Depuis 1971
décembre 2009 / 3€20 N°160
Institutions financières et climat : le double langage Hommage à Pierre Samuel Mobilisations à Copenhague
www.amisdelaterre.org
Marées vertes, crises environnementales et sanitaires
Edito
SOMMAIRE
Des indicateurs, pourquoi, pour quel projet ?
3 - 5 > INteRNAtIONAL • Douche froide à Copenhague : la mobilisation ne doit pas faiblir ! • RSEE : des témoins du Sud se tournent vers l’Europe • Japon : un changement de cap réaliste ? • La surconsommation épinglée par un nouveau rapport
Il aura fallu un économiste de renom, Joseph Stiglitz, et une commission d’experts pour révéler ce que les citoyens avertis savaient déjà : le PIB est trop quantitatif et partiel pour en faire l’unique outil de pilotage de l’évolution de notre société. En effet, il occulte ou n’identifie pas des aspects majeurs de notre mode de vie et de notre organisation sociale : en ne prenant en considération que des activités marchandes, il omet leurs dommages causés à la société et à l’environnement, et ignore les activités non rémunérées et les inégalités. Enfin, le PIB ne permet pas d’alerter sur le dépassement des limites de certains biens vitaux. En résumé, les dimensions sociale et écologique de nos sociétés sont largement occultées. Dans le but de pallier ces critiques, des indicateurs de développement durable vont être définis. Une commission de concertation a été constituée à cet effet. Mais suffit-il d’adapter l’instrument de mesure et corriger les insuffisances pour avoir un meilleur baromètre et un résultat répondant aux attentes ? Avant de passer à cet exercice, il nous faut définir et nous accorder sur ce que nous voulons mesurer. Quel projet de société voulons-nous ? La notion de développement continu dans une planète finie ne peut être soutenable. Pour les Amis de la Terre développer le durable, c’est construire des sociétés soutenables fondées sur le partage et l’équité entre pays et au sein d’un même pays. Chacun doit pouvoir disposer des ressources nécessaires à la satisfaction de ses besoins fondamentaux. Il convient donc de rappeler avec force, que les indicateurs ne sont que l’évaluation des priorités politiques que nous aurons définies. Nous soutenons donc l’idée, que la société civile doit être largement associée aux réflexions sur la définition des priorités et du mode de suivi qui devra en résulter. En occultant cette ambition démocratique, le résultat de cette adaptation marginale de l’outil de mesure ne sera qu’un acte manqué.
> cLAuDe BAscOmpte Président des Amis de la Terre • France
Disparition de Claude Lévi-Strauss (1908 – 2009) Dès le début des années 1970, l’anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss a été parmi les tout premiers à s’inquiéter de la destruction de la nature par les sociétés occidentales. Cet esprit indépendant n’en a pas moins fait partie du comité de parrainage des Amis de la Terre - France peu après leur création. Aidant à la redécouverte de l’humanisme, à la déconstruction de l’ethnocentrisme, Claude Lévi-Strauss est un précurseur de l’écologie. Un article des Amis de la Terre lui sera consacré dans Le Courrier de la Baleine de mars 2010.
Trimestriel • Décembre 2009 • n°CCPAP : 0312 G 86222 • ISSN 1969-9212
9 - 10 > RÉGIONs • Portrait : en route vers un autre monde • Déchets : réduction et recyclage contre les incinérateurs • Marée verte : une crise environnementale en cache une sanitaire • Interpeller les pouvoirs locaux sur le climat 11 - 16 > DOssIeR : INstItutIONs FINANcIèRes - cLImAt : Le DOuBLe LANGAGe • Institutions financières internationales : entre hypocrisie et schizophrénie • Addiction au carbone : la BEI réchauffe le climat dans l’opacité la plus totale • Les idées reçues du Pr. Emil Emilion • Gouvernance : la BEI joue la carte de l’opacité • Mines : «La BEI devrait accroître ses prêts à l’agriculture ou au tourisme, plus soutenables» • Subventions aux fossiles, merci la BEI ! • BEI et transports : le bon secours des aéroports et des autoroutes • Les IFI parient sur les marchés carbone • Mobilisation : agir et changer les politiques d’investissement 17 > cOIN Des LIvRes • « L’animal n’est plus, il est devenu une marchandise » • Publications 18 > ReseAuX • Les Amis de la Terre en France et dans le monde • Bulletin d’adhésion 19 > JuRIDIQue, cOLLectIFs • La réparation du préjudice écologique en débat • Des actions, oui, mais collectives ! 20 > pRAtIQue, HumeuRs • Dilemmes écologiques au quotidien • J’y compense et puis j’oublie
Le Courrier de la Baleine n°160 « Se ranger du côté des baleines n'est pas une position aussi légère qu'il peut le sembler de prime abord. »
6 - 8 > FRANce Hommage à Pierre Samuel • Projet de taxe carbone : inefficace et légitimement impopulaire • Découvrir les « secrets bancaires » • Nanotechnologies : la loi économique plus forte que le débat •
Depuis 1971
Ce numéro se compose d’un cahier principal (20 pages) et du supplément adhérents, « Nous Autres » d'une frise chronologique sur les 50 ans de la BEI et pour les adhérents d’Ile-de-France, d’un cahier d’acteur sur l’incinérateur d’Ivry.
Directeur de la publication Claude Bascompte Rédactrice en chef Sophie Chapelle Secrétaire de rédaction Lucie Lebrun Comité de rédaction Alain Dordé, Céline Gossa, Laurent Hutinet, Caroline Hocquard, Florence Leverdez, Lucile Pescadere, Caroline Prak, Emmanuelle Roggeri, Agnès Rousseaux Ont collaboré à ce numéro Julien B, Pierre Boyer, Françoise Chanial, Richard Cottin, Cyrielle den Hartigh, Alain Hervé, Sébastien Godinot, Rose Frayssinet, Stéphanie Lejeune, Yann Louvel, Hannah Mowat, Pauline Roy, AnneSophie Simpere, Laure Teulières, Gwenael Wasse, Annelaure Wittmann Crédits photos C.S.2.0, Caroline Prak, Ivan Escudé, Patrick Huet, Sacha Lenormand, Wstera 2 Maquette Nismo Carl Pezin • 01 48 00 06 94 Impression sur papier recyclé Offset cyclus 90g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50 Ce document a été réalisé avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité de CEE Bankwatch network. Il ne reflète en aucun cas les opinions de la Commission européenne ou de ses services.
Les Amis de la Terre est une association de protection de l'Homme et de l'environnement. Créée en 1970, elle a participé à la fondation du mouvement écologiste en France, et à la formation du premier réseau écologiste mondial, Les Amis de la Terre – International, présent dans 77 pays et réunissant deux millions de membres. Les Amis de Terre mènent des actions de plaidoyer auprès des décideurs économiques et politiques et sensibilisent le grand public sur les problématiques environnementales. Elle s’appuie pour cela sur un réseau de 30 groupes locaux.
INTERNATIONAL
n°160 / déc 09
Climat Douche froide à Copenhague : la mobilisation ne doit pas faiblir ! À l’heure où nous écrivons cet article, nous ne savons pas encore quels seront les résultats de la « grand messe » de Copenhague qui se déroule du 7 au 18 décembre au Danemark, rassemblant 192 pays autour de la question de la lutte contre les changements climatiques. Malheureusement, nous nous attendons déjà à de mauvaises nouvelles et nous nous préparons à une poursuite de la mobilisation en 2010. Lors d’une réunion en octobre dernier avec le réseau des Amis de la Terre -Europe, trois scénarios ont été envisagés pour cette « COP 15 » (la 15e réunion ou Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique). Le premier scénario pourrait être la signature d’un très mauvais accord, un simple squelette sans aucun contenu, sans objectif contraignant et s’appuyant fortement sur de « fausses solutions » : recours au marché international du carbone et aux mécanismes de compensation dont le nucléaire, la capture et stockage de carbone, etc. Le deuxième scénario pourrait être pas d’accord du tout, et tout espoir d’accord serait alors repoussé pour longtemps sur fond de crise diplomatique internationale. Le processus pour atteindre un accord pourrait alors prendre plus de 3 ans. Le troisième scénario serait le report d’une signature d’accord, prévoyant une prochaine réunion internationale 6 mois plus tard. La rencontre de Copenhague n’aurait abouti ni à des objectifs chiffrés contraignants, ni à un accord sur les financements de la lutte contre les changements climatiques.
Le moins pire des scenarii
Ce troisième scénario signifierait une déclaration politique non contraignante des chefs d’État le dernier jour des négociations, déclaration dans laquelle seraient fixées les grandes lignes des négociations à poursuivre, avec des objectifs très généraux. Ce scénario est peut-être le moins pire des trois car il laisserait la possibilité aux mouvements associatifs et à la société civile de réagir à
Les actions, comme celle réalisée en 2009 à Paris, doivent se poursuivre en 2010.
temps, en maintenant la pression pour aboutir à un accord contraignant en 2010. Le pire des scenarii serait en revanche celui où les chefs d’État signeraient un accord vide tout en se targuant d’une réussite qui sauvera la planète, se prenant pour des héros dégoulinant de mauvaise foi !
Rester mobilisés
Les trois scenarii décrits ci-dessus impliquent une réaction populaire et associative immédiate : qu’un mauvais accord soit signé ou qu’il n’y ait pas d’accord, la situation serait catastrophique pour l’avenir climatique de la planète, la justice sociale et la solidarité NordSud. Aujourd’hui, seul un sursaut populaire
pourra faire bouger les négociateurs des pays impliqués. Les réseaux internationaux prévoient déjà de se mobiliser début 2010. N’hésitez pas à prévoir dès maintenant des réunions publiques de bilan et d’analyse pour faire entendre et mieux comprendre ce qui se sera passé à Copenhague. Il est essentiel que le florilège d’actions organisées par les groupes locaux des Amis de la Terre tout au long de l’année 2009 puisse se poursuivre en 2010. Vous pourrez vous tenir au courant des futures mobilisations sur le site www.dubruitpourleclimat.org. Nous ne devons pas baisser les bras !
>
Cyrielle den HartigH
Chargée de campagne • Climat
RSEE Des témoins du Sud se tournent vers l’Europe Début octobre 2009, les Amis de la Terre ont reçu les invités du réseau européen ECCJ (European Coalition for Corporate Justice) venus témoigner sur la responsabilité sociale de deux entreprises européennes, ArcelorMittal (société luxembourgeoise opérant en Afrique du sud) et Unión Fenosa (société espagnole opérant en Colombie).
Déplacements de populations
Samson Mokoena se bat pour que la société civile connaisse l'étendue des pollutions du sol et de l'eau dans la région du Vaal
(Afrique du Sud). ArcelorMittal, avec le soutien des autorités auxquelles elle a racheté l'aciérie de Vanderbijlpark, refuse en effet de divulguer les informations sur la situation environnementale locale et préfère poursuivre une politique de déplacement des populations. Omar José Mendivil Guzman, lui, proteste contre une distribution d'électricité inefficace et inéquitable depuis la privatisation de ce service dans sa région de la côte caribéenne. Outre des coupures intempestives qui affectent la vie économique, un système à deux vitesses a été mis en place. Dans les
quartiers pauvres, la fourniture d'électricité n'est garantie que jusqu'au transformateur; les clients se raccordent comme ils le peuvent, et de nombreux cas d'électrocution sont à déplorer. Les factures sont collectives et le tarif du kilowatt heure est supérieur à celui pratiqué dans les autres quartiers. Les démarches faites pour assigner Unión Fenosa ou ArcelorMittal en justice ont échoué. Nos deux invités se tournent maintenant vers l'Europe pour essayer de trouver des solutions.
