ANDRÉ ANTOINE LES CAHIERS DE LA PRÉSIDENCE DU PARLEMENT DE WALLONIE
URGENCE POUR LE
COMMERCE DE
PROXIMITÉ
1
je suis un texte blanc et pierre il est pas très sympa
TABLE DES MATIÈRES L’ÉDITO............................................................................................................................................................. 4 LE COMMERCE DE PROXIMITE DANS L’IMPASSE.................................................................................................... 6 DES CENTRES HABITÉS PEU ATTRACTIFS.......................................................................................................... 8 UN GRAND COMMERCE INSUFFISAMMENT ENCADRÉ......................................................................................... 16 UN COMPORTEMENT D’ACHAT CONTRASTÉ....................................................................................................... 23 UN E-COMMERCE QUI SE DÉVELOPPE.............................................................................................................. 28 UN MÉTIER DE COMMERÇANT QUI SE COMPLEXIFIE.......................................................................................... 31
NOTRE AMBITION POUR LE COMMERCE DE PROXIMITÉ........................................................................................ 40 DE VÉRITABLES CENTRES COMMERÇANTS........................................................................................................ 42 UNE RÉGULATION DU GRAND COMMERCE........................................................................................................ 44 UNE PROMOTION DU COMMERCE LOCAL......................................................................................................... 49 UN PARTENARIAT E-COMMERCE...................................................................................................................... 51 UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE À L’INITIATIVE DE PROXIMITÉ.......................................................................... 52 Accompagnement du commerçant.............................................................................................................. 52 Amélioration du cadre légal et fiscal............................................................................................................ 54
SYNTHÈSE DE NOS PROPOSITIONS...................................................................................................................... 56
CONCLUSION..................................................................................................................................................... 60
RETROUVER CE CAHIER EN LIGNE
L’ÉDITO
L
a désertification des centres habi-
boucher qui ferme son commerce pour
tés est une réalité à laquelle nous
aller travailler dans une grande surface
sommes régulièrement confrontés.
Elle est visible au quotidien par la multipli-
Cette réalité est souvent exprimée par
cation des cellules vides ou la fermeture
les associations de commerçants, mais
des enseignes dans nos villes et villages
aussi corroborée par les chiffres. Ainsi,
de Wallonie : c’est le libraire qui fait fail-
entre 2010 et 2015, le taux de cellules
lite, le boulanger qui part à la retraite et
vides en Wallonie est passé de 14,8 %
ne trouve pas de repreneur, ou encore le
à 17 %.
4
Outre l’impact économique de ces fer-
privés. Toutefois, il est de la responsa-
metures, les difficultés du petit com-
bilité des pouvoirs publics d’organiser
merce sont lourdes de conséquences sur
une concurrence équitable, de soutenir
la vie des commerçants, qui subissent
les comportements d’achat vertueux et
directement ces ennuis financiers, com-
d’assurer la qualité de vie en centre-ville
me sur celle des citoyens. Le petit com-
et centre-village. À cette fin, il convient
merce est en effet garant d’un service et
notamment d’adapter le cadre légal aux
d’un conseil personnalisé, mais aussi por-
réalités de terrain et d’apporter le cas
teur d’un lien de confiance. Par sa proxi-
échéant un soutien technique et finan-
mité avec les noyaux habités et les petits
cier aux PME, afin qu’elles réalisent leur
producteurs, il permet le recours à une
transition numérique. Pour être cou-
mobilité alternative à la voiture et joue un
ronnée de succès, cette politique devra
rôle dans le développement des circuits
impliquer tous les acteurs, qu’ils soient
courts. Enfin, en maintenant une réelle vi-
commerçants, associations ou citoyens-
talité dans nos agglomérations, le petit
consommateurs.
commerçant joue pleinement son rôle sociétal, car il participe à un sentiment de
Par ce cahier, nous entendons remettre
sécurité, il permet les échanges et il as-
le commerce de proximité au centre des
sure un lien social entre tous les citoyens.
débats, et inviter l’ensemble des respon-
Ces caractéristiques font du commerce
sables à travailler à sa redynamisation. Il
de proximité un enjeu politique majeur
est indispensable de transformer les dif-
pour les pouvoirs publics.
ficultés que les petits commerçants rencontrent en opportunités, afin qu’ils
Différentes catégories de facteurs expli-
remplissent durablement leur rôle es-
quent les difficultés que vivent les petits
sentiel dans la vie de nos villes, de nos
commerçants. Ainsi, le manque d’attra-
villages et surtout de nos concitoyens. Il
ctivité des centres habités pousse les
s’agit de garantir notre bien-vivre à tous,
consommateurs à leur préférer de grands
en assurant une diversité de l’offre, une
centres commerciaux périphériques. En
qualité du service, mais également un en-
effet, ceux-ci répondent davantage aux
vironnement agréable, loin de l’omnipré-
habitudes contemporaines de consom-
sence de surfaces commerciales autour
mation et ont tendance à se multiplier à
des agglomérations et des immenses
la faveur d’une législation toujours plus
parkings qui les accompagnent.
permissive. Par ailleurs, le développement de l’e-commerce illustre une ten-
L’approche des fêtes de fin d’année
dance générale à la complexification du
constitue assurément un moment idéal
métier de commerçant, particulièrement
pour s’interroger sur la pertinence et
lourde pour les petites structures.
la cohérence de nos choix, à l’heure où nous fréquentons les commerces pour
Certes, le commerce est d’abord et avant
acheter des cadeaux, garnir le sapin ou
tout une question qui relève des acteurs
la table du réveillon.
5
LE COMMERCE DE PROXIMITÉ DANS L’IMPASSE
Q
ue l'on habite en ville ou en milieu
des villages. Outre une évidente fonc-
rural, nous constatons régulière-
tion de service (fourniture de biens de
ment que des petits commerces
consommation quotidienne à la popu-
ferment et ne sont pas remplacés. Dès
lation locale), il joue aussi un rôle de lien
lors un véritable cercle vicieux s’enclen-
et de contrôle social, notamment pour
che dans les centres habités, où les cel-
les personnes seules. En cela, il donne
lules vides se multiplient, l’offre com-
aux centres-villes et centres-villages leur
merciale se raréfie et la fréquentation
fonction de générateurs de liens sociaux
baisse. Les habitants n’ont plus d’autre
et d'échanges1 . Le commerce de proxi-
choix que de prendre leur voiture pour
mité est par ailleurs garant d'un lien de
faire leurs courses dans de grandes sur-
confiance, d'une qualité particulière, d'un
faces ou des shopping centers périphé-
service personnalisé et amplifie le déve-
riques, augmentant ainsi les difficultés
loppement des circuits courts. Enfin, il fa-
des commerçants restants.
cilite le recours à une mobilité alternative et joue donc un rôle important dans les
Les facteurs déclenchant ce cercle vicieux
solutions de mobilité et d'environnement.
recouvrent en réalité un large faisceau de problèmes qui se renforcent mutuelle-
Étant donné ces fonctions primordiales,
ment. La littérature sur le sujet identifie
il est indispensable pour les pouvoirs
cinq grandes problématiques que sont :
publics d’enrayer le déclin du commerce
le manque d'attractivité des centres habi-
de proximité, en agissant sur les cinq
tés, l'insuffisante régulation des implanta-
problématiques
tions commerciales, l'évolution des com-
En effet, malgré un contexte de reprise
portements d'achat, le développement
économique, un certain nombre de sec-
de l'e-commerce et enfin la complexifica-
teurs commerciaux connaissent tou-
tion du métier de commerçant.
jours d'importantes difficultés, comme
identifiées
ci-dessus.
l'illustre la hausse du nombre de faillites Or, le petit commerce remplit des fonc-
en Belgique, en particulier dans le sec-
tions essentielles dans la vie des villes et
teur de l'Horeca 2 .
1
En ce sens, le CEPESS utilise la notion de « linking cities » dans différentes études. Voy. notamment A. de Borman et J. Dagnies, « Linking Cities, l'avenir des villes au 21e siècle », Le Soir, 4 novembre 2015.
2
Cette hausse de 5,8 % entre novembre 2016 et novembre 2017 conduit au chiffre record de 956 dépôts de bilan en un mois. Voy. « Pic de faillites en novembre », trends.levif.be, 1er décembre 2017.
7
DES CENTRES HABITÉS PEU ATTRACTIFS
d’une approche concertée, visant à mettre en œuvre des mesures conformes aux besoins des usagers, des citoyens
centres-villages
et des commerçants, qui vont souvent
connaissent un manque d'attractivité de
au-delà des idées reçues. Par exemple,
leur environnement commercial, notam-
la caractère payant du stationnement
ment dû à un problème d'accessibilité, à
en centre-ville peut s’avérer positif pour
un manque de confort par rapport aux
le commerce, en ce qu’il permet une ro-
centres commerciaux, ou encore à de lon-
tation indispensable à la venue des cli-
gues et régulières phases de travaux pu-
ents 4 . L'amélioration ou la création de
blics. Ils peuvent également générer un
places de parkings publiques peut, elle,
sentiment d'insécurité, qui se renforce à
notamment être financée, comme c'est
mesure que leur fréquentation baisse.
le cas dans certaines communes wal-
Les
centres-villes
et
lonnes 5 , par une taxe sur les nouvelles Relevons en particulier qu’il y a déjà
constructions ne comportant pas d'em-
près de dix ans, le stationnement était
placement de parking.
jugé problématique pour 55 % des communes en Wallonie. Cette proportion
Par ailleurs, le manque d’attractivité
s’élevait même à 81 % pour les communes
commerciale est également renforcé
de plus de 20 000 habitants. La poli-
par un phénomène de suppression des
tique de stationnement constitue non
services d’utilité publique dans les cen-
seulement un outil de mobilité, mais
tres-villes et centres-villages. Il est par
aussi de développement local, de fi-
exemple frappant de constater qu’en
nancement pour la commune, ou en-
Brabant wallon, 5 communes sur 27 ne
core de gestion de l’espace public en
disposent que d’un seul distributeur
général 3 . Dès lors, elle doit faire l’objet
automatique de billets6 . De même, la
3
Voy. la présentation de T. De Schutter, directeur de département à l’UVCW, dans le cadre de la journée d’étude « La gestion du stationnement en Belgique », organisé par l’AVCB le 13 novembre 2008. http://www.avcb-vsgb.be. Ce problème est encore accentué par l’augmentation du nombre de véhicule prévu en Wallonie : + 3,2 % entre 2014 et 2016. Voy. www.statbel.fgov.be
4
Voy. « Brabant wallon : les centres-villes se réinventent pour ne pas mourir », Le Soir, 20 octobre 2017.
5
C 'est notamment le cas de la commune de Wavre qui a introduit une telle taxe en 2011. Voy. le règlement de la taxe sur l'absence d'emplacement de parcage sur : http://www.wavre. be/index.php/telechargez-documents/category/5-documents-du-service-des-taxes
6
Voy. « 164 distributeurs en Brabant wallon, un seul dans cinq communes », lavenir.net, 18 novembre 2017.
8
Le stationnement jugé problématique pour 81 % des communes en Wallonie*
* pour les communes de plus de 20 000 habitants
9
suppression annoncée de certaines jus-
d’alarme début 2017, après la dispari-
tices de paix, ou encore les fermetures
tion en 2016 d’un nombre important de
régulières de bureaux de poste jugés
commerces en centre-ville 9 . Les villes
trop peu rentables constituent autant
wallonnes qui se portent le mieux sont
de facteurs participant à une diminu-
celles de Louvain-la-Neuve, Waterloo,
tion drastique du nombre de clients po-
Malmedy et Bastogne 10 .
tentiels dans les rues commerçantes. Face à la diminution de fréquentation dont ce manque d'attractivité est la cause (la diminution des flux piétons dans les centres-villes wallons a atteint 16,5 % entre 2009 et 20177), beaucoup de petits commerçants se voient obligés de cesser leur activité. Si ce phénomène est visible par tout un chacun dans la multiplication des « cellules vides », il est confirmé par les statistiques disponibles. Le taux de cellules vides en Wallonie est ainsi passé de 14,8 % en 2010 à 15,1 % en 2012 et 17 % en 20158 . Les villes les plus touchées sont Mouscron, Verviers et Charleroi, comme l’illustre l’infographie qui suit. Namur et Liège semblaient, jusqu’en 2015, résister à cette tendance grâce à une stratégie de maintien de l’hypercentre. Toutefois, l’association namuroise des commerçants a tiré la sonnette
7
8
Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 3. Voy. G. Devillet, M. Jaspard, J. Vasquez Paras, Atlas du commerce en Wallonie : structures, dynamiques, comportements spatiaux des consommateurs, Liège, 2014, p. 46. Ces chiffres couvrent tout le commerce aggloméré, mais, parmi les commerces isolés, seulement ceux de 400 m2 et plus.
