La Baleine 166 : Agrocarburants, le mauvais choix

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Depuis 1971

Eté 2011 / 3,20 € N°166

www.amisdelaterre.org

Agrocarburants Le mauvais choix

Les Amis de la Terre


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LES AMIS DE LA TERRE ONT 40 ANS !


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Sommaire

Édito

4 > 5 INTERNATIONAL > Les Indignés Un mouvement qui se cherche > Victoire La multinationnale Glencore

Une nouvelle année, de nouveaux objectifs

bannie par la BEI 6 > 8 FRANCE > Gaz de schiste Les députés s’emmêlent ! > Biodiversité Une reconquête

qui s’apparente à un repli > Médecines douces Quand Bruxelles

plombe les remèdes à base de plantes

I > VIII DOSSIER Agrocarburants Le mauvais choix > Un désastre pour les pays du Sud > Accord UE - Brésil - Mozambique

A qui profite le crime ? > Afrique Les agrocarburants attisent

les convoitises sur les terres agricoles > Jatropha Un escroc de haut vol ! > Décryptage La bataille des impacts

indirects des agrocarburants > Alternatives Et si on consommait moins de carburant ? 17 > 19 RÉGIONS > Créer des liens pour le maintien

de l’agriculture paysanne > OGM et alimentation animale

Les faucheurs occupent une usine > Expo Parcours autour des réfugiés

environnementaux 21 JURIDIQUE – COLLECTIFS > Ecomatériaux

Le point sur l’évolution réglementaire > Action Halte au financement du nucléaire ! 22 COIN CULTURE > Photographie Mitch Epstein : American

Power : american nightmare ? > Publications Altermondes : déforestation,

un contresens fatal 23 PRATIQUES > Les rendez-vous de l’été

Les 21 et 22 mai derniers, salariés, membres de différents groupes locaux et du Conseil fédéral, nous sommes retrouvés en forêt de Fontainebleau pour notre assemblée fédérale. Au cours de ces deux journées, nous avons passé du temps autour de nos traditionnels rapports (rapport d’activité, rapport moral, rapport financier), avons participé à un débat sur l’énergie et avons procédé à l’élection du nouveau conseil fédéral. Et c’est avec plaisir, mais aussi avec un sens aigu des responsabilités qui m’attendent, que je reprends la présidence de notre fédération. Le conseil est heureux d’accueillir deux nouveaux membres : Bénédicte, venue du Vaucluse, et Geneviève, venue des Hauts-de-Seine. La précédente mandature a été difficile pour l’ensemble de l’équipe nationale – Conseil fédéral et Secrétariat fédéral. Des désaccords et des incompréhensions sur la gestion et les objectifs nous ont amenés à nous séparer de notre directrice. L’équipe salariée n’a pas bien compris nos motivations et la situation s’est peu à peu tendue. Plusieurs salariés ont choisi de partir. Il nous faut maintenant reconstruire, retrouver de nouvelles modalités de travail. Nous voulons une équipe solidaire, capable de développer des mutualisations à l’horizontal (entre campagnes) et en vertical (entre le national et les groupes locaux). Pour ce faire, nous voulons rapprocher les campagnes nationales des préoccupations des groupes locaux. Deux axes de travail sont d’ores et déjà validés : la problématique de la relocalisation et la réduction des déchets par une production et une consommation responsables. Dans ce contexte, le partage de l’information et la formation mutuelle doivent faire notre force. Ainsi, les listes d’échange et les commissions thématiques mises en place l’an dernier doivent vivre de vos connaissances et de vos savoir-faire. N’hésitez pas à demander à vous y inscrire et à y apporter vos questions, vos idées et vos projets. Notre site internet, en cours de refonte (son fonctionnement actuel est loin d’être satisfaisant !) vous permettra de trouver toutes les informations utiles. Avec son dossier thématique, La Baleine constitue, elle aussi, une base de connaissances. Dans ce numéro, il est question de l’aberration des agrocarburants. A l’heure où il est nécessaire, si l’on veut nourrir la planète, de s’interroger sur le meilleur usage possible des terres cultivables sans sacrifier les forêts, il faut dire haut et fort combien cultiver pour nourrir nos voitures est stupide. > MARTINE LAPLANTE Présidente des Amis de la Terre - France

La Fédération des Amis de la Terre France est une association de protection de l’Homme et de l’environnement, à but non lucratif, indépendante de tout pouvoir politique ou religieux. Créée en 1970, elle a contribué à la fondation du mouvement écologiste français et à la formation du premier réseau écologiste mondial - Les Amis de la Terre International - présent dans 77 pays et réunissant 2 millions de membres sur les cinq continents. En France, les Amis de la Terre forment un réseau d’une trentaine de groupes locaux autonomes, qui agissent selon leur priorités locales et relaient les campagnes nationales et internationales sur la base d’un engagement commun en faveur de la justice sociale et environnementale. Nos sites internet • www.amisdelaterre.org • www.renovation-ecologique.org • www.ecolo-bois.org • www.produitspourlavie.org • www.prix-pinocchio.org • www.financeresponsable.org Contactez-nous Les Amis de la Terre - France • 2B, rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil • 01 48 51 32 22 • france@amisdelaterre.org

Le Courrier de la Baleine n°166

Depuis 1971

« Se ranger du côté des baleines n’est pas une position aussi légère qu’il peut le sembler de prime abord. » Trimestriel • Eté 2011 • n°CCPAP : 0312 G 86222 • Ce numéro se compose d’un cahier principal (24 pages) avec dossier détachable paginé de I à VIII. Direction de la publication Martine Laplante Rédaction en chef Lucile Pescadère Secrétariat de rédaction Sophie Hachet, Caroline Prak Comité de rédaction Sophie Chapelle, Cyril Flouard, Laurent Hutinet, Lucie Lebrun, Jeanne Mahé, Lucile Pescadère, Caroline Prak Ont collaboré à ce numéro Sylvain Angerand, Claude Bascompte, Christian Berdot, Stéphanie Charton, Alain Dordé, Marie-Christine Gamberini, Cyrielle den Hartigh, Dominique Jeannot, Déborah Lambert-Perez, Bruno Lenoble, Christophe Noisette,Juliette Renaud, Anne-Sophie Simpere Mise en pages Edwige Benoit Relations presse Caroline Prak (01 48 51 18 96) Impression sur papier recyclé Offset Cyclus 90g avec encres végétales • Stipa (01 48 18 20 50)


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INTERNATIONAL

Les Indignés Un mouvement qui se cherche Les Indignés de la Puerta del Sol font des émules jusqu’en France. Partout, la contestation prend forme : des revendications sociales, économiques, écologiques… et un appel fort pour une réelle démocratie.

Paris, place de la Bastille, en mai 2011.

de la précarité. L’appel insiste sur l’exemple donné par le peuple espagnol : une mobilisation citoyenne totalement indépendante et autogérée et des axes forts de revendications – refus de payer pour la crise financière, défense d’une politique sociale, régénération démocratique. Parmi les revendications se détachent la convocation d’une assemblée constituante, une nouvelle répartition des richesses, l’appel à l’organisation de rassemblements et d’occupations pacifiques des places publiques, la réappropriation de l’espace public. Civique et pacifique Au fil des mobilisations, une multitude de problématiques ont été mises en avant, sans réelle hiérarchisation : questions sociales, économiques, européennes, problème des discriminations… Les thèmes écologiques y ont pris toute leur place – l’une des banderoles du 19 juin à Paris proclamait : « Révolution énergétique et écologique » – et un certain nombre d’idées soutenues par les mouvements de la décroissance se retrouvent dans les revendications des indignés : lutte contre les inégalités (le revenu inconditionnel d’existence a été évoqué ), contrôle des banques, critique radicale du pouvoir de l’oligarchie, reprise en main démocratique des biens communs et défense des services publics, notamment à travers la relocalisation des activités. On retiendra l’insistance sur le caractère civique et pacifique du mouvement et sur son aspect international, voire internationaliste. Le refus de toute représentation par les partis, syndicats ou associations, comme de tout leader, peut se comprendre dans la situation actuelle, face aux compromis qui sont le lot commun de la vie politique

et aux trahisons (qu’on pense au récent mouvement sur les retraites). La question de la démocratie, tant sur le plan des institutions politiques que sur celui du fonctionnement du mouvement lui-même, aura été l’une de ses composantes essentielles. Le retour de la notion d’autogestion, à travers les pleins pouvoirs donnés aux assemblées populaires, est très emblématique de cette démarche. Au-delà des difficultés de ce mouvement à se pérenniser, à trouver ses propres modes d’organisation et de représentation, à s’élargir, on peut y voir l’émergence d’une nouvelle génération faisant ses premiers pas en politique. Quoi qu’il s’ensuive, ce mouvement aura été porteur d’une aspiration qui résonne fortement pour nous, Amis de la Terre : « Le droit à une vie décente sur une planète viable ». Rien que cela mais tout cela.

