Depuis 1971
juin 2014 / 3€20 N°176
www.amisdelaterre.org
TAFTA : Sauvons la souveraineté populaire !
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VIE ASSOCIATIVE
Assemblée fédérale 2014 Une fédération unie et ambitieuse s’est retrouvée dans le Rhône L’Assemblée fédérale (AF) s’est tenue les 24 et 25 mai 2014 à Saint Symphorien sur Coise, accueillie par les Amis de la Terre Rhône. Bilan de l’année passée, vœux, débats, retour sur un moment fort de notre vie associative. Une cinquantaine de membres étaient au rendez-vous de notre Assemblée fédérale. Le groupe local du Rhône qui a été des plus efficaces dans l'organisation de l’accueil – nous les en remercions, a permis à l’AF de se dérouler dans un cadre champêtre propice à nos débats. Cette assemblée volontairement raccourcie afin de laisser place le lendemain au processus de débat, a eu un ordre du jour dense, mais si la journée fut longue, l’ambiance était conviviale et studieuse. La présentation des rapports moral, financier et des activités de groupes locaux et du Secrétariat fédéral ont pu montrer l'implication et le travail accompli par la fédération. Quelques points marquants ont été soulignés dont la bonne tenue de la trésorerie qui lève l'alerte du commissaire au compte, un budget 2014 en équilibre avec un portefeuille de subventions solide et le recrutement de notre nouvelle directrice, Cynthia Sou, Le déploiement de la nouvelle base de données (CRM) a fait l'objet d'un débat, un groupe de pilotage étant constitué pour suivre ce projet si important pour la gestion et le développement de nos adhérents et donateurs. Le travail sérieux des salariés et des membres administrateurs a aussi été salué et c’est donc à l'unanimité que les textes présentés ont été votés. Un autre temps statutaire a été la présentation des motions. Un débat soutenu s'est conclu par le vote de deux d’entre elles qui accompagnent la volonté d'élargissement de notre mouvement : la création d'un groupe jeune (voir encadré) et l'adhésion à prix libre.
La journée c'est terminée sur l'élection d'un Conseil fédéral (CF) où chaque membre a été élu à titre individuel. On peut seulement regretter le trop petit nombre de candidatures et seul le renfort de 4 représentants de la région Rhône-Alpes nous a permis d'atteindre le nombre minimum requis. Il y aura donc 11 membres élus au CF mais 4 d'entre eux participeront à tour de rôle aux réunions. En plus de ses missions habituelles le CF devra assurer le déménagement de notre siège social d'ici la fin de l'année : une page d'histoire après dix ans dans les mêmes locaux !
Florent Compain reconduit comme Président et le nouveau CF soutiennent la dynamique de réflexion et d'élaboration de propositions visant à faire des Amis de la Terre une organisation écologiste radicale, pragmatique et de masse. Vous êtes tous invités à intégrer le processus de ce débat dont le prochain temps fort sera le week-end du 11 au 14 juillet à Bagnolet.
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ERIC FAÏSSE
Secrétaire fédéral, membre des Amis de la Terre Bouches-du-Rhône
Prenez part au renouvellement des Amis de la Terre ! Le processus de débat amorcé l’an dernier a bien avancé. Le prochain rendez-vous est fixé du 11 au 14 juillet : il sera un moment clé, avec le choix de propositions précises à soumettre à l’assemblée des adhérents, pour une adoption fin 2014. Pour participer, inscrivezvous : www.amisdelaterre.org/debatjuillet2014.html Les propositions à débattre, entre autres : décider des campagnes-clés à mener par la fédération dans les 2-3 ans qui viennent ; préciser comment mieux accueillir les nouveaux adhérents ; choisir les meilleurs porte-parole pour les AT ; savoir comment mettre en avant la position Sociétés soutenables ; s’adapter aux manières actuelles de militer avec, en complément des groupes locaux, des rassemblements thématiques, un groupe action… sur la lancée du groupe Jeunes qui vient d’être créé ; adopter des modes de représentation privilégiant le contact personnel et complétant la décision de mai : l’adhésion à prix libre… Pour la réunion des 11-14 juillet à Bagnolet, nous souhaitons inviter quelques personnalités extérieures. On attend les contributions mises en forme pour toutes les idées déjà débattues. Venez dire ce que vous voulez pour les AT de demain ! Merci et à bientôt !
Un nouveau groupe se forme : les Jeunes Amis de la Terre France La création d’un nouveau réseau des Jeunes Amis de la Terre a été votée en Assemblée fédérale. Ce nouveau groupe a plusieurs objectifs : recruter un nouveau public militant, diversifier nos soutiens, et dynamiser le mouvement en intégrant de nouveaux modes d’action. Pour lancer ce nouveau groupe, notre action se déclinera sur plusieurs niveaux : l’organisation de formations (à l’action non violente, la communication…), l’organisation d’événements conviviaux pour souder de nouvelles équipes partout en France, et la préparation de la mobilisation pour la grande conférence climatique de Paris fin 2015. Nous sommes liés aux Jeunes Amis de la Terre Europe (YFoEE), un réseau rassemblant 15 organisations jeunes des Amis de la Terre partout en Europe. Ils soutiennent notre démarche, et ont décidé de tenir le camp d’été annuel du réseau européen en France ! Cette grande rencontre devrait réunir plus de 100 jeunes, Français et Européens l’été prochain – ce sera un moment fort pour notre mouvement.
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CLÉMENCE HUTIN
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Edito
SOMMAIRE
Les Amis de la Terre en transition
2 > Vie associatiVe Retour sur l’Assemblée fédérale 2014
Sujet d'actualité, la transition est dans toutes les bouches. Au cœur de notre projet associatif, la transition vers des sociétés soutenables, riche de toutes ses alternatives locales concrètes est ce qui nous anime au quotidien. Cependant, la récupération des termes est aussi de mise. Loin de la transition citoyenne, le projet de Loi sur la transition énergétique qui va être débattu cet été ne va encore une fois pas être à la hauteur de l'urgence climatique et de la justice sociale. La France qui se dit exemplaire dans le cadre des négociations internationales en vue de la conférence des Nations unies sur le climat qui se tiendra fin 2015 à Paris est loin du compte. Incohérence des politiques publiques, fausses solutions, il y a matière à s'inquiéter. Une seule raison d'espérer : la fin nécessaire du charbon. Nos actions de plaidoyer et de sensibilisation commencent à marquer des points. La France va t-elle enfin arrêter son soutien public à l'énergie la plus sale au sein des institutions financières internationales, via la Coface ou encore via les entreprises dont elle est actionnaire ? Ou bien continuera t-elle à s'isoler géopolitiquement et à être la risée de tous, comme lors de son vote en faveur d'une centrale à charbon à Jamshoro au Pakistan au sein de la Banque asiatique de développement où elle a été le seul pays occidental à voter pour. Resterons-nous aux côtés des pays les plus rétrogrades ou engagerons-nous cette transition ? Une chose est sûre, les Amis de la Terre continueront leurs actions et ne lâcheront pas. La transition, elle, est en marche dans notre fédération. Notre Assemblée fédérale qui se tenait les 24 et 25 mai à St Symphorien sur Coise où les Amis de la Terre Rhône nous ont chaleureusement accueillis s'est déroulée dans un climat de sérénité retrouvée et a acté la création des Amis de la Terre Jeunes et du passage de l'adhésion à prix libre. Une nouvelle dynamique est en marche et va continuer de s'amplifier dans le cadre de notre processus de débat. Les journées du 11 au 14 juillet seront décisives, contactez-nous, participez, la fédération vous appartient et la transition c'est maintenant !
4-5 > ReGioNs/FRaNce Entre Camargue et Crau, les plastiques de la honte
FLORENT COMPAIN
Président des Amis de la Terre France
Bienvenue au nouveau Conseil fédéral Suite à l’Assemblée fédérale 2014, accueillie les 24 et 25 mai 2014 à Saint Symphorien-sur-Coise par les Amis de la Terre Rhône, un nouveau Conseil fédéral a été élu. Il est composé de Florent Compain (Président, Meuthe-et-Moselle), Eric Faïsse (Secrétaire, Bouches-du-Rhône), Hubert Nadin (Trésorier, Val de Bièvre), Thierry Avramoglou (Secrétaire adjoint, Val d’Oise), Patricia Thibout (Trésorière adjointe, Loire-Atlantique), Philippe Chabrier (Rhône), Stéphane Champavert (Savoie), Françoise Chanial (Poitou), Patricia Jarno (Haute-Savoie), Lucie Larrouy (Drôme), Michel Lopez (Paris), Véronique Sinou (Bouches-du-Rhône), Mélanie Venet (Paris).
