eval elargissement du monde

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Classe de Seconde A ­ Evaluation « l'élargissement du monde, XVè­XVIè s. ». Première partie : « Comment la renaissance apparaît­elle et se diffuse­t­elle au XVè s. ? » A partir du XIVè s. en Italie un goût pour l'Antiquité apparaît. Les intellectuels de l'époque veulent tourner la page de ce qu'ils appellent le « Moyen­Âge ». Ils qualifient la période qu'ils vivent de Renaissance. Mais comment ce mouvement apparaît­il et comment expliquer le succès qu'il rencontre ensuite à travers l'Europe ? Nous verrons quelles sont les bases de la Renaissance, quel rôle joue l'émulation entre les cours italiennes puis comment elle se répand à l'échelle européenne. ­­­­­­­­­­ Dès la fin du Moyen­Âge, les contacts avec le monde musulman et le monde byzantin ont produit un regain d'intérêt pour l'Antiquité (philosophes, savants). Dès le XIVè s., on repère en Italie un goût pour la littérature de l'Antiquité, chez des écrivains comme Pétrarque ou Dante. L'idéal littéraire serait à chercher chez les auteurs grecs et latins. Au XVè s., les Turcs s'installent en Méditerranée orientale et provoquent une fuite des savants byzantins vers les villes marchandes de la péninsule italienne avec lesquels ils entretiennent des liens étroits. C'est justement la chute de Constantinople, tombant aux mains des Turcs en 1453, qui accélère le mouvement de la Renaissance : les lettrés byzantins se réfugient à Rome, Florence ou Venise. Ils amènent avec eux une partie du savoir de l'Antiquité. Dans le même temps, le goût pour l'art antique se développe : on mène à Rome les premières fouilles archéologiques. Le beau, l'idéal esthétique est celui de l'art gréco­romain. On commence à copier bâtiments et statues. L'Italie est alors morcelée politiquement et les cours princières ou papale sont en rivalité : elles essaient d'attirer les artistes et les savants les plus en vue. On parle d'émulation pour qualifier ce phénomène. Cette concurrence est essentielle pour comprendre la diffusion de la mode que constitue la Renaissance. Dans le même temps, les « découvertes » maritimes amènent un afflux d'or en Espagne et au Portugal, ce qui permet à ces pays d'attirer eux aussi artistes et savants. Les spéculations des penseurs reprennent de plus belle, les certitudes bibliques étant remises en cause. Les marchands, les artistes et les soldats voyagent à l'échelle de l'Europe entière, véhiculant les modes et les modèles apparus en Italie ou en Flandre. L'imprimerie qui apparaît à Mayence vers 1450, permet la diffusion d'idées et de modèles. La Renaissance devient européenne, comme le montre la rivalité en Charles Quint et François Ier, engagés tous deux dans les « guerres d'Italie ». ­­­­­­­­­­ Parti d'Italie, le mouvement de la Renaissance se diffuse à l'Europe entière, du fat d'une rivalité entre les cours européennes et de la vitalité des communications, qu'elles soient intellectuelles ou commerciales, dans une Europe en plein bouleversement. Il marque durablement la pensée et l'esthétique européenne.


Deuxième partie : travail sur documents. Sujet 1 : Pourquoi peut­on dire que l'épopée de Magellan est à l'image des voyages de découvertes de l'époque ? A partir du XIVè s., les marins portugais se lancent à la découverte des côtes africaines, cherchant un moyen de contourner la présence turque en Méditerranée orientale. C'est le début des « Grandes Découvertes ». Quels éléments permettent de classer le voyage de Magellan parmi ces épopées ? Pour cela, nous disposons d'un extrait du contrat passé en 1518 entre Magellan et Charles Quint, roi d'Espagne, d'un extrait de témoignage d'un des marins ayant participé à l'expédition et d'une carte, réalisée en 1544, indiquant la route suivie par cet explorateur. Nous verrons en quoi les motivations du voyage sont caractéristiques de l'époque, ainsi que la façon dont il se déroule et les conséquences qui en découlent. ­­­­­­­­­­ Le contrat passé en 1518 entre Charles Quint et Magellan montre clairement quels sont les objectifs du voyage : « les limites de la démarcation qui en la mer océane revient à notre couronne » et « des îles, des terres fermes, de précieuses épices » (doc.1). Les voyages de découverte visent alors à s'approprier des biens et à contrôler des voies commerciales. La rivalité entre Portugais et Espagnols est très forte. A tel point qu'en 1498, il a fallu que le pape impose le traité de Tordesillas pour séparer le monde en deux parties à découvrir. Il s'agit donc de savoir à qui reviennent les territoires et les populations qui y vivent ainsi que les épices. Dans le cas de Magellan, il s'agit surtout des Molluques, seule origine à l'époque de la noix de muscade. L'autre motivation essentielle de l'époque est l'évangélisation. Le voyage est plein d'incertitudes : c'est la première fois que des Européens parcourent les mers et les contrées en question. C'est un véritable pari que de vouloir contourner le « nouveau » continent découvert en 1492 par Christophe Colomb par le sud. Ainsi Pigafetta explique­t­il que « le capitaine avait délibéré d'aller jusqu'à 75° de latitude méridionale », c'est à dire dans des régions polaires. Fort heureusement pour les équipages, un « détroit » est trouvé qui permet de rejoindre une « autre mer » et l'expédition peut se poursuivre jusqu'aux Molluques. De la même manière, le contact avec les indigènes est plus ou moins pacifique : c'est lors d'un combat contre un roi indigène insoumis que Magellan trouve la mort en 1521. Enfin, ces voyages sont l'occasion de nommer le monde, de le rendre plus intelligible. A cet égard, le voyage de Magellan (terminé par son second El Cano) est essentiel : il prouve pour la première fois que le « circumnavigation » est possible, comme le montre le planisphère de 1544 relatant la voie suivie par le flotille de Magellan (doc.3). Il permet aussi de nommer les découvertes opérées au cours du voyage : le détroit au sud du continent américain sera appelé « de Magellan » et le nouvel océan découvert ensuite « mer pacifique » (doc.2). C'est ainsi que se constitue la nomenclature des lieux jusqu'à aujourd'hui. ­­­­­­­­­­ Magellan et El Cano ont donc mené un voyage d'exploration typique de la période des « Grandes Découvertes » : au péril de leur vie et de celle de leur membres d'équipage (18 seulement rentent en 1522 à Séville), ils ont permis un formidable enrichissement économique et culturel. Les royaumes qui financent ces expéditions se retrouvent à la tête d'empires maritimes qui leur assurent une puissance redoutable pour plusieurs siècles.


