TEMOINS TEMOINS etet D’UNE
tet RENCONTRE
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
13 Premier Plan 14 Pas à pas L’art d’accompagner de St François de Sales
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Les racines du futur
Editorial Une année riche d’événements de Giuseppina Teruggi
Une rencontre, une unique passion : Voir Dieu dans le visage de chaque jeune 18
Amour et Justice «Donnez-leur vous-mêmes à manger»
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20 Fil d’Ariane
Dossier Témoins d’une rencontre
dma Revue des Filles De Marie Auxiliatrice Via Ateneo Salésiano 81 000139 Roma Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06 e.mail : dmariv2@cgfma.org
Vocation
Directrice Responsable Mariagrazia Curti Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano Collaboratrices Tonny Aldana Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià .
Maria Antonia ChinelloAnna Condò Emilia Di Massimo Dora Eylenstein Laura Gaeta Bruna Grassini Maria Pia GiudiciPalma Lionetti Anna Mariani Adriana Nepi Louise PasseroMaria Perentaler Paola Pignatelli Lucia M;Roces Maria Rossi Loli Ruiz Perez
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ANNEE LVII MENSUEL / MARS-AVRIL 2011
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En recherche
Communiquer
Culture
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24 heures sur 24
Témoins numériques Quel humanisme dans la culture numérique
29 Pastoralement L’autorité dans la relation éducative
37 De personne à personne
31 Femmes sur le terrain
Ponts des ondes radiophoniques
Femme en dialogue
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Vidéo Bienvenue au Sud
Notre Terre Pour une agriculture soutenue
41 Livre Sœur
43 Lettre à un ami
Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande Bernadette SangmaMartha Seïde Traductrices France : Anne-Marie Baud Japon : Province japonaise Grande Bretagne : Louise Passero Pologne : Janina Stankiewicz Portugal : Maria Aparecida Nunes Espagne : Amparo Contreras Alvarez
EDITION EXTRACOMMERCIALE Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma C.C.P.47272000 Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970 Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge 662/96 – Filiale di Roma
N° 01-02 Janvier-Février 2011 Tipographia Istituto Salésiano Pio XI Via Umbertide 11,00181 Roma
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Restere avec… Giuseppina Teruggi
“Quand je fais une forte expérience de dialogue avec Dieu dans la prière, par-dessus tout dans l‟Eucharistie, je sens une force renouvelée pour dialoguer et rencontrer avec bonté et ouverture les personnes avec lesquelles je vis”, me disait une soeur il y a quelques jours. La Rencontre en profondeur – nous en sommes toutes convaincues- est à la racine de notre relation interpersonnellle, c‟est la promesse, la condition pour la vraie rencontre avec les personnes. A divers niveaux. Sur le plan éducatif : où souvent le prix d‟une rencontre qui fait grandir implique aussi le savoir prendre des décisions motivées difficiles, quand un bien supérieur le demande. La rencontre se fait proximité, accueil, écoute, fermeté, hospitalité. Sur le plan interculturel et interreligieux : où le dialogue est la voie pour rendre saines les blessures d‟un “monde déchiré”. Dans les comparaisons de la nature : dans un rapport de respect, d‟une augmentation des ressources, avec le soin aussi d‟une “agriculture soutenable”. Sur le plan virtuel : un espace de relations, habité avec une fréquence toujours plus grande surtout pour les jeunes. Qui ne doit pas toutefois diminuer la relation humaine. La vraie rencontre n‟a pas besoin de beaucoup de paroles. C‟est un dialogue de la vie qui s‟exprime dans l‟agir ensemble, dans la communion des gestes, dans la fécondité du signe. Nous avons la certitude que la rencontre est authentique si elle s‟alimente dans la rencontre profonde avec celui qui donne sens à toutes les autres rencontres.
Soeur Maria Pia Giudici le dit sous forme poétique, dans un texte du 2 février dernier. Elle l‟a intitulé :
Rester “Rester avec Toi comme un sarment avec la vigne et dans la vigne. Rester avec Toi/ comme le petit bourgeon avec son grand arbre. Rester avec Toi/ comme la cime de l‟arbre avec l‟air bleu azur, comme ses racines avec la terre qui la nourrit. Rester avec Toi/ comme la bien-aimée avec Celui qui l‟aime. Rester avec Toi avant la contemplation démêlant par avance les bruits qui pourraient survenir. Rester avec Toi Apprenant le profond silence du cœur D‟où ta Parole a l‟espace et la voix pour être communiquée. Rester avec Toi, ô Source de la vie, pour que la Parole, limpide jaillit en nous et de nous s‟écoule remplie d‟un Nouvel Amour et rejoint le cœur des jeunes. O Maître Epoux Seigneur, rester avec Toi est le secret qui sauve l‟avenir du monde gteruggi@cgfma.org
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Témoins d’une rencontre Emilia Di Massimo Giuseppina Teruggi
Un chercheur sur le thème de la ”rencontre”, Ferdinand Ebner, a démontré que la relation jetu se transforme en une “rencontre” seulement et uniquement dans une situation d’amour. Maria Spólnick, fma, qui a étudié sa pensée, a relevé ceci : “Pour qu’une personne en rencontre une autre en vérité, toutes les deux doivent se convertir chaque jour, l’une en présence de l’autre. Elles doivent oser des actes d’amour réciproques. […] Pour que quelqu’un puisse se tourner vers l’autre comme vers un tu, il doit lui-même en premier être interpelé par quelqu’un d’autre de manière personnelle-communautaire. […] Notre amour consiste dans le fait que "nous avons été aimés en premier" (1 Gv 4,10). (“La rencontre est la relation Juste” – LAS, Roma, 2004)
La dynamique de la rencontre La rencontre, qui est à la racine de toute relation interpersonnelle, a sa genèse dans l‟Amour que Dieu a versé dans nos cœurs et dont Il a rempli notre existence. Ceci est le paradigme, le modèle pour toute rencontre. “Dieu ne peut qu‟aimer” répétait frère Roger, prieur de Taizé, convaincu que Dieu prend soin de chaque être humain avec une infinie tendresse et une profonde compassion. “Quand nous comprenons que Dieu aime, même le plus abandonné des êtres humain, notre cœur s‟ouvre aux autres, nous nous rendons plus attentifs à la dignité de chaque personne humaine.” A la lumière de la Parole et de la Bonne Nouvelle communiquée par Jésus, nous croyons que l‟Amour est la nature même de Dieu, que “Lui, nous a aimés le premier”. Et
nous ne pouvons que donner une réponse qui aille dans le même sens : une rencontre d‟amour. L‟Amour, se fait rencontre et se concrétise dans les rencontres avec chaque créature aimée de Dieu. Quand une personne découvre qu‟elle est aimée, un élan de vie et de bonheur jaillit en elle, avec la volonté d‟entrer en relation avec les autres. A ce propos, l‟expérience racontée par Bruno Ferrero est très intéressante ; il s‟agit d‟une jeune en proie à une profonde frustration parce qu‟elle ne se sent pas aimée. Depuis son enfance, elle a expérimentée l‟amertume du rejet, avec l‟impression de n‟avoir pas été désirée par ses parents qui systématiquement marquent leur préférence pour son frère et sa sœur, à son détriment, comme si elle n‟existait pas. Elle est convaincue d‟être de trop, de gêner, de ne pas être la bienvenue. Elle a vécu ainsi, avec un malaise profond et une blessure permanente. Elle-même raconte: “Quand j‟allais à l‟école, tout le monde avait des amis, sauf moi. J‟avais l‟impression qu‟aucun homme n‟aurait pu m‟aimer. Un jour (je me trouvais dans un bois) je m‟étais assis au pied d‟un arbre et tout à coup je fus remplie de la certitude que Dieu m’aimait ”. La certitude d‟être aimé de Dieu : voilà le motif qui fait jaillir le besoin de l‟aimer, d‟aimer les autres, de s‟ouvrir à la rencontre. Au-delà des blessures, au-delà de toute désillusion
Le primat de l’Amour La personne est un mystère, caractérisée principalement par un désir infini d‟aimer et d‟être aimée. Parmi toutes nos qualités, c‟est l‟amour qui nous exprime avec la plus grande certitude la vie supérieure présente en nous..
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Le primat de l‟amour a toujours été célébré par des histoires et des mythes dans les civilisations les plus anciennes Dans le mythe grec du labyrinthe de Crète, il est question d‟un cadeau magique qui permet à la princesse Ariane de sauver la vie de Thésée, le prince athénien dont elle est amoureuse. Ce cadeau est une bobine de fil d‟or que lui a donnée Dédale, l‟inventeur du labyrinthe, avec les instructions : elle doit la passer à Thésée, laquelle la déroulera petit à petit en avançant jusqu‟au centre du labyrinthe. Là elle devra battre le terrible Minautore, puis revenir sur ses pas, auprès d‟Ariane, en suivant le fil. Au travers de l‟histoire, ce fil d‟or a pris le nom de "fil conducteur". A ce qu‟il paraît, les auteurs antiques de ce mythe voulaient dire que l‟amour est le fil d’Ariane qui nous guide à travers le labyrinthe de la vie, et que ce fil
est une sorte de "signe" d‟une Existence Supérieure. L'amour est, donc, le signe indicateur et constant d‟une vie supérieure dont nous sentons le rappel, et une telle vérité concerne tout être humain, indépendamment de sa croyance. Dans l‟œuvre “Le petit livre de l‟amour”, Jacob Needleman cite Kierkegaard quand il affirme que “le pouvoir d‟aimer volontairement un autre être humain nous est donné seulement en conséquence de notre capacité à nous ouvrir à l‟Entité Supérieure (l'éternel ou Dieu) en nous et au-dessus de nous... C‟est une grave erreur d‟imaginer pouvoir aimer volontairement une autre personne sans, en même temps, aimer l‟entité Supérieure en nous et au-dessus de nous.”
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L‟expérience d‟amour est, avant tout, une expérience d‟amour passif : un amour qui nous précède, l‟amour d‟un Autre qui nous “construit”, un amour gratuit. Dans la mesure où je me sens aimée par Dieu “je suis”, et c‟est seulement si j‟ai fait l‟expérience de cet amour créateur et sauveur que je peux à mon tour, être capable d‟aimer. Qui est appelé à la vie consacrée, vit l‟amour de Jésus, avant tout comme une expérience personnelle : il naît de “la présence” dans notre cœur du Christ crucifié et ressuscité, et de la “forte prise de conscience” de cette réalité de la part du consacré. C‟est de là que naissent les relations profondes de personne à personne. Le Christ crucifié et ressuscité n‟est pas quelque chose, mais Quelqu‟un. Il n‟est pas un personnage du passé, mais une personne vivante, présente, ici, maintenant ! Et la Rencontre avec Lui, devient une habitude quotidienne qui se concrétise nécessairement par l‟ouverture à tant d‟autres rencontres.
Je m’engage à … Jésus est présent, et vivant. Mais comment vivre continuellement en Sa Présence, comment faire de la vie une continuelle liturgie de louange ? (Cost. 48). Comment la prolonger dans le temps et témoigner que nous l‟avons vraiment rencontrer ? Voici une suggestion : s‟obliger à casser le rythme intense de nos journées et à être fidèle, tout le long du jour, à des moments pour s‟arrêter, se retrouver, rencontrer l‟Aimé de notre cœur, soi-même, le prochain, et ceci parce que nous sommes sûrs que “prétendre que la prière est inutile, est la même chose qu‟affirmer que l‟on peut arriver en quelque lieu que ce soit sans marcher.” (Thomas D'Aquin). Donner de son temps à Dieu, fidèlement, chaque jour, au-delà de ce que nous pouvons ressentir ou non. La prière est lumière, force, réconfort. Plus nous sommes prises par des
tas de choses à faire, plus il est essentiel de trouver des espaces de prière, au moins en qualité et profondeur si cela ne peut se faire durant de longs moments. Nous sommes toutes convaincues de cela, mais quelquefois se présente la question : “Pourquoi prier ?”. Les grands spirituels répondent simplement : “Pour vivre” Pour vivre il est nécessaire de prier, arriver à prier sans interruption, parce que c‟est la prière qui nous apprend à aimer. Seulement celui qui aime vit vraiment et seulement celui qui se sent aimé et transformé par l‟amour, aime vraiment. L‟amour naît de la rencontre et vit de la rencontre avec l‟amour de Dieu, le plus grand et le plus vrai de tous les amours, l‟amour au-delà de toute définition et de toute possibilité. En priant, on se laisse aimer par Dieu et on naît à l‟amour de Dieu. On ne peut saisir Dieu, mais on peut faire en sorte que Lui pénètre notre vie et notre cœur, touche notre âme, et se fasse contempler même seulement de dos. C‟est seulement ainsi que l‟on peut vivre des relations authentiques avec nos sœurs, avec les jeunes, avec chaque personne. Nous devenons annonceurs et témoins d‟une expérience, et peutêtre que c‟est cela l‟évangélisation la plus grande et plus efficace : raconter notre expérience d‟amitié avec Jésus, témoigner de la réalité d‟une Rencontre!
