Atelier d’architecture Arquitectos Artesanos
Rapport de stage effectué par Anaïs Sancho de la Rosa, 20130157 du 08.01.2018 au 07.03.2018 dans le domaine de la construction en terre
Ministère de la culture Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris la Villette
Situation du terrain : Oaxaca
Oaxaca se situe au sud du Mexique, il est bordé par Guerrero, Puebla, Verracruz, Chiapas et l’océan Pacifique. Ses paysages naturels sont contrastés, on y trouve la Sierra Madre Oriental qui donne naissance au Nudo Mixteco et la Sierra Madre del Sur. Les Valles Centrales forment une dépression de chaines montagneuses. Les climats sont tropicaux au nord de la sierra, sec dans la Valle et Yautepec, sec désertique dans la Cadaña et la Mixteca. On y retrouve deux grands lieux de cultes préhispaniques : Monte Alban de la culture zapoteca et Mitla de la culture mixteca. Oaxaca est la capitale de l’Etat du même nom. Nombreux sont les villages indigènes ayant conservé leurs traditions et artisanats, on répertorie actuellement 65 groupe éthniques différents dans le pays et 18 vivants dans l’Etat de Oaxaca avec une quarantaine de dialectes différents. Oaxaca impressionne de part sa richesse culturelle.
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Présentation de l’atelier et de l’équipe Oaxaca de Juarez
L’atelier est situé en face de la place “la Croix de pierre” dans la ville de Oaxaca, capitale de l’état de Oaxaca. L’atelier a été crée il y a une vingtaine d’années par l’architecte Juan José Santibáñez. En ce moment y travaillent sa fille Sol, trois architectes et un stagiaire. Lorsque je rencontre Juan José il me raconte l’histoire qui l’a mené jusqu’ici. Il est né à Huajuapan, une ville située à trois heures en voiture de Oaxaca. Très jeune il se rendait de villages en villages avec son père qui exerçait le métier de marchand. Il fut alors confronté à tous types de lieux, pouvant observer leur évolution avec l’apparition de la première télévision, l’industrialisation. Lors d’un voyage, son père est volé et tué. Ce moment marque un tournant dans sa vie, ces souvenirs sont alors totalement en relation avec le métier qu’il exerce aujourd’hui. Il lutte contre l’installation des “commerces capitalistes” et la transformation incontrôlée de ces espaces. La description qu’il fait de son agence est la suivante (traduction de l’espagnol, original disponible sur le site : http:// arquitectosartesanos.org/site/) Ses associés et lui-même se considèrent privilégiés de pouvoir servir de pont entre le projet porté à terme et les personnes qui leurs font confiance. Depuis ses débuts, il cherche à être un atelier dans lequel se développe l’architecture comme art et comme édifice par le biais des connaissances et valeurs de l’architecture vernaculaire. Ils considèrent que l’une des missions de l’architecture est de revaloriser et favoriser les espaces vécus par les personnes. Ils font de l’architecture une expérience communautaire et un dialogue entre les rythmes naturels et culturels de chaque lieu. Pour cette raison, ils travaillent avec des matériaux et connaissances locales. Leur objectif est de faire une architecture qui né du lieu, des gens, des coutumes, des éléments enrichissant la vie. Dans le processus constructif, ils se nourrissent de la sagesse traditionnelle de leurs grands-parents mais aussi des connaissances des nouvelles générations. A travers leurs projets sociaux, comme le séminaire permanent d’auto construction situé dans la Sierra Mixteca « La Casa de Chiname » ils désirent être les acteurs, dans la mesure de leurs capacités, qui aident à générer communion et intégrité dans les communautés où ils travaillent. Ils aspirent à être comme les anciens Tlayoltehuan, terme qui en Náhuatl signifie « celui ou celle qui avec son cœur fait des choses divines ». Ils sont architectes car ils se transforment avec la matière lorsqu’ils construisent et se nourrissent de toute expérience par le biais de leurs mains et leurs esprits. Ils croient en la profondeur du détail, l’harmonie des volumes, la danse de la lumière dans l’espace, l’empreinte du temps dans les matériaux, l’architecture du contact. Ils croient, comme disait Octavio Paz, “la artesanía es el latido del tiempo humano” (l’artisan est le pouls de l’humanité).
Juan José Santibáñez Garcia et moi-même
L’atelier
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Projets représentatifs : “Mujeres de Arcilla”
((femmes d’argile) traduction de l’espagnol, original disponible sur le site : http:// arquitectosartesanos.org/site/))
En 1999 un groupe de 16 femmes de la communauté de San Miguel Amatitlan, del Estado de Oaxaca, se présente à l’atelier d’architecture de Juan José Santibáñez avec l’envie de recevoir des conseils pour construire leurs maisons. Grâce à l’aide du prêtre de la commauté, le père Santiago Rojas, elles avaient reçu un modeste financement de la part du “Populorum Progresivo” du Vatican pour investir dans la construction de leurs maisons. Quelques années auparavant, de 1993 à 1996, l’architecte Santibáñez avait réalisé différents travaux pour le diocèse de Huajuapan de León. Les femmes y participant, apportaient leur aide et selon leurs mots “sont tombées amoureuses de l’espace”. Elles décident alors de construire leurs maisons dans un style proche. De cette rencontre est né un projet commun, qui consiste en la construction des maisons des 16 femmes, durant environ deux ans, utilisant les moyens, matériaux et techniques de construction locaux, avec un budget minimal. Se développe alors une méthode de collaboration en accord avec les nécessités et conditions de projet impliquant un travail d’équipe entre l’achitecte, dont le travail fut de dessiner, diriger et superviser l’oeuvre, et la communauté de femmes, qui ont convenu de leur propre organisation et ont réalisé les travaux de construction des maisons. En outre, dans l’organisation architecturale, l’équipe a cherché une manière de tirer parti de la maison traditionnelle, “el cuarto redondo” qui est la maison la plus commune dans les communautés rurales, et a réussi à l’optimiser avec quelques adaptations, donnant comme résultat une proposition qui peut être répliquée dans des lieux dont les conditions sont semblables, à moindre coût. A partir de ce premier projet sont nées d’autres initiatives sociales des Arquitectos Artesanos, comme la Casa de Chiname, séminaire permanent d’autoconstruction, le séminaire d’architecture vernaculaire “es como vivir afuera” (c’est comme vivre dehors) y Adobe for Women.“
Photo de Marcela Taboada
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Projets représentatifs : “BS Biblioteca Infantil”
((bibliothèque infantile) traduction de l’espagnol, original disponible sur le site : http://arquitectosartesanos.org/ site/)) Barrio de Xochimilco, Oaxaca. 2005