Sujet 2 : Peut­on dire que Constantinople est une capitale cosmopolite marquée par la tolérance ? Héritière de l'empire byzantin, la ville de Constantinople tombe aux mains des Turcs en 1453. la population est décimée, réduite en esclavage. Pourtant, les nouveaux souverains veulent en faire la brillante capitale de leur empire. Peut­on pour autant dire que cette ville est cosmopolite et caractérisée par la tolérance ? Pour cela, nous disposons de deux textes : un édit de Mehmet II publié peu après la conquête dans lequel il assure aux Chrétiens de Galata une liberté de culte et un témoignage d'un envoyé français en 1568, plus d'un siècle plus tard, étonné de l'influence des Juifs dans cette cité. Nous verrons donc de quelle manière les souverains turcs se montrent tolérants puis les limites de cette attitude. ­­­­­­­­­­ Dans l'édit qu'il publie en 1453, l'année même de la conquête, Mehmet II apparaît comme un prince tolérant : il permet aux Génois installés à Galata (ou Péra) de conserver « tous leurs biens, leurs maisons, leurs magasins » ainsi que « leurs églises et leurs chants » (doc.1). Il faut dire que cette communauté assurait à la ville les liaisons commerciales avec l'Italie et, de là, avec l'ensemble de l'occident. L'intérêt du sultan était de ne pas les compromettre. De la même manière, plus d'un siècle plus tard, le souverain se montre bien plus tolérant que les rois catholiques puisqu'à Constantinople la « quantité de Juifs » est, selon Nicolas de Nicolay, « chose merveilleuse et presque incroyable ». Parmi eux, on trouve des séfarades et des marranes « depuis peu bannis et chassés d'Espagne et de Portugal ». Ils participent à la richesse économique (« ouvriers en tous arts et manufactures très excellents ») et intellectuelle (« l'imprimerie, auparavant jamais vue dans ces régions ») de la cité. Cependant, il s'agit de tolérance et pas d'égalité. Dès la conquête, il est bien établit que l'on se trouve dans le monde musulman. Ainsi, toutes les églises ne sont pas préservées comme dans le quartier de Galata (doc. 1) et la plupart sont transformées en mosquées. Le cas symbolique de Sainte­Sophie, transformée dès la conquête en « Ayasofya » et dotée de quatre minarets est là pour le rappeler. Il est précisé que les chrétiens ne pourront pas construire de nouvelles églises ou « sonner les cloches ». L'ouverture sur le monde semble intense et les souverains soutiennent cet aspect cosmopolite. Les Juifs jouent ainsi le rôle d'imprimeurs et d'interprètes dans « toutes sortes de langues pratiquées [en Orient] » (doc. 2). Juifs (8% de la population) comme Chrétiens (33% de la population) sont soumis à un impôt qui caractérise les non­musulmans : le « droit de Djiziya » (doc.1) et doivent porter des tenues caractéristiques (bonnets de couleur) pour être distingués. Ils ne peuvent non plus monter à cheval. Enfin, les Turcs prennent parmi les Chrétiens des enfants qui seront fonctionnaires ou janissaires (soldats d'élite) : c'est le « devchirme », vécu comme un traumatisme. ­­­­­­­­­­ On peut dans le cas de Constantinople, devenue Istanbul, parler de ville cosmopolite. A l'époque des califes, cette ville est au coeur du monde oriental et la priorité est donnée au commerce, à la culture, à la beauté, comme le montre le nouveau palais de Topkapi. Les juifs et les chrétiens sont tolérés, encouragés à développés leurs activités mais ils ne sont pas les égaux des musulmans.


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