Dans le style salésien Qui contemple l‟amour de Dieu a un grand désir d‟exprimer au Seigneur la gratitude de se savoir aimé. Don Bosco sentait la présence de Dieu comme celle d‟un Père qui entoure continuellement ses enfants d‟amour et de protection. Pour cela il aimait les jeunes qu‟il rencontrait et il aimait sa vie et leur vie. Auprès des jeunes et dans sa vie quotidienne vécue comme le lieu d‟une Présence, il découvrait les signes de la proximité d‟un Dieu qui vient à notre rencontre dans les circonstances les plus ordinaires.
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Cependant il ne suffit pas de croire que Dieu est présent. Il est nécessaire de chercher à découvrir la signification concrète de cette présence mystérieuse. Et pour la découvrir dans notre vie, dans les événements, dans l‟histoire, il faut avoir un regard pénétrant, capable de lire dans et au-delà de la réalité et arriver jusqu‟au Mystère qui la traverse. Et vivre notre existence quotidienne en prenant conscience du Mystère qui l‟entoure et l‟habite. Vivre notre foi ne signifie pas accepter quelque chose, mais accueillir Quelqu‟un, renoncer à soi-même pour se laisser habiter par Dieu. Pour pénétrer au seuil du Mystère qui nous entoure, la modalité particulière est la Parole de Dieu. Et, dans la spiritualité salésienne, la dimension fondamentale de la rencontre avec le Mystère est la vie sacramentelle et l‟amour de Marie. Sans cette expérience il n‟est pas possible de comprendre les réalités du Valdocco et de Mornèse. Don Bosco souligne avec une grande insistance la centralité et l'importance des Sacrements dans son système éducatif et à Mornèse, l'Eucharistie surtout, est le début et le sommet de tout. La présence de "Dieu avec nous" dans le Pain eucharistique est une présence vivante et opérante. On a recourt à Lui, avec foi, dans les moments difficiles, autour de Lui on se retrouve dans les moments de joie, avec Lui commence et se conclut chaque journée. Don Bosco avait un amour profond, filial envers Marie, et Mère Mazzarello partageait cet enthousiasme, amplifié par sa sensibilité féminine. Nos Fondateurs nous ont enseigné à reconnaître Marie comme Auxiliatrice : une aide forte et puissante, surtout dans les moments de difficulté.
La force de la contagion Qui a rencontré Jésus ne peut pas, ne pas laisser transparaître la joie de la rencontre avec Lui. Tonino Bello, déjà évêque de Molfetta, synthétise bien ce que signifie vivre une profonde et quotidienne relation avec Jésus. «Tomber amoureux de Jésus, comme le fait celui qui aime éperdument une personne et base tout son engagement humain et professionnel par rapport à elle, unifie ses choix de vie autour d‟elle, rectifie ses projets, engrange les intérêts, adapte ses goûts, corrige ses défauts, modifie son caractère, toujours dans le but d‟être en harmonie avec elle. Que ne fait pas, par exemple un mari pour son épouse, parce qu‟il a engagé sa vie auprès d‟elle ? En observant la vie de nombreux amis, de compagnons d‟études, nous nous rendons compte combien l‟amour investit totalement leur affectivité, mais aussi entraîne dans son tourbillon toute leur vie, les jours, les nuits, les loisirs, le travail, la joie, la souffrance, les désillusions, les espérances. C‟est un investissement total. Quand je parle de l‟amour pour Jésus, je sous-entends ceci : un investissement total de notre vie pour Lui. Se passionner pour JésusChrist veut dire : apprendre à Le connaître en profondeur, vivre en intimité avec Lui, Le fréquenter souvent et durablement dans sa maison, assimiler sa pensée, accueillir sans compter les exigences les plus radicales de l‟Evangile. Cela veut dire recentrer vraiment notre vie sur le Seigneur Jésus, pour que notre existence devienne "une existence théologique"». Tomber toujours plus amoureux de Jésus peut faire naître dans le cœur des jeunes le désir du “venez et voyez”, et de se souvenir pour toujours de l‟heure de cette Rencontre ou mieux, de la Rencontre par excellence qui a transformée totalement leur existence, comme cela nous est arrivé à nous, un jour, et ainsi depuis ce jour, un incendie continue sans cesse à enflammer notre cœur !
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Interview Interview jeunes sœurs de jeunes Sœurs et novices et novices
1. Qu’est ce qui a motivé ta vocation ? J‟ai enseigné l‟Economie dans mon Université
et je faisais des recherches. Avec mon ami Le désir de suivre Jésus, Personne nous avons même fixé le jour de notre vivante, rencontrée et découverte dans ma mariage... Nataliya Vakulishyna - novice famille, une famille toute simple mais riche de valeurs humaines et chrétiennes, ainsi que dans la communauté paroissiale qui … La conscience de me sentir aimée d‟un avait la capacité de témoigner par la vie ce Dieu qui “fou” d‟Amour a donné sa vie pour qu‟elle professait. Dans le climat familial et moi. Le désir d‟une adhésion totale d‟amour à communautaire j‟ai compris que la vie est son service. La volonté d‟une vie vécue don et vocation, et petit à petit, cela ne me jusqu‟au bout, débordante d‟amour. Le fut pas difficile de sentir que Dieu m‟appelait mystère d‟une union silencieuse, invisible à pour faire de ma vie un don au Christ et aux l‟œil humain mais qui, contemplée avec le cœur, exprime une profonde et intense autres. Eliane Petri – fma intimité… c‟est tout cela ! Angela Galizia - novice Depuis que je suis toute petite, je sentais en moi le désir de devenir religieuse. Ce Quand et comment le témoignage désir s‟est renforcé petit à petit grâce d’une communauté a influencé ton aux activités paroissiales et la présence joyeuse, sereine, amoureuse des choix vocationnel ? personnes consacrées que j‟avais l‟occasion de rencontrer. Au moment du discernement le témoignage Maria Vo Diem Trinh - fma de la communauté a été la motivation qui m‟a poussé à vouloir entrer dans l‟Institut. De la période de la formation jusqu‟à maintenant, la …La recherche d‟une plénitude de vie, de vie communautaire a toujours été un lieu de bonheur; le désir de vivre dans l‟amour, croissance humaine et de vérification, une d‟aider les jeunes. La petite voix école de charité et un soutien pour aller plus intérieure, qui me troublait, me disait qu‟il loin dans ma vocation salésienne. existait autre chose “plus grand” que le Maria Vo Diem Trinh - fma succès, que la “réussite” que je cherchais et commençais à avoir. Tandis que Je crois que la communauté est le lieu j‟étudiais à l‟Université, j‟ai été privilégié où Dieu parle, se fait voir et éduque. responsable d‟une ONG étudiante, je Dans ma famille et dans ma communauté participais à des événements académiques chrétienne, l‟engagement à prier pour les vocaau niveau international. Après le doctorat
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tions était bien réel et vivant : là j‟ai appris à concevoir Dieu comme une personne, à voir en Marie, une Mère. Le contact avec les sœurs franciscaines a marqué profondément mon choix. Mais la rencontre inattendue avec une communauté de FMA a été déterminante : l‟accueil, l‟esprit de famille, la joie qui régnait dans la communauté, entre les sœurs et les jeunes, m‟a fait comprendre que c‟était là que Dieu me voulait. Mon insertion dans la communauté et l‟accompagnement vécu m‟ont aidée et confirmée dans mon choix. Eliane Petri – fma J‟ai fait la connaissance d‟une première communauté chrétienne à 19 ans, lors de ma Première Communion et je suis devenue membre de l‟unique paroisse catholique du nord-est de l‟Ukraine. Cette conversion, suivie de mon insertion dans une petite communauté très familiale, a été le tournant décisif de ma vie. Puis j‟ai rencontré une autre communauté,
une communauté de 3 FMA, à une centaine de km au sud de l‟Ukraine à (Odessa) : ma communauté, où je me suis sentie tout de suite chez-moi et qui est vraiment devenue ma maison. Nataliya Vakulishyna - novice Le témoignage de la communauté a été fondamental pour ma vocation. Je me souviens quand j‟ai commencé à fréquenter l‟Institut des FMA de Biancavilla (CT) : ce qui m‟a touchée c‟est de voir ces sœurs souriantes et qui vivaient ensemble. Je pensais : “Comme c‟est étrange !” Réfléchissant et progressant dans mon choix de vie, je continuais à observer les sœurs et voyais toujours cette joie sur leur visage, malgré les difficultés de leur vie quotidienne ensemble dans leur diversité d‟âge, de culture, de tempérament, mais avec un unique objectif : vivre pour Dieu, en Lui donnant totalement leur vie. Angela Galizia – novice
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Est-ce que des personnes en particulier ont influencé ton choix de vie ? “Trinh, je pense que tu as la vocation religieuse”, je me souviendrais toujours de ces paroles dites par la sœur qui nous accompagnait durant les dix jours de discernement. Cela a été mon premier colloque, même si je ne savais pas encore ce que c‟était vraiment. Ces paroles me donnaient confiance, et me révélaient le dessein de Dieu sur ma vie. Maria Vo Diem Trinh - fma Mes parents ont su accueillir les signes de ma vocation, ils ont partagé les joies et les difficultés de mon discernement. Avec discrétion ils ont su m‟encourager sans me conditionner, me laissant sereine et libre. Je me souviens des formatrices et des inspectrices de cette période de formation initiale : elles m‟ont aidée à discerner et à accueillir le don de la vocation salésienne et progressivement à assumer l‟identité de FMA et les exigences de la vie consacrée. Quand je pense au rôle de ces personnes au cours de mon chemin vocationnel, j‟entrevois avec reconnaissance la pédagogie de Dieu : à chaque étape, à travers les médiations, Il me conduisait pour approfondir ma vocation comme un don et comme un devoir et pour la vivre dans la louange et le service des jeunes. Eliane Petri - fma J‟ai eu un brave père spirituel qui m‟a accompagnée avec d‟autres jeunes. Nous étions une équipe de jeunes engagés, partageant les mêmes intérêts et la même passion pour le Christ et pour la vie. Il nous a guidés patiemment, enseignés à prier, à être disponible pour rendre service, à aimer le silence et l‟adoration de Jésus Eucharistie, à aimer Marie. Les médiations précieuses,
au cours de mon chemin vocationnel ont été, entre autre, un jeune séminariste de ma paroisse et sr Anna, une FMA ukrainienne que don Alexey a rencontré au cours d‟un pèlerinage marial. Et à ce moment, justement j‟avais décidé de devenir religieuse, mais je ne savais pas dans quel Institut. Touchée par le témoignage joyeux de sr Anna et par le charisme salésien, don Alexey m‟a mis en contact avec l‟Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, Institut où je pourrai “aller et voir Jésus” pour rester avec Lui, L‟aimer en aimant toutes personnes que je trouverai sur mon chemin. Nataliya Vakulishyna – novice Beaucoup de personnes m‟ont accompagnée. Je me souviens de franciscains qui animaient une “mission pour jeunes” dans mon village : un moment de grâce, qui m‟a aidée à voir plus clair sur mon choix de vie. Mais une certaine insécurité me tenaillait et m‟empêchait à commencer sérieusement un parcours concret. A l‟improviste est entrée dans ma vie, une FMA, sr Pina, une femme de prière, simple, humble, engagée sur le chemin de la sainteté. Elle m‟a accompagnée dans le dialogue, le partage et quelques provocations, pour faire le pas que “toute seule” je n‟arrivais pas à franchir par manque de courage. Avec elle, j‟ai découvert ce que signifie faire l‟expérience de Dieu dans le quotidien, j‟ai intensifié mon abandon confiant en Marie, présence continuelle dans ma vie. J‟ai vu de près ce qu‟était la joie de la consécration à Dieu dans la mission auprès des jeunes. Angela Galizia – novice
emiliadimassimo@yahoo.it gteruggi@cgfma.org
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L’art d’accompagner de saint François de Sales Dulce Hirata
Sur ce chemin de vie nous découvrons émerveillées le Dieu de l‟amour prévenant qui se révèle et déverse sur nous son amour en nous appelant par notre nom (Is 45,3), c'està-dire en nous créant continuellement, en nous communiquant son amour qui est vie et en nous demandant de l‟aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit. Dans la mesure où nous entrons librement dans ce dialogue, qui constitue notre expérience vocationnelle, nous connaissons Dieu et nous nous connaissons nous-mêmes, ce que nous sommes et ce que Lui veut que nous devenions, selon le désir de son cœur. Mais Dieu peut nous configurer à son Fils seulement avec le consentement de notre liberté, vaincue par son amour. Comme le dit St François, la volonté se laisse fléchir seulement par ce qu‟elle connaît et aime, cela ne lui suffit pas que la réalité soit vraie et belle, il est nécessaire que la volonté soit poussée par le désir, autrement on risque de rester seulement au niveau de la constatation ! L‟expérience de l‟amour de Dieu, qui nous permet d‟être en relation avec Lui, est inoubliable. Elle demeure comme une marque indélébile dans notre cœur depuis les origines et aucune autre expérience ne pourra l‟effacer. Même si nous oublions Dieu, le souvenir de son amour reste en nous comme une nostalgie continue nous rappelant Qui nous a créés, Qui nous a marquées de son empreinte, Qui vraiment peut donner sens à notre vie et Qui est capable de satisfaire la soif de notre désir.