9
113 en 2016, un record. Voy. Y. Van Looveren, « Déclin du commerce dans le centre-ville de Namur », 6 mars 2017, sur www.retaildetail.be
10
Chiffres de l’AMCV cités par J. Dagnies et M. Goelff, op.cit., p. 17.
10
Taux de vacance commerciale dans plusieurs centres-villes wallons en 201511
CHARLEROI
VERVIERS MOUSCRON
LOUVAIN-LA-NEUVE
TOURNAI
LA LOUVIÈRE ARLON 11
Voy. C. Legrand, V. Clérin, « Wallonie : les rues commerçantes de plus en plus désertées », RTBF, 3 septembre 2015.
11
Ce phénomène ne touche cependant
globale du nombre de commerces. En
pas que notre région, puisque la Belgi-
Belgique, cette diminution a atteint 48 %
que dans son ensemble, mais également
entre 1947 et 2015. Elle était de 2,5 % par
les pays voisins, sont concernés. Entre
an entre 1947 et 1961, de 0,5 % entre 1961
2007 et 2015, le taux de cellules vides en
et 2010, puis de 0,9 % entre 2010 et 201515 .
Belgique est ainsi passé de 5 % (ce qui correspond au taux de rotation habituel)
Face à ce constat sans appel, les pou-
à un peu plus de 9 % 12 .
voirs publics ont déjà pris des mesures pour agir sur l'environnement commer-
En France, en 2015, plus de 50 % des
cial des centres habités.
cœurs des villes moyennes (moins de un
La Wallonie a notamment élaboré en
taux de commerces vides supérieur à
1997 un cadre permettant la création
100 000
habitants)
présentaient
10 % . Citons également le Royaume-
d'organismes locaux de développement,
Uni, l’Italie ou l’Espagne parmi les pays
œuvrant à l'amélioration de l'attractivité
dont le commerce de proximité con-
des centres16 . L'Association de Manage-
naît des difficultés. Au Royaume-Uni,
ment Centre-Ville a ainsi initié le con-
les prévisions suggèrent que le nom-
cept de cellules de Gestion centre-ville
bre de commerces de proximité va di-
(GCV), pouvant être mises sur pied dans
minuer de 22 % entre 2015 et 2018 14 . Un
des zones urbaines de plus de 20 000
autre indicateur alarmant est la baisse
habitants17. Dans les zones rurales, ces
13
12
Idem, p. 18. Pour le CRISP, « les commerces vides ne sont que la partie émergée de la désaffection commerciale. Au cours du temps, de nombreux commerces ont été transformés en logements ou en une autre fonction, ou le bâtiment a été démoli ». J.P. Grimmeau et B. Wayens, Crisp, op.cit., p. 106.
13
Voy. C. Prudhomme, « Le déclin commercial des centres-villes s’aggrave », Le Monde, 20 octobre 2016.
14
Voy. Center for Retail Research, Retail Futures 2018, 2013.
15
Voy. J.P. Grimmeau et B. Wayens, Crisp, op.cit., p. 9.
16
Via la création de l'Association de Management Centre-Ville (AMCV). Voy. http://www.amcv.be.
17
Voy. la page sur la gestion de centre-ville sur le site Internet de la DGO6: http://emploi. wallonie.be/home/developpement-local/gestion-centre-ville.html
12
organismes prennent la forme d’Agences de développement local (ADL) 18 . Les missions de ces organismes sont notamment de renforcer la compétitivité des centres habités, d'en améliorer l'environnement commercial, de réunir l'ensemble des acteurs locaux au sein d'un partenariat et d'identifier les besoins et les potentialités locales afin de développer des projets adaptés19 Ces associations ont développé une expertise unique concernant ces problématiques. Elles travaillent en parallèle avec les groupements d'animation commerciale (GAC), dont le travail est à encourager, et constituent un relais essentiel pour les pouvoirs publics dans l'élaboration et la mise en œuvre de leurs politiques.
18
Les ADL agissent dans les zones rurales, pour des territoires de moins de 40 000 habitants, regroupés sur une ou plusieurs communes. Voy. http://emploi.wallonie. be/home/developpement-local/agences-de-developpement-local.html.
19
Voy. notamment l’article 3 du décret wallon du 25 mars 2004 relatif à l’agrément et à l’octroi de subventions aux agences de développement local ainsi que la page sur les agences de développement local sur le site Internet de la DGO6 : http://emploi. wallonie.be/home/developpement-local/ agences-de-developpement-local.html
La baisse globale du nombre de commerces a atteint 48 % entre 1947 et 2015 13
Elles bénéficient à ce titre d'un soutien régional indispensable, sous forme d'une subvention annuelle de fonctionnement20 et d'aides à l'emploi21 . En outre, les communes doivent contribuer financièrement à hauteur de 30 % du montant de la subvention régionale. L'action de ces organismes concerne l'ensemble des aspects touchant à l'environnement commercial. La stratégie régionale Digital Wallonia 22 met, quant à elle, l'accent de manière spécifique sur le développement du recours au numérique dans la gestion urbaine, autour du concept de Smart Cities23 . Le numérique permet en effet la coordination des flux de trafic, l'optimisation de l'utilisation des transports en commun, ou encore l'amélioration de la communication quant à la mobilité. Le développement de cette stratégie numérique est donc essentiel à l'amélioration de l'environnement urbain.
20
Q ui couvrent ses frais de fonctionnement et la rémunération d'un agent (deux pour les ADL).
Aides à la promotion de l'emploi (APE), Pro-
21
gramme de transition professionnelle (PTP), Conventions de premier emploi (CPE). 22
Stratégie numérique de la Wallonie. Voy. site de l’Agence du Numérique : http:// w w w. aw t. b e/we b/aw t /in d ex . aspx?page=awt,fr,foc,100,064.
23
Le concept de SmartCities englobe l'ensemble des mesures visant à développer le numérique dans l'ensemble des aspects de la gestion urbaine.
14
Au niveau politique, l'importance de l'at-
de résultats. Elle prévoit aussi l'adoption
tractivité des centres-villes et du com-
d'un dispositif encadrant le bail commer-
merce de proximité semble faire l'objet
cial de courte durée. Enfin, le ministre
d'un large consensus. Ainsi, la majorité
Jeholet a récemment affirmé sa volonté
précédente avait adopté le Plan Wal-
d’ajuster certaines mesures du Plan Wal-
lonie Commerce 24 , dont deux des axes
lonie Commerce, afin qu’elles puissent
qu'il développe concernent l'environne-
sortir leurs effets à la fois dans les centres
ment commercial 25 .
urbains et dans les zones rurales26 .
Plus récemment, la Déclaration de poli-
Signalons encore que plusieurs pays voi-
tique régionale 2017-2019 propose que
sins ont élaboré des politiques de redyna-
soit rapidement initié un programme
misation des centres-villes. Les Pays-Bas
transversal de soutien aux commerces de
ont par exemple mis au point un Retail-
proximité, qui soit coordonné avec des
Agenda définissant 20 orientations à
mesures de redynamisation des centres
suivre pour soutenir le commerce de
urbains et ruraux wallons mises en œuvre
proximité27. Il se base pour sa mise en
par les ASBL de Gestion centre-ville. Par
œuvre sur un RetailDeal impliquant les
ailleurs, la DPR encourage la constitution
municipalités, acteurs essentiels en la ma-
de groupements d’animation commer-
tière. Le Royaume-Uni, de son côté, a ini-
ciale, rassemblant la majorité des com-
tié en 2011 une grande réflexion associant
merçants d’une zone en leur octroyant
également les communautés locales28 .
une base légale intégrant des objectifs
24
Présenté en décembre 2016 par le Gouvernement wallon en collaboration avec la Cellule d’intelligence économique des outils financiers, l’AMCV et la Direction des implantations commerciales. Le Plan Wallonie Commerce dispose d’un budget de 30 millions d’euros d’ici à 2019. Il est disponible sur http://economie.wallonie.be/Dvlp_Economique/ Implantations_commerciales/Doc/Doc2017/Wallonie%20Commerce%20plan.pdf
25
Comme le soutien à des projets d'Innovation Design, destinés à améliorer l'attractivité de l'espace public.
26
Voy. Réponse du ministre de l’Économie, M. Jeholet à une question écrite de M. Culot du 26/10/2017 sur « La raréfaction du commerce de proximité » session 2017-2018, année 2017, n°87 (2017-2018).
27
28
Voy. http://onsretailland.nl/retailagenda/ Le rapport qui en a résulté s'intitulait « The Mary Portas Review ». Voy. « The Portas Review : 5 Years on », Hitachi Capital (UK) Plc, sur hitachicapital.co.uk
15
UN GRAND COMMERCE INSUFFISAMMENT ENCADRÉ Le
problème
de
l'attractivité
des
centres-villes est d'autant plus prégnant que ceux-ci sont concurrencés par les grands commerces périphériques dont l'offre ne cesse de s'accroître. Si ce développement est certes causé par l'évolution de la demande (voir page 23), il est amplifié par la libéralisation de la législation sur les implantations commerciales. Cette libéralisation a eu d'importantes répercussions. Elles apparaissent notamment en comparant l'évolution de la superficie commerciale totale avec celle du nombre de petits commerces. Entre 2010 et 2014, la surface nette de vente de l’ensemble des commerces en Wallonie a augmenté de 473 055 m2, passant dès lors à plus de 6 millions de m2. Ainsi, si la superficie moyenne des commerces de détail (soit l'ensemble des magasins vendant des biens de consommation courante aux particuliers) en Wallonie 29 atteignait déjà 1090 m2 en 2010, elle était de 1140 m2 en 2013.
De 2005 à 2013, le nombre de petits commerces a baissé de 5,4 % en Wallonie 29
Hors secteur alimentaire. Chiffres SPF Économie.
16
Cela correspond à une croissance de
nées '60. Pour le résoudre, le législateur
7,3 %, qu’il faut comparer à celle de la po-
avait alors introduit un examen de l'im-
pulation qui est de 2,2 %30. Or, de 2005
pact socio-économique du projet com-
à 2013, le nombre de petits commerces
mercial dans la procédure d'octroi de
(entendu ici comme une entreprise de
permis, par la loi du 29 juin 1975 33 , dite
moins de 10 employés dans le secteur du
« loi cadenas ». Toute nouvelle implan-
commerce) a baissé de 5,4 % en Wallo-
tation commerciale nécessitait donc un
nie (17,5 % en Flandre) 31 . Il apparaît donc
double permis : un permis d’urbanisme
une double tendance à la diminution du
et un permis socio-économique 34 .
nombre de commerces, d’une part, et à l’augmentation importante de la super-
Mais la loi de 1975 a été remplacée par
ficie commerciale moyenne d’autre part.
la loi du 13 août 2004, dite loi « Ikea » 35 .
Cela traduit la réduction de la part des
Elle a diminué la durée de la procédure,
petits commerces situés généralement
élargi les possibilités de recours des de-
dans les centres urbanisés, par rapport
mandeurs, mais surtout, rendu consulta-
aux surfaces plus larges des périphéries32 .
tif l'avis du Comité socio-économique 36 .
Le problème de l'accroissement du nom-
L'assouplissement de l'octroi de permis
bre de grandes surfaces n'est pas neuf,
a du reste été confirmé en 2006, avec
puisqu'il se présentait déjà dans les an-
la directive européenne 2006/123/CE
30
Voy. l’audition de M. Bianchet, chercheur pour la CPDT (Conférence permanente du Développement territorial). Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 28.
31
Voy. J. Dagnies et M. Goelff, Quel avenir pour le commerce en centre-ville ?, Policy Paper du CEPESS, avril 2016, p. 11.
32
Idem, p. 13.
33
Voy. B. Lombaert et I. Mathy, « La loi du 13 août 2004 relative à l'autorisation d'implantations commerciales », in G. Benoit, C. Delforge, P. Jadoul, G. Rommel et M. Vlies (dir.), Le bail commercial, Bruxelles, La Charte, 2008, p. 624.
34
Voy. B. Assouad, « Avec Bolkestein, la boulimie commerciale continue: il faut que ça cesse », sur le site de la Fédération Inter-Environnement Wallonie, www.iewonline.be, 6 mars 2010.
35
36
Voy. B. Lombaert et I. Mathy, op. cit. p. 627. Voy. « La loi Ikea a un an : record d’implantations commerciales autorisées, La Libre Belgique, 26 avril 2006.
