Mémoire de TFE

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Casablanca Les anciens abattoirs Reconversion d’une friche en Fabrique Culturelle

L’école nationale de la nature de du paysage

Travail de fin d’étude Anaïs Bernard, Juin 2011 Jacqueline Osty, directrice de mémoire



Casablanca Les anciens abattoirs Reconversion d’une friche en Fabrique Culturelle

membres du jury Président de jury : M. Claude EVENO Écrivain, urbaniste, enseignant à l’ensnp Directrice de travail de fin d’étude : Mme Jacqueline OSTY Paysagiste, enseignante à l’ensnp Enseignant encadrant : M. Romeo CARABELLI, docteur en géographie, architecte, coordinatueur du projet «Mutual Heritage,» enseignant à l’ensnp Personnalité représentant la maîtrise d’ouvrage : M. Abderrahim Kassou, Architecte, Anthropologue, Président de Casamémoire. Personnalité reconnue pour ses compétences professionnelles : Mme Martine Derain, Artiste

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Sommaire

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En guise d’introduction

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1. La première approche

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Lourd passé, futur déridé Les abattoirs ont-ils une âme? Ville, industries, béton - culture, nature et paysage

p.22

2. Un microcosme dans la ville

p.25 p.25 p.26

Casablanca un contexte urbain complexe Déambulations et impressions Les espaces publics, reflet de la société

p.30 p.30 p.32

Implantation de la ville Situation géographique Racines et origines

p.34 p.34 p.37 p.39

Un siècle pour construire l’histoire de la ville : le XXème Le protectorat comme moteur de l’urbanisation Formes et tracés d’une ville aux allures européennes Casablanca : Laboratoire et façade de la modernité

p.42 p.42 p.44 p.46 p.48

Le Grand Casablanca La ville aujourd’hui Les grands enjeux à l’échelle de la ville Des projets de grande ampleur Le projet à l’échelle de la ville

p.53

3. Le noyau et son enveloppe

p.55 p.55 p.56 p.58

Hay Mohammadi : un quartier industriel pour écrin Un quartier en mutation Des origines au devenir La reconversion des anciens abattoirs : l’élément déclencheur


Le site et son contexte en 3 séquences Situation et contexte

p.62 p.62

Les anciens abattoirs : centralité ou passerelle? Un projet à l’échelle du quartier La reconversion des anciens abattoirs : locomotive d’un projet de quartier Atténuer l’emprise ferroviaire : un travail de couture urbaine Un réseau viaire hierarchisé : créer le lien entre les quartiers Un quartier en mutation : le début d’un renouveau urbain L’espace public : épine dorsale d’un projet à long terme

p.68 p.68 p.69 p.70 p.71 p.72 p.73

Intra extra - muros Ou la relation entre le site et son enveloppe Les bâtiments : espaces et usages Les espaces extérieurs : continuité et fluidité Programme et proposition des architectes Un ensemble architectural en relation avec ses espaces extérieurs Tisser des liens entre le site et son enveloppe

p.82 p.82 p.86 p.88 p.90 p.92 p.93

4. De la Friche à la Fabrique

p.97

La Fabrique culturelle : un espace public à vocation culturelle Un projet espéré Patrimoine du XXème sciècle : reconversions d’ici et d’ailleurs Un potentiel architectural, spatial et historique à mettre en valeur et à exploiter

p.99 p.99 p.100 p.102

Une fabrique culturelle comme noyau Lieu de culture, de divertissement, d’expression, de rencontres et de lien social Évolution et influence d’une fabrique culturelle à Casablanca Quels arts? Quelles cultures? Dedans, dehors? Intervenir sur le paysage de la Fabrique culturelle Proposition des architectes : plan masse et affectation des usages aux bâtiments

p.106 p.106 p.108 p.110 p.112

Place - Fabrique Culturelle - Parc urbain Trois entrées pour le projet Intentions de projet Ambiances de projet S’inspirer d’ici et d’ailleurs

p.116 p.116 p.118 p.120 p.122

En guise de conclusion

p.126

Bibliographie Remerciements

p.128 p.130

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En guise d’introduction Les Anciens Abattoirs de Casablanca – Fabrique Culturelle Pourquoi les Anciens Abattoirs? Pourquoi là-bas? Ce travail de fin d’étude est l’occasion de mêler le milieu artistique et culturel à la conception et l’aménagement paysager. C’est l’occasion de retrouver l’ambiance frénétique et généreuse que dégagent les milieux culturels où la créativité des uns déborde et les idées des autres foisonnent, où les rencontres et le partage nourrissent les esprits. C’est l’occasion de retrouver cet environnement qui auparavant, rythmait mon quotidien. Puis l’opportunité s’est présentée. Les Anciens Abattoirs de Casablanca, cette Fabrique Culturelle naissante offraient cette possibilité. Et pourquoi à Casablanca? Tout simplement parce-que la demande est sincère et implique une réelle détermination des personnes concernées par la réalisation de ce projet et de son aboutissement...


Une approche par l’emboitement des échelles

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« La ville, le quartier, le site. Premier contact, premières impressions. Les fondements pour la base d’un projet » « Casablanca : un contexte hors norme, une ville où tout semble possible » « Hay Mohammadi : un quartier populaire en mutation. La reconversion des anciens abattoirs marque le début d’une nouvelle aventure urbaine. » « Un espace public à vocation culturelle : un projet espéré et attendu. »


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première approche


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Lourd passé, futur déridé La découverte du site Le hasard et la curiosité m’ont amené à découvrir ce lieu. C’est au cours d’une discussion, sur l’art et la culture au Maroc qu’est née l’envie de connaître les anciens abattoirs de Casablanca. Convoité par de nombreuses associations artistiques et culturelles, ce lieu fait l’objet de réelles volontés quant à sa transformation en fabrique culturelle. L’idée était plutôt insolite : faire de l’art aux abattoirs, promouvoir des événements culturels dans un ancien lieu d’abattage qui, par la seule évocation de son nom, porte une image plutôt négative,

macabre et nous transporte davantage dans une atmosphère sordide. Le ton est donné, et bien que l’idée ne soit pas si novatrice car déjà développée de nombreuses fois en Europe, la reconversion d’une friche urbaine et industrielle en Fabrique culturelle reste une grande première au Maroc. L’idée m’a séduite et le site aussi. Ce n’est qu’après quelques semaines, l’idée toujours dans un coin de ma tête, que je suis allée voir ces anciens abattoirs, cette fabrique culturelle naissante. Ce lieu m’a réellement envoûtée.

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Les abattoirs ont-ils une âme? Premières impressions La première rencontre avec le site, c’était de nuit, l’espace d’une minute, peut être moins, à travers la fenêtre du train. Un mur et de grands bâtiments qui émergent derrière. Voilà le premier contact, un bref instant, une entrevue qui me laissa sur ma faim et m’intrigua. Pour découvrir un lieu rien de tel que de l’arpenter, le fouler de long en large, les pieds ancrés au sol, les yeux rivés sur les moindres détails et les sens en éveil. C’était la première fois que je me rendais à Casablanca et sans réellement savoir ou me diriger dans la ville, j’ai décidé de faire le trajet en petit taxi. Le parcours fût bref, juste le temps de mesurer la grandeur

de la ville à travers ses avenues immenses et ses bâtiments tous plus hauts les uns que les autres. Au bout de sa course, le taxi me déposa devant un grand portail de fer gris en partie rouillé : l’entrée des anciens abattoirs. Mais ce qui attira mon attention c’était de nouveau la présence de ce mur marquant le pourtour du site. Echo de la première image. Ici les plans se détachent davantage, succession de pleins, de vides et de couleurs. Entre cette enceinte et ce grand bâtiment ocre vient s’interposer les feuillages verts de quelques eucalyptus et palmiers. La rue quant à elle est large et animée jusqu’à l’entrée des abattoirs ensuite elle s’endort dans une

perspective fuyante. Ce mur fait face à de nombreux petits restaurants, accolés les uns aux autres et spécialisés dans la cuisine ovine, empreinte vivante d’une activité liée à celle qu’existait dans les anciens abattoirs. Une fois passée le portail, un changement brutal se produit. Cette agitation, ce tumulte, cette bande sonore de ville bruyante s’efface presque instantanément lorsque l’on franchit le grand portail. Changement de décor, le réel laisse place au fantastique, nous voilà dans un morceau de ville aux allures de ville fantôme, comme une pièce de puzzle égarée dans un cadre qui n’est pas le sien. Ce petit havre insonore aux premiers abords fait du bien, repose de ce


vacarme urbain. Puis à l’image de ce changement de paysage sonore, c’est la couleur qui, à son tour, nous envahit. Le gris de la ville est supplanté par une teinte ocre qui nous baigne dans une atmosphère très particulière. C’est une ambiance chaleureuse et apaisante qui se dégage de cet ensemble. Ressenti d’autant plus troublant compte tenu de l’histoire du lieu. Mais aujourd’hui ce lourd passé ne transpire presque-plus dans ces murs, comme si le deuil était fait. En arpentant ce site je découvre un espace très architectural, composé de nombreux bâtiments aux dimensions diverses. Cet assemblage de pleins et de vides rend l’espace extérieur alambiqué, labyrinthique et très intéressant car les formes architecturales génèrent des espaces très variés. C’est ainsi qu’on passe d’une grande rue à une petite cours intérieure puis à un interstice mi-clos. Ceux-ci ont particulièrement retenu mon attention, ce sont d’étroits couloirs qui se dessinent entre les parois de deux grands bâtiments, ouverts mais donnant l’impression d’un intérieur. La végétation ici réapparait, elle s’enracine dans les moindres fissures du béton et semble s’en enorgueillir. Ces pionnières, de couleur verte et rouge se détachent parfaitement de leur fond ocre, blanchâtre et donnent de la profondeur au lieu, de la vie à ces espaces.Ce sont des lieux pour le moins inattendus et surprenants. Intimes, conviviaux ou manifestes, petits ou vastes, chacun d’eux dégagent leur propre atmosphère et sont propices à un usage particulier. Un bâtiment, le plus imposant, celui des anciens frigos présente une scène très singulière, il nous plonge dans un espace fait de gravats, de corrosion et de poussière. Détruit par un incendie, le résultat est similaire à celui d’un bombardement ou un tremblement de terre. Encore aujourd’hui, il constitue par sa taille et sa couleur une réelle émergence, un véritable point de repère dans le quartier et un élément structurant de l’ensemble des bâtiments des anciens abattoirs. Il sera amené à disparaître pour des raisons de sécurité. Certains toit-terrasses sont accessibles et offrent une vue imprenable sur l’enveloppe du site. La ville réapparait et certains contours se dessinent. C’est un lieu privilégié pour observer, contempler le paysage urbain qui se déploie tout autours de ce microcosme. Puis, du dehors on passe au dedans. Les espaces sont tout aussi vastes mais cette fois-ci couverts. À l’intérieur, le passé refait surface. Les crochets, les rails, les chaines, les crémaillères, les manivelles traces et mémoire du lieu, d’une activité passée font appel à notre imaginaire et créent une ambiance unique. L’architecture est très intéressante en terme de volumétrie et d’organisation spatiale. Le rapport à la lumière y est évident. De grandes ouvertures laissent passer la lumière blanche, crue et vive du soleil, baignant ainsi l’espace intérieur, alors que les moucharabiehs la filtrent davantage et créent des contrastes et des effets d’ombre et de lumière, de clair-obscure. Aujourd’hui, ce lieu est déjà sur le chemin de la reconversion et il n’est pas rare de croiser quelques personnes venant en profiter et l’exploiter pour la réalisation de leurs projets. Ainsi, les bâtiments de nouveau habités reprennent vie.

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Carte sensible


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les anciens abattoirs dans la ville Localisation des anciens abattoirs

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Ville, industries, béton - culture, nature et paysage. Prospections et démarche de projet Le choix de faire un diplôme à l’étranger, ne relève en rien d’une volonté d’exotisme mais plutôt d’une capacité à pouvoir s’adapter et comprendre le fonctionnement et les mécanismes qui s’appliquent à un tel lieu dans un contexte urbain, social et culturel qui m’est presque inconnu, je dis presque car Casablanca, si particulière soit-elle, est peut-être la ville la plus européenne d’Afrique. L’enjeu est de taille et vaut la peine qu’on s’y attarde. Les problématiques concernant le site sont nombreuses, à commencer par le phénomène de « re-

conversion » et ce qu’il implique en terme de transformation de l’espace, en terme d’usages et de pratiques, d’appropriation du lieu par les habitants du quartier, de la ville, du pays, les futurs usagers, artistes et jeunes talents d’ici où d’ailleurs et toute personne susceptible de venir un jour fouler le sol de ces abattoirs. Ensuite la question de l’identité du site et de l’image qu’il renvoie est soulevée, comment concevoir, construire, bâtir sur les reliquats d’un passé révolu? Conserver la mémoire du lieu, l’atmosphère si particulière qu’il dégage et qui lui est propre tout en lui insufflant un nouveau

caractère, un devenir distinct de l’avenir auquel il était voué, une nouvelle existence? Simple prise de position : radicale ou partielle? Substitution ou transformation? Le site des anciens abattoirs se trouve dans le quartier emblématique Hay Mohammadi caractérisé par une typologie urbaine mixte regroupant logements, commerces, petits équipements, industries et de nombreuses friches industrielles. Une fracture dans le tissu urbain est créé par l’emprise des voies ferrées qui forment une limite franche dans l’espace, créant deux unités distinctes.

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Centralité ou passerelle?

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Quelle position adopter sur le fond et la forme? Jusqu’où étendre les limites d’intervention de ce projet? Pour quel rayonnement souhaité? Comment lier les activités exceptionnelles et la vie quotidienne? Pourquoi ne pas créer un parc laboratoire d’expériences artistiques et culturelles accompagnant la démarche menée aux abattoirs au travers du quartier, créant des liaisons, tissant un réseau pour les initiés et les novices des arts urbains et du milieu culturel en général? Puis, comment créer un équilibre entre l’existant et l’apporté? Conserver ou se défaire de la mémoire du site? Faire un travail de couture urbaine... Autant de questionnements que je tente d’argumenter au travers de ce mémoire qui fait part de mon approche en tant que paysagiste et met en évidence ma démarche de projet s’articulant autour de trois angles d’approche. Le premier est de s’imprégner des caractéristiques du site et de son environnement, de comprendre son fonctionnement dans un contexte général puis particulier, de mener des investigations à différentes échelles. Le deuxième est de faire part d’une stratégie d’action concernant le site, son usage et son impact sur le territoire, tout en prenant en compte les grandes lignes du programme. C’est définir le concept. Et le troisième est d’appliquer ce concept en cohérence avec le site, dans un projet dessiné avec précaution, prenant en compte la singularité du lieu et son potentiel à devenir vecteur de nouvelles dynamiques dans le quartier et dans la ville. C’est agir sur le territoire, prendre en compte, anticiper les changements que de nouveaux usages pourront engendrer en terme de fonctionnement et de dynamiques socio-spatiales, socioéconomiques et socio-culturelles. C’est imaginer un lieu agréable pour la population, les personnes qui le vivront quotidiennement mais aussi fonctionnel pour les autres qui y trouveront un espace propice à l’expression et à la création. Et c’est dans ce contexte que je revendique la part du paysagiste, dans ce milieu urbain, industriel où le béton et l’acier constituent la matière première à la composition de ce quartier. Dans ce milieu qui à priori semble hostile à toute forme de végétation et de nature.

Périmètre du site et extension des limites Enceinte du site des anciens abattoirs Périmètre d’intervention Périmètre d’analyse


approche et démarche de travail en 3 points

Se nourrir du contexte.

Développer un concept

Agir sur le territoire

À l’échelle de la ville et du quartier, c’est comprendre les logiques d’implantation de la ville et son évolution afin d’appréhender le site dans son environnement et d’en comprendre ses mécanismes.

Une analyse fine du territoire permet de mettre en exergue les composantes et les atouts du site de façon à définir et mettre en place une ligne directrice orientant les choix de projet.

