Association Nationale des Etudiants en Pharmacie de France
Un œil sur la pharmacie La santé connectée : quand l'innovation devient une perspective d'avenir
Le pharmacien, acteur de la e-sante La e-santé, c'est quoi ? page
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Télémédecine, apps & objets connectés, open data mais aussi transparence auprès des citoyens page
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La e-santé, d’hier à aujourd’hui page
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Le pharmacien et la e-santé : quelques exemples concrets page
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Les objets connectés au cœur du débat page
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Vue d’ailleurs page
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L’œil de l’invité Trois questions à Patrick Errard En constante évolution depuis plusieurs années, la e-santé semble occuper une place prépondérante au sein de notre système de soins. Comment définiriez-vous ce phénomène ? Peut-on parler d’une véritable révolution numérique ? Si oui, quels sont les enjeux de cette révolution ? Une révolution, qu’elle soit prise dans son acception politique ou astronomique, suppose le bouleversement d’un ordre établi, ou tout du moins un changement radical de perspective. De ce point de vue-là, et si l’on considère l’émergence de la e-santé à l’aune des grandes révolutions que furent l’informatique ou Internet, alors oui, on peut considérer ce phénomène de la e-santé comme une forme de révolution. Mais cette dernière s’inscrit dans un ensemble plus vaste de mutations. Je pense d’abord à l’exercice de la médecine, avec une part croissante donnée à l’ambulatoire, avec le renforcement du rôle du médecin généraliste, mais aussi de celui du pharmacien, et avec la meilleure prise en compte du rôle des aidants ; je pense ensuite aux thérapeutiques, avec l’arrivée de grandes innovations de rupture, favorisées par les progrès de l’immunothérapie, des biomarqueurs, des nanotechnologies, mais aussi avec l’introduction prochaine, dans la pratique médicale courante, du séquençage du génome entier ; et enfin je pense aux moyens technologiques, avec la démultiplication des aides personnelles au diagnostic, avec l’essor de la télémédecine, des objets connectés, de la robotique, de l’imagerie, et surtout des formidables capacités de calcul que permet aujourd’hui l’informatique. Donc, lorsqu’on parle de e-santé, ne perdons pas de vue que cette révolution s’inscrit dans un cycle plus vaste, qui procède de la convergence entre les technologies numériques – dont les Big Data – et les structures de la chaîne « traditionnelle » de la santé.
Dans un contexte de réduction des coûts et d’optimisation de nos parcours de soins. Quelles sont les solutions proposées par la médecine connectée ? La médecine du futur est déjà la médecine du présent. Elle a ou aura bientôt, par définition, un impact structurel majeur sur le système de santé. En introduisant en juin dernier les Rencontres Internationales de Recherche (RIR), la ministre de la Santé a d’ailleurs souligné que l’objectif de son projet de loi de modernisation du système de santé était bien de rendre plus efficiente la médecine de demain.
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Or, notre système de santé, l’un des meilleurs du monde, a été bâti dans l’immédiat aprèsguerre pour une médecine clinique, reposant sur l’idée d’un service ramifié, démultiplié pour être proche des populations. Comment imaginer une seconde que ce système, tant dans sa composante structurelle que dans celle de son financement, puisse être adapté à une telle révolution technologique ? Regardons ce qui existe déjà : je pense notamment à l’informatique holographique mise au point par l’IRCAD à Strasbourg, à savoir une cartographie des organes en trois dimensions qui permet de diviser par dix la durée de certaines interventions chirurgicales, et d’opérer avec une précision de 0,6 mm ! Ou encore le logiciel français Diabeo, « logiciel compagnon » de gestion de la glycémie chez le diabétique, qui pourrait être étendu dans les prochaines années au domaine respiratoire, à l’hémophilie et à l’oncologie. Interroger la place que prendra la e-santé dans nos pratiques, c’est comme se poser la question de l’informatique dans les années 70, ou de l’internet dans les années 90 : il est inimaginable que la e-santé ne vienne pas modifier, à courte échéance, le modèle de la prise en charge des malades.
La e-santé soulève de nombreuses interrogations, telles que la sécurisation des données, le respect de la vie privée et la responsabilisation des patients quant à leur santé. Quels sont les actions à mener en tant que professionnel de santé face à ces différentes problématiques ? Le développement considérable, depuis quelques années, des sites consacrés à la santé se double maintenant de matériels et d’applications personnelles qui permettent de « s’automesurer » sur des paramètres de santé et de nutrition. Ces pratiques nouvelles génèrent un volume considérable de données et soulèvent un certain nombre de questions juridiques associées. Or, peu d’autorités dans le monde ont développé une stratégie précise quant à l’approche de la question des objets et applications liées au bien-être des personnes. Les enjeux du quantified self sont ainsi très peu traités de manière expresse dans la législation. On sent bien que la France, notamment au niveau de ses autorités publiques avec la Cnil, est de plus en plus sensible à ces évolutions : j’en veux pour preuve la présence, dans le projet de loi relatif à la santé, d’un article 47 relatif à l’utilisation des données de santé. Dans ce domaine, les évolutions technologiques ont devancé le droit, et il nous appartient aujourd’hui de rattraper ce « gap », dans le respect du droit des personnes, dans l’intérêt des patients, et dans un modèle économique de valorisation de ces nouveaux services.
