BIMESTRIEL GRATUIT
DIRECTRICE DE LA PUBLICATION
DIRECTION ARTISTIQUE ET MAQUETTE
ANNA SERWANSKA
MASS CONFUSION - MCONFUSION.COM (ELISE FLORY ET FARID MEKBEL)
MARS 2012
RÉDACTEUR EN CHEF THOMAS LAPOINTE
PHOTOGRAVURE PEGGY HUYNH-QUAN-SUU
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION CATHERINE MINOT ENTRE L’ŒUVRE EST OUVERTE
7-11 RUE DES CAILLOTS 93100 MONTREUIL 06 06 63 63 33 CONTACT@REVUE-ENTRE.FR W W W.R E V U E- EN T R E .F R N° ISSN : 2118-450X
RÉDACTION FITZGERALD BERTHON, GEOFFROY CAILLET, BASTIEN CHEVAL, CAMILLE DE FORGES, THOMAS LAPOINTE, PRISCILLE DE LASSUS, CATHERINE MINOT, ANNA SKA, JACK TONE, CÉLINE TORRENT
ÉLECTRON LIBRE TIM PL AMPER
LE TE X TE ES T COMPOSÉ EN NATIONAL (KLIM T YPE FOUNDRY) POUR LE TEXTE COURANT ET EN LINGUAL P O U R L E S T I T R E S . IMPRESSION Imprimerie Léonce Deprez PAPIER CYCLUS 90 GRAMMES (100% RECYCLÉ)
PROCHAIN RENDE Z-VOUS N°4 « Chaos et convergences » avec entre autres les ar tis tes de l’exposition « Les Maî tres du désordre » au musée du Quai Branly et de la Triennale « Intense Proximité » au Palais de Tok yo.
ENTRE HISTOIRE ET SCIENCE, C’EST TOUT LE PARA-MONDE DE LA COULISSE, L’UNIVERS DE MACHINES INCONGRUES MAIS AUSSI DE MOTS INCONNUS, QUI S’OUVRE AU VISITEUR DE L’EXPOSITION L’ENVERS DU DÉCOR . DU DEVANT (DE LA SCÈNE) À L’ARRIÈRE (SOUDAIN MIS EN SCÈNE), CATHERINE JOIN-DIÉTERLE, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION, ET ALAIN BATIFOULIER, MUSÉOGRAPHE, NOUS INVITENT À PASSER BIEN AU-DELÀ DU 4E MUR, ET À PÉNÉTRER LA DIMENSION DE L’ILLUSION CO(S)MIQUE ! Alain Batifoulier : La visite commence en regardant la salle de l’opéra depuis la scène, par l’œil du rideau que nous avons reproduit. Le public passe de l’autre côté du décor. Certains décors mythiques ont été restitués à grande échelle : le cloître de Robert le Diable, la forêt dans le ballet romantique La Sylphide… Deux boîtes-modules encyclopédiques expliquent, grâce à des films d’animation, les « trucs » du théâtre : comment faire le soleil, le vent, la grêle, comment fonctionnaient les miroirs sans teint, l’opération de « crémation magique »… Catherine Join-Diéterle : Ce qui est paradoxal, c’est que ce sont les techniques contemporaines de scénographie qui nous permettent de révéler les rouages de la scénographie ancienne. AB : Ce que l’on veut montrer, c’est vraiment le côté empirique, « bricolage », de tous ces trucages. Au XIXe siècle, nous sommes en plein goût pour l’invention, l’expérimentation : on entre dans le monde de la science… L’électricité arrive dans les théâtres, non pas tant pour l’éclairage que pour les effets spéciaux. C’est cette science du théâtre derrière la magie que l’on veut dévoiler, un peu comme dans un making-of de film ! CJD : On est alors déjà dans la logique qui est celle du cinéma d’aujourd’hui. D’ailleurs, lorsque l’on regarde certains effets spéciaux, comme par exemple la transformation d’un arbre en personnage, c’est un peu Transformers avant l’heure ! AB : Ce que l’on dévoile, dans l’exposition, ce sont aussi bien les coulisses physiques que les coulisses du savoir. Nous faisons découvrir au visiteur les dessins et maquettes, mais aussi le langage du théâtre : cour et jardin, cintres, pendrillons, praticables, châssis…
CJD : Le visiteur pourra tour à tour jouer le rôle du machiniste, du directeur de théâtre, du régisseur, du peintre…
AB : Dans la toute dernière salle, nous avons imaginé un espace dans lequel le visiteur se trouvera plongé dans le « premier dessous » : il verra une danseuse monter sur une trappe, les machines, les câbles… Il pourra aussi jouer avec les manipulations : créer le tonnerre, la pluie ou assister à un changement de costumes ! CJD : Nous avons, en quelque sorte, créé une mise en abyme du travail scénographique dans cette exposition 1.
AB : Avec cette scénographie de scénographie, nous avons procédé de la même façon qu’avec un livret normal, à cette différence près que le scénario mis en scène est notre propre métier. CJD : La magie réside aussi dans cette découverte du travail qui s’accomplit, de l’imagination d’un décorateur sur le papier à la mise en volume « en grand », en passant par la création de la maquette. Nous avons pris le parti non pas de montrer que « c’est beau » mais « comment et pourquoi c’est beau ».
AB : Nous faisons entrer le visiteur dans un kaléidoscope géant qui va lui permettre de découvrir les coulisses dans toutes leurs dimensions !
1. L’envers du décor, Centre national du costume de scène, Moulins. www.cncs.fr. Jusqu’au 20 mai 2012. Visuel : Trappe ascendante en étoile dite trappe anglaise. Illustration Georges Moynet, dans l’ouvrage Trucs et décors.