Ancrer le projet dans son territoire en proposant un aménagement paysager et urbain. C’est appliquer le concept au site et à son environnement pour créer ou reconstituer un morceau de ville destiné aux habitants. 19

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un microcosme dans la ville


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Casablanca, un contexte urbain complexe Déambulations et impressions Ce que je garde à l’esprit de mes pérégrinations dans la ville c’est tout d’abord un contexte hors norme, tout est immense, tout semble démesuré, un chaos ordonné, amalgamé, une ville polycentrique. Il n’existe pas un centre mais des centres, à chaque quartier son point de ralliement, son atmosphère, sa spécificité. Les formes architecturales s’entremêlent et changent d’un quartier à l’autre, c’est une accumulation de couches architecturales qui se détachent les unes des autres et de larges boulevards qui les traversent, créant ainsi un tableau urbain très singulier. Ville côtière,

la présence de l’océan ne m’a pas marquée, peut-être est-ce parce que le port et toute l’activité qu’il génère occulte le front de mer, en tout cas sur la partie est de la ville, ou peut-être est-ce parce que l’intérieur de la ville est plus attractif et a eu raison de moi! Je suis surprise par l’atmosphère qu’il y règne, un mélange particulier entre vie à l’occidentale et coutumes locales. Plus libre que dans certaines villes marocaines où l’étranger est la proie des petits commerçants, il est plus facile de vaguer dans les rues et d’en découvrir leur caractère. Casablanca est une ville intrigante et

énigmatique ou l’impossible semble envisageable surtout en terme d’aventure urbaine et architecturale.

« Casablanca Ville hybride, métisse et moderne Ville inquiète, ni marocaine ni française Qui nous renvoie aux questions fondamentales de l’urbanise et de l’architecture au XXème siècle.» Casablanca, ville moderne Sébastien Verkinderen

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Le site dans son environement végétal 1 Parc de la Ligue Arabe et place Mohammed V 2 Parc Sindibad 3 Jardin d’horticulture 4 Parc zoologique 5 Jardin Alisko 6 Parc de la prédecture Ben Msick 7 Parc Murdoch 8 Parc de la forêt verte 9 Quartier d’Anfa 10 Quartier Californie 11 Jardin de la préfecture de Ain Sebaa

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Cette liste n’est pas exhaustive. Sont représentés ici : les principaux parcs et jardins, grandes avenues plantées et espaces résidentiels «boisés»

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5km

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Les espaces publics, reflet de la société Les espaces publics reflètent souvent un mode de vie, un fonctionnement propre aux habitants et autres usagers de la ville qui ont une façon bien particulière de se les approprier. Traditionnellement l’espace public était peu convoité pour la vie sociale, tout se passait à l’intérieur des Dars, des Riads et autres Palais qui offrent bien souvent de véritables havres de paix, spectaculaires dans leur composition et où la végétation foisonne. Mais Casablanca est récente et le protectorat a instauré de nouvelles façons de vivre les espaces extérieurs : l’espace public. Mon regard d’occidentale ne me permet en aucun cas de les juger, en revanche celui du paysagiste peut tenter de les analyser. Cette compréhension est nécessaire dans le cadre d’un projet d’aménagement.

Pour commencer, je tiens juste à noter que mon premier sentiment, à l’égard de ces espaces était une impression de rareté. À l’image de la ville « polycentrique », chaque quartier reflète un mode de vie particulier et les espaces publics en sont les miroirs, la rue en est le parfait exemple. Souvent très large, parfois plantée, la plupart du temps, elle draine un flux considérable de véhicules mais elle peut également être entièrement convoitée par les habitants, les petits vendeurs qui, à même le sol viennent installer leur étalage de bricoles, elle devient alors un lieu de rencontre et de marchandage. Puis il y a les places, les parcs, les jardins et les squares qui forment des lieux de rassemblement, de promenade et de détente. Mais ceux-ci reflètent

davantage et en partie ma première impression car ils sont peu nombreux comparé à l’ampleur de la ville et souvent peu attractif à cause de leur mauvais état. La réhabilitation et conception d’espaces publics de qualité fait aujourd’hui partie des enjeux de développement urbain de la ville. « Les jardins de Casablanca Tout redevient béton ! De nos jours l’un des grands problèmes des Baidaouis est que la ville ne dispose à vrai dire ni de musée, ni de bibliothèque, ni de théâtre ou de lieux de sortie pour les familles, encore moins de grands espaces verts; ceux qui existent à part le Jardin Murdoch, sont tous, sans exception, dans un état de vétusté inadmissible : sur ce point, l’heure n’est plus aux paroles, mais aux actes .» Abdeljalil Bouhar, Anfa, Dar el Beida, Casablanca. Trois noms. Une seule ville. Ed Croisée des chemins, 2009


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1 : Parc de la Ligue Arabe 2 : Rue des Aït Yafalmane 3 : Avenue des FAR 4 : Square à l’angle de l’avenue Hassan II et de l’avenue Lalla Yacout 5 : Avenue Khaled Ibnou Al Oualid Ces quelques exemples sont bien loin de refléter la totalité des types d’espaces publics que l’on peut rencontrer à Casablanca, néanmoins ils donnent un avantgoût, et une idée, aussi infime soit t’elle sur la mesure de leur diversité.

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RABAT CASABLANCA

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situation de la ville à l’échelle nationale 30

Implantation de la ville Situation géographique Casablanca est la capitale économique du Maroc. Avantageusement située sur la côte atlantique, elle est au coeur de la région du Grand Casablanca et c’est en partie grâce à cette situation géographique, facilitant les échanges commerciaux terrestres et maritimes, que la ville connut un essor extraordinaire au cours du siècle dernier. Elle compte aujourd’hui plus de 3 260 000 habitants pour une superficie de 323 km2 (données de 2009, Vikidia), soit une densité de 10092 hab/km2.

Située sur la frange littorale, son climat est méditerranéen à influence océanique, caractérisé par un été sec et ensoleillé et un hiver doux, soumis aux perturbations océaniques venant de l’Atlantique. De façon plus générale, la ville se situe dans une zone de plaine agricole où les conditions climatiques et édaphiques ont favorisé l’activité agraire. Ces plaines alluviales atlantiques se sont formées par des accumulations argileuses, limoneuses et localement sableuses à partir d’alluvions ou de colluvions quaternaires, sur un socle précambien et primaire rigide.

À 90 km au Sud de Rabat, capitale du royaume, Casablanca se situe sur les principaux axes routiers et ferroviaires qui relient les grandes villes du pays. S’ouvrant sur le reste du monde grâce au trafic maritime, portuaire et aérien elle représente un secteur très influant et un pôle stratégique d’Afrique du Nord au niveau du commerce, de l’économie et des flux de population qu’elle génère. C’est une ville dynamique et moderne, résolument tournée vers l’avenir.


Quelques données supplémentaires : Ensoleillement : 2 830 h/an Précipitations : 400 mm/an Températures moyennes : 12°C en hiver et 25°C en été Zone bioclimatique : bioclimat semi-aride Ètage de végétation : thermoméditerranéen Ècorégion : forêt sclérophylle

EL GHARB - CHRARDA BNI HSSEN Kenitra RABAT

Mecknès Khemisset RABAT - SALÉ ZEMMOUR -ZAER

Mohammedia CASABLANCA

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GRAND CASABLANCA Mediouna El jadida

MEKNÈS TAFILATET

Berrechid Settat

CHAOUIA - OUARDIGHA

DOUKHALA - ABDA

MARRAKECH - TENSIF EL HAOUS situation de la ville à l’échelle régionale

Khenifra Khoulibga

TALDA - AZILAL N

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Racines et origines : la colline d’Anfa Casablanca véhicule souvent l’image d’une ville sans passé, sans fondements historiques. Or ses origines s’avèrent être bien plus anciennes que ce qu’il est donné à croire. Bien que les données soient encore imprécises, la ville de Casablanca se serait implantée sur le territoire de la cité d’Anfa. Cette dernière, également appelée El-Anfa, Anafa ou encore Nafee aurait été fondée au XI ème siecle par les Berbères Zenata. Mais pour Léon l’Africain son origine serait romaine et selon Luis Marmol Carvajal, phénicienne. Les données s’étoffant au cours du temps, on sait que cette petite

cité avait déjà une activité et un rayonnement important à travers le pays. Détruite à plusieurs reprises par des offensives portugaises cette bourgade n’offrait plus que le triste décor d’une ville en ruines. Un nouveau nom lui fut attribué : Dar el-Beida « la maison blanche ». Malgré cette apparence peu encourageante, la bourgade occupait toujours une place stratégique au niveaux des trajets économiques du pays et de l’Atlantique et fut vite réinsérée dans les circuits. Dans les années 1830 les premiers européens commencèrent à s’y installer puis à développer le commerce et l’exporta-

tion de matières premières avec les pays européens. Elle devint alors une forme d’« entrepôt » et son port un « centre collecteur et redistributeur ». Cette activité fut décisive dans le devenir de la ville et son essor. Casablanca pris son nom actuel à la fin du XVIII ème siècle.


Vue des ruines d’Anfa, in Georg Braun, Franz Hogenberg, Civitates terrarum, Cologne, Bertram Buchholtz, 1572

« Cette ville est très policée et très prospère parce que son territoire était excellent pour toutes sortes de céréales. Elle présente en vérité le plus beau site de toute l’Afrique : elle est entourée de tous côtés, sauf au Nord, au bord de la mer, d’une plaine d’environ 80 miles. À l’intérieur d’Anfa, nombreux étaient les temples, les très belles boutiques, les hauts palais, ainsi qu’on peut le voir et s’en rendre compte d’après les restes que l’on trouve. » Jean-Léon l’Africain, 1956. Plan de Casablanca, Dr Félix Weisgerder, 1900 33

Racines et origines : la médina Dans le dessin des villes marocaines, on retrouve souvent une structure similaire. Celle-ci est composée de la médina, centre ancien et noyau historique des villes, puis le centre ville, édifié pendant la période du protectorat et enfin la ville nouvelle et actuelle, celle qui continue à se construire. Cette structure se retrouve notamment dans les villes impériales du pays, à Fès, Marrakech, Rabat et Meknès. Alors que les médinas sont empreintes du passé historique des villes dont les vestiges témoignent notamment d’une culture traditionnelle, celle de Casablanca est en marge, unique et singulière.

Elle porte la mémoire de plusieurs communautés et le style architectural y est davantage colonial qu’indigène. En partie détruite par un tremblement de terre en 1755, cette « vieille ville » renferme malgré tout quelques monuments anciens comme la koubba du marabout de Sidi Belyout. L’originalité de la ville commence ici, dans la continuité existante entre la médina et le centre ville : l’accent colonial. Sur le plan de la ville de Casablanca dressé par le docteur Félix Weisgerder en 1900, la ville était divisée en trois quartiers : la Médina, le Mellah et le Tnaker. La médina est à l’époque décrite comme le quartier « aristocrati-

que », composée de constructions en pierres, le Mellah est le quartier juif, composé d’un mélange de constructions en pierres et de huttes en roseaux et pour finir, le Tnaker représente le quartier populaire, fait de huttes en roseaux et de constructions en pisé, et tout autour des jardins se déployaient, ceinturant la ville d’une épaisseur végétale. Puis cette image a dés lors bien vite évolué, les jardins ont laissé place aux grands travaux, à l’expérimentation architecturale et à la modernité pour faire de cette petite bourgade une ville au devenir insolite.


Plan d’aménagement et d’extension de Casablanca Henry Prost, 1917, FranceMaroc , 1917.

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Un siecle pour construire l’histoire de la ville : le XXème Le protectorat comme moteur de l’urbanisation Bien que les fondements de la ville soient relativement anciens, Casablanca est représentée comme une ville moderne et avant-gardiste, au passé récent. Si cette image lui est associée, c’est en partie à cause de son développement et de son évolution spectaculaire lors du siècle dernier. Le protectorat au Maroc a été un élément moteur et décisif dans l’urbanisation et la croissance des villes et en particulier celle de Casablanca. C’est en 1912 que le traité de protection fut signé. Cette protection perdura jusqu’en 1956, où la France et l’Espagne reconnu-

rent l’indépendance du pays. Sans m’appesantir sur le sujet, je pense qu’il est important de considérer cette donnée qui a fortement contribué à l’essor de la ville. Dans le cadre de ce diplôme, la compréhension des logiques d’implantation de la ville au cours du temps semble être primordiale pour appréhender l’organisation spatiale mais aussi sociale et leur évolution, car le tracé urbain actuel en est l’héritier.

Protectorat : Régime juridique établi par un traité international et selon lequel un état plus puissant (l’État protecteur) exerce un contrôle sur un autre (État protégé), qui, tout en conservant sa personnalité internationale, abandonne au premier une part plus ou moins grande de sa souveraineté dans le domaine des relations extérieures ou même de l’administration intérieure et bénéficie en revanche de sa protection. Colonie : Établissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe, moins développé, et qui est placé sous la dépendance et la souveraineté du pays occupant dans l’intérêt de ce dernier. Le Grand Robert de la langue française, 2001


Je ne m’emploierai pas ici à résumer l’histoire d’un siècle de constructions ni même l’histoire du protectorat mais les principaux fondements qui ont participé et révolutionné le tracé de la ville de Casablanca et son essor. Pour tout complément je me tourne vers le livre de Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, CASABLANCA mythes et figures d’une aventure urbaine, Éditions Hazan, 1998. Pour commencer, il faut avoir à l’esprit que Casablanca a requis une attention somme toute particulière des dirigeants du protectorat et de la municipalité car tout était à faire, la ville était à imaginer, à construire, à contrario de Fès, Marrackech, Rabat ou Meknes, villes impériales possédant déjà une empreinte historique forte. C’est une suite d’événements qui ont contribué au développement de la ville. Sous la période du protectorat, je retiens deux grands épisodes urbains : le plan de Henry Prost (1914-1917) et celui de Michel Écochard (19501952), coïncidents avec les périodes d’avant et d’après seconde guerre mondiale, événement qui affecta fortement l’évolution « urbaine » de la ville, devenue un champs d’expérimentation urbaine. Plusieurs plans d’urbanisation ont été réalisés pour tenter d’imaginer, de créer cette ville. Le premier fut le plan de Tardif en 1912 qui orienta la ville vers une structure radiocentrique, avec notamment la présence d’un grand boulevard circulaire, repris plus tard dans le plan de Prost, et la sectorisation en trois parties de la ville. Suite à la demande de Lyautey, résident général du protectorat, d’un plan général plus crédible, H. Prost proposa une variation au plan de Tardif, plus complet et mettant davantage en avant le devenir de la ville comme capitale économique avec le développement du port et la modification du tracé urbain à travers une « restructuration fondée sur les modèles circulatoires ». La définition d’un ensemble de zones, très novateur à l’époque, pour définir la répartition des différents quartiers est instituée. Trois zones divisent la ville, la zone centrale, la zone industrielle et la zone de plaisance. L’urgence sanitaire fut également un propos rentrant en ligne de compte et pressant l’assainissement de la ville et son édification. L’ère des grands chantiers commença, propulsant la ville dans une effervescence incontestable. De nombreux architectes comme Marius Boyer, Pierre Bousquet, Auguste Cadet, Georges Candilis, Albert Laprade, Auguste Perret... sont les premiers à donner un visage à cette ville nouvelle dans les bâtiments qu’ils y érigent. L’architecture est moderne, de style « art-nouveau » et communément appelé aujourd’hui «art-déco» à Casablanca. « Elle est faite, plus qu’aucune autre cité, pour l’art moderne qui est

