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L ' Œ UVR E E S T OUV E RT E
n u m é r o 2
méta morphoses
F ÉVRI E R 2 0 1 2
numéro 2
Entre
avec jean-luc verna, Jane evelyn at wood, c é d r i c a n d r i e ux …
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3 ARTISTES CONTEMPORAINS
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INVESTISSENT LE CHÂTELET
Nicolas Buffe conception visuelle et costumes
ORLANDO PALADINO Opéra héroïco-comique de Joseph Haydn Du 17 au 25 mars 2012
Shilpa Gupta décors
NIXON IN CHINA
e n t r e
Opéra de John Adams Du 10 au 18 avril 2012
Pierrick Sorin conception visuelle et scénographie
POP’PEA Une version vidéo-pop de l’opéra de Claudio Monteverdi Du 29 mai au 7 juin 2012
Réservations : 01 40 28 28 40 | www.chatelet-theatre.com
En couverture Jean-Luc Verna, *Degas, Ballerine de 14 ans, *Harry (Blondie), live à Paris, 1999 © Photo DR, courtesy Air de Paris, Paris
Ovide La métamorphose de Daphné accompagne nos pages en mutation.
04 ENTRE-temps / Le temps pour la création de s’installer. Le corps danseur de Cédric Andrieux.
06 ENTREtien / Une personnalité se
dévoile. La photographe Jane Evelyn Atwood nous raconte son Paris.
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ENTRailles / Une photo passée au
crible. Autoportrait de Jen Davis.
ENTREvoir / Un cadrage au tiers nous fait voir les choses autrement. Le corps au palais : Gilles Mazzufferi shoote Matthieu Bajolet.
18 ENTREmêler / Une création
contemporaine rencontre une œuvre picturale classique. JeanLuc Verna vs. Pierre Paul Rubens.
27 ENTRacte / Autour d’une citation choisie, carte blanche à un illustrateur. Ludwick Hernandez / David Cronenberg
28 ENTRE-deux / Entre une image Les Métamorphoses d'Ovide Gallimard, Folio, Paris, 1992.
LE TE X TE ES T COMPOSÉ EN NATIONAL (KLIM T YPE FOUNDRY) POUR LE TEXTE COURANT ET EN descartes P OUR L E S T I T R E S ( FOND E RI E L o n g -T y pe ) IMPRESSION Imprimerie Léonce Deprez PAPIER CYCLUS 90 GRAMMES (100% RECYCLÉ) ENTRE
L’ŒUVRE EST OUVERTE
7-11 RUE DES CAILLOTS 93100 MONTREUIL 06 06 63 63 33 CONTACT@REVUE-ENTRE.FR WWW.R E VU E- EN T R E . FR N° ISSN : 2118-450X
30 ENTRElacements / La bande-
film accompagnée d’une originale bande-son. Le Cabinet des figures de cire de Paul Leni et Leo Birinsky.
34 ENTREcôtes / Nos pages agenda. 36 OÙ NOUS TROUVER / La liste des points de diffusion.
38 ENTREMETS / Une page à découper, c’est cadeau.
40 ENTREmetteuses / L’auto-promo des artistes ayant participé à ce numéro.
- Thomas, Thomas, commençons. Le corps entre en matière de sujet, s’impose. Gardons-le à l’œil. L’effort, la répétition des gestes qui sculptent musculature, transforment en attitudes à force de sueurs. À quoi bon ? S’aider à porter la tête ? - Anna, tais-toi. Et montre-moi ta chair lumineuse, d'abord. Après, on verra. L'exhibition est-elle un mal pour un bien ? - C’est que plutôt que de me montrer, je préfère regarder. Pas de jugement de valeur qui ne tienne, peut-être à part la valeur de gris. La chair qui se vend et s’étale rue des Lombards, l’avais-tu vue ? Et le visage en vagues emporté, l'as-tu remarqué ? - Oui et non. Ou non et oui. Je ne sais plus. Mais le gris, justement, la matière grise. Ce béton nu, cette peau désirée, qui tous deux tiennent la pose et se fondent l'un en l'autre. - Oui, rappelle-toi les bras qui se tendent, le corps qui dit " prends ". Qui en voudrait ? Tous. - Moi y compris, c'est vrai. Surtout s'il s'agit de jouer. Quoique corps excités se rencontrant souvent en corps blessés finissent… - Sur l’enveloppe froissée, raturée, recousue, les lignes dessinent alors un autre paysage. Je suis cette matière, quoi qu’il arrive je ne saurais m’en extraire. Qu’on me passe au mixeur pour en extirper le suc, le jus de ma substance. Et recomposer un ersatz de moi. - Je préfère encore sombrer dans un cauchemar en noir et blanc et me faire emporter par des monstres en transe que de me faire traiter d'ersatz. Non, mais oh ! - Chut… J’ai mal aux ovaires. Anna Serwanska & Thomas Lapointe
Entre
DIRECTION ARTISTIQUE ET MAQUETTE CLÉMENT DENEUX & LORIANE MONTANER
et une autre, une histoire se crée. Paola di Pietri / Grégoire Korganow.
Co-substantiel
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Muse
méta morphoses
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Directrice de LA publication Anna Serwanska Rédacteur en chef Thomas Lapointe Secrétaires de rédaction Catherine Minot, Geoffroy Caillet Rédaction Fitzgerald Berthon, Geoffroy Caillet, Bastien Cheval, Camille de Forges, Thomas Lapointe, Priscille de Lassus, Aurélie Laurent, Catherine Minot, Anna Ska, Jack Tone, Céline Torrent
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F ÉVRI E R 2012
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, le . il . r l’œ pa ous ge ues a iq ez s v e p br vr ou à v e ou n ss ns d s ru le rs tio re oi eu ac ad s c ans ct d s' le d Le ré si ns rer s a i l au da nt r s te ns x e ca rtis atio ieu l’a dic à m n t si n Le dero ai us vo
B IM E S TRI E L G RATUIT
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e n t r e
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DAN S E UR CÉDRIC ANDRI E UX
Cédric Andrieux endossant son propre costume dans « Cédric Andrieux », solo chorégraphié par Jérôme Bel, brise l’image idéalisée du danseur. L’illusion laisse place à la réalité concrète du corps non comme chef-d’œuvre mais comme matière mise en œuvre. Lent processus par lequel, traversé par l’art, le danseur se (dé)forme et se transforme…
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Plus tard, il y a eu le passage chez Cunningham. La technique Cunningham consistait à fractionner le corps, à ne plus le considérer comme une entité mais comme une grille… un autre rapport au corps, très instrumentalisé. J’ai connu, c’est vrai, un sentiment d’aliénation à l’époque, à travers ces
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Moi, je n’ai commencé la danse qu’à 12 ans ! Je n’étais pas souple du tout ! Mais j’ai eu envie de me rapprocher de ce que je voyais dans les spectacles de Bagouet, Carslon, Bausch, Gallotta : de très beaux danseurs, techniques. Pour atteindre cet idéal, il a fallu modeler mon corps, le mettre à disponibilité. Il y a eu alors un passage obligé par le travail et… la souffrance.