>
StépHanie lejeune
INTERNATIONAL
n°160 / déc 09
Japon Un changement de cap réaliste ? L’arrivée en 2009 d'un nouveau Premier ministre au Japon révolutionne les objectifs d’émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Des changements sans doute difficiles à mettre en œuvre au vu du mode de vie et du secteur industriel japonais. Le Premier ministre japonais parviendra t-il à bouleverser les modes de vie ?
A Kyoto en 1997, le gouvernement japonais s’était fixé pour 2020 un objectif de diminution des émissions des gaz à effet de serre (GES) de 6 % par rapport au niveau de 1990. Depuis, ses émissions n’ont pas été stabilisées et se sont même accrues. Le mode de vie japonais, extrêmement énergivore, combiné à la puissance d’émission de l’industrie fait du pays le 5ème émetteur mondial de GES. Les villes sont dotées d’un confort technologique toujours plus développé, dont il est difficile de se départir brutalement. Si des initiatives de sensibilisation du grand public existent, leur envergure reste trop faible eut égard à la consommation d’énergie quotidienne. Tokyo souffre par exemple beaucoup de l’effet d’ « îlot de chaleur » durant l’été, et plus particulièrement durant la saison des pluies. L’humidité de l’air exacerbant la chaleur, les climatisations fonctionnent en permanence dans les maisons, les entreprises, les magasins, et même le
métro. Ce qui bien évidemment réchauffe l’air extérieur... et entraîne l’utilisation de la climatisation. Pour lutter contre ce phénomène, le mouvement Cool Biz invite les citoyens à régler leur thermostat à 28° C. Mais cela n’empêche pas les climatiseurs d’être allumés de jour comme de nuit.
Un bouleversement politique historique
L’environnement n’était pas jusque-là l’une des préoccupations principales du gouvernement. Mais les dernières élections vont peut-être changer la situation. Le 30 août 2009, le Parti démocrate du Japon remportait les législatives, mettant fin à 54 ans de règne du Parti libéral démocrate. Le nouveau Premier ministre Yukio Hatoyama s’est tout de suite démarqué de son prédécesseur Taro Aso : il affiche en effet un objectif de réduction de 25 % des émissions de GES pour 2020, quand Taro Aso annonçait 8 % à Bonn trois mois plus
tôt ! Evidemment, un tel fossé entre l’ancien et le nouvel objectif entraine beaucoup de questions sur la faisabilité du projet. Yukio Hatoyama s’est rendu à l’ONU en septembre où il a confirmé son objectif sans vraiment expliquer les moyens pour l’atteindre. Il a en revanche réaffirmé l’aide financière du Japon : « L’aide financière publique et le transfert de technologies vers les pays en développement sont particulièrement importants ». Il s’est aussi rendu à Pékin où il s’est entretenu avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le président sud-coréen Lee Myung-Bak, les trois pays affirmant « vouloir travailler ensemble (...) afin de contribuer au succès de la Conférence de Copenhague ».
Le poids du patronat
C’est au sein-même de son pays qu’Hatoyama sera confronté aux plus grosses difficultés. Après un demi-siècle d’entente parfaite entre la classe politique libérale au pouvoir et les milieux industriels, ceux-ci ne veulent pas entendre parler de nouvelles taxes et restrictions. Et ce d’autant plus que le Japon vient de traverser sa pire récession depuis la seconde guerre mondiale, avec une dette égale à 170 % de son PIB. En affichant un objectif de diminution de 25 %, Hatoyama respecte les recommandations minimales des experts du GIEC. Mais les puissantes organisations patronales et les lobbies comme l’Association japonaise des constructeurs automobiles sont évidemment déjà organisés pour lui demander de revoir ses objectifs. Ce qu’il ne semble pour le moment pas prêt à faire.
>
Céline goSSa
Ressources naturelles La surconsommation épinglée par un nouveau rapport Les Amis de la Terre - Autriche et l’institut de recherche SERI publient un nouveau rapport sur la surconsommation des ressources naturelles (1). Il met en évidence, chiffres à l’appui, que nos sociétés ont développé ces dernières décennies une frénésie de consommation, générant une surexploitation de ressources naturelles principalement issues d’autres pays. Les hommes consommeraient aujourd’hui 50 % de ressources naturelles de plus qu’il y a seulement 30 ans, avec environ 60 milliards de tonnes de matières premières par an. Si la consommation glo-
bale de ressources continue à augmenter, elle est extrêmement variable d’un continent à un autre, un Européen consommant 43 kg de ressources par jour, contre 10 kg pour un Africain. Les populations des pays riches consommeraient ainsi jusqu’à 10 fois plus de ressources naturelles par habitant que celles des pays pauvres.
Virage radical
Plus dépendante des importations que les autres continents, l’Europe doit se fixer des objectifs ambitieux de baisse de sa
consommation globale de ressources naturelles à court terme. C’est également le seul moyen de donner accès aux populations les plus démunies à davantage de ces ressources sans mettre en danger la planète. Les sociétés n’ont d’autre choix que d’opérer un virage radical pour préserver les générations futures et l’équité entre les peuples.
>
SopHie CHapelle
(1) Overconsumption ? Our use of the world’s natural resources sur www.amisdelaterre.org/Nouveau-rapport-surconsommation.html
INTERNATIONAL
n°160 / déc 09
Coup d’Etat Solidarité avec les Amis de la Terre - Honduras En 2008, l’Assemblée générale des Amis de la Terre-International avait lieu au Honduras, pays aujourd’hui secoué de troubles politiques et sociaux. Témoignage. Il y a un peu plus d’un an, en novembre 2008, j’ai participé en tant que délégué des Amis de la Terre - France à l’Assemblée générale de notre fédération internationale qui avait lieu au Honduras. Nous avons été accueillis par le Movimiento Madre Tierra, section hondurienne des Amis de la Terre, et nous avons pu constater le travail important que mène ce mouvement, en particulier avec les communautés indigènes et les groupes de femmes. J’ai personnellement eu le plaisir d’y rencontrer des gens très investis dans le combat écologiste et social, et j’ai pu y apprendre que ce petit pays, riche en culture, en biodiversité et en ressources naturelles est aussi l’un des plus pauvres d’Amérique latine, à cause du colonialisme et du pillage postcolonial, ce qui en fait l’exemple un peu caricatural de la « république bananière ».
nue à appeler au renversement des militaires. Des manifestations et des affrontements avec l’armée se poursuivent, avec leurs lots de morts et de souffrances. Des militants et dirigeants populaires ont été assassinés.
Pour une « stratégie de non violence »
L’expulsion de Manuel Zelaya a été condamnée par la communauté internationale, qui a exigé le retour du président élu, mais cette condamnation n’a pas été suivie des mesures nécessaires, et la situation reste bloquée.
Pour garder l’espoir, voici un extrait d’une récente déclaration de Juan Almendares, directeur de Madre Tierra / Les Amis de la Terre - Honduras : « L’amour solidaire et fraternel entre les organisations de la résistance, la confiance en ses dirigeant(e)s, la stratégie de non-violence sont essentiels pour (…) la justice sociale et climatique, en relation avec les droits humains de notre peuple et de tous les peuples d’Amérique latine et de l’humanité ».
>
alain dordé
Assemblée fédérale des Amis de la Terre – International en novembre 2008 au Honduras.
Coup d’état militaire
v
Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya, qui menait une politique de progrès social, a été renversé par un coup d’état militaire et expulsé du pays. Depuis, les nouvelles qui nous parviennent du Honduras restent toujours aussi alarmantes. Le gouvernement putschiste a restreint les principales libertés civiques, autorisant la police et l’armée à empêcher toute réunion publique « non autorisée », à interpeller des personnes sans mandat et à faire taire les médias restés fidèles au président légitime. De son côté, Manuel Zelaya, revenu clandestinement dans son pays et hébergé à l’ambassade du Brésil, conti-
Brèves Revanche des amarantes contre Monsanto – Dans le sud des Etats-Unis, de nombreuses amarantes ont
désormais intégré le gène de résistance au glyphosate provenant des maïs OGM Monsanto. L’herbicide total vendu par la firme sous la marque Roundup® est donc devenu inefficace pour lutter contre ces variétés mutantes qui diminuent fortement le rendement des cultures de soja. Des agriculteurs ont dû retourner au désherbage manuel ou cesser les cultures. Beaucoup envisagent d’abandonner les OGM et de revenir à des hybrides classiques ou des plantes traditionnelles. Fidèle à sa logique de fuite en avant, Monsanto préconise l’usage du 2-4-D, un des constituants de l’agent Orange… Très prolifique, l’amarante est, comme de nombreuses plantes communes (orties, chénopodes en Europe, par exemple), une excellente comestible, plus riche en protéines que le soja et tenue en haute estime par les civilisations aztèque et incas. Cette mutation sonne donc comme une revanche des plantes traditionnelles contre les OGM, de plus en plus discrédités.
« La crédibilité des marchés carbone doit être débattue » – Selon la direction internationale de la
Deutsche Bank, les marchés de CO2 ont très peu contribué à l’efficacité énergétique et à la promotion des renouvelables. Les cours actuels n’obligent pas les investisseurs à modifier leurs décisions et leur volatilité conduit à les reporter. A l’inverse, la réglementation et les incitations peuvent apporter les éléments d’anticipation indispensables pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions.
FRANCE
Hommage Nos amitiés terrestres à toi, Pierre... et au delà !
« Pierre Samuel. Tout nous séparait. Il était mathématicien et je conserve encore un souvenir épouvanté de mes relations avec les profs de math. J’étais journaliste, navigateur et pas du tout scientifique. Il fumait et ça m’agaçait car je venais de réussir à m’arrêter. Il prenait des notes sur ses vieux paquets de Gitanes et je considérais qu’il s’agissait d’une démonstration de recyclage un peu puérile. A part ça nous nous complétions sans doute parfaitement. A ma fantaisie désordonnée, à mes improvisations brutales, il opposait le calme, l’organisation, la continuité. A vrai dire nous avons cohabité peu de temps. J’avais quitté la direction des Amis en 1972, lorsque j’avais passé la main à Brice Lalonde. Je m’occupais surtout alors du Sauvage qui en était à ses premiers numéros. Mais à partir de 1973, nous nous rencontrions fréquemment à l’occasion des réunions des Amis quai Voltaire.
Tout nous rapprochait.
Nous étions tous les deux féministes. Je me souviens de fameux délires avec Christiane Rochefort. Je l’appréciais pour être l’auteur d’Amazones guerrières et gaillardes, une recherche suprêmement originale et documentée, qui déniaisait le simplisme bien pensant et sectaire de certaines féministes de salon. Pierre était un gaillard discret mais informé. Je l’appréciais pour assurer avec patience et fermeté le pilotage des Amis au jour le jour : surveiller les comptes, désamorcer les dérapages gauchistes, développer le réseau national, assurer le
© Patrick HUET
Pierre Samuel nous a quittés le 23 août 2009. Nombre de nos lecteurs l’ont connu, car il a consacré plus de 25 années de sa vie aux « Amis », dont il devint le président, puis président d’honneur. Reconnaissants pour l’apport fondamental de Pierre, les Amis de la Terre expriment toute leur amitié à sa famille et ont ouvert les pages de La Baleine à la plume d’Alain Hervé, leur président fondateur, pour lui rendre hommage.