Patrick ERRARD Président du LEEM (Les entreprises du médicament)
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La «e-santé», c’est quoi ? Le secteur de la santé fait face à de profonds bouleversements, liés notamment au vieillissement de la population, à l’augmentation du nombre de patients atteints de pathologies chroniques, à la chute de la démographie médicale, à un contexte financier de plus en plus contraint…
Afin de faire face à ces grands défis,la e-sante se présente comme un secteur incontournable, permettant d’allier qualité des soins et maîtrise des dépenses de santé. La e-santé regroupe les activités, services et systèmes appliqués aux domaines de la santé. L’un des exemples les plus connus de e-santé est la télémédecine, définie en 5 champs de compétences.
Télémédecine Télé-
Régulation médicale
consultation Consultation à distance
Télé-
Télé-
expertise
Un professionnel de santé sollicite l’avis d’autres professionnels médicaux en rapport avec leurs domaines d’expertises
Télé-
surveillance médicale Suivi à distance des données médicales d’un patient
assistance médicale
Etablissement des priorité parmis des demandes d’aide médicales urgente
Un professionnel médical assiste à la réalisation d’un acte, dispensé par un autre professionnel de santé.
La e-santé, une révolution au service du patient ! La e-santé a pour objectifs : ► L’amélioration de la qualité des soins ► L’accès facilité aux soins notamment en zones de désertification médicale ► Le maintien à domicile et retour rapide à domicile, dans des conditions de qualité et de sécurité optimales, pour un suivi dans un environnement familier ► Une meilleure coordination des professionnels ► L’efficience du système de santé (maîtrise des coûts de santé) ► La formation des professionnels La e-santé, bien que s’appuyant sur des innovations technologiques, repose avant tout sur des valeurs humaines. Le patient est au cœur des préoccupations, et l’enjeu est d’accroître la qualité et le suivi de la personne ainsi que l’efficacité et la pérennité des soins.
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La e-santé, d’hier à aujourd’hui
1999
Naissance du terme « e-santé » lors du 7ème congrès international de médecine. Définie à l’époque comme « l’usage combiné de l’internet et des technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance ». Le terme de « e-santé » est aujourd’hui utilisé pour nommer toute transformation numérique du système de santé.
La m-santé ou santé-mobile est définie par le Pr Robert Istepanian (universitaire londonien) comme « l’utilisation des communications mobiles émergentes en santé publique ».
2009
2005
L’OMS définie la santé-mobile comme « les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des patients, assistants numériques personnels et autres appareils sans fil ». Sur le plan des usages, le périmètre s’étend des fonctions basiques du téléphone (voix et textos, ou SMS) aux fonctionnalités les plus sophistiquées faisant appel aux technologies les plus récentes. Pour une part croissante de la population, partout dans le monde, le Smartphone et la tablette sont devenus les points d’accès Internet quasi exclusifs. l’organisation a classé les services de la santé mobile en 14 catégories, des centres d’appel aux systèmes d’aide à la décision, en passant par l’accès à l’information, l’aide à l’observance, le rappel de rendez-vous et ... la télémédecine mobile.
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En France, la télémédecine est dorénavant définie par la loi et par le cadre réglementaire.
Avril 2015
2010
Les députés s’alignent sur le texte adopté en commission. Que contient donc la version votée par l’Assemblée nationale ? La création du Système National des Données de Santé (SNDS), une sorte de « super base de données de santé ». Ont vocation à y être rassemblées : ► Les données issues des systèmes d’information des établissements de santé (publics comme privés), et notamment des hôpitaux, ► Les données issues du système d’information de l’Assurance maladie, ► Les données statistiques relatives aux causes de décès, ► Les données « médico-sociales » issues des systèmes d’information des maisons départementales des personnes handicapées, Un « échantillon représentatif des données de remboursement par bénéficiaire » transmis par les mutuelles. Un décret en Conseil d’État, pris après avis de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) , devra cependant venir préciser les modalités d’alimentation de cette base, et notamment « la liste des catégories de données » qui seront réunies en son sein.
La CNIL et la préservation de la vie privée des patients Afin de protéger la vie privée des patients, de nombreuses protections ont été apportées par le législateur. Le SNDS ne pourra par exemple contenir « ni les noms et prénoms des personnes, ni leur numéro d’inscription au répertoire national d’identification des personnes physiques, ni leur adresse ». Ces précieuses informations seront toutefois détenues par un « organisme distinct » désigné par décret, au cas où il y aurait besoin de contacter un individu en particulier. Cette structure, qualifiée de « tiers de confiance » par le gouvernement, devra assurer leur sécurité et éventuellement les remettre en cas de besoin, sur autorisation de la CNIL. Des patients pourront ainsi être réidentifiés, mais dans des cas à la fois exceptionnels et très précis : pour avertir une personne d’un « risque sanitaire grave » auquel elle serait exposée, ou pour proposer à certains patients atteints de maladies rares de contribuer à une recherche, dès lors qu’il n’existe pas de « solution alternative ». Il est d’autre part expressément interdit d’effectuer un traitement de ces données pour des motifs de prospection commerciale (auprès des hôpitaux de certaines régions où des problèmes ressortiraient par exemple au vu des données), ou bien afin de faire évoluer des primes et contrats d’assurance.
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Les objets connectés a cœur du débat En septembre dernier se tenait la 7ème édition du C.H.A.M. (Convention on Health Analysis Managment), à Chamonix-Mont-Blanc. Cet événement avait pour thème « L’open santé : du
virtuel au réel ».
Les débats et discussions amenés lors de cette convention ont permis de soulever certaines questions au sujet de la e-santé et des objets connectés.
Une aide à la connaissance et à la prise de conscience Grâce à l’objet connecté, la mesure du nombre de pas incite l’utilisateur à faire évoluer son comportement, à marcher davantage ou à renforcer sa pratique sportive. En ce sens, l’objet connecté constitue une aide. De la même manière, il aide les personnes sous insuline à tendre vers une meilleure gestion de leur maladie. Ou bien il permet également d’aider progressivement à arreter de fumer.
