éaCahiers du DSA v&t d’architecte-urbaniste 2012 – 2013
Vivre avec le risque La submersion marine à Gruissan
Antonin Amiot , Laura Fernandes Clémence Nicolas, Julien Romane
Vivre avec le risque La submersion marine à Gruissan Antonin Amiot Laura Fernandes Clémence Nicolas Julien Romane
Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2012 – 2013
Le point d’équilibre entre aménagement et risque
Territoire et risque « Le tremblement de terre du 11 mars 2011 au Japon et ses répercussions (tsunami, accident nucléaire) sont venus subitement nous rappeler la fragilité de notre environnement quotidien et la vulnérabilité de nos conditions d’habitat face aux risques. Cet épisode récent est à placer dans la liste des catastrophes majeures qui ont marqué l’histoire des risques par le changement de paradigme qu’elles ont opéré. En son temps, le grand tremblement de terre de Lisbonne de 1755 a marqué le passage d’une interprétation divine ou surnaturelle des catastrophes à une explication rationnelle des phénomènes en jeu. Cet événement est considéré comme la source des politiques de prévention des risques, constitués comme objets de connaissance, ouvrant la voie à une ère orientée vers l’horizon du risque zéro où le progrès technique et scientifique guiderait l’humanité vers un mieux. » (Valérie November, Marion Penelas, Pascal Viot (dir.), Habiter les territoires à risque, PPUR, 2011)
Ces dernières décennies ont vu les territoires plus que jamais confrontés à la problématique des risques naturels ou industriels. La prise en compte de ces risques s’est opérée par la mise en place d’un cadre législatif toujours plus précis, renforcé par des événements catastrophiques qui ont marqué les opinions publiques et les responsables politiques. Le risque, c’est « la possibilité, la probabilité d’un fait, d’un événement considéré comme un mal ou un dommage. » (Petit Larousse) Il est considéré comme majeur quand il se caractérise par deux critères : sa faible fréquence et sa gravité (victimes, dommages importants aux biens et à l’environnement). Un événement n’est en outre considéré comme un risque majeur que s’il s’applique à une zone où des enjeux humains, économiques ou environnementaux sont en présence. Face au risque, l’homme peut adopter trois attitudes : la fuite, la lutte ou l’accommodation. Les progrès techniques et scientifiques ainsi que le développement d’expertises spécialisées, ont appris à nos sociétés à apprivoiser le risque. Mais aujourd’hui, la volonté de maîtrise du territoire développée par l’homme moderne est de plus en plus sujette à caution. « Des risques que l’on pensait sous contrôle se révèlent
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récalcitrants, changent de forme, et réapparaissent de façon plus virulente, des territoires considérés comme sûrs s’avèrent moins hospitaliers qu’ils n’y paraissent. » (Valérie November, Marion Penelas, Pascal Viot (dir.), Habiter les territoires à risque, PPUR, 2011)
Les outils face au risque En effet, malgré les progrès accomplis, nous ne sommes toujours pas capables de nous prémunir contre les événements les plus graves et les moins fréquents. Les risques naturels restent une réalité dans notre pays. Les deux tiers des 36 000 communes françaises sont exposées à au moins un risque naturel dont 15 000 aux inondations et 7 000 aux mouvements de terrains. Le risque sismique concerne 24 000 communes et 5 000 sont menacées par les feux de forêts. Pour ces raisons, la prévention contre les risques naturels est une priorité de l’État. En effet, contrairement aux risques technologiques pour lesquels la première priorité est la réduction du risque à la source, les phénomènes à l’origine des risques naturels ne peuvent être évités et l’enjeu consiste dès lors à s’adapter à ces phénomènes pour réduire autant que possible leurs conséquences. La politique de prévention vise tout d’abord à réduire les conséquences des dommages potentiels en amont ; elle est complémentaire à la politique de protection civile qui permet de gérer la crise (du ressort du Ministère de l’Intérieur) et s’articule avec la politique d’indemnisation des dommages. L’État élabore ainsi en association avec les collectivités des plans de prévention des risques (PPR). Les communes se dotent de plans communaux de sauvegarde, rendus obligatoires en présence d’un plan de prévention des risques. En application du Code de l’environnement, le maire informe sa population sur les risques et élabore un Document d’information communal sur les risques majeurs. Dans le cadre de la prévention des inondations, la commune inventorie les repères de crue et matérialise les niveaux atteints par les crues historiques, les nouvelles crues ou les submersions marines. D’autres dispositions consistent ensuite à intégrer les risques dans l’aménagement. Ainsi, la commune, ou l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) auquel elle a délégué sa compétence, doit prendre en compte les risques en matière de planification tandis que le maire peut être amené à refuser un permis de construire ou ne l’accorder que sous conditions particulières lorsque le terrain est exposé à un risque. 6
Le risque de submersion marine « Le littoral correspond à l’interface où se croisent la lithosphère et l’hydrosphère marine. Sa position connaît des modifications en liaison avec le va-et-vient de la marée et le déferlement des vagues, mais on peut définir un niveau moyen de la mer, de marée nulle et sans vague, qui semble fixe et auquel on se réfère pour mesurer l’altitude d’un point de la surface d’un continent. En réalité, ce niveau marin, outre des oscillations de courtes durée, est affecté par des variations à long terme dont la connaissance est indispensable pour comprendre la morphologie et l’évolution des littoraux. » (Roland Paskoff, Les littoraux : impact des aménagements sur leur évolution, ?)
Véritable «interface», le littoral n’est pas une simple ligne physique et administrative définie par un trait de côte qui séparerait la mer de la terre. Lors des tempêtes Lothar, Martin, Klaus, Xynthia et Joachim, la mer est venue envahir les terres conquises par l’homme. L’oubli de ces phénomènes peut s’avérer fatal, surtout dans les territoires gagnés sur la mer, où l’altitude oscille entre 0 et + 2 mètres. Au XXe siècle le niveau moyen des océans s’est élevé de 18 cm, soit 1,80 mm/an. Depuis 1993 cette élévation s’est accélérée : on estime en effet qu’aujourd’hui, la mer monte de 3,30 mm/ an. D’ici la fin du siècle (horizon 2100) le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une élévation de 0,80 à 1,00 m. Cette élévation n’est pas sans conséquences pour les sociétés implantées sur le littoral. En effet, la montée des eaux associée aux aléas climatiques que l’on connaît aujourd’hui pourrait avoir une répercussion non négligeable sur les littoraux. Le changement climatique pose la question de l’accès aux ressources et celle de l’aménagement du territoire. On assiste déjà à des mouvements de populations, aux Maldives par exemple, où de nombreuses îles et certains villages sont engloutis par les eaux. D’aucuns considèrent que ses conséquences provoquent d’ores et déjà l’apparition d’une nouvelle classe de réfugiés : les réfugiés climatiques. Plus localement, en 2010, la tempête Xynthia a fortement impacté les littoraux vendéens et charentais, inondant plusieurs centaines d’habitations, provoquant la mort de 53 personnes ainsi que 2,3 milliards de dommages immédiats. Cet événement non isolé questionne la façon d’occuper et de développer ces territoires exposés au risque de submersion marine.