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la recherche de l’effet par la plus grande simplicité des moyens qui est aussi le rayonnement du confort intérieur à travers un extérieur aussi dépouillé que possible. » Louis Delau, 1939. Cette modernité, et cet esthétique revendiqué se lit notamment dans les façades des bâtiments, mais également dans les premières grandes villas « coloniales », voisines par leur style des villas méditerranéennes que l’on trouve en France. Les architectes veulent construire des immeubles de prestiges répondant à toutes les normes de modernité et faisant la démonstration de la réussite. Cette frénésie attira nombres d’immigrants, d’Europe mais aussi et surtout du reste du pays, des ruraux venant chercher à Casablanca, une ouverture vers la modernité. Dans les années 20, cette ville « champignon », est vue comme audacieuse mais également et à plusieurs égards comme une ville cynique où la spéculation et le goût de l’argent sont devenus les maîtres mots. La ville nouvelle européenne ne peut répondre et satisfaire les attentes de tous ses habitants et en particulier celles des indigènes. L’adaptation de la ville aux immigrants marocains était alors nécessaire. Dans les années 1930 une nouvelle ville indigène, pensée par les européens fût créée. C’est la nouvelle médina, les Habbous. Construite hors de tout groupement européens et protégée du stress de la ville moderne, cette structure urbaine doit accueillir les indigènes en respectant les coutumes locales. C’est un premier pas vers la réflexion d’un « habitat adapté ». La ville s’étend par quartiers entiers au milieu de nulle part, recomposant des milieux de vie à l’image de la ville avec des centres complets et tous les équipements nécessaires à la vie quotidienne. Des plans d’extension seront réalisés afin de gérer et absorber cette croissance incontrôlée. Les années 40 marquent une coupure dans le développement urbain. La seconde guerre mondiale aura fortement affecté les rapports entre la municipalité et le protectorat. Alors que la première période du protectorat est marqué par une transformation profonde et un essor industriel rapide le deuxième, d’après guerre est davantage marquée par les grands projets d’extension de la ville et la réalisation de cité modèles, de cités ouvrières, basées sur la réflexion de l’habitat adapté. Alexandre Courtois est le premier à proposer un projet d’aménagement et d’urbanisme prenant en considération les extensions de la ville. Pour diverses raisons, principalement administratives, l’exécution du plan ne s’est pas faite, mais ses principales dispositions seront reprises et intégrées dans les propositions de Michel Écochard. « Les convictions et la personnalité de cet homme marqueront l’ensemble de la culture architecturale marocaine d’après guerre ». Ècochard change de doctrine et redéfinit le statut de l’urbanisation en proposant un zoning conforme

à la charte d’Athènes, séparant la ville en quatre grandes fonctions : habiter, travailler, circuler et se cultiver. La rupture est radicale avec les politiques d’avant 1939. Le dessein de l’urbaniste pour Casablanca est la ville linéaire et industrielle, articulant la structure portuaire et la structure urbaine, reliant Casablanca à Fedala (actuelle Mohammedia). Dans son plan, l’ordre est de rigueur. Les cités ouvrières émergent dans le quartier industriel qui s’étend et les zones d’extension planifiées pour les marocains se multiplient sous forme d’habitats adaptés pouvant accueillir le « plus grand nombre ». Après l’indépendance la ville voit apparaître le premier grand ensemble prônant le rationalisme et le fonctionnalisme. La ville a continué à se développer au cours des 50 dernières années, influencée cette fois par la culture américaine. Et c’est aujourd’hui dans le Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU) que sont représentées les grandes orientations du développement urbain, qui de manière générale tendent à la hisser la ville au rang des grandes métropoles mondiales.


« Anarchie, désordre, indifférence président à une oeuvre qui sera définitive, car une ville une fois faite ne se refait pas. […] Ordonnez, toutes choses cessantes à Casablanca, que l’administration établisse un plan général de la ville. Tout n’est pas perdu ; il est encore possible de sauver en grande partie l’avenir de la ville. Qu’on utilise la situation topographique qui est merveilleusement propice à l’édification de la nouvelle cité, qu’on fasse grand, car on pèche généralement par le défaut contraire, qu’on prévoie des places, des édifices publics, des avenues spacieuses, conformes aux besoins de la circulation moderne. » Note au général Lyautey, Casablanca, 15 Octobre 1912

N

1907

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1922

1950

Formes et tracés d’une ville aux allures européennes : évolution urbaine Ces cartes, réalisées à partir de documents anciens et récents (plans et photo aérienne), témoignent de l’évolution urbaine de Casablanca, par son étalement urbain, du début du siècle à aujourd’hui. Les anciens abattoirs apparaissent dés 1922. En dehors de la ville dans un premier temps puis complétement ingérés par celleci aujourd’hui. Ils occupent désormais une place privilégiée dans la ville. Espaces bâtis N

2010

Emplacement des anciens abattoirs

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Immeuble Asayag Marius Boyer,1930-1932

Les villas Paquet Jacques Gouyon, 1952

Wilaya ex-h么tel de ville Marius boyer, 1928-1936

banque du maroc edmon brion, 1937

l茅vy & charbon ignacio sansone & paul busuttil, 1929

h么tel particulier architecte non identifi茅, 1940


D’après : Casablanca Plan guide d’architecture moderne centre ville, Centre régional du tourisme de Casablanca, Association Casamémoire, édition 2009 / 2010

Casablanca : laboratoire et façade de la modernité Il est également dit de Casablanca qu’elle fût un « frénétique laboratoire d’urbanisme et d’architecture ». Au travers de la ville et surtout dans le centre, les façades des bâtiments datant de la première moitié du XX ème siècle se dévoilent. Les ornements néo-classiques, les motifs caractérisés de type «art-déco» et «art-nouveau» révèlent la présence de cette architecture moderne aux volumes sobres. Influencée par l’esthétique des mouvements artistiques qui ont animé l’Europe au XX ème siècle, et par l’incidence du style marocain, l’architecture prend des formes novatrices et particulières. La ville devient très vite un terrain d’expérimentations et d’innovations attirant de nombreux

architectes, pour la plupart français et diplômés de l’ENSBA. C’était à l’époque un fabuleux moyen pour s’exercer et rivaliser d’audace dans la création des bâtiments, une carte de visite pour leur carrière. Façonnée par ces bâtiments tous plus ambitieux les uns que les autres, la ville devient la façade de la modernité. Elle servit également de support à l’expérimentation et la mise en oeuvre d’un nouveau matériau : le béton armé qui a permis d’innover dans les formes architecturales. Cette innovation révolutionna la façon de construire et augmenta les possibilités architecturales tant dans la forme que dans le confort apporté.

La construction des anciens abattoirs en1922 par l’architecte Georges Ernest Desmaret représente une des premières réalisations. Ils font ainsi parti du patrimoine du XX ème siècle de la ville et suscitent une attention particulière. En terme de sauvegarde de ce patrimoine architectural du XX ème siècle, c’est l’association Casamémoire qui oeuvre pour conserver cet héritage et le mettre en valeur.

« Ce qui n’est pas permis à la mesure et au sol de Paris l’est au gigantesque et au roc de Casablanca » Léandre Vaillat, 1931

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« À partir de 1981, (…) les considérations de salubrité et de sécurité publiques entrainent des changements dans la politique urbaine en général, et dans celle adoptée à Casablanca en particulier, prélude à une extension à d’autres cités. Une organisation selon de nouveaux découpages administratifs est mise en place. Casablanca est transformée en wilaya, subdivisée en plusieurs préfectures. » Rachid Ouazzani, Les cahiers de l’IAU idf, n°154 mai 2010

Casablanca Le grand Casablanca

N

0 10 20

40

80km

situation : Casablanca & le Grand Casablanca

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Le Grand Casablanca La ville aujourd’hui Entre l’indépendance et aujourd’hui, 55 ans se sont écoulés. 55 années pendant lesquelles la ville a continué de croître et de s’étendre, repoussant toujours ses limites un peu plus loin dans son territoire. Aujourd’hui, Casablanca est une ville qui compte plus de 3 260 000 habitants. Les données concernant l’évolution urbaine de la ville entre l’indépendance et aujourd’hui sont minces et peu accessibles. Néanmoins, entre la fin du protectorat et les années 80, on peut constater un déploiement spectaculaire de la ville n’ayant eu pour seule trame celle qui restait de la période Écochard. L’apparition en 1984 de la première agence urbaine du Maroc, à Casablanca marque le tournant. C’est cette croissance fulgurante et

complètement désordonnée de la ville qui a soulevé la nécessité de mettre en place de nouveaux instruments d’urbanisation dans le but de hiérarchiser, ordonner et organiser l’espace urbain et de doter la ville d’une vision à long terme, d’une solution durable aux tendances anarchiques du développement urbain, par des actions d’aménagement volontaristes. Mais cette explosion urbaine est également le témoin de la surdensification et de la prolifération des bidonvilles et de la pauvreté et ne peut être contrôlé si aisément. Au niveau culturel et social, l’après indépendance s’est également fortement ressenti, marquée par le refus de la culture occidentale, et une volonté de retour à des valeurs traditionnelles, valeurs qui n’ont jamais réellement existé à Casablanca.

L’usage et l’appropriation des espaces publics a changé et la destructions de certains bâtiments emblématiques de la période du protectorat comme les arènes, le théâtre municipal et de nombreuses villas ont été détruits. C’est à ce moment que la grande mosquée, symbole de la religion qui rattache une population de déracinés à des valeurs traditionnelles, est apparues, édifiée sur l’emplacement de l’ancienne piscine Orthlieb, effaçant les traces de l’histoire coloniale. Mais aujourd’hui, les politiques de la ville changent, et se tournent davantage vers une vision internationale et commencent à prendre en considération la valeur patrimoniale héritée de la période coloniale. De très grands projets voient le jour et redessinent une nouvelle image à la ville.


Nouvelle Marina

Mosquée Hassan II La Corniche

Cimetière d’El Hank

Gare de casa port

Cathédrale Sacré Coeur Twin Ancien towers hippodrome Stade Mohammed v

Zoo

Marché central Avenue Mohammed V

Place des nations unies Colline d’ANFA

Quartier industriel

Ancienne Médina

Place Mohammed V Parc de la ligue arabe

Palais royal

Parc ISESCO Habbous Nouvelle Hôpitaux médina

Parc Sindibad

Ancien aéroport d’Anfa

Les anciens abattoirs Quartier ouvrier

Gare de Casa voyageur

Bidonville carrière centrale

Cimetière musulman, chrétien & israélite Cimetière Chouada

Jardin d’horticulture

Jardin Alisko & Cimetière Sidi Othmane Cité universitaire Quartier résidentiel Californie

N

0

1

2

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5km

LA VILLE DE CASABLANCA AUJOURD’HUI, les limites administratives, les «arrondissements» et les unités prépondérantes. Le port La bande littorale «industrie» La bande littorale «plaisance»

Préfecture d’EL FIDA - DREB SOLTANE Préfecture d’ANFA Préfecture d’AÏN CHOCK-EL HAY EL HASSANI

Préfecture de BEN M’SIK-SIDI OTHMANE Préfecture de HAY MOHAMMADI - AÏN SEBBAÂ Limite administrative de la ville


Réseau de transport à l’horizon 2030 Cohérence du Sdau et du PDU Les cahiers de l’IAU idf, p. 79 n°154, mai 2010

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Les grands enjeux à l’échelle de la ville La question de l’urbanisme au Maroc occupe une place majeure au niveau des politiques territoriales du pays. Après le plan de Prost et le plan d’Écochard, le premier SDAU en 1984 fut proposé par Pinseau. Ce fut le premier document réglementaire d’urbanisme mis en place dans le but de proposer une stratégie d’aménagement et de planification de l’extension urbaine. Ce document tente à la fois de mener « une politique de rattrapage et celle d’anticipation » du phénomène de croissance urbaine fulgurante et incontrôlée. Puis « le nouveau Sdau du Grand Casablanca de 2008 » a été établit et projette la ville durable, ba-

sée sur les valeurs et les principes de développement durable. Les grands enjeux en terme de développement urbain et d’urbanisation sont énoncés dans ce document. L’ambition première est de hisser la ville au rang des grandes métropoles mondiales. De proposer une urbanisation durable qui la fera rayonner au niveau international et améliorera la qualité de vie de ses habitants en proposant davantage de foncier pour accueillir de l’habitat, de l’activité et de nouveaux équipements. Les grandes orientations d’aménagement tendent à renforcer le positionnement économique et urbain de la ville, de

lui insuffler un nouveau souffle au travers de grands projets novateurs, ambitieux et durables : « Casablanca souhaite perpétuer son image de ville à l’architecture audacieuse »*. Ces grandes révolutions urbaines affirment très nettement l’idée de changement que la ville est en train de connaître, mais le respect d’une certaine tradition est également pris en compte dans les grandes orientations, avec la réhabilitation de l’ancienne médina par exemple et la considération du patrimoine bâti du XXe siècle. * Rachid Ouazzani, Cahier de l’IAUF N°154, mai 2010, p21


Plan d’aménagement de la ville de Casablanca Agence urbaine de Casablanca

Plan SDAU Casablanca 2030 Agence urbaine de Casablanca

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C’est dans ce contexte que le projet de reconversion des anciens abattoirs en fabrique culturelle prend place. Loin de toutes ces ambitions d’internationalité, il se veut avant tout proche de la population, des habitants venant de tout horizons et prône la volonté de promouvoir une culture qui se veut libre et accessible pour tous. « Casablanca s’affirme comme une métropole du XXIe siècle. Or, celle-ci doit être une ville durable. Cela signifie qu’elle doit être compétitive au niveau international, mais aussi être une ville pour tous, où le social et le local ont leur place. Enfin l’environnement et la nature en ville sont des éléments incontournables de l’aménagement de demain. (…) Casablanca amorce son changement d’image par la réalisation de nombreux grands projets. Même s’ils offrent un visage résolument contemporain et international, ils doivent néanmoins respecter les habitants et la ville dans laquelle ils s’inscrivent. » Pauline Zeiger, Gwenaëlle Zunino, Les cahiers de l’IAU idf, n°154 mai 2010 Abdeljalil Bouhar, Anfa, Dar el Beida, Casablanca. Trois noms. Une seule ville. Ed Croisée des chemins, 2009


Localisation des grands projets urbains (réalisés ou à l’étude) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Première ligne de Tramway Projet urbain d’Anfa Marina Gare casa port / interface ville port Morocco mall Casagreentown Casa City center Avenue royale Nouvelle corniche El hank Anfa place Les nouveaux mondes de sindibad Les quartiers durables de Sindibad Coupure verte Casanearshore

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5km

Des projets de grande ampleur Depuis 1984, ce sont les Agences Urbaines, imparties à chaque ville du pays, qui gèrent et contrôlent l’urbanisation et l’architecture à travers la mise en place de documents d’urbanisme comme le Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU). À Casablanca, des projets de grande ampleur sont élaborés et mis en place pour répondre aux objectifs du SDAU de la région du Grand Casablanca. Ils concernent en particulier, l’amélioration du cadre de vie et la cohésion sociale mais également la maîtrise et le contrôle du développement urbain à travers des choix stratégiques. Il prévoit ainsi l’ouverture de nou-

velles zones d’urbanisation représentant au total, une superficie de 22876 hectares, sectorisée en quatre parties. La première est réservée aux nouveaux pôles de développement résidentiel, la deuxième, aux nouvelles zones d’activités économiques, la troisième, aux grands projets urbains, résidentiels et tertiaires et la quatrième aux nouveaux sites de développement balnéaires. Ces grands projets, représentés et situés sur la carte ci-dessus, vont indéniablement transformer l’image de la ville et son fonctionnement à différentes échelles, ne serait-ce qu’à travers l’apparition du tramway. Pour l’instant la

majorité des investissements en terme d’aménagement urbain se concentrent dans la partie ouest de la ville, partie résidentielle huppée et attractive mais la liaison de ces quartiers aux quartiers populaires par le biais du tramway devrait faire évoluer cette situation à plus ou moins long terme et donner davantage d’intérêt à la partie est de la ville.

Quelques exemples des grands projets en cours dans la ville


www.casatramway.ma

1

1 - Projet du tramway : mise en place du réseau de tramway dans la ville. La première ligne est prévue pour fin 2012 et desservira les anciens abattoirs. 2 - Le projet d’Anfa : grand projet urbain d’attractivité internationale et métropolitain prenant place sur le site de l’ancien aérodrome d’Anfa. Le début des travaux est prévu pour 2012.

www.casatramway.ma

1

www.casatramway.ma

1

3 - Projet de la Marina : création d’un pôle touristique de première importance qui vise à pousser la ville au rang des grandes métropoles économiques et touristiques. La fin des travaux est prévue pour 2012. 47

http://img260.imageshack.us/img260/4030/anfa3uv0.jpg

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http://img339.imageshack.us/img339/6974/image1zz3.jpg

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http://www.l35.com/img/img_prj/aerea_2.jpg

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http://www.casafree.com/modules/xcgal/albums/userpics/61368/ Casa%20port%20nouvelle%20gare%20de%20casablanca.jpg

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www.moroccomall.net

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www.casagreentown.ma/

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4 - Projet de revalorisation de la gare Casa-port : projet qui s’inscrit dans une démarche nationale puisque le projet de rénovation et de modernisation de ces équipements concerne toutes les gares du Maroc. La fin des travaux est prévu pour 2011 5 - Projet du Morocco Mall : création du plus grand centre commercial d’Afrique et du moyen-orient, véritable locomotive commerciale. Il ouvrira en février 2011. 6 - Projet de Casa green town : grand projet de la ville verte de Bouskoura en périphérie de Casablanca. La première tranche est prévue pour 2012.