17
relative à la liberté d'établissement (dite
du territoire qui doit pouvoir justifier
« Services » ou « Bolkestein ») , qui a
des restrictions aux libertés fondamen-
interdit le recours par les autorités pu-
tales »40 . Cet argument est notamment
bliques à un « test économique » .
utilisé depuis lors par l’Allemagne pour
37
38
défendre une politique limitant stricteCette libéralisation a donc touché toute
ment les implantations commerciales
l'Union européenne. Il faut toutefois si-
hors des centres-villes 41 . Recourir à cet
gnaler qu’il existe un avis motivé de la
avis a permis à l’Allemagne de voir seu-
Commission européenne, adressé à la
lement 33 % du chiffre d’affaires du com-
France le 15 décembre 2006
merce se réaliser en périphérie, contre
39
et qui re-
connaît que, concernant les « produits et
62 % en France !
services de base satisfaisant un besoin immédiat ou quotidien », « l’accessibili-
La 6e réforme de l’État a transféré la com-
té des commerces pour tous, y compris
pétence des implantations commerciales
les personnes habitant dans des zones
aux entités fédérées. La Wallonie a, depuis
rurales, ou celles ne disposant pas de
lors, adopté le décret du 5 février 201542 ,
moyen de transport, est un objectif
qui instaure divers mécanismes visant à
d’intérêt général lié à l’aménagement
rétablir une régulation des projets d'im-
37
Concernant les implantations commerciales, la loi qui transpose cette directive a été votée le 22 décembre 2009 par le Parlement fédéral. Voy. B. Assouad, op.cit.
38
En effet, trois des quatre critères utilisés par la commission fédérale pour fonder ses avis ont été jugés contraires à la directive, car d’ordre économique : les intérêts des consommateurs ; l’influence du projet sur l’emploi, les répercussions du projet sur le commerce existant. Ils ont été remplacés par : la protection de l’environnement urbain, la protection du consommateur, le respect de la législation sociale. Le seul critère n'ayant pas subi de modification était celui de la localisation spatiale. Voy. B. Assouad, op.cit.
39
Suite à une plainte déposée par une chaîne de maxi-discount auprès de la Commission européenne contre la réglementation française, jugée discriminatoire. Avis motivé de la Commission européenne 36/2006.
40
La Commission précise que cela ne s’applique qu’aux « produits et services de base satisfaisant un besoin immédiat ou quotidien », afin de viser le maintien d’une offre commerciale de base et de proximité.
41
Voy. « Quand l’Allemagne défend ses centres-villes contre l’Union européenne », Le Courrier des Maires et des élus locaux, 16 août 2016.
42
Voy. http://economie.wallonie.be/Dvlp_Economique/Implantations_commerciales/implantations.html
18
plantation commerciale, dans les limites du droit européen43 . Il crée notamment une administration des Implantations commerciales, dirigée par un Fonctionnaire des Implantations commerciales. Celui-ci est compétent lorsque : le projet d'implantation commerciale est situé sur le territoire de plusieurs communes ; la surface commerciale nette de l'implantation commerciale est supérieure à 2500 m2 ; l'extension d'un établissement de commerce de détail ou d'un ensemble commercial engendre une surface commerciale nette supérieure à 2500 m2.
43
Par « projet d'implantation commerciale », le décret entend un « projet de construction nouvelle, d'ensemble commercial, d'extension d'un établissement de commerce ou d'un ensemble commercial, un projet d'exploitation d'un ou plusieurs établissements de commerce ou un projet de modification importante de la nature de l'activité commerciale d'une surface commerciale nette supérieure à 400 m2 ». Art. 1er du Décret du 5 février 2015 sur les implantations commerciales. Voy. Art. 28 du Décret du 5 février 2015 sur les implantations commerciales.
19
En dehors ce ces cas, le collège commu-
Pour prendre sa décision, l'autorité com-
nal de la commune sur le territoire de la-
pétente s'appuie sur le Schéma régional
quelle est situé le projet d'implantation
de développement commercial, vaste
commerciale est compétent pour déli-
outil d'analyse, de cartographie et d'aide
vrer le permis 44 .
à la décision. Il vise à « fournir des références quantitatives à l'autorité qui sera
L'autorité prend sa décision au regard
chargée de délivrer une autorisation
des critères suivants 45 :
d'implantation commerciale, afin de permettre une évaluation objective et cohé-
la protection du consommateur ;
rente des nouveaux critères et sous-cri-
la protection de l'environnement urbain ;
tères » et ce, afin de structurer le paysage
les objectifs de politique sociale ;
commercial47. Il est issu d'une volonté
la contribution à une mobilité plus
régionale de « défendre le commerce
durable.
de proximité et sa réimplantation dans les quartiers d'habitation, et de garan-
Le décret a également créé l'Observa-
tir une offre diversifiée dans les noyaux
toire du commerce, qui a pour mission
commerçants »48 . L'actuel schéma a été
de rendre des rapports, avis, observa-
approuvé par le Gouvernement wallon
tions ou suggestions dans les cas prévus
en date du 27 novembre 2014 et doit en
par le décret 46 .
principe être renouvelé tous les cinq ans.
44
Les projets d’extension d’une implantation commerciale ne dépassant pas 20 % de la surface commerciale nette existante, avec un plafond maximum de 300 m2 de surface commerciale nette supplémentaire, ne sont soumis qu'à une déclaration préalable écrite et expresse. Il en va de même pour les projets de déménagement d’une implantation commerciale dans un rayon d’un kilomètre de son implantation, sur le territoire d’une même commune, et ne dépassant pas 400 m2 de surface commerciale nette.
45
Au vu de ces critères, le rapport sur la revitalisation commerciale des centres-villes de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’environnement et du développement durable considère la politique wallonne en matière d’implantations commerciales comme restrictive, au regard de la législation en vigueur dans les autres pays européens étudiés (excepté l’Allemagne).
46
Voy. http://www.cesw.be/index.php?page=detail-2&alias=Observatoire-du-commerce
47
Voy. Réponse du ministre de l’Économie, M. Marcourt, du 4/11/2013 à une question écrite du M. Mouyard du 1/08/2013 sur « La mise en œuvre du Schéma régional de développement commercial (SRDC) session 2012-2013, année 2013, n°341 (2012-2013).
48
Voy. la Déclaration de politique régionale 2009-2014.
20
Le Schéma régional de développement
Au 6 février 2017, 316 dossiers de permis
commercial peut être décliné au niveau
ont été reçus, portant sur une superficie
communal via le Schéma communal de
de 958 000 m2 51 .
développement commercial. Il permet une analyse du territoire communal en
Selon Jean-Claude Marcourt, alors mi-
matière d'aménagement du territoire et
nistre wallon de l'Économie, le pour-
le développement d'une stratégie com-
centage de dossiers autorisés et la taille
munale en matière commerciale. La lour-
moyenne de ceux-ci, sous le régime
deur et le coût de la procédure ont ce-
du décret du 5 février 2015, sont plus
pendant pour conséquence qu'aucune
faibles que sous l’ancienne loi de 2004 52 .
commune wallonne n'a jusqu'à présent
Il introduit donc une certaine régulation.
finalisé un tel schéma 49 .
Au vu du déclin continu du commerce de proximité, causé notamment par le dé-
Les chiffres disponibles permettent de
veloppement de centres commerciaux
dresser un premier bilan de la capaci-
périphériques, cette capacité régulatrice
té régulatrice du décret de 2015. Ainsi,
semble toutefois encore insuffisante.
au 1er juillet 2016, soit un an après l'entrée en vigueur du décret, 168 dossiers
À cet égard, relevons que la DPR 2017-
avaient été reçus et traités par les ser-
2019 prévoit de fusionner le dispositif
vices du Fonctionnaire des Implanta-
des permis d’implantation commerciale
tions commerciales. Ceux-ci représen-
avec le dispositif des permis uniques,
taient une superficie de 473 027 m2 50 ,
qui regroupe un permis d’urbanisme et
soit une moyenne de 2815,16 m par pro-
d’environnement lorsque les deux sont
jet. Sur ces dossiers, 10 % ont été refusés
nécessaires. L’objectif est de rationaliser
contre 71 % octroyés. À noter que les 19 %
et de simplifier la procédure. Les travaux
restants concernent des dossiers aban-
en ce sens sont en cours 53 . En outre, le
donnés ou irrecevables (17 %).
ministre
2
49
de
l’Économie
Pierre-Yves
Voy. « Schéma communal de développement commercial », SPW Économie, Namur, mai 2016.
50
Voy. DGO6, Think Retail ! Les analyses commerciales, partie 4, 2016.
51
Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 13.
52
Voy. réponse du ministre de l’Économie, M. Marcourt, du 27/10/2016 à une question écrite de M. Destrebecq du 3/10/2016 sur « L'Observatoire wallon du commerce », n°19.
53
Voy. Réponse du ministre de l’Économie, M. Jeholet à une question orale de M. Henry du 10 octobre 2017 sur « Les permis d'implantation commerciale » session 2017-2018, année 2017, n°14 (2017-2018).
21
Jeholet a précisé que le décret « implantation commerciale » était en cours d’évaluation, afin d’y apporter des améliorations au regard des objectifs qui lui sont assignés 54 . Au vu de la complexité d’une telle réforme, elle sera pilotée conjointement par les ministres de l’Économie et de l’Aménagement du territoire. À ce stade, aucune décision n’a toutefois été prise par le gouvernement55 . Enfin, à côté des zones de grand commerce périphériques, il faut également citer le cas de quelques Zones d'activité économique mixtes qui, en Wallonie, comprennent principalement des commerces vendant des biens de consommation courante. Elles sont pourtant initialement destinées à accueillir les activités non compatibles avec l'habitat56 . Il est dès lors nécessaire d'en renforcer la régulation.
54
Voy. Réponse du ministre de l’Écono mie, M. Jeholet à une question écrite de M. Culot du 26/10/2017 sur « La raréfaction du commerce de proximité » session 2017-2018, année 2017, n°87 (2017-2018).
55
Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2017-2018, CRIC n°14, 10 octobre 2017, pp. 1-2 et Réponse du ministre de l’Économie, M. Jeholet à une question écrite de M. Culot du 26 octobre 2017 sur « La raréfaction du commerce de proximité » session 2017-2018, année 2017, n°87 (2017-2018).
56
Voy. B. Mérenne-Schoumaker, « L'avenir des zones d'activité économique en Wallonie, réflexions et propositions », Territoire en Mouvement, n°3, 2007.
22
UN COMPORTEMENT D'ACHAT CONTRASTÉ
aux changements urbanistiques : la dissociation croissante entre la localisation des logements et des commerces 58 par une périurbanisation de
Si le développement du grand commerce
l'habitat et l'augmentation du nombre
périphérique et l’offre supplémentaire
de voitures.
qui en découle sont encouragés par la libéralisation des implantations com-
Il en résulte un transfert de la vitalité com-
merciales, ils sont également causés par
merciale des centres-villes et centres-vil-
l'évolution de la demande.
lages vers les centres commerciaux périphériques. Relevons que cette mutation
Les comportements d'achat ont en effet
de l’offre commerciale semble tout à fait
évolué de manière importante depuis
convenir aux consommateurs. En effet,
plusieurs
phénomène
un récent sondage réalisé par RTL iVOX
s'explique par différents facteurs qui
et Sudpresse révélait que l’offre commer-
agissent au niveau global. Nous pensons
ciale au sein de leurs communes respec-
particulièrement :
tives était le troisième motif de satisfac-
décennies.
Le
tion des citoyens francophones, avec une aux changements sociologiques et
note de 6,2/10. L’offre commerciale du
culturels : l'augmentation du taux d’em-
Brabant wallon reçoit même une note un
ploi, qui diminue le temps disponible
peu supérieure de 6,4/1059 .
pour réaliser ses achats, la progression du travail rémunéré féminin, le déplace-
Ces dernières années, l’on peut cepen-
ment des classes moyennes vers les pé-
dant observer un tournant dans l'évo-
riphéries, ou encore la diminution de la
lution de ces comportements d’achat,
proportion des dépenses des ménages
grâce à une sensibilisation croissante
dans les commerces de détail57 ;
aux enjeux écologiques, économiques
57
Voy. J.P. Grimmeau et B. Wayens, Crisp, op.cit., p. 69.
