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Dubai International Arabian Races 2018
Save the date - Sunday 29th July 2018
Newbury Racecourse Featuring 8 Arabian races Including 3 Gr.1 PA and 1 Gr.3 PA 5 Countries, 25 races, including10 Group and Listed races
For more information on BONUS schemes, travel allowances and more visit www.diaraces.com 2 Spirit
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Edito Le cheval arabe est moteur de passions, de celles qui vous marquent pour toujours. De celles qui poussent des hommes et des femmes à déplacer des montagnes, à lancer et à relever des défis qui semblent parfois insurmontables. Certains l’ont payé de leur vie, mais tous sont animés d’une foi sans pareille pour ce noble animal, à qui nos destins sont liés depuis la nuit des temps. Les femmes sont très présentes dans ce numéro, des femmes exceptionnelles, fortes, entraîneurs, cavalières, éleveurs, photographes ou auteurs. Vous les retrouverez dans toutes les disciplines. Nous nous intéressons aussi à une région, la côte atlantique autour de Royan et La Teste-deBuch, ainsi qu’à un pays, l’Australie, qui nous a donné des cavaliers, des chevaux et des artistes extraordinaires. Après la Roumanie, notre voyage dans les pays de l’Est continue en Pologne et nous vous invitons également en Ukraine, une nation riche d’une tradition d’élevage ancienne, mais que les aléas de l’histoire et de la politique ont bouleversée. Vous découvrirez également des hommes et des femmes qui relèvent des défis et se lancent dans de nouvelles initiatives, afin de développer leurs sports. Nous vous amenons aussi au Moyen-Orient, pour la fin de la saison de compétition. Et cela n’est pas fini, mais nous vous en laissons la surprise ! L’équipe
The Arabian horse is a powerful source that drives passions of the kind that lasts for ever. They push men and women to move mountains, to take on challenges which sometimes seem insurmountable. Some had to pay for this with their own life but all are moved by an exceptional faith in this noble animal to who we bind our fates since the dawn of time. In this issue, you will find many exceptional and strong women from various disciplines, trainers, riders, breeders, photographers, writers. We focus on a region, the French Atlantic coast, around Royan and La Teste-de-Buch, and a country, Australia, which has given us riders, horses and extraordinary artists. After Romania, our exploration of Eastern Europe takes us to Poland and to Ukraine, a nation with an ancient breeding tradition, which was upset by the impact of history and politics. You will also discover men and women who take up challenges and launch initiatives to develop their sports. We will also take you to the Middle East for the end of the competitive season. And it is not over but we let you discover it! The team www.arabian-horse-spirit.com Facebook : AHS
Edité par Eagran Directrice de la publication & graphisme : Stéphanie Meklis Rédactrice en chef & traduction : Virginie Bauer Responsable communication et développement commercial : Claudie Macaigne Abonnement : www.arabian-horse-spirit.com/abonnement Rédaction : Virginie Bauer / Virginia Dodson / Kateryna Shcherbyna / Anette Varjonen / Sharon Meyers / Monika Luft,/ Marie Lesconnec Traduction : Louis Lenoir Photographies : Anette Varjonen / Anaïs Levé / Catherine Guilhem / coll. Elisabeth Bernard / Fahran / Juhaim / Hipaca Images / Claudia Duffé / Roger Berra / Hippodrome de la Teste / Ross Stevenson / Sue Crockett / Alex Dvernitskiy / Illariona Geymur / April Visel / Antoine Delaporte / Christophe Tanière / David Morganti / France Galop / coll. Gaston Mercier / Marta Baranowska / Krzysztof Duzynski / Piotr Grzybowski / Lenys Lilly / Sharon Meyers / Monika Luft / Martine Salvetat / Kyoto university / Anne Brown / Arabian Horse Society / Raynald Aubert / Coll. Symposium Imprimé en France par Imprimerie du Noisetier Couverture : A T BAHI (Kubinec / Bess-Faizah) Breeder: Ajman Stud - Owner: Al Tayar Arabian Horse Stud Photo by Anette Varjonen N°ISSN : 2493-7304
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sommaire / contents Editorial ........................................................................................................................P 1 Sommaire ....................................................................................................................P 3
COURSES
Portrait - Elisabeth Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Emir’s Sword . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Kahayla Classic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Meeting de Royan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Hippodrome de La Teste de Buch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
P 8 P18 P22 P26 P32
Portrait : Jill Colwell. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Prestige Cup Chantilly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chevaux arabes d’Ukraine : La gloire éxecutée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Endurance des Monts du Lévézou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Portrait : Monika Luft . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dubai International Horse Fair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Australian National Arabian Championships . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Festival Equestre du Souq Wakif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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ENDURANCE SHOW