Des caravanes pour promouvoir l'autonomie des pratiques paysannes Vive les alternatives à l'obsolescence programmée ! Du 10 au 12 octobre 2014, rendez-vous à Alternatiba Gironde ! 6-7 > FRaNce/iNteRNatioNaL Campagne publique : mai, les Amis de la Terre font le tour des AG Victoire à Kaliningrad, pression sur Alpha Coal Argentine : montée de la pression publique pour Total NON, European Gas Limited n’aura pas le Nord et la Lorraine ! 8 > MoBiLisatioN, aLteRNatiVes Tu la fais où ton action « pollutaxe », toi ? Bientôt une banque éthique en France 9-14 > DossieR > taFta : sauVoNs La souVeRaiNeté popuLaiRe ! TAFTA, un nouvel AMI qui ne nous veut pas que du bien… Notre avenir sera-t-il aux mains des multinationales ? La liberté de cultiver entravée par les futurs traités de libre-échange TAFTA : quid de la démocratie ? Mobilisation anti-TAFTA : le vent se lève ! 15 > coiN Des LiVRes Dette écologique : trois pistes pour en sortir Terres agricoles et forêts sont menacées par la demande européenne en bio-énergie 16 > pRatiQues Au revoir Windows, je passe au libre ! Apprivoiser les logiciels libres
Le Conseil fédéral rassemble entre 11 et 13 membres élus principalement issus des groupes locaux. Son rôle est de veiller à la bonne application des décisions politiques prises en Assemblée fédérale et de décider des grandes lignes d’action de l’association. Le Courrier de La Baleine n°176 « Se ranger du côté des baleines n’est pas une position aussi légère qu’il peut le sembler de prime abord. »
Juin 2014 • n° CPPAP : 0317 G86222 - ISSN 1969 - 9212
Depuis 1971
Dans ce numéro, les abonnés retrouveront un bulletin d'adhésion/abonnement aux Amis de la Terre.
Directeur de la publication Florent Compain Rédactrice en chef Caroline Prak Rédacteurs Léa Alletz, Alternatiba Gironde, les Amis de la Terre Meurthe-et-Moselle, Sophie Chapelle, Florent Compain, Eric Faïsse, Clémence Hutin, Camille Lecomte, Malika Peyraut, Lucie Pinson, Juliette Renaud, Gwenael Wasse Le dossier sur le traité transatlantique a été coordonné avec la collaboration précieuse d’ATTAC France : merci à Eric Viale et à Jacqueline Balvet pour leurs articles, Jeanne Planche et Maxime Combes pour leur appui ainsi qu’à Sophie Chapelle de Basta ! et au sein des Amis de la Terre France, à Françoise Chanial, Eric Faïsse, Dalila Atalaya, Nicolas Roux, Patricia Jarno, les Amis de la Terre Savoie et Midi-Pyrénées et à Natacha Cingotti des Amis de la Terre Europe Communication, relations presse Caroline Prak • caroline.prak@amisdelaterre.org • 01 48 51 18 96 Image de couverture, crédit : Florent Parent, Maquette Nismo Carl Pezin • www.nismo.fr Impression sur papier recyclé Offset cyclus 115g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50
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REGIONS
Entre Camargue et Crau, les plastiques de la honte Ancien delta de la Durance, aujourd'hui plaine aride et caillouteuse, la Crau représente le dernier écosystème steppique encore présent en France, et abrite une diversité faunistique et floristique uniques. Elle est en partie classée comme Réserve naturelle nationale. Ce statut permet de protéger ce qu'il en reste des bétonneurs et aménageurs de tout poil qui, ici comme ailleurs, ne supportent pas l'idée de milliers d'hectares de nature inexploités. Comme si ces menaces ne suffisaient pas, une ancienne a refait surface l'hiver dernier sous la forme de dizaines de tonnes de plastiques divers, dont une majorité de sacs, lors d'une banale opération de curage du canal de Centre-Crau. Il se pourrait bien qu'il s'agisse de déchets issus de la décharge d'Entressen. Située à quelques kilomètres à l'est de la Crau, elle a accueilli pendant presque un siècle les ordures de l'agglomération marseillaise et a été fermée en 2010, après avoir pendant longtemps pollué les écosystèmes et les paysages de toute la zone.
Plainte contre X Ce sont donc ces déchets qui, exhumés par les tractopelles, sont aujourd'hui entassés sur le bord du canal et prêts à s'envoler de nouveau après avoir passé plusieurs décennies sous l'eau, non sans contaminer les écosystèmes aquatiques de deux réserves naturelles et du Parc naturel régional de Camargue. L'amoncellement dépasse l'entendement et livre un cruel témoignage de l'impasse de nos modes de vie, hyper-consommateurs de produits pour leur grande majorité sur-emballés de plastiques dont la durée de rémanence dans
© Nacicca
Dans le sud de la France, à l'est de la Camargue, la plaine de la Crau constitue un écosystème unique en termes de biodiversité. Elle est en proie à une pollution que dénoncent les associations écologistes locales.
l'environnement peut atteindre plusieurs siècles. Il ne s'agit pourtant que de la partie visible de la pollution puisque seule une portion du canal longue d'un kilomètre a été curée, alors que plusieurs autres kilomètres sont concernés ainsi que l’étang du Landre, réceptacle naturel de ce canal. Face à ce scandale, et alors que les acteurs locaux publiquement interpellés (dont la Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole, ex-gestionnaire de la décharge d'Entressen, ainsi que les communes d'Arles et de Port-Saint-Louis) se renvoient courageusement la patate chaude, les associations écologistes locales Nacicca, Agir pour la Crau et FNE PACA, viennent donc de déposer une plainte contre X. Elles atten-
dent de l'enquête qui suivra qu'elle établisse les responsabilités pénales des divers acteurs et, surtout, que la dépollution du canal dans son intégralité soit prise en charge et effectuée dans les plus brefs délais. Mais il y a également une question de principe à ce que les responsables de dégâts environnementaux et sanitaires d'une ampleur aussi considérable pendant plusieurs décennies, et ce en parfaite connaissance de cause, soient enfin mis en face des conséquences de leur cynisme.
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GWENAEL WASSE
Plus d'informations : www.nacicca.org/spip.php?article195
Agroécologie Des caravanes pour promouvoir l'autonomie des pratiques paysannes Du 8 au 12 mai, deux caravanes ont sillonné la France « pour la défense d'une agro-écologie paysanne et de notre santé ». Chacune d'elle a convergé vers l'Assemblée nationale. En ligne de mire, le projet de loi d'avenir sur l’agriculture, la forêt et l'alimentation, qui doit être examiné en deuxième lecture d'ici fin juin 2014. « Ce projet de loi ne permet pas aux cultivateurs de soigner leurs plantes avec des préparations naturelles ni aux éleveurs de privilégier l’homéopathie ou la phytothérapie, plutôt
que le tout antibiotique », affirme l'appel signé par plus de 80 organisations. « Ce que l'on voudrait c'est que cette loi fasse une place à l'agriculture paysanne et à ses pratiques » précise Jean Sabench de la Confédération paysanne. « A chaque étape, des organisations locales ont mobilisé, organisé des débats et des actions de pulvérisations de purins d'ortie en présence d'élus », se réjouit Jean-François Lyphout de l'Aspro-PNPP1, à l'initiative de ces caravanes. Une déléga-
tion du collectif a été reçue par le rapporteur de la Loi, Germinal Peiro. Ce dernier se serait engagé à « étudier sérieusement le cas allemand » qui offre un cadre réglementaire aux préparations naturelles peu préoccupantes distinct de celui des pesticides. Une liste d'amendements2 au projet de Loi d'avenir agricole a également été déposée par le Collectif Semons la biodiversité dont les Amis de la Terre sont partie prenante.
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SOPHIE CHAPELLE
1/ Association pour la promotion des préparations naturelles peu préoccupantes : www.aspro-pnpp.org 2/ www.aspro-pnpp.org/wp-content/uploads/2014/04/Amendements-actualis%C3%A9s-LAAF-2%C2%B0-lecture-AN_-Collectif-Semons-la-Biodiversit%C3%A9.pdf
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FRANCE
Opération foyers témoins Vive les alternatives à l'obsolescence programmée ! Lancée en avril 2014, l’opération foyers témoins propose des solutions à la portée de tous pour lutter contre l'obsolescence programmée. L'objectif : promouvoir des modes de consommation plus durables. Ils sont une quinzaine de foyers : en famille ou en solo, actif ou retraité, en ville ou à la campagne, chacun a relevé le défi et s’est engagé à trouver des solutions pour allonger la durée de vie de nos biens. Certains souhaitent sensibiliser leurs enfants, d’autres y ont vu une occasion de découvrir de nouvelles façons de consommer. Pour allonger la durée de vie des produits ou s'équiper de biens plus durables, dix gestes ont été proposés sur le site www.produitspourlavie.org. L'un d’eux est de « participer à un atelier d’autoréparation». Car apprendre à réparer son appareil électroménager, c’est possible en allant dans un Repair Café1 par exemple. Et réparer son vélo aussi, en allant à la Vélorution2 ou au Réseau de l’Heureux Cyclage3. Des initiatives en plein boom depuis quelques mois. Inexistant en France l’année dernière, plus d’une dizaine de Repair Café se sont créés depuis, et l’Heureux cyclage compte désormais 70 ateliers !
Echanges, partages Une adhérente de la Cyclofficine, Lorelei, témoigne de la remise en état de son vélo : « Bien que je n'avais aucune connaissance dans les domaines de l'outillage et de la mécanique, j'ai souhaité remettre en état un vélo tout cabossé et tordu, récupéré à la déchetterie, puis je l'ai retapé moimême grâce aux nombreux conseils et démonstrations des bénévoles et des salariés ». Les ateliers d'autoréparation pro-
de nos biens et les stratégies des industriels pour éventuellement limiter leurs durées de vie : pièces indémontables ou peu résistantes, pièces détachées indisponibles ou standards, etc. Les 10 gestes phares, articles et
posent à tous les adhérents du matériel ainsi que des pièces détachées : « découvrir les rouages du vélo a été un plaisir ». Les ateliers de l’Heureux cyclage sont aussi des invitations à découvrir d’autres horizons, partager des récits de voyage en vélo et s’imaginer bénévole « Après avoir mis les mains dans le cambouis, je suis partie à Londres à vélo avec des amis. Bien-sûr j'ai eu quelques problèmes sur la route, mais j'étais très satisfaite d'avoir relevé le challenge. Maintenant, je souhaiterais démonter le vélo pour trouver les failles et le reconstruire. Il me faut encore de l'apprentissage pour devenir bénévole mais peut-être dans un futur proche ». Les ateliers d’autoréparation sont aussi un moyen de mieux comprendre la conception
vidéos sont à découvrir sur le site Produits pour la vie et les résultats sont attendus pour le mois de novembre 2014. A partir de ces résultats, les Amis de la Terre espèrent pouvoir mobiliser les citoyens sur ces solutions faciles à appliquer pour pouvoir dire non aux biens jetables et oui aux biens durables.