© JAIME ROQUE DE LA CRUZ
constantes contraintes, et en même temps j’ai éprouvé une immense liberté sur scène à travers elles. Merce nous donnait le squelette très précis du mouvement, mais c’était à nous de le mettre en corps, sans que le processus pour y parvenir ne nous soit indiqué. Une gymnastique du corps qui devait nécessairement s’accompagner d’une gymnastique de l’esprit ! Avant d’entrer en scène, j’avais toujours le sentiment que je n’y arriverai jamais : la fatigue, le stress, l’ampleur de la tâche… et puis une fois dans la « boîte noire », ce n’est pas qu’on y arrive, mais que les « choses arrivent ». La difficulté technique est telle chez Cunningham qu’il faut être corps et âme dans ce qu’on est en train de faire. Plus aucun rôle à jouer, de sentiment à rendre visible. Le public voit des danseurs absorbés, qui travaillent. Il ne s’agit plus du tout d’exister dans le regard de l’autre, mais de se sentir le plus vivant possible, dans l’hyperconscience que permet la scène. Soudain, la tension n’est plus dans l’effort fourni mais dans le mouvement produit. L’expérience Cunningham a bien sûr laissé des traces. Immédiates, sur le corps : après s’être astreint à rompre tout lien de cause à effet dans les enchaînements de mouvements, il a fallu réapprendre à bouger de façon plus organique. Le corps avait été rigidifié. Cette façon de penser le mouvement lui avait fait prendre des habitudes peu naturelles ! à plus long terme, Cunningham demeure une source d’inspiration pour mon approche non seulement de la danse mais de la vie… La vie qui ne se sépare pas de l’art ou de sa pratique. C’est cela qui est au cœur du solo de Jérôme Bel, quand je dis par les mots et montre par la danse les étapes de mon expérience ; l’autobiographie d’un danseur comme outil chorégraphique… »
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CA « Cédric Andrieux, c’est ma vie, mais cela dépasse ma vie. Dans ce solo, je suis avant tout le vecteur d’un propos plus général : c’est moins le récit de ma vie que ma vie comme témoignage d’un individu ayant fait une certaine expérience de la danse dans son corps. L’image sublimée du danseur se trouve totalement déconstruite. On le voit ici travailler, douter, mal à l’aise dans son justaucorps, vulnérable dans la diction de son texte… On sort de l’idéal du danseur " louisquatorzièmiste " pour revenir à la concrétude du corps humain travaillé par l’expérience, par la vie et la danse, indissociables.
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© Marco Caselli Nirmal
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NTR n
Jane Evelyn Atwood " C'est la photographie qui m'a gardée à Paris" porte-voix
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e n t r e t i e n av e c Ja n e E v e ly n At w o o d P r o p o s r e c u e i l l i s p a r P r i s c i l l e d e L a ss u s
e n t r e
« P e r m e t s - m o i , p è r e bien-aimé, de jouir éternellement de ma v i r g i n i t é ; D i a n e l’a b i e n o b t e n u d u s i e n . » I l c o n s e n t ; m a i s t u as trop de charmes, Daphné, pour qu’il en s o i t comme tu le souhaites et ta beauté fait obstacle à tes vœux… L e s M é ta m o r p h o s e s , I, 4 85- 4 89
Née à New York, Jane Evelyn Atwood arrive au début des années 70 à Paris, et c’est là qu’elle commence la photographie. Dans les murs de la capitale, l’artiste apprivoise ce qui deviendra son sujet de prédilection : les gens. Elle raconte sa relation aux habitants et à la ville.
un e it al n e. on il r s vo pe dé se é
RUE DES LOMBARDS, 1975
ENTRE Comment avez-vous abordé le corps exhibé de ces femmes ? On a l’impression que vous révélez une chair lumineuse là où beaucoup ne voient qu’un objet méprisable… JEA J’ai photographié ce qui était devant mes yeux. J’ai trouvé les prostituées belles et d’une grande générosité. Je ne les ai jamais considérées comme des « objets », je n’ai éprouvé aucun mépris. C’était plutôt de l’admiration. Autrement, je ne
ENTRE Vous avez aussi réalisé un travail sur la pauvreté et les SDF. C’est la rue qui vous fascine ? JEA C’est vrai que les rues sont un univers fascinant, et cela dans tous les pays. Mais ce sont plutôt les gens dans ces rues-là qui m’intéressent. ENTRE Il y a des photos de gares et de métro avec des images très fortes de solitude… JEA On peut être tout seul dans une gare, même quand il y
Entre
ENTRE En 1975, vous avez commencé la photo en vous immisçant pendant un an dans l’univers des prostituées de la rue des Lombards. Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce monde ? JEA Tout ! J’avais vu les femmes dans la rue, habillées comme des stars, chuchotant aux hommes qui passaient. Tout en elles me fascinait : leurs vêtements, leur coiffure et leurs bijoux, les regards qu’elles jetaient aux passants. Comment faisaient-elles ? Comment en étaient-elles capables ? J’ai voulu les regarder mais pas les dévisager. J’étais toute jeune, naïve, curieuse. En tant que femme, je m’identifiais à elles, mais je savais que je ne pourrais jamais faire ce qu’elles faisaient. J’ai voulu les connaître et la photographie est devenue le moyen de réaliser ce désir.
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« J ’ a i p h o t o gr aphié ce qui é ta i t d e va n t mes yeux. j 'a i t r o u v é l es pro st i t uées b e ll e s e t g é n é r e u s e s »
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ENTRE En relisant votre travail aujourd’hui, on y voit aussi le témoignage d’un « Paris disparu ». Le quartier des Halles a bien changé… JEA Oui, malheureusement. Le travail que j’ai effectué rue des Lombards est d’autant plus important que l’immeuble dans lequel j’ai pris les photos n’est plus un lieu de prostitution, après l’avoir été pendant des siècles et des siècles. Brassaï a photographié le même immeuble longtemps avant moi avec une prostituée très corpulente devant la porte. Son livre est sorti l’année où je réalisais mes images rue des Lombards. Je l’ai ramené là-bas pour le montrer aux prostituées. Elles étaient épatées, toutes autour du livre à le regarder, horrifiées de voir que sur une des images un client et une prostituée s’embrassaient sur la bouche ! Elles devinaient tout de suite que c’était une mise en scène. C'était une autre époque et on raconte que Brassaï était un client, cela explique que lui et moi ayons eu une relation avec ces femmes totalement différente. Et puis, un homme entretient forcément une relation différente avec une femme prostituée, c’est plus compliqué… Quand je travaillais là-bas, on avait le Théâtre du Splendid en face, on croisait Jane Birkin et Serge Gainsbourg qui se baladaient main dans la main. Il y avait des prostituées, des gens qui habitaient dans ces mêmes rues – tout était mélangé, tout le monde s’entendait bien. Beaubourg est arrivé comme une imposture. Maintenant, c’est un quartier de fringues, de touristes, de boutiques de bijoux bon marché. Détruit et sans intérêt.
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pense pas que j’aurais pu passer un an avec elles. Mon mépris va aux proxénètes, à certains flics peut-être, pas aux prostituées. Quand j’ai su que le reportage se terminait, j’étais triste de savoir que j’allais les quitter, que jamais plus je ne serais assise dans l’escalier avec elles à attendre des clients, à bavarder, à rigoler, à les écouter. Incluse dans leur monde, admise. Je suis toujours triste de quitter mes sujets. Mais je ne veux pas rester éternellement avec eux non plus. Parfois je dois me retirer, délibérément, je dois me forcer d’arrêter.
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a plein de monde. C’est ça, d’ailleurs, la véritable solitude : une solitude entourée. Et j’adore les gares, j’adore les trains. Comme je ne conduis pas, j’ai toujours pris énormément de trains, partout. Le voyage est excitant : quitter Paris, le plaisir de revenir après un travail ailleurs ; l’attente dans une gare, à regarder tous ces gens, à imaginer d’où ils viennent, où ils vont ; l’attente d’un train qui arrive avec un amant à bord… !