Enjeux à l’échelle de la ville :

- Un pôle culturel et artistique rayonnant à l’échelle de la ville et du pays. - Une nouvelle façade à l’entrée de la ville par le train. - Un espace public à l’échelle du quartier et de la ville. Un espace pour tous permettant de fédérer et de relier les quartiers du centre aux quartiers industriels.

Fort rayonnement

entrée de la ville par le train

Lien fort entre les quartiers

Mixité sociale / Échanges

que c’est un quartier en mutation qui sera bientôt la proie de la spéculation. Cet espace constitue également la porte d’entrée de la ville par le train, un seuil qui révèle actuellement la dimension industrielle de la ville et ses aspects disgracieux et déplaisants.

et drainé une foule d’acteurs et de participants impressionnante. Elle a également amorcé le début d’une nouvelle aventure de la réhabilitation du patrimoine du XXe siècle.

- Un lieu de cohésion sociale, de mixité, avec des équipements et des centres d’apprentissages.

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Le projet à l’échelle de la ville Le site des anciens abattoirs occupe une position privilégiée dans la ville. À proximité de la gare et du centre ville, bientôt relié par la première ligne de tramway, ils se situe au niveau de l’articulation entre les quartiers du centre ville et les quartiers industriels à l’Est. Bien qu’ayant cette situation avantageuse, le site est contraint par l’emprise des infrastructures ferroviaires, en grande partie obsolètes. Le reste du quartier vers lequel il se tourne est vieillissant, de nombreuses industries abandonnées témoignent d’un passé révolu. Il n’est pas difficile de comprendre

La carte ci-contre indique également la rareté de parcs, de jardins, et la très faible présence de milieux culturels. Déjà en marche vers un avenir « culturel et artistique », avec la programmation de nombreux événements, la reconversion des anciens abattoirs en fabrique culturelle a révélé un réel besoin de la population,


Quartier industriel

Gare Casa-port Les anciens abattoirs ute

A3

Gare Casa voyageur

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30 mi n

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Centre

oro Aut

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5km

Le contexte urbain : relations entre le site et la ville Centres culturels Parcs et jardins Zones touristiques

Zones d’activité mixte (actuelles et futures) Distances approximatives, à pied Principales gares

Voies férrées Autoroutes Boulevards et avenues

Ligne de tramway




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Le noyau & son enveloppe


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Hai Mohammadi : Un quartier industriel pour écrin Un quartier en mutation Les anciens abattoirs se situent dans le quartier populaire emblèmatique : Hay Mohammadi. Quartier au lourd passé, qui porte encore les séquelles des années de plomb au Maroc marquées par la répression des opposants politiques sous le règne du feu Roi Hassan II. C’est également un quartier qui a vu naître de grands musiciens, danseurs, sportifs et acteurs et qui a largement contribué au paysage culturel et social de la ville, où les habitants sont près à faire évoluer leur situation si l’initiative est impulsée. Aujourd’hui, « Selon le programme global de la réparation communautaire émanant du Conseil consultatif des Droits de l’Homme au Ma-

roc, un plan d’action a été conçu de manière à permettre tout d’abord la réparation des effets des violations commises, puis la réhabilitation des régions et des communautés et la préservation de la mémoire. (…) Cette réconciliation nationale dans le cadre de transition démocratique au Maroc assurera l’intégration de la future cité des arts au quartier Hay Mohammadi, dont une partie de la population a été victime de violations des droits de l’Homme. »* Historique quartier populaire et industriel, il révèle aujourd’hui un certain déclin dans l’activité industrielle qui se lit sur le nombre d’usines à l’abandon. Des habitations, des commerces, des petits

restaurants, des bidonvilles et des industries caractérisent la composition de ce morceau de territoire urbain. L’arrivée du tramway, la délocalisation à venir des entrepôts de l’ONCF et du fret ferroviaire, l’arrivée du TGV et bien-sur la reconversion des anciens abattoirs en Fabrique culturelle vont bouleverser progressivement l’avenir de ce quartier en mutation. *Selma Zerhouni, dossier sur la reconversion de la friche des anciens abattoirs en Fabrique Culturelle, Décembre 2009

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À l’encontre du taudis dans les villes d’Europe, l’aspect sordide du bidonville ne traduit cependant pas au départ un état social déficient. Le bidonville n’est pas nécessairement la conséquence de la misère, mais il est en train de créer, dans les conditions où il se développe actuellement, un niveau de vie misérable. Les Marocains du Sud et des villages de l’Atlas attirés par la ville, ont rompu avec le cadre de leur vie familiale et rurale. Leurs supports sociaux se sont disloqués et il n’existe encore pour eux aucune contre-partie. Ils connaissent, après la vie collective traditionnelle du village ou de la tribu, l’isolement dans l’entassement et la promiscuité. Enfin, ils évoluent dans le milieu de l’usine et de la ville sans qu’y corresponde une évolution de leur habitat et sans que soient créés des cadres de services publics adaptés à ces besoins nouveaux.

Hay Mohammadi

Michel Écochard, 1950

N Cartes de situation : quartier Hay mohammadi 56

Des origines au devenir Le contexte historique, au cours du siècle dernier a façonné l’image et l’identité de ce quartier, devenu aujourd’hui emblématique des quartiers Est de la ville. À partir des années 1915, l’activité économique et industrielle florissante, de nombreuses industries commencent à surgir là où les terrains étaient ceux de la campagne, à l’est de la ville. L’appel à la main-d’oeuvre pour subvenir à la demande de ce développement industriel d’envergure a accéléré les « dynamiques migratoires, de la campagne vers la ville » et amplifié le phénomène de croissance urbaine. Les paysans fuyaient par milliers la campagne et la sècheresse pour venir s’installer en ville à proximité des industries

dans l’espoir de trouver du travail. Casablanca fut vite dépassée par cette démesure et ne pu accueillir décemment ces foules et ces milliers de travailleurs marocains. Ils vinrent alors s’entasser dans des baraquements de fortune, appelés plus communément bidonvilles. Le plan de Prost et celui d’Écochard par la suite confirment la vocation industrielle de cette frange orientale de la ville. C’est à partie des années 30 que l’habitat pour les ouvriers fut autorisé dans le quartier, suivi de peu par la réalisation des premières cités ouvrières marocaines, censées résorber peu à peu les bidonvilles. Écochard mit en place un modèle d’habitat adapté, basé sur une

trame de 8*8m. Mais l’évolution urbaine et ce qu’elle engendre en terme de transformation de l’espace, offre aujourd’hui un paysage urbain bien différent de celui qui avait été dessiné il y a quelques décennies. Les modules se sont élevés de plusieurs étages transformant ainsi la ville, petit à petit. Aujourd’hui le manque d’espaces publics et d’équipements surtout dans le domaine de la culture est flagrant et considérable. Les préconisations du SDAU concernant ce quartier s’orientent justement vers la création de nouveaux équipements et la requalification des espaces publics.


Le quartier industriel Nord vu depuis les toitures des abattoirs Cette prise de hauteur permet de discerner des émergences, points de repère dans le paysage industriel qui se dessine de nos pieds à l’horizon de la ville. Héritage du passé de la ville qui contribua considérablement à son essor si spectaculaire. Vue du bidonville des carrières centrales. À gauche, la cité ouvrière d’Edmon Brion. Proposition d’un habitat du «plus grand nombre» pour pallier au phénomène de déploiement des bidonvilles et de la pauvreté. Ces habitations sont créées sur les principes de la Charte d’Athènes et destinées aux ouvriers indigènes, musulmans, israélites et européens. 57

Cité d’habitation, carrières centrales, 1951-1955, vue d’ensemble des logements individuels. Proposition, de Michel Écochard, d’un module et d’une trame innovant, de 8*8m, pour répondre à l’urgence sanitaire du développement des bidonvilles. C’est le début de l’ère de «l’habitat adapté aux musulmans» La cité d’habitation aujourd’hui. Avec le temps les modules, qui à l’époque de leur construction ne comptaient que le rez-de-chaussée, se sont élevés de trois à cinq étages. La trame, elle, n’a pas changé ce qui produit une composition urbaine très particulière et devenue emblématique du quartier.


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La reconversion des anciens abattoirs : élément déclencheur Quel avenir pour la reconversion des anciens abattoirs en fabrique culturelle dans un quartier où l’héritage industriel s’essouffle? Quelles répercutions d’une telle action dans un quartier jusqu’ici toujours considéré comme méprisable au regard des « beaux quartiers » du reste de la ville? Quelle influence? Quel rayonnement? Quelles répercussions, à court et à long terme? Sur la population et sur l’organisation spatiale, sur l’usage et l’appropriation des lieux? Je n’ai pas la réponse, néanmoins je pense que cette intervention dans la ville est une très belle opportunité à saisir pour donner une nouvelle vie, non seulement aux abattoirs mais aussi un nouveau souffle à l’ensemble du quartier, en considérant les usagers, artistes, acteurs culturels tout autant que les habitants et la population. C’est faire le choix d’intervenir sur un bout de territoire urbain

de manière à générer de nouveaux espaces rendant le cadre de vie et le quotidien de tous plus agréable et pourquoi pas plus esthétique dans le sens ou l’étiquette du « quartier industriel sale, désagréable et laid» peut aussi évoluer vers un vocabulaire nouveau en terme d’aménagement. En ce sens je prend la reconversion des anciens abattoirs comme point de départ, comme épicentre d’un projet qui pour moi doit s’étendre davantage et impliquer les habitants dans cette démarche. La reconversion du patrimoine bâti en espace dédié à l’art et la culture est depuis longtemps mise en oeuvre en Europe qui offre de nombreux exemples pouvant nourrir le projet de reconversion des anciens abattoirs. Le contexte culturel, les coutumes et les moeurs différent mais la volonté d’avoir un terrain d’expression et

de liberté où la culture puisse être accessible pour tous et démocratisée, reste une vision commune et un élément fondateur de ces lieux. De ces espaces (dans l’expérience européenne), commencent à se tisser des réseaux à travers la ville puis de ville en ville, ce ne sont pas des espaces clos au contraire ce sont plutôt des structures qui accueillent et promeuvent des disciplines en « extra-muros ». Donc ce changement aura une influence sur le quartier et la ville mais dans qu’elle mesure? Je ne saurai le mesurer à l’heure actuelle. « L’installation de lieux culturels dans des espaces qui ne sont pas à priori dédiés à la pratique artistique offre l’opportunité de penser la ville différemment, de réenvisager le rapport aux habitants et d’imaginer d’autres processus de création ouverts et décloisonnés. » Christine Martin, maire de Dijon, Acte des rencontres nationales démarches artistiques et régénération urbaines.


Maroc

Les anciens abattoirs au Maroc & divers exemples de reconversion en France.

France

Photo ancienne, camions de transport des animaux devant le grand hall. Le channel, scène nationale de Calais. Anciens abattoirs réhabilités en lieu culturel et artistique par Patrick Bouchain.

http://www.iparcours.com/wp-content/gallery/patrick-bouchain/le-channel-pas-de-calais3.jpg

Photo ancienne, stationnement des vélos et véhicules des ouvriers devant l’atelier. L’abattoir de chalon-sur-Saône. Fabrique culturelle des arts de la rue. Reconversion des bâtiments pour accueillir des artistes en résidence. 59

Photo ancienne, les machineries de l’atelier de manutention des abattoirs.

Foule présente lors d’un événement culturel à la scène nationale de Calais. Ces espaces drainent des foules! Michel Vanden Eeckhoudt

Photo ancienne, Le grand hall, abattage et découpe du bétail. Foule présente lors d’un festival à Calais et plus particulièrement lors de la sortie des géants de Royale de Luxe. On peut noter l’enthousiasme, la joie et la stupeur sur le visage de ces personnes en assistant à cet événement! Michel Vanden Eeckhoudt




Paysage urbain : 3 séquences Derb el Nom des quartiers kebir

Grandes infrastructures : fracture dans le paysage urbain Chemin de fer & autoroute

vers le centre 62

ARTICULATION

vers les industries

Le site et son contexte en 3 séquences Situation et contexte Le quartier de Hay Mohammadi, à l’échelle de la ville est enclavé entre deux grandes infrastructures qui sont l’Autoroute A3 au sud et les voies ferrées au Nord. Dans cet ensemble, le site des anciens abattoirs se situe au niveau de la jonction entre les quartiers tournés vers le centre ville et le port et les quartiers ouvriers et industriels qui s’étendent, en longueur et en largeur, le long de la bande littorale vers l’est. Trois séquences caractérisent l’environnement dans lequel s’inscrit le site des anciens abattoirs : vers le centre, l’articulation et vers les industries, elles sont reliées principalement par le réseau routier et prochainement par la future ligne de tramway. La première séquence est composée de deux « sous-quartiers »; Belvédère et Roches Noires. Ils

ont des orientations différentes, le premier se tourne davantage vers le centre ville alors que l’autre amorce le début de la zone industrielle nord. La gare est un élément fondamental dans cette séquence, elle s’ouvre complétement sur le centre ville et constitue le point de d’arrivée de l’avenue Mohammed V (cf plan Prost). Elle tourne le dos au quartier Hay Mohammadi. Il est important de noter que cette séquence présente plusieurs espaces publics plantés d’arbres de hautes taille, des voies carrossables larges et des immeubles de rapport. La deuxième séquence marque la transition entre les « beaux quartiers (Belvédère et Gare) »et une partie des quartiers populaires et industriels de l’est de la ville par l’intermédiaire du petit pont de la rue des Oudayas. Cette séquence est principalement composée d’usi-

nes, pour moitié en état d’abandon, de petits commerces et d’habitats populaires. Quelques bidonvilles subsistent également. La présence et l’emprise des voies ferrées est prégnante. De nombreux murs enclosent différentes parcelles du quartiers et ferment de nombreux horizons et points de vue. De façon générale, l’espace public qui est celui de la rue est peu entretenu. La troisième séquence se situe à l’est des deux premières et est caractérisée, de façon générale, par la présence des industries au Nord et des quartiers populaires au sud des voies ferrées. Ces quartiers d’habitations sont les cités ouvrières bâties selon la trame 8*8 d’Écochard, mais présentent aujourd’hui un tout autre aspect urbain, beaucoup plus dense. Ce quartier est également l’hôte du plus gros bidonville de la ville, celui des carrières centrales.


aïn sebaa

zone industrielle

zone portuaire ancienne médina

roches noires sidi belyout

centre lusitania

plage

beausite

horloge

belvedère foncière

liberté

alsace-lorraine

ben slimane

dar lamane

hay mohammadi gare hay aïn borja

carrières centrales

bel air

gironde les camps

cimetières sidi mimoun

ben m’sick

Vers le centre - Immeubles de rapport - Rues et avenues larges - Espaces publics et jardins ouverts et arborés -Gare ouverte en direction du centre - Accès au centre-ville, au port et aux quartiers industriels nord

hay moulay 0 rachid

0,5

1

Séquence 3

derb carlotti

Séquence 1

N

derb el kebir habbous

Séquence 2

mers hôpitaux sultan

sidi moumen

Articulation

Vers les industries

- Nombreuses industries à l’abandon - Présence de petits commerces et des méchouis - Habitations populaires - Poches de bidonville - Grande parcelle d’équipement scolaires - Présence d’une ancienne prison, lieu de mémoire

- Industries au nord des voies ferrées - Habitations populaires, quartier ouvrier au sud des voies ferrées - Mouvement des flux du Nord au Sud - Présence du plus important bidonville de Casablanca - Trois grands axes traversent le quartier d’est en ouest - Très peu de jardin et d’espaces publics

112 2,5km


Zone portuaire

5

Quartier Roches noires 10

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Quartier belvédère

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QuartierHay Mohammadi 20

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Gare Casa-voyageur 35

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35

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Carte des paysages urbains occupation des sols & réseaux

Habitat et commerces Habitat précaire «bidonvilles» Industries

Parcs et jardins Terrains vagues et et friches Équipements publics divers


Quartier industriel

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25 25

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25 25 30 30 30

35

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30 35

Carrières centrales

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N

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0

500m

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Axes routiers primaires Axes routiers secondaires

Voies férrées Tramway

Séquence 1 Séquence 2 Séquence 3

5

50 anciens abattoirs Emprise des Courbes de niveau


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Les anciens abattoirs : centralité ou passerelle? Un projet à l’échelle du quartier Le projet de reconversion des anciens abattoirs est une opportunité pour voir plus loin et pour étendre les limites d’intervention du projet à l’échelle du quartier. Cette action de reconversion en fabrique culturelle ne peut se résoudre à prendre place dans un espace clos situé dans un quartier en mutation qui sera, compte tenu de la croissance urbaine, du manque de terrains et de la disposition stratégique de ce quartier dans la ville, bientôt la proie de la spéculation foncière. Intervenir à l’échelle du quartier est plus judicieux en terme de

planification et de vision à long terme. C’est permettre d’ancre le projet dans son contexte et de proposer des solutions durables en adéquation avec le territoire et surtout avec les gens qui y habitent et y habiteront. Le but à l’échelle de la ville n’est pas de créer une nouvelle centralité mais de relier, créer des connexions entre deux morceaux de ville qui se tournent le dos. Mais la fabrique culturelle, comme point de focal du projet dans son ensemble sera le point de départ, et en ce sens constituera un point de convergence.