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ALAIN DORDÉ

© Philippe Royer

En écho à l’occupation de la Puerta del Sol à Madrid et aux révoltes dans le monde arabe, des rassemblements – sous la forme de campements-assemblées – ont débuté en France fin mai 2011, à l’appel du mouvement « Démocratie réelle maintenant ! ». Le mouvement est apparu en même temps dans de nombreuses villes de France. A Paris, c’est la place de la Bastille qui a été choisie. Les rassemblements n’ont jamais regroupé plus de quelques centaines de personnes, à l’exception de celui du dimanche 29 mai, où environ deux mille personnes se sont réunies à Paris. Ces chiffres sont loin de ceux enregistrés en Espagne ou en Grèce, où la situation est, il est vrai, bien plus dramatique qu’en France. De plus, les interventions policières systématiques – avec pour conséquence l’impossibilité de maintenir des campements – et le silence des médias sur ces mobilisations peuvent aussi expliquer en partie la difficulté du mouvement à s’installer dans la durée. Le premier appel parisien a été voté à l’unanimité par l’assemblée générale le 22 mai. Il souligne les conséquences de la crise financière en 2008 pour les populations, en particulier pour les jeunes, précaires et/ou surdiplômés, qui constituent la grande majorité du mouvement : plans d’austérité, augmentation du chômage et


INTERNATIONAL

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Victoire La multinationale Glencore bannie par la Banque européenne d’investissement La Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé en juin qu’elle ne financerait plus les projets de la multinationale suisse Glencore, largement impliquée dans un scandale minier en Zambie.

de l’entreprise, s’engage à ne plus financer Glencore ou ses filiales à l’avenir. Face à la réaction de l’UE, le gouvernement zambien se met alors à réclamer le paiement de ces impôts à Mopani.

© AT France

Une victoire d’étape Ces avancées démontrent que des pressions européennes peuvent inverser le rapport de force entre Le 31 mai dernier, France 5 diffumultinationales et Etats du Sud. sait le documentaire Zambie : à Jusqu’ici, les institutions euroqui profite le cuivre ? qui retraçait péennes semblaient soutenir Glenl’enquête des Amis de la Terre et core, en lui apportant des fonds de l’association zambienne Cenvia la BEI. Les critiques des députer for Trade and Policy Developtés et l’exclusion de Glencore par ment (CTPD) autour de la mine la BEI ont probablement aidé le de cuivre de Mopani, en Zambie. gouvernement zambien à résister En 2005, Mopani a bénéficié d’un aux pratiques de l’entreprise. prêt de 48 millions d’euros de la Si des batailles ont été gagnées, la BEI, la banque publique de l’Union guerre promet d’être longue : la BEI européenne (UE), censée agir ne reconnaît toujours pas les dompour la réduction de la pauvreté mages environnementaux causés et le développement soutenable par le projet et Mopani n’est qu’un en Afrique. exemple des quelques projets miSur le terrain, les Amis de la niers controversés soutenus par Terre ont pourtant découvert un l’Europe. L’UE pourrait même acsite ultra pollué : émissions de célérer son implication dans les indioxyde de soufre, utilisation mas- Des enfants de Kankoyo nettoient les égouts à ciel ouvert dustries extractives en Afrique afin sive d’acide sulfurique, déchets après que Mopani y a déversé des déchets hydrocarbonés. de sécuriser son accès aux maminiers qui s’entassent à l’air tières premières – une course danlibre… En outre, Mopani délocaliserait tous truction de son environnement. Une situagereuse aux seules fins d’alimenter notre ses profits vers la Suisse, via son actiontion financée par l’Europe à travers la BEI. surconsommation en ressources naturelles. naire majoritaire, Glencore, une multinatioInformés de ce cas, plus de cinquante Face à ce risque, il est donc urgent de continale impliquée dans divers scandales : députés européens alertent la Commission nuer à exiger des normes et procédures versement de commissions occultes, vioeuropéenne et demandent un moratoire contraignantes encadrant les investisselations des droits humains par ses filiales, sur les financements de la BEI aux projets ments européens, pour garantir que des cas affaire Metaleurop en France. La Zambie miniers en Afrique. Sous pression, la BEI comme Mopani ne se reproduiront pas. > ANNE-SOPHIE SIMPERE ne récupère donc aucun bénéfice de l’exlance une enquête sur Mopani, et, constaChargée de campagne – Finances publiques ploitation de ses sols, mais subit la destant les graves problèmes de gouvernance

Catastrophe de Fukushima Salutaires remises en cause du nucléaire… sauf en France A ce jour, rien n’est hélas venu infirmer les craintes que nous formulions dans le numéro 165 de La Baleine. Fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daichi dans les 72 heures après le séisme ; piscine du réacteur 4 qui menace ruine ; émissions radioactives initiales très sousestimées ; quantités colossales de radionucléides qui continuent d’être rejetées dans l’océan sans que l’on voie bien comment cela pourrait cesser ; taux de contamination inquiétants mesurés dans des sols situés bien au-delà des 30 km autour de la centrale – et jusqu’à Tokyo... Or la radioactivité complique plus que prévu le travail sur le site, et, à la saison des pluies qui arrive, succédera celle des typhons. Nous tâcherons de consacrer le prochain dos-

sier aux conséquences – qui s’annoncent déjà planétaires – de cette tragédie qui frappe le peuple japonais. Espérons que rien d’encore plus apocalyptique ne se sera produit d’ici-là. Encourageante décision allemande Après cette catastrophe réputée impossible, l’idée de renoncer au nucléaire ressurgit dans nombre de pays, dont l’Italie. Si la date suisse d’arrêt en 2034 paraît surréaliste, le programme allemand, même s’il applique des décisions prises dès l’an 2000, est plus crédible. Saluons au passage le scénario de Greenpeace Allemagne pour sortir ce pays du nucléaire dès 2015 : économies d’énergie, énergies renouvelables et centrales au gaz à haut rendement. Seule bonne

nouvelle en France : l’appel « Nucléaire, nous voulons avoir le choix » cosigné par de nombreuses associations, dont les Amis de la Terre et le Réseau action climat (RAC), engage aussi des partis politiques – d’EELV au PG1. Or il exige la fermeture définitive des réacteurs ayant atteint trente ans : d’ici à 2012, cela concerne au moins vingt-etun réacteurs (Fessenheim, Bugey, Tricastin, Dampierre, Saint-Laurent, quatre des six de Gravelines, réacteur 1 du Blayais). Les Amis de la Terre soutiendront toutes les initiatives visant à obtenir dès à présent ces > M.-C. GAMBERINI fermetures. Référente sur l’énergie

1 Texte et liste complète des signataires sur : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Appelsolennel-signe-par-67


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FRANCE

Gaz de schiste Les députés s’emmêlent ! Après six mois de luttes et trois mois de bataille législative, une loi interdisant la fracturation hydraulique a été adoptée. Une première victoire, à confirmer.