“Eau et lumière nous ont données la nuit des temps” Juan José Santibáñez La bibliothèque infantile nait comme une des propositions de la part de la fondation Alfredo Harp Helu dont la tâche permanente est d’encourager la lecture, spécialement des enfants. Elle se situe dans le quartier de Xochimilco de la ville de Oaxaca, la BS est un espace qui s’ouvre à la lumière, avec respect pour la nature et la protection de l’eau comme un synonyme d’amour et de vie. Le site du projet fut autrefois un verger de pruniers, implanté au coeur de l’ancien quartier. Les demandes de sa gérante, la Doctora Maria Isabel Grañén Porrúa, en son double rôle de mère et présidente de la FAHHO, furent de ne pas couper un seul arbre du terrain et tracer avec l’édifice la lettre “S”, de Santiago, son fils. Les ombres des branches qui serpentent sur le terrain à la recherche de l’énergie du sol rappellent à l’architecte Juan José Santibáñez la force de la lumière, sa douce et féminine ondulation. Ce fut le point de départ de la construction de l’édifice, qui s’étend en imitant le mouvement d’un fleuve de part les courbes du terrain. En plan, la figure du “S” dessine le corps d’une mère qui accueille les salles de lecture; ses murs chaulés ont une superficie lisse, comme une peau féminine qui enlasse le toucher et la vue. Dans tous les espaces de la bibliothèque apparaissent des symboles qui invitent à la reflexion et permettent de profiter de l’eau et la lumière. La façade fut construite avec des “Piedra de Agua”, un type de pierre caractéristique du village de Tamazulapan, Oaxaca, appelé ainsi car l’eau en est son artisan. Dans le vestibule une fontaine circulaire jaillit de la toiture jusqu’au sol en signe de bienvenue. Dans le fond sur le mur, un légende :”L’amour c’est l’eau”. Subtilement, se découvre d’autres phrases écrites en blanc dans le jardin : “L’eau c’est le sang du monde”. Une autre fontaine, dessinée avec le Maestro Francisco Toledo, alimente un ruisseau qui passe par les terrasses du patio, ondule avec la pente naturelle de la terre. Un patio arrière franchit l’auditorium de terre rénové, avec un corridor de colonnes fontaine qui récupèrent l’eau de pluie et la conduisent à une citerne. La sensation qui se dégage de cet espace est sereine et vivante, la simplicité des matériaux locaux qui la forme et l’atmosphère en même temps éthérée et terrestre, accueille les enfants comme les adultes. L’espace invite à s’aventurer dans ses salles de lecture, ses jardins, ses secrets. Il possède la beauté d’une construction intemporelle. La bibliothèque infantile est, pour n’importe quel spectateur, un lieu difficile à oublier.” Projet structurel : Ing. Sergio Ramírez Ferronerie : Germán Santos Menuiserie : Ignacio Sánchez Martínez Carreaux artisanaux : Alejandro Gutiérrez Dessins plafond : Niños Artistes : Fresque de céramique : José Luis García + Demian Flores. Stèle : Adan Paredes Fenêtre de verre soufflé : Christian Tornton Fontaine grenouille : Francisco Toledo Lampe croissant de lune : Margorie Thebault
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S
Visite de chantier
Intime
E
O Semi public
N
Les architectes de l’atelier ont pour associés de nombeux artisans : peintres, tailleurs de pierre, designer. Nous sommes allés visiter un projet sur lequel les artisans travaillent depuis maintenant deux ans main dans la main avec Juan José et les clients. Le projet est une maison de luxe située dans le village de Tlalixtac (situé dans la continuité de la ville de Oaxaca). La maison a été entièrement construite en terre, mélangée à certains endroits avec de la brique et de l’acier pour soutenir la toiture. Le plan est simple, il consiste en un axe orienté est/ouest de façon à ce que les espaces intimes soient côté sud et les espaces semi public côté nord. Un arbre imposant planté par la famille de la cliente il y a des années empêche le soleil de passer dans les chambres. Au lieu de le couper, ils ont décidé de le travailler comme un bonzaï qui lors de sa croissance recouvrira l’espace du jardin menant à l’entrée, à l’instar d’une toiture végétalisée. La contrainte a été transformé en un élément clé de la maison. Depuis l’extérieur on observe des bouts de bois dépassant de la partie haute du mur, l’architecte m’apprend que ceux-ci proviennent du village d’à côté et soutiendront des plantes grimpantes. La toiture quant à elle suit le principe constructif de losa ceramica o catalana (poutres ceramiques ou catalane) qui permet de désolidariser chaque pièce de la maison. Ainsi, lors des tremblements de terre le toit ne se brise pas. On rentre ensuite dans la maison, l’espace est haut et profond. Une installation, lieu de recueillement se situe à la fin. C’est un espace en forme de tube, surélevé de quelques centimètres et peint de trois couleurs de jaune différents, au fond de celui-ci un mur rouge donne à l’espace un style à la Barragan. Les espaces intimes sont déservis par une installation, autre espace de méditation mêlant les couleurs de la femme (rouge) et de l’homme (bleu) représentant également la terre et ses éléments. Des pierres taillées et surélevées de deux centimètres une fois assemblées forment un arbre et permettent de passer au centre de l’espace, au-dessus de l’eau. L’architecte travaille également de façon artistique les murs de la maison, la partie haute de la cheminée a été peinte avec différents pigments de façon abstraite alors que l’entrée de l’espace de méditation fait penser à un ciel.
Mur ++ jaune Mur + jaune Mur jaune Mur rouge
Photographies : Gabriella Perez
Peinture du mur de l’espace desservant les espaces intimes
On peut observer la désolidération des espaces ainsi que les détails minutieux des espaces
Façade de la maison
J2 Sculpture ... J5 Il y a des années est venu s’installer un designer Suisse à Oaxaca. N’ayant plus d’argent il commença à jouer avec des feuilles, les associant entre elles. Il se rend alors compte du potentiel de ces assemblages et crée toute une série d’appliques pour des lampes, de tailles variables. Aujourd’hui ces oeuvres sont observable dans tout Oaxaca. L’architecte en possède une, cadeau de l’arstiste. Il me confie la tâche de créer un socle en argile. L’idée est donc d’assembler trois faces de tailles plus au moins égales afin de donner une forme organique à l’objet. Le fait de les assembler ainsi permettra par la suite de venir ouvrir légèrement les angles. Plusieurs couches d’argile sont appliquées afin d’obtenir un objet complétement lisse. Cependant, les angles se fissurent régulièrement à cause de l’humidité ou de couches trop fines. L’objet une fois totalement sec sera cuit et prendra sa couleur définitive. Le système électrique et l’applique seront installés. Un autre objet m’a été confié, une tuile en terre cuite devant être percée puis utilisée comme cache au système de ventilation.
Tuile perforée
Etapes dӎvolution du socle
1
2
3 Lampes de l’artiste dans un restaurant
J6 Fin de semaine ... J7 Hierve el agua. Sources d’eau perdues au milieu des montagnes.