58
Diagnostic territorial de la Wallonie, CPDT, 2011. Notons qu’en France est entré en vigueur le 13 juillet 2015 l’arrêté ministériel du 4 avril de la même année, limitant globalement à la vente de produits du terroir et aux activités culturelles les dérogations à l’interdiction des pré-enseignes. Ces dérogations s’appliquaient auparavant à de plus nombreux secteurs : horeca, stations-service, centres commerciaux, etc. Voir l’arrêté du 23 mars 2015 fixant certaines prescriptions d'harmonisation des préenseignes dérogatoires, disponible sur https://www.legifrance.gouv.fr. Nous pensons aussi au Drive Shopping.
59
Voy. « Notre grand baromètre des élections 2018 dans votre commune : découvrez les premières indications à un an du scrutin (vidéo) », sudinfo.be, 7 octobre 2017.
23
ou encore sanitaires de l'acte d'achat. La demande envers des produits locaux, bio et de saison augmente progressivement60 , ce qui concerne évidemment les commerces de proximité, proches des producteurs locaux. Il est primordial de soutenir ces comportements et d’accompagner leur développement. Le travail qui doit être entrepris ici est un travail de long terme, mais qui pourra avoir une influence structurelle sur cette demande. Il implique l’ensemble des acteurs, tant locaux que globaux. Il s’agit premièrement d’éducation permanente, d’actions culturelles et scolaires sensibilisant à l’importance de changer nos comportements. Ensuite, il convient de soutenir le travail des associations locales de commerçants, qui sont à l’origine de nombreuses initiatives permettant de favoriser cette demande (mise en place de système de cartes de fidélité, actions de modernisation des commerces, animations commerciales, participation au débat public pour améliorer l’attractivité et l’accès aux commerces, etc.) 61 .
60
Voy. « Consommation et production bio : un appétit grandissant », RTBF.be, 19 mai 2016.
61
La Déclaration de politique régionale 2017-2019 « La Wallonie plus forte » entend à cet égard (p. 9) encourager les groupements d’animation commerciale. Dans ce but, elle propose de leur octroyer une base légale prévoyant, entre autres, des objectifs de résultat.
24
Enfin, il faut inclure dans cet axe les incitants directs à l’achat dans les commerces de proximité. Sur ce point, plusieurs initiatives ont déjà été prises. Parmi celles-ci, citons les chèques-commerces, créés par les communes ellesmêmes ou les ADL. Il existe plusieurs exemples de telles initiatives dans les provinces de Luxembourg, de Liège ou du Brabant wallon par exemple à Tenneville, Sainte-Ode et Bertogne depuis 2012, à Perwez depuis mai 2014, à Houffalize et La Roche depuis le 29 mai 2017, à Herstal depuis juin 201762 . Il s’agit de chèques d’une valeur généralement limitée à quelques euros (5,15 euros) favorisant leur utilisation pour les petits achats et valables un an. Ils sont distribués par la commune à diverses occasions (pour des personnes âgées, pour fidélité au parc à conteneurs, pour une naissance ou un anniversaire de mariage), à la place de ristournes sur la facture d’eau des familles nombreuses ou de personnes à bas revenus, comme paiement
62
Sur les communes de Bertogne, SainteOde et Tenneville, plus de 8000 chèques commerces ont été mis en circulation entre décembre 2012 et juin 2016, représentant plus de 75 000 euros injectés dans les commerces participants. À Herstal, la cellule de redynamisation du tissu commercial urbain Urbeo Commerce a également annoncé début juin 2017 le lancement de chèques commerces locaux, entre autres mesures visant à favoriser le commerce local.
25
de certains subsides, etc. Les communes
merçants qui désirent utiliser ces mon-
ayant adopté le système voici plusieurs
naies locales doivent signer une charte
années sont généralement satisfaites de
prévoyant l’adhésion à certaines valeurs
son fonctionnement, même si quelques
en rapport avec le développement du-
mois peuvent être nécessaires pour une
rable. Il y a donc une dimension sociale
bonne intégration dans les habitudes
et durable, favorisant l’artisanat, les ser-
des consommateurs .
vices locaux ou les circuits courts. Les
63
fast-foods, par exemple, ne sont donc Ces incitants financiers peuvent égale-
pas concernés. Enfin, relevons que ces
ment prendre la forme d'une monnaie
monnaies locales ne bénéficient à l'heure
locale. Ce sont des monnaies complé-
actuelle d'aucun soutien régional 65 .
mentaires à l’euro, valables dans une commune ou un groupe de communes,
Deux exemples de monnaies locales is-
émises par une association locale et uti-
sus du Brabant wallon illustrent bien
lisables dans les commerces partenaires
la plus-value de telles initiatives. Ain-
de l’action. Elles permettent de favoriser
si, la première commune brabançonne
l’achat dans ces commerces locaux et
wallonne à en avoir adopté une est
plus largement de développer une éco-
Grez-Doiceau, en avril 2015, avec le
nomie locale. Elles ont généralement
« Blé », à l’initiative de l’ASBL « Grez en
un cours fixe (1 euro = 1 unité de mon-
transition ». Dès le début, ce projet a
naie locale) 64 et se développent depuis
reçu un bon accueil des commerçants et
quelques années dans plusieurs pays
des consommateurs. Les euros échan-
européens, mais également en Wallo-
gés sont placés sur un compte éthique
nie. Aujourd’hui, dans notre Région, plus
chez Triodos et les intérêts qui en dé-
d’une dizaine de projets de monnaie
coulent sont réinvestis dans des pro-
locale sont actifs à travers toutes les
jets locaux axés sur la transition. Cette
provinces ; d’autres sont en cours de dé-
première initiative a été suivie par l’in-
veloppement. Généralement, les com-
troduction du « Talent » à Ottignies-Lou-
63
« Tenneville : les chèques-commerces sont en circulation », www.tvlux.be, 31 décem bre 2012, et « La Roche et Houffalize: des chèques pour booster le commerce », www. lameuse.be, 29 mai 2017.
64
Ces initiatives participent généralement de projets locaux plus larges dits « de transition », et dont l’objectif est de créer une dynamique de transition durable, écologique et sociale à travers différents types d’actions. Plusieurs de ces actions, on le voit, concernent la problématique du commerce de proximité.
65
Malgré le travail effectué notamment par le réseau Financité. Voy. https://www.financite.be/fr/article/guide-pratique-des-monnaies-complementaires
26
vain-la-Neuve, fin 2016 66 . Il a ensuite été
monnaie s’engage à lui échanger les de-
étendu aux communes de Genappe, de
vises excédentaires68 .
Court-Saint-Etienne, de Mont-Saint-Guibert et de Villers-la-Ville 67. Le Talent a été adopté par près de 122 commerçants et artisans sur l’ensemble des communes qu’il couvre, dont 52 à Louvain-la-Neuve. L’idée est non seulement de soutenir les commerces locaux, mais également de constituer un fonds local d’investissement, au service de la « transition écologique, économique et sociale du Brabant wallon ». En outre, le Talent a bénéficié de la collaboration du Crypto Group de l’UCL, ce qui en fait une des monnaies locales les plus sécurisées au monde. Ces initiatives doivent pouvoir être soutenues, afin de renforcer le cercle vertueux d'une relocalisation de l'offre. Ainsi, la commune d’Ottignies-Louvainla-Neuve a annoncé au mois de novembre 2017 qu’elle effectuera dorénavant un certain nombre de transactions au moyen de cette monnaie. Il sera par exemple possible d’acheter les sacs poubelles ou de louer des salles communales avec des Talents, mais aussi de s’acquitter de certaines taxes. Par ailleurs, la commune écoulera ses Talents en effectuant un maximum d’achats au niveau local et l’ASBL qui gère cette
66
Voy. « Le Talent, nouvelle monnaie locale lancée à Ottignies/Louvain-la-Neuve », Le Vif, 25 octobre 2016.
67
68
Mont-Saint-Guibert et Rixensart pourraient les rejoindre prochainement. Voy. S. Grynberg, « La monnaie locale gagne la commune », La Capitale Brabant wallon, 15 novembre 2017, p. 7.
27
UN E-COMMERCE QUI SE DÉVELOPPE
merce constitue une concurrence importante. Il est pourtant impossible d'ignorer le développement de l'e-commerce,
Le développement de l'e-commerce fait
qui représentera une part toujours plus
partie intégrante de l'évolution des com-
importante des ventes. Il est donc indis-
portements d'achat. Nous avons cepen-
pensable d'aider les petits commerçants
dant voulu le considérer dans sa parti-
à développer de tels services. Il peut
cularité, au vu de l'importance de son
en effet constituer une réelle opportu-
impact et des réponses ciblées qu'il exige.
nité pour celui qui vend des produits non standardisés.
Il constitue une source d'inquiétude pour les commerçants wallons : de fin 2012 à fin
Plusieurs raisons expliquent la lenteur
2014, la proportion de commerçants wal-
du développement de l'e-commerce en
lons préoccupés par la concurrence de
Wallonie. Citons entre autres le carac-
l’e-commerce est passée de 47 % à 72 % .
tère insuffisamment développé de l'en-
69
seignement en ce qui concerne l'usage largement
du numérique, l'âge moyen du chef
fondée, puisque l'e-commerce se dé-
d'entreprise wallon (entre 45 et 55 ans),
veloppe de manière exponentielle. En
le manque de transversalité des for-
effet, la part de la population ayant ef-
mations en e-commerce, la mauvaise
fectué des achats par Internet au cours
compréhension des enjeux de l'entre-
des 12 derniers mois est passée de 46 %
preneuriat numérique, mais aussi l'in-
en 2012 à 64 % en 2015 .
vestissement que représente la création
Cette
préoccupation
est
70
d'un site web et le suivi qu'il exige (inOr, la Wallonie fait montre d'un cer-
vestissement aussi important que celui
tain retard dans le développement de
que requiert l'ouverture d'un point de
l'e-commerce. Le baromètre 2016 de
vente supplémentaire) 72 .
maturité numérique des entreprises wallonnes signale par exemple que seules
Face à ce constat, plusieurs mesures ont
15 % des entreprises wallonnes déclar-
été prises. Un des axes du Plan Wallonie
ent vendre en ligne71 . Et tant qu'il n'est
Commerce a en effet pour objectif de
pas intégré par un commerçant, l'e-com-
développer la campagne « commerces
69
Idem, p. 84.
70
Voy. J.P. Grimmeau et B. Wayens, Crisp, op.cit., p. 84.
71
Agence du Numérique, voy. www.digitalwallonie.be.
72
Voy. « Pourquoi l'e-commerce wallon stagne alors que le secteur est en plein boom ? », digitalwallonia.be, avril 2015.
28
connectés », qui vise à la sensibilisation et à l’accompagnement des petits commerçants à la transformation numérique. L’approche proposée mise sur la proximité, via des séances de sensibilisation organisées au niveau communal. Il compte aussi stimuler la création d’e-commerces grâce au renforcement des synergies existantes entre des organismes tels que les ADL, GCV et SAACE (Structures d'accompagnement à l'autocréation d'emploi). Relevons à cet égard que le Gouvernement wallon a récemment affirmé sa volonté de procéder à une analyse du projet « commerces connectés », afin d’établir avec les parties prenantes les actions prioritaires à l’avenir73 . L’axe numérique compte également déployer à l’échelle régionale une dynamique d’e-logistique 74 reposant sur des services mutualisés. Par ailleurs, un des objectifs de Digital Wallonia a été concrétisé en mars 2017, avec la modernisation des régimes d’aide au numérique et la création des « chèques-entreprises ». Il s’agit d’un dispositif de soutien public prévoyant notamment des aides à la transformation
73
Voy. réponse du ministre de l’Économie, M. Jeholet à une question écrite de M. Culot du 26 octobre 2017 sur « La raréfaction du commerce de proximité » session 2017-2018, année 2017, n°87 (2017-2018).
74
Définition de supplyweb.fr : l’e-logistique est la gestion des flux physiques d’une organisation qui commercialise ses produits sur Internet.
29
numérique revues et simplifiées75 . Il suit
Part de la population ayant
un principe d'accompagnement des en-
effectué des achats par Internet
treprises sur la durée, en préférant un
au cours des 12 derniers mois
coaching professionnel et personnalisé à de simples aides en espèces. Depuis cette réforme, des cibles spécifiques peuvent bénéficier d’un taux d’intervention « préférentiel », comme les starters, les TPE 76 ou des entreprises en trajec-
64%
toire de croissance 77. Au-delà du nécessaire accompagnement des entrepreneurs, une transition numérique réussie nécessite également de nombreuses compétences fondamen-
46%
tales. À ce titre, les commerçants wallons (futurs ou actuels) peuvent bénéficier de formations initiales et continuées via différents organismes dont l'IFAPME78 , concernant notamment le digital marketing et l'e-commerce79 . Ces dernières ne jouissent cependant pas toujours d'une bonne couverture géographique 80 , ce qui rend d'autant plus difficile leur suivi en horaire décalé.
