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FÉDÉRATION NATIONALE DES PSYCHOLOGUES PRATICIENS D’ORIENTATION PSYCHANALYTIQUE DE BELGIQUE

Lettre d’information

n°1/2013 — avril

Editeur responsable : Francis Martens

Adresse: rue du Président 53 1050 Bruxelles

Editorial

Sommaire Actions de l’APPPsy • p. 2: Le Blog de Dominique: sur la scène politique pour les psychologues • p. 5: Nominations à la Commission des Psychologues • p. 5: Le Nouveau Code de Déontologie des Psychologues belges • p. 6: Memorandum – Mars 2013 Annonces • p. 11: Agenda, publication et liens Internet • p. 12-­‐13: Annonce et Argumentaire du Colloque International organisé par l’APPpsy La Psychanalyse en débat

Chers Membres, Nous avons le plaisir de vous faire parvenir la nouvelle mouture de la Lettre d’infor-­‐ mation de l’APPpsy. L’objectif principal de celle-­‐ci est de vous tenir informés des positions et des démarches entreprises par vos représentants. Pour cette occasion, des nouvelles particulièrement importantes pour notre profession ainsi que pour notre fédération se sont invitées dans nos colonnes. En effet, comme vous pourrez le découvrir, le travail entrepris depuis des années porte enfin ses fruits. Le second objectif de la Lettre d’information est de vous donner la parole. C’est ainsi que des rubriques consacrées, par exemple, à vos billets d’humeur, publications, et autres fiches de lecture, seront ouvertes en fonction de vos contributions.

Lettre d’information de la FÉDÉRATION NATIONALE DES PSYCHOLOGUES PRATICIENS D’ORIENTATION PSYCHANALYTIQUE DE BELGIQUE APPPsy, membre de l’Union des Classes Moyenne (UCM) et de l’Union des Professions Libérales et Intellectuelles de Belgique (Unplib) http://www.apppsy.be


2 de suite la vice-­‐présidence lors d’une première séance d’élections (tous les 6 ans) grâce à un discours improvisé par moi sur les valeurs de l’APPPsy en lien avec la question sociétale. Dès lors nous entrons au «Conseil Supérieur des Indépendants et des PME», instance indépendante du Ministère qui émet des «AVIS» sur demande de l’état, d’un Ministre ou de l’UE sur n’importe quel sujet lié aux différentes professions regroupées au CSIPME. Ces avis sont traités et débattus dans les commissions sectorielles par le terrain et puis élaborés dans un texte écrit qui sera renvoyé au demandeur. Une idée de Brigitte Dohmen que nous pourrions y poursuivre un jour est par exemple de demander au CSIPME de donner un avis sur un sujet lié au métier de «psychologue» ou de «psycho-­‐ thérapeute». De plus, les travaux que nous menons au CSIPME servent de contrepoids aux travaux menés au ministère de la santé par Laurette Onkelinx sur les psychologues et psychothérapeutes qui, eux, sont empreints du lobbying et de l’idéologie médicale, très puissants comme nous le savons. Nous avons tissé des relations privilégiées avec plusieurs hauts fonctionnaires et toute l’équipe du Conseil Sup. des Indép. qui, de plus, relayent avec attention nos revendications au cabinet de la ministre Laruelle. Sites web: • www.csipme.fgov.be • www.sabinelaruelle.be • economie.fgov.be/fr/ • www.hrzkmo.fgov.be/Default.aspx?ta bid=1335 • www.hrzkmo.fgov.be/Default.aspx?ta bid=1372

Le Blog de Dominique : sur la scène politique pour les psychologues Bonjour chers membres, Frédéric Widart m’a invitée à vous donner régulièrement via la nouvelle newsletter des nouvelles de la scène politique occupée par l’APPPsy. Merci à lui pour cette belle initiative qui me permet de vous tenir au courant du quotidien du lobbying incessant de notre association. Je sais que ce travail dans l’ombre n’est pas toujours suffisamment perçu par tous les membres, dès lors cette démarche me paraît aujourd’hui indispensable. De plus, lors de ces quatre dernières années, l’APPPsy est rentrée au sein de différentes instances importantes de l’état et a participé à différents groupes de réflexion concernant notre profession. Dans mon Blog je donnerai régulièrement des «Etapes-­‐clefs lobbying» et des «Actualités». ETAPES CLEFS LOBBYING 1) Agréation comme «fédération profes-­‐ sionnelle nationale» aux SPF Economie chez Sabine Laruelle: pourquoi ? Après 20 ans de lobbying au parlement fédéral autour de projets de loi sur les psychologues, Brigitte Dohmen, membre et lobbyiste très active, propose de nous adresser au ministère des «classes moyennes – SPF Economie» afin d’y demander notre agréation comme «fédération professionnelle nationale» et ce, dans l’espoir d’ouvrir une autre porte pour nos revendications. Notre agréation nous amène à entrer à la Commission Sectorielle Médicale et Paramédicale 13 et nous y obtenons tout