Hierve el agua
Situation du terrain : Heroica ciudad de Huajuapan de Leon
Plan : Mario Ledezma
Maison des rĂŠsidents Parc et mairie Maison Reforma 15
Maison Madero 13
Maison Morelos 66
MusĂŠe MureH
Total de 7 maisons
J8 “Programa de apoyo inmediato a las afectaciones del sismo ... J56 en Oaxaca” (programme
Huajuapan
d’appui immédiat aux dégâts du séisme)
L’atelier dirige de nombreux projets dont deux dans la ville native de J.J. Ici le tremblement de terre a détruit de nombreuses maisons ainsi que le musée de la ville. Un projet entre dans le programme de “La Casa de Chiname”, programme social de l’atelier et l’autre consiste en la réparation du musée de Huajuapan. La fondation Harp Helu, a pour objectif de restaurer le patrimoine vertaculaire de Oaxaca. Son principe d’action consiste à offrir aux familles acceptant le programme tout le matériel nécessaire à la réhabilitation. En contre partie, ils demandent aux personnes de payer la main d’oeuvre ou d’actuer en tant que main d’oeuvre. La fondation fait donc appel aux architectes de l’atelier Arquitectos Artesanos pour l’aider avec les maisons en terre de Huajuapan. En effet, les maisons vernaculaires de ce lieu sont fabriquées ainsi : un sol de terre compact ou une dalle, une base de 0 à 20cm de pierres puis des murs allant de 20 à 60cm d’épaisseur en fonction de la hauteur, dans lesquels viennent s’encastrer ou se poser une armature constituée de poutres en bois recouvertes d’une sorte de bambou puis de tuiles liées entre elles par un mélange de terre et de sable. Les angles sont parfois consolidés par des briques en terre lorsque les murs sont hauts. Lors du tremblement de terre du 19 septembre 2017, ces maisons furent principalement touchées au niveau des angles et de la toiture. Ce que propose l’atelier est de mettre en place dans l’angle une pièce de béton en forme de T ou de L. Quant à la toiture il faut l’enlever et mettre en place une pièce de béton sur tout le périmètre, la chaine. Vient ensuite s’ajouter l’armature en bois. Ces maisons sont très résistantes, certaines ont maintenant plus de deux siècles. On observe que la plupart des dommages sont soit dus à une mauvaise construction (pas de fondation, mauvais raccords) soit à un non entretien des matériaux. Deux architectes s’occupent de ce projet. Premièrement ils doivent se rendre dans toutes les maisons afin de voir quels ont été les dommages subis. De plus, lors du tremblement de terre des années 80, le gouvernement a conseillé aux habitants de consolider ces maisons par diverses pièces de béton. Au jour d’aujourd’hui elles ne sont donc plus considérées comme habitations vernaculaires et ne peuvent bénéficier de l’aide de la fondation. Les architectes s’assurent donc qu’elles n’ont pas subi de modifications. Ensuite, ils exposent aux familles ce que la fondation propose, l’aide qu’il est possible d’avoir. Ils sont alors confrontés à deux situations : les personnes n’ont plus confiance en la construction vernaculaire et préfèrent détruire la maison pour en reconstruire une en béton ou elles n’ont pas les moyens de payer la main d’oeuvre. Dans le deuxième cas, la maison est tout de même retenue et des solutions adaptées à chaque situation seront adoptées. Une fois la repertoriation effectuée, nous nous sommes consacrés à la prise de mesure des maisons afin de pouvoir dessiner les plans et coupes sur Autocad. Ainsi, on peut quantifier les matériaux nécessaires à la rénovation ainsi que son coût. Les familles sont alors prévenues et se mettent à la recherche de la main d’oeuvre, los maestros (maestro : maçon qui a le savoir faire et l’enseigne au reste de son équipe). Les matériaux et outils sont commandés et stockés. Il faut le marquer pour éviter toute confusion. A la fin des travaux, les outils encore utilisables sont récupérés par la fondation ou offerts aux ouvriers.
Observation des dommages au niveau du bois de la toiture ainsi qu’au niveau de l’assemblage poutre/mur
Marquage des matériaux et stockage de ceux-ci dans chaque maison
Lorsque les familles acceptent l’aide de la fondation elles doivent fournir une certaine quantité de papiers : justification de domicile, factures d’eau, d’électricité, de gaz,... La maison ci- dessous est nommée maison Reforma 15, elle a été divisée il y a trois générations en trois parties. A l’heure d’aujourd’hui le principal conflit consiste à savoir à qui appartiennent réellement les parties. Un procès est en cours.
Ici la maison Morelos 66 s’est complétement écroulée, 40cm de décombres sont présent sur le sol. Les habitantes sont deux soeurs d’une soixantaine d’années vivant économiquement au jour le jour. Dans ce cas, la fondation apporte son soutien total pour la reconstruction.
Ces maisons étaient antérieurement très grandes et avec différents patios. Au fil des générations elles ont été divisés au sein des familles. Cependant, nous avons découvert une maison qui conserve son terrain initial. Elle possède un grand patio et un jardin. Les pièces principales ont une hauteur sous plafond d’environ 4 mètres. Certaines peintures sont originales. Les modifications qui ont été faites sont l’ajout de pièces tels qu’une salle de bain et un espace de stockage en béton. Les ouvertures reliant les chambres ont été comblées par du béton. Certaines toitures ont été remplacées par des toles métalliques. Une partie de la maison a été abimée lors du tremblement de terre de années 80 et des piliers en béton ont été installés. De part le grand potentiel de la maison il nous est venu l’idée d’un projet pédagogique sensibilisant la population à l’architecture vernaculaire et plus encore à son patrimoine. Nous sommes en train de le dessiner et espérons avoir le soutien de la fondation ainsi que celui de la famille. Cependant, les travaux évoluant, nous comprenons qu’il sera difficile de mettre en place un tel projet. En effet, la famille porte énormément d’affection à la maison. De plus, les générations futures ne sont pas toutes d’accord sur l’avenir du terrain, nous abandonnons le projet. En fond de parcelle, un promoteur propose la construction d’un ensemble d’appartement, espérons que la famille ne cédera pas...
Lorsque mon stage s’est terminé, nous étions en train de travailler sur la maison madero 13. La toiture a été complétement enlevée, les matériaux pouvant être réutilisés comme les tuiles et le bois ont été stoqué. La première tache des albaniles a été de renforcer les angles avec les pièces en béton évoquées précédemment puis l’installation de la chaine sur toute la périphérie de la maison. Il a également fallu reconstituer les piliers qui s’étaient écroulés. Ils n’ont pas étaient reproduis comme les anciens par volonté. Par la suite, les poutres qui supporteront la future toiture sont installées.