VETERINAIRE La vision du cheval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P100
CULTURE Nos coups de coeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P108 Exposition à Newmarket : Arabian Horse from the Desert to the World. . . . . . . . . . . . . P112 Rock Art, les anciens dessins d’Arabie saoudite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P120 Symposium à la Sorbonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P124 Artiste : Joseph Zbukvic. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P130
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Portrait EntraÎneur - Elizabeth Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Emir’s Sword . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Kahayla Classic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Meeting de Royan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Hippodrome de La Teste de Buch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Portrait
Elisabeth Bernard
Des vies, un destin
TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Anaïs Levé, Catherine Guilhem, collection Elisabeth Bernard & AHS
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Elisabeth Bernard avec Jean-Bernard Eyquem
légance et force, voilà les deux mots qui me viennent spontanément à l’esprit quand je pense à Elisabeth Bernard. Certes, il y a la femme toujours chic, impeccablement habillée, qui nous rappelle qu’il fut un temps où cela ne se concevait pas autrement sur les hippodromes, mais c’est aussi la qualité morale qui la définit. Elisabeth Bernard possède une force mentale incroyable, qui a fait d’elle un entraîneur reconnu, une grande sportive, championne du monde des cavalières et trois fois Cravache d’or. Cela l’a poussée à continuer à regarder vers l’avant quand les vicissitudes de la vie l’ont frappée, notamment lors de la disparition de son mari, Jean-François Bernard. Qui aurait pu imaginer le cours que le destin allait prendre lorsque la petite Elisabeth Garel, pénètre à huit ans, pour la première fois dans un centre équestre « J’ai aimé l’odeur des écuries et du cheval, l’odeur du cuir, ce monde physique et sensoriel » se souvient-elle. Dès lors, sa vie bascule, elle monte à cheval dès qu’elle le peut, formée par un
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Elegance and strength, these are the two words which instantly come to mind when I think of Elisabeth Bernard. Of course there is the sophisticated woman, always impeccably dressed, which reminds us of a time when everybody did so at the racecourse, but it is also a moral quality which defines her. Elisabeth Bernard has a good mental strength which made of her a well-known trainer, a great sportswoman, World champion of Lady riders and three times Cravache d’or, which is awarded to the Best Flat Racing Champion jockey. It has helped her to look forward through all the ups and downs of life, especially when her husband, Jean-François Bernard, passed away. Who could have imagined that fate would change the life of little eight year old Elisabeth Garel when she entered a riding-school for the first time «I loved the smell of the stables and of the horses, the smell of leather, this natural and sensorial world» she remembers.
ancien jockey qui lui parle tout le temps des courses et qui achète deux chevaux réformés. « Dès que je pouvais me libérer, on les amenait sur la piste d’entraînement sur l’extérieur de l’hippodrome de Bordeaux ». Soutenue par ses parents, elle décide de se consacrer entièrement à sa passion : « Je n’envisageais pas de faire autre chose. A seize ans, j’ai obtenu ma première licence de cavalière. Je ne me sentais à l’aise qu’à cheval, le fait d’être la seule jeune fille
Therefore her life changed, she rode horses whenever she could, trained by a former jockey who told her everything about races and bought two ex-racehorses. «As soon as I was able to, we drove them to the training track outside of Bordeaux racecourse.» With the support of her parents she devoted herself to her passion: «I didn’t consider anything else. When I was sixteen year-old, I got my first lady rider licence. I only felt
à m’entraîner avec des hommes me stimulait. Au milieu d’eux j’avais envie de les épater, de leur prouver qu’une femme pouvait être leur égale. » Grâce à un entraîneur particulier et une famille de passionnés, les Flambeaux, elle peut monter leurs chevaux de courses en compétition et à l’entraînement. Pour sa première monte à Biarritz, elle finit quatrième et c’est à Limoges, un 1er mai, qu’elle gagne lors de sa seconde course : « J’ai eu de la chance, j’ai gagné tout de suite puis tout s’est enchaîné. » A dix-huit ans, son Bac en poche, elle s’installe à La Teste. Le centre d’entraînement est tout neuf, des écuries sont encore en travaux. Elle commence à monter des pur-sang pour Éric Danel et Jean Bardon. Après un détour dans le Périgord où elle passe son permis d’entraîner pour ses