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ENTRE Pour la photo, Paris, c’est surtout la nuit ? JEA La nuit est magique. On est privilégié de vivre la nuit, sans le train-train de la vie quotidienne.
ENTRE Continuez-vous à photographier Paris ? JEA Je n’ai jamais traité Paris en tant que sujet. J’ai réalisé certains sujets à Paris : les prostituées, les pompiers, une maison de cure médicale, la pauvreté, certaines écoles d’aveugles, Pigalle, etc. Mais j’ai toujours pris des photos de temps en temps ici : des manifs, les obsèques de Simone de Beauvoir ou de Dalida, la Gay Pride… C’est comme ça que j’ai appris la photo. Malheureusement, cela m’arrive de moins en moins. Pas
ENTRE Avant de venir pour la première fois en France, quelle image aviez-vous de Paris ? JEA à l’école, dans les salles de classe où le français était enseigné, il y avait toujours une grande affiche de la tour Eiffel. C’était ça mon idée de Paris, mon idée visuelle. Mon père adorait la France. Il parlait français, il nous lisait Tintin et Babar, ma mère faisait une cuisine plutôt française. En 1967, quand mon père a eu une Guggenheim [bourse permettant de passer un an quelque part pour faire de la recherche scientifique, ndlr], il a choisi de travailler en France au laboratoire du CNRS de Gifsur-Yvette. Je suis venue lui rendre visite pour la première fois à Noël. Il habitait rue de Sèvres, dans le VIIe arrondissement. C’était exactement comme je l’avais imaginé ! L’architecture, les façades des immeubles, les lumières jaunes des phares de voitures, le vin rouge, la nourriture si délicieuse et si joliment préparée, et la langue française… Tout était beau, romantique, tel un story book, tout était si français. ENTRE Quand vous vous êtes installée en 1971 à Paris, vos impressions avaient-elles changé ? JEA C’était toujours beau en 1971. Mais c’était dur parce que je ne parlais pas français et j’étais très névrosée, très malheureuse. Je ne savais pas quoi faire de ma vie, je ne savais pas qui j’étais. Je n’avais rien à faire aux états-Unis, et encore moins à Paris. Seulement j’ai pensé que c’était mieux de ne faire rien en France plutôt que là-bas, aux états-Unis. Qu’au moins être ici serait toujours une expérience plus riche !
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moment, j’ai le meilleur des deux mondes. Ça n’est pas si mauvais que ça d’avoir les états-Unis et la France comme pays !
ENTRE Pourquoi avez-vous décidé de rester ? JEA Au début, pour suivre la psychanalyse que j’avais entamée et qui, je le savais, était en train de me sauver la vie. La photographie est née de cette psychanalyse et après, c’est la photographie qui m’a gardée à Paris. Les années 80 et 90 étaient les meilleures années pour la photographie, et Paris le meilleur endroit si on était photographe. Quand j’ai commencé à faire de la photographie, j’étais tellement occupée par mes sujets que je n’ai pas pensé à autre chose, même pas à la question de savoir si j’allais rester ici ou non. Le temps passait, j’étais toujours là. Je n’ai jamais vraiment pris de décision. Quand on est étrangère, je pense qu’il y a toujours un déchirement. On est entre deux portes : pas chez soi d’un côté, et de l’autre trop longtemps en dehors pour y être complètement à l’aise. Enfin, depuis un
parce que ça ne m’intéresse plus, mais parce que je suis tellement occupée avec les demandes des uns et des autres, mes livres, mes expos, la partie administrative de la photo (qui s’alourdit avec le succès) et la nécessité de gagner ma vie. Il y a 24 heures dans la journée, ce n’est pas assez ! Et avec ces lois ridicules sur le droit à l’image, il est de plus en plus difficile de prendre des photos en France sans avoir de problèmes. Mais j’ai toujours envie de photographier certaines choses, et je le fais quand je peux. Quand la flamme olympique est passée dans les rues de Paris, j’étais à l’Hôtel de Ville pour prendre des photos.
« le temps passait, j ' é ta i s toujours l à »
ENTRE Quel quartier habitez-vous ? JEA J’habite dans le centre de Paris. J’aime cet endroit parce que je peux me rendre partout à pied : je suis à portée des cinémas, de plusieurs marchés découverts, de mes amis, des choses dont j’ai besoin. Je ne suis pas loin de la Seine, il y a deux grands jardins à côté, des endroits où je peux faire du jogging facilement. Et c’est beau, ancien, tout ce que j’aime ici à Paris.
« Je n'ai jamais tr aité Paris en tant que sujet »
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ENTRE Pour la photographe que vous êtes, y a-t-il une lumière typiquement parisienne ? JEA Oui, je dois dire que c’est la lumière de la nuit – ou l’absence de lumière, simplement celle des phares, des pavés humides qui brillent, des vitrines allumées, des lampadaires…
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ENTRE Et vous sentez-vous parisienne ? JEA Non, pas du tout. C’est curieux, parce que c’est l’endroit où j’ai habité le plus longtemps dans ma vie : quarante et un ans ! Mais une étrangère reste toujours une étrangère dans l’esprit des Français. Je ne suis qu’une visiteuse ici. Et puis, j’ai un accent très prononcé ! Si je dis seulement un mot, « bonjour », par exemple, on me traite comme si je ne parlais pas français. Si je dis « comment ? », parce que je n’ai pas entendu, ils essaient de me répondre en anglais parce qu’ils pensent que je n’ai pas compris, surtout si j’ai mon appareil avec moi. Dans leurs yeux, je suis une touriste, et souvent ils me traitent avec une certaine condescendance.
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Mais je n’aime pas faire des généralisations de ce genre ! Heureusement, j’ai de vrais amis français qui me sont chers et qui ne sont pas comme ça… Les Américains, en tant que groupe, m’agacent tout autant.
Paris du tac au tac SI PARIS ÉTAIT UN MONUMENT… Ce serait la tour Eiffel ! C’est Paris dans toute sa beauté, sa complexité, son histoire, son ancienneté, sa hauteur, sa grandeur.
ENTRE Et qu’y détestez-vous ? JEA La montée des fondamentalismes de toutes sortes, un antisémitisme subtil mais constant, les règlements et lois pour tout, le politiquement correct, les lois ridicules pour le droit à l’image, les graffitis, les fast-foods (américains ou chinois), la montée des actes violents, la dégradation du métro, l’hypocrisie des gens, les voitures qui roulent trop vite, le bruit, les rues sales comme dans le temps, l’agressivité des gens. ENTRE
Quel regard portez-vous sur les Parisiens ?
JEA Les Parisiens sont souvent soupçonneux, coincés, arrogants, antipathiques, agressifs, négatifs, complexés.
SI PARIS ÉTAIT UNE STATION DE MÉTRO… Bastille pour l’histoire, la tragédie, la beauté aussi. SI PARIS ÉTAIT UNE PROMENADE… Au bord de la Seine, qui traverse tout Paris avec ses bateaux chargés. SI PARIS ÉTAIT UNE COULEUR… Gris. La lumière d’hiver qui commence le 1er novembre quand les jours finissent à 16 heures. Et quand ça recommence après Noël, les premiers signes de la lumière qui grignote une minute par jour, fragile, jusqu’à l’été quand il fait jour jusqu’à 23 heures. SI PARIS ÉTAIT UNE GOURMANDISE… Des macarons Ladurée ou des rillettes d’oie. C’est trop bon, trop riche pour être autorisé ! On ne trouve pas ça aux états-Unis, c’est tellement bon que ce sont des péchés ! les photographies sont annotées de la main de l'artiste.