C’EST EN STUDIO DE RÉPÉTITION QUE L’ATELIER DES LILAS DE ROBERT COMBAS S’EST TRANSFORMÉ. LES TOILES IMMENSES ENTASSÉES SUR LES CÔTÉS POUR UN TEMPS, UN VÉRITABLE SET DE ROCK SESSION A PRIS PLACE : CLAVIERS, BATTERIE ET GUITARES MULTIFORMES JONCHENT LE SOL, LÀ OÙ JADIS TRAÎNAIENT PINCEAUX ET POTS DE PEINTURE ÉCARLATE. C’EST DANS CE DÉSORDRE DE CRÉATIVITÉ TRÉPIDANTE QUE COMBAS NOUS REÇOIT. IMPATIENT DE NOUS FAIRE PARTAGER, AVEC LA GOUAILLE EFFRÉNÉE QUI LUI SIED SI BIEN, SA PASSION POUR LA MUSIQUE, ENFIN RÉVÉLÉE À TRAVERS UNE SÉRIE DE MORCEAUX ET DE VIDÉOS EXPÉRIMENTALES QU’IL PRÉSENTE ACTUELLEMENT AU MAC DE LYON. Le rock est un style qui mélange, une fusion entre le porte au rock, pas purement rock’n roll mais plutôt jazz, le boogie-woogie, le rythm’n blues… Un peu à pop rock. Un ensemble bâtard de musiques. votre image, finalement ? Vous composez vos toiles comme des morceaux de Exactement ! Donc… y a rien d’autre à dire ! Sauf qu’on rock ? Non, pas du tout ! À la limite comme des morceaux… est dans un pays un peu à la ramasse par rapport au Peut-être que ça se rapprocherait plus du jazz. Mais rock, un pays pas très rock dans son état d’esprit. je ne suis pas un fanatique de jazz. J’aime le jazz Même si les gens ont fait semblant, on a clairement chanté, presque variété, pas le jazz New Orleans. Je un problème de feeling. Bien qu’on puisse toujours l’aime dans le concept. Je me rapprocherais plus du trouver qu’un gitan qui joue de la guitare, c’est rock. rock parce que c’est un peu moins sérieux. Du moins, Que Django Reinhardt, c’est rock par exemple. Dans ce qu’on appelait le rock. Parce que c’est tellement l’ensemble, il y a un truc qu’on n’a pas compris. Je large maintenant que c’est pareil que l’amour. Aun’sais pas… Enfin, en tout cas, moi, j’ai essayé de jourd’hui, on ne sait plus comment faire pour dire faire dans ma peinture quelque chose qui se rap-
es ut e to m er com ss s pa ne er bo n iss es la , l lu ces o u en es » iv u ’a fl is « J in uva s le ma s le « je t’aime ». Je crois que c’est vachement galvaudé. gueur de journée. Ce premier morceau est venu tout C’est pareil pour le rock : c’est galvaudé. C’est pour seul, comme ça. Parce que vos influences, c’était plutôt quoi ? ça que je n’aime pas trop en parler. Moi, je suis totaJe faisais partie d’un milieu du rock assez snob, assez lement autodidacte. J’ai sauté sur l’occasion d’un élitiste. Les milieux rock’n roll néo-sixties comme moment particulier de ma vie qui m’a obligé à créer les Flamin’ Groovies, on appelait ça un groupe de de la musique, autrement je pouvais y laisser ma losers. Mais moi, en anglais, j’ai jamais rien compris. peau. C’est comme ça que je vois ça. Moi en généIls ont surtout été les meilleurs plagiaires des Rolral, avec le rock, j’éponge des problèmes existentiels ling Stones et des Beatles. Ce qu’on appelle le power de la vie. J’éponge… Mais attention ça ne s’éponge pop… Qu’est-ce que je voulais dire ? ! Ah oui, donc pas comme ça ! On paye l’addition. Je la paie encore ça, c’est quand j’étais adolescent. Je comprenais maintenant. Et comment est venu le déclic ? pas les paroles, mais je m’en foutais. En France, rien J’ai commencé avec une exposition en mai 2010 à ne nous intéressait à part quelques conneries des la galerie Guy Pieters, à Paris. Cette expo était asannées 1960. Moi j’suis 45 tours. J’suis arrivé à Paris sez… comment dire ?... habitée ! Pour moi – mais en 1980, j’avais une valise de 45 tours. En 45 tours, je pense avoir eu la preuve qu’elle l’était aussi pour ça peut être n’importe qui, qui fait un bon morceau, d’autres. J’avais tellement de trucs dans la tête qu’il même le pire chanteur, il peut toujours avoir fait un fallait que ça ressorte. Ça a commencé par la peintruc dont on se rappelle. Qu’est-ce qui a changé dans votre approche de la ture, et puis, à la fin de l’exposition, il fallait que musique ? je fasse un morceau qui représente l’ambiance de Je jouais sans arrêt avec un petit synthé chez moi. cette époque-là. Je cherchais quelqu’un qui puisse J’avais la flemme d’apprendre à jouer de la guitare l’enregistrer convenablement et au vernissage j’ai – que j’avais pourtant ! J’ai demandé à Lucas d’enrerencontré Lucas [Mancione, plasticien, vidéaste et gistrer un morceau avec du chant. Mais là j’ai voulu musicien, ndlr] que je connaissais de Sète et je lui ai ouvrir la porte parce que j’en avais marre d’attendre, demandé s’il voulait m’aider. Qu’est-ce que ça a donné ce premier morceau ? j’ai voulu laisser passer toutes les influences. Les Ça ressemblait un peu à du Georges Delerue, le bonnes comme les mauvaises. Et de là est sorti un mec qui a fait la musique du « Mépris » et d’autres morceau qui s’appelle « Le Train ». Comme il est bandes originales de film. Un côté mélodique, mélochanté en français, c’est assez étonnant. J’préfère dramatique. J’étais assez étonné parce que c’est pas pas dire à quoi il ressemble. C’est assez étonnant le genre de truc qui m’intéresse vraiment, même si parce qu’il n’est pas très rock. Le synthé a permis de j’avais eu des coups de cœur pour des musiques de franchir des étapes. Ce morceau était fait avec des ce type. Mais ça n’était pas ce que j’écoutais à lonviolons parce que j’adore les violons, même dans le
« Moi c’était pas Chuck Berry mais John Lennon que j’aimais »
rock. Je suis fan d’un producteur qui s’appelle Phil En ce moment, vous êtes toujours dans cette lancée Spector, qui est aujourd’hui un criminel, en prison musicale ? Oui, d’abord parce qu’il y a l’expo au musée d’Art parce qu’il a tué une femme. Si j’étais fan, c’est parce contemporain de Lyon 1. Le truc particulier, c’est que moi, c’était pas Chuck Berry, mais John Lennon quand même ça, organiser une rétrospective et que j’aimais. Justement, il y a un truc qui s’est ouvert dire : « Regardez la vérité : ce n’est pas un artiste quand j’ai écouté « Instant Karma », un morceau de mort, c’est un artiste vivant. On va vous le prouver Lennon, produit par Phil Spector. C’est ça qui m’a fait puisqu’on est là. » Il y a trois étages : deux étages devenir un adepte de la musique qu’on peut appeler rétrospectifs et un atelier. Mettre l’atelier dans un rock. Je devais avoir 12 ou 13 ans. C’est vous qui avez écrit les paroles de vos chancentre d’art, c’était une idée que j’avais déjà eue sons ? avant. Le troisième étage est dédié à la musique, Évidemment ! J’ai toujours écrit des paroles et des c’est une idée de Thierry Raspail [directeur du mac textes pour mes expos. Dans les années 1980, je LYON et commissaire général de l’exposition, ndlr], ne les relisais même pas. Dans les années 1990, j’ai parce qu’il savait que je m’intéressais à la musique. commencé à mettre de la ponctuation. Et dans les Mais il ne savait pas que je faisais de la musique. C’est années 2000, je suis arrivé à en écrire d’assez soplutôt les images qui l’ont intéressé. De la musique, phistiqués… On a refait un autre morceau. Il s’appeon est allés vers les images. On ne voulait pas réalilait « Touche-moi », c’était toujours avec synthé, y ser des clips mais on avait besoin du support image. avait pas encore d’instruments. C’était des rythmes Donc, on a inventé avec les moyens du bord… Ce qui africains. On a commencé à ajouter une guitare. veut pas dire qu’on n’a pas de moyens. En fait, mes On en a fait un troisième qui s’appelle « C’est beau morceaux sont comme des peintures vivantes. Il y a d’être un ange ». Et après ces trois-là, on a voulu les mêmes ingrédients : une diversité, un éclectisme, partir dans un côté un peu plus rock. À l’époque, un côté bricolo qui se rapprochent de mon travail. Et, on n’était pas encore très pessimistes ! Donc étant comme je le dis, c’est un travail de groupe. Je pense donné que je suis un fan de musique pop – on va que ça va faire école et qu’on risque de ne pas garappeler ça comme ça – avec des mélodies rock, j’ai der le truc longtemps. Car quand les gens vont comfait des morceaux dans ce style-là. « Ton sourire », prendre avec quoi on arrive à ça, tout le monde va « Beauté saine halluciné », tous les morceaux à parvouloir s’y mettre. C’est sûr qu’on va encore se fairee tir de là sont devenus différents. Dès ce moment-là, d baiser. Comme on s’est fait baiser en 1980, quand on a commencé et on ne s’est pas arrêtés. C’est une g, nous on était déjà là, et que les Keith Haring, pluie de chansons depuis un an. it Jean-Michel Basquiat et compagnie, y en avait pas.