Des puits « à des fins scientifiques » Pour ne pas fermer tout à fait la porte au gaz et pétrole de schiste, le Parlement a prévu deux dispositions. D’une part, les industriels ont deux mois pour décrire la technique qu’ils entendent utiliser. S’il s’agit de la fracturation hydraulique ou s’ils s’abstiennent de répondre, leur permis sera abrogé. L’absence actuelle de technique extractive de substitution donne donc un court répit aux opposants. D’autre part, le principe de « puits expérimentaux » a été validé. Repoussant la

criée. Non seulement ces puits, hautement sécurisés, fonctionnent dans des conditions fort éloignées de celles des futures extractions, mais, pour parachever l’inefficacité de ces études, leurs impacts sont contrôlés par un Comité dont ont été soigneusement exclues quantité de compétences qui auraient pu perturber ses conclusions1, selon un collectif scientifique composé de citoyens2. Après la première victoire de la mobilisation, la deuxième manche semble avoir profité aux industriels. Mais quantités d’incertitudes planent encore, qui peuvent être mises à profit pour contrer ces projets.

Une assistante parlementaire racontait qu’elle était « harcelée » quotidiennement au téléphone par certains pétroliers !

opérant à l’étranger. C’est la vraie portée du slogan « ni ici, ni ailleurs » : ce n’est pas un combat nimby1 que nous menons.

> JEANNE MAHÉ

1 www.ledevoir.com/environnement/actualitessur-l-environnement/324488/l-evaluation-enviro nnementale-strategique-rigueur-ou-imposture 2 www.manifestegazdeschiste.org

© Guy Masavi

Cela a commencé par un déluge de bonnes intentions ; cela s’est terminé en décisions mi-figue, mi-raisin. Un déluge de propositions de loi d’abord – quatre en tout ! – ont été déposées par les députés PS et UMP, des sénateurs PS et par Jean-Louis Borloo (une année après avoir parafé les arrêtés!) pour exiger solennellement que soient abrogés les permis d’exploration déjà délivrés et interdites l’exploration et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste. A l’arrivée, c’est un texte teinté de « réalisme » et, surtout, marqué au fer du lobbyisme des pétroliers que le Parlement a définitivement adopté fin juin. Deux dispositions clés doivent être soulignées. Tout d’abord – et les Amis de la Terre soutenaient cette disposition – les députés ont interdit l’usage de la fracturation hydraulique sur tout le territoire. Une première mondiale.

question à l’après-présidentielle, une commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures a été créée. Elle sera amenée, d’ici un an, à émettre un avis public sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations, réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public. « Ces puits, faits par les industriels, seront “suréquipés” de tous les dispositifs de contrôle pour pouvoir “éclairer” tous les points de vigilance directement liés aux spécificités de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels » précisaient le Conseil général des Mines et le Conseil général de l’environnement au printemps dernier. Des puits « hors sol », comme au Québec, où cette expérimentation, déjà en cours, est vivement dé-

Entretien Lors de la discussion de la proposition de loi portant sur les gaz et huile de schiste, Romain Porcheron, chargé de campagne Responsabilité sociale et environnementale des entreprises des Amis de la Terre, a participé activement à faire valoir la position de l’association. Comment s’est déroulé ce travail de plaidoyer auprès des parlementaires ?

Ce sont les députés socialistes qui nous ont sollicités. Il ne s’agit pas de leur mâcher le travail, mais de leur proposer notre lecture des événements. Les industriels, en face, agissent évidemment de la même façon.

Quelle a été votre position face aux députés socialistes ?

Le PS a voulu se démarquer des deux autres propositions de loi (de l’UMP et de Jean-Louis Borloo) et être plus ambitieux. Les députés ont donc été très réceptifs à nos positions. Nous avons insisté sur la nécessité d’interdire l’exploration et de l’exploitation et pour qu’il ne soit pas fait référence à une technique particulière. Car, quel que soit le procédé, c’est l’idée même d’extraire ces ressources qui pose problème. Autre objectif : que l’interdiction concerne aussi les filiales des entreprises françaises

Les Amis de la Terre sont-ils satisfaits des textes adoptés ?

Certains estiment que l’interdiction de la fracturation hydraulique constitue déjà une victoire. Mais la fracturation ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, c’est pourquoi la loi idéale doit interdire strictement l’extraction des gaz et huile de schiste et rendre inutilisables les permis existants. 1 Acronyme de “Not in my backyard” [pas dans mon jardin], qui sous-entend que ce contre quoi vous luttez ne vous dérangerait pas forcément si cela se passait ailleurs.


FRANCE

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Stratégie nationale pour la Biodiversité Une reconquête qui s’apparente à un repli La stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 a été présentée le 19 mai 2011. Lucide quant aux faiblesses de l’action publique, elle manque néanmoins de volonté et d’audace dans les mesures retenues pour remédier à la dégradation du vivant. Les défis que la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) a tenté de relever entre 2004 et 2010 restent d’actualité : malgré les engagements pris, la biodiversité décline fortement. Les objectifs fixés par la Convention sur la diversité biologique n’ont pas été atteints et la conservation de la diversité génétique domestique et sauvage reste un objectif majeur. Face à ce constat, les mesures proposés par la nouvelle SNB sont décevantes… Pour inverser l’érosion en marche et reconquérir la biodiversité, des réponses volontaristes sont nécessaires. Or elles semblent avoir été oubliées pour ne pas se heurter aux situations établies qui profitent à de grands groupes économiques. Vouloir enrayer le déclin de la biodiversité implique en effet de remédier aux problèmes récurrents causés par l’artificialisation des sols, l’uniformisation mondiale des modes de culture agricole, les impacts de nos consommations sur la biodiversité au-delà de nos frontières, la monétarisation des services de la nature… Selon la stratégie de Développement durable du ministère de l’Ecologie, les espaces artificialisés s’accroissent de quelque 60 000 hectares par an depuis 1993, aux dépends principalement des terres agricoles et des milieux semi-naturels. Pour

Quid de la biodiversité domestique ? Entre 1954 et 2008, 80% des variétés potagères ont été radiées du catalogue mondial des espèces et variétés. Là où il faudrait casser les oligopoles de la semence – dix compagnies contrôlent les deux tiers du marché mondial –, la loi « Grenelle 2 » entérine ce fait et contribue à restreindre la diversité, une erreur que la SNB ne répare pas. La diversité génétique constitue pourtant une ressource incontestée d’une meilleure adéquation des pratiques agricoles aux territoires et une protection incomparable contre les pandémies. La SNB oriente essentiellement sa démarche sur la sensibilisation et l’implication volontaire (au travers de propositions de chartes et de codes de bonnes conduites) mais occulte tant le cadre réglementaire incitatif (normes, lois et décrets) que la biodiversité domestique qui seraient pourtant

© Xtof

lutter contre le mitage, la SNB vise à réaliser un suivi de l’occupation des sols à travers la création d’un observatoire des sols. Pour les Amis de la Terre, il est plus urgent d’agir que d’observer : il vaudrait mieux arrêter le mitage et la spéculation foncière en bloquant le reclassement de terres agricoles en terrains constructibles, notamment à proximité des agglomérations.

Si la biodiversité s’expose à Paris, elle disparait ailleurs…

indispensables pour enrayer durablement cette érosion. En effet, la création d’espaces sanctuarisés – qu’on les nomme espaces protégés, espaces naturels ou trame verte-trame bleue – ne constitue que des réserves, des positions de repli qui sont un aveu d’impuissance. Pour les Amis de la Terre, retrouver l’harmonie homme-nature, et cesser de considérer la Terre comme une ressource infinie et un puits sans fond suppose une remise en cause réelle des modes de production et de consommation.

> CLAUDE BASCOMPTE

© Groume

Grenelle de l’environnement Une caste d’intouchables : les publicitaires

Les écrans publicitaires énergivores qui se multiplient dans le métro parisien sont parfois vandalisés.