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3 2) Nous sommes devenus membres de l’UNPLIB-­‐UCM: pourquoi ? Nous sommes devenus membre de l’Unplib – Union des professions libérales et Intellectuelles de Belgique – de l’UCM car cela nous permet d’appartenir à une importante organisation «Interprofession-­‐ nelle» au niveau du Conseil Supérieur des Indépendants. Ce sont les Interprofes-­‐ sionnelles qui y détiennent le pouvoir, ils en constituent le CA par ex., et qui déterminent les sujets de débats. Pour rappel: nous sommes au Conseil Sup. des Indép. grâce à la vice-­‐présidence de l’APPPsy (Dominique De Wilde) à la Commission Sectorielle 13 Médicale et Paramédicale (suite à notre agréation comme fédération professionnelle). Ces démarches sont importantes pour asseoir notre pleine reconnaissance et existence à l’état, à côté de la FBP-­‐BFP qui prétend depuis 20 ans être la seule association représentative des psychologues – et ce, dans le déni total de notre existence. D’après plusieurs hauts fonctionnaires avec qui nous sommes en relation, ce monopole de la FBP est révolu à jamais grâce à notre lobbying incessant depuis ces dernières années. Nous pouvons être fière de ce travail sans relâche. La meilleure preuve est le fait que l’APPPsy a été appelée à écrire, au Ministère de Sabine Laruelle, le code de déontologie des Psychologues belges avec la FBP! La deuxième preuve est notre entrée à la Commission des Psychologues! Nous poursuivons notre intégration à l’Unplib à côté des dentistes, kinés, pharmaciens, architectes, experts-­‐comp-­‐ tables, notaires etc… L’Unplib poursuit actuellement des missions très importantes de valorisation, de visibilité et de soutien des professions libérales qui

sont souvent méconnues et oubliées des autorités. Elle insiste sans relâche sur la «plus-­‐value» des professions libérales par rapport au monde du commerce et des entrepreneurs. Notamment le fait qu’elles recherchent l’excellence dans leur travail, sont soumises à un code de déontologie et mettent l’accent sur la qualité de la relation au patient/client/utilisateur etc… L’Unplib travaille à une «définition légale» de la profession libérale à l’état. Elle vient de faire une «Semaine des professions libérales» assez médiatisée, à laquelle s’était associée l’APPPsy (on a choisi de mettre notre AG dans leur programme pour les soutenir) et a établi un état des lieux des professions libérales assez passionnant, qui amène plein de réflexions pour l’évolution de nos professions. Prochainement je proposerai aux membres des moments d’information sur certains de ces sujets. Par exemple: une soirée informative sur «les regroupements à plusieurs praticiens en cabinet privé: quels sont les avantages?» en collaboration avec un expert-­‐ comptable avec qui j’ai sympathisé à l’Unplib. Ils ont de plus sorti «S’installer en profession libérale», un guide dynamique très intéressant qui est à votre disposition (voir le lien plus bas). Tous ces débats et actions me paraissent précieux pour la profession de psy-­‐ chologue et pour notre lobbying qui défend à la fois l’idée «d’excellence» pour le praticien – autonome, de plus – et aussi l’idée d’un accès libre du patient à un travail psychothérapeutique/d’accompa-­‐ gnement de qualité, que ce soit en privé ou en institution. Dominique (GSM: 0495/84 36 79), qui est votre représentante à l’Unplib, se tient à votre disposition pour vous donner plus