Eux, ils sont arrivés en 1982… [Date à laquelle les « graffitistes » new-yorkais connaissent un succès international contrairement aux artistes français de Est-ce que, dans votre enfance, vos parents écoula Figuration libre, Hervé Di Rosa, François Boisrond, taient de la musique ? Ont-ils participé à votre éduRémi Blanchard et Robert Combas, ndlr.] cation musicale ? Quels sont vos premiers souvenirs musicaux ? Non, ils n’écoutaient que Jean Ferrat et les Chœurs J’étais allé à Lyon car je voulais voir la ville où j’étais de l’Armée rouge ! Chez moi, ce n’était pas du tout né. On avait pris un acide. On était sur une place, y musical. Et pour vous le fait d’écouter de la musique, c’était avait une espèce de monument. Et quand on s’est aussi un mode de vie ? levés le matin, on a vu un Gibert qui vendait des Oui. Parce que quand mon père a été au chômage… trucs pas chers. On est entrés et y avait un album que faire ? Faut savoir qu’en dehors du fait que j’étais des Beach Boys. Je l’ai acheté, c’est tout. C’était le premier album marquant de votre jeunesse ? artiste et que je n’avais pas encore trouvé ma voie Non ! Avant il y a eu Johnny Winter. Évidemment (je ne branlais rien, en gros !), de 15 à 20 ans, on ne quand on est jeune, on a envie d’écouter des choses pensait qu’à fumer du shit et écouter de la musique. plus violentes. À l’époque, y avait pas de punk… Y Parce qu’à l’époque on écoutait la musique. D’un avait les Flamin' Groovies, dont j’ai déjà parlé, les seul coup, ça s’est arrêté ! C’est après le punk que MC5 aussi. Ils ont tous joué à la télé française, y ça a commencé à déconner. Déjà le punk, c’était a eu des concerts exceptionnels : Deep Purple au que des morceaux courts. Bon, moi ça me convenait début de sa carrière hard rock, par exemple. Il n’y complètement. Mais c’était pas le punk qui m’intéavait qu’une émission : « Pop 2 ». C’est là que j’ai ressait, c’était le rock. Et à l’époque déjà n’aviez-vous pas envie de fonder vu pour la première fois David Bowie ou le Velvet un groupe ? Underground. Quand je les ai vus, je n’ai pas comSi ! Moi, j’ai toujours essayé de fonder un groupe [en pris et j’ai éteint le poste. À l’époque, je ne savais 1978, Combas fonde, avec Ketty Brindel et Buddy Di pas apprécier ça. Rosa, le groupe Les Démodés, ndlr] ! Mais je n’avais Chez le Velvet Underground également, dans leur pas un rond. Quand je dis pas un rond, j’avais zéro, rapport avec la Factory et Andy Warhol, il y a justezéro. Et puis je disais qu’en plus à Sète on est la ville ment un lien étroit entre l’art et la musique. Ouais, mais ça je m’en foutais comme de l’an 40. avec les plus gros branleurs de France ! Peut-être Et puis eux, ils étaient folk et nous, on n’aimait pas les plus grands, enfin quand même… Mon père, pas ça. J’avais 15 ans, on voulait des guitares à quand il a eu des emmerdes, on ne peut pas dire que fond la caisse. À l’époque, ce qui m’intéressait je sautais sur l’occasion pour aller travailler ! Mes c’était les Who, et le batteur des Who qui cassait parents, tu me diras, ils s’en sont sortis avec l’équatout. Mon rêve, c’était de tout casser sur scène. tion familiale : ils avaient six gosses. Moi j’étais aux Mais comme j’avais pas d’argent… Beaux-Arts, mes parents m’ont aidé. Je travaillais un Alors à quel moment vous vous êtes dit que c’est par peu l’été, mais c’était pratiquement rien. Mon hisla peinture que vous alliez être rock ? toire, c’est presque un conte de fées. Je suis arrivé Ah mais ça, la peinture, c’est depuis que je suis à Paris, j’avais zéro. Et puis en août 1980, j’ai vendu né ou presque ! Parce que mes parents ont eu une mes premiers tableaux. Dans la musique vous retrouvez aujourd’hui la diespèce de vision. C’est pas vraiment une vision mension du groupe ? mais on va appeler ça comme ça… Comme quoi C’est ça. Pourquoi la musique ? Parce que la muje deviendrais un artiste. Enfin, ils ont jamais mis sique, on n’y arrive pas tout seul. C’est ça qui est une seule nature morte au mur ! Et tout ce que je important : j’avais envie de réussir un truc qui ne faisais, ils ne le regardaient pas, c’était pas leur soit pas fait tout seul. Aujourd’hui, Les Sans Pattes, tasse de thé. Pour eux, je ne faisais que des grice ne sont pas des gens qui accompagnent Robert bouillis. Ah si, à l’époque, je faisais des caricatures Combas, c’est un groupe. On a commencé à deux, pour mon père qui lisait « Le Canard enchaîné ». c’était un peu compliqué parce qu’on jouait tous les instruments ! Maintenant, on est trois, un copain bassiste [Pierre Reixach, ndlr] nous a rejoints. Peutêtre qu’un jour on sera quatre. 1. « Robert Combas, Greatest Hits », au MAC Lyon. Jusqu’au 15 juillet 2012.
La différence entre Giotto et moi L’absence d’un lien évident entre le dessin et la légende crée en vous un état de perplexité. Vous opérez un va-et-vient du dessin à la légende et de la légende au dessin, en quête d’une correspondance abstraite, concrète, métaphorique ou encore formelle. Devant la pauvreté de l’image, vous vous raccrochez à la légende, et par-là même au langage : vous entamez dès lors une démarche de compréhension.
La légende aussi vous interpelle : au décalage déjà observé entre dessin et légende s’ajoute un second décalage qui réside quant à lui au sein même de l’énoncé. Sans fondement, Giotto, grand peintre de la Renaissance italienne, est mis en parallèle avec le pronom personnel « moi », désignant Bérengère Hénin, l’auteur du dessin, qui n’a pas son entrée dans le Dictionnaire des artistes. Dans le groupe nominal « la différence », l’article défini singulier « la » crée un effet particulièrement insolent, comme s’il n’y avait qu’une différence, et comme s’il était seulement permis d’en établir une liste. De plus, le pronom personnel « moi » s’impose de façon péremptoire puisqu’il ne réfère à personne de communément reconnu. Cette comparaison incongrue, infondée, improbable vous surprend – et vous agace.
Plier vers la gauche � pour reconstituer l'image.
Mercredi 8 octobre 2008 Vous avez devant vous une association – du type de celles que l’on rencontre quotidiennement dans les journaux –, celle d’une date, qui fait ici office de légende, et d’une carte météorologique. Les prévisions météorologiques sont habituellement présentées en fin de journal, après les « informations », à savoir la liste des événements marquants de la journée. La carte météorologique n’est en fait qu’un élément mineur dans l’ensemble de ces événements qui constituent l’identité de la journée en question. Or, le mercredi 8 octobre, par un jeu de dé-contextualisation, est ici abusivement réduit au temps qu’il est censé faire ce jour-là. La disposition du dessin sur la page, son centrage, sa proportion excluent tout autre élément susceptible d’entrer dans le cadre spatio-temporel du mercredi 8 octobre 2008. Les limites matérielles de la page imposent de fait une relation exclusive et un lien indissociable entre cette journée du mercredi 8 octobre 2008 et sa prévision météorologique. En outre, le mercredi 8 octobre 2008 prend une valeur générique. Cette date, communément anodine – car elle n’a aucune valeur historique –, représente en effet un jour comme les autres. En se conformant aux codes du dessin, elle perd sa fonctionnalité informative, et par-là même son caractère spécifique. Le mercredi 8 octobre 2008 fait référence à un jour passé, commun, qui n’évoque rien de particulier : l’aspect utilitaire de l’ensemble date-carte disparaît. L’acte d’extraire de leur contexte utilitaire cette carte et sa date pour ne se rapporter qu’à la valeur esthétique de l’ensemble, à savoir une « muséification », accentue encore l’abolition de toute fonctionnalité.