Pierre Samuel, mai 1966
lien avec ses amis scientifiques de Survivre et vivre ; soutenir Brice tout en tenant les Amis en dehors d’un engagement politique trop politicien. Complémentarité au fil des années, qui nous valut d’être promus ensemble au titre de Présidents d’honneur des Amis de la Terre, avec une Légion d’Honneur en prime. Grâce auxquelles Brice, devenu ministre, voulait à travers nous promouvoir l’écologie en général au rang de grande préoccupation nationale. Nous n’étions pas d’accord à propos du titre du Courrier de la Baleine, que m’avait soufflé une géniale américaine,
Joan Mac Intyre (on Mind in the waters est un des meilleurs livres écrits sur les cétacés). Il préférait par souci de concision La Baleine tout court. Qu’importe. Pierre avait une force d’être exceptionnelle. Je me souviens qu’en 1973 au cours de la première crise de l’énergie, à l’invitation de Teddy Goldsmith, le fondateur de The Ecologist, nous participions à un congrès à Bournemouth en Angleterre. Les Anglais, se croyant revenus au temps du blitz, avaient décidé d’éclairer l’hôtel aux bougies et de supprimer le breakfast. Pierre descendit dans le lobby et se coucha par terre sur la moquette au milieu du passage et refusa de se relever tant qu’on ne lui aurait pas servi son petit déjeuner. Il l’eut. Cet été 2009, Pierre et Teddy se sont donnés le mot pour nous quitter presque le même jour. Mais ils restent avec nous parce que nous les admirons et les aimons. Ils nous ont ouvert la route. » ALAIN HERVE, PRÉSIDENT D’HONNEUR ET COFONDATEUR, AVEC EDWIN MATTHEWS, DES AMIS DE LA TERRE
Pierre Samuel est l'auteur de l’Histoire des Amis de la Terre 1970 - 1989 : vingt ans au cœur de l’écologie téléchargeable sur : www.amisdelaterre.org/L-histoire-desAmis-de-la-Terre.html Les adhérents trouveront d’autres témoignages dans Nous Autres. Une page spéciale a été créée sur le site internet des Amis de la Terre au lien indique ci-dessus, pour recueillir les témoignages sur Pierre. Contact : benjamin.sourice@amisdelaterre.org
Prix Pinocchio 2009 Le succès se confirme ! La deuxième édition des prix Pinocchio du développement durable, dont la cérémonie de remise s’est déroulée le 24 novembre 2009 à Paris, a été un nouveau succès avec 7 494 votants en l’espace de quelques semaines, soit environ deux fois plus que l’an passé. Cette année, les lauréats sont le groupe Bolloré dans la catégorie « droits humains » pour des abus commis dans des plantations de palmiers à huile au Cameroun, Total dans la catégorie « environnement » pour le méga-projet pétrolier Kasahagan au Kazakhstan qui s’annonce comme une potentielle catastrophe envi-
ronnementale et sanitaire, et EDF dans la catégorie « greenwashing », pour sa campagne de communication « Changer d’énergie » qui aura au final coûté plus cher que le budget réel du groupe dans la recherche et le développement des énergies renouvelables.
Derrière les beaux discours
Par cet événement original, à la fois ludique et sérieux, les Amis de la Terre mettent le projecteur sur les agissements des multinationales, dont les beaux discours cachent beaucoup trop souvent des dégâts sociaux ou environnemen-
taux considérables dans les pays du Sud où elles se soucient moins de leur image. Le cas des industries extractives, entre autres, est flagrant, alors que l’urgence est plus que jamais au changement de modèle énergétique et productif. Cette année, le partenariat avec Peuples Solidaires aura également permis d’élargir l’audience de l’événement auprès d’autres sympathisants, et de renforcer la spécificité sociale des combats que mènent les Amis de la Terre.
>
GWENAEL WASSE
Chargé de campagne • Responsabilité des entreprises
FRANCE
n°160 / déc 09
Projet de taxe carbone Inefficace et légitimement impopulaire Le Gouvernement a déposé un projet de taxe carbone inefficace et injuste sans avoir mis en œuvre les politiques écologiques nécessaires dans les bâtiments, les transports et l’industrie. Le projet gouvernemental de taxe carbone a été intégré au projet de loi de Finances 2010. Seuls les hydrocarbures seront taxés au titre du pouvoir réchauffant du CO2. La taxe, dont le taux de départ est fixé à 17 euros par tonne de CO2, ne touchera en fait que les ménages et les PME. Les routiers, pêcheurs et agriculteurs bénéficieraient d’exonérations partielles ou totales. Selon l’ADEME, 93 % des émissions industrielles y échapperaient. Le produit de la taxe collectée sur les ménages leur sera entièrement reversé, sous forme d’un crédit d’impôts d’un montant fixe, variable selon le lieu de résidence (agglomération ou campagne) et majoré selon le nombre d’enfants.
Bien entendu, les taxes ne sauraient être que l’un des outils d’une politique cohérente de transformation de la société et de l’économie, aux côtés de la réglementation et, surtout, de puissantes politiques d’aménagement du territoire et de services publics. Mais celles-ci manquant toujours à l’appel, le Gouvernement cache sa volonté de ne rien changer derrière ce dispositif hypocritement réformateur, boiteux et sans ambition.
Electricité exonérée
Le refus de partir d’un niveau significatif (32 euros par tonne de CO2), de s’engager sur la progressivité de cette taxe et d’en préciser le rythme, n’incitera pas les entreprises et les ménages à se mobiliser dans la baisse
Le plan fiscal est critiqué aux Etats-Unis aussi : « Regarde, il nous donne de l'argent comme il l'avait promis. - Avec ton portefeuille. ».
de leurs consommations. Le refus de taxer l’électricité nie les impasses du nucléaire et de la surconsommation française et continue d’encourager un système énergétique coûteux, dangereux et inefficace. Pis, le fait d’exonérer l’essentiel des entreprises montre que l’Etat ne veut aucunement modifier (même à la marge) le modèle de production. Alors qu’il faudrait travailler à une véritable redistribution des revenus, attribuer un chèque identique pour compenser la perte induite donne un signal contradictoire (car une telle taxe vise bien à renchérir le prix de l’énergie) ; et cela crée une injustice, puisqu’il ne sera pas tenu compte des revenus des ménages.
Appel aux parlementaires
C’est pour dénoncer ces manquements que les Amis de la Terre, au sein du RACFrance, se sont adressés à tous les parlementaires pour réclamer une hausse du taux (y compris dans le temps), la prise en compte des revenus dans l’attribution des compensations, le financement des mesures d’atténuation (rénovation de l’habitat, développement du transfert modal voyageur et fret), l’assujettissement universel des ménages et des entreprises, la taxation de l’électricité et l’application du dispositif à l’ensemble des gaz à effet de serre. La seule « consolation » est que l’État a renoncé à troquer la création de cette taxe contre la baisse des cotisations sociales patronales… mais pour mettre à bas la taxe professionnelle. Si nous ne nous faisons guère d’illusions sur le courage des parlementaires, ils pourraient être sensibles au fait que l’application universelle de la taxe rapporterait des recettes publiques supplémentaires.
>
laurent Hutinet
Banques françaises Découvrir les « secrets bancaires »… Les Amis de la Terre ont lancé en juin dernier un nouveau site internet : www.secretsbancaires.fr. Elaboré en collaboration avec cinq autres ONG membres du réseau international BankTrack, le site présente l’implication des principales banques européennes (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique) dans plus d’une dizaine de projets controversés à travers le monde. Envie de savoir si BNP Paribas, la Société Générale ou le Crédit Agricole - LCL, les trois principales banques françaises analysées dans le site, financent des producteurs de bombes à
sous-munitions ou de mines antipersonnelles, des entreprises qui violent les droits humains comme en Birmanie ou au Tchad, ou qui détruisent l’environnement comme au Canada avec l’exploitation des sables bitumineux ? Rien de plus simple ! Il suffit de cliquer sur sa banque pour voir apparaître tous ces projets controversés aux quatre coins de la planète.
… et agir
C’est précisément à ce moment-là que l’internaute choisit souvent de « passer à l’action » et d’utiliser les différentes options
qui lui sont offertes : écrire à son banquier, changer de banque pour une alternative plus éthique comme la Nef en France, ou encore organiser une action ou une projection sur le sujet localement. Et ça marche ! Deux victoires ont été remportées depuis juin dernier : la Société Générale s’est retirée du projet extrêmement controversé du barrage d’Ilisu en Turquie, et le Crédit Agricole a vendu une partie de ses actions de l’entreprise chinoise controversée Dongfeng. A vous de jouer !
>
yann louVel
Chargée de campagne • Finance privée
n°160 / déc 09
FRANCE
Nanotechnologies La loi économique plus forte que le débat Dans un contexte de développement exponentiel et incontrôlé des nanotechnologies, un débat public sur la question a lieu au niveau national. Les nanoparticules ont envahi des produits de consommation courante (crèmes solaires, vêtements, peintures, emballages alimentaires, etc.). A l’échelle nanométrique, les propriétés des matériaux que nous connaissons sont inattendues : plus résistants, plus souples… Au point que les nanotechnologies représentent aujourd’hui le quotidien de certaines industries comme l’électronique, les cosmétiques ou l’armement.
Une dangerosité qui se confirme
v
Les méthodes d’évaluation des évolutions des nanoparticules sont aujourd’hui inconnues. Comment se comportentelles dans l’environnement ? Dans le corps humain, après ingestion ou application ? Des études indépendantes menées depuis quelques années sont alarmantes car elles mettent en évidence la toxicité de certaines particules. En octobre 2008, Marie-Claude Jaurand, Directeur de recherche à l’INSERM, présentant les dernières études sur la toxicité des nanotubes de carbone, affirme que les « effets [étaient] similaires à ceux de l’amiante en ce qui concerne : réponse inflammatoire, production de lésions de l’ADN, formation d’aberrations chromosomiques, induction de mésothéliomes après exposition des cellules mésothéliales ». Des associations, des syndicats brandissant l’exemple du scandale de l’amiante, se mobilisent pour réclamer une véritable réglementation. Les Amis de la Terre vont plus loin, affirmant que la seule position raisonnable est celle du moratoire. Au delà des problématiques sanitaires et environne-
mentales, la question des nanotechnologies touche également la frontière entre le vivant et l’artefact (amélioration des performances humaines), le contrôle social (quant à l’usage des RFID), la géopolitique (via l’armement)...
Guerre économique
Alors que la seule règle guidant aujourd’hui le développement des nanotechnologie est économique, le Gouvernement, via la loi « Grenelle 1 », organise jusqu’en février 2010, un débat public sur les nanotechnologies ayant pour objectif d’informer et de prendre en compte les opinions exprimées dans « un compte-rendu neutre et objectif ». Ainsi, les acteurs le souhaitant ont eu la possibilité de rédiger des cahiers d’acteurs et les citoyens sont invités à participer sur internet ou lors de réunions publiques. Parallèlement, le Gouvernement a lancé cette année le plan Nano-Innov, censé placer la France parmi les pays les plus en pointe sur les nanotechnologies, en favorisant l’innovation et encourageant les dépôts de brevets. Sur les 70 millions d’euros débloqués en 2009 pour ce projet, voulu par Nicolas Sarkozy, pas un centime n’est prévu pour la recherche sur les conséquences environnementales et sanitaires des nanotechnologies. Et c’est bien cela que reprochent aujourd’hui nombre de participants au débat public. A l’instar de cette personne à Toulouse qui s’interroge « on me donne la parole certes, mais quel est son poids alors que les géants industriels ont déjà mis sur le marché d’innombrables nanoparticules? ». Le cadre du débat et les conditions fixées – un
Les crèmes solaires comptent parmi les produits cosmétiques intégrant des nanoproduits.
thème par ville occultant souvent la vision d’ensemble de ce que nous réserve le nanomonde – ressemblent à une opération de communication voire de manipulation visant à valider un état de fait : le développement des nanotechnologies est accaparé par des firmes privées, sans contrôle citoyen. Pour autant, il serait dommage de se priver de cette tribune, soyons nombreux à nous exprimer sur les nanotechnologies et sur le fonctionnement même de ce débat.