Don Bosco nous a proposé un grand maître de spiritualité : saint François de Sales, le docteur de l‟amour. En lisant son œuvre “Le traité de l‟amour de Dieu” ou Théotime, nous découvrons un chemin simple et à la portée de chaque chrétien. Dieu est l‟Amour qui se fait chemin pour venir vers nous et nous amener à Lui. Il est Amour prévenant parce qu‟Il vient vers nous bien avant que nous allions vers Lui ; Il est Amour gratuit car il n‟attend pas notre réponse pour continuer à nous aimer quand nous refusons son Amour; Il est l‟Amour vainqueur qui détruit tout mal, guérit chaque blessure, refait chaque tissu abîmé mais qui est impuissant ou non face à notre liberté. De notre part il nous suffit de nous laisser aimer par ce Dieu qui cherche à vivre une relation personnelle avec chacun de nous, qui envoie son Fils Jésus, fait homme comme nous, pour que nous puissions comprendre Dieu, son Père, dans notre langue, dans notre culture. Il nous rejoint là où nous en sommes ; avec son Esprit d‟amour et de vérité, il travaille notre esprit, élargit l‟espace de notre cœur, de nos capacités de compréhension, il renforce notre volonté si fragile et évangélise nos rêves et nos désirs. Nous pouvons nous demander : pour quel motif ne nous convertissons-nous pas à Lui puisque nous avons vraiment toute la Trinité à notre disposition ? Saint François, accompagnant spécialement les sœurs de la Visitation sur le chemin de communion avec Dieu, explique au ch. x du Traité de l‟amour de Dieu, que l‟amour cherche l‟union. Mais de quelle union s‟agit-il ? Comme la personne aime avec sa volonté, le but de son amour a la nature de sa volonté. Et puisqu‟il est
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ANNEE LVIII MENSUEL / MARS-AVRIL 2011 ANNEE LVII MENSUEL / SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010
Ma foi grandit dans la mesure où je suis les inspirations avec lesquelles Dieu me parle. Et, en les suivant, grandit en moi le désir de Lui et comme le Seigneur s‟absente, je le désire immensément et je mourais si Lui ne me concède pas l‟Espérance de pouvoir un jour le posséder. Et ainsi grandit la seconde vertu théologale. Pour notre docteur, foi et espérance sont deux manières d‟aimer, non seulement comme Dieu, mais avec le même amour de Dieu, c‟est à dire avec la charité. Ainsi dans la simplicité du quotidien, en suivant les petits pas que l‟inspiration de Dieu dicte à notre intériorité, laissons la place à l‟Esprit qui configure en nous cet unique visage que le Père reconnaît comme celui de son Fils, Jésus-Christ.
question de sa volonté spirituelle, l‟union à laquelle elle aspire sera aussi d‟ordre spirituel. Mais si elle aime avec sa volonté sensuelle, et très souvent elle le fait, elle s‟affaiblit au point de tomber encore plus bas que sa propre nature. Avec nos seules forces nous ne réussissons pas à aimer toujours et tout le monde avec notre volonté spirituelle. Mais le Seigneur ne nous laisse pas seule dans cette bataille. Saint François de Sales nous l‟enseigne au chapitre XIV - second livre - du Traité de l‟Amour de Dieu : «Quand Dieu nous donne la foi, il entre en notre âme et parle à notre esprit, non point par des discours mais par des inspirations, proposant si agréablement à notre intelligence ce qu‟il faut croire, que la volonté en reçoit une grande complaisance, et telle qu‟elle incite l‟entendement à consentir et acquiescer à la vérité sans doute ni méfiance quelconque. Et voici la merveille : Dieu fait la proposition des de la foi à notre âme parmi des obscurités et des ténèbres, de telle manière que nous ne voyons pas les vérités mais seulement nous les entrevoyons.»
A l‟école de Saint François de Sales, l‟accompagnateur, dans la vie salésienne suit le même chemin : en se laissant aimer par Dieu, il fait le premier l‟expérience d‟être accompagné, connaissant les chemins de l‟Esprit non par ouï-dire, mais par l‟expérience vécue. Il part du stade où en est la sœur ou la communauté et, avec amour prévenant, il aide au discernement des inspirations, -si elles viennent de Dieu, du malin ou de l‟esprit humain- et il conduit la personne et/ou la communauté à la purification de tout ce qui empêche l‟alliance d‟amour avec le Seigneur. Petits pas, mais décisifs pour une croissance de la vie théologale. Radicalité de la direction, sagesse pédagogique dans le respect du rythme et des possibilités de chacun, regard positif sur ce que l‟Esprit veut faire de la personne et non sur les défauts à combattre parce que ceux-ci sont vaincus par l‟amour de Dieu et non par l‟effort humain. De là l‟optimisme et la joie d‟être tout à Dieu : caractéristiques propres de la spiritualité salésienne.
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Une rencontre, une unique passion : voir Dieu dansle visage de chaque jeune Anita Deleidi “Ecoute, Pétronille…”: une confidence entre amie, dans un sentier de campagne. Tout a commencé dans la banalité d’une rencontre, dans la simplicité d’un partage inattendu qui révèle une intuition tombée du ciel dans le temps et dans l’histoire.
Dans les longs silences de la convalescence du typhus, Maïn mûrit la recherche d‟une nouvelle façon d‟“être à la disposition du Seigneur dans sa vie, qu'elle perçoit en parcourant les rues étroites vers l'église. Avec son réalisme, elle regarde alentour : elle rencontre le regard des filles mornésiennes, elle ressent dans son cœur une “voix insistante” (A toi, je les confie). Et elle décide : «Il me paraît juste que le Seigneur veut que nous deux, nous occupions des filles de Mornèse… J’ai décidé d’apprendre la couture…, nous louerons un local à notre compte, nous accepterons quelques filles qui voudraient apprendre à coudre avec l’objectif principal de les aider à devenir meilleures et les soustraire aux dangers, et spécialement à connaître et aimer le Seigneur.» (Chronique I 98) . La vérité connue, devient le motif d‟action apostolique : se consacrer à «elles», les accompagner avec une bonté patiente pour leur découvrir le sens de la vie, la dignité du travail et la joie d'un plaisir sain et festif. L‟atelier, le catéchisme, le patronage festif, l‟hospitalité, la
maison de l'Immaculée Conception, non sans le travail acharné de l'éducation, prennent forme et proposent un projet de vie qui emploi, à temps plein, énergie et créativité pour trouver des moyens adéquats à la formation chrétienne des jeunes accueillies. Marie Dominique est attentive. Elle les écoute, prévient avec douceur et fermeté, avec affabilité et décision, crée un environnement paisible, sans contrainte, mais ordonné et harmonieux, avec un rythme régulier d'engagement ouvert à la surprise (un voyage, une chanson, une danse, un thé ...). L'optimisme et l'espérance promeuvent les meilleures ressources et les jeunes répondent positivement, «Elle commandait, voulait être obéit, mais elle nous donnait l'impression qu’elle le faisait uniquement pour notre bien» (Maccono I 140). Dans le bref message de don Bosco (non encore connu) que reçoivent Marie Dominique et Pétronille, il y a déjà la confirmation d'une syntonie: «Priez certes, mais faîtes du bien le plus que vous pouvez, spécialement à la jeunesse, et vous, faites votre possible pour empêcher le péché, fusse seulement un péché véniel».
Don Bosco est un saint Encore une rencontre, simple et brève (8 septembre 1864), qui marque le début d'une profonde compréhension des vues et des projets
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qui se fondent : «Il lui semblait que la parole de Don Bosco a été comme l'écho d’un langage elle ressentait dans son cœur sans savoir l’exprimer , comme la traduction de ses propres sentiments, comme quelque chose de toujours attendu et enfin arrivée. Deux minutes: rien en particulier à elle, et elle n’aurait osé le penser»(Chronique I 149 Marie Dominique, sent la sainteté de don Bosco, elle est fasciné et s‟oriente une fois encore avec décision et de façon définitive vers un “ministère” fait de don quotidien et constant pour l‟éducation des jeunes. Don Bosco renforce peu à peu sa confiance en elle-même et lui ouvre de nouveaux horizons, en dirigeant ses dons “de nature et de grâce” qui feront de Maïn une collaboratrice exceptionnelle (auxiliaire et ancienne élève du Saint définit le processus de canonisation) pour le salut des jeunes. «Tout n'était rien pour elle, désormais qui se sentait poussé avec force à l'engagement total de soi, pour le Royaume de Dieu dans les âmes des filles, et rien n'aurait semblait trop lourd pour y arriver». (Chronique I 186) Le Cardinal Cagliero dépose: «Elle aimait toutes d‟un grand amour et seulement par amour de Dieu, sans se demander si elles le méritaient ou non, si elles y correspondaient ou si elles s‟en montraient ingrates. "Marie Dominique ne fait pas de favoritisme, elle aime inconditionnellement. Les expressions de l'amour allant de petits gestes d‟attention et de délicatesse jusqu‟à l'oubli de soi. Elle a
des expressions de tendresse et d'affection pour les filles et les religieuses, en particulier celles qui sont loin, en terre de mission: "Je vous assure que je vous 'ai toujours présentes dans mon cœur" (Let.37), «je ne t‟oublierai jamais» « ( Let.65). Don Bosco lui-même n‟a pas peur de dire à Don Cagliero, «Tu sais l'esprit de notre oratoire, notre système préventif et le secret de vouloir être bon, d'écouter et d'obéir aux jeunes ; les aimant tous et ne mortifiant personne, les assistant jour et nuit, avec une paternelle vigilance, patiente charité constante gentillesse. Eh bien, ces conditions, la bonne mère Mazzarello les possède ... Elle n'a rien d’autre à faire et ne fait rien qui ne soit conforme à l'esprit et au caractère de notre Oratoire ; leur congrégation est égale à la nôtre, elle a le même but et les mêmes moyens qui sont d’inculquer par l'exemple et avec les paroles aux religieuses, qui, à leur tour, à l'instar de la Mère, plus que supérieures, directrices et maîtresses sont comme des mères envers leurs jeunes pensionnaires »( Mémoire historique du cardinal Cagliero dans AGFMA). Marie Dominique, dans la tradition salésienne, est appelée "salésienne par instinct“ (A. Caviglia) : Je voudrais, cependant, reconnaître en elle les dons de personnalité, d'intuition, d‟authentique de sensibilité éducative qui orientent vers une formation spirituelle non indifférente (par les parents, Don Pestarino, Don Giuseppe Frassinetti, Angela Macclesfield, par la lecture ...), par la capacité d'un sain réalisme et d'une attention aux signes des temps, sont dans la rencontre avec Don Bosco, en vraie syntonie dans la conduite de la vie des jeunes à Dieu. C'est une prestation qui encore aujourd‟hui nous provoque et nous préoccupe devant la perte du sens de la vie de nombreux jeunes qui attendent de nous une présence amicale et des mots d'espérance.
adeleidi@cgfma.org 17
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«Donnez leur vous mêmes à manger» (Mc 6, 37)… Julia Arciniegas
“La faim est la plus terrible des armes de destruction massive existant sur la planète”. Telle est l‟affirmation de l‟ancien président du Brésil, Lula da Silva, lors d‟un colloque de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l‟Alimentation et l‟Agriculture), ajoutant qu‟il est convaincu que nous avons les moyens de la combattre. Cette expression dure et provocante, rapportée à la situation de millions de personnes qui meurent de faim chaque jour, n‟a rien d‟exagéré, elle met au contraire l‟accent sur une priorité et veut toucher nos consciences. L‟humanité se trouve aujourd‟hui confrontée à un défi d‟ordre économique et technique, mais surtout d‟ordre éthique, spirituel, éducatif et politique. La faim menace non seulement la vie des individus mais aussi leur dignité.
