Master 1 Valpec - Promotion 2011/2012
Stage en médiation architecturale L’Ardepa
Association Régionale pour la Promotion et la Diffusion de l’Architecture
23 janvier - 6 juillet 2012 Anne-Sophie Marchal Master 1 VALPEC Promotion 2011/2012
Sommaire
Remerciements ..................................................................................................... 1 Introduction ........................................................................................................... 2 Index des sigles ..................................................................................................... 3
Partie 4 1 - Le cadre du stage
1- L’Ardepa ............................................................................................... 5 2- Les autres structures de sensibilisation ............................................. 20
Partie 2 - Mes missions de stage
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1- Présentation de mes missions ........................................................... 26 2- Organiser la manifestation Révéler la ville ....................................... 27 3- Organiser les activités pédagogiques .............................................. 33 4- Les missions périphériques ................................................................. 49 5- Bilan personnel du stage ..................................................................... 55
Partie 3 - L’architecture, l’évolution de la ville et le citoyen
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1- Valoriser notre environnement construit .......................................... 59 2- Initier le jeune public à l’architecture .............................................. 66
Conclusion ........................................................................................................... 73 ........................................................................................................ 74 Bibliographie Annexes ................................................................................................................ 76
Remerciements
Je voudrais en premier lieu remercier Gaëlle Delhumeau et Camille Picot pour leur accueil chaleureux au sein de l’association pendant ces cinq mois de stage. J’ai beaucoup appris à leur côté, tant d’un point de vue professionnel que personnel, grâce à leur sens pédagogique et à leur patience. Je les remercie aussi de m’avoir fait confiance dès le début car cela m’a permis de prendre rapidement des initiatives et d’expérimenter de nouvelles voies. Je tiens également à remercier les membres du Conseil d’Administration de l’Ardepa qui m’ont, eux aussi, chaleureusement accueillie et qui m’ont permis de trouver ma place au sein de leur équipe. Je remercie Maurice Cousin, architecte urbaniste, pour les moments conviviaux de discussion qu’il m’a accordé autour des problématiques de l’évolution de la ville et de la place de l’architecture contemporaine aujourd’hui. Merci aussi à Amélie Nicolas, sociologue, pour ses précieux conseils dans le domaine de la médiation patrimoniale et pour son soutien dans mes démarches de préparation à l’entrée dans la vie professionnelle. Enfin, je tiens à remercier Laurent Guisnel-Justome, de la Direction Enfance Jeunesse de la ville de Nantes et Samuel Poirier, de l’Atelier des Initiatives, pour leur temps d’écoute et leurs conseils, et qui m’incitent à persévérer dans cette voie professionnelle.
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Introduction Licenciée en architecture depuis juin 2011, je voue une réelle passion à ce domaine, ainsi qu’à l’urbanisme, au paysagisme et tout ce qui a attrait à l’évolution de la ville et du territoire. Le premier semestre d’introduction à la valorisation patrimoniale en Master VALPEC m’a fait prendre conscience de l’importance du fait de transmettre le patrimoine pour le sauvegarder mais aussi pour sensibiliser le grand public, toujours plus nombreux et curieux à l’idée de découvrir l’environnement qui l’entoure. D’autre part, j’ai pu découvrir que le patrimoine pouvait apparaître sous des formes variées, dans des champs et des époques bien différents. La ville est un tissu structurel et humain constituée de plusieurs couches historiques qui en fait son charme et son identité. Nous distinguons souvent le patrimoine dit historique ou culturel et les nouveaux patrimoines, industriel, fluvial, rural ou encore architectural moderne. Chaque famille patrimoniale mérite une forme de médiation particulière et il me semble primordial de sensibiliser le public au patrimoine de demain, celui qui se construit actuellement, et aux paysages urbains et ruraux en mutation. Ainsi, j’ai souhaité effectuer mon premier stage dans une structure sensibilisant à l’architecture moderne et contemporaine, permettant aux habitants d’une ville ou d’un pays de mieux comprendre l’évolution de leur environnement quotidien. Je voulais, en effet, expérimenter les divers outils de médiation existants, appliqués à ce domaine en particulier, comme les visites ou les ateliers pédagogiques. Il me semblait aussi enrichissant de pouvoir développer de nouvelles actions à destination de publics différents, ce que me proposait l’ARDEPA, l’Association Régionale pour la Diffusion et la Promotion de l’Architecture. Ce stage a été une précieuse expérience, c’est pourquoi j’ai souhaité retranscrire l’ensemble des informations qui me semblaient pertinentes pour appréhender au mieux ces prémices de la vie professionnelle. Dans un premier temps, nous analyserons le fonctionnement interne et externe de l’association, afin de mieux comprendre la portée de ses actions. Ensuite, nous aborderons les différentes missions qui m’ont été confiées tout au long du stage. Enfin, nous réfléchirons à la nécessité de sensibiliser le grand public à l’architecture contemporaine et à l’évolution de la ville, et en particulier le jeune public. Les diverses situations rencontrées pendant mon stage ont, en effet, soulevé plusieurs questions quant à l’importance d’initier ceux qui, demain, auront à émettre un avis quant aux transformations de leur quartier ou de leur ville. En leur proposant de découvrir les clés de lecture de l’architecture et de l’urbanisme, l’idée est de lancer des pistes de réflexion qu’ils peuvent s’approprier tout au long de leur scolarité et de leur vie citoyenne. -2-
Index des sigles J’ai souhaité regrouper les sigles que j’ai rencontré plusieurs fois au cours de mon stage, afin d’en faciliter la consultation pour les années à venir.
APS: Avant Projet Sommaire ASH: Adaptation scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés AVAP: Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine AVS: Auxiliaire de Vie Scolaire CAUE: Conseil de l’Architecture de l’Urbanisme et de l’Environnement CRP: Centre de Rééducation Professionnelle CIAP: Centre d’Interprétation et d’Animation de l’Architecture et du Patrimoine CLIS: Classe d’Inclusion Scolaire CNDP: Centre National de Documentation Pédagogique CROA: Conseil Régional de l’Ordre des Architectes CRPS: Commissions régionale du patrimoine et des sites DAAC: Délégation Académique à l’Action Culturelle FNCAUE: Fédération Nationale des Conseil de l’Architecture de l’Urbanisme et de l’Environnement IA: Inspection Académique IFA: Institut Français d’Architecture IFE: Institut Français d’éducation IMP: Institut Médico-Pédagogique ITEP: Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique DRAC: Direction Régionale des Affaires Culturelles IME: Institut Médico-éducatif IEM: Institut d’Éducation Motrice IPR: Inspecteurs Pédagogiques Régionaux LPC: Livret Personnel de Compétences PPS: Projet Personnalisé de Scolarisation PRE: Programme de Réussite Éducative SCCC: Socle Commun de Connaissances et de Compétences segpa: Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté SEVE: Service des Espaces Verts et de l’Environnement STAP: Services Territoriaux de l’Architecture et du Patrimoine ULIS: Unitée Localisée pour l’Inclusion Scolaire
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Le cadre du stage
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L’Ardepa A/ Présentation de la structure L’Ardepa est une structure de diffusion de la culture architecturale régie par la loi du 1er juillet 1901. Elle a été créée le 20 octobre 1979, suite à la loi du 3 janvier 1977 qui stipulait, dans son article premier, que « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public ». Le secteur d’activité de l’association est donc l’accession à la culture et expression des populations. Initialement, l’ARDEPA était l’Association Régionale pour le Développement de l’Enseignement Public de l’Architecture et son dessein était de promouvoir la création dans la région d’un service public d’enseignement de l’architecture regroupant la formation initiale des étudiants, la formation continue des architectes, des agrégés en architecture, des professionnels intervenant dans l’élaboration du cadre bâti ainsi que la formation permanente des salariés de l’architecture et des activités liées à la production du cadre bâti. Par ailleurs, il s’agissait d’apporter l’information et la formation des usagers et des maîtres d’ouvrage et de soutenir la recherche fondamentale et opérationnelle. Ce n’est qu’à partir du 2 septembre 1992 que l’ARDEPA prend son nom actuel d’Association Régionale pour la Diffusion et la Promotion de l’Architecture. A cette occasion, sa vocation change quelque peu puisqu’elle sensibilise, d’une part, le grand public à l’architecture et promeut, d’autre part, la diffusion de la culture architecturale et urbaine auprès des professionnels du cadre bâti et la sensibilisation auprès du grand public. Ses missions consistent à: - promouvoir auprès des collectivités ou des particuliers toutes les mesures propres à faciliter la compréhension à l’architecture; - à susciter et réaliser toutes les actions de nature à développer l’intérêt des usagers pour l’architecture; - à promouvoir la création architecturale en illustrant l’intervention des architectes. Les citoyens ordinaires, les amateurs curieux, les scolaires, les institutions et collectivités territoriales, les professionnels sont ainsi invités tout au long de l’année à l’occasion des actions singulières de l’Ardepa. L’association regroupe à présent plus de 200 adhérents, architectes ou passionnés d’architecture de l’ensemble de la région Pays de la Loire. Ils participent aux actions de l’Ardepa en échange d’une cotisation annuelle. Actuellement, l’association se situe au sein de l’école d’architecture de Nantes, 6 Quai François Mitterrand, soit au coeur du « quartier de la création » imaginé dans le projet de revitalisation de l’île de Nantes. L’école d’architecture lui a gracieusement prêté un local de 40 m², permettant à l’association d’être entourée de l’effervescence créative et novatrice émanant de l’école.
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L’association est composée d’un conseil d’administration et de deux membres permanents, qui coordonnent et supervisent l’ensemble de actions menées par l’Ardepa: - Gaëlle Delhummeau, architecte chargée de projet et directrice de l’association - Camille Picot, architecte chargée de mission. Le Conseil d’Administration est à la fois l’instance dirigeante de l’association, désignée lors de l’Assemblée générale, et l’instance de réflexion, de proposition et de décision qui a pour mission d’organiser et de veiller à l’animation des activités de l’association. Le bureau est l’ensemble des membres du Conseil d’Administration qui ont pour fonction particulière, comme le président, le secrétaire ou le trésorier. Il ne s’agit pas d’une instance de décision supplémentaire ou ayant une autorité supérieure au conseil d’administration mais bien une émanation de ce dernier, qui assure le fonctionnement général de l’association au quotidien. Organigramme - suite à l’élection du nouveau bureau le 29 février 2012
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Afin de bien comprendre le rôle de chacun dans cette association, j’ai souhaité revenir brièvement sur les compétences des membres du bureau. - La présidente est la représente légale de l’association. Elle coordonne les activités, assure les relations publiques, internes et externes de l’Ardepa, dirige l’administration de la structure (signature de contrats, embauche du personnel...) et établit le rapport moral annuel à l’Assemblée Générale. - Le vice-président supplée la présidente en cas d’absence de celle-ci. A l’Ardepa, il joue un rôle primordial aux côtés de la présidente, puisqu’ils travaillent généralement ensemble sur les actions culturelles à mener. - Le trésorier a la responsabilité de gérer les recettes et les dépenses de l’association. Dans un soucis de transparence, il rend régulièrement compte de la gestion du budget de l’Ardepa. En principe, il effectue les paiements, reçoit les sommes dues à l’association et encaisse les cotisations mais dans cette structure, ce sont plutôt les permanentes qui gèrent ces actions quotidiennes. - La secrétaire est censée tenir la correspondance de l’association, établir les procès verbaux des réunions, tenir à jour les fichiers des adhérants, des partenaires, des médias etc. mais dans cette association, elle se contente de dresser les procès verbaux suite aux Conseils d’Administration. En effet, ce sont les permanentes qui s’occupent de ces différentes questions administratives. - La vice-secrétaire supplée la secrétaire en cas d’absence de celle-ci. Ainsi, nous remarquons que le Conseil d’Administration de l’Ardepa laisse une grande liberté d’entreprendre aux deux permanentes, qui s’occupent généralement des tâches normalement assignées aux membres du bureau. Cependant, les membres du bureau ainsi que ceux du Conseil d’Administration, participent activement aux différentes actions en commissions, afin de s’organiser le mieux possible. Ils proposent de nouvelles pistes de réflexion autour des différents thèmes déjà abordés dans l’association mais ce sont surtout les deux permanentes qui s’occupent de les mener à terme. Les membres du conseil d’administration sont réélus tous les deux ans et sont majoritairement composés de professionnels bénévoles. L’Ardepa étant une petite structure, les décisions quant à la nature des actions à mener se prennent assez aisément. Quand une nouvelle idée émane d’un des membres de l’association, elle est proposée au Conseil d’Administration, qui se réunit une fois par mois. La plus part du temps, l’idée est validée et rapidement mise en action car l’Ardepa a la volonté de développer son projet associatif.
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B/ Les actions menées par l’association Les actions développées par l’Ardepa sont destinées à sensibiliser tous les publics à la fabrication et aux évolutions de la ville, des bâtiments qui la composent et des enjeux urbains et politiques dans lesquels la cité s’inscrit. L’association développe ainsi plusieurs outils de médiation et de sensibilisation: les expositions, les colloques, les conférences et les visites commentées, qui sont gratuites mais aussi, les publications, les voyages et les actions éducatives, qui sont des actions payantes. Chaque année, l’association choisi un thème, une ligne conductrice qui permet d’imaginer et d’organiser l’ensemble des actions de manière cohérente. En 2011, tout était axé autour de la thématique Moments d’architecture, un siècle de fabrication urbaine. En 2012, l’Ardepa a souhaité travailler autour de la notion d’Habiter, c’est pourquoi toutes les visites ont été axées autour de l’histoire du logement et de l’évolution des typologies des habitations. Proposer une offre aussi riche et diversifiée permet à l’association de toucher des publics différents et donc de répondre à l’une de ses premières missions. Ainsi, pour bien comprendre la portée de chaque action, nous allons les décrire précisément.
1/ Les expéditions Urbaines En 2005, la ville de Nantes abordait une période charnière de son développement car elle a lancé de très nombreux projets urbains pour revitaliser, entre autre, l’Ile de Nantes, les quartiers Madeleine-Champs de Mars, Bottière-Chénaire, Saint Joseph-dePorterie, et Malakoff. à cette occasion, la ville a mis en place une exposition intitulée Projets urbains. Elle avait pour objectif d’expliquer aux Nantais ces grands changements à travers une présentation des projets menés par la commune et Nantes Métropole. Afin de pérenniser cette action de sensibilisation, la Ville de Nantes a demandé à l’Ardepa d’organiser des « expéditions urbaines ». Celles-ci proposent au public nantais un cycle annuel et thématique de visites urbaines et d’architecture. Découvrir in situ les quartiers en mutation et les projets d’architecture est l’occasion de rencontres avec les acteurs de la ville en cours de transformation et d’une observation personnelle et critique. Chaque visite, qui accueille une centaine de personnes, est initiée par une conférence d’acteurs institutionnels et d’un membre de l’Ardepa, permettant de restituer ce parcours dans le cycle annuel et d’en présenter les spécificités. La visite sur le site commence alors, ponctuée des interventions des architectes d’opération, des maîtres d’ouvrage, des urbanistes, des sociologues etc. Ces visites durent environ trois heures, sont gratuites et ouvertes à tous, puisqu’il suffit de s’inscrire pour y participer.
2/ Les Visites Genèses Si les expéditions urbaines évoquent et présentent la réalité des lieux de la ville, l’Ardepa et la Ville de Nantes souhaitaient, part ces visites, présenter le rôle de l’architecte dans son acte de concevoir et de construire. Elles offrent l’occasion d’aborder le sujet de la commande (privée, publique), de la conception et de la fabrication du projet. Ce cycle de visites monographiques présente des projets dans la continuité de la thématique des expéditions urbaines.
3/ Les voyages d’études Ils sont basés sur une exploration approfondie des architectures locales, nationales et internationales dans leurs contextes culturels et d’usage.
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L’Ardepa propose aussi des visites monographiques et des parcours thématiques et invite les candidats au voyage à découvrir le patrimoine du XXe siècle et les réalisations récentes. Ces moments privilégiés d’échanges entre architectes, urbanistes et universitaires permettent de constituer au fil du temps un réseau de contacts internationaux. Chaque voyage est donc minutieusement préparé. En effet, il ne s’agit pas d’un simple voyage touristique mais bien un moment de découverte active de l’architecture de la ville ou du pays par le biais de présentation de quartiers ou bâtiments par les architectes, les urbanistes et les élus locaux. Le cycle annuel des voyages de l’Ardepa se compose d’un voyage au long court, dix jours avec un groupe de trente cinq personnes, et d’un voyage court, de deux à cinq jours avec un groupe de vingt à trente personnes. Ces voyages d’études sont proposés aux adhérants de l’association, dont certains ont déjà eu l’occasion de partir au Japon, en Chine, en Inde, au Maroc, en Californie. Cette année, ils ont pu partir dans le Nord de la France à la découverte de Lilles métropole, du Familistère de Guise et de Roubaix, Tourcoing. Par ailleurs, l’Ardepa organise un nouveau voyage au Maroc d’une semaine à la Toussaint, pour découvrir l’architecture des années 1930 des villes de Rabat, Fes et Casablanca.
4/ Les expositions et conférences En complément des voyages qu’elle organise, l’Ardepa propose des conférences et des expositions qui initient une prise de contact avec les nouveaux territoires, leur culture, les oeuvres architecturales à découvrir. De retour à Nantes, des conférences, débats, expositions et publications apportent des clefs de lecture et des regards critiques. D’autre part, l’association met en place ou coordonne des expositions en rapport avec l’architecture et l’évolution de la ville. En 2008, par exemple, elle a organisé une exposition monographique autour de Le Corbusier, en partenariat avec l’école d’architecture de Nantes et la ville de Rezé. En 2010, l’association a exposé une série de photos d’Alexandre Maclean, un célèbre photographe américain qui dénonce les dérives de l’american way of life par ses prises de vues aériennes étonnantes.
© Alexandre MacLean La photographie est un médium efficace pour faire prendre conscience au public d’un phénomène problématique.
En 2011, elle a coordonné l’exposition itinérante Vu de l’intérieur. Habiter un immeuble en Ile-de-France de 1975 à 2010, initiée par l’Ordre des architectes d’Ile-deFrance et conçue par la sociologue Monique Eleb et l’architecte Sabri Bendimérad. A travers une quarantaine d’exemples de logements produits entre 1945 et 2010, c’est l’observation de l’évolution de la société et des modes de vie qui était directement visée.
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En s’appuyant sur un large panel de représentations de l’espace domestique, la démarche scientifique tentait d’établir une comparaison historique entre les usages, les réglementations et les typologies, afin de mieux révéler les façons de vivre de chacune des classes populaires, moyennes et privilégiées dans une époque donnée. Cette exposition a été ponctuée de conférences afin d’approfondir ces problématiques et de mieux comprendre les enjeux auxquels les acteurs de la construction de la ville doivent faire face actuellement.
© Ordre des Architectes d’Ile-de-France Cette exposition a permis d’alimenter la discussion autour d’une notion foncièrement relative, le confort.
Les expositions sont aussi un moyen efficace de promouvoir le travail de la jeune génération d’architectes, une des missions de l’Ardepa. Ainsi, depuis 2000, elle fait vivre un cycle d’expositions nommé 3 par 3 qui présente, pendant trois semaines, trois concours récents d’architecture ou d’urbanisme. En 2011, elle s’est alliée à l’école d’architecture de Nantes pour lancer une nouvelle édition des Jeunes Architectes et Paysagiste Ligériens ( Les JAPL ). Vingt-deux talents régionaux réunis au sein de neuf agences ou collectifs, sélectionnés à la suite d’un appel à dossiers régional, se sont ajoutés ainsi aux quatorze lauréats de la cinquième sélection nationale 2010 des Albums des jeunes architectes et paysagistes, action conjointe du Ministère de la Culture et de la Communication et de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Cette présentation a été complétée par un coup de projecteur sur deux lauréats ligériens de sessions nationales plus anciennes (2006 et 2008 ). Les candidats sélectionnés ont pu exposer leurs travaux pendant plus d’un mois et ainsi se faire connaître auprès des différents maîtres d’ouvrage. De plus, cette exposition a fait l’objet d’une publication faisant part plus précisément des démarches et des valeurs portées par chaque architecte.
5/ Révéler la Ville Initiée par l’Ardepa en 2003, la première édition de Révéler la ville était consacrée au thème des passages. Cette manifestation a pour objet d’inviter des artistes, plasticiens, designers, architectes, photographes, à réaliser une intervention in situ dans l’espace public autour d’une thématique proposée par l’association, afin de partager leur perception de la ville avec ses habitants et ses usagers. Elle aborde les questions que posent la perception et l’évolution de l’espace urbain. L’appel à des artistes pour révéler certains lieux est un moyen de développer la curiosité et l’intérêt pour les questions d’urbanisme et d’architecture. Le fait de transformer des parties de villes, de façon ludique, étrange, surprenante, inattendue permet d’en accroître l’appropriation et la connaissance. - 10 -
La présence d’un public très varié et nombreux durant cette manifestation montre bien l’intérêt que les Nantais portent à cette démarche. Cette année, l’Ardepa organise la quatrième édition de Révéler la Ville, qui se déroulera du samedi 2 au samedi 30 juin, autour du Canal St Félix à Nantes. Un jury, constitué de membres du Conseil d’Administration de l’association, a sélectionné dix artistes pour intervenir sur la thématique Habiter les milieux. L’interprétation de la thématique et l’approche scénographique étaient libres. Les dix interventions retenues permettront la mise en scène de la ville pour la révéler au public, l’objectif étant de laisser à chacun une grande liberté de ton et d’action. Le périmètre d’intervention choisi est un échantillon urbain nantais circonscrit par la Loire au Sud, le Château des ducs de Bretagne au Nord, les berges du canal Saint Félix à l’Est, et la ligne du Bus Way sur l’avenue Carnot à l’Ouest Ce site offre un paysage composite où les projets urbains, les délaissés et les éléments de rupture se côtoient. Ces “milieux” hétérogènes offrent un terrain d’expérimentation qui seront “habités” par les différents projets.
6/ Les ateliers pédagogiques Éveiller les enfants à l’architecture, l’urbanisme et au paysage permet de susciter leur curiosité, leur apprendre à observer et à mettre des mots sur des notions souvent confuses. L’étude de la ville mobilise beaucoup de disciplines enseignées à l’école et leur apprend à synthétiser leurs connaissances et à associer des notions qu’ils pensaient indépendantes. Les visites, parcours, jeux ou lectures sont autant de moyens qui permettent aux enfants d’avoir une compréhension plus fine de leur environnement quotidien, d’éprouver les règles de vie en société et d’envisager leur propre responsabilité dans ce contexte urbain.
a/ Les ateliers dans les classes
Depuis 2001, l’Ardepa diffuse la culture architecturale et urbaine auprès des scolaires, de la maternelle au lycée, grâce à des outils pédagogiques et ludiques autour d’une thématique développée avec l’enseignant. Ce dernier renforce la dimension pédagogique de ces interventions, grâce aux prolongements possibles qu’il peut enclencher après les ateliers comme une initiation au vocabulaire architectural, au dessin et à l’illustration, la découverte des métiers liés à la construction traditionnelle ou contemporaine et les techniques spécifiques de restauration, la découverte du patrimoine local des élèves. Ici, la volonté première est de faire en sorte que les enfants deviennent demandeurs dans leur vie future et actuelle d’une architecture de qualité et ceci passe par une sensibilisation qui s’apparente à un apprentissage. D’autre part, ces ateliers sont l’occasion pour les élèves de découvrir la richesse de leur patrimoine. En apprenant que sa région a des spécificités on peut alors les repérer et les comparer à celles des autres territoires et acquérir une culture architecturale permettant de définir l’héritage culturel de son environnement local et ainsi pouvoir apprécier les déclinaisons et les variations selon les régions. Cette approche culturelle de l’architecture permet aux jeunes de pouvoir s’identifier à un département, une région et, par extension, à un pays et permet d’acquérir une curiosité pour découvrir les autres spécificités qui font la base de la culture des peuples. Chaque atelier ou visite est préparé sur mesure avec l’enseignant en fonction de ses attentes et du programme scolaire.
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Par ailleurs, l’Ardepa lui propose des outils pédagogiques qu’elle a confectionné seule ou en partenariat avec certaines structures.