L’engagement du Grenelle de l’environnement, qui déclarait passer d’une autorégulation à une corégulation de la publicité par le Bureau de vérification de la publicité, n’aura pas vu le jour. En revanche, le projet de décret sur la publicité extérieure entérine une occupation grandissante et inacceptable de l’espace public au profit des annonceurs : il régularise les panneaux d’affichage grand format et étend leur emprise aux agglomérations jusque là épargnées du fait de leur taille. Les bâches et les véhicules publicitaires seraient autorisés, le pelliculage des bus et des tramways aussi. Ce texte transforme les agglomérations en vaste capharnaüm publicitaire et détourne l’espace public au service des grandes enseignes. Pire, alors que Nicolas Sarkozy veut organiser une table ronde sur les économies d’énergie, ce décret officialise l’usage des dispositifs numériques, motorisés et lumineux ! En février 2011, la consultation publique sur ce décret a montré l’hostilité des

citoyens à la publicité. Quelque sept mille messages de protestation ont été adressés au ministère de l’Ecologie et 90 % des citoyens consultés se sont exprimés pour une réduction de la publicité dans l’espace public1… Quelles conclusions le ministère en tire-t-il ? Il n’a pas publié les résultats de la consultation et reste muet. Les Amis de la Terre dénoncent cet état de fait et demandent au ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement que le futur décret retienne pour objectif impératif une réduction draconnienne des supports publicitaires et des gaspillages énergétiques et l’interdiction pure et simple des dispositifs nécessitant une alimentation électrique. La transition vers une société soutenable implique un changement de nos modes de consommation et de la publicité qui suscite cette frénésie de consommation. C. B.

1 Selon le RAP (Résistance à l’agression publicitaire), le « Grenelle de l’Affichage tourne à l’imposture ».


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FRANCE

Médecines douces Quand Bruxelles plombe les remèdes à base de plantes Plusieurs semaines après la mise en application d’une directive européenne sur les remèdes traditionnels à base de plantes, herboristes et thérapeutes manquent toujours de perspectives. Débroussaillage.

Du philtre d’amour… Offrir un cadre juridique européen au commerce des remèdes naturels dans l’Union est une ambition très louable a priori. Mais, en assimilant les plantes traditionnelles à usage thérapeutique à l’appareil législatif sur les médicaments classiques, Bruxelles a semé de gros doutes dans l’esprit des intéressés. En mai 2011, dans le magazine qu’édite la Fédération nationale [française] de médecine traditionnelle chinoise, l’avocate Isabelle Robard tentait une mise au point. Elle soulignait que cette directive prévoit une « procédure simplifiée d’autorisation de mise sur le marché (AMM) » pour les plantes médicinales. Cette démarche est confiée aux autorités sanitaires compétentes de chaque pays membre. Reste la question cruciale : combien coûte une AMM pour un remède à base de plantes ? Au moment de publier cet article, nous n’avions toujours pas de réponse de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) Docteur en pharmacie et gérant d’une herboristerie médicale à Paris, Jean-Pierre Raveneau a tendance à broyer du noir. Il ne se voit pas payer toutes les procédures d’AMM qui menacent ses deux mille remèdes à base de plantes. Si les démarches s’avèraient trop compliquées, ou trop onéreuses, c’en serait donc fini de son officine, implantée depuis 1880 dans le huitième arrondissement de Paris, rue d’Amsterdam. Selon lui, « tout dépendra de la façon dont

© Cyril Flouard

Les plantes médicinales bientôt hors la loi ? C’est ce qu’annonçaient plusieurs pétitions qui ont fleuri ces derniers mois sur le Web. Elles redoutaient l’application, fin avril 2011, d’une directive européenne datée du 31 mars 2004 qui visait à réglementer la mise sur le marché des médicaments traditionnels à base de plantes.

La grande herboristerie médicale de la place de Clichy, à Paris.

la directive sera appliquée dans les pays membres ». Autre point opaque de la directive : « Le demandeur doit prouver à suffisance l’usage médical au moins trentenaire du produit dont au moins 15 dans l’Union européenne. » … au bouillon de onze heures Les plantes médicinales découvertes cette année devront-elles attendre trente ans pour une prescription dans l’Union ? Les divergences d’interprétations sur ce point renvoient au manque de précision du texte… et à la solitude du lecteur. Faut-il voir derrière cette mesure la main des lobbies pharmaceutiques? « L’herboristerie n’est pas intéressante pour les gros laboratoires », affirme M. Raveneau. « Les pharmaciens

gagnent 4 à 5 fois plus en vendant des molécules de synthèse. Cette directive est surtout le produit de technocrates qui ne connaissent rien à la profession. » Pour ce professionnel en première ligne, « la solution passe par la création d’un diplôme européen d’herboriste qui confierait les préparations à base de plantes à la responsabilité des hommes de l’art. » Une idée partagée par Michèle Rivasi, députée européenne EELV, qui assure vouloir organiser « cet été une conférence de consensus qui réunirait les différents acteurs européens – producteurs, entreprises, universitaires, juristes… – impliqués sur ce dossier. En attendant, nous suivons de très près l’application de cette directive et ses éventuelles > CYRIL FLOUARD dérives. » Dont acte.

En bref Assez piquante, la recette ministérielle de purin d’ortie L’arrêté publié le 28 avril 2011 pour autoriser le purin d’ortie a pour effet d’interdire la commercialisation de tout purin d’ortie correctement préparé. En effet, les producteurs de purin d’ortie n’appliqueront pas le procédé de fabrication rendu obligatoire par cet arrêté, pour la bonne et simple raison que ce n’est pas le bon procédé. Donc, ils ne pourront toujours pas commercialiser leur production. En publiant cet arrêté, le ministère ne respecte ni le législateur ni la réglementation qu’il a lui-même mise en place avec la loi sur l’eau le 12 décembre 2006, ainsi que l’atteste l’avis de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSES) du 27 janvier 2011. En continuant à commercialiser et à utiliser du vrai purin d’ortie, nous respectons la loi. Nous demandons au ministre de respecter lui aussi la loi et de modifier en conséquence son décret et son arrêté d’application. Nous lui suggérons de s’inspirer pour cela des réglementations en vigueur en Allemagne, en Autriche ou en Espagne, pays qui autorisent largement les PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes) tout en respectant la même règlementation européenne que nous. Le ministre déclare vouloir réduire les pesticides. Mais il continue de bloquer les alternatives, comme nous le voyons avec cette « piquette d’ortie », et, dans le même temps, il accorde 74 dérogations qui autorisent la commercialisation et l’utilisation des pesticides interdits reconnus très toxiques en 2010. > DOMINIQUE JEANNOT, Membre de l’ASPRO-PNPP Pour en savoir plus : www.aspro-pnpp.org Contact : aspro.pnpp@gmail.com


RÉGIONS

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Foll’Avoine Créer des liens pour le maintien de l’agriculture paysanne « 13-84 sans OGM » : des ados et des personnes âgées sans organisation ni grands moyens ? Pas du tout ! Un collectif qui réunit associations, militants et syndicats des départements des Bouchesdu-Rhône (13) et du Vaucluse (84) autour de la problématique des OGM et du brevetage du vivant.

© Lucien Valero (dit « Joselito », un des sociétaires)