Plier vers la gauche � pour reconstituer l'image.
Cet ensemble dessin-légende aboutit à la réduction d’un espace-temps humain au « temps » météorologique vécu ce jour-là, au temps qu’il fait, au sujet des conversations les plus plates, « sans véritable portée référentielle », selon la théorie des six fonctions du langage de Jakobson. En effet, « parler de la pluie et du beau temps », c’est ce qu’on appelle la « fonction phatique » du langage, celle qui, quand on n’a rien à dire à son interlocuteur, permet d’« établir, maintenir, rompre ou rétablir le contact » avec lui, autrement dit de « meubler le vide communicatif » 1. La relation dessin-légende réduit donc l’ensemble des activités humaines et des événements touchant l’homme à une fonction phatique, c’est-à-dire à un néant référentiel, à un vide sémantique. Nous aboutissons en définitive à une conception de la vie humaine proche de celle que propose la Vanité.
1. Grammaire méthodique du français, Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat, René Rioul, PUF, 1994, Paris, p. 4.
Il y a cependant une raison à cette comparaison, qui repose sur une anecdote tirée de l’ouvrage de Giorgio Vasari, Le Vite de più eccellenti pittori, scultori e architettori. Vasari y atteste de l’excellence de Giotto, en rapportant que le peintre aurait été capable de tracer un cercle parfait sans outil, en appuyant simplement son coude contre sa hanche.
SOUVENIRS DE JEUX DE GOSSES. L’ÉTÉ, SUR LA PLAGE, FRONCER LES YEUX, FIXER LE SOLEIL. CONTEMPLER LE MONDE EXTÉRIEUR, LE MONDE QUOTIDIEN, PARTAGÉ, DES ADULTES, L’OEIL COLLÉ À DES TESSONS DE VERRE TROUVÉS DANS LA TERRE RÉSURGENTE DES JARDINS. OU POSER DE GROSSES LENTILLES BOMBÉES SUR DE SAGES IMAGES DE JOURNAUX, D’ILLUSTRÉS.
, ère np : mo re ur uv po Œ ël No Un
Teintes
1 20
Échappée Je voudrais tout inspecter, détailler, je voudrais faire le tour de ce cercle onirique, de cette projection qui écartèle, brutalise et recompose cette intimité suspendue. Mais je ne peux pas. Je ne peux me détacher des
1
Bleu violacé puis rose aussi, de ce rose fuchsia réservé aux gens de mauvais goût ou à l’enfant. Teintes insistantes, liquides, tel le songe ancien d’un monde miniature, clos et protégé. De cette féerie prénocturne émerge, décentrée, une zone orangée qui enfle et gondole : tapis, parquet, dos de monstre qui s’éveille ?
deux rectangles bleu sombre qui percent ce suspens dans son point méridional, par où s’imagine une nuit inconnue, un trouble, le désir d’en finir avec l’univers mortifère de l’enfance.
Rémanence Je ferme les yeux. Millefiori d’encre et gouache. Et ne vois maintenant plus rien que cela : tache jaune, fruit, ananas au bord de la corbeille. Unique
touche vive, préservée, dans cette dysmorphie méticuleuse, cette morte nature que le travail de la mémoire a malmenée.
DANS SES DESSINS AU CRAYON, MARC BAUER ESQUISSE DES ESPACES PARFOIS INTIMES, PARFOIS MONUMENTAUX, MAIS DONT LA REPRÉSENTATION SE VOIT PERTURBÉE PAR LA REMÉMORATION DU SOUVENIR, FUGACE, LACUNAIRE, DÉRANGEANT. DANS SES TOILES, KAZIMIR MALEVITCH, INVENTEUR DU SUPRÉMATISME, CAPTE, LUI, L’ÉVOLUTION DE FORMES GÉOMÉTRIQUES ABSTRAITES PURES À TRAVERS LA QUATRIÈME DIMENSION TEMPORELLE. CHEZ L’UN COMME CHEZ L’AUTRE, IL REVIENT AU SPECTATEUR DE FAIRE TRAVAILLER SA PERCEPTION ET SON IMAGINATION, POUR ENTREVOIR LA FUSION DE L’ESPACE ET DU TEMPS.
PURGER
- Marc Bauer (en collaboration avec Christine Abbt), Nimbus der Verfehlung, 2008, Kunsthaus, Zurich. - Kazimir Malevitch, Composition suprĂŠmatiste, 1919-20, collection privĂŠe.
ÉCLATER
- Marc Bauer, Attrition, 2008, collection Frac Auvergne, Clermont-Ferrand. - Kazimir Malevitch, Suprématisme (Supremus n°58. Jaune et noir), 1916, Musée russe, Saint-Pétersbourg.
- Marc Bauer, Abendland, 2006, collection privée - Marc Bauer, Abendland, 2006, collection privée. EXPLIQUER - Kazimirpictural Malevitch, Réalisme pictural d’un footballeur. Masses de couleurs dans la quatrième dimension, 1915, Stedelijk Museum, - Kazimir Malevitch, Réalisme d’un footballeur. Amsterdam. Masses de couleurs dans la quatrième dimension, 1915, Stedelijk Museum, Amsterdam.
AVANCER
- Marc Bauer, Abendland (Hall), 2006, collection privée. - Kazimir Malevitch, Composition suprématiste, 1915, Stedelijk Museum, Amsterdam.
TERGIVERSER
- Marc Bauer, Dazzled (Bed), 2009, collection privée. - Kazimir Malevitch, Composition suprématiste (rectangle bleu sur rayon violet), 1916, Stedelijk Museum, Amsterdam.
PURGER – Expliquez-moi. – C’est une histoire d’instants. Le moment où le discernement se noie et fait basculer le monde dans l’inconcevable, et le moment où le réel cède le pas à l’intuition pour devenir l’impénétrable. – Mais à qui doit-on toutes ces énigmes ? – Elles sont le fait d’hommes. L’un fut un monstre, l’autre un génie. Tous deux sont allés au-delà de ce que l’on pouvait croire, au-delà de ce que l’on pensait qu’il put être.
MB
Se souvenir des rangs d’uniformes qui bordaient le chemin blanc conduisant aux trois terrifiants étendards. Se rappeler comme cela était clair et droit, implacable et logique. Évoquer le salut de la sombre foule en armes et le sang qu’elle ne pourrait plus cacher très longtemps. Mémoriser la scène, le lieu et la date. Retenir le pire pour en tracer l’épure : l’élan des passions humaines brisé par d’anguleuses ténèbres. Nacht, ou le châtiment suprême. Sur le temps aboli, la croix bouleversée défaille pour l’éternité.
La terreur annihile tout raisonnement, on est prêt à accepter toutes possibilités, même invraisemblables. Dans le creux de la nuit, je sais que si j’ouvre les yeux je verrai un écorché tout contre moi. Dans la terreur, j’absorbe tout ce qui est autour de moi.