// Le jeu de l’habitat
Découvert à Arc en Rêve, le centre d’architecture de Bordeaux, ce jeu consiste à faire découvrir aux élèves, de manière simple et ludique, que la construction d’une maison n’est pas seulement un acte individuel, mais qu’elle s’inscrit dans une démarche communautaire. Le matériel utilisé comme support est un lot de quarante habitats en réduction, tel un jeu de construction, constitués de pièces en bois à assembler dans toutes les positions. L’intérêt de l’atelier réside dans l’alternance des temps de manipulation, de réflexion et d’échange entre les participants. Les différentes configurations favorisent la critique par comparaison. Ce jeu permet d’interroger nos modes d’habiter et de toucher du doigt la notion d’urbanisme.
// Les Archicartes nantaises
C’est un outil simple, efficace et ludique qui s’attache à la découverte du patrimoine architectural nantais.. Reprenant le principe d’un jeu traditionnel de 32 cartes, les Archicartes nantaises remplacent les figures habituelles par des bâtiments nantais classés selon quatre grandes périodes: les XIVe-XVe siècles, les XVIIe-XVIIIe siècles, le XIXe siècle et les XXe et XXIe siècles. L’intérêt de cette animation réside dans l’alternance des temps d’observation, de réflexion et d’échange entre les participants. Elle interroge notre regard sur la ville et ses bâtiments ainsi que nos connaissances réelles sur ce que nous côtoyons au quotidien.
// Les Archicubes
Réalisés avec le Conseil d’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnement de la Loire Atlantique (CAUE 44), les Archicubes sont constitués de plusieurs feuilles A3 rectoverso qui présentent différents jeux et textes d’informations sur un bâtiment donné. Ils permettent à l’enfant de comprendre l’histoire du bâtiment et son architecture. La feuille, une fois découpée et assemblée, constitue une des façades principales du bâtiment en réduction. L’alignement permet de reconstituer une rue et d’échanger des réflexions sur les différences ou les comparaisons entre périodes et styles distincts.
// Collège en chantier
Le conseil général de Loire Atlantique souhaite que s’étendent les offres culturelles en direction des collèges. Il a sollicité ses deux principaux partenaires en matière de médiation culturelle de l’architecture et du cadre de vie, le CAUE 44 et l’Ardepa, pour qu’ils développent une action de sensibilisation à l’architecture sur le thème des collèges en cours de construction ou d’extension. Le projet permet aux classes qui le souhaitent de découvrir l’ensemble du processus de création architecturale par le biais d’outils pédagogiques et d’animations adaptées. Il s’agit, par exemple, d’imaginer une microarchitecture pour son collège en passant par les mêmes phases de conception que l’architecte: l’étude du site, l’énonciation d’un concept, la phase esquisse, la phase avant projet sommaire (APS) et la présentation devant un jury, qui permet d’élire un projet lauréat, qui peut être construit à échelle 1 dans la cour du collège. Cela fait appel à différentes disciplines, comme les mathématiques, la technologie, l’histoire ou le français. Les élèves jouent alors avec le rapport sensoriel au lieu (son et lumière), l’analyse des caractéristiques du terrain (végétaux, qualité du terrain, relief, limites), l’appréhension de l’espace (orientation, déplacements, points de vue), la réalisation de maquettes, le travail sur des références architecturales. - 12 -
b/ Les Archi’teliers
Ces ateliers, destinés aux enfants de six à onze ans le mercredi après-midi, permettent d’appréhender des notions d’architecture et d’urbanisme souvent confuses. Ainsi, nous abordons ensemble des sujets tels que le plan, la coupe, les ouvertures, la double-peau, les structures, l’échelle, l’espace, l’ombre et la lumière ou les couleurs à travers des activités manuelles et créatives. Il s’agit d’expérimenter la matière, construire des maquettes, créer des histoires autour de la ville, effectuer des relevés d’empreintes… L’objectif est de leur offrir une compréhension plus fine de leur environnement quotidien, afin qu’ils puissent eux même s’interroger sur la ville et qu’ils deviennent ainsi acteurs de cette dernière, en s’appropriant l’espace dans lequel ils évoluent. L’intention est de créer un climat propice à l’échange et à l’interaction en apprenant et découvrant par le ludique, en prenant du plaisir.
7/ La formation aux enseignants
Depuis 2008, l’enseignement de l’histoire des arts est obligatoire de la maternelle au lycée et l’architecture et le patrimoine sont inclus dans le champ de ces nouveaux enseignements. Cette dynamique propre à l’Éducation Nationale représente un défi pour les architectes et médiateurs appelés à épauler cette sensibilisation, dont les objectifs sont la découverte culturelle et l’appropriation du cadre de vie. L’Ardepa a déjà expérimenté une fois la formation des enseignants au fait de transmettre l’architecture aux élèves.
8/ Sensibiliser les habitants aux changements L’Ardepa est parfois contactée par des bailleurs sociaux, comme Nantes Habitat, pour sensibiliser les habitants aux nouvelles formes et typologies de logements lorsque les leurs sont en projet de démolition. En effet, certains logements sociaux ont été construits post-guerre et ne répondent plus aux normes de confort actuelles, du fait de leur mauvaise isolation thermique et acoustique ou des matériaux bons marchés qui ont été utilisés.
C/ Partenariat Les actions de l’Ardepa sont soutenues par de nombreux partenaires régionaux, notamment par l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes (ENSAN), le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement de la Loire Atlantique (CAUE 44), la Ville de Nantes, le Conseil Général de Loire Atlantique, le Conseil Régional des Pays de la Loire et la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Payes de la Loire (DRAC). Le financement des actions de l’association s’effectue essentiellement donc par des fonds publics, ponctuellement par d’autres partenaires et plus rarement par des mécènes privés, comme des agences d’architecture. Afin de mieux comprendre les enjeux financiers et politiques qui émanent des différents jeux d’acteurs, il me semblait important de connaître précisément la nature des relations qu’entretien l’Ardepa avec ses partenaires. Bien qu’étant indépendante de l’Ordre des Architectes, cette association fait partie intégrante du Réseau des Maisons de l’Architecture, issu de la volonté des architectes. Les trente deux Maisons de l’architecture occupent une place bien spécifique dans le paysage de la médiation architecturale et urbaine. Elles fonctionnent grâce à l’engagement de leurs membres et à des partenariats publics et privés et bénéficient du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication et de l’Ordre des Architectes. - 13 -
Les subventions globales de fonctionnement perçues ne présentent pas le caractère de recettes commerciales. Dans ces conditions, l’Ardepa n’est pas assujettie aux impôts commerciaux de droit commun (taxe sur la valeur ajoutée, impôt sur les sociétés au taux normal, taxe professionnelle). Ce réseau est apparu en 2000 alors que l’Ardepa menait déjà des actions de sensibilisation à l’architecture depuis vingt ans. Créée en 2004, la Maison Régionale des Pays de la Loire a longtemps souhaité fusionner avec cette association pour avoir plus de poids, mais cette dernière n’a pas accepté cette collaboration. En effet, elle ne partage pas forcément toutes les valeurs portées par ces maisons de l’architecture. Par exemple, elle ne cautionne pas le fait de s’associer à des marques du domaine de la construction, comme Leroy Merlin ou Vélux, pour financer des actions culturelles. En réalité, l’Ardepa s’est intégrée à ce réseau pour bénéficier d’une visibilité optimale, mais a toujours souhaité préserver son intégrité et ses valeurs militantes d’accès pour tous à la culture architecturale. Afin que l’association soit suffisamment représentée dans le réseau, Pierrick Beillevaire, architecte et vice-président de l’Adepa, fait aussi parti du Conseil d’Administration du Réseau des Maisons de l’Architecture. De plus, La Maison régionale des Pays de la Loire et l’Ardepa, en collaboration avec l’école d’architecture de Nantes, ont édité cette année, pour la première fois, un agenda commun afin de rassembler les offres culturelles de chaque structure dans une même brochure. Cela ne signifie pas que ces trois structures ont imaginé une programmation d’actions communes... Ponctuellement, l’Ardepa travaille en partenariat avec d’autres structures comme la Ville de Nantes, Nantes Métropole, la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP), la Société d’Aménagement de la Métropole Ouest-Atlantique (SAMOA), le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Maine-etLoire, de Bretagne, d’Aquitaine et de Poitou-Charente, l’Union Régionale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement des Pays de la Loire, le Rectorat des Pays de la Loire, l’Inspection Académique de Nantes, l’association Arc en Rêves, le Grand Projet de Ville (GPV), la Fédération des Amicales Laïques de Loire Atlantique (FAL 44)... Le Centre d’Interprétation et d’Animation du Patrimoine (CIAP) de Rezé, qui ouvrira ses portes en 2014 sur le site archéologique de Saint-Lupien, souhaite travailler avec l’Ardepa autour de leur thématique de l’architecture du XXe siècle. Cela en fera donc un nouveau partenaire, soulignant ainsi le renouvellement des contacts de l’association, qui souhaite s’ancrer dans les différents réseaux culturels à l’échelle du territoire ligérien, et s’adapter aux attentes des nouvelles structures. Choisir ces partenaires n’est évidemment pas une mission anodine puisqu’elle aura des conséquences sur la notoriété et l’image de l’association. Ainsi, il me semble intéressant de souligner que l’Ardepa est mandatée par la Direction de la Communication de la Ville de Nantes depuis 2005 afin de mettre en place le programme des Expéditions Urbaines et des Visites Genèses. L’intérêt politique pour la ville de montrer qu’elle veut « intégrer » ses habitants aux évolutions de ses quartiers va de soi, mais l’Ardepa profite aussi de cette occasion pour faire parler d’elle et de ses différentes actions. Par exemple, la ville nous a demandé d’écrire un article pour le numéro d’avril de Nantes Passion1 présentant les Expéditions Urbaines et les Visites Genèse. Mais cela nous a aussi permis de diffuser les autres actions menées par l’Ardepa, comme les ateliers pédagogiques ou la venue du festival Révéler la Ville. 1. Annexe 1
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Afin de mieux visualiser, les différents partenaires de l’Ardepa, financiers ou non, nous pouvons résumer la situation sous forme de schéma.
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D/ Fonctionnement budgétaire de la structure L’Ardepa est un contribuable, même si elle est exonérée de certains impôts. En principe, les associations relevant de la loi du 1er juillet 1901, et plus généralement les organismes sans but lucratif et faisant preuve d’une « gestion désintéressée » ne sont pas soumises aux impôts commerciaux, c’est-à-dire la taxe sur la valeur ajoutée, l’impôt sur les sociétés et la contribution économique territoriale, anciennement dénommée taxe professionnelle. La gestion d’une association est dite « désintéressée » lorsque que l’association rempli les conditions suivantes: - L’association doit, en principe, être gérée et administrée à titre bénévole par des personnes n’ayant elles-mêmes, ou par personne interposée, aucun intérêt direct ou indirect dans les résultats de l’exploitation, - L’association ne doit procéder à aucune distribution directe ou indirecte de bénéfice, sous quelle que forme que ce soit, - Les membres de l’association et leurs ayants droit ne doivent pas pouvoir être déclarés attributaires d’une part quelconque de l’actif, sous réserve du droit de reprise des apports. En revanche, les associations deviennent passibles des impôts commerciaux dès lors qu’il est admis qu’elles exercent une activité lucrative, et ce afin d’éviter les distorsions dans la concurrence et de garantir le respect du principe d’égalité devant l’impôt. Étant précisé que, dans ce cas, les associations peuvent revendiquer le non-assujettissement à tel ou tel des impôts commerciaux, en vertu d’une disposition particulière de la législation fiscale et qui serait applicable dans les mêmes conditions à une entreprise relevant du secteur marchand. Elle est donc assujettie aux impôts commerciaux de droit commun. L’enjeu est donc de définir des règles du jeu suffisamment claires pour permettre aux associations d’anticiper les conséquences de leurs choix, en matière de gestion, de rémunération de leurs dirigeants etc. Dans ce domaine, plusieurs instructions fiscales sont parues depuis 1998, et plusieurs aménagements ont été apportés, notamment par les lois de finances annuelles, au code général des impôts. Selon les principes énoncés par l’instruction fiscale 4 H-5-98 du 15 septembre 1998, le caractère lucratif d’une association est déterminé par une réflexion en trois étapes qui doit être menée pour chaque activité réalisée par l’association :
Étape 1: La gestion de l’association est-elle désintéressée ? Étape 2: L’association exerce-t-elle son activité en concurrence avec des entreprises du secteur lucratif ? Étape 3 : Regarder les conditions d’appréciation de la « non lucrativité » de l’activité de l’association dans le cas d’une situation de concurrence avec un organisme du secteur lucratif. La comparaison des conditions d’exercice de l’activité est effectuée selon la méthode du faisceau d’indices en analysant quatre critères classés par ordre d’importance décroissante. Il s’agit de la méthode dite « des 4 P » qui prévoit d’examiner successivement: - le Produit proposé par l’organisme, - le Public visé par l’organisme, - le Prix pratiqué - la Publicité, c’est-à-dire les opérations de communication réalisées.
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Il me semble maintenant intéressant d’analyser la situation de l’Ardepa pour déterminer son caractère lucratif ou non, en suivant la réflexion en trois étapes énoncées par l’instruction fiscale 4 H-5-98 du 15 septembre 1998: - Étape 1: L’information, les expositions et les débats proposés aux membres de l’association ne présentent pas de caractère lucratif. - Étape 2: S’agissant des voyages et des ateliers pédagogiques, l’Ardepa n’exerce pas une activité concurrentielle, ni avec les voyagistes, ni avec aucune autre structure. - Étape 3: Les subventions globales de fonctionnement perçues ne présentent pas le caractère de recettes commerciales. Dans ces conditions, l’association n’est pas assujettie aux impôts commerciaux de droit commun. Par contre, elle est redevable de la taxe sur les salaires et de la participation des employeurs à la formation professionnelle continue.
E/ Bilans financiers En comparant ci-dessous les schémas du bilan financier de l’année 2009 et celui de l’année 2011, on se rend compte que l’Ardepa a dû engendrer des efforts pour pallier le résultat financier négatif de l’année 2009, qui présentait un déficit de 17 300 euros. Introduit par un expert comptable lors de l’Assemblée Générale du 27 janvier 2012, le bilan financier de l’année 2011, lui, est positif avec 11 000 euros de « bénéfices ». L’année 2009 a donc été un échec financier. Cependant, cette perte financière a réellement commencé en 2006, à cause de l’exposition Les JAPL (Les Jeunes Architectes et Paysagiste Ligériens) qui a coûté beaucoup plus cher que prévu. De plus, l’Ardepa comptait quatre salariés permanents, qui représentent les charges les plus onéreuses pour une structure associative. Pour rattraper le déficit qu’elle avait enregistrée jusqu’en 2009, l’association a tout d’abord décidé de ne garder que deux salariées. Ensuite, elle a augmenté les cotisations de ses adhérents de dix euros et elle a crée un tarif spécial agence d’architecture de 600 euros et un tarif spécial Nantaise d’Habitation à 1000 euros. Cependant, elle a maintenu sa politique tarifaire vis-à-vis des chômeurs, des jeunes architectes et des étudiants en leur proposant l’adhésion à un euro. Par ailleurs, elle a multiplié les propositions de voyages d’études car chaque inscription à un voyage, qu’il soit de trois jours ou de deux semaines, engendre l’obligation d’adhérer à l’Ardepa. L’association a donc pu de gagner de l’argent en élargissant le nombre de cotisations. Enfin, l’Ardepa a augmenté le montant des demandes de subventions aux différents partenaires institutionels. Elle a notamment demandé à la Direction de la Communication de la ville de Nantes d’accroître sa commande d’Expéditions Urbaines quantitativement, ce que cette dernière a accepté en introduisant les Visites Génèses.
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Bilan financier 2009
5%
8%
75 %
Charges
1%
Salaires et charges Charges liées aux actions 11 %
Frais comptables Impôts et taxes Charges fixes
8% 36 %
Produits Subventions Ventes et produits d’activités Cotisations des adhérents
56 %
21 %
59 %
Détails des ventes et produits d’activités Expéditions Urbaines et Visites Genèses
11 %
Voyages Visites Ateliers pédagogiques
9%
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Bilan financier 2011
47 %
45 %
Charges Salaires et charges Charges fixes Charges liées aux actions
9%
7% 38 %
47 %
Produits Cotisations des adhérents Ventes et produits d’activités Subventions de fonctionnement Subventions à l’action
8%
21 %
30 %
Détails des ventes et produits d’activités Expéditions Urbaines et Visites Genèses 39 %
Visites Voyages Ateliers pédagogiques
10 %
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2
Les autres structures de sensibilisation Depuis plusieurs années, il existe différentes structures oeuvrant à la diffusion de l’architecture auprès du public. J’ai souhaité ici réunir les principaux acteurs travaillant dans ce domaine afin de donner plus de lisibilité à l’offre florissante qui nous entoure à l’échelle locale et nationale. Cela permet de prendre conscience de l’engouement qui existe en matière de sensibilisation de l’architecture et de l’évolution de la ville auprès des différents publics et qui se traduit par l’émergence de nouvelles structures à l’échelle locale, nationale, voire internationale.
A/ Les acteurs locaux > L’école Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes (ENSAN), qui garantit la formation initiale et continue des architectes, est également un lieu important de recherche. En effet, elle abrite les locaux de plusieurs laboratoires comme le Laboratoire Langages, Actions Urbaines, Altérités (LAUA), le Groupe d’Étude et de Recherche Scénologique en Architecture (GERSA) et le Centre de Recherche Méthodologique d’Architecture (CERMA). D’autre part, elle assure les liens avec les autres établissements d’enseignement supérieur et conduit des actions de diffusion auprès du public, comme des débats contemporains en matière d’architecture et d’urbanisme. > La Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire (MRAPL) a été créée en 2004 et a pour mission de développer la diffusion, la promotion, la création et la production d’évènements liés à l’architecture, en partenariat avec les structures existantes dans ce domaine. Elle travaille également avec les structures culturelles de la région, telles que le Lieu Unique, le Festival des 3 Continents, Estuaire...Elle s’adresse aux professionnels et étudiants de l’architecture, des paysages, de l’urbain et du cadre bâti mais aussi aux scolaires et à tout public. Elle est également un centre de ressources d’informations. Cette structure fonctionne avec l’aide des institutions, des collectivités territoriales, du Club Partenaires et des cotisations de ses adhérents. Ses actions, itinérantes dans la région, multiplient dans des lieux différents les rencontres, les échanges et les découvertes. Elle tisse des liens avec les maisons de l’architecture du Réseau et d’autres organismes en France et à l’étranger, afin d’offrir à son public un horizon toujours plus large. La Maison régionale de l’Architecture détient un savoir-faire pour l’organisation d’événements divers : débats, conférences, expositions, visites, voyages d’étude, festivals, émissions de radio et animation d’un club de partenaires. > La Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP) à Angers est un lieu d’échange, de réflexion, d’information et de formation animé par le réseau des CAUE des Pays de la Loire. Cet espace de diffusion de la culture architecturale, urbaine et paysagère est aussi un espace culturel et citoyen où s’échangent et se partagent les enjeux d’un cadre de vie durable dont la communauté des élus, des professionnels et des usagers est globalement responsable.
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> Les Conseils d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE) sont des lieux de ressources en lien avec les territoires et les acteurs. Ils assurent des missions de service public dans l’objectif de promouvoir la création architecturale ainsi que la qualité des constructions et aménagements urbains et leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant. Institués par la loi de 19772, les CAUE, sont des structures associatives financées par une taxe départementale. Depuis la création de cette structure, quatre-vingt onze CAUE ont été mis en place par les conseils généraux en métropole et dans les départements outre-mer. Leurs missions comportent, depuis l’origine, quatre obligations: informer, sensibiliser, conseiller et former. Ils interviennent auprès des particuliers car ils sont un outil d’aide à la décision et d’accompagnement de la maîtrise d’ouvrage. Leurs actions diversifiées visant, notamment, à promouvoir la qualité des réalisations contemporaines qui ponctuent chaque jour davantage les paysages des différents départements. En Loire Atlantique, des initiatives comme la Semaine de l’Architecture qui permet tous les ans à un public scolaire de découvrir des projets récents, ou bien encore le Prix Départemental d’Architecture et d’Aménagement, qui consacre désormais tous les deux ans le talent des professionnels et la compétence des maîtres d’ouvrage publics et privés, participent à l’établissement de nouveaux rapports entre le citoyen et son cadre de vie. > Depuis 1983, certains CAUE sont regroupés en Union Régionale des CAUE (URCAUE). L’URCAUE des Pays de la Loire fédère les cinq CAUE de la région. Ses missions sont de contribuer à la diffusion de la culture architecturale, urbaine et paysagère, de coordonner les actions de diffusion culturelle des CAUE à l’échelle régionale, de leur prêter assistance notamment en matière de documentation et d’étude et de faciliter les liaisons avec les instances nationales. Par ailleurs, l’URCAUE développe sa vocation de formation continue aussi bien du personnel des CAUE que de toute autre personne provenant de secteurs professionnels liés aux domaines de compétences des CAUE à travers le Pôle Atlantique. Ce pôle régional de compétences vise à constituer une fédération des ressources et une proposition globale d’offre de formations à destination des acteurs de l’architecture et de l’aménagement en Pays de la Loire. Il existe à présent onze URCAUE: en Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Centre, Ilede-France, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Pays-de-la-Loire et Rhône-Alpes. > Le conseiller architecture de la DRAC est un relais d’information entre le niveau national et le niveau régional puisqu’il représente le commissaire du gouvernement auprès de l’ordre des architectes. Il soutient la création et la qualité architecturale, urbaine et paysagère en subventionnant les structures de sensibilisation et de diffusion de ces différents domaines.
2. Loi 1977: décret sur les études d’impact : le code de l’urbanisme soumet l’obtention ou le refus de permis de construire à l’observation des règles spéciales si la construction risque de compromettre la conservation ou la mise en valeur d’un site ou de vestiges archéologiques - 21 -
B/ Les acteurs nationaux
> La Fédération Nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement est une association loi 1901 créée le 9 mai 1980. Elle regroupe les CAUE représentés par leurs Présidents. La Fédération est un lieu d’échanges, de valorisation des expériences départementales et de mutualisation pour les CAUE. Elle organise, pour le réseau et ses partenaires, des rencontres, des congrès, des colloques qui leur permettent de participer aux débats nationaux sur l’architecture, l’urbanisme, l’environnement. La Conférence Technique Permanente (CTP), composée de directeurs élus par région, est une force de proposition et un outil de gestion des actions communes à l’ensemble des CAUE. Les commissions et groupes de travail, associant élus et techniciens, approfondissent la réflexion sur différents thèmes du cadre de vie. > Le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes (CROA) est un lien pour tous les architectes œuvrant à la promotion de la qualité architecturale. Son objectif est de mettre en place une coopération en vue d’actions communes ou coordonnées et d’être un interlocuteur commun face aux divers partenaires. > Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) sont des associations financées à parité par l’Etat et la région et ont pour mission de constituer une collection régionale d’art contemporain, de sensibiliser le public à l’art d’aujourd’hui et de participer au développement, à la diffusion et à la connaissance de toutes les formes de création contemporaine. > Les parcs naturels régionaux s’organisent autour d’un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation du patrimoine naturel et culturel, en matière d’aménagement et d’usage de l’espace, et s’appuyant sur une charte. > Les Services Territoriaux de l’Architecture et du Patrimoine (STAP) assurent la cohérence patrimoniale et paysagère dans les espaces protégés. Ce sont des ressources pour les professionnels en matière de restauration, de réhabilitation du patrimoine en réalisant des missions tant régaliennes que du conseil. > Les Villes ou pays d’art et d’histoire sont des collectivités territoriales labellisées par le Ministère de la Culture et de la Communication sur la base d’un projet culturel qui vise à valoriser et animer l’architecture et le patrimoine. > Les Centres d’Interprétation et d’Animation du Patrimoine (CIAP) sont des équipements culturel de proximité dont le dessein est de sensibiliser et d’informer les publics à l’architecture et au patrimoine. Destiné en premier aux habitants de la ville et de la région, le CIAP est un lieu d’information et de pédagogie qui peut également s’adresser aux touristes francophones ou non. > Afin de donner de la visibilité à l’offre en matière de diffusion de l’architecture et de l’urbanisme, la direction de l’architecture et du patrimoine du Ministère de la culture et de la communication a mis en place un portail internet dénommé Archiréseau , devenu Archiréseau Europe en octobre 2008. Cette nouvelle plate-forme regroupe plus de 1200 structures en Europe, que ce soient des lieux de diffusion, des écoles, des bibliothèques spécialisées ou des organismes professionnels. > Depuis février 2012, le portail internet Archipédagagie contribue, quant à lui, à la généralisation des actions pédagogiques en matière d’architecture pour les scolaires à l’échelle nationale. - 22 -
Il valorise la sensibilisation à l’architecture des XXe et XXIe siècles, fait connaître la multiplicité des actions pédagogiques en architecture et les formations pour les professionnels de l’architecture et de l’enseignement et favorise les échanges entre les professionnels.