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« Dans son rapport sur le coût des impacts du réchauffement climatique de septembre 2011, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) chiffrait à plusieurs dizaines de milliards d’euros d’ici 2100, la destruction de logements causée par le recul de la côte (érosion ou submersion marine) pour la seule région Languedoc-Roussillon ! Solution envisagée par l’Onerc : construire en retrait des côtes. Mais les communes littorales soumises à de très fortes pressions résidentielles et touristiques l’entendront-elles de cette oreille ? »
« Les risques liés aux submersions marines ou à l’érosion côtière sont aujourd’hui en France grandissants du fait de l’installation croissante des populations en zones côtières. La population permanente des communes littorales métropolitaines était de 6,1 millions de personnes au 1er janvier 2006. Cela représente 9,9 % de la population totale sur environ 4 % du territoire, cette part étant sensiblement la même depuis le début des années 80. À ce chiffre s’ajoute la capacité d’accueil touristique importante de ces zones (résidences secondaires, campings et hôtels) estimée à plus de 7 millions de lits. »
(Victor Roux-Goeke, Actu-Environnement, publié le 03/03/2010)
(Les risques littoraux / 12 mars 2010, mis à jour le 17 janvier 2011 - Prévention des risques par le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie)
La mémoire du risque Jusqu’au XVIIIe siècle, en Europe, la catastrophe naturelle était vécue comme une expression du divin sur terre et faisait donc appel à l’imaginaire. Ceci étant l’homme à toujours habité les territoires à risques et a su s’adapter à la contrainte. Dans une ville comme Gruissan (Golfe du Lion, France), les anciens racontent que les coups de mer hivernaux qui inondaient le village était perçus comme un amusement («on sortait les barques pour aller à l’école...» racontent certains). Par ailleurs les maisons du bourg ancien sont équipées de batardeaux pour prévenir l’inondation du rez-de-chaussée. Mais aujourd’hui, la science et la technique permettent de mieux comprendre les phénomènes climatiques. Il est donc plus aisé d’anticiper les tempêtes. D’autre part cette perception contemporaine de l’événement tend à minorer voire à faire oublier la notion de risque associé à un territoire. Après chaque nouvelle tempête on tente d’effacer les stigmates laissés par la catastrophe, altérant ainsi la mémoire de l’aléa climatique. Le phénomène de submersion n’est pourtant pas nouveau. En s’installant dans des zones inondables protégées par un système de défense contre la mer, l’homme s’est rendu vulnérable à l’événement climatique. De plus en plus de régions littorales dans le monde s’exposent à un risque de submersion marine imminent. Cela est dû au fait de leur implantation à proximité de l’océan (<1 km du rivage) et à une altitude comprise entre 0 et 10 m au dessus du niveau de la mer. On pense en premier lieu aux Pays-Bas dont un quart du territoire est situé sous le niveau de la mer. Mais d’autre exemple viennent illustrer le propos, comme les îles Maldives, Venise, Bangkok, la Nouvelle Orléans. Malgré le risque, on constate une tendance à l’accumulation des populations sur ces littoraux sensibles.
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Les pressions qui s’exercent sur nos littoraux sont multiples. Mais on retient le tourisme balnéaire comme première cause de destruction des littoraux : destruction des zones humides, des massifs dunaires, etc. La liste pourrait être longue. Ceci étant il ne s’agit pas d’aborder un discours préservationniste, mais il semble évident qu’au cours du XXe siècle, l’homme a clairement modifié les littoraux jusque là épargnés. L’imperméabilisation du trait de côte perçu alors comme simple zone de contact entre terre et mer acculture les sociétés littorales et inhibe progressivement la perception du fonctionnement littoral et donc du risque. Vers quoi ces sociétés veulent tendre ? Une maîtrise et une artificialisation du littoral comme à Dubaï, ou un retour à un fonctionnement littoral conscient des risques inhérents à ces territoires ?
Quelles attitudes face au changement ? Dans le cas de paysages artificialisés, c’est-à-dire fabriqués par l’action et le travail de l’homme, la force naturelle s’impose souvent spontanément et brutalement. Ainsi, les paysages du littoral du Golfe du Lion dans le sud de la France sont des territoires qui subiront de plus en plus fréquemment les aléas du changement climatique. C’est jusqu’à présent par la mise en place d’un réseau de digues que l’homme entend se défendre de la mer et protéger les cultures, l’habitat et les ports des risques de submersion marine. Or ce paysage nécessite des investissements coûteux pour les collectivités territoriales. Xynthia, dernière catastrophe en date, doit servir de modèle dans l’approche des territoires à risque de demain. Cet événement nous a rappelé cette cohabitation que l’on a avec la mer et finalement l’oubli d’une menace probable. Comment retrouver cette relation à travers le projet urbain ?
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Comment garder la mémoire de l’événement dans un projet d’aménagement durable ? Peut-on concilier l’habitat, l’agriculture, le tourisme, l’environnement avec la submersion marine et la montée des eaux ? Plus généralement, plutôt que de lutter contre le risque, ne faudrait-il pas s’y adapter et vivre avec la menace ? Nous pensons en effet qu’il ne faut pas aménager contre le risque mais plutôt aménager avec le risque. Nous proposons donc de passer d’une attitude de résistance face au risque à celle d’une compréhension et d’une accomodation.
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Sommaire
I
Le point d’équilibre entre aménagement et risque
II
La commande
III
Un paysage façonné par l’eau L’évolution du littoral gruissanais L’anthropisation du littoral
IV
Le risque potentiel et le potentiel du risque Le fonctionnement hydraulique du littoral Audois Le Plan de prévention des risques littoraux Cartographie des aléas : une lecture qui fait projet
V
10 attentions pour 3 situations La cité lacustre L’ Archipel La route digue 332
VI
La recherche d’un modèle dynamique
VII Conclusion
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la commande
La commande La Direction départementale des territoires et de la mer de l’Aude (DDTM 11), attentive au développement des collectivités littorales situées en zone de submersion marine, trouve à travers la ville de Gruissan un site d’expérimentation urbaine, où développer une nouvelle approche de l’aménagement pour se prémunir du risque. En parallèle, la commune de Gruissan, soucieuse de conduire un urbanisme de qualité dans les prochaines années, souhaite faire évoluer les derniers terrains de sa ville de façon contextuelle et économe.
DDTM AUDE
+
Ville de Gruissan
?
=
L’enjeu de cette double commande confiée au DSA d’architecte-urbaniste est d’apporter des réponses en terme d’aménagement ainsi qu’une stratégie d’adaptation face au risque de submersion marine. Il s’agit de réfléchir aux conditions d’une véritable résilience urbaine, dans le sens où la ville serait capable d’anticiper et de s’adapter au risque de submersion. Cette étude a pour origine les questionnements autour de secteurs problématiques dont certains contraints par le PPRL : - le site de Mateille offre un potentiel foncier constructible hors zone à risque mais est aujourd’hui occupé par un complexe sportif et une zone d’activité commerciale; - les Quatre Vents est une aire d’accueil de camping-car sur laquelle la ville souhaite développer une nouvelle offre d’hébergements touristiques, mais le secteur est contraint par le PPRL ; - les Ayguades est susceptible d’accueillir un projet d’installations touristiques mais est aussi contraint par le PPRL. Les problématiques urbaines confrontées aux risques révèlent la complexité de ce territoire (économie, géographie, écologie, météorologie...). Ainsi, l’échelle de l’étude a été étendue au-delà des limites communales pour interroger un socle cohérent : celui de la géomorphologie. Ce faisant, chaque proposition est à considérer comme une attention à une situation singulière trouvant un équilibre entre aménagement et attitude face au risque. Les sites proposés dans la commande initiale sont donc intégrés à un ensemble de propositions qui tentent de développer un urbanisme qui intègre le risque de submersion marine.
0 Le littoral du golfe du Lion, une imbrication de zones humides
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10 Km
N
Cette étude exprime le besoin de rendre perceptible le paysage de Gruissan et les propositions de projet tentent d’anticiper son devenir face au risque. Nous avons tenté d’apporter une lisibilité à ce territoire imbriqué.
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Gruissan : entre mer, lagunes et massifs calcaires
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aire des Quatre Vents
secteur de Mateille
secteur des Ayguades
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Un paysage façonné par l’eau
L’évolution du littoral gruissanais Le littoral audois tel qu’il apparaît aujourd’hui résulte d’une tranformation longue qui s’inscrit dans des temps géologiques. Ainsi à l’époque romaine, Narbonne était un port, le massif de la Clape un rivage et Gruissan un chapelet d’îles. Avec le retrait progressif de la mer, on découvre le cour de l’Aude qui est venue sédimenter les lagunes et qui a fabriqué au cours du temps une diversité de milieux qui témoignent de la qualité et de la beauté des paysages gruissanais.
peut-être un sentiment de domination sur la force naturelle. Cet oubli de la menace se traduit sous différentes formes dans l’aménagement à Gruissan : l’occupation des rez-dechaussée des chalets sur pilotis ou l’installation d’une zone pavillonnaire sur l’île artificielle des Ayguades. Ces aménagements littoraux transforment le paysage originel, et notamment la formation du lido constituant une protection naturelle contre les coups de mer. En construisant sur les plages, le système régulateur et autonome des dunes disparaît, remplacé par des digues.