L’entrée de la santé dans l’inconscient Grâce aux smartphones, les données de santé entrent dans le quotidien. Les grands plateformistes sont désireux de capter le plus grand nombre de données personnelles. Si le débat a déjà débuté aux États-Unis, il n’a pas encore pris de dimension politique en Europe. Ces «entreprises-état» mettent à mal la désintermédiation dans de nombreux domaines et instaurent des liens directs entre les citoyens/consommateurs. Si ces nouveaux acteurs peuvent être craints, il ne serait pas productif de lutter contre eux. Il semble préférable de nouer des partenariats, afin de capitaliser sur l’immense base de données dont ils disposent.
Une aide, mais également une drogue ? Dans leur majorité, les personnes utilisant un objet connecté n’en ont pas réellement besoin. De nombreux coureurs en achètent , dans le seul objectif der mesurer leur performance. Pour ceux ayant réellement besoin de l’objet connecté, l’accès permanent aux données mesurées en temps réel peut devenir une drogue, tout comme l’utilisation classique d’un smartphone peut l’être chez n’importe qui. Dans une étude récente intitulée « GAFAnomics », le cabinet FaberNovel estime même que 55 % de la vie numérique (e-mail, e-commerce, musique, vidéo, réseau social…) d’un utilisateur moyen est passée sur les quatre plates-formes Google, Apple, Facebook et Amazon.
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Une avancée pour la médecine préventive ? La constitution d’un big-data contenant les données de santé de la population permettraient dans un premier temps d’aboutir à des reflexions sur de nouveaux traitements et serait susceptible de favoriser le développement d’une médecine préventive. Ces données seraient anonymes et ne permettraient pas aux hébergeurs de donner des conseils de santé ciblés aux utilisateurs. Toutefois, rien ne permet d’assurer que ces données ne seront jamais gérées à l’échelle individuelle. Dans cette hypothèse, les utilisateurs pourraient recevoir automatiquement des conseils en fonction de l’évolution de leurs données personnelles de santé.
Vers la remise en cause des systèmes d’assurance et solidarité ? L’accès généralisé et personnel aux données du génome pourrait conduire à terme à une évaluation individuelle de la probabilité de développer un cancer ou la maladie de Parkinson. Dans ces conditions, les personnes ayant statistiquement de faibles chances de contracter une grave maladie pourraient être tentées de renoncer en tout ou partie à leur assurance maladie
L’open santé, un avantage pour faire face aux enjeux ? ► Les enjeux économiques, par exemple la croissance rapide de l’ONDAM ; ► Les enjeux épidémiologiques et notamment l’explosion des maladies chroniques ou du nombre de patients polypathologiques ; ► Les enjeux d’aménagement du territoire et les réponses à apporter aaux zones définies comme “désert médicaux” ; ► Les enjeux éthiques/réglementaires ? renvoyant notamment à l’information des patients ; ► Les enjeux technologiques et liés aux innovations. Face à ces enjeux, l’open santé constitue un avantage certain.
Emmanuel Macron, répond aux questions sur le thème de l’open data et de la santé connectée : « La France est un pays d’open-data, elle l’est de plus en plus. Ces dernières années, le pays a fortement progressé et continuera à le faire en matière d’ouverture des données publiques. Dans les autres secteurs d’activité, les questions centrales renvoient à la propriété de la donnée et au coût éventuel de sa construction. La diffusion des données permettant aux acteurs économiques d’innover, il faut veiller à éviter de décourager ceux souhaitant en produire. Un équilibre doit être défini pour inciter à la production de données. »
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Le développement à outrance des données individuelles de santé : vers la fin de la solidarité et de la mutualisation des dépenses ? Emmanuel MACRON pense à ce sujet que « Dans un futur où les données individuelles de santé permettraient d’établir des scénarios prédictifs pour chaque patient, ceux dont les chances de contracter une maladie grave et/ou dégénérescente seraient jugées peu élevées pourraient finalement refuser de contribuer à la même hauteur que les autres au système de protection. Un débat éthique est ainsi posé. Ce changement doit sans attendre être appréhendé de manière éthique et philosophique. »
Deux exemples concrets d’open santé ► Le suivi pré et post-opératoire en ligne et en temps réel ◄ La solution Sovinty permet au patient de remplir un questionnaire en ligne avant de se rendre à l’hôpital pour se faire opérer. Cela permet de rassurer à la fois le patient et le praticien. Le niveau de sécurité lors de l’intervention chirurgicale est ainsi renforcé. De retour chez lui, le patient continue à entrer des informations en ligne pour décrire son état et permettre un suivi post-opératoire en temps réel. L’outil permet enfinaux patients de disposer de contenus visant à faciliter sa récupération. Il est simple et intuitif. C’est pour cela qu’il a été accepté par 94 % des patients à qui il a été proposé.
► La télémédecine ◄ Alors que les dispositions de télémédecine se développent au sein des territoires, le projet Korian a été développé par les ARS. Grâce à une caméra, les personnels infirmiers des EHPAD peuvent transmettre des clichés à des praticiens dentaires. Le transfert des contenus est sécurisé. Sur cette base, le dentiste peut réaliser un bilan et orienter le résident vers la consultation adaptée en fonction de son état. Ce principe de fonctionnement peut être étendu à différents domaines : la dermatologie, la cardiologie, le bilan auditif, etc. Ces outils permettent d’obtenir des bilans rapidement et ainsi optimiser l’utilisation de nos parcours de soins (ex : d’éviter des déplacements vers les urgences.) S’ils présentent un intérêt sanitaire et économique indéniable, leur développement se heurte à l’absence de de “business model”.