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4 d’informations, vous donner accès aux documents et événements multiples de l’Unplib-­‐UCM auxquels vous pouvez participer avec elle, avec plaisir! Notre adhésion nous donne aussi droit, gratuitement, à de multiples services à l’UCM (plages dans leur journal, locaux pour conférences, service juridique, supports publicitaires, accès aux organes de l’état où l’UCM est représenté et ils sont partout, c’est impressionnant! Sites web: allez voir les sites il y a beaucoup de choses. • www.unplib.be • www.ucm.be/Actualites/Un-­‐guide-­‐ inedit-­‐S-­‐installer-­‐en-­‐profession-­‐ liberale • www.ucm.be/Defense-­‐et-­‐ representation/Espace-­‐ Presse/2013/Coup-­‐de-­‐projecteur-­‐sur-­‐ les-­‐titulaires-­‐de-­‐profession-­‐liberale-­‐et-­‐ intellectuelle-­‐Un-­‐secteur-­‐en-­‐ croissance-­‐de-­‐plus-­‐en-­‐plus-­‐feminin • www.ucm.be/Actualites/Le-­‐nouvel-­‐ Union-­‐Actions-­‐est-­‐sorti2 ACTUALITE POLITIQUE 1) Projet de loi Onkelinx et groupe de travail tripartite: Les débats sur les propositions de loi concernant les psychologues au parlement fédéral ont été arrêtés par la chute du dernier gouvernement. Après un vide de deux ans, Laurette Onkelinx a décidé de reprendre ces travaux et a recherché tout d’abord un «compromis» entre tous les partis du gouvernement qui avaient déposé des propositions de loi. Elle a dès lors élaboré un «projet de loi» (appellation quand c’est déposé par un ministre)

qu’elle va défendre au parlement. Grâce à notre lobbying et notre persévérance, l’APPPsy va faire partie (on a déjà participé à la première réunion en janvier 2013) du groupe de travail tripartite qu’elle a constitué pour ce projet de loi: gouvernement-­‐parlement-­‐terrain. Il y a un projet de loi pour les «psychologues cliniciens» et une loi à part pour la «psychothérapie», ce qui nous apparaît déjà comme une aberration, tant ces deux professions sont liées. Onkelinx a imaginé toute une série de critères pour ces deux lois pour tenter de rassembler les psychologues flamands, les psychologues francophones, les différents courants psychothérapeutiques, les généralistes, les psychiatres etc… Bref, un beau compromis à «la Belge» qui fait l’impasse sur l’importance grandissante de la santé mentale à côté de la médecine des organes. L’APPPsy a exprimé son étonnement quant au manque de «réflexion de fond», (signal fort de notre président Francis, vigilant à jamais) derrière ces critères et a demandé à la ministre de donner une véritable importance et place à la santé mentale dans son architecture législative. Nous serons vigilants, exigeants et présents dans ce groupe de travail pour vous – pour nos patients – et pour garantir un avenir de qualité pour les professions de psychologue et de psychothérapeute. Dominique DeWilde

Nominations pour la Commission des Psychologues Nous avons eu le plaisir de recevoir par courrier postal daté du 4 avril 2013, la nomination officielle par Madame la Ministre Laruelle de nos représentants

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5 pour la Commission des psychologues: Nous avons obtenu deux représentants effectifs (droit de vote) dans deux des secteurs professionnels et deux autres représentants à titre consultatif pour les deux autres secteurs. 1. Pour le secteur recherche et enseignement: • voix consultative: Frédéric WIDART; • suppléants: Xavier Renders, Alain Rozenberg. 2. Pour le secteur clinique: • effectif: Jean FLORENCE (Fr/Nl); • suppléant: Paul Jaumaux (Fr/Nl). 3. Pour le secteur travail et organisation: • voix consultative: Heracli TZAFESTAS ; • suppléant: Didier Robin. 4. Pour le secteur psychologie de l'éducation: • effectif: Diane DRORY; • suppléants: Annick Gilain, Dominque De Wilde, Brigitte Lenzen, Geneviève Monnoye, Philippe Béague. Ria Walgraffe

titre de Psychologue exerçant en Belgique (titre octroyé par la Commission Nationale des Psychologues, sur base du diplôme universitaire en la matière). Désormais, l’octroi du titre de Psychologue inclura ipso facto l’obligation de respecter le code de déontologie qui lui est lié. En cas de non respect, le Conseil de discipline pourra donner un avertissement, ou procéder au retrait temporaire ou définitif du titre. Des instances de balisage de la profession étaient demandées conjointement par la Fédération Belge des Psychologues (FBP-­‐ BFP) et par la Fédération Nationale des Psychologues Praticiens d’Orientation Psychanalytique de Belgique (APPPsy). Un code de déontologie, attentif à tous les aspects des pratiques, avait été élaboré de concert, pas à pas, par les deux associations sous l’égide vigilant d’un juriste du SPF (Grégoire Moës). Il restait à doter ce texte d’un cadre contraignant d’application des normes qu’il met en place. Le patient travail de rédaction du code de déontologie des psychologues a largement bénéficié de l’expérience en la matière de Pierre Nederlandt qui préside, depuis de nombreuses années, les instances déontologiques de la FBP. Mandatés par leurs associations respectives, les présidents de la FBP (Karel De Witte) et de l’APPPsy (Francis Martens) se sont réjouis de l’aboutissement d’un travail en commun qui balise l’ensemble du champ de la psychologie (clinique, entreprise, sélection, orientation, recherche) et qui acte à la fois l’autonomie, la complémentarité et la spécificité du champ de son exercice par rapport à celui des professions médicales et paramédicales.