De la mer au massif calcaire de la Clape, on distingue successivement les plages, les prés salés, les étangs ou lagunes, les piémonts des pechs et les montagnes. L’ensemble de ces milieux constituent l’épaisseur du littoral qui a surtout évolué dans la seconde moitié du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, Gruissan n’est encore qu’un village de pêcheurs installé autour du pech sous la forme d’une circulade au pied de l’étang de Gruissan. Le littoral n’est pas aménagé, on trouve seulement quelques « baraques » sur la plage. À cette époque les inondations atteignent régulièrement la circulade sans toutefois perturber la vie des gens. Dans les années 1970, avec le développement du tourisme balnéaire, les baraques installées sur la plage sont transformées en chalets sur pilotis qui permettent de résister aux inondations hivernales (coups de mer). Plus tard le tourisme balnéaire en Languedoc-Roussillon va imposer de nouveaux projets portés par la mission inter-ministérielle Racine. À Gruissan, c’est l’étang du Grazel qui va être remodelé pour accueillir un port de plaisance autour duquel s’installe une architecture singulière connue sous le nom de « dromadaires ». Les opérations urbaines qui vont suivre perdent progressivement ce rapport à l’eau. La pression foncière exercée par le tourisme balnéaire transforme le paysage urbain de Gruissan. La ville développe un ensemble d’ouvrages de défense constitué de digues et de batardeaux qui protègent la ville des inondations. Cet « éloignement » progressif par rapport à l’eau se retrouve aussi dans la culture locale. Gruissan n’est plus vraiment un village de marins. La ville accueille une autre population, plutôt venue chercher le calme et la beauté des paysages littoraux. La perception du risque s’amenuise : l’installation des digues, des batardeaux, des jetées établit un climat de confiance et
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Un paysage façonné par l’eau
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Narbonne
Gruissan
N 0 Km
Le littoral audois à l’époque romaine
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N
3 Km
0 Km
3 Km
Le littoral audois au XIXe siècle
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Un paysage façonné par l’eau
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Armissan Narbonne
St-Pierre-la-Mer
Narbonne Montagne de la Clape
Narbonne-Plage
Bages Étang de Mateille Mer, étang au dessus de 5 m Étang de Gruissan
Étang de Grazel Mer de 5 à 10 m
Étang de Campignol
Mer au dessous de 10m
Gruissan
Étang de Bages-Sigean Canal de Grazel
Canal, rivière
Plage ou lido
Peyriac-de-Mer
Prés salés
Golfe du Lion
Étang de la Sèche Étang de l’Ayrolle
Zone humide saumâtre
Zone humide cultivée
Étang du Chariot Grau de la Vieille Nouvelle
Marais salants
Ancien cordon dunaire
Sigean
N
La Berre
0 Km
3 Km
Cartographie des milieux du littoral gruissanais
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La plage de Mateille
L’étang de Bages et Sigean
Le massif dunaire de Mateille
Le sentier du Golfe Antique sur l’île Sainte Lucie
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Les salins de l’île Saint-Martin
Le près salé autour de l’étang de Grazel
Les vignes de Foncaude avec l’étang de Gruissan
Le massif de la Clape
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Anthropisation du littoral
Évolution du littoral audois : 1946
Évolution du littoral audois : 1968
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plage
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dune mobile
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dune fixe
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plage
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dune mobile
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Un paysage façonné par l’eau
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dune fixe
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zone humide
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Évolution du littoral audois : 1980
Évolution du littoral audois : 2013
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zone humide
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dune mobile
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zone humide
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Un paysage façonné par l’eau
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La Circulade : le centre historique construit autour d’un pech (massif calcaire).
« Les Dromadaires » : les résidences estivales de l’opération Racine
La plage des Chalets
Les Ayguades : un lotissement sur remblais
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Un paysage façonné par l’eau
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
Fonctionnement hydraulique du littoral audois
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Le risque d’inondation sur la commune de Gruissan est lié d’une part à des pluies importantes associées aux orages cévénols en été et d’autre part aux coups de mer hivernaux provoqués par des vents violents venus de la mer.
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• En cas de crue de l’Aude, les débordements dans les basses plaines se propagent dans les étangs de la commune le long du chenal de Narbonne.
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• En cas d’événements pluvio-orageux locaux, les cours d’eau qui descendent du massif de la Clape ainsi que le réseau pluvial communal peuvent entraîner des débordements.
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• En cas de vent marin et de houles importantes, il existe un risque de franchissement des eaux à travers le cordon dunaire et les ouvrages techniques qui vont se déverser dans les étangs de la commune.
1. cours d’eau temporaires 2. massif calcaire (Clape) 3. piémont (ancien trait de côte) 4. lido (système dunaire) 5. trait de côte actuel 6. massif calcaire («Pech») 7. lagune 8. grau
La submersion marine est définie comme « une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques (forte dépression et vent de mer) et marégraphiques sévères » 1
(guide méthodologique des PPR littoraux,1997)
C’est un phénomène brutal, de courte durée, qui se produit de manière périodique et qui s’aggravera avec les effets du changement climatique. Cette invasion par des eaux salées est particulièrement dommageable pour les biens bâtis ou non bâtis et contribue au recul du trait de côte. Cette zone tant sollicitée se trouve aujourd’hui fragilisée et menacée par les aléas naturels et l’urbanisation croissante.
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6 4
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1. précipitations (épisodes cévénols) 2. débordement des cours d’eau 3. dépression atmosphérique 4. gonflement de la lagune 5. élévation du niveau de la mer 6. vagues submersives
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
Le risque potentiel et le potentiel du risque
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Plage des Ayguades
Plage des Ayguades submergée
La plage des Ayguades par temps calme
Coup de mer des 5 et 6/03/2013 : + 0,58 m en 15h
Le secteur des Ayguades est une île artificielle construite sur les plages et les dunes. Par temps calme, les lotissements édifiés aux bord de la plage, tout comme les campings, bénéficient d’une situation inédite face à la mer. Tout de même averti de cette mauvaise implantation, ceux-ci sont protégés par des enrochements importants.
Par coup de mer, la plage des Ayguades est totalement submergée. Les enrochements empêche l’eau de s’écouler de façon naturelle menaçant les propriétaires de ces pavillons.
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Berge enrochée de l’aire des Quatre Vents
Berge enrochée de l’aire des Quatre Vents submergée
L’ aire des 4 Vents par temps calme
Coup de mer du 5 et 6/03/2013 : + 0,58 m en 15h
L’aire des Quatre Vents aménagée lors de la mission Racine possède elle aussi un enrochement. Celui-ci doit protéger de la houle les équipements publics ainsi que le port de plaisance.
Par coup de mer, l’eau bute sur les enrochements atteignant un seuil proche de la submersion.
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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source : http://gruissan.blogs.lindependant.com
Le port de Gruissan submergé
D32 innondée
source : http://gruissan.blogs.lindependant.com
Coup de mer des 5 et 6 mars 2013 : + 0,58 m en 15h
Coup de mer des 5 et 6 mars 2013 : + 0,58 m en 15h
L ’eau bute sur le quai, inondant quasiment la promenade littorale.
La départementale signalée en chaussée inondable est totalement inondée. C’est un ouvrage résistant. En dehors de la signalétique, quel aménagement est fait ?
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Le Plan de prévention des risques littoraux Le changement climatique et l’anthropisation du littoral accentuent le risque de submersion marine sur l’ensemble des côtes. Malgré l’élévation en cours du niveau des mers, l’attractivité du littoral ne décroît pas malgré la connaissance du risque. Ce risque aggravera dans les années à venir les enjeux liés à la submersion marine, parmi lesquels le danger pour les vies humaines, comme l’a malheureusement illustré l’actualité (la tempête Xynthia en 2010), mais aussi la question de la propriété des biens et des terres submergées. Pendant des siècles, l’Homme a édifié des ouvrages de défense contre la mer afin de gagner des terres et se protéger. Mais on observe aujourd’hui un changement dans les politiques de lutte contre les submersions marines. On observe également une volonté de maîtriser l’urbanisation à travers les politiques de prévention des risques naturels qui se heurtent néanmoins le plus souvent à la pression foncière présente sur l’ensemble du littoral. Ces politiques se traduisent par l’incitation à la mise en place de Plans de prévention des risques littoraux (PPRL), mais aussi des mesures de recul de l’urbanisation dans les zones fortement exposées au risque. Il existe trois principaux types de zones d’aléas : • dans les zones classées rouges, toute nouvelle construction est interdite car elle présente un risque élevé pour les individus. • dans les zones bleues, d’aléa moyen, le permis de construire est soumis à des conditions particulières. • au-delà de ces zones aucun danger lié à l’inondation n’est à signaler.