C/ autres acteurs en matière de diffusion de l’architecture Parallèlement à ces institutions locales et nationales, il existe trois structures majeures qui permettent de diffuser et de promouvoir l’architecture auprès de différents publics. Elles sont des ressources incontournables pour les associations locales, tant pour le fond scientifique qu’elles apportent que sur la multiplicité des outils pédagogiques qu’elles développent pour rendre le plus accessible possible le fait architectural et urbain. > La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, au Palais de Chaillot à Paris, est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Elle a pour mission de doter l’architecture française d’une vitrine internationale, de faire connaître le patrimoine architectural français, de former à l’architecture des publics variés, de fournir des ressources aux professionnels, aux historiens et aux chercheurs et de promouvoir la création architecturale contemporaine. Depuis cinq ans, cette structure regroupe trois départements, qui fonctionnaient avant de manière autonome: - le Musée des monuments français, qui rassemble des collections de maquettes, de moulages et de peintures reproduisant, à échelle 1, les patrimoines bâtis français emblématiques. - l’Institut Français d’Architecture (IFA), qui assure la promotion de l’architecture contemporaine française - l’École de Chaillot qui forme les Architectes du Patrimoine et les architectes souhaitant devenir Architecte des Bâtiments de France, aujourd’hui Architecte Urbaniste de l’État ou Architecte en Chef des Monuments Historiques. > Le Pavillon de l’Arsenal, Centre d’information, de documentation et d’exposition d’Urbanisme et d’Architecture de Paris et de la métropole parisienne, est une association Loi 1901 qui a été créée en 1988 pour présenter aux citoyens l’histoire de l’aménagement de Paris et de ses environs. Cela leur permet de mieux se situer dans le processus actuel de création architecturale et urbaine dans cette région. Le Pavillon de l’Arsenal a pour mission d’exposer l’urbanisme et l’architecture parisiens, de documenter les visiteurs, d’éditer des livres de références sur des thèmes touchant à notre quotidien et de donner la parole aux différents acteurs qui font la ville.
> La Maison de l’Architecture d’Isère est une association loi 1901 qui a été crée en 1985 et qui fait partie du réseau des Maisons de l’Architecture depuis 2000. Elle est une des structures de diffusion les plus actives en matière de sensibilisation du jeune public à l’architecture. Cela est notamment dû à l’investissement important de la directrice de l’association Mireille Sicard, architecte, qui a écrit plusieurs ouvrages et qui a mis en place la formation Transmettre l’architecture à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (ENSAG). Elle propose aux architectes, intervenant ou souhaitant intervenir dans le milieu scolaire, des savoir-faire et outils pédagogiques permettant la transmission de la culture architecturale à des non-initiés. C’est une grande première en France car aucune autre école d’architecture ne propose de module de médiation architecturale. En 2006, la Maison de l’architecture d’Isère a été choisie par le Réseau pour être chef de projet du groupe de travail Actions pédagogiques. Elle met donc en place des actions sur le plan national mais aussi sur le plan régional et Mireille Sicard est le chef de projet du portail internet Archipédagogie. - 23 -
> Le FRAC Centre, situé à Orléans, est apparu en 1983 suite à la mise en place d’une convention culturelle entre l’État et le Conseil régional. A partir de 1991, le FRAC Centre a orienté sa collection d’art vers l’architecture, ce qui en fait une structure unique en France. Ainsi, il regroupe de multiples dessins et maquettes d’architecture moderne et contemporaine, dès années 1960 jusqu’à nos jours. Il promeut surtout l’expérimentation en architecture, c’est pourquoi il a mis en place le laboratoire international d’architecture ArchiLab en 1999. Son objectif est d’être une plate-forme de rencontres et de références pour la jeune génération d’architectes internationaux tournée vers la recherche et l’expérimentation. En 2009, j’ai eu l’occasion, en tant qu’étudiante en architecture, de participer au montage de l’exposition A-Maze d’Alisa Andrasek, une architecte Croate. Elle a été invitée par le FRAC Centre pour partager ses recherches avec ArchiLab. En effet, en 2001, Alisa Andrasek fonde Biothing, un laboratoire de recherche en programmation et conception architecturale numérique. Avec d’autres jeunes architectes, elle explore toutes les possibilités de création architecturale à l’aide de l’outil informatique en développant ellemême des séquences de codes pour dessiner une structure, un bâtiment ou toutes autres formes architecturales. L’exposition A_maze est un ensemble mobilier qui se déploie selon le principe fractal de la courbe de Koch. Il y avait donc plusieurs structures, toutes fonctionnant sur le même principe. Chacune d’elle était composée de plusieurs strates de longues bandes de plastique blanc, qui elles même étaient imbriquées selon un pliage très précis déterminé par un plan.
© Anne-Sophie Marchal Exposer le travail de jeunes architectes menant des travaux innovants dans le domaine de l’architecture est un moyen intéressant de sensibiliser le public aux différents points de vue qui émergent dans ce domaine.
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Mes missions de stage
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2
1
Présentation de mes missions Pendant ce stage, mes missions étaient multiples mais toutes m’ont permises d’appréhender la notion de sensibilisation à l’architecture et à l’évolution de la ville. Avant de décrire plus précisément chacune d’entre elles, il me parait important de les résumer ici en quelques points. Cela met en lumière mes deux principales missions, qui ont été de prendre en main l’organisation du festival Révéler la ville et préparer et animer les ateliers pédagogiques.
Révéler la ville
Ateliers pédagogiques
• Étudier les trente quatre dossiers de candidatures et les présenter en C.A
• Préparer les carnets des visites pédagogiques
• Organiser les cinq sessions de trois entretiens avant de choisir les dix candidats finalistes
• Animer les ateliers pédagogiques avec les scolaires • Préparer et animer les Archi’teliers du mercredi
• Fixer les réunions aux différentes étapes d’avancement
• Préparer et animer le stage d’initiation à l’architecture pendant les vacances
• Mettre en place la stratégie de communication du festival et contacter les différents médias
• Contacter les différents partenaires publics potentiels pour développer les ateliers pédagogiques
• Créer la charte graphique pour les différents supports visuels
• Mettre en place le stage des vacances de Pâques
• Organiser le vernissage du 2 juin
Vie associative • Préparer les d’information
bulletins
Missions périphériques mensuels
• Assurer la médiation de l’exposition Vu de l’intérieur
• Préparer et assister aux Conseils d’Administration
• Participer à la préparation des Expéditions Urbaines, Visites Genèses et des autres visites de patrimoine
• Communiquer autour des missions de l’Ardepa
• Prendre part aux réunions et débats autour des missions à venir
• Mettre de l’ordre dans le local, dans le matériel pour les ateliers pédagogiques...
• Préparer une visite de sensibilisation au logement social individuel d’aujourd’hui pour Nantes Habitat. - 26 -
2
Organiser la manifestation Révéler la ville A/ La mise en place de la sélection des projets Quand je suis arrivée à l’Ardepa, il n’y avait pas encore de commission organisée et destinée au suivi du festival Révéler la ville, qui prendra place, cette année, autour du Canal Saint-Félix. Cependant, cette biennale d’installations artistiques a été lancée dès le mois de novembre 2011 par un appel à candidature dans les différents réseaux de l’Ardepa et sur des sites internet spécialisés comme celui de la Maison des Artistes. Il était demandé aux candidats de se présenter, de faire part de leurs références et de décrire le projet d’installation artistique qu’ils souhaitaient mettre en place dans le cadre de cette manifestation. Ils devaient faire part de leurs intentions de projet en texte et en images (croquis, schémas, photos montages...), afin d’être le plus percutant possible pour le jury. L’important était de proposer un projet innovant mais réalisable pour deux mille euros, la somme que chaque artiste sélectionné au jury final s’est vue remettre. Cependant, à mon arrivée, dans la semaine du 23 janvier, il n’y avait que deux candidatures déposées. Il m’a donc été demandé de prendre le dossier en main. Nous avons commencé par relancer l’appel à candidature, à une semaine de la date de clôture des rendus. Cette relance a bien fonctionné puisque nous avons finalement reçu trente quatre dossiers de candidatures, alors que l’association n’en avait reçu qu’une vingtaine pour la dernière édition en 2010. Une fois la date de clôture de l’appel à candidature passée, je me suis donc appropriée l’ensemble de ces dossiers en les analysant un par un afin de rendre compte au mieux les intentions de chacun. L’enjeu était de pouvoir tous les présenter aux dix membres du Conseil d’Administration, désignés pour constituer le jury afin de choisir les quinze projets admissibles. Les dossiers de candidatures étaient plus ou moins complets, certains ayant une idée bien précise de l’installation plastique qu’ils souhaitaient mettre en place et d’autres restant plus évasifs. Il s’agissait donc d’être synthétique mais complète, afin d’être la plus objective possible face au jury. En effet, je leur avais préparé un tableau répertoriant les projets et le nom des porteurs de projet, afin qu’ils puissent donner une note sur cinq aux candidatures selon trois critères que nous leur avions proposés. Il s’agissait tout d’abord d’apprécier le fond et la pertinence du projet, ensuite de noter la facilité de mise en oeuvre de celui-ci et enfin d’évaluer le rapport à la thématique de cette année « Habiter les milieux ». Ce dernier point était en réalité le moins important car nous avons apprécié la diversité des interprétations du sujet proposé. Une fois les quinze candidatures sélectionnées, nous avons décidé en interne de former une commission Révéler la ville. J’ai alors mis en place cinq sessions de rencontre pour que ces artistes puissent nous présenter leur projet plus en détail.
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Les membres du CA de l’Ardepa travaillant toute la journée, nous avons fixé les dates de rendez-vous entre 12h00 et 13h30, ce qui nous permettait de rencontrer trois artistes chaque jour, à raison d’une demi-heure d’entretien par candidats. Le jury a finalement sélectionné les dix projets finalistes et j’ai alors pu commencer à organiser la suite des événements. En effet, dès cet instant, je me suis parallèlement occupée de plusieurs missions en lien avec cette manifestation, comme le suivi de chaque projet, la communication interne et externe du festival et l’organisation du vernissage du 2 juin. Il a tout d’abord fallu prévenir les dix artistes retenus, dont voici une succincte description de leurs projets.
// Vélobulles, Atelier du banc public
Inviter les passants à venir « buller » au bord du canal Saint Félix en mettant à leur disposition 4 vélos qui, grâce à une pompe rotative, permettent de faire des bulles dans l’eau.
© L’Atelier du Banc Public
// La Roseraie, Alexandre Ciancio
Investir le cour du Champ de Mars avec 1200 ballons gonflés à l’hélium, fixés au caillebotis en bois, permettant ainsi aux visiteurs de passer à travers et de redécouvrir cet endroit souvent délaissé. © Alexandre Ciancio
// Habiter le canal, collectif Mit
Révéler l’habitat fluvial du canal Saint-Félix. L’idée est de fixer des frontons iconiques devant chaque bateau habité et d’investir, avec des boites aux lettres, le bord du canal. Ces dernières seront recouvertes de photos et de témoignages des habitants de ces habitations flottantes... © Collectif Mit
// Scotch, La Compagnie des Maladroits
Révéler le mobilier urbain autour du canal Saint-Félix en recouvrant cinq bornes techniques de scotch, en créant des personnages qui s’interpellent selon la scénette imaginée par les artistes. © La Compagnie des Maladroits
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// Le Cube blanc, François Taverne et Gilles Durand Investir un des blocs de béton sur le canal avec une structure cubique en PVC blanc de 1.80 m de côté. Le deuxième bloc de béton serait investi les week-end pour raisonner avec cette « white box », où Gilles Durand, accompagné d’autres artistes, viendrait lire ses textes de © François Taverne & Gilles Durand poésie contemporaine devant les passants.
// Mille yeux, Yannick Gourvil et Shirley Hottier
Aller à la rencontre d’un peuple imaginaire grâce aux mille balles de ping pong fixés dans les arbres, en face du parvis de l’auditorium de la Cité des Congrès. Qui regarde qui ? © Yannick Gourvil & Shirley Hottier
// Pliage urbain, La fabrique des possibles
Installer une construction en bois (3 m x 3 m environ) le long du canal Saint-Félix, pour créer une scénette dans la ville, comme une part de décor théâtral. La construction permet de cadrer sur le paysage urbain et ainsi révéler le site sous un nouvel angle. Cette fabrique serait investie ponctuellement par des artistes afin de la faire vivre le temps du festival. © La Fabrique des Possibles
// De l’autre côté, Collectif de l’A1
Révéler le site en détournant le verso des panneaux de signalisation et en en inventant de nouveaux. En donnant des indications différentes, mais pas moins complémentaires, sur ce qui construit la ville, on pourra guider les passants dans le dédale du quartier et ainsi leur indiquer où se trouvent les neuf autres installations de Révéler la ville. © Collectif de l’A1
// Yoga urbain, Mardi Noir
Investir les façades, les brèches, les interstices dans le quartier en y collant une quarantaine de peintures à échelle 1 sur le thème du yoga urbain. Une intervention plastique pour révéler l’équilibre entre le corps et l’espace. - 29 -
© Mardi Noir
// Les dessous du paysage, Tangui Robert
Questionner la notion de paysage et la limite entre l’intérieur et l’extérieur dans une ville, en fixant un rideau imprimé entre les deux piles du pont (côté Quai Magellan). La toile imprimée, de 4 m x 12 m, représenterait un habitat connu de tous qui cadrerait, et donc révélerait, le dessous du pont.
© Tangui Robert
B/ Mener Les démarches administratives Comme pour chaque édition de Révéler la ville, nous travaillons avec la Direction du Développement Associatif de Nantes, et plus précisément avec les personnes en charge des secteurs concernés par le festival. Étant donné que le site d’intervention choisi pour les installations artistiques se trouve à la croisée de deux secteurs de la ville, l’avancée de la manifestation a été suivie par deux personnes. Nous travaillons donc depuis le mois de février avec Françoise Champare, qui s’occupe du secteur Est de notre site d’intervention et Gilles Le Merdy, en charge de la partie Ouest de celui-ci. Dans le monde associatif, nous les appelons communément les « pilotes de projet ». Ils nous ont permis de nous éclairer quant aux structures à contacter pour les demandes d’autorisation en fonction de l’emplacement de chaque oeuvre artistique. En effet, toute intervention dans l’espace public nécessite une demande d’intervention, quelle prenne place pour quelques heures ou quelques semaines. Il s’agit d’un dossier complet à remplir, qui présente la manifestation, le projet artistique précisément, son emplacement, son système d’accroche etc. La difficulté réside dans le fait que les éléments qui constituent la ville, comme les routes, les trottoirs, le mobilier urbain, l’eau et les espaces verts, appartiennent tous à des structures différentes. Il est donc important de bien cibler le service concerné pour ne pas perdre de temps. Ainsi, j’ai appris que le Service des Espaces Verts et de l’Environnement (SEVE) était en charge de l’étude, la conception, la réalisation et l’entretien de l’ensemble des espaces verts municipaux. Cela concerne les parcs, les jardins, les squares de quartiers, les groupes scolaires, les cimetières, les plantations d’alignement, les terrains de sport, les plaines de jeux et les centres aérés. Nous avons donc dû contacter ce service municipal pour l’installation Mille yeux. Par ailleurs, j’ai pris conscience que la communauté urbaine Nantes Métropole possédait une grande partie de ce qui constitue la ville. En effet, depuis le 1er janvier 2001, ce qui appartenait avant aux communes a été délégué à ce service public qui exerce plusieurs compétences: l’aménagement urbain, les transports et les déplacements, les espaces publics, la voirie, la propreté et l’éclairage public, les déchets, l’environnement et l’énergie, l’eau et l’assainissement, le logement et habitat, le développement économique, l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, l’emploi, l’Europe et l’attractivité internationale. Ainsi, Nantes Métropole a en charge l’entretien de la signalisation (feux de circulation, panneaux giratoires, marquages au sol...), l’entretien des voiries et des trottoirs ainsi que le nettoyage des graffitis. Nous avons donc dû contacter cette structure pour les installations de La Roseraie, de Scotch, de Pliage Urbain, du Cube Blanc et de Vélobulles. Les interventions Yoga Urbain et De l’autre côté ont nécessité davantage de négociation avec Nantes Métropole, étant donné que les artistes intervenaient à plusieurs endroits en même temps. - 30 -
En effet, il fallait être précis quant aux emplacements choisis pour que le personnel d’entretien soit au courant et n’efface par leur travail durant le mois de juin. En ce qui concerne l’oeuvre Les dessous du paysage, nous avons contacté le service des ouvrages d’art de la Direction de l’Espace Public de Nantes Métropole, qui s’occupe de l’ensemble des ponts construits sur le territoire de la communauté urbaine. L’installation Habiter le Canal du collectif Mit n’a malheureusement pas pu évolué car Nantes Métropole a catégoriquement refusé de soutenir cette intervention dont elle considérait le dessein plus politique qu’artistique. En effet, Mit souhaitait dévoiler au public la présence d’habitations dans les bateaux amarrés sur le Canal Saint-Félix. Pourtant, le schéma d’aménagement spatial voté par la ville de Nantes en 1995 souligne bien que seuls les bateaux de plaisance sont autorisés à amarrer, à cet endroit, ce qui exclut l’habitat fluvial. En 2010, ceci a été renforcé par un arrêté préfectoral visant à protéger l’Erdre de la pollution urbaine, notamment liée au rejet d’eaux usées des bateaux habités sur ce canal. Parallèlement à ces demandes d’autorisation d’intervention dans l’espace public, j’ai dû remplir d’autres dossiers à destination de la ville de Nantes pour être en règle sur l’ensemble de la manifestation. Par exemple, nous devions envoyer une fiche sécurité prévenant les sapeurs pompiers, le commissariat Waldeck Rousseau et la SEMITAN, et une fiche hygiène présentant les moyens mis en oeuvre pour assurer la propreté sur le site tout au long du festival. En ce qui concerne le financement de la manifestation, les demandes de subventions auprès de la DRAC, du Conseil Général et de la Ville de Nantes avaient été faites bien en amont de mon arrivée. Cependant, comme pour chaque édition, il a fallu lancer un appel au mécénat culturel auprès des agences d’architecture et d’urbanisme, pour compléter l’apport des fonds publics. De plus, leur participation contribue à donner une image active et solidaire des acteurs de l’architecture et du cadre de vie auprès du public. L’aspect administratif de Révéler la ville m’a fait prendre conscience de la complexité d’organiser une manifestation culturelle dans l’espace public. Cependant, il m’a semblé que le statut associatif de l’Ardepa avait facilité ces démarches car la ville de Nantes défend une politique de soutien actif du réseau associatif sur son territoire.
« Depuis la promulgation, à l’initiative du Nantais Pierre WaldeckRousseau, de la Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association, le mouvement associatif nantais est reconnu pour sa grande richesse, sa dynamique sociale. » Ville de Nantes
c/ Soutenir l’avancement des projets artistiques Bien que les demandes d’autorisation de toute nature soient un point primordial au bon avancement de l’organisation de Révéler la ville, il était tout aussi important de suivre l’évolution des neuf projets artistiques. Ainsi, j’étais en charge de prendre des nouvelles des artistes régulièrement, de répondre à toutes leurs interrogations et de leur fixer des échéances pour évaluer leur avancement. Pour cela, j’ai organisé une première réunion le 23 mars, afin que chacun puisse présenter son projet aux autres équipes dans une atmosphère conviviale. En compagnie des deux pilotes de la ville de Nantes et des membres de la commission du Conseil d’Administration de l’Ardepa en charge de Révéler la ville, nous avons fait le point avec chaque artiste sur l’état d’avancement de son projet et sur les questions que cela suscitait. Cette réunion a aussi été un moment de concertation pour mutualiser les moyens de mise en oeuvre, comme la mise à disposition d’une nacelle pour certains projets. D’autre part, il était de mon devoir de trouver, en amont du festival, les solutions techniques pour l’installation optimale des différents projets artistiques les 30 et 31 mai, 1er et 2 juin. - 31 -
d/ Mettre en place la communication du festival Le troisième aspect primordial dans l’organisation d’une manifestation culturelle est le fait de communiquer autour de celle-ci. Dans ce domaine, j’ai eu pour mission de m’occuper des calicots et de les transmettre au service infographie de la ville de Nantes, de créer l’affiche de la 4ème édition de ce festival ainsi que le flyer A6 recto-verso3 apportant les informations nécessaires au public pour retrouver les neuf oeuvres sur le site. L’idée a donc été d’imaginer une communication simple mais efficace en partant d’un plan stylisé des alentours du Canal Saint-Félix. En effet, une affiche assez graphique permet de ne laisser paraître que les informations importantes. Par ailleurs, j’étais en charge de contacter les médias locaux pour couvrir l’événement le plus largement possible à l’échelle de Nantes et de la Loire Atlantique. Dans un premier temps, j’ai été amenée à écrire un communiqué de presse et à le diffuser à la presse écrite, à la radio et à la télévision. Pour se faire, j’ai fait appel aux cours d’Introduction à la communication Sophie Gosselin au premier semestre, dans lesquels nous avons étudier la mise en forme d’un communiqué de presse ainsi que la démarche à suivre pour contacter ces différents médias. Cela m’a été précieux car, après avoir mis en place le premier contact avec les journalistes trois mois avant la manifestation, j’ai dû effectuer des relances dès la Affiche réalisée pour cette 4e édition fin du mois d’avril pour leur demander de couvrir l’événement le 2 juin, jour du vernissage. Ainsi, nous avons prévu d’organiser une conférence de presse ce jour là, en présence des neuf artistes. Cette expérience a été très enrichissante car elle m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement du système médiatique, complétant ainsi les connaissances délivrées dans les cours de Sophie Gosselin. Je me suis réellement rendue compte que les médias ne sont pas faciles à atteindre, même à une échelle locale, les journalistes étant de plus en plus souvent sollicités pour couvrir des éléments culturels de cette nature, mais d’envergure parfois très différente. La communication du festival Révéler la ville représentait depuis le début un enjeu d’autant plus important cette année que 2012 a été choisie pour mettre en place le Voyage à Nantes, qui est aussi un parcours urbain ponctué d’oeuvres d’art. Cette manifestation joue sur la notoriété des deux biennales précédentes d’Estuaire pour en faire un évènement artistique et touristique majeur. Il va s’en dire que le projet de l’Ardepa n’a pas la même échelle, ni la même ambition que cette vaste programmation culturelle. Cependant, nous avons réfléchi aux moyens nécessaires à développer pour unifier et renforcer le propos de Révéler la ville en donnant de la visibilité aux oeuvres. J’ai donc crée un cartel ayant une charte graphique commune, installé devant chaque intervention plastique.