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LÉA ALLETZ
Campagne Modes de production et de consommation responsables
1/ Atelier d'auto-réparation spécialisés dans les petits électroménagers. 2/ Collectif qui promeut l'utilisation du vélo www. velorution.org 3/ Réseau des ateliers vélo participatifs et solidaires : www.heureux-cyclage.org/
Du 10 au 12 octobre 2014 Rendez-vous à Alternatiba Gironde ! En octobre 2013, Alternatiba réussissait le pari de réunir 12 000 personnes à Bayonne autour de la lutte contre les changements climatiques. L'appel lancé à la création de 10, 100, 1000 Alternatiba a été entendu : en 2014, des villages des alternatives auront lieu dans de nombreuses villes dont Bordeaux. Objectif : présenter les moyens concrets de parer au réchauffement et de peser dans le débat public. Alternatiba Gironde, ce sont des centaines de militants associatifs et des citoyens réunis pour organiser un événement unique en son genre, répondant à l'appel collectif « Pour répondre à l’urgence climatique, construisons le bien vivre ensemble1 ». Alternatiba Gironde, c'est le 10 octobre 2014, une journée à l'IUT Bordeaux 3 Montaigne en direction des étudiants. Le samedi 11 octobre sera dédié conférences où chercheurs, écrivains, associatifs, et acteurs territoriaux échangeront autour des thématiques : Climat-énergie, Transition, Urbanisme, Agriculture, Consommation, Economie. Et enfin, le dimanche 12 octobre l'immense village des alternatives se déploiera au cœur du quartier Ste Croix à Bordeaux ! Alternatiba Gironde, c'est surtout la mise en lumière de toutes celles et ceux qui travaillent à construire un monde écologiquement et socialement soutenable, juste et solidaire. C'est l'heure où le déchet devient ressource, où l'urbanisme se veut enfin humain et coopératif, où l'énergie se tourne vers la sobriété, et où finalement le climat est préservé. Les alternatives existent, venez les renforcer et les multiplier avec nous !
> 1/ Voir : http://alternatiba.eu/gironde/lappel-alternatiba-gironde/
ALTERNATIBA GIRONDE
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FRANCE
Campagne publique En mai, les Amis de la Terre font le tour des AG Presqu’un passage obligé, l’interpellation publique lors des Assemblées générales (AG) des multinationales est un pari qui peut payer, bien au-delà du simple « coup de com ». Retour d’expérience. projet d’investissement dans la cenLe mois de mai synonyme de trale à lignite Kolubara B. longs week-ends et de barbecue Ces expériences ne font pas excepau soleil ? Pour les Amis de la Terre, tion et ce sont souvent par des siffleles week-ends ont été courts et du ments et des insultes que les assembarbecue, on ne retiendra que le blées ponctuent nos interventions. charbon… sujet brûlant ! Le mois a Que notre action déplaise n'est pas en effet été ponctué par la tenue surprenant puisque nous ne faisons de 6 Assemblées générales, celles que détourner un outil de sa fin – le de nos cibles récurrentes et nomidroit actionnarial. Propre à la France nés Pinocchio favoris. Des d'après nos partenaires étrangers qui moments clés pour interpeller assistent à des Assemblées générales publiquement les directions de dans de nombreux pays, la violence GDF, EDF, BNP Paribas, la Société de telles réactions n'est cependant Générale et le Crédit Agricole, sur pas systématique, même dans l'hexaleurs activités controversées et cligone. Par exemple, hués l'an dernier à maticides. Dans notre viseur, avec Action d’occupation, par Bizi, de l’antenne régionale de la Société Générale l'AG de la BNP Paribas, nous avons l’échéance du Sommet Climat de l’ONU l’an prochain à Paris : leur à Bayonne dans le cadre de la mobilisation contre Alpha Coal, mai 2014. cette année, été applaudis par les mêmes poser une question, il ne s'agit que d'un actionnaires suite à notre intervention soutien au charbon, une énergie des plus droit concédé par l'entreprise ; le maître reconnaissant les avancées de la banque polluantes qui tue chaque année de cende séance, souvent le PDG, peut donc dans un secteur, mais critiquant son soutaines de milliers de personnes et qui arbitrairement décider de ne pas l’octien massif au charbon. menace la possibilité d'assurer un climat troyer à ceux jugés indésirables. Certes, les Amis de la Terre assistent aux AG sûr et sain demain. Chez Total en revanche, pour obtenir des réponses publiques, plus (voir article page ci-contre), les gaz et huile que pour convaincre les entreprises ciblées, de schiste étaient au menu. Sifflements, insultes… toutefois la réaction de l'assemblée reste Différentes du rendez-vous de plaidoyer, ou applaudissements importante puisqu'elle avalise ou non l'hoscomplémentaires de la lettre ouverte, les Ce fut le cas cette année à l’AG du Crédit tilité de la direction à notre égard et Assemblées générales sont la base d'un Agricole qui ne souhaitait pas se voir rapinfluence sa disposition à annoncer des mode de dialogue plus direct où la société peler sa responsabilité dans les impacts mesures allant dans notre sens et visant à civile se joue du tempo des entreprises. Elles du Mountain Top Removal (MTR). Cette changer ses pratiques. font apparaître aux yeux de tous les rappratique d'extraction de charbon à ciel Aucune annonce révolutionnaire ne fut faite ports de force et intérêts des différentes parouvert est à l’œuvre dans les Appalaches, cette année mais les Assemblées générales ties prenantes. D'un côté, les objectifs de financée par la banque malgré l'adoption constituent surtout un temps symbolique profit.« Le Conseil d’administration a dû voter d'une politique sectorielle l'année derdans une campagne de plaidoyer et de sur une diminution de la rémunération des nière. Caméra coupée afin de ne pas diffumobilisation. Les victoires se construisent actionnaires » annonce-t-on à l’AG d’EDF, ser sur grand écran les photos illustrant sur la durée, comme nous le rappelle celle provoquant un tollé général « …mais rassules ravages autant humains qu'environnesur la centrale nucléaire de Kaliningrad. rez-vous, il s’y est opposé » conclut-on d’un air mentaux du MTR, micro arraché, l’interChères entreprises, nous vous disons goguenard. De l’autre, l’irruption des impévention de Paul Corbit Brown, notre partedonc à l’année prochaine ! ratifs de justice sociale et environnementale naire états-unien de la fondation Keepers que sous-tend notre présence. of the Mountains se fait dans la douleur > LUCIE PINSON Les Assemblées générales ne laissent pas la suivie du refus du Crédit agricole de nous Chargée de campagne Finance privée place aux débats ni au dialogue approfondi. laisser intervenir ensuite… Scénario très > MALIKA PEYRAUT Cadrée, parfois chronométrée, chaque similaire chez EDF où le PDG Henri Proglio Chargée de campagne intervention est normée selon des règles a refusé d’entendre notre partenaire Institutions financières internationales définies par l'entreprise. Ainsi, si tous les Natasa Djereg, directrice de l’association actionnaires sont d'ordinaire autorisés à CEKOR venue de Serbie pour dénoncer le
La Société Générale - Victoire à Kaliningrad, pression sur Alpha Coal Il y a un an, les Amis de la Terre et Vladimir Slyviak de l'association russe Ecodefense étaient présents à l'Assemblée générale de la Société Générale pour demander à son PDG de se retirer du projet de centrale nucléaire à Kaliningrad. Leur interpellation publique venait après un premier rendez-vous avec la banque et avant l'organisation d'une semaine d'actions à laquelle ont participé plus d'une dizaine de groupes locaux des Amis de la Terre. Ce sont toutes ces actions qui ont contribué à rendre ce projet lettre morte et à assurer, au moins pour cette fois, un avenir sans nucléaire, aux populations de l'enclave russe. Cette année, notre présence à l’AG de la Société Générale s’est concentrée sur le cas de terminal charbonnier Alpha Coal en Australie. Indifférence des instances dirigeantes, langue de bois, cible de la mobilisation « Requins » d’Attac, occupation d’une antenne régionale à Bayonne par Bizi puis retour à l’envoyeur, la mobilisation se poursuit.