Les faits parlent d’eux-mêmes
“Plus de 17 mille enfants meurent de faim quotidiennement : un enfant toutes les cinq secondes. six millions par an”, affirme le secrétaire général de l‟ONU, Ban Ki Moon.” Le monde a suffisamment de nourriture –a-t-il ajouté– et pourtant plus d‟un milliard de personnes sont affamées. C‟est inacceptable !”. Pour un trop grand nombre, vivre sans nourriture est une réalité quotidienne, une situation qui souvent engendre l‟agressivité et la violence. “J‟avais onze ans, raconte un jeune homme. Je me suis retrouvé dans un marché au milieu de la boue et des tôles, circulant avec un groupe de touristes. Le guide nous avait prévenus : “ quand des enfants vous demandent quoique ce soit, -et vous pouvez être sûrs qu‟ils le feront– ne leur donnez rien. Ce n‟est pas par cruauté, mais c‟est pour leur bien...” Une touriste, qui avait plus d‟initiative que les autres, pensa bien faire en contournant l‟avertissement. Alors qu‟un groupe d‟enfants commençaient à l‟entourer en souriant, il offrit un caramel à une ravissante petite fille qui avait la tête couverte de petites nattes et un regard irrésistible. Elle avait dans les quatre ans. Les autres enfants un peu plus âgés s‟acharnèrent immédiatement sur elle. Ce fut effroyable : ils se mirent à la secouer, à lui donner des coups de pied, à lui arracher les nattes. Ils l‟abandonnèrent à terre, à moitié dans la poussière, couverte de griffes, exsangue. ....pour un caramel...”. (www.dillinger.it/im-mad-as-hell-48394.html)
Le 18 octobre 2010, c‟étaient les 30 ans de la Journée mondiale de l’Alimentation, Journée importante, qui marquait également le 65e anniversaire de la fondation de la FAO. Unis contre la faim était le thème choisi, pour reconnaître les efforts accomplis face à ce problème, aux niveaux national, régional, international. En 2009, en effet, le seuil critique a été atteint, d‟un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde. “un objectif tragique pour notre époque” faisait observer Jacques Diouf, direc- La crise alimentaire est une sonnette d‟alarme teur général de la FAO. pour aujourd‟hui mais aussi pour demain.
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…TOUCHE MOI...TOUCHE NOUS... La faim dans le monde nous appelle à donner une orientation concrète à la dimension sociale de la foi. Une première étape consiste à partager l‟aspiration à un monde sans faim. De quelle manière notre communauté éducative s’engage à rechercher les causes des problèmes qui affligent l’humanité, en l’occurrence, la faim, pour mettre au point des stratégies qui contribuent à son éradication ? * Il faut intervenir avec plus de mordant pour faciliter l‟accès des petits exploitants agricoles aux marchés locaux et internationaux. Un moyen concret consiste à soutenir le commerce équitable et solidaire. * Eduquons-nous et éduquons à faire des choix cohérents dans ce domaine ? Quels obstacles flagrants rencontrons nous ? * La FAO a lancé le projet 1 billionhungry pour que les personnes puissent signer en ligne la pétition contre la faim sur le site internet http://www.1billionhungry.org/hunger/. Mettons en valeur la portée éducative de cette campagne et...soutenons la !
Aux Sources de l’Amour Il nous semble important de creuser davantage pour trouver quelques raisons à cette situation : des sources autorisées font valoir qu‟il ne s‟agit pas d‟un problème d‟alimentation. La faim existe parce que la pauvreté existe. Les désastres naturels surviennent parfois là où les pauvres n‟ont pas les moyens de reconstruire ce qui a été détruit ; les guerres et les conflits armés enlèvent aux personnes tout espoir de mener une vie convenable et de nourrir leur famille ; plusieurs multinationales accaparent les ressources naturelles de manière non durable :
un grand nombre de pays n‟investissent pas suffisamment dans le secteur rural pour soutenir le développement agricole. En corollaire, on peut ajouter la hausse des prix des denrées alimentaires, due à la spéculation financière. Concernant cette dernière question, la Doctrine sociale de l‟Eglise affirme : “quand ceux qui sont aux affaires utilisent des méthodes usuraires et mercantiles qui entraînent la famine et la mort de leurs frères en l‟humanité, ils commettent indirectement des crimes qui leur sont imputables”. (Cf.CDSC, 341) La parabole de la multiplication des pains accomplie par Jésus pour rassasier la foule qui le suivait, nous fait découvrir une urgence qui nous éclaire sur notre responsabilité face au problème de la faim : “Donnez leur vous mêmes à manger” (Mc 6n 37). Comme les disciples, nous sommes appelés à donner, à agir à l‟exemple de Jésus, en passant de l‟économie de la possession à celle du don, de la gratuité. Accumuler égoïstement engendre la famine et la mort, partager engendre la satiété et la vie (S. Fausti). Avec le signe du pain pour tous, Jésus nous invite à nous engager davantage face au besoin qu‟ont tant d‟êtres humains d‟être aidés. Nous devons accepter de devenir les médiateurs d‟une abondance de vie. A un moment où l‟on envoie promener celui qui demande de l‟aide, où l‟on ignore le besoin dans lequel d‟autres se trouvent, Lui nous demande : quelle est la mesure de votre amour ? Il en faut pourtant peu, pour rassasier, guérir, “parce que l‟amour vient de Dieu : quiconque aime a été engendré par Dieu et connait Dieu” (1Gv 4,7) (Michael Davide).
arciniegas@cgfma.org
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Vocation Giuseppina Teruggi
A Césuna, l‟été dernier, au moment de progammer le DMA Revue, nous avons réfléchi sur le thème à joindre aux sujets du dossier 2011 dans la rédaction de la rubrique «Fil d‟Ariane». Spontanément, nous avons mis en rapport le thème “Témoins d‟une rencontre” avec la réalité “Vocation”. Car la vocation naît de la rencontre, elle est toujours l‟expression d‟une rencontre.
Toute personne est appelée La vocation es appel, relation d‟un je à un tu, remise d‟un don à accueillir, à mettre en valeur, à faire grandir. Parfois le don est totalement gratuit : ainsi l‟appel à la vie, alors que tant d‟autres auraient pu mais n‟ont jamais existé. D‟autre fois, c‟est un appel qui implique la personne de façon active et demande recherche, discernement pour être déchiffré et devenir une réponse. C‟est ce qui arrive au moment des choix où se joue le cours d‟une vie entière Chaque vocation est unique. Chacun est appelé “par son nom”, voulu et aimé par Dieu. A cause de cet ammour tout à fait personnel, chacun est unique, précieux. Ce qui lui revient, c‟est de trouver sa propre identité, sa place, de donner une réponse à un projet qui le concerne, lui. Souvent cela se passe sans la prise de conscience d‟une tâche précise à accomplir. La personne, cependant, se rend compte de sa liberté de choix. Elle le
manifeste en particulier à l‟adolescence quand elle se rend mieux compte qu‟elle a devant elle bien des choix possibles. L‟un surtout : celui par lequel elle se réalisera comme personne unique
Libres de choisir ? Jusqu'à un certain point, dans nos cultures, les adolescents et les jeunes sont -ils libres dans leurs choix ? Ce qu‟on leur propose comme liberté, a souvent le ton de la contrefaçon et du produit préconditionné. Ils sont nombreux les conditionnements à un choix autonome : aujourd'hui plus que dans le passé. Les décisions sont ainsi repoussées dans le temps, l'insécurité tenaille l'esprit de nombreux jeunes, la peur d'assumer une décision définitive (l'angoisse due “pour toujours”) empêche de réaliser une vie pleine et significative. Beaucoup de conditionnements sont une menace pour les jeunes. En voici quelques-unes :
- Les modèles de la publicité qui créent le désarroi et la confusion morale. Beaucoup contribuent à créer l‟incertitude face aux valeurs. On n‟arrive plus aujourd‟hui à se mettre d‟accord sur des règles fondamentales, ni sur une hiérarchie des valeurs. - Le relativisme que l‟on peut, constater aussi bien dans les situations habituelles de la vie que lors de grands événements publics ou privés. Dans nos sociétés, dans nos cultures, on constate «un relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, n‟admet comme règle ultime que le moi et ses envies. Sous une apparence
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de liberté, il devient pour chacun une prison en séparant les uns des autres, en réduisant chacun à se retrouver prisonnier de luimême» (Benoît XVI – Congrès du diocèse de Rome 2005). - Le culte de l’émotion, selon la définition de Miche l Lacroix, on remarque une accentuation des émotions fortes, de préférences aux “émotions calmes”. Notre époque exalte l‟excès, l‟agitation. Il existe une trrès grande quantité de stimulants sensoriels pour exciter de façon continue, surtrout la sensibilité des enfants et des jeunes, avec le risque d‟une réaction en chaîne lorsqu‟on tend à passer d‟une excitation à une autre, en cherchant chaque fois les plus fortes. Musique assourdissante, jeux vidéos violents, divertissements bruyants, images numériques, sports à risques, fêtes frénétiques : sont des “existants” qui empêchent de savourer les émotions simples et profondes liées au contact de la nature à la relation avec les personnes, à la vue di‟mages belles et pures. - La culture de la rapidité, du tout et tout de suite fait que l‟excès des stimulants conduit à un excès de choix effectués sans distinguer les valeurs, ni les priorités précises. On le constate depuis des années. Les jeunes arrivent à coexister, faisant entre eux une multitude d‟expériences tout à fait disparates, sans se demander si elles sont valables ou non. Ce qui est iomportant pour eux, c‟est de saisir toutes les occasions d‟êtres heureux, ; de satisfaire leurs propres envies.
Don et Devoir En tant que Famille salésienne, nous sommes invités à nous engager à fond dans une tâche qui nous concerne tous : la nécessité d‟appeler,. L‟Etrenne 2011s‟articule autour de ce paramètre qui se rattache directement à la nécessité de promouvoir une culture des vocations comme “mentalité, attitude partagée par tout un groupe”. En clair, on affirme que la vie est vocation.
“
“La personne –souligne don Pascal Chàvez- a conscience de son unicité. Elle comprend que son existence est exclusive, qualitivement différentes des autres ;ne pouvant pas être ramenée au niveau de tout le monde. Cette existence lui appartient totalement, mais elle a les caractéristiques d‟un don fait qui précède tout désir ou tout effort. Dans cette optique, on dépasse la vision subjective de la vie dans laquelle l‟individu devient “le centre et la mesure de lui-même” ! On ne donne plus la priorité au moi avec ses potentialités, mais plutôt à l‟interdépendance avec les autres, l‟accueil et l‟ouverture à chaque personne dans sa singularité. La vie sera donc vécue comme un don et un devoir : c‟est cela la vocation de la personne. C‟est une valeur dont il faut être reconnaissant. C‟est une responsabilité à assumer et mettre au service des autres et de l‟histoire.
Face aux conditionnements Il peut être utile de porte attention à ce qui permettra des chois libres. “Vivre avec lenteur” est une exigence que l‟on perçoit aujourd‟hui plus que par le passe. L‟idée a été lancée par Bruno Contigiani dans un livre qui a le même titre. Si nous voulons améliorer notre disposition à ressentir des émotions (dans la culture des émotions fortes) et favoriser une vie intérieure profonde, il est indispensable de se donner du temps, de ralentir le rythme de sa vie, d‟établir des priorités, de programmer ses activités avec intelligence et réalisme. Et aussi d‟accompagner les jeunes sur cette route. La lenteur éduque la sensibilité et permet de savourer la vie. Les choses nous parlent si nous prenons le temps d‟écouter. Il est important de plus, de rééduquer la sensibilité des jeunes en les aidant à “remplacer la culture de l‟émotionchoc par la culture d‟une émotion contemplation… D‟une part, l‟élan d‟une émotion
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contemplative ne peut avoir lieu si l‟on ne prend pas, face au monde, une attitude d‟accueil et d‟ouverture. D‟autre part, il faut veiller à la qualité des objets auxquels nous portons attention. Ils doivent être élevés, nobles, dignes d‟admiration. Il faut être en même temps disponibles et capables de choisir” (Michel Lacroix). “Il y a des conditions qui permettent de faire mûrir des projets de vie évangélique et d‟entraîner pleinement ceux qui sont évangélisés, jusqu‟à les rendre disciples et apôtres (Don Pascal Chavez).
Appel à la confiance Dans son livre “Sois heureux” Frère Roger, fondateur de la Communauté de Taizé, cerne le sens de l‟appel et la responsabilité d‟une réponse confiante. «Dieu veut notre bonheur !», relève-t-il. “Mais Il ne nous invite jamais à être indifférents aux souffrances des autres au moment de l‟épreuve. Dieu nous pousse à être des créateurs. Notre vie prend son sens quand elle est une réponse vivante à l‟appel de Dieu. Mais comment discerner son appel ? Beaucoup se demandent : “Qu‟est-ce que Dieu attend de moi ?” Dans le silence intérieur peut jaillir cette réponse : «ose donner ta vie pour les autres et là tu trouveras un sens à ta vie». Chaque vocation, surtout à suivre le Christ, est appelée à être son reflet, à porter l‟espérance de l‟évangile, à donner la vie ; Celui qui répond à cet appel n‟ignore pas sa propre fragilité, mais garde dans son cœur la Parole : “Ne crains pas. Aie seulement confiance”. Il y en a sui sentent que l‟appel de Dieu est une vocation pour toute la vie et qui l‟on perçu dès l‟enfance. L‟Esprit Saint a la force de soutenir un “Oui” donné pour la vie entière. N‟a-t-il pas déposé dans l‟être humain un besoin d‟éternité et d‟infini ?