Entre
ENTRE Qu’est-ce que vous aimez dans cette ville ? JEA Les librairies, les cinémas, le bistrot Balzar, les marchés découverts, la Seine, ses îles, les péniches, les voies pour vélos, les jardins, les magasins BHV et Au Bon Marché, les cathédrales, la tour Eiffel, les pompiers, l’histoire dans laquelle on baigne, la beauté, l’architecture ancienne, le look de Paris.
FOTO/GRÁFICA
UNE NOUVELLE HISTOIRE DES LIVRES DE PHOTOGRAPHIE LATINO-AMÉRICAINS
LE BAL 6, Impasse de la Défense 75018 Paris Métro Place de Clichy Tél 01 44 70 75 50 www.le-bal.fr
EXPOSITION 20 JANVIER - 8 AVRIL 2012 L’EXPOSITION EST CO-PRODUITE PAR : LE BAL / IVORY PRESS (Espagne) / INSTITUTO MOREIRA SALLES (Brésil) / APERTURE FOUNDATION (Etats-Unis)
es l il a r t n e
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la
disparition revue en détails P h o t o g r a p h i e Je n D a v i s Te x t e C a t h e r i n e M i n o t Découper une photo, cette photo, serait-ce envisageable ? Poser, par
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exemple, ce visage de femme (1) qui émerge d’un couvre-lit
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sur ce corps allongé, tronqué Ou alors renverser la photo, le
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bord gauche (2) devenant le bas ? Son visage roux et blanc à elle se perd, s’efface, tandis que son corps à lui, mutilé, incom-
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plet, s’allonge, hésite entre le Christ en croix et l’amant négligent, voire le gigolo. Je vois de la blancheur, des drapés, des plis (3). Blanc du visage, des draps, de la naissance du sein. Plis du drap sur son corps à lui, plis de sa
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chair à elle sous le couvre-lit.
elle, cette moue qu’elle a, trop visible.
… Il voit ses y eux brill ant s comme les astres ; il voit sa petite bouche, qu’il ne lui suffit pas de voir ; il a dmire ses doigt s, ses mains, ses poignet s et ses br as plus qu’à demi nus… L e s M é ta m o r p h o s e s , I , 5 0 0 - 5 0 3
e p au h o c r to ib pa le ss . ée
ultime pli sur son visage à
Un
envahit l’image et cache cet
jd « Je ne souhaitais pas ce qui allait arriver, ensuite je redoutais ce qui pouvait se passer, mais j’avais désespérément besoin d’une image. Cette émotion, ce sentiment dans mon regard sont sincères ; une question, une confrontation, une séparation. La façon dont le corps, le couvre-lit et le mur déteignent l’un sur l’autre crée une distance dans l’espace, symbole de la distance entre nous deux. Le contraste de taille, de grain de peau, de couleur et d’expression, tout se fond dans cette couleur claire et froide. C’est le regard qui attire le spectateur, essaye de lui faire comprendre cette histoire et questionne sa véracité. La vulnérabilité des corps, cette masse protégée d’un côté, ce corps exhibé et observé de l’autre. »
Entre
Et le blanc – suspens entre eux – ce blanc entêtant qui
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sous cet éclairage cru, je ne suis que pointe de chair. Je suis à une enjambée d’un commencement. e n t r e
J’ai peur. L’espace me fait vide.
ir
d’abord. Là j’y suis plein. en dehors
o
C’est mon ombre que vous voyez
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Hors de moi
E
P h o t o g r a p h i es G i l l es M a z z u ffe r i d a n se p o s é e m a t t h i e u b a j o l e t Te x t e A n n a S k a
NTR
c a d r a ge a u t i e r s
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Solstice d'hiver
it . fa t s en ou m n re e ut ph a ra ses og o ot c h ph les Un ir vo
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… ce qui lui est caché il l’imagine plus parfait encore. Elle, elle fuit, plus rapide que la brise lÉgère (…) « Le terrain sur lequel tu te lances est rude ; modére ta course, je t’en supplie, ralentis ta fuite ; moi-même je modèrerai ma poursuite »… L e s M é ta m o r p h o s e s , I 5 0 4 , 5 0 7- 510
moi-même. ce marbre sale c'est ma
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peau et mes poils. Tiré à l'angle
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Happé Le corps délié, je fais le plein de
avec chic. j'embrasse l'autour et le deviens.
Entre
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H du Zénith où je suis contenu Vous me voudriez droit,
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tendu à la hampe du tropique. Mon corps est posté entre vos lignes mais il dévie un peu. Je m’inclus dans votre composition tant que vos rigueurs me
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laissent revenir à moi.
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Je suis serein. Les planches pourraient bien me servir à construire une machine sans faille. Les perspectives s’ouvrent. Je m’élance, m’élève, m’éduque et m’entreprends.
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Hélices. Les jours rallongent
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Haché Ils m’ont eu. Je me suis fondu dans la complexité
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des possibles. Je voulais être tout à la fois, substance et mouvance.
L’espace m’a pris, égal à la nuit.
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Gilles Mazzufferi photographe
Matthieu Bajolet danseur « Concernant cette prise de vues, je ne connaissais pas Gilles, le photographe. Cette séance s'est vraiment déroulée sous le signe de la rencontre de deux médiums : le corps et la photographie. Nous
avions chacun nos stratégies pour aborder l'espace et décider comment le remplir. L'architecture du Palais de Tokyo nous a menés à faire des choix en relation avec un espace monumental et symétrique. C'est comme si on avait travaillé à détourner les sculptures en pierre, de l'époque classique. Une sorte de recherche de la perfection, peut-être ? Cette séance a produit quelque chose de relativement sérieux. Je me demande à quoi cela tient. Est-ce la conséquence de la rencontre de deux personnes qui ne se connaissaient pas avant ? Ou est-ce parce qu'on considère que le sujet-corps est un sujet sérieux? Le choix de n'offrir qu'une partie de la photo à la vision du spectateur me semble intéressant, car cela demande un petit travail de sa part. Le photographe lui laisse ainsi trouver sa propre ponctuation dans l'image. Qu'est-ce que vous croyez ? On ne va pas tout vous offrir quand même ! »
Me n t i o n s La prise de vues fut réalisée au Palais de Tokyo, qui rouvrira ses portes le 20 avril lors de la Triennale 2012 « Intense proximité ». Merci à Dolorès Gonzalez et Vanessa Julliard du service communication du Palais de Tokyo qui sont deux amours.
Entre
« Le corps, c'est d'abord l'espace du possible, rien n'est censé m'arrêter, seul mon moi (l'organique) me contraint. La photographie, c'est l'empreinte d'un mouvement diffus, le geste bat contre les lignes d'un argument, le lieu oscille entre la mémoire et ses engagements collectifs. C'est un peu l'histoire de Dédale et d'Icare. Dédale « le père » agence avec ingéniosité des espaces intellectuels, Icare « le fils » veut s'échapper des lignes de force pour acquérir sa liberté, sortir des frontières de la science. Icare crie le droit à l'immanence en dehors du temps, hors de portée des dieux et de leur puissance. Son choix est légitime, mais oublier la verticale n’anéantit pas pour autant le temps et l'histoire. Le vertige nous cloue sur l'horizon, la chute devient nécessité d'une conscience universelle. L'image symbolique permet d'appréhender le flux et l'in-
flux des discussions saumâtres entre matière et esprit, entre le monde des rêves et le réel. La photographie laisse le débat ouvert pour que se côtoient un passé et un futur en demande de présent. Deux heures, c'est le temps qui nous était imparti pour se situer et sortir avec des images dignes du Palais de Tokyo. Deux heures pour que photographe et danseur intègrent l'espace de cette institution culturelle et s'en dégagent afin d'accéder à une narration intime. Deux heures à marcher sur un fil de lumière, à dépasser les lignes de la matière, à toucher des yeux l'intemporel, abroger la chair pour une échappée belle. Tentative impromptue pour donner une chance à la figure. »
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2 n u m é r o e n t r e
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De ses dessins aux photos où il se met en scène, en passant par le cinéma de Brice Dellsperger pour lequel il se travestit, Jean-Luc Verna aime à jouer de son corps, qu’il modèle à l’image de son univers mental. Interprète polymorphe et artiste pluridisciplinaire, il se plaît à mêler histoire de l’art et imagerie rock’n roll. Face aux chairs généreuses de Rubens, éclatantes de vie et débordant de paillardise, tonnent des échos narquois et malicieux. Je te joue, tu me joues, nous nous cherchons.