Xynthia : une tempête catastrophique • 53 victimes • 2,5 Mds d’Euros de dommages immédiats • 6 000 maisons sinistrées • 52 000 ha de terres inondées par la mer • Plus de 200 km de digues à reconstruire
©R.Duvigneau/Reuters
La cartographie du risque de submersion marine est basée sur la prise en compte d’un aléa centennal. • l’aléa de référence à prendre en compte est un niveau de mer centennal de +2 m (NGF). Cette délimitation intègre des données morphologiques (ligne topographique définie sur les cartes réglementaires) et historiques (zone constatée inondée par le passé). • la hauteur de l’eau : un seuil supérieur à 0,5 m (NGF) est retenu pour considérer l’aléa comme fort. En croisant ces deux paramètres, l’aléa est qualifié de fort ou modéré suivant les zones. Le PPRL élaboré à Gruissan, même s’il n’est pas encore approuvé, révèle la géographie du risque, soit un archipel susceptible d’être inondé. L’image du territoire que cette cartographie dévoile est la base de notre réflexion, et nous amène à élaborer un urbanisme qui intègre le risque de submersion, soit un urbanisme résilient.
Inondations à La Faute-sur-Mer en février 2010
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
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0 Km Les ouvrages de défense du littoral
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Le risque potentiel et le potentiel du risque
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(source DDTM 11)
Zone soumise à l’action mécanique des vagues Aléas 1 : Zone submergée à plus de 0,50 m
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Aléas 2 : Zone submergée à moins de 0,50 m Carte du PPRL 2100
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
Le risque potentiel et le potentiel du risque
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Cartographie des aléas : une lecture qui fait projet Intégrer les risques au sein même de la ville n’a pas été, au cours du temps, l’option choisie naturellement par les aménageurs. Aujourd’hui, la réponse technique et les protections actives connaissent leurs limites. Si l’homme a mis de côté la géographie, il est désormais indispensable de repenser la relation entre le risque et le territoire et de réapprendre à lire la géographie afin de pouvoir identifier le risque, de l’anticiper et de se préparer à vivre avec. Il faut mesurer son impact sur le territoire et sa capacité non pas de résistance, mais de résilience, c’est-à-dire sa capacité à absorber le changement et à persister au delà de la perturbation.
La cité lacustre
La prise en compte du risque par les collectivités ne doit pas être vécue comme un frein à leur développement économique et urbain mais bien comme la reconnaissance de la vulnérabilité de leur territoire et donc d’une géographie littorale particulière. Nous interprétons la cartographie des aléas comme l’image mentale de la fragilité de ce site. Ainsi la définition du PRRL à Gruissan n’est que la reconnaissance d’une ville originellement construite autour d’îles formant un archipel émergeant d’un ensemble de zones humides régulièrement recouvertes par la mer en période de tempête. L’identification de cette géomorphologie doit amener à un changement de regard. L’aménagement de la ville, s’il se veut durable doit intégrer le risque. Ainsi, l’exposition de cette ville aux submersions marines définit d’elle-même une stratégie d’aménagement et de développement. L’archipel
Nous définissons Gruissan comme un « archipel » entouré d’une « cité lacustre » et traversée par une infrastructure hors d’eau. Cette schématisation de la morphologie de ce site permet de développer des interventions en relation directe avec ces trois situations : • La « cité lacustre », qui rassemble les zones inondables situées autour des étangs de Mateille et de Grazel. La plage des chalets est notament une image très forte dans la commune. • « L’archipel », qui correspond aux parties « hors d’eau » de la ville, secteurs les plus urbanisés construits autour de massifs calcaires, les anciennes îles nommées « pech » dont les franges sont inondables. • La route « digue » 332, qui traverse cet ensemble et joue le rôle de tenseur entre ces différents paysages.
La route digue 332
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
Le risque potentiel et le potentiel du risque
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3
4
8
2 5
7
1
6
1 Km
N
0 Km Une relation singulière à l’eau
1
58
2
3
4
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
5
Le risque potentiel et le potentiel du risque
6
7
8
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10 attentions pour 3 situations
10
3
5
2
6 7
4
9
8
1
Localisation des 10 interventions À l’intérieur de ces trois situations nous avons développé une série d’interventions pour mesurer, observer et mémoriser la submersion. La suite de cette étude présente dans l’ordre ces 10 interventions.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
La cité lacustre
10 attentions pour 3 situations
L’ archipel
1 Km
N
0 Km
La route digue 332
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1re situation
La cité Lacustre les quatre vents
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
les chalets
10 attentions pour 3 situations
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La plage des chalets : rétablir la conscience du risque La situation de la cité lacustre s’illustre dans un premier temps par le quartier des chalets, rendu célèbre par le film 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix en 1986. L’opération implantée sur le lido (la plage) s’est développée sur pilotis pour résister aux inondations hivernales, offrant les qualités d’une ville suspendue tout en gardant des orientations à 45 degrés pour avoir un maximum de vues sur la mer. Depuis, une digue a été installée le long de la plage. Cet ouvrage de résistance participe à l’oubli du risque de la part des habitants qui, croyant maîtriser les aléas, ont investi les rez-de-chaussée des chalets. De plus, la présence de digues peut même accroître la vulnérabilité des lieux protégés car ces ouvrages n’ont généralement pas été conçus pour résister à des crues exceptionnelles ou extrêmes. L’enjeu aujourd’hui est de pouvoir rétablir cette conscience du territoire naturel et des risques auxquels sont confrontés ses habitants. Afin d’y parvenir, il est important de rétablir une circulation naturelle de l’eau en favorisant la restauration du système dunaire initialement présent sur le site. Le retour des dunes permettra d’absorber l’énergie de la houle. Elles n’empêcheront pas la submersion mais la ralentiront. Il existe déjà une accumulation de sable le long de la digue qui est régulièrement balayée. À l’inverse, nous proposons d’encourager cette re-colonisation du sable par la mise en place de cages à sable en ganivelles permettant de retenir celui-ci jusqu’à reformer une dune. Il ne s’agit pas de détruire la digue mais de s’en servir comme point dur pour venir fixer le sable de part et d’autre et conserver la promenade linéaire. Cette technique a pour but de rétablir l’équilibre du lido et de lutter contre l’érosion du trait de côte. Cette restauration du système dunaire et de la gestion hydraulique naturelle implique de réfléchir à l’architecture des chalets et de sa réadaptation face au risque d’inondation. La construction des rez-de-chaussée témoigne du manque de surface qu’offre la typologie des chalets. Nous avons donc imaginé plusieurs possibilités d’extensions pouvant répondre aux besoins des chalotins. Ces interventions sont également l’occasion d’apporter des solutions techniques énergétiques en cas de crise pour garantir une autonomie des logements durant l’inondation et après l’événement.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Les premiers chalets dans les années 1930
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Les chalets à l’époque du film 37°2 le matin
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Le secteur des chalets en zone de submersion dâ&#x20AC;&#x2122;alĂŠas fort (< 0,5 m)
10 9 7 3 1
4
6
5
8
5
2
Description d’un systèmes dunaire : dispositif naturel de prévention de la submersion marine 1. laisse de mer 2. plage 3. dune blanche : mobile 4. dune grise 5. dune noire : fixe 6. pré salé 7. lagune (ex : étang de Grazel) 8. ancien cordon 9. zone humide 10. cours d’eau ou canaux 11. la Clape
Le massif dunaire de Mateille
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Des dunes reconstituées, système de cages à sable à l’embouchure de l’Aude
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
73
1
2
3
4
La reconstruction du cordon dunaire sur la digue : situation normale
La reconstruction du cordon dunaire sur la digue : situation submergée
1. chalets 2. massif dunaire 3. plages 4. mer Méditerranée
3
2
1
Un quartier suspendu, les pilotis dans l’eau
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
75
1
4 2
5
1 2
5
3
4
3
Les agrandissements des chalets sur pilotis pluôt qu’en RDC
La dune fixe offre un parcours vers la plage 1. chalets 2. massif dunaire 3. plages 4. ancien parking 5. ancienne digue
1. chalets 2. extension suspendue 3. passage 4. ancienne digue 5. fil d’eau
La digue est utilisée comme point dur de la recontruction du massif dunaire
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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La promenade littorale existante
La reconstruction du massif dunaire
La fin de la résistance Aujourd’hui le bord de plage est composé d’une promenade littorale sur digue. Le sable se dépose le long du muret et est régulièrement balayé. Le site résiste à la mer, au sable et au vent. En cas de submersion la digue fait office de barrage brutal. En cas de rupture la zone habitable est rapidement submergée. L’inondation peut entrainer des dégâts humains et matériels importants si aucun dispositif n’est prévu. Tout est basé sur la résistance de la digue.
