin@amisdelaterre.org

Faites confiance à votre banquier ... Le lendemain d'une projection publique du documentaire Let’s make money suivie d’un débat, les militants des Amis de la Terre - Savoie se sont retrouvés devant les agences locales de BNP Paribas et Crédit Agricole, deux banques finançant de nombreux projets controversés dans le monde entier : centrales nucléaires, grands barrages, etc. Equipés d’affiches "Faites confiance à votre banquier, il finance les changements climatiques" et de tracts informatifs, les militants ont sensibilisé passants et clients sur le sujet.

Contact : savoie@amisdelaterre.org

A l'appel de plusieurs associations dont les Amis de la Terre - Montreuil-est francilien, les Montreuillois se sont retrouvés le 17 mai 2009 pour semer des graines potagères et planter des semences « illégales » sur des espaces publics afin de lutter contre la confiscation ou privatisation du vivant par les entreprises multinationales de l’agroalimentaire : un parcours de 2h dans la ville faisant des semeurs du jour, des acteurs de la biodiversité urbaine.

Contact : montreuil@amisdelaterre.org


RÉGIONS

Poitiers - Limoges Vitesse à tout prix ? En 2003, un débat public est lancé sur l’opportunité d’une ligne à grande vitesse (LGV) entre Limoges et Poitiers. Les collectivités locales (région, département, ville de Limoges) soutiennent ce projet de tout leur poids. Lorsque en 2008 débute la phase de concertation, les Amis de la Terre Limousin en collaboration avec les Amis de la Terre - Poitou, écrivent une contribution et martèlent, dans la commission environnement, leur opposition. Les partisans de la LGV prétendent qu'approcher Limoges à deux heures de Paris est une nécessité pour faire de cette ville une véritable métropole régionale génératrice de développement économique.

Moderniser l'existant Mais quel est le prix à payer pour gagner 20 minutes de train ? Les Amis de la Terre - Limousin les énumèrent : 2 milliards d'euros, le passage dans plusieurs sites Natura 2000 et dans un champs d'éoliennes et la destruction de quartiers entiers dans les villes de Poitiers et Limoges pour les raccordements. 20 minutes valent-elles ces destructions ? En outre, le projet de LGV traverse des sites miniers d'étain et surtout d'uranium ! Enfin, ce grand projet laisse de côté les dessertes de la Creuse et la Corrèze, et le fret n'est pas envisagé.

Le collectif s'opposant au projet de LGV Poitiers – Limoges composé d'associations nationales et locales, mais également de partis politiques, et de syndicats demande donc l'abandon du projet au profit d'une modernisation de la ligne existante. Il se mobilise également pour informer la population locale dans les communes concernées. En effet Réseau ferré de France reste muet : certains agriculteurs découvrent le projet quand on prend des mesures sur leurs parcelles...

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MARTINE LAPLANTE

Les Amis de la Terre • Limousin

Enercoop L'énergie citoyenne en marche Enercoop, coopérative cofondée par les Amis de la Terre en 2006, a fait le choix de proposer à ses consommateurs de l'électricité d'origine 100 % renouvelable. L'électricité achetée en direct à ses producteurs est d'origine hydraulique, photovoltaïque, éolienne et biogaz agricole. Au-delà de son engagement écologique, cette coopérative d'intérêt collectif (SCIC) réunit dans son sociétariat consommateurs, producteurs, salariés et partenaires. Enercoop a rencontré à l'automne dernier des difficultés liées à un contexte d'énergie chère. Grâce à une mobilisation forte de ses sociétaires, elle a su dépasser ses difficultés en s'assurant un approvisionnement en énergie 100 % renouvelable pour les prochaines années.

Production locale Enercoop prépare actuellement la phase suivante de son développement : soutenir la création de

coopératives locales de production d'électricité et de services de maîtrise de l'énergie. La première d'entre elles, Enercoop Ardennes, a vu le jour en janvier 2009. Cette SCIC rassemble, outre l'Agence locale de l'énergie des

Ardennes et Enercoop, 80 sociétaires, parmi lesquels des particuliers, des communes et communautés de communes ainsi que des acteurs locaux de l'énergie. Les premiers projets, principalement dans l'éolien, mais également dans les trois autres renouvelables, verront le jour d'ici la fin de l'année 2009. D'autres projets de SCIC locales sont en développement et seront lancés prochainement (Rhône-Alpes et Nord). Le prochain défi pour Enercoop est de trouver de nouveaux consommateurs – ils sont 4 000 aujourd'hui – pour atteindre son ambition : donner à tous l'accès à une énergie propre et locale.

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STÉPHANIE LACOMBLEZ

Enercoop

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Aller plus loin : www.enercoop.fr www.enercoop-ardennes.fr

Brèves Comment faire des nanotechnologies une affaire publique ? – En collaboration avec Les Amis du Monde diplomatique et les Amis de la Terre - Isère, le Collectif sur les enjeux des nanotechnologies à Grenoble à organisé début mai à Grenoble deux soirées de débats conduits par des chercheurs, des philosophes, des élus, des représentants de la société civile… Les rencontres se voulaient critiques, citoyennes et pluralistes autour des questions posées par le développement des nanotechnologies.

Flamoval : feu vert du Préfet – Malgré la mobilisation des citoyens, des professionnels de la santé et des élus locaux de tous bords, le Préfet du Pas-de-Calais a signé le 18 juin 2009 l'autorisation d'exploiter un nouvel incinérateur à Arques (62). Ce projet surdimensionné d'ancienne génération représente la négation de toute politique de prévention des déchets et de recyclage ambitieuse dans la région. De plus l'incinérateur ne produira pas de chaleur et aucune étude concernant la méthanisation n'a été effectuée.