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Te x t e C a m i l l e d e F o r ges E T A n n a S k a
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Je a n - L u c Ve r n a v s P i e r r e P a u l R u be n s Pa r T h o m a s L a p o i n t e ,
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la ronde des corps
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L’instant T
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JLV D’une figure du désir à une figure de l’oppression, le mal dans les deux cas décide.
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Voici l’instant figé avant que tout ne bascule, que le destin humain n'en soit bouleversé et que la proie ne se métamorphose en laurier. Ce moment si ténu est tout à la fois contact épidermique, élan indompté, équilibre fugace et doute sublime. Entre terre et ciel, le risque se mue en fatalité et l’ordre incompris des choses jette violemment son sort aux faces incrédules. Aux nudités innocentes, les mains pleines de tourments ! Je t’épaule et tu me livres, je te chope et tu te tailles. Dans une pantomime silencieuse de belles plantes, c’est à cloche-pied que nous traverserons ensemble le miroir brisé de la légèreté.
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… Elle, à bout de forces, a blêmi ; brisée par l a fatigue d’une fuite si r apide, les regards tournés vers les eaux du Pénée : « Viens, mon père, dit-elle, viens à mon secours, si les fleuves comme toi ont un pouvoir divin ; délivre-moi par une métamorphose de cette beauté trop séduisante. »… L e s M é ta m o r p h o s e s , I , 5 41- 5 4 6
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JLV Rapport amusant entre une image de propagande religieuse et une figure païenne. L’une voilée, l’autre dévoilée.
La possession – Entouré, je m’appuie, tiens et possède. Je marche sur la mort. – Nu, je m’offre. Je marche vers nous. L’un fait le plein. Sa compagnie le sert, l’honore. Il est au confort. Sa conscience porte au loin. Il sait. Loué soit le vainqueur à attributs. L’autre prie qu’on le prenne. « Ouverts les bras, qui s’y glisse ? » Personne. Le don importe peu s’il n’y a convoitise.
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JLV Deux images dévorantes de la douleur, l’une mythologique, l’autre historique.
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Communion Cette chair est ma chair et ce sang est mon sang. J’étripe et ce sont mes propres entrailles que je digère. Salivant, j’absorbe le suc de mon hérédité. Misérable glaire ! Ailleurs allez porter vos yeux ! Les miens me sortent de la tête. Je hurle. Ces poignets de force me serrent pour me contenir, comprenez-vous enfin ma puissance ? Sans descendance, je transcende le temps et vous deviens abominable, ô vermine aimable, car je n’épargne personne. Je plonge en moi et sombre en abîme. Je fus cet enfant dévoré, je fuis cet adulte déchiré.
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Elles plaisent les fesses, ces mignonnes. Coulées de sucre chaud et confidences. Les délices glissent telle la sueur. Croupes groupées, les grasses bourdonnent, l’une des trois, comédienne, mène la danse. De l’épaule à la taille, la main touche, passe, se refile, étreint les saillies, ondule. Révolution décente, le tour des galbes du profil droit vers le gauche traverse la lune pleine. Je m’engourdis. Tendue, la ligne qui file de derrière l’oreille, passe entre les omoplates, glisse au bas des reins, emprunte la raie des fesses pour foncer droit sur la jambe droite qui supporte le poids au sol, talon à l’équerre. Extension, on tire. Attente, on étire. De langueurs en attitudes, j’ai chaud.
JLV Il est assez drôle de prendre toujours Rubens pour les comparaisons. J’y vois là un clin d’œil à ma difficulté d’ordre génétique à garder le même poids.
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Ravissement Europe, belle Europe, qu’un vulgaire bœuf m’a ravie ! Je volais vers toi, véloce et puissant, je te savais en train de flâner au rivage, je m’imaginais déjà nos retrouvailles et ta main blanche sur mes rémiges brûlantes. J’aurais alors repris forme humaine, Apollon, pour te plaire. Mais je t’ai vue de loin juchée sur cette croupe grotesque, agitant le tourmentin de la trahison, cinglant vers un ailleurs connu de Zeus seul... Le combat, inégal, et le parjure, félon, m’ont brisé les ailes et j’ai chu, paquet de plumes noires sur le rocher sanglant. Fracassé, je hurle une dernière fois ton nom. Il n’y a plus que ma rage qui vive.
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JLV En guise de ravissement, mon interprétation est plus proche du Ravissement (létal) de Lol V. Stein.
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ENTRE À votre allure, on pourrait s’imaginer tout un tas de choses, mais qui êtes-vous donc Jean-Luc Verna ? JLV J’ai déjà lancé plein de formules toutes faites à mon sujet : « Je suis un jeune new wave enfermé dans le corps d’un homme vieillissant », « Je suis plasticien, actrice, danseur et chanteur », « Je suis polydisciplinaire »… Je suis d’abord un artiste. C’est la façon dont je m’offre au monde, c’est comme ça que j’aime qu’on me reconnaisse, c’est ma seule qualité.