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Télémédecine, apps & objets connectés, open data mais aussi transparence auprès des citoyens
Télémédecine
Télé-
Télé-
expertise
surveillance
Télé-
consultation
65% des projets
22% des projets 49% des projets
Dans le monde ce sont près de 3 millions de patients équipés sous contrôle d’un professionnel de santé fin 2013. On les estime à 19 millions en 2018.
Quelques chiffres : Les objets connectés
Trois
millions (3.000.000)
23%
de français
utilisent un objet connecté
C’est le nombre d’objets connectés achetés en France en 2013, pour un chiffre d’affaires de 64 millions d’euros.
Selon le sondage BVASyntec numérique, et 11 % en auraient déjà adopté un dans le contexte de santé & bien-être.
15 milliards d’objets connectés sont recensés aujourd’hui dans le monde,
2015
2020
100 milliards
sont annoncés d’ici 2020
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La télésanté « La télésanté est l’utilisation des outils de production, de transmission, de gestion et de partage d’informations numérisées au bénéfice des pratiques tant médicales que médico-sociales » Quelques exemples d’applications : l’information, la vigilance, le monitoring, la collaboration, les services de majordome, l’animation, la formation, la prescription dématérialisée.
Les applications mobiles en santé Dopé par l’essor des téléphones intelligents et des tablettes, le marché des applications mobiles s’est considérablement développé ces dernières années pour devenir un facteur déterminant du déploiement de la santé mobile. Le débat sur le cadre juridique à élaborer pour ces applis porte essentiellement sur deux questions :
► Dans quelle mesure peuvent-elles constituer des dispositifs médicaux ?
► Doit-on prévoir des règles spécifiques de protection des données collectées ?
Aux États-Unis, la FDA a autorisé une centaine d’apps considérées
comme des dispositifs médicaux, dont une quarantaine sur les seules deux dernières années.
En Europe, l’intégration des logiciels dans le champ des dispositifs médicaux (DM) remonte à 2007, sous réserve qu’ils aient une finalité médicale. Il n’y a pas de règlementation délimitant le champ respectif des DM et des applications (c’est l’un des objets de la consultation lancée en avril par la Commission Européenne). Cependant, des lignes directrices, publiées en janvier 2012, aident les fabricants et éditeurs à clarifer le statut de leurs produits et services.
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Focus sur le rapport du CNNum Le Conseil National du Numérique appelle la ministre Marisol Touraine à s’engager en faveur de la e-santé, face au bouleversement mondial engendré par le numérique. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait demandé au CNNum de travailler sur le rôle du numérique dans la refondation du système de santé. Benoît Thieulin, président du Conseil National du Numérique (CNNum), a rendu sa copie mardi 13 octobre comprenant quinze propositions invitant à… se réveiller. « Il faut nous appuyer sur les usages avant-gardistes de la société plutôt que chercher à les restreindre a priori. Ouvrir le champ des expérimentations », insiste-t-il. Le message à Marisol Touraine - souvent critiquée par le passé pour sa frilosité à l’égard de la e-santé et surtout de l’open data - est clair. « La vision politique est cruciale », pour réfléchir « aux valeurs et alternatives que nous voulons porter face à de grands acteurs internationaux à la pointe de l’innovation comme Apple (Healthkit) ou IBM (Watson) », estime Benoît Thieulin. Exemples d’innovations made in France : « Bertin Nahum qui est en train de révolutionner la chirurgie robotique, ou Medissimo qui au travers de son pilulier connecté, fait avancer la recherche sur l’observance et la consommation médicamenteuse », témoigne Virginie Fauvel, qui a conduit ce rapport pour le CNNum.
Régulation allégée, mais transparence renforcée Les préconisations du CNNum devraient plaire à l’industrie. Il invite à « libérer l’innovation sous toutes ses formes, dans le respect des droits fondamentaux et de la sécurité sanitaire » en donnant plus d’agilité à la régulation des dispositifs médicaux innovants, afin de soutenir les start-up. Avec, en contrepartie, plus de transparence pour les citoyens en étendant notamment le Sunshine Act (qui oblige les industriels de la santé à publier leurs d’intérêts avec des médecins) aux applications e-santé et aux objets connectés.
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Côté télémédecine, il est temps d’opérer des « choix clairs et transparents » sur le financement des projets insiste Benoît Thieulin. Il appelle aussi à déployer des « clusters européens en e-santé », afin de mutualiser financements, infrastructures et expertises médicales.
Pour une stratégie open data ambitieuse Enfin, le CNNum appelle à une stratégie open data ambitieuse, pour « faciliter l’ouverture et la réutilisation des données médico-administratives en faveur de la recherche et de l’innovation », précise le rapport. La question est notamment discutée au Parlement dans le projet de Loi de santé. « La révolution numérique de la santé est là. Mon ambition, c’est de lui donner les moyens de s’exprimer et de se développer, dans un cadre respectueux du patient et du professionnel qui l’accompagne », promet Marisol Touraine. L’écosystème de la e-santé a plus que jamais envie de la croire.
Les promesses de Marisol TOURAINE pour l’innovation en santé Le gouvernement planche aussi sur l’innovation en santé avec le comité de pilotage « médecine du futur » et le cycle de réflexion sur le big data en santé. Mais Marisol Touraine promet de s’inspirer du rapport du CNNum pour trois chantiers en cours :
► La construction d’un futur service public d’information en santé, avec une plateforme
en ligne.
