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Premier Plan 14 Pas à pas Don Bosco et la pédagogie du milieu ambiant
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Editorial
Les racines du futur
Le choix de la non-possession
De Mornèse au Monde
de Giuseppina Teruggi
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Amour et Justice “…allez, vous aussi dans ma vigne”
Dossier Témoins de la gratuité
dma Revue des Filles De Marie Auxiliatrice Via Ateneo Salésiano 81 000139 Roma Tél. 06/87.274.1ifax 06/87.13.23.06 e.mail : dmariv2@cgfma.org
20 Fil d’Ar iane La solitude
Directrice Responsable Mariagrazia Curti Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano Collaboratrices Tonny Aldana i Julia Arciniegas – Mara Borsi i Piera Cavaglià .
Maria Antonia ChinelloiAnna Condò Emilia Di Massimo i Dora Eylenstein Laura Gaeta i Bruna Grassini Maria Pia GiudiciiPalma Lionetti Anna Mariani iAdriana Nepi Louise PasseroiMaria Perentaler Paola Pignatelli i Lucia M;Roces Maria Rossi iLoli Ruiz Perez
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27 En recherche
Communiquer
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Ecole vivante
Profil du continent numérique
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Pastoralement
De personne à personne
Témoins numériques
La pastorale des jeunes de B. 16
32 Femmes sur le terrain
Quand les mots ne servent à rien
40 Vidéo
Dans un monde meilleur
Le parfum de la gratuité
34 Notre Terre
42 Livre Chaque chose en son temps
L’eau, un droit ignoré
44 Lettre à une amie La “ruse” du pardon
Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande Bernadette SangmaiMartha Seïde Traductrices France : Anne-Marie Baud Japon : Province japonaise Grande Bretagne : Louise Passero Pologne : Janina Stankiewicz Portugal : Maria Aparecida Nunes Espagne : Amparo Contreras Alvarez
EDITION EXTRACOMMERCIALE Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma C.C.P.47272000 Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970 Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge 662/96 – Filiale di Roma
N° 07-08-2011 Tipographia Istituto Salésiano Pio XI Via Umbertide 11,00181 Roma
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dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Le choix de la non-possession Giuseppina Teruggi
Un leitmotiv de fond, comme un fils rouge – que l’on peut appeler la non-possession – traverse les différents articles de ce numéro du DMA. Un rappel tout à fait salésien, et aussi avec une saveur franciscaine, si nous nous référons aux paroles d’une célèbre comédie musicale sur saint François d’Assise : “Règle n°1 : nous demandons la permission de posséder quelque chose mais nous ne possédons rien.” Il existe une forme de gratuité qui, si elle devient un style de vie, peut nous rendre “plus libres, plus heureuses” et nous aider à prendre la vie avec humour. Vivre la gratuité nous dépouille des préoccupations de vouloir défendre nos espaces personnelles, nous aide à donner une autre dimension au terme “mon” quand il est un don à partager, qui appartient à tous. Aujourd’hui, c’est un chemin de conversion difficile : une provocation, une alternative évangélique à l’individualisme. Le choix de ne pas posséder, en plus de nous libérer de nos peurs d’être exproprié, nous permet de dépasser la tentation de nous sentir “propriétaires” au lieu d’être seulement “administrateurs”. Une telle optique soutient l’engagement assidu de celui qui sait être collaborateur/collaboratrice à l’oeuvre de la création. Notre règle de vie nous indique une voie à parcourir quand elle nous invite à “nous soumettre avec générosité, à la loi commune du travail”, pour donner notre contribution au bien commun, en mettant ce que nous sommes à la disposition de tous. Ceci est aussi “un signe d’amour”: il peut préciser notre identité et caractériser le visage de nos communautés, toujours plus interculturelles. Un choix enraciné dans les origines de l’Institut. A Valdocco, à Mornèse “ce n’est pas
la personne seule qui éduque, mais la communauté dans la richesse des dons apportés par chaque membre, dans l’intégration et l’harmonisation des différences”. C’est le critère qui –suivant la ligne tracée par les documents récents– guide nos chemins aujourd’hui, pour “unir les forces et coordonner les initiatives”. L’attitude de non-possession constitue aussi un bon entraînement pour vivre de manière sereine la solitude, qui touche toute vie humaine et peut devenir un piège ou une menace, pour la personne qui “ne réussissant pas à se libérer de comportements infantiles, d’égocentrisme, de repli sur soi” adoptera différentes formes d’abus de pouvoir, de rigidité, de fermeture. Alors qu’une saine solitude peut être “créative, féconde, ouverte aux relations”, parce que “solitude et sociabilité ne sont pas deux réalité opposées et incompatibles, mais complémentaires”. Les témoins qui vivent selon l’esprit de la non-possession sont nombreux, dans et hors de nos communautés. Comme Maria Adele et Elio qui affirme convaincus : “Si nous réussissons (et nous savons combien cela est difficile) à nous vider de nous-même et de notre ego, à nous rendre disponible, à laisser la vie couler en nous comme un verre est toujours ouvert pour accueillir l’eau pure qui nous est offerte chaque jour…, alors nous devenons capables de faire des choses que nous n’imaginions pas pouvoir faire, parce que c’est la Vie qui coule en nous qui agit et féconde le monde”. gteruggi@cgfma.org
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dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Témoins de la gratuité Ana Rita Cristaino
“Qu’as-tu que tu n’aies reçu?” (1 Cor. 4,7). . Avoir conscience que notre existence a son origine dans un geste purement gratuit de Dieu, nous fait percevoir notre vie comme quelque chose de particulièrement mystérieux, et en même temps de captivant. Il suffit de regarder autour de nous et découvrir que tout ce qui nous entoure est là selon un plan gratuit de Dieu. Les personnes, la création, les événements, tout ce qui est en relation avec nous, et toute chose, si on y réfléchit bien, n’est pas notre conquête, mais tout nous a été donné par grâce. Si nous en avons vraiment conscience, si nous réussissons à tout moment de notre vie, à le comprendre, à nous en rendre compte, nous ne pouvons pas arrêter de dire merci. Tout l’Amour que Dieu a, Il nous l’a donné. Tout ce qu’Il est, nous a été rendu proche par Jésus, don par excellence du Père, qui se continue chaque jour dans l’Eucharistie. Témoins de la gratuité, parce que témoins d’une conception de la vie qui renverse les priorités. Car nous donnons la première place la reconnaissance d’avoir été aimés depuis toujours, de toute éternité, aimés par l’Amour. Puis vient un désir profond de partager le don reçu. D’entrer en relation avec tout ce qui nous parle de Lui. “Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement” (Mt 10,8). Sans calculer. Librement. Etre conscients de ceci nous fait entrer dans la liberté et dans la vérité du grand mystère de notre foi. Nous sommes des témoins de la
gratuité, disions-nous, qui ne peuvent pas ne pas témoigner de ce grand bonheur. Si un seul instant, nous réussissions à percevoir tout l’amour qui nous inonde, si seulement nous réussissions à sentir combien le Seigneur nous serre continuellement dans ses bras, le souffle nous manquerait, cela nous semblerait trop fort, et nous nous sentirions en défaut face à tant de bien reçu. Mais en être au moins un peu conscients nous aiderait à affronter la vie avec un regard plus libre, plus sincère. Ceci nous porterait à faire de notre vie une continuelle exploration, une continuelle recherche d’indices qui viendrait confirmer ce sentiment d’être aimés, sans se fatiguer à chercher, et surtout sans prétendre s’arrêter. Comme l’épouse dans le Cantique des cantiques. Elle sait bien qu’elle n’a rien fait pour mériter tout l’amour de l’aimé, mais elle est consciente que le fait d’exister en lui-même est digne de l’amour. Dans son parcours pour rencontrer l’aimé, elle se trompe, tombe, se retire, a peur, mais elle réussit à trouver le courage de se relever, de courir à la recherche de celui qui est son seul bonheur et de le fixer comme un sceau dans son cœur.
Le courage de la gratuité Il faut du courage pour accepter d’avoir été aimée en premier. Il faut du courage pour accepter la gratuité de Dieu. Il faut du courage parce que tout cela nous fait entrer dans une logique dans laquelle tout peut arriver, dans laquelle il n’y a pas de calculs et où les prévisions ne correspondent pas toujours au but souhaité.
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avec elles, à vouloir la compagnie de personnes qui nous irritent ou qui nous envoient des sensations négatives ? Je crois qu’être témoins de la gratuité c’est justement cela. Notre manière d’aimer n’a rien à voir avec un amour romantique, fait de petits cœurs et d’étoiles qui nous illuminent. Notre amour est difficile parce que gratuit. Parce qu’il n’a pas de prix. Mais imaginons de vivre dans la plus pure gratuité. Nous serions les personnes les plus libres, les plus heureuses, et nous arriverions certainement à prendre la vie avec plus d’humour. Rien ne nous est dû en retour, aucunes considération ou attestation d’estime, aucune course pour arriver en premier, aucun accaparement, aucunes élucubrations mentales, aucun gain à accroître, rien à économiser, mais tout à perdre. C’est un chemin qui nous entraîne vers le haut. Il est peut-être nécessaire de redécouvrir la beauté de l’équilibre entre action et contemplation, équilibre léger, Quelque fois on entend des parents dire à fruit d’une mystique vécue avec optimisme, leur enfant : “Sois gentil, sinon maman (ou comme nous l’ont enseignée don Bosco et papa) ne t’aimera plus”. Dieu ne raisonne mère Mazzarello. pas comme cela. Lui nous aime un point c’est tout. Apprendre la gratuité de Dieu est un exercice difficile. Réussirons-nous à avoir de l’affection pour nos amis quand ceux-ci nous décevront, à aimer quand même nos sœurs quand nous ne partageons rien
L’exemple de Jésus de Nazareth
Jésus est le témoin d’une vie entièrement gratuite. Il agit avec une gratuité absolue et il la recommande à ses disciples. Quand on découvre la vie comme un don, comme un
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dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE L’amour-propre, l’amour de soi, cet égocentrisme qui non seulement tend à nous situer au centre de l’univers, mais qui nous fait refuser la logique du don et de la gratuité : tout nous est dû, tout est une proie possible pour nous, tout est subordonné à nos désirs et à nos rêves. Mais ainsi nous ôtons de l’espace vital aux autres sans nous en rendre compte, nous finissons par nous en enlever à nous-mêmes, par nous étouffer avec nos propres mains : il nous est en effet donné de vivre, mais il nous appartient que notre vie avec les autres soit un enfer ou la source d’une réconciliation partagée et donc authentique et durable. (Lettre à un ami sur la vie spirituelle, Bi
nchi Enzo,Qiqajon)
cadeau précieux et inestimable, la gratuité déborde alors et rejoint tout le monde sous la forme de signes bien incarnés. Dans le récit du parfum versé sur les pieds de Jésus, le regard de Jésus est pure gratuité, l’unique regard gratuit parmi les personnes présentes. Certaines lisent le geste avec un intérêt démesuré et arrivent jusqu’à calculer le prix du parfum. Mais Jésus voit seulement la profondeur de l’amour que la femme manifeste extérieurement. Et la même chose arrive dans le récit de la multiplication des pains. Tandis que les disciples sont préoccupés par le prix de tout le pain à acheter, Jésus considère le moment seulement dans l’optique de la gratuité de Dieu face à l’humanité, un Dieu qui donne le pain en abondance pour tous, tellement qu’il y en a en plus. Ceci devrait nous aider à considérer la vie avec admiration et gratitude, en cultivant en nous le désir constant de service et de don. La gratuité est un défi, une provocation pour le monde organisé et planifié. La gratuité demande d’aller au-delà du modèle qui nous cerne de toute part et qui souvent nous piègent. Mais ce passage nous le faisons les mains nues, seulement équipés de notre humanité. Où tout s’achète et se vend où tout est produit pour être consommé et rejeté, là jaillit le scandale de la gratuité. D’une certaine manière aussi un retour à la réalité, parce qu’il nous aide à comprendre qu’on ne peut pas tout acheté, convertir en
argent, en objet à vendre. Il y a des biens qui n’ont pas de prix, qui sont absolument transcendantaux, et qui agissent dans la nature profonde de l’homme. Dans la gratuité l’homme devient créatif, tandis que dans l’économie de marché il est répétitif
Tout est grâce La gratuité est une grâce, puisqu’elle est un don non seulement pour qui reçoit des gestes de gratuité, mais aussi pour qui les accomplit, puisque la capacité d’aimer gratuitement est quelque chose qui nous arrive en nous surprenant toujours, comme quand nous sommes capables de recommencer après un échec, ou de pardonner vraiment de graves erreurs, celles des autres ou les nôtres. Quand on met en place la dimension de la gratuité, la route à parcourir est aussi importante que le but à rejoindre. La catégorie qui parle le plus, quant à la gratuité, est l’agapé. En fait, il ne peut pas y avoir de comportement inspiré par l’agapé sans la gratuité. Cette condition nécessaire sert déjà à distinguer la gratuité de l’altruisme ou de la philanthropie. Le don peut être gratuit ou non, quand dans le don, la dimension de l’obligation est plus importante. Un autre terme peut aider à comprendre la dimension nécessaire de la gratuité, c’est l’innocence, que nous trouvons surtout chez les enfants.