Photographies : Julian Gonzalez
J16 Hajuapan de León, le musée MureH ... J56
Huajuapan
Lorsque je suis arrivée à Huajuapan, les travaux du musée n’avaient pas commencé à cause d’un problème de corruption. En effet, l’atelier ne gère pas directement l’argent de la fondation. Celui-ci a été remis au municipio (équivalent de la mairie). D’habitude, lors de projets publics les différents acteurs signent les autorisations permettant l’avancée du projet et gardent une partie de l’argent pour eux. Cependant, dans ce cas l’argent donné par la fondation ne peut pas être divisé, il doit être remis à part entière. La tactique du municipio été donc de retarder le plus possible les autorisations permettant l’initiation du chantier dans l’espoir qu’il leur soit accordé une certaine quantité d’argent pour l’accélération du processus... Ce ne fut cependant pas le cas et une quinzaine de jours plus tard le chantier a commencé. Liste des différentes étapes du projet grâce aux comptes rendus de l’architecte Mayra Pimentel Vazquez : 23 janvier : - les tuiles de la salle d’exposition situées entre les axes 13- 14 et A-J sont retirées - démolition des parties abimées de la toiture - sélection et entreposage des tuiles en bon état 24 janvier : - les tuiles de la salle d’exposition situées entre les axes 13- 6 et H-J sont retirées - réception de matériaux dans le “trascurso” de la matinée - démolition des parties abimées de la toiture - entreposage et sélection des tuiles en bon état - les débrits sont descendus jusqu’à l’entrée principale du musée 25 janvier : - réception de sable stocké au niveau de l’entrée principale - les décombres accumulés lors de la démolition des toits sont emmenés à la décharge - réception de matériaux - finalisation des travaux de démolition de la toiture dans la seconde salle d’exposition entre les axes 13-6 et H-J - les décombres sont descendus jusqu’à l’entrée principale du musée - préparation de la toiture de la salle 1 pour commencer a fixer le carton asphaltique - après le carton, les tuiles commencent à être fixées 26 janvier : - pose des tuiles de la salle 1 entre les axes 13-14 et A-J - réception de matériaux - à la fin de la journée 60% des tuiles étaient posées 27 janvier : - pose des tuiles de la salle 1 entre les axes 13-14 et A-J - entreposage et sélection des tuiles en bon état - installation des unions entre le carton asphaltique et l’imperméabilisant asphaltique Fester. - à la fin de la journée 90% des tuiles étaient posées
EB A L DE R AS
SECCIÓN Z-
CALLE NUYOO A
B
B´
E
G
G´
ESC; 1:150
I
J
A
B
B´
E
2.82
2.13
3.7
2.75
1´
2.56
ESTACIONAMIENTO
2
2.67
3.55
Z
2.13
J 3.7
3.27 4
1
0.7
1´
2.56
Z
2
ACCESO
COMERCIO
COMERCIO
3.27
2.82
3.27 4
0.7
I
15.34
2.67
3.55
1
G´
G
15.34 2.75
OFICINA
3.27
Y
3
OFICINA Y
3 3.58
3.58
4
4
PATIO
6.54
6.54 s
s
X´
X
5
X´
X
5 3.9
3.9
6
6 b
Y´
5.44
Y´
VESTÍBULO
5.44
FIBRA DE VI RECTÁNGULO
b 5.89
7
7
52.22
52.22
CUBIERTA CO RECTÁNGULO
7´ 5
5
8
8
SALA DE EXPOSICIÓN
BIBLIOTECA INFANTIL
8´ 5
5
AUDITORIO JARDÍN
9 1.05
2.68
2.54
9
SANITARIO H
20.36
20.35
SANITARIO H
VACÍO
1.05
2.68
SALA DE EXPOSICIÓN
2.54
1.49
1.49
1.4
1
10
10
0.5
5
0.5
5
0.6
1.42
2.32
1.42
0.61 1.11
11 12
SANITARIO M
1.05
2.32
SALA DE EXPOSICIÓN
2.47
0.78 0.63 0.96
11 12
3.11 2.81
3.11 2.81
0.96
SANITARIO M
1.05
10.23
BODEGA
12´ 12"
BODEGA
12"
1.42
2.46
2.09
2.09
13
13
SALA DE EXPOSICIÓN
6.04
SALA DE EXPOSICIÓN
14
SALA DE EXPOSICIÓN
6.04
14
Z´
Z´
4.64 4.53
4.64
6.16
1.7
1.96
6.76
4.53
6.16
21.18
A
C
D
F
1.96
6.76
21.18
F`
PLANTA ARQUITECTÓNICA BAJA
Plan : Mayra Pimentel Vazquez
1.7
H
J
A
C
D
D´
F
F`
PLANTA ARQUITECTÓNICA ALTA
H
J
29 janvier : - fin de la pose des tuiles sur une partie du toit - les tuiles entre les axes 7-13 et A-D sont enlevées, sélection des tuiles en bon état et évacuation des décombres par la porte prinicpale - une fois les tuiles enlevées, on se rend compte que certains bambous sont abimés, il est donc décidé démolir toute la toiture pour les changer 30 janvier : - retirer les tuiles qui couvrent la partie principale, en continuant le stockage des tuiles en bon état. Installation d’un tube en PVC dans lequel les décombres tombent jusqu’à la rue - révision des tuiles dans la zone du patio couvert. Remise en place de quelques tuiles qui avaient bougées et recollage de pièce de murs qui s’étaient décollées 31 janvier : - après révision, la décision est prise de détruire la toiture de la salle localisée entre les axes 7-9 et A-D. - pose du carton asphaltique, de l’imperméabilisant et des tuiles de la toiture située entre les axes 9-12 et A-D - certains bambous étant endommagés la décision est prise de les rétirer et de poser un renfort de barres pour cette partie, recouverte ensuite par un mélange pour les protéger de l’humidité 1er février : - fin de la pose des tuiles entre les axes 9-12 et A-D. Certaines retouches sont faites là où le carton et le bambou avaient été abimés - protection de la fresque au niveau de l’entrée principale. Les décombres situés dans l’entrée sont en partie retirés 2 février : - à la fin des travaux de démolition, révision des toitures entre les axes 6-7 et A-J qui ont des bambous abimés, il est décidé de les démolir et d’installer de nouveaux bambous 3 février : - démolition des toitures qui donnent sur le patio intérieur. Récupération des tuiles et évacuation des décombres par la porte principale 5 février : - suite des travaux de démolition - installation d’un tube de PVC pour faire descendre les décombres plus facilement (partie dangereuse) 6 février : - évacuation des derniers décombres et nettoyage des zones où les travaux de démolition sont terminés - révision des toitures pour s’assurer que le bambou est en bon état (90% de la zone en bon état) 7 février : - suite de l’évacuation des décombres et nettoyage des salles 8 février : - lors du réagencement et du collage des briques du mur de l’axe 5 dans le patio intérieur, ont été découvertes les lames de bois de cette toiture et on s’est rendu compte que le mur s’était en partie effondré à l’intérieur. Nous avons fait une révision plus détallée et on a décidé de sortir tous les décombres de façon préventive afin de voir s’il est plus facile de remettre le plomb du mur - inspection du mur de l’axe 5 en cherchant à sortir les décombres. Finalement, on a pu en sortir une partie mais l’épaisseur de la liaison complique les manoeuvres
9 février : - démolition de la jalousie abimée située au premier niveau qui sera par la suite remplacée. Sélection des briques réutilisables - improvision dans la pose de baches sur les toitures afin de protéger les salles situées en-dessous , oeuvre du musée et matériaux (venue de pluies fortes) 10 février : - finalement démolition du mur situé dans le patio intérieur pour sortir totalement les décombres qui se trouvaient à l’intérieur - destruction du mur à l’intérieur de l’auditorium pour sortir les décombres piégés à l’intérieur 12 février : - réparation des fissures avec un mélange de béton - remplissage des trous sous les tuiles - utilisation de diesel pour protéger le bois 13 février : - soudage des armatures 14 février : - pose des armatures dans les salles 15 février : - réception du bambou à 5h du matin - préparation des toits pour la pose des poutres en bois sur lesquelles va être poser le bambou 16 février : - initiation et fin de la pose du bambou 17 février : - coulage d’une chaine en béton pour supporter le bambou et les tuiles - début de la pose du carton asphaltique et des tuiles 19 février : - colocation de barres pour le bambou - installation du bambou fixé avec des clous - installation des tuiles - évacuation des décombres - nettoyage du bambou - fin de la pose du bambou 20 février : - pose de la chaine en béton qui sert de support au bambou - pose des tuiles du toit du couloir 21 février : - sont enlevés les anciens bambous pour poser le nouveau - descente des décombres - pose du bois protégé 22 février : - protection des travailleurs avec un harnais - pose du bambou au-dessus de l’entrée principale 23 février : - suite de la pose du bambou - nettoyage du bambou
J20 Fin de semana ... J21
Tamazulapan
Weekend à Tamazulapan, village dans lequel persistent de nombreuses maisons en adobe mais également en pierre grâce à la présence de carrières. De l’une de ces carrière est extraite une pierre rose, utilisée par exemple pour la construction du municipio, kiosque et parc. Une oeuvre de théâtre est présentée : “entre el poder y la tragedia” mettant en scène la mort du personnage historique Atonaltzin et de sa femme.