DOSSIER

Quel urbanisme pour des villes soutenables ?

Les villes telles qu'elles existent aujourd'hui ne pourront bientôt plus fonctionner. La fin de l'ère du pétrole, les changements climatiques nous obligent à repenser l'urbanisme. Sans étaler la ville, mais la refaire dans elle-même, il nous faut réguler les prix du foncier urbain pour permettre toujours plus d'investissements publics, trouver des liens harmonieux avec la « campagne » ou encore redonner à la nature toute sa place dans la ville. Pour cela les citoyens, les habitants de la ville, doivent être au centre des changements et les initier. Inspirons-nous des exemples des villes en transition, ou de certaines villes du Sud pour ne pas faire de l'urbanisme soutenable, une simple « vitrine verte ». Bonne lecture !

Agir Réinventer la ville Les dérèglements climatiques joints à la fin inéluctable du pétrole obligent les sociétés industrielles à revoir leur mode de développement fondé sur une consommation débridée d’énergies fossiles. La ville contemporaine, avec ses extensions, est accro au pétrole. De nouveaux boulevards, rocades à 6 voies, échangeurs, ronds points surdimensionnés, se construisent chaque jour pour entretenir le mythe de la vitesse. Le droit à la circulation, interprété comme un droit sans limite à la mobilité, favorise la création de pôles urbains de plus en plus étalés séparés par des déserts ruraux. L’architecture, consommatrice d’énergie, fait fi de son environnement et y supplée par la climatisation et un éclairage excessif. Une ville où l’on ne produit plus, mais où l’incinérateur tente d’effacer les scories de biens fabriqués à des milliers de kilomètres. Prise du délire de la compétition, les métropoles se lancent dans une course à la tour la plus haute. Symbole d’une surconcentration, elle ne se révèle à l’examen ni dense, ni écologique, ni mixte.

Une ville sensorielle Pour les Amis de la Terre, il est urgent de réinventer la ville. Celle du partage, sensorielle, accessible à tous. Une ville rendue fluide par des transports doux et collectifs performants, et un réseau dense bien maillé. Une ville, véritable puits de carbone, dans laquelle les matériaux de constructions à très faible énergie grise seront essentiellement naturels et renouvelables. Une architecture sur 4 à 5 niveaux, adaptée aux conditions d’implantation pour favoriser l’usage d’une énergie naturelle, qui créera un tissu urbain à dimension humaine et aux rythmes variés. Où la cohabitation à l’échelle d’immeubles, d’îlots ou de

quartiers permettra de mutualiser espaces, équipements et services. Où les déchets, essentiellement organiques, seront recyclés en compost et enrichiront les surfaces utiles agricoles et les jardins partagés nichés au cœur du bâti et des équipements.

Nourrir l'imaginaire La ville n'a de sens que si sont pensés ensemble transports, urbanisme, architecture et gouvernance, la démocratie locale devant être la brique de base de la délibération fédérale. On peut reconnaître à certaines municipalités des tentatives de concertation qui à ce jour restent sans effet mobilisateur. Le rapport de la commission « Balladur » sur la réforme des institutions aurait pu être l'occasion de fonder une nouvelle répartition territoriale mieux ajustée à la pratique démocratique. Occasion manquée : elle met en musique une recentralisation qui ne dit pas son nom pour cause de suppression de nombreuses taxes locales. Ailleurs, des villes bougent, entrent en transition comme au Royaume-Uni et déjà ailleurs en Europe, ou fonctionnent d’une autre façon, comme Curitiba au Brésil ou Villa El Salvador au Pérou. Ce qui manque aujourd’hui en France est l’imaginaire des projets d’urbanisme. Aux Amis de la Terre de les nourrir pour favoriser enfin et vraiment l’intérêt des habitants pour leur ville et leur participation à son devenir.

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LE CONSEIL FÉDÉRAL DES AMIS DE LA TERRE


Grand Paris Les citoyens mis à l'écart de la réflexion En 2007, Nicolas Sarkozy lance un appel d’offres auprès de cabinets d’architecture pour imaginer le Paris du XXIème siècle. Une exposition de ces projets à Paris révèle les lacunes de la démarche.

Les projets présentés par les équipes de Potzamparc et Castro.

Inaugurée en 2007, la Cité de l’architecture et du patrimoine est divisée en trois départements dont le Musée des monuments français. Moulages de porte, chapiteaux d’église et autres, nous dévoilent l’architecture du Moyen-Âge à nos jours. C’est dans ce cadre qu’a été dressée l’exposition du Grand Paris. Chaque équipe a hérité d’un module creux, haut d’environ six mètres, et livre aux visiteurs ses réflexions sous formes de films, montages photographiques, cartes, maquettes... Malheureusement, la forme comme le fond de l’exposition se révèlent inadaptés au public.

Premières impressions Point positif : le cadre. Le bâtiment est lumineux, et cette cohabitation des supports modernes et anciens donne d’emblée un panorama dynamique et interactif. La déambulation est agréable, et on passe du travail d’une équipe à l’autre comme on l’entend. Les grands thèmes à aborder comme les transports, le logement, l’aménagement des terrains en friche, la réinsertion de la nature dans la ville et le clivage Paris/banlieue sont présents. La majorité des projets sont présentés de manière pédagogique, comme celui d’Antoine Grumbach « La Seine métropole ». La réflexion est carrée, la proposition concrète. Quand elles sont clairement mises en scène, les idées font rêver… ou peur, c’est selon, comme la possible transformation du Parc de Vincennes en un Central Park parisien, le projet du groupe Descartes. Mais si le passage d’un module à un autre se fait aisément, l’exposition reste très conceptuelle et peu « pratique ».