Le nouveau Code de Déontologie des Psychologues belges LES PSYCHOLOGUES METTENT EN FORME LEUR DÉONTOLOGIE Vendredi 19 avril, le Conseil des Ministres a approuvé un avant-­‐projet de loi, introduit par la ministre Sabine Laruelle (Classes Moyennes et Indépendants), instaurant un code de déontologie ainsi qu’une instance disciplinaire et une instance d’appel pour tous les porteurs du

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6 La question du secret professionnel, particulièrement sensible dans le domaine des comportements et de l’intime, a été particulièrement approfondie. Tant les praticiens que le public concerné disposeront désormais de balises exigeantes et claires. Francis Martens

Memorandum – Mars 2013

Économiquement autant que médica-­‐ lement, il est dommageable de voir mobiliser sous tout prétexte les techniques les plus dispendieuses – justifiées certes en cas de péril pour la vie, mais dysfonctionnelles si l’on en vient à confondre prévention de la maladie et investigation technologique illimitée des organes4. Souvent considéré comme un domaine spécialisé parmi d’autres, le champ de la santé mentale 5 se trouve en réalité en amont de toutes les pratiques sociales et médicales concernant la santé. En effet, si depuis plus d’un demi siècle le rapport entre précarité socio-­‐économique 6 et recours à la psychiatrie est établi, plus largement il est avéré que les états prolongés de stress tout comme ceux de dépression font le lit de toutes les maladies auxquelles nous exposent notre hérédité et nos conditions de vie7. En outre, les études épidémiologiques les plus récentes voient dans la dépression la seconde cause annoncée d’invalidité – au monde – après les maladies cardio-­‐ vasculaires. Avec cette insistance sur le fait que, dans le monde occidental, l’état

LÉGISLATION EN MATIÈRE DE SANTÉ MENTALE ESPACE DU POSSIBLE ENJEUX POLITIQUES, CLINIQUES ET SOCIÉTAUX 1 Dans le budget de la santé, le poids de la santé mentale est négligeable – d’où l’oubli, la plupart du temps, de sa réelle incidence politique, sanitaire et bud-­‐ gétaire2. En effet, si la techno-­‐médecine est devenue la norme – coûteuse – de l’ensemble des pratiques médicales, c’est au prix d’oublier le patient au profit de ses organes. Néanmoins, si la médecine soigne les maladies, c’est le patient en fin de compte qui guérit3. 1

que pour ne pas en voir minimiser, saboter ou retourner les effets. 4 Par exemple, multiplication exponentielle d’échographies et d’autres examens lors de grossesses sans problèmes — transformées ainsi de facto en états prémorbides. 5 Psychothérapie, psychiatrie, psychologie clinique, médecine générale, travail social spécialisé, etc. 6 Essentiellement, via l’incidence pathogène de la destruction du lien social. 7 Il y a longtemps, par exemple, que la psycho-­‐ neuro-­‐immunologie a établi le lien entre le deuil profond et la dépression immunitaire consécutive, rendant particulièrement vulnérable le sujet endeuillé (notamment au cancer).

Pour marquer la différence d’avec les

préoccupations corporatistes. 2 Au début de la précédente législature, le cabinet de la Santé a convoqué des États Généraux de la Santé, en oubliant tout simplement la santé mentale (sic). 3 Comme en témoignent des milliers de recherches expérimentales sur l’effet placebo. Ce dernier n’a rien d’anecdotique : il met en lumière l’importance du contexte symbolique et relationnel de tout acte techno-­‐médical, tant pour l’optimiser

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7 dépressif se trouve corrélé en premier avec la solitude, en second avec le chômage – lui-­‐même vecteur de solitude. Dans cette perspective, il apparaît essentiel d’associer santé mentale et santé globale, tout en respectant les spécificités psycho-­‐socio-­‐médicales et techno-­‐médi-­‐ cales de chacun des deux champs. En pratique, c’est loin de toujours être le cas – les logiques corporatistes ayant du mal à céder le moindre pouce de terrain. D’autre part, la logique économique «actionnariale» dominante n’est pas sans conséquences sur la santé. Axée sur le profit à court terme, elle ne voit dans le travail qu’un outil jetable parmi d’autres. Sans souci pour le lien social, elle ouvre forcément à toutes les pathologies. De surcroît, ne voyant dans le service public qu’un concurrent abusif, faute de pouvoir l’éliminer cette logique l’infiltre. L’hôpital devient progressivement «une entreprise comme une autre», soumise aux règles du seul «management» et aux impératifs prioritaires de la rentabilité immédiate. Dans ce contexte hautement précarisé, les nécessaires différences sont vite abrasées: la psychiatrie n’est plus qu’un métier semblable aux autres, soumis aux mêmes exigences de productivité et d’évaluation que l’orthopédie ou la radiologie. La psychologie clinique évolue dans le même sillage. Le nursing enfin n’intervient plus qu’au titre de prolongement – réduit au minimum – d’actes techniques et administratifs spécialisés. Maltraités, nombre d’intervenants devien-­‐ nent ainsi maltraitants. La profusion exponentielle des interventions les plus coûteuses – dictée par les exigences du management plus que de la médecine – n’a d’égale, en réalité, que le peu de souci