► De nouveaux espaces de co-innovation en santé, associant patients, professionnels
et industriels.
► La relance du dossier médical partagé (DMP), en le dotant d’un système de
téléchargement des données de santé.
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Lquelques e pharmacien et la e-santé exemples concrets Quelques chiffres de la e-santé en pharmacie
► 68% des Français ont l’intention d’acheter un objet connecté.Parmi
eux, 47% le feraient pour surveiller leur santé.
► 43%
sont curieux, 27% dubitatifs, 11% craintifs, 9% réfractaires,
► pour
89% du panel interrogé,
10% seulement se sentent enthousiastes ;
et
« les objets connectés peuvent rendre des services intéressants » et 83% affirment que les objets connectés « vont s’ancrer durablement dans notre quotidien » ;
Cependant, ils peuvent être perçus comme un danger pour la santé (69% des interrogés) ou facteur d’une certaine intrusion dans la vie privée (76%).
L'ordonnance a 200 ans Le 25 juin, le Professeur DERAY de la Pitié-Salpêtrière présentait les résultats à mi-parcours de l’étude IPOP du laboratoire TEVA sur l’observance de patients de plus de 65 ans polymédicamentés à domicile. 493 dossiers patients ont été analysés sur 50 officines (sur 1000 au total). Les résultats de l’étude complète seront connus fin 2015.
« La iatrogénie doit être une cause de Santé publique nationale » dit le Pr DERAY. Les effets iatrogènes se déclinent comme des risques tels que : la confusion, la chute, les malaises, les troubles urinaires, digestifs, nutritionnels, les réactions cutanées avec au final l’hospitalisation et parfois le décès. Tous les professionnels de santé sont impliqués dans la surveillance de la iatrogénie.
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Il en découle plusieurs enseignements : ► Il est urgent de rénover l’ordonnance, cet outil de liaison majeur entre les professionnels de santé et les patients. L’ordonnance est un lien entre le médecin et le pharmacien sousexploité. Il faut interfacer les outils informatiques d’officine et celui du médecin. ► L’ordonnance n’a pas changé depuis 200 ans. Pourquoi n’a-t-on pas l’âge du patient, son insuffisance rénale, sa créatinine ?
57% des pharmaciens ignorent si le patient a une insuffisance hépatique rénale ou une maladie cardiovasculaire.
Seul 1 pharmacien sur 2 propose des horaires de prise des médicaments. 91% des pharmaciens délivrent des conseils récurrents aux patients et 68% signalent verbalement les interactions médicamenteuses. Enfin, un chiffre étonnant voire alarmant : 30% des patients disent ne pas savoir pourquoi leurs médicaments ont été prescrits.
Pour adapter les ordonnances au patient, il faut mettre en interface les outils informatiques déjà existants pour éviter les risques iatrogéniques. En conclusion de ces premiers résultats, il ressort que le pharmacien n’a pas suffisamment d’éléments cliniques sur l’ordonnance pour adapter la posologie. Le pharmacien reste l’interlocuteur privilégié pour les informations et conseils sur les médicaments. Un effort est à faire sur l’interaction entre les logiciels de prescription et les logiciels de pharmacie.
Pour rajeunir de 200 ans l’ordonnance, on pense à une ordonnance numérisée et mise à disposition sur un hébergeur de Santé que le pharmacien récupèrerait par une liaison sécurisée pour la délivrance au patient. Des analyses biologiques seraient consultables sur le dossier du patient (ionogramme, créatininémie...). Le patient « numérique » va se placer au centre du système de Santé avec ses données de Santé accessibles aux professionnels de santé pour un meilleur suivi et une meilleure observance en minimisant le risque de iatrogénie.
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L'innovation digitale au service du pharmacien Dans cet optique de modernisation de la santé, la société Kozea offre la possibilité aux pharmaciens de préparer des commandes de médicaments après réception d’ordonnances sur smartphone. Cette application existe déjà chez ce spécialiste de l’Internet, mais elle était cantonnée aux sites web qu’il propose à ses quelque 2 300 clients pharmaciens. L’application mobile Pharminfo permet au patient de prendre une photo de son ordonnance, puis de l’envoyer à une pharmacie qu’il aura préalablement choisie par géolocalisation ou recherche de son nom. Le pharmacien qui la reçoit gère cette ordonnance sous forme de tableau de bord, sa préparation, et envoie un mail à son client dès lors que la commande est prête. Kozea préconise une organisation spéciale pour les gérer les flux liés aux commandes via Internet afin de ne pas faire attendre les patients venus les récupérer.
Les appareils connectés Alors que le maintien d’une activité physique pour les seniors reste un enjeu important, Valedo Therapy présente un coach du dos numérique : des capteurs sur le dos et la poitrine envoient des signaux sur iOS, lesquels sont synchronisés avec des jeux avec exercices thérapeutiques selon l’état du dos de l’utilisateur. Le Lifetrak Move C300 a été initialement conçu comme un tracker d’activité destiné aux sportifs : il mesure le taux de calories brûlées, compte le nombre de pas, et va même jusqu’à suivre précisément le rythme cardiaque de la personne. S’il est possible de le synchroniser avec une application smartphone pour des analyses plus précises, le tracker dispose déjà d’un écran affichant directement les résultats enregistrés par l’objet. Dans la même lignée, AmpStrip propose une alternative au bracelet avec un sticker connecté à placer directement sur sa poitrine, qui mesure le rythme cardiaque, les pas et autres signes vitaux.