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ENTRE Vous venez d’une famille réactionnaire absolument pas versée dans la culture, vous l’avez quittée très jeune, vous êtes passé par la prostitution. Qu’est-ce qui vous a mené sur la route de l’art ? JLV D’abord, mon aptitude à pouvoir dessiner. Ensuite, parce que dans la société, à part être hors-la-loi, c’était la seule alternative intéressante pour continuer à vivre et trouver ma place. ENTRE Dessin, photographie, cinéma, sculpture, danseperformance, musique : votre œuvre prend des formes variées. Qu’est-ce qui en fait la cohérence ? JLV La colonne vertébrale qui tient tout le reste, c’est le dessin. De ce rapport au monde et à l’image découle mon rapport à mon corps. Et de là découlent mes photos, qui ne sont finalement que le reflet de mon rapport aux différentes cultures telles que je les mêle dans mes dessins. ENTRE Vos photos convoquent un ensemble de références, mélange d’histoire de l’art et d’imagerie rock… JLV Mes photos ne sont jamais montrées sans les deux légendes qui les accompagnent : une légende savante, tirée de l’histoire de l’art et de la photographie, et une légende populaire, qui fait référence à l’histoire du rock’n roll, et qui sont toutes deux d’égale importance. Un moyen de montrer que les différences entre cultures, époques ou genres n'existent pas. ENTRE Vous jouez également tous les personnages des Body Double de Brice Dellsperger, série de remakes de films de l’histoire du cinéma…
JLV C’est en tant qu’acteur travesti – comme au théâtre kabuki – que m’emploie Brice Dellsperger. On a commencé ce travail il y a dix ans de cela, avec la version in extenso de L’important, c’est d’aimer, de Żuławski. On a continué avec des courts métrages, avant de réaliser, il y a deux ans, Body Double 22, la reprise kaléidoscopique d’Eyes Wide Shut de Kubrick. J’interprète tous les rôles, en lip-sync (synchronisation labiale) avec la voix des acteurs, répondant aux différents fantômes de moi-même diffractés par le biais d’incrustations vidéo et d’autres effets spéciaux. ENTRE Qu’est-ce que votre corps finalement ? Un outil de travail ? Une œuvre d’art en soi ? Un sujet mis en scène dans votre travail et celui d’autres artistes ? JLV C’est un champ de bataille. Il faut lutter contre une génétique difficile, passer son temps à le raboter, le muscler, le galber, le redresser, le décorer, le rendre souple à l’enseignement des gens. Et si je me rends étranger à certains par la façon que j’ai de me tenir, c’est uniquement pour le rendre supportable à moi-même, en adéquation avec l’image mentale que j’en ai. ENTRE Dans tout ce que vous faites, il y a aussi un vrai questionnement autour de la sexualité et de la notion de genre… JLV Mon individu privé, et c’est comme ça que je l’ai toujours vécu, n’est ni du genre masculin, ni du genre féminin. Moi, je suis du genre plastique. Certes, il y a le genre biologique, mais toutes ces choses se transcendent tellement par la façon dont on habite son corps. Pour moi, tout ça n’existe pas et n’a jamais existé, ce ne sont que des cases. ENTRE D’où vient ce motif de l’étoile que l’on retrouve partout dans votre travail et notamment tatoué sur tout votre corps ? JLV L’étoile, c’est le corps humain, les cinq branches représentant la tête, les bras et les jambes. C’est quelque chose d’assez commun, dans le beau sens du terme. Il y énormément de gens qui en ont une tatouée sur eux. Ce qui me plait, c’est que ça ne m’appartient pas en propre, ce n’est pas quelque de particulier à moi. Jean-Luc Verna participera à l’exposition Les maîtres du désordre au musée du Quai-Branly du 10 avril au 29 juillet 2012 avec une série de wall drawings et de portraits.
Retrouvez l’intégralité de l’inter view sur w w w.revue-entre.fr
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Coïncidence ou non c’est le café " L’Étoile manquante " que choisit Jean-Luc Verna – à la peau bardé d’étoiles – pour répondre à nos questions. L’artiste, qui a fait de son corps l’outil principal de son œuvre, raconte son travail, qui tend à briser les frontières entre les cultures, les époques et les genres.
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e n t r e t i e n a v e c Je a n - L u c Ve r n a Propos recueillis par Thomas Lapointe
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plastique
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je suis du genre
JEAN-LUC VERNA * Apollon et Daphné, 1625, marbre, *Roadie tentant d’attraper une fan grimpée sur la scène, 2011 © Photo Jean-Luc Verna (avec Fr ançois Sagat), courtesy Air de Paris *Kouros Agrigente, Grèce, 500 av. J.-C., *PATTI SMITH, live, intro de « Horses » BARBARA, salut « Valse Frantz », 70’s, 2011 © Photo DR, courtesy Air de Paris, Paris *Otto Dix, blessé, gravure, 1924, *Killing Joke, live à Nice, 1988 © Photo DR, courtesy Air de Paris, Paris *Degas, Ballerine de 14 ans, *Harry (Blondie), live à Paris, 1999 © Photo DR, courtesy Air de Paris, Paris *Apollon et Marsyas, Josepe de Rubera, 1637, *« Cramp Stomp » Lux Interior (The Cramps), à l’issue d’une roulade arrière en stilettos, Astoria, UK, 1997, 2011 © photo DR, courtesy Air de Paris, Paris
Pierre-Paul Rubens Adam et Ève, première moitié du XVIIe siècle © Wikimedia Commons / Museo nacional del Prado Le Christ triomphant sur la mort et le péché, 1615-1616 © Wikimedia Commons Saturne dévorant un de ses fils, 1637 © Wikimedia Commons / Museo nacional del Prado Les Trois Grâces, 1635 © Wikimedia Commons / Museo nacional del Prado L’enlèvement d’Europe, 1628-1629 © Museo Nacional del Prado
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Un illustrateur, sa façon I l l u s t r a t i o n LUDWICK h e r n a n d e z c i t a t i o n DAVID CRON E N B E R G
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« L e c o r p s e s t l a s o u r c e d e l ' h o r r e u r c h e z l e s ê t r e s h u m a i n s . C ' e s t l e c o r p s q u i v i e i l l i t ; c ' e s t l e c o r p s q u i m e u r t. »
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Question de limites
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P h o t o g r a p h i es P a o l a De P i e t r i & G r é g o i r e K o r g a n o w Te x t e A u r é l i e L a u r e n t t r a d u c t i o n G i u l i a r i c o r d i
Monte Fior, 2008, série To Face, courtesy Galerie Les Filles du calvaire © Paola De Pietri
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… À peine a-t-elle achevé sa prière qu’une lourde torpeur s’empare de ses membres ; une mince écorce entoure son sein délicat ; ses che v eux qui s’a llongent se changent en feuill age ; ses br as en r ameaux...
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AL Elle est là, ancrée. Au profond. Discrète, parfois invisible. Seulement de prime abord. Parce qu’on la sent, on la devine, on scrute, on détaille, et soudain, on ne voit plus que ça : la cicatrice. « Remember ! Souviens-toi ! prodigue ! Esto memor ! », s'entête à tuetête Baudelaire. Toujours présente, creuse, douloureuse : le bourreau et son inhumanité ne la quittent pas. Réminiscence du tortionnaire, souvenance de la guerre. Elle raconte l’histoire vécue. Elle est l’Histoire. Elle sillonne le corps comme elle lapide la terre, mais, par-dessus tout, elle laboure les esprits. Avec Alain, « le souvenir commence avec la cicatrice », elle devient alors l’avenir, la guérison. Renaissance et reconstruction se mêlent, bouleversent et magnifient le témoignage de cette trace. Atroce et terriblement beau à la fois. La vie reprend ses droits, la nature reconquiert son terrain, le corps grandit. Elle est l’espoir meurtri pour celui qui survit.
G RÉ G OIR E KOR G ANO w « Au départ, j’étais un peu déçu. J’aurais préféré que la revue choisisse une image plus dure de ma série " Gueules cassées d’Irak ". Le portrait d’un visage défiguré, qui nous regarde droit dans les yeux, comme pour nous dire : " Regardez ce que cette guerre nous fait subir ! " J’étais parti en colère faire ces portraits des victimes civiles irakiennes. Je n’en pouvais plus du décompte anonyme, quotidien, des blessés et des morts, des attentats-suicides et des dommages collatéraux. Je voulais que l’on reçoive, ici, chez nous, cette violence aveugle, terrible, en pleine figure. J’ai lu le texte d’Aurélie Laurent. J’ai regardé à nouveau ce portrait. La douceur du regard, la timidité du sourire, le soin apporté à la coiffure... Puis, soudain, la cicatrice, énorme, monstrueuse... C’est vrai, on ne voit plus qu’elle et elle devient un abîme. Elle nous aspire. Elle raconte, en creux, toute l’horreur de cette sale guerre. »
PAOLA D E PI E TRI « La photographie du sommet du mont Fior montre la longue ligne des tranchées et, plus bas sur la droite, les nombreux trous causés par les bombardements pendant la Première Guerre mondiale. Presque cent ans plus tard, on retrouve encore sur le paysage alpin et karstique énormément de traces du conflit et du passage de centaines de milliers de soldats. L’âpreté du paysage et les conditions climatiques qui, comme les batailles, provoquèrent des milliers de morts à cause des avalanches et du gel, ont toutefois aidé à préserver un grand nombre de ces traces. La succession des générations entraîne le refoulement ou l’oubli de son propre passé. Dans ce cas, visiblement, le paysage le ressuscite. » Ali, 12 ans, blessé à Bagdad en 2008 par une balle explosive américaine alors qu’il rentrait de l’école © Grégoire Korganow
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Notes
cauchemardesqueS s o n s e t i m a ges
BC Cette nuit-là, une note ténue de contrebasse envahissait mon crâne et, de son timbre ronflant, m’invitait à la torpeur. Alors que je sombrais au plus profond de mon être, mes sens devinrent soudainement perméables au dehors. Le monde ne faisait plus qu’un avec mon corps, à la fois disparate et indivisible. Si la fanfare du parc d’attractions en elle-même laissait deviner la joie ambiante, le dédoublement des motifs musicaux dans mes oreilles en fit apparaître toute l’atmosphère déliquescente. Va-et-vient en mode majeur et mineur, l’espace tanguait, maintenu tant bien que mal par la note qui, bien qu’ayant baissé d’un registre, n’en était pas moins devenue menaçante avec ses trémolos de plus en plus forcés. Mon amie et moi, nous nous éloignâmes de ce décor de cauchemar pour aller rejoindre les bas-fonds, le règne de la sculpture par à-coups où les sons s’égrenaient et se dispersaient dans un écho moite.