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Il y a aussi la gratuité dans l’action de celui qui, comme le raconte Primo Levi, dans le camp de concentration, décide de construire un “mur droit” (et non courbe), même s’il ne sera utilisé par personne et “ne servira à rien”. La gratuité est donc une dimension qui peut accompagner n’importe quelle action à laquelle on peut répondre seulement par un autre acte gratuit ou un don.
Par cette prise de conscience que les biens sont pour les autres, nous-mêmes aussi, ainsi que nos talents, naît, grandit l’esprit de la non possession qui utilise difficilement l’adjectif “mon”.
(Caritas in veritate, 39)
L’adjectif “mon” indique quelque chose qui m’appartient, et il est en opposition avec ce qu’indique le terme “en commun”. Donc ce qui est en commun appartient à plusieurs personnes, à tous. Dans la communauté, tout est mis en commun, donc la communauté peut être vue comme le lieu du partage des dons et des responsabilités.
Tout ce que nous sommes, âme et corps, tout ce que nous possédons, physiquement et spirituellement, toute la création qui nous entoure avec toutes les créatures qui la peuplent, toutes les affections, les sentiments, les instincts, les désirs, les espérances… toutes ses choses sont des “biens qui appartiennent aux autres”.
C’est l’esprit de pauvreté, ou être pauvres en esprit, qui nous fait prendre conscience que nous avons tout reçu gratuitement et que tout don reçu est pour les autres. Pauvre en esprit ne veut pas dire ne pas avoir de biens ni d’attachements, mais savoir que toutes les choses que l’on a, sont des biens à partager avec les autres.
Le danger de l’adjectif “mon”
Si nous pouvions nous tourner vers un grand écrivain russe du passé, comme Léon Tolstoï et lui demander de décrire sa vision de la gratuité, peut-être qu’il nous répondrait avec l’incipit d’un de ses chefs d’oeuvre littéraire, Résurrection : « Même si les hommes, rassemblés dans un petit espace par centaine de millier, enlaidissaient la terre sur laquelle ils s’entassaient, même s’ils pavaient la terre pour que rien ne pousse dessus, même s’ils écrasaient tous les brins d’herbe qui pointaient, même s’ils enfumaient l’air de carbone fossile et de pétrole, même s’ils mutilaient les arbres et chassaient tous les animaux et tous les oiseaux, le printemps sera toujours le printemps, même dans les villes. Le soleil réchauffe la nature, l’herbe croît et verdit à nouveau, partout où elle n’a pas été arrachée, non seulement dans les plates-bandes des allées, mais aussi entre les dalles de pierre, et les bouleaux, les peupliers, dilatent leurs feuilles visqueuses et parfumées, les tilleuls gonflent leurs bourgeons qui déjà commencent à éclater ; les corneilles, les passereaux et les pigeons, sentant le printemps arriver, préparent leurs nids, et les mouches, réchauffées par le soleil, s’agitent sur les murs. La joie est partout, dans les plantes, chez les oiseaux, les insectes, les enfants. Mais les hommes – ces grandes personnes, ces adultes – n’arrêtaient pas de se tromper eux-mêmes et les autres. Les hommes considéraient que ce qui était le plus sacré et le plus important n’étaient pas ce matin de printemps, ni cette beauté du monde créée par Dieu, donnée pour le bien de toutes les créatures – beauté disposée pour la paix, l’accord et l’amour – mais ce que eux, avaient cogité pour se dominer les uns, les autres.»
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Paolo VI, dans Populorum progressio demandait que soit défini un modèle d’économie de marché capable d’intégrer, au moins tendanciellement, tous les peuples et non seulement ceux qui étaient en mesure d’y prendre part. Il demandait que le marché international soit le reflet d’un monde où « tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres. » Quand la logique du marché et celle de l’Etat s’accorde entre elles pour perpétuer le monopole de leurs domaines respectifs d’influence, la solidarité dans les relations entre citoyens s’amoindrit à la longue, de même que la participation et l’adhésion, l’agir gratuit, qui sont d’une nature différente du donner pour avoir, spécifique à la logique de l’échange, et du donner par devoir qui est propre à l’action publique, réglée par les lois de l’Etat. Vaincre le sousdéveloppement demande d’agir non seulement en vue de l’amélioration des transactions fondées sur l’échange et des prestations sociales, mais surtout sur l’ouverture progressive, dans un contexte mondial, à des formes d’activité économique caractérisées par une part de gratuité et de communion. Le binôme exclusif marché-Etat corrode la socialité, alors que les formes économiques solidaires, qui trouvent leur terrain le meilleur dans la société civile sans se limiter à elle, créent de la socialité. Le marché de la gratuité n’existe pas et on ne peut imposer par loi des comportements. Pourtant, aussi bien le marché que la politique ont besoin de personnes ouvertes au don réciproque. (Caritas in veritate, 39)
La gratuité, donc, nous porte à voir toute chose comme un don, reçu et à partager, spontanément de la même manière que la respiration remplit d’air nos poumons et tout naturellement rejette l’air vicié. La respiration de la vie est un continuel passage du don au partage. Dans nos relations humaines, nous ne pouvons être comblés pleinement, seulement quand nous donnons ou quand nous recevons, seulement quand nous parlons ou quand nous écoutons, seulement quand nous aimons ou quand nous sommes aimés, seulement quand nous pensons ou quand nous agissons, mais c’est dans l’alternance pondéré de ses deux aspects, que nous pouvons vivre la coopération, le dialogue, la communion, qui sont les fruits de l’amour. L’amour sait donner et recevoir. La vie en communauté, nous fait expérimenter la non possession, elle nous pousse même à nous donner nous-mêmes : nous faisons cadeau de notre présence jusqu’à donner notre vie. Nous sommes en communauté pour les autres, notre présence est l’expression de notre vouloir être là pour les autres.
Le moi communion Etre témoins de la gratuité c’est aussi être témoins de la fraternité, en passant de l’égoïsme à la solidarité, à l’amour. En communauté nous expérimentons concrètement notre capacité de donner, donner notre temps, notre présence, nos forces, tout en vue du bien commun, au service de l’unique mission. Notre œuvre pastorale, si elle est signe de partage, de relation, de dialogue, reflète le don gratuit. Même notre prière, quand elle n’est pas centrée sur nous-mêmes, devient un don, une réponse à une décision absolue, prioritaire et gratuite de Dieu d’entrer en relation avec nous, avec l’accueil de sa Parole et de son Esprit. La prière qui devient décentralisation de notre moi pour se centrer sur le Christ, dans un mouvement d’ouverture qui conduit à la communion avec Dieu par le Christ dans l’Esprit Saint qui nous entraîne à plus de charité.
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Si nos communautés éducatives deviennent des lieux où tous ses membres, jeunes et adultes vivent et travaillent ensemble dans la gratuité, au service de l’Evangile à travers le service éducatif, celles-ci seront vraiment porteuses du message du Christ. Alors dans ses communautés on pourra témoigner des valeurs du pardon, de la réciprocité, de la gratuité, de la réconciliation, de la vocation à la suite du Christ. Instaurer des relations marquées par la gratuité, rend plus simples, et témoins de l’Amour. La gratuité des gestes quotidiens qui s’accomplissent, est souvent l’unique dimension parlante dans un monde et une société qui semblent tout mesurer à l’aune du paraître, de l’image et de l’efficacité. Au niveau social, comme le rappel Benoît XVI, dans son encyclique Caritas in veritate, il nous est demandé de prendre conscience comment dans la logique dominante du marché, on peur créer des instances de gratuité fraternelle, de solidarité humaine, dans un style de vie plus sobre et visant l’essentiel, pour retrouver une dimension de fraternité universelle.
en rapport avec un “tu”. Il est bien heureux celui qui vit une profonde réciprocité avec les autres. Dans la relation avec le Seigneur, la capacité eucharistique indique la maturité de la foi du croyant qui reconnaît que “tout est grâce”, que l’amour du Seigneur précède, accompagne et suit sa vie. La gratuité de Dieu vis-à-vis de l’homme entraîne une réponse de la part de l’homme, pleine de reconnais-sance et de gratitude. Le merci est la modalité spirituelle
Les chemins de la gratuité L’important est de passer d’une situation de consommateurs à une situation de partage parce que c’est là que nous percevons la gratuité. D’où la nécessité de cultiver des comportements de recon-naissance. La gratitude est le signe d’une personnalité mature et intégrée. Elle apparaît dans toutes les activités et spécialement dans la prière. En fait savoir remercier suppose avoir le sens de l’altérité, la remise en cause face à sa tendance égoïste, avoir la capacité d’entrer
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Le terme gentillesse, peut causer de petites réactions allergiques, surtout chez une personne qui a dû la pratiquer pour s’acquitter d’une obligation de politesse. Mais la gentillesse entendue comme une vertu, ne consiste pas seulement à avoir tel geste de politesse, de bonne éducation, mais elle est constituée d’un ensemble de qualité, elle est un habitus qui rend la personne bonne, sensible aux besoins des autres, généreuse et empressée, compatissante et toujours motivée dans son action par l’attention au prochain. C’est une attitude qui modèle l’identité de la personne. Dire merci, ce n’est pas seulement un geste de bonne éducation, mais reconnaître que l’autre est un don pour nous. Agir de telle manière que l’autre, se sente à son aise, se sente reconnu, est un premier acte d’amour gratuit. C’est un premier exercice qui me fait me décentrer, qui détache mon attention de moi-même.
Le chrétien répond au don de Dieu en faisant de sa vie un don, un merci, une Eucharistie vivante. Les actes de gentillesse, par exemple, de quelques façons qu’ils s’expriment, constituent des manières concrètes de manifester notre gratitude. En fait tout geste de reconnaissance rend le suivant plus facile.
La dimension de la gratuité fait grandir notre liberté et nous ouvre à la responsabilité. Nous sommes tous libres de choisir le style d’action que nous voulons entreprendre, mais nous ne pouvons pas sortir du noyau qui relie le bien reçu au bien donné. En fait la vraie liberté est celle qui nous fait nous sentir responsables de tout l’amour reçu, car il n’y a rien qui nous rend plus responsables que l’amour ou la conscience d’avoir été aimés.
arcristaino@cgfma.org
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Don Bosco et la pédagogie du milieu ambiant Maria Fisichlla
“Comme éducatrices salésiennes, nous vivons notre mission en tant que communauté animée par l’esprit de famille (cf C 50). Là, nous trouvons le lieu où penser, faire des projets, travailler et célébrer ensemble, tout en mettant en valeur et en intégrant les apports des différentes générations. Les paroles de Don Bosco sont tout à fait actuelles : «Etre à plusieurs augmente la joie, encourage pour supporter la fatigue… et stimule à voir les progrès des autres ; on se communique l’une l’autre nos connaissances, nos idées et c’est ainsi qu’on se forme réciproquement. Etre à plusieurs pour faire le bien nous stimule sans que nous nous en appercevions». (MB VII 602”) PF 27
Don Bosco imagine et propose au Valdocco l’expérience de la vie de famille. Il crée un lieu de vie pour les jeunes qui n’ont ni maison, ni repères ; il propose un milieu, un, espace qui sera pour chaque jeune, maison, famille, école, cour de récréation. En demandant à Maman Marguerite de l’accompagner pour être la Mère de ses jeunes, il exprime sa conviction, son intuition que l’expérience éducative demande une famille, une communauté, à laquelle se référer. Ce n’est pas la personne seule qui éduque mais la
communauté grâce à la richesse qu’apporte chacun de ses membres dans l’intégration et l’harmonisation des différences Pour Don Bosco, la maison est donc plus qu’une structure, une expérience de communion entre les personnes qui s’aident, une affaire de cœur, en référence constante avec Dieu qui protège chacun et connaît parfaitement son cœur. C’est la communauté qui prend en charge toute la vie des jeunes, dans une relation de ‘réciprocité’, elle les entraîne à créer et à expérimenter des relations qui suscitent la vie »
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C’est la communauté dans son ensemble qui crée un milieu formateur, très stimulant par des activités et des rythmes globalisants et attirants, par la présence des éducateurs et des amis.
famille, il faut nécessairement une recherche constante de purification, de libération intérieure qui n’a de sens que dans un amour authentique (cf FP 27).