Maintenir les traces Nous proposons de rétablir un massif dunaire greffé à la digue (point dur de la dune). Ce système absorbe l’énergie de la houle mais n’empêche pas la submersion. La régénération des dunes permet le maintien pérenne des plages et la qualité d’un paysage littoral endémique du territoire audois.
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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État initial avec les RDC construits
Une densification sur pilotis
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Un intérieur d’îlot de chalets existants : densification par les rez-de-chaussée
Rétablir la transparence hydraulique et visuelle
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Projection des extensions des chalets par coup de mer
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Vivre avec le risque â&#x20AC;&#x201C; La submersion marine Ă Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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L’aire des quatres vents : des nouvelles typologies en zones inondables L’aire des quatre vents appartient elle aussi à ce que nous nommons « la cité lacustre ». Construite lors de la Mission Racine comme port de plaisance, cette avancée artificielle sur l’eau est directement confrontée à l’action mécanique des vagues. Malgré ce risque, les logements d’accueil de la gendarmerie ainsi que des équipements publics y sont implantés. Cette aire est également une station de campings. Le PPRL classe la zone en aléa 1 (hauteur d’eau supérieure à 0,5 m). Paradoxalement, la commune projette de transformer cette aire en complexe hôtelier pour renforcer son attrait touristique. Construire au dessus du parking est une solution qui concilie les volontés de la mairie et la réglementation définie par l’État : • L’usage du sol reste inchangé, le parking devient même une trame sur laquelle se calent les pilotis de trois mètres de hauteur, laissant apparente la transparence hydraulique et visuelle perdu dans le quartier des chalets. • Les logements sur pilotis se situent donc hors d’eau. Pensés comme un complexe collectif, ces logements sont saisonniers et donc habitables seulement en période de temps calme. Cependant, une passerelle commune lie les logements entre eux. Ainsi celle-ci devient un moyen d’évacuation par tempête. Cette solution peu consommatrice d’espace permet d’une part de s’exposer le moins possible aux aléas et fait d’autre part de cette avancée un lieu d’expérimentation et donc de sensibilisation auprès de la population. La promenade du port se ponctue par un site « vivant » avec le risque bordé de mobilier submersible, d’habitats flottants, d’éoliennes, etc.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Le secteur des quatre vents en zone de submersion dâ&#x20AC;&#x2122;alĂŠas fort (< 0,5 m)
1
4
1 5
2
1
3
L’aire des quatre vents et la promenade portuaire
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1. Promenade littorale 2. Aire des quatre vents
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
3. Logements de gendarmes + crèche 4. Résidences estivales (« les dromadaires ») 5. Projet : collectifs sur pilotis
10 attentions pour trois situations
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L’Aire des Quatre vents est perçue comme une placette expérimentale Habitat amphibie, maison flottante, mobilier flottant, éolienne à vis-sans-fin, accumulateur électrique insubmersible sont exposés et viennent animer l’esplanade artificielle. Ces recherches participent à la mise en place d’un service technique spécialisé et doivent s’accompagner de campagnes de sensibilisation au risque de submersion et d’exercices d’évacuation avec la population locale et saisonnière.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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5
4
3
6 2 1
Petit collectif de logements saisonniers
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1. Aire des quatre vents 2. Espace public sur pilotis
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
3. Espace collectif et passerelle d’évacuation 4. Logements saisonniers 5. Accueil et restaurant 6. Parking
10 attentions pour 3 situations
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Les logements saisonniers sont implantés sur l’emprise du parking entre les deux ports
Situation en cas d’innondation
En cas de tempête la desserte devient une passerelle d’évacuation depuis l’esplanade portuaire
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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La colonnade des dromadaires le long de la promenade du port continue sur le parking
Une passerelle commune permet une éventuelle évacuation.
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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2e situation
L’archipel Pech Barberousse
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Pech des Moulins
Pech Maynaud
La Clape
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
Les Ayguades
10 attentions pour 3 situations
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Les résidences estivales du centre ville : entre port et pech L’île du Pech Maynaud appartient à l’archipel qui caractérise la commune de Gruissan, il s’agit d’un secteur hors d’eau en grande partie urbanisé qui regroupe une diversité d’architectures d’époques différentes. Cette île renferme encore des terrains non construits qui offrent de véritables opportunités pour construire la ville sur la ville avant de vouloir l’étendre. L’opération qui a vu le jour avec la mission Racine dessine autour du port un front de mer composé d’un ensemble architectural singulier surnommé les « dromadaires ». Ces résidences estivales répondent à l’afflux touristique qui anime la ville durant la pleine saison, elles dessinent une façade maritime mais laissent de nombreux résidus de parking le long d’un axe majeur de la ville entre port et pech Maynaud. Le Pech est un monument géographique qui ponctue la ville et nous rappelle que ce territoire ne se caractérise pas seulement par son littoral mais aussi par ses massifs. L’enjeu ici est de reconsidérer l’épaisseur entre port et pech et de tourner la ville vers le pech. La première étape consiste à rassembler les stationnements dans un parking silo. En libérant de nouveaux espaces fonciers le long du boulevard, les logements dromadaires peuvent bénéficier d’extensions et de réhabilitations et ainsi devenir des logements de plus grandes tailles et habitables à l’année. Les espaces désormais libres face au pech peuvent accueillir de nouveaux logements venant ponctuer le boulevard et souligner les axes transversaux reliant le port au pech Maynaud.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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5
2 1
3 1
3
4 L’opération Racine : la formation d’une façade portuaire 1. Résidences saisonnières « les dromadaires » 2. Poches de stationnements 3. Boulevard du Pech Maynaud 4. Pech Maynaud 5.Port
Les dromadaires, entre le Pech Maynaud et le port
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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1 2 3 4
Fabriquer une façade vers le pech et le boulevard 1. Résidences saisonnières « les dromadaires » 2. Réhabilitation des ilôts 3. Densification le long des traverses vers le port 4. Parking silo
Redynamiser le boulevard: orienter les dromadaires du Boulevard sur le Pech et densifier ce front urbain
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Parking silo à Soissons, architecte : Jacques Ferrier (vue de l’extérieur)
Parking silo à Soissons, architecte : Jacques Ferrier (vue de l’intérieur)
Le boulevard du Pech Maynaud est surdimensionné et entouré de nappes de parkings
Le parking silo se place sur le parking à l’entrée de Gruissan
Un parking silo libérant tout le sol des logements autour du port
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Transformation des typologies qui ne sont plus adaptées au confort actuel : 2 appartements saisonniers deviennent 1 logement permanent d’environ 65m²
Le sol des dromadaires est exclusivement dédié au stationnement
Une réhabilitation des dromadaires orientée vers le Pech
Le long du boulevard de nouveaux logements émergent face au Pech Maynaud
Une densification progressive du Boulevard
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Vue de pech à pech : les massifs calcaires permettent une extraordinaire prise de recul sur les alentours
Vue de pech à pech : des traverses existent et définissent des continuités paysagéres
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Une navette sur les étangs : la pratique de l’eau Ces mutations peuvent amener la ville vers une nouvelle réflexion sur les mobilités et modifier les usages en mettant la voiture de côté. Le parking silo projeté précédemment peut également servir de gare de bus venant faire la liaison entre Gruissan et Narbonne. Ce point est également le lieu de rencontre entre différents transports reliant le centre urbain de Gruissan aux autres quartiers de la commune et aux plages. Cette alternative et la concentration des stationnements à l’entrée de la ville permettent d’éviter les parkings sauvages qui prennent place sur les plages et viennent fragiliser le système dunaire. Les liaisons terrestres qui existent déjà peuvent être renforcées et complétées par des transports maritimes. Un système de bateaux bus peut permettre à Gruissan de ne plus être perçue comme un cul-de-sac mais comme un point d’arrêt avec des raccourcis maritimes vers Narbonne plage et Port la Nouvelle. À l’échelle de la ville cela permet aux habitants de pratiquer les étangs pour passer d’île en île. Nous proposons trois stations de navette permettant la liaison entre les différents quartiers ouverts sur l’étang du Grazel : l’une sur le port à 500 m du parking silo qui vient ponctuer la promenade du port souvent rendu inaccessible par les propriétés privées. Ce point est alors relié au nouveau quartier de Gruissan qui se trouve entre l’étang du Grazel et l’étang de Mateille et donne accès aux plages. La troisième station assure la desserte du quartier des chalets aujourd’hui isolée du reste de la ville. Ce quartier abrite un ancien hangar que nous proposons de réhabiliter en gare maritime. Cette nouvelle attractivité autour de l’eau permet alors de retourner la ville sur ses étangs. Ces parcours maritimes peuvent assurer la desserte des différents quartiers durant la période qui suit la submersion pour se substituer aux liaisons terrestres encore endommagées. L’eau redevient une infrastructure de la ville, mettant en place d’anciens usages.