de l’environnement thérapeutique per-­‐ mettant à chaque patient de guérir après avoir été soigné. Si on souhaite légiférer, il importe de ne pas gommer cet aspect des choses, ni de se contenter de l’aménagement superficiel du cadre légal des professions et des formations. Il reste néanmoins vrai que le foisonnement des psychothérapies et l’hétérogénéité des pratiques peuvent poser question, tandis que l’exercice des «professions de la santé» se voit toujours régi par un collage juridique aussi hétéroclite que peu fonctionnel. Dévolu jadis à l’exercice des professions de «l’art de guérir», l’Arrêté Royal 78 (1967) a été rebaptisé. Il se rapporte désormais aux «professions de la santé». Le texte de 1967 qui, outre celle des médecins, régit la pratique des paramédicaux, des praticiens de l’art dentaire et de ceux de l’art pharmaceutique, s’inscrit dans la foulée d’une ancienne conception de la médecine. Monopolistique dans son exercice mais généraliste dans sa pratique, la pratique médicale vise encore à cette époque le patient en son entier. Même sans formation spécifique, la prise en charge de l’aspect psychologique et relationnel va de soi. Le titre de médecin est encore entouré d’une puissante aura symbolique. Au fil du temps, ce modèle – à la fois humaniste et technique – fait place à une techno-­‐médecine des organes où la singularité du patient s’efface autant que celle du personnage médical. En contrepartie, la psychologie, et les sciences humaines prennent leur essor. La psychanalyse, les approches compor-­‐ tementales, les théories systémiques, la psychothérapie institutionnelle, renou-­‐

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8 vellent la psychiatrie tandis que de nouvelles formations voient le jour. Celles-­‐ ci ne relèvent plus du seul savoir universitaire mais d’une démarche personnelle encadrée par diverses institutions. L’abord psychodynamique de la souffrance psychique ne peut se réduire, en effet, à l’application d’une technique: la culture, la maturation de l’intervenant(e), apparaissent capitales. Sans transiger sur la qualité des formations, il faut donc ménager la pluralité des chemins. La diversité des approches, l’interdisciplinarité des pra-­‐ tiques, sont par ailleurs inhérentes à la notion même de santé mentale. Aujourd’hui, le législateur se trouve confronté à des enjeux cruciaux en même temps qu’à divers écueils. Mais il n’y a nul péril en la demeure: aucune raison de vouloir tout résoudre en hâte au risque d’hypothéquer l’avenir. Il est capital seulement de fixer un cap qui oriente l’Arrêté Royal 78 en fonction de la réalité des pratiques. Il s’agit de ne mettre en œuvre que ce qui peut l’être, sans compromettre un projet général visant à augmenter la qualité relationnelle et l’efficacité clinique, tout en réduisant les coûts en matière de santé. Rappelons que l’impact de la santé mentale sur la santé générale est capital. Or, la santé mentale est pratiquement absente de l’Arrêté 78 – comme si une moindre technicité et un moindre coût avaient éveillé la suspicion du législateur. Les crispations identitaires n’aident pas. Loin d’être en concurrence avec la médecine des organes, l’approche psychothérapeutique se trouve dans un rapport de nécessaire complémentarité avec elle. Loin d’opposer médecins et non médecins, elle va de pair avec une revalorisation des métiers aussi bien de

psychologue que de psychiatre et de généraliste 8 . Elle aide en outre à en préciser les contours. Car, si la psychothérapie est validée par de multiples recherches, elle ne se réduit jamais à un acte technique. Enfin, le fait que la santé mentale soit indissociable de la santé sociale implique une nécessaire interdisciplinarité, en même temps qu’il souligne la nécessité d’un modèle de formation, d’évaluation et d’accès à la profession, qui tienne compte de la spécificité de pratiques qu’il importe d’inclure dans l’Arrêté 78, vu leur impact sur la santé publique. Une telle inclusion 8

