sent auprès des enfants : il faut préserver son environnement, laisser les vignes propres et entretenues, il est important de “faire ensemble”. L'équipe pédagogique en profite ensuite pour réaliser un travail avec eux sur le raisin, de la récolte au produit fini. Un petit pressoir est installé et on presse à l'ancienne pour extraire le jus dont chaque enfant amènera un petit fond dans une petite bouteille car, attention “aux bobos au bidou”, pour le déguster en classe. L'expérience se terminera un peu plus tard avec la visite de la cave coopérative.
ZOOM SUR ARGELIERS SUR LES PAS DE MARCELIN ALBERT En se baladant dans l'Aude et l'Hérault à la recherche de nouveaux joyaux à vous faire découvrir, Olé ! s'est arrêté à Argeliers pour les vendanges de la Vigne des 87. Un joli village… Argeliers, baladez-vous, imprégnez-vous de ce lieu, vous êtes au cœur de l'histoire de la viticulture.
La Confrérie des 87 Elle est issue de l'association de la vigne des 87, composée d'une douzaine de membres. Elle participe à de nombreuses manifestations et des rencontres entre Confréries. C'est elle qui a eu l'idée en 2007, année de sa création, de donner naissance à la vigne des 87. La mairie a participé en achetant le terrain, la cave coopérative a acheté et planté les pieds de vigne en cépage mourvèdre et les membres de la Confrérie accueillent tous les ans les enfants de l'école pour vendanger.
En 2007, suite à l'acquisition d’un terrain par la mairie d'Argeliers, la cave coopérative a planté en cépage mourvèdre 870 pieds de vignes en mémoire des 87 “gueux”, partis en rebellion à Narbonne, guidés par Marcelin Albert en 1887. Cette vigne est devenue la vigne de l'école primaire d'Argeliers. Olé ! a eu envie de vous faire partager cette émouvante vendange de la vigne des 87. Émouvante car cette initiative de la Confrérie des 87 permet à tous les enfants de l'école d'Argeliers de comprendre leur histoire, leurs racines et leur environnement. La transmission de la mémoire collective d'un village et d'une profession prend ici tout son sens. Les 182 enfants, du CP au CM2, viennent dans le cadre de leur journée d'école encadrés par leurs instituteurs et institutrices. Tous armés de ciseaux à papier pour certains ou de sécateurs professionnels pour d'autres, de seaux de plage ou de seaux de chantier, ou d'une hotte fabriquée maison pour vigneron en herbe, la diversité est là. Mais si l'on regarde bien on distingue déjà les vrais pros, ceux qui savent déjà vendanger, concentrés, minutieux ayant le coup de ciseaux sûr et ne laissant aucun raisin à terre. Et puis d'autres qui continuent leur habituel concours “c'est moi le plus fort” en comparant la taille des grappes coupées. Certains se regroupent autour d'une discussion empreinte de conscience écologique “il ne faut pas manger les raisins sans les laver, il y a des produits chimiques”, “mais non”, “mais si”. Mais quelque soit le niveau de connaissance, des messages pas-
Une fois la vinification faite, le vin est mis en bouteille, ellesmêmes étiquetées spécialement “La vigne des 87”. La production est vendue ici et là lors de manifestations où est présente la Confrérie, ou au moment de Noël aux familles et amis. Le bénéfice de cette vente est reversé à l'école qui doit justifier de son utilisation auprès de la Confrérie. En 2015, l'école primaire a bénéficié de 3 000€. La directrice de l'école est en train de monter un projet pour permettre aux enfants d'accéder à la découverte de l'équitation au Centre équestre d'Argeliers. Cette année, 900 kg de raisins ont été récoltés dans la vigne des 87, preuve à l'appui !
Certes au départ, les embûches administratives n'ont pas manqué. Il est vrai qu'associer l'école à la vigne a dû interpeller dans les sphères de l'Éducation nationale mais nous sommes à Argeliers, terre natale de Marcelin Albert, alors la ténacité ici c'est naturel.
L’HÉRITAGE DE MARCELIN ALBERT réée en 1931, la cave compte aujourd'hui plus de 300 viticulteurs et son domaine s'étend sur plus de 1 600 hectares. Avec une gamme composée de vins d'Indication Géographique Protégée et d'Appellation Origine Protégée Minervois en rouge, rosé et blanc, les vignerons proposent une large palette gustative. Les AOP Minervois sont élaborés dans le respect des traditions viticoles. La qualité du produit est le critère principal des vignerons et vinificateurs. L'héritage de Marcelin Albert, pour les vignerons d'Argeliers, est clairement dans la coopération, car "ensemble, on est plus fort...". Pour goûter le fruit de leur travail, rendez-vous dans leurs deux caveaux.
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OLÉ ! A LU… LÉON CORDES 1907, LA ROUTE DES GUEUX
Ce livre, du poète et romancier Léon Cordes, connu et reconnu pour ses écrits en langue occitane, a été retrouvé, rédigé en français et daté de 1948, par sa fille Magali en 2016. De 87, partis d’Argeliers à Narbonne au mois de mars, à près de 800 000 venus de tout le sud à Montpellier au mois de juin, l’année 1907 a vu se créer, autour du charismatique Marcelin Albert, cafetier de son état, une solidarité des vignerons, femmes et hommes, puis de journaliers, commerçants, élus... tous confondus. C’est un ras-le-bol contre les spéculateurs, exploiteurs et fraudeurs qui rendaient exangue, sans vergogne ce Midi viticole, tout juste sorti de la crise du Phylloxera. Des slogans sur des panneaux de fortune - tels que Lo sucre a la tisana, l’aiga al moliner (le sucre est pour la tisane et l’eau pour le moulin), An ben agut la graissa mas n’auram pas la pel (ils ont eu la graisse, mais n’auront pas la peau), toujours vivaces dans les souvenirs de ma grandmère (surtout celui de la tisane), parcouraient les routes sous la direction du Comité de défense viticole qui prônait la révolte pacifique. Emmenés par des jeunes et des moins jeunes, de ville en ville, à cheval, en charette, en train, mais le plus souvent à pied, ces slogans qui ralliaient les populations à la requête initiée par les 87 d’Argeliers, à savoir... la fin de la corruption, des fraudeurs et la réhabilitation du travail des vignerons. Dans son roman, Léon Cordes mêle l’histoire et la fiction. Des amours contrariées de Jean-Pierre et Catherine aux suspicions d’espionnage à l'encontre de proches de Marcelin Albert, de la création du journal Le Tocsin, organe de presse des gueux contre les articles des journaux muselés par l’État, au revirement du maire de Narbonne le docteur Ferroul, de la mutinerie du 17e de ligne aux exactions du 139e, du refus de payer l’impôt et de la démission des municipalités de leur fonction, l’histoire date de 109 ans mais est si proche, que je ne sais plus où démarre réellement la fiction... Reste simplement pour moi cette question déjà posée en 1907 : Qui sommes-nous ? Et aussi ce slogan, toujours au goût du jour : De promessas n’avem lo ventre plen (des promesses, nous en avons le ventre plein). Line 1907, la route des gueux - Léon Cordes - Éditions Christian Salès
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