RAMBURES FRAGMENTS MUSIQUE DE PIERRE-DOMINIQUE DURIEZ TEXTES D’ANTOINE MAINE PHOTOS DE BENJAMIN TEISSEDRE
Que faisais-tu là Belle Paule si loin de la Garonne Ce n’était qu’une image de toi sur un mur de pierre une image du temps où tu étais l’émerveilleuse Que faisais-tu là dans ce pays de briques rouges avec ses moulins accroupis à l’arrière des étangs Avec le vent de mer qui le soir fait trembler les feuilles des peupliers dans le battement des siècles
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Dans cette chambre aux murs tapissés de sable fin s’éteignent les fleurs de lys On dirait des méduses échouées sur une plage Le temps a fané les ors érodé les contours usé les pointes Ne reste plus qu’un liseré de turquoise une frange luminescente que les grandes marées d’équinoxe délaveront infiniment jusqu’à la cendre
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C’est une ville de cheminées de tourelles et de toits pointus Y logent les blondes tourterelles et les tribus de choucas C’est une liesse d’oiseaux qui glisse d’aile en aile Mille plumes de gris et de noir mêlés emportés par un même vent Dans le ciel haut comme une falaise on entend parfois gueuler et l’on voit parfois passer les oies et les bernaches Elles traînent derrière elles l’hiver et ses jours de longue nuit
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Dans les tentures qui bordent ta couche se cachent les oiseaux et leurs ailes de lumière Les entends-tu dans cette nuit les oiseaux du lointain leurs voix ensoleillées leurs chants de canne à sucre et de fruits trop mûrs Au ciel de ton lit quand vient le dernier jour ils sont là à pleurer leur île naufragée
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Par la porte dérobée se glissaient les amants les amours les fidèles et les autres qui sont comme des roseaux que le vent agite Ceux d’une nuit aveugle ou ceux de toute la vie Par la porte dérobée ils rejoignaient les bois et le peuple des sangliers Au creux de leur poing encore un peu de la brume de ces yeux châtains C’est une porte refermée maintenant sur celle qui toujours attend
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Et l’on murmure ici à ceux qui sont partis les yeux grands ouverts les mains glacées les lèvres rongées déjà et les chairs blessées les os fatigués et leurs rêves percés Ni les étreintes dernières ni baisers ni prières rien ne sut les retenir Les cœurs ne battent plus dans les lits de craie
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Où es-tu Louise Amour Marie trois fois nommée pour la douceur Dans la vitrine de bois noir à l’abri de la poussière les coquillages les conques chantent encore les chants des hommes sombres chantent encore les rivages d’au-delà De cette mer qui est fille du même océan où croisent les anguilles De cette mer qui est cousine du channel qui donne au ciel d’ici son humeur métallique RAMBURES FRAGMENTS PAGE 17
Sous la couverture de marne et d’argile dorment dans le froid de la terre les tant belles marquises les seigneurs si fiers et leurs chiens avec Et les chats crevés et même un cheval nous disent les enfants avec leurs voix des secrets S’y avancent en silence les racines des tilleuls Contre les troncs moussus se pressent les amoureux enrobés dans leurs promesses Qui leur dira ce qui se meurt sous les jupes de la terre ? RAMBURES FRAGMENTS PAGE 18
Dans l’herbe haute un lièvre reposait ses oreilles longues couchées sur son dos On aurait voulu glisser nos doigts dans le pelage épais mais ne pas croiser non ne pas croiser la terreur qui en tous sens agitait ses prunelles On marchait dans l’ombre des hêtres à la peau de vieillard Les taches blanches des anémones éclairaient le sous-bois On se disait alors que la guerre avait changé de camp
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Sur une crédence image pieuse de la bienheureuse Thérèse celle de l’enfant Jésus avec ses deux grands yeux mouillés qui lui donnent l’air d’une héroïne de manga Accrochés au mur dans leurs cadres de bois s’amenuisent les portraits des défunts Dans un coin de silence l’oubli les guette il attend son heure l’heure promise
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RAMBURES FRAGMENTS MUSIQUE DE PIERRE-DOMINIQUE DURIEZ TEXTES D’ANTOINE MAINE PHOTOS DE BENJAMIN TEISSEDRE