Une exposition « concept » Il semble que certains cabinets – et/ou les organisateurs de l’exposition – n’aient pas pensé que le public venait là pour s’informer sur le futur de leur ville. Un texte aux caractères parfois terriblement minuscules, des maquettes sans légende, des films muets, des poufs pour s’installer et regarder un tour en hélicoptère sans explication... Pour quelle vision ? Quel objectif ? Quel message a-t-on voulu faire passer aux

Parisiens ? L’exposition manque d’un chapeau commun, d’un liant entre les visions proposées et les péripéties quotidiennes des habitants d’Ile-de-France. Finalement, l’insatisfaction gagne et on ressort comme si l'on était passé à côté de quelque chose.

Absence de consultation publique Car le problème majeur de l’exposition reflète celui du projet dans sa globalité. Une partie prenante, pourtant cruciale, a été mise de côté : les citoyens. Aucune consultation publique n’a été organisée. Le débat public du 17 mars 2009 était déjà une présentation des premières conclusions des équipes. Pendant la phase de travail, les maires étaient présents par le biais de l’Association des Maires d'Ile-de-France pour représenter les intérêts de leurs communes. Mais une étude menée par l’association montre que pour 79 % d’entre eux, leur voix n'a pas été suffisamment entendue, les plus touchés étant bien évidemment les maires des petites communes. Sur place, la réaction est quasi unanime : « Oui, c’est intéressant de voir ce à quoi ILS ont réfléchi. Mais on aurait bien aimé en parler, et donner notre avis ». Au détour d’un moulage, une déclaration de Paul Chemetov, coprésident du comité scientifique : « Ce projet ne prendra forme et force que si l’opinion publique s’en empare et, dans le même temps, s’il trouve un soutien et une expression politique clairs. » L’opinion publique n’a pas encore été conviée à donner son avis sur l’évolution de sa ville. Le citoyen, l'habitant, pourtant acteur de premier ordre de la ville, déambule malheureusement en simple spectateur dans cette exposition. A quand la véritable consultation donnant réellement voix aux citoyens, intéressés et emplis de ressources pour imaginer la ville de demain ?

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CÉLINE GOSSA


DOSSIER

Quel urbanisme pour des villes soutenables ?

Refaire la ville La régulation foncière en question Contraints de refaire la ville sur la ville, les pouvoirs publics sont souvent confrontés à un foncier trop cher pour investir... alors même que ce sont les investissements publics qui ont contribué à son renchérissement ! Peu connus, les mécanismes fonciers sont à la base des phénomènes urbains. Matière première du développement spatial et de la construction, le terrain conditionne toute politique urbaine. Son prix, sa disponibilité, l'encadrement juridique dont il fait ou non l'objet, conditionnent les capacités d'action des pouvoirs publics dans la construction ou la reconstruction de la ville.

Foncier, base de tout projet Immobile par nature et non duplicable, le foncier est l’un des principaux éléments constitutifs de la valeur d'un bien immobilier. Même si les coûts de construction sont relativement encadrés, la valeur des terrains varie dans des proportions parfois vertigineuses selon sa localisation. Dans une période où seuls les plus irréductibles néolibéraux pensent que le marché peut réguler les prix de l'immobilier et des terrains, force est de constater que la puissance publique ne dispose pas des outils de régulation et d'encadrement des prix du foncier. Pourtant, ces outils seuls permettraient à des projets d'équipement publics ou de logements sociaux de s'affranchir, dans l'intérêt général, de la course folle aux terrains de plus en plus chers, dans laquelle ils ne peuvent lutter face aux projets privés les plus lucratifs. Construire un logement social ou une bibliothèque ne sera jamais aussi rentable financièrement que créer une résidence de luxe ou un centre commercial.

Adapter le droit des propriétaires ? Des mécanismes d'utilité publique existent qui, en anticipant l'augmentation dans les zones à urbaniser, permettent à la puissance publique d'acquérir des terrains dans de bonnes conditions. Mais ces mécanismes s'avèrent souvent insuffisants en zone déjà urbanisée. Dans ces secteurs, le respect des intérêts des propriétaires en place est le plus souvent prépondérant face à l'intérêt des projets publics. Si les droits des propriétaires ne sauraient être balayés d'un revers de la main, le droit sacré de la propriété pourrait-il être adapté dans un contexte actuel de crise urbaine et de pénurie de logement ?

Crise du logement, pression foncière, les associations réquisitionnent ...

Le cas du financement des infrastructures de transport est éclairant. La réalisation de ces équipements, très coûteuse en milieu urbain dense, est créatrice de plus-values immobilières et foncières très importantes qui bénéficient à des propriétaires n'ayant en aucune façon contribué à ces investissements. Ne pourrait-on envisager des mécanismes fiscaux de redistribution de cette valeur créée par la puissance publique ? Puisqu'il semble impossible à la puissance publique de préempter les terrains qui vont prendre de la valeur en raison de ses investissements, qu'il lui soit au moins possible de bénéficier en partie de ces plus-values pour financer la création de transports en commun indispensables. Pour mettre fin à l'étalement urbain, savoir refaire la ville sur la ville dans des conditions financières acceptables est indispensable. La question de la régulation foncière en milieu urbain est donc essentielle.

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JÉRÔME B.

Villes – Campagnes Vers des rapports harmonieux et équilibrés Plus besoin de ticket ni de contrôleur. Depuis mai 2009, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile a mis en place la gratuité des transports publics. Plus que la gratuité, c’est le coût de l’automobile rendu plus apparent, qui incite les citoyens à favoriser les circulations douces. Un pas de plus consisterait à se rallier aux 60 collectivités françaises qui ont choisi de mettre en place un traitement de leurs déchets organiques. Une centaine de bus sont ainsi approvisionnés en carburant par le Centre de valorisation organique de Lille métropole communauté urbaine. La Communauté d'agglomération du Pays de Lorient produit elle, du compost à partir des biodéchets ménagers, également utilisable en agriculture bio. L'intégralité est commercialisée auprès d'une vingtaine d'agriculteurs de l'agglomération et mise à la disposition des communes pour leurs espaces verts.