Pour en savoir plus : www.amisdelaterre.org/alphacoal
INTERNATIONAL
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Gaz de schiste en Argentine Montée de la pression publique pour Total Les Amis de la Terre ont lancé en mai une campagne pour soutenir les populations argentines mobilisées contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste en Patagonie. Documentaire, rapport d'investigation, rencontres avec des représentants argentins, intervention à l’AG de Total... Premier bilan à chaud. a été publié suite à une mission terrain menée en décembre 2013. Les activités de Total y sont étudiées : présente en Argentine depuis 1978, et deuxième opérateur de gaz du pays, la multinationale française a acquis des permis dès 2010, avant toutes les autres compagnies. Rien ne semble limiter ses ambitions puisque Total a même commencé à forer dans une aire naturelle protégée. C'est sur ce sujet précis que Carolina Garcia a interpellé Christophe de Margerie, PDG de Total, devant des milliers d'actionnaires, réunis pour l'AG de l'entreprise à Paris : forer un puits de gaz de schiste malgré l'opposition des experts environnementaux de l'aire protégée Auca Mahuida, est-ce vraiment cela être une entreprise responsable ? Comme à son habitude, le PDG de Total a d'abord essayé de se dédouaner au lieu de faire face à ses responsabilités, mais il a quand même reconnu publiquement qu'il y avait peut-être un « problème » et que si besoin ils « corrigeraient le tir ». Les Amis de la Terre vont le prendre au mot, et redoubler la pression jusqu'à ce que l'entreprise abandonne ses projets en Argentine, à commencer par ceux affectant cette réserve. © Diego du Risio
Le débat sur les gaz et huiles de schiste n’est toujours pas clos en France, peu importe, Total et les majors du pétrole avancent ailleurs. Notamment en Argentine, où l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels s’accélère dans la plus grande opacité et contre les intérêts des communautés. C’est ce que raconte le documentaire Terres de schiste1 dressant le parallèle entre l'Argentine et la France : deux histoires de résistances citoyennes, de déni de démocratie, et d'impuPuits foré dans l'aire protégée Auca Mahuida, Argentine. nité des multinationales. Terres de schiste nous emmène bénéficier des témoignages de deux ainsi à Neuquén, en Patagonie argentine, membres de la « Multisectorielle contre le nouvel eldorado des multinationales fracking » : Carolina Garcia, ingénieure en pétrolières, qui se disputent le nouveau Ressources naturelles et Diego di Risio, co« joyau » de l’industrie : la formation de auteur du rapport associé au documen2 Vaca Muerta, qui couvre 30 000 km , et taire. Elles ont donné lieu à des débats contient d’immenses réserves potentielriches et à des pistes d’action pour donner lement exploitables de gaz et huiles de vie au slogan « Gaz et huiles de schiste, ni schiste. Les premiers impacts sociaux et ici, ni ailleurs » porté par les collectifs franenvironnementaux sont déjà visibles : çais et les Amis de la Terre depuis le début accaparement de terres de communautés de la mobilisation en France. mapuche et de petits paysans, puits au sein d'une aire naturelle protégée, absence de consultation des populations, Un rapport accablant répression, etc. Associé au documentaire, le rapport Les projections qui ont fait salle comble à Repousser les limites – la ruée vers les gaz Paris, en Ardèche et dans le Gard, ont pu et huiles de schiste en Patagonie argentine2
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JULIETTE RENAUD
Chargée de campagne sur la RSEE et les Industries extractives
1/ Plus d'informations sur le DVD, et les dates de projection du documentaire Terres de schiste, réalisé par Grégory Lassalle et produit par Les Amis de la Terre France : www.terresdeschiste.fr 2/ Le rapport Repousser les limites – La ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine est disponible ici : www.amisdelaterre.org/rapportargentine Il a été rédigé en partenariat avec l'Observatorio Petrolero Sur, les Amis de la Terre Europe, Pays-Bas et Bankwatch. Une version longue examine aussi les cas de Chevron et de Shell.
Régions - NON, European Gas Limited n’aura pas le Nord et la Lorraine ! European Gas Limited (EGL) détient deux permis exclusifs de recherches en Lorraine et dans le Nord, s’imaginant avoir la possibilité d’extraire du gaz de couche sans fracturation hydraulique et en toute quiétude : 150 puits sont ainsi prévus en Lorraine. Mais nous sommes ici en « terre » rebelle et celle-ci donne déjà du fil à retordre à l’entreprise de forage. A ce jour, 4 puits sont en cours de forage et un puits, ennoyé sur les communes de : • Trietling avec un long temps d’arrêt pour cause de casse de tête de forage. Afin de la récupérer, l’entreprise a dû forer un trou plus gros ; • Folschviller fermé par une vanne en attente d’exploitation ; • Freybouse où le sol a été exploré avec une sondeuse ; • Pontpierre est prêt pour la deuxième étape à savoir le forage pour préparer l’exploitation ; • Diebling où la tête de forage a rencontré une faille traversée par un gros débit d’eau en communication directe avec la nappe des grès vosgiens, le forage a été ennoyé. Un collectif a été créé en 2010 grâce en partie aux Amis de la Terre Meurthe-et-Moselle. Mais la confiance ne règne pas entre EGL et le collectif, ni entre le collectif et les politiques locaux… Un seul député a daigné recevoir le collectif, mais nous ne désarmons pas ! Une émission de radio mensuelle nous permet de nous exprimer et de recevoir des invités, créant un débat, mais il faudra que le combat passe par d’autres phases que des articles dans la presse. FNE a déposé un recours pour l'annulation des permis exclusifs de recherche pour l'exploration de gaz de houille en Lorraine. Il faut unir nos forces. Merci à tous les militants qui se battent pour cette cause et d’autres.
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L'ECOLOVENGEUR LORRAIN
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MOBILISATION
Tu la fais où ton action « pollutaxe » toi ? Répondant à l'appel du collectif basque pour la pollutaxe, plusieurs centaines de militants ont participé à une semaine d'action pour rappeler que c'est aux pollueurs d'assumer les coûts des pollutions liées aux transports. 2 465 753 euros. C'est le manque à gagner journalier pour le financement des transports, depuis que le gouvernement a décidé de suspendre la taxe kilométrique poids lourds. Conséquence, les résultats de l'appel à projet des transports collectifs, qui devaient être connus en janvier, sont gelés, tout comme les contrats de projets Etatrégion censés financer les travaux de modernisation du réseau ferroviaire. Fatigués de voir la transition énergé68 actions Pollutaxe onté été organisées dans pas moins de 37 villes tique sacrifiée sur l'aude l’hexagone. Ici, à Bayonne, Dijon ou encore Antony, où les Amis de tel des lobbies, les la Terre Val de Bièvre ont pris d’assaut la fontaine de la Croix de Berny. défenseurs de la taxe le 26 et le 3 mai. Des centaines kilométrique poids lourds ont décidé de pasd'usagers des transports et ser à l'action ! Ils ont rebaptisé la taxe kilodes citoyens ont équipé de métrique poids lourds masques blancs anti-pollution « pollutaxe », une façon de rappeler le prinles statues emblématiques de cipe « pollueur-payeur » fondateur de la leur ville, avec des banderoles Charte de l'environnement, En dépit de son « Pollueur = Payeur ! Pollutaxe impact sur les infrastructures, la pollution de maintenant ! » De nombreuses l'air et le climat, le transport routier est actions ont été relayées par les depuis longtemps favorisé au détriment du médias locaux, démontrant la fret fluvial et ferroviaire, dont la part modale capacité de communication décline sans que nul membre du gouverneautour de cet enjeu. ment ne s'en émeuve. Cette semaine d'actions coïncidait avec l'audition le 30 avril de la ministre de Pollutaxe maintenant ! l'Écologie, du développement durable et En deux semaines, les militants se sont de l'énergie par la mission parlementaire passé le mot. Résultat, 68 actions ont été d'information sur l'écotaxe. Mais elle a réalisées dans 37 villes différentes entre
fait la sourde oreille aux préoccupations des militants, confondant l'écologie punitive avec la punition de l'écologie. Non seulement la collectivité continuera à payer les coûts induits par le transport routier, mais les dérogations et suspensions successives privent aussi de nombreux citadins de transports en commun.
Le gouvernement doit prendre sa décision au cours du mois de juin : nous devrons être prêts à défendre la mesure. À vos masques, prêts ? Partez !
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LORELEI LIMOUSIN
www.pollutaxe.org
Bientôt une banque éthique en France ! Le 24 mai 2014, la Nef convoquait une Assemblée générale extraordinaire afin de modifier ses statuts. 11 146 votants se sont exprimés, permettant d’atteindre le quorum et de transformer la Nef, future ex-société financière en banque. Un quart de siècle après la création de la société financière « éthique », qui soutient des projets à vocation culturelle, environnementale, et des projets liés à l’économie sociale et solidaire, une nouvelle étape est franchie. Il faut aussi comprendre sous cet intitulé, une banque qui s'engage à publier l'intégralité des opérations réalisées avec l'argent qui lui est confié et la
possibilité pour les épargnants de choisir ce vers quoi ils veulent orienter leur argent. Il s’agira de la première banque éthique française mais de la dernière en Europe de l’Ouest… Les Amis de la Terre accueillent avec émotion et fierté cette évolution qui permettra d’engager un plus grand nombre de citoyens vers la transition écologique, par le biais du levier financier, qui plus est. Alors que les banques climaticides continuent leurs œuvres (voir page 7), l’alternative au système bancaire dominé en France par BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit agricole se met en place.
Livrets, comptes à vue et moyens de paiement seraient disponibles d’ici à la fin 2015. Client d’une grande banque française, votre banque ne change pas ses pratiques et persiste à soutenir les énergies fossiles, le nucléaire, le charbon ? Changez de banque !