J22
Meeting Marichuy Huajuapan
María de Jesús Patricio est une indigène de l’éthnie náhuatl, c’est un médecin traditionnel qui a une longue liste d’engagements pour la lutte des villages “originaires” de Mexico. C’est une femme chaleureuse et intelligente, ses connaissances et amis l’appellent “Marichuy”. La candidate indigène et sa caravane furent accueilli par la bande juvénile de femmes et la première présidente municipale de Tamazulapan del Espiritu Santo, Rosalina Núñez, qui président le programme politique culturel où se présentent les danses traditionnelles comme la Danza del Aguila de Santa Maria Tepantlali Mixe. “Seulement organisés nous réussirons à ce qu’ils respectent notre langue, nos vêtements et forme de prendre des décisions. Qu’ils n’apportent pas d’aumones déguisées pour gagner notre confiance et que nous nous retournions contre nos propres communautés”, a-t-elle déclaré. De visite au municipio de Huajuapan, premier point de sa tournée pour l’état de Oaxaca, Marichuy, assure qu’elle s’oppose “aux abats, morts et disparitions, il faut que nous nous organisions et que nous élevions la voix. Ceux d’en bas doivent être forts et ceux d’en haut tomberont seuls”. La candidate indigène à la présidence de la République t un appel à l’articulation des communautés au-delà des élections du 1 juin, pour lutter contre la dépouille des terres pour la construction de mégaprojets à Huajuapan. https://www.youtube.com/watch?v=xDtR2hHX8TM&feature=youtu.be https://www.youtube.com/watch?v=VcpzajZKrA4 http://www.proceso.com.mx/520722/la-lucha-de-los-pueblos-indigenas-no-es-para2018-esta-lucha-va-tardar-mucho-marichuy
“El pueblo unido, jamas sera vencido�
Situation du terrain : Mariscala
Plan : Mario Ledezma
Maison des rĂŠsidents Parc et mairie
Maison de la paroisse Mariscala : Maison de Luis Garcia
Tiuxe : Maison Ignacia Maison Hnas. Fausta y Felipa Maison LidiaJua Maison Juan Zurita
Total de 7 maisons
J23 Mariscala ... J27
Mariscala
Mariscala est un village situé à 90min de Huajuapan. A l’égal du programme d’appui immédiat aux dégâts du séisme à Oaxaca de Huajuapan, trois architectes sont chargés de répertorier une trentaine de maisons vernacualires afin d’y apporter les réparations adéquates. Mariscala est composée de la “cabeza municipal” littéralement la tête municipale et de ”agencias municipales” agences municapeles : un centre principal et des urbanités plus éloignées et petites. Dans une des agences, Tiuxi, de nombreuses maisons sont abimées. Seulement après le tremblement de terre des années 80, les programmes gouvernementaux conseillant la construction de pilliers et d’une chaine en béton pour consolider les maisons ont été appliqués à la lettre. Beaucoup de maisons ne rentrent donc pas dans le programme. Cependant, les terrains sur lesquels ceux-ci sont construites sont très amples (ex : une famille qui possède un terrain de 30x30 mètres non utilisés). Dans ces cas, il est proposé aux familles de reconstruire totalement l’habitation en réutilisant les matériaux qui ne sont pas trop endommagés. En effet, il est très couteux d’enlever les piliers et la chaine en béton. Dans le cas d’une reconstruction totale, différents prototypes de maisons ont été pensés et proposés à la fondation avant le lancement du projet. Ceux-ci sont respectueux des principes de l’architecture vernaculaire : économique et adaptable aux occupations de l’espace selon les habitudes des familles. Par exemple, certaines ne veulent pas des toilettes à l’intérieur de la maison ou encore d’autres ne veulent pas de cuisine intérieure car habitués à échanger avec les voisins. L’une des maisons que nous avons visité n’est plus viable, ses habitants ont donc construit un abri fonctionnel composé des bambous usuellement utilisés pour les toitures mais qui a la verticale révèle de nombreuses qualités architecturale (ambiance, lumière). Point faible : très pratique en été mais invivable en hiver de part sa fraicheur. Il leur est proposé de reconstruire une nouvelle maison tout en conservant l’idée de l’utilisation de bambous verticaux; pour des séparations ou des modules supplémentaire par exemple. Ainsi l’essence de l’espace et de ses habitants est conservé. Lorsque nous rencontrons la présidente de Mariscala nous sommes de nouveau confrontés à un dilemme. En effet, selon elle les personnes devant bénéficier de l’aide du programme sont celles dont les revenus sont les plus faibles. Ce principe est tout à fait honorable mais constradictoire dans le sens où le but premier de cette démarche est d’honorer ses promesses electorales. De plus, il est difficile de faire comprendre la notion patrimoniale, objectif premier de la fondation qui consiste en la rénovation des maisons centenaires dont les propriétaires, malgrès les apparences n’ont pas non plus les fonds pour les entretenir.
Prototype proposé par l’atelier
Terrain d’une trentaine de mètres carrés situé derrière la maison de la senora Ignacia. Observation des piliers et de la chaine en béton à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitation
Maison construite temporairement après le séisme
Don José s’est chargé de la production d’adobe sur l’un de ses terrains. Ceux-ci seront utilisés pour la reconstruction de maisons. Il a fabriqué pas moins de 2000 adobes grâce au savoir faire qu’il conserve. En voyant l’énergie et le travail que nécessite de tels productions nous est venue l’idée de créer une banque de matériaux où les habitants ne voulant pas conserver leurs maisons pourraient venir y déposer adobes, tuiles,... contre quelques pesos.