Côté santé mentale, les généralistes –

confrontés au tout venant des demandes – sont en première ligne mais très isolés. Les psychiatres, de leur côté, campent à l’interface de la techno-­‐ médecine et de la psychothérapie – un lieu on ne peut plus stratégique -­‐ mais ils se trouvent de plus en plus malmenés. D’un côté, via l’usage rendu obligatoire du RPM (résumé psychiatrique minimum basé sur le DSM), ils ont été rendus otages du DSM-­‐IV – un manuel statistique et diagnostique mondialisé, cataloguant des «disorders» indépendamment de toute pensée psychopathologique, et tout entier régi par l’idéologie du management et les exigences du marché pharmaceutique. De l’autre, au sein de l’hôpital, où leur pratique – aux antipodes de celle de la plupart de leurs confrères – exige de prendre son temps et d’individualiser chaque tableau clinique, tout en ne relevant que rarement d’actes techniques «rentables». Un exemple parmi d’autres: à Bruxelles, dans un grand hôpital universitaire du centre ville, où le Service des Urgences Psychiatriques ressemble à un catalogue de toutes les misères et de toutes les violences du monde, il n’est pas rare de voir un(e) jeune stagiaire en psychiatrie confronté(e) seul(e), la nuit, à une quinzaine de situations aussi critiques les unes que les autres – une bonne part étant amenées par la police. En cas de débordement majeur, il ne lui est possible souvent que de faire appel à un garde Securitas (sic) – la pénibilité du travail ayant parfois raison de la santé des infirmier(e)s. Au matin, l’apprenti(e) psychiatre se voit habituellement reprocher de ne pas avoir correctement rempli «les papiers».

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9 ne pourrait qu’améliorer ce texte de loi 9 en l’adaptant mieux aux réalités actuelles10. Comment procéder? Synthétisons enjeux et obstacles. Rela-­‐ tivement neuf, le registre de la santé mentale et son accent mis sur les psychothérapies individuelles, groupales et institutionnelles, s’avère aussi capital que sous-­‐évalué. Par ailleurs, la mise en œuvre de l’Arrêté Royal 78 a pro-­‐ gressivement évolué, depuis la conception d’une médecine humaniste centrée sur le patient, vers une techno-­‐médecine vouée à la réparation des organes. Si cette dernière a le mérite de nous sauver quelquefois la vie, la prise en compte des états complexes de dépression et de

stress, où se forgent la plupart des maladies, n’entre que peu dans ses compétences. D’où une faille majeure en matière de prévention autant que de diminution des dépenses publiques. Par ailleurs, l’essor des psychothérapies ne va pas sans quelque confusion: il n’est pas toujours facile d’y faire son marché. C’est que la santé mentale est par définition plurielle. Elle se conjugue sur le mode de la diversité plutôt que de la normalité. Mais pour certains médecins, psycho-­‐ logues, responsables d’université, les enjeux corporatistes priment et n’ont que faire ce cette spécificité. • Concrètement, il apparaît essentiel de créer, dans le cadre de l’Arrêté Royal 78, un Conseil supérieur de la santé mentale11, apte à accompagner les spécificités de cette dernière, à promouvoir les nécessaires interdisciplinarités, et à servir d’interface aux problématiques de la techno-­‐médecine et de la santé mentale. • Juridiquement, faire entrer officiel-­‐ lement la psychologie clinique parmi les professions de la santé n’est que prendre acte d’un fait établi. Cela n’a d’intérêt qu’en respectant la spécificité de son statut. Or, ce n’est que sa qualité de praticien de la psychothérapie (quand il y est formé) qui justifie l’appartenance du psychologue clinicien aux professions de la santé. • De ce qui précède il ressort que dépendre de Commissions Médicales Provinciales – émanant d’une pure logique médicale – n’est pas envisageable pour les psychologues cliniciens (qui ne sont en

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Constitué par agglutination de textes relativement hétéroclites, durant un demi siècle, avec un souci d’organisation des professions plus que de politique de la santé, d’un point de vue légistique l’A. R. n° 78 a fini par devenir une sorte de monstre rigide qu’il est urgent de remobiliser — si l’on veut garder le souci de la santé publique dans un monde en pleine précarité. 10 Une histoire résume ici tout le reste. Il y a quelques années, les psychiatres qui s’étaient formés à la psychothérapie et exerçaient en ce domaine ont souhaité, à raison, de pouvoir disposer d’un code INAMI lié à la spécificité d’une pratique professionnelle à laquelle leurs seules études ne les avaient pas préparés. La question des formations est donc apparue cruciale, et le groupe de travail constitué s’est vite mis d’accord sur la nécessité d’avoir notamment bénéficié d’une pratique supervisée. Au moment de conclure, les plus corporatistes s’aperçurent de ce que nombre de leurs confrères avaient été supervisés par des psychologues psychothérapeutes (c’est-­‐à-­‐dire, stricto sensu, part des praticiens illégaux de l’«art de guérir»). En réalité, ils n’avaient pas eu le choix, mais les radicaux firent barrage. Personne néanmoins ne voulait renoncer au code. Un «compromis à la belge» finit donc par calmer les esprits : le code «psychothérapie» renverrait à un «acte» caractérisé par le simple fait de recevoir n’importe quel patient pendant 45 minutes — quel que soit l’emploi du temps et la formation du praticien concerné (sic).