75
Ces aides comportent 5 volets : transformation numérique, excellence opérationnelle, cyber-sécurité, coworking, et autres. Voy. « Aides pour le numérique », Digitalwallonia.be.
76
Très Petites Entreprises, soit les entreprises de moins de cinq personnes.
77
Une entreprise en trajectoire de croissance (ETC) est une entreprise qui porte un projet stratégique pour le développement de ses activités (transformation, innovation, ou internationalisation). Voy. http://www.wallonie.be/fr/formulaire/detail/114613
78
Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises.
79
Voy. ces formations en détail sur http://www.ifapme.be/formations-a-un-metier/formations/catalogue-des-formations-a-un-metier.html#C9
80
Sur 16 centres IFAPME, ces formations ne sont dispensées que dans 3 ou 4 centres.
30
UN MÉTIER DE COMMERÇANT QUI SE COMPLEXIFIE À côté de ces grands facteurs, de nombreuses réglementations, obligations, évolutions technologiques ont profondément complexifié le métier de commerçant. Le commerçant des années '50 était généralement un indépendant qui possédait et habitait le bâtiment abritant son commerce, gérait son activité en famille, basait sa comptabilité sur les factures et les relevés de caisse, et qui ne séparait guère vie professionnelle et vie privée 81 . La différence avec le commerçant d'aujourd'hui est flagrante. Cette complexité peut se décomposer en trois grands aspects : d'importants coûts d’exploitation : salaires, pertes dues aux vols, etc. ; des coûts d'investissement qui augmentent : lors de la création d'un commerce, de son adaptation, de sa transformation, etc. ; un élargissement des compétences nécessaires : marketing, comptabilité, gestion, communication, etc. Alors que le grand commerce dispose de la taille critique pour répondre à ces évolutions, le petit commerce n'est souvent pas armé pour y faire face. Il est donc nécessaire de le soutenir.
81
Voy. J.P. Grimmeau, B. Wayens, op.cit., p. 73.
31
Afin de diminuer les coûts d’exploitation des PME en général, la Région met à leur disposition des aides à l’embauche. Il existe dans ce cadre l’incitant financier SESAM 82 , qui soutient les petites entreprises qui engagent des demandeurs d’emploi inscrits auprès du Forem 83 . D'autres types d'aides sont également à la disposition des entreprises, telles que par exemple les aides « Impulsion » qui favorisent l'embauche de certaines catégories de demandeurs d'emploi (premier emploi, moins de 25 ans, plus de 55 ans, etc.) 84 . En terme de soutien aux commerçants, le Plan Wallonie Commerce, de son côté, prévoit notamment le développement de groupements d'employeurs 85 , dispositif permettant à plusieurs en-
82
« Soutien à l’emploi dans les secteurs d’activité marchands ».
83
Il s’agit d’un montant forfaitaire dégressif sur trois ans. Il est permis par un partenariat entre le Service Public de Wallonie et le Forem. C’est ce dernier qui assure le paiement aux employeurs. Voy. à ce sujet : http://emploi.wallonie.be/home/aidesa-lemploi/sesam.html
84
Ces aides ont fait l'objet d'une impor tante réforme entrée en vigueur le 1er juillet 2017. Voy. http://emploi.wallonie.be/ reforme-aidesemploi.html
85
Voy. la description du dispositif sur le site internet de l'Union des villes et communes wallonnes : http://www.uvcw.be/ actualites/2,129,1,0,2591.html
32
treprises d'engager ensemble du per-
une nouvelle loi réglementant la sécuri-
sonnel pour se le partager, et donc de
té privée et particulière. Elle autorise les
mutualiser les coûts en ressources hu-
commerçants à effectuer des contrôles
maines. Dans cette optique, le Plan pré-
systématiques à l’entrée de leur magasin
voit aussi d'autres formes de projets
et à en refuser l’accès à des visiteurs qui
(mutualisation des efforts pour aborder
se comportent de manière suspecte. La
des thématiques comme l'e-commerce,
notion de violation de l’espace commer-
l'e-marketing, les achats groupés, etc.).
cial est par ailleurs introduite 88 .
Le Gouvernement fédéral a également
Alors que les grands commerces peuvent
pris plusieurs mesures pour réduire les
faire face au phénomène des vols en
cotisations sociales : depuis le 1er janvier
pouvant supporter les coûts des vols à
2016 et jusque fin 2020, les employeurs
l'étalage et en engageant des agents de
qui engagent un premier travailleur bé-
sécurité, ce n'est pas le cas des commer-
néficient d’une exonération des cotisa-
çants de proximité pour lesquels cette
tions sociales patronales à vie sur ce-
mesure est dès lors bienvenue.
lui-ci 86 . Une réduction des cotisations sociales des indépendants de 22 % à 20,5 % a également été instaurée 87. Enfin, le 8 juin 2017, la Chambre a approuvé
86
Communiqué de presse de Willy Borsus, « PME et indépendants : ce qui change le 1er janvier 2016 », 2 décembre 2015. À partir de janvier 2017 sont entrées en vigueur des réductions de charge pour l’engagement d’un 3e, 4e ,5e et 6e travailleur. Source : Syndicat Neutre pour Indépendants http://www.sninet.be/fr/actualit-eacute-s/detail/le-sni-applaudit-les-nouvelles-r-eacute-ductions-de-charges-salariales-pour-les-premiers-engagements
87
La diminution a lieu en 3 temps : 21,5 % depuis le 1er janvier 2016, 21 % depuis le 1er janvier 2017, et 20,5 % à partir du 1er janvier 2018. Voy. Communiqué de presse de Willy Borsus, « PME et indépendants : ce qui change le 1er janvier 2016 », 2 décembre 2015.
88
« Actuellement, pénétrer par effraction dans une propriété autre qu’une habitation personnelle sans avoir commis de fait punissable n’est pas passible d’une sanction pénale. Un commerçant ne peut par exemple pas porter plainte contre quelqu’un qui circule dans sa réserve tant qu’elle n’a pas volé quelque chose. Il est proposé de prévoir dans le Code pénal une disposition qui sanctionne la violation de l’espace commercial. » Voy. communiqué de Willy Borsus, « Willy Borsus met en place un arsenal pour aider les commerçants à lutter contre la criminalité », 14 mai 2017.
33
En ce qui concerne les coûts liés aux investissements, le Plan Wallonie Commerce prévoit de très nombreuses mesures. Les principales sont : le lancement de Créashop : il s'agit d' une aide financière pouvant couvrir jusqu’à 60 % des frais d’aménagement liés à l’ouverture d’un nouveau commerce, conditionnée au respect de certains critères 89 ; l'encadrement d'actions comme le Place Making, approche d'appropriation des espaces publics dans une optique de renforcement des liens sociaux90 et d'une meilleure attractivité commerciale, ainsi qu'un soutien au concept de quartiers créatifs 91 ;
89
Le projet Créashop représente, pour l’AMCV, le « seul outil » capable de réintégrer une vitalité commerciale dans les rues ou les espaces commerciaux qui évoluent dans le mauvais sens. Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 4. Cette mesure est déjà mise en œuvre.
90
Le communauté constitue un projet commun et envisage sa planification, sa conception, sa gestion à long terme.
91
Réinvestissement d’un quartier histo rique en perte de vitesse en attirant des entrepreneurs créatifs, des activités innovantes, des artistes, etc., afin d’en faire « des écosystèmes où se côtoient innovation et créativité ». Voir Plan Wallonie Commerce, Axe 5, mesure 5.
34
la mise sur pied des « chèques-entreprises » 92 , qui unifient dans un seul dispositif les nombreuses aides et primes préexistantes, dont les aides à la transformation numérique. Ces aides privilégient l'accompagnement sur la durée et selon les étapes du cycle de vie de l'entreprise ; une aide à la reprise de commerces (sous forme d’accompagnement et de formation des porteurs de projets), à leur transmission (avec notamment le renforcement et l'amplification de la plateforme « affaires à suivre »93) et à la création de synergies entre GCV et SAACE afin de mettre en commun les demandes et les offres d’espaces partagés pour lutter contre les cellules vides94 .
92
Mis en œuvre par la réforme de mars 2017.
93
Il s’agit d’une plateforme lancée en 2014 dédiée exclusivement à l’achat et à a la vente de petites entreprises et commerces de détail. Son succès est toutefois remis en question. Voy. question orale de M. Desquesnes à M. Marcourt, ministre de l’Économie, sur le bilan de la plateforme « Affaires à suivre », P.W.- C.R.I.C. n°163 (2016-2017) - mardi 2 mai 2017, p. 39.
94
La plateforme Urbanretail.be a été lancée en mars de cette année. Elle vise à permettre des occupations de cellules de courte durée. Les candidats intéressés peuvent y trouver des locaux à occuper pour 1,5 ou 7 jours, tout en permettant aux propriétaires de proposer des biens pour une occupation éphémère. Voy. Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 4.
35
De leur côté, certaines villes wallonnes
Si les modalités exactes d’octroi et de
mettent en place des primes pour tout
versement de ces indemnités sont tou-
commerçant venant s’installer dans le
jours en cours de discussion, un mon-
centre-ville 95 . Ces primes s’additionnent
tant de 3 millions d’euros à d’ores et
à celles existantes, notamment dans le
déjà été prévu à cet effet dans le budget
cadre du projet Créashop (Plan Wallonie
2018 et sera éventuellement réévalué en
Commerce) et au niveau provincial .
fonction des besoins réels100 .
La Déclaration de politique régionale
En ce qui concerne l'expertise et la for-
2017-2019 prévoit, quant à elle, l’adop-
mation aux différentes compétences, le
tion d'un dispositif permettant de favori-
premier axe du Plan Wallonie Commerce
ser l’émergence de magasins éphémères
promeut et développe une offre de for-
dans les centres-villes, grâce à un bail
mations variées à destination des com-
commercial de courte durée, comme
merçants (e-commerce, design, marke-
l'a déjà adopté la Flandre 97. Le ministre
ting, gestion, logistique, etc.). Il facilite
wallon de l'Économie, Pierre-Yves Jeho-
en outre l’accès à l’offre disponible via
let, a en outre annoncé, le 28 novembre
les chèques-formations. Le dernier axe
2017
la préparation d'un décret (prévu
du Plan concerne quant à lui la trans-
96
98
pour le premier trimestre 2018) rétablis-
position de la directive européenne sur
sant l'indemnisation des commerçants
l’accès à la profession, après le transfert
lésés par des travaux de voirie 99 .
des compétences en la matière vers les
95
C 'est le cas par exemple à Arlon ou à Bastogne. Voy. « Le MR entre dans la danse des primes », L’Avenir Luxembourg, 10 juin 2017, p. 14.
96
Différentes aides aux entreprises existent dans certaines provinces. Dans le Brabant wallon, différentes structures et aides accompagnent la création et le développement d’entreprises. Toutes ces aides sont détaillées sur le site de la province : http://www.brabantwallon. be/bw/entreprendre-travailler/entrepreneuriat/aides-a-la-creation-d-entreprise/
97
Décret du 17 juin 2016.
98
Voy. C. Carpentier, « Les commerçants indemnisés pendant les travaux », La Meuse, 28 novembre 2017, p. 15. Et Parl. W., Commission de l'Économie, 28 novembre 2017.
99
En plus d'une indemnité pour les commerçants obligés de fermer pendant la durée des travaux, il prévoira également une indemnité pour les commerçants dont le commerce reste ouvert mais subit une baisse de l fréquentation. Voy. question orale de M. Collignon à M. Jeholet, ministre de l’Économie, sur « les de-
100
mandes d’indemnisation des commerçants en cas de chantier », P.W.- C.R.I. n°3 (20172018) – mercredi 11 octobre 2017, pp. 23-24.
36
Régions suite à la 6e réforme de l’État.
cier personnalisé 104 . Elles doivent no-
Les procédures d'accès à la profession se
tamment les orienter vers l'ensemble
voient légèrement adaptées, concernant
des aides régionales existantes, dont
notamment les examens d'admission 101 .
le dispositif Airbag pour les indépendants105 , les formations dispensées par
La nouvelle majorité s'engage égale-
l'IFAPME ou encore les chèques-forma-
ment dans cette voie et prévoit « d’in-
tions disponibles. La Région organise
tensifier les mesures de promotion et de
également l'encadrement des Centres
formation aux nouvelles technologies
d'insertion socioprofessionnelle (CISP)
pouvant impacter positivement les com-
dont l'objectif est d'assurer la formation
merçants et artisans wallons »
de stagiaires éloignés de l'emploi 106 .