Celui-ci ne se traduit pas uniquement en terme de spatialité mais également en terme d’usage. Un milieu culturel et artistique de cette ampleur constituera certainement un point de convergence de la population. Le but est de créer un milieu public ouvert à tous et d’éviter qu’il devienne élitiste. C’est ainsi que la fabrique fera office de catalyseur facilitant la rencontre des habitants de classes sociales différentes et de milieux culturels divergents et sera en partie constituante de la «passerelle» reliant les deux quartiers.


légende Périmètre du site des anciens abattoirs Réhabilitation des anciens abattoirs. Créer des relations entre les batiments, les espaces extérieurs et le quartier Rendre perméable le site aux influences urbaines N

La reconversion des anciens abattoirs : locomotive d’un projet de quartier

1

Actuellement contraint et enclavé par les infrastructures ferroviaires, le site des anciens abattoirs révèle un réel potentiel architectural et spatial. Avantageusement situé dans l’enveloppe urbaine qui s’est tissée au cours du temps autour de lui, il occupe aujourd’hui une position privilégiée, au niveau de l’articulation entre le centre ville et les quartiers populaires et industriels de l’est de la ville. Sa reconversion en fabrique culturelle va bouleverser la vie locale, positivement je pense. Il est le point de départ, la locomotive d’un renouveau urbain qui commence à se mettre en place dans ce quartier en mutation. Enjeux :

2

3

1 La friche la belle de mai, Marseille Réhabilitation de l’ancienne manufacture de tabac de la Seita en complexe culturel. Ouverture en 1992. 12 ha 2 Le Matadero, Madrid Réhabilitation des anciens abattoirs en centre d’art contemporain. Ouverture officielle en 2011. 8,5 ha 3 Le Channel, Calais Réhabilitation des anciens abattoirs en scène nationale. Ouverture en 2007. 1,84 ha

4

4 UFA Fabrik, Berlin Réhabilitation de l’ancienne entreprise cinématographique de la UFA en centre culturel international. Ouverture en 1979. 1,85 ha

- Profiter de la position des anciens abattoirs et de sa reconversion en fabrique culturelle pour amorcer un projet à l’échelle du quartier. - Déployer le projet de réhabilitation au delà des limites du site pour l’ouvrir sur le quartier et créer des accroches avec la ville. - Créer un espace emblématique du quartier, de la ville.

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légende Voies ferrées Futur pôle multimodale Rayonnement à 360° de la gare Connection entre le centre ville et le quartier populaire Délocalisation des entrepôts vétustes Reconquête des friches et délaissés ferroviaires

N

Atténuer l’emprise ferroviaire : un travail de couture urbaine

Réduire l’emprise des voies et minimiser leur impact.

L’emprise des infrastructures ferroviaires crée une fracture importante dans le paysage urbain, marquant très nettement la limite entre les quartiers du centre-ville et les quartiers populaires et industriels à l’est. Ce tracé des voies ferrées est historique (début des années 1920). La croissance fulgurante la ville a largement amplifié le phénomène de fracture en accentuant davantage la séparation entre les quartiers. Aujourd’hui, ces infrastructures, rails et hangars de manutention, sont pour une grande partie obsolètes et occupent une place considérable dans l’espace urbain. De plus, selon les services de l’ONCF ils devraient être délocalisés dans la décennie à venir. De plus et d’après le Plan de Déplacement Urbain, le TGV devrait arriver jusqu’à la gare de Casa-Voyageur d’ici 2030, et ainsi bouleverser l’organisation ferroviaire actuellement en place mais aussi l’économie qui lui est liée et les l’organisaEnjeux : tion des quartiers alentours.

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1

2

3

1 Euralille, Lille, 1994 Création d’un nouveau quartier autour de la gare TGV de LilleEurope

- Atténuer la fracture urbaine créée par l’emprise des infrastructures ferroviaires en délocalisant les hangars de manutention et de fret sur des plates-formes plus adéquates et pouvant également être mises à profit pour l’entretien du futur TGV.

2 Gare multimodale de Lyon perrache, Lyon. 1857

- Mettre à profit cette emprise foncière pour valoriser l’entrée de la ville par le train et son image.

3 Projet pour le quartier de la gare, Nancy, 2007. Nouveau pôle intermodal de développement urbain et économique de la ville. Piloté par l’architecte Jean-Marie Duthilleul.

- Anticiper un rayonnement de la gare à 360° avec son ouverture de part et d’autre des voies permettant de relier les quartiers entre eux.


légende Station de tramway et rayonnement Favoriser les piétonnes

liaisons

Hièrarchiser les voies, privilègier certains accès Désenclaver le site et valoriser les accroches avec les quartiers adjascents

N

Axe majeur à valoriser

Un réseau viaire hierarchisé : créer le lien entre les quartiers

Liens à créer

1

2

3 1 Avenue Hassan II, Fez 2 Tramway, place Masséna, Nice 3 Passerelle piétonne ferroviaire, Bourges

Le site des anciens abattoirs prend place au niveau du croisement de la rue Jaafar el Barmaki, et de la rue des Oudayas. La première parcourt d’est en ouest le quartier Hay Mohammadi, suivant de plus ou moins près la tracé des voies ferrées. Son emprise est importante, entre 15 et 20 m de largeur, offrant ainsi de nombreuses possibilités d’aménagement. Cette rue qui est caractérisée par différentes séquences liées aux zones d’habitations ou industrielles qu’elle traverse. La deuxième relie quant à elle les anciens abattoirs au port, au centre ville et en partie, à la gare, puis traverse le quartier Hay Mohammadi pour rejoindre le boulevard Youssef Ibn Tachine reliant lui même le centre à l’autoroute A3 (Casablanca-Rabat-Tanger). Son emprise est plus restreinte, entre 10 et 15 m de largeur. Elle sera en partie le support du futur tramway. Actuellement on accède aux anciens abattoirs principalement par la rue des Oudayas et le passage sous la voie ferrée qui est un véritable goulot d’étranglement. Avec l’arrivée du tram, il sera nécessaire de valoriser et mettre en avant d’autres accès pour fluidifier les flux de circulation Enjeux : et facilité l’accessibilité au quartier et à la fabrique culturelle. - Désenclaver le site, retrouver Le tramway permettra d’ouvrir le des accroches avec les quartiers site sur la ville, et offrira un accès voisins et valoriser les accès. beaucoup plus commode. Quant aux cheminements piétons, il est difficile de les qualifier, d’une part - Mettre à profit le passage du parce qu’aucun ne leur est totalement tramway à proximité du site pour dédié, et d’autre part, parce que la renforcer le lien entre le site, le voie est souvent partagée par les quartier, les quartiers adjacents et véhicules et les piétons sans réelle le reste de la ville. séparation. Il est également à noter que la majorité des casablancais - Requalifier et hiérarchiser les privilégient les déplacements en voies, notamment en dédiant des petit taxi, ou en voiture plutôt que espaces aux piétons. les déplacements à pied.

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légende Mutation à long terme Mutation à moyen terme Requalification des friches industrielles Emprise exploitable des bidonvilles Bâtiments à consever et mettre en valeur Lier les habitations à l’espace public

N

Un quartier en mutation : le début d’un renouveau urbain

1

72

L’architecture est un facteur considérable dans le paysage urbain. Ici il diffère très nettement dans sa forme et sa disposition, d’un quartier à l’autre générant des identités propres et représentatives. Hay Mohammadi présente une grande mixité typologique et fonctionnelle avec la présence de logements, qui ont évolués plus ou moins empiriquement au cours du temps et offrent aujourd’hui des formes bâties particulières et non conventionnelles, la présence de commerces, de quelques équipements (scolaires entre autres), de nombreux entrepôts et usines. Ce quartier est en mutation et cela se traduit notamment par l’abandon successif de nombreuses usines laissant ainsi la place pour d’autres fonctions. Il y a également quelques poches de bidonvilles informant sur l’état de précarité de certains habitants mais participent à une certaine mixité sociale. Enjeux :

2

1 Cité internationale, Lyon, France 2006 3

2 Le bois Habité, Lille, France. 2007 - 2010 3 Bâtiments HQE, quartier Bo01, Malmö, Suède

© D.R. AM44 . Sept / Oct 2009

4

4 Mutation d’un bidonville, Larache, Maroc. Association «Jnane Aztout, Architectes Youssef & Catherine El Mrabet.

- Prendre en compte le phénomène de mutation du quartier en mettant en place plusieurs outils cohérents avec le tissu urbain, le développement urbain, en cohérence avec le SDAU et en adéquation avec les habitants : - Définir une nouvelle façade bâtie, interface de transition entre le centre ville et le quartier populaire de Hay Mohammadi. - Construire des habitats sociaux pour reloger les habitants des bidonvilles. - Mettre en place des équipements accessibles pour tous


légende

Créer des liaison par le biais d’une trame végétale Sécuriser les voies, emprise réservée au chemin de fer. Créer une continuité à travers le site des anciens abattoirs Diffuser la trame verte au travers des rues Traiter l’entrée de la ville par le train Possibilité de reconversion en futur parc urbain, vision à très long terme

N

L’espace public : épine dorsale d’un projet à long terme

1

2

De manière générale, les espaces publics présents dans ce quartier sont de qualité très médiocres. Les avenues plantées d’arbres de taille très modeste constituent la principale présence volontaire du végétal dans le quartier de Hay Mohammadi. Les squares et les jardins sont rares et le premier parc se situe à environ 6km vers l’est, à Ain Sebaa. Par contre de l’autre côté, en allant vers le centre ville, les squares et places sont plus nombreux et la végétation plantée arbore de belles tailles et frondaisons. La curiosité permet d’accéder aux endroits insolites comme les friches et les terrains vagues qui parsèment le quartier et qui bien souvent offrent des paysages hybrides surprenants où la végétation investit les lieux de façon fugace et hésitante ou au contraire, de manière spectaculaire. Mais ces espaces inaccessibles et le manque cruel d’espaces publics reflète une certaine carence dans le domaine qui participe au carac- Enjeux : tère austère du cadre de vie du - Traiter l’espace public à l’échelle du quartier. quartier, et donner davantage d’importance à la part végétale

1 Parc de Duisburg - Nord, Emscher. Latz + Partner, Kranzberg,1994, 200 ha

3

2 Communauté de Christiania, Copenhague. Fondé en 1971 sur les terrains d’une ancienne caserne militaire. 34 ha 3 Le Rio Madrid, Madrid. West 8 Urban design & Landscape architecture, 2006, séquence d’un projet qui s’étend sur 43 km.

4

4 Stortoget, Malmö Land Arkitektur + urban design + Marjamaa, 2010, 2,5 ha.

- Anticiper le phénomène de mutation du quartier, traiter l’espace public et la trame végétale comme épine dorsale du projet, reliant et articulant les différents espaces entre eux tout en conservant leur identité - Créer un cadre de vie agréable et accessible à tous - Mettre en valeur le patrimoine industriel et bâti par le végétal et le minéral - Créer des ouvertures physiques et visuelles

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Carte des enjeux compilés : Les grandes orientations

La reconversion des anciens abattoirs : locomotive d’un projet de quartier Atténuer l’emprise ferroviaire : nouer le dialogue entre les quartiers Un réseau viaire hiérarchisé : créer le lien entre les quartiers


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Un quartier en mutation : le début d’un renouveau urbain L’espace public : épine dorsale d’un projet à long terme

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Les anciens abattoirs

Quartiers de la gare 76

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Tra mw ay

La gare


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Entrée de

ville par le

train L’ancienne cimenterie

L’ancienne prison, lieu de mémoire

: le LIEN

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way Tram Délimitation du périmètre du projet

légende

Quartiers populaires

Périmètre d’intervention Quartiers à relier Entrée de ville par le train Tramway Voies principales Balises architecturales et urbaines

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Les anciens abattoirs

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La gare


la fabrique culturelle : point de départ. Division du périmètre en séquences légende Séquence 1 : La charnière Espace urbain intermédiaire 16 ha Séquence 2 : L’articulation Principale entrée, espace pivot du quartier 1,2 ha

L’ancienne cimenterie

Séquence 3 : L’épicentre Point de départ du projet, la fabrique culturelle 5,5 ha Séquence 4 : Le corps Épaisseur et longueur 17,7 ha Séquence 5 : l’accroche Palier de transition 7,8 ha

L’ancienne prison, lieu de mémoire

Séquence 6 : L’agrafe Point de suture avec le quartier populaire 2,6 ha Séquence 7 : La pointe Seuil de la nouvelle frange urbaine 6,3 ha Surface totale : 57,1 ha Liens forts, accroches Tramway Voies principales Balises architecturales et urbaines

choix de Périmètre de projet détaillé

N

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Intra extra - muros Ou la relation entre le site et son enveloppe À l’heure actuelle, le site des anciens abattoirs est clos, entouré, sur la totalité de son périmètre par un mur d’enceinte. L’entrée principale est le seul accès ouvert en permanence, bien que surveillée par un gardien permettant de rentrer dans le site. Une fois à l’intérieur, des rues se dessinent, ce sont les traverses qui desservent les bâtiments. Quelques points de repère, surtout les grands immeubles de la ville, se hissent et émergent au loin, au dessus du mur d’enceinte. Et lorsque la possibilité nous est donnée de prendre un peu de hauteur, sur les toits des bâtiments par exemple,

pour contempler le paysage urbain qui se dévoilent tout autour alors on prend conscience de son étendu mais aussi des liens éventuels pouvant raccrocher le site à son contexte. Il est important dans ce projet de créer un sentiment d’appartenance du lieu à ses habitants et ses usagers en tissant des liens avec le quartier, en rapprochant le proche et le lointain dans un même espace.