Des partenariats diversifiés Les partenariats des agriculteurs se développent également avec les citadins via les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne qui se sont dernièrement fédérées en Ile-de-France, Aquitaine, Midi-Pyrénées, PACA et Rhône-Alpes. Partout, des bourses d’échanges de graines s’organisent et peuvent s’appuyer sur des maisons de la semence qui sont des lieux de stockage de graines régulièrement cultivées, au moins sur de petites parcelles. Des lieux dans lesquels paysans, jardiniers, mais aussi consommateurs travaillent ensemble pour semer ces graines d’avenir. Un modèle à suivre.

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SOPHIE CHAPELLE


Biodiversité Ville vivante, ville ouverte La ville doit laisser passer la biodiversité. Cela nécessite une réappropriation de ses espaces par le vivant sauvage et cultivé, au détriment des espaces étanches et morts. campagnes européennes sont très intriquées. Pour cela, la ville devra souvent être moins dense et prévoir des espaces importants de circulation de la faune et de la flore. Cette contrainte impliquera de définir empiriquement des densités optimales en fonction de l’histoire et de la situation des tissus urbains. Dans les banlieues, il faudra détruire une bonne partie des zones pavillonnaires pour rendre des surfaces au maraîchage et aux milieux-relais qui l’accompagnent : talus, fossés, haies, mares, bois, etc. En zone dense, la multiplication et la gestion différenciée des jardins publics (voir La baleine n° 150), la généralisation des jardins partagés et des toits végétaux, et les espaces de circulation ferroviaire ou fluviale sont les plus adaptés.

Biodiversité et gestion des eaux

En semant des variétés anciennes, les habitants deviennent acteurs de la biodiversité urbaine.

Avec 8 % du territoire français, la ville couvre déjà une part trop large de l’espace et sa croissance doit être inversée. Mais du point de vue écologique, la concentration urbaine offre un paradoxe. Une ville dense permet une bonne rationalisation énergétique grâce aux transports et aux bâtiments collectifs, mais une ville trop dense et trop étendue concentre les nuisances à tel point que les écosystèmes ont du mal à les absorber et à les traiter.

Serrée, mais pas trop La question se complique si l’on tient compte des impératifs de la biodiversité. Les villes restent moins connues que les autres milieux, mais la plupart des écologues considèrent qu’il faut les rendre transparentes à la biodiversité, donc moins minérales. L’urbanisme devra être adapté à la circulation des espèces, notamment pour permettre aux milieux de s’adapter au réchauffement climatique – ce d’autant plus que villes et

Heureusement, la lutte contre la minéralisation a pour alliée la bonne gestion des eaux. Les « infrastructures vertes » sont beaucoup plus efficaces et moins coûteuses que les procédés de traitement industriels (collecteurs et stations d’épuration), et les villes de New York, de Seattle ou de Berlin utilisent déjà des réseaux de fossés urbains qui assurent l’essentiel de l’épuration des eaux tout en épongeant les orages. Ces systèmes sont performants et permettent aux poissons et oiseaux de se reproduire. Car les études montrent que les animaux et les plantes ne sont généralement pas incommodés par le milieu urbain dès lors que les habitats qui leur sont nécessaires s’y trouvent et sont correctement maillés – ceci particulièrement pour les insectes et les autres invertébrés. Il est parfaitement possible que la ville laisse sa place à la nature. L’évolution des documents d’urbanisme (PLU et SCOT) devra prendre en compte, de façon de plus en plus impérative, ces « trames vertes et bleues »… Mais comme ailleurs, cette nature aventureuse a besoin d’espace. Une raison supplémentaire pour condamner l’automobile, qui en est, en ville, la principale dévoreuse.

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LAURENT HUTINET

Aller plus loin : www.natureparif.fr

Ecoquartiers Des résultats en demi-teinte Les écoquartiers sont censés utiliser le sol avec parcimonie, faire la part belle aux constructions économes en énergie, à la mobilité douce et l’interdiction partielle ou complète de l’automobile, à la végétation et à la mixité sociale et fonctionnelle. Mais malgré leurs bons résultats sur le plan énergétique, l´achèvement récent d'écoquartiers en France et en Europe laisse penser que ces « vitrines écologiques » négligent parfois les objectifs de mixité sociale. Alors que les politiques privilégient un marketing urbain efficace et la construction de quartiers neufs plutôt que la rénovation, l´augmentation du prix du foncier dans les quartiers anciens, engendrée par l´amélioration environnementale du patrimoine bâti, repousse les populations moins aisées en dehors de la ville.

« Ghettos verts » Ceux qui font le choix d´habiter un écoquartier manifestent a priori un intérêt particulier pour la qualité environnementale de leur cadre de vie. Toutefois, un repli sur soi des classes moyennes et supérieures, sensibles pour certains aux grands enjeux environnementaux mais aussi préoccupées par une qualité de vie individuelle et familiale, est à craindre. Une dérive de ce repli communautaire, déjà observée dans certains pays, est la construction de quartiers fermés associant critères de sécurité et environnementaux. Ils aboutissent à de véritables « ghettos verts », allant dans le sens opposé aux principes d´aménagement d'une ville soutenable.

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CLÉMENCE L.


DOSSIER

Quel urbanisme pour des villes soutenables ?