comfortable when I was on horseback; being the only young woman training among men was rather stimulating. Among them I wanted to impress, to prove that a woman could be their equal.» Thanks to a private trainer and a family of enthusiasts, the Flambeaux, she could either train and compete on their racehorses. For her first race in Biarritz, she finished fourth and in Limoges, on a first of May, she won her second race: «I was lucky, I won right away then one thing led to another.» When she was eighteen and a graduate from school, she moved to La Teste. The training centre was brand new and some stables were still underway. She started riding thoroughbreds for Éric Danel and Jean Bardon. After spending some time in Périgord, in the Dordogne
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COURSES
A l’entraînement
13 mai 2018 Royan
Prix Alban Jamme
Wathba Stallions Cup TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Claudia Duffé
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e soleil avait fait son apparition sur l’hippodrome de Royan-La Palmyre, sur la côte atlantique, à quelques encablures de l’océan, et le public avait répondu présent. Dans ce fief des plus grands entraîneurs d’obstacle que sont Guillaume Macaire, Arnaud ChailléChaillé et François Nicolle, de jeunes entraîneurs de galop et d’obstacle comme Thomas Fourcy et Isabelle Gallorini se sont également fait une place, au sein d’un centre d’entraînement des plus remarquables. Les courses de pur-sang arabes sont une vraie nouveauté à Royan, puisque le Prix Alban Jamme, disputé en ce dimanche de mai, n’en est qu’à sa deuxième édition. Cette année, la course bénéficie également du sponsoring du Festival de SA Cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan et devient une Wathba Stallions Cup. L’épreuve se courait sur 1 600 m et était ouverte aux chevaux de plus de 4 ans, n’ayant jamais gagné. Comme nous l’a confié la directrice de l’AFAC, Mélanie Vanlemberghe, elle a attiré de nombreux participants, « la liste des entrées était telle qu’il a fallu refuser des chevaux ». De nombreuses écuries avaient envoyé des représentants comme Al
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The sun broke through on Royan racecourse and despite a chilly afternoon the public appeared. Located on the Atlantic coast close to the ocean, the racecourse is famous for his training centre where champion jumps trainers like Guillaume Macaire, Arnaud Chaillé-Chaillé and François Nicolle exercise their runners. They’ve been joined by flat and jumps trainers Thomas Fourcy and Isabelle Galorini a few years ago. Arabian racing is quite new at Royan as Prix Alban Jamme was being contested only for the second time on Sunday 13th. This year the race is also being sponsored by HH Sheikh Mansoor bin Zayed Al Nahyan Festival and became a Wathba Stallions Cup event. Run over a distance of 1,600 m, the race was open to fouryear-olds and over, Maidens only. It attracted many participants as Melanie Vanlemberghe, director of AFAC explained «the list of entries was such that we had to refuse horses». Next to the representatives of well-known stables like Al Shaqab Racing, Yas Horse Racing and Shadwell, some lesser known owner-breeders like Loetitia Dulas and Cécile Sablon or Awn Al Aidarous, P. Duscio and Sheikh Khalaf Rabah Alshammari from Saoudi Arabia
Trois chevaux étant non-partant, ils ont donc été neuf à s’élancer sur le gazon de l’hippodrome. Mujahid (Mahabb x Limeted Edition par Ezil) a pris la tête, imprimant une impulsion régulière à la course, une position qu’il va conserver jusque dans les derniers mètres, avant que Hind (Mahabb x Gliptika par Parusnik) ne vienne à l’extérieur et prenne l’avantage, donnant ainsi la victoire à Yas Horse Racing. Entraînée par Damien de Watrigant pour son éleveur et propriétaire Loetitia Dulas, élevage Al Cassagne, Soureyade (Dahess x Souganate par Manganate) se place deuxième, à une longueur de la jument victorieuse, devançant Mujahid d’une demi-longueur. Eclair du Paladin (Nizam x Noa des Tunes par Dormane) entraîné par Jean-Luc Pelletan et élevé par P. Dusci, ses propriétaires, prend la quatrième place devant Malmas (No Risk Al Maury x Qusoor par Djebel), entraînement Damien de Watrigant pour Shadwell. Par sa mère, Gliptika, Hind est de lignée russe. Parusnik, son grand-père, est le dernier produit de Prikhot (Sport x Perikola par Knippel) : cette légende des courses, taillée pour la vitesse, détient toujours le record des trois ans sur 1 800 m et 2 000 m en Russie. Née en 1967 et élevée au célèbre haras de Tersk, elle est issue des meilleures lignées russes : du côté paternel, celle de Koheilan Adjuze, importé en 1885 en Russie, du côté maternel, celle de Kair/Rodania, importée en 1881. Hind a fait ses débuts à La Teste dans le Prix Nez d’Or le 11 juillet 2017 et restait sur une cinquième place dans le prix Caïd, qui s’est couru à Toulouse le 22 novembre. Sa victoire à Royan est également la première victoire de son nouvel entraîneur, David