Photographies : arq. de Mariscala
Les dommages sont présents au niveau des angles. La toiture va être changée et les angles consolidés une fois le maïs égrainé.
La maison de la paroisse étant très endommagée, les maçons du village se relaient pour les répartitions. En échange, des repas du matin et de l’après midi. La quantité de bambous pour la toiture n’étant pas (environ 260 m2 à couvrir) suffisante dans la région, des plaques de bois seront posées.
Situation du terrain : Tezoatlan de Segura y Luna
Plan : Mario Ledezma
Maison des rĂŠsidents Parc et mairie Maison Amancio
Maison Tala Total de 2 maisons
J26 Fin de semaine ... J28
Tezoatlan
Visite du village de Tezoatlan dans lequel le programme d’aide immédiate aux dégâts du séisme est appliqué pour 2 maisons. Ici les habitants essaient de conserver le plus possible le vernaculaire. De nombreuses maisons en pierres ont été conservées, une partie des routes sont encore pavées et on trouve encore quelques maisons dont la toiture n’est pas faite de bambous mais du coeur des cactus, plus résistant encore ! On remarque cependant l’influence de l’immigration américaine avec la construction de maisons style californien au milieu du village. Ce week end avait lieu la fête du quartier. Pendant trois jours les femmes cuisinent tortillas, tacos, viandes... pour les personnes aidant aux préparatifs puis le dimanche pour tous les habitants du quartier (répartition des tâches homme/femme encore très marquée). Le vendredi soir des banderoles sont accrochées dans les rues. Un orchestre rythme les préparatifs durant tout le week end. Le samedi soir, après la messe et avant l’ouverture du bal, des torros en papier machés bourrés d’explosifs prennent vie, portés par des enfants. Le dimanche matin, une procession met en scène les habitants, des danseurs endiablés (el balle de los diablos, la danse du diable), des chevaux faisant quelques tours, l’orchestre toujours présent et des sortes de petits feux d’artifices tirés régulièrement. La joyeuse troupe accompagne tout le repas de l’après midi. Vers 3 heures, des jeux sont organisés avec des torros, l’animal n’est pas tué.
Photographies : Angel CL
J47 Maison Amancio ... J56
Tezoatlan
La maison a été abandonnée durant une trentaine d’années. Elle a cependant résisté aux intempéries et deux amants de l’adobe, tout droit arrivés de CRAterre se sont vu confier sa réhabilitation. Avant eux des volontaires ont participé à la fabrication de nouveaux adobes pour consolider les murs. Il fallait maintenant en re fabriquer pour un module extérieur qui servira de toilettes et deux piliers qui viendront soutenir la toiture du patio. Des tests sont effectués avec la terre allant servir à l’égalisation des mlurs, enduits extérieurs et si convainquant intérieure.
Le mélange est déterminant quant à la longévité de l’adobe, on essaie alors diverses “recettes” :
4 pots de terre sèche : le toucher nous permet de nous familiariser avec cette terre 4 pots de terre sèche + 0,5 pot d’eau : humide, lâché au niveau de la taille, décomposition en 2-3 morceaux 4 pots de terre sèche + 1 pot d’eau : plastique, lâché au niveau de la taille, reste en une boule compacte, la “recette” est convainquante 4 pots de terre sèche + 2 pots d’eau : liquide, impossible à former
J56
Atelier “enjares” Tezoatlan
Organisation d’un atelier ouvert au public pour sensibilisation à l’utilisation et utilité de la terre.
Quelques points importants : - l’eau remonte dans les murs, il est donc important de laisser respirer le mur (recouvrement avec peintures, béton, etc opact sur les murs et sol provoque la liquidité de la terre et donc l’endommagement des murs pouvant aller jusqu’à leur effondrement). - comme tout matériau, la terre bouge, le fait d’appliquer une matière autre provoque une certaine rigidité de l’ensemble et est à l’origine de fissures et autres désagréments. - l’hygrothermie idéale pour l’homme dans un bâtiment est de 30/60, avec la terre, l’hygrothermie est comprise entre 30 et 50. - l’adobe se compose des éléments (terre, eau et air) ainsi que de pierres, sables, et slits. Les oxydes de fer, etc donnent la couleur à la terre. - pour recouvrir un mur et avoir un aspect final esthétique il est nécessaire d’appliquer deux couches. La première permet de boucher les trous et donc d’aplanir la surface. La seconde, en fonction du mélange réalisé donne la couleur au mur. Lors de l’atelier l’aspect final est comparable à une surface en liège. Pour choisir l’aspect final de l’enjare, des tests sont effectués sur l’un des murs. il s’agit de jouer avec la quantité de terre, fibres et sable pour finalement arriver à un résultat sans fissures. Au contraire pour la première couche, la seule condition à laquelle doit répondre le mélange est celle de bien colller et rester dure. Il est meilleur que cette couche produise de nombreuses fissures, permettant ainsi à la couche finale de bien tenir en place. Tableau test :
0P
1/2 P
1P
2P
3P
0A 1/2A 1A 2A 1 portion de terre volume d’eau dépendant du ressenti au touché P : fibres contenues dans les excréments d’âne A : sable
L’atelier fut une réussite, les explications simples et claires furent enregistrées par chacun. Un autre atelier aura lieu trois jours plus tard pour cette fois-ci transmettre ce savoir aux artisans de Huajuapan et de Tezoatlan.
Mise en pratique, pose de la première couche 1ère photo montrant le résultat final ainsi qu’une frise réalisée avec un mélange d’une autre couleur
J47 Maison Tala ... J56
Tezoatlan
Doña Tala est une dame vivant seule, elle vend tous les jours des légumes et des fruits au marché. Elle vit dans une maison qui depuis 10ans prend l’eau lors des averses. Elle a donc eu l’opportunité de rentrer dans le programme. Début mars, sa toiture a été démontée, les tuiles lavées et le bois traité. Seulement, l’une des conditions donnée était que les travaux soient effectués avant ou après la feria annuelle de Tezoatlan qui dure environ deux semaines. Par manque d’organisation, les travaux eurent lieu exactement à ce moment. Un jour, la señora vient à notre rencontre en pleurs, nous expliquant qu’à trois heures du matin, la personne chez qui elle était logée temporairement l’a mise dehors. A plus ou moins 70ans, elle a donc passé la nuit sur le trottoir et s’appretait à passer la suivante dans ses toilettes extérieures, seul espace couvert de sa maison en chantier. Or, avant le commencement des travaux il lui avait été promis qu’un logement dans un hotel du village lui serait trouvé, étant donné la complexité de ses relations familiales. La zone dans laquelle j’ai passé la majeure partie de mon stage (Huajuapan/Tezoatlan/Mariscala) dépend d’un architecte en chef. Celui-ci clairement désorganisé n’accomplit pas ses objectifs et remet tout retard, oubli, etc... sur les architectes l’entourant. J.J. ne peut pas se permettre de faire le trajet toutes les semaines, les retours vis à vis des chantiers sont donc uniquement transmis par cet architecte. A ces yeux les problèmes viennent des autres architectes. On note alors que dans la dizaine d’ateliers rattachés au programme de la fondation Harp, notre atelier se retrouve en dernière position. Je me permets donc de remettre en question l’organisation d’un atelier dont les valeurs et le travail sont exceptionnels mais où le manque d’organisation d’un seul architecte met en péril les activités d’une dizaine d’autres. Il me tient à coeur de parler de cette expérience car plus qu’une question statistique, création de conflits au sein de l’agence même, elle touche directement des personnes qui en acceptant l’aide du programme, se retrouvent avec une multitude de problèmes en plus.