A tout âge, on peut reeprendre de l‟élan et se dire : «Prends courage, poursuis ta route». C‟est ainsi qu‟on découvre que c‟est justement dans les situations difficiles que l‟être humain devient pleinement lui-même. La confiance d‟un “Oui” définitif est source de lumière, de courage et d‟audace.
Tu m’appartiens… pour toujours. Toutes les fois où nous fêtons des sœurs qui célèbrent leurs 50, 60,75, 80 ans de Profession, nous sommes remplis de gratitude et d‟admiration. La longue fidélité au don de Dieu a rencontré une réponse riche de fidélité et de don Par delà la routine, la frustration de satisfactions immédiates, par delà le déroulement qui n‟est jamais linéaire, de la vie avec son poids d‟espoirs et de désillusions, d‟objectifs atteints ou de chutes. Tel est le parcours de toute existence humaine. La vocation est, à la fois, un don et un devoir. La fidélité de tant de FMA, d‟hier et d‟aujourd‟hui, démontre avec évidence, cette vérité. Peut-être que les nouvelles générations, dans les incertitudes et les difficultés du contexte actuel, seront surtout attirées par le témoignage serein, simple, convaincant de toutes celles qui, avec la grâce‟ de Dieu, cherchent à vivre ce qu‟affirmait Saint Athanase au IVe siècle : «Le Christ ressuscité fait de la vie de l‟être humain une fête sans fin, !»
gteruggi@cgfma.org
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Dieu est amour offert, Il invite à l’amour. La Lumière que Jésus-Christ représente, non seulement répond à nos demandes, mais …/... 24
ouvre des horizons complètement nouveaux par sa rÊponse
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Tu es la Vie. Que notre pensĂŠe, notre amour et nos Ĺ“uvres aient en Toi leurs racines ! Sois notre Roc. Que la foi en Toi soit le fondement solide de toute notre vie !
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24 heures sur 24 Mara Borsi
Avec l’aide de deux soeurs africaines, soeur Clémentine Tete (AFO) et Soeur Lorenza Campanet Segorbe (AEC), nous abordons dans cet article la réalité des jeunes de certains pays du continent et la mission éducative des FMA. Quelle a été pour toi l’expérience pastorale la plus significative ? Sr Clémentine - Au cours de ma vie salésienne, j‟ai participé à plusieurs activités : le centre jeune, le centre de formation professionnelle. Mais l‟expérience que je retiens comme la plus significative a été dans Le Foyer pour les jeunes filles, Vidomegon, une maison pour jeunes filles qui ont été exploitées. Vidomegon, ce sont des fillettes confiées par les familles -vivant en zone rurale d‟Afrique occidentale- à un tuteur pour leur assurer une éducation meilleure. Cette tradition ancestrale s‟est modifiée aujourd‟hui à tel point que bien souvent les fillettes et les adolescentes sont exploitées comme une main d‟œuvre gratuite, parfois expulsées carrément et abandonnées dans la rue. Le travail de notre mission de Cotonou (Bénin) consistait en un projet d‟accueil, de formation intégrale et de réinsertion familiale et sociale pour les jeunes filles de 8 à 18 ans. Cette expérience vécue pendant mes premières années de vie religieuse m‟a permis de faire l‟épreuve de l‟exigence et de la beauté du don sans réserves aux jeunes, aux plus pauvres et aux abandonnés. J‟ai été confrontée quotidiennement aux principes essentiels du Système préventif : le besoin constant de ma présence manifesté par les jeunes filles, leur, quête de disponibilité d‟écoute de notre part pour les accompagner dans leur situation
difficile. Se consacrer à elles 24h sur 24 m‟a fait entrer dans leur réalité et comprendre leur culture Sœur Lorenza – Mon expérience apostolique la plus significative, je l‟ai vécue à Batate, village situé à 65 kilomètres de la ville de Malabo (en Guinée équatoriale). L‟animation du village a été confiée aux FMA : oratoire, catéchèse des enfants, école élémentaire pour les enfants des villages voisins dépourvus d‟école, une maison d‟accueil pour les jeunes filles qui viennent de villages plus éloignés et pour celles qui vivent une situation familiale difficile. Comme on peut le constater, le travail est traditionnel, et il n‟a rien d‟extraordinaire. Mais la communauté a choisi de vivre de manière extraordinaire l‟ordinaire des missions éducatives. On vit 24h sur 24 avec les jeunes filles : le repas, la récréation, la veillée, la prière, en somme tout avec elles. La communauté s‟est cependant réservé quelques moments pour elle comme les réunions communautaires et d‟autres moments. La vie à Batete avait aussi ses difficultés. Le sacrifice, les moustiques, l‟absence de moyens de communications...mais le travail, la vie austère et simple nous rendaient heureuses. Nous avions fortement conscience d‟appartenir à une vraie famille dans l‟esprit de Mornèse..
Quels défis, quels besoins, quelles attentes as tu affrontés dans la mission avec les jeunes ? Sœur Clémentine – Les jeunes de mon secteur demandent aux FMA d‟être des femmes
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En fait, notre Dieu, le Dieu des chrétiens est Communion dans la différence. Quels sont les signes d’espérance que tu perçois au cœur de cette réalité “jeune” qui forme ton environnement actuel ?
de foi, de montrer par leurs actions l‟amour de Jésus. Ils attendent des propositions qui répondent à de réels besoins. Ils demandent la communion dans la Famille salésienne pour donner un témoignage d‟unité dans la diversité, de travail réalisé ensemble, surtout là où règne l‟esprit de division, de marginalisation, d‟individualisme. Ils invoquent leur capacité à pouvoir être acteurs et responsables plutôt que spectateurs et consommateurs. Soeur Lorenza – le visage interculturel de notre communauté intrigue toujours nos destinataires et nos collaborateurs. Composer avec les différences et les intégrer correspond, en moi, à l‟une des exigences les plus fortes de la vie fraternelle en communauté et je le prends également comme un défi dans la relation éducative. La diversité continue à faire peur. Je pense qu‟éduquer à l‟accueil de la différence dans un contexte multi ethnique comme le mien, est une voie concrète d‟évangélisation.
Sœur Clémentine – Malgré la situation de pauvreté, de chômage que vivent les jeunes de mon entourage, les signes positifs ne manquent pas. Ils sont si nombreux les jeunes de bonne volonté qui donnent de leur temps gratuitement à l‟animation des activités du temps libre. L‟aspiration à devenir de jeunes apôtres envers d‟autres jeunes, grandit et prend forme dans le temps dévolu à l‟alphabétisation d‟autres jeunes du même âge. D‟autres s‟organisent en coopérative pour travailler ensemble et pénétrer sur le marché. D‟autres consacrent leur vie à des organisations non gouvernementales pour la transmission de valeurs telles que la paix, la justice, le pardon, la solidarité, le bien commun. Ces actions confirment que l‟engagement des FMA à éduquer les consciences à l‟exi-gence de justice et au respect de la personne humaine porte ses fruits. Soeur Lorenza – La population de mon pays est jeune pour plus de la moitié. Cette réalité est en soi un signe de vitalité. Il s‟agit d‟une jeunesse profondément religieuse, ouverte à la transcendance. Certes, il est vrai qu‟il ne suffit pas d‟avoir un sentiment religieux puissant, il faut encore être chrétien. La jeunesse de celui qui a l‟expérience et le désir d‟apprendre, de connaître, de vivre c‟est sans nul doute un signal positif.
mara@cgfma.org
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L’autorité dans la relation éducative Palma Lionetti
«L’amour qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles»… est le dernier vers du Paradis et de la Divine Comédie, au moment où Dante conclut son itinéraire, de l’enfer au paradis et se rend compte que l’amour seul pousse sa volont et sdon désir. Maiks qu’est-cequi pousse et dynamise les relations dans l’éducation ?
Si éduquer veut dire “prendre soin” des émotions et des sentiments des jeunes, alors nous devons prendre en compte deux modalités de relation qui soutiennent l‟éducation : autorité et bienveillance (amorevolezza). En effet, l‟éducation, plus que tous les autres aspects de la vie en commun, se joue au cœur de difficiles antinomies comme celles déjà citées. Apparemment, il semble que tendresse et autorité soient difficiles à harmoniser dans la pratique de l‟éducation. Cependant, aujourd‟hui plus que jamais, il est urgent de réactualiser nos catégories d‟interprétation du style de notre pastorale des jeunes pour qu‟elles donnent naissance à de nouvelle façon d‟agir. En fait, actualiser la façon d‟exercer l‟autorité, “c‟est bien, une nouvelle responsabilité autant que d‟éviter la tentation de la fuite et de l‟abdication devant le devoir de l‟adulte”. Mais l‟autorité existe-t-elle encore ? Comment retrouver la saveur de notre propre style, quant à la relation éducative ? L‟impression d‟échec, d‟impuissance qui semble aujourd‟hui caractériser l‟expression éducative des parents, des enseignants et
des éducateurs en général, amène à croire qu‟en ayant recours à la directivité aux sanctions, aux menaces, à la pression, on répond à la situation critique où est tombée l‟éducation. Il devient donc important, dans la pratique éducative, d‟exercer une „vertu‟ un peu démodée qui est celle de la fermeté dans l‟éducation. C‟est la capacité typique de celui qui sait prendre des décisions difficiles sur le plan de l‟émotion, en faveur de ses enfants, de ses étudiants “résistant aux pressions psychologiques internes et externes qui tendent de les affaiblir”. Ce genre d‟exercice comporte, pour l‟adulte, l‟expérience d‟une difficulté certaine au plan des émotions. Ce qui suppose un travail patient sur soi-même pour faire coïncider les aspects de son caractère avec les valeurs qu‟il propose
Tendresse divine Du moment qu‟il ne s‟agit pas d‟un effort de la volonté, de quoi alors se nourrit cette “force” morale ou psychologique de l‟éducateur ? En tous ces aspects, la passion de l‟éducateur trouve son aliment et sa vigueur dans la “tendresse divine” qui est capable, selon M. Bellet, par la force d‟une attention pleine d‟amour, de proximité, d‟accueil et d‟écoute attentive, de rendre à l‟homme la plénitude et la vérité de sa vie. Elle est divine au point d‟être entièrement humaine. C‟est un amour d‟amitié, c‟est la présence, l‟hospitalité, la parole échangée et non un jugement. C‟est tout ce qui fait vivre, nousmêmes comme les relations.
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ensemble aux autres, c‟est la base du dialogue, la source d‟énergie des relations familiales et éducatrices. C‟est donner la parole à tous, même au plus petits. C‟est trouver ensemble des solutions. C‟est avoir confiance dans l‟avenir, c‟est espérer. Tout cela est le résultat d‟une façon de vivre,d‟un style collectif. C‟est la modalité émotive de la tendresse qui, dans une dynamique de tension et de détente, de proximité et de retrait, sait faire place à l‟autre, qui n‟est pas reconnu intellectuelle-ment, ni en paroles, mais accueilli concrètement dans la confiance et l‟ouverture, d‟un coeur confiant envers celui qui agit. “Sans affectrion pas de confiance, sans confiance pas d‟éducation” et aussi “ Celui qui veut être aimé doit prouver qu‟il aime”. C‟est là, aujourd‟hui comme hier, la meilleure synthèse de la pensée de Don Bosco sur l‟éducation. Un adulte, un parent peut et doit peut-être modifier en partie son caractère, son comportement, sans le “falsifier”, ni se vouloir plus “adapté” plus “complaisant” mais en cultivant ses “capacités d‟écoute qui permettent de mieux se connaître, justement pour arriver à être plus vrai et plus près de soi-même et des autres. Selon un auteur, les sentimemnts qui facilitent la vie sont de savoir accepter, de savoir espérer et de se laisser attendrir. Tout cela dépend directement de nottre capacité à cultiver la joie, à chercher à vivre la joie comme le sentiment de la réalité, du présent vécu avec le plus d‟intensité possible. C‟est une expériencede joie que de penser
Seule une relation confiante entre le jeune et l‟éducateur peut donner une base solide au concept d‟autorité, cet étrange jeu d‟équiilibre qui sait doser proximité et distance dans la relation, qui est capable d‟alléger, de deviner, de prévoir, d‟adoucir, de sourire, de se réjouir, de comprendre et de compatir, en ayant appris à respedter des limites mais dans la disponibilité et la compréhension.
palmalionetti@gmail.com
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Femmes en dialogue Paola Pignateli, Bernadette Sangma
«En réparant le monde déchiré. Les femmes dans le dialogue interreligieux» est le titre du livre de Neill Maureen O', publié par Orbis Books en 2007. Le livre explore ce qui peut arriver lorsque les femmes de différentes confessions et de différents points de vue idéologiques entrent en dialogue intra-et interreligieux, sur les questions qui concernent toute l'humanité. Même sans être une grande partie du contenu du livre, il est intéressant de considérer simplement le titre.