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Les anciens abattoirs : Organisation des bâtiments & fonctions 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17

Administration Ateliers de maintenance Clos d’équarrissage Hyppophage Écurie grand bétail Écurie petit bétail Porcherie Hall aux cuirs boucherie Hall d’intercommunication Frigos Boyauderie Cabochage Triperie Charcuterie Chaufferie Pavillons

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Les bâtiments : espaces et usages Les anciens abattoirs ont été conçus et réalisés par l’architecte GeorgesErnest Desmarest en 1922. Ils font partis des premiers grands édifices publics à avoir été édifiés sous la période du protectorat. Afin de répondre à des mesures d’hygiène, ils ont été réalisés, à l’époque, loin de la ville et à proximité du chemin de fer et mettaient en oeuvre des prouesses techniques innovantes dans le domaine de l’architecture. Le style architectural de ces bâtiments se situe à mi-chemin entre l’art néo-mauresque, grandes ouvertures verticales, façades symétriques, claustras en béton et présence de zelliges... et entre un style s’approchant de l’Art-Déco avec une composition de volumes

simples dans leurs forme, de façades rythmées et de décorations géométriques. Cet ensemble bâti fait aujourd’hui parti du patrimoine de la ville et à ce titre est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 2003 (dahir n°1.301.03 du 27/06/2003 – bulletin officiel n°5134 du 14/08/2003). La vocation originelle du site, celle d’abattoirs, a ordonné l’organisation spatiale des bâtiments ainsi que leurs formes, dans leurs dimensions et leurs volumes. Cet ensemble de bâtiments occupe la moitié du site, environ 20 000m2, et représentait à l’époque la plus grande surface couverte de la ville, ce qui aujourd’hui offre toujours de nombreuses opportunités quant à

sa reconversion surtout dans l’utilisation des grands volumes et la mise à profit des caractéristiques techniques et architecturales comme la fraicheur et l’éclairage naturel filtré par les claustras. Héritage du passé, les lieux sont encore remplis de traces et d’empreintes, présence de nombreux rails, crémaillères et crochets... qui rappellent la vocation première du site. Cet ensemble de bâtiments de grande qualité architecturale procure des ambiances particulièrement saisissantes et mérite d’être conserver et mis en valeur, à juste titre à la fois pour témoigner du passé et conserver la mémoire des lieux mais aussi pour avancer vers un nouvel horizon, celui de la culture.


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Les anciens abattoirs : décomposition des lieux - bâtiments 1922

2004

Espaces investis par les artistes

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Espaces occupés actuellement

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1 Bâtiment de taille modeste, situé à l’entrée actuelle du site. Bon état général. 2 Bâtiment très long longeant la rue. Bon état général. 3 Bâtiments de tailles modestes et petits enclos. Actuellement inaccessibles car encore en activité. Celle-ci va bientôt cesser. 4 Bâtiment allongé, de taille réduite. Bon état général. 5-6 21 Bâtiments offrant de grands volumes. De nombreuses ouvertures. Façades et toitures très intéressantes. Bon état général. 7 Bâtiment très allongé, de taille restreinte, marquant et longeant le fond de la parcelle. État dégradé. 8 Bâtiment de très grand volume composé de deux étages très spacieux. Possibilité d’accéder à la toiture où des horizons sur la ville se dévoilent. Facile d’accès. Bon état général. 9 Grandes halles, fragmentées en plusieurs espaces linéaires, héritage du passé et de l’activité du lieu. De nombreux accès. Lumière zénithale filtré par des claustras. Bon état général. 10 Bâtiment très allongé offrant un très grand volume. Donne accés à de nombreux espaces comme les halles (boucherie) et les frigos. Bon état général 11 Bâtiments de très haute dimension, et de grands volumes mais très endommagés. Point de repère dans le quartier. Procurent une ambiance très particulière. Structure fortement endommagée et instable. 12 Bâtiment allongé, aux dimensions réduites, composé de plusieurs petites pièces s’ouvrant sur les deux faces. Bâtiment relativement dégradé, structure faible. 13 Bâtiment de taille modeste sur deux étages, composé de plusieurs pièces. Possibilité d’accéder à la toiture. Jeu de volumes très intéressant. Bon état général. 14 Bâtiment de taille modeste aux volumes intéressants. Bon état général. 15 Petit bâtiment adossé à une grande cheminée, emblème du site. Bon état général. 16 Petite habitation de taille très réduite. Actuellement habitée et enclose par un mur. 17 Actuellement inaccessibles et habités. Pas de données complémentaires 18 Bâtiment de taille modeste, actuelle salle de prière du «quartier». Bon état. 19 Petite remise sans grand intérêt, située à proximité de l’entrée secondaire du site. 20 Halles métalliques de taille réduites. Mauvais état. 11


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Les espaces extérieurs : continuité et fluidité Les espaces extérieurs semblent résulter davantage du vide généré par les formes bâties que par une intention volontaire d’organisation spatiale des bâtiments autour de ceux-ci. Ils apparaissent sous diverses formes et peuvent être qualifiés avec les termes du vocabulaire urbain; il y a des rues, des ruelles, des places, des parvis, des cours... Cette richesse et cette diversité font de chaque espace un lieu à part entière où l’ambiance qui s’en dégage évolue et change en fonction de sa situation dans le site. De façon générale, le site en son centre est très calme et préservé du paysage sonore bruyant venant d’une part de la rue et d’autre part des voies ferrées. Ces espaces étaient autrefois le support de mouvements particu-

liers liés aux flux du bétail et aux flux des viandes, deux parcours distincts qui formaient une cinématique au sein du site, respectant un ordre donné. Ces parcours assuraient les liaisons entre chacun des bâtiments. Aujourd’hui, les rails situés au plafond constituent l’unique héritage de ces parcours, qui hors du contexte forment des motifs très graphiques. Les espaces extérieurs du site ne s’arrêtent pas à ses limites mais se propagent bien au delà, grâce aux horizons urbains qui nous sont offerts depuis les toitures accessibles de certains bâtiments. Ce que j’entends par là c’est qu’il ne suffit pas d’être dans un espace clos pour se sentir lui appartenir,

l’appropriation d’un lieu se fait également lorsque l’on est capable de se situer dans un contexte bien plus large et général et dans ce cas, le rapport au quartier, à la ville se fait grâce aux liens physiques, continuité d’une rue, espaces publics en commun et grâce aux points de repère, aux horizons qui rapprochent le proche du lointain. Afin de rendre accessible l’ensemble du site, il est important de l’ancrer dans son environnement en le rattachant à ces horizons, en faisant rentrer la ville à l’intérieur et sortir le site dans le quartier, il est important de marquer les axes existants et d’en tisser de nouveaux traversant les espaces et reliant le site au quartier et à la ville.


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Les anciens abattoirs : décomposition des lieux - espaces extérieurs

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Rues Places et parvis Interstices Jardin Ouverture sur les horizons urbains (toitures) Pas de données Flux de bétail Flux de viande Accès actuel Grands axes Mur d’enceinte

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Les rues :axes forts, espaces linéaires 1 La grande rue est l’axe fort et structurant du site. Elle dévoile une grande perspective depuis l’entrée principale. 2 La ruelle transversale est l’axe fort qui traverse le site d’est en ouest et donne accès à de nombreux bâtiments. Elle occupe une position centrale et calme. 3 La rue de l’atelier donne accès à la partie est du site, elle est parallèle à la rue Jaafar El Barmaki. Cette proximité la rend particulièrement bruyante. 4 La rue de l’hippophage donne accès aux bâtiments situés à l’est de la parcelle, et s’ouvre sur la place des écuries. Elle est relativement calme. Les places et parvis : espaces vastes, ouverts et communs à plusieurs bâtiments 5 Le parvis de la grande halle est un espace très vaste et linéaire. Il se déploie entre la façade bâtie de la halle et une bande boisée d’eucalyptus et donne accès à de nombreux bâtiments. C’est un espace ouvert plus ou moins calme à cause de la proximité de la rue. 6 La place des écuries se situe au centre des deux grandes écuries. C’est un espace calme qui relie la grande rue à la rue de l’hippophage. 7 8 9 Série de places qui forment un vaste espace ouvert au nord de la parcelle qui traverse le site d’ouest en est. Cet espace est adossé à la limite de parcelle et sujet au paysage sonore ferroviaire. Trois séquences se distinguent : la place centrale (7) facilement accessible qui donne accès à de nombreux bâtiments, la pointe (8), qui ressemble davantage à une arrière cour, relativement excentrée et la cour alambiquée (9) qui est espace relativement vaste et reculé. Il donne accès au jardin. 10 Le carré des skateurs est une petite cour intime, actuellement occupée par des activités de street art. 11 La cour des frigos se situe au centre de deux grands bâtiments (les frigos), en partie effondrés. Sa position centrale, et la présence de bâtiments de haute taille lui procurent l’avantage d’être très calme. Les interstices : espaces résiduels 12 Les couloirs verts sont comparables à de petites venelles. Très étroits et envahis par la végétation spontanée ils sont séquencés par une multitude de portes d’accès aux bâtiments qui les entourent. 13 Espace imbriqué, relativement calme et paisible. 14 Espace de transition entre la jardin, le parvis de la grande halle et quelques bâtiments. Elle donne accès à la rue des oudayas. 15 Les petits corridors qui longent l’ancienne bâtisse de l’administration sont très étroits. L’un est nu alors que l’autre révèle une végétation foisonnante, une sorte de petit jardin luxuriant. Le jardin : végétation en sursis 16 Le grand jardin occupe la pointe ouest du site. Il est inaccessible pour le moment. 17 Espace inaccessible actuellement car toujours en fonction. Pas de données précises.

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Programme et proposition des architectes Le programme pris en compte dans le projet des architectes est le suivant : «Le projet se décline à travers les disciplines les plus pertinentes actuellement offrant : - De multiples lieux pour la création - Des espaces de rencontre et d’échanges - Des espaces ludiques pour les enfants - Un cadre pour la diffusion - Un champ pertinent pour la formation et l’éducation - Un centre de ressources, de documentation et d’archivage.» dixit la plaquette de présentation du projet par Empreinte d’Architectes. Le programme s’articule également autour de 5 territoires artistiques qui sont : les arts plastiques, les arts appliqués et la création, les arts vivants, les arts audio-visuels et sonores et les arts de la rue. Deux types d’espaces sont nécessaires, pour la création et la diffusion. L’orientation donnée quant à la reconversion des bâtiments est une base pour commencer à définir et caractériser les espaces extérieur. Les choix en terme d’affectation d’usage me conviennent dans l’ensemble, néanmoins je propose d’intervertir la bibliothèque avec l’administration et propose également de revoir l’organisation des «ateliers de l’écurie (12)» avec une orientation plus urbaine, et notamment avec l’addition d’un skatepark indoor, studio d’enregistrement et petite salle de concert.

Proposition de reconversion des bâtiments 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

Accueil Bibliothèque Théâtre Grande halle, Salle de concert Mosquée Halles de création et d’expo Frigos Ateliers de la charcuterie Ateliers de la boyauterie Ateliers de la triperie Administration Ateliers de l’écurie Salle de danse wc


Organigramme des espaces b창tis

Organigramme des espaces publics

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légende Bâtiment à conserver Bâtiment à démolir Ponit de repère à signifier une fois le bâtiment démoli

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Privilégier ou créer des accès aux bâtiments

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Définition des usages et des activités artistiques par bâtiment en fonction du programme et en prennant en compte le projet architectural des architectes.

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Travail sur la peau extérieure de bâtiments

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N

Un ensemble architectural en relation avec ses espaces extérieurs

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Enjeux : - Préserver la lisibilité des volumes. - Sécuriser la structure des bâtiments et démolir ceux qui sont trop dangereux pour la sécurité du public. 1

- Préserver l’identité du site et mettre en valeur le patrimoine bâti en le préservant, le restaurant mais également en travaillant sur une nouvelle peau comme bardage contemporain pour signifier et marquer le changement d’usage, sur certaines façades uniquement. - Profiter des façades pour participer à l’aménagement de la nouvelle entrée de ville par le train.

2

- Introduire de nouvelles architectures, notamment pour une résidence d’artistes. - Mettre à profit la surface des toitures : jardins, verrières, toits terrasses, café & contemplation. - Définir des usages particuliers pour chacun des bâtiments et les mettre en relation avec un ou des espaces extérieurs. 1 Le chapiteau, Le Channel, scène nationale de Calais 2 Le campement, Friche la Belle de Mai, Marseille

3

3 Les grandes nefs de l’île de Nantes. Lieu de création des machines de l’île.


N

Tisser des liens entre le site et son enveloppe

légende Axes forts : ils permettent de relier et donner accès aux différents espaces du site

Enjeux : - Désenclaver le site : l’ouvrir au public sur toute ses franges créer des accès continus et ponctuels créer des axes traversant et reliant le site au quartier

Privilégier les accès aux toits pour contmpler l’horizon Définir des espaces pour des usages

- Organiser les espaces de façon publique, semi-publique et privée afin de conserver uns facilité d’accès tout en sécurisant les lieux, lors d’éventuelles préparations événementielles.

Créer des accès : continus ponctuels

- Ancrer le site dans son territoire en ouvrant de grandes perspectives et en révélant les horizons visuels.

Traiter la limite : Couture entre le site et la voie publique

- Définir des espaces identitaires en adéquation avec les activités proposées dans chacun des bâtiments et multiples dans leur formes et leurs fonctions afin de permettre une appropriation des lieux par tous. Faire attention aux conflits d’usage. 1

- Valoriser le site par la lumière. Révéler certain éléments, point de repère par un paysage nocturne. 1 Street park, friche de la belle de mai, Marseille. Constructo skateparkarchitecture

2

2 Salon extérieur improvisé de l’association «La péniche» qui est une salle de concert en résidence à L’abattoir de Chalon-sur-Saône.

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4

de la friche Ă la fabrique


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La fabrique culturelle : un espace public à vocation culturelle Un projet espéré Le projet prend place dans le quartier légendaire de Hay Mohammadi, quartier populaire ayant fortement souffert des années de plomb. Faire une fabrique culturelle là où les habitants n’ont jamais eu accès à l’art et à la culture peut être paradoxal. Et pourtant ce quartier a fait émerger de nombreux artistes, musiciens, chanteurs, acteurs, chorégraphes et sportifs. Mais aujourd’hui encore, le manque d’équipements, culturels entre autres, est considérable et ce quartier a besoin d’un peu plus de considération pour accepter et vivre avec l’héritage que l’histoire lui a laissé. C’est également du désir et des initiatives mises en place par

les artistes et les associations artistiques et culturelles de Casablanca qu’à germé l’idée d’avoir accès à un lieu libre et ouvert, propice à l’expression, la création et la diffusion. Le choix s’est tourné vers les anciens abattoirs. La reconversion de ce lieu offre l’opportunité de pouvoir provoquer la mixité par la mise en place d’événements divers, dans un lieu ouvert et accessible à tous. Le projet doit donc ne pas se limiter à la simple reconversion des lieux mais s’ouvrir sur le quartier. Le lieu doit être investit afin de vivre et susciter la curiosité et l’envie de découvrir le monde artistique et culturel. Il doit permettre de tisser des liens

entre la société, l’art et la culture, mais aussi de mettre en relation et de croiser les populations. Quel impact et quelle influence aura cette fabrique culturelle ici au Maroc? Des hypothèses sont à emmètre, mais ce projet sans précédant est précurseur dans le domaine et son devenir reste une énigme à l’heure actuelle. Le temps permettra d’écrire son histoire.