Mise en place de la couverture le lendemain de l’incident pour que Doña Tala puisse s’abriter
J52
Marche pour le “señor de la capilla” Tezoatlan
Marche de nuit annuelle d’environ 6h, de Huajuapan jusqu’à Tezoatlan. Ainsi les gens se nettoient de leurs pêchers en offrant les efforts de la marche au saint du village, le señor de la capilla.
Photographies : Nestor Hernandez
J29 Pluma Hidalgo ... J36 Pluma Hidalgo
Pluma Hidalgo est un village situé entre Oaxaca et la côte. Il est reconnu pour sa production de café. C’est un chantier très cher car les infrastructures sont à créer, il faut emmener l’eau et l’électricité ,ainsi que tous les matériaux afin de créer un lieu auto suffisant. Le terrain se situe au milieu de la forêt tropicale, la première étape a été de répertorier tous les arbres afin de positionner les cabanes et services sans endommager aucun arbre. L’objectif des propriétaires , qui n’ont pas moins de 40 ans d’expérience dans la production de café est d’attendre que les plans de café grandissent pour ensuite ouvrir le lieu au public avec l’idée de le sensibiliser à cette culture traditionnelle. Des chemins sont crées (en bleu et brun sur le plan) pour donner l’opportunité de se balader et de décrouvrir le site. Le bambou permet d’empêcher les éboulements de terre. Les sentiers sont ensuite recouverts de brique pour un aspect pratique et esthètique, le rouge contrastant harmonieusement avec la végétation environnante. Le réservoir d’eau situé sur le point le plus haut du terrain est reconstitué à la façon des anciens réservoirs d’eau de la région. Sur ce projet j’ai été chargée de la modélisation du bâtiment d’acceuil, l’idée étant de venir excaver un certain volume de terre, puis de compresser les contours afin qu’ils forment les murs. L’architecte en charge avait dessiné une forme très compliquée qui aurait été conflictuelle au moment de la construction et plus encore lors de l’installation de la toiture. Nous sommes donc revenus à une forme rectangulaire. La question étant de dessiner une structure simple mais qui supporterait les vents et pluies de la région. Il fallait également prendre en compte la fermeture complète du bâtiment afin d’empêcher l’entrée d’insectes et animaux.
Plan du site avec les cabanes et l’espace d’accueil
Armature proposée, différentes propositions de toiture puis modélisation du modèle retenu
Maquette et modÊlisation des cabanes Photos de l’avancement des cabanes, armature en bois
Conclusions L’atelier d’architecture Arquitectos Artesanos est situé au 819 de la rue Garcia Vigil dans la ville de Oaxaca depuis une vingtaine d’années. Leur travail est principalement consacré à l’architecture en terre (adobe), typique de la région et dont le savoir-faire est en train de disparaitre. Régulièrement ils organisent des ateliers de sensibilisation dans les écoles ou dans la ville, ouverts à tous. Ils travaillent également pour des particuliers, les commandes allant de bâtiments publiques (bibliothèque, université), à des bâtiments privés, des hôtels par exemple. Pour les commandes sociales ils sont appuyés financièrement par la fondation Alfredo Harp Helu. Alfredo Harp Helu est un homme d’affaire mexicain, ancien propriétaire de Banamex (puissante banque mexicaine) qui en 2011 est considéré comme l’une des personnes les plus riches au monde. Son épouse est lui-même sont passionnés par Oaxaca et le sport. Ils décident donc d’aider financièrement cette région, qui aujourd’hui encore est l’une des plus pauvres au Mexique et où le taux d’analphabétisation est très élevé. Depuis 1990, ils soutiennent différents projets dans l’éducation, le sport, la conservation et culture. Lorsque nous avons travaillés avec eux dans le contexte de la reconstruction des maisons en adobe, effondrées après le séisme de septembre 2017. La fondation propose de financer l’intégralité des matériaux nécessaires à la reconstruction en échange de la main d’œuvre financée elle par les familles, propriétaires des maisons. Ce système d’échange fonctionne très bien, on m’a souvent commenté que des projets sociaux dans lesquels les habitants se font tout offrir n’apporte rien. Une participation active des habitants est au contraire plus bénéfique car met en place un sentiment d’appropriation du projet et de revalorisation personnelle. Ainsi financé, l’atelier d’architecture a donc, lorsque j’y ai travaillé, un projet dans la zone de Huajuapan, Mariscala, Tezoatlan, un projet dans la zone Mixe, un autre sur la côte, à Pluma Hidalgo et Mazunte ainsi que différents projets privés dans la ville de Oaxaca. Le travail de l’agence est divisé par équipes en fonction de la zone géographique et du projet. L’architecte Juan José Santibañez qui est à la tête de l’agence travaille la majorité du temps dans l’atelier, il se rend dans les villages seulement une fois par mois pour y tenir des réunions et voir l’avancé des travaux. Dans l’agence deux architectes sont en charge de la modélisation et du tracé des projets. Une architecte se charge du mobilier et des commandes des matériaux. Deux architectes sont en charge du budget et contrôle pour les projets attenants à la ville de Oaxaca. Un stagiaire reste à l’agence pour épauler l’une des équipes lorsque c’est nécessaire et une personne sert de secrétaire à Juan José. Un architecte est en tête du projet sur la côte de Oaxaca, il y va chaque semaine et gère l’équipe sur place. Une architecte s’occupe de la zone Mixe mais ne s’y déplace pas. L’équipe qui est présente là-bas est formée de 5 architectes et communique grâce à des rendez-vous Skype organisés chaque jour. La zone de Huajuapan, Mariscala et Tezoatlan est encadré par un architecte qui coordonne les différents projets et équipes, chaque décision passe par lui. A Huajuapan, deux projets sont lancés. Celui de la réparation du musée le MureH, géré par une architecte ainsi que le projet de reconstruction des maisons en adobe organisé par deux architectes. Ensuite, deux stagiaires sont présents à Tezoatlan et en charge du projet de reconstruction des maisons en adobe. A Mariscala, trois architectes sont en charge du projet de reconstruction des maisons en adobe.