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Le c a b i n e t d es f i g u r es d e c i r e ( 1 9 2 4 ) f i l m p a u l l e n i & Le o b i r i n s k y Te x t e B a s t i e n C h e v a l
Mais cette note obsessionnelle revenait à la charge, quoi qu’il arrivât. Nous frayant un chemin parmi les sons fumeux de percussions, guitares et pianos épars, nous trouvâmes refuge dans une arrièrescène où les basses nous évoquaient le battement réconfortant d’un cœur. Une ligne mélodique se tissait discrètement au hautbois pour nous envelopper de sa douceur. Ce monde illusoire était devenu nôtre… naïfs que nous étions ! Non seulement cette maudite note était parvenue à s’insinuer, mais chaque battement nous la renvoyait et la faisait croître de plus belle pour finalement nous assaillir dans un éclat de violence digne de Penderecki. Puis il y eut cette douleur, fugace et déchirante, qui, réunissant les instruments dans le registre le plus aigu, m’arracha un cri silencieux. Tandis que mon esprit s’en allait, les sonorités semblaient devenir fractales. L’espace s’étiola et laissa place à mon bureau. Le retour à la réalité me fit l’effet d’un coup sur la tête. Enfin le silence… et l’amour.
m il -f ée e de n l n ag ina . ba p g n e om ri so u n c c e o d ea n n u d’ ba
… Phébus cependant l’aime toujours ; sa main posée sur le tronc, il sent encore le cœur palpiter sous l’écorce nouvelle ; entour ant de ses br as les r ameaux qui rempl acent les membres de l a nymphe, il couvre le bois de ses baisers ; mais le bois repousse ses baisers. L e s M é ta m o r p h o s e s , I, 55 4-558
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On se joint à tous les accros de la BO du déjà culte Drive ! Difficile de savoir si c’est « Night call » de Kavinsky ou « A Real Hero » de College feat. Electric Youth qui fait le plus frissonner… Alors on les écoute en boucle sans savoir à quel point les images du f ilm inf luent encore sur notre perception. En at tendant on s’élève et on f lot te. Bande originale de Drive, de Nicolas Winding Refn. Musique originale de Cliff Martinez. D a n 1 1 © E DU A RDO TA C H A DO
Photographie
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E d u a r d o Ta c h a d o, c o r p s e x h i b é s Appartements parisiens, draps blancs, planchers cirés, lumière froide. Et des corps, de la peau, de la chair qui s’exhibe. Dans sa série de Portraits intimes, Eduardo Tachado tente d’apprivoiser à travers son objectif la plus pure intimité (sexuelle, donc). L’histoire commence à Madrid comme un simple casting pour un exercice universitaire : « Certains garçons avaient besoin de se montrer, sans pudeur aucune. » Lorsque Eduardo poursuit l’aventure à Paris, il découvre quelque chose auquel il ne s’attendait pas : « Les garçons m’invitaient chez eux pour être photographiés et, comme je ne parlais pas français, je suis devenu le témoin invisible de ce qui se passait dans leur intimité. » Si les corps se montrent sans pudeur, le regard d’Eduardo, lui, en est rempli. Car toute la beauté du geste tient justement de cette ambivalence entre les excès de la chair et l’œil distant et discret du photographe, jouant notamment avec le flou, qui parfois trouble légèrement la vision, d’autres fois ne laisse plus apparaître que des formes indistinctes. Une esthétique qui magnifie, dans une étrange atmosphère de douceur et mélancolie, la sexualité brute de ces êtres tout aussi solitaires que les plaisirs auxquels ils s’adonnent. w w w.e d u a rd o t a c h a d o.c o m
Livres Les E d i t i o n s P o l y s t y r è n e , Support (&/VS) Surface Fraîchement diplômée de l’école des Beaux-ar ts d’Angoulême, la nouvelle garde de la bande dessinée vient conquérir la capitale avec son catalogue de productions à la croisée des genres, entre classicisme classieux et volonté manifeste de se positionner sur le terrain du livre-objet. http://editions.polystyrene.free.fr
Dessin Les c a r i c a t u r es d ’A l i F a r z a t Cette année, le prix Sakharov pour la liberté de pensée, décerné depuis 1988 par le Parlement européen, a été attribué à cinq militants du printemps arabe, dont le caricaturiste syrien Ali Farzat. En août dernier, ce dessinateur de presse connu dans tout le monde arabe avait été enlevé à Damas par des hommes armés qui lui ont notamment brisé les mains. Une trentaine de ses dessins à voir sur creativesyria.com/farzat.htmLivre
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Musique Drive, transports musicaux
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à feuilleter ou écouter… tranquille
P a r F i t z ge r a l d B e r t h o n , G e o ff r o y Caillet, Thomas Lapointe, Priscille de L a ss u s , c a t h e r i n e m i n o t , A n n a S k a , J a c k TON E , Céline Torrent
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J’en peux plus, il faut que je sorte ! Restaurant B r u n c h @ B a r be r s h o p
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Voilà le nouveau point de ralliement des bruncheurs invétérés. Déco rétro, ambiance bistrot, fauteuils club en cuir vieillot, ambiance conviviale… De quoi vous mettre à l’aise pour déguster leurs brunchs délicieux et copieux, version anglaise (œufs brouillés, toasts et baked beans) ou américaine (muffin, bacon, potatoes et œufs pochés). Barbershop, 68 avenue de la République, 11e.