Au Valdocco, le style, le climat est vraiment celui de la famille, d’une famille, aux nombreuses relations qui accueille sans conditions fait grandir chacun de ses mem-
L’accompagnement éducatif de Don Bosco qui inspire toujours ceux qui œuvrent dans le domaine de l’éducation salésienne a le visage du pasteur/éducateur qui s’en va à la recherche de ses brebis, les rejoint dans leur vie “ici et maintenant”, les prend en charge et se soucie de tout ce qui peut aider, préparer les cœurs à la confiance. L’éducation dans le style salésien se vit concrètement dans l’assistance, dans cette présence affectueuse et discrète, mais ferme et claire, qui accompagne avec persuasion et bonté, prenant un appui sur la raison et l’affection. Elle se réalise quand la relation parcourt les voies du cœur parce que, pour Don Bosco, l’éducation est “une affaire de cœur”.
Le cœur dont parle Don Bosco c’est l’amorevolezza qui fait sentir aux jeunes qu’ils sont aimés, qu’on aime ce qu’ils aiment. Mais il y a aussi la raison de la religion où grandit la relation avec Jésus grâce à la seule force de la persuasion et de l’amour.
bres crée les conditions pour que chacun se réalise, se donne grandisse en ce qu’il a de meilleur. C’est un style qui responsabilise et entraîne les jeunes en faisant d’eux les premiers acteurs de l’action éducative. Don Bosco savait que la relation est constitutive de la personne et que ce qui la constitue ce sont nos rapports à nousmêmes et aux autres. Mais il n’ignorait pas, en même temps, les difficultés et les ambivalences qui peuvent affecter toute relation. Pour vivre un authentique esprit de
L’éducateur, l’éducatrice accompagne, donc dans le style du Système Préventif, se détachant des rôles figés, des schémas réducteurs pour s’ouvrir à l’accueil du monde vital de l’autre et, quelquefois en attendant de recevoir de l’autre la permission d’entrer. Marie, Mère et éducatrice, est celle de qui Don Bosco s’inspire pour apprendre l’art de la synthèse, la façon de mêler le principe paternel qui demande l’autorité et le principe maternel qui renvoie à un accueil sans limites, à une miséricorde sans condition que seule une mère peut offrir
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De Mornèse au monde Anita Deleidi
“Je demande à Dieu,écrit Don Bosco , qu’en chacune de vous, Il insufle son espri de charité et de ferveur afin que notre humble congrégation croisse en nombre, s’étende dans beaucoup de régions de la terre, même les plus lointaines” (Orme di vita D 118). A Mornèse, la même et prompte disponibilité dans cette prière qui accompagne un rêve : “Préparez-nous une maison bien grande puisque, parmi les pensionnaires, beaucoup veulent devenir missionnaires” (lett.4,12) L’ardeur missionnaire de la Maison de l’Amour de Dieu ”est contagieuse” également chez les jeunes. Les horizons de Mornèse bien vite s’élargissent au monde… Il n’y a ni peur ni enthousiasme superficiel, passager, mais une passion convaincue pour la mission dans la simplicité de ces jeunes vies animées d’un véritable élan apostolique. La Mère, elle-même, insiste dans une lettre à Don Cagliero : “Maintgenant, écoutez ce que je veux vous dire : gardez-moi une place en Amérique, mais vraiment, vous savez ? C’est vrai que je suis bonne à rien ; la polenta, pourtant je sais la faire et puis je veillerai à la lessive, afin qu’on n’use pas trop de savon et si vous le voulez, j’apprendrai à faire un peu de cuisine, en somme, je ferai tout mon possible pour qu’elles soient contentes pourvu que vous me fassiez aller” (L6,11).Cela ne nous surprend pas étant donnée la promesse ahurrissante de Don Bosco lui-même aux premiers jours de 1876, dans une lettre à Don Cagliero parti pour l’Amérique en novembre 1875 : “Souviens-toi qu’en octobre, nous vous enverrons trente
Filles de Marie Auxiliatrice avec une dizaine de Salésiens, et même quelques-uns avant s’il y a urgence” (Ep III,11). Cela se réalisera en 1877, avec six FMA seulement, très jeunes, pionnières humbles et fortes, ouvertes, sans préjugés à une nouvelle réalité inconnue.“Don Cagliero a choisi et les six désignées étudient avec entrain l’espagnol, elles se préparent à partir en novembre prochain”.(Ep.III 213). Pleines de courage et d’ardeur, elles comprennent déjà, au cours de leur voyage aventureux, comment lier fatigue et mission avec le mal de mer (“à l’une la tête tournait, l’autre sentait son estomac à l’envers ;;; nous offrions le travail au Seigneur et puis nous dormions”) avec le catéchisme, le chant, le témoignage serein qui impressione les compagnons de voyage, y compris le capitaine. “Sur le bateau, nous avons pu comprendre combien il est nésessaire de faire connaître et aimer le Bon Dieu et nous brûlons du désir de nous donner pour les âmes” (Cron ; II 304). L’accueil ne sera pas très bon, même la maison n’est pas prête, la pauvreté est vraiment comme à Mornèse, de même la gaîté et la joie du sacrifice. “Durant les heures de lessive, nous sommes quelquefois prises par la nostalgie des âmes , et alors : oh !viens ici, toi horrible mauvais drap ! laisse-toi bien, très bien laver, toi si lourd ; aussi mal en point tu peux nous valoir un pécheur énorme, de première qualité” (Cron.III 42), écrit ensuiteSoeur Giuseppina Vergniaud. Malgré les difficultés occasionnées par la francmaçonnerie et l’anticléricalisme diffus, led pre-
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De Mornèse au Monde L’expansion missionnaire, commencée en 1877, progresse et rejoint aujourd’hui les cinq continents ; des frontières nouvelles, inattendues s’ouvrent tandis que d’autres se modifient. Les contextes sont toujours plus multireligieux, souvent avec des catholiques en minorité ou éloignés de leurs racines chrétiennes. mières missionnaires se donnent avec courage aux activités qu’on leur demande, prêtes à tout pourvu que l’annon-ce de l’évangile engendre l’espérance. “Fonder un Institut voué à l’éducation dans un pays, c’est faire vraiment du bien à toutes les classes sociales des habitants actuels et à ceux qui vivront après nous” (Ep.III 213), écrit encore Don Bosco à une bienfaitrice Elena Jackson, habitant l’Uruguay, qui avait contribué aux frais du voyage. La dimension missionnaire est un élément essentiel de l’identité de l’Institut et l’expression de son universalité (Const. 75) et se rattache étroitement à sa mission éducative, elle ravive l’esprit de famille, l’audace apostolique et la collaboration à l’intérieur de la Famille Salésienne. Les fondations ont toujours un caractère éducatif/pastoral. Sauver les âmes, étendre le Règne de Dieu, voilà le but unique qui poussait les missionnaires à donner des réponses inculturées, même si en ce temps le terme était inconnu. Le Da mihi animas vécu dans la fidélité de Mornèse, mais attentif à la réalité nouvelle et inconnue, permet au charisme salésien de rejoindre le cœur des jeunes, des jeunes les plus pauvres, des immigrés depuis les tous premiers contacts d’évangélisation, souvent pleins d’audace si on les replace dans le contexte du temps, des milieux, des personnes.
Le défi de l’inter-culturalité donne un nouveau visage à l’activité missionnaire des FMA. Il fait prendre conscience toujours plus de la formation et de la qualité de la présence éducative, tout en favorisant les relations entre l’Institut et les groupes, les institutions soucieuses de la dignité de la femme, spécialement dans les lieux de plus grande pauvreté. On sent grandir dans l’Institut une plus forte conscience missionnaire : chaque communauté fondée sur la foi et la fraternité en Jésus Christ (Const. 36) est appelée à être signe, à témoigner d’un Amour qui sauve ; chaque communauté est évangélisée et évangélisatrice. Etre signe d’amour qualifie notre identité et caractérise le visage de nos communautés, toujours plus interculturelles et par celles qui les composent et par leurs destinataires. L’expérience missionnaire des origines continue : “Venez et voyez comme est grand le Seigneur par toutes les mers et tous les firmaments et comme c’est grand de le servir et de l’aimer… Nous sommes heureuses” (Cron.III 42). Nos frontières sont celles du monde. “Ayez courage, sans peur allez de l’avant”. (Lett.66,4)
adeleidi@cgfma.or
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“...Allez,vous aussi.travailler dans ma vigne…” (Mar 20,7) Julia Arciniega
Le cours de l’histoire est marqué par les profondes transformations et les conquêtes exaltantes du travail mais aussi par l’exploitation de beaucoup de travailleurs et les offenses faites à leur dignité. Le Magistère social de l’Eglise, avec une force prophétique a affirmé que le travail est un devoir fondamental, un bien pour l’homme (…). Il définit donc le chômage comme un véritable fléau social surtout pour les jeunes générations. Cf Compendio DSC 287-288)
Les faits parlent d’eux-mêmes Vincent fait croire à sa famille qu’il a changé de travail, qu’il est un fonctionnaire important. En réalité, il est sans travail depuis des semaines et passe des journées entières à errer. (Laurent, L’emploi du temps). Après avoir perdu son travail d’ouvrier, le jeune Yusuf quitte sa ville natale pour Istambul à la recherche d’une nouvelle occupation. Mais la ville se révèle, pour lui, comme un milieu étranger et hostile (Bilge, Uzak). Le cinéma a souvent raconté des histoires de ce style se rapportant au thème du chômage, des histoires désespérées, mélancoliques, tragiques. Dans la réalité quotidienne, le chômage est devenu le cauchemar de notre époque, un malheur qui frappe les peuples. Le chômage, au plan mondial atteint son niveau maximum pour la 3e année consécutive depuis le début de la crise économique. C’est l’organisation
Internationale du travail (OIT) qui a lancé l’alarme dans son rapport annuel sur les tendances globales de l’emploi. «Le chômage des jeunes, en outre, a rejoint un niveau record ces deux dernières années et il va continuer à croître encore. Ce phénomène risque de créer une “génération perdue” faites de jeunes qui ont été exclus du marché du travail et qui ont perdu tout espoir de pouvoir vivre de façon convenable» (Kapsos). De plus, non seulement ils sont chômeurs, mais ils sont devenus pauvres. l’OIT a calculé qu’environ 152 millions de jeunes travailleurs dans le monde, c'est-à-dire un quart des jeunes qui travaillent, vivent dans une situation d’extrême pauvreté. Vulnérable et sans droit.