Changements climatiques Villes en transition Devant les défis écologiques actuels, certaines villes prennent de l'avance et décident d'anticiper les mutations à venir, en fédérant les énergies localement. Ils ont décidé de ne pas attendre les solutions miracles de la technoscience ou une hypothétique prise de conscience des nantis de l’hyperclasse. Où ils sont, ils mettent sur pied les démarches nécessaires à la reconstruction d’un cadre de vie soutenable, basé sur des liens sociaux plus forts et équitables. Parmi eux, les promoteurs des villes en transition dont, l’irlandais Rob Hopkins, spécialiste de la permaculture, la culture de la permanence, système de production agricole fonctionnant sur l'équilibre des interactions qui permettent la vie sur terre. En septembre 2006, sous la houlette de Rob, la petite ville anglaise de Totnes (en couverture) devenait la première transition town.

«Totnes maintenant, votre ville demain ? »

« Plan de descente énergétique » La démarche consiste à amener les habitants à définir les solutions qu'ils souhaitent mettre en place, via un « plan de descente énergétique », d’abord en établissant une vision commune qui dédramatise les mutations à venir et fournisse les motivations nécessaires à chacun pour s'engager. Ensuite, il s’agit de retrouver un bon niveau de résilience écologique – capacité d'un milieu à se rééquilibrer après avoir subi une perturbation importante – via la multiplication des liens entre acteurs locaux, s’appuyant sur une relocalisation de toutes les activités qui peuvent l'être. Des instruments adéquats sont mis en place, à l’exemple de la livre de Totnes, monnaie locale permettant de faire ses achats chez les commerçants partenaires du projet. Ce mouvement ne se substitue pas à l'action des associations, des entreprises, des collectivités locales ou de l'Etat, mais fédère les énergies autour d'une dynamique constructive, proposant des lieux de partage d’expériences, pouvant déboucher sur des actions collectives concrètes. Ainsi, des réalisations existantes portées par d'autres (Agenda 21, plans climat, etc.) peuvent être soutenues.

Un réseau en expansion Les propositions de ce mouvement sont par bien des aspects comparables à celles du mouvement pour la décroissance : relocalisation de l’économie, sobriété énergétique, etc. Il en diffère par sa façon d’appréhender le problème : pourquoi se déclarer pour ou contre la croissance, puisque le

système économique tel que nous le connaissons va bientôt disparaître, que nous soyons ou non contre lui ? Grâce à cette stratégie, le mouvement pour la transition est parvenu à des résultats encourageants en un temps record : des centaines de groupes locaux se sont constitués, un éventail d’actions originales a été inventé. Il y a aujourd'hui plus de 130 villes en transition dans le monde, principalement au Royaume-Uni et en Irlande, mais aussi en Amérique latine, aux États-Unis. Les Amis de la Terre - Belgique sont très actifs dans le réseau qui se met en place dans le pays. Quant à la France, les premières expériences commencent à voir le jour, comme au pays de Trièves, près de Grenoble. D’autres sont sans doute à venir.

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ALAIN DORDÉ

Curitiba et Villa El Salvador L’homme au centre de l’organisation urbaine Curitiba, la capitale du Paranà, au sud du Brésil, est un célèbre exemple de ville en transition. Au début des années 1970, Jaime Lerner, son maire de 1971 à 1992, s’est mis en tête de mettre l'être humain au centre de la vie de la cité. Avec ses urbanistes, il imagine un plan d’aménagement contraire aux normes de l’époque : pas de construction d’autoroute mais transformation de certaines artères du centre-ville en zone piétonne, pas de béton mais des espaces verts. En parallèle, un système de transports en commun dense et efficace est mis en place. Enfin, la ville a lancé des programmes d’incitation au tri sélectif des déchets qui, à l’instar du « Cambio verde », permet aux habitants d’échanger leurs ordures triées contre de l’argent ou de la nourriture.

Gouvernance participative Parmi les autres villes qui ont opté pour une gestion innovante figure Villa El Salvador (Pérou). Ancien bidonville de la banlieue de Lima, Villa El Salvador se caractérise par son haut degré d'organisation sociale et par son parc industriel cogéré par la municipalité et les associations locales d'entrepreneurs. Chaque habitant peut participer à l’élaboration du plan de développement du territoire en élisant ses délégués au sein de la communauté autogérée. Grâce à cette gouvernance participative, la ville dortoir s’est transformée en bassin d’emploi dynamique qui a fixé l’écologie et la solidarité à l’ordre de ses priorités.

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LUCILE PESCADÈRE


DOSSIER

Quel urbanisme pour des villes soutenables ?

Juridique Pour un droit de l’urbanisme soutenable Les Amis de la Terre proposent un changement total de perspective pour faire des règles d'urbanisme, un outil au service de sociétés soutenables. Cela commence par une plus grande fermeté dans l’application des règles existantes. Les régularisations de constructions illégales vont par exemple bon train sur la Côte d’azur. Appliquer intégralement les lois « littoral » et « montagne » est un pré-requis pour ces zones à la fois sensibles et soumises à une forte pression.

comme une atteinte aux paysages ! Le droit de l’urbanisme ignore les engagements de la France au titre du Protocole de Kyoto. Il serait possible d’imposer aux constructions nouvelles un niveau minimal d’isolation. Pourquoi ne pas copier nos voisins catalans en intégrant la présence d’énergies renouvelables dans les conditions d’obtention du permis de construire ?

Objectifs contradictoires

Démocratie incapable de changements ?