Depuis les temps anciens jusqu'à aujourd'hui, l‟on peut trouver des figures de femmes» réparant les sociétés déchirées», en se mettant au dialogue et collaboration avec les autres.
La seconde icône est celle de Ruth et Noémie Deux femmes : une juive et l‟autre moabite, de population et génération différentes, qui luttent ensemble pour donner une nouvelle signification à leur vie. Leur histoire, tissée à partir de l'événement de la mort de leur mari. En conséquence, la vie des deux femmes aurait pu prendre des directions différentes, chacune retournant à ses racines religieuses et culturelles, plongée dans sa douleur et sar perte, la lutte contre la stigmatisation et la discrimination de l‟humiliant et douloureux sort du veuvage. Les deux femmes, cependant font un choix conscient et libre d'accepter et d‟affronter ensemble l'avenir obscur et inconnu, avec seulement la foi en Dieu.
Suivez les Femmes Icônes bibliques de femmes en dialogue C‟est une actualité surprenante de considérer quelques figures de femmes en dialogue dans la Bible. L‟une de ces icônes émerge dans le livre de l‟Exode. Il s‟agit de la mère et de la sœur de Moïse, et de la fille du Pharaon. Des femmes, juives et égyptienne, appartenant à des populations en conflit, qui s‟entendent pour sauver la vie d‟un enfant en enfreignant les ordres du Pharaon. Elles n‟ont pas eu besoin de lieux ou moments de rencontres formelles, il n‟y a pas eu beaucoup de paroles entre elles, mais des gestes et des actions immédiates. C'est un dialogue de la pratique, mettant l'accent sur la valeur de la vie ! .
Une initiative extrêmement créatrice, qui a eu son origine en 2004 par le génie d'une femme nommée Detta Regan, du Royaume-Uni, c‟est «Follow the Women» ou «Suivez les Femmes» qui, a évoluée et s‟est développée et est devenue, aujourd‟hui, une organisation qui recueille des femmes de 40 nations La principale initiative de l'organisation est un „défilé‟ annuel de cyclistes pour les Nations du Moyen-Orient, dans le but de promouvoir le dialogue interculturel, capable de promouvoir des relations d'amour et de bonté dans la Région. Detta Regan affirme que le choix de faire le défilé à bicyclette est guidée par le fait que “traditionnellement les femmes ne font pas de bicyclette au Moyen Orient, aussi la vue d‟un
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tel défilé, seulement de femmes, attire un grand intérêt”. Une telle attention des médias aide le groupe à rejoindre l‟objectif de transmettre leur message de dialogue et de paix. Chaque année, en effet, y participe des centaines de femmes d‟environ 20 à 30 Nations Ce qui rend ce défilé spécial est l'interaction sociale et le dialogue entre les femmes participantes et entre les cyclistes et les autres femmes qui se rencontrent dans les diverses étapes du parcours.
Des femmes qui savent tisser Ilde Curti, Maire adjointe aux Politiques d‟Intégration, décrit la réalité de Porta Palazzo un quartier populaire de Turin : «Les femmes, à Porta Palazzo, ont mille visages, mille couleurs, et mille langues. Mille regard différents : la fatigue, la lassitude, l'inquiétude, le bonheur. Des jeunes et des plus âgées. Elles .
Nous nous demandons… Dans un temps où se multiplient «les tables» du dialogue et de la confrontation, se renforce le partenariat de coopération, on risque l'inflation des termes "interculturelle, religieuse et tant d‟autres”... Sommes-nous encore capables de nous arrêter devant “Lui” pour apprendre le secret d‟un authentique dialogue avec le prochain” ? (C.40)?. Sommes-nous prêtes tout simplement à nous regarder dans les yeux, à nous donner le temps pour dire notre histoire et laisser le changement nous changer ? Que, vraiment, le dialogue nous donne des mots, des perspectives, de nouvelles pensées sur nous-mêmes, sur les autres, sur le monde ?
viennent du monde entier Elles achètent des aliments du monde entier : tapioca, menthe, couscous et tomates de Pachino. Echangent des recettes, mélangent parfums, odeurs, langues, pensées, histoires et coutumes qui n'existaient pas auparavant. On cuisine l'avenir, si on veut bien le voir et y croire, au moins un peu. Sur cette vie métisse et confuse du plus grand marché à la porte de l‟Europe, depuis de nombreuses années, on cherche à investir intelligence, ressources publiques et privées, projets et actions qui régissent la transformation, le changement et la vie quotidienne des personnes. Depuis plusieurs années, ont été ajoutées à cet ensemble créatif des présences, ressources, associations, institutions et l‟Administration municipale, la présence d'une communauté multiculturelle de FMA et l'association 2PR.: Les Sœurs, comme nous les appelons ici Des femmes aussi, qui avec l‟intelligence, la disponibilité et la simplicité de ceux qui y croient vraiment sont entrés en contact avec d'autres femmes : moldaves, roumaines, marocaines, italiennes, sénégalaises. Jeunes et un peu moins. Désespérées, seules, joyeuses, heureuses. Les Sœurs ont été en mesure de parier avec elles, sur la capacité d'intégration entre des personnes qui partagent, ici et maintenant, leur désarmante et extraordinaire humanité. Nous pouvons être ensemble en discutant, boire un thé, coudre. Les barrières, la méfiance des stéréotypes se réduisent. Vous pouvez donner un coup de main lorsque vous êtes sur le point de vous noyer. Cela, les Sœurs l‟ont fait avec nous. Elles ont mis à notre disposition leur capacité à coudre : le fil de l'humanité et des femmes qui savent tisser». paolapignatelli@hotmail.com b.sangma@cgfma.org
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Pour une agriculture soutenable, Anna Rita Cristaino
Chaque jour dans le monde plus de 8oo millions de personnes ont faim et environ 170 millons d‟enfants de moins de 5 ans souffrent de graves troubles psychophysiques dus à la malnutrition. Combien il est nécessaire de penser aux actions de soutien qui apportent une amélioration concrète de cette situation, à partir de l‟agriculture. L’agriculture soutenable est celle qui dans le temps a produit des aliments et autres produits agricoles, mais qui est aussi économiquement avantageuse pour les agriculteurs, respectueuse du milieu et socialement juste. Qui s‟occupe d‟agriculture soutenable, privilégie ces processus naturels qui permettent de préserver la “ressource du milieu”, évitant ainsi le recours à des pratiques nuisibles pour le sol (comme les travaux intensifs) et les substances chimiques (pesticides, hormones...) en utilisant des sources d‟énergie renouvelables. Donc cela consiste dans l‟utilisation de techniques agricoles en mesure de respecter le milieu, la biodiversité et la capacité naturelle d‟absorption des déchets de la terre. Agenda 21 est un programme des Nations Unies dédié au développement soutenable. Au Chapitre 32 on lit : “L‟agriculture occupe un tiers de la superficie de la planète et constitue l‟activité centrale d‟une bonne partie de la population mondiale. Les activités agricoles sont souvent en contact étroit avec la nature, la faisant fructifier et produisant des ressources renouvelables mais, en même temps, la rendant plus fragile en cas d‟exploitation excessive ou de gestion erronée [...] Depuis 20 ans, la production agricole globale a augmenté d‟une façon impressionnante. Toutefois, dans
quelques régions, une telle augmentation a été annulée par l‟augmentation de la population. De plus, les ressources naturelles desquelles dépend l‟activité agricole nécessitent des soins appropriés et le soutien des systèmes de production agricole suscite une inquiétude grandissante”. Le défi de l‟agriculture soutenable, que tous les Pays du monde devraient accepter, ne regarde pas exclusivement les politiques agricoles, les méthodes d‟exploitation du sol, les attitudes des agriculteurs et des consommateurs, mais aussi un engagement responsable et conscient pour soulager et éliminer les souffrances de ceux qui, chaque jour, souffrent la faim. Mais il y a encore quelques demandes qui doivent nous faire réfléchir et nous inviter à regarder avec un sens critique ceux qui proposent des solutions faciles. Est-il licite de recourir à toute la potentialité donnée par les manipulations génétiques ou est-ce un devoir de mettre des limites infranchissables ? Quels sont les instruments formatifs que les Gouvernants doivent introduire pour protéger le milieu et le salut de tous les êtres vivants des possibles conséquences négatives dues à l‟utilisation des organismes génétiquement modifiés ? Et enfin est-ce possible d‟empêcher que les Pays en voie de développement, ne deviennent exclus, sinon détériorés par les bénéfices que les organismes génétiquement modifiés pourraient apporter ?
ancristaino@cgfma.org
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Relation en réseau Quel humanisme dans la culture numérique ? Lucy Roces
Dans Wall-E, un film de 2008 d'Andrew Stanton, les êtres humains subissent un processus d'involution pathologique en devenant tellement obèse qu‟ils ne peuvent plus se promener. Ainsi leur ambition devient moindre, ils passent les journées à converser à travers les écrans cellulaires et à regarder des programmes l‟écran. Ils sont totalement dépendants de l'assistance technologique. Ils ont perdu le contact avec ceux qui les entourent et vivent une vie dépourvue de sens et d'humanité. Mais à un certain point, quand le flux des données entre deux citoyens est interrompu, ils découvrent et s'étonnent du contact humain et de la beauté du monde et des personnes qui, au-delà de leur écran, les entourent. Alors que certains ridiculisent cette vision plutôt apocalyptique du futur de l'humanité, d‟autres ont examiné sérieusement l'impact transformant de la culture numérique. Depuis quelques décennies la théorie de la communication Marshall McLuhan avait compris l'effet révolutionnaire des moyens de communication et dans Le medium est le message, un de ses chefs les plus connus, écrivait : «Tous les médias nous investissent totalement. Ils sont tellement pénétrants en leurs conséquences personnelles, politiques, économiques, esthétiques, psychologiques, morales, étiques et sociale, qu‟ils ne laissent aucune partie de nous intacte, vierge, immunisée».
Jaron Lanier est membre du McLuhan renaissance un des pionniers de la révolution numérique, surtout pour son rôle dans développement de la virtual reality (réalité virtuelle). Dans son manifeste culturel Tu n'es pas un gadget, Lanier pointe le doigt contre les grands changements culturels et sociaux du continent numérique : nous devenons progressivement prisonniers de nos «extensions technologiques». Nous donnons toujours plus confiance à la conception que, du réseau émergerait un type d'intelligence supérieure, de «sagesse des foules interconnectées», une idéologie qui dévalorise autant l'intelligence humaine que la valeur de l'individu. Les réflexions de Lanier évoquent le défi que McLuhan prévoyait : le danger quand mettant trop l'attention au réseau on oublie l'humanité des personnes réelles.
Va… j'ai un peuple nombreux dans cette ville «Où l'homme vit et voit mise à l'épreuve son humanité, l'Église ne peut pas être absente», affirme Mgr Claudio Giuliodori* dans son intervention à la Rencontre de la Conférence Episcopale Italienne Témoins numériques. C‟est le devoir fondamental de l'Église de porter, dans chaque contexte «une vision pleine et intégrale de l'homme selon son identité „d'Etre appelé à la communion avec Dieu et avec ses frères».