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Depuis de nombreuses années, durant sa collaboration avec Yvan Mayeur alors président de la Commission de la Santé, puis avec le cabinet de Rudy Demotte, l’APPPsy n’a cessé de proposer la création d’un tel conseil.

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10 rien des paramédicaux) – sauf à redéfinir le fonctionnement de ces commissions et à les rebaptiser Commissions Psycho-­‐ médicales Provinciales. Cet enjeu n’est pas un détail. Notons d’ailleurs que les psychologues disposeront incessamment de leur propre instance déontologique organisée par la loi. • Last but not least, faire entrer les psychologues cliniciens au sein de l’Arrêté Royal 78, et non les psychothérapeutes issus d’autres filières, équivaudrait à créer deux classes de psychothérapeutes: les supposément «sérieux» (car formés à la psychothérapie sur base d’un cursus en psychologie clinique ou en psychiatrie) et les autres. Outre une discrimination mal fondée (car c’est la qualité du cursus et de la formation personnels qui différencient les psychothérapeutes plus que leurs diplômes), cette mesure affaiblirait beaucoup le nécessaire impact de l’entrée de la profession de psychothérapeute au sein des professions de la santé. • Tout ce qui précède renvoyant à la question complexe de la reconnaissance de la pratique du psychothérapeute et de son titre, cette matière vaudrait la peine d’être approfondie plutôt qu’éludée (comme ce serait le cas si l’on se contentait de renvoyer les psycho-­‐ thérapeutes non psychiatres et non psychologues cliniciens dans une nébuleuse juridique extérieure à l’Arrêté 78). S’il est clair enfin qu’un cursus en psychiatrie ou en psychologie clinique apparaît comme le socle «naturel» d’une formation à la psychothérapie – laquelle implique spécifiquement un trajet psychothérapeutique personnel, une connaissance précise de la discipline choisie, et une longue pratique supervisée

– d’autres cursus sont possibles: des plus attendus jusqu’aux plus atypiques. Pour les premiers (à partir d’une pratique, par exemple, en tant que médecin généraliste, infirmier psychiatrique, travailleuse sociale, etc.), il appartient au législateur de définir les passerelles adéquates en tenant compte des exigences rappelées ci-­‐ dessus, augmentées des stages néces-­‐ saires et d’une bonne connaissance de la psychopathologie. Pour les seconds, il importe de se rappeler que le choix de la profession de psychothérapeute procède d’un cheminement de vie plutôt que d’une étude de marché. Le Conseil supérieur de la santé mentale devrait définir le minimum d’études supplémentaires exigible, de même qu’il pourrait statuer au cas par cas sur les parcours les plus inattendus. Les post-­‐graduats organisés par les universités dans le cadre de la formation permanente offrent ici des possibilités souples. Le Conseil pourrait également définir les critères d’homo-­‐ logation des formations organisées par les instituts privés (comme, par exemple, les sociétés de psychanalyse). Ajoutons que la composition du Conseil supérieur de la santé mentale ferait forcément la part belle aux psychiatres, psychologues cliniciens et médecins généralistes, mais sans se priver de la participation de représentants du travail social, de l’enseignement et des sciences humaines. Car si la santé mentale est d’une incidence majeure sur la santé générale, il n’est de santé mentale sans santé sociale. Francis Martens Président de l’APPpsy

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Agenda APPpsy • 21 mai à 20h Réunion du Bureau •

LOUVAIN – Chappelles-aux-Champs • 24 Mai Couples recomposés : le divorce du parental et du conjugal, Martine Goffin Infos : www.apsyicl.be

1er juin Clôture de la prochaine Lettre d’information. Vous pouvez me faire parvenir par courriel (fredericwidart@hotmail.com) la présentation de vos publications récentes ou à venir, des notes de lecture, des textes originaux, des dates de manifestations, etc.