Le droit de l’urbanisme est au cœur de toutes les contradictions. On lui assigne des objectifs contradictoires tels que le développement économique et la protection des espaces naturels. Faire face à des enjeux inédits commande de hiérarchiser ces objectifs et d’assigner à ce droit un objectif de soutenabilité. Il s’agit d’abord de stopper les effets dévastateurs de l’étalement urbain. Prédateur du foncier agricole, il favorise aussi l’usage de la voiture individuelle. Un moratoire sur l’urbanisation de nouvelles zones recentrerait l’urbanisme sur le renouvellement et la densification urbaine. Il est par ailleurs illusoire de construire un modèle de société soutenable en raisonnant selon le schéma de la maison individuelle, même insérée dans un éco-quartier. L’espace concédé à l’automobile devrait aussi être réaffecté à l’habitat. Tout cela passe inévitablement par des règles nouvelles qui reviendraient à limiter le pouvoir des élus locaux en matière de planification urbaine. L'état actuel du droit des autorisations d’urbanisme et du droit de la construction ne peut générer que de l'indignation. Aujourd’hui, un permis de construire peut être refusé pour des motifs liés à l’esthétique, au paysage (R. 111-21 du Code de l’urbanisme). Par contre, un refus de permis fondé sur la mauvaise orientation climatique de la construction serait illégal. Au contraire, la pose de panneaux solaires est parfois considérée

Certaines constructions écologiques légères devraient pouvoir trouver leur place dans les règles d’urbanisme. Par exemple, les yourtes accompagnées d’une activité agricole, compte tenu de leur neutralité écologique, devraient pouvoir être autorisées y compris en dehors des zones urbanisées. In fine, ces propositions, irréalistes pour certains, portent en elles la question plus large de la capacité de la démocratie à changer radicalement la société vers la soutenabilité ou la décroissance. Par exemple, quels élus locaux, produits de la démocratie représentative, accepteraient la fin de l’étalement urbain, source de leur petit pouvoir de délivrance de bons à construire ? Quels citoyens accepteraient une règle limitant le nombre de mètres carrés par personne ? Ces mesures constituent des atteintes substantielles à la liberté, mais sont pourtant de plus en plus incontournables ! Cela bouleverse totalement nos réflexes démocratiques habituels. Mais rien n’est impossible. Ainsi, certaines procédures participatives telles que les conférences de citoyens, insuffisamment utilisées en France, ont montré que des citoyens, « bien éclairés » sont prêts à prendre des décisions radicales, parfois bien plus que nos élus. La décroissance ne se fera pas sans une nouvelle pensée de la démocratie, ou alors, au mépris des droits humains.

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JULIEN B.


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Villes sécurisées « Les ghettos de riches sont un produit immobilier porteur » Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, a coordonné l’ouvrage Ghettos de riches (éd. Perrin, 2009), qui propose un tour du monde de ces enclaves résidentielles sécurisées. Rencontre. La Baleine : Que désignez-vous par « ghettos de riches ? »

devenues un produit immobilier porteur dans tous les pays du monde. En France, on en trouve autour de Toulouse, Nantes, Dijon, Paris, Bordeaux, Nice ou Marseille.

Thierry Paquot : C'est une formule volontairement paradoxale. Le « ghetto » est généralement un lieu ségrégué, on pense au ghetto noir aux Etats-Unis ou historiquement, au ghetto juif à Venise et ailleurs en Europe. Les « ghettos de riches » sont des lieux volontairement coupés du reste de la ville et des habitants qui résident dans le même territoire. C'est un ghetto souhaité par une population qui refuse inconsciemment ou non la diversité sociale, culturelle, générationnelle. Les « gated communities » sont nées aux Etats-Unis avant de gagner l'Amérique latine. Elles sont aujourd'hui

LB : Pour quelles raisons ces enclaves résidentielles se développent-elles ? TP : Les premières « villes fermées » aux Etats-Unis étaient des villes haut de gamme donnant sur un golf. On arguait du calme et de la nature favorisant la pratique d’un sport élitiste. L'argument sécuritaire est venu ensuite. Aujourd’hui, l'argument médical prime, la plupart de ces villes bénéficiant de cabinets de médecins ou de kinésithérapeutes. En France se développent les sénatoriales pour les retraités, des lotissements pavillonnaires de petits immeubles proposant un suivi médical. Des maisons plus basiques fleurissent dans des parcs fermés par une grille, sans réelle obsession sécuritaire des propriétaires. La distinction sociale, la peur de l'autre, la sécurité pour

que les enfants puissent jouer dehors, sont autant de raisons concourant à leur développement. LB : En quoi ces « ghettos » modifient-ils profondément « l'esprit de la ville » ? TP : Comme le grand ensemble ou la tour, le ghetto de riches provoque une rupture du tissu urbain, une discontinuité dans la ville, il exige qu'on le contourne. Avec ces ghettos, l’urbanisation ne se manifeste plus par des lieux socialement et culturellement composites, reposant sur la rencontre possible de l'autre. Les discriminations sont territoriales. Cette manière d'être au monde et aux autres achève volontairement le tri de ceux avec qui on souhaite partager le territoire. Ce qui fait la qualité de la ville est au contraire son accessibilité à tous et sa gratuité, le fait que riches et pauvres puissent aller partout.

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PROPOS RECUEILLIS PAR SOPHIE CHAPELLE

« Construire une société soutenable : quelle production pour quels usages du bois des forêts françaises ? »

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Dans ce rapport, les Amis de la Terre étudient et chiffrent leur réponse à la question : récolter plus de bois tout en préservant mieux la biodiversité, est-ce possible ? Le bois est non seulement renouvelable, mais aussi recyclable, ce matériau nécessite peu de transformations – pour la construction – et peut avoir plusieurs vies. De plus, les forêts, via la photosynthèse, captent du CO2 entre autres, pour le transformer en matière organique. En équilibrant les répartitions des productions pour des usages déterminés, protégeant certaines forêts et la biodiversité, conservant du bois mort pour ne pas appauvrir les sols, les forêts françaises peuvent contribuer à la construction de sociétés soutenables. 23 pages • mai 2009 Télécharger le rapport : www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/rapport_bois_amis_de_la_terre.pdf

Nos publications p

Commandez et diffusez les documents des Amis de la Terre Je règle par chèque à l'ordre des Amis de la Terre 2 B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil ( Participation aux frais de port : 2,00 € ) Agriculture et OGM • Qui tire profit des cultures GM :

l'usage accru des pesticides Rapport Friends of the Earth - International 90 pages – Janvier 2008

Changements climatiques • Rénovation thermique de mon logement, besoin d'aide ?