* Présidente de la Commission Episcopale pour la Culture et les Communications Sociales de la CEI
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«Le sens et la finalité des media doivent être recherchés dans le fondement anthropologique. Ils peuvent devenir occasion d'humanisation surtout lorsqu‟ils sont organisés et orientés à la lumière d'une image de la personne et du bien commun qui en reflète les valeurs universelles. […] L'humanisme qui exclut Dieu est un humanisme déshumanisé». C‟est seulement en rencontrant le Christ, dans le réseau et dans le monde digitale», affirme Giuliodori, «que l‟on peut découvrir et vivre en pleine la dignité humaine ». Il se demande : vers quel humanisme l nous pousse le nouvel environnement numérique ? Giuliodori affirme encore que la culture numérique se caractérise pour sa capacité d'engendrer trois types d'humanisme. Parmi ceux-ci un humanisme homogénéisé Avec le collectivisme numérique du Web 2,0, il y a le risque de considérer l'existence seulement autour d‟un aspect qui absorbe tous les autres ou les relativise. La nouvelle perception du rapport liquide de l'espace avec le temps détermine un humanisme à organisation variable. Tout, le passé, le présent, le futur, est donné en temps réel, et est toujours plus terriblement virtuel, relatif et transitoire. L'ivresse de naviguer, de connaître et d'avoir des contacts sans limites, peut faire oublier d'“être une personne” avec une histoire placée dans un temps et un espace précis, en relations bien définies. Avec la capacité élevée de socialisation des sociaux network, on ne peut ni s‟isoler ou se cacher jusqu'à alimenter une seconde ou double vie. Pour cela, “il faut que tous travaillent consciencieusement pour faire en
sorte que l'humanisme modelé par le réseau soit vraiment intégral et complété. Le réseau peut contribuer à faire croître un humanisme capable de renforcer et enrichir les relations sociales et, en même temps, être attentif à cultiver la dimension transcendante de l'existence humaine, la dimension sans laquelle aucune expérience ne peut être et se dire authentiquement humaine». Toutefois, Giuliodori convient :, le monde digitale est habité par des personnes qui «sont en recherche et manifestent leurs difficultés et espérance». Est donc nécessaire une pastorale qui ne s‟arrête pas à employer des langages et des moyens digitaux, mais qu‟elle se rende présente dans la vie de la société digitale, à l'intérieur des processus d'humanisation qui émergent pour incarner» en elle la vision évangélique de l'homme et de son destin. C‟est la personne qui est , toujours, tenue présente comme antidote pour ne pas instrumenter les relations qui s'établissent en Réseau. Benoît XVI, lui- même, dans le Message pour la XLV Journée Mondiale des Communications Sociales a pris pour thème : Vérité, annonce et authenticité de vie dans l'ère digitale, nous le rappelle avec insistance: «Qui est mon “prochain” dans ce nouveau monde ? Existe-t-il pas le danger d'être moins présent vers ceux que nous rencontrons dans notre vie quotidienne ordinaire? Existe-t-il pas le risque d'être plus distrait, parce que notre attention est fragmenté et absorbé dans un monde “différent” par rapport à celui dans lequel nous vivons ? Avons-nous le temps de réfléchir de façon critiquait sur nos choix et d'alimenter des rapports humains qui soient vraiment profonds et durables ? N‟est-il pas important se rappeler toujours que le contact virtuel ne peut pas et ne doit pas substituer le contact humain direct avec les personnes à tous les niveaux de notre vie».
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Ponts d’ondes radiophoniques Des ponts par les ondes Anna Rita Christiano
Une chose est sûre : moi, comme beaucoup d’autres, nous continuerons à raconter. Nous nous servirons de la parole comme d’un moyen pour partager,pour refaire le monde, pour comprendre (Roberto Saviano)
Je suis au téléphone avec Sr Paola, une religieuse combonienne qui est, depuis plusieurs années, au Soudan. Sa voix est nette, son discours convaincant. Elle accompagne le programme Social Catholic Radio Network. Elle est arrivée au Sud-Soudan pour mettre son expérience de journaliste au service d‟une radio qui débutait à peine. Maintenant, il y a huit radios. Elles sont réparties dans tous les diocèses. Elles émettent en anglais et arabe, mais utilisent aussi beaucoup les langues locales des différentes ethnies. Je l‟appelle pour une interview radio mais la communication est troublée. Elle s‟enregistre donc et m‟envoie sa réponse.
Ce que montre Internet, dit-elle, c‟est une société réconciliée, enracinée dans les valeurs humaines et chrétiennes qui veille à la justice en portant attention aux secteurs les plus désavantagés, de la population : les femmes, les enfants. Le référendum s‟est conclu tout récemment. Le oui à la séparation du Sud-Soudan l‟a emporté. Maintenant c‟est un Pays à faire renaître. Dans ces régions -où le pourcentage d‟analphabètes est élevé, où le courant électrique n‟arrive pas partout- la radio demeure l‟instrument privilégié pour informer, éduquer et créer une communauté. Durant les étapes de préparation du Référendum, les Radios du Social Catholic Radio Network ont aidé la population à participer activement, avec responsabilité, à la prise de décision. «Notre service a souvent été un service d‟éducation -continue avec ardeur Sr Paola- mais aussi un service de dialogue pour créer un forum où les diverses cultures et les différentes ethnies puissent dialoguer. Promouvoir cet esprit de coexistence pacifique dans un climat encore très
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militarisé, comme c‟est encore le cas au SudSoudan ; c‟est très important. L‟Etat qui est entrain de naître n‟a pas d‟infrastructures et seulement cinq années d‟expérience dans le secteur de l‟administration publique. Nous prévoyons que durant les prochaines années, la situation sera particulièrement difficile justement parce que les aspirations des populations sont élevées. Il s‟agit de construire une nation qui est entrain de se former. Nous pensons donc que les stations de radio auront justement pour rôle d‟encourager par l‟éducation, l‟information la coexistence pacifique dans le Sud. Nous devons passer d'une mentalité de guerre à une mentalité de dialogue» Ce qui ressort de cette rencontre, partie en direct partie en différé, c‟est la conscience que tout peut être utile au service de la mission. Le cœur missionnaire est celui qui bat et ne trouve pas de repos tant qu‟il n‟est pas sûr d‟avoir fait tout son possible pour communiquer à, tous la Bonne Nouvelle de l‟Evangile. Sr Paolo raconte et on sent que ce qu‟elle dit jaillit de sa vie. Elle est au milieu du peuple, elle en partage les joies, les douleurs, les angoisses et les espérances. Elle travaille à faire connaître la vie des gens, leurs besoins, leurs désirs, leurs rêves et leurs véritables problèmes. Construire des ponts favorise l‟intégration, attire vers des idéaux élevés comme la paix, le dialogue. Cela crée de la culture et permet qu‟elle se répande. L‟interview est prêt pour être envoyé par les ondes en Italie. Les réseaux informatiques et les nouvelles technologies enserrent le monde et le rendent plus petit. Je travaille dans la rédaction d‟un journal radiodiffusé, en stage pour deux mois. Le travail avance de façon interrompue. De très nombreuses informations, des annonces d‟agence se succèdent, seconde après seconde, sur mon écran. De mon bureau, par cet écran,
m‟arrivent les cris du monde : situations politiques, faits divers, appels humanitaires, commentaires et déclarations. Je m‟avoue à moi-même : d‟ici je peux sentir le pouls de la planète. Cet écran est ma fenêtre sur le monde. Cependant, avec les jours qui passent, je me rends compte de mon illusion. Ma conversation avec Sr Paola m‟a réveillée. Elle parle de ce qu‟elle vit, de ce qu‟elle voit, de ce qu‟elle entend, elle en personne. Chaque jour, elle dialogue, réfléchit à partir des gens qu‟elle rencontre, de ce qu‟elle vit. La vie donnée en partage devient vie aussi pour les autres. Face à cette marée d‟information, je risque de me noyer, j‟ai besoin de faire halte. Je dois m‟orienter, même si le choix est difficile, il est déterminant. Alors, à la rédaction, un critère m‟apparaît. „Ecoute la voix des plus éloignés, de ceux que l‟on n‟écoute pas, de ceux qui sont en marge, de ceux qui ne seront jamais considérés. Tourne ton attention vers les plus pauvres, vers ceux dont les droits ne sont ni, reconnus ni écoutés. Parle de ceux qui font des choix courageux, de ceux qui construisent des ponts, de ceux qui se donnent à fond pour que les petits soient protégés, de ceux qui défendent la liberté, la justice, la vérité‟. Au milieu de cet océan de nouvelles que je sillonne, se trouve cette barque d‟où le Seigneur apaise les vents et les vagues. Sur cette mer, on peut entendre comme un souffle léger, la BONNE NOUVELLE Il suffit d‟être attentif aux murmures, aux brises légères. Et les semences du Royaume continueront à donner du fruit.
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Analyse de Mariolina Perentaler
Bienvenue dans le Sud De Lua Miniero – France – 2010
Peut-t-on transformer une comédie française sur les préjugés sud-nord en une comédie italienne sur les préjugés nord-sud ? “Oui, et avec succès” répondent les critiques à l’unanimité, portant aux nues ce film très drôle et très applaudi. Le premier décembre 2010, lors de la 33è édition de la journée professionnelle du Cinéma qui se déroulait à Sorrente, le film a reçu le Billet d’or parce qu’il avait enregistré le plus gros chiffre de recettes de toute la saison cinématographique 2009-2010. Son secret ? Avec “Bienvenue dans le sud”, les deux excellents natifs de la Campanie, le metteur en scène, Luca Miniero et le scénographe Massimo Gaudioso, ont réalisé une transposition filmique qui est pratiquement la photocopie de “Bienvenus chez les ch’ti” (notoire champion des recettes en 2009). Mêmes répliques, même intrigue, mêmes histoires. Mais l’aventure transplantée “au pays” finit par être meilleure que le transalpin d’origine.
Bienvenue sur le “Salerno-Reggio-Calabra” Depuis toujours, la comédie cinématographique italienne puise judicieusement et avec succès dans le répertoire né en grande partie des racines et des lieux communs de notre pays. En particulier quand il s‟agit de caricaturer les préjugés qui séparent et étiquettent les régions du nord et celles du sud. L‟intrigue rappelle fidèlement celle du film français tourné par Dany Boon, tout en inversant l‟orientation géographique. L‟employé d‟un bureau de poste d‟une ville lombarde, Usmate, fait l‟objet d‟une mutation–sanction (il s‟est fait passer pour un
Son semble vouloir accompagner une volonté de divertissement léger qui demande aujourd’hui la foule des parterres pour laisser cours à un besoin quasi physiologique de rire, et encore mieux si –comme dans ce cas- c’est une manière Intelligente. Sur Vivilcinema, édité par la Fédération italienne du Cinéma d’Essai (FICE), Domenico Barone parle d’un “divertissement léger et sans prétention”. D’un exemple lucide de comédie sociale. De touches et de coups de griffe humoristiques qui reflètent les habitudes, les tics et les petites manies....que j’invite à ne pas perdre –conclut-t-il-, pour celui qui veut passer cent minutes d’hilarité saine et intelligente. Du point de vue du contenu, l’œuvre pourrait être en gros définie comme une bataille par le rire efficace contre les préjugés. C’est pourquoi il faut le voir. Pour rire de bon cœur grâce à une comédie bon enfant destinée au grand public, mais capable également de refléter son sens national de l’amour et de l’amitié au delà et au dessus de tous les préjugés
handicapé, pour pouvoir obtenir un poste convoité à Milan) et il est envoyé vers un petit bureau postal au cœur de la région de Salerne, à Castellabate Pour lui, homme bien pensant issu de la région du Pô, c‟est un cauchemar de ne connaître que trois caractéristiques de Naples et de ses environs : il y fait chaud, le dialecte est incompréhensible et la mafia omniprésente. Sur ces préjugés absolus et sur l‟incompréhension linguistique, le film développe un enchaînement de scènes d‟un comique irrésistible. Claudio Bisio –le comique reconnu depuis longtemps par la télévision et maintenant sur une brillante trajectoire– est l‟acteur qui interprète avec succès le
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principal personnage, Alberto Colombo. Lombard invétéré et plein de préjugés, il nous fait rire dès son départ de Milan : il laisse sa femme et il emprunte l‟autoroute Salerno-ReggioCalabria après avoir endossé un gilet pare-balles, emportant avec lui une crème solaire de protection 50 et un morceau de gorgonzola (petite relique consolatrice d‟un monde à jamais perdu, au sein duquel il était même un membre incontesté de la prestigieuse “Académie du gorgonzola”. “Ca commence plutôt mal !” lui fera remarquer le collègue de la poste Mattia (Alessandro Siani) qui l‟accueille à bras ouverts -selon un autre lieu commun– comme nouveau directeur, lui offrant le couvert et le gite et du sabayon et des saucisses au petit déjeuner ! Petit à petit il l‟amènera à découvrir combien la terre où il a mis les pieds est splendide, un endroit fascinant comme du reste sa population, joviale et amicale, sincère, solidaire.. c‟est ainsi que l‟histoire de “l‟immigrant” passe progressivement au second plan, cédant le pas à l‟amitié, avec en arrière plan un paysage enchanteur, où Alberto découvre une réalité et une humanité que personne n‟imaginait. Le thème de l‟amour vient lui aussi s‟insérer harmonieusement dans le film : il s‟exprime suivant deux voies parallèles, celle de la crise conjugale entre Alberto et Silvia sa femme, qu‟il a plantée là, et celle de la relation passionnée entre Mattia, le collègue ami et Maria, authentique beauté méditerranéenne; bien interprétée par Valentina Ludovini. La formule du film est ingénieuse dans sa simplicité : sourires et sentiments sont tout sauf mis de côté. Ils attestent qu‟il faut avoir une sensibilité appropriée pour plaisanter sur les discriminations et les préjugés. La comédie, tout en
POUR FAIRE PENSER SUR LA CONCEPTION DU FILM
SUR LES ASPIRATIONS DU FILM
Montrer tout en amusant, comment, en matière de préjugés nord-sud et vice versa, le passage de la France à l’Italie n’a rien d’inaccessible.