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« Reconvertir à de nouveaux usages, c’est assumer une part d’héritage au-delà de la rentre muséale, dans le risque des nouveaux venus. Peut-être estce aussi une forme de réflexion sur la nature des changements, la nécessité de ralentir vite et de laisser du temps au temps, de l’espace à l’espace et du vague aux terrains non encore construits » François Barré, ARCHITECTURES DU XXE SIÉCLE et reconversion(s), revue 303, La revue culturelle des pays de la Loire N°111/2010, p9

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Patrimoine du XXe siècle : reconversions d’ici et d’ailleurs Le patrimoine architectural du XXe siècle est considéré comme « patrimoine récent ». Au Maroc, l’architecture moderne va de paire avec la période coloniale. Elle constitue aujourd’hui une part importante de l’héritage du passé historique des villes du pays et encore plus en ce qui concerne Casablanca qui, nous l’avons vu précédemment, s’est fortement développée à partir du début du XXe siècle. L’étude, la protection et la sauvegarde de ce patrimoine au Maroc est un phénomène récent encore trop peu estimé par les autorités, mais certaines personnes oeuvrent pour le conserver et le valoriser, c’est le cas de l’association Casamémoire fondée en 1995. Les moyens mis en oeuvre pour sauvegarder ce patrimoine sont divers mais celui

qui m’intéresse dans le cadre de ce diplôme est celui de la réhabilitation et de la reconversion. Cette pratique et courante en Europe et concerne de nombreux types de bâtiments et secteurs d’activité (industriels, commerciales, institutionnels, religieux...), et présente de ce fait de nombreux exemples, en témoignent les quelques uns ci-contre. Concernant les anciens abattoirs de Casablanca, inscrits sur la liste des bâtiments d’intérêt patrimonial de la ville, le choix s’est orienté vers une vocation publique, artistique et culturelle du lieu. Ce type de reconversion est le premier à voir le jour dans le pays, il y a bien quelques autres exemples mais jamais le domaine artistique et culturel ne fut préconisé comme vecteur d’un projet de

reconversion. Les reconversions engendrent souvent des changements dans les dynamiques socioculturelles, socio-économiques et socio-spatiales, souvent similaires pour les exemples européens, mais ces évolutions « type », comme la gentrification ne peuvent être envisagées comme telles dans ce cas précis, car le contexte est particulier. À l’heure actuelle seules des hypothèses peuvent être émises quant au devenir et à l’évolution de ce quartier. Patrimoine : 1-Biens de famille, biens que l’on a hérités de ses ascendants. 2-Ensemble des richesses culturelles accumulées par une société, une nation, une région, et qui sont valorisés par la communauté. Le Grand Robert de la langue française, 2001


1 - The Tate Modern Gallery, Londres. Ancienne usine électrique conçue en 1963 par l’architecte Giles Gilbert Scott et réhabilitée en musée international d’art moderne et contemporain en 2000 par les architectes Herzog et De Meuron. http://3.bp.blogspot.com/_T2cGWxY2PlU/TBoGTokATMI/AAAAAAAAAOA/1ALRtJeFxK0/s1600/musée+tate+modern+londres+10+ans.jpg

http://static.dezeen.com/uploads/2009/04/ttm23864_large.jpg

2 - Le Lingotto, Turin. Ancienne industrie automobile conçue en 1916 sous la direction de l’architecte Giaccomo Matti Trucco et réhabilitée en centre des congrès multifonctionnel à partir de 1985 par l’architecte Renzo Piano. http://blogautomobile.fr/wp-content/uploads/2010/02/lingotto_05a.jpg

http://www.arseg.asso.fr/IMG/jpg/GrandsMoulinsok.jpg

http://www.flickr.com/photos/dalbera/2860291997/in/photostream/lightbox/

http://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=860

3 - La base sous-marine, Saint Nazaire. Ancienne base sous-marine construite en 1944 par l’organisation Todt et rehabilitée en espace public acceuillant divers équipement par l’urbaniste Manuel de Sola Morales à partir de 1994. Elle fait partie d’un projet plus complexe de restructuration urbaine. 4 - Les grands moulins de Pantin, Pantin. Anciens moulins fournissant Paris en farine. Ils ont été construits en 1923 par l’architecte Eugène Haug et reconvertis en ensemble tertiaire en 2009 par les architectes Reichen et Robert.

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« Les interventions visent à créer un équilibre entre l’existant et l’apporté, la trace signifiante et l’intervention, dans un grand métissage qui ponce les drames de la désaffection pour établir un charme indéfinissable qui se bonifie au fil des ans. » Dominique Amouroux, ARCHITECTURES DU XXE SIÉCLE et reconversion(s), revue 303, La revue culturelle des pays de la Loire N°111/2010, p18

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Un potentiel architectural, spatial et historique à mettre en valeur et à exploiter Le site, très architecturé, offre un potentiel spatial incontestable avec une grande richesse dans la diversité et la qualité de ses espaces. Ceux-ci sont en grande partie la résultante des formes bâties qui composent avec l’espace et mettent en place un jeu de volumes entre les pleins, les vides et les pleins vides, entre le dehors et le dedans, entre l’ombre et la lumière, le vaste et l’exigus, la continuité et l’alternance d’espaces ouverts ou clos. Ces composantes génèrent des atmosphères multiples, diverses et particulières. De plus elles s’additionnent d’une bande sonore qui évolue dans l’enceinte du site en fonction de l’endroit où l’on se situe, mettant ainsi en scène l’agi-

tation ou le silence. Cette diversité est propice à l’expression et à la création artistique et culturelle. Ce lieu a attiré l’attention de nombreuses associations artistiques et culturelles de la ville qui cherchaient un endroit pour se retrouver, créer, partager et diffuser leur travail. Aujourd’hui ces 13 associations forment un collectif oeuvrant pour la réalisation et la concrétisation de ce projet. Il propose au sein de cet espace des événements divers et variés dans leur programmation et leur taille afin de faire revivre ce lieu. L’occupation des lieux est très importante car elle permet de faire connaître le site des anciens abattoirs et de le faire vivre. Mais encore plus im-

portant, c’est de laisser l’accès libre et ouvert à tous de façon à voir et comprendre comment les gens s’approprient les espaces spontanément en fonction de leurs qualités, pour telle ou telle réalisation artistique au sens large du terme. Puis c’est proposer un programme en fonction de ces occupations permettant d’attribuer un usage à un espace en fonction de ses qualités sans pour autant le figer. Chacun des espaces doit conserver sa valeur, son atmosphère et son pouvoir évocateur. Il est important de conserver une part d’imprévu, de façon à laisser une partie de l’histoire s’écrire dans les lieux avec le temps.


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Quelques lieux de création artistique et culturelle

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Une fabrique culturelle comme noyau Lieu de culture, de divertissement, d’expression, de rencontres et de lien social La fabrique est avant tout un lieu public, ouvert à tous et accueillant toutes les formes d’émergences artistiques et culturelles. C’est un lieu transdisciplinaire, un ensemble d’espaces destinés aux artistes, aux musiciens, aux danseurs, aux poètes, aux skateurs, aux habitants, enfants et adultes et à beaucoup d’autres. C’est également un lieu pouvant accueillir des structures de production, d’accompagnement et de diffusion à différentes échelles. Plus qu’un simple espace d’accueil, la structure de la fabrique doit permettre un accompagnement dans la réalisation des projets

artistiques par la mise à disposition d’un matériel adéquat, de conditions de créations adaptées à toutes les formes d’expérimentation, artistiques ou culturelles et surtout elle doit rendre possible le tissage culturel, la rencontre entre la société, les artistes, l’art et la culture, source d’ouverture d’esprit et de création. La fabrique culturelle constituera un équipement structurant du quartier de Hay Mohammadi. C’est le point de départ de ce projet de fin d’étude. À titre d’exemple, voici ci-contre, quelques projets similaires ayant été réalisés en Europe.

Ateneu Popular, Barcelone Bloom, Mezzago City Arts Centre, Dublin Hangar 146, Tourlaville Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette L’abattoir, Chalon-sur-Saône (CNAR) L’atelier 231, Sotteville lès Rouen (CNAR) L’avant-scène, Cognac (CNAR) La Carrosserie, Leves La Fabrique, Nantes La Fabrique Pola, Bordeaux La friche la Belle de Mai, Marseille La Friche RVI, Lyon La Grainerie, Balma La laiterie, Strasbourg (salle de concerts, de musiques actuelles) La paperie, Anger (CNAR) L’Elaboratoire, Rennes L’Emmetrop / l’Antre-Peaux, Bourges Le Boulon, Vieux Condé Le Confort Moderne, Poitiers Le Channel, Calais (Scène nationale) Le citron jaune, Port-Saint-Louis-du-Rhône (CNAR) Le fourneau, Brest (CNAR) Le Lieu Unique, Nantes (Scène nationale) Le Matadero, Madrid Le moulin fondu, Noisy-le-sec (CNAR) Le parapluie, Aurillac (CNAR) Les Halles de Schaerbeek, Bruxelles Kaapelitehdas, Helsinki Mejeriet Lund Melkweg, Amsterdam Metelkova, Ljubljana Moritzbastei, Leipzig Multihus Tobaksfabrikken, Esbjerg The junction, Cambridge UFAfabrik, Berlin Wuk, Vienne … À voir également, le réseau TransEuropeHalles, réseau des friches culturelles indépendantes en Europe.


quatre exemples parmis tant d’autres

1 - Friche la belle de mai, Marseille

2 - L’abattoir, chalon-sur-saône

1 - Dispositif d’accueil d’artistes invités par les producteurs résidents ou invités qui repose sur un ensemble de 45 opérateurs culturels travaillant sur l’ensemble des disciplines artistiques contemporaines. Le principe fondateur de l’expérience repose sur la parole d’artistes et ce quelle produit comme réalités sociales, économiques, urbaines jusqu’à la rencontre avec le public. 2 - Centre National des Arts de la Rue qui offre un lieu d’expression à «l’autre culture», musiques amplifiées, arts émergents, et arts de la rue. C’est un lieu pilote d’accueil et de résidence ouvert aux artistes de la rue. Il permet d’offrir aux habitants une culture accessible, ouverte et participative. C’est également un lieu permanent permettant au festival «Chalon dans la rue» de s’ancrer et prendre son envol. 3 - Centre indépendant qui a pour but principal de créer un complexe artistique, un environnement culturel plutôt qu’une succession d’événements culturels isolés, de poser une vision à long terme. Les fondements de création reposent sur la volonté d’indépendance, de multiculturalisme, d’ouverture à tous, de travail social et humanitaire, d’intégration sociale et de construction communautaire.

3 - metelkova, ljubljana

4 - ufafabrik, berlin

4 - La ufaFabrik est une oasis culturelle située au centre de Berlin, elle représente un espace pour la création et la culture, pour les idées innovantes ainsi qu’un environnement productif pour les artistes du monde entier. Des préoccupations écologistes occupent également une place importante dans le projet de l’ufa Fabrik, participent à son fonctionnement et façonnent son caractère et son identité au travers des différents espaces constitutifs de la fabrique.

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Évolution et influence d’une fabrique culturelle à Casablanca Pour commencer, il est important de comprendre les mécaniques qui ont fait germer l’idée d’occuper les lieux, et ceux qui aujourd’hui animent le combat pour sauvegarder et convertir ces anciens abattoirs en lieu public à vocation artistique et culturelle. La volonté de faire un lieu d’art et de culture ne date pas d’hier. C’est un projet qui est né il y a quelques années, en 2002, suite à la clôture du festival international du film d’architecture organisé par Selma Zerhouni et le conseil de l’ordre des architectes. C’est à cette occasion que les participants, architectes, écrivains, cinéastes, designers, acteurs, danseurs, poètes et musiciens ont

fait part d’un besoin commun d’échanger, de partager, de se réunir et de croiser leurs expériences lors de « réunions » d’artistes. Un lieu propice et adéquat à cette requête était donc indispensable et les regards se sont tous tournés vers les anciens abattoirs. Une semaine plus tard, une missive fût soumise au Roi Mohammed VI par le défunt Mohamed Kacimi artiste-peintre et poète, le jour de sa décoration de la médaille du mérite. Par la suite, les autorités représentées par le Wali ont émis l’idée de faire des anciens abattoirs un haut lieu de la culture, très soigné et très propre mais loin de la volonté des artistes engagés dans ce combat, l’idée fut

vite abandonnée. Cependant ce projet de reconversion fut ensuite repris par la mairie de Casa en partenariat cette fois-ci avec la mairie d’Amsterdam et en concertation avec les principaux acteurs (représentants de 13 associations culturelles et artistiques de la ville). Le but était d’engager une réflexion autour de ce premier projet de réhabilitation de friche et de faire une étude globale du site et de ses caractéristiques. Suite à cette commande, 3 ateliers de réflexion se sont organisés pour les artistes nationaux et un benchmark international, faisant intervenir des personnes d’autres pays ayant mené des projets similaires ont fait part de leurs expériences.


Le résultat a aboutit à la définition et la justification du choix de reconversion vers une vocation culturelle du site. Ces ateliers de réflexion ont également permis de caractériser cette fabrique culturelle comme un lieu de création, de production et de diffusion, puis de définir cinq territoires artistiques qui sont : les Arts plastiques, les Arts appliqués et la création, les Arts vivants, les Arts audio-visuels et sonores et les Arts de la rue. Et pour finir, ils ont permis de déterminer deux groupes de travail pour organiser la mise en oeuvre du projet dans le temps, à court et à long terme. C’est l’association Casamémoire qui gère provisoirement et au nom de toutes les associations engagées le projet de réhabilitation. Afin de prendre possession des lieux et de s’y installer, un événement marquant a été réalisé avec les Transculturelles en 2009. C’était également l’occasion d’ouvrir les portes des anciens abattoirs à la population. Le succès de cet événement a conforté le sentiment de nécessité des jeunes, des créateurs, des artistes et des habitants à avoir accès à un tel lieu et à de telles programmations culturelles. Mais actuellement les conventions entre la ville et Casamémoire ne sont qu’annuelles et ne permettent pas d’avoir un engagement à long terme ce qui pénalise fortement les programmations culturelles et le processus de réhabilitation des bâtiments qui se détériorent de plus en plus. Pour l’instant l’activité survit et vivote dans les lieux au prix de nombreux efforts de la part des associations et au risque de les voir un jour s’essouffler et abandonner ce projet pourtant porteur de développement humain. L’avenir du site dépend donc aujourd’hui uniquement de son statut juridique vis-à-vis de la ville et des associations pour avoir une réelle existence. Cela-dit un projet de réhabilitation architectural du site a été conçu par l’agence Empreinte d’architectes à Casablanca, de façon à faire avancer le processus de reconversion. Donc en ce qui concerne le devenir du site, il est difficile de prendre parti pour l’instant car tout est possible, le meilleur comme le pire. Le facteur temporel a ici une incidence plus que considérable qu’il ne faut pas négliger et prendre comme un atout. Le plus important à l’heure actuelle est de continuer à occuper le site par l’organisation d’événements et la mise à disposition de matériel pour les artistes mais aussi pour les habitants comme des jeux pour enfants et bien sur de laisser libre accès à cet espace. La question du public se pose et aura une certaine influence sur le projet. Les exemples que nous avons en terme de reconversion de friche en espace culturel viennent principalement d’Europe et leurs évolutions en terme de pratiques socio-spatiales et socio-culturelles suivent souvent le même chemin, celui de la gentrification des quartiers. On pourrait

penser alors que cette fabrique est vouée au même sort mais ce phénomène n’est pas encore très présent au Maroc. De plus, les rapports avec le public marocain sont très différents. L’influence qu’aura cette fabrique culturelle sur son environnement dépend de nombreux autres facteurs, d’aménagement notamment. En tout cas elle fait partie d’un processus de renouvellement urbain et participera activement à l’évolution et à la transformation du quartier. Ensuite selon les volontés et les initiatives des personnes oeuvrant pour la réussite de ce projet, l’influence de la Fabrique peut s’étendre au delà de la ville et du pays, pour créer un réseau international. Mais dans l’immédiat l’idée est d’agir à l’échelle locale.

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5 territoires artistiques axés sur l’expression urbaine : Arts plastiques : Sculpture Peinture Art Vidéo Photographie Arts appliqués et création : Architecture Design Textile Création textile Stylisme Création Céramique Arts Vivants : Théâtre Danse Cirque Arts audio-visuels et sono­res : Créations musicales Design sonore Composition vidéo, vj, dj Arts de la rue : Breakdance Graffiti et arts graphiques Deejays et mc’s Skateboard Roller Bmx 110

Quels arts? quelles cultures? Dedans? Dehors? Intervenir sur le paysage de la Fabrique culturelle Afin d’intervenir sur le paysage de la fabrique culturelle, il est nécessaire de prendre en compte les usages et les types d’activités qui s’y dérouleront. Le programme artistique et culturel est composé de 5 domaines orientés autour de l’expression urbaine (cf : liste p. de gauche). Chacun de ceux-ci se déclinent en activités diverses et variées. Le potentiel spatial du site, bâti et non-bâti, doit alors être mis à profit pour offrir les conditions adéquates de création, production et diffusion aux artistes. En fonction de chacune de ces activités, pouvant se dérouler uniquement dedans (ex : développement photographique)

ou uniquement dehors (ex : pyrotechnie) ou alors dedans et dehors (ex : représentation théâtrale), une continuité peut être créée entre l’intérieur* et l’extérieur. Il n’est pas question d’attribuer un usage spécifique et définitif à un espace extérieur, le but n’est pas de figer le site au contraire il est important de laisser place à l’imprévu et d’intervenir davantage au niveau de l’évocation, des ambiances et des atmosphères. Chacun des lieux qui composent le site doit conserver cette capacité d’appropriation par les artistes mais également par les habitants. La conciliation des usages sur ce point est également à prendre en

compte dans le projet car c’est avant un lieu public. Le travail du paysagiste, dans ce cas, intervient davantage au niveau des notions de volumétrie, de déambulation, sur des caractéristiques sensorielles comme le besoin de fraicheur, d’ombre, de luminosité, de silence, d’espaces intimes, clos ou alors vastes et ouverts en passant par le traitement du sol, par le minéral ou le végétal, la topographie, les perspectives... Puis c’est d’ouvrir le site sur l’extérieur afin de créer une véritable interaction entre la Fabrique et le quartier. *je me base en partie sur le projet de réhabilitation proposé par les architectes en ce qui concerne l’affectation des usages aux bâtiments.


dedans

Labo photo

salle d’expo

conteurs

cirque

concert

conférences

break dance

marionnettes

skateboard

exposition

basket

pyrotechnie

graffiti

théâtre de rue

dehors

atelier

dedans & dehors

Studio d’enregistrement


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Proposition des architectes : plan masse et affectation des usages aux bâtiments

Organigramme spatial 2

3 5

4 1

3

2

Mise en situation 1 Ambiance intérieur de la mezzanine 2 Ambiance dans le Théatre 3 Ambiance dans la grande Halle

1

6

7

Espace de création Espace de diffusion Espace de création et de diffusion Espace public Placette pour artistes Espace paysager Locaux de stockage, WC Connexions Accès aux locaux techniques


Espaces de création

Espaces de diffusion

1 - Ateliers et studio de répétitions : 1700m2

5 - Salles d’exposition : 6800m2

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2 - Ateliers : 1500m2

3 - Ateliers : 360m2

4 - Ateliers : 600m2

6 - Salle de concert : 1200m2

7 - Salle de théatre : 1750m2




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Place - Fabrique Culturelle - Parc Urbain Trois entrées pour le projet Les intentions Les ambiances Et quelques références ...