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CAROLINE PRAK
Les Amis de la Terre
Pour en savoir plus : http://www.lanef.com/quisommesnous/intr oduction.php
DOSSIER
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TAFTA, un nouvel AMI qui ne nous veut pas que du bien Dans les années 1990, les négociations sur l'Accord multilatéral d'investissement (AMI), au sein des pays de l'OCDE, visait à la suppression des obstacles à la « liberté d’investir » à l’étranger. Les firmes s’estimant spoliées par des normes nationales gênant leurs investissements à l’étranger, pouvaient selon l'AMI, attaquer en leur nom les Etats devant des instances d’arbitrage privées. Face au tollé soulevé et à la réticence de certains responsables politiques, l’AMI n’a finalement pas été adopté. La déclaration de David Rockfeller1 : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble être l’entité adaptée pour le faire » restait sans suite, mais le dessein des grandes multinationales de mettre à mal la souveraineté des Etats, au terme d’une longue guerre d’usure, se poursuivait. La nouvelle attaque est portée avec le grand marché transatlantique... Qu'on le nomme TAFTA (Transatlantic Free Trade Area), TTIP (Transatlantic trade and investment partnership) ou en français PTCI (Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement) ou GMT (Grand marché transatlantique), ce nouvel accord commercial est en cours de négociation au sein de la direction du Commerce de la Commission européenne. Menées à huis clos entre les Etats-Unis et l'Union européenne, les négociations suscitent la polémique et des inquiétudes légitimes d'autant que les parlements nationaux n'ont pas été consultés. En France, la création de collectifs anti-TAFTA au sein desquels militent de nombreux militants d'ATTAC et des Amis de la Terre, ont aidé à sensibiliser et à mobiliser autour de ce débat obscur au premier abord... Pourtant le TAFTA cristallise les ravages d'une mondialisation commerciale que nous combattons : celle d'une hégémonie des multinationales au nom d'une liberté du commerce qui se moque de l'intérêt général. Celle où les lobbies, qu'ils soient agroalimentaires, énergétiques, financiers, se mêlent au pouvoir politique pour entretenir le flux de leurs marchandises et de leurs profits, poursuivant dumping, et ouvrant toujours de nouveaux champs d'exploitation, de privatisation et de marchandisation (du vivant entre autres)... Notre avenir sera-t-il bradé au nom du commerce ? Abandonnerons-nous la démocratie, la souveraineté de nos Etats au profit des multinationales ? Les opposants ne l'entendent pas de cette oreille. Délibérations locales et zones anti-TAFTA voient le jour et essaiment. Oui, nous empêcherons le règne du marché total. No pasaran !
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LES AMIS DE LA TERRE ET ATTAC FRANCE
1/ Newsweek,1999.
Ce dossier a été co-rédigé avec la participation d'ATTAC France france.attac.org/
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Notre avenir sera-t-il aux mains des multinationales ? Le 8 juillet 2013, l'Union européenne et les États-Unis ont entamé des négociations en vue d'un accord commercial bilatéral connu sous le sigle de TAFTA (Accord de libre-échange Transatlantique). Au même moment, l'accord entre le Canada et l'Union européenne (AECG ou CETA) arrive à finalisation après cinq ans de négociations. Ces deux accords portent les mêmes mécanismes et constituent des attaques massives aux principes démocratiques. Le grand marché transatlantique qui serait créé constituerait la zone de libreéchange et de libéralisation de l'investissement la plus vaste existante, représentant plus de la moitié du PIB mondial et du tiers des échanges commerciaux. Comme d’autres accords bilatéraux en cours de négociations, les négociations ne se bornent pas à la question des barrières douanières, mais s’étendront aussi aux « barrières non-tarifaires » aux échanges. En fait, toute norme, même décidée démocratiquement, peut, de fait, être considérée comme un obstacle au commerce. Il s’agit donc de négocier leur nivellement par le bas. Le volet « investissement » du mandat de négociation du TAFTA comprend un « mécanisme investisseurs-Etats » particulièrement dangereux (voir page 13). Il permettrait aux transnationales de poursuivre des États dont les normes sanitaires, écologiques ou sociales ou des réglementations seraient jugées comme des entraves aux investissements étrangers. L’objectif : étendre le champ possible des investissements, « sécuriser » ou plutôt sanctuariser les investissements… et les bénéfices des investisseurs. Le TAFTA et le CETA pourraient avoir des conséquences considérables dans bien d'autres domaines qui dépassent largement le périmètre du commerce, comme le renforcement drastique des droits de propriété intellectuelle et du domaine du brevetable, ou les libertés des citoyens sur internet. Pour la Commission européenne, qui négocie au nom de tous les pays de l’Union européenne, il s'agit d'aligner le TAFTA et le CETA sur « le plus haut niveau de libéralisation » qui soit. Elle souhaite même que les accords servent de modèle pour tous les autres accords de libéralisation dans le monde.
Les risques sont nombreux 1 • Diminution des droits de douanes et attaques sur les normes sanitaires et écologiques Le mandat donné à la Commission européenne par le conseil des ministres européen du Commerce du 14 juin comprend une « réduction substantielle des tarifs douaniers ». Si les droits de douane sont en moyenne assez faibles de part et d'autres de l'Atlantique, dans certains secteurs, ils restent élevés. C'est le cas de l'agriculture, avec des droits de douane moyens de 7 % côté États-Unis...et de 13 % côté Union européenne.
Ces droits de douane permettent de protéger certains secteurs vis-à-vis d'une agriculture états-unienne plus industrielle, plus « compétitive » grâce à des normes sociales et environnementales au rabais. Que se passerait-il si ces droits de douane étaient démantelés ? Face à la déferlante de produits agricoles américains, notre propre agriculture n’aura d’autre possibilité que de s’aligner encore davantage sur un modèle agro-exportateur défendu également par les transnationales européennes. La concurrence accrue poussera à tirer vers le bas les coûts de production, et donc les standards environnementaux, alimentaires, sociaux. Les circuits courts et la relocalisation des activités agricoles, la transition agricole vers l'agro-écologie et l'agriculture paysanne seraient compromis. Au-delà des barrières douanières, l'Union européenne et les États-Unis présentent de
fortes différences de règles sanitaires, environnementales (appelées «préférences collectives ») et notamment de bien-être animal dans le secteur agricole et alimentaire. Les négociations du TAFTA seront l’occasion pour les États-Unis de pousser l’Union européenne à en finir avec ses mesures « protectionnistes » et à s’aligner sur les standards américains. Le risque est grand de voir arriver dans nos assiettes le bœuf aux hormones, les OGM, les poulets chlorés, les porcs à la ractopamine. Par ailleurs, pour l’industrie européenne comme pour les industries canadienne et américaine, et notamment pour les industries extractives, les négociations sont une aubaine : l’occasion d’obtenir la remise en cause de normes écologiques (notamment sur l’exploitation des sables bitumineux ou l'exploitation des gaz de schiste) ainsi qu’une réglementation européenne
© Christophe Dombres
DOSSIER - TAFTA : Sauvons la souveraineté populaire !
REACH sur les produits chimiques, jugées trop contraignantes. Les banques et assurances sont également à l'affût : le TAFTA et le CETA seront aussi l’occasion pour les lobbies financiers de négocier une révision à la baisse des normes de régulation financière et bancaire, et d'obtenir une nouvelle libéralisation des services financiers. Il deviendra impossible de renforcer le contrôle des banques, de taxer les transactions financières, de lutter contre les fonds spéculatifs, car les acteurs financiers attaqueront les gouvernements pour entrave à leurs intérêts dans le cadre du mécanisme de règlement des différends (voir ci-après). 2 • La marchandisation de nouveaux pans de l'économie Les négociations devraient notamment porter également sur l’ouverture des marchés
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permettrait aux transnationales de porter publics, sous la pression des transnationales plainte contre un État ou une collectivité européennes et notamment françaises ; les territoriale dès lors qu'une loi ou qu'une collectivités locales pourraient être réglementation ferait entrave au comcontraintes pour leurs besoins en termes de merce et à l'investissement dans le cadre travaux, fournitures ou services à lancer des du TAFTA et du CETA. appels d’offre ouverts aux multinationales. Pour les transnationales, l’enjeu est Avec à la clé des règles strictes qui ne leur immense : il s’agit de se voir donner la possipermettront plus de favoriser les entreprises, bilité d’agir en véritable « police de l'investisemplois et produits locaux (et donc le dévesement », d’obliger les États à se conformer loppement local), ni d’adopter des normes à leurs règles et de pouvoir éliminer tout environnementales ou sociales élevées. obstacle à leurs profits présents mais aussi Le gouvernement français a affirmé partout futurs. Des obstacles qui peuvent être des que l' « exception culturelle », qui permet de normes sanitaires, écologiques, sociales, subventionner en partie la production cultuvotées démocratiquement, relle, serait préservée dans et remises en cause au nom les négociations TAFTA. Mais « La concurrence du principe sacré du droit d'une part, elle n'est pas préaccrue poussera des investisseurs ! vue dans le CETA, et d'autre On trouve de nombreux part, l’exception incluse dans à tirer vers le bas exemples de plaintes de le mandat de négociations les standards transnationales dans le ne concerne que l'audiovisuel : aucune restriction n'a environnementaux, cadre d'accords de libreéchange déjà conclus et qui été prévue pour les autres alimentaires, comprennent de tels mécasecteurs de la culture et du nismes « investisseurs-Etats ». numérique. Cette exclusion sociaux. » Certains Etats ont ainsi été du mandat de négociation condamnés à des amendes n'est par ailleurs pas définitrès dissuasives, se chiffrant souvent en miltive : à tout moment, la Commission peut lions de dollars, parfois même en milliards demander l'élargissement de son mandat (Nouvelle Zélande, Uruguay, Argentine, etc.). de négociations. Il n’y a aucune garantie Ainsi, la multinationale Lone Pine a, dans le qu’elle ne l'obtienne pas à la faveur de cadre d'un mécanisme similaire, poursuivi le quelques marchandages. Ces secteurs ne gouvernement canadien et demandé 250 seront pas à l'abri du mécanisme de règlemillions de dollars de réparation pour des ment des différends (voir ci-après). investissements et des profits qu'elle n'a pas De plus, le cadre du chapitre sur le secteur pu réaliser à cause du moratoire sur l'extracdes technologies de l’information et de la tion des gaz de schiste mis en place par le communication (TIC), les négociations préQuébec. En France, après des mobilisations voient dans les deux accords des mesures populaires très fortes, la fracturation hydrauqui étaient déjà prévues dans le cadre de lique est pour l'instant interdite. Mais régulièl’ACTA, qu'une large mobilisation avait rement, les industriels du secteur reviennent conduit à l'échec. Au nom de la lutte contre à la charge pour convaincre les autorités des le « piratage » elles pourraient représenter bienfaits pour l'économie de cette extraction de véritables menaces contre les libertés ultra-polluante. Que se passera-t-il si les sur internet, en mettant en place les condigéants de l'énergie européens, canadiens ou tions d’une surveillance généralisée du américains utilisent les accords pour poursuiréseau. Autre conséquence du renforcevre le gouvernement français ? ment des droits de la propriété intellecEnfin, le projet TAFTA prévoit un mécanisme tuelle, l'accès des consommateurs à des de coopération réglementaire qui obligemédicaments abordables (génériques) rait tout gouvernement voulant dans pourrait être menacé pour mieux sécuriser l'avenir promouvoir des mesures protecles profits de l'industrie pharmaceutique. trices des populations de les soumettre auparavant aux « commentaires » des 3 • Attaques sans précédent contre lobbies et aux coups de rabots régulier la démocratie : le mécanisme du comité de suivi qui serait institué. De investisseurs-Etat et mécanismes de la sorte, les décisions publiques ne coopération réglementaire dépendraient plus du débat public. La plus lourde menace contre la démocratie concerne le mécanisme d'arbitrage > ERIC VIALE « investisseur-Etat » prévu dans le mandat Groupe Animation Stop TAFTA – ATTAC France donné à la Commission européenne. Ce mécanisme de règlement des différends
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Agriculture La liberté de cultiver entravée par les futurs traités de libreéchange Des centaines de tonnes de semences détruites au prétexte qu’elles n’ont pas été brevetées par des multinationales. Ce qui arrive aux paysans colombiens pourrait aussi se produire en France.