102
.
Outre la formation proprement dite, les
Au niveau fédéral, ensuite, la Chambre
Structures d'accompagnement à l'au-
a voté à l’unanimité, le 24 avril 2016, un
to-création d'emploi (SAACE's) agréées
projet de loi reconnaissant légalement le
par la Wallonie 103 assurent une mission
statut d’artisan, qui est entré en vigueur
de conseil et d'orientation. Elles offrent
le 1er juin 2016 107. Cette reconnaissance
au porteur de projet un accompagne-
permet à ces artisans de disposer d’un
ment pédagogique, juridique et finan-
label et de bénéficier d’une plus grande
101
Cet accès revêt les aspects de connaissances de gestion de base ainsi que les connaissances spécifiques liées à la profession.
102
103
Voy. Déclaration de politique régionale 2017-2019. Les SAACE's doivent répondre à des critères précis tels que d'organisation, de compétences, d'offres de services ou de capacités d'accueil afin d'être reconnues et agréées par la Région. Elles bénéficient alors d'une subvention de 45 000 euros pour mener à bien leur mission.
104
Il existe actuellement 12 SAACE's agréées en Wallonie. Voy. l'offre disponible sur http:// emploi.wallonie.be/home/creation-demploi/saace.html.
105
Ce dispositif permet aux personnes souhaitant s’installer comme indépendant à titre principal de bénéficier d’un subside de 12 500 euros étalé sur deux ans. Dans le cas où la personne n’est pas indépendante à titre complémentaire depuis au moins 3 ans, elle doit avoir suivi une formation IFAPME ou être accompagnée par une SAACE.
106
107
Voy. http://emploi.wallonie.be/home/formation/cisp.html Voy. Communiqué de presse de Willy Borsus, « La qualité d’artisan officiellement reconnue », 24 avril 2016.
37
visibilité auprès du public, notamment en apparaissant dans le répertoire des artisans. Elle est octroyée en fonction de critères tels que le caractère authentique de l’activité, l’aspect manuel du travail et le savoir-faire de l’artisan. Enfin, des initiatives locales existent également, visant à soutenir les producteurs dans leur démarche de commercialisation et dans la logistique de distribution. Citons l'ASBL « Made In BW », créée en 2015 108 . Elle est au service de producteurs (agriculteurs, maraîchers, brasseurs, etc.) qui souhaitent vendre leurs produits en épicerie, auprès des restaurateurs ou dans les grandes surfaces. L’ASBL se charge du contact et de la négociation avec les magasins, ainsi que de la livraison. C’est une initiative qui favorise le circuit court et la valorisation des commerces de proximité. En province de Luxembourg et en province de Hainaut, « Terroir Lux » et « Hainaut, terre de goûts » offrent également un service d'accompagnement et de promotion. De nombreuses aides peuvent donc déjà être mobilisées par les commerçants pour faire face à différentes situations. Leur efficacité doit néanmoins être régulièrement évaluée, ainsi que leur promotion auprès des commerçants assurée.
108
Voy. « Made in BW lance un nouveau site pour aider à s’approvisionner local », L’Avenir Brabant wallon, 14 juin 2017, p. 1, et « Une prime de 6000 euros pour les nouveaux commerçants à Bastogne », La Meuse/Luxembourg, 25 août 2017.
38
39
NOTRE AMBITION POUR LE COMMERCE DE PROXIMITÉ 40
C
omme nous venons de le constater, les autorités publiques ont d'ores et déjà adopté de nom-
breuses
mesures
concernant
les
5
grandes problématiques auxquels sont confrontés les commerçants de proximité. Cependant, le déclin persistant de ce type de commerce et la dévitalisation des centres habités qui en découle nous
UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE À L’INITIATIVE DE PROXIMITÉ
invitent à approfondir la réflexion. C'est la raison d'être du présent cahier, qui entend formuler des propositions originales afin d'inverser la tendance. Dans
DE VÉRITABLES CENTRE COMMERÇANTS
ce cadre, nous adopterons la définition du SPF économie, pour qui : « le commerce de proximité est constitué de points de vente indépendants ayant une surface commerciale petite à moyenne, situés en zone urbaine, qui revendent des biens
UNE RÉGULATION DU GRAND COMMERCE
neufs ou d'occasion destinés à être utilisés par les particuliers ou les ménages »109 . Nous l'élargissons néanmoins aux zones rurales, qui ne sont pas exemptes de difficultés et qui recouvrent une part impor-
UNE PROMOTION DU COMMERCE LOCAL
tante de la réalité wallonne. Nos propositions s'organisent en 5 axes, qui répondent aux 5 grandes causes des difficultés que connaît le commerce de proximité.
109
UN PARTENARIAT E-COMMERCE
SPF Économie, 2015.
41
DE VÉRITABLES CENTRES COMMERÇANTS Les centres-villes/villages nécessitent tout d'abord, pour améliorer leur attractivité, un accès fluide ainsi qu'un stationnement aisé. Dans ce sens, nous souhaitons le développement d’infrastructures multimodales garantissant une accessibilité fluide vers les centres-villes. Les réseaux de transports en commun doivent ainsi relier les zones résidentielles situées à l’extérieur des centresvilles et les centres-villes eux-mêmes. Leurs horaires doivent être adaptés à ceux des commerces, c’est-à-dire inclure une offre suffisamment large le samedi. Il faut ensuite assurer la présence de pistes cyclables sécurisées menant vers le centre-ville et d’emplacements pour vélos à proximité des commerces. Les déplacements en voiture, si nous souhaitons les voir à terme fort réduits110 , ne doivent pour autant pas être oubliés et particulièrement dans les agglomérations moyennes à petites. Nous proposons dès lors la création d’emplacements de parkings proches des commerces, mais également de bornes
110
Nous pensons au développement à moyen terme des véhicules autonomes, qui permettront d’ici quelques années un besoin beaucoup moins important en emplacements de parkings, une réduction du parc automobile et une fluidification importante du trafic.
42
de recharge pour véhicules électriques.
mercial de courte durée, conformément
La mise en place de ces infrastructures
à ce que prévoit la DPR 2017-2019 111 , afin
pourrait être partiellement financée par
de favoriser l’émergence de magasins
un fonds régional alimenté par des re-
éphémères. Par ailleurs, nous propo-
devances payées par les grands com-
sons de ne plus accepter ces magasins
merces périphériques, en fonction de
éphémères qu’en centre-ville.
leur superficie et de leur chiffre d’affaires. En outre, nous proposons l’adoption
En outre, pour redynamiser les centres
d’une redevance communale sur l’ab-
d'agglomérations, les responsables po-
sence d'emplacement de parking pour
litiques doivent se baser sur le travail et
toute nouvelle construction. Il n'est en
l'expertise des acteurs de terrain. Nous
effet pas toujours possible de prévoir un
voulons dès lors conforter le soutien
tel emplacement en centre d'aggloméra-
technique et financier régional et com-
tion. Ces deux dispositifs contribueraient
munal aux organismes de développe-
ainsi à l’accessibilité des commerces de
ment local, cellules de Gestion centre-ville
centre-ville et centre-village.
ou Agences de développement local.
Participant également de la mauvaise
Enfin, la désertification des services
attractivité de nos centres, le phéno-
d’utilité publique en milieu rural doit
mène des cellules vides peut amorcer un
également être enrayée. Afin de contri-
cercle vicieux en raison de l’inésthétisme
buer à cet objectif, nous proposons que
qu’il installe, mais surtout en créant un
les communes rurales prévoient systé-
sentiment potentiel d’insécurité et d’in-
matiquement l’installation d’un distribu-
confort. Il entraîne aussi une diminution
teur automatique de billets à proximité
de la fréquentation dans une rue ou un
des maisons communales.
centre-ville. Les magasins éphémères constituent un bon moyen pour dynamiser un quartier, lui redonner du souffle et endiguer ce cercle vicieux. Nous demandons dès lors avec insistance l’aboutissement du dispositif créant un bail com-
111
Ainsi que la note d'orientation 2017-2018 du ministre wallon de l'Économie Pierre-Yves Jeholet.
43
UNE RÉGULATION DU GRAND COMMERCE Les centres commerciaux périphériques constituent une réalité que les pouvoirs publics doivent pouvoir intégrer dans leur stratégie de redynamisation des centres-villes. Plusieurs organismes se sont déjà exprimés en ce sens. La Conférence permanente du développement territorial (CPDT) 112 plaide par exemple pour un « ralentissement du développement de projets de grands centres commerciaux, car il évolue trop vite par rapport au rythme auquel évoluent les besoins de la population en produits vendus dans les commerces » 113 . Le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) s’est également prononcé pour l’arrêt de la création de nouveaux shopping centers. Il veut un « renforcement du commerce indépendant avec sa richesse et sa diversité, plutôt que la standardisation de l’offre que proposent inéluctablement les grandes chaînes et les promoteurs de centres commerciaux » 114 . Au vu de leur multiplication et de la menace
112
La CPDT est constituée de chercheurs universitaires et d’experts. Elle constitue, par la publication de ses travaux, un outil d’aide à la décision pour le Gouvernement. Voy. https://cpdt.wallonie.be/recherches.
113
Voir son « Diagnostic territorial de la Wallonie », 2011.
114
Dans son communiqué « Extension de l’Esplanade à Louvain-la-Neuve : non c’est non», 19 juin 2017.
44
qu’ils représentent pour le commerce de
européenne du 15 décembre 2006 peut
proximité en centre-ville ou centre-vil-
justifier l’instauration d’un cadre régle-
lage, nous demandons à la Commission
mentaire plus restrictif117. Pour rappel, la
européenne de revoir les dispositions
Commission y reconnaissait que « l’ac-
de la directive Services. Nous pensons
cessibilité des commerces pour tous (…)
en effet, au vu du développement ra-
est un objectif d’intérêt général lié à
pide des centres commerciaux et de
l’aménagement du territoire qui doit
leurs impacts négatifs sur les centres-
pouvoir justifier des restrictions aux li-
villes, que cette directive doit permettre
bertés fondamentales». L’Allemagne a,
l'utilisation d'un outil de régulation basé
par exemple, recours à cet avis pour jus-
en tant que tel sur des critères socio-
tifier une politique de régulation stricte
économiques.
des grands commerces périphériques.
À défaut de cette révision, nous insistons
Il est dès lors possible de limiter l’im-
sur l'urgence d'adopter un moratoire sur
plantation de nouveaux centres com-
de nouveaux projets de centres com-
merciaux périphériques aux projets qui
merciaux ou de zonings commerciaux
démontrent qu’ils ne créent pas de dis-
en périphérie des centres urbains115 et de
crimination envers les personnes qui ne
réserver le développement de complexes
peuvent se déplacer vers les périphé-
commerciaux en dehors des centres ur-
ries pour accéder aux commerces (et
bains au commerce de biens pondéreux116 .
en particulier les personnes âgées ou handicapées, ainsi que celles qui privilé-
Malgré l’interdiction, introduite par la
gient d'autres modes de transport).
directive Bolkestein en 1996, de recourir à un critère « d’impact d’un projet
Cela doit permettre de soutenir priori-
commercial sur les commerces déjà
tairement l’implantation commerciale
existants » pour justifier la non-déli-
en centre-ville et de limiter les zones
vrance de l’autorisation d’implantation
commerciales qui défigurent les entrées
de ce projet, un avis de la Commission
des agglomérations.
115
Tel que voté par le CDH dans les lignes de force du parti pour les élections communales d'octobre 2018, « L'engagement humaniste au coeur de nos communes ».
116
En effet, différents types d'enseignes vendant des biens denses et lourds tels que des meubles, des matériaux de construction, du gros électroménager, ou des activités comme celles des concessionnaires automobiles, trouvent plus leur place à l'extérieur des agglomérations.
117
Avis motivé 36/2006. La Commission précise que cela ne s’applique qu’aux « produits et services de base satisfaisant un besoin immédiat ou quotidien », afin de viser le maintien d’une offre commerciale de base et de proximité.
45
En outre, la réglementation wallonne
suite sans un nouveau permis distinct.
existante sur les permis d’implantation
Actuellement, l’extension d’une implan-
doit être renforcée. À l’heure actuelle, le
tation commerciale est en effet possible
seuil de surface commerciale au-delà du-
sans permis, moyennant une déclaration
quel un permis régional est nécessaire 118
préalable écrite, si le projet ne dépasse
est fixé à 2500 m
. Nous pensons que
pas 20 % de la surface commerciale
ce seuil est trop élevé et proposons de
nette existante, avec un plafond maxi-
l’abaisser à 1000 m2 . Théoriquement,
mum de 300 m2 de surface commerciale
cela concerne donc une partie des su-
nette supplémentaire 121 .