Implanté sur la commune du tage de cette vigne. Comme le Thor, dans le Vaucluse, le colmontant de la part permet au lectif « 13-84 sans OGM » rasplus grand nombre de particisemble des faucheurs volonper, la réponse à cet appel détaires, des militants écologistes, passe largement l’objectif des associations et des syndiprévu – l’achat d’un hectare. cats [des départements des Aujourd’hui, plus de six cents Bouches-du-Rhône (13) et du personnes seront bientôt offiVaucluse (84)] autour de la prociellement sociétaires du groublématique des OGM et du brepement foncier agricole et sovetage du vivant. Ce collectif lidaire des Granouillères. Celuiorganise des événements fesci va pouvoir acquérir près de tifs pour démontrer que le deux hectares et les louer au « Faites sans OGM » est posvigneron pour une exploitation sible sans conditions et prédans le cadre d’un bail fermier. serve les biodiversités, cultivée et sauvage. Vendanges ouvertes En juillet 2009, son travail Cette vigne produit un vin rouge de fond aboutit à la création de bio côtes-du-Lubéron et chal’association Foll’Avoine et à la que sociétaire en reçoit une prise de position d’une quabouteille par part pour le loyer rantaine de municipalités du annuel. Le lien entre le vigneron Vaucluse contre les OGM. Ces et les sociétaires est renforcé dernières signent alors une dépar des journées « découverte libération ou un arrêté municide la viticulture biologique » et pal pour le « sans OGM » et af- En février, Laurent, le vigneron, explique la taille de la vigne. par des vendanges ouvertes à fichent le panneau Commune tous. La première assemblée sans OGM à l’entrée de la commune. Ces dans le Lubéron. Et, victoire ! Le projet est générale des sociétaires s’est tenue à Opcommunes s’engagent également sur une suspendu en juillet 2010. pède le 15 mai dernier. Il y fut décidé de charte qui prévoit une information citoyenne Quand des faucheurs volontaires déconsacrer l’excédent de la collecte au sousur les OGM, le développement des cantruisent une vigne OGM à Colmar, en tien de projets pour le maintien et le dévetines bio, le soutien à une agriculture locale aôut 2010, Foll’Avoine se prend à rêver loppement de l’agriculture locale (par exemrespectueuse de l’environnement et la réde sauver une vigne bio à Ménerbes. ple, l’installation d’une apicultrice). duction de l’emploi des pesticides. Celle-ci vient d’être mise en vente, mais L’aboutissement de ce projet démonle vigneron qui l’a convertie en bio dans tre qu’il existe des solutions pour faire auUn achat collectif, c’est possible ! le cadre d’un fermage n’a pas les moyens trement. Cette expérience est une belle réAu printemps 2010, Foll’Avoine s’engage de l’acheter. ponse de résistance citoyenne face à l’éroactivement, au sein du Collectif de défense Après avoir pris conseil auprès de sion du monde agricole, pour défendre des terres fertiles de Vaucluse, dans la lutte l’association Terres de liens et de la Conféune agriculture locale respectueuse de l’encontre le projet du golf de Pierre Cardin dération paysanne, Foll’Avoine lance un vironnement et ceux qui travaillent la terre. > BRUNO LENOBLE – 48 hectares de la plaine de Bonnieux, appel à souscription pour l’achat en par-

Procès de Poitiers Relaxe pour les huit faucheurs volontaires Le tribunal de Poitiers, dans son délibéré rendu le 28 juin 2011, a décidé de relaxer les huit inculpés (dont José Bové et François Dufour) et a débouté entièrement Monsanto de ses demandes financières. Les faucheurs avaient été jugés le 14 juin 2011 pour le fauchage de deux parcelles en 2008 dans la Vienne. La décision de relaxe est basée sur du droit pur et non sur des questions de fond. Ce procès est le dernier des faucheurs pour des essais en plein champ de maïs Mon810®. François Dufour se réjouit de voir ces longues années d’action se terminer par une relaxe et un arrêt de ces cultures. « Mais il faudra rester vigilant », dit-il.

Nicolas Gallon, avocat des faucheurs, précise : « Dans sa convocation, le tribunal a cité les faucheurs pour une destruction de parcelle d’OGM destinée à la culture commerciale. Or, il s’agissait d’un essai en champ à titre expérimental. Et la loi française sur les OGM adoptée en 2008 différenciait précisément les deux types de destruction et donc les deux délits ». Les avocats ont alors plaidé la relaxe sur la base de cette impossibilité de requalifier l’infraction à l’audience. Pour Maître Gallon, cette décision est « un juste retour des choses ». Le texte instaurant un délit spécifique pour le fauchage ayant été négocié par les pro-OGM contre

le droit à la transparence en matière de localisation des parcelles d’OGM. Avant la loi, que la parcelle soit d’essai ou commerciale, les faucheurs étaient jugés pour « destruction de biens en réunion ». Ainsi, tel l’arroseur arrosé, le Parquet et Monsanto se sont donc pris les pieds dans la procédure qu’ils ont eux-mêmes instaurée… François Dufour conclut : « Il y a une aujourd’hui prise de conscience de la société. Aujourd’hui, la grande majorité des gens a compris qu’on était dans du bricolage à marche forcée contre l’environnement, la biodiversité et contre la société ».

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CHRISTOPHE NOISETTE

Inf’OGM


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RÉGIONS

OGM et alimentation animale Les faucheurs occupent une usine Les 5 et 6 mai 2011, les faucheurs volontaires d’OGM occupaient l’usine de la Cecab à Saint-Allouestre (dans le Morbihan), pointant du doigt la problématique de l’importation de soja OGM destiné à l’alimentation animale. 4,5 millions de tonnes de soja transgéniques en provenance d’Amérique latine sont importées en France chaque année. Les faucheurs volontaires demandent un moratoire sur ces importations et exigent l’étiquetage obligatoire pour tous les produits issus d’animaux nourris aux OGM, afin de garantir un choix éclairé des consommateurs. Venus de toute la France, ils étaient une centaine le 5 mai dernier à vouloir paralyser l’activité de l’usine Cecaliment [groupe Cecab]. Jérémy Renaud, faucheur volontaire, explique que les participants « ap- Devant l’usine Cecaliment, le 5 mai dernier. pliquent les règles de la nonviolence. Personne n’a été pris en otage, décliné la nouvelle proposition de rendezmais les locaux ont été investis et le travail vous de la DGAL. « Une plainte a été déentravé. » Ils ont passé une journée et une posée par la direction de la Cecab. Nous nuit dans les locaux. « Nous ne pensions espérons un procès car seule la jurisprupas que l’action allait durer aussi longtemps. dence peut aujourd’hui nous faire avanNous pensions être expulsés rapidement ; cer », ajoute Jérémy Renaud. Le procureur finalement, nous n’avons été expulsés que pourrait cependant classer l’affaire pour ne le 6 au matin, et dans le calme. » pas la médiatiser. Cette occupation est la dernière en date d’une série d’actions. Le blocage du termiRégion sans OGM ? nal agro-alimentaire du port de Saint-NaSi l’opération a une portée nationale, elle zaire, en 2007, puis celui d’un cargo panasouligne aussi la situation bretonne. La Réméen dans le port de Lorient, en 2009, ont gion Bretagne s’est positionnée en 2004 conduit la Direction Générale de l’Alimentapour une Région sans OGM1, prenant acte des risques et incertitudes à la fois en termes tion (DGAL) à recevoir les faucheurs. Ces sanitaire, environnemental, mais aussi écoéchanges étant restés sans effet, les partinomique et moral. Moteur dans le réseau cipants à l’action de Saint-Allouestre ont

© Comité breton de soutien aux faucheurs volontaires d'OGM

des Régions européennes du GM-Free, elle finance, via le Réseau Cohérence, un site informant les consommateurs bretons sur les produits garantis sans OGM2. Pourtant, aujourd’hui, des millions de tonnes de soja OGM notamment transitent par les ports bretons – Lorient, Brest, Saint-Nazaire –, pour alimenter la filière d’aliments d’élevage. Ces importations viennent combler le déficit en protéines nécessaires à l’alimentation des porcs, bovins et volailles. Une sortie de l’importation de soja OGM pourrait passer par la mise en place d’un plan d’autonomie en protéines. Or la journée “Alimentation animale sans OGM et filière de qualité”, qui a rassemblé tous les acteurs de la filière le 15 juin à Rennes, a failli être annulée sous la pression de la chambre régionale d’Agriculture, de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) et des producteurs de viande et de nutrition animale qui ont recommandé à leurs membres de la boycotter. Exposer au grand jour ces problématiques ne plaît guère au lobby agro-industriel.

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LUCIE LEBRUN

1 « Du champ à l’assiette : vers une Bretagne sans OGM », Direction de la promotion et de l’évaluation des politiques, 2004. 2 www.consommersansogmenbretagne.org

Action Les groupes locaux à l’assaut des banques ! éthique, citoyenne et transparente que sur la possibilité de faire bouger la finance actuelle. Après discussion, les passants se révélaient très ouverts à cette perspective, pour autant qu’ils puissent faire un choix éclairé.» D’ailleurs, les guides Comment choisir ma banque et Comment choisir mon épargne des Amis de la Terre ont eu un grand succès. Au niveau national, les Amis de la Terre et ATTAC viennent de rendre publique une version temporaire du rapport Les banques sont-elles transparentes ? qui effectue une première analyse des réponses des différentes banques au questionnaire qui leur avait été envoyé. La version finale du rapport devrait paraître en septembre 2011.