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L'innovation made in France La French Touch a été à nouveau remarquée à l’occasion du CES 2015, avec une multitude d’innovations en matière de santé connectée. En tout, 120 entreprises françaises étaient présentes sur le salon : elles ont constitué la 1ère délégation européenne devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, et la 5ème délégation mondiale.
Voici quelques innovations : ► Pour les seniors, la pilule e-celsius lancé par la start-up BodyCap permet une fois ingérée de connaître la température du corps du patient. Cette année, BodyCap a présenté In Great Shape, également développé pour les seniors : il s’agit d’un système pour stimuler l’activité physique des âgés via un programme d’exercices adapté aux capacités de l’individu. ► Une version destinée aux particuliers des thermomètres temporals a été lancée aux Etats-Unis au cours de la première semaine de 2015. Ces thermomètres ont la particularité de pouvoir prendre la température d’une personne simplement en les pointant vers sa tempe, ce qui pourrait se révéler utile notamment en EHPAD (Etablissement d’Hebergement pour Personnes Agées Dépendantes). La version pour particuliers peut se synchroniser avec des applications pour smartphones, qui affichent, en plus de la température, des mesures à prendre ou les premières choses à dire à un médecin en cas d’urgence. ► Le pilulier connecté sera disponible à la vente au printemps 2015 : il peut être préparé soit par un professionnel de la santé, soit par le patient lui-même. Il rappelle au patient de prendre ses médicaments sur une période de 7 jours grâce à une application mobile dédiée ; cette dernière permet aussi d’accéder à l’historique de prise des médicaments. ► Le bracelet connecté qui pousse l’innovation en permettant de mesurer les taux de masse graisseuse et l’IMC d’un individu en plus de fonctions « classiques » comme la mesure des pas, des calories dépensées ou encore de la qualité du sommeil. ► Withings a conçu Withings Activité, un tracker d’activité aux fonctionnalités de smartwatch, destiné à mesurer les données vitales d’un individu lors de séances de marche, de course, pendant les cycles de sommeil, etc… La société a également présenté la « petite soeur » de Withings Activité : la montre POP conserve les mêmes fonctionnalités de suivi de la santé pour un prix moins élevé. ► Le casque Melomind, qui permet de mesurer et de mieux contrôler son état de stress à long terme. Le casque aide l’utilisateur à se détendre par le biais de séances de relaxation musicale de quinze minutes environ. A la fin de chaque session l’utilisateur a accès à un rapport qui lui permet de savoir s’il est parvenu à réduire son état de stress.
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► Digitsole, la semelle connectée qui allie un outil de podométrie au réchauffement des pieds, en cas de température trop basse. ► Le HugOne de l’entreprise Sevenhugs mesure la qualité du sommeil de toute la famille : par le biais de « minihugs » (petits objets carrés qui tiennent dans la main) placés dans le lit de la personne, hugOne permet de mesurer la qualité du sommeil en captant les mouvements du dormeur, ainsi qu’en mesurant la température et l’humidité de la chambre. Ces données sont ensuite retranscrites via une application iOS ou Android. ► Toujours dans le domaine du sommeil, l’entreprise Holî Sleep Companion a présenté de son côté son ampoule connectée qui adapte sa lumière pour aider l’individu à s’endormir, puis le réveille en douceur, en reproduisant une luminosité similaire au soleil qui se lève.
La France n’est donc pas en reste sur le marché des objets connectés.
Pharmacie 3.0 : santé ou business ? Face aux nouvelles technologies, la profession ne peut rester indifférente et doit sans attendre réfléchir aux implications et aux atouts de celles-ci ainsi qu’à la démarche à adopter. Pour Hélène Charrondière, directrice du Pôle Pharmacie-Santé des Echos Etudes, l’officine ne peut rester à l’écart de la transformation digitale qui révolutionne le commerce et les comportements d’achat des consommateurs. « Le déferlement d’innovations technologiques, l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché de la santé (Google, Apple…) laissent présager une mutation profonde et rapide de la distribution officinale et du rôle des pharmaciens. Car le digital touche l’ensemble des métiers et des activités de l’officine : gestion du back office, formation et information des équipes, vente en ligne, commercialisation d’objets connectés, digitalisation du point de vente et des services d’accompagnement, etc. ».
Au regard de ce champ de possibilités ouvert au pharmacien, comment les Français abordentils la pharmacie connectée ? « D’après l’enquête que nous avons menée*, une majorité est prête à utiliser à l’officine de nouveaux services digitaux. Cette mutation représente donc un enjeu important pour les pharmaciens, en termes de connaissance, d’image, de stratégie face à la concurrence. Elle nécessite sans tarder de s’y intéresser et de réfléchir à la digitalisation de l’offre. ».
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Présidente de Medissimo, société française qui œuvre à améliorer l’usage du médicament, Caroline Blochet explique sa vision de la pharmacie et du pharmacien connectés : « La pharmacie 3.0 intègre l’e-observance, porte d’entrée vers le suivi actif du patient. Pour réaliser ce suivi, les nouvelles technologies connectent le patient à son réseau de santé. Avec les services connectés innovants capables de mesurer automatiquement l’observance, le pharmacien offre un nouveau service à valeur ajoutée. C’est la naissance du pharmacien 3.0. Aller vers de nouveaux métiers « business efficient » s’impose pour une qualité de vie meilleure. La santé est un business, vecteur de croissance, et la pharmacie 3.0 en est un facilitateur. Modèle accessible à tous, celle-ci constitue une solution économique à double levier : elle crée de la valeur pour le pharmacien et elle est utile pour le patient, en améliorant sa santé et en renforçant son autonomie. C’est une opportunité historique à saisir, pour accompagner les transformations du modèle de santé au profit du patient et de ceux qui l’entourent. »
La pharmacie connectée : exemple du groupement PHR Ma Pharmacie Référence, enseigne du groupe PHR, a choisi de miser sur le 2.0 pour développer son nouveau concept de pharmacie.