had their horses lined up for the Cup too. With three non-runners only nine horses took to the start on the grass in Royan. Mujahid (Mahabb x Limeted Edition by Ezil) took the lead setting the pace before being caught close home by Hind (Mahabb x Gliptika by Parusnik) who came from the outside and lifted the Cup for Yas Horse Racing. Damien de Watrigant’s charge, Soureyade (Dahess x Souganate by Manganate), owned and bred by Loetitia Dulas of Al Cassagne farm stud, snatched second place a length behind the winning mare and half a length ahead Mujahid. Eclair du Paladin (Nizam x Noa des Tunes by Dormane) trained by Jean-Luc Pelletan and bred by P. Dusci, his owners, finished fourth ahead Malmas (No Risk Al Maury x Qusoor by Djebel) trained by Damien de Watrigant for Shadwell. Hind’s dam, Gliptika is from Russian bloodlines. Parusnik, her grandsire is the last product of race legend mare Prikhot (Sport x Perikola by Knippel): bred for speed she is still record holder for three-year-olds in Russia on 1,800 m and 2,000 m. Born in 1967 and bred at famous Tersk stud, she is a representative of the best Russian bloodlines, that of Koheilan Adjuze imported in Russia in 1885 on her paternal line and that of Kair/Rodania imported in 1881 on her maternal line. Hind’s first race was Prix Nez d’Or in La Teste on July 11th, 2017. On November 22nd she ran in Toulouse in Prix Caïd where she was placed fifth. Her victory in Royan is also the first victory of her new trainer, former jockey David Morisson who is starting a second career after winning 653 races. Flavien Garnier, who rode her to victory, confided that his partner «has some temper but she imposes herself undoubtedly.» As for Soureyade, her maiden race was in Pau on February 6th in Prix Haras de Gelos-Wathba Stallions Cup where she finished fourth. Prix Alban Jamme is her fourth race
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COURSES
Shaqab Racing, venu en voisin, Yas Horse Racing et Shadwell, aux côtés de propriétaires-éleveurs comme Mesdames Loetitia Dulas et Cécile Sablon ou Messieurs Awn Al Aidarous, P. Duscio et le Cheikh Khalaf Rabah Alshammari d’Arabie Saoudite.
Hippodrome
La Teste de Buch
TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Anaïs Levé, Roger Berra, Catherine Guilhem & Hippodrome de la Teste
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itué sur le bassin d’Arcachon, au pied de la dune du Pilat, l’hippodrome du Béquet, à La Teste de Buch, se déploie au coeur d’un magnifique écrin de verdure : quatre-vingts hectares entourés de pins pour un hippodrome et son centre d’entraînement qui appartiennent et sont gérés par la Société des Courses de la Teste. Selon le PMU, c’est l’un des quatre plus beaux hippodromes de France. Pas moins de dix-sept courses de pur-sang arabes, dont sept Groupe 3, un Groupe 2 et une Listed sont inscrites à son programme. Le pur-sang arabe y est particulièrement
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Located in Arcachon Bay, at the foot of the Great Dune du Pilat, Le Béquet racecourse at La Teste de Buch enfolds within eighty hectares of pines, a beautiful green shrine. The racecourse and the training centre belong to the Société des Courses de La Teste which manages them too. According to PMU (French horse betting provider), it is one of the four most beautiful racecourses in France. No less then seventeen Arabian races including seven Group 3, one Group 2 and one Listed are on its calendar. Purebred Arabian are particularly well represented as the racecourse where you can find the office of the French Arabian Racing
Le Béquet est un hippodrome dit d’été car il ouvre ses portes en mars pour les refermer en septembre. Entre-temps, cent vingt-neuf courses de plat et de haies vont se courir sur sa pelouse, au cours des dix-sept réunions de courses 100% Premium - c’est à dire qu’elles sont toutes télévisées et que l’on peut parier de partout en France et de l’étranger. Depuis
Society (AFAC) which manages Arabian racing in France. Le Béquet is a summer racecourse that’s to say that it is open from March to September. One hundred and twentynine races, either flat or jumps, are held at La Teste during the seventeen Premium race meetings - meaning that they are all broadcasted on television and bets can be placed from France and abroad. Since 2017 the racecourse has become a «national pole» so it can organize meetings with Quinté +, in other words with a one million euros daily jackpot minimum if you pick the first five horses in order.
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bien représenté car l’hippodrome accueille également les bureaux de l’Association Française du Cheval Arabe de Course (AFAC) qui régit l’ensemble des courses arabes en France.
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Endurance Portrait : Jill Colwell. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . The Prestige Cup Chantilly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chevaux arabes d’Ukraine : La gloire exécutée . . . . . . . . . . . . . . . . . Endurance des Monts du Lévézou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Page de gauche / left page : Photo Collection Gaston Mercier
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Portrait Jill
Colwell
Interview By Virginia Dodson photos Ross Stevenson & Sue Crockett
Ses seules barrières sont celles des boîtes de départ La carrière de Jill Colwell est brillante et variée. Ce médecin a été une coureuse de fond, une cavalière d’endurance et un jockey. Elle détient également une licence de la NARA* en tant que jockey/propriétaire/entraîneur.
Jill’s Only Barriers Are The Starting Gates Jill Colwell has had a varied and brilliant career. She’s a doctor, has been a long-distance runner, an endurance rider, jockey and also holds a NARA jockey/owner/trainers licence.