>
luCie lebrun
Aller plus loin : Nanocratie pour macrobusiness, Le Courrier de la Baleine 156 : www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/ LaBaleine156.pdf Articles et dossiers divers : www.amisdelaterre.org/-Nanotechnologies-.html Consulter le cahier d’acteurs des Amis de la Terre et participer au débat public : www.debatpublic-nano.org
Brèves Nucléaire : travailleurs en danger. – Début octobre 2009, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la centrale de Flamanville (Manche) faisait valoir son droit d'alerte, le rythme imposé et le recours systématique aux sous-traitants mettant en cause la sûreté de la centrale. Les intérimaires sont en effet appréciés car leur suivi médical et le lien avec l'industrie nucléaire sont plus difficiles à établir. Alors que l'industrie nucléaire fonde sa crédibilité sur son contrôle sans faille des risques, les salariés s'alarment : perte de savoir-faire et surexposition des travailleurs mettent l'ensemble de la société en danger. Alimentons les régions – Minga, Nature & Progrès et Frères des Hommes proposent de mettre la question de l'alimentation au cœur des débats des prochaines élections régionales de mars 2010. Le texte commun appelle chaque liste candidate à fixer des objectifs précis sur la mise en œuvre d'un plan emploi régional pour l'installation paysanne de manière à répondre notamment aux besoins de la restauration collective, sur une politique foncière ambitieuse, et sur la mise en place d'une veille citoyenne à ce sujet. L'appel, soutenu par les Amis de la Terre, peut être signé en ligne : www.alimentons-les-regions.fr Grande victoire : l’abandon du Circuit F1 à Flins – Ce projet industriel dans les Yvelines prévoyait d’urbaniser des terres agricoles concernées par un projet d’envergure en agriculture biologique portant sur la deuxième plus grande zone de captage d’eau potable d’Ile-de-France. Le Conseil général des Yvelines a déclaré le 2 décembre 2009 renoncer à ce projet totalement grenello-incompatible. Les terres agricoles seront rendues à la SAFER. « Cela vaut le coup de se battre car, pour une fois, le pot de terre a gagné contre le pot de fer » a déclaré une membre du collectif Flins sans circuit F1.
Portrait
n°160 / déc 09
Actions publiques En route vers un autre monde Mathieu Monceaux, membre actif des Amis de la Terre – Midi-Pyrénées, se rend comme beaucoup de militants à Copenhague en décembre 2009, à l'occasion des négociations internationales sur le climat... A une différence près : Mathieu a choisi de s'y rendre de la manière la plus écologique qui soit : à vélo ! La Baleine : tu projettes de te rendre à la conférence internationale sur le climat à Copenhague à vélo, comment le voyage va-t-il se dérouler ? Mathieu Monceaux : Je pars de Toulouse à vélo le 9 novembre, à priori seul. Je serai rejoint par quelques cyclistes sur le trajet, à Paris puis à Bruxelles, pour arriver quatre semaines et 2 500 km plus tard, à Copenhague. L'idée est de permettre à toutes les personnes souhaitant nous rejoindre de le faire, même pour un bout de chemin, et de communiquer tout au long du trajet sur les enjeux de Copenhague. Malgré le temps automnal, nous serons en autonomie complète : tente, nourriture, etc. Quelques actions à Angoulême, Poitiers, Paris, Bruxelles sont programmées, et nous participerons bien sûr au grand rassemblement le 12 décembre à Copenhague. Je prévois de rentrer en majeure partie à vélo. lb : d'où t’est venue cette idée ? MM : Il y a quelques années, à la fin de mes études, et sans « ambition professionnelle », je me suis lancé seul dans un tour du monde en vélo couché. C'est un type de vélo peu connu, plus aérodynamique et surtout plus confortable, idéal donc pour les longs trajets. J'étais à la recherche d'autres façons de vivre, d'autres cultures. Pourtant, je me suis rendu compte que dans de nombreux pays, les gens cherchent, comme chez nous, davantage de produits de consommation. Bien souvent, les valeurs de solidarité ou de partage éclatent. Mon passage en Chine en 2004 m'a marqué : des
nos positions sur le climat. Il me paraissait donc naturel de m'y rendre. C'est en parlant avec un ami que l'idée d'y aller en vélo a germé. Contrairement à ce que l'on peut croire, le monde du vélo n'est pas toujours très sensibilisé aux problématiques écologiques. J'ai donc cherché, en préparant le projet, et je le ferai pendant le voyage, à informer les cyclistes sur les enjeux de Copenhague, via les associations de vélo ; les blogs et la Fubicy, la fédération française des usagers de la bicyclette. lb : Quels sont tes liens avec le mouvement ride planet earth ?
Mathieu, un militant qui agit en cohérence avec ses convictions.
infrastructures routières monumentales étaient déjà construites pour anticiper l'augmentation du nombre de véhicules. Alors que j'avais déjà une sensibilité "écolo", celleci s'est trouvée renforcée au fur et à mesure de mon voyage. J'ai l'opportunité de pouvoir vivre des ventes du livre dédié à ce voyage et consacre aujourd'hui ma vie aux activités associatives et aux projets tels que celui dont nous parlons.
MM : Kim Nguyen est parti il y a un an d'Australie pour rallier Copenhague, je connais peu ce mouvement, mais une rencontre est prévue à Paris avec la responsable du mouvement en France. Un autre projet similaire a été monté par Guillaume Dimanche, un photographe qui part le 22 novembre de l'aéroport Charles de Gaulle à Paris et dont l'arrivée est prévue à l'aéroport de Copenhague. Ce sera intéressant de pouvoir rouler un peu ensemble, et pourquoi pas d'arriver ensemble à Copenhague. Mais pour l'essentiel, rouler avec de grands groupes sur de longues distances est difficile car cela demande plus d'organisation.
> propoS reCueilliS par luCie lebrun
lb : Quels sont les objectifs de ce voyage ?
Aller plus loin :
MM : Je suis convaincu qu'il faut que nous soyons le plus nombreux possible à Copenhague pour manifester et exprimer
http://tourdumondeenbent.free.fr/
Information sur le tour du monde en vélo couché et le voyage à Copenhague :
Déchets Réduction et recyclage contre les incinérateurs Réduire et recycler pour moins brûler, cela relève du bon sens. Or les décideurs industriels, Veolia, Suez et EDF, persistent à entretenir des usines géantes, coûteuses et impopulaires… en laissant complaisamment les consommateurs accumuler et jeter toujours plus de biens matériels. La France compte 135 incinérateurs. Celui d’Ivry (Val-de-Marne), construit dans les années 1960, fait actuellement l’objet d’un débat public sur le projet de rénovation présenté par le Syctom (syndicat de traitement des déchets de l’agglomération parisienne).
Objectifs non atteints
Les Amis de la Terre, au sein d’un collectif d’associations de quartiers et environnementales, interpellent le Syctom sur les insuffisances de son projet consistant à reconstruire l’incinérateur existant. Le Syctom promet certes un incinérateur 2 fois moins gros et une unité de méthanisation. Mais avec 0,01 % de son budget consacré à la réduction des déchets, et des capacités d’incinération plus de 10 fois supérieures aux capacités de tri, on peut affirmer que les objectifs de la directive cadre européenne (50 % de réemploi ou recyclage
d’ici 2020) et de la loi « Grenelle » (réduire la production d’ordures de 7 % par habitant en 5 ans) ne pourront être atteints ! A l’issue du débat public fin décembre, le Syctom reverra sa copie et décidera du projet final. Il est encore temps de participer pour donner son point de vue : www.debatpublic-traitement-dechets-ivry.org.
>
annelaure wittMann
Contact : annelaurewittmann@yahoo.fr Le cahier d’acteur sur l'incinérateur d'Ivry est joint dans ce numéro de La Baleine.
n°160 / déc 09
RÉGIONS
Marées vertes Une crise environnementale en cache une sanitaire En se décomposant, les algues dites « vertes », présentes sur le littoral breton et issues de la pollutions des sols, dégagent des gaz toxiques entraînant des problèmes sanitaires. La gestion de ce dossier par l’Etat est mise en cause. Les responsabilités sont clairement établies, ainsi que l’a démontré le conseil scientifique régional de l’environnement de la région Bretagne en septembre 2009. L’Etat, par son laxisme, a déjà été condamné par le tribunal administratif de Rennes en septembre 2007 à raison de cette situation. Il risque fort de l’être encore davantage en appel très prochainement, appel interjeté pour gagner du temps, et éviter de devoir assumer la charge financière de la collecte annuelle des algues vertes assumées par les collectivités territoriales (plus d’un demi-million d’euros chaque année). Il faut dire que l’Etat est aussi sous le coup d’une action judiciaire de la Commission européenne, provisoirement suspendue jusqu’à fin 2009, présentant des risques financiers bien plus considérables.
Pour un nouveau modèle agricole
La Bretagne représente 60 % de la production porcine française.
La mort d’un cheval, l’évanouissement de son cavalier, le décès suspect d’un ouvrier chargé de ramasser les algues vertes sur les plages bretonnes cet été, ont transformé subitement un dommage environnemental chronique et « durable » en crise sanitaire. Car en se décomposant sur le littoral, les algues dégagent des gaz toxiques, notamment l’hydrogène sulfuré (H2S), qui peuvent être mortels. Chaque année, la Bretagne affronte donc ses marées vertes, bien plus fréquentes que les marées noires. La pollution ne vient pas de la mer, mais des bassins versants côtiers et des sols, déstructurés par une agriculture intensive, gorgés de nitrates résultant des déjections animales épandues en dépit du bon sens et de tout équilibre de la fertilisation depuis plusieurs décennies. On ne devient pas sans impact grave et difficilement réversible la première région française de production animale (60 % des cochons, 60 % des œufs, 45 %
des volailles, 25 % des vaches laitières, 30 % des gros bovins), et ce, sur moins de 5 % de la surface agricole utile nationale.
Des politiques aveugles
Pollution des eaux y compris des eaux littorales, fermetures de captages d’alimentation en eau potable, et bientôt fermeture des plages ? Autant de constat de fuites successives devant les pollutions. Cet aveuglement coupable est entretenu par tous les responsables politiques depuis 30 ans. Michel Crépeau, ministre de l’Environnement, annonçait le règlement du problème en 1981. Le Premier ministre François Fillon et trois de ses ministres ont annoncé l’engagement d’une énième mission de réflexion, censée établir enfin le plan de bataille contre ce cancer littoral, qui ne cesse de croître d’années en années depuis plus de 40 ans. Mais la situation est-elle encore sous contrôle et réversible ? Il y a lieu d’en douter !
L’Etat protège ainsi envers et contre tout un modèle agricole breton qui caricature le développement non soutenable. Le préfet des Côtes d’Armor, artisan local de cette politique, sensibilisé par l’ouverture d’une information judiciaire pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui à l’initiative de bretons excédés, vient d’adresser au gouvernement un rapport « confidentiel » prônant une révision profonde des pratiques agricoles (seul l’arrêt total des formes intensives d’exploitation agricole pourrait restaurer l’environnement littoral sous une dizaine d’années, mais la profession agricole n’est pas d’accord, indiquet-il en substance !). La politique de l’autruche n’est plus soutenable, mais il n’est pas certain qu’elle ne se poursuive pas à l’avenir sous d’autres formes.
>
pierre boyer
Aller plus loin : www.cseb-bretagne.fr www.eau-et-rivieres.asso.fr
Midi-Pyrénées Interpeller les pouvoirs locaux sur le climat A l’occasion du sommet de Copenhague, nous voulions faire du climat un enjeu également local en interpellant nos collectivités territoriales – Conseils régionaux et généraux, agglomérations, communes – sur leurs engagements dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Nous leur avons adressé un courrier les questionnant sur leurs actions en fonc-
tion de leurs compétences respectives et, pour les plus importantes, sur leurs objectifs chiffrés de diminution des émissions à l’échelle de leur territoire d’intervention. Pour mettre l’empreinte carbone au cœur des politiques publiques, il faut exercer une pression sur les pouvoirs locaux afin que toutes leurs décisions soient évaluées à l’aune de ce critère-là. Le résultat
de cette campagne a déjà fait l’objet d’une conférence de presse à Toulouse ; nous allons maintenant pousser publiquement le débat. Les mêmes questions seront bien sûr posées aux listes candidates aux élections régionales en mars 2010.