116
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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6
4
5
1 2
3
La mise en place de transports publics terrestres et maritimes 1. Parking silo 2. Gare multimodale 3. Augmentation de la fréquence des navettes entre Narbonne et Gruissan 4. Gare maritime 5. Conservation d’une partie du parking existant 6. Bateau-bus vers les plages et les villes voisines
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Narbonne
Narbonne Plage
Gruissan
Zoom sur Gruissan
Port-la-Nouvelle N
De Narbonne au littoral, un réseau de bus est complété par des navettes fluviales.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
Un accès aux plages par les étangs depuis le port
10 attentions pour 3 situations
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Les navettes fluviales au début du XXe siècle desservant le port
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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La plage des chalets se standardise : le sol est aujourd’hui recouvert d’enrobé. L’extrémité de ce quartier n’est relié au centre-ville que par l’automobile.
La mise en place de bateaux-bus va de pair avec la conservation d’un sol naturel sur le lido. Le système dunaire est réinstallé et un hangar existant est transformé en gare maritime, permettant ainsi de rejoindre la ville en bateau.
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Hangar existant tourné vers l’étang et le port
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Réhabilitation du hangar en gare maritime et lieu de transit, un restaurant ouvert sur les étangs instaure un dialogue entre les deux rives de Gruissan
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Secteur Mateille : entre mer et Clape Sur la même île du pech Maynaud, Mateille constitue l’un des derniers terrains de la ville hors d’eau, non soumis à la réglementation et de ce fait un foncier intéressant pour construire de façon raisonnée. Le terrain se situe en limite des zones inondables du piémont de la Clape. En frange du centre ville, ce site est devenu le réceptacle de nombreux équipements que la mairie souhaite délocaliser. Contrairement à cette volonté coûteuse et radicale, nous proposons d’installer un projet dans le temps, en conservant avant tout les qualités déjà présentes sur ce site. Actuellement de nombreux équipements (stades de foot etde rugby, parc d’attraction) occupent ce terrain. Cerné par les axes longitudinaux de la D 332 et de l’avenue des plages, le site est entouré par des champs et les jardins potagers de la Sagne ainsi que d’un quartier pavillonnaire. Il existe déjà plusieurs axes transversaux reliant Mateille à la promenade littorale. Pour le développement du site, nous nous appuyons sur ce réseau d’espaces publics pour le prolonger jusqu’à la D 332 et créer une liaison avec le tissu agricole de la Sagne. Ainsi les terrains de sports sont intégrés à un nouveau maillage. La traverse de la Sagne traverse Mateille et devient un parc sportif se déclinant en venelles permettant des accès intimes et ouvert sur la Clape. L’arrivée d’un nouveau quartier sur ce site impose de réfléchir sur une longue période et selon des phases successives. Dans un premier temps, le développement du quartier pourrait se faire le long de ces espaces ouverts et dans le prolongement des dernières opérations de logements collectifs. Nous proposons dans une première phase de densifier l’avenue des plages. Le parc d’attraction qui n’est ouvert que deux mois dans l’année pourrait être réduit et transformé en un parc ouvert dédié au vent, ressource inépuisable à Gruissan. Dans un second temps, si le besoin en logements augmente, on peut envisager la délocalisation de deux stades vers les terrains de la Sagne afin de libérer des emprises en limite d’archipel et de développer des logements intermédiaires face à la Clape. Les terrains sportifs s’inscrivent alors ponctuellement le long de la traverse qui mène à la Sagne et peuvent être accompagnés de nouveaux équipements servant de refuge en cas de submersion. Ce quartier vient construire peu à peu les limites de l’archipel.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Hauteur d’eau éventuelle en zone d’aléas 2
1
10
6
12
5
11
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13
14 2
8 15
7
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9
3
Mateille : au piémont de la Clape, voisin de la Sagne et d’un quartier pavillonnaire. 1. Étang de Gruissan 2. Étang de Grazel 3. Étang de Mateille 4. Plaine agricole (inondable) 5. Piémont de la Clape 11. Quartier de Mateille 11. Zone d’activité 12. Nouvelles opérations le long du Boulevard 13. Stades (football et rugby)
6. Départementale 332 7. Piste cyclable 8. Canal 9. Quartier pavillonnaire 10. Secteur de La Sagne 14. Pirat Park 15. Carrefour 16. Centre de balnéothérapie
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
133
1. Etat des lieux La promenade du littoral, l’Avenue des plages et la départementale 332 forment une structure longitudinale en prolongement de la ville existante.
3. Poursuivre le front urbain le long de l’Avenue des plages Les stades deviennent des espaces ouverts sur la Clape en cœur d’îlot. La traverse de La Sagne est prolongée et vient dessiner une traverse entre les stades et les jardins, à l’arrière des logements.
2. Établir un maillage. La mise en réseaux des espaces publics et du quartier pavillonnaire forme des axes transversaux visuels et physiques jusqu’au plages. Nous proposons de les prolonger, de poursuivre ses continuités visuelles de la plage jusqu’à la plaine agricole et la Clape.
4. Définir progressivement la fin de l’archipel. L’emprise du Pirat Park est réduite et permet de poursuivre une urbanisation raisonnée et ouverte sur la Clape. Les discothèques sont délocalisées à côté du centre de balnéothérapie;
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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1
8
2
3
4
6
5 1
8
Mateille entre l’Étang de Grazel et la Clape : un nouveau quartier intégré au paysage. 1. Traverse de la Sagne 2. équipement sportif et refuge communal 3. Logement collectifs 4. Maisons à patios 7. Nouvelle discothèque 8. Déplacement du grand stade de rugby à la Sagne (zone inondable)
5. Nouveau parc d’attraction paysager et ouvert sur la clape : « Le parc du vent » 6. Logements au bord du canal
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Des jardins d’hiver ouverts sur la Clape et un stade accessible par la traverse de la Sagne
Des jardins d’hiver ouverts sur la Clape, au pied de logements individuels le long de la traverse de la Sagne
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Le nouveau « parc du vent » Un parc ouvert sur la Clape et autonome fonctionnant grâce au vent, énergie identitaire et inépuisable de Gruissan.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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Phase 1 40 000 m2 SHON
Phase 2 + 27 000 m2 62 000 m2 SHON
Le devenir de la Sagne : une densité raisonnée ? L’une des problématiques de la ville consiste à augmenter son potentiel foncier constructible hors zone à risque. Mateille représente une surface assez importante pour anticiper une densification selon le développement urbain de Gruissan et les demandes en logement. Cette opération s’adresse aussi bien aux résidences saisonnières qu’à la résidence principale. Cette opération saccadée de logements nécessite une interprétation plus poussée des besoins. Malheureusement, nous avons pris connaissance du projet d’écoquartier prévu sur le site de la Sagne trop tardivement par rapport à l’avancement de cette étude. Mais nous revendiquons le fait de préserver au mieux le site exceptionnel qu’est celui de la Sagne, peut-être même la singularité de Gruissan. La Sagne désigne un roseau commun (Phragmites australis), très utilisé autrefois en Camargue pour couvrir les chaumières. Autrement dit ce territoire est un milieu dépendant de la variation du niveau de l’eau, et accueille des matières organiques régénérant cet écosystème. Aussi, la Sagne est encore aujourd’hui une terre cultivée et très souvent laissée à l’état de friche renforçant son caractère précieux. C’est dans une démarche de conservation de ce territoire que nous établissons un bilan de densification englobant toutes les opérations dessinées pour Gruissan. La densité des logements estimée sur Mateille, cumulée avec les différentes opérations de densification en centre ville et sur l’aire des quatre vents avoisine celle prévu pour le territoire de la Sagne. Ainsi, nous réinterrogeons l’urbanisation de ce territoire engagée par la mairie de Gruissan.