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arlez-nous de vous, Jill. Comment avez-vous opté pour toutes ces disciplines ? J’ai commencé comme cavalière d’entraînement, dans les années 60, sur l’hippodrome de Walgett, en Nouvelle-Galles du Sud. J’ai gagné une bourse du Commonwealth, inté-
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Tell us a bit about yourself Jill. How did you come to embrace all these disciplines? I first started riding track work in the 60s at the Walgett racetrack, NSW. Winning a Commonwealth scholarship and entry to Sydney University Medical School in 1970 culminated in my medical degree. I supported myself during
Montiez-vous dans des courses pour pur-sang anglais ? Jusqu’en 1979, les femmes n’avaient pas l’autorisation d’avoir des licences de jockeys professionnels, mais dans les années 70 j’ai eu des montes dans des courses de cavalières. Après mon diplôme, obtenu avec mention, j’ai fait mon internat à l’hôpital Prince of Wales pour être près de l’hippodrome Royal Randwick. Je trouvais toujours le temps de monter pour TJ Smith et Theo Green (entraîneur) qui est devenu mon mentor. Il m’a tout appris sur l’équilibre, la position, l’allure et la sécurité à cheval comme dans la vie. Quand avez-vous obtenu votre licence pour monter des pursang anglais ? En 1980, quand je suis devenue la seule femme à monter en course à Birdsville. J’ai continué la monte à l’entraînement, par intermittence, en Nouvelle-Galles du Sud, au Queensland, en Australie Occidentale, en Nouvelle-Zélande et à Newmarket, en Angleterre, jusqu’en 1993. Racontez-nous votre expérience de marathonienne. Je me suis installée comme médecin sur la Gold Coast et je n’avais pas le temps de monter en course. Pour rester en forme, j’ai commencé à courir avec un groupe de gens comme moi. En 1982 j’ai gagné la Big M, qui est la Melbourne Cup** des marathons. Un parcours de 42,2 km. Il y avait des milliers de spectateurs qui nous encourageaient et quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, au bout de deux heures trente-neuf, j’ai été étonnée quand on m’a dit que j’avais fait une course fantastique. J’ai du partir tôt pour renter travailler au Queensland. Alors que je tournais les pages du Courier Mail, j’ai vu ce titre « Jill Colwell établit un nouveau record du marathon australien ». J’ai pensé « Comme c’est gênant, ils se sont trompés ! » mais c’était vrai ! Après, j’ai eu la chance de représenter l’Australie dans le marathon aux championnats du monde d’athlétisme, à Helsinki en 1983. Qu’est-ce qui a ravivé votre intérêt pour les chevaux ? Lorsque la Tom Quilty est arrivée au Queensland en 2000, j’ai approché Peter et Penny Toft (entraîneurs, éleveurs et cavaliers) pour savoir ce qu’était l’endurance. J’ai alors passé des heures à m’entraîner et à faire des compétitions
university by riding track-work and despite the prejudice against women, became in demand to ride both the good and the difficult horses. I was the only female amongst 200 male riders at the Canterbury track. I couldn’t afford a car so I used to jog three kilometres there and back to the train every morning. Did you ride in any Thoroughbred (TB) races? Women were not permitted to have pro jockey licences until 1979 but by the mid 70s I was starting to get race rides at the picnics and in ladies races. After I graduated with honours, I applied for my internship at the Prince of Wales Hospital so I would be close to Royal Randwick Racecourse. I still found time to ride work for TJ Smith and Theo Green who was to become a great mentor to me, teaching me about balance, position and pacing and staying safe both on the horses and in life. When did you get your TB jockeys licence? In 1980, which was the year I became the first female to ride at the Birdsville races. I continued to ride track-work intermittently until 1993 in New South Wales, Queensland, Western Australia, New Zealand and Newmarket in England. Tell us about your experience as a marathon runner. In 1980 I started work as a doctor on the Gold Coast and didn’t have time for race riding, so to keep my fitness up I starting running with a group of like-minded people. In 1982 I won a trip to the Big M in Melbourne, which was known as the Melbourne Cup of marathons. It was a 42.2km road run from Frankston to Melbourne. There were thousands of spectators cheering us on and when I passed the finish line in two hours 39 minutes, I was amazed when I was told I had done a fantastic run. I had to leave early to go back to work in Queensland. I was reading the Courier Mail and turned to the sports page to see the headline ‘Jill Colwell breaks Australian record for the Marathon’. I thought, ‘ How embarrassing, they got that wrong!’ But it was true. I was subsequently lucky enough to represent Australia in the Marathon Road Run at the World Athletic Championships in Helsinki in 1983. What rekindled your interest in horses? The Tom Quilty race came to Queensland in 2000 and I approached Peter and Penny Toft to learn about endurance and spent many hours training and competing on their fabulous horses. In 2005 I started to look for my own special Arabian for endurance. Eventually, in a large paddock at Lake Cargellico, Aloha Desert Opal (Arabian Park Desert Dashar x Aloha Artic Opal), a timid, unbroken three-yearold Arabian filly, and I found each other. I started her myself,
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ENDURANCE
gré l’école de médecine universitaire de Sydney en 1970 et obtenu mon diplôme. Pour subvenir à mes besoins, j’étais donc cavalière d’entraînement et, malgré les préjugés envers les femmes, j’étais très demandée pour monter les bons chevaux, comme les difficiles. J’étais la seule femme parmi 200 cavaliers sur la piste de Canterbury. Comme je ne pouvais pas me payer de voiture, chaque matin je faisais trois kilomètres aller-retour en courant.