3. Annexe 2 - 32 -
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Organiser les activités pédagogiques
a/ L’Éducation Nationale en quelques repères 1/ Mise en place de projets culturels La majorité des activités pédagogiques se déroulant sur le temps scolaire des enfants, j’ai eu besoin, dès le départ, de faire le point quant à l’organisation et au fonctionnement général de l’Éducation Nationale. Je me suis appuyée sur les cours d’Histoire des pratiques culturelles, dispensés par Catherine Pomeyrols et Fabien Jesne, que j’ai complétés au fur et à mesure de mes recherches. Tout d’abord, voici donc les trois grands interlocuteurs intervenant dans ce domaine et les missions qui leur sont assignées: - le ministère de l’Éducation Nationale fixe les programmes, recrute, forme et rémunère les enseignants. Il assure la qualité et la conformité des enseignements. Il existe 26 académies en France Métropolitaine, ces circonscriptions administratives étant dirigées par un recteur d’académie, comme Mr Gérald Chaix pour l’Académie de Nantes. - l’Inspection Académique est la direction des services départementaux de l’Éducation Nationale. Elle gère les personnels enseignants et non enseignant de l’enseignement primaire et secondaire, l’organisation pédagogique et la vie scolaire de l’école. - la commune est propriétaire des écoles publiques, maternelles et élémentaires, présentent sur son territoire. C’est elle qui construit, agrandit, entretient les bâtiments y compris pour les réparations importantes. Elle fournit et entretient les équipements nécessaires à l’enseignement et au fonctionnement de l’école.
Les dispositifs d’établissement
Les dispositifs territoriaux
Ensuite, je me suis intéressée aux différents moyens mis en oeuvre par l’Éducation Nationale pour mettre en place des partenariats avec les structures de sensibilisation à l’architecture et à la ville, comme l’Ardepa. Voici le résumé des dispositifs et projets d’éducation.
preac
pôle ressource d’éducation artistique et culturelle
Projet d’établissement
chartes et conventions d’objectifs
pleac
plan local d’éducation artistique et culturelle
Ateliers Accompagnement classes à projet Projets d’éducation artistique et culturel au développement durable
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autres projets
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Équipe constituée de conseillers par domaines et de professeurs relais dans les structures culturelles
Coordonateur d’inspection académique Inspecteurs de circonscriptions et chargés de mission
Écoles
Chefs d’établissements, directeurs d’école, enseignants, professeurs, documentalistes
Collèges
Délégation Académique à l’Action Culturelle Conseillers du recteur
Inspection académique
Conseillers pédagogiques
Secondaire
Primaire
Académie
Lycées
Inspecteurs pédagogiques régionaux
Par ailleurs, j’ai souhaité comprendre quels acteurs intervenaient dans la mise en place de projets artistiques et culturels dans le primaire et le secondaire. Voici le résultat de mes recherches, retranscrites sous une forme schématique.
2/ La réforme de 2005 en matière d’éducation En France, les enseignements dispensés à l’école primaire font référence au socle commun de connaissances et de compétences, institué par la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005. Elle assigne au système éducatif des missions renouvelées autour des objectifs suivants : assurer la réussite de tous les élèves, mieux garantir l’égalité des chances et favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. ` Cette loi fait écho aux aspirations de l’école « Offrir à tous les enfants des républicaine dessinées, en partie, par les Lois chances égales de réussite et préJules Ferry. Le Ministère de l’Éducation Nationale parer pour tous, une intégration souhaite donc réaffirmer son objectif de proposer réussie dans la société » aux élèves un enseignement structuré et explicite orienté vers l’acquisition des savoirs de base, et Ministère de l’Éducation Nationale en leur offrant des entraînements systématiques à la lecture, à l’écriture, à la maîtrise de la langue française et des mathématiques, ainsi que de solides repères culturels. La loi de 20054 établie le Socle Commun de Connaissances et de Compétences (SCCC) face à une nécessité ressentie depuis plusieurs années en raison de la diversification des connaissances. Ce socle de savoirs communs se développe autour de sept grandes thématiques tout au long de la scolarité obligatoire d’un élève: la maîtrise de la langue française, la pratique d’une langue vivante étrangère, la culture scientifique, la maîtrise des techniques usuelles d’information et de communication, la culture humaniste, les compétences sociales et civiques et, enfin, l’autonomie et l’initiative. L’évaluation de ce socle commun débute dès la maternelle et jusqu’au collège, les élèves ayant chacun un Livret Personnel de Compétences (LPC). Il existe donc trois paliers d’évaluation: à la fin du CE1, à la fin du CM2 et à la fin de la troisième. Les élèves doivent donc réunir les savoirs nécessaires pour que leur établissement leur délivre l’Attestation de maîtrise des connaissances et des compétences du socle commun aux paliers un, deux et trois.
3/ Les programmes du primaire au collège Afin de construire des ateliers et des visites pédagogiques en cohérence avec leurs connaissances, il m’est apparu primordial de connaître le programme, dans les grandes lignes, des élèves de chaque niveau scolaire.
Tout d’abord, l’école maternelle a pour objectif principal d’aider l’enfant à devenir autonome et à s’approprier des connaissances et des compétences. Elle prépare ainsi les élèves à l’entrée au CP, où débutent les apprentissages fondamentaux. Durant ces trois années, le programme s’articule autour de notions telles que l’appropriation du langage, la découverte de l’écrit, le fait de s’exprimer avec son corps ou bien encore le fait de devenir élève. L’accent est mis sur la découverte du monde proche en utilisant ses repères spatiaux-temporels et en faisant appel à son imagination et sa créativité. En effet, la maternelle propose une première sensibilisation artistique et c’est justement dans ce cadre que l’Ardepa intervient pour parler d’architecture.
Ensuite, Le cycle des apprentissages fondamentaux commence donc au CP et se poursuit jusqu’en CE1. Les différents enseignements, comme le français, les mathématiques, le sport ou l’instruction civique et morale, contribuent à l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences.
4. Article 9 de la loi du 23 avril 2005 - 35 -
L’éducation artistique, quant à elle, repose sur une pratique favorisant l’expression des élèves et sur le contact direct avec les oeuvres dans la perspective d’une première initiation à l’histoire des arts. Elle est principalement tournée vers les arts graphiques et l’éducation musicale. Au collège, les élèves reçoivent un enseignement qui s’articule autour de dix matières différentes, de la sixième à la troisième: le français, les mathématiques, les langues vivantes étrangères, l’histoire-géographie-éducation civique, l’éducation physique et sportive, les sciences et vie de la Terre, la technologie, l’art plastique, l’éducation musicale et l’Histoire des Arts.
4/ L’enseignement de l’Histoire des Arts Depuis 1993, cette discipline n’était dispensée que sous forme d’enseignement de spécialité en série littéraire, dans une centaine de lycées en France, ou sous forme d’option facultative au lycée dans toutes les filières générales. Depuis 20085, cet enseignement est obligatoire pour tous les élèves de l’école primaire « Donner à chacun une jusqu’au lycée, et fait d’ailleurs partie intégrante conscience commune : celle du Socle Commun de Connaissances et de d’appartenir à l’histoire des Compétences, sous la formule «Culture Humaniste». cultures et des civilisations, à Par ailleurs, l’histoire des arts est devenue une l’histoire du monde » épreuve orale au brevet des collèges. Les élèves Préambule de l’arrêté du 11 juillet 2008 de troisième doivent donc constituer un dossier sur les thèmes qu’ils choisissent de présenter lors de leur évaluation. Cela peut être un édifice ou un monument, mais aussi une ou plusieurs oeuvres, une problématique, etc. C’est un enseignement de culture artistique partagée qui concerne tous les enseignants, donc toutes les disciplines. En effet, l’histoire des arts veut instaurer des situations pédagogiques pluridisciplinaires et partenariales. Les enseignants sont invités à travailler en équipe afin de monter un projet artistique et culturel cohérent. Les projets émanent donc directement de ces professeurs, c’est pourquoi il est intéressant de les former au fait de transmettre l’architecture aux élèves. Cependant, les moyens mis en oeuvre pour soutenir l’histoire des arts sont très inégaux selon les établissements. Dans ce contexte, l’Ardepa a su trouver sa place auprès d’enseignants d’écoles primaires, de collèges et de lycées, afin de les soutenir dans le développement de projets artistiques et culturels. En effet, l’architecture est une discipline qui fait appel à des notions que l’on retrouve dans plusieurs matières comme le français, l’histoire-géographie, les mathématiques, les sciences, l’art plastique ou encore la technologie. L’association leur a donc apporté des conseils et leur a proposé des outils pédagogiques pour mener à bien leurs projets.
5. Arrêté du 11 juillet 2008 - 36 -
B/ Organiser les ateliers et visites pédagogiques Les visites de bâtiments, de quartiers, d’espaces publics ou d’ensembles urbains sont un moyen efficace pour initier le jeune public à l’architecture. En effet, je me suis rendue compte que, quel que soit l’âge des élèves, ils étaient tous très réceptifs à ces promenades urbaines durant lesquelles nous leur donnions les clés de lecture nécessaires pour « lire la ville ». Cependant, ces visites ont plus de portée quand elles sont suivies d’ateliers pédagogiques lors d’autres séances avec les élèves.
1/ Les maternelles
a/ Exploiter le Jeu de l’habitat
Le Jeu de l’habitat, présenté en première partie de ce mémoire, est une manière ludique et éducative d’aborder la fabrication de la ville, un processus long et complexe habilement mis en lumière par cet outils pédagogique. Les élèves sont invités a disposer une trentaine de maisons en bois sur un grand drap noir. Celui-ci représente les limites de la ville sur lequel on vient progressivement dessiner les routes, les rues, les ruelles, les ponts, les jardins privés, les espaces verts, les équipements publics, les commerces etc. Il s’agit de faire prendre conscience aux enfants de la complexité de « penser une ville », en prenant en compte le fait d’éviter l’étalement urbain et en favorisant l’émergence d’une ville « verte » axée sur la mobilité douce. Afin de mieux appréhender ces différentes problématiques et pour amorcer l’exercice, les enfants visitent en amont le quartier autour de leur école avec leur professeur. J’ai moi-même animé plusieurs ateliers Jeu de l’habitat avec des classes de petite, moyenne et grande section de l’école Ragon à Rezé. La difficulté réside dans le fait d’adapter au mieux son vocabulaire, pour parler le plus simplement possible d’architecture et d’urbanisme. Je me suis rapidement rendue compte que la manière la plus efficace pour cela était de partir des espaces qu’ils traversaient quotidiennement et des références qu’ils leur étaient familières. Le déroulé de l’exercice commence par une présentation du jeu aux enfants en leur aidant à différencier la représentation en volume, illustrée par les modules en bois, et la représentation en plan, grâce à l’utilisation de la craie sur le drap noir. Il faut vraiment prendre le temps de leur expliquer comment une route, un pont ou un arbre se représente « vu du dessus », ce qui n’est pas aisé pour des enfants qui apprennent tout juste à se représenter l’espace en trois dimensions. Ensuite, nous partons du constat que certains habitent dans une maison individuelle, tandis que d’autres vivent dans des immeubles ou encore des mobiles home en camping. Chacun prend alors un module en bois et le place sur le drap noir pour représenter son propre emplacement. Les enfants qui habitent dans des logements collectifs sont invités à récupérer trois modules pour matérialiser l’immeuble. La manipulation de ces modules ergonomiques permettent à l’enfant d’assimiler plus facilement les notions architecturales et urbaines que nous abordons lors de cet atelier.
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© L’Ardepa
Chacun vient ensuite tracer son jadin autour de sa maison, s’il le souhaite. Il est très intéressant de noter que la plus part du temps, les enfants choisissent de s’installer loin les uns des autres, ce qui laisse percevoir l’attachement à l’habitat individuel et au besoin d’espace, propre au modèle culturel français. En effet, il semblerait que la France soient un des pays les plus attachés au « rêve de la maison individuelle ». Une fois que tout le monde a positionné son habitation, c’est à ce moment du jeu que l’on essaye de leur faire prendre conscience, avec des mots simples, que la ville doit se densifier aujourd’hui et qu’elle ne peut plus se permettre de s’étaler à ce point. Ensuite, nous dessinons ensemble les axes routiers de petite, moyenne et grande importance en aidant les élèves à les optimiser. Ce réseau viaire permet d’appréhender les autres fonctions d’une ville en imaginant l’emplacement le plus stratégique pour les équipements publics, les commerces et les bureaux. J’ai été très surprise de voir que les élèves en petite section faisaient déjà la différence entre des commerces de proximité et des grandes surfaces, et qu’ils savaient placer les premiers plutôt en coeur de ville et les autres en périphérie. Bien qu’ayant animé le Jeu de l’Habitat une dizaine de fois au moins, j’ai trouvé cet exercice très épanouissant car les enfants investissent véritablement ce schéma urbain imaginaire dans une démarche participative, faisant naître à chaque fois une ville nouvelle.
b/ Imaginer des visites pour les jeunes enfants
J’ai eu l’occasion d’animer une visite pour une classe de moyenne et grande section de l’École Saint Roch, pour laquelle Camille avait préparé un petit carnet de jeu. L’idée était de faire participer ces jeunes enfants à la visite, en basant leur réflexion sur une observation de l’environnement bâti qu’ils découvraient. En visite, les enfants sont souvent dissipés, d’autant plus quand leurs parents les accompagnent, c’est pourquoi il faut trouver des astuces pour attirer leur attention et faire qu’ils se sentent réellement concernés. Dans un premier temps, nous avons emmené les élèves sur le toit de l’école d’architecture, qui est un outil pédagogique à part entière. Ils devaient me montrer quels bâtiments, selon eux, étaient anciens et lesquels leur semblaient plus récents. Il était intéressant de remarquer que les différents matériaux utilisés de nos jours, comme l’acier Corten qui donne un « effet rouillé » à la double peau du bâtiment, les ont souvent trompés. Dans un deuxième temps, nous sommes allés visiter deux bâtiments sur l’Ile de Nantes, où les élèves étaient invités à décrire leur ressenti. Percevoir la notion de temps en architecture ainsi que savoir trouver les mots justes pour faire comprendre ce que l’on ressent sont des exercices qui permettent d’amorcer de nouvelles notions autour de la ville en classe. De plus, ces visites permettent de développer l’apprentissage de compétences que les élèves apprennent dès la petite section. Par ailleurs, cette visite a été l’occasion pour moi de mieux connaître la Fédération des Amicales Laïques de Loire Atlantique (FAL 44), qui est une composante départementale de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation Permanente. Ce réseau regroupe 390 associations ou collectivités et couvre différents secteurs d’activités comme l’école, le mouvement associatif, les activités sportives,les activités culturelles, le secteur vacances, le secteur formation, l’action sociale, l’encouragement au développement de la citoyenneté.
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2/ Les élèves de classes élémentaires
a/ Apprendre en manipulant des maquettes
Dès le cours préparatoire, les enfants sont éveillés aux différentes notions abordées durant l’école maternelle, ce qui facilite l’apprentissage de nouvelles disciplines. Ainsi, j’ai préparé un atelier pédagogique pour une classe de CE2 de l’école Alain Fournier, dont l’enseignante souhaitait sensibiliser ses élèves à l’histoire de la construction des ponts. J’ai donc imaginé une présentation power point, basée sur mes recherches menées pour les besoins de l’atelier, pour leur faire prendre conscience que les avancées remarquables de la construction des ponts étaient intimement liées à l’évolution des usages, des techniques et des matériaux depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Cette présentation était aussi l’occasion de leur apprendre de nouveaux mots de vocabulaire pour décrire les différentes parties du pont, comme les piles, le tablier et la travée. © L’Ardepa Ici, une maquette pour faire comprendre l’importance de la clé de voûte, une fois le cintre en bois retiré.
Ensuite, aidée de Camille, j’ai animé un atelier maquette afin que les enfants comprennent mieux le fonctionnement de trois systèmes constructifs majeurs en matière de ponts: les piles, les voûtes et l’arc. Les élèves étaient très réactifs et ont compris, par eux-même, le phénomène de poussées et de répartition des charges en manipulant les maquettes que j’avais construites dans l’atelier des machines de l’ENSA Nantes pour l’occasion.
b/ Les visites thématiques
Avec Camille, nous avons animé des visites pour deux classes de CE2 de l’Ecole Ouche Dinier autour de l’évolution de l’habitat à Rezé, en quatre temps. Nous avons d’abord visité La Maison Radieuse du Corbusier, puis le quartier Rezé Château et le quartier Castor qui l’accole. Ensuite, nous avons préparé une visite autour des nouveaux espaces publics et enfin, nous avons découvert ensemble de développement durable en visitant l’éco-quartier de la Bottière-Chénaie. Afin que la visite soit participative, nous nous appuyons sur les carnets de jeux, basés sur l’observation, la description et le dessin. Ces quatre visites vont amorcer les deux ateliers pédagogiques que l’on animera dans leur classe au mois de juin.
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c/ Les visites architecturales sensorielles
Lors d’une mission que l’on m’a confiée, j’ai découvert qu’être acteur de sa visite pouvait passer par une expérience encore plus sensorielle. Il s’agissait d’élaborer un carnet de visite permettant aux élèves de la classe de CE2-CM1 de l’école Cousteau de Gétignié, de retranscrire, à l’écrit et graphiquement, leur ressenti autour des différents matériaux rencontrés lors d’une visite de la pointe Ouest de l’Ile de Nantes. Dans un premier temps, il a fallu réfléchir au parcours urbain permettant de combiner la découverte de bâtiments contemporains tout en diversifiant la nature de leurs matériaux. Ensuite, j’ai élaboré les carnets des élèves de manière à leur laisser de la place pour révéler l’empreinte de chaque matériau à l’aide d’un crayon de bois. L’objectif pédagogique était aussi de leur apprendre de nouveaux adjectifs pour enrichir leur vocabulaire de la description.
© L’Ardepa Les élèves relevaient individuellement les traces des matériaux et échangeaient leur ressenti par petits groupes.
Ainsi, les enfants ont travaillé par deux ou par trois pour découvrir, les yeux bandés, les différents matériaux qu’ils devaient reconnaître au toucher. Est-ce chaud ou froid? Estce plein ou creux? Est-ce lisse ou rugueux? Telles étaient les questions qu’ils se posaient mutuellement. Ils ont ainsi découvert que le béton se déclinait en une multitude d’aspects en lien avec sa fonction (béton ciré au sol, béton matricé en façade, béton brut de décoffrage, dalles préfabriquées en béton...), tout comme le métal qui permet de créer, par exemple, une double peau finement travaillée en aluminium. Ils ont par ailleurs découvert des matériaux qu’ils n’avaient encore jamais vu, comme la mousse expansive polyuréthane ou l’acier Corten.
3/ Les collégiens
a/ Construire un nouveau discours
Tout comme pour les primaires, l’Ardepa organise des visites et ateliers pédagogiques pour les collégiens. J’ai simplement remarqué qu’à la différence des jeunes élèves, ces derniers demandaient surtout à être surpris et stimulés pour profiter au mieux de l’activité proposée. J’ai eu l’occasion d’expérimenter un nouveau discours en construisant une visite de l’école d’architecture pour une classe de quatrième du Collège La Collinière. Ces élèves suivent une option de professionnalisation, qui leur offre l’opportunité de rencontrer des professionnels travaillant dans différents domaines, leur permettant ainsi de commencer à réfléchir à leur future profession. Je leur ai donc présenté l’école sous un angle programmatique et structurel, en illustrant mon propos grâce à des plans, des coupes et des photos de détails techniques pertinents, afin qu’ils puissent se familiariser avec les outils de représentation utilisés, entre autre, en architecture.
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Dans chaque nouvel espace, je tenais à leur expliquer l’intention initiale des architectes et l’évolution du bâtiment en terme d’usage, depuis sa livraison en février 2009. Nous avons donc parcouru l’école de fond en comble, en traversant les studios de projets, la salle des machines, la grande halle de fabrication et les espaces interstitiels. Cela m’a permis de leur expliquer le fonctionnement des études d’architecture, en insistant sur les besoins d’espace nécessaires pour expérimenter la construction à échelle 1. Par ailleurs, je leur ai présenté une série de maquettes d’étude et de planches de rendus pour illustrer le processus de développement d’un projet architectural chez les étudiants. Les élèves semblaient captivés par tout ce qu’ils découvraient, suscitant chez eux de nouvelles questions auxquelles j’ai pu répondre en qualité d’ancienne étudiante à l’école d’architecture.
b/ Visites de l’Ile de Nantes
A plusieurs reprises, j’ai eu la mission d’animer des visites de la pointe Ouest de l’Ile de Nantes pour des collégiens, comme la classe de quatrième du Collège Auguste Mailloux du Loroux Blotterau ou la classe de troisième du Collège Anatole France de Tours. Ces visites impliquent d’utiliser une allocution claire et un vocabulaire adapté à leurs connaissances. Chacune d’elle commence, d’ailleurs, par une rapide présentation du métier d’architecte, mis en perspective avec le rôle de l’urbaniste et du paysagiste dans la fabrication de la ville. En leur expliquant l’émergence et le développement d’un projet architectural ou urbain, j’aborde des notions telles que la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre, la commande publique ou privée etc. Afin qu’ils puissent avoir une synthèse de ces notions souvent complexes à appréhender, j’ai imaginé un petit lexique adapté à la fin de chaque carnet de visite destiné aux collégiens et lycéens. Cela permet à l’Ardepa de se l’approprier pour les futurs ateliers qu’elle sera amenée à élaborer. Puis, la visite continue sur le toit de l’école d’architecture afin de mieux percevoir les mutations de l’Ile de Nantes. Il s’agit de présenter l’histoire de cette dernière à l’aide de documents graphiques, comme des anciens plans ou photos, afin que les élèves comprennent l’évolution incroyable de ce territoire. Bien que chaque visite commence généralement de la même façon, elles se poursuivent suivant l’orientation pédagogique choisie par les enseignants. En effet, l’objectif est d’inscrire cette découverte urbaine dans un travail et une problématique plus large développés en classe, en fonction des notions abordées dans la discipline de l’enseignant. Pour construire une visite, il faut donc comprendre la portée de l’exercice mené par ce dernier, afin de faire découvrir aux élèves les bâtiments et espaces urbains les plus pertinents. Les enseignants nous demandent souvent d’axer la visite autour de l’architecture contemporaine, l’Ile de Nantes étant un véritable laboratoire dans ce domaine. Cependant, j’ai eu pour mission de monter des visites pédagogiques révélant l’évolution complète de l’Ile de Nantes. Il s’agit alors de faire découvrir aux élèves les endroits les plus illustratifs de ce phénomène. Afin que mon discours soit riche et complet, j’ai mené des recherches historiques et iconographiques à la bibliothèque de l’ENSAN, à la bibliothèque du département recherche de cette même école et aux archives municipales de Nantes. Avec la classe de quatrième du Collège Auguste Mailloux du Loroux Botterau, nous avons donc arpenté l’Ile d’Ouest en Est en trois visites. J’ai alors pris conscience de l’importance de s’appuyer sur les éléments du passé pour que ces élèves appréhendent mieux les enjeux de l’évolution de l’Ile de Nantes, et plus généralement de la ville dans son ensemble. - 41 -
c/ Initiation à la manipulation de logiciels
L’enseignante de l’option arts plastiques du Collège Pierre Abélard de Vallet a décliné, cette année, ses cours sur l’architecture, en offrant une réflexion aux élèves autour de l’insertion de bâtiments contemporains dans un tissu architectural et urbain plus ancien. Elle a fait appel à l’Ardepa afin d’initier ces élèves à la manipulation du logiciel 3D Sketchup programmé par Google, que nous utilisons quotidiennement en école d‘architecture. L’objectif de cet atelier était qu’ils puissent insérer un bâtiment modélisé dans une skyline que nous leur avons assemblé. Il s’agissait, en l’occurrence, du Quai François Mitterand. Il fallait donc que chacun imagine un programme et une forme architecturale propre. Pour enrichir leurs connaissances dans ce domaine, nous leur avons proposé une visite de cinq heures de découverte de l’architecture contemporaine à Nantes. Ils ont ainsi parcouru la ville à la recherche, entre autre, de l’Hôtel de la Pérouse, du Conseil Général, de l’Ile Rouge, de l’École d’Architecture, du Palais de justice, de la Maison de l’Avocat. Cette visite nous a permis aussi d’aborder les mutations urbaines importantes de Nantes, comme le comblement de la Loire, l’arrivée du tram dans les années 1990 etc.
Ces projets novateurs imaginés par les élèves dessinent un nouveau front de Loire.