Savoir rire de soi pour apprendre que – partout – la recette pour venir à bout des idées préconçues c’est la connaissance de l’autre.
“Lorsque j‟ai vu l‟original „Bienvenue chez les ch‟ti” confie l‟auteur lors d‟une interview, je me suis tout de suite dit : mais pourquoi une telle idée ne nous est pas venue à l‟esprit ? le dualisme entre le nord et le sud, les lieux communs, certaines idées préconçues enracinées dans notre société plus encore que dans la société française. En outre, la légèreté de cette intelligente comédie m‟a plu et quand j‟ai décidé de répéter l‟opération, je l‟ai voulue pleine d‟un comique vraiment à l‟italienne”. Bienvenue dans le Sud est sans nul doute ironique et autoironique. C‟est un film qui se tourne lui même en dérision, qui sait rire sur la mozzarella de buffle et le gorgonzola, sur la Salerno-Reggio Calabria, sur les lieux communs auxquels aucun de nous n‟échappe. Un film qui sans avoir l‟air de rien enseigner donne en douceur une leçon salutaire, encore et toujours d‟actualité, indépendamment de sa localisation géographique
Il est certain que les lieux communs traditionnels d‟aujourd‟hui se font amèrement l‟écho de slogans intégristes. Toutefois le film ne veut pas se placer ni se proposer sous cet angle. “La Ligue des communes” -explique Bisio avec netteté– fut créée pour chasser dehors l‟étranger. La nôtre est en revanche une comédie qui raille la méconnaissance réciproque pour inviter à l‟ouverture vers les autres. “Sans vouloir cependant être à tout prix bien intentionné. Ainsi, Bienvenue dans le Sud – si nous y repensons – est un film plein de cruauté, même s‟il déborde de rires, véritablement parce que plein d‟ignorances. L‟œuvre de Miniero n‟est pas une réponse à Barbarossa (film inspiré de la Ligue, sorti en 2009 et qui précède l‟autre) : son héros Albert n‟est jamais un proto-ligueur, une sorte de précurseur un peu comme le serait sa femme Silvia (l‟excellente Angela Finocchiaro). Le héro est dans un sens “ignorant” parce que réellement il ignore tout du Sud, il n‟est jamais sorti de sa campagne de la Brianza. Il n‟a pas encore élargi son esprit ni son cœur aux dimensions de l‟appel le plus pressant de notre temps : la richesse de la vie en communauté multiculturelle.
rythme, est un récit et non un catalogue de répliques. Brillante et absolument pour tous, elle démontre que l‟on peut encore penser à la comédie populaire tout en évitant la vulgarité.
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Sœur Article Adriana Nepi
En parcourant la production littéraire de Marie Pia Bonanate, une journaliste renom-mée, on peut noter l‟attention particulière qu‟elle porte au monde des femmes, en particulier au monde méconnu de la vie des soeurs. Elle a cherché à connaître ce monde dans les lieux et les situations les plus divers et elle y a tissé des liens d‟amitié très fort. Qui, présenter au grand public ? Qui sont les soeurs ? Certains acceptent, voire apprécient les soeurs de la vie active mais trouvent incompréhensible, inutile même la vie des soeurs cloîtrées. A toutes ces personnes, le livre montre concrètement à quel point les soeurs de vie active comme les soeurs cloitrées sont des femmes avant tout, des femmes “accomplies”, et parfois des femmes exceptionnelles. A nous qui appartenons à cette “catégorie choisie”, que peut offrir de plus cette lecture ? Chacune connaît l‟histoire de sa propre vocation, en vit les joies intimes, expérimente la difficulté et la beauté d‟un chemin toujours en progression, en s‟abandonnant entièrement à Lui....et pourtant même pour celles qui sont déjà des soeurs, le livre offre une matière à réfléchir utilement et aussi à se réjouir. Un plaisir, qui n‟a rien à voir avec le triomphalisme (nous sommes désormais immunisées contre cette faiblesse enfantine), mais qui est la joie de contempler les grandes oeuvres de Dieu, sa fantaisie inépuisabe dans l‟appel à Lui de “celui ou de celle qui veut”, dans la conduite de la vie parfois âpre mais toujours féconde avec ceux qui s‟aban-donnent entièrement à Lui. Dans le vaste panorama qui s‟ouvre devant nous, il est difficile de choisir, de simplifier, de résumer
(comme a su le faire, dans sa belle et ample préface, Dacia Maraini).Au sein d‟une telle diversité dans les caractères et dans les itinéraires parcourus, nous repérons toujours quelques constantes. Nous découvrons malgré tout que dans chaque appel, figure toujours un élément impossible à déchiffrer, qui échappe à nos “pourquoi ?”. Quelquechose qui demeure pour toujours le secret de Dieu. Il est vrai par ailleurs qu‟une soeur qui vit fidèlement sa vocation, le fait pour être une femme accomplie, mais elle peut devenir également une femme exceptionnelle, au point de devenir célèbre. Or, il n‟y a aucune différence fondamentale entre la vie de tant d‟humbles religieuses qui ont même passé leur vie dans la monotonie quotidienne d‟une cuisine ou d‟un vestiaire et celle d‟autres qui, sans jamais se faire d‟illusions, sont arrivées à faire parler d‟elles d‟un pays entier ou même du monde entier. La richesse de certaines existences extraordinaires est jaillie d‟une longue mortification, d‟une abnégation radicale. Rita Petrozzi, la future soeur Elvira, n‟avait jamais pensé à devenir religieuse. C‟était une belle jeune fille pleine de vie, qui aimait aller danser, skier, foncer en moto, pratiquer l‟alpinisme professionnel. Parmi de nombreux admirateurs elle en choisit un : un garçon bien, avec un avenir sûr. Il lui parlait déjà de mariage....Elle ne sait comment expliquer – raconte-t-elle-– comment cela se passa vraiment : dans un moment de tendre intimité, alors qu‟ensemble ils élaboraient des projets pour leur maison, l‟éducation de
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Professe, soeur Elvire fut affectée aux cuisines et vécut confinée quinze années durant et sans jamais sortir du sous sol malsain où elle travaillait jusqu‟à ce que la maladie lui impose un changement d‟office. On lui fit préparer un diplôme supérieur et elle enseigna dans une éccole maternelle. Elle avait toujours aimé les pauvres et elle leur consacrait son temps libre, mais seulement au bout de vingt cinq ans de vie religieuse et toujours dans la voie de l‟obéissance. A elle s‟ouvrirent les voies vers lesquelles allait tendre toute sa mission. Une histoire un peu similaire à celle de Mère Teresa de Calcutta.
leurs enfants, leur joyeuse disposition d‟esprit se transforma tout d‟un coup en une étrange inquiétude ; c‟était presque le sentiment inédit d‟être hors de la réalité ; la sensation que l‟infini d‟un coup réduisait à néant tous les projets auxquels ils se consacraient ensemble. ...Et elle eut peur. Elle demanda du temps, bénéficia de la compréhension de ce garçon bien, qui l‟aimait, et elle prit dix jours de congé pour faire une retraite et... finit par devenir religieuse. Elle choisit, un peu par hasard , -un peu aussi parce qu‟elle aimait s‟occuper des tout derniers- , une congrégation consacrée aux pauvres et aux malades. Les débuts ne furent pas faciles : elle sentait la dure nécessité d‟accepter des prescriptions un peu dépassées à notre époque, d‟adopter un comportement dont elle ne comprenait pas la logique, mais elle déclarait elle-même, “cette thérapie de choc sur mon orgueil , mon esprit d‟indépendance, mes qualités propres, m‟a dépouillée progressivement de moi même, me revêtant uniquement de l‟indispensable. “Puis, ajoute-t-elle, un peu de jeun, un peu de pénitance font diminuer le goût pour les choses et la vie”.
Soeur Elvire obtient de quitter l‟Institut et put ouvrir une maison pour les pauvres, avec l‟aide de deux volontaires. Elle n‟avait jamais pensé qu‟elle s‟occuperait des drogués, mais ce furent deux jeunes toxico-dépendants qui frappèrent les premiers à la porte de la maison délabrée qui avait été offerte par la Commune. Et ce fut le commencement d‟un véritable miracle. Sans faire de comptes ni de réserves, vivant au jour le jour, donnant à ceux qui étaient dans le besoin, leur avançant ce qu‟elle dépensait pour survivre. Une folie propre à ceux qui osent prendre au pied de la lettre les promesses de l‟Evangile, en provoquant presque la Providence....il semble cependant que Dieu apprécie de telles provocations. Et si c‟était cette vie là que tous devraient embrasser avec courage ? Aujourd‟hui le Cénacle (tel est le nom conféré à l‟Oeuvre) est devenu une multinationale de l‟amour, avec soixante deux Fraternités réparties dans dix sept pays dans le monde. Le livre présente un grand nombre de belles figures comme celle là, et que personne n‟hésiterait à reconnaître comme pleinement femmes et pleinement accomplies ; c‟est cependant le mérite de l‟auteur, une femme, d‟avoir mis en lumière le fait suivant : certaines soeurs sont devenues célèbres non certes parce qu‟elles aspiraient à un accomplissement individuel pour elles mêmes mais à cause de l‟inflexibilité avec laquelle elles se sont laissé dépouiller d‟elles mêmes par amour pour Dieu et pour les plus “petits” d‟entre les frères.
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dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Dis à quelqu’un que je suis là Notre réflexion part cette fois d‟une phrase tirée d‟une lettre d‟une FMA qui donne voix peutêtre à tant de silences et de solitudes incroyables : …..nombreux sont les motifs de souffrances qui persistent, aggravés par la sensation de «ne pas exister» aux yeux des autres. Nous avons tous un besoin incoercible : celui d‟exister pour quelqu‟un, d‟appartenir à quelqu‟un qui nous aime ! Nous retrouvons ce même souffle poignant dans le récit d‟un médecin de l‟hôpital pédiatrique de Managua : Une veille de Noël je restais à travailler très tard. Quand Fernando se décide à rentrer à la maison où je l’attendais pour la fête, après un dernier tour dans les salles pour voir si tout était en ordre, je sens tout à coup une légère tape sur l’épaule. Je me retourne et je vois un des petits patients qui le suivait. Dans la pénombre je le reconnais, c’était un enfant qui n’avait personne. Fernando reconnaît ce visage déjà marqué par la mort et des yeux qui demandaient des excuses, ou peut-être une permission… Fernando s’approcha de lui et le bambin l’effleura avec la main : « Dis-le lui… » lui susurra-t-il. « Dis à quelqu’un que je suis là ». (Du III livre des étreintes de Eduardo Galeano) Combien de solitudes, réelles ou subjectives et psychiques, rendent amères et un peu pesantes nos journées. Nous voudrions appartenir d‟abord à une communauté très humaine, capable de chaleur, de gentillesse, d‟attention. Au contraire souvent nous avons la sensation qu‟avec les années qui passent nous n‟existons plus pour personne. Qui gardera notre cœur ? Qui se souviendra de nous ? Qui aura pour nous aujourd‟hui un regard d‟amour ? Combien de fois nous voudrions dire à quelqu‟un : Dis à la directrice que je suis là… Mais une vie de regret et de plainte quel sens cela pourrait-il avoir ? Continuer à dire que nous ne sommes de personne, alors que c‟est humainement vrai, quel témoignage seraitce ? Nous sommes de Dieu ! Gardien et bon pasteur. Nous sommes venues à la suite d‟un Jésus qui disait : AIMEZ-VOUS. Chacun aime l‟autre ! Le vrai drame n‟est pas d‟être oublié. Le vrai drame est d‟oublier. « Les pauvres vous en aurez toujours avec vous ». Peut-être cette directrice, cette personne pour lesquelles tu sens «ne pas exister» ont besoin que tu les aimes. Que tu sèmes sur leur chemin des traces de compassion et d‟humilité. Devant chaque visage et chaque vie penser : «J’ai dit à mon cœur que tu es là… ».
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DOSSIER :
Témoins de l’écoute
PREMIER PLAN:
Pas après pas Cheminer dans la Sécurité. Ste Thérèse d’Avila
EN RECHERCHE :
Pastoralement Aujourd’hui ; quelle éducation à l’amour ?
COMMUNIQUER :
Témoins numériques Quelle annonce possble au temps des Connexions internet
L’EAU PÉNÉTRAIT DANS LES CHAUSSURES ET LES ÉTOILES DANS L’ÂME. (Victor Hugo)
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SUR TA PAROLE
NOTRE PÈRE QUI ES AUX CIEUX... (Matthieu 6,9)
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