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Chantilly
TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Antoine Delaporte, Christphone Tanière, David Morganti & France Galop
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hantilly est célèbre pour son champ de course, son centre d’entraînement de galopeurs, son château, ses Grandes Écuries, son parc et sa forêt domaniale. La Capitale du Cheval va accueillir cet été une nouvelle discipline, une course d’endurance de 120 km. Nous avons interviewé Sophie Delavaud qui est, avec Nicolas Wahlen, à l’origine du projet. « Cela fait des années que nous travaillons sur ce projet. Nicolas Wahlen avait organisé le CEI** de Compiègne sur 120 km. Cette course s’est arrêtée en 2014 mais la demande pour une course en terrain plat, en région parisienne, était grande. Chantilly s’est imposée car la région est facilement accessible quand on vient de l’étranger. Son ADN est certes tourné vers les courses hippiques, mais la région a envie de se tourner vers de nouvelles disciplines équestres et il y a toute une émulation autour des Jeux Olympiques à Paris, en 2024. »
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Chantilly is famous for its racecourse, its training center for racehorses, its castle, its Great Stables, its park and its forest estate. The Capital of the Horse will welcome this summer a new discipline: an endurance race spanning 120 km. We interviewed Sophie Delavaud who is, alongside Nicolas Wahlen, the one behind this project. «We’ve been working on this project for years. Nicolas Wahlen organized Compiègne 120 km. This race stopped in 2014 but demand for a race on flat ground in the Parisian region was high. Chantilly naturally imposed itself as the region is easily accessed when arriving from abroad. Its DNA might hinge toward flat racing, but the region desired to embrace new disciplines and there is healthy competition brimming with the 2024 Olympic Games in Paris.»
Le cheval fait également partie de l’ADN de Sophie Delavaud. Elle a grandi dans un environnement équestre, commençant par une équitation plutôt académique, dressage, jumping, avant de passer son monitorat dans une écurie de concours complet. Aujourd’hui, quand ses activités lui en laissent le temps, elle monte surtout pour son plaisir. « Je suis très intéressée par les différentes cultures équestres, j’ai travaillé dans une manade en Camargue, j’ai été guide d’une cavalière non-voyante para-équestre… J’aime le cheval au sens large. » C’est avec enthousiasme qu’elle s’est lancée dans l’organisation d’un tel événement, portant un regard neuf et neutre sur une discipline dont elle n’est pas issue. La Prestige Cup se caractérise par une organisation orientée sur trois axes : éco-responsabilité, équité, réduction des coûts. « Tout engagement de ce type répond à des contraintes. C’est pour cela que nous sommes peu nombreux à nous lancer. L’aspect éco-responsable est lié au concept « un seul jour, une seule course ». Nous voulons lui donner une grande visibilité auprès d’un large public tout en minimisant le plus possible les incidences sur le site - cent chevaux maximum permet de contrôler l’impact sur les sols. Sur chaque boucle, il n’y aura qu’un seul point d’assistance accessible aux véhicules dont la vitesse sera réglementée, afin de limiter la pollution. L’équité : il y a des règles édictées par la FEI que l’on se doit de respecter. Les officiels seront choisis de manière indépendante privilégiant la compétence et l’expérience de chacun. Nous voulons nous entourer de professionnels qui nous apportent une expertise de qualité. Pour ce qui est des coûts, tout est mis en oeuvre pour un maximum de transparence. J’ai vécu dans les pays du MoyenOrient et au Bahreïn, en particulier. J’ai naturellement
Nicolas Wahlen
Horses truly are a part of Sophie Delavaud’s DNA. She grew up around horses, starting with a rather academic form of horseback riding such as dressage and jumping, before passing the instructor certificate in an eventing stable. Today, when her busy schedule allows it, she rides mainly for pleasure. «I am very interested in the various customs and cultures around horses; I worked in a manade in Camargue, I was a guide to a blind para-equestrian rider… I love horses in every sense.» It’s with enthusiasm that she’s thrown herself into the organization of such an event, looking at a discipline she does not come from in a new, objective light. The Prestige Cup is characterized by an organization centered on three axes: eco-responsibility, fair sport, and costefficiency. «Any commitment of this type must meet requirements, which is why so few of us give it a try. The eco-responsible side is tied to the concept ‘one day, one race.’ We want our race to be acknowledged by a wide audience while reducing as much as we can the effects on the area - with one hundred horses at the most we can control the impact on the grounds... On each loop, there will only be one crew point accessible to vehicles whose speed will be limited so as to minimize pollution. Regarding fair sport, there are rules enacted by the FEI that we must uphold. Officials are selected independently according to their skills and competence; we want professionals who will bring us a quality expertise. As for costs, everything is implemented to ensure transparency. I lived in Middle-Eastern countries, notably in Bahrain; I naturally contacted Bahraini, as an investment fund desired to support a new endurance race in France. The contract is clear, there is no conflict of interest between the sponsor and the