J’ai choisi de travailler mon mémoire dans la zone de Oaxaca. Il m’a donc été permis de circuler dans les différentes zones, en fonction des besoins et de l’aide que je pouvais apporter dans chaque projet. Cela m’a permis d’observer l’organisation interne de l’agence qui peut donc se résumer par le schéma ci-dessus. Pour commencer, je n’ai pas pu me rendre dans la zone Mixe mais j’ai suivi le déroulement du projet à distance. C’est une partie de Oaxaca très retirée. Le village se situe en haut d’une montagne, les habitants ont une architecture de terre compactée qui a quasiment disparue, remplacée par le béton. Ils ont leur langue et leurs coutumes, malgré un climat favorable à l’élevage et l’agriculture ni l’un ni l’autre ne sont vraiment pratiqués. On suppose que de part leur éloignement ils ont reçu de nombreuses aides gouvernementales les faisant entrer dans un schéma d’assistance, d’attente qui a provoqué un manque d’actions de leur part. Lorsque l’atelier intervient là-bas, poussé par la fondation Harp Helu ils proposent un projet réutilisant l’architecture de terre compactée. Cependant, le projet a été imaginé sans aucune analyse de terrain préliminaire. Les architectes sur place sont alors confrontés aux intempéries qui empêchent la terre de sécher. Un nouveau projet est imaginé, mêlant la terre et la brique. Cependant, la situation géographique du village rend difficile l’achèvement des briques. Finalement, une maison est construite, les habitants, d’abord septiques sont conquis et plus de familles acceptent de rentrer dans le programme. Les difficultés pour la construction de la maison type amènent cependant l’équipe à repenser complétement le projet. Tous ces changements ont alors pour conséquence un repli total des habitants, qui n’acceptent plus l’arrivée d’aucun autre architecte. Lorsque mon stage s’est terminé, l’agence avait pris beaucoup de retard vis-à-vis des attentes de la fondation et la communication avec les habitants été difficile. Je ne sais pas ce qu’il en est pour l’instant mais je pense que la non présence du coordinateur sur le terrain, l’absence d’analyse du lieu avant le lancement du projet ont poussé les architectes présents à une indépendance nécessaire quant à leurs prises de décisions. Sur la côte, l’architecte travaillant seul grâce à ces nombreux déplacements entre l’agence et le terrain lui permettent de dérouler le projet de façon positive et constante. Pour ce qui est de Huajuapan, Mariscala et Tezoatlan il a premièrement été compliqué de trouver des familles acceptant de rentrer dans le programme, à peine une dizaine. Ensuite, le coordinateur de cette zone était débordé et n’acceptait aucune aide. Il a occasionné beaucoup de retards dans les travaux du musée et dans la reconstruction des maisons. De ce fait, je pense qu’une personne peut être le porte-parole de 9 architectes mais qu’il doit leur laisser une indépendance quant à la prise de décision sur le terrain. Par exemple, l’architecte chargée de la rénovation du musée avec qui j’ai passé beaucoup de temps, organisait précisément chaque journée. Cependant, lorsque le coordinateur ne venait pas ou oubliait les commandes qui lui avaient été passées, plusieurs jours de retard étaient pris jusqu’à une certaine accumulation. Des erreurs qui avaient été signalées par l’architectes ont été ignorées jusqu’à un mois avant la fin du chantier. Lors des réunions de chantier, la fautive fut elle. Ces événements ont créé tout au long du déroulement de mon stage de nombreuses tensions au sein de l’équipe à l’encontre du coordinateur mais également entre eux. Tout cela loin des yeux du directeur qui paradoxalement ne comprenait pas d’où venaient les retards mais sans jamais remettre en question le coordinateur. C’est donc la critique la plus forte que je peux apporter vis-à-vis de cet atelier, une telle organisation provoque plus que du retard : un malaise pour les architectes et de fortes conséquences pour la vie des habitants. Pour ce qui est de mon rôle au sein de l’agence, le journal de bord tenu relate tous les événements auxquels j’ai participé. Mon travail à Oaxaca, dans l’agence m’a permis tout d’abord de visiter de nombreux chantiers et œuvre. J’ai de plus analysé la structure de l’agence, les méthodes de travail et la répartition des tâches. A Huajuapan, Mariscala et Tezoatlan j’ai participé au chantier du musée, la pose d’éléments de la toiture ainsi que la désinstallation du plancher de l’auditorium et la réflexion sur son aménagement future. Ce qui a été le plus enrichissant pour mon mémoire et de manière général pour mon apprentissage fut le programme de reconstruction des maisons. Nous avons longuement parler avec les habitants, comprenant leurs doutes mais également leurs convictions et attachement vis-à-vis de ces maisons dans lesquelles ont défilé de nombreuses générations. Chaque famille est différente, ces récits m’ont également permis de retracer une partie de l’histoire de Huajuapan de façon architecturale mais aussi de voir l’évolution des pensées de chacun. On travaillait sur les chantiers en apportant le matériel ou en aidant les artisans pendant la semaine et les weekends on continuait à vivre avec les habitants lors des fêtes régulièrement organisées. Ces moments, en plus des récits, permettaient d’observer la façon avec laquelle ils se déplaçaient dans l’espace, comment ils l’utilisaient, on voyait le parc se transformer avec
l’apparition d’une scène pour les meetings ou encore pour des représentations de danse ou de chants. Dans et autour de l’Eglise toutes sortes d’activités se déroulaient, la messe, la création des décorations pour la ville, l’installation de l’orchestre qui allait accompagner le weekend. Dans le mémoire, je parle des programmes gouvernementaux mais pour ce qui est de l’influence des modes de pensées, les Etats-Unis jouent un rôle impressionnant. Chaque personne a son anecdote, une partie de son histoire reliée à ce pays. Les maisons de Huajuapan sont pour la moitié inspirées des Etats-Unis alors qu’à Tezoatlan, où l’on sent un souhait de conservation un peu plus fort, plus rares sont les constructions de ce type. J’ai également été marquée par la capacité d’adaptation des habitants. Les familles avec qui nous avons travaillé avez des maisons inhabitables dans le sens où elles pouvaient s’écrouler à tout moment. D’un point de vue architecturale il était intéressant de rencontrer des personnes qui reconstruisent des maisons temporaires, qui installent à l’extérieur, dans le jardin ou le patio leur cuisine, le salon, une chambre. Un homme à Tezoatlan n’ayant d’autre endroit pour vivre, se logeait dans la maison endommagée où il stockait également le maïs dont la récolte lui permet de vivre. En outre, je pense que les récits et l’observation sont ce qu’il y a eu de plus riche pour l’écriture du mémoire. Pour mon travail en tant qu’architecte, il a été intéressant de travailler sur le projet de Pluma Hidalgo. La modélisation de la salle de réception en terre devait respecter de nombreuses caractéristiques, s’adapter au terrain et surtout convaincre les architectes et le client. Ensuite, dans les villages, les relevés sur le terrain et le travail d’organisation pour le suivi des chantiers sont des éléments qui vont me servir dans le futur. La conception d’adobe est également un savoir que je n’avais pas et auquel je ne m’étais jamais vraiment intéressée. Je pense que ce type de construction peut servir dans toutes sortes de milieux et pour n’importe quelle classe sociale. C’est un matériau très intéressant et apprendre à le métriser est un atout. En école d’architecture nous sommes peu confrontés aux matériaux et encore moins à la pratique. Ce stage éveille donc mon intérêt pour d’autres principes constructifs plus proche de l’artisanat qui sont selon moi nécessaire dans la pratique du métier d’architecte.