AVANCER
Marc Bauer Je me souviens de la photographie pour ce dessin, elle était en noir et blanc, floue. J’avais dessiné une croix gammée au premier plan, puis je l’ai effacée et barrée de noir et de rouge et, finalement, le rouge qui déborde de la scène, du paysage.
ÉCLATER Clac, clac, clac, des pas résonnent sur le sol dur et brillant. Dans la pièce sonore, le plafond crevé d’un œil de cyclope éteint est le seul élément qui ne se reflète pas sur le marbre froid. On hésite à passer dessous, on pense aux trous noirs qui aspirent les morceaux épars dans le cosmos. Ailleurs, sur la toile silencieuse, les formes géométriques filent dans l’espace clair, issues de nulle part, jetées dans l’apesanteur comme pour combler le vide angoissant. Clac, clac, clac, entre trou noir et toile blanche, aspiration et inspiration, on se laissera transporter, heureux comme Ulysse. Le trou. La forme du fond du trou. Le vide qui comble l’espace entre moi et la forme du fond du trou. Ce puits honni comme seul horizon, ce gouffre attirant où plus aucun oiseau ne vole. Si je le voulais, je pourrais atteindre ce fond et fêler son indifférence grise. Le galbe. Le galbe élancé d’une corne d’abondance. Le bleu du ciel, lointaine réminiscence. Des rubans jaunes et noirs qui anarchiquement tombent sur le doux profil bleu. Derrière, l’infini blanchi de mes rêves enfantins bornés de murs. Tout se transforme, même les abîmes de cendre, et tout s’harmonise, si l’on en retire le sens.
MB Nous sommes conditionnés par l’architecture. Elle module nos émotions, nos comportements, nos pensées. L’architecture est un moyen de contrôle.
TERGIVERSER
MB Cette cour est à Berlin, c’était la cour de mon immeuble, je n’y ai jamais vu de pigeons, il y a très peu de pigeons à Berlin, je ne sais pas pourquoi.
EXPLIQUER
– Pardonnez-moi, mais je ne comprends plus, tout cela me paraît si étranger. – Et pourtant, il n’y a rien de plus concret et significatif. – Je ne saisis pas. – Parce que vous ne le pouvez pas. Ces deux images dépassent l’entendement humain. Et pourtant, c’est arrivé.
À qui préfère la ligne ondoyante, il sera refusé la couleur. Pour qui vénère le vif coloris, on exclura le trait sinueux. Comme si la vieille querelle durait encore. Comme si la chaleur des nuances et la sensualité du contour s’évitaient pour mieux se mettre en valeur. Terne intimité et équerres bigarrées, froissements voluptueux et angles menaçants, le désordre s’étale en drapés plissés et semis géométriques : par ici, l’homme est passé et a laissé son empreinte, par là, il n’a plus droit de cité, bouté hors champ par les impitoyables quadrilatères. La ligne est brouillée, on élève les tons : il faut réveiller le spectateur.
MB Je pense que la couleur ajoute toujours une signification différente là où elle se pose, les draps sont-ils jaunes ou bleu nuit ou rouge sang ?
Marc Bauer, Cinema, 2009, collection Hauser & Wirth.
ARTISTE SUISSE TRAVAILLANT À BERLIN, MARC BAUER A FAIT DU DESSIN LE CŒUR DE SA PRATIQUE TOUT COMME IL A PLACÉ LE SOUVENIR AU CENTRE DE SON QUESTIONNEMENT ARTISTIQUE. UN UNIVERS OÙ L’INTIME CÔTOIE L’HISTOIRE, OÙ LE RÉEL SE CONFOND AVEC LA FICTION. ET DERRIÈRE LA BANALITÉ DUQUEL, IMPERCEPTIBLEMENT, S’OUVRENT DES ABÎMES DE SOURDE VIOLENCE. Pendant vos études aux Beaux-Arts de Genève puis à la Rijksakademie d’Amsterdam, vous pratiquiez la peinture et la vidéo. Comment en êtesvous arrivé au dessin ? À l’origine, je peignais en noir et blanc, mais j’avais déjà une pratique du dessin. Un jour, j’ai voulu peindre des toiles à partir d’albums de photos de famille, mais je me suis vite retrouvé coincé. Je me suis alors dit qu’en les dessinant j’arriverais à mieux me les approprier et ensuite à être plus libre dans la peinture. Mais le dessin m’a tellement plu que j’ai continué dans cette voie. Si le dessin est votre pratique majeure, la question du souvenir est, elle, au cœur même de votre travail. De quelle manière l’un et l’autre sont-ils liés ? La plupart du temps, mes dessins ont pour origine des images que j’ai vues il y a un certain temps déjà. Je dessine donc toujours le souvenir que j’en ai, transformé par les imprécisions de la mémoire, l’oubli, le fantasme, les émotions… Et plus qu’aucun autre médium, c’est le dessin qui me permet de le faire. Vous comparez votre travail à celui d’un archéologue. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ? Dans mes séries de dessins, la narration se trouve extrêmement fragmentée. Puisqu’il ne dispose que de certains éléments, le spectateur doit reconstituer, reconstruire lui-même la scène, en bouchant les trous, en comblant les manques avec ses intuitions. Dans certains dessins, je pars de souvenirs que nous avons tous en commun. Le spectateur peut ainsi s’en emparer tout autant que moi. Dans d’autres, il est obligé de s’appro-
prier mes images, de remplacer mon histoire par la sienne. Ces œuvres fonctionnent plus comme un déclencheur des souvenirs du spectateur. L’acte de dessiner le souvenir correspond-il au processus même du souvenir en cours, dont les ratures et les gommages seraient les traces ? Cela peut arriver, mais c’est plutôt rare. La plupart du temps, je prends des notes ou j’essaye de me souvenir avant de dessiner, afin d’avoir une image plus précise. Ce que je cherche, c’est l’image la plus juste. Quand j’ai l’impression que l’on voit ce que je veux, je m’arrête. Pour trouver le trait juste, il y a souvent des ratures. Mais parfois elles sont bénéfiques, puisqu’il arrive que je suive ces ratures pour les développer en d’autres images auxquelles je n’avais pas pensé. S’agit-il toujours de véritables souvenirs ? Il y a évidemment des souvenirs personnels, mais d’autres images sont inventées. J’ai tendance à penser que, pour que le travail soit intense, il faut concentrer plus de réalité que la réalité ellemême. Par exemple, si je filme une journée de ma vie, ce sera profondément ennuyeux à voir, alors que lorsque je la vivais, je n’avais pas l’impression que c’était si ennuyeux que ça. Il faut toujours condenser les choses, et, pour cela, la fiction est nécessaire. Le propre du souvenir n’est-il pas justement de brouiller la frontière entre la réalité et la fiction ? Je crois, de toute façon, que le souvenir est une fiction. Nous sommes incapables de nous souvenir clairement d’une situation. Au moment où nous l’avons vécue, il y a plusieurs années par
exemple, nous étions une personne différente : aujourd’hui, nous nous la remémorons avec la personne que nous sommes désormais devenue. Il y a toujours quelque chose qui ne coïncide pas, un décalage dû à la représentation du passé actualisée dans le présent. La grande majorité de vos dessins est accompagnée de textes qui, loin de jouer le rôle de légende, forment plutôt les bribes d’une narration, qui en renforce la dramaturgie. Comment s’articule le rapport de l’un à l’autre ? J’ai toujours eu une pratique d’écriture. Ces phrases proviennent parfois de textes que j’ai écrits il y a longtemps. Mais souvent, il s’agit de notes prises quand je dessine, ou alors d’une phrase entendue à la radio, à la télévision ou dans un film. Ces textes donnent toujours un autre contexte, une autre dimension à l’image. La friction entre l’image et le texte crée la force du dessin, soit parce que le texte décrit exactement l’image, soit au contraire parce qu’ils sont en opposition. Ces textes sont souvent hésitants, avec des mots manquants ou des fautes de grammaire. Pourquoi ? S’il y a des mots qui manquent ou des erreurs de concordance de temps, c’est justement pour mettre en avant cette idée du souvenir : « Je me souviens maintenant que quelqu’un m’avait dit dans le passé que je serais au futur quelque chose »… On a une concordance des temps très compliquée, mais qui insiste sur l’idée de fatalité, à l’intérieur même de la phrase. L’intégralité de l’interview sur revue-entre.fr
Vois-nous. Admire ce que nous sommes. Pénètre nos interstices, infiltre nos pores, dissèque notre urbaine anatomie. Le vertige te prend. Tu nous as voulu bornées, destructibles, à ton image. Seulement si tu n’emploies les armes pour nous pulvériser, nous resterons. Témoins muets et éloquents de ta folie des grandeurs, car il est désormais trop tard. Nos courbes, nos dimensions outrageuses, nos creux, nos pleins sont tes phantasmes. Nous sommes les boîtes à poupée où tu joues à te raconter tes histoires du quotidien. Forteresses, notre béton armé enroulé comme une écharpe renferme amoureusement ta virile vacuité. Géantes, nous écrasons les cieux sans les fermer tout à fait encore. Nous traçons les carrefours qu’il te faudra suivre. Tu penses encore pouvoir retrouver le fil, tu te faufileras dans les rouages, au détour des croisements métalliques, sans t’apercevoir que ce sont là tes propres songes que tu entortilles.