Aux sources de l’amour Dans une intéressante réflexion sur la dignité du travail, Mario Toso affirme : Le chômage peut avoir bien des causes. Il varie aussi selon les régions du monde où l’on peut l’observer. Dans certains pays, on n’a pas atteint un niveau suffisant de progrès culturel, technique ou scientifique ou bien il manque une vraie politique du travail ; ou bien c’est le passage trop brusque d’un système économique le plus souvent centralisé à un libre marché. Le changement structurel du monde industriel produit par les progrès de la technologie auquel correspond souvent une énorme augmentation de la productivité sans l’élargissement corres-
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pondant de l’emploi de main d’œuvre. Le chômage apparaît surtout comme une conséquence de l’incapacirté des systèmes économiques et sociaux à être viables, à savoir s’articuler et s’oganiser d’une façon adaptée pour valoriser les ressources humaines en mettant au centre les personnes et leurs droits en leur donnant priorité, suprématie sur le capital. Le travail appartient à la condition originel de l’homme. Fait à l’image et à la ressemblance de Dieu même (cf Gen 1,26) au cœur de l’univers visible où il est destiné à dominer la terre (cf Gen 1,28). La description de la création que nous trouvons déjà dans le 1er chapitre du Livre de la Genèse est en même temps, et dans un certain sens, le premier «Evangile du travail». Durant son ministère terrestre,Jésus lui-même travaille infatigablement pour libérer les personnes de la maladie, de la souffrance ert de la mort. Il n’approuve par le comportement du serviteur paresseux qui cache, dans la terre, son talent (cf Matr 25,14-30). Il compare le Royaume de Dieu à un Père de famille qui sort à l’aube pour trouver des ouvriers pour sa vigne, d’autres restaient sur la place, désœuvrés et, finalement, il en trouve d’autres qui ne font rien. Il les envoya tous travailler à sa vigne. L’Eglise a toujours fait preuve d’un souci spécial pour ce malheur de la société : le chômage de masse. Quatre vingt dix ans après Rerum Novarum, Jean Paul II consacre l’encyclique Laborem exercens (1981) au travail, bien fondamental de la personne, élément de base de l’activité économique et clef de toute la question sociale. Ces orientations sont reprises, approfondies et développées dans le Condensé de la Doctrine Sociale de l’Eglise (2004).
Cela me concerne… Nous concerne… Un aspect de notre pauvreté est l’activité assidue, dynamique, responsable, avec laquelle nous collaborons à l’achèvement de la création et à la rédemption du monde. Nos Constitutions
nous demandent de nous soumettre généreusement à la loi commune du travail, partageant ainsi le sort des pauvres qui peinent pour gagner leur pain et aussi pour vivre toutes nos activités dans le même esprit apostolique, en nous donnant infatigablement comme Don Bosco et Mère Mazzarello. Quels signes, quelles attitudes peuvent permettre aux gens avec qui nous passons nos journées de reconnaître ces caractéristiques dans notre style de vie ? Former au travail ne signifie pas seulement transmettre des savoir-faire et des compétences, mais aussi et surtout aider le/la jeune à se rendre compte que l’activité professionnelle est une dimension constitutive de sa vocation humaine et donc l’accompagner dans son développement éthique, social, spirituel pour qu’il l’exerce comme un service aux autres, au bien commun. Comment est présente cette attention dans notre milieu éducatif ? Pouvons-nous la mettre en évidence dans quelques-unes de nos propositions ? Le travail est un bien de tous. Celui qui n’a pas de travail, ou pas suffisamment voit sa personnalité bafouée et risque d’être marginalisé. La recherche du plein emploi reste un objectif juste pour toute organisation économique orientée vers le bien commun, la justice, la démocratie. Quelles stratégies avons-nous élaborées dans notre Communauté éducative pour collaborer à la création de postes de travail pour tous dans les lieux où nous travaillons actuellement ?
j.arciniegas@cgfma.org
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La solitude Maria Rossi
"La solitude est une expérience fondamentale et inévitable. Elle fait partie de la condition 1 humaine . "Elle suit l’être humain de la naissance à la mort. Elle a de nombreux aspects. Actuellement, on en parle comme d’un mal être propre à notre temps, une souffrance que la génération actuelle, plus que les précédentes, ressent lourde et intolérable. Et on saisit toutes les occasions pour éviter tous les aspects négatifs. «C’est une mauvaise chose», me disait une jeune interpellée brutalement sur le sujet. Et elle l’affirmait comme une charge émotive qui exprimait son malaise. Et pourtant jamais, comme maintenant, il n’y a eu tant de moyens de communication et d'accès faciles. La solitude se fait plus particulière sentir à l’adolescednce, chez les personnes anciennes, face à la mort d’une personne significative, lors d’une trahison, à l’annonce d’une maladie grave, dans les fêtes avec un fort appel à l’intimité, comme Noël et même dans l’anonymat qu’on expérimente au milieu de la foule. Une infirmière qui vit seule, me confiait que, pendant les fêtes, elle s’offre de remplacer les collègues. Passer les fêtes dans les allées de l'hôpital est, pour elle, moins lourd que vivre dans la solitude. La solitude chez l’adolescent est un chapitre à part. C’est justement intéressant de noter comment les adolescents/tes bien que superéquipés et spécialisés dans l'utilisation des téléphones mobiles sophistiqués, pour surfer sur internet, dans la communication à travers
facebook et autres, ne semblent pas heureux et satisfaits. Ils font une première expérience d’une relation profonde avec soi-même et fatiguent pour gérer les dynamiques qui se posent. Ils sont souvent tentés de s'échapper dans l'usage de drogues ou le suicide. La situation devient plus problématique pour la solitude des personnes anciennes, pour qui n’est pas autosuffisant ou qui est dans la périphérie de la vie. Mais ne sont pas exemptés, aussi les personnes qui sont dans l'âge de la plénitude et qui, prises par de nombreux engagements, ont peu de temps à se consacrer à elles-mêmes et à s'écouter. Les personnes anciennes se trouvent naturellement plus seules. Au fil du temps, elles sont moins nombreuses avec lesquelles partager les joies et les peines, les espoirs, les amitiés et les idéaux. Se sentent seules aussi les personnes qui doivent quitter leurs occupations qui, offrant des occasions de rencontres, font sentir à la personne d’être socialement vivante. Une sœur interpellée sur ce sujet, exprimait la souffrance de qui, n’ayant pas un emploi particulier, se sent inutile. Elle, cependant, se sentant quelqu’un pour le Seigneur, réussit à vivre la situation avec sérénité. La solitude est une expérience humaine normale et complexe qui traverse tous les âges et qui présente des aspects divers et parfois opposés. C’est un état d’âme inévitable, mais aussi une nécessité. En fait, elle protège de l’intrusion du monde extérieur, permet de surmonter le sentiment de perte causée par le rythme de la vie quotidienne et consentir à être soi-même.
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Très différente est la situation si la solitude est vécue comme un choix, si elle est acceptée serènement ou si elle est imposée. Des attitudes non évolutives d’égocentrisme peuvent la rendre patologique, stérile, destructive, d’autres, au contraire, sont une expérience de croissance personnelle. La culture contemporaine a surtout mis l’accent sur les aspects négatfs qui, dans la vie, ne manquent pas. C’est l’interface du besoin normal de communication. Nous vivons avec et pour les autres. Nous élaborons notre identité en rapport avec les autres et nous atteignons notre plein développement quand nous reconnaissons avoir besoin des autres. La maturité personnelle, outre la capacité d’établir des relations interpersonnelles profondes, se mesure «aussi à la capacité d’êre seule avec soi-même en un état de tranquille bien-être». La solitude se ressent surtout quand manquent d’autres personnes importantes, quand on voudrait communiquer ses sentiments profonds sans trouver les routes justes pour le faire ou les personnes susceptibles d’accueillir le contenu de la communication dans sa vraie épaisseur et lorsqu’on ne réussit pas à gérer la dynamique de son monde intérieur, si on n’est pas bien avec soi-même. La non réussite à satisfaire le besoin normal et sain de contacts et de relations positives avec soi-même et avec les autres crée un sentiment de mal-être, d’angoisse, de peur. Les réactions pour surmonter le malaise sont multiples et complexes : elles peuvent être constructives, mais aussi négatives et pathologiques. Certaines personnes tentent d’échapper à la solitude en se jetant dans une activité, frénétique, remplissant les agendas d’engagements, se donnant dans un altruisme à outrance. Les activités, occupant le temps, permettent de réduire les possibilités de penser, d’être avec soi-même, de sentir le malaise ; d'autres, afin de se sentir acceptés adoptent la logique du conformisme du groupe, des autres. .
Le problème se présente quand les activités ne sont plus soutenues et quand ceux qui ont profité de la personne l’ignorent créant autour d’elle le désert. Certaines personnes demandent de l'aide en adoptant des attitudes de victimes, se plaignant de tout et culpabilisant toujours et seulement les autres spécialement ceux qui ont une certaine responsabilité. Cette attitude obtient généralement l'effet inverse. Ceux qui prennent cette route, éloignent les personnes et s’auto-condamnent à une triste solitude. De même ceux qui, incapables de se libérer d’attitudes infantiles d’égocentrisme, de jalousie, se repliant sur eux-mêmes, assument des formes d'intimidation, de rigidité, d'agressivité, de mauvaise éducation, s’isolent eux-mêmes. Pour que la solitude ne devienne pas problématique ou pathologique, mais pacifique, constructive et créative, Il faut faire en sorte d’être bien avec soi-même. Impossible d’entrer dans une relation satisfaisante avec les autres si, d’abord, on n’a pas établit une bonne relation avec son monde intérieur. Pour se sentir bien avec soi-même, il est nécessaire de se connaître, s’accepter, s’estimer et s’aimer sainement. Cela peut sembler évident, mais ne l’est pas. L'acceptation de soi, avec sa propre finitude, ses limites personnelles, ses propres particularités et potentialités, n'est pas toujours facile. De même, l'acceptation et l’élaboration de son histoire avec ses succès et ses échecs, ses joies et ses souffrances, ses amitiés fidèles et ses trahisons, ses réalisations et ses rêves inassouvis, non seulement est diffiicile mais aussi jamais complètement terminée. De même l'acceptation de sa corporéité surtout quand elle n'est pas conforme aux canons de la mode, ou quand elle va vers la décadence, devient problématique et difficile. En nous comparant à d'autres, peuvent
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survenir, en nous, indépendamment de la volonté, des sentiments de jalousie, de haine, de vengeance, de ressentiment. Ce sont des sentiments qui, s'ils sont entretenus et cultivés, peuvent empoisonner l'âme et la vie. Afin de se sentir bien, il faut les regarder sans peur et sans un sentiment de culpabilité, les reconnaître pour ce qu’ils sont, les orienter dans une direction positive et les surmonter. S'ils sont retenus, ils ne permettent pas de réaliser que l'unité est une source de sérénité intérieure qui nécessite une pleine réconciliation. Quelqu’un, connaissant et acceptant tout de soi, réussit à s’estimer et à se vouloir sainement du bien et être bien avec soi-même. La solitude, alors, n'est plus un fardeau douloureux duquel s'échapper, mais devient sereine, créative, féconde, ouverte à des relations ouvertes. Solitude et sociabilité ne sont pas deux réalités opposées et incompatibles, mais complémentaires. Seule la personne capable de solitude paisible est disponible, de façon constructive à l’accueil positif de l’autre dans une relation réciproque et satisfaisante Le sens profond de vide qui accompagne un détachement, mais surtout la mort d'un être cher, peut être surmonté par une saine élaboration du deuil. Cela signifie que "à côté des moments de nostalgie, l'objet perdu est introjecté, symbolisé et archivé sous forme d’un doux souvenir qui accompagne. (…) En fait, en surmontant la douleur physique de l'absence, l'objet d'amour, est jugé mentalement vivant et présent dans le propre monde intérieur. Il est découvert comme une partie de lui-même qui nous accompagnera toujours. " "Vivre une solitude heureuse c'est, entre autres choses, un symptôme clair de maturité psychologique, une maturité qui naît de l'expérience de s’être senti au début de la vie, tellement aimé de se découvrir capable de s’aimer, indépendamment de la présence ou de l’absence des autres, de leur appui ou
de leur désapprobation ".Ceux qui ne parviennent pas à gérer positivement leur monde intérieur, à accepter toute leur histoire, de se contenter de ce qu’ils sont et ont, risquent de se trouver dans une solitude angoissante, stérile, destructrice, regrettable, qui «paralyse l'existence et prend la forme de la nuit noire. Néanmoins la compagnie des autres peut éclairer». La foi est d'une grande aide pour arriver à une solitude sereine, créative, fertile. Elle permet de faire l'expérience de la solitude, habitée seulement par la présence des proches qui ont déjà atteint la Paix, même celle de la Trinité, de l'Amour qui entoure, protège, pardonne, qui considère chacun/ne important et unique. La foi, même si autour de soi se fait du désert et de la non autosuffisance, limite les espaces et les horizons physiques, permet de se sentir aimé, soutenu, pardonnés. Se serntir important pour Quelqu’un renforce l'estime de soi et la capacité de s’accepter soi-même, qui sont la base d'une solitude sereine. L'acceptation ‘de qui et du comment’ l’on est réconcilie, même si on est affonté au vécu interne et aux stimilations externes plus ou moins gratifiants et satisfaisants, ouvre à une grande compassiondans les confrontations de chaque être vivant et permet d’accepter chacun pour ce qu’il est, avec la diversité et les limites que le caractarisent. La grande compassion stimule également à être aux côtés de ceux qui sont seuls ou/et dans le désespoir, qui ne peuvent pas avoir la paix, sans rien attendre. Le geste peut être interprété négativement, comme cela arrive parfois, mais peut aussi ouvrir à la Lumière. rossi_maria@libero.it 1 Les citations sont tirées et plusieurs indices du volume de Castellazzi V. L., dans la solitude. Par eux-mêmes heureux ou malheureux?, Mages Editions, Rome 2010
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Ecole Vivante Mara Borsi
Deux sœurs de l’Amérique Latine, Sœur Edis Ruiz (VEN) et Sœur Yrma Perz (ANT) nous introduisent dans l’Ecole Salésienne: Un milieu éducatif vivant, ami des jeunes et qui, continuellement, se renouvelle parce que les jeunes générations sont initiatrices d’un humanisme solidaire
Quelle a été l’expérience pastorale la plus significative pour toi ? Sœur Edis - L'expérience la plus significative de ces dernières années, je l’ai vécue dans mon école en participant au programme de l’Ecole Salésienne Américaine (ESA III). L’engagement le plus prenant a été d’affronter, avec le groupe des responsables de l’œuvre, la gestion et l’animation de l’Ecole pour accroître la qualité des processus de formation et suivre tous les membres de la communauté éducative, spécialement les jeunes vraiment pauvres et nécessiteux pour qu’ils découvrent le sens de leur vie. Travailler comme groupe d’animation m’a véritablement enrichie. C’est si bon de chercher ensemble de nouvelles voies pour accompagner la vie, les rêves des personnes qui nous sont confiées dans notre mission, surtout des jeunes, garçons et filles. J’ai eu la grande chance d’écouter et de connaître l’histoire de leur vie, même de la part des adultes, de faire avec eux un parcours d’accompagnement et de découvrir la “saveur” de la vie et comment Dieu passe en elle.