Guide – 28 pages - 4 €

Forêts • Importer légalement en Europe du bois coupé

illégalement au Cameroun Rapport - 24 pages - Mai 2008 • Orang-outan en voie d'extinction Brochure/poster – juin 2006 - 0,5 € • Guide du consommateur de bois Guide - 16 pages, 3 €

Energie et nucléaire • Face à la menace climatique, l'illusion du nucléaire

RAC-F - 64 pages - gratuit

• Nucléaire : comment en sortir ?

Etude sur des sorties du nucléaire en 5 ou 10 ans Rapport 92 pages – janvier 2008 – gratuit

Responsabilité des acteurs financiers • Au diable le développement : comment les prêts

de la BEI servent les paradis fiscaux (en anglais) Rapport - 28 pages - juillet 2009 • Rapport sur les banques « Banques françaises, banques fossiles ? » Rapport 224 pages ou synthèse 12 pages - février 2007 • Banque européenne d’investissement l’Europe mine l’Afrique Brochure - décembre 2007 - 0,5 € Affiche 60x80cm - janvier 2008 - 3 € • Guide citoyen sur la BEI, une banque pas comme les autres ? Guide – 44 pages – septembre 2008 – gratuit • Terrain miné : l'implication de la BEI dans le projet minier de Tenke-Fungurume en RDC Rapport – 24 pages – septembre 2008 – gratuit

• Environnement : comment choisir ma banque ?

Guide 2008/2009 - 12 pages – décembre 2008 • Assurances françaises : changements climatiques

garantis ? Rapport - 100 pages et synthèse – 12 pages - décembre 2008

Responsabilité sociale et environnementale des Entreprises • Total : la mise en examen

Rapport - 120 pages et synthèse - Mai 2008 • Total aggrave son cas

Brochure – mai 2008 – 0,5 € • Profits réels, responsabilité artificielle

Brochure – 8 pages – 0,5 €

Nos sites internet • • • •

www.renovation-ecologique.org www.ecolo-bois.org www.justice-climatique.org www.dubruitpourleclimat.org


JURIDIQUE

Genèse de la dérèglementation en matière d’urbanisme Décentralisation et déréglementation laissent un droit de l'urbanisme inefficace, menaçant même la construction de sociétés soutenables. Dès 1943 le « permis de construire » est instauré. Devenu une institution, il a permis de canaliser et d’organiser les constructions. Rendu nécessaire par le développement massif de l’urbanisation, le droit de l’urbanisme s’est considérablement étoffé durant les 30 glorieuses.

tiques légitimes, a eu des effets pervers. Malgré les interrogations du rapport du Conseil d’Etat de 1992 sur l’efficacité du droit de l’urbanisme suite à la décentralisation, le contrôle opéré par l’Etat semble s’être inexorablement amenuisé… Si bien que les associations doivent opérer ce contrôle !

Décentralisation En 1983, un tournant majeur est opéré avec les lois de décentralisation. L’urbanisme fait partie du lot. Le règne des élus locaux va alors commencer ! Ceux-ci ont été peu enclins à refuser un permis de construire à un électeur ou à ne pas ouvrir à l’urbanisation des zones naturelles sous les demandes pressantes d’un promoteur riche en taxe professionnelle. Et que dire de leur rôle dans les commissions départementales d’urbanisme commercial, faisant la course au beau supermarché « moderne ». La décentralisation de l’urbanisme, si elle répondait à des aspirations démocra-

Développement durable ? En 2000, la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) a tenté de redresser la barre. Intégrant, timidement, le développement durable, cette loi avait pour ambition de renouveler la ville sur la ville et par conséquent de limiter l’étalement urbain. Mais, le changement de majorité produisant tout son effet, la loi « Urbanisme et habitat » de 2003 est revenue sur la loi SRU en desserrant les limites de l’urbanisation. Cette loi a aussi considérablement porté atteinte aux droits des associations. Ainsi, une association créée après un projet d’aménage-

ment n’a plus la capacité d’attaquer ce projet en justice, même s'il est illégal. 2007 fut l’année du Grenelle : l’étalement urbain est jugé « Grenello-incompatible »… Des groupes de travail se réunissent sans résultat tangible contre l’étalement urbain, mais avec l’assurance de créer beaucoup d’éco-quartier sur du foncier non urbanisé... La couleur change, mais sans révolution, il faut construire toujours plus, et il n’est pas question que des règles viennent entraver cela. Le « plan de relance », adopté quelques mois après le Grenelle modifie le code de l’urbanisme en instaurant une révision « simplifiée » des Plans Locaux d’Urbanisme afin de pouvoir ouvrir plus facilement de nouvelles zones à l’urbanisation. Au delà, le droit de l’urbanisme commercial est quasiment réduit à néant et, clou du spectacle, il est maintenant autorisé de construire en zone inondable !

> JULIEN B.

