AFRICA NEWS AGENCY
Interview Dr Francis Mangeni
« LE COMMERCE A COMMENCÉ… » Dr Francis Mangeni, membre du secrétariat de la ZLECAf et par ailleurs directeur du commerce et des affaires douanières et monétaires pour les marchés d'Afrique orientale et australe, fait le point sur le processus de mise en œuvre de la ZLECAf. Un processus qui selon lui a démarré… La ZLECAf est officiellement entrée en vigueur le 1er janvier. Le défi consiste maintenant à l’adapter localement, pays par pays. Concrètement, où en sommes-nous ? Nous en sommes au point où le commerce a commencé de manière honnête depuis le 1er janvier 2021. Nous avons des preuves, en tant que secrétariat, de ce qui se passe sur le terrain : des envois sont partis du Ghana vers l’Afrique du Sud et la Guinée, de l’Égypte vers le Ghana, du Kenya vers le Ghana également. Les échanges commerciaux sont donc effectifs. Maintenant, ce qu’il faut, c’est que les pays, les gouvernements s’assurent que les parties prenantes puissent commercer plus facilement en mettant en œuvre l’accord, qu’ils fournissent des informations aux opérateurs économiques pour qu’ils sachent comment utiliser les règles et qu’ils fournissent aux opérateurs économiques des outils d’intelligence économique. Nous avons par exemple l’Observatoire du commerce africain que les gens peuvent utiliser pour identifier des opportunités de commerce et d’investissement dans d’autres pays afin de pouvoir opérer sur ces marchés.
Quels sont les défis qui retardent la mise en œuvre de la ZLECAf ?
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« Il faut que les gouvernements s'assurent que les parties prenantes puissent commercer plus facilement en mettant en œuvre l'accord, qu'ils fournissent des informations aux opérateurs économiques pour qu'ils sachent comment utiliser les règles et qu'ils fournissent aux opérateurs économiques des outils d'intelligence économique »
Je pense qu’il y a 3 ou 4 défis principaux. Le premier est celui relatif aux ressources humaines. Je pense que les gouvernements doivent avoir des bureaux avec des équipes qui maîtrisent les enjeux de coordination africaine des zones de libre-échange, en mesure de partager les informations utiles. La deuxième composante est la numérisation, c’est-à-dire le fait de disposer de l’infrastructure nécessaire pour atteindre les gens et traiter les échanges commerciaux, par exemple l’infrastructure douanière, l’automatisation des procédures douanières…. Et puis le troisième, la coordination entre les ministères et les agences gouvernementales, et entre ces derniers et le secteur privé. Ce commerce dans le cadre de la zone de libre échange couvre le commerce des biens manufacturés, le commerce des biens agricoles, les infrastructures, car nous avons besoin d’infrastructures, que ce soit dans le domaine des TIC, de l’énergie, du transport routier. Aussi, la coordination avec le département des infrastructures est importante. Et cette coordination nécessite des bureaux de normalisation. Les pays sont en train de préparer des stratégies pour utiliser ce cadre d’échange continental afin d’être prêts à exporter. Ces stratégies doivent être finalisées et mises en œuvre, ce qui signifie que les pays doivent avoir des groupes de travail techniques composés de représentants des secteurs public et privé, afin d’élaborer des stratégies couvrant les aspects financiers, l’élimination des barrières non tarifaires et d’autres choses de ce genre. Ensuite, ils devraient organiser la montée en compétences de leurs cadres supérieurs, peut-être créer des postes de secrétaires permanents, capables de donner des orientations politiques dans la mise en œuvre de ces stratégies nationales. Il y a encore beaucoup de travail à faire et tout ceci devrait être le principal défi à relever en ce moment…