“Bancopoly” sur le marché d’Antony, dans les Hauts-de-Seine, le 9 juin dernier.

© ATTAC Antony

Lancée au mois d’avril 2011, la campagne commune des Amis de la Terre et d’ATTAC A nous les banques va bon train. Elle a déjà mobilisé de nombreux militants, avec des manifestations et des débats organisés dans plusieurs villes de France pour interpeller les banques sur l’impact social, environnemental et économique de leurs activités. L’imagination n’a pas manqué, avec des actions dynamiques et hautes en couleur : nettoyage des banques par une brigade de clowns à Limoges et à Quimper, action bankbuster au Mans, remise du Geiger d’Or à la banque la plus radioactive, à Orléans... A Antony (Hauts-de-Seine), les Amis de la Terre Val de Bièvre et les comités locaux ATTAC Antony et Paris XIIIe ont déployé leur “Bancopoly”. Florence Lauzier, militante d’ATTAC à Antony, est allée à la rencontre des passants. « Au départ, les gens étaient plutôt sceptiques – tant sur l’idée d’une banque

> JULIETTE RENAUD

Chargée de campagne Finance privée Pour plus d’informations : www.amisdelaterre.org/Campagne-A-nousles-banques.html


RÉGIONS

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Val-d’Oise Parcours autour des réfugiés environnementaux En mai dernier, l’artiste Kambach a investi l’hôtel de Mézières à Eaubonne (Val-d’Oise) pour y présenter un travail sur les réfugiés environnementaux. L’Institut Charles-Perrault et les Amis de la Terre Val-d’Oise, qui ont développé un parcours pédagogique à destination des scolaires, étaient partenaires.

© Corinne Lafosse

Le parcours pédagogique, qui breuses interrogations quant au se déroule en six étapes, part nucléaire et à la préservation de de la rotonde de l’entrée, où notre environnement. Si de prodes sculptures destructrices fondes mutations de nos sociésymbolisaient la folie des tés s’imposent, un changement hommes : l’exode s’impose. Le de comportement et une sensivide suit : un désert révèle des bilisation du public est égalefossiles du passé, des totems ment importante. L’expression représentent l’espoir, mais les artistique y contribue, comme réfugiés passent sans s’arrêl’explique Corinne Lafosse, des ter... Le « plein » prend alors Amis de la Terre Val-d’Oise : place dans le « théâtre », où le « L’objectif de l’exposition était spectateur est aussi acteur. Là, double : initier les élèves au règnent la surpopulation et les monde artistique en proposant catastrophes naturelles – en anune approche de l’art contemtichambre du labyrinthe. Ce laporain, et les sensibiliser aux byrinthe, quatrième étape du problématiques environnemenparcours, est un espace Une expo qui propose aux enfants une approche de l’art contemporain tales. » Kambach, artiste conbrouillé, métaphore de la perte et les sensibilise aux problématiques environnementales. temporain, s’inscrit dans ce d’identité et de l’errance. Il changement en nous proposant évoque les bouleversements climatiques et possible… En fin de parcours, le « songe » sa vision des grands enjeux environnemenl’éternel dilemme de l’être en exil : s’arrêter figure le lieu où le réfugié peut enfin songer taux et sociétaux et son regard sur les réfuou continuer, fin de la route ici ou ailleurs ? à son avenir et aspirer à une vie meilleure. giés climatiques. Les Amis de la Terre ValUn espoir subsiste cependant, qui rappelle d’Oise ont mené une dizaine de classes et la possibilité d’une issue heureuse, car « auLe jeune public sensibilisé de centres de loisirs vers cette l’exposition et cune situation n’est figée ni fatale ». Le visiL’actualité a donné à l’exposition de Kamles ont guidés à travers ce parcours pédateur est alors conduit à l’avant-dernière bach un écho douloureux : la catastrophe de gogique. Et l’Institut international Charlesétape : l’Orient, un espace lumineux où Fukushima a entraîné l’exode de milliers de Perrault a mis une sélection d’ouvrages à la dansent les couleurs, où le repos est enfin Japonais. mais elle a aussi suscité de nomdisposition des enfants. > CAROLINE PRAK

Paris Pollution de l’air : l’inaction des pouvoirs publics appelle l’action (en justice) En ce début d’été, la pollution atmosphérique parisienne atteint déjà des niveaux intolérables. Ces chiffres soulignent l’inaction persistante des autorités responsables de la police de l’air.

© J.-F. Gornet

Le Code de l’environnement reconnaît à chacun le droit de respirer un air sain (art. L110-1 et L220-1) ; or la pollution atmosphérique nous prive de ce droit. Régulièrement, ce constat refait surface, à l’occasion d’une catastrophe ou d’une publication scientifique. Comme en décembre 1952, quand le smog a causé la mort prématurée de milliers de Londoniens. Pour l’heure, la réalité reste accablante : une étude1 parue cette année révèle une perte d’espérance de vie de six mois pour les Parisiens. Face à ces résultats, il apparaît urgent de réduire les émissions à la source, par la mise en œuvre de mesures volontaristes de prévention. Mesures inefficaces Lors de l’élaboration du Plan de protection de l’atmosphère d’Ile-de-France, en 2005, les Amis de la Terre dénonçaient un plan décevant et insuffisant. En effet, il prévoit surtout des mesures curatives en cas de pics de pollution, mais ne s’attaque pas aux causes du problème et n’encourage pas non plus les changements de comportement sur le long terme.

Pour les particules PM10 et le dioxyde d’azote, les données publiées par Airparif sont sans appel et confirment nos alertes : depuis 2003, les valeurs limites sont systématiquement dépassées quand les objectifs de qualité ne sont, eux, jamais atteints. Face à une absence de dialogue persistante, le groupe local de Paris a déposé un recours contre la carence des autorités chargées d’appliquer le PPA. Confortant cette démarche, la Commission européenne a assigné la France devant la Cour de justice de l’Union européenne sur cette même question. Si la perspective d’une victoire juridique est plaisante, les Amis de la Terre rappellent la nécessité, avant tout, de mesures de réduction de la circulation. Aussi, qu’importe le flacon – Zone d’action prioritaire pour l’air (ZAPA) ou Plan de protection de l’atmosphère (PPA) – si les résultats sont > STÉPHANIE CHARTON atteints. Les Amis de la Terre – Paris

1 Aphekom (Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe), publiée le 2 mars 2011 par l’Institut national de veille sanitaire.


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RÉSEAU

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JURIDIQUE

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Ecomatériaux Le point sur l’évolution réglementaire La législation sur les écomatériaux évolue à toute vitesse. La loi Grenelle 2 évoque la nécessité d’une définition de l’“écomatériau” et d’une certification. Le ministère de l’Ecologie a mandaté l’Association française de normalisation (AFNOR) pour effectuer ce travail. Pas si simple… Pour définir l’expression “écomatériau”1 et la mise en place d’une certification, le ministère de l’Ecologie a mandaté la commission de normalisation bâtiment durable de l’Association française de normalisation (AFNOR). Mais le fonctionnement de l’AFNOR n’est pas connu pour son indépendance et les tournures que prennent les discussions préalables à la normalisation du mot “écomatériau” ne vont pas franchement dans le sens des intérêts publics ni de ceux de l’environnement. Ce groupe de normalisation de l’AFNOR est très majoritairement composé d’industriels producteurs de matériaux. Un seul représentant de la production d’écomatériaux (la paille) y est présent. Plusieurs raisons à cela : d’une part, les représentants d’une filière doivent payer pour participer à un groupe de normalisation, d’autre part, il faut beaucoup de moyens (notamment humains) pour pouvoir préparer et participer à ces réunions et, en dernier lieu, tout simplement parce que la filière des écomatériaux n’a été mise au courant du démarrage de ces travaux qu’au der-

nier moment et de façon indirecte. Les filières des écomatériaux ayant très peu de moyens financiers et humains, il leur est difficile de réagir en conséquence et de peser dans ces discussions. Trop forte présence des industriels Cette forte présence d’industriels entraine les discussions vers une normalisation a minima. Ils poussent pour que les seuils minimaux du classement “éco” d’un matériau soient très bas, voire inexistants. Cela ouvrirait la voie à un greenwashing non cadré sur les matériaux de construction, c’est-à-dire à une utilisation du préfixe “éco” pour des matériaux qui seraient très peu écologiques, voire pas du tout – telles que les poutrelles métalliques ou les fenêtres en aluminium. Ces industriels ne souhaitent pas non plus que cette définition donne lieu à une agrégation de données chiffrées qui permettrait une classification et un affichage simple par classe. Or il est nécessaire de donner des signaux clairs pour les acheteurs, qu’ils soient artisans ou particuliers.