Soirée
Spectacle C a l a c a s , B a r t a b a s f a i t d a n se r l es m o r t s
Jusqu’au 11 mars, au Fort d’Aubervilliers
Depuis que Frédéric Mitterrand s’invite sur M6 pour faire la popote, certains s’attachent à redéfinir le cadre du dîner mondain. Quelque part entre la désinvolture, l’élitisme et la fringale, Alizée Chasse tient la solution, à destination select du corps culturel en mal de réseautage social stricto sensu. Demandez la carte ! http://m.wix.com/alizeechasse/journaldesdineurs
Boutique Ts é & Ts é : c a r n e t r o se Le pétillant duo des Tsé & Tsé a planté dans cette première boutique un univers qui lui ressemble, plein de fraîcheur et de fantaisie. Meubles, vaisselle, luminaires, roue de la fortune… Des créations maison mais aussi des trouvailles glanées au cours de leurs pérégrinations. Tsé & Tsé associées, 7 rue Saint-Roch, 1er. www.tse-tse.com
E n Et nr te r e
Se rendre au Fort d’Aubervilliers est toujours l’occasion d’un voyage en dehors du temps et de l’espace. D’abord parce que le Théâtre équestre Zingaro a su y créer un véritable lieu, dépaysant et intemporel, au cœur de la ville. Ensuite parce que Bartabas nous convie dans chacune de ses créations à découvrir une nouvelle contrée. Cette fois, c’est dans un voyage fantomatique inspiré des danses macabres mexicaines qu’il nous entraîne. Emerge un western à la fois poétique et décadent, inquiétant et plein d’humour. Les voltigeurs virtuoses de la troupe n’ont jamais aussi bien occupés leur place, spectres aux crânes disproportionnés. Les traditionnels invités sont cette fois des chinchineros, hommesorchestres hallucinants, traversés par leur rythme comme par un cyclone des Caraïbes. Il nous offre un ballet percussif étonnamment proche de celui que donneraient deux étalons endiablés. Un spectacle envoûtant qui conserve l’esprit des débuts du Théâtre équestre : instinct animal, défi de la gravité et atmosphère tribale et gitane.
Les D i n e u r s : l e u r r e m p l i r l a p a n se p o u r q u ’ i l s p e n se n t
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où nous trouver ? Musées 1. Le Palais de Tokyo 2. Le Jeu de Paume 3. Le musée Zadkine 4. Musée Gustave Moreau 5. Le musée Carnavalet 6. Le MAC/VAL 7. Le musée de l’Erotisme
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Lieux d’exposition 8. La Gaîté Lyrique 9. Le BAL 10. La Maison Rouge 11. La Maison européenne de la photographie 12. Le Point éphémère 13. La Maison des métallos 14. Bétonsalon 15. Les Ateliers de Paris Centres culturels 16. Suisse 17. Suédois 18. Finlandais 19. Néerlandais 20. La Maison de l’Amérique Latine 21. La Halle Saint-Pierre 22. Mains d’œuvres
Fondations 23. La Fondation Cartier pour l’art contemporain 24. La Fondation YSL/ Pierre Berger 25. La Fondation Henri Cartier-Bresson 26. La Fondation Ricard
27. La Fondation EDF rue Récamier 28. La Fondation Calouste Gulbenkian
Galeries 29. Galerie Voskel 30. Galerie Anatome 31. Galerie Wallworks 32. La Maison Revue Noire 33. Galerie Camera Obscura 34. Galerie Air de Paris 35. Galerie VU 36. Galerie Yvon Lambert 37. Galerie Gabriel & Gabriel 38. Galerie Daniel Templon 39. Jeune Création 40. Nathalie Obadia 41. Galerie LJ 42. Galerie Odile Ouizeman 43. Galerie Dominique FIAT 44. Tsumori Chisato 45. Galerie Jérôme de Noirmont 46. Galerie Alain Gutharc 47. Galerie Anne Barrault 48. Galerie Bertrand Grimont 49. Galerie Claudine Papillon 50. Galerie Laurent Godin 51. Galerie Olivier Robert 52. Galerie Patricia Dorfmann 53. Galerie Perrotin 54. Galerie Polaris 55. Galerie du jour-Agnès B 56. Semiose 57. YIA Showroom
théÂtres 58. Le Lucernaire 59. Théâtre de la Ville 60. Nouveau Théâtre de Montreuil 61. Théâtre du Châtelet 62. Théâtre de la Cité
Cinémas
Écoles
63. La Cinémathèque 64. Le cinéma d’art et essai Georges-Méliès 65. Le forum des Images
82. L’école et la galerie des Beaux-Arts 83. La Fémis
S a ll e s d e spectacle 66. La Machine du Moulin Rouge 67. Les Instants Chavirés 68. La Flèche d’or 69. La Maroquinerie 70. La Bellevilloise 71. L’Atelier du Plateau 72. Le Café de la danse 73. Le Café Caché du CENTQUATRE 74. Le Nouveau Casino 75. Petit Bain
Librairies & médiathèqueS 76. La librairie du musée d’Art moderne 77. La médiathèque du musée du Quai-Branly 78. Le Merle moqueur 79. Le Merle Moqueur au CENTQUATRE 80. OFR librairie 81. Lazy Dog
hôtels brasseries restaurants 84. Le Grand Véfour 85. Hôtel le Meurice 86. Hôtel Lotti 87. Le Royal Monceau
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ENTRÉE LIBRE Du lundi au samedi de 10h à 18h, le dimanche et les jours fériés de 14h à 18h. 20 rue de Poissy – 75005 Paris 01 53 10 74 44
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ton hamster est mort DESCARTES BOLD
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Vos messages passent mieux lorsqu’ils sont composés avec les caractères typographiques de la fonderie Long-Type. www.long-type.com Abonnez-vous pour utiliser nos fontes avant de les acheter vraiment
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Cédric Andrieux Paola de Pietri
Le solo « Cédric Andrieux » de Jérôme Bel continue sa tournée à Séoul (les 30 et 31 mars), Noisyle-Grand (le 11 maoi) et Grenoble (le 8 juin).
Photographie de l'exposition " To Face " prise dans les Alpes Mattina en 2009. Paola de Pietri exposera cette série de photos au mois d'avril au MAXXI à Rome.
Mat thieu Bajolet
Grégoire Korganow
Jean-Luc Verna
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Toutes les dates sur www.jeromebel.fr
Je a n - L u c Ve r n a Grégoire Korganow
Jen Davis
Jean-Luc Verna interviendra à l’exposition « Les maîtres du désordre » au Quai Branly du 10 avril au 29 juillet 2012 par une série de wall drawings et de portraits. Il sortira bientôt un disque sur le label Opticial Sound, et sera en concert avec son groupe I APOLOGIZE aux Bouffes du Nord et au Centre Pompidou, avant une tournée en province. Il participera également à la prochaine création de Gisèle Vienne, Le Sacre du printemps. Avec Brice Dellsperger, un nouveau « Body Double » est en préparation.
Matthieu Bajolet
Paola De Pietri
Cédric Andrieux
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www.revue-entre.fr
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Retrouver les interviews des artistes sur le site internet d’ENTRE :
Son travail en cours sur la privation de liberté en France. Ici, la cour de promenade d'un centre de détention. France 2010.
Matthieu Bajolet est un artiste chorégraphique. Il n'est pas certain que cet intitulé soit le plus approprié mais il n'a pas trouvé mieux pour parler de son métier. Il danse, interprète, crée et assiste à des spectacles... On pourra voir, à la Fondation Royaumont dans le cadre de " Transforme ", Spoiled une maquette de son nouveau travail le 25 février. Il sera également dans les pièces de Joanne Leighton, " Les Modulables " au centre national de la Danse à Pantin du 7 au 9 mars, puis dans " Exquisite Corpse " les 10 et 11 mai à Belfort.
www.korganow.net
Je n D a v i s http://jendavisphoto.com
Loriane Montaner
Ludwick Hernandez
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Gilles Mazuferri
Clément deneux
LORIAN E MONTAN E R Graphiste - Not only in case of emergency www.lorianemontaner.com
Ludwick He r n a n d e z http://ludwickhernandez.fr
G i l l es M a z z u ffe r i Chaque jour je ne vis que pour faire de la photographie. Si vous m'ôtez ma place Monseigneur, je ferais de la photographie pour vivre.
http://vimeo.com/mork
u L’a es st ti ar é ip des tic o. o m ar ér ro t p u m -p an n to ay ce à