2 119
permarchés, dont la surface est méthodologiquement fixée par Statistics Bel-
Par ailleurs, à l’heure où l'étalement ur-
gium 120 dans une fourchette allant de
bain doit être strictement limité, nous
400 à 2500 m2. Dans la pratique cepen-
estimons qu’il n’est plus acceptable de
dant, le même service chiffre à 1031 m la
ne pas profiter de la superficie utilisée
surface moyenne des supermarchés en
par les supermarchés situés dans les
Wallonie (998 m2 pour l’ensemble de la
coeurs d'agglomération pour construire,
Belgique). Cet abaissement du seuil ne
à l’étage, des logements, des bureaux
concernera donc que les plus grands su-
ou des terrains de sport122 . Il faut égale-
permarchés ainsi que les hypermarchés.
ment envisager ici l’intégration de loge-
Par ailleurs, nous soutenons que ce per-
ments publics, en charge urbanistique
mis régional doit porter sur un plan d’en-
ou en partenariat. Nous voulons dès lors
semble qui ne puisse être agrandi par la
instaurer une obligation, pour l’octroi
2
118
« Les implantations de plus de 2500 m2, les extensions de plus de 2500 m2 ou les implantations situées sur plusieurs communes doivent faire l’objet d’une procédure régionale auprès du Fonctionnaire délégué des Implantations commerciales et donc, doivent obtenir un permis régional. » Voy. l’article 83 du décret wallon du 5 février 2015 relatif aux implantations commerciales.
119
En deçà, de 400 à 2500 m2, seul un permis communal est nécessaire, et en deçà de 400 m2, une déclaration préalable suffit.
120
Département statistique du SPF Économie.
121
Voy. article 28 du décret du 5 février 2015 relatif aux implantations commerciales.
122
De tels projets ont été mis en place, avec succès, en Flandre et aux Pays-Bas. L'Upsi (Union professionnelle du secteur immobilier) a également récemment interpellé le politique pour faciliter l'octroi de permis pour la construction de logements sur les toits des supermarchés existants. Voy. « Plus de 10 000 logements sur les toits et parkings des supermarchés », www.upsi-bvs.be, 30 novembre 2016.
46
des permis des nouveaux supermarchés situés en centre-ville, d’intégrer une multifonctionnalité
permettant
une
utilisation optimale de cette superficie. Cela permettrait non seulement de mieux intégrer ces grandes surfaces dans le tissu habité, mais également d’amoindrir la superficie construite pour une utilisation équivalente. Concernant les grandes surfaces déjà construites en centre-ville, il est nécessaire de faciliter la procédure d’obtention d’un permis pour la construction d’étages. Au vu des centaines d’hectares qu’il serait possible d’utiliser de la sorte en Wallonie, combinée à la croissance démographique, la demande existe. Reste au politique à en permettre la concrétisation. Une régulation doit également intervenir dans les zones d’activité économique mixte, qui accueillent trop souvent des commerces, alors que ce n'est pas leur fonction première et que ces commerces nuisent à ceux des centres habités123 . Dès lors, le gouvernement doit inviter les Fonctionnaires délégués à se montrer plus sévères dans l'acceptation de certains projets en zone d'activité économique afin de respecter la trame planologique de la zone.
123
Selon l’article 30 du Cwatup (devenu en juin 2017 le CoDT, Code du développement territorial), la zone d’activité économique mixte est destinée aux activités d’artisanat, de service, de distribution, de recherche ou de petite industrie.
47
Les zones de grand commerce existant en périphérie des villes intègrent peu la végétation. Elles sont souvent entourées de grands parkings qui sont non seulement inesthétiques, mais aussi peu favorables à la biodiversité. Elles augmentent également les risques d’inondation et induisent un mélange de l’eau de pluie (propre) avec les eaux usées. Des solutions existent pour remédier à ces problèmes. Nous souhaitons donc la mise en place d’incitants mais également de contraintes au verdissement de ces surfaces de béton et d’asphalte par l’intégration de végétation (arbustes, buissons, haies) et le placement au sol de dalles gazon (béton perforé) ou de pavés de béton drainant permettant une infiltration directe de l’eau de pluie et un aspect plus esthétique.
48
UNE PROMOTION DU COMMERCE LOCAL
encourager
la
généralisation,
dans
toutes les provinces, de plateformes spécifiques d'aide à l'organisation de
Malgré des évolutions structurelles dé-
circuits-courts,
favorables au commerce de proximité à
Bw », « Terroir Lux » ou « Hainaut, terre
l’œuvre depuis plusieurs décennies, de
de goûts ». Elles assurent notamment la
nouveaux comportements apparaissent,
promotion des producteurs locaux et un
créant notamment une demande pour
soutien logistique pour la distribution de
les produits locaux. C'est une opportu-
leurs produits.
telles
que
« MadeIn-
nité d'autant plus grande pour les commerces de proximité que la Wallonie
Un marché itinérant regroupant des pro-
regorge de produits originaux, tradition-
ducteurs locaux issus d’une même ré-
nels et de qualité. Ils doivent pouvoir être
gion et mettant en avant une identité ré-
mis au service de la différenciation, et
gionale est également un bon moyen de
donc de la valorisation, des petits com-
valoriser cette production locale. Cette
merces. Dans ce sens, l'Union des villes
valorisation peut ensuite créer une nou-
et communes de Wallonie (UVCW) 124 in-
velle demande, ayant des retombées po-
siste sur la notion d’identité territoriale
sitives sur le petit commerce de la région.
des commerces situés dans les zones
À l’instar du « Village provençal » qui se
rurales et périurbaines, nécessaire à la
déplace dans différentes villes belges
valorisation des produits locaux.
chaque année, nous proposons la mise sur pied d’un « Marché de Wallonie » as-
Nous voulons dès lors proposer la mise
sociant producteurs et petits commer-
sur pied d’un label « Acheter local », qui
çants wallons, qui puisse itinérer en Bel-
associerait producteurs locaux et pe-
gique mais également à l’étranger.
tits commerçants. Il permettrait de gacréation
et
la
distribution
de
locaux
les
rantir la provenance et la promotion de
La
produits locaux, en collaboration avec
chèques-commerces
l'APAQ-W, notamment via son initiative
communes ou les organismes de déve-
LeClicLocal 125 . Le lancement de ce label
loppement local doivent également être
devrait être accompagné d'une grande
soutenues, au vu des effets bénéfiques
campagne régionale de promotion à
que ce système produit. Ces chèques
destination des pouvoirs locaux, des pe-
pourraient par exemple être distribués
tits producteurs et des consommateurs.
en remplacement de certaines primes
Dans le même objectif, nous désirons
communales. Parallèlement, il convient
124
par
Voy. l’audition de M. Flagothier, conseiller à l’UVCW, Doc. Parl., Parlement de Wallonie, session 2016-2017, CRIC n°152, 18 avril 2017, p. 25.
125
Voy. sur http://lecliclocal.be
49
de mettre sur pied un soutien provincial ou supracommunal à la création de monnaies locales complémentaires. Enfin, une fois ces devises disponibles et viables, les communes doivent les utiliser autant que possible dans le cadre des paiements qu’elles reçoivent ou effectuent.
La création et la distribution de chèques-commerces locaux par les communes doivent être soutenues 50
UN PARTENARIAT E-COMMERCE
ployeurs. Nous estimons qu'ils peuvent apporter une aide précieuse en termes de développement de l'e-commerce, d'e-marketing, mais aussi d'achats groupés.
Participant de l'évolution des comportements d'achat, l'essor de l'e-commerce,
Nous soutenons, comme le propose la
en particulier chez les plus jeunes, re-
DPR, de promouvoir auprès des petits
présente un bouleversement auquel les
commerçants l’utilisation de nouvelles
commerçants de proximité doivent né-
technologies qui peuvent impacter posi-
cessairement s'adapter. Le commerce en
tivement leur activité et l’organisation de
ligne peut en effet devenir une force du
formations adéquates126 . En particulier, il
commerce de proximité. Dans cet objec-
nous paraît souhaitable d'améliorer la
tif, nous proposons la création de plate-
couverture géographique de certaines
formes
entre
formations IFAPME et de promouvoir
commerçants d’une même localité. Ces
les formations disponibles auprès des
plateformes auraient deux fonctions,
CISP, telles que le digital marketing et
l’une externe et l’autre interne. D’une
l'e-commerce. Pour ce faire, une action
part, vers l’extérieur, elles offriraient une
spécifique « e-proximité » pourrait être
plus grande visibilité à ces commerces
menée, associant l'élargissement de
et faciliteraient l’achat, en intégrant la
cette couverture à une promotion im-
fonction d’e-commerce. D’autre part,
portante de ces formations auprès des
en interne, elles permettraient aux com-
petits commerçants.
numériques
partagées
merçants d’échanger des informations plus facilement et de mutualiser certains
Nous saluons enfin la réforme des aides
coûts et services. Nous pensons à la li-
à la transformation numérique initiée
vraison de produits, à l’utilisation de vé-
cette année par le Gouvernement wal-
hicules, ou encore à la mise en commun
lon. Nous demandons à la Région l'in-
de données.
tensification de la campagne de promotion de ces aides auprès des petits
Dans la même optique de mutualisation
commerçants127, qui peuvent pour la
des coûts et de coopération entre com-
plupart bénéficier d'un taux d'interven-
merçants, nous désirons encourager le
tion préférentiel pour ces aides, en tant
développement de groupements d'em-
que TPE.
126
Nous pensons ici notamment au Digital in Store, comprenant les outils digitaux pouvant être utilisés dans les magasins (tablettes, écrans tactiles, bornes numériques, etc.) pour enrichir et améliorer l’expérience client, et ainsi améliorer les ventes.
127
Telle que prévue dans le Plan Wallonie Commerce via la campagne « commerces connectés ».
51
UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE À L’INITIATIVE DE PROXIMITÉ
Au vu des nombreux obstacles qui peuvent jalonner une carrière commerçante, la qualité d'un projet initial n'écarte cependant pas la possibilité de difficultés, voire de faillites. C'est pour répondre à ces hypothèses que nous proposons la
Face à la complexification de leur métier,
mise en place de deux structures dédiées
les commerçants de proximité doivent
au commerce. D'une part, un centre de
être soutenus à toutes les étapes de leur
référence wallon pour la formation con-
activité. En effet, l'établissement d'une
tinuée, à destination des commerçants
concurrence réellement saine et loyale
en activité, et d'autre part une cellule de
au service de l'intérêt général implique
transition professionnelle, destinée aux
un traitement différencié d’agents éco-
commerçants en difficulté, ayant arrêté
nomiques (les petits indépendants et le
leur activité ou connu une faillite.
grand commerce) se trouvant dans des situations différentes.
Accompagnement du commerçant À l'entame de toute activité, une formation initiale adéquate, un accompagnement solide et des conseils techniques avisés permettent de renforcer un projet et donc d'augmenter ses chances de succès à long terme. C’est pourquoi nous désirons promouvoir le recours aux formations initiales organisées par les acteurs tels que l'IFAPME ainsi que le recours aux SAACE's par les candidats commerçants. Il faut également encourager les collaborations entre les SAACE's et d'autres acteurs, tels que le Forem, l'Apaq-W ou d'autres organisations sectorielles, et les associations de commerçants, afin d'améliorer la pérennité des commerces de proximité.