© CHJMB 2000
Appel à la souveraineté alimentaire
Si l’accord entre l’UE et le Canada est ratiLes traités de libre-échange constituentfié en l’état, « il annulerait les avancées ils une menace pour la liberté de resseque nous avons obtenues en France dans mer ses semences ? C’est l’alerte lancée le cadre de la loi sur les contrefaçons », par plusieurs organisations associatives avertit Roxanne Mitralias de la et syndicales après avoir analysé une verConfédération paysanne. sion confidentielle du proCe projet de loi discuté au jet d’accord commercial « S’il n’est pas en Sénat en novembre 2013 entre l’Union européenne et le Canada (CETA), datée mesure de fournir des a suscité de vives réactions en France. C’est à la du 20 décembre 2013. preuves formelles de suite de menaces de « Nous avons notamment eu connaissance du chapila provenance des grèves de la faim par des paysans, que les députés tre sur la propriété intellecsemences utilisées, ont finalement adopté en tuelle » raconte Birgit Muller du Réseau l’agriculteur peut être février 2014 un amendement stipulant qu’un semences paysannes. A sa soupçonné de "recel agriculteur qui multiplie lecture, « il apparaît claireet ressème des graines ment que ce traité de libre de contrefaçon" » récoltées à partir de variééchange, comme les précéBirgit Muller, Réseau tés sélectionnées par l’indents, brade les droits des Semences Paysannes dustrie semencière ne agriculteurs au profit de peut pas être poursuivi l’industrie semencière ». pour contrefaçon. L’article 18.3 du traité mentionne qu’un Selon Birgit Muller, le projet d’accord agriculteur en possession de semences commercial contient aussi des disposid’une variété contenant un caractère bretions refusées par le Parlement euroveté pourrait voir ses « biens saisis » et péen en juillet 2012 dans le cadre de ses « comptes bancaires gelés » ! « S’il l’Accord commercial anti-contrefaçon n’est pas en mesure de fournir des preuves (ACTA). Ce dernier visait à renforcer la formelles de la provenance des semences collaboration des États dans la lutte utilisées, l’agriculteur peut être soupçonné contre les contrefaçons, en les mettant de « recel de contrefaçon » », explique directement au service des entreprises. Birgit Muller. L’article 16.2 précise que La mobilisation citoyenne contre cet cette saisie peut se faire sur simple préaccord a finalement conduit au rejet somption de contrefaçon. En clair, un massif de l’ACTA par les eurodéputés. La paysan qui continuerait de faire ce qu’il a ratification de l’accord commercial entre toujours fait, garder une partie de sa l’UE et le Canada permettrait donc de récolte pour ensemencer ses champs, se contourner la réglementation euroverrait donc menacer d’amendes et de péenne. poursuites judiciaires.
Ce type d’accord commercial bilatéral favorise les prérogatives des entreprises et s’impose au droit national. Les paysans colombiens l’ont découvert à leurs dépens : en 2011, 1 167 tonnes de semences sont retirées de la circulation. L’année suivante, l’Institut agroalimentaire colombien (ICA) confisque ou détruit près de 2 800 tonnes de semences. Motif : l’accord signé avec les États-Unis contient une clause qui oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire produites par les sélectionneurs industriels comme Monsanto ou Syngenta. Pour se mettre en conformité avec cet accord, l’ICA publie un texte en 2010 – la résolution 9.70 – qui rend illégale la vente de semences issues de la sélection paysanne, au motif que leurs qualités sanitaires ne sont pas garanties. La mobilisation de dizaines de milliers de Colombiens dans les rues de Bogotá à l’été 2013 conduit le gouvernement à annoncer le 6 septembre la suspension de la résolution pendant deux ans. Toutefois, « l’ICA continue à aller de ferme en ferme pour demander si les semences utilisées sont certifiées » témoigne Victoria Solano, auteure du documentaire « 9.70 ». La pression étatique sur l’autonomie des petits agriculteurs se poursuit. La position du prochain Parlement européen sur ces accords de libre-échange sera donc décisive pour l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. Dans un appel publié le 29 avril, les Amis de la Terre se joignent à une vingtaine d'organisations pour alerter sur les conséquences de ce traité qui doit être ratifié par les nouveaux eurodéputés. Ce texte « comprend un important volet sur les droits de propriété intellectuelle et impacte par conséquent le droit des paysans à utiliser leurs propres semences », écrivent les organisations signataires. « Ce modèle d’accord est reproduit de traité en traité, tant qu’aucun frein n’y est mis. Vous avez le pouvoir de le stopper. »
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SOPHIE CHAPELLE
En savoir plus : Lire à ce sujet sur Basta ! « Europe : la liberté de cultiver entravée par les futurs traités de libre-échange » http://www.bastamag.net/La-liberte-de-cultiver-entravee
DOSSIER - TAFTA : Sauvons la souveraineté populaire !
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TAFTA : quid de la démocratie ? Le traité de libre-échange transatlantique institue une instance de règlement des différends investisseurs-Etat (RDIE) qui cristallise nombre de tensions et fait craindre le pire pour les droits des citoyens. Au cœur du terme libre-échange se trouve le mot liberté. Une apparence trompeuse si on entend Liberté avec un L majuscule, à savoir les libertés fondamentales des citoyens. Avec le TAFTA, la liberté en question concerne plutôt celle des multinationales à mener leurs activités comme bon leur semble, grâce à une régulation a minima. Le sens du mot prend alors une toute autre dimension, bien plus proche de la réalité. Car le TAFTA pose une sérieuse menace à nos institutions démocratiques, en prévoyant la mise en place de tribunaux arbitraux privés pour le règlement des différends investisseurs-Etat – RDIE (en anglais, Investor-State Dispute Settlement – ISDS). Ces tribunaux privés jugeraient de certains litiges entre entreprises et Etats, au nom de la protection des investissements. Grâce au RDIE, les multinationales auraient le droit de contourner la justice et de poursuivre un Etat dans ces tribunaux privés si elles estimaient qu’une loi ou une mesure mise en œuvre par un corps démocratiquement élu affecte leur potentiel d’investissements (profits futurs inclus). Les décisions seraient rendues par un panel composé d’arbitres intéressés financièrement, des juristes issus du monde de l’entreprise. Selon la Commission européenne, les tribunaux nationaux manqueraient d’indépendance. Attaquer la neutralité de tribunaux souverains, légitimes et sujets à l’appel, a tout de surprenant étant donné qu’un système de justice privé, où règnent les conflits d’intérêts et les décisions arbitraires, paraît au contraire bien plus partial.