>
laure teulièreS et pauline roy
Les Amis de la Terre ● Midi-Pyrénées
DOSSIER
Institutions financières - climat : le double langage
n°160 / déc 09
La Banque mondiale (BM) et la Banque européenne d’Investissement (BEI) sont les deux plus grandes institutions financières internationales (IFI). Dans ce dossier, La Baleine revient sur le double langage de ces institutions : alors qu’elles prétendent agir contre les changements climatiques et la pauvreté, elles soutiennent massivement et dans une absence de transparence les énergies fossiles, la route, l’aviation, les marchés carbone et les multinationales occidentales qui utilisent les paradis fiscaux. Bien qu’actionnaires de ces institutions, les gouvernements - dont la France - ne montrent aucune volonté politique de les transformer. Face à cette inertie, les plaidoyers des Amis de la Terre et de leurs partenaires ainsi que les actions de terrain peuvent parfois avoir gain de cause. Comment agir pour changer les politiques d'investissement des IFI ? Suivez le guide…
Institutions financières internationales Entre hypocrisie et schizophrénie Double langage : les gouvernements promettent de réduire les émissions de CO2 et permettent dans le même temps aux institutions financières d'investir dans les ressources fossiles. « On ne peut pas dire à la tribune de l'ONU, il faut un développement propre, et continuer à financer un développement qui ne le serait pas » déclarait Nicolas Sarkozy, le 24 septembre 2007, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Une déclaration choquante, quand on sait que la France, à travers les institutions financières internationales (IFI) dont elle est actionnaire, finance massivement les énergies fossiles et les industries les plus émettrices de CO2. En ligne de mire, deux des plus grosses IFI : la Banque mondiale (BM) et la Banque européenne d’investissement (BEI).
Addiction aux énergies fossiles
Les activités de ces deux institutions sont épinglées dans le récent rapport des Amis de la Terre - France, Institutions financières internationales et climat : la grande hypocrisie. Entre 1997 et 2007, la BM a financé des projets fossiles qui émettront 26 milliards de tonnes de CO2 au cours de leur durée de vie, soit 47 fois les émissions annuelles de la France. Quelles conclusions en a donc tiré la BM en 2008 ? Rien de moins qu’un doublement de ses financements aux fossiles, alors même que la part de ses investissements dans les énergies renouvelables plafonne à 16 % ! La tendance est la même pour la BEI. Elle a investi ces cinq dernières années quatre fois plus d'argent dans les énergies
fossiles que dans le solaire, l'éolien et le bois-biomasse réunis, sans compter des millions d’euros de prêts accordés à l’aviation et au transport routier. Comment enrayer l’addiction des deux principales IFI aux énergies fossiles ?
Dépendance non inéluctable
Schizophrène, la Banque mondiale reconnaît elle-même dans son Rapport sur le Développement dans le Monde 2010 qu’«on peut difficilement prétendre que la dépendance à l’égard des combustibles fossiles est inévitable, compte tenu du peu d’efforts déployés à ce jour pour trouver d’autres solutions». Un rapport de World Watch Institute confirme que les pays du Sud ont les ressources pour sauter l’étape du « tout pétrole/charbon » et passer directement aux énergies renouvelables. Le rôle des IFI serait alors crucial pour apporter les financements nécessaires à ces secteurs innovants mais encore peu attractifs pour le secteur privé. La France doit se positionner au sein des IFI pour exiger qu’elles arrêtent tout soutien aux énergies fossiles, publient les émissions de gaz à effet de serre induites par les projets qu’elles financent, adoptent des objectifs contraignants de réduction de ces émissions et cessent de soutenir les industries les plus polluantes et en particulier l’aviation.
>
le ConSeil fédéral deS aMiS de la terre
n°160 / déc 09
Addiction au carbone La BEI réchauffe le climat dans l’opacité la plus totale La BEI est impliquée dans de nombreux projets très controversés du point de vue énergétique, à l'opposé des discours qu'elle tient et loin de tout contrôle citoyen. La Banque européenne d’investissement (BEI) pourrait jouer un rôle central dans la transition écologique de l’économie. Institution de l’Union européenne, créée en 1958, la BEI a des capacités de financement deux fois supérieures à celles de la Banque mondiale. L’une de ses priorités serait de faire « du financement à long terme des investissements destinés à lutter contre le changement climatique ». En 2004, la BEI a même annoncé sa décision de consacrer 50 % de ses prêts à des projets basés sur les énergies renouvelables. Pourtant, les faits viennent démentir ces beaux discours.
Une nette préférence pour les projets émetteurs de CO2
Depuis 1997, la BEI a investi 17 milliards d’euros dans les énergies fossiles, en Europe et dans le monde. Sur 23,7 milliards d’euros de prêts consacrés à des projets énergétiques, 47 % sont allés à des projets de production et de distribution d’énergies fossiles, entre 2002 et 2006 (1). Et la situation ne s’améliore pas : au premier semestre 2009, elle a accordé 800 millions d’euros à des raffineries de pétrole, notamment à l’entreprise italienne ENI. A cela s’ajoute les 3,2 milliards d’euros (56 % des prêts totaux pour l’industrie) affectés à l’industrie automobile et les 300 millions pour la construction aéronautique. L’oléoduc Tchad Cameroun, le gazoduc Ouest africain (Nigéria, Bénin, Togo, Ghana), ou l’exploration pétrolière à Basilicata en Italie, tels sont les projets très controversés financés par la BEI. Des projets dont la durée de vie est de 30 à 50 ans... Aujourd’hui, son intérêt pour les projets d’oléoducs dans les Balkans, notamment le gazoduc Nabucco et l’oléoduc de Burgas-Alexandroupolis, laisse supposer que rien ne changera dans les prochaines années dans son soutien aux énergies polluantes.
L’opacité comme mode de gestion
La BEI a adopté un système de comptabilité assez étrange : les projets pétroliers n’apparaissent pas dans le secteur énergie, mais dans celui de l’industrie. Une manière de rendre un peu moins transparent ce système déjà bien complexe. Et surtout, un quart des investissements de la BEI sont des « prêts globaux », lignes de crédit accordées à des intermédiaires financiers, prêtant à leur tour à des entreprises ou à des autorités publiques. Aucune information n’est publiée sur l’utilisation finale des fonds... En 5 ans, ce sont 66 milliards d’euros d’argent public qui ont
La BEI n’a présenté aucun résultat de l’empreinte carbone des projets qu’elle finance.
été ainsi distribués. Une enquête de CEE Bankwatch Network en 2004 auprès de 386 de ces intermédiaires a montré qu’aucune des 73 banques ayant répondu ne finance de projets dans les énergies renouvelables, contrairement aux affirmations de la BEI. La BEI s’est engagée à mettre en place un système de calcul de l’empreinte carbone des projets qu’elle finance, mais à ce jour, elle n’a présenté aucun résultat. En 2007, le Parlement européen a voté à une large majorité une résolution demandant « un arrêt du soutien public, via les agences de crédit aux exportations et les banques d’investissement publiques, aux projets d’énergies fossiles ». Sans aucun effet pour le moment.
>
agnèS rouSSeauX
(1) Selon Bankwatch Network.
La sécurité énergétique au détriment de l’avenir de la planète Pourquoi les institutions financières internationales comme la BEI, sont-elles autant dépendantes des ressources fossiles ? Les pays industrialisés, qui possèdent la majorité des droits de vote dans ces institutions, s'en servent comme outil supplémentaire pour assurer leur sécurité énergétique. 82 % des projets pétroliers soutenus par la Banque mondiale entre 1992 et 2002 étaient destinés à l’exportation vers les pays riches. Alors que les pays du Sud peinent souvent à accéder à l'énergie de base, les IFI soutiennent des projets d'exportation massive d'énergie vers les pays industrialisés. Le financement des IFI est ainsi une aide directe à la consommation de pétrole, en faisant diminuer les coûts pour les pays industrialisés. Un soutien à la surconsommation incohérent et incompatible avec les impératifs climatiques et de justice sociale.
DOSSIER
Institutions financières - climat : le double langage n°160 / déc 09
Les idées reçues du Pr. Emil Emilion Le Pr. Emil Emilion, spécialiste es idées reçues présente, concernant les institutions financières, quelques spécimens de sa collection. La Baleine les remet à leur place !
Les IFI interviennent au nom des Etats pour consolider l’économie !
La Banque mondiale ( BM ) et la Banque européenne d’investissement ( BEI ) poussent dans le sens des intérêts de leurs actionnaires, les Etats. En outre, elles encouragent par leurs prêts à taux bas des projets qui ne paraissent solides que grâce à leur caution : un dollar prêté par la Banque mondiale attire deux à trois dollars de prêts de banques privées.
Les institutions publiques internationales sont hyper contrôlées
Un quart des investissements de la BEI va à des intermédiaires financiers et aucune information n’est publiée sur les bénéficiaires finaux de ces prêts.
L’engagement des IFI garantit le respect de l’environnement
Oléoduc Tchad Cameroun, mines en Zambie, grands barrages… La BM et la BEI sont impliquées dans des projets désastreux. Difficile de voir en quoi elles garantissent le respect de normes environnementales et sociales !
Il faut désenclaver tous les territoires et démocratise la vitesse. Voilà pourquoi la BEI investit autant dans les transports routiers et aériens
La route et l’avion sont les moyens de transport les plus émetteurs de gaz à effet de serre, des émissions peu ou pas taxées… qui continuent d’augmenter. Plus on voyage vite, moins on connaît les pays que l’on traverse… dans des infrastructures qui les défigurent !
Le charbon est la moins chère des énergies : les pays en développement en ont besoin et les IFI les poussent à choisir des centrales thermiques moins polluantes dites super-critiques
Des rapports montrent que les pays du Sud pourraient passer directement à des systèmes énergétiques basés sur les renouvelables, sans passer par un développement « tout fossile ». En outre, une centrale super-critique au charbon reste bien plus polluante qu’une centrale au gaz, La Baleine accueille un nouveau la cogénération, l’éolien, le solaire... et les économies d’énergie. Gardons l’argent public uniquement pour les renouvelables et l’efficacité énergétique. collaborateur : le Professeur Emil Emilion, dont la marraine Les IFI sont des jalons vers un indispensable gouvernement mondial est Françoise Chanial (côté Contrôlées par une poignée d’Etat riches alors qu’elles affectent tous les Etats du monde, les scénario) et le parrain Ivan machines financières mènent à la catastrophe. Une harmonisation mondiale est nécessaire mais elle ne pourra être juste et efficace que si elle s’appuie sur les réalités locales, contrôlées par les citoyens Escudié (côté dessin). dans le respect des droits de l’homme et l’environnement.
Gouvernance La BEI joue la carte de l’opacité Comment les décisions sont-elles prises à la BEI ? Quelles exigences et quelles garanties ? Pour quel niveau de transparence et quelles possibilités de recours ? Decryptage. Les 28 administrateurs de la Banque européenne d’investissement (BEI) sont tous issus des ministères des Finances des pays membres (plus un pour la Commission européenne). Ils décident à eux seuls de l’octroi des prêts de la Banque. Première limite soulevée par les Amis de la Terre et la Coalition Counter Balance : l’absence de représentant des affaires étrangères ou de l’environnement, alors même que la BEI se définit comme une banque de développement et est censée soutenir la réalisation des objectifs de l’Union européenne en matière environnementale. D’autre part, le caractère non-permanent de ce Conseil inquiète : il ne se réunit que dix fois par an pour examiner plus de 300 projets !
« Conflit d’intérêts »
Selon la BEI, il revient aux promoteurs « de veiller au respect des exigences de la Banque et, en particulier, de s’assurer de la conformité de leurs projets avec la réglementation.» «Il y a un conflit d’intérêt évident ! », commente Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Finance publique aux Amis de la Terre. «En laissant au demandeur la charge d’évaluer son propre projet, la Banque se défait de ses responsabilités, et peut s’enorgueillir d’alléger ses coûts de fonctionnement ». Quant aux normes ellesmêmes, qui découlent de la législation européenne, elles ne sont exigibles que dans les pays de l’Union. En dehors de ses frontières, la Banque définit des engagements au cas par cas.