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ENDURANCE
Sophie Delavaud
Chevaux arabes en
Ukraine
La gloire exécutée TEXTE Kateryna Shcherbyna PHOTOS Alex Dvernitskiy, Illariona Geynur & April Visel
A
rt noble, l’élevage des chevaux arabes est le symbole de la force économique et politique d’un pays, de sa stabilité. Et comme tous les grands arts, il est le premier à partir en fumée lors des incendies politiques. C’est ce qui est arrivé aux plus grands haras polonais de chevaux arabes au cours de leur histoire : Szamrajowka (Shamrayivka/Bela Cerkiew), Jarczowce (Jarchivtsi), Antoniny et Slavuta qui portent le nom des lieux où ils sont situés, dans les régions de Kiev, Ternopil et Khmelnitsky, en Ukraine moderne. Cependant, leurs noms apparaissent toujours dans les pédigrées des chevaux arabes du monde entier. Au XIXe siècle, les riches magnats du Grand Empire russe, qui incluait la Pologne, ont envoyé vers la péninsule arabique des expéditions, afin d’acheter les meilleurs chevaux qu’ils pouvaient trouver. Parmi eux, il y avait les représentants des riches familles d’aristocrates polonais, qui décidèrent de créer des haras de chevaux arabes sur leurs domaines en Ukraine.
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Arabians in Ukraine: Executed Glory As a noble art, the breeding of Arabians is the symbol of the political and economical strength of a country, its stability. And, like the other high arts, it is going to be first to burn in any political fire. That’s what happened with the most important studs in the Polish Arabian breeding history – Szamrajowka (Shamrayivka/Biala Cerkiew), Jarczowce (Jarchivtsi), Antoniny and Slavuta – named by their home places in the Kyiv, Ternopil and Khmelnitsky regions of modern Ukraine. But they are still often mentioned in the pedigrees of Arabian horses all over the world. In the 19th century magnates of the Great Russian Empire, which also included Poland, sent several expeditions to the Arabian Peninsula to purchase the best horses they were Présentation de chevaux par Juliusz Kossak (1858)
PIanissima (Gazal Al Shaqab x Pianosa)
« En 1803, à Szamrajowka, on commença à tenir un stud book, un document unique qui a été consciencieusement rempli pendant 100 ans » écrit Roman Pankiewicz, auteur de nombreuses publications sur les chevaux arabes et connu également pour avoir élevé Bask. Le stud book de Szamrajowka fut perdu au cours de la révolution bolchévique en 1917 et tous les chevaux du haras périrent. Plus de soixante furent mitraillés car ils incarnaient « l’aristocratie équine »… Heureusement, auparavant, beaucoup de chevaux avaient été vendus ou donnés. Ils survécurent comme leurs pédigrées. Né à Shamrayivka, l’étalon Ursus fut vendu 60 000 pesetas, une somme colossale pour l’époque, au haras d’état
lucky enough to find. Among them were also the representatives of wealthy and noble Polish families that decided to establish Arabian studs in their estates in Ukraine. Szamrajowka stud was the first founded in 1778 by Crown Grand Hetman Franciszek Ksawery Branicki in Biala Cerkiew estate, about 100 km far from Kyiv, the capital of Ukraine. The mare Szamrajovka was born there in 1810 and her valuable family now continues in the famous “P” line: Pilarka and Pianissima are just a few names to mention in show and such Derby winners as Pierrot 1969 and Piechur 1979 in races. «In 1803 the keeping of a stud book began at Szamrajówka, a unique document which was very thoroughly filled out for over 100 years», writes Roman Pankiewicz, author of many publications on Arabian horses, also known as the breeder of Bask. The Szamrajówka stud book was lost during the Bolshevik Revolution in 1917 and all the horses at the stud perished. More than sixty Arabian mares were shot by machine guns as “equine aristocracy”... Fortunately, many horses sold or given as gifts earlier had
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ENDURANCE
Szamrajowka fut le premier, fondé en 1778 par le Grand hetman de la couronne, Franciszel Ksawery Branicki, sur son domaine de Biala Cerkiew à environ 100 km de Kiev, la capitale de l’Ukraine. La jument Szamrajovka y naquit en 1810 et on trouve aujourd’hui des descendants de sa précieuse famille dans la célèbre lignée P : elle compte, entre autres, Pilarka et Pianissima en show et, en courses, des vainqueurs de derby comme Pierrot 1969 et Piechur 1979.