D’habitude, rien ne semble jamais trop compliqué à l’ingénierie de ces grosses industries pour remplir des fiches, donner des chiffres, établir des comparaisons des produits entre eux… du moment que ça leur permet de pénétrer des marchés toujours plus vastes. Ici, sur la définition d’écomatériau, les choses semblent bloquées et, tout à coup, créer une certification est trop compliqué. Lorsque l’on apprend que, lors d’une de ces réunions, l’un des représentants du monde de l’industrie des matériaux croyait dur comme fer qu’il fallait de la colle pour faire tenir la terre crue sur les murs, on est encore loin d’une généralisation de la pratique des enduits en terre crue. A quand un système réglementaire et législatif indépendant ?

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CYRIELLE DEN HARTIGH

Chargée de campagne Habitat-Climat

1 L’article 180 du Grenelle 2 (loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement), prévoit qu’une définition des éco-matériaux soit adoptée.

Collectifs Halte au financement du nucléaire !

A la une du Financing Nuclear Times, on pouvait lire : « L’énergie nucléaire n’est pas seulement la méthode la plus controversée et la plus dangereuse pour produire de l’énergie, elle est aussi l’une des plus coûteuses. » La page montrait un logo déformé de l’OCDE, accompagné du slogan : « Des politiques nucléaires pour empirer la vie » [Le slogan de l’OCDE est : « Des politiques meilleures pour une vie meilleure (Better policies for better lives) »]. Si le nucléaire passe pour économiquement viable et continue de se développer, c’est aussi parce l’exportation de cette industrie est soutenue par les Agences de crédits à l’exportation (ACE), dont le mandat est de promouvoir les exportations nationales au nom de l’État. Et donc de jouer le rôle d’assureur public des projets à l’exportation. Dans son journal parodique, ECA Watch montre à quelles situations dramatiques peut conduire l’implication des ACE : l’agence canadienne a ainsi été partie prenante du financement d’une centrale entre

© AT France

Le mardi 7 juin 2011, un séminaire du G20 et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est tenu à Paris sur la sécurité nucléaire. Les représentants des trente-trois pays participant au séminaire ont été accueillis par des militants du réseau ECA Watch, des Amis de la Terre et de Greenpeace, qui leur ont distribué un journal parodiant le Financial Times.

le Pakistan et l’Inde, qui a alimenté leur course aux armes nucléaires… Tandis qu’au Brésil et aux Philippines, le soutien à des centrales nucléaires – qui, au final, ne produisent aujourd’hui pas ou peu d’énergie – a laissé ces pays endettés et alourdis d’un dangereux fardeau pour les siècles à venir. Le journal cite enfin quelques projets en

cours de financement par des ACE – notamment en Allemagne, Berlin continuant la promotion et l’exportation du nucléaire dont elle a pourtant négocié la sortie en 2000 (décision confirmée le 30 mai dernier). Pour Déborah Lambert-Perez, coordinatrice d’ECA Watch : « Aujourd’hui, 25 ans après Tchernobyl et alors que le désastre se poursuit à Fukushima, il est plus que temps de mettre un terme aux financements publics de cette dangereuse industrie. » L’action réussie des militants a permis de distribuer plus de 800 exemplaires au sein de l’OCDE ainsi qu’aux nombreux journalistes présents. Elle a aussi interpellé sur le nucléaire alors que les conclusions du séminaire serviront à préparer la réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui se tiendra à Vienne > CAROLINE PRAK en juin 2012. ET DÉBORAH LAMBERT-PEREZ

Pour en savoir plus :www.eca-watch.org www.fern.org


Convergence citoyenne pour la transition énergétique : mode d’emploi Les Collectifs français contre les huiles et gaz de schiste vous invitent à trois jours de Convergence qui se veulent des Etats généraux citoyens sur la question de nos besoins et de nos consommations énergétiques. Ils constitueront un moment de réflexion sur la nécessaire sobriété, elle-même prélude à un scénario pour l’avenir totalement différent de celui qui nous est imposé. Nous avons lancé des pistes autour de plusieurs débats débouchant sur une déclaration finale fondatrice. Les trois jours abriteront également, parallèlement aux débats « centraux », des tables rondes, témoignages et ateliers, au cours desquels les participants pourront s’exprimer et construire des propositions. MAIS NOUS AVONS BESOIN DE VOUS ! afin de mutualiser et démultiplier nos connaissances et idées, la Coordination nationale des collectifs contre le gaz de schiste appelle dès maintenant les réseaux militants concernés à se joindre à elle pour penser et construire le programme de cette convergence citoyenne pour une transition énergétique. Le monde artistique s’associe à ces journées : musique, cirque, contes, arts de la rue, slam, photo, arts plastiques, films.... seront présents. Nous ferons vivre aussi un village des alternatives énergétiques, où seront mises en pratique les expérimentations qui préfigurent la réalité de demain. Mais toutes les propositions de participation bénévoles seront les bienvenues.

Contact pour propositions : organisation@nonaugazdeschiste.com Les bénévoles et les participants au rassemblement seront hébergés sur le site dans un village d’accueil respectant la sobriété énergétique et les principes de coopération et d’autogestion, tant dans l’hébergement que dans la restauration (camping en autonomie énergétique, sanitaires écologiques, cantines bio autogérées). Pour mener à bien ce projet, l’équipe organisatrice a besoin de connaître vos disponibilités et compétences.

Vous pouvez remplir le bulletin d’inscription sur le site www.convergenceenergetique.org ou écrire à : Convergence Energétique - les taillades - route des grottes - 30140 MIALET Pour en savoir plus sur le programme en cours d’élaboration, consulter les sites

www.nonaugazdeschiste.com ou www.convergenceenergetique.org


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COIN CULTURE

Photographie American Power : american nightmare* ?

© Mitch Epstein

Entre 2003 et 2008, Mitch Epstein a photographié les lieux américains de production d’énergie et les symboles liés à sa consommation. Ce tour énergétique des États-Unis est présenté à la fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris. La première image donne le ton. Sur cette photo format XXL, on découvre un jardin comme il y en a tant à l’arrière des maisons des quartiers pavillonnaires américains. C’est vert, c’est joli, le cadre idéal pour un petit-déjeuner Ricoré… à condition de faire abstraction de la centrale thermique qui barre l’horizon. Début d’une série de clichés chocs qui interroge notre rapport à l’énergie. Tout a commencé en 2003. Cette année-là, Mitch Epstein se rend à Cheshire, dans l’Ohio, pour effectuer un reportage sur la destruction d’un village condamné à l’abandon suite à une grave contamination de ses sols. Pour éviter d’attirer l’attention, l’entreprise fautive, American Electric Power (AEP), arrange vite faitbien fait le déménagement des habitants. Deux précautions valent mieux qu’une, l’AEP glisse au passage quelques liasses de billets dans la poche des exilés. En échange, ces derniers s’engagent à ne pas porter plainte… même si le fait d’avoir vécu à côté d’une usine rejetant les pires produits toxiques devait se traduire un jour par l’ap-

Centrale à charbon d’Amos-Raymond (Virginie-Occidentale), 2004.

parition de graves maladies infectieuses ou de tumeurs grosses comme le poing. Marqué par ce reportage, le photographe décide de se lancer dans un vaste projet autour de l’énergie. L’énergie, le maillon central « Six mois plus tard, je commençais à faire des images sur la production et la consommation d’énergie à travers les États-Unis, explique Mitch Epstein. Je voulais photographier la relation qui existe entre la société américaine et le paysage américain, l’énergie étant le maillon central ; du moins était-ce la leçon que j’avais tirée de Cheshire. Le cœur du sujet, c’était l’énergie – son mode de production, son utilisation et ses ramifications multiples. » Pendant quatre ans, il fait le tour du pays, photographie les sites de productions d’énergie (centrales nucléaires, plateformes pétrolières, barrages hydrauliques…) et quelques symboles liés à son usage (pompes à essence, voitures, chaises électriques, la ville de Las Vegas…).