Consultation ouverte Devant la crainte de devoir payer des amendes à des multinationales, des Etats pourraient renoncer à voter une loi qui représenterait un frein aux intérêts de certaines entreprises. Ce mécanisme d’arbitrage deviendrait ainsi un instrument indirect de persécution/d’intimidation forçant les gouvernements à légiférer à l’avantage de multinationales, portant atteinte au principe même de démocratie. Ce genre de procédé est aussi connu sous un autre nom : le coup d’Etat. Dans la lutte qui oppose mondes corporatiste et étatique, le premier se hisserait clairement en tête. Le régulé deviendrait ainsi le régulateur, frappant de plein fouet notre système social déjà bien mal en point. Au delà de ces considérations, le fait même que les négociations du traité se fassent dans la plus grande opacité
Action des Amis de la Terre Europe devant le bureau du Commerce à la Commission européenne, Bruxelles, le 22 mai 2014.
constitue un autre déni de démocratie évident. Très peu d’informations ont filtré. Peu de documents ont été portés à la connaissance du grand public ou des médias. Le Parlement européen luimême navigue dans le flou le plus total. Anticipant les inquiétudes des populations, la Commission européenne a néanmoins pris le soin de présenter le RDIE avec toutes les précautions nécessaires : le mécanisme est conditionné à l'accord de tous les Etats membres, à une liste de garantie concernant leurs prérogatives « sociales, environnementales, sanitaires et sécuritaires », et même à « un équilibre général » du Traité… La Commission a ouvert une consultation publique en ligne afin que les citoyens européens puissent s’exprimer (voir encadré), bien que le formulaire en ligne soit peu avenant. « J’espère que lorsque les gens examineront en détail ce que nous souhaitons intégrer dans l’accord, ils se rendront compte que nous œuvrons pour mettre en place un système meilleur que celui qui existe à l’heure actuelle », a déclaré le commissaire européen au commerce, M. Karel de Gucht. Pas sûr que la société civile abonde dans son sens, la réponse des anti-TAFTA étant prompte : des formulaires de propositions de réponses ont spontanément vu le jour afin de manifester l’opposition au traité. Les réponses sont attendues le 6 juillet prochain. Consultation ou pas, ces négociations posent des questions essentielles : dans quel monde voulons-nous vivre ? Un monde où le libéralisme économique ne cesse de se développer au bénéfice des plus puissants ? Un monde où l’arbitrage
privé limite la puissance et la souveraineté des Etats et où la dérégulation à outrance s’est imposée ? Imaginez que vous alliez acheter votre chocolat favori ou de la nourriture pour votre bébé sans savoir qu’ils sont gorgés d’OGM, l’étiquetage de produits OGM n’étant pas obligatoire sur les denrées alimentaires, selon les normes étatsuniennes. Imaginez qu’un géant du nucléaire attaque un jour la France qui aurait finalement décidé de sortir enfin de cette énergie archaïque. Toute norme économique doit être établie sur le principe de servir l’intérêt public contre tous les intérêts privés. Le TAFTA semble encore bien loin de respecter cette hiérarchie.
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NICOLAS ROUX
Les Amis de la Terre
En savoir plus : Site de la Commission européenne Consultation publique sur les modalités de la protection des investissements et des RDIE dans le cadre du TTIP : http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dis patch?form=ISDS Exemples de réponses au questionnaire : http://www.no2isds.eu/
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© jakob huber, campact
Mobilisation anti-TAFTA : le vent se lève public et la possible remise en cause de droits sociaux, environnementaux ou sociétaux fondamentaux pour les citoyens. Alors que les activités au niveau national varient en fonction des opportunités d’actions directes, de la résonance du sujet TAFTA dans les médias et au sein du public, une coordination européenne émerge petit à petit – en lien avec les mouvements antiTAFTA américains – confirmant la détermination de la société civile de combattre ensemble les dangers qu’un accord transatlantique est susceptible de représente. Plusieurs réunions de stratégie ont eu lieu ou sont en cours de préparation – notamment autour des dates clés des tours des négociations – et la possibilité de journée d’action décentralisée à l’automne est également en cours d’étude. Sans aucun doute, la mobilisation citoyenne ne fait que commencer !
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JACQUELINE BALVET
Commission Ecologie et Société Attac France Action à Berlin (Allemagne) de Campact pour dénoncer le traité transatlantique TAFTA (en anglais TTIP - Transatlantic Trade and Investment Partnership).
Dès septembre 2013, un collectif national Stop TAFTA s'est créé, avec un appel signé par 55 organisations (collectifs, associations, syndicats, mouvements politiques) et de nombreux citoyen-ne-s : son objectif étant d'échanger les informations et de s'informer sur les mobilisations prévues, à raison d'une réunion mensuelle. Très rapidement, de nombreux collectifs locaux, départementaux se sont organisés à leur tour – 37 sont déclarés à ce jour – avec 2 tâches principales : 1) informer les élus et la population au plus près de leur territoire, avec des conférences, tractages, actions de rue, stands partout où c'est possible et… 2) engager une large mobilisation pour déclarer un maximum de collectivités Hors TAFTA. Deux régions ont lancé le mouvement (Ile-de-France et Picardie)1 et actuellement une vingtaine de territoires les ont rejoint : interpeller ces élus reste l'enjeu majeur pour faire capoter cet accord. En effet, une pression des citoyens et des élus à tous les niveaux serait une grosse épine dans le pied du gouvernement, qui aurait alors du mal à ne pas envisager un retrait des négociations. Au niveau national, plusieurs mobilisations communes se sont organisées, les dernières en date : • le 10 avril, face à une réunion dans un hôtel très chic du 16ème arrondissement de Paris, le Shangri-La, entre Karel de
Gucht (actuel commissaire européen au commerce), des représentant-es politiques et le patronat des deux côtés de l'Atlantique • le 17 mai, lors de la journée de mobilisation européenne, le collectif national a tenu un stand dans le village des alternatives organisé sur la place de la République à Paris. D'autres rendez-vous sont prévus, une journée d'action décentralisée dans tous les pays de l'Union européenne à l'automne 2014, et en 2015, dans les pays de l'UE et aux USA. Toutes les infos sur www.collectifstoptafta.org
L'Europe unie pour la souveraineté populaire Au niveau européen, la mobilisation s’organise. De nombreuses coalitions antiTAFTA ont vu le jour, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie ou au Danemark. Des représentants de la lutte anti-fracking aux mouvements anti-austérité, ces coalitions identifient toutes le TAFTA comme un point de convergence des multiples combats menés par la société civile à travers l’Europe. Les négociations transatlantiques marquent une potentielle nouvelle étape dans l’emprise des multinationales et groupes de lobbying sur la possibilité de réguler dans l’intérêt
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NATACHA CINGOTTI
Chargée de campagne sur les lobbies et la transparence Les Amis de la Terre Europe
Pour en savoir plus : Basta ! publie dans sa rubrique « Débattre » des tribunes de militants européens qui s'opposent au traité transatlantique. A lire en ligne ici : http://www.bastamag.net/Debattre Les Amis de la Terre Europe ont publié fin 2013 leur position sur le traité « Notre avenir sera-til bradé au nom du commerce ? » en ligne ici : http://www.amisdelaterre.org/Notre-avenirsera-t-il-brade-au.html La section des Amis de la Terre Europe sur TAFTA : http://www.foeeurope.org/EU-UStrade-deal Attac France consacre une rubrique riche en articles d'analyse et de mobilisations en réaction au traité TAFTA : http://france.attac.org/semobiliser/le-grand-marche-transatlantique/ De nombreux groupes locaux des Amis de la Terre France ont organisé des actions et ont également rejoint des collectifs anti-TAFTA. Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées ont ainsi publié un article de sensibilisation : « L’accord de partenariat transatlantique : un traité à jeter à l’eau ! » http://www.amisdelaterre.org/L-accord-departenariat.htm et ont organisé une action satirique le 10 mai 2014 « TAFTA : sauvons la souveraineté populaire ! » http://www.amisdelaterre.org/Action-du-10-mai-sauvonsla.html. Les Amis de la Terre Savoie ont quant à eux organisé une conférence animée par Jacques Cambon d’ATTAC, avec le collectif Stop Tafta 73 : http://www.amisdelaterre.org/CONFERENCE-ET-DEBAT-SUR-LE-GRAND.html
1/ Lire quelques résolutions ici : Besançon : http://www.reporterre.net/spip.php?article5502 Région Picardie : https://elus-picardie.eelv.fr/wp-content/blogs.dir/122/files/2014/04/Motion-La-r%C3%A9gion-Picardie-soppose-au-TAFTA.pdf Région Ile-de-France Région : http://www.reporterre.net/IMG/pdf/tafta-deliberation_ile-de-france_fev_2014.pdf
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Dette écologique : trois pistes pour en sortir Dans « La dette cachée de l’économie »1,Eric De Ruest et Renaud Duterme proposent trois voies pour mettre un terme à la dette écologique grandissante, source de catastrophes environnementales et sociales. Entretien.
Quelles sont les racines de la dette écologique et quelle est la première priorité pour y mettre un terme ? L’expansion européenne, depuis Christophe Colomb, a été en grande partie motivée par l’exploitation des ressources du Sud. Pour maintenir l’accès aux ressources après la décolonisation, l’occident a établi un colonialisme financier, ce qu’Eric de Ruest et moi appelons le « système dette ». Aujourd’hui, le remboursement des dettes des pays du Sud passe systématiquement par l’accaparement des terres, la destruction des forêts ou l’exploitation des ressources naturelles.