Stéphane Couturier Cette photographie représente les vestiges des anciens magasins Dufayel, aujourd’hui remplacés par un magasin Virgin et des bureaux. Ils avaient une façade ornée d’un groupe sculpté : Le progrès entrainant dans sa course le commerce et l’industrie. A l’origine, la coupole était surmontée d’un phare, il y avait des vitraux, une horloge monumentale… on pouvait tout acheter ! Il y avait également un théâtre, des salons, une serre tropicale et des animations. Quand un spectacle commençait, le phare sur le toit se mettait en marche pour attirer la foule. Ces éléments me font penser à ce texte du début du XXe siècle de Walter Pater : « Les remarquables vestiges laissés par les générations précédentes gisaient en strates sous les pas fermes des occupants d’alors, de même que survivaient leurs vieilles légendes, poétiques, au fond de ces âmes pourtant si prosaïques et pratiques. Les vestiges de leurs cultes, leurs sanctuaires, leurs tombes et leurs maisons demeuraient toutefois aussi pour le plaisir des yeux : au cœur du décor de la vie quotidienne. Platon et le Platonisme » Stéphane Couturier, Boulevard Barbès, Paris 18, 2002 (Série Urban Archeology)
Robbie Cornelissan Ce que j'aime dans ce texte, c'est le lien fort qu’il tisse à l'aspect personnel, en s’adressant au « nous ». Mon dessin et ce qu’il représente renvoient à l’espace ; sa réalisation, elle, renvoie au temps. Et même si l’on a l’impression en surface qu’il s’agit d’architecture, il y est en fait plus question du monde que l’on se crée dans sa tête. Cet espace intime fait écho à la phrase que j’aime le plus : « Nous sommes les boîtes à poupée où tu joues à te raconter tes histoires du quotidien ». C’est cette impression que je peux éprouver lorsque je travaille sur des dessins gigantesques qui prennent place et se développent dans ma vie de tous les jours. C’est ma vie que je vis dans ces œuvres. Robbie Cornelissen, The Capacious Memory X, 2011 © Adriaan van Dam
– « Bonjour mon ami, comment vous sentezvous aujourd’hui ? » – « Docteur, j’ai la cervelle fantomatique; à l’intérieur se dessine une calligraphie caligarique au son des limonaires. Concassage concave du concret, là se trouve mon royaume. Celui de l’oblique obligatoire, du trompe-l’œil trompe-la-mort et du guingois en goguette. Carnaval carnassier dont la fanfare n’est plus qu’un écho lointain, un chant d’outre-tombe clamé par les cuivres ronflants. J’erre dans des états comme autant de motifs arythmiques parmi les rues et les ruelles o ù
s’ébattent dans l’air d’extravagantes..dissonances. Croyez-le ou non, la vérité vraie se cache en ces lieux vides mais pourtant vivants. Une présence palpable comme un crissement de corde de contrebasse qui me conduit vers cette caravane. Au repos, lui, énorme doigt orgueilleux prêt à composer quelque valse funèbre et l’autre, étendu dans son sarcophage et fin comme une touche noire de piano, attendant le signal de son maître pour délivrer la note fatale. Comment n’aije pu voir ? Faux et usage de faux ; la mort adore. Et te voici toi, étendue, ange alangui que les arpèges de harpe auraient canonisé. Mais nul n’est en sûreté en cette fragile fractale architecturale. Arrive sournoisement la touche de piano noire proto-tim-burtonesque dont la cadence lente et feutrée caresse murs, cloisons, fenêtres et parquets. Changement de rôles : tu deviens la corde la
plus aiguë et la plus délcate, lui le marteau qui d’un coup te fera résonner. Ici se joue la musique des âmes qui s’envolent. Mais le toucher est fragile et faillible. Tu évites la moindre estafilade effilée pour finalement être entraînée au-dehors en une plainte staccato. Les notes se répètent, transpercent l’architecture acérée et la cacophonie vient s’y engouffrer. Elle circule dans les artères et finit déversée en réverbérations caverneuses. Qu’est-ce qui vous effraie le plus ? Le vide ou l’idée du vide ? SiNoN dOcTeUr, çA vA tRèS bIeN, jE vOuS rEmErCiE. »
À FEUILLETER, À ÉCOUTER, TRANQUILLE… Livre
DÉLIT DE FICTION, D’APRÈS DES FAITS RÉELS En 1960, dans Histoire et utopie, Cioran écrivait que « seul un monstre peut se permettre de voir les choses telles qu’elles sont […] [car] une collectivité ne subsiste que dans la mesure où elle se crée des fictions […] ». Sur la base de retours étymologiques rigoureusement historiques et accompagnés d’exemples choisis comme autant de preuves, Luc Lang propose, avec Délit de fiction : la littérature, pourquoi ?, une estimable relecture du lien qui unit l’expérience sensible aux choses. Ici, la fiction ne se limite plus ni à un genre littéraire, ni à un fatalisme existentiel : elle va et vient, du borborygme au langage qui, « avec une infinie plasticité », participe de la nomination du monde avant de devenir la matière vive d’une communauté qui, par-delà le parlé initial, se met à écrire et, chemin faisant, à rendre cette action elle-même psycho-active (du texte de loi moyenâgeux, les fameuses fictiones, au roman, plus philosophique que ce que l’on soupçonne…). Luc Lang dépasse le cadre de l’essai et constitue une compilation d’analyses quasi sociologiques, ponctuée d’articles écrits entre 2000 et 2002. Si vous ne pouvez pas acheter ce Délit, volez-le ! Délit de fiction : la littérature, pourquoi ?, Luc Lang, Folio Essais, 7,80 €.