Une autre expérience qui m’a fait grandir a été d’approcher les familles. Sortir de l’Ecole pour rencontrer les familles des jeunes, des enfants et de connaître leur réalité, où ils vivent comment ils vivent…en écoutant et en partageant leurs besoins.
SœurYrma Les expériences pastorales que j’ai vécues dans différents milieux éducatifs ont été très belles, enrichissantes et significatives. Je voudrais partager avec vous mon expérience d’enseignante en Ecole Supérieure et comme responsable de cycle. J’ai travaillé dans une classe de jeunes entre 14 et 16 ans, considérés comme très difficiles, irresponsables et indisciplinés. Au début, ce fut vraiment difficile, mais peu à peu, je me suis rendu compte que je devais surtout les connaître, m’intéresser à chacun personnellement, parce que, sous leur comportement indiscipliné, ces jeunes dissimulent leur gêne, leurs problèmes personnels et familiaux. Je suis arrivée à comprendre que leur indiscipline était seulement un appel à l’aide. Avec patience, humilité, par l’écoute, la compréhension, j’ai gagné leur confiance et leur affection. J’ai tellement appris grâce à eux, d’abord à savoir écouter, sans jugement préconçu à me mettre dans leur peau, à cheminer à leur côté, sans m’imposer, à me faire aimer plutôt que craindre A la fin de l’année scolaire, je peux dire que les jeunes montraient des signes d’amélioration, dans leur vie, quelque chose avait changé et dans la mienne aussi.
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et d’amis virtuels, mais ils restent bien seuls. Affronter le cyberespace est un grand défi pour nous éducatrices. Les jeunes montrent en même temps leur peur devant les choix qui engagent et leur besoin d’expériences profondes. Le plus souvent, ils s’impliquent quand se présente une proposition forte, décisive, authentique. Un grand défi pour nous, c’est la présentation de la spiritualité salésienne. La valeur de la signification de notre pastorale dépend de la cohérence entre ce que nous proclamons et notre vie. Les jeunes suivent des exemples, mais ne tolèrent pas les discours.
Que vois-tu comme signes d’espérance dans la réalité que vivent les jeunes dans ton milieu ? Quels défis besoins, attentes, as-tu rencontré dans la mission parmi ces jeunes ? Sœur Edis Ils sont nombreux les défis qui nous provoquent, les besoins de formation dans les nouveaux points de rassemblement des jeunes. L’éclatement des familles, la promiscuité, les nouvelles cultures des jeunes ne nous laissent pas en paix. Les jeunes ont besoin d’adultes qui soient crédibles comme point de référence ; ils ont besoins de témoins d’un amour devenu écoute, accueil, guide. Il leur faut vraiment quelqu’un qui les aime assez pour les accueillir comme ils sont et qui désire les accompagner vers une plénitude de vie. Il est urgent d’accompagner les familles dans la formation intégrale de leurs enfants et d’être attentives aux situations de pauvreté en dehors des milieux scolaires Soeur Yrma Les jeunes, aujourd’hui, vivent dans un milieu nouveau : Internet. Là, nous sommes appelées à être présentes. Les nouvelles générations vivent virtuellement, dans un réseau de contacts
Sœur Edis Au milieu de tant de défis, il y a aussi de nombreux espoirs. Je crois que le cœur des jeunes aspiret à de “grandes choses”. Je crois que les jeunes peuvent, à leur tour, évangéliser d’autres jeunes. Ils ont besoin de Dieu. A nous, il revient d’accueillir cette ardente aspiration en faisant des propositions élevées, capables d’apporter, jusqu’à leur cœur, le bonheur qui peut venir de Dieu seul. Sœur Yrma Leur grande sensibilité aux valeurs humaines, la solidarité, la disponibilité, la justice et la paix. Je me souviens, avec une très grande admiration des jeunes et des enfants de la dernière communauté où j’ai vécu, de leur créativité, de leur esprit de sacrifice dans les différentes initiatives de solidarité qu’ils ont entreprises. Un autre signe d’espérance, c’est leur réceptivité et leur accueil des propositions de vie spirituelle profonde et leur recherche de modèles véridiques et de témoins crédibles mara@cgfma.org
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Les jeunes se tournent vers le Pape actuel, affectueusement appeler B. 16, une ultérieure démonstration de bienveillance et de sympathie à l’égard de ce Pape, professeur et théologien qui, comme son prédécesseur, montre une nette préférence pour les jeunes Par de nombreuses interventions et discours du pape Benoît XVI, il est possible de comprendre ce qu'il attend de la pastorale des jeunes. D'abord, il croit que la jeunesse devrait vraiment être la priorité du travail pastoral. Pour lui, l'objectif principal est l'éducation des nouvelles générations «à la foi, à la suite du Christ et au témoignage». Et, dans la situation d'isolement et de solitude dans lesquels vivent les jeunes d'aujourd'hui, le Pape entend la pastorale essentiellement comme un accompagnement «personne l» par la communauté ecclésiale. Les jeunes doivent se sentir aimés, compris et acceptés. «Cet accompagnement doit rendre tangible que notre foi n'est pas quelque chose du passé, qu'elle peut être vécue aujourd'hui, [...] et que la façon de vivre chrétien est réalisable et raisonnable. "Car Il est aussi important pour les jeunes
de «pouvoir faire l’expérience de l’Eglise comme d’une compagne amie fiable et proche dans toutes les circonstances et événements de la vie.
Ample participation La pastorale des jeunes, peut-être plus que tous les autres secteurs de l’engagement pastoral de l’Eglise, demande la participation de toute la communauté chrétienne. Pour cette raison Benoît XVI sollicite les ouvriers de la pastorales des jeunes, non seulement à la communion profonde avec le Seigneur, mais aussi à la communion entre éducateurs : la disponibilité et la promptitude à travailler ensemble, à “faire réseau”, à réaliser, avec un esprit ouvert et sincère, toutes les synergies utiles”. L'invitation est en contraste frappant avec un individualisme diffus des animateurs de la pastorale des jeunes, et il leur demande instamment d'unir leurs forces afin de mieux coordonner les initiatives, pour éviter une fragmentation dispersée et délétère. Il demande en outre d'impliquer toutes les réalités agrégatives, les associations de jeunes, les mouvements et nouvelles communautés ecclésiales, mais aussi les patronages, l'école catholique et surtout les familles chrétiennes. ׆
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Les piliers Le magistère de Benoît XVI nous exhorte à reconsidérer sérieusement les choix fondamentaux de notre engagement envers les jeunes générations et nous aide à revenir à l'essentiel. Dans l'enseignement du pape, nous trouvons quelques «grandes questions» que nous pouvons considérer comme des «piliers» de la pastorale desjeunes. Je les rappelle brièvement : .. La centralité de Dieu dans la vie de la personne humaine. Le problème fondamental est la question de Dieu : et la réponse n'est pas n'importe laquelle Benoît XVI insiste -, mais le Dieu qui a le visage de Jésus de Nazareth. Aujourd’hui, la foi ne peut pas être tenue pour acquis. les jeunes générations ont le droit de recevoir la proclamation de Dieu de manière explicite et directe, sans la réduire à un prétexte pour traiter des questions que l'esprit moderne trouvent peut-être plus intéressantes. Le pape, cependant, nous donne la règle fondamentale pour guider notre engagement pastoral : «Qui ne donne pas Dieu donne trop peu. Le principe du bien fondé de la foi, est vraiment important pour les jeunes car aujourd’hui prévaut en eux la dimension émotionnelle et sensorielle, au détriment de la raison. Benoît XVI affirme: «Le désir de vérité appartient à la nature même de l'homme. Par conséquent, l'éducation des nouvelles générations, la question de la vérité ne peut certainement pas être éludée: elle doit même occuper une place centrale. Poser la question de la vérité, élargit en effet l'horizon de notre rationalité, nous commençons à libérer notre raison de ces excès, des limites étroites dans lesquelles nous sommes confinés quand on considère que seule la raison peut être l'objet d'expérience et de calcul. "Donc, notre pastorale des jeunes ne peut nous satisfaire d’expériences éphémères et superficielles, mais elle devrait aller en profondeur.
Rappelons-nous cette proposition pressante à donner vie à une vraie et juste “pastorale de l’intelligence. La pasorale de jeunes,qui mise sur l’éducation de la personne –touche directement le domaine de la liberté et de son bon usage, car il est vraiment axé sur la croissance humaine et chrétienne des jeunes.C‘est une question décisive pour la vie qui, en effet, concerne le choix vocationel. A cet égard, le Pape souligne : «Une éducation véritable a besoin de réveiller le courage des décisions définitives, qui sont aujourd'hui considérées un lien qui entrave notre liberté, mais en réalité, sont indispensables pour grandir et réaliser quelque chose de grand dans la vie [...]et ensuite pour donner consistance et signification à cette liberté La beauté. Quelques jours avant la Journée Mondiale de la Jeunesse à Cologne en 2005, un journaliste a demandé à Benoît XVI: "Votre Sainteté, que voudriez-vous, d'une façon particulière, transmettre aux jeunes qui viennent du monde entier ?». Le pape a donné une réponse significative : «Je voudrais convaincre ces jeunes gens qu'être chrétien, c'est beau ! Les jeunes ont besoin de vivre la foi comme joie et de savourer la sérénité profonde qui naît dans la rencontre avec le Seigneur [...]. La source de la joie est cette certitude d'être aimé par Dieu» L'Evangile ouvre devant nous un horizon passionnant pour lequel “il vaut la peine” de s'engager, la peine de parier toute sa vie sur le Christ "! Voici donc une défi décisif pour la pastorale des jeunes : révéler aux jeunes le visage lumineux du Christ et de son Evangile, les convaincre qu'être chrétien est non seulement juste, mais beau !
mara@cgfma.org
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Le parfum de la gratuité Paola Pignateli, Bernadette Sangma
La femme au parfum. C’est un titre attribué à la femme sans nom de l’Evangile de Luc (7, 36-50) de Nuria Calduch-Benages, une théologienne espagnole. L’identité de cette femme est confuse entre Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare et Marie Madeleine. «Pour nous, au contraire, c’est simplement la femme au parfum, c’est celle, qui versa de l’albâtre sur les pieds du Maître», dit Nuria. L’Evangile dit que Jésus “entra dans la maison du pharisien et se mit à table. Et voici qu’une femme, une pécheresse de cette cité… vint avec un vase d’huile parfumée”. Elle n’était pas parmi les invités, elle n’a pas de nom, ni d’identité, l’unique attribut de sa personne semble être “la pécheresse de la cité”. S’additionnent en elle tous les aspects de la marginalité. Cependant elle ne se laisse pas impressionnée. L’audace avec laquelle elle surmonte tous les obstacles pour se lancer dans la démonstration de son amour pour Jésus est bien définie dans le Cantique des Cantiques : “Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour ni les fleuves les arrêter” (Ct 8,7). Dans sa description, Nuria dit que «la femme au parfum est la femme du grand amour, la femme de la gratitude infinie, la femme qui ne sait pas s’exprimer en paroles ce que son cœur éprouve pour Jésus. Elle est sans parole, mais son cœur la pousse en un geste audacieux». Le parfum
n’est pas donné à chacun, ni utilisé inutilement C’est un don destiné à démontrer de la déférence à la personne très aimée. L’onction de la femme libère un arôme de gratuité“.