Nouveau mécanisme de plainte
La BEI doit normalement publier les projets avant qu’ils ne soient soumis au vote. « Mais on n’a parfois que quelques jours pour réagir, regrette Anne-Sophie Simpere. Et dans certains cas, la banque se réserve toujours le droit de ne publier un dossier qu’après approbation du prêt, voire après le versement. » Les ONG demandent donc un délai minimum de 30 jours avant vote. Elles contestent également le refus de la banque de rendre publics les contrats de financements au motif qu’ils comportent des informations commerciales confidentielles : les ONG demandent d’avoir accès aux parties concernant les obligations définies en matière sociale et environnementale. Enfin, l’opacité règne sur les prêts accordés aux banques ou institutions financières intermédiaires à qui la BEI délègue la décision de financement. Les citoyens et la société civile n’ont actuellement aucun moyen de savoir qui sont les bénéficiaires finaux. En 2008, la mobilisation des Amis de la Terre a permis une avancée avec la signature par la BEI d’un Protocole d’accord avec le Médiateur européen : il permet aux personnes physiques ou morales de porter plainte en cas de mauvaise administration de la BEI. Dans ce cadre, Counter Balance a déposé récemment une première plainte concernant un barrage en Ouganda.
>
Caroline HoCQuard
n°160 / déc 09
Mines « La BEI devrait accroître ses prêts à l’agriculture ou au tourisme, plus soutenables » En Zambie, la BEI affecte environ 80 % de ses prêts au secteur minier. Les Amis de la Terre travaillent avec le CTPD (Centre sur les politiques commerciales et le développement) sur les impacts des mines dans le pays. Rencontre avec le directeur du Centre, Savior Mwambwa. La Baleine : En quoi consiste le travail du CTPD ? Savior Mwambwa : Le CTPD regroupe une douzaine d’organisations de la société civile zambienne qui travaillent sur le commerce et la justice économique en Zambie. Nous surveillons les activités des multinationales, notamment dans le secteur minier. Ces entreprises pourraient apporter des bénéfices aux communautés, en créant de l’emploi et en contribuant au développement des infrastructures sociales et économiques. Mais depuis la privatisation du secteur, les résultats des compagnies minières ont été très décevants : les infrastructures, les avantages sociaux comme l’accès aux soins pour les travailleurs, n’existent plus. Les conditions de travail sont mauvaises et les opérations minières ont causé de graves problèmes environnementaux. Aux côtés des Amis de la Terre et de Counter Balance, le CTPD enquête sur les impacts des compagnies minières sur les communautés et l’environnement, et attire l’attention des décideurs et des gouvernements européens sur la situation en Zambie. lb : Quelle est la situation de l'industrie minière en Zambie ? et que pensez-vous des choix financiers de la bei ? SM : Avec la crise financière mondiale, les compagnies minières licencient les travailleurs. Pourtant, il y a deux ans, les entreprises faisaient des profits énormes en raison des prix élevés du cuivre. A ce moment là elles refusaient de payer des taxes au gouvernement qui auraient pu lui permettre de gérer les problèmes sociaux. Les entreprises ne se sont pas conduites de façon responsable.
Nous comprenons que la BEI ait ses propres critères pour choisir les secteurs à financer, mais nous espérons qu’elle envisage aussi d’autres secteurs d’intervention aux effets négatifs moindres. Notre gouvernement essaie de promouvoir la diversification de l’économie zambienne pour ne plus dépendre autant de l’industrie minière. Dans ce contexte, la BEI devrait accroître ses prêts à d’autres secteurs comme l’agriculture ou le tourisme qui pourraient être plus compétitifs et soutenables pour la Zambie. lb : Qu’attendez-vous des rencontres au parlement européen avec les décideurs de l'ue et de la bei ? SM : Nous espérons amener une perspective de terrain aux habituelles discussions techniques, sur la base de notre expérience locale. Il est important pour nous de parler des impacts des prêts de la BEI, non seulement sur l’économie zambienne mais aussi sur la situation sociale et environnementale des communautés dans lesquelles les compagnies minières opèrent. Nous espérons que chacun réalise les responsabilités de la BEI, et la nécessité que la Banque s’assure que l’argent qu’elle donne aux entreprises ne contribue pas à l’aggravation des problèmes environnementaux et sociaux. La BEI et les parlementaires européens doivent savoir qu’ils peuvent utiliser leur pouvoir pour pousser les compagnies minières à assumer leurs responsabilités face aux impacts de leurs opérations sur les communautés.
>
propoS reCueilliS par anne-SopHie SiMpere
Subventions aux fossiles, merci la BEI ! Les Amis de la Terre - Europe ont publié en mai 2009 un rapport sur les subventions publiques accordées entre 2004 et 2008 aux énergies fossiles, par l’Union européenne (UE) et trois de ses Etats-membres (Pays-Bas, France et Royaume-Uni). Ses conclusions : alors que l’urgence est au changement de modèle énergétique, le secteur pétrolier européen bénéficie de subventions publiques massives qui constituent un énorme gâchis d’argent public, au seul bénéfice d’un des secteurs les plus bénéficiaires du monde. Sur la période étudiée, ce sont ainsi près de 10 milliards d’euros qui ont été alloués par l’UE et les gouvernements des pays concernés, qui abritent trois des plus grosses entreprises pétrolières au monde (Shell, Total et BP), sous forme d’aides à la recherche et au développement ou de garanties aux exportations.
Le gaz, grand gagnant
La Banque européenne d’investissement (BEI) est le principal soutien avec 6,7 milliards d’euros, principalement dans le domaine gazier. 500 millions d’euros ont ainsi été prêtés au gouvernement britannique en 2004, pour la construction d’un gazoduc reliant la Norvège au Royaume-Uni ; un comble, pour deux pays richissimes qui figurent parmi les plus gros producteurs de brut au monde ! 500 millions ont également été prêtés en novembre 2008 à l’allemand E.ON pour accroître ses capacités de stockage de gaz, plutôt que pour aider le pays à respecter ses engagements ambitieux en matière d’énergies renouvelables... Et la liste est longue. Manifestement, la BEI a encore de gros progrès à faire !
>
gwenael waSSe
Chargée de campagne • RSEE
DOSSIER
Institutions financières - climat : le double langage n°160 / déc 09
BEI et transports Le bon secours des aéroports et des autoroutes Plus de la moitié des investissements de la BEI dans les transports ont été investis dans l’aérien et le routier. Une tendance encore plus nette en Europe centrale et orientale. Le BEI aime les transports qui gaspillent les hydrocarbures. Entre 1996 et 2005, elle a investi 112 milliards d’euros dans le secteur. Plus de la moitié est allée aux transports aérien et routier, et en Europe centrale et orientale, cette part monte à 68 %. 37 milliards d’euros ont servi à la construction de routes, dont 26,5 milliards pour des autoroutes. 16 milliards d’euros sont allés à l’industrie aéronautique (extensions d’aéroports, construction ou achat d’avions). Mais 9 milliards environ ont aussi bénéficié aux industries de l’automobile et du pneu.
Emissions induites
En matière de transport aérien, si leurs nouvelles capacités sont pleinement utilisées, les projets d’extensions d’aéroports financés par la BEI, tels que le Terminal 5 de Heathrow (Londres), la cinquième piste de Schiphol (Amsterdam) ou le Terminal 4 Bajaras (Madrid) devraient, selon Bankwatch, émettre un total de 45,5 millions de tonnes de CO 2 supplémentaires par an, ce qui représente plus que les émissions annuelles de l’Irlande. En 2009, la BEI a déjà octroyé 7,22 milliards d’euros aux transports, dont plus de 3,2 milliards d’euros pour la route (dont de nombreuses autoroutes), soit 44 % du total. En outre, 330 millions d’euros ont été prêtés au secteur aérien. Pour une part des prêts restants, il est impossible de déterminer la nature des projets financés car la BEI ne divulgue aucune information à ce sujet. Ces données 2009 ne comprennent pas les nombreux prêts accordés à l’industrie automobile, classés dans le secteur de l’industrie. Si en France, les financements de projets de transports urbains et de TER par la BEI sont nombreux, la banque soutient aussi de nombreux projets autoroutiers (périurbains et de interurbains), des LGV, des rames TGV et des travaux d’infrastructures aéroportuaires tels que les satellites 3 et 4 de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
Financements des autoroutiers
Alors que l’on continue malgré le « Grenelle » à tracer environ 250 km d’autoroute par an en France, la BEI s’enorgueillit d’avoir prêté 200 millions en 2008 au groupe Vinci pour ce qui était alors le plus gros chantier autoroutier
Campagne BEI. « La BEI ne voit pas de problèmes, n'entend pas les plaintes et ne donne pas d'informations. »
de France : l’A19, qui relie désormais Artenay (Loiret) et Courtenay (Yonne). Elle s’est fait une spécialité du soutien aux groupes autoroutiers privés et aux partenariats public-privé, qui permettent aux actionnaires des premiers de profiter d’un meilleur effet de levier grâce aux fonds publics apportés par les contribuables. Les militants des Amis de la Terre de l’Isère apprécieront sans doute particulièrement le soutien de 200 millions d’euros environ apporté en décembre 2006 à la construction de l’A51 entre Coynelle et le Col du Fau (Isère). L’ouverture de ce tronçon, en 2007, fait craindre le bouclage de ce projet datant de 1987. Il n’a toujours pas fait la preuve de sa viabilité économique, mais saccagerait la vallée du Trièves et renforcerait incidemment la pollution aérienne de la cuvette de Grenoble.
>
anne SopHie SiMpere
Les IFI parient sur les marchés carbone Non contentes de financer directement les énergies fossiles, la Banque mondiale (BM) et la BEI sont parmi les principales institutions financières (IFI) à créer et gérer des fonds carbone, afin de développer les marchés carbone. Créatrice du Fonds prototype pour le carbone dès la fin des années 1990, la BM gère aujourd’hui une douzaine de fonds et mécanismes analogues, pour un total de 2,2 milliards de dollars (alimentés par les contributions de 16 gouvernements et 66 entreprises). Elle a notamment créé le très controversé Fonds de partenariat pour le carbone forestier, qui vise à faire rentrer les forêts dans le marché carbone. La BEI quant à elle gère quatre fonds carbone pour 500 millions d’euros environ.
Fuite en avant
Quelle rhétorique sous-tend ces initiatives ? Pour la BM, « le marché du carbone apparaît comme un moyen efficace de réduire les émissions de GES et de transférer des ressources
financières et des technologies propres vers les pays en développement ». Pourtant, si aucune étude de la banque ne démontre « l’efficacité » du marché carbone, de nombreuses recherches indépendantes taillent en pièce le mécanisme de compensation carbone Nord-Sud dont la BM est friande. Et de préciser : « Grâce aux crédits carbone, l’Afrique sera en mesure d’exploiter tout le potentiel de ses ressources naturelles pour favoriser un développement propre ». Une affirmation démentie par le gouvernement français lui même, qui reconnaît que le marché carbone ne va que là où la demande est solvable, et délaisse quasi-intégralement l’Afrique. Restant sourdes aux analyses critiques, les IFI poursuivent leur fuite en avant dans la financiarisation de la lutte contre les changements climatiques.