Avec en vitrine : des écrans LED mettant en avant des produits, des promos et les services de l’officine. En front-office : une borne d’accueil, un Web bar, des tablettes tactiles pour adultes et enfants, des écrans LCD avec un affichage dynamique des produits (on prend le produit sur l’étagère et le message commercial associé s’affiche sur l’écran). Le tout renforcé par une présence sur le Web. Enfin, Ma Pharmacie Référence propose également un back-office connecté, qui permet au pharmacien de bénéficier sur un écran de l’actualité de l’enseigne, de gérer ses achats en ligne, de disposer d’indicateurs économiques de l’officine, etc... « Six pharmacies seront réalisées sur ce modèle d’ici à la fin de l’année 2015. Pour 2016, 37 dossiers sont signés pour le premier semestre et 184 projets sont en cours pour le second semestre », dévoile Lucien Bennatan, président du groupe PHR. Ce concept a toutefois un prix, même s’il reste « le moins cher du marché, étant donné que nous avons industrialisé la production : ce sont des spécialistes de la grande distribution de l’enseigne qui se chargent des réalisations et qui sont capables d’installer en 10 jours jusqu’à 250 façades », avance Lucien Bennatan. Dans le détail, pour un adhérent de l’enseigne (cotisation de 390 à 640 € HT par mois), une façade coûte entre 700 et 990 € le mètre linéaire, le mobilier en moyenne 600 €/m2 pour une surface de vente d’environ 120 m2. Des sommes auxquelles il faut ajouter le prix du pack technologique (172 à 236 € par mois durant 48 mois selon le pack choisi). Pour les adhérents du groupement PHR, un pack « allégé » sera proposé aux alentours de 190 à 200 € par mois. Demain, l’enseigne compte même aller plus loin en proposant des vitrines tactiles et des rayons virtuels. On n’aurait plus qu’à cliquer sur un produit pour le mettre dans son panier.
La pharmacie connectée n’a pas fini d’évoluer.
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Vue d’ailleurs Canada - Montréal Un pharmacien de la région de Montréal mène une expérience unique auprès d’un groupe de personnes âgées. Roger Simard utilise des appareils électroniques mobiles pour suivre l’état de santé de ses clients à distance. Un texte de Daniel Carrière de l’émission Découverte Pour tester son concept, qu’il appelle la pharmacie 3.0, Roger Simard a recruté une quarantaine de personnes âgées de la résidence le Savignon, à Lachine. Les participants sont tous autonomes, mais certains ont des maladies chroniques comme le diabète. Les participants sont âgés de 65 à 89 ans et la plupart utilisent pour la première fois des appareils électroniques. Dans son projet de santé connecté, Roger Simard mesure à distance le poids, l’activité physique, la glycémie et la tension artérielle de ses patients. Chaque fois qu’un patient entre une donnée biométrique sur sa tablette électronique, l’information est immédiatement relayée au comptoir du pharmacien.
Un tableau de bord facile à utiliser
► Pour évaluer l’état de santé de ses patients, le pharmacien utilise un tableau de bord qui affiche un code couleur facile à comprendre. Lorsqu’une pastille verte apparaît, c’est que le patient a atteint sa cible thérapeutique. Si la pastille est orange ou rouge, il faut intervenir. ► Normalement, lorsque Roger Simard voit apparaître des pastilles rouges sur son écran, il communique avec son patient et lui demande de consulter son médecin. Le système est tellement facile d’interprétation que le pharmacien consacre seulement 15 minutes par jour pour suivre l’état de santé d’une quarantaine de patients.
Pharmacien en première ligne
► Roger Simard veut modifier le rôle du pharmacien. Son but n’est pas de remplacer le médecin, mais il se définit plutôt comme un entraîneur, un coach de santé qui guide le patient au jour le jour. ► Il rappelle qu’il ne fait aucun diagnostic et qu’il se limite à faire le suivi des cibles thérapeutiques établies par les médecins. Fort de son expérience avec les personnes âgées, Roger Simard veut poursuivre sa recherche.
Cet automne, une quinzaine de pharmacies à travers la province vont offrir la santé connectée à leurs clients.
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Turquie En Turquie, un nouveau système informatisé permet aux pharmaciens de gagner en efficacité dans la prise en charge des patients. Ils utilisent depuis le 01 Janvier 2012, une nouvelle application appelée « Trace-Track System », basée sur l’emploi d’ordonnances électroniques.
Qu’est ce que c’est et comment ça fonctionne ? A la suite d’une consultation chez son médecin traitant, le patient se voit remettre une ordonnance comportant un code unique et la liste des médicaments prescrits. A la pharmacie, le pharmacien entre le code d’identification du patient ainsi que celui de l’ordonnance électronique dans un programme informatique de la Sécurité Sociale (« Social Security Administration : SSA »), baptisé « Medula ». Il accède alors aux informations du patient, à savoir : ses différents diagnostiques, ses bilans, ses informations personnelles (noms, adresse, etc.) et son historique médicamenteux. Le patient est libre de fournir ou non ces informations. En scannant les différentes boites nécessaires, le pharmacien les entre dans le système, permettant ainsi que chaque boite de médicament soit contrôlée et authentifiée par la SSA. Ce système « Trace-Track » est donc également un outil de lutte contre la contrefaçon. Le patient est ensuite informé de cette procédure et est invité à communiquer des informations complémentaires comme son numéro de téléphone ou un changement d’adresse. Avant l’ordonnance électronique, l’utilisation d’ordonnances manuelles dans les procédures de remboursement représentait une charge pour les pharmacies et la sécurité sociale, dans la mesure où 1 200 000 à 1 500 000 opérations étaient effectuées quotidiennement à partir de l’application Medula pour les pharmacies. Mis en service progressivement dans toute la Turquie à la suite de plusieurs séminaires et réunions des utilisateurs, l’enregistrement des ordonnances dans un cadre électronique a désormais remplacé les ordonnances manuelles.