Phase 3 + 11 000 m2 73 200 m2 SHON
5. Une densification de logements par étape en fonction des besoins
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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95 000 m² La Sagne
... m²
11 000 m²
Dromadaires
Bvd du Pech
1 600 m²
73 000 m² Mateille
4 Vents
+
La Sagne, territoire précieux sacrifié.
Une densité de logements avoisinant celle projetée sur la Sagne.
La Sagne, lieu chargé d’histoire.
Les jardins familiaux du site de la Sagne
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
+
=
90 500 m²
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Les limites de l’archipel Le traitement de ce que nous identifions comme l’archipel impose de s’interroger sur sa limite avec les secteurs inondables. La départementale 332 marque une frontière physique entre le secteur de Mateille et la plaine agricole et inondable de l’Oustalet. Le nouveau quartier de Mateille vient border cette départementale. Le changement de statut et de vitesse de cette voie complètent la mutation de ce quartier. Aujourd’hui la limite de vitesse sur la RD332 est de 70 km/h. Nous proposons de réduire cette vitesse à 50 km/h sur la section longeant le nouveau quartier Mateille. Cette voie est alors perçue comme une route franchissable par les habitants, la frontière entre l’archipel et son arrière pays s’estompe. Les axes transversaux structurants le nouveau quartier de Mateille se prolongent sur la départementale qui devient franchissable par un dispositif de rampes ajustées au dénivelé du talus routier. Prolongement physique mais aussi visuel, le rapport à la clape est ici omniprésent. En contrebas des champs, un canal a été aménagé, qui peut déborder en période d’inondation. Pour renforcer cette relation et exprimer l’inconstructibilité de l’Oustalet, nous percevons ce canal comme le début de la zone non-aedificandi. La limite des zones inondables devient ainsi une infrastructure hydraulique et lisible par tous. Pour souligner cette fin de l’urbanisation, nous proposons d’occuper les délaissés entre la départementale 332 et le canal par des logements en lisière des champs. Ainsi des logements sur pilotis profitent de jardins privés le long du canal et d’une vue sur la Clape et son piémont. Ce front bâti participe à l’encadrement de la départementale et à son franchissement. L’accès aux logements le long du canal est également un espace public permettant d’accéder à la piste cyclable le long du canal depuis la départementale 332. Ces interventions ponctuelles permettent un parcours continu depuis l’Étang de Mateille au réseau viaire agricole.
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
10 attentions pour 3 situations
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1
2 3
4
5 1 6
2 7
La départementale 332 : mise en place de dispositifs de franchissement de Mateille à la plaine agricole 1. Départementale 332 2. Piste cyclable 3. Plaine agricole 4. Nouveau quartier de Mateille
5. Traverse piétonne 6. Passage à niveau de Mateille à la piste cyclable 7. Chemin vers la Clape
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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1
5 9
1 10 8
11
1
6 7 2 3
4 4
Le canal devient une limite réelle non-aedificandi, les logements le long du canal matérialisent cette frontière 1. Mateille 2. La départementale 332 3. Délaissé d’infrastructure 4.Zone humide (inondable) 10. Ponton public desservant les logements et la piste cyclable 11. Jardin privé le long du canal
5. Canal 6. Piste cyclable 7. Champs 8.Stationnement adossé à la départementale 9. Maison sur pilotis
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10 attentions pour 3 situations
Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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Les logements sont sur pilotis et leur desserte permet de passer par dessus la piste cyclable à la départementale (hors d’eau) en cas de submersion La départementale 332 change de statut : elle passe de voie rapide à route paysage
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Vivre avec le risque – La submersion marine à Gruissan
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3e situation
La digue route D 332
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Un parking face aux Ayguades : se garer au pied de la Clape La route départementale D332 constitue une voie hors d’eau permettant le passage entre les îles de l’archipel de Gruissan. Construite la plupart du temps sur des remblais ponctuellement percés de systèmes d’écoulement des eaux des champs vers les étangs, cette départementale est la seule voie de communication qui permet l’évacuation des habitants en période d’inondation. Cette départementale a la particularité de traverser des paysages d’une extrême richesse. Nous proposons de développer trois actions le long de cette digue-route. Deux nouveaux points d’arrêt / stationnement permettant l’accès aux plages par les étangs mais également par le massif de la Clape et une troisième action sur la seule portion inondable de cette route. Ces aménagements adoptent des attitudes variées face à la gestion de la montée des eaux. La première situation s’intéresse à la séquence de la digue-route 332 face à l’île artificielle des Ayguades. Démonstration caricaturale d’une quête du foncier sur l’ancien lido et les étangs, ce quartier s’est développé sur des remblais. Ainsi de véritables «lotissements sur digue» se sont installés à l’emplacement même du système dunaire. Autour de ces résidences, la ville a placé un ensemble de campings permettant de profiter des plages sans occuper le foncier du centre ville. Ici, nous avons réfléchi à l’implantation d’un parking le long de la digue-route. En période touristique et de climat (normalement) optimal celui-ci permet d’accueillir une grande partie des touristes à moins de 1km des plages, et de protéger les dunes. Aussi, en période de tempête ce parking absorbe l’inondation, laissant praticable la départementale. Ce parking s’accompagne de plusieurs traversées assurant de nouvelles liaisons physiques entre le quartier des Ayguades et le piémont de la Clape. Ces nouveaux passages viennent compléter les rares percées existantes dessinées pour la circulation des pompiers. Ces nouveaux espaces publics amorcent l’hypothèse d’une évolution de ce quartier actuellement très résidentiel en rendant continues les promendades piétonnes entre la départementale et le bord de mer.
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Un parking s’installe en zone inondable, le long de la digue route 332, libérant ainsi les plages de la voiture 1. Quartier pavillonnaire (zone inondable) 2. La digue route 332 3. Contre-allée 4. Parking (zone inondable)
5. Traverses 6. Desserte depuis le rond-point existant 7. Station d’épuration
Le parcours vers les plages se fait désormais à travers le quartier pavillonnaire des Ayguades
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Un parking le long de la D332 : un nouveau parcours vers les plages En remontant à l’ouest le long de la digue-route 332, une nouvelle séquence paysagère a été identifiée. Au sud, les étangs et les prés salés occupent le premier plan d’une vue ouverte sur la mer. Au nord, la plaine agricole et les vignobles occupent le piémont du massif de la Clape. Nous envisageons ici un second point d’arrêt accompagnant la connexion hydraulique entre les champs et les étangs. Les aménagements hydrauliques et routiers ont engendrés la création d’un remblais élargissant ponctuellement la digueroute et accompagnant la course de l’eau jusqu’à l’Étang de Mateille. Nous proposons de profiter de cette excroissance artificielle pour y aménager un parking. Directement accessible depuis la route, ce point d’arrêt devient le point de départ pour une promenade vers les plages. Profitant de l’élévation du sol, un platelage en bois souligne ce parcours et se prolonge en ponton à travers les étangs pour arriver jusqu’aux plages. Ce chemin préexistant sur les remblais appuis de nouveaux cheminements permettant de faire des milieux humides de véritables lieux de loisirs et de promenades praticables à pieds et à vélos en toute saison. Les usagers traversent l’intégralité de l’écosystème littoral : les étangs, les zones humides, le massif dunaire, la plage puis la mer. Il devient également un repère de crue visible et lisible par tous les usagers. Avec ces percées visuelles cette route-digue devient une route-paysage. Ce travail sur l’infrastructure est aussi l’occasion de prévoir des stationnements pour accéder aux plages et ainsi éviter que ne se développent les parkings sauvages qui fragilisent les massifs dunaires.