>
SébaStien godinot
Coordinateur des campagnes
DOSSIER
Institutions financières - climat : le double langage n°160 / déc 09
Mobilisation Agir pour changer les politiques d’investissement Les plaidoyers des Amis de la Terre et de leurs partenaires ainsi que les actions de terrain peuvent parfois avoir gain de cause. Suivez le guide… Il y a dix ans, la BEI affirmait qu’elle n’avait de « compte à rendre qu’au marché » et refusait tout dialogue avec les ONG. Aujourd’hui, elle organise des consultations publiques sur ses politiques, publie la liste des projets qu’elle finance sur internet, et a été obligée de reconnaître sa mission de développement dans les pays les plus pauvres. Le Parlement européen a obtenu davantage de pouvoirs sur la BEI, le Médiateur européen a accepté de juger les plaintes reçues contre la Banque, et elle a renoncé à financer certains projets très controversés comme le barrage Gilgel Gibe III en Ethiopie. Chacun de ces progrès est lié à la mobilisation et la détermination de la société civile et de députés européens. Alors que les institutions financières internationales (IFI) prétendent agir contre les changements climatiques et la pauvreté en soutenant massivement les énergies fossiles, la route, l’aviation, et les multinationales occidentales qui utilisent les paradis fiscaux, il faut plus que jamais rester mobilisés.
Faire connaître les enjeux de Copenhague
S'informer Pour comprendre le fonctionnement des IFI et leur politique d’investissement, des outils existent : • Rapport IFI et climat : la grande hypocrisie des Amis de la Terre – France • Guide citoyen BEI : une banque pas comme les autres ?
S'exprimer
Fin 2007, les Amis de la Terre lancent la première campagne de pétition contre les investissements de la BEI dans le secteur minier en Afrique. Des milliers • Coalition européenne : de cartes postales envoyés au Président www.counterbalance-eib.org de la BEI poussent la Banque à soutenir l’initiative pour la transparence dans les industries extractives. Les actions de rue augmentent la pression : en juin 2008, à l’occasion de la réunion annuelle des Gouverneurs de la BEI, des militants venus de toute l’Europe distribuent une parodie de journal présentant une BEI « repentie », finançant des projets plus soutenables. De fausses conférences de presse publiques sont également organisées annonçant un mea culpa de la BEI pour ses erreurs passées. A Bruxelles, les Etats membres de l’Union européenne sont mis en scène, donnant des valises de billets de banque à la BEI qui les envoie ensuite sur une île paradisiaque : une idée d’action pour dénoncer l’implication de la BEI dans les paradis fiscaux.
www.amisdelaterre.org/ publications
Climat : exiger la cohérence La France, en tant qu’actionnaire important, doit se positionner explicitement et activement au sein de la Banque mondiale et de la BEI pour leur demander de : 1. Calculer les émissions induites par leurs financements et investissement 2. Fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de GES induites 3. Stopper le financement public des énergies fossiles 4. Stopper le financement public de l’aviation BEI au Sud : non aux mines et aux paradis fiscaux Afin de respecter son mandat de développement, la BEI doit : • instaurer un moratoire sur les financements des projets miniers au Sud tant qu’elle n’est pas dotée de meilleures normes et pratiques internationales dans ce secteur • arrêter de financer des projets liés à des paradis fiscaux
n°160 / déc 09
RÉSEAU
LE PLUS GRAND RÉSEAU ÉCOLOGISTE MONDIAL
v
2B rue Jules Ferry 93100 Montreuil
Tél. : 01 48 51 32 22 Fax : 01 48 51 95 12
france@amisdelaterre.org www.amisdelaterre.org
Contacts en France
v
BAS-RHIN Jean-Serge Bozon / bas-rhin@amisdelaterre.org • BOUCHES-DU-RHONE Marc Gastaldello / Tél. : 06 34 24 80 79 / bouchesdurhone@amisdelaterre.org • DUNKERQUE Nicolas FOURNIER / Tél : 03 28 20 30 40 / fournierni@voila.fr • GERS Robert CAMPGUILHEM / Tél : 05 62 65 64 50 / gers@amisdelaterre.org • HAUT-VAR Jean-Alexandre LAROCHE / Tél : 04 94 80 32 32 / hautvar@amisdelaterre.org • HAUTE-LOIRE Yanni HADJIDAKIS / Tél : 04 71 59 75 88 / hauteloire@amisdelaterre.org • HAUTE-SAVOIE Khaled Deghane / Tél : 06 24 27 45 04 / haute-savoie@amisdelaterre.org • HYÈRES Jacqueline HERBRETEAU / Tél : 04 94 65 05 27 / athyeres@cegetel.net • ISÈRE Marc PEYRONNARD / Tél : 04 76 45 27 95 / isere@amisdelaterre.org • LANDES Christian BERDOT / Tél/Fax : 05 58 75 34 50 / landes@amisdelaterre.org • LIMOUSIN Martine LAPLANTE / Tél : 06 87 03 80 32 / limousin@amisdelaterre.org • LOIRE Hervé CHAPUIS / Tél : 06 07 37 03 14 / loire@amisdelaterre.org • LOIRE-ATLANTIQUE Antoine Feuillet / loire-atlantique@amisdelaterre.org • MARNE Denis ROUSSEAUX / Tél : 03 26 04 03 78 / marne@amisdelaterre.org • MEURTHE-ET-MOSELLE Jean-François PETIT / Tél : 03 83 64 53 88 / meurtheetmoselle@amisdelaterre.org • MIDI-PYRÉNÉES Alain CIEKANSKI / Tél/Fax : 05 61 34 88 15 / midipyrenees@amisdelaterre.org • MONTREUIL Léa BACCHETTA / Tél : 06 66 65 28 12 / montreuil@amisdelaterre.org • MOSELLE Gérard BOTELLA / Tél : 03 87 62 19 16 / moselle@amisdelaterre.org • NORD Gérard CABY / Tél : 03 20 89 19 09 / nord@amisdelaterre.org • PARIS Claude BASCOMPTE / Tél : 01 43 56 93 18 / paris@amisdelaterre.org • PÉRIGORD Olivier GEORGIADES / Tél : 05 53 09 27 90 / perigord@amisdelaterre.org • POITOU (VIENNE) Françoise CHANIAL / Tél : 05 49 58 25 55 / poitou@amisdelaterre.org • PYRÉNÉES-ATLANTIQUES Mélia MAKHLOUFI / Tél : 06 14 91 36 52 / pyrenees-atlantiques@amisdelaterre.org • RHÔNE rhone@amisdelaterre.org • SAVOIE Patrick BASTIEN / Tél : 06 37 54 47 60 / savoie@amisdelaterre.org • SEINE ET MARNE Jean-Claude LE MARECHAL / Tél : 01 64 05 84 37 / seineetmarne@amisdelaterre.org • VAL DE BIEVRE Richard COTTIN / Tél : 01 60 13 99 51 / valdebievre@amisdelaterre.org • VAL D'OISE valdoise@amisdelaterre.org • VAL D'YSIEUX Arlette NOEL / Tél : 01 34 68 73 16 / valdysieux@amisdelaterre.org
Contacts dans le monde
Les Amis de la Terre International PO Box 19199 / 1000 GD Amsterdam / PAYS-BAS / Tél. 31 20 622 1369 / Fax. 31 20 639 2181 / info@foei.org / www.foei.org Les Amis de la Terre Europe / Mundo-B Building - Rue d'Edimbourg 26 / 1050 Bruxelles / Belgique / Tél. 32 2 542 0180 / Fax. 32 2 537 55 96 / info@foeeurope.org / www.foeeurope.org Groupes nationaux : Allemagne (Bund), Afrique du Sud, Angleterre/Pays de Galles/Irlande du Nord, Argentine, Australie, Autriche (Global 2000), Bangladesh (IEDS), Belgique, Belgique Flandres (For Mother Earth), Bolivie, Brésil, Bulgarie (Ecoglasnost), Cameroun (CED), Canada, Chili (Codeff), Chypre, Colombie (CENSAT), Corée, Costa Rica (COECOCEIBA), Croatie, Curaçao, Danemark (NOAH), Écosse, Espagne, Estonie (ERL), États-Unis, Finlande (Maan ystävät ry), Géorgie (SMM), Ghana, Grenade, Guatemala, Haïti (cohpeda), Honduras, Hongrie (MTS), Île Maurice, Indonésie (WALHI), Irlande (Earthwatch), Italie, Japon, Lettonie (VAK), Lituanie (LZJ), Luxembourg (Mouvement Écologique), Macédoine (DEM), Malaisie (Sahabat Alam Malaysia), Mali (Guamina), Malte, Népal, Nicaragua (Centro Humboldt), Niger (Environmental Right Action), Norvège (NNV), Nouvelle Zélande, Palestine (Pagon), Papouasie-Nouvelle Guinée, Paraguay (Sobrevivencia), Pays-Bas (Milieudefensie), Pérou, Philippines (LRC-KSK), Pologne (PKE), République Tchèque (Hnutí Duha), Salvador (CESTA), Sierra Leone, Slovaquie, Sri Lanka, Suède (MJV), Suisse (Pro Natura), Swaziland, Togo, Tunisie (ATPNE), Ukraine (Zenelyi Zvit) et Uruguay (REDES).
✁
Adhésion et abonnement Oui, je soutiens les Amis de la Terre !
❑ le plus simple : 1 € par semaine
Soit un prélèvement automatique de 13 euros par trimestre. Merci de compléter ce bulletin et de nous le retourner accompagné de votre RIB ou de votre règlement au secrétariat national : Les Amis de la Terre • 2B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil Mes coordonnées Nom : Prénom : Cotisation seule Adresse : Cotisation simple : 33 euros Code postal : Ville : Cotisation couple : 49 euros Courriel :
Cotisation étudiants et chômeurs : 10 euros
Baleine 160
abonnement à la baleine Tarif adhérent : Tarif normal : Tarif de soutien :
fait à :
7 euros 12 euros -- euros
nom et adresse de l’établissement teneur du compte à débiter (à remplir impérativement) Agence : N°: Rue : Code postal : Ville : Veuillez joindre à cette autorisation un relevé d’identité bancaire (RIB) ou postal (RIP)
autorisation de prélèvement
N° national d’émetteur : 449 672 J’autorise l’établissement teneur de mon compte à prélever sur ce dernier, si sa situation le permet,tous les prélèvements ordonnés par Les Amis de le Terre. Je pourrai en faire suspendre l’exécution par simple demande à l’établissement teneur de mon compte ou aux Amis de la Terre France. Association bénéficiaire : Les Amis de la Terre France – 2B rue Jules Ferry – 93100 Montreuil.
le :
Signature :
n°160 / déc 09
Modes de production « L’animal n’est plus, il est devenu une marchandise » L’écrivain et journaliste Fabrice Nicolino vient de publier Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde (éd. Les liens qui libèrent, 2009), un livre enquête qui dénonce les pratiques d’une industrie totalement amorale. Rencontre. La Baleine : dans le titre, vous parlez d’« industrie de la viande » et non pas d’« élevage ». pourquoi ? fabrice nicolino : Il faut arrêter de parler d’élevage. C’est absurde ! L’essentiel de la viande que nous consommons est produite industriellement. Ce processus, mis en mouvement au moment de la révolution industrielle, a transformé les différents domaines de l’agriculture en industries. Les paysans sont désormais des ouvriers et les fermes des usines. lb : pour quelles raisons vous êtesvous lancé dans cette enquête ?
v
fb : Pour être bref, je dirais le sort des animaux. Pour moi, il s’agit de
compagnons – et non pas de choses – qui doivent être traités avec tout le respect dû à des êtres vivants sensibles. Or depuis quelques dizaines d’années, le rapport que nous entretenons avec eux s’est considérablement détérioré. Aujourd’hui, l’animal n’est plus, il est devenu une marchandise. Comment a-t-on pu en arriver là ? C’est ce que j’ai voulu comprendre. lb : Quelles sont les conséquences de ces nouveaux modes de production ? fb : Cette machine industrielle est complètement amorale. Son seul but est de produire aux prix les plus bas. Les animaux sont élevés dans des conditions
totalement artificielles et leurs besoins physiologiques sont outrageusement niés. Traitées au antibiotiques, nourries au soja génétiquement modifié venu d’Amérique latine, bourrées d’hormones et de tranquillisants, les bêtes fournissent une viande qui contient des résidus chimiques. Et aujourd’hui, de nombreuses études montrent qu’il existe un lien entre la consommation de viande et le développement de maladies comme les cancers, le diabète et l’obésité. Enfin, cette industrie émet 18 % des gaz à effet de serre mondiaux selon la FAO, c’est plus que la totalité des gaz à effet de serre produits par les transports.