L’économie du don C’est une théorie développée par Geneviève Vaughan, fondatrice de la Fondation pour une Société Compatissante, et auteur d’un livre intitulé Par–don, une critique féministe de l’échange. Geneviève Vaughan affirme que ce sont deux paradigmes économiques de base qui coexistent dans le monde d’aujourd’hui. Un paradigme est visible, hautement valorisé et rapporté aux hommes tandis que l’autre est invisible sous-évalué et associé, à la femme. Sa proposition est de donner une valeur au paradigme connecté aux femmes pour effectuer un changement des valeurs qui régissent notre vie, le politique et l’économie. Au néolibéralisme, qu’elle considère une reproduction du discours colonial, elle propose une alternative basée sur la pratique du don. Cette pratique a comme icône “le soin de l’autre” et est donc étroitement lié à la femme et est centré sur l’autre, créant une coopération et une communion, tandis que le néocolonialisme se fonde sur l’échange orienté vers l’égo et crée antagonisme et concurrence.
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Elle dit que le travail domestique gratuit de la femme a été calculé en termes économiques et représenterait ainsi un minimum de 40 % du PIB de la plupart des Pays. Que cette contribution de la femme peut être considérée comme un cadeau pour le marché. L’élévation du paradigme du cadeau au marché pourrait nous guider sur des routes décidément différentes par rapport aux effets désastreux auxquels le capitalisme patriarcal a conduit le monde. Les femmes, protagonistes, dans la mise en œuvre du paradigme du don, pourraient accompagner notre société dans cette direction.
Ecoutons Maria Aderle Maria Adele Roggero, présidente du MEIC (Mouvement Ecclésial dans l’engagement Culturel), Association qui depuis des années, travaille à Turin dans le domaine de la Formation et de l’accompagnement des femmes Magrébines, nous a raconté, dans la luminosité de son regard : Quand, il y a 43 ans, avec mon mari, Elio, nous nous sommes mariés, nous étions très amoureux, pleins de projets (nombreux enfants, travail, engagement social…) sûrs de pouvoir ainsi aller de l’avant avec nos jeunes forces, notre optimisme et l’aide de Dieu, sur qui nous comptions avec une foi sereine et active. Maintenant en regardant ce que la vie nous à demandé, nous pouvons dire, avec un sourire que nous avions beaucoup d’optimisme, un peu d’inconscience et que nous étions certainement peu préparés à affronter tout ce que Dieu nous a présenté. Oui, les événe-ments de notre vies ont été très différents des programmes que nous étions fixés : Les enfants naturels ne sont pas arrivés, une lourde maladie d’Elio qui dure toujours, nous ont contraints à tout
tout reprogrammer : vie conjugale et génitale alternatives ! Et ainsi, les enfants ne sont pas nés de moi, mais sont arrivés d’un autre continent et nous ont donné joie, préoccupations et satisfactions comme tous les enfants du monde La maladie d’Elio, qui met de sévères limites a sa mobilité, lui a donné un dynamisme protagoniste en tout ce qu’il fait, il a développer l’aspect contemplatif de la vie intérieure, il a appris à jouir de petites choses, à regarder les autres agir. Et à moi, j’ai puisé en lui force et vitalité ; il a enseigner l’art de me mouvoir aussi pour lui, m’apportant, avec une grande force, sa spiritualité et son amour. Là entre en jeu la joie gratuite : vraiment la vie nous a enseigné le plus grand des secrets : si nous réussissons (et tous savons bien combien c’est difficile !)à nous dépouiller de nous de notre égo, rester disponible et laisser la vie courir en nous comme un verre toujours ouvert pour accueillir l’eau pure qui chaque jour nous est offert comme Don éternel de Dieu, alors nous deviendrons capables de faire des choses que nous n’imaginions pas de pouvoir faire, parce que la Vie qui nous traverse féconde le monde
Nous nous demandons tranquillement : L’invocation : “vado io” reste-t-elle l’âme de notre respiration fraternelle, donne-t-elle encore des ailles à notre vivre et travailler ensemble ? Les bras ouverts de Jésus, suspendus à notre cou, cloué par amour, ouvrent-t-ils notre cœur aux dimensions solaires du “vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement” ? paolapignatelli@hotmail.com b.sangma@cgfma.org
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L’eau est un droit dénié, Anna Rita Cristaino
L’eau comme bien commun doit être conservé et distribué uniformément. En effet, eau signifie aussi santé et développement. Selon les données UNICEF, dans le monde, 884 millions de personnes, soit environ un sixième de la population de la planète, n’ont pas accès à l’eau propre, parmi elles, huit sur dix vivent dans les zones rurales. 1,6 milliard de personnes n’ont pas accès à une eau potable et 2,6 milliards, environ deux cinquièmes de la population mondiale n’ont pas accès aux services adéquats d’assainissement. Chaque année, ces carences hygiéniques, avec l’utilisation de l’eau contaminée, provoquent la mort, par diarrhée, de 1,4 million d’enfants, un toutes les 20 secondes,. Le Programme d’évaluation des ressources hydriques mondiales, établi en 2000 par les Nations Unies, stipule que les exigences minimum quotidiennes d’eau potable pour boire, cuisiner et se laver est égale à 20-50 litres par personnes et souligne les graves inégalités dans l’utilisation de cette précieuse ressource. En fait, dans les Pays en voie de développement, chaque personne ne consomme en moyenne pas plus de 10 litres d’eau par jour. En Europe, elle s’élève à 200 litres et dans le Nord de L’Amérique, elle atteint même les 400 litres. Parallèlement, Ban Kimoon, Secrétaire Général à l’ONU, souligne que “sans eau il n’y a pas de dignité ni de possibilité d’échapper à la pauvreté” et dans son message pour la Journée de l’Eau, invite les gouvernements et la communauté internationale
à“inverser la baisse alarmante des investissements dans l’eau et les services d’assainissements sanitaires” Quelqu’un estime qu’en 2050 quatre milliards de personnes n’auront pas d’eau potable. Fait très grave, car cela favorise les émergences sanitaires (épidémie de choléra). La ressource manque pour des raisons climatiques, d’expansion urbaine, de pollution. Mais aussi des politiques de privation et de spéculation sur les prix des services hydriques, au détriment des populations les plus pauvres. En différents Pays du monde, la société civile tende de protéger cette ressource à travers des pratiques soutenables et des campagnes de sensibilisation pour que les interventions d’en haut soient décisives. Et nous ? Il est important de se renseigner sur les diverses politiques publiques de nos ville ou, pour s’assurer que le droit est protégé en ce qui concerne l’eau, la gestion des sources la construction de barrages et d’aqueducs pour s’assurer que le droit de tous à bénéficier d’un bien essentiel pour notre vie, ne devienne pas seulement un “trésor” seulement pour les ressources économiques. Mais notre sensibilité peut transformer en gestes concrets d’attention à l’usage sobre de cette ressource, à en limiter le gaspillage et surtout à éduquer aux styles de vie soutenables.
ancristaino@cgfma.org
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Profil du continent numérique
Visages de notre époque à travers les media Maria Antonia Chinello 58% des enfants de 2 à 5 ans jouent aux jeux vidéo et savent se débrouiller avec l‘iPad. Cependant, 11% d’entre eux ne savent ni faire du vélo ni nouer leurs lacets, ni donner leur adresse quand on le leur demande. Tels sont les résultats d’une enquête sur la manière dont s’est modifiée la relation des enfants avec les nouvelles technologies. D’après le Projet “Eu Kids” lancé par l’Union européenne, 93% des jeunes entre 9 et 16 ans “surfe” au moins une fois par semaine, tandis que 60% le font tous les jours chez eux. Onligne, on cherche des informations pour faire ses devoirs de classe (85%), jouer (83%), regarder une cassette video (76%) et communiquer avec ses amis grâce à l’instant Messaging (62%), partager des images (39%) et gérer son propre profil. L’Université du Maryland (USA) a mené auprès d’un millier d’étudiants une étude intitulée «The world unplugged» (ndt : “le monde déconnecté”), dont les résultats ont été les suivants : les étudiants, s’ils sont restés durant 24h sans téléphone portable, sans internet ni télévision, sont en proie au syndrome du vide numérique. Sans connexion, la génération numérique ils se sentent perdus. Bon nombre de ces jeunes ont trouvé cette étude “cruelle”. “Le silence me tuait”. Il semble que sans connexion, ils ne sachent plus vivre. “les relations sociales des jeunes transitent aujourd’hui par la technologie. Ces jeunes ont grandi avec une connexion constamment disponible”, selon Susan Moeller, coordinatrice de la recherche et directrice de l’International Center for Media” à l’Université du Maryland.
Le téléphone portable et son utilisation concernent 100% de jeunes, l’ordinateur 85%, et la majorité de ces jeunes (59%) a fait ses premiers pas avec internet avant d’avoir 10 ans (18% carrément avant leurs cinq ans). Arrivés à l’université, ces jeunes qui ont grandi avec l’interrupteur sur le “on”, passent, pour 42% d’entre eux, entre 3 et 4 heures par jour sur le réseau et pour 25% d’entre eux entre 5 et 6 heures par jour. Il est toutefois certain que les jeunes ne sont pas les seuls à vivre dans un univers où on ne s’exprime désormais que sur écran et par affichage ((tv, tél portable, pc, console de jeu, tablettes tactiles, smartphone etc.). Pour tous, également pour les adultes, vivre “hors réseau” (offline) exige un effort de volonté, dans la mesure où c’est également difficile sur le plan pratique. Qu’on le veuille ou non, nous nous trouvons entourés d’écrans dont nous ne pouvons nous passer : “je suis descendu dans le métro – écrit un jeune – et quand j’ai levé les yeux, tout ce que j’avais réussi à éviter jusqu’à présent m’a pris d’assaut : un écran au plasma avec le télé journal. J’ai cherché à m’éloigner, mais je ne peux pas nier que j’ai écouté les nouvelles”. Quelle image peut-t-on alors se représenter, des générations numériques, nées et grandies, nourries de pain et de technologies ? Quelles relations entretiennent-elles ?.