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Le projet dans le temps

0 -10 ans 10 - 20 ans +20 ans Périmètre d’intervention détaillé

Les anciens abattoirs Fabrique Culturelle

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La gare Casa-Voyageur

Place

Fabrique Culturelle


Intentions de projet légende Trame des espaces publics de la Fabrique Culturelle Traitement des espaces avec différentes ambiances en relation aux activités associées aux bâtiments. Ils peuvent évolués et ne sont pas figés à un seul usage. Entrée principale Accès continu (parvis) Mur conservé Continuité entre l’intérieur et l’extérieur, perméabilité Aménagement des toits terrasses Trame des espaces publics

L’ancienne cimenterie

Promenade. Épaisseur végétale plus ou moins dense suivant le dessin des voies ferrées. Lien entre les différentes entités. Mise en valeur de l’entrée de ville par le train. Le parc urbain du clairsemé à la densité, des grands espaces ouverts aux petits espaces intimes. Parc expérimental, hôte d’équipements.

L’ancienne prison, lieu de mémoire

Places urbaines, traitement minéral Continuité entre les différents espaces Aménagement paysager autour du lieu de mémoire Traitement et hiérarchie de la voirie. Rue - dominante végétale Avenue - mixte, lien fort Avenue avec tramway - mixte, lien fort en relation au tramway Accès principaux au parc Trame urbaine Nouveau front bâti. Zone mixte, Habitat, commerce et tertiaire Zone d’habitat social Zone d’équipements sportifs et culturels Trame des circulations Avenue principale, lien entre les différentes entités. Avenue avec tramway, déplacement de l’arrêt du tram proche des abattoirs Mixité des usagers, traitement particulier et sécurisé. Accès principaux Cheminements piéton Cheminements piéton à définir.

PArc Urbain

Passerelle piétonne

N

0

100

200

500m

Périmètre d’intervention global

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LA FABRIQUE

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LA place


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LE PARC

Les ambiances par le trait et les mots


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S’inspirer d’ici Exemples marocains

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1 : Parc de la Ligue Arabe, Casablanca 2 : Jnane-Sbil, jardin de la marche verte, Fès 3 : Jardin du Palais Dar-Batha, Fès 4 : Chellah, Rabat 5 : Jardin Majorellle, Marrakech 6 : Jardin des Oudayas, Rabat 7 : Palais El-Badi, Marrakech 8 : Kasbah des Oudayas, Rabat 9 : Avenue Hassan II, Fès 10 : Boulevard Moulay Youssef, Casablanca 11 : Promenade de l’Oued Bouregreg, Rabat 12 : Tour Hassan, Rabat


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S’inspirer d’ailleurs Exemples internationaux

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1 : Central park, New York 2 :Jardin de chaumont sur Loire,2008 3 : Barcelone 4 : Parc des Batignolles, Paris 5 :Thermes de Vals, Vals-lesbains 6 : USF plassen, Bergen 7 : Place Kleber, Strasbourg 8 : Barcelone 9 : Rio Madrid, Madrid 10 : Les ramblas, Barcelone 11 : Berges du Rhône, Lyon 13 : Logements, Finlande 14 : Logements, Boulogne


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En guise de conclusion Bien loin de conclure en réalité, car ce document d’analyse qui met en place les bases s’arrête là où commence le projet. Ce projet qui se dessine, se mesure, se rêve et s’invente. Celui qui donnera forme aux intentions émises et qui prendra place dans le contexte détaillé. Un projet d’art et de culture, un espace public qui s’offre aux habitants comme un point de départ à un nouveau cadre de vie.

« Comment faire pour que la culture prenne sens dans la vie quotidienne des gens? De nombreuses expériences et projets artistiques interrogent les processus d’aménagement de la Cité. Elles instaurent des modes de production participatifs avec la population pour que cette dernière devienne acteur de la transformation du territoire. Les rencontres Nationales de Dijon,(...) ont témoigné de cette capacité de l’art à éclairer les problèmatiques urbaines et sociales. D’où la nécessité de faire circuler le plus largement possible ces expériences. Non pas pour les reproduire à l’identique, mais pour s’en inspirer, les prolonger, les développer et les adapter à d’autres contextes, d’autres situations. » Actes des Rencontres Nationales – Démarches Artistiques et Régénérations Urbaines, Frédéric Kahn.


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Bibliographie Ouvrages Jean-louis Cohen & Monique Eleb, Casablanca mythes et figures d’une aventure urbaine, Ed Hazan, 1998 Abdeljalil Bouhar, Anfa, Dar el Beida, Casablanca. Trois noms. Une seule ville. Ed Croisée des chemins, 2009 Fazette Bordage, Philippe Grombeer, TransEuropeHalles, Les Fabriques lieux imprévus, Ed Aux Éditions de l’Imprimeur, 2001 Sara Vidal, Les anciens abattoirs de Marseille, Ed Cris écrits, 2010 Françoise Choay, L’urbanisme, utopies et réalités, une anthologie, Ed du Seuil, 1965 Anne-Marie Fèvre, Le Channel, les abattoirs à Calais, Ed Actes Sud, 2008 Jean Gallotti,Le jardin et la maison arabe au Maroc, éd Acte Sud/CJB, 2008 Irène Menjili de Corny, Jardins du Maroc, éd Le temps apprivoisé, 1991 Charlotte Seeling, Corinne Korda, Jardins du Maroc, éd Feierabend, 2002 Abdelmalek Benabid, Flore et écosystèmes du Maroc, Ed Ibis Press, 2000 Revues Les cahiers de l’école de Blois, Autoure des friches, N°4, Ed. De l’imprimeur, 2006 303, Architectures du XXIe siècle et reconversions, N°111/2010, Ed. 303, 2010 Les Cahiers de l’IAU, île de France, La Maroc s’ouvre au XXIe siècle, N°154, mai 2010 AM – Architecture Du Maroc, La mutation d’un bidonville à Larache. Ça c’est du durable! Selma Zerhouni, N°44, Septembre / Octobre 2009


Dossiers divers La reconversion de la friche des anciens abattoirs de Casablanca en Fabrique Culturelle, dossier réalisé par Selma Zerhouni, pour le compte d’Archimédia, décembre 2009 Abattoirs de Casablanca – Fabrique culturelle, Bilan d’activités Avril, mai, juin 2009, Casamémoire Abattoirs de Casablanca – Fabrique culturelle, rapport 2009, Casamémoire Abattoirs de Casablanca – Fabrique culturelle, Projet Draft janvier 2010, Casamémoire Abattoirs de Casablanca – Fabrique culturelle, Revue de presse 2009, année culturelle 2009-2010 Les Transculturelles des Abattoirs 11/12 Avril 2009, Carnets de Prog, Coordination générale par Casamémoire Plaquette du projet de reconversion des Anciens Abattoirs de Casablanca, Empreinte d’architectes, 2010 Les abattoirs de Casablanca, Travail de fin d’étude en Master patrimoine et métiers du patrimoine, Ecole Nationale d’Architecture, Rabat / École de Chaillot, Paris, Mouna M’Hammedi, Octobre 2009 Friche La Belle de Mai / Marseille, Présentation en image / Mars 2009 Acte des rencontres nationales - Démarches artistiques et régénérations urbaines, 10 & 11 juin 2009, Dijon, Rédigé par Frédéric Kahn, ARTfactories/Autre(s)pARTs, Zutique productions et l’OPAC de Dijon. Sites internet http://www.lexilogos.com/maroc_carte.htm http://www.casablanca.ma/ www.casamemoire.org/ http://www.mhu.gov.ma/mhu www.casatramway.ma http://www.oncf.ma/ http://www.rfi.fr/francefr/articles/100/article_65072.asp http://www.nantes.fr/ http://www.lacitedesartsdelarue.net/ www.lafriche.org http://www.lechannel.fr/ http://www.labattoir.com/ Filmographie Sébastien Verkindere, Casablanca ville moderne, documentaire de 54’30, prod. Alain Verkindere, 2005 Nourredine Lakhmari, Casanegra, prod. SIGMA, 2009 Conférences Conférence sur les anciens abattoirs de Casablanca, Abderrahim Kassou président de Casamémoire, le 3 Novembre 2010. Sources iconographiques Google maps Plan guide de Casablanca, 1/15000e, édition 2003 Plan de restitution de la ville de Casablanca Casablanca Plan guide d’architecture moderne centre ville, Centre régional du tourisme de Casablanca, Association Casamémoire, édition 2009 / 2010 - p39 Jean-louis Cohen & Monique Eleb, Casablanca mythes et figures d’une aventure urbaine, Ed Hazan, 1998 – p32, 33, 34, 35, 41, 57

Abdeljalil Bouhar, Anfa, Dar el Beida, Casablanca. Trois noms. Une seule ville. Ed Croisée des chemins, 2009 – p45 Les Cahiers de l’IAU, île de France, La Maroc s’ouvre au XXIe siècle, N°154, mai 2010 – p44 Fazette Bordage, Philippe Grombeer, TransEuropeHalles, Les Fabriques lieux imprévus, Ed Aux Éditions de l’Imprimeur, 2001 – p107 Plaquette du projet de reconversion des Anciens Abattoirs de Casablanca, Empreinte d’architectes, 2010 – p90, 91, 112, 113

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Remerciements Je tiens particulièrement à remercier les personnes qui de près comme de loin m’ont accompagnée, encouragée, soutenue, épaulée, renseignée et remise sur les rails quand je m’éloignait un peu trop du sujet! Tout d’abord un grand merci à mes professeurs encadrants qui m’ont permise de faire ce diplôme à Casablanca. À Jacqueline Osty pour sa clairvoyance son enthousiasme et ses conseils avisés et Roméo Carabelli pour son aide, son implication et ses bons plans. Merci également aux personnes qui ont pris le temps de porter un regard sur mon travail, m’ont renseignée avec patience et pour l’intérêt qu’ils ont portés à ma démarche. Merci à Abderrahim Kassou, Philippe Délis, Selma Zerhouni, Adam Mahfoudi et sa femme, Aïcha El Beloui, Aadel Essaadani, M. Souissi, M.Bruhaya et M. Hassani, Mouna M’hammedi et l’équipe de l’abattoir de Chalon-sur-Saône. Un remerciement particulier à Philippe qui m’a fait découvrir ce site et à Anna qui m’a poussé à aller voir plus loin. Pour leurs conseils avisés et leur bonne humeur, merci à mes camarades de classe, certains plus que d’autres, ils se reconnaîtront! Et enfin, un très grand merci à Anne-lise, Aurélien, mes parents, mon frère, mon beau-père et mes grands-parents pour croire en moi, pour leurs encouragements, pour leur soutien et surtout pour supporter mes sautes d’humeur.


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Panneaux de projet


Les anciens abattoirs de casablanca Reconversion d’une friche en Fabrique Culturelle C’est au détour de certaines pérégrinations que l’on peut avoir le plaisir de faire des découvertes imprévisibles, saisissantes et surprenantes. La ville de Casablanca est le théâtre d’une mise en scène urbaine très complexe et difficile à appréhender lorsque l’on vient de l’extérieur, mais elle n’en reste pas moins très attirante et exceptionnelle. La première moitié du XXème siècle marque les débuts d’une évolution inattendue et surprenante de la ville. C’est un lieu de modernité, d’inventions et d’expérimentations où le pluralisme culturel a toujours été très présent. De nos jours, elle représente le poumon économique et la façade moderne du pays. C’est dans ce contexte que les anciens abattoirs de Casablanca ont été construits en 1922 par un architecte français, Georges-Ernest Desmaret. La localisation de cette infrastructure se trouvait alors en périphérie de la ville, loin de toutes habitations et milieux publics. Mais le développement fulgurant de Casablanca ne s’en est pas tenu à ces limites et s’est étendu bien au-delà. C’est ainsi que le site des anciens abattoirs occupe aujourd’hui une place privilégiée dans la ville. Il se situe dans le quartier populaire de Hai Mohammadi, à proximité de la gare centrale et relativement proche du centre-ville. De plus, il sera prochainement relié et desservi par le futur tramway. Le site des anciens abattoirs s’étend sur une surface d’environ 5 hectares composés pour

moitié de surface bâtie générant des pleins et des vides avec les espaces extérieurs que je qualifierais d’interstices. Cet ensemble est enclos par un mur restreignant les percées visuelles sur l’extérieur et vis-ce-versa, mais l’espace des toitures laisse quant à lui l’opportunité de voir un tout autre horizon. C’est un lieu fantastique et fascinant. Après leur abandon en 2002, ce lieu a fait l’objet de nombreux débats quant à son devenir. C’est en 2008 que la ville de Casablanca a décidé de mettre en place un programme de reconversion de cet ensemble. Suite à cette initiative, une étude de faisabilité et des ateliers de réflexions ont étés mis en place avec la contribution et la collaboration de la ville d’Amsterdam et de nombreuses associations artistiques et culturelles de Casablanca. Les anciens abattoirs seront dorénavant dédiés à l’art et à la culture, libres et accessibles à tous.

Cette problématique de reconversion fait l’objet de réelles initiatives et semble être un enjeu important du développement culturel actuel de la ville de Casablanca mais également du Maroc. Pour cela des liens sont à tisser, à affirmer avec l’environnement direct du site mais également avec le reste de la ville. Différentes échelles rentrent en jeu dans la valorisation et la reconversion de cet espace. Le site lui même s’étend sur 5 hectares mais se situe dans un contexte de friches industrielles bien plus vaste, s’étendant le long de la voie ferrée. Ne peuvent-ils pas être le point d’ancrage et de départ d’un projet plus vaste? Comment les rendre plus accessible et à la portée de tous? Comment conserver l’authenticité d’un tel lieu tout en proposant de nouvelles attributions, de nouveaux espaces d’expression? Quelle place l’empreinte du passé doit-elle occuper dans la reconversion de ces abattoirs en milieu culturel?

Pour l’instant et afin de faire connaître cet endroit, de nombreux événements de courtes et moyennes durées ont été mis en place avec notamment les « Transculturelles des abattoirs ». Aujourd’hui, les espaces intérieurs et extérieurs accueillent en partie ces événements Ils sont utilisés pour des concerts, des performances artistiques, des tournages de films, des expositions...

L’enjeu sera de donner un second souffle à cet espace tout en conservant et mettant en valeur son identité et son caractère. Il est également important de définir la part et la place du paysage dans cette étude et de travailler de paire avec l’architecture, les volumes dégagés et l’interface intérieur/extérieur ainsi qu’avec les nouveaux usages qui leurs seront attribués.

L’école nationale de la nature de du paysage 9 rue de la Chocolaterie, cs 2902, 41029 Blois cedex

Tél. 0033 (2) 54 78 37 00 Fax 0033 (2) 54 78 40 70 www.ensnp.fr


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