Quelles sont les avancées de ce système ? O util interdisciplinaire, ce nouveau système permet à la sécurité sociale turque de collecter des données relatives aux ordonnances et de payer de façon électronique les demandes de remboursement des coûts des traitements émanant des hôpitaux, des opticiens, des pharmacies et des individus. A cela s’additionne l’impossibilité pour les pharmacies de délivrer des ordonnances sans que le médecin les contrôle et en ait connaissance. La mise en place de ce nouveau service a permit de solutionner (totalement ou partiellement) un nombre important de problèmes rencontrés couramment par le pharmacien. ► Il diminue la durée de prise en charge administrative d’une ordonnance (enregistrement informatique des informations, déchiffrement des noms ou des doses des médicaments sur les ordonnances écrites à la main, …).
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► Les tentatives de falsification des prescriptions sont écartées et la contrainte du stockage des ordonnances manuscrites est définitivement abolie; le pharmacien turc était contraint de les conserver pendant 5 ans. ► Pour le patient, il signe la fin de la perte ou de la dégradation des ordonnances, veilles ou récentes. ► Enfin, les effets sur l’environnement devraient se montrer notable en stoppant l’utilisation de six tonnes de papier par jour, 2 190 tonnes de papier par année, soit 37 000 arbres par année abattus pour rédiger les 1 200 000 à 1 500 000 ordonnances quotidiennes en moyenne (une ordonnance écrite à la main puis imprimée et délivrée par la pharmacie représente environ quatre grammes de papier). D’une ampleur unique au monde, cette application est au service d’un très large public composé de 12 0000 médecins, de 24 000 pharmaciens, de 4 000 hôpitaux, de 22 000 médecins de famille ainsi que de la quasi- totalité de la population turque qui a droit aux soins de santé. Elle se distingue de ses homologues en permettant que toutes les transactions puissent s’effectuer en ligne. De plus, elle est conçue de façon à pouvoir délivrer des ordonnances manuelles temporairement, en cas de panne du système.
De quoi laisser plus de temps au pharmacien pour informer et conseiller ses patients.
Conclusion Le marché de l’E-santé ne cesse de se développer et de se déployer. Il franchit aujourd’hui de nouvelles étapes avec l’explosion du marché des objets connectés à dominance santé, et l’incursion de géants du numérique grand public dans le monde de la santé appelés GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). La santé connectée se développe également avec la multiplication des projets de télémédecine, la diffusion de nouveaux modes de services et de nouvelles technologies (mutualisation et/ou externalisation de ressources, applications, processus, fonctions) autorisant l’équipement en systèmes d’information des structures sanitaires, médico-sociales voire sociales pour les plus modestes. L’E-santé se présente aujourd’hui comme un recours pour poursuivre le développement de notre système de santé. Les systèmes d’information de santé et de télésanté (dont la télémédecine et les objets connectés santé) pourraient répondre en partie aux grands défis auxquels est confronté notre modèle. Ceci étant, cela devra se faire dans un esprit éthique et philosophique afin que la technologie demeure au service de la santé des patients et non l’inverse ! Protéger les données de santé se révélera être tout aussi important que leur développement afin de garantir l’adhésion de la population à ce nouveau modèle.
Hadrien PHILIPPE VP Relations professionnelles ANEPF
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► Livre blanc sur la e-santé du consiel nationale de l’ordre des médecins
BIB L IO G RAPHIE
► http://www.usine-digitale.fr/article/il-faut-une-visionpolitique-de-la-sante-face-a-apple-google-ou-ibm-exhorte-lecnnum.N357254 ► http://www.lequotidiendupharmacien.fr/actualite/ dossier/2015/06/26/pharmacie-connectee_213646 ► http://www.lequotidiendupharmacien.fr/gestion-et-marketing/ article/2015/07/16/commander-son-ordonnance-sur-smartphone_ 215356?dossier=213646#sthash.CQbbyGWy.dpuf ► http://www.theconnectedmag.fr/lordonnance-a-200-ans-unoutil-a-rajeunir/ ► http://www.frenchweb.fr/les-francais-et-les-objetsconnectes-les-chiffres-a-connaitre/180145#o2HOyAVP3ESqWC Rf.99 ► http://www.scoop.it/t/a-votre-sante-by-celine-cayrol-1 ► http://pharmageek.fr/la-sante-connectee-le-mobile-au-centredu-dispositif-m-sante/ ► http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/sante/2015/10/16/001pharmacie-personnes-agees-appareils-electroniques.shtml ► http://esante.gouv.fr/le-mag-numero-10/la-e-sante-uneopportunite-de-croissance-economique ► http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/11/06/9700220141106FILWWW00378-l-e-sante-en-france-un-secteur-encroissance.php ► http://www.silvereco.fr/ces-2015-tendances-e-sante-etobjets-connectes/3137496 ► http://www.xerfi.com/presentationetude/Les-marches-de-lesante-a-lhorizon-2020_4CHE27
Association Nationale des Etudiants en Pharmacie de France