>
propoS reCueilliS par luCile peSCadère
Dernière publication
Marché carbone : attention, danger ! Alors que les pays industrialisés font pression pour inclure les marchés carbone dans le prochain accord sur le climat à Copenhague, un nouveau rapport des Amis de la Terre Royaume-Uni, La compensation carbone, une distraction dangereuse conteste l’efficacité de ce système et met en lumière ses risques pour le climat et l’économie. Le rapport démontre que les marchés ne permettent pas de réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre, qu’ils sont profondément injustes, et qu’ils risquent d’être à l’origine de la prochaine crise financière. Selon Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre – France « la majorité des échanges n’est pas gérée par les industries concernées légalement par les quotas, mais par des banques et investisseurs qui spéculent sur les crédits carbone, et créent des produits financiers complexes, similaires aux subprimes qui ont conduit à la crise financière actuelle. ». Les Amis de la Terre demandent aux gouvernements de prendre leurs responsabilités et de gérer la lutte contre les changements climatiques avec des politiques non risquées de régulation, de taxation et d’investissements publics, au lieu de parier sur le marché financier dont les échecs répétés soulignent la dangerosité.
>
Caroline prak
Lire le rapport en ligne sur www.amisdelaterre.org/publications
Nos sites internet www.renovation-ecologique.org I www.ecolo-bois.org I www.justice-climatique.org I www.dubruitpourleclimat.org www.produitspourlavie.org I www.prix-pinocchio.org
JURIDIQUE
n°160 / déc 09
La réparation du préjudice écologique en débat La réparation du préjudice écologique pose les questions du « prix » de la nature et de l’attribution des indemnités : associations, collectivités territoriales, Etat ? Le juge français accorde traditionnellement la réparation de deux types de préjudices, matériel et/ou moral. Pour une association de protection de l’environnement, le préjudice matériel peut par exemple être l’indemnisation lorsque celle-ci a engagé des frais réels pour nettoyer l’environnement altéré. Elle peut aussi revendiquer un préjudice moral, le dommage environnemental étant contraire à sa mission sociale. Le juge considère alors que la pollution ou la violation de la réglementation environnementale porte atteinte à l’objet statutaire de l’association environnementale, d’où l’importance d’une bonne rédaction de l’objet statutaire de l’association.
Evaluer le préjudice
A titre de réparation, une association de protection de l’environnement a vocation à solliciter en priorité la remise en état de l’environnement ou la cessation d’une situation administrative irrégulière, avant toute mesure de réparation financière. La remise en état n’étant pas toujours possible, la question de la réparation « préjudice écologique » est en débat. Faut-il condamner l’auteur du dommage à payer des
indemnités lorsque ce dommage n’est pas réversible ? Comment évaluer, financièrement, le prix de la destruction de la nature ? Malgré les travaux économiques sur ce sujet, le juge ne dispose pas, pour l’heure, d’une grille objective d’évaluation de ces préjudices. La décision du TGI de Paris sur l’Erika n’était cependant pas la première à reconnaître l’existence et à indemniser un préjudice écologique. Pour autant, cette décision, portée en appel cet automne, est symptomatique des problèmes soulevés. Il est indispensable de militer en faveur de la reconnaissance et de l’indemnisation du préjudice écologique. Cependant, se pose la question de l’attribution des indemnités. La décision précitée sur l’Erika a notamment décidé d’allouer ces indemnités à certaines associations ou collectivités territoriales. Elle est sur ce point contestable.
Qui indemniser ?
Les associations ne sont en effet en rien propriétaires de l’environnement, même dégradé. Patrimoine commun de la nation, le montant des indemnisations correspondant au préjudice écologique
devrait donc être affecté à l’Etat pour lui permettre de financer des politiques environnementales. Sous quelle forme? La question est ouverte. La solution la plus naturelle voudrait qu’à l’occasion d’un procès pénal, la peine d’amende soit proportionnée à l’importance du préjudice écologique afin d’assurer sa réparation pleine et entière. Malgré des évolutions récentes, la plupart des peines d’amendes en matière environnementale demeure très symbolique, comme le montant des dommages et intérêts alloué aux associations au titre de leur préjudice moral. Pourtant, l’expérience démontre aussi que ces associations jouent un rôle social non négligeable pour défendre l’environnement et qu’elles endossent le rôle stratégique d’«avocat» de l’environnement – la nature n’ayant pas la possibilité de se défendre elle-même – en facilitant la compréhension des enjeux par des magistrats dotés, sauf exception, d’une faible expertise technique en la matière. Ainsi en va-t-il d’une réparation intégrale du préjudice écologique. Il est trop tard pour cantonner la « justice environnementale » à l’état de slogan.
> JuLIeN B. et pIeRRe BOyeR
AVERTISSEMENT Cet article a été rédigé avant la
fin de la réunion de Copenhague
COLLECTIFS
Des actions, oui, mais collectives ! « Copenhague » est un rendez-vous international à ne pas manquer. Devant les enjeux, l’urgence, les implications de cet accord – si accord il y a – ONG, syndicats et associations se retrouvent pour des actions collectives. Parce qu’être ensemble rend plus forts, les Amis de la Terre ont décidé de coordonner le projet « Un train pour Copenhague ».
Un train pour Copenhague
Pour être au cœur des actions et pour peser sur les décisions prises, 400 personnes partiront le 11 décembre dans un train affrété par les Amis de la Terre, soutenus dans ce projet par les collectifs Ultimatum climatique et Urgence Climatique Justice Sociale. Avec 1230 km en train, au départ de Paris, en passant par Bruxelles, les militants auront 14 heures pour se préparer à la manifestation internationale pour le climat le 12 décembre à Copenhague. Le matin, les militants pourront participer à une « marée humaine », préparée et mise en scène par les Amis de la Terre – International. L’idée ? Les gouttes individuelles créant des marées, les corps réunis formeront une force impossible à ignorer. Habillés de bleu, les manifestants exigeront la justice climatique avant de rejoindre l’après midi un cortège plus grand encore, rassemblant toutes les organisations présentes à Copenhague.
Le patchwork des Amis de la Terre, fruit de la mobilisation de l'ensemble des groupes locaux.
Des messages aux décideurs
Les groupes locaux ont tenu depuis des mois des stands pour inciter les passants à s’exprimer sur les changements climatiques. Ces messages, après avoir été déployés le 5 décembre lors d’une journée d’action pour le climat en France, seront exposés au sein du forum alternatif de Copenhague, le Klimaforum. Si le risque de n’aboutir à aucun accord contraignant à Copenhague est de plus en plus certain, gardons le cap du collectif, l’énergie décuplée permet assurément de plus grandes choses.
> L’ÉQuIpe cOpeNHAGue
Le Courrier de la Baleine
Depuis 1971
Le journal des Amis de la Terre
Pratiques Dilemmes écologiques au quotidien L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais de deux maux il faut choisir le moindre et tant qu’on a la santé… Il serait si simple de pouvoir suivre ce genre de précepte pour s’orienter dans des dilemmes dignes des questions des plus grands scolastiques. Vaisselle Bain ou eau courante ?
Dans un couple, l’un tient à faire deux bains (lavage et rinçage) pour ne pas faire couler l’eau. L’autre préfère économiser l’eau en utilisant une savonnée très concentrée directement sur les ustensiles à laver, mais dont la concentration oblige à rincer les objets à l’eau courante, qui s’écoule directement dans l’évier en grande quantité.
solution proposée : Plutôt facile ! Le
liquide vaisselle doit être écolo et la vaisselle débarrassée du plus gros des souillures (dans le bac à compost ). L’eau de vaisselle presque chaude peut être utilisée pour une grande quantité de plats à laver, à accumuler, quelque peu moussue, après le passage à l’éponge. Le rinçage sera effectué à température légèrement plus chaude, dans un bac, afin de décoller les traces de détergent, même s’il est biodégradable. Les mesures effectuées par l’Ademe montrent que la plupart des usagers sont incapables de modérer la quantité d’eau utilisée au rinçage. Le site www.produitspourlavie.org lancé fin 2009 pourra vous aider à résoudre vos dilemmes.
Voiture Fenêtre ouverte ou climatisation ?
On ne recule parfois pas devant les arguments les plus tordus pour préserver son confort : certains prétendent que rouler la fenêtre ouverte en automobile est pire que la clim’ à cause de la surconsommation induite en raison de la baisse d’aérodynamisme de l’engin…
solution proposée : Vous vous y
attendez, cet argument ne tient pas. Les surconsommations de carburant dues à la climatisation sont de l’ordre de 20 % alors que le fait de rouler fenêtres grandes ouvertes n’occasionne qu’une dépense supplémentaire de quelques pourcents. Il faut aussi que la voiture soit pleine comme un œuf. Pratique : une rubrique à s'approprier … Dédiée au quotidien, aux pratiques militantes, cette rubrique est ouverte aux propositions. N'hésitez pas à envoyer vos propositions d'article : Contact : benjamin.sourice@amisdelaterre.org
Bébés Couches jetables ou couches lavables ?
Il existe une alternative aux couches traditionnelles, qui demandent beaucoup d’énergie à la fabrication et produisent des montagnes de déchets: la couche lavable et donc réutilisable. Le succès de ces couches plus écologiques, réputées intéressantes pour l’hygiène du bébé et sa santé (elles sont souvent réalisées en matériaux écologiques), est contrebalancé par un discours consistant à affirmer que l’eau et l’énergie dépensées pour laver et sécher les couches serait plus importantes que les déchets.
solution proposée : Les objets réutilisables sont en général toujours préférables aux jetables. Le séchage naturel permet de limiter l’énergie dépensée. Les couches lavables peuvent aussi être prêtées et données : comme les vêtements, elles sont ainsi doublement réutilisées. Enfin, pour éviter les contraintes de lavage en voyage par exemple, de nouvelles couches jetables bio ont vu le jour sur le marché. Elles représentent toujours des déchets importants, mais sont plus respectueuses de l’environnement dans leur fabrication. Voir aussi le nouveau site www.produitspourlavie.org RÉDActION cOLLectIve... ÉvIDemmeNt !
Humeurs J’y compense et puis j’oublie - Dans notre monde qui court vers l’abîme, la compensation de ses émissions carbone est devenue incontournable. People et individus lambdas, entreprises, institutions publiques, tout le monde y pense et compense. Nous nous en tiendrons ici aux people, qui sont d’excellents baromètres de l’imbécillité ambiante. Un fameux chanteur français, que certains affublent du sobriquet de « au bistrot », déclare au Parisien : « Je pollue comme tout le monde. Mais (…) J’ai un 4x4 vert. » Il parlait bien sûr de la couleur du monstre. Un célèbre comédien états-unien, qui porte le même nom qu’une mutinationale de l’automobile, est un fervent soutien des écologistes : il se serait fait épiler la poitrine pour financer l’ONG Conservation international. Un type au poil, ce Harrison. Un milliardaire anglais qui a fait de la virginité sa marque de fabrique, vient de créer une filiale dans le tourisme spatial, et affirme : « Nous sommes capables d’envoyer des satellites dans l’espace sans aucune diffusion de carbone. » La diffusion de la bétise verte, elle, est en expansion continue. Enfin, Laëtitia, la femme de notre Elvis à nous, a pris la présidence de la Maud Fontenoy fondation pour la sauvegarde des milieux marins. On se délecte de la prochaine élection de miss otarie. Et vous, compensez-vous ?
> ALAIN DORDÉ