L’exemple de l’île de Nauru, dans le pacifique, est caricatural : les habitants se sont lancés dans une course effrénée au phosphate, une exploitation commencée 60 ans avant l’indépendance du pays en 1968. Ils ont d’abord copié le mode de vie occidental et ensuite remboursé la colossale dette accumulée. Cet Etat, le plus petit du monde, est devenu parmi les plus riches du monde en PIB par habitant avant d’être ruiné avec l’effondrement de la production de phosphate de 1990 à 2003. Aujourd’hui la situation sociale, environnementale et sanitaire est calamiteuse. Ce système se déploie aussi en Europe, puisque la troïka incite la Grèce à entreprendre des forages pétroliers en mer pour rembourser sa dette. C’est le mécanisme connu la plupart des pays du Sud ces dernières décennies. Il est donc fondamental de lutter contre une dette financière dont le remboursement impose de sacrifier l’environnement. Vous proposez aussi des changements politiques et institutionnels. Il faut abandonner un système centralisé et verrouillé par des professionnels de la politique fréquentant les mêmes cercles, les mêmes clubs économiques. Les citoyens n’en peuvent plus d’être non représentés par une "élite" qui a cadenassé le monde politique et applique systématiquement les mêmes poli-
tiques. Ce sont les relais d’une oligarchie, du 1 % qui détruit la planète. On doit se tourner vers un système décentralisé, partant de la base, c’est-à-dire donnant la parole aux citoyens. Ce qui se fait en Amérique du Sud, chez les communautés indigènes, chez les zapatistes, nous inspire et inspire de nombreux mouvements sociaux. Les personnes chargées de la représentation ne peuvent en faire un métier et sont dessaisies lorsqu’elles s’écartent du mandat qui leur a été confié. Une telle démocratie reste très éloignée de notre système, mais nous devons y tendre. La justice écologique internationale doit aussi jouer un rôle. Le droit international est désarmé pour protéger l’environnement. Il y a quelques coups d’éclat, comme le procès de l’Erika, mais globalement le crime écologique n’est pas considéré comme tel. Lorsque des amendes sont prononcées, elles restent faibles comparées aux économies ou aux bénéfices réalisés par le pollueur. On est loin d’une vraie justice environnementale qui permettrait de mettre un terme à la dette écologique. L’initiative citoyenne européenne End Ecocide2 va dans le bon sens mais malheureusement, elle ne décolle pas. En tout cas, on est encore loin de la mobilisation contre l’écotaxe…
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PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE COLLET
1/ Eric De Ruest et Renaud Duterme - La dette cachée de l’économie aux éditions Les liens qui libèrent. 2/ www.endecocide.eu/?lang=fr
Terre agricoles et forêts sont menacées par la demande européenne en bio-énergie Les Amis de la Terre Europe ont publié une étude menée par l’Université d’Economie et de commerce de Vienne, qui révèle qu’une surface de la taille de la Pologne et de la Suède pourrait être nécessaire pour fournir les plantes et le bois dont les énergies à base de biomasse auront besoin en 2030. La consommation des plantes agricoles et de bois destinés aux transports, au chauffage et à la production d’électricité devrait doubler d’ici 2030 et exercer sur les forêts et les terres agricoles de la planète, de nouvelles pressions non-soutenables et sans comparaison avec celles qu’on a déjà connues. Rien que pour produire le bois destiné au chauffage et à la production d’électricité, il faudrait utiliser presque 40 % de l’espace forestier productif de l’Europe, si le bois devait provenir entièrement de l’Union européenne. Pour Ariadna Rodrigo, chargée de la campagne sur les ressources des Amis de la
Terre Europe : « La consommation européenne de terres échappe à tout contrôle depuis trop longtemps. Le recours accru à des plantes agricoles et au bois comme combustibles ou carburants doit doubler dans les 15 années à venir, ce qui menacera les forêts, les communautés rurales et la production alimentaire partout dans le monde. » Les Amis de la Terre s’alarment de l’appétit insatiable de l’Europe pour toujours plus de terres et de ressources naturelles. Nous devons non seulement plafonner l’utilisation des agrocarburants pour les automobiles - voire les interdire complè-
tement - mais aussi diminuer l’énorme quantité de terres que l’Union européenne confisque, en mettant en place des objectifs exécutoires qui réduisent la surconsommation. La Commission européenne s’est engagée en 2011, à commencer à mesurer et réduire la consommation des ressources naturelles, mais il est à craindre qu’elle n’ignore les terres et l’eau.
Pour en savoir plus : http://www.amisdelaterre.org/Les-terresagricoles-et-les-forets.html
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Pratiques Au revoir Windows, je passe au libre ! En avril dernier, Microsoft a mis fin au support Windows XP entraînant peut-être la mort artificielle de 500 millions d’ordinateurs qui en étaient équipés à travers le monde. L’obsolescence logicielle frappera-t-elle encore ? Windows pense-t-il par cette décision unilatérale nous imposer ses nouvelles machines ? C’est sans compter sur les logiciels libres ! la fenêtre (J) aux alternatives populaires, collaboratives, libres. Car il est possible d'abandonner Windows, sans abandonner son matériel, en passant aux logiciels libres. Pourquoi passer au libre ? Les logiciels libres sont souvent totalement gratuits, très fiables, beaucoup plus ergonomiques, sans virus, et permettent de prolonger très longtemps la durée de vie des appareils électroniques tout en étant plus économes en énergie. C'est par exemple le cas du système d'exploitation Linux/Ubuntu, dont certaines versions sont spécifiquement conçues pour être installées sur des ordinateurs anciens. Au quotidien, nous utilisons d'ailleurs de plus en plus d'applications développées par le monde du logiciel libre : Mozilla Firefox pour naviguer sur le web, l’encyclopédie Wikipédia, ou encore Thunderbird pour la messagerie, VLC pour visionner des films, SPIP pour le site web des Amis de la Terre. Le libre repose sur 4 libertés fondamentales : la liberté d’utiliser,de copier,d’étudier le logiciel, ainsi que de modifier et redistribuer les versions modifiées. L’univers du libre est à découvrir, en privilégiant les applications ou en installant une distribution libre sur votre ordinateur. Des associations comme April, Coagul ou Emmubuntus proposent bénévolement de vous accompagner dans cette démarche. N’hésitez pas à vous informer à rencontrer un groupe de bénévoles près de chez vous ou de votre groupe local Amis de la Terre : http://wiki.april.org/w/Liste_des_Gulls_ en_2014. © Dullhunk
Spot TV, alerte au démarrage du PC, pages web dédiées, Microsoft n'a pas lésiné sur la communication pour inciter à passer à la technologie supérieure, jouant sur la peur des virus et vantant les mérites des nouveaux PC. Une « invitation » qui implique de mettre au rebut les ordinateurs équipés XP et trop « faibles » pour son nouveau système d’exploitation… et qui pourrait rapporter 32 milliards de dollars à l’industrie informatique. Quid de l’impact social et environnemental de cette décision ? Microsoft est resté très silencieux à ce sujet malgré l’interpellation publique des Amis de la Terre1. Car le secteur des nouvelles technologies est loin d'être vert. Un ordinateur contient du plomb et du mercure, des substances qui présentent un risque sanitaire si elles ne sont pas dépolluées correctement. Le recyclage des déchets électriques et électroniques est encore loin d'être performant : pour produire de nouveaux PC, de nouvelles ressources doivent toujours être prélevées.
Apprivoiser les logiciels libres Pour réduire l'impact écologique de nos appareils, donnons la priorité à l’allongement de leur durée de vie. Oui, les géants de l'informatique usent de toutes les stratégies pour accélérer le rythme de renouvellement des produits. Non, tous les consommateurs ne veulent pas suivre ce rythme effréné. Ainsi, malgré la commercialisation de 3 nouveaux systèmes d'exploitation, 30 % des utilisateurs de Windows ont continué à utiliser XP. Système privé, verrouillé et fermé, l’abandon de sa mise à jour ouvre maintenant
Quelques exemples : Logiciel commercial
Logiciel libre
Système d'exploitation
Windows
GNU/Linux (ex : Ubuntu)
Navigateur Internet
Internet Explorer, Google Chrome
Firefox
Organiser un RDV
Doodle
Framapad
Partager des documents
Google docs
Framapad
Traitement de texte, bureautique, tableurs...
Microsoft office
Open Office ou Libre Office
Messagerie
Microsoft Outlook
Thunderbird
Traitement d'image
Photoshop
Paint.net ou GIMP
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CAMILLE LECOMTE
Chargée de campagne Modes de production et de consommation responsables
1/ Windows programme l’obsolescence de 500 millions de PC dans le monde et un immense gaspillage écologique. http://www.amisdelaterre.org/Windows-programme-l-obsolescence.html
Témoignage « J'ai commencé à utiliser les logiciels libres en 2004, d'abord via Firefox pour la navigation internet, Thunderbird pour la messagerie, et Open office pour le traitement de texte. Puis j'ai voulu pousser la logique jusqu'au bout en passant au système d'exploitation Linux, d'abord Mandriva (une entreprise française) puis Ubuntu, la distribution Linux la plus courante pour les utilisateurs lambda. Au quotidien je suis extrêmement satisfait de ce choix, à tel point que revenir à des logiciels « propriétaires » (Windows, etc) est désormais une torture. Outre les valeurs morales associées aux logiciels libres (liberté, coopération, etc), que je recherche en tant qu'adhérent des AT, ils constituent pour moi une alternative technique vraiment beaucoup plus performante. En termes de facilité d'utilisation, de coût, de fiabilité et de sécurité, pour moi il n'y a pas de question à se poser !
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GWENAEL
adhérent des Amis de la Terre