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3/ Les lycéens
a/ Préparer les visites
Tout comme pour les collégiens, nous avons organisé des visites de l’Ile de Nantes pour les lycéens, notamment les premières et terminales en option facultative Histoire des Arts du Lycée François Rabelais de Fontenay-le-Compte. Ces élèves ont donc fait le choix personnel d’approfondir leurs connaissances artistiques au sens large, puisqu’ils découvrent toute l’année de nouveaux champs et nouvelles notions liées à l’Histoire des Arts. Mais un « cours d’initiation à l’architecture et à l’urbanisme » est vraisemblablement plus instructif et interactif quand il est donné dans l’espace public, entouré d’exemples vivants d’architecture.
b/ Animer un atelier pédagogique en Institut d’Éducation Motrice (IEM)
Avec Camille, nous avons eu l’occasion d’animer un Jeu de l’Habitat avec une petite dizaine d’élèves de niveau première et terminale de l’Institut d’Éducation Motrice La Grillonnais, à Basse Goulaine. Je ne connaissais pas cette typologie d’établissement, c’est pourquoi je me suis intéressée à comprendre le fonctionnement de l’encadrement des élèves présentant des attributs qui ne leur permettent pas de suivre un parcours scolaire classique. Ainsi, j’ai remarqué que nous pouvions organiser les établissements spécialisés sous deux grandes familles de typologies : - Les établissements sanitaires, qui assurent une prise en charge médicale, l’équipe professionnelle étant constituée de médecins, auxiliaires médicaux, psychologues, assistantes sociales, pédagogues, rééducateurs.
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- les institutions spécialisées de scolarisation ou de formation
> L’Institut Médico-éducatif (IME), qui accueille des enfants et des adolescents déficients intellectuels de 3 à 18 ans, voire 20 ans. Il regroupe l’IMP et l’IMPro. - L’Institut Médico-Pédagogique (IMP), qui prennent en charge des enfants déficients intellectuels de 3 à 16 ans intégrables, momentanément ou durablement, dans les établissements de l’Éducation Nationale. Il propose une éducation spéciale intégrant les aspects psychologiques et psychopathologiques ainsi que des prestations médicales, thérapeutiques et paramédicales. - L’Institut Médico-Professionnel (IMPro), qui prend en charge des adolescents déficients intellectuels jusqu’à 18 ans, non intégrables, momentanément ou durablement, dans les établissements de l’Éducation Nationale. Il assure l’acquisition de savoir-faire professionnels et pré-professionnels. > L’Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique (ITEP), qui accueille des enfants et adolescents présentant des troubles du comportement majeurs sans déficience intellectuelle ou pathologie psychiatrique. > L’Institut d’Éducation Motrice (IEM), qui accueille des jeunes handicapés moteurs à leur sortie des centres de réadaptation fonctionnelle, mais aussi des jeunes polyhandicapés. Il délivre un enseignement scolaire et professionnel, accompagné d’un ensemble de soins requis pour la rééducation. > Le Centre de Rééducation Professionnelle (CRP), qui a pour objectif de faciliter la réinsertion sociale du travailleur handicapé et lui assurer une fonction qualifiante, par la proposition de stages.
-les dispositifs d’inclusion scolaire
> La Classe d’Inclusion Scolaire (CLIS) pour les primaires et relevant du ministère de l’Éducation Nationale. L’objectif est de favoriser l’inclusion progressive, partielle ou totale dans les classes ordinaires, des enfants handicapés et de développer de manière optimale les capacités cognitives, la sensibilité, le sens de la coopération, de la solidarité et du civisme. > L’Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire (ULIS) est un dispositif d’accueil collectif intégré au sein de certains collèges et des lycées. C’est une classe de dix adolescents de 11 à 16 ans présentant une déficience mentale, qui proviennent généralement de CLIS. > La Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté (SEGPA) accueille des élèves présentant des difficultés d’apprentissage graves et durables. Ils suivent des enseignements adaptés, au sein de certains collèges, qui leur permettent à la fois d’acquérir les connaissances et les compétences du socle commun, de construire progressivement leur projet de formation et de préparer l’accès à une formation diplomante. Si l’enfant présente un handicap qui ne demande pas une prise en charge par une institution spécialisée, il peut être scolarisé avec les autres élèves grâce à un projet personnalisé de scolarisation (PPS). S’il présente une handicap nécessitant des conditions d’accueil particulières, son PPS devra préciser les aménagements nécessaires ainsi que l’attribution d’un Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS). Le PPS est établi par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) avec l’aide des équipes pédagogiques. Son application est dépendant de l’Inspection d’Adaptation scolaire et de la Scolarisation des élèves Handicapés (ASH). - 43 -
L’enseignante de cette classe de l’IEM La Grillonnais nous a demandé d’initier les élèves au processus de fabrication d’une ville, de façon à amorcer l’exercice qu’elle souhaite leur proposer: fabriquer une ville imaginaire et idéale à base d’aliments qu’ils auront eux-mêmes cuisiné. Ils avaient déjà travaillé tous ensemble sur les différentes fonctions de la ville et les usages multiples que l’on peut y développer. Par ce fait, les élèves étaient très enthousiastes à l’idée de jouer au Jeu de l’Habitat et ont participé chacun leur tour à la construction de cette maquette géante. D’habitude, les élèves placent leurs maisons sans se concerter. Or, pour la première fois, ils ont conçu leur ville d’un commun accord, en mutualisant spontanément les axes routiers et les jardins. De plus, ils ont situé les équipements publics et les commerces de manière à convenir aux souhaits de chacun. Les élèves ont rapidement appréhendé la notion de plan, cette « ville vue du dessus ».
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d/ Préparer et animer Les Archi’teliers 1/ Les ateliers hebdomadaires Chaque mercredi après midi, de 14h à 15h30, nous accueillons des enfants de particuliers qui viennent s’initier à l’architecture sous un angle ludique et éducatif. Les groupes sont généralement composés de dix enfants qui ont de cinq à onze ans. Cela implique d’imaginer des outils pédagogiques adaptés à chaque niveau de connaissances pour leur faire découvrir une nouvelle notion d’architecture chaque semaine. Ces ateliers pédagogiques ont été mis en place en janvier 2011, j’ai donc eu pour mission d’imaginer de nouvelles activités pour la session de janvier à avril 2012, pour les dix thématiques abordées: l’appréhension de l’espace, les matériaux, les couleurs, l’ombre et la lumière, les échelles, le paysage, les périodes architecturales, l’habitat et les systèmes constructifs. Chaque atelier est précisément décrit dans un livret de présentation des différentes sessions des Archi’teliers. Je souhaite ici revenir brièvement sur l’objectif des dix notions développées lors de la première session 2012, accompagné d’une photo de l’atelier. // L’appréhension de l’espace La perception, l’approche sensorielle de l’espace est une des premières découvertes liées à l’architecture. En effet, cette discipline ne peut s’appréhender dans toutes ses dimensions que par la perception et les sensations vécues. Comment exprimer un ressenti, quels mots mettre sur une impression? L’objectif est de leur faire découvrir les notions de bases d’appréhension de l’espace à travers une exploration in situ dans l’école d’architecture et de ses plus insolites recoins. Les enfants sont ainsi poussés à regarder plutôt que voir, à éprouver les limites d’un espace avec leur corps.
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// Les matériaux
Les enfants découvrent les principaux matériaux que l’on retrouve en architecture, en se familiarisant avec cette matérialité par une approche sensible et kinésthésique. Cette séance introduit les prochaines car les enfants découvrent peu à peu les conséquences des choix architecturaux pris par les maîtres d’oeuvre.
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// Les couleurs
L’idée est d’appréhender l’impact des couleurs sur la perception de l’espace et d’y associer un sentiment. Du toit de l’école d’architecture, les enfants se rendent compte que les choix de matériaux est un élément important à prendre en compte pour lire une ville et comprendre les étapes de sa construction. Il est aisé ensuite de faire le parallèle avec d’autres villes. Par exemple, le tuffeau utilisé à Nantes ne crée pas la même atmosphère urbaine que les pants de bois à Strasbourg ou la brique rose à Toulouse. C’est l’occasion aussi d’introduire la notion de skyline dans le vocabulaire des enfants.
// L’ombre et la lumière
L’ombre et la lumière sont indissociables du dessin de la façade. L’un génère l‘autre et vice versa. Cependant les deux dépendent des ouvertures, du rythme de celles-ci, de leurs tailles, de leurs formes, de leurs couleurs... L’idée est de faire comprendre aux enfants le fonctionnement en dualité jour/nuit de la façade. Cet atelier est aussi l’occasion d’introduire la notion d’orientation et l’impact qu’elle a sur la sensation ressentie à l’intérieur d’un bâtiment.
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// L’échelle
On appelle « échelle » le rapport entre les dimensions du dessin représentant un objet et les dimensions réelles de cette objet. L’idée est de sensibiliser les enfants sur l’importance des échelles dans le bâtiment et dans la ville et les sensibiliser aux différentes échelles qui les entourent au quotidien. Les enfants touchent ainsi du doigt une notion omniprésente mais difficilement identifiée.
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// L’habitat
Cet atelier permet d’aborder les différentes formes d’habitats, d’usage et de matériaux selon les quartiers d’une ville et selon les pays. Il s’agit aussi de prendre conscience des limites de son habitation et de son environnement. © L’Ardepa
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// Le paysage
Le paysage est composé à la fois d’éléments naturels et de l’usage qu’en font les hommes et revêt donc une dimension écologique, historique, sociologique et économique. En ce sens, il est un outil de compréhension du territoire. Cette atelier permet une approche du paysage comme milieu marqué par l’activité humaine, les enfants étant conduits à identifier le rôle de l’homme dans la transformation d’un paysage. Il s’agit d’ identifier puis de décrire les différents éléments du paysage, puis les localiser. Nous abordons aussi la notion de landart, une forme d’architecture paysagère plus éphémère.
// Les périodes architecturales
Au fil des années et des siècles, le paysage architectural a beaucoup évolué et les bâtiments comportent des indices qui nous renseignent sur la période à laquelle ils appartiennent. A travers la reconstitution d’une frise chronologique, depuis la préhistoire jusqu’au XXIe siècle, les enfants apprennent à placer dans le temps les différents bâtiments mais aussi à prendre conscience que l’évolution des ponts et des moyens de transports ont eu une incidence sur l’organisation des villes.
© L’Ardepa
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// Les systèmes constructifs
Cet atelier permet de découvrir des procédés constructifs variés et de comprendre les liens entre les matériaux et les techniques de mise en oeuvre, comme l’empilement, l’emboîtement, le franchissement...
// L’urbanisme
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Pour cette dernière séance, nous découvrons les différents acteurs qui façonnent la ville, comme l’architecte, l’urbaniste, le paysagiste et les élus. Cela permet de comprendre l’importance du processus de concertation et les étapes de fabrication de la ville. C’est aussi une séance de synthèse des neuf ateliers précédents, où l’on revoie ensemble les différentes notions abordées autour de l’architecture. © L’Ardepa
2/ Monter un stage pour les vacances de Pâques
Pour la première fois cette année, nous avons organisé un stage d’initiation à l’architecture pour les enfants de cinq à onze ans. Ces derniers sont venus quotidiennement de 10h30 à 12h du lundi 16 au vendredi 20 avril, pour concevoir un petit projet architectural. Il s’agissait de s’inspirer des habitations du quartier de Bornéo à Amsterdam pour imaginer sa propre maison en maquette, l’objectif étant de rassembler les habitations pour former un quartier cohérent. - 46 -
Quatorze enfants se sont inscrits à cet atelier, dont trois avaient moins de six ans. Nous avons donc imaginé deux ateliers différents autour de problématiques similaires, afin que l’exercice soit accessible pour chacun. Bien que nous ayons monté ce projet à deux avec Camille, j’ai été chargée de mettre en place plus concrètement le stage. J’ai donc fabriqué les outils Séance 1 pédagogiques nécessaires pour les deux ateliers et créé les présentations power point dont nous avions besoin pour expliquer, aux plus grands, une nouvelle notion d’architecture chaque jour. La plus part des enfants présents avaient peu de connaissances sur le sujet, c’est pourquoi il fallait construire le discours avec un vocabulaire accessible et illustré par des documents graphiques efficaces. Nous avons abordé la question de ce qu’était un architecte, ce qu’était un projet d’architecture et quelles étaient les étapes de fabrication de celui-ci. Il était important que Séance 3 les enfants comprennent ce processus d’émergence de plusieurs idées à expérimenter en maquettes d’étude, avant d’en choisir une et de l’exploiter jusqu’au bout. Leur projet d’habitation a mûri chaque jour, alimenté par des références architecturales que nous leur présentions, en rapport avec la notion du jour. Le fait d’expérimenter directement en maquette leur a permis de mieux comprendre les besoins de réflexion essentiels Séance 5 au projet: la volumétrie en accord avec le programme, les ouvertures, la matérialité et l’environnement du bâtiment.
© L’Ardepa
© L’Ardepa
© L’Ardepa
3/ La fabrication de jeux de société autour de l’architecture Cette nouvelle session des Archi’teliers consiste à concevoir un jeu de société, en huit séances de une heure trente, basées sur les notions vues lors des dix derniers ateliers. Pour nos architectes en herbe, il s’agit de se mettre à la place d’enfants n’ayant pas assisté à ces ateliers pédagogiques. Ils doivent alors se demander comment synthétiser ce que l’on a appris et ensuite transmettre ce que l’on sait déjà. Nous avons imaginé deux jeux de société, afin de s’adapter au niveau de chacun. En effet, nous accueillons des enfants âgés de cinq à neuf ans pour cette nouvelle session.
Pour les cinq-six ans, l’idée est de leur faire découvrir une nouvelle notion chaque mercredi. Dans un premier temps, nous la découvrons par l’intermédiaire d’un diaporama de références. Dans un second temps, ils assemblent un puzzle, fabriqué par nos soins, représentant un bâtiment célèbre et représentatif du thème abordé dans la séance. Nous avons abordé les constructions sur pilotis, les grattes ciels, les architectures courbes... Dans un dernier temps, les enfants imaginent leur propre construction à base de collages et de dessins, de manière à fabriquer leur propre puzzle.
Villa Savoye, Le Corbusier
Les enfants s’approprient les notions et les références pour créer de nouvelles productions. © L’Ardepa
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Avec les sept-neuf ans, nous travaillons sur l’élaboration d’un jeu de type Trivial Pursuit, exclusivement tourné vers l’architecture et la ville de Nantes. Nous avons remplacé les six parts de «camembert» à gagner, par huit bâtiments phares de l’Ile de Nantes. Chaque joueur a une « carte sensible » représentant ce territoire en mutation, et doit placer les bâtiments qu’il gagne dessus. Le but du jeu est donc de répondre correctement au plus grand nombre de questions pour progresser et ainsi compléter sa carte avec les huit bâtiments.
Les « cartes sensibles », ou « cartes subjectives », de l’Ile de Nantes sont élaborées par les enfants qui, à la suite de visites en début de séance, réinventent ce territoire en fonction de leur ressenti, en ne représentant que ce qui les a marqué. L’objectif n’est pas de montrer comment est cette Ile de Nantes, mais plutôt de rendre compte leur propre vision en fonction de leur perception et de leur imagination. Chaque point de vu étant différent, les cartes de chacun sont très personnelles. Lors des ces visites, nous les invitons à dessiner ce qui les intéressent, à écrire ce qu’ils ressentent, à prendre l’empreinte des matériaux ou à conserver des échantillons de matières dénichés sur notre parcours.
Carte sensible en fabrication
© L’Ardepa Pour exemple: carte sensible élaborée par les élèves de Bellevue et de la Manufacture
© La Glacière
En juin 2011, j’ai participé bénévolement à la conception du premier jeu de société de l’Ardepa, L’Apprenti Architecte. Après avoir trouvé des questions autour de notions inhérentes à l’architecture et à l’architecture, les enfants les ont illustrées sous forme de carte à jouer. L’année prochaine, nous souhaiterions éditer ces trois premiers jeux de société.
Bien que nous ayons été présents pour les aider, ils ont confectionné eux-même le plateau de jeu, ainsi que les pions et ont participé à la fabrication des boîtes de rangement.
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Les missions périphériques A/ s’investir quotidiennement dans la vie associative Bien qu’étant investie dans d’autres associations depuis plusieurs années, je ne m’étais jamais rendu compte du travail quotidien effectué par les permanents pour faire vivre la structure. A l’Ardepa, bien que Gaëlle et Camille aient des missions qui leur sont propres, elles participent toutes les deux aux tâches relevant du fonctionnement quotidien de l’association, comme payer les factures, renseigner les personnes qui appellent, organiser les conseils d’administration et les réunions de commissions etc. Il m’a donc semblé naturel de participer à ces missions quotidiennes avec elles. De plus, cela m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement d’une association, illustrant ainsi très concrètement les cours d’économie et de Marketing d’Olivier Allemand. 1/ Participer à la communication de l’Ardepa
a/ Communication interne
L’association se doit d’informer ses adhérants à propos de ce qu’elle entreprend chaque mois, c’est pourquoi j’ai participé à l’élaboration des bulletins mensuels d’information. Nous y expliquons les actions majeures que nous avons menées tout au long du mois passé et présentons celles que nous allons mettre en place dans le mois suivant. De plus, nous alimentons une rubrique « Actualités » qui met en lumière les expositions, conférences ou projections cinématographiques organisées par des structures locales. Nous sélectionnons celles qui nous semblent les plus pertinentes du fait qu’elles abordent des thématiques en lien avec l’architecture, l’urbanisme ou les arts appliqués. D’autre part, j’ai pris l’initiative d’élaborer un carnet de synthèse présentant les différentes activités proposées lors des Archi’teliers. Cela permet aux parents de mieux comprendre la portée de ces ateliers et mettre en perspectives ces informations avec les productions plastiques de leurs enfants. Parallèlement, j’ai imaginé une nouvelle charte graphique pour illustrer ces ateliers pédagogiques. De plus, dès mon arrivée le lundi 23 janvier, Gaëlle m’a demandé d’imaginer la carte de voeux 2012 de l’Ardepa, qui a été envoyée à l’ensemble du réseau de l’association.
b/ Communication externe
Par ailleurs, je me suis occupée de la mise à jour du site internet de l’Ardepa (www.lardepa.com), me permettant de me familiariser avec un outil dont je ne mettais jamais servi. Ce portail permet tout d’abord aux personnes extérieures de mieux connaître l’association et les différentes actions qu’elle mène depuis trente ans. Grâce aux mises à jour, il permet aussi de rester au courant de l’actualité de la structure.
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Bien que l’Ardepa se situe au sein de l’école d’architecture, je me suis rendue compte que les étudiants ne comprenaient pas exactement ce qu’elle entreprenait. J’ai donc pris l’initiative de les sensibiliser aux différentes missions qu’elle menait, en insistant sur celles qui seraient susceptibles de les intéresser particulièrement. En effet, il est important, dans le cadre de ces études, d’ouvrir ses connaissances et ses références au delà de l’enseignement dispensé à l’école. L’Ardepa est une structure qui leur propose justement de découvrir de nouvelles références architecturales, à travers des visites gratuites et insolites, des expositions, des conférences mais aussi des voyages étudiants. J’ai souhaité prendre le temps de présenter l’association directement en amphithéâtre, en passant dans chaque promotion et en m’appuyant sur des documents factuels. Puis, j’ai contacté la rédaction du journal de l’école Dédale afin de leur proposer de publier un article6 promouvant les actions de l’association à destination des étudiants.
2/ Prendre part aux réunions impliquant l’association
a/ Réunions internes
Le 27 janvier, j’ai eu la chance d’assister à l’Assemblée Générale ordinaire. En effet, elle ne se réunit qu’une fois par an pour faire le bilan de l’année écoulée, tant en terme d’activités qu’en terme de finances, et ainsi se prononcer sur les projets à venir. L’ordre du jour et la convocation aux assemblées générales ordinaires sont généralement de la compétence du conseil d’administration mais à l’Ardepa, ce sont les permanentes qui s’en chargent, soulignant la place importante en terme d’autonomie qui leur est donnée. Nous avons abordé les points suivants : -l’approbation de la gestion de l’année écoulée sur une présentation d’un rapport moral, au regard du projet de l’association, d’un regard d’activités sur l’ensemble des actions réalisées, et d’un rapport financier présenté par l’expert comptable. -le vote des orientations contenant les projets de l’association pour la nouvelle année. -le vote du budget de l’année à venir. -le renouvellement, par élection, du conseil d’administration. Comme l’Ardepa n’a pas l’habitude d’accueillir une stagiaire à plein temps, ce moment a été l’occasion de me présenter au Conseil d’administration et aux adhérents présents, en leur expliquant brièvement l’objet de mes missions. Par ailleurs, j’ai participé à chaque Conseil d’Administration, qui se réunit une fois par mois. J’ai rapidement pris conscience qu’un CA était un moment important et enrichissant pour l’association, puisque l’orientation de développement des actions culturelles sont toutes déterminées à cet instant. Bien que Gaëlle et Camille aient toujours élaboré l’ordre du jour, j’ai peu à peu pris ma place au sein de ces réunions en présentant, à mon tour, les actions que j’ai menées personnellement ou auxquelles j’ai participé. Je présentais, par exemple, les avancements du festival Révéler la ville et les différents ateliers pédagogiques que nous avons avions animés avec Camille. Parllèllement à ces Conseils d’Administration, nous avons organisé plusieurs « réunions de commission », afin de ne rencontrer que les membres du bureau impliqués dans une action précise. Ainsi, les membres du CA et les permanentes se sont réunis pour les différents voyages à organiser ces prochains mois, pour organiser les expéditions urbaines et les visites génèses. 6. Annexe 3 - 50 -
Cependant, j’ai surtout participé aux rencontres avec les deux membres du CA qui souhaitent s’investir dans la réflexion d’expansion des ateliers pédagogiques. Cela nous a permis, avec Camille, de leur présenter tout ce qui avait été mené depuis 2008, mais surtout les idées d’atelier que nous souhaitions mettre en place dès aujourd’hui. Nous avons ainsi pu définir la priorité que nous souhaitions donner à chaque action et ainsi mieux nous organiser pour la suite. Petit à petit, j’ai pris conscience que ces moments en interne permettaient de rationaliser nos idées et ainsi d’être plus efficaces et explicites face à nos partenaires en réunions externes. b/ Réunions externes
Les réunions avec les structures extérieures sont généralement organisées dans une optique de développer les actions culturelles de l’Ardepa. Nous préparions toujours, en amont, des livrets de présentation des différentes actions de l’association. J’ai moi-même conçu le carnet d’explications des différentes sessions des Archi’teliers, depuis janvier 2011. > Ainsi, j’ai eu l’occasion d’assister à une réunion organisée à la DRAC par Cécile Duret-Masurel, conseillère en éducation Artistique et Culturelle et travaillant au Pôle Aménagement culturel et Transmission des Savoirs de la DRAC. L’objet de cette réunion était de faire un point sur les actions de sensibilisation à l’architecture menées dans la région Pays de la Loire, c’est pourquoi toutes les structures menant des ateliers pédagogiques dans ce domaine ont été conviées. > D’autre part, chaque visite et atelier pédagogique étaient précédés d’une ou plusieurs rencontres avec l’enseignant, afin de préparer ce moment au plus près de ses attentes. Cependant, la préparation d’une visite nécessite aussi d’obtenir des demandes d’autorisation pour pénétrer dans l’enceinte de certains bâtiments. L’Ardepa menant des ateliers pédagogiques depuis plusieurs années, la plus part des acteurs que nous contactons sont parties prenantes de nos actions. D’autres structures, souvent plus institutionnelles, sont plus difficiles d’accès et nous mettons alors en place des partenariats. Dans ce contexte, nous avons rencontré Radhia Tessassi, chargée de l’accès au droit au Palais de Justice et Sonya Djemny Wagner, vice présidente et chargée de communication du Tribunal de Grande Instance. Ce partenariat permettra à l’Ardepa de devenir l’intervenant principal en matière de visites architecturales du Palais de justice, à destination des adultes, du jeune public et des scolaires. > Dans le cadre du festival Révéler la Ville, j’ai eu l’occasion de participer aux réunions organisées avec nos partenaires de la Direction du Développement Associatif. La plus importante était, sans nul doute, la réunion technique organisée avec le service des espaces verts et de l’environnement, le service de la réglementation des manifestations, le service des ouvrages d’art, Nantes Métropole et le service de la voirie. Ensemble, nous avons analysé les fiches techniques des neuf projets artistiques, afin de repérer les éventuels dysfonctionnements structurels et les problèmes liés aux demandes d’autorisations. Cela m’a permis, une fois de plus, de mesurer la complexité d’intervenir dans l’espace public, surtout sur ce site morcelé où chaque partie appartient soit à Nantes Métropole, soit à la ville de Nantes, soit à la NGE, soit au Conseil Général... > Par ailleurs, au mois de décembre 2011, il a été convenu pour la première fois en Pays de la Loire, de monter un cycle de conférences autour de l’architecture via les différentes structures de diffusion à l’échelle régionale. - 51 -
Cette manifestation prendra le nom de Printemps de l’Architecture et aura lieu en mars et avril 2013. Elle sera à destination du grand public, des scolaires et des professionnels de l’architecture et de l’urbanisme. L’Ardepa, la Maison régionale de l’Architecture des Pays de la Loire et l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes coordonnent ce projet. Leur mission est de synthétiser les données pour établir un programme en lien avec les CAUE, les STAP et la DRAC. L’objectif de cette manifestation est de décliner une journée par département autour de la thématique commune La ville d’assemblage. Dans le cadre de cette prochaine manifestation, j’ai eu l’occasion de rencontrer les acteurs participants à l’échelle départementale, comme le CAUE 44 et la Maison Régionale de l’Architecture. > Afin de développer les Archi’teliers auprès d’un jeune public plus difficile à identifier, nous avons rencontré une partie de l’équipe du Service de la Réussite Éducative. Géré par la Direction de l’Éducation de la ville de Nantes, ce service transversal a pour vocation de permettre aux jeunes de s’épanouir sur le temps scolaire et périscolaire. Il s’agit de les accompagner, dès deux ans, dans leur scolarité, mais aussi vers une ouverture à l’éducation culturelle et artistique. Après leur avoir présenté nos ressources pédagogiques, nous avons mis en place des projets qui seront effectifs dès le mois de septembre. Par exemple, nous allons participer à La cité idéale, un programme culturel amorcé par la Ville de Nantes autour des notions de « mutations urbaines » et de « citoyenneté » entre le collège Claude Debussy et trois écoles primaires du quartier de Bellevue.