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Ces structures mobiliseraient tous les
des commerçants, de la plateforme « Af-
acteurs du commerce de détail tels que :
faires à suivre » initiée par la Sowalfin.
le ministre de l'Économie ;
En outre, les communes devraient agir
le Forem ;
de concert avec ces centres :
les syndicats ; les organisations sectorielles (SNI,
en alimentant une base de données
UCM, etc.) ;
régionale renseignant les carences
la Sowalfin.
commerciales128 . Cette base de données relayerait les annonces de vente
Elles viseraient à promouvoir le maintien
de petits commerces129 ;
des activités existantes ou une transition
en assurant la promotion des com-
professionnelle réussie le cas échéant,
merces présents sur leur territoire,
et ce au moyen de plusieurs objectifs
notamment en faisant bénéficier les
spécifiques :
nouveaux commerçants de proximité d’une présentation sur le site Internet
l'information et l'orientation des com-
de la commune, ou dans le journal
merçants vers les services spécialisés,
communal dans le cas des petites lo-
afin de leur permettre de répondre ra-
calités, sous forme d’un article sur la
pidement aux évolutions du marché ;
vie économique locale ;
le soutien technique et financier aux
en créant des agences immobilières
commerçants en difficultés au moyen
commerciales, soit au niveau des in-
de conseils spécifiques, voire de garan-
tercommunales
ties bancaires pour les projets viables ;
économique, soit au niveau commu-
la facilitation de la reprise d'activi-
nal dans le cas des grandes villes. Ces
té lorsque le commerçant désire re-
agences auraient pour mission la mise
mettre une affaire saine ou pouvant
en location des cellules commerciales ;
être viabilisée ;
en exerçant un droit de préemption
la formation et la réorientation des
sur les cellules vides, qui devra être
employés et des commerçants pour
consacré par un décret. En outre, si
qui le dépôt de bilan est inévitable.
les communes achètent un espace
de
développement
commercial vide, elles pourraient, à Enfin, pour permettre la reprise de com-
l'instar du régime dont elles profitent
merces existants, nous proposons au
lorsqu'elles acquièrent un bien d'inté-
gouvernement
l'organisation
d'une
large campagne de promotion, auprès
rêt public, bénéficier de droits d'enregistrement réduits.
128
Commerces manquants ou insuffisants pour répondre à la demande.
129
Sur le modèle de ce que fait actuellement la plateforme affairesasuivre.be
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Amélioration du cadre légal et fiscal
nous pensons qu’il est nécessaire, au niveau du Gouvernement fédéral, d’alléger leurs charges et de les faire bénéficier
Au-delà du soutien et de l'accompagne-
d’une dispense de 50 % de cotisations
ment des commerçants, une adaptation
sociales la première année, de 30 % la
du cadre légal et fiscal est nécessaire
deuxième année et de 15 % la troisième 131 .
pour améliorer les conditions d’activité des petits commerces.
Par ailleurs, ces nouveaux commerçants doivent pouvoir bénéficier d'aides com-
Tout d'abord, face aux nombreuses in-
munales, y compris au niveau fiscal, no-
certitudes qui entourent le lancement
tamment par une exemption des addi-
d'une nouvelle activité commerciale, il
tionnels communaux sur le précompte
s'agit de réduire la portée du risque que
immobilier pendant 3 ans. Elle requiert
prennent les commerçants en s'enga-
au préalable la définition d'un périmètre
geant dans un contrat de location. Pour
du centre urbain ou villageois, reposant
ce faire, il nous semble utile de mener
sur l'identification de critères objectifs
une étude spécifique sur la possibilité
susceptibles de fonder une discrimination
de mettre en œuvre, à l'instar de ce qui
positive pour les nouveaux commerçants.
existe en France
130
, un bail dérogatoire
permettant de quitter le local commer-
Enfin, il faut s'attaquer aux consé-
cial avant la fin du bail. En particulier,
quences néfastes des travaux publics,
cette étude devra viser la création d’une
qui entravent l’accessibilité et la visibilité
formule locative qui allie la flexibilité
des petits commerces et les pénalisent
pour le preneur et un niveau de sécurité
financièrement de façon parfois très
satisfaisant pour le bailleur.
importante.
Ensuite, afin de favoriser l’installation de
Nous exigeons le rétablissement rapide
nouveaux commerçants en centre-ville,
des indemnités pour les commerçants
130
131
Voy. sur https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F32304. À l’heure actuelle, les indépendants peuvent demander une dispense de cotisations sociales auprès du SPF Sécurité sociale moyennant quelques conditions précises, mais qui n’incluent pas le lancement d’une nouvelle activité.
54
et artisans lésés par ces travaux132 , et la mise en place d’une défiscalisation de ces indemnités. De plus, nous proposons aux communes de sanctionner les entreprises et/ou impétrants ne respectant pas les délais lors de travaux de voiries, permettant ainsi une indemnisation complémentaire des commerçants particulièrement impactés par ces retards. C'est pourquoi, nous proposons la création d'un cautionnement, en vue de pouvoir très rapidement indemniser le préjudice identifié par les agents constatateurs accrédités à cet effet.
132
Ces indemnités avaient disparu le 1er janvier 2015 suite au fait que le fonds d’indemnisation fédéral n’avait pas été entièrement transféré aux Régions. Voy. « Il n’y a plus d’indemnités pour les commerces obligés de fermer », rtbf.be, 4 février 2015. Depuis début 2017, la Sowalfin accorde des garanties gratuites sur les crédits pour les commerçants touchés par les travaux publics. Il ne s’agit toutefois pas d’indemnisations.
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SYNTHÈSE DE NOS PROPOSITIONS 56
À l’Union européenne, nous demandons :
l'abaissement du seuil de surface commerciale au-delà duquel un permis régional est nécessaire de 2500 à 1000 m2 ;
de revoir la directive Services, afin de permettre le recours à un critère
l'instauration d'une obligation, pour
d’impact socio-économique dans la
l'octroi des permis de nouveaux super-
délivrance des permis d’implantation
marchés situés en centre-ville, d'inté-
commerciale.
grer une multifonctionnalité aux étages ;
Au Gouvernement fédéral, nous demandons :
la mise en place d'incitants et de contraintes au verdissement des abords des centres commerciaux ;
d’accorder une dispense de cotisations sociales aux nouveaux commerçants en
la mise sur pied d'un label « Acheter lo-
centre-ville, de 50 % la première année,
cal » et d'une campagne de promotion
de 30 % la deuxième année et de 15 % la
régionale de celui-ci ;
troisième année.
Au Gouvernement wallon, nous demandons :
la mise sur pied d'un « Marché de Wallonie » itinérant ; le soutien à la création de plateformes
la création d'un fonds régional de mo-
numériques partagées entre commer-
bilité en centre-ville et centre-village,
çants d’une même localité, afin de favo-
alimenté par des redevances payées par
riser l’intégration du commerce électro-
les grands commerces périphériques ;
nique à leur activité ;
l'aboutissement du dispositif créant le
le soutien au développement de grou-
bail commercial de courte durée ;
pements d'employeurs pour mutualiser les ressources humaines ;
l'imposition de l'installation en centreville ou village des magasins éphémères ;
l'amélioration de la couverture géographique de certaines formations IFAPME
l'apport d'un soutien technique et finan-
et la promotion des formations dispo-
cier aux organismes de développement
nibles auprès des CISP, afin de favoriser
local ;
le développement de l'e-commerce ;
l'adoption d'un moratoire sur les nou-
l'intensification de la campagne de
veaux projets de centres commerciaux
promotion des aides à la transfor-
ou de zonings commerciaux en périphé-
mation numérique auprès des petits
rie des centres urbains ;
commerçants ;
57
la promotion, auprès des candidats commerçants, du recours aux formations IFAPME et aux SAACE's ; la mise en place de deux structures dédiées au commerce : un centre de référence wallon pour la formation continuée, et une cellule de transition professionnelle ; la création d'une base de données régionale renseignant les carences commerciales et alimentée par les communes ; l'instauration d'un droit de préemption des cellules vides pour les communes et le bénéfice, pour les communes, de droits d'enregistrement réduits lors d'achat d'espaces commerciaux vides ; l'adoption d'un dispositif créant un bail commercial dérogatoire ; le rétablissement rapide des indemnités pour les commerçants et artisans lésés par les travaux publics.
Aux provinces, nous demandons : la généralisation dans toutes les provinces d'une plateforme spécifique de promotion et d'aide à l'organisation de circuit-courts destinée aux petits producteurs ; le soutien à la création, puis la promotion, de monnaies locales complémentaires.
58
Aux communes, nous demandons : l'adoption d'une redevance commu-
le bénéfice, pour les nouveaux com-
nale sur l'absence d'emplacement de
merçants installés en centre-ville et
parking pour toute nouvelle construc-
centre-village, d'une exemption des
tion, afin de financer les travaux d'in-
additionnels communaux sur le pré-
frastructure de mobilité en centre
compte immobilier pendant trois ans ;
d'agglomération ; l'adoption de sanctions à l'égard des de
entreprises et/ou impétrants ne respec-
chèques-commerce locaux, en parte-
tant pas les délais lors de travaux de voi-
nariat avec les organismes de déve-
rie avec la création d'un cautionnement.
la
création
et
la
distribution
loppement local ; la promotion des monnaies locales complémentaires existantes et de leur utilisation ; l'alimentation d'une base de données régionale renseignant les carences commerciales ; la promotion des nouveaux commerçants de proximité par une présentation sur le site Internet de la commune et dans les journaux communaux pour les plus petites localités ; la mise sur pied, soit au niveau intercommunal soit au niveau communal dans le cas des grandes villes, d'Agences immobilières commerciales ;
59
CONCLUSION 60
URGENCE POUR LE COMMERCE DE PROXIMITÉ
tions transversales du petit commerce. Elles sont pourtant de plus en plus reconnues et intégrées dans les comportements d'achat, et créent une demande pour des produits locaux et de
À quelques mois des élections commu-
qualité s'inscrivant dans une relation de
nales, le présent numéro des cahiers de
confiance et de convivialité. Mais l'évolu-
la présidence entend replacer la ques-
tion de ces comportements inclut égale-
tion cruciale du commerce de proximité
ment les nouvelles habitudes d'achat en
au centre des débats politiques. En ef-
ligne, dictées par les exigences qu'im-
fet, les pouvoirs locaux sont les premiers
pliquent nos modes de vie actuels. Ces
concernés par le maintien de la vitalité
évolutions diverses bousculent le fonc-
des centres habités et par la lutte contre
tionnement du petit commerce.
le développement des « cités dortoirs ». Toutefois, ils ne pourront mener à bien
Une réflexion approfondie se justifie en-
cette importante mission sans un soutien
suite au vu de la volonté du Gouverne-
accru de la part des autres niveaux de
ment wallon de procéder à une évaluation
pouvoir et sans un cadre légal adapté.
et à une adaptation du décret de 2015 relatif aux implantations commerciales, au
La question du commerce de proximi-
regard des objectifs poursuivis. Citons,
té est cruciale au vu des nombreuses
pour rappel, la protection du consom-
fonctions sociales qu'il remplit, telles
mateur, la protection de l'environne-
que l'échange humain, le conseil, l'en-
ment urbain, les objectifs de politique
couragement de solutions de mobilité
sociale et la contribution à une mobilité
douce, le lien avec le producteur, etc. Or,
plus durable. L'action du gouvernement
plusieurs éléments justifient aujourd'hui
s’inspire en cela des principes cardinaux
une action politique urgente.
énoncés par la Déclaration de politique régionale 2017-2019 : rationalisation, sim-
Les chiffres, d'abord, nous alertent car
plification et transparence. Un débat po-
ils confirment l'augmentation des cel-
litique se tiendra donc au printemps, où
lules vides et le sentiment de désertifi-
se poseront les questions de l'attractivi-
cation de nos centres habités.
té des centres-villes, de la régulation de l'implantation des centres commerciaux
Cette augmentation est notamment due
périphériques, de la promotion du com-
aux évolutions du cadre réglementaire
merce local, du partenariat e-commerce,
européen favorisant l'implantation des
ainsi que d'un environnement favorable à
grandes surfaces périphériques. Par-
l'initiative de proximité.
ticulièrement, la Directive européenne Services de 2006 induit une dérégula-
Le présent numéro des cahiers de la pré-
tion qui ne tient pas compte des fonc-
sidence s’inscrit pleinement dans cette
61
démarche. En procédant à une analyse du commerce de proximité dans ses moindres détails, nous posons des constats objectifs et quantifiés susceptibles de soutenir des propositions ambitieuses pour l’avenir des commerçants wallons. En particulier, après une longue période de libéralisation effrénée, nous plaidons pour le retour d'un cadre régulé. Il passe dans un premier temps par la mise en œuvre d'un moratoire sur l'implantation de tout nouveau centre commercial périphérique. Cette mesure doit permettre la tenue d’un débat serein et lucide sur la pérennité de nos centres habités. Les métiers de la grande distribution et du commerce de proximité divergent et il doit y avoir de la place pour une offre différenciée et diversifiée, au bénéfice de tous nos concitoyens. Plus largement, les mesures que nous prônons visent à améliorer l'attractivité de l'environnement physique, légal et fiscal dans lequel s'inscrivent les petits commerces, à les accompagner dans leur développement et à les soutenir en cas de difficultés. Je formule le vœu que ce cahier puisse susciter le débat et initier des projets et des initiatives à même de rendre au commerce de proximité toutes ses lettres de noblesse. Il en va de notre qualité de vie à tous.
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