Ce qui frappe le plus dans l’ensemble de ces images, c’est à quel point tous ces édifices créés pour satisfaire les besoins de l’Homme nient absolument ceux de la nature. Partout où poussent centrales nucléaires et raffineries de pétrole, la nature est sacrifiée. Pour quelles raisons ? Quels bénéfices ? Mitch Epstein, qui s’inscrit dans le courant de la photographie documentaire, ne donne pas la réponse. Il montre juste les faits. Et parfois quelques alternatives, comme cette maison de Kalapana, à Hawaï, alimentée par l’énergie solaire, ou ce four solaire où mijotent des aliments bien appétissants. Mitch Epstein nous donne matière à réflexion – et c’est déjà beaucoup. À nous de la modeler pour arriver à bâtir des socié> LUCILE PESCADÈRE tés soutenables. American Power. Jusqu’au 24 juillet 2011 à la Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis, 75014 Paris. www.henricartierbresson.org. Catalogue édité chez Steidl. * Puissance [cela désigne aussi la production électrique] américaine : cauchemar américain ?

Publication Déforestation, un contresens fatal L’année 2011 été décrétée Année internationale des forêts. Or 13 millions d’hectares [soit le quart de la surface de la France] de forêt disparaissent chaque année. Les poumons de la planète s’essoufflent. Parce qu’elles stockent du gaz carbonique, les forêts tropicales contribuent à lutter contre les changements climatiques. Leur préservation est un enjeu majeur pour l’humanité. Mais, dans les faits, elles pèsent peu face à de puissants intérêts financiers. Dans un dossier de 16 pages, Altermondes donne la parole notamment aux mouvements brésilien, camerounais, congolais, français ou indonésien qui luttent contre le fléau de la déforestation, et ébauche des pistes pour sortir de l’impasse. Dans ce numéro, vous trouverez également un reportage sur la préparation de la nouvelle flottille de la paix qui part pour Gaza cet l’été, le témoignage exclusif de deux défenseurs des droits humains au Kirghizistan, un coup de projecteur sur ces photographes qui concilient métier et engagement, et des interviews de représentants d’associations et de syndicats du Cambodge, d’Irak, du Pérou, du Togo, de Zambie… > Pour commandez ce numéro, écrivez à : f.barre@altermondes.org (5 € + frais de port) Abonnez-vous pour 30 € sur www.altermondes.org !


Le Courrier de la Baleine

Depuis 1971

Le journal des Amis de la Terre

Pratiques Un été militant Les Amis de la Terre seront très actifs cet été et vous invitent aux rendez-vous militants incontournables. A vos agendas, donc, et bon été !

Marche anti-nucléaire, internationale et pacifiste, le long de la Loire

Vive l’AlterTour ! L’AlterTour est une manifestation cycliste organisée depuis 2008 par l’association AlterCampagne. Cet alterTour de France, pour une planète non dopée, est un relais cycliste familial et sans compétition qui parcourt les routes de France chaque été à la rencontre d’initiatives alternatives : agricoles, sociales, énergétiques, économiques, solidaires, etc.

Quand Du 1er juillet au 31 juillet 2011 Où Départ de la région de Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre En partenariat avec le réseau Sortir du Nucléaire et Footprints for Peace

L’objectif de cette marche est de sensibiliser le public, dans un esprit pacifiste, sur les effets mortifères de l’ensemble du cycle nucléaire et sur l’importance de sortir du nucléaire civil et militaire, tout en faisant la promotion de solutions alternatives. Cette marche partira de la région de Cosne-sur-Loire, longera la Loire et se clôturera sur le lieu symbolique d’une victoire sur le nucléaire : Le Pellerin, près de Nantes. Sans drogue ni alcool, ce sera une promenade de santé ! La marche affichera sa solidarité avec les peuples indigènes, dont les communautés, à cause de ces poisons, ont été amenées à vendre leurs terres et autres lieux sacrés à des entreprises comme Areva, qui en extraient de l’uranium.

Mobilisation internationale contre l’accord OMS-AIEA

Mobilisation citoyenne pour une convergence énergétique

Quand Tous les jours ouvrables Où Devant le siège de l’OMS, à Genève

Quand Du 25 au 28 août 2011 Où Lézan (Gard), dans les Cévennes À l’initiative de la Coordination

La Coordination nationale contre les gaz et huiles de schiste, qui regroupe une centaine de collectifs et plus d’une centaine de milliers de citoyens dans toutes les régions, est toujours là ! L’incroyable cafouillage autour du vote de la loi sur l’exploration des réserves présentes dans notre sous-sol montre au moins une chose : la société française a un besoin urgent d’un vrai débat sur son avenir énergétique. L’extraction des gaz et pétroles de schiste pose, avec une acuité nouvelle, la question centrale de l’énergie : sa production, le niveau de sa consommation, la préservation de l’environnement, de l’eau et du climat.

Quand Du 6 au 9 août 2011 Où Dans le Val-d’Oise, à Taverny

© AT France

nationale des collectifs contre le gaz de schiste En partenariat avec les réseaux militants nationaux et internationaux luttant pour un autre avenir énergétique.

Jeûne de Taverny : non au nucléaire civil et militaire !

Depuis le 26 avril 2007, tous les jours ouvrables, de 8 h à 18 h, des vigies volontaires et silencieuses se tiennent devant le siège de l’OMS, à Genève, avec des pancartes aux messages suggestifs ! À ce jour, quelque 300 personnes se sont relayées, venues de plusieurs pays d’Europe – et d’Amérique pour quelques unes. Les vigies s’engagent pour une demijournée, un ou plusieurs jours, ou pour les cinq jours de la semaine. On peut venir seul ou en groupe – maximum trois : les vigies sont accueillies à Genève par un réseau “d’hébergeurs”. Renseignements, inscriptions : 02 40 87 60 47 paul.roullaud@free.fr Plus d’infos sur http://independentwho.info/accueil_FR.php

© Lilicomanche

Renseignements : 06 71 61 91 23 lechemindesegards@yahoo.fr

http://www.convergenceenergetique.org/ (Voir aussi annonce page 22.)

http://www.altertour.net/

http://marche-pour-sortirdunucleaire-et-pourla-paix.over-blog.com/

En 2011, le jeûne organisé chaque année à la Maison de vigilance de Taverny sera intitulé Nagasaki-Hiroshima Flamanville, c’est nos villes, en commémoration des bombardements de 1945 sur Hiroshima (6 août) et Nagasaki (9 août). Le lien sera fait entre le nucléaire civil – avec le projet de nouveau réacteur EPR à Flamanville – et le nucléaire militaire – dont la France refuse les propositions internationales d’abolition. Cette année est particulière : la base de Taverny, qui héberge le commandement de la Force nucléaire aéroportée, sera déménagée à Villacoublay en septembre. Ce jeûne sera donc la dernière occasion de présence devant la base militaire de Taverny. Cette présence a été assurée chaque année depuis l’initiative de Solange Fernex et Théodore Monod, en 1986.

Les Amis de la Terre invitent leurs membres à participer aux états généraux citoyens sur la question de nos besoins énergétiques, embrayant sur la sobriété – elle-même prélude à un scénario d’avenir totalement différent de celui qui nous est promis. Ces quatre jours accueilleront également, parallèlement aux débats centraux, des tables rondes et des forums où chacun pourra s’exprimer.


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