B/ Préparer une visite de sensibilisation Pour nantes habitat Avec Gaëlle, nous avons préparé un carnet de visite commandé par Nantes Habitat, à destination des habitants du quartier des Bourderies. Pour cause de vétusté, la démolition de leurs logements d’aprèsguerre est prévue dès 2014. Le bailleur social souhaite reconstruire des maisons dans le même quartier, mais se heurte régulièrement à la réticence de certains habitants. En effet, les typologies de logement conçues aujourd’hui induisent forcément la construction d’une opération immobilière de plus grande densité. © L’Ardepa Villas Linéa, aux Solvardières, Saint-Herblain.
Cette visite était donc l’occasion de leur faire découvrir différents exemples de maisons individuelles et de tenter de leur démontrer que densité ne rimait pas avec « entassement ». Nous avons donc visité trois opérations: l’éco-quartier Henri Lesage en construction à Vertou, l’Ilot Bonne Garde à Nantes et les Villas Linéa à Saint-Herblain. Au cours de la visite, j’ai pu prendre part aux conversations des habitants, qui ont eu des réactions surprenantes selon les logements que l’on visitait. Par exemple, en découvrant les maisons mitoyennes de l’éco-quartier Heni Lesage construites en bois massif, l’un d’entre eux s’est exclamé: « Ils veulent nous mettre dans des cabanes en bois maintenant, c’est franchement pas valorisant...». Pourtant de nos jours, l’utilisation de ce matériau en architecture est gage de qualité environnementale. Je me suis donc rendue compte qu’il y avait de nombreuses incompréhensions face au discours du maître d’oeuvre et que sensibiliser les habitants aux évolutions de l’habitat nécessitait réellement d’adapter son discours et ses arguments. - 52 -
C/ Médiation de l’exposition Vu de l’intérieur L’Ardepa a décidé de commencer 2012 par une exposition qui introduit sa thématique de l’année sur la notion « d’habiter ». Cette exposition itinérante a été commanditée et pilotée par l’Ordre des architectes d’Ile de France. Monique Eleb et Sabri Bendimérad, du laboratoire Architecture, Culture, Société XIXe-XXIe siècle à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais, étaient les commissaires scientifiques. A travers une quarantaine d’exemples de logements produits entre 1945 et 2010, c’est l’observation de l’évolution de la société et des modes de vie qui est directement visée. L’exposition a également été complétée de conférences, afin d’enrichir le débat qu’elle suscitait. L’exposition s’est déroulée du 11 janvier au 4 février dans la Galerie Loire de l’école d’architecture de Nantes et l’Ardepa s’est chargée de la médiation de celle-ci. En arrivant dans l’association le 23 janvier, j’ai eu pour mission d’assurer les permanences de médiation de cette exposition jusqu’au 6 février, jour du démontage de celle-ci. Mon rôle était de renseigner les visiteurs, que ce soit sur le fond du sujet de l’exposition comme sur le fonctionnement de sa scénographie. En effet, cette dernière n’était composée que de sept tables, soutenant sept grandes nappes imprimées qui présentaient les projets chronologiquement. Les visiteurs me faisaient souvent part de leur surprise face à la sobriété de l’exposition, s’attendant plutôt à une scénographie plus «spectaculaire» basée sur du mobilier ancien, par exemple.
© L’Ardepa Le public, venu nombreux, était particulièrement curieux.
D/ participer aux expéditions urbaines et aux visites gEnèses Dans le prolongement des expéditions urbaines de 2011, consacrées à l’observation des différentes périodes de la fabrication de la cité, l’année 2012 est consacrée à l’observation du « fabriqué », des caractères des territoires de la ville et de ses faubourgs. Ces assemblages donnent, en ressenti, les caractères des quartiers. Ces promenades urbaines sont l’occasion d’apprendre à les dévoiler, à les reconnaître dans cinq «tissus» particuliers que le temps, les stratégies politiques et les enjeux ont forgé. Ces visites sont organisées par l’Ardepa, mais, sur place, ce sont des professionnels qui présentent les différents bâtiments. Par ailleurs, le jour de la visite, le public reçoit gratuitement une plaquette détaillée des éléments rencontrés lors de cette promenade urbaine. Dans ce contexte, j’ai été chargée de mener le groupe d’une centaine
de personnes aux différents points de rencontre avec les professionnels, comme Alain Delaval, chargé d’études documentaires à la DRAC et Nicolas Faucherre, professeur à l’université en histoire de l’art. Grâce à l’article paru dans Nantes Passion, nous avons eu plus de demandes d’inscription que les années précédentes, renouvelant ainsi le public que l’Ardepa a l’habitude de rencontrer, les « habitués » de ces visites urbaines. - 53 -
E/ Les missions à venir avant la fin de mon stage
Mon stage se terminant le 6 juillet, il me reste encore des actions à mener d’ici là. D’autre part, j’ai proposé à l’Ardepa de monter de nouveaux projets que j’aimerais au moins amorcer avant mon départ.
1/ Révéler la ville
Je dois organiser le vernissage du 2 juin en re-contactant les journalistes ayant déjà reçu le communiqué de presse, afin qu’ils puissent couvrir l’évènement. Nous souhaitons aussi participer à la Fête de Maison de Quartier Madeleine Champs de Mars, la Fête du Lait de Mai, qui a lieu également le 2 juin. J’ai donc déjà pris contact avec l’équipe qui l’organise afin de s’accorder sur le sujet. Par ailleurs, je serai sur le terrain entre le 30 mai et le 2 juin pour aider les artistes au montage de leur installation, ainsi que le 1er et 2 juillet pour le démontage des oeuvres. Une fois le festival lancé, je devrai mettre en page un carnet complet de présentation de cette quatrième édition de Révéler la ville, en présentant la thématique, le parcours de chaque artiste ainsi que l’intention de chaque projet artistique.
2/ Ateliers pédagogiques
Nous avons des ateliers pédagogiques prévus jusqu’à fin juin. Nous devons, entre autre, continuer notre animation du Jeu de l’habitat avec l’école maternelle Ragon puis pérenniser cette initiation à la fabrication d’une ville en animant de nouveaux ateliers pédagogiques. Il s’agira de leur faire réfléchir au plan de leur école et de la classe à l’aide d’outils ludiques et éducatifs. Par ailleurs, nous organiserons encore des visites pédagogiques pour des classes de primaire et de collège. Par ailleurs, nous allons organiser une visite de l’Ile de Nantes spécialement conçue pour des étudiants de l’École des Beaux Arts du Mans, qui cherchent des points de vue pertinents pour faire des croquis et ainsi révéler les mutations urbaines de ce territoire.
3/ Vie associative
Afin d’encadrer le plus pédagogiquement possible les stagiaires à venir, je suis entrain de confectionner un Livret d’accueil du stagiaire que Gaëlle et Camille pourront leur délivrer dès leur arrivée. Ce document permettra d’avoir une présentation assez complète de l’Ardepa d’un point de vue de son histoire, de son fonctionnement et des actions qu’elle met en place aujourd’hui. En effet, il me semble important de bien comprendre les rouages de l’association avant de s’y investir pleinement. D’autre part, le livret définira clairement les différentes missions que le/la stagiaire devra mener ainsi que quelques pistes de modalité d’auto-évaluation, afin qu’il/elle puisse s’améliorer tout au long de son stage. Ce document sera aussi un réel outil de travail puisqu’il recensera les différentes structures de diffusion de l’architecture, les partenaires de l’Ardepa, ainsi que les sites Internet les plus pertinents dans ce domaine. Enfin, l’étudiant(e) trouvera une bibliographie complète d’ouvrages autour de la médiation en architecture et d’autres présentant les outils pédagogiques à exploiter dans ce domaine. Je dresserai également une liste de livres pour la jeunesse, utiliser pour aborder l’architecture lors des ateliers pédagogiques.
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Bilan personnel du stage A/ Auto-évaluation des missions qui m’ont été confiées
1/ Identification des forces du stage
Ce stage a été un véritable terrain d’expérimentation pour moi car il m’a permis de mettre en place, quotidiennement, de nouveaux outils pédagogiques pour sensibiliser le public à l’architecture contemporaine. Mon projet professionnel s’est réellement construit pendant ces cinq derniers mois, me donnant un objectif très clair pour les années à venir. En effet, je me suis aperçue que je travaillais dans un milieu qui me permettait de développer deux centres d’intérêt qui m’animent depuis plusieurs années: l’architecture et la sensibilisation du grand public aux évolutions de la ville. J’ai eu la sensation d’avoir trouver ma voie professionnelle, mais aussi ma place au sein de l’Ardepa. Par ailleurs, Gaëlle et Camille m’ont confié des responsabilités de plus en plus importantes, ce qui m’a beaucoup valorisée et qui a donc renforcé la confiance en mes capacités. Petit à petit, je me suis bien intégrée à l’association, prenant part aux débats et proposant de nouvelles actions d’extension. Je me suis donc sentie appartenir à une structure portant des valeurs en accord avec mes plus profonds idéaux, me permettant de bénéficier d’une forte énergie tout au long des cinq derniers mois. Ce stage m’a aussi apporté de nouvelles connaissances, notamment en histoire de l’architecture et de l’urbanisme, à travers les différentes recherches menées pour préparer les visites. S’appuyer sur le patrimoine historique et culturel d’une ville permet de la « lire» et de la comprendre aujourd’hui, voire de d’anticiper son évolution demain. Cette complémentarité m’est apparu particulièrement enrichissante. Par ailleurs, les cours de Connaissances et préservation, dispensés par Nicolas Faucherre, m’ont beaucoup aidée à développer un regard critique sur mes lectures et sur le discours des différents intervenants que j’ai pu rencontrer pendant ce stage. Ainsi, parallèlement à l’entreprise de mes missions quotidiennes, j’ai mûri mon propos autour de la valorisation du patrimoine architectural moderne et contemporain. Ce stage m’a permis d’apprécier l’alliance entre un travail de recherche, de créativité et d’innovation. Dans ce domaine, je pense que la monotonie ne peut s’installer puisque nous alternons quotidiennement nos activités. Le contact avec le jeune public a été une agréable découverte et celui avec les adultes a renforcé mon désir et mon plaisir d’être au contact d’un public sans cesse différent. Les cours de Master 1 VALPEC nous ayant initié aux problématiques de valorisation du patrimoine et au fonctionnement des structures de sensibilisation, ont été une ressource importante tout au long du stage. Les interventions des professionnels de la culture rencontrés lors des heures dédiées aux Collectivités territoriales et associations avec Guy Saupin, m’ont particulièrement éclairée. Cependant, mes études d’architecture m’ont apporté les connaissances nécessaires pour mener à bien les différentes missions qui m’ont été confiées. En effet, l’école d’architecture nous délivre un enseignement en histoire de l’art et de l’architecture de grande qualité, et nous apprend très tôt à manipuler des logiciels primordiaux pour travailler dans la médiation patrimoniale. - 55 -
La connaissance des logiciels de Dessin Assisté par Ordinateur (DAO) comme Photoshop ou In Design (édités par Adobe) permettent une grande liberté en matière de création de supports de visite ou de communication. Sans ces connaissances, je n’aurais pas pu créer les visuels nécessaires et mettre en page les carnets de visite ou de présentation de l’association. De plus, à l’ENSAN, les étudiants sont invités, dès les premiers mois, à imaginer des projets qui demandent à la fois une vraie rigueur de travail mais qui permettent, par ailleurs, de libérer le potentiel créatif des élèves. Cela m’a beaucoup servi pour imaginer de nouveaux outils pédagogiques, tout comme mes connaissances en matière de conception et de fabrication de maquettes en différents matériaux. Gaëlle évaluait ce qui concernait le festival Révéler la ville et les missions liées à la vie associative. Il n’y avait aucun aspect « répressif » ou de « contrôle » dans ses paroles, elle me permettait simplement d’y voir plus clair dans l’avancement de mon travail. Camille m’a donné de bons conseils concernant la mise en place d’ateliers ou de visites pédagogiques. Elle m’a, par ailleurs, beaucoup aidé à trouver le vocabulaire et le ton nécessaire pour parler d’architecture aux enfants et aux adolescents. De plus, quand je menais une visite seule, je demandais toujours aux enseignants ou aux organisateurs s’ils avaient apprécié ce moment de découverte de la ville, dans une optique de pouvoir m’améliorer. Fin mars, j’ai tout de même proposé aux deux permanentes un temps de réflexion commun autour du déroulement de mon stage. Ce « bilan mi-stage » nous a permis de faire le point sur nos ressentis mutuels, tant d’un point de vue professionnel qu’humain. Les retours de ces différents acteurs étant positifs, cela m’a permis de prendre plus de risques et d’initiatives au quotidien. Rétrospectivement, j’ai donc pu constaté une certaine évolution, aussi bien professionnelle que personnelle. 2/ Identification des faiblesses du stage La période la plus difficile durant ce stage a sans doute été mon arrivée dans cette nouvelle structure. Bien que l’ayant découverte en juin 2011, je n’avais connaissance ni de son fonctionnement, ni de l’ensemble des actions qu’elle menait depuis trente-trois ans. De plus, Gaëlle et Camille n’ayant jamais reçu de stagiaire à plein temps, j’ai eu le sentiment de ne pas avoir été assez entourée au début. J’ai mis quelque temps à bien identifier mes missions car elle n’avaient pas été clairement définies. Par ailleurs, j’ai cherché par moimême les différents outils et documents qui étaient à ma disposition pour mener à bien ces différentes missions, ce qui m’a un peu ralenti au début. Cependant, je n’ai pas dû laisser percevoir ces moments de « faiblesse » étant donné mon tempérament à vouloir tout solutionner seule. Ce sont pour ces raisons que j’ai proposé à l’Ardepa de concevoir un Livret d’accueil du stagiaire. Avec le recul, je pense qu’il aurait été plus bénéfique pour moi de leur parler des ces hésitations de débutante, bien qu’il soit aussi constructif de chercher les informations par soi-même. Heureusement, les cours d’Économie et marketing des entreprises culturelles dispensés par Olivier Allemand, m’ont longtemps servi de repères, concernant notamment le fonctionnement d’une association. La deuxième difficulté rencontrée a été celle de toujours me rappeler que je m’adressais à des néophytes, surtout en ce qui concerne le public scolaire. J’ai eu beaucoup de mal au début à adapter mon discours autour de l’architecture et des mutations urbaines vis à vis de celui-ci. Le petit lexique que j’ai conçu à la fin de chaque carnet de visite à été un bon moyen pour me libérer de cette difficulté. Chercher à expliquer des notions complexes avec des mots simples, et adaptés aux connaissances de chacun, permet de redéfinir les bases de ces disciplines et ainsi d’écarter les explications fastidieuses.
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B/ Développer le projet associatif de l’Ardepa Dès les premières semaines du stage, j’ai eu envie de wwwm’investir pleinement dans l’association en proposant, notamment, différentes pistes de développement du projet associatif de l’Ardepa. Cependant, je me suis prioritairement occupée des missions qui m’avaient été confiées, c’est pourquoi j’ai mis de côté ces différentes idées d’expansion, dont je souhaiterais mettre en place dès l’an prochain. En effet, l’association a toujours cherché à se renouveler et à se développer et c’est pour cette raison que nous avons décidé avec Gaëlle et Camille de pérenniser cette expérience avec un deuxième stage en 2013. Je pense qu’étant déjà familiarisée avec la structure, je pourrai m’investir pleinement dans ces nouveaux projets. Voici quelques unes des actions que j’aimerais développer l’an prochain: > Les Archi’teliers hors les murs: - établir un partenariat avec la Direction Enfance Jeunesse et les Centres Accoord, pour permettre aux enfants fréquentant les centres aérés de profiter de ces ateliers pédagogiques à la fois ludiques et éducatifs ; - établir un partenariat avec le Service éducation et animation du CHU de Nantes, pour permettre aux enfants hospitalisés de découvrir les bases de l’architecture. > Participer au festival Handiclap sous forme d’ateliers d’initiation à l’architecture. > Imaginer des ateliers et visites pédagogiques pour les jeunes retraités, avec l’association Médiagraph. > Archi Domino: créer un nouvel outil pédagogique sous forme de dominos imagés. Les enfants doivent expliciter à l’oral l’élément commun qui permet de mettre deux cartes l’une à la suite de l’autre. Un autre moyen d’aborder des notions relatant, par exemple, du paysage ou de la ville. > Imaginer un cycle cinéma-architecture dans le cadre Les goûtés de l’écran au Katorza et Le Cinéma des enfants au Cinématographe. Le cinéma me semble être une entrée très intéressante pour parler de l’évolution de la ville et de ses usages. > Éditer les jeux de société imaginés par les enfants des Archi’teliers, pour permettre aux autres jeunes de découvrir l’architecture tout en s’amusant. > Établir un partenariat avec le Musée des Beaux-Arts pour développer des ateliers pédagogiques autour de l’ouverture du Cube en 2014, la nouvelle extension du musée.
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L’architecture, l’évolution de la ville et le citoyen
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Valoriser notre environnement construit A/ L’idée d’un patrimoine architectural contemporain
1/ La notion de patrimoine aujourd’hui
Au premier semestre, j’ai découvert, au travers des cours Le Patrimoine et ses institutions d’Alexandre Gady, que le patrimoine était une notion assez récente et qu’elle était apparue au terme de nombreux débats autour de la « sensibilité française au passé »7. Cette notion incarne aujourd’hui l’héritage commun d’une collectivité et sa responsabilité à le transmettre aux générations futures. Le succès populaire des manifestations autour du patrimoine révèle l’engouement de notre société pour cette notion qui dépasse la simple image du monument historique. Il est essentiel aujourd’hui d’avoir une approche moderne et dynamique de la notion de patrimoine. Celle-ci rassure, en garantissant la valeur culturelle de ce qui va être visité ou conservé, mais il serait dommage que cet engouement pour les monuments anciens ne soit pas compris dans son sens premier qui est celui d’être tourné vers l’avenir. En effet, trop nombreux sont ceux qui deviennent des admirateurs de ce patrimoine ancien et rejettent la culture et les édifices contemporains. Ce dernier est évidemment difficile à aborder, car il n’est pas garanti par sa durée, et sa qualité doit être fondée sur ses valeurs propres. Or, nombreux sont les bâtiments qui ont pris une valeur patrimoniale accrue à travers les événements de l’histoire dont ils ont été le cadre. Cette notion de durée est donc importante. Cependant, initier au patrimoine est aussi une façon de transformer cette approche en une motivation créatrice, pour avoir davantage confiance dans la capacité de nos sociétés contemporaines à enrichir le patrimoine de demain. Le XXe siècle a été celui d’une grande mutation des techniques, des espaces et des formes des édifices. Des types de bâtiments entièrement nouveaux sont apparus, tels que la salle de cinéma, le stade, les HLM ou l’hypermarché. De ce fait, la plus part des paysages urbains ou périphériques ont été bouleversés par les nouvelles typologies du bâti. En Médiation culturelle, avec Guy Saupin, nous avons constaté que, depuis plusieurs années, l’intérêt du public s’est largement porté sur de nouveaux domaines, comme le patrimoine industriel, rural ou maritime. Ces traces matérielles, liées au travail de l’homme, à l’évolution des usages et des typologies de l’habitat, ont façonné notre paysage, lui conférant sa richesse et sa mixité actuelle. Aujourd’hui, le besoin est donc plus profond qu’un simple intérêt historique pour les traces du passé. Il procède de cette nécessité essentielle de « s’approprier le passé et le présent pour mieux concevoir l’avenir, à travers un regard actif sur notre environnement artistique et culturel » 8. La notion de patrimoine semble évolutive et liée aux besoins fluctuants d’une société en quête de ce qui « fait mémoire » aujourd’hui. Sans définition figée, elle peut s’enrichir sans limite, du moins, jusqu’à ce qu’apparaisse, un jour peut être, un désintérêt du public pour le patrimoine et donc un phénomène de recentrage autour de cette notion. 7. BABELON (J-P) et CHASTEL(André), La notion de patrimoine, Paris, Éditions Liana Levi, 1994 8. LINTZ (Yannick), Enfance de l’art : le patrimoine nous emballe, Paris, Revue Texte et Documents pour la Classe (TDC) n°821, 2001 - 59 -
Par ailleurs, la démarche patrimoniale se démocratise, puisque aujourd’hui, les experts ne sont plus les seuls à travailler à l’élaboration d’une définition du patrimoine. Ainsi, les différents acteurs existants peuvent s’immiscer dans ce travail, ce que font de nombreuses associations, pour défendre un patrimoine qu’elle estime tout aussi intéressant de valoriser. Dès la fin des années 1970, certaines structures, comme l’Ardepa, se sont donc emparées du patrimoine architectural contemporain, pour le promouvoir auprès du grand public afin qu’il se l’approprie. Cette expression inclue le patrimoine bâti ou non bâti (comme les espaces publics) qui se construit aujourd’hui, qui participe à la requalification des espaces délaissés et à la densification de la ville.
2/ Un nouveau label pour sensibiliser le grand public
En 1999, le Ministère de la Culture et de la Communication introduit le Label du Patrimoine du XXe siècle, en réponse à une recommandation du Conseil de l’Europe. Le principe fondamental de celui-ci est de ne pas avoir d’incidence juridique ni financière, mais un objectif partagé de sensibilisation à la qualité patrimoniale et de préservation. Ce label a donc pour objet d’identifier et de signaler à l’attention du public, au moyen d’un logotype conçu à cet effet, les constructions et ensembles urbains dont l’intérêt architectural et urbain justifie de les transmettre aux générations futures comme des éléments à part entière du patrimoine du XXe siècle. Le signalement est accompagné par des actions de sensibilisation et de diffusion auprès des élus, des aménageurs et du public. L’établissement des critères de sélection, qui ne peuvent être réalisés de manière systématique, peut s’appuyer sur les recommandations du conseil de l’Europe relatives à la protection du patrimoine architectural du XXe siècle. Cependant, tout immeuble ou territoire représentatif des créations du XXe siècle, déjà protégé au titre de la législation sur les Monuments Historiques ou situé en espace protégé (AVAP, Secteurs sauvegardés), se voit de facto attribuer ce label, de même que des immeubles ou territoires faisant l’objet d’une procédure de protection. Les immeubles ou territoires non protégés peuvent également être proposés à la labellisation avec l’accord de leur propriétaire. Ces derniers peuvent en prendre l’initiative en adressant leur demande de labellisation aux directions régionales des affaires culturelles. Les actions de labellisation se déroulent en trois phases : - la mise en place de groupes de travail chargés d’élaborer et de valider les listes. Ils associent notamment les chercheurs de l’Inventaire, les chargés d’études documentaires des monuments historiques, les architectes des bâtiments de France et les enseignants chercheurs des écoles d’architecture et des universités. Ces listes ont été présentées aux Commissions Régionales du Patrimoine et des Sites (CRPS) et approuvées ensuite par le Préfet de Région ; - l’apposition des plaques sur les édifices désignés sur les listes ; - des actions de communication, de promotion et de publication avec notamment la publication sur internet (Base Mérimée, domaine Label XXe siècle) des éléments labellisés. Ce label n’ayant aucune conséquence juridique ni financière, il convient de le considérer comme une alternative aux procédures de protection patrimoniales existantes.