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Un remblais le long de la digue-route devient un parking et le point de départ d’une promenade vers les plages 1. La digue-route 332 2. Piste cyclable 3. Fossé 4. Liaison hydraulique transversale, des champs aux étangs
5. zone humide 6. remblais existant 7. parking 8. aménagement d’un chemin vers les plages 9. terre-plain planté
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Un chemin existe déjà sur le remblais
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L’aménagement de ce délaissé devient un parcours de la digue-route en passant par les étangs vers les plages
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Le chemin vers les plages se prolonge en ponton qui traverse les étangs, il révèle la topographie 1. Jonc et végétation halophile 2. Sable 3. Vasière 4. Étang de Grazel 5. Ponton
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Le parking est construit sur le remblais et profite de la situation hors d’eau de la digue route 332
De même le parcours vers les plages sur pilotis fait office de témoin de l’inondation
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Le ponton rejoint l’autre rive et le parcours vers les plages se poursuit à travers les massifs dunaires
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Le rond point inondable à l’entrée de Gruissan : un itinéraire bis La digue-route 332 constitue la seule voie d’accès terrestre de la ville de Gruissan. Son rôle est donc essentiel en période de submersion pour permettre les liaisons avec les autres villes et ainsi favoriser l’évacuation des habitants sinistrés. Néanmoins, une portion de la route est aujourd’hui soumise au risque d’inondation. Afin de pouvoir assurer son rôle « d’issue de secours » de la ville, il convient de questionner le positionnement du rondpoint à l’entrée de la ville. En effet, placé actuellement trop proche de l’étang de Gruissan, nous proposons de simplement créer un itinéraire bis plus en hauteur. Cette voie alternative peut alors s’ouvrir à la circulation en période de crue afin d’assurer les connexions entre Gruissan et les communes voisines.
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En période d’inondation cette route d’entrée et de sortie de ville est complètement inondée 1. Étang de Gruissan 2. Départementale 3. Digue route 4. Massif calcaire
Le long de la topographie une nouvelle voie assure une évacuation en cas de besoin 1. Rond-point submergé 2. Itinéraire bis
Par temps calme le rond point fonctionne sans problème et permet de desservir rapidement l’entrée de Gruissan
En période d’inondation, une route adossée à la topographie permet une circulation plus étroite
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Conclusion : la recherche d’un modèle dynamique
Attitudes pendant les différentes temporalité de l’inondation Temps 1 – pendant l’alerte
Temps 2 – vivre l’inondation
Temps 3 – après l’inondation
Mesurer, absorber, mémoriser L’ analyse du territoire, des comportements et réactions des sites face aux aléas nous a imposé de réfléchir à l’économie et l’écologie d’une ville qui s’est historiquement construite dans l’épaisseur de l’interface : mer, lagune et Clape.
Mesures
Identification du risque
Se réfugier / solidarité
Autonomies d’énergie
Rétablir les déplacements
Gérer le re-logement
Les attitudes de projets apportées dans ce livret défocalisent un développement du littoral souvent trop porté sur son front de mer. Cette démarche revendique la nécessité de réfléchir à des actions qui tiennent compte des différents temps de l’inondation. • Le premier temps est lié à l’identification du risque, à sa mesure qui engendre forcément des mutations et une capacité à mettre en alerte. • Le deuxième temps demande des mesures de gestions et des espaces de replis dans la ville.
Communication
Adapter les déplacements
Aider au réaménagement
Il faut souligner que la création d’un paysage résilient ne peut être efficient sans la responsabilité et la responsabilisation des usagers.
Attitudes développées lors de l’étude
Mesures
Se réfugier / solidarité
• Le troisième temps fait appel à la capacité de régénération d’un territoire mais également aux traces que laissent les inondations et qui fondent la mémoire du risque.
Rétablir les déplacements
Nous avons élaboré un projet d’ensemble intégrant les enjeux démographiques ainsi que l’écriture géographique et hydrologique de Gruissan. Ce faisant, nous proposons une vision d’ensemble programmée sur le court et le long terme, qui tâche de répondre au mieux aux interrogations de la DDTM et de la municipalité sur la capacité de Gruissan à proposer un urbanisme résilient dans les prochaines années. Nous avons chercher à tirer parti de la sensibilité du territoire pour dessiner et orienter des actions qui assurent un développement de la ville conscient et averti des risques, et plus encore en harmonie avec les usages contemporains.
Identification du risque
Autonomies d’énergie
Gérer le re-logement
Communication
Adapter les déplacements
Aider au réaménagement
Nous tenons à remercier : Didier Codorniou, maire de Gruissan, Pierre Cloarec, directeur général des Services, Rémi Pineau, responsable au service Urbanisme Ainsi que Philippe Simon, architecte-conseille de l’Aude et Hélène Mathieu Subias, chef de l’unité connaissance des risques Et l’équipe enseignante, Yves Lion, architecte-urbaniste Éric Alonzo, architecte-urbaniste Christophe Delmar, paysagiste Julien Martin, graphiste Paul Landauer, architecte-urbaniste et historien Stephane Füzesséry, architecte-urbaniste et historien Pour leur disponibilité et leur soutien. Nous remercions plus particulièrement l’équipe municipale pour sa générosité et son accueil chaleureux, et particulièrement Pierre Cloarec et Rémi Pineau pour nous avoir fait découvrir les paysages, la population et les richesses culinaires de Gruissan.
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Antonin Amiot 182
IngĂŠnieur paysagite antonin.amiot@gmail.com 06 09 51 72 41
Laura Fernandes Architecte laura@laurafernandes.fr 06 59 67 28 74
Julien Romane
Architecte julienromane@hotmail.fr 06 16 10 77 55
ClĂŠmence Nicolas Architecte clemence.nl@gmail.com 06 87 71 32 39
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Vivre avec le risque La submersion marine à Gruissan Antonin Amiot Laura Fernandes Clémence Nicolas Julien Romane
Cette étude a été menée de février 2013 à juin 2013 dans la cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Yves Lion, Christophe Delmar et Éric Alonzo. La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Paul Landauer et Stéphane Füzesséry, et sa mise en page par Julien Martin. Diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste Direction Yves Lion, architecte-urbaniste et professeur à l’EAVT, Grand prix de l’urbanisme 2007 Éric Alonzo, architecte-urbaniste, enseignant et chercheur à l’EAVT Coordination administrative Sylvie Faye École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée (EAVT) 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne, 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 Alain Derey, directeur Amina Sellali, directrice des formations de la pédagogie et de la recherche
Vivre avec le risque La submersion marine à Gruissan La DDTM de l’Aude, attentive au développement des collectivités littorales situées en zone de submersion marine, trouve à Gruissan un site d’expérimentation urbaine où développer une nouvelle approche d’aménagement pour se prémunir du risque. En parallèle, la commune de Gruissan, soucieuse de conduire un urbanisme de qualité dans les prochaines années, souhaite faire évoluer les derniers terrains de sa ville de façon contextuelle et économe. Cette étude à pour origine les questionnements autour de secteurs problématiques dont certains sont contraints par le Plan de prévention des risques littoraux. Les problématiques urbaines confrontées aux risques révèlent la complexité de ce territoire. Ainsi, l’échelle de l’étude à été étendue au-delà des limites communales pour interroger un socle cohérent : celui de la géomorphologie. Ce faisant, chaque proposition est à considérer comme une attention à une situation singulière trouvant un équilibre entre aménagement et attitude face au risque. Les sites proposés dans la commande initiale sont donc intégrés à un ensemble de propositions qui tentent de développer un urbanisme qui intègre le risque de submersion marine. Plus généralement, l’étude exprime le besoin de rendre perceptible le paysage de Gruissan et les propositions de projet tentent d’anticiper son devenir face au risque.
Diplôme de spécialisation et d’approfondissement d’architecte-urbaniste
Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés. Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent aujourd’hui l’architecture, la ville et les territoires.