Photographie
ERNST HAAS ANNONCE LA COULEUR Dire que les couleurs vibrantes des photographies d’Ernst Haas ont failli sombrer dans l’oubli… Jugées trop commerciales, ces images destinées aux magazines de presse ont empêché le photographe de bénéficier de l’aura de ses compatriotes de la « New Color » des années 1970, William Eggleston ou Stephen Shore. Color Correction entend réparer cette erreur en révélant la complexité et l’ambiguïté de son œuvre. Color Correction, Ernst Haas, Steidl, 2011, 48 €.
Livre
BONS POINTS MODERNES : PLAISIR D’OFFRIR À dépecer joyeusement en groupe, tant tout semble le permettre, que l’on évoque ici son – gentillet – sous-titre (Vignettes éducatives à découper) ou son prix, plus qu’accessible (15 billets). Paré(e) d’une paire de ciseaux, jetez-vous sur le dernier-né des presses grinçantes du Tampographe Sardon, publié par l’Association. À moins de n’avoir personne à récompenser. Bons points modernes, Vincent Sardon, Le Tampographe Sardon, 15 €.
Série
« HOW TO MAKE IT IN AMERICA » VOGUE LA GALÈRE D’abord, il y a ces deux attachants losers, la vingtaine, qui traînent dans les rues de New York à la poursuite de la bonne idée qui les rendra riches et célèbres. En attendant, ils vivent au jour le jour de petites combines foireuses. Mais ce qui nous plaît par-dessus tout, c’est que la série respire New York de bout en bout, un New York résolument moderne qui fascine autant qu’il agace. Saison 1 en DVD, Warner Home Video France, 19,90€ ; saison 2 en streaming.
OH LA LA ! JE L’AI LOUPÉ ! AH NON, PAS ENCORE Exposition
BD ET PEINTURE : TRAIT COMMUN Jijé, Bilal, Olivia Clavel, Ludovic Debeurme, Herr Seele… Quel est le point commun entre la quarantaine d’auteurs de bande dessinée réunis dans cette exposition ? La peinture. Organisée en trois chapitres, Une autre histoire : bande dessinée, l’œuvre peint interroge le rapport de ces bédéistes à leur pratique picturale, quelle que soit la place qu’elle ait occupée dans leur vie : anecdotique, majeure, provisoire ou vitale… Et quels que soient les supports choisis : la toile évidemment, le papier aussi, voire le bois ou le métal. Sans jamais théoriser ni privilégier une discipline sur l’autre, l’exposition, en rendant compte des cheminements singuliers de ces auteurs européens de 1950 à 2011, permet au visiteur de dépasser les cloisonnements des genres graphiques pour prendre la pleine mesure de la richesse profuse de l’image peinte. Une autre histoire : bande dessinée, l’œuvre peint, Cité de la bande dessinée, Angoulême. Jusqu’au 11 mars. Reproduction : Olivia Clavel, Assassinat sur la voie publique, 1988. KG
Film
LE RETOUR D’UN COMBATTANT DU 7E ART C’est le grand retour de Kassovitz, quinze ans après La Haine. Même sobriété, même efficacité visuelle, même pression maintenue tout du long… Avec ce supplément de maturité et de maturation – L’Ordre et la Morale est en projet depuis dix ans. Un souci documentaire guide ce film minutieux, sans artifice, qui donne la parole à un peuple dont les revendications furent condamnées au silence lors de ce tragique événement que fut la prise d’otages à Ouvéa en 1988. Les acteurs kanaks sont poignants : ils ne jouent pas, ils revivent une tragédie. L’Ordre et la Morale, en DVD le 4 avril (TF1 Vidéo), 19,99 €.
Exposition
LE POST-NATURALISME DE BASILICO Jusqu’au 10 mars, la galerie Anne Barrault propose une immersion dans les derniers travaux du photographe Gabriele Basilico, portraitiste de paysages urbains. L’exposition, qui sera sans doute moins relayée que celle de Raymond Depardon à la BNF malgré son évidente proximité, marque pour Gabriele Basilico une première tentative d’intégrer la figure humaine dans une sélection de milieux composites internationaux. De Rio à Shanghai, galerie Anne Barrault, Paris 3e. Jusqu’au 10 mars. Photo : Gabriele Basilico, Shanghai, 2010, courtesy Galerie Anna Barrault, Paris.
Exposition
IMMERSION De Leandro Erlich, l’installation Changing Rooms se révèle au fond moins excitante que la traditionnelle galerie de glaces des fêtes foraines. Ces cabines de change enchevêtrées ne mènent pas loin. En revanche, l’installation d’Ann Veronica Janssens nous projette dans une intense nébuleuse de couleurs. Un plaisir trouble, dense et doux. In perceptions, au 104, Paris 19e. Jusqu’au 4 mars. Photo : Anna Ska
C’EST TELLEMENT MIEUX EN VRAI Exposition
CLAIRE FONTAINE : DEUX POIDS, DEUX MESURES La galerie Chantal Crousel consacrera sa prochaine double exposition à l’opaque Claire Fontaine, artiste collective semi-invisible au nom démarqué, au moment même de l’élection présidentielle. Disons cela, ne disons rien, gageons tout de même que les auteur(e)s connu(e)s pour leur capacité à reprendre et mixer morosité politique/sociale ambiante + répertoires plastiques hautement pompés à un XXe siècle qui y croyait encore, gageons donc, disais-je, que la balade bientôt possible entre la galerie et La Douane (l’autre espace animé par le crew Crousel non loin du premier) sera l’occasion de nous réenchanter nous-mêmes, pour faire allusion à une expression désormais à la mode. Au programme, du revisited Carl André, de la sérigraphie sur toile et une vidéo, récemment commise (Situations, 2011). D’ici là, prenez le temps de replonger dans Vivre ! Vaincre soi-même la dépression, l’excellent cut up de quatrièmes de couvertures réalisé par le groupe et disponible chez Bookstorming, boulevard de la Bastille. Généralités, galerie Chantal Crousel, Paris (3e). Du 10 mars au 21 avril. Équivalences, La Douane, Paris (11e). Du 10 mars au 21 avril. VISUEL : Claire Fontaine, Equivalents, 2007, Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris
Film
L’HABIT FAIT LE MOINE Un humble employé d’administration rêve du somptueux manteau qui le fera devenir quelqu’un aux yeux du monde. De la nouvelle de Gogol adaptée à l’univers italien, Alberto Lattuada a tiré cette œuvre météore, en compétition à Cannes en 1952. Entre fable sociale et conte fantastique, l’histoire d’un tout petit bonhomme pour du très grand cinéma, enfin en DVD. Le Manteau, Alberto Lattuada, Carlotta Films, 19,99 €.
Exposition
AI WEIWEI À PARIS Artiste provocateur qui s’amuse à confronter la culture classique asiatique à la modernité occidentale pour mieux en révéler les contradictions, Ai Weiwei est aussi un homme en constante relation avec le monde. Pour preuve ici exposé, son travail photographique à New York dans les années 1980, puis en Chine dans les années 1990, et via les milliers de photos numériques diffusées sur son blog, où il documente son quotidien et montre les mutations de la réalité urbaine et sociale des deux pays. Entrelacs, Jeu de Paume, Paris 8e. Jusqu’au 29 avril. Photo : Ai Weiwei
Vu en passant
RETOUR VERS LE FUTUR La Gaîté Lyrique profite de cette année de fin du monde pour fêter avec 50 ans d’avance son bicentenaire. Installations, spectacles, conférences, projections mêleront présent, passé et futur, tandis que, pour son weekend final, alors que tout le bâtiment sera en fête, 70 volontaires seront enfermés 48h durant dans la grande salle de la Gaîté en immersion totale, sans contact avec l’extérieur ni repères temporels. Une idée folle signée Michel Reilhac, monsieur cinéma d’Arte. 2062, aller-retour vers le futur, à la Gaîté Lyrique, Paris 3e. Jusqu’au 25 mars.