COLLECTIFS

Mobilisation pour le climat Le CAC 44 en hausse ! Inspiré du modèle de nos amis outre-manche, la France a connu son premier Camp Action Climat (CAC) du 3 au 9 août 2009 près de Nantes (Loire-Atlantique). Les CAC, qui ont désormais lieu partout dans le monde, sont l’occasion estivale de consolider et d’organiser la mobilisation, particulièrement cette année en vue du rassemblement à Copenhague, pour lequel les Amis de la Terre se mobilisent activement. Ils ont tous pour but de lutter localement contre un projet dangereux du type de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes, tout en créant un réseau international d’action contre les changements climatiques. Le CAC de Nantes a proposé une grande gamme d’ateliers aux militants – allant de « Qu’est-ce que l’empreinte écologique ? » à « La dette climatique et les rapports Nord/Sud » en passant par « Quelle mobilisation pour quel(s) objectif(s) lors du sommet de Copenhague ? ». Les participants en reviennent prêts à l’action pour le climat !

Autogestion Et l'action est déjà présente tout au long du camp ! Les CAC se caractérisent en effet par leur organisation et leur mode de fonctionnement : l’autogestion. Outre la volonté d’avoir une empreinte carbone et écologique minimales sur le site occupé, le camp français était par exemple divisé en sept quartiers ayant chacun leur assemblée générale tous les matins, coordonnées ensuite en assemblée de camp pour gérer la vie quotidienne. Il en allait de même avec les commis-

sions thématiques et toute problématique émergeant sur le camp, ce qui a créé une dynamique forte intéressante à suivre, et à vivre ! Enfin, le CAC, ne dure pas qu'une semaine, les militants restent mobilisés d’ici décembre et se préparent à voyager jusqu'à Copenhague à l’occasion de la COP 15.


Le Courrier de la Baleine

Depuis 1971

Le journal des Amis de la Terre

Pratiques Femmes, un peu de poésie pour un corps et un monde plus beau Alors que toutes les femmes ou presque utilisent des produits jetables pour contenir leurs flux menstruels, créant ainsi une montagne de déchets, une alternative simple et saine existe. Durant sa vie, une femme utilise 10 000 tampons et serviettes hygiéniques jetables. Or, une autre solution existe : la mooncup, ou « Coupe de la lune » ou encore, sous son nom générique : protection menstruelle. Elle est réutilisable, plus confortable, plus propre, plus économique et plus écologique ! Inventée dans les années 30, en même temps que le tampon, la mooncup est une coupe en silicone souple en forme de cloche de 5 cm de longueur. Elle se porte en interne comme un tampon, adhère aux parois vaginales, et récupère votre flux menstruel sans fuite ni odeur. Mise en place correctement – une simple histoire d'habitude prise très rapidement – la mooncup est si confortable que vous oublierez qu'elle existe. Mais une fois que vous en aurez pris l'habitude, vous serez surprise de voir combien son utilisation est simple et efficace. Retirez, videz, rincez et réinsérez-la toutes les 4 à 10 heures selon l'abondance de votre flux. Pour la nettoyer, stérilisez-la entre deux menstruations. La mooncup peut être utilisée sans danger pendant toute une nuit, ou pour le sport, en camping, en voyage et même pour la natation.

Quels avantages? Certes,quelques « accidents » de parcours ont déjà dû arriver. Mais ils sont rares, et certainement pas plus fréquents qu'avec les protections classiques, et ses nombreux avantages méritent que l'on tente le coup !

considérablement ses déchets (produits menstruels jetables et leurs emballages).

Un autre rapport à son corps de femme Au début, vous trouverez peut-être le concept de la mooncup peu attrayant, voir un peu effrayant. Ces réactions sont normales, mais l'enjeu vaut la peine de les reconsidérer. Nous avons grandi à une époque qui n'offrait aux femmes aucune alternative concernant les produits hygiéniques jetables – ce qui a contribué à notre approche de nos règles. J'ai été surprise du nouveau rapport à mes menstruations que la mooncup m'a permis. Avec les produits jetables, on se débarrasse de ses menstruations en les ignorant, avec dédain. Avec la mooncup, on les voit, on en prend conscience et on s'aperçoit que ce n'est pas « sale », que c'est naturel, et que ça fait partie de nous. N'hésitez plus, et parlez-en autour de vous ! La mooncup est fabriquée en silicone hypoallergénique. Elle n'irrite pas et ne pose aucun problème aux femmes qui sont allergiques. La mooncup ne perturbe pas la flore vaginale et n'absorbe pas vos mécanismes de défense naturels. Par ailleurs, elle coûte environ 35 euros – moins que ce que vous dépenseriez en 6 mois pour les produits jetables – et dure des années. Mais surtout, la mooncup permet de réduire

> CYRIELLE DEN HARTIGH Aller plus loin : www.mooncup.co.uk

Humeurs La folie des hauteurs - Vous connaissez la dernière ? Dans un immeuble ultra-moderne, on inaugure un asile ultra-fonctionnel. Au rez-de-chaussée, les fous presque guéris, prêts à sortir. Au fur et à mesure qu'on monte, on trouve des fous de plus en plus fous et dangereux. Et au dernier étage, demande un journaliste ? Ah là-haut, c'est les bureaux de la direction ! C'est une forme de démence digne de cette histoire de fous qui fait délirer les élites des grandes villes du monde, où des tours dépassant les 1 000 mètres sont en projet. « C'est la solution miracle à tous nos problèmes urbains et économiques ! » claironnent les habitants du dernier étage. Et à nos problèmes écologiques ? Tout autant selon eux, à l'exemple des futures tours agricoles, réponses à l'épuisement des sols et à l'effet de serre créé par les transports de nourriture. Des fermes verticales qui, complétées par des bureaux et des logements et dotées des technologies les plus éco-efficaces, formeraient une ville en hauteur dont les habitants n'auraient plus besoin ni même envie de sortir. Une véritable maison de fous, en somme !

> ALAIN DORDÉ


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