Bonnes nouvelles du Réseau D’après Chiara Giaccardi, sociologue de l’Université catholque de Milan, le Social Network (SN) dans la vie de jeunes, occupe une place
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centrale et gratifiante, ce sont .les plateformes sur la sociabilité en réseau, qui s’insèrent avec force dans la vie quotidienne des jeunes ; leurs services deviennent toujours plus “indispensables”, dans la mesure où elles sont en lien avec une vie moderne complexe et en accélération constante Ce qui suppose des outils qui simplifient et affermissent les relations dans le temps en renforçant la richesse de la réalité et les occasions de contact relationnels. La connexion, toujours plus wireless (ndt : sans câble), se fait de manière illimitée dans le temps et l’espace, elle rythme les amitiés, les affections, le temps libre, le travail : on peut continuer à “être” et à “bavarder” avec les amis, à “construire” une communauté autour des centres d’intérêt et des goûts de tous, à “multiplier” les contacts à “produire”
“L’éducateur d’aujourd’hui ne peut plus être celui d’hier, mais il est celui qui rencontre l’élève sur un terrain où ce dernier évolue le mieux. Il ne s’agit plus de lui transmettre quelque chose qu’il n’a pas, mais de sortir de lui quelque chose qui existe déjà en lui. L’éducateur doit écouter parce que c’est seulement ainsi qu’il sera en harmonie avec l’élève et qu’ils établiront une relation” (Chiara Giaccardi
de l’audio, du video, des textes, des images qui sont ensuite partagés et diffusés sur le Réseau et “écoutés” ensemble avec l’iPod......les deux mondes, celui de l’online et celui de l’offline, ne sont pas parallèles : ils constituent au contraire un espace unique “réel”, d’expérimentation, composé et regroupé au gré des pratiques : les jeunes assurent la continuité, sans qu’il y ait opposition entre les relations vécues et expérimentées à l’intérieur et hors du réseau. La convergence des relations se fait grâce à la dynamique de la reconnaissance et de la confiance, deux clés permettant de pénétrer dans les cercles sociaux, qui construisent le partage, gardent les souvenirs et s’ouvrent aux promesses du futur. Il s’agit d’une authentique capacité à “être avec”, à partager, à s’accompagner à tour de rôles soit à des moments particuliers de la vie, soit dans le quoitidien. Benoît XVI, dans le Message destiné à la journée Mondiale des Communications sociales 2011, nous invite, partant du fait que les visages du web 2.0 sont marqués par la sociabilité, à donner vie à un nouvel humanisme en inaugurant également dans le continent numérique “des communautés” qui soient maison-école de communion, laboratoires et agents d’espérance, lieux de beauté et d’authenticité. Reconstruire le Réseau, On a besoin de l’”être soi” authentique et responsable de tous et de chacun.
mac@cgfma.org
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Quand les mots ne servent à rien Anna Rita Christiano
Je m’en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte, je voulais vivre intensément et sucer toute la moêlle de la vie, mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie pour ne pas découvrir à l’heure de ma mort que je n’avais pas vécu”. (Henri David Thoreau) Aurore femme de Dieu a tout juste redécouvert le sens de la nouveauté de chaque jour. Dieu l’a consacrée à Lui, et elle s’est laissé engager dans cette aventure d’amour. Bien des années ont passé, au cours desquelles elle a vu sa jeunesse comblée de joie par son don au Seigneur. Lui, le Roi de sa vie, l’a accompagnée sur les chemins de lumière et d’ombre. Elle a continué de cheminer en tenant son regard dirigé vers l’avant, sachant que le futur est la partie la plus longue à vivre. Maintenant cependant, son regard commence à se tourner vers l’intérieur. Elle repense à ce qu’elle a fait, à ce qu’elle aurait pu faire. Elle repense aux échecs, aux réussites. Elle ressasse mentalement les évènements qui l’ont réjouie le plus et ceux qui l’ont fait souffrir le plus. Elle découvre, après des années où il lui semblait avoir emprunté une voie bien délimitée, qu’elle se retrouve de nouveau à un grand carrefour. Les routes à parcourir, les possibilités sont si multiples que, de nouveau, elle se retrouve à vivre l’incertitude du choix. La première fois, son cœur avait été si
possédé par l’amour qu’elle avait entamé cette voie du don total à Dieu presqu’en dansant. Maintenant, son pas est plus lent, plus calme, plus posé. Maintenant, son regard est attentif au lieu où elle est, où elle se trouve. Elle manifeste une volonté de silence, une soif de se comprendre elle-même. Elle veut revenir à l’écoute d’elle-même. Chaque jour, sa vie file à travers les gestes qui semblent toujours les mêmes. Tant de fois, tant de regards ont été croisés. Chacun lui a laissé une trace dans le cœur. Chacun a représenté un petit morceau de cette mosaïque de sa vie. Au cours de ces rencontres, le sens de ce qu’elle représentait pour les autres sembla se révéler, jour après jour, au gré de ces relations, elle a appris à se connaître, à se voir elle même. Elle en est à la moitié de sa vie. Elle cherche par tous les moyens à surmonter la tentation du bilan, des conclusions à tirer. Mais elle a besoin de comprendre. Un jour, elle rencontre une femme que tout le monde appelle la femme des marmelades. Une femme sereine, qui ne fait rien pour attirer l’attention sur elle-même. Elle est discrète. Aurore se rend compte que cette femme âgée de tant d’années, assure toujours les mêmes fonctions, suivant un rituel rythmé par des horaires précis qui font dire à ceux qui la connaissent : en ce moment, la femme des marmelades fait ceci, elle fait cela... Aurore s’approche d’elle, en quête d’un secret à saisir. D’où lui vient cette sérénité ? Sur quoi se fonde sa vie ? la femme des marmelades l’invite à une promenade dans le bois.
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direction. Elle porte attention à tout ce qui pourrait l’aider à retrouver sa route. Elle met alors en jeu ses propres forces, sa volonté propre, son bon sens. Seule dans le bois, elle se retrouve face à elle-même, à ses propres peurs, à ses angoisses, à ses joies et à son insouciance. Elle ne pense ni à sa destination ni à la route à prendre, elle cherche uniquement à ne rien perdre de ce qu’elle rencontre sur son chemin. Marcher dans un bois, dans le sillon des chemins, et pourquoi pas au printemps, quand tout revient à la vie, quand on voir les arbres reverdir, quand les fruits des bois apparaissent discrètement dans les buissons, quand le vol insouciant des papillons guide le regard vers des fleurs de toutes sortes, fleurs libres, poussées presque par hasard, là où personne ne les a plantées ; marcher ainsi devient comme un retour sur soi. Aurore commence à écouter le bois ; son cheminement et son attention sont absorbés par le sentier, là où on met le pied, un pas suivant l’autre, en cherchant à éviter des bûches, des fossés ou des pierres. Tant de beauté sollicite son attention. Fleurs, arbustes, épis, feuilles, branches, arbres, rayons de soleil, jeux d’ombre, papillons. Le tout accompagné en arrière plan par les chants des oiseaux : alouettes, merles, rossignols, coucous, pics... elle entend le glissement des lézards et le bourdonnement des mouches et des abeilles. Elle passe par des sentiers plus tortueux, des voies plus directes, des forêts plus sombres. Alors elle commence à entendre le battement de son propre cœur, l’essoufflement de sa propre respiration. Elle se réjouit du soleil entre les branches, elle redoute des sentiers les plus l’obscurité inaccessibles, dans son choix de la bonne
Aurore raconte à la femme : “le bois nous enseigne l’art de l’attention, de l’écoute, de la lecture, l’art d’entendre. En portant notre attention sur ce qui peut sembler insignifiant, sur ce qui existe naturellement, sur ce qui est pour ainsi dire quotidien et normal, nous nous retrouvons à nous regarder nousmêmes d’une manière plus concrète et plus lucide. Alors, dans ce silence habité par tant de voix, par la nôtre et celle de la nature, j’ai redécouvert le sens de la louange, de l’action de grâces, de la confiance, de la quête d’une aide. J’ai presque effectué un parcours de purification”. La femme des marmelades lui a simplement dit : deviens toi-même. Comme les fleurs, les fraises, les myrtilles, les papillons, les arbres, les oiseaux ne font pas autre chose que rester fidèles à leur nature. Aurore est appelée à rester fidèle à son identité de femme aimée et aimante. Seule, l’attention portée aux plus petits choses lui fait découvrir la nouveauté de chaque jour. arcristaino@cgfma.org
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Analyse de Mariolina Perentaler
DANS UN MONDE MEILLEUR De Dusan Bier – Danemark/Suisse 2010
C’est un cinéma moral et passionné que celui de Susan Bier. “Une apologie éthique ambitieuse et réussie de la famille, de l’éducation et de la non-violence”, émet dans son introduction une critique parue dans la Revue du Cinéma . Le metteur en scène explique le film : “Le film montre comment naît la violence des rapports entre adolescents d’une même famille, également les difficultés des adultes quand ils s’efforcent, par leur exemple, de montrer le chemin vers un comportement civique, en arrivant à “tendre l’autre joue”. On se demande, ajoute-t-il– si notre culture “avancée” est un modèle à suivre pour un monde meilleur ou si c’est plutôt l’anarchie qui nous guette, sous le vernis de la civilisation”. Grand Prix du jury et Meilleur film voté par le public au Festival du Cinéma
Qu’est ce que le monde meilleur ? Le “monde meilleur” de Bier veut parler de l’homme au-delà de la couleur de la peau, de la latitude, du domicile fiscal. Et de l’âge. L’œuvre nous transporte dans deux univers antithétiques racontés parallèlement : l’Afrique pauvre et dévastée du Darfour, et une habitante du riche Danemark. Les personnages eux mêmes sont deux couples respectivement du même âge, âge adulte des parents et âge adolescent des enfants. Le premier couple est, un couple de médecins – dont l’un, Anton, travaille au Kenya lors d’une période de crise portant secours aux malades et aux blessés victimes des bourreaux. Sa femme, par contre, assure un
de Rome 2010, il a obtenu en 2011 l’Oscar du Meilleur Film étranger et du Meilleur film de l’Union Européenne. C’est une œuvre captivante et dramatique, à connaître et à faire connaître comme une incitation à réfléchir avec tous : adultes, adolescents et jeunes sur des sujets nombreux et essentiels à aborder” (CVF). Le film part de situations tristement ordinaires – dont le harcèlement à l’école, les agressions pour des motifs futiles dans la rue – mais il nous amène à éprouver à quel point la crise de l’éducation est un autre aspect de la crise de la morale, appelée plus que jamais aujourd’hui à se justifier face à un monde où “la folie de la violence apparaît rationnelle dans un système de corruption très répandu”.
service dans un hôpital danois, patrie des deux, et où elle vit avec son fils Elias, timide et harcelé par ses camarades d’école. L’autre couple est composé d’un veuf d’âge moyen et de Christian, son fils, arrivé depuis peu de Londres et qui en veut intérieurement à la vie et à son père, qu’il accuse d’avoir souhaité et favorisé la mort de sa mère. Les deux garçons sont élèves du cours moyen. A cause de la forme de son visage, Elias est appelé “museau de souris” par les condisciples qui le harcèlent, profitant de sa naïveté. Christian ne peut supporter l’injustice et intervient en sa faveur invoquant comme prétexte que “celui qui se fait mouton, le loup le mange”. Il le défend même avec un couteau à la main. Et il menace la gorge d’un harceleur agressif. Pendant quelque temps, il obtient des .
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ANNEE LVII z MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011 résultats et Elias, laissé en paix se lie à lui d’une amitié forte mais dangereuse : le jour arrive, par contre, où – pendant un bref séjour en Afrique– c’est le père médecin qui se trouve en leur compagnie, victime sans réagir face aux insultes et aux gifles d’un mécanicien pris de violence. Alors Christian médite une vengeance de justicier. Avec l’aide de son ami, il fabrique des bâtons d’explosifs à partir de jeux pyrotechniques trouvés dans un grenier et il fait exploser la voiture du mécano. L’entreprise a réussi, à ceci près qu’Elias, qui a essayé d’éloigner de l’explosion une femme et son enfant surgit inopinément dans la rue, a couru à leur rencontre. Il les sauve de la mort mais il reste victime de l’attentat. Christian est si perturbé par les conséquences de son geste de folie qu’il en vient à songer au suicide. Rejoint in extremis par le père d’Elias qui le sauve, il se rend ensuite à l’hôpital pour saluer son ami et lui demander pardon. A ce moment de l’histoire une question se pose : la violence avec son enchaînement de vengeances est-elle la vraie raison d’être du film ? Ou n’est-ce pas plutôt le pardon le vrai centre de gravité ? La scène qui touche le plus tous les cœurs est celle où nous voyons Christian, repenti, se réconcilier – finalement– dans une étreinte infinie et sans un mot avec son père, après avoir constamment adopté une attitude de froideur terrible. L’auteure danoise cherche dans ses personnages -et dans les acteurs dirigés à la perfection – une loi morale (encore) possible. Les visages et les regards des Jeunes acteurs, d’une part Christian et Elias, à la merci d’une société émancipée en crise, d’autre part les enfants africains qui se pressent avec leurs sourires ingénus dans le camps des Médecins “de l’espérance” –rendent
POUR FAIRE PENSER SUR LA CONCEPTION DU FILM
SUR LES ASPIRATIONS DU FILM
Elle pose une question incontournable : “Comment sommes nous face au monde ? Quelle loi faut-t-il suivre ? Celle de la vengeance ou celle de la nonviolence ?