Publication •

BRUXELLES • 31 Mai 1, 2, 3, tu ne m’auras pas, WAIMH belgo-luxembourgeoise, avec notamment D. Marcelli et S. Marinopopoulos. •

Revue Psycorps, Les facteurs de changements en psychothérapie, Bruxelles, vol.17, 2013 Infos : www.psycorps.org

Liens Internet •

14-16 Novembre Penser la psychose. Savoirs et pratiques, 2ème Congrès Européen Francophone, organisé par La Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale. Infos : http://www.lbfsm.be/IMG/pdf/ premiere_annonce_penser_la_psyc hoseII.pdf

La lettre de la Ligue http://lbfsm.be/spip.php?page =patron_lbfsm_new

Agenda APSYUCL http://www.apsyucl.be/apsy/i ndex.php?option=com_eventlist &view=categoryevents&id=1&I temid=61

Agenda de la CPLU – Clinique Psychologique et Logopédique Universitaire (ULg) : http://www.fapse.ulg.ac.be/c ms/c_318918/fr/professionnels

GENT • 27 Avril Autisme, continuité (d’existence et de soins) et sémiotique. Infos : www.bsp-ebp.be LIEGE • 04 Mai Psychodrame et psychanalyse — Clinique et transmission, Cerp. Infos : https://sites.google.com/site/cerp asbl/cette-annee

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Colloque international

Ariane Bazan, Eva Brabant-Gerö, Christophe Dejours, René Kaës, Jonathan House, Dominique Scarfone, Hélène Tessier Anna Köllreuter

LA PSYCHANALYSE EN DEBAT

1924-2014, Perspectives pour la Psychanalyse, II 7.02.2014 20:30 au 9.02.2014 12:30 auditoire Dupréel, 44 avenue Jeanne, 1050 Bruxelles AVEC L’APPUI DE LA FONDATION JEAN LAPLANCHE ”NOUVEAUX FONDEMENTS POUR LA PSYCHANALYSE” ET DE LA REVUE LE COQ-HERON

Association des Psychologues Praticiens d’orientation Psychanalytique

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Argument LA PSYCHANALYSE EN DÉBAT 1924-2014, Perspectives pour la psychanalyse, II Occultant d’autres terreurs, un spectre nous hante: l’abus sexuel. Une nouvelle croisade bat son plein. Fébrilement, les «spécialistes» tentent de démêler ce qui relève du médico-légal de ce qui n’a trait qu’au fantasme. Nous voilà revenus malgré nous au lieu d’où Freud était parti. Parti comme on commence un chemin. Parti tout autant comme on s’écarte d’un lieu fondateur. Parti, en tout cas, en nous laissant de multiples adresses à visiter. Car que reste-t-il de la psychanalyse par-delà son éparpillement? Les mots balisent-ils autre chose que des professions de foi? La chose freudienne a-t-elle gardé quelque tranchant? Sans doute. Mais il n’en est pas moins urgent de sortir l’inconscient, le sexuel, la réalité psychique, des ornières qui leur servent de compas. Urgent de confronter à nouveau psychanalyse et rationalité. Urgent d’ouvrir le débat plutôt que les hostilités. Soumettre les pratiques au regard de la théorie, exposer celles-ci au scalpel d’autres disciplines, est un risque nécessaire. À l’heure du refus de la pensée, de l’essor des idéologies adaptatives, du triomphe du management, il y a tout à gagner à parier Freud contre le DSM – à tout le moins contre l’usage qui en est fait. Il est temps de rendre sa place à l’argumentation, de décloisonner la réflexion, de regarder plus loin que le Power Point – mais pas au prix d’un œcuménisme de façade. Seule la différence peut marquer l’identité. Faire dialoguer la psychanalyse avec ce qui l’entoure passe par un questionnement de ses propres dissonances. Dès lors, si le projet vaut la peine, il est rien moins qu’évident. Un colloque ne pourra que l’effleurer. Au sein de l’espace psychique, le «centre» est radicalement décentré. La place de l’«autre» en nous questionne le bon usage de l’autre où qu’il soit. Si la raison enfin s’ombilique en des parages obscurs, il n’y a que le discours rationnel pour en cartographier les abords. Le penser fait mauvais ménage avec l’incantation. Sauvée de la mode, la psychanalyse peut se risquer à la rigueur autant qu’au dialogue. A-telle les moyens de cette ambition? Sera-t-elle habile au contrepoint? L’avenir le dira. Mais il est clair qu’en des temps aussi peu éclairés, le jeu en vaut la chandelle. Un nouvel obscurantisme – plus riche en tranquillisants qu’en autodafés – ne cesse de nous assoupir. Penser, c’est déjà résister.

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