3/ S’approprier notre environnement construit
Notons alors que la notion de patrimoine ne renvoie pas systématiquement à l’idée de préservation ou de restauration. Cependant, je préfère utiliser l’expression d’environnement construit plutôt que l’expression de patrimoine architectural contemporain ou patrimoine du XXe siècle, pour aborder le cadre urbain qui nous intéresse de valoriser. Je nomme environnement construit la transformation de l’espace par l’être - 60 -
humain à toutes les échelles, les bâtiments, les villes et le territoire. Il concerne tout le monde car la plus part d’entre nous vit dans un logement et fréquente des villes, que ce soit en y habitant ou en y pratiquant des loisirs ou des activités culturelles. De mon point de vue, c’est une notion que le public peut facilement s’approprier, du fait qu’elle soit réellement accessible. Les habitants d’un quartier ou d’une ville ne font pas forcément attention à ces questions de valorisation de leur environnement bâti. Pourtant, quand nous leur demandons ce qu’ils en pensent, ils nous font part de remarques et de ressentis qui laissent percevoir que toutes ces mutations urbaines leur posent réellement question. En 2006, le CAUE 44 a organisé une exposition intitulée Architecture et patrimoine du XXe siècle en Loire Atlantique, abordant six thématiques pour sensibiliser le grand public: l’architecture comme langage, l’architecture comme sculpture, l’architecture comme cadre de vie, l’architecture comme abri, l’architecture comme partie d’un tout et l’architecture comme élément de la mémoire. Cette exposition a touché de nombreux habitants de Loire Atlantique car elle rapportait, entre autre, le témoignage de certains d’entre eux sur leur ressenti personnel autour d’éléments d’architecture. Par exemple, un Nantais s’étonne encore de l’intérêt d’avoir construit la Tour de Bretagne en disant «c’est comme si on mettait une verrue au milieu d’une belle chose. » Une autre habitante appuie ce propos en affirmant « [la Tour de Bretagne] n’a pas d’intérêt, c’est pas quelque chose qu’on vient visiter ». Par ailleurs, lors des visites, comme les Expéditions Urbaines ou les visites pédagogiques, je restais attentive aux remarques des visiteurs, des enseignants ou des élèves face aux architectures qu’ils découvraient in situ. Je me suis aperçue que les mutations, engendrées durant ces cent dernières années, étaient restées en partie étrangères à notre culture. Il reste de nombreuses incompréhensions, et lorsque le public méconnaît l’histoire d’un bâtiment, celui-ci est souvent rejeté par la communauté. Parallèlement, j’ai rencontré des habitants qui m’ont fait part d’expériences architecturales plus personnelles. Par exemple, les enfants de famille du mouvement des Castors, sont toujours très fiers d’annoncer qu’ils ont « participé à la construction des maisons castors » dans les années 1950. Un habitant du Sillon de Bretagne m’a assuré qu’il était ravi d’y vivre car « cette vue là, il ne l’aurait eu nul par ailleurs ». En s’appropriant cet environnement urbain, les habitants se familiarisent peu à peu à leur cadre bâti et acceptent mieux les évolutions urbaines qui ont lieu aujourd’hui.
B/ La nécessité de la médiation en architecture
1/ Le manque d’accessibilité
L’architecture environne notre vie quotidienne, « installe la vie et en trouve la matière animée dans le lieu » 9. Pourtant, elle est perçue d’une façon peu claire par le grand public et reste trop souvent l’affaire des professionnels. En effet, l’architecture contemporaine, telle quelle est codifiée, n’est pas accessible à chacun immédiatement. Or tout le monde peut être amené un jour ou l’autre à donner son avis sur une construction ou un aménagement, en qualité d’habitant, de propriétaire ou de citoyen. Il est donc important que l’environnement construit devienne réellement l’affaire de tous et que le fossé entre professionnels et grand public, souvent source d’incompréhensions, soit comblé. 9. MADEC (Philippe) L’envie, Paris, coll. Essai d’architecture, Éditions de l’Epure, 1995 - 61 -
Par ailleurs, j’ai remarqué que nous jugeons encore souvent les nouveaux édifices avec les critères d’autrefois, attendant d’eux une qualité, une pérennité et une beauté qui sont celles des architectures du passé. En effet, bien que le public soit attiré par les monuments du passé, il existe une forme d’a priori souvent très critique pour ce qui est novateur aujourd’hui, un manque d’attrait pour la culture architecturale. Il semblerait alors que le patrimoine architectural contemporain mérite une entité permettant de mieux le comprendre et de l’aborder objectivement. Le rendre accessible requiert par conséquent l’intercession de médiateurs et, simultanément, l’élaboration de procédures de médiation.
2/ La fonction des médiateurs
Au début du XXe siècle, le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein soulignait une vérité qui nous concerne tous : « Comme il est difficile de voir ce que j’ai sous les yeux ». En effet, nous évoluons quotidiennement dans notre environnement construit sans forcément l’observer, et ainsi détecter les mutations auxquelles il est assujetti. La fonction des médiateurs revient à relier, favoriser des passages ou faciliter des liaisons, surtout lorsque des heurts culturels sont prévisibles et qu’il faut renforcer la cohésion du groupe et lui forger une identité. Au sens large, les médiateurs culturels sont de nouveaux intermédiaires qui viennent occuper un terrain sur lequel les ont devancés auparavant les instituteurs, les animateurs et les éducateurs. Située à l’intersection du culturel, de l’éducation, de la formation continue et du loisir, la médiation culturelle s’inscrit dans le champ de ce que l’on appelle l’éducation informelle. A la différence de l’éducation, au sens usuel du terme, l’éducation informelle n’est ni obligatoire, ni contrainte par un programme exhaustif à dispenser, ni par une validation des acquis à organiser. Ces visées sont tout à la fois éducatives, récréatives et citoyennes. Comme nous l’avons abordé, mon stage m’a permis de bien explorer cette fonction de médiateur. Grâce à l’exposition Vu de l’intérieur, aux visites que j’ai menées et aux ateliers pédagogiques de j’ai animés, j’appréhende à présent beaucoup mieux le fonctionnement des relations qui se mettent en place entre le visiteur, le bâtiment ou l’objet et le médiateur. 3/ Installer une méthodologie de travail Comme concept opératoire, tout projet de médiation culturelle entend transformer une situation selon une stratégie bien définie. Cette méthodologie comprend les étapes suivantes: - diagnostic : identifier les besoins et les attentes de la population via la concertation, l’implication des populations et des acteurs locaux; - élaboration : définition du projet (objectifs, publics, moyens...); - phase de mise en place: identification des partenaires et des prestataires de services, négociation sur les moyens financiers; - phase de suivi: réunion des acteurs impliqués et du comité de pilotage; - stratégies de communication : en direction des populations (supports papiers, réunions d’information...) et des vecteurs d’opinions (journalistes, partenaires, élus...); - bilan: approches qualitative et quantitative. Eva Quintas, directrice de projets au sein de l’organisme Culture pour tous à Montréal, rappelle que la médiation « est la rencontre du champ de la culture et du champ du social »10 et qu’elle doit s’adapter aux attentes multiples des différents publics. Cette analyse doit s’introduire dès la phase de diagnostic dans le projet de médiation culturelle, pour construire un discours intelligible et cohérent autour de l’architecture. 10. Colloque sur la médiation culturelle, Conseil provincial des Sociétés culturelles, Fredericton (Canada), 2011 - 62 -
C/ Architecture et citoyenneté
1/ La notion de vivre ensemble
Chaque bâtiment, qu’il soit public ou privé, a un lien propre avec la vie des citoyens. D’ailleurs, l’architecture assure une fonction sociale. Elle crée des cadres de vie qui correspondent aux valeurs et aux attentes d’une société dans une époque donnée et bâtit un bien commun qui s’inscrit dans un paysage urbain. La conscience de ce « destin collectif » nous permet de devenir acteur de notre cadre bâti. La ville est vivante quand elle est habitée par une pluralité d’êtres qui lui reconnaissent une existence propre. Tous les citoyens, partagent l’acte d’habiter et de circuler. Partir de cette donnée de base fondamentale pour élargir la réflexion vers une découverte politique et sociale de la ville, de son quartier, est un des moyens pour leur apprendre le « vivre ensemble ». En effet, la ville, par essence, relève de la science du partage. Elle est un lieu physique de circulation, de rencontres, de brassages, où les règles doivent être respectées. Les bâtiments qui la composent remplissent une fonction d’habitat, de travail, de gestion, de soins, de loisirs, d’apprentissage des savoirs, d’exercice du politique, qui détermine les conditions de sa vitalité et de son développement. Lors d’interventions spécifiques par des médiateurs culturels ou des architectes, l’explication des relations complexes qui relient entre eux ces éléments urbains peut aider à comprendre leur utilité et donc leur permettre de développer leur appréciation critique. Pour Bernard Lamizet, professeur de Sciences de l’information et de la communication à l’Institut d’études politiques de Lyon, il s’agit, finalement, pour le sujet, « de se constituer comme acteur appartenant à une collectivité autant que comme acteur fondé dans sa subjectivité. » 11
2/ Entre incompréhension et confusion
Dès les premières tentatives et tentations de définitions, les théoriciens comme Vitruve ou Alberti, entre autres, se sont heurtés à la multiplicité des domaines que l’architecture englobait, tels que le structurel, le fonctionnel ou l’esthétique. Chacun de ces domaines était privilégié alternativement aux dépens des autres. Depuis ces époques initiales, d’autres points de vue sont apparus comme le social, l’historique et le politique, rendant de plus en plus complexe l’approche de l’architecture. C’est en ce sens que Philippe Madec développe l’idée d’une « in-définition » 12 de l’architecture. Tant que la nécessité de prendre en compte l’enjeu que représente l’édification de l’urbain ne s’est pas fait sentir, on a laissé aux personnes directement concernées le soin de s’en occuper, autrement dit, aux décideurs politiques relayés par les professionnels du bâtiment. La vulgarisation de l’architecture pourrait certainement améliorer la compréhension des projets architecturaux et urbains et ainsi favoriser l’acquisition de clés destinées à affranchir les distances entre spécialistes et non-spécialistes. L’architecture constitue un environnement quotidien, c’est pourquoi il paraît donc indispensable, dès aujourd’hui, d’offrir au citoyen un accès à une véritable culture architecturale et urbaine, afin qu’il devienne un acteur pertinent de son cadre de vie.
11. LAMIZET (Bernard) La médiation culturelle, Paris, éditions L’Harmattan, 1999 12. GOETZ (Benoît), MADEC (Philippe), Indéfition de l’architecture, Paris, éditions de la Vilette, 2009 - 63 -
3/ Vers une démocratie participative
La sensibilisation aux enjeux de l’aménagement du cadre bâti renvoie aux droits et devoirs de chaque habitant à faire entendre sa voix et à assumer sa responsabilité citoyenne. S’il est un domaine politique par excellence, c’est bien l’art de bâtir la ville. La participation des habitants est donc une composante importante de la concertation préalable qui peut s’engager sur un projet, principalement pour la construction de bâtiments publics ou la création d’un nouveau quartier. Ces débats supposent un langage partagé, ce qui n’est pas toujours le cas, la plus part des personnes n’ayant reçu aucune formation à l’architecture ou à l’urbanisme. Leurs réactions sont donc fondées sur leurs expériences, mais ils manquent parfois de références à d’autres lieux ou de capacité à visualiser des espaces qui vont transformer la réalité présente d’un site. Pour les collectivités locales et territoriales, l’évolution progressive de la législation a été nécessaire pour inclure la population dans le processus de réflexion et de décision. Jusque là, elle n’était consultée qu’épisodiquement, dans un contexte parfois plus démagogique que démocratique par défaut de pédagogie. Parallèlement, les sceptiques de la consultation publique et de la démocratie de proximité clament que la méconnaissance par le plus grand nombre, des tenants et des aboutissants permettant une solution adaptée, entretient une confusion paralysante. Il paraît donc indispensable de rendre plus pertinentes les propositions de l’usager et de permettre à chacun de développer sa capacité à percevoir les enjeux « du vivre ensemble », à se forger une sensibilité au cadre bâti et à son environnement, à assumer la dimension citoyenne et planétaire du développement durable, dans la mesure où une démocratie n’est vivante et assurée, que si celles et ceux qui la composent ont les moyens de comprendre les raisons qui les gouvernent.
4/ Architecture: les limites de la démocratisation
L’engouement du public à l’égard de l’architecture est de plus en plus fort, comme le souligne le nombre croissant de visiteurs aux Journées de la maison contemporaine (25.000 visiteurs en 2011) ou les Journées Européennes du Patrimoine (12 millions de visiteurs en 2011). Il demeure néanmoins que ces manifestations ne touchent, de manière quasi exclusive, qu’un public déjà sensibilisé à l’architecture. Et de fait, même si elles participent d’une volonté certaine d’ouverture, elles n’entraînent pas obligatoirement une augmentation des connaissances de l’architecture contemporaine et de la ville pour ces visiteurs. En effet, les architectures du XXe et XXIe siècle ne représentent qu’une part minoritaire des bâtiments visités aux Journées Européennes du Patrimoine. Il y subsiste alors une incompréhension vis-à-vis de la création architecturale. D’autre part, la ville et l’espace public, au travers de l’échelle urbaine, n’y sont pas véritablement représentés et, de fait, ne sont pas considérés comme des enjeux architecturaux, pour une large majorité de l’opinion publique. Ainsi, et comme tendent à le démontrer les manifestations culturelles et les campagnes de communication, l’architecture a du mal à échapper aux clichés habituels qui la caractérisent. Ce phénomène limite alors sa compréhension en ce qui concerne la simple prise en considération de l’espace, la relation à l’espace ou la mise en lien des éléments qui composent notre environnement immédiat: la ville. Parallèlement à ces manifestations, les expositions thématiques, comme e Architecture et patrimoine du XX siècle en Loire Atlantique, les revues, telle que Architectures à Vivre, ou les émissions de radio, comme Rumeurs d’archi, dévoilent une véritable volonté de favoriser la formation d’une culture architecturale. Pourtant, la vulgarisation de celle-ci n’y est souvent pas complètement assumée. - 64 -
Ces différents acteurs peinent à éviter les clichés et instaurent, le plus souvent, une grande confusion dans les notions inhérentes à l’architecture. Ils mêlent souvent des domaines éloignés, bien que proches en apparence, comme l’écologie, le design ou l’architecture d’intérieur. Ils usent donc de raccourcis et occultent, du même coup, les véritables préoccupations architecturales. Celles-ci peuvent être des questions concrètes de construction de la ville et de prise en considération des enjeux qui lui sont associée, liés aux évolutions sociétales. Je me suis alors demandée si tout cela contribuait réellement à la compréhension de l’architecture ou si, au contraire, le public n’était-il pas plus perdu sous ces informations foisonnantes. Quels peuvent donc être les leviers à activer afin de permettre l’émergence d’une véritable « culture architecturale populaire » ? Il semblerait que l’éducation, au travers de l’école, entre autre, soit un des meilleurs atouts dont les pouvoirs publics peuvent user afin de toucher un public nouveau, et voir ainsi le champ des connaissances architecturales s’élargir.
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Initier le jeune public à l’architecture A/ L’avènement d’une pédagogie nouvelle
1/ Les pionniers de la pédagogie active
Bien avant la mise au point de circulaires ministérielles et les lois incitant les enseignants à étudier avec leurs élèves la ville et l’architecture, de nombreux enseignants initiaient leur classe aux joies de l’observation in situ. Depuis Jean-Jacques Rousseau, l’éducation, distincte de l’instruction, ne s’effectue pas dans la seule école, elle concerne tout autant la famille que l’ensemble de la société. Apprendre ne peut donc se cantonner au temps de la scolarisation. Il s’agit, bien entendu, de tenir compte de l’âge de l’enfant, du développement de son corps, de tous ces sens et du primat du « savoir faire » sur le « savoir ». De nombreux pédagogues vont tout tenter pour ne pas isoler l’école de la vile, d’où une grand attention apporter au « milieu ». Cette notion désigne l’environnement global dans lequel l’enfant évolue. Au début du XXe siècle, le pédagogue suisse Adolfe Ferrière (1879-1960) et le pédagogue français Edmond Demolins (1852-1907) fondent le courant pédagogique de l’Éducation nouvelle, qui se base sur les méthodes de la pédagogie active, toujours exploitée par les enseignants aujourd’hui. Son objectif est de rendre l’élève acteur de ses apprentissages, afin qu’il construise ses savoirs à travers des situations de recherche. L’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, doit être un facteur de progrès global de la personne. Pour cela, il faut partir de ses centres d’intérêt et s’efforcer de susciter l’esprit d’exploration et de coopération. Le pédagogue français Célestin Frénet (1896-1966) s’inscrira dans ce mouvement en réaffirmant que « la voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration, processus essentiel de l’École, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.» 13
2/ L’architecture, nouvel outil pédagogique
Maria Montessori (1870-1952), médecin et pédagogue italienne, s’intéresse au mobilier, aux instruments pédagogiques, à l’architecture de la classe, et prône des aménagements spécifiques à l’usage des enfants, ce qu’elle réalise dans la Casa dei Bambini (Maison des Enfants). La création de la première Maison des enfants a lieu en 1907 dans le quartier populaire de San Lorenzo à Rome. En vue d’améliorer la vie du quartier, un organisme met en chantier la construction de deux immeubles pour regrouper la population des taudis. Son directeur demande alors à Maria Montessori d’organiser la vie des enfants habitant ces immeubles. Les objectifs sont de regrouper tous ces enfants pour les empêcher de semer le désordre, de procurer une meilleure hygiène et d’instaurer une harmonie familiale. L’institutrice a l’obligation d’habiter dans l’immeuble pour mieux collaborer avec les parents, dans une optique commune d’éducation des enfants. La Casa dei bambini devient une base de recherche, un laboratoire d’expérimentation où Maria Montessori construit et éprouve sa méthode. 13. FRÉNET (Célestin), Les invariants pédagogiques, Paris, Bibliothèque de l’École Moderne (B.E.M), 1964 - 66 -
En 1938 parait à Liège un des premiers ouvrages d’initiation à la société urbaine, destinés aux enseignants , J’étudie ma ville, Étude d’un milieu urbain, écrit par l’inspectrice Madeleine Paquot. Le document qu’elle propose se présente comme la synthèse des réalisations d’une centaine de classes. A partir de ce large panel d’idées, l’objectif était d’inciter les enseignants à inventer de nouvelles pratiques pour initier les élèves à l’architecture. L’ouvrage aborde les quatre niveaux de l’enseignement primaire et relate pour chacun d’eux des notions telles que la rue, le marché, la poste, le jardin public, le fleuve ou l’habitation. Après cette découverte urbaine, les élèves investissent leur classe et leur école pour afficher des documents, faire des maquettes, concevoir des exposés etc. 3/ Exploiter la notion d’appréhension de l’espace Certains professionnels étudient, assez tôt, la question de la spatialisation selon les âges, comme le psychologue suisse Jean Piager dans son ouvrage « La représentation de l’espace chez l’enfant », édité en 1948. Mais, à cette époque, il existe encore une réelle difficulté à promouvoir l’urbanisme et l’architecture à l’école. Les Textes et Documents pour la Classe (TDC), édités par l’Institut National de Recherche et de Documentation Pédagogique (INRDP), devenu Institut Français de l’Education (IFE) en 2010, proposent en 1969 un numéro spécial intitulé Pour comprendre l’architecture contemporaine. Il est réalisé à partir d’un collage chronologique et thématique d’extraits d’ouvrages d’architectes, d’historiens et de critiques. L’architecture moderne est privilégiée et les « visionnaires » sont mis en avant, comme Paul Maymont, architecte et urbaniste français, ou Yona Friedman, architecte et artiste français d’origine hongroise. En 1975, une quarantaine d’enseignants, formateurs, architectes, urbanistes se réunissent sous le thème « L’initiation de l’enfant à l’espace et à son aménagement, bâti ou non bâti ». Ils s’interrogent sur l’information et la formation du public dans ce domaine: « ne doivent-elles pas privilégier les futurs citoyens, ceux pour qui nous construisons aujourd’hui? » Les participants imaginent une formation des enseignants et la diffusion d’une culture de la ville et de l’architecture la plus large possible. Pour comprendre l’architecture 14, abandonne alors les citations pour rendre la pédagogie plus vivante dans un but d’intéresser les futurs adultes aux problèmes de l’habitat et à leur cadre de vie. Les auteurs insistent plus sur l’étude de concepts, comme l’espace, le temps ou la vision, et laissent en encadrés la chronologie de l’architecture. Condition première de l’éducation à l’architecture et à l’urbanisme, l’apprentissage de l’espace a donc évolué avec les connaissances psychologiques sur le développement des relations spatiales chez l’enfant, « qui sont essentielles autant pour apprendre l’espace que pour se construire soi-même ».15 D’une part, elle intègre pleinement le corps et les cinq sens dans les activités proposées à l’enfant. D’autre part, elle donne une place aux émotions, aux sentiments, à leur expression.
4/ L’architecture inscrite dans les programmes scolaires d’aujourd’hui
Au cours des vingt années qui vont suivre, les initiatives officielles se feront très discrètes. Cependant, de nombreuses actions pédagogiques vont prendre place, reposant sur l’engagement d’une poignée d’enseignants et de professionnels qui souhaitent transmettre leur intérêt pour la ville et l’architecture. L’éducation artistique et culturelle vient d’être réaffirmée, comme une des priorités à mettre en œuvre par le Ministère de l’éducation Nationale et le Ministère de la Culture et de la Communication.
14. Revue Textes et Documents pour la Classe (TDC), 1976 15. MOCH (Annie), Le développement des relations spatiales chez l’enfant, Paris, FNCAUE, 1999 - 67 -
En effet, l’enseignement de l’Histoire des Arts est désormais inscrit dans les programmes de l’éducation Nationale16. L’architecture et le cadre de vie entrent à l’école, au collège et au lycée en tant qu’arts de l’espace et arts du visuel. Cela induit qu’ils font désormais partie intégrante du programme scolaire.
B/ Pourquoi initier les enfants à l’architecture et à l’urbanisme?