Celles d’une révolution éthique courageuse et provocante, un nouveau commencement à partir du pardon.
Dans son essence, l’oeuvre de Bier semble demander avec force à quel point l’éducation peut se montrer efficace dans un monde résigné à la violence ? Quel avenir confier à l’avenir ? Une réponse peut être celle d’Anton, par son engagement à vouloir réussir à être aujourd’hui “un bon père”. La metteur en scène cherche à montrer ce que doit faire (ou ne pas faire) un père pour être à la hauteur d’un rôle actuellement en crise dans les pays occidentaux. On en perçoit en premier lieu la “présence”, il est capable de ne pas répondre aux provocations, de ne pas s’abaisser à rendre les coups, mais il montre à son fils comment la faiblesse (monmentanée) peut se traduire en force. Au risque de perdre (momentanément) la face. Mais il y a aussi une autre responsabilité éducative qui est au premier plan dans le film, c’est l’école. On ne peut laisser aux seules familles la charge d’éduquer les consciences. Cette éduca-tion constitue pratiquement la base de ce qui se fait et s’expérimente chaque jour dans la société. On n’éduque pas les consciences dans une culture relativiste.
Au final le fim est conçu comme un récit à la portée de tous, une histoire bien dirigée et bien interprétée, capable de dire quelques évidences. En particulier que “le mal parfois couve à l’intérieur” et “de l’extérieur” ne vient que l’étincelle qui le provoque, le déclenche. L’adulte (famille-écolesociété) devrait savoir en déceler le signal d’alarme, s’il a le regard et la présence éducative. En outre, dans son ensemble, l’œuvre pousse le spectateur à comprendre combien il est facile et dévastateur d’emprunter la voie de la vengeance. Par contre, elle explique aussi comme le pas vers le pardon est non seulement envisageable mais conçu comme la seule possibilité de recommencer à vivre. Pour construire un “monde meilleur”, précisément. L’histoire racontée se prête à plus d’une lecture, en abordant des thèmes sensibles comme le travail du deuil (la mort de la mère) et l’impossibilité de communiquer entre parents et enfants. Thèmes difficiles, comme celui du couple en crise, ou aussi des adultes s’efforçant de trouver leur place propre dans un monde toujours au bord d’une violence insensée qui n’épargne pas non plus les jeunes.
témoignage des contradictions existantes d’un monde qui n’est pas vraiment moral dans son ensemble mais qui cependant est ouvert à un “meilleur médecins ” possible.
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Chaque chose en son temps
Certains jugent ce livre le plus beau d’Enzo Bianchi. Il est difficile de classer l’oeuvre dans un genre littéraire : est-ce une autobiographie ? Un essai ? Un livre de souvenirs destiné à transmettre le goût délicieux de la vie ? un peu de tout cela et plus encore....
bon vin en compagnie, c’était comme célébrer les joies de l’amitié, la fête des morts et le culte des tombes, qui n’avaient encore rien à voir avec le carnaval d’Halloween, de même qu’on ne confondait pas Noêl avec les lumières factices d’une publicité effrénée.
L’auteur consacre son introduction à l’évocation de sa première cellule monacale, nous révélant un peu de son secret : “...un lit, une chaise, une table, une lampe à pétrole, un poêle à bois.durant quinze années ; ma cellule a été ainsi, sans lumière électrique, nue et dépouillée : des années au cours desquelles j’ai touché du doigt la difficulté d’habiter avec soi même, et comme cela prend du temps de mettre en harmonie l’étude et la prière, le travail et le repos, la solitude et la communion.....j’ai compris la science des Pères qui disaient : “à avoir la force de rester dans sa cellule, on trouve une douceur”.
Il n’y a pas d’amertume dans cette évocation, y compris dans la confrontation avec un monde qui apparaît par maints aspects dépourvu de mémoire et retourné à la barbarie. La réalité humaine est observée avec une profonde empathie mais aussi avec le détachement serein de celui qui la contemple dans le silence d’une cellule, dans la lumière d’une espérance soutenue par la promesse de Dieu.
Suit une série de flashes (mais les termes choisis ne rendent pas la sérénité avec laquelle ils surgissent de la page blanche de la mémoire). Et voici le portrait de la vieille Muchèt, la sauvage solitaire, avec ses vêtements sales et en loques, mais aussi le coeur et l’âme d’une reine : elle est toujours la dernière à parler, prête à conclure par des réflexions subtiles, pleines de sagesse. Et puis on fait appel aux si précieuses traditions du passé : les feux de la Saint Jean, l’allégresse des garçons, tout occupés à ramasser du bois sec ou des manches à balai pour préparer le bûcher et y mettre le feu pour la veillée. .Les belles tablées de la cuisine d’un jour, quand c’était presqu’un rite de se retrouver à manger ensemble, à déguster un
Les dernières pages, d’une rare beauté, sont plus ouvertement autobiographiques. On y apprend que l’auteur, fils unique, est issu d’une famille très pauvre. La mort prématurée de sa mère laisse l’enfant de huit ans seul avec son père ; une relation sans véritable communication, qui pèse comme une chappe de plomb sur l’orphelin, timide et triste. Le portrait du père est tout à la fois plein de réalisme et d’admiration respectueuse. Pinén, (Giuseppe), comme tous l’appellent, était un socialiste ennemi des prêtres et des gens d’eglise, qu’il aimait même provoquer avec des plaisanteries. C’était toutefois un homme profondément honnête, empli d’une rude sagesse. Les rares paroles de son père sont restées définitivement imprimées dans son cœur : “Sache que si tu deviens un voleur, je te tue ! “ , “ne dis jamais ce que tu ne penses pas !” , “Tous les jours tu auras l’occasion de ne pas être un poltron”. S’il devait exprimer un jugement sur
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Aussi l’affection, la compréhension, la confiance qui sont l’oxygène indispensable à la croissance heureuse d’un petit garçon. Dans leur maison, (elles vivaient ensemble), elles accueillaient les paysans de l'endroit avec leurs soucis, dont ils se libéraient et trouvaient conseil ; le médecin et le curé se rendaient le matin chez elles, pour prendre le café, préparé avec un empressement cérémonieux dû aux invités. Le soir parfois le médecin revenait chez elles écouter ensemble de la musique classique. "Et j'étais là et j'apprenais à vivre."
quelqu’un, il était catégorique : “Celui là, c’est un homme bien” ou : “celui là ne sait pas ce qu’est la justice” ou encore : “ne donne jamais à manger à un passant en le laissant à la porte, ce serait indigne ! “ Quand son fils, devenu adulte, s’est lancé dans l’aventure qui devait le conduire à fonder la communauté monastique de Bose, le père a dit, inconsolable, “dans chaque famille naît un idiot, et voilà que j’ai un fils unique...” et il n’a plus voulu avoir de rapports avec ce fils. Quelques années plus tard, sans prévenir, il s’est rendu à Bose, et observant comment vivait la petite communauté, il a dit : “ici, c’est peut être ce que tu as fait de plus juste ”. La Providence avait placé sur la route d’Enzo deux femmes extraordinaires : l’une était la postière du pays, l’autre la maîtresse d’école. Quand sa mère mourut, elles s’occupèrent du petit orphelin. Pas riches, bonnes amies, liées entre elles par une foi commune et un zèle véritablement charitable, elles furent les bienfaitrices de l’enfant, sur le plan matériel mais elles lui donnèrent
Les dernières pages sont presqu’un hymne au don de l’amitié : Berttino, Nanni et Roberto furent les amis de sa première jeunesse, qu’il n’oublia jamais. Beaucoup d’autres vinrent ensuite, réchauffer par la joie du partage la voie ardue de la vie. Ces pages dédiées au thème de l’amitié mériteraient un commentaire plus large, de même que celles, pleines de vérité et de poésie, sur la réalité de la vieillesse et de la mort. “J'ai planté une allée de tilleuls le long de la rue qui mène à mon ermitage : je me suis demandé si je réussirais à jouir de leur ombre et des coups de vent parfumés de leurs fleurs au mois de mai. Mais je les ai plantés pour que la terre que je laisserai soit plus belle, je les ai plantés pour que d’autres s’enivrent de leur parfum ". Et que dire de l’épilogue ? Parti de sa cellule, le moine retourne à sa cellule. La Bible est sa cellule fidèle...”où que je sois, quelque soit l’instant, il me suffit d’ouvrir ma Bible parce qu’elle devient mon lieu de solitude et de silence, un lieu où penser et où prier....” Et que dire de l’Evangile !!! “Un livre à quatre voix, qui échappe à toute tentative de le réduire à un système théologique ou dogmatique ou à un traité de morale. Un livre dans lequel la bonté est toujours exprimée par la beauté : deux langages qui parlent au cœur ". En fermant le livre, on a le sentiment d’avoir rencontré un homme vrai, un moine au cœur de chair.
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dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
La “ruse” du pardon
L’amertume peut empoisonner nos vies un jour ou l’autre, et tôt ou tard, nous en ressentons bien souvent ses effets. Le souvenir d'un tort subi. D'une offense. D’une obéissance mal vécue. D’une souffrance qui a atteint notre sensibilité et qui dure depuis des années. Alors, on commence à ruminer, à éprouver, au fil du temps, un peu de regret, à se bloquer avec un sentiment d'insatisfaction et de négativité. «J'ai toujours travaillé dans la congrégation, sans me ménager, avec le sentiment de ne pas beaucoup compter, de ne pas être appréciée en tant que personne, à être mise de côté lorsque je ne sers plus. J'ai pris ma retraite après de nombreuses années d'enseignement, sans même avoir reçu un merci», écrit une FMA, donnant voix à un sentiment assez répandu. Nous devons pardonner. Peut-être des erreurs involontaires, commises envers nous, des manques qui touchent et blessent profondément. Les racines chrétiennes du pardon, nous les connaissons bien. Elles ont leur source dans l'Evangile. Mais ces raisons humaines méritent une attention particulière même si c’est de façon différente selon les cas, et les paroles de Mario Calabresi semblent éclairantes : «Ma mère nous a toujours dit:" Vous ne devez pas cultiver la haine, le ressentiment, la colère, la vengeance. Et, bien qu’elle soit une personne profondément religieuse et de foi, elle ne le dit pas pour des raisons religieuses. Elle le dit, pour une raison que j'appellerai utilitariste, mais en réalité c'est quelque chose de beaucoup plus grand. Elle disait que le ressentiment est une duperie. Parce que c'est un sentiment si fort et si puissant qu’il envahi tout notre être. Si vous vous réveillez le matin avec une pensée de colère, qu'est-ce que vous allez vivre dans votre journée. Cela tuera toutes les occasions de vous divertir, de construire, de penser, de vous aimer, de vous passionner pour quelque chose. Ce sera un raté. Chaque matin vous vous réveillez et vous serez rancunier, les terroristes auront gagné ce matin-là, parce qu'ils ont encore dicté le cours de votre journée. Si vous êtes heureux et pensez faire quelques chose de votre vie, soyez justes en mémoire de votre père qui sera heureux de voir que ses enfants ne sont pas prisonniers de la colère". Pardonner est en fait une façon de ne pas perpétuer une erreur, pour ne pas lui donner plus de force. Le pardon enlève le pouvoir à un autre pour continuer à influencer nos vies et nous choisissons de ne plus nous considérer comme des victimes mais comme des protagonistes. Peut-être que le monde a besoin de cette leçon de bonheur et de grandeur.
Ton amie
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Témoins dans les banlieues
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LES AMES LES PLUS PURES ET LES PLUS MEDITATIVES SONT CELLES QUI AIMENT LES COULEURS. (JOHN RUSKIN)
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