J’EN PEUX PLUS, FAUT QUE JE SORTE Théâtre
SHAKESPEARE VS. OSTERMEIER Quand ces deux-là se rencontrent, le résultat est toujours explosif. Son Hamlet avait ébranlé les murs d’Avignon il y a quatre ans, son Othello a envoûté le Théâtre des Gémeaux l’année dernière. Thomas Ostermeier, brillant metteur en scène allemand, iconoclaste et jusqu’au-boutiste, tout en conservant une intelligence dramaturgique qui fait qu’il ne verse jamais dans la provocation gratuite, revient à l’Odéon dans le cadre d’un très riche programme Paris/Berlin. Son Mesure pour mesure s’annonce haut en couleur… Dans les premières images visibles, on retrouve ce travail constant sur la matière brute. C’était la terre dans Hamlet, l’eau dans Othello. Cette fois, c’est la chair à vif, avec la présence d’énormes pièces de viande, comme sorties d’un tableau de Rembrandt. Élément en forte résonance, une fois de plus, avec le cœur du sujet : la chasteté consacrée contre les tentations intimes. Le plateau entièrement recouvert de métal s’apparente aux cuisines d’un grand restaurant, voire à une immense planche à découper… Une dissection vertigineuse et fulgurante de la pièce de Shakespeare à ne manquer sous aucun prétexte ! Mass für mass, Théâtre de l’Odéon, Paris 6e. Du 4 au 12 avril. VISUEL : © Arno Declair
Exposition
ENTRE CHAOS ET HARMONIE Une exposition dont nous ne pouvions pas ne pas rendre compte puisqu’elle fait dialoguer les objets rituels de diverses cultures traditionnelles avec des œuvres contemporaines : Annette Messager, Basquiat, Jean-Michel Alberola… Trois chapitres – l’ordre imparfait, la maîtrise du désordre et la catharsis – rythment ces Maîtres du désordre, appellation générique donnée aux intercesseurs, chamanes et sorciers censés négocier avec les forces du chaos pour rétablir l’harmonie un temps rompue. Les maîtres du désordre, musée du Quai Branly, Paris 7e. Du 11 avril au 29 juillet.
Sortir
PLACE DE QUARTIER Coincé entre la rue de Bretagne et la rue Charlot, le marché des EnfantsRouges, le plus vieux de Paris, doit son nom à l’orphelinat établi ici au XVIe siècle, qui recueillait les enfants perdus et les habillait de rouge. Aujourd’hui, on s’y presse autant pour faire le plein de produits frais que pour y déjeuner. Car les traiteurs – marocain, antillais, italien… – y sont délicieux. 39 rue de Bretagne, Paris 3e. Ouvert du mardi au dimanche.
Vu en passant
DES COULEURS À NATION Jaune, la lumière qui rase les carreaux céramique de ces couloirs. On passe devant moi. Crème, les boots. Golden, les pommes lourdes portées dans les sacs plastique transparents. L’homme file droit vers les points de fuite, le poids du corps tiré vers le bas. Je le suis sans gravité.
Merci à Tim Plamper, notre électron libre dont les dessins électromagnétiques viennent ouvrir de nouvelles dimensions à ces pages.
Mass Confusion
mentale dans l’espace public, Bérengère Hénin remet en question les hiérarchisations culturelles, non sans humour. Pour suivre son actualité : www.berengerehenin.com Berengere Henin : Yo Moma
Grégoire Dalle Grégoire Dalle est graphiste indépendant mais aussi « alternatif » dans le sens musical du terme. C’est à partir de l’infiniment petit et caché qu’il remodèle un monde. Son monde, déconcertant et dérangeant, possède sous son bazar hétéroclite une incontestable unité qui fait sa force. www.gregoiredalle.com
Série Melting Point - Brasilia - Dom Bosco, 2008-2010, courtesy galerie Polaris, Paris. Stéphane Couturier
Rosa Maria Unda Souki Sa prochaine exposition, Expropriation se tiendra du 12 mars au 21 avril à la galerie V à La Rochelle.
Robbie Cornelissen Sa prochaine exposition se tiendra à la Kogan Gallery à partir du 15 mars. Il sera également présent au Salon du dessin du 28 mars au 2 avril.
Studio de création pluridisciplinaire fondé par Élise Flory et Farid Mekbel en 2008. Pas facile à ranger... Mass Confusion est l’alliance de deux iconoclastes névrotiques, naviguant entre leurs différences. Paysages baroques et psychédéliques, vidéos épileptiques : de l’adrénaline visuelle. Du 15 février 2012 au 15 janvier 2013, ils vous proposent d'expérimenter leur Purgatory Palace, une des chambres de l'hôtel Au vieux panier à Marseille. www.mconfusion.com www.auvieuxpanier.com
Rosa Maria Unda Souki : Lo que no se dice (Ce que l’on ne se dit pas) / Expropriation, 2011 Photographe : Fabrice Gousset
Jean Robert Marc Bauer Robert Combas Robert Combas investit le Mac de Lyon pour une exposition mêlant l’image et le son. Cette grande rétrospective présente près de 300 œuvres avec en prime l’artiste au travail dans un atelier-studio d’enregistrement installé au cœur du musée. Du 24 février au 15 juillet.
Le 29 mars, Marc Bauer exposera son travail à l’occasion du prix Guerlain 2012 au Salon du dessin à Paris. Une exposition lui sera également consacrée au Kunsthaus Baselland, à Bâle, du 19 mai au 15 juillet. Marc Bauer : Island #2, 2012
Designer graphique, Jean Robert traite tout type de projets où les images jouent un rôle central. Il revendique une approche globale de la communication où la justesse des supports se mesure à la pertinence de leur articulation. www.yashu.fr
Jean déploie aussi ses talents culinaires avec passion pour créer des buffets extraordinaires : http://yashu711.tumblr.com/ © Jean Robert
Robert Combas, Greatest Hits du Monde Combas, 1986. Adagp, Paris, 2011
Lucie Giard Stéphane Couturier
À travers différents médiums tels que le dessin ou la vidéo mais aussi l’installation monu-
Du 29 mars au 1er avril : Drawing now Paris – Le salon du dessin contemporain, stand de la galerie Suzanne Tarasiève, Paris Du 18 au 22 avril : Art Cologne, Suzanne Tarasiève, Paris. Du 8 juin au 22 juillet : Dessiner sans limites – 5e Biennale du dessin, Kunstverein Eislingen The Set #04, pencil on paper, 70 x 46 cm, 2012 (Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris)
www.mac-lyon.com
Bérengère Hénin
Tim Plamper
L’artiste exposera son travail à la Fondation Salomon à Alex du 18 mars au 3 juin, à la Nordin Gallery à Stockholm en mars et participera au Mois de la Photo à Berlin. Début 2012 et pendant un an, son programme de vidéos « Séoul-Tanji » sera diffusé sur l’écran géant Caszuidas à Amsterdam.
Pots de départ,.anniversaires de grand-mères, mariages blancs, je saurai épicer les moments marquants de votre vie en y ajoutant les ingrédients manquants. Vos papilles seront satisfaites avec même un p'tit goût de reviens-y à déguster comme un bon album des Clash. Facebook : Eat Me