1/ Les objectifs de la transmission et de l’initiation
L’action de transmettre l’architecture nécessite, tout d’abord, de définir quelles en sont les visées individuelles et collectives. En effet, plusieurs fins coexistent et, bien que parfois elles soient loin de se rencontrer, elles prétendent toutes, au départ, contribuer à l’éducation de l’enfant. Certaines visent à cultiver des amateurs d’architecture contemporaine, qui, en l’appréciant, soutiendra son essor. D’autres espèrent susciter des vocations d’architectes, en privilégiant une logique de découverte de la conception, de la création architecturale à partir de dimensions esthétiques. D’autres encore, entendent initier les citoyens à la réflexion et à l’action sur leur environnement bâti, afin de les former à être capables de faire des choix raisonnés et judicieux à l’échelle des lieux où ils vivent et travaillent. Cependant, il semble d’abord primordial d’éveiller les enfants à la notion de patrimoine, en s’intéressant à des bâtiments d’hier et d’aujourd’hui et en découvrant des références artistiques liées à l’histoire des arts. L’architecture, art de l’espace qui marque notre quotidien mais prend racine dans l’histoire, constitue un volet essentiel de cette éducation culturelle. L’initiation à cette discipline permet de faire comprendre aux enfants les choix qui ont marqué l’évolution de leur territoire, à travers l’histoire de l’architecture. La réflexion sur la ville et ses espaces architecturaux, crée les conditions d’une culture artistique ouverte et diversifiée, entre patrimoine et création contemporaine. Les nombreuses actions, mises en œuvre par les structures de sensibilisation à l’architecture, sollicitent, justement, l’imagination créative des jeunes tout en leur permettant de s’approprier une connaissance culturelle de leur passé. C’est une démarche d’apprentissage de la citoyenneté qui représente un véritable enjeu d’appropriation de la mémoire collective et du sentiment d’identité culturelle. En effet, les interventions sont conçues sur un mode actif qui fait appel aux compétences et à la sensibilité des enfants, ce qui leur permet de se familiariser très vite avec les connaissances historiques et les lieux patrimoniaux. Cette dimension est importante car lorsque l’on explique à des enfants que le patrimoine est un ensemble d’éléments que l’on souhaite transmettre et conserver pour les générations futures, ils sont assez vite démunis. En effet, le choix de ce qui doit être valorisé, suppose nécessairement une capacité à qualifier les éléments de leur environnement, donc à prendre du recul sur le regard qu’ils portent sur ce qui les entoure. Cela déclenche une envie d’en savoir plus sur un certain nombre de bâtiments ou d’objets, d’autant que dans tous les lieux, qu’ils soient reconnus par tous ou dévalorisés, on peut trouver matière à transmettre. Cependant, j’ai remarqué, au travers de nos différentes activités pédagogiques, que les enfants et adolescents restaient tout de même plus ouverts que les adultes face à cette notion de patrimoine. Quand on leur explique que cela peut faire référence à des bâtiments de notre environnement construit familier, ils comprennent rapidement que leur immeuble de logements est « déjà » du patrimoine, d’un certain point de vue.
16. Arrêté du 11 juillet 2008 - 68 -
2/ La transmission de l’architecture à l’école Au croisement des enseignements, au cœur du socle commun de connaissances et de compétences que j’ai découvert pendant ce stage, la découverte de l’architecture semble faciliter l’utilisation de logiques, de savoirs, de savoir-faire appartenant à plusieurs disciplines. De ce fait, la transmission de l’architecture à l’école revêt une dimension plurielle : - Il s’agit surtout, comme nous l’avons évoquer, d’appréhender l’espace, de le considérer comme un objet d’éducation et une nécessité pour se construire soi-même. - Il s’agit aussi de rassembler et organiser les connaissances sur le cadre bâti pour apprendre à l’examiner, pour en découvrir la nature, l’implantation et l’agencement. Les élèves sont invités à s’interroger sur ceux qui l’ont crée à travers le temps, sur leurs savoirs, les techniques et les matériaux dont ils disposaient, ceci afin d’envisager la profondeur historique de cet environnement construit. - Enfin, une dimension politique anime l’initiation à l’architecture et à l’urbanisme. Il s’agit de préparer le citoyen à participer au débat public sur l’espace collectif. L’architecture permet donc d’aborder les notions de globalité et de complexité sous un angle concret, inscrit dans la durée et le développement durable. Elle participe à la construction par l’élève du sens de son activité scolaire lors de multiples acquisitions de compétences académiques, sociales et civiques. C’est ainsi qu’il peut développer des repères géographiques et historiques, acquérir des notions de mathématiques ou comprendre l’impact des constructions architecturales et de l’aménagement du territoire sur l’environnement. Cette discipline transversale permet une grande liberté d’actions ludiques et éducatives, en partant des connaissances des élèves afin de les valoriser et de leur en apporter de nouvelles. Pour cela, les enseignants doivent former leur propre regard sur l’espace architectural, ou bien faire appel à des médiateurs culturels provenant de structures de sensibilisation à l’architecture, comme l’Ardepa. Une intervention réussie conjugue l’originalité de la pensée et de la conception en architecture avec les modalités d’acquisition propres au monde scolaire. La diversité des sujets et les différentes approches se déclinent au travers d’ateliers, où il s’agit davantage de transmettre une passion et une envie d’en savoir plus que d’apporter une somme de connaissances. Les méthodes de travail et axes de réflexion proposés dans le cadre de l’intervention, le processus d’initiation à l’architecture et à la ville sont à valoriser, plus que la production finale réalisée par les élèves. Fixer un objectif précis est néanmoins nécessaire pour les motiver. Il est important, pour éveiller la curiosité des élèves, de leur proposer des interventions qui partent de leurs connaissances, car ils s’approprient mieux les contenus quand ils sont mis en lien avec leur réalité. En ce sens, et comme Maria Montessori le revendiquait déjà dans les années 1900, les bâtiments scolaires sont un très bon outil pédagogique pour commencer à aborder l’architecture. Nous l’avons expérimenter lors de séances spécialement construites autour de l’appréhension du plan de l’école Ragon, à Rezé, avec des moyennes et grandes sections. Cette notion de plan est difficile à aborder sans exemple concret pour les enfants, c’est pourquoi leur école est un terrain de travail intéressant. Nous partions de blocs de mousse pour représenter les salles de classes afin qu’ils comprennent bien leur imbrication. Ensuite, nous nous repérions ensemble sur un plan dessiné sur la base de ce travail en volume. Les élèves intègrent ainsi rapidement des notions encore confuses pour certains adultes.
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4/ La ville, un outil pédagogique inépuisable
L’architecture contient un capital de beauté et de poésie, qui par sa découverte dans le temps scolaire, éveille à une sensibilité génératrice d’une culture artistique. Cependant, elle ne peut être réduite à des explications. En effet, comme nous l’avons compris avec les méthodes de pédagogie active, il faut faire l’expérience de l’architecture, de ses espaces, les vivre, en percevoir les échelles et les rythmes. En ce sens, les villes ellesmêmes sont de formidables outils pédagogiques, des laboratoires vivants pour apprendre. Madeleine Pacot affirmait que « l’étude d’un centre urbain ne manque pas de points de vue propres à exciter et à satisfaire la vive curiosité des enfants, à exercer leur activité mentale et à enrichir leur esprit en vues générales et culturelles. »17 Le ressenti et l’observation sont indissociables de l’apprentissage des modes d’analyse, d’expression et de représentation. Il s’agit donc d’encourager une approche sensible, artistique et culturelle fondée sur l’éducation d’un regard et des échanges autour des notions de base de l’architecture. L’idée est aussi de proposer des situations de productions dans lesquelles l’enfant est acteur, pour l’inciter à représenter ce qui l’entoure, à se représenter soi-même dans ce même espace, ainsi que pour lui apporter une certaine culture architecturale. Tous les sens contribuent à la relation avec un lieu. La perception des bâtiments qui composent la ville, à travers une analyse de leurs formes, de la matière qui les enveloppe, de leurs couleurs, fait appel à des impressions sensorielles. La visualisation explicitée des bâtiments, leur repérage dans l’espace, leur échelle, les circulations des espaces publics, des rues, des places ou des ponts, forment le regard. Cette approche sensorielle par l’observation attentive, des bruits de la ville, en écoutant l’agréable ou l’insupportable, des odeurs, en distinguant leur provenance, de l’ambiance lumineuse, en différenciant la lumière naturelle et les éclairages, développe les sens qui vont permettre aux jeunes d’être à l’écoute de leurs sensations pour voir enfin l’architecture. Pour l’architecte Mireille Sicard, « le développement de nos sens est le produit de notre apprentissage et il est nécessaire de les éduquer, ou tout au moins de savoir les reconnaître dans notre appréhension de la spatialité.»18 Les parcours que nous proposons aux enfants leur apprennent à devenir naturellement réceptif à un détail d’architecture, à un espace construit et à être ému par l’esthétique d’un bâtiment, sa juste proportion, en adéquation avec sa fonction et son usage. Ces déambulations font également prendre conscience, des structures et des matériaux qui composent les édifices, du savoir-faire technique de la mise en oeuvre. Les visites architecturales sensorielles, que nous avons organisé pour les primaires de l’École Cousteau de Gétigné, ont eu un effet très positif sur les élèves. En rentrant en contact tactile avec le bâti, ils ont mieux retenu le nom des matériaux et leurs caractéristiques plastiques et mécaniques. Les promenades urbaines invitent les jeunes à voyager dans la mémoire de la ville et de son architecture : le passé patrimonial leur rappelle que le monde dans lequel ils vivent n’est pas issu de rien. Le regard s’attarde sur les formes caractéristiques d’une région, sur les volumes issus de la modernité ou sur une organisation des espaces qui témoignent du monde contemporain. Elles les initient donc également à la modernité et aux enjeux du monde présent et vivant. Ainsi, les jeunes apprennent à voir, regarder, observer, vivre leurs émotions, éveiller leur curiosité et développer leurs capacités d’analyse et d’expression. Enfin, la vision globale de ce qui les entoure constitue leurs références culturelles en tant que citoyen, et les invite à reconnaître l’autre, vivant dans ce même monde sensible. 17. PACOT (Madeleine), J’étudie ma ville - Étude d’un milieu urbain, Liège, Éditions Desoer, 1938 18. SICARD (Mireille), Comprendre l’architecture, CNDP de l’Académie de Grenoble, 2001 - 70 -
C/ Développer une conscience citoyenne chez l’enfant
1/ La place de l’enfant dans la programmation urbaine
Comme nous l’avons évoqué précédemment, une nouvelle forme de citoyenneté doit être élaborée pour répondre aux besoins de la ville contemporaine. En effet, il semble important de mettre davantage l’accent sur la participation des habitants, à commencer par les enfants, futurs citoyens. Le droit à l’éducation, tel qu’il est rappelé dans la Déclaration Mondiale sur l’Éducation pour tous19 implique d’ailleurs de développer l’esprit critique de la jeunesse afin qu’elle soit capable, une fois adulte, de réfléchir d’une manière autonome à ses engagements et aux évènements du monde, au delà de ses origines sociales et culturelles initiales. En 1977 au Centre Georges Pompidou, l’exposition La ville et l’enfant, impulsée par François Mathey20 et François Barré21, introduit le débat sur la place et la considération de l’enfant dans les projets urbanistiques et architecturaux. Depuis les années 1970, la sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme, dès l’école primaire, est une priorité avant tout formulée par les architectes et par les institutions qui valorisent l’architecture. L’idée de découvrir sa ville à partir de la qualité de ses architectures et de son environnement sensible, et comprendre la fonction sociale et politique de la ville pour mieux « vivre ensemble », sont les éléments d’une initiation à l’architecture qui inciteront les jeunes à devenir des acteurs avertis de l’environnement urbain. Ainsi, apprendre aux enfants ce qu’est leur environnement urbain quotidien les arme pour participer au respect et à l’amélioration de leur ville, en favorisant une ouverture d’esprit. Transmettre cette culture développe un goût pour l’architecture, une curiosité vers les métiers et les acteurs du cadre bâti, une capacité à terme à débattre avec des professionnels sur les choix fondamentaux liés à l’aménagement de l’espace et des territoires. La Suède, par exemple, s’intéresse à l’appréhension par les enfants et les adolescents de leur environnement construit ou non, c’est pourquoi elle a pour principe de travailler avec ces jeunes en matière de planification des villes depuis 1975. La question centrale qui traverse l’engagement suédois dans ce domaine est celle du respect de la perspective de l’enfant, non pas comme un adulte en devenir mais comme un individu avec des droits et des besoins propres. Il s’agit de déterminer comment l’enfant expérimente le monde, afin d’intégrer cette connaissance dans un tronc commun de savoirs, mais aussi comment on le prépare à s’engager dans l’élaboration d’un projet sociétal collectif.
2/ L’école, vecteur de citoyenneté
L’intégration et la place des jeunes dans l’environnement urbain préoccupent les enseignants. En effet, les enfants des villes vivent parfois avec le malaise d’habiter dans des lieux dépréciés. C’est pourquoi l’apprentissage de la ville est nécessaire, afin de leur donner le désir d’agir sur cet environnement. En changeant de point de vue, en faisant le projet de s’occuper de ce qui les regarde et qu’ils ne les regardent pas habituellement, les élèves deviennent actifs. Ils apprennent à évaluer les problèmes de la vie en ville et savent aussi trouver des réponses. Si la ville doit se transformer avec ses habitants, c’est bien à l’école que commence cet apprentissage de la démocratie. C’est à l’école que les enfants apprennent ce « vivre ensemble ». C’est là où la démarche de sensibilisation à l’architecture prend toute sa place. 19. Déclaration adoptée par la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous: répondre aux besoins éducatifs fondamentaux, Thaïlande, 1990 20. François Mathey est Conservateur en chef au musée des Arts décoratifs à l’époque. 21. François Barré travaille pour le Centre de Création Industrielle (CCI) à l’époque. - 71 -
Dans ce creuset où se retrouve une communauté d’êtres régie par une mixité sociale, ethnique et sexuée, la rencontre des différences provoque parfois malentendus, conflits, exclusion. Les actions en milieu scolaire déjà réalisées et les outils pédagogiques spécifiques qui les accompagnent, ont participé activement à développer auprès des jeunes leur conscience citoyenne. Les enseignants invitent les jeunes à mettre des mots sur leurs actes, à nommer leurs émotions, à comprendre qu’ils vivent dans un monde qu’il est nécessaire de partager pour que chacun y trouve sa place. Vivre ensemble définit ce qui gouverne les échanges, les relations entre les individus avec la volonté de les rendre plus justes et égalitaires afin que chacun puisse avoir un égal accès à la parole et à l’action dans la cité.
3/ L’éco-citoyen
L’avenir est conditionné par la dépense énergétique nécessaire à notre développement et par l’utilisation des ressources de la planète. La préoccupation de l’environnement et du développement durable oblige à penser globalement et à agir localement. Aujourd’hui, il est nécessaire de reconsidérer l’acte de construire dans son ensemble, de la conception à la réalisation. Son application invite à penser une ville plus dense qui propose plusieurs formes d’habitat, à réaliser des écoquartiers, à valoriser les cheminements piétons et cyclables au sein des villes, à réhabiliter le bâti plus que le détruire, à développer les transports collectifs, à prendre soin des espaces publics. C’est pourquoi, le cadre de vie est un des enjeux du développement durable et l’initiation à l’architecture s’impose comme un objectif primordial. En ce sens, expliciter la qualité environnementale auprès des jeunes, audelà des effets de mode et avec une pertinence technique et artistique, éveille leur conscience à un mode de construction qui permet d’éviter le gaspillage de l’énergie et donc la détérioration climatique de notre planète. La qualité environnementale présente l’opportunité de réconcilier l’art et le métier dans l’architecture. Cette réflexion menée avec les élèves les éclaire sur la manière dont l’architecture peut contribuer au développement durable. C’est en effet par le choix des matériaux et leur mise en oeuvre, par la gestion de la consommation d’énergie et par sa portée sociale pour lutter contre l’isolement des individus, que le bâti agit sur l’environnement immédiat. Mais aussi par la valeur culturelle de sa qualité architecturale, qui, d’un simple logement au plan d’une métropole, joue sur notre manière d’être au monde et aux autres. Ainsi, la ville devient plus solidaire, plus humaine, plus innovante. C’est pour ces différentes raisons que nous souhaitons faire découvrir aux enfants les écoquartiers qui se construisent aux alentours de Nantes. Ces visites d’architecture amènent souvent les élèves à requestionner nos modes actuels d’habiter. Le développement durable s’inscrit progressivement dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. De plus, cette notion est maintenant inscrite au programme des élèves dans les paliers deux et trois du socle commun de compétences. Par ailleurs, pour que cette évolution soit fertile et bénéfique, chaque adulte a la responsabilité de transmettre aux jeunes générations les outils nécessaires pour comprendre le développement solidaire urbain et répondre à terme aux besoins, s’y référant sans affecter ceux des générations futures. Les structures de valorisation de l’architecture mettent en avant depuis longtemps l’importance de la sensibilisation à l’architecture et particulièrement la diffusion de cette culture dans le monde scolaire. Aujourd’hui, tout le monde semble désormais s’accorder pour affirmer que les actions de sensibilisation et l’acquisition d’une culture architecturale sont indispensables pour la construction identitaire et citoyenne de l’enfant, dès les premières années de sa scolarité. - 72 -
Conclusion Ces cinq mois de stage au sein de l’Ardepa ont vraiment été bénéfiques et m’ont comblée tant professionnellement qu’humainement parlant. La diversité de mes missions a été un élément particulièrement enrichissant, me permettant d’expérimenter la fonction de médiatrice culturelle sous des formes différentes et vis à vis de publics variés. J’ai beaucoup apprécié la complémentarité de ces actions de valorisation, alliant quotidiennement des temps de recherches, de la création plastique, de la communication visuelle et du contact avec le public. Les moments de rencontres avec les différents acteurs culturels et partenaires de l’Ardepa m’ont aussi beaucoup apporté, m’offrant de précieux conseils pour l’avenir. Cette expérience professionnelle a aussi été très formatrice, complétant les cours dispensés en Master VALPEC. Ainsi, j’ai découvert plus concrètement le fonctionnement d’une association de sensibilisation au patrimoine et les différents jeux d’acteurs qui lui sont liés. Les connaissances que j’ai acquises au premier semestre m’ont permis de réagir plus rapidement et plus efficacement au quotidien. De plus, de part mes recherches en construisant les visites, j’ai assimilé de nouvelles notions liées à la valorisation patrimoniale et élargit ma culture architecturale et artistique. D’ailleurs, je participe, cette année, une nouvelle fois, aux Journées Européennes du Patrimoines, comme médiatrice culturelle. Par ailleurs, cette période de stage a véritablement été un moment de vie fructueux dans le développement de projets personnels nouveaux. Ainsi, je suis maintenant pigiste pour la Revue Indépendante du Syndicat des Journalistes et écrivains et, parallèlement, j’ai réalisé un site internet personnel regroupant les travaux plastiques que j’ai entrepris depuis quatre ans (www.o-labo.fr). De plus, nous avons commencé, avec Camille, l’écriture d’un guide de découverte de l’architecture et de l’urbanisme à destination des six-douze ans, qui sera publié et diffusé dans les librairies courant 2013. De plus, dans le cadre de l’action culturelle Temps d’exposition, organisée par la Direction de la Culture de l’Université de Nantes, j’ai pu exposé une douzaine de photographies en noir et blanc. Cette exposition, Révéler la lumière22, a pris place à la bibliothèque universitaire Lettres et Sciences Sociales du mois de février au mois d’avril. La photographie est un médium intéressant en matière de valorisation du patrimoine architectural, c’est pourquoi cela été une riche opportunité. Ces différentes expériences, à la fois dans le cadre professionnel et personnel, confortent mon orientation dans la valorisation patrimoniale. Cela m’a conduit à me demander où s’arrêtait réellement la notion de patrimoine? Ce stage m’a fait prendre conscience que la ville dans sa globalité pouvait faire patrimoine, et qu’il était important de le faire découvrir à ses habitants. Passionnée par ces réflexions qui m’animent, je souhaite les prolonger au cours de ma deuxième année en Master VALPEC. Je suis d’ailleurs ravie de pouvoir continuer ce stage à l’Ardepa l’an prochain, afin de développer de nouvelles actions de sensibilisation et de valorisation patrimoniale. 22. Annexe 4 - 73 -
Bibliographie Livres BABELON (J-P.) et CHASTEL(André), La notion de patrimoine, Paris, Éditions Liana Levi, 1994 Bonard (Michèle) et Mix & remix, Environnement construit, Genève, édition Slep, 2006 Bouchier (Martine), 10 clés pour s’ouvrir à l’architecture, Paris, Archibooks + Sautereau éditeur, 2009 GOETZ (Benoît), MADEC (Philippe), Indéfition de l’architecture, Paris, Editions de la Vilette, 2009 Gutton (Philippe), Le jeu chez l’enfant, Paris, Éditions Greupp, 1989 LAMIZET (Bernard), La médiation culturelle, Paris, Éditions L’Harmattan, 1999 LINTZ (Yannick), Enfance de l’art : le patrimoine nous emballe, Revue TDC n°821, 2001 MADEC (Philippe) L’envie, Paris, coll. Essai d’architecture, Éditions de l’Epure, 1995 Mayerovitch (Harry), Cette architecture qui nous parle…et façonne notre monde, Montréal, Éditions Multimédia Robert Davies PACOT (Madeleine), J’étudie ma ville - Étude d’un milieu urbain, Liège, Éditions Desoer, 1938 Schneegans (Guy), 50 petites leçons d’architecture, Paris, Éditions Alternatives, 2008 Sicard (Mireille), Comprendre l’architecture, CNDP de l’Académie de Grenoble, 2001 Zevi (Bruno), Apprendre à voir l’architecture, Paris, Éditions de Minuit, 1959
Articles Couralet (Sylvie), Grandguillot (Alain), Nys (Philippe) La sensibilisation du jeune public à l’architecture, Ministère de la Culture et de la Communication, 2008 Derouet-Besson (M-C.) L’apport de l’École à la construction d’une culture architecturale en France, La revue de l’Inspection générale numéro 2, 2005 Guide Les architectes dans les classes, édité par l’Ordre des Architectes d’Ile de France, 2010 Guide méthodologique n°2, La sensibilisation des jeunes au patrimoine, édité par l’Alliance de Villes Européennes de Culture (A.V.E.C), 2004 - 74 -
Livres jeunesse Beaty (Andrea), Roberts (David), Iggy Peck l’architecte, Paris, Éditions Sarbacane, 2009 Boisrobert (Anouck), Rigaud (Louis) et Sorman (Joy), Popville, Paris, Éditions Hélium, 2009 Bertrand (Frédéric), Leblond (Michael), New York en Pyjarama, Paris, Éditions du Rouergue, 2011 Ducos (Max), Jeu de piste à Volubilis, Paris, éditions Sarbacane, 2006 Gironnay (Sophie), Thibault (Pierre), Philou, architecte et associés, Montréal, Éditions les 400 coups, 2008 Wilkinson (Phil), Les maisons du monde, coll. Les yeux de la découverte, Paris, Gallimard, 1995 Gallimard jeunesse, L’art de construire, coll. Les racines du savoir, Éditoriale Libraria, 1994
Sites internet Réseau Architecture & patrimoine du Ministère de la culture: www.culture.gouv.fr Les activités scolaires de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine : www.citechaillot.fr/activites.php Le portail Archipédagogie regroupe les structures d’actions de sensibilisation à l’architecture vis-à-vis du jeune public : www.archipedgagogie.org Réseau des maisons de l’architecture : www.ma.lereseau.org Une base de données du réseau des MA pour faire connaître les réalisations de l’architecture contemporaine : www.archicontemporaine.org Espace pédagogique de la Fédération nationale des CAUE : www.fncaue.fr Portail crée pour l’enseignement de l’Histoire des arts : www.histoiredesarts.culture.fr Portail interministériel de l’éducation artistique et culturelle : www.education.arts.culture.fr Réseau des villes et des pays d’art et d’histoire : www.vpah.culture.fr Le portail des lieux d’architecture en Europe : www.archireseau.archifr.eu Ressources du Centre National de Documentation Pédagogique: www.cndp.fr - 75 -
1.
Annexes
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Annexe 1/ Article dans nantes passion
© L’Ardepa © L’Ardepa
Recto du flyer
Verso du flyer
Annexe 2/ Flyer réalisé pour la 4ème édition de révéler la ville
Annexe 3/ Article publié dans le journal étudiant dédale
Annexe 4/ Exposition révéler la lumière
« La lumière est l’essence même de la photographie, alors pourquoi ne pas la célébrer ? Ici l’appareil photo se fait oublier pour nous laisser appréhender l’abstrait, l’irréel et développer tout un imaginaire. Parfois sans détour, la lumière révèle la matière architecturale ou organique, lui conférant alors une identité nouvelle et une échelle différente selon les points de vue. Effets de perspective ou impressions d’image sur un même plan, la lumière dévoile des contours, des formes et des matières sous un angle nouveau. » Texte de présentation de l’exposition
Architecture révélée
Graphismes
Escaliers imaginaires
Master 1 Valpec - Promotion 2011/2012