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arabian horse
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Portrait : Monika Luft . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dubai International Horse Fair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Australian National Arabian Championships. . . . . . . . . . . . . . . . . Le Festival Equestre du Souq Wakif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
P70 P78 P86 P92
Page de gauche / left page : DUBAI Intercontinental HORSE FAIR Š Anette Varjonen
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Portrait
Monika L uft Des défis plein la tête
TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Marta Baranowska, Krzysztof Dużyński, Piotr Grzybowski
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Brida, photo by Marta Baranowska
uand j’ai rencontré Monika Luft pour la première fois, c’était aux Championnats du Monde, à Paris, voilà bientôt dix ans. Je travaillais alors pour un autre magazine et nous nous sommes entendues, afin qu’elle écrive une série d’articles sur l’histoire de l’élevage des chevaux arabes en Pologne. Le résultat fut étonnant, sincère, car elle ne chercha pas à éluder les heures sombres que traversa la Pologne mais, au contraire, elle essaya d’en expliquer les aléas aussi objec-
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When I first met Monika Luft, it was in Paris at the World Championship almost a decade ago. I was working for another magazine and we decided to collaborate on a series of articles about the history of the breeding of Polish Arabian horses. The result was amazing and straightforward as she didn’t elude difficult issues but tried to explain them as objectively as possible. Over the years we exchanged our ideas and point of views. She knew so many things and was so deeply involved in the breeding of Arabian horses that I couldn’t
even imagine that the first part of her life had nothing to do with horses. But Monika Luft is a person like no other as her personal journey shows.
Indeed, when you go on the internet and type her name, pages and pages appear. Although the websites are all in Polish, I understood that Monika was a famous actress En effet, quand on tape son nom dans un moteur de recherches, and tv presenter in her country. What a surprise! When de nombreuses pages apparaissent. Bien que tous les sites I asked her about it she corrected my information: «I soient en polonais, j’ai réussi à comprendre que Monika have never been an actress but I played roles in some était une célèbre actrice et préfilms as a child. One of those films sentatrice à la télévision dans Nights and Days holds son pays. Quelle surprise ! a special place in the history Lorsque je l’interrogeais à ce of Polish cinema, it was even sujet, elle apporta néanmoins nominated for an Oscar as des précisions : « Je n’ai jamais Best Foreign Film in 1977 été une actrice mais, enfant, and there is a tv series too. j’ai joué dans une série téléBut in television yes, indeed, I had a career as a presenter visée et dans des films. L’un for 8 years, in different shows d’eux, Nuits et jours, tient une (a morning show, a music place importante dans l’hisshow etc.). It was the 1st toire du cinéma en Pologne. channel of the Polish public Il a même été nominé pour TV. I quit that job for sevel’Oscar du Meilleur film en langue étrangère en 1977. Mais, ral reasons, mainly politic’est vrai, pendant huit ans, cal, but I also felt like I was j’ai été présentatrice à la télégoing nowhere professiovision dans différents proArchive photo, Night and Days nally and I wanted to do something else. I started a new chapter by writing two grammes (une émission matinale, une émission musicale…). books. They were novels. The first one was connected C’était sur la première chaîne de la télévision publique poloto my tv experience through the characters who were naise. J’ai démissionné pour différentes raisons, y compris journalists but basically it was a story about drugs trafpolitiques, mais j’avais le sentiment que, professionnellement, j’étais dans une impasse et je voulais faire autre chose. fic in Mexico (I spent around 6 months in Mexico so I J’ai commencé un nouveau chapitre de ma vie en écrivant knew the locations I was describing). That novel was deux livres, deux romans. Le premier est lié à mon expéeven placed on the list of bestsellers.» rience à la télévision car ses principaux personnages sont Monika Luft graduated from the Modern Linguistics des journalistes et parce que, l’intrigue est liée au trafic de Department (Spanish Philology) at Warsaw University. drogue au Mexique (j’y ai passé six mois donc je connaisDuring her studies she worked as a translator for the sais bien les endroits que je décris). Ce roman s’est même Spanish public television channel TVE. It was the tranretrouvé sur la liste des best-sellers. » sition time in Poland, a time of change from commuMonika Luft est diplômée de l’université de Varsovie où nism to democracy and free market. «After five years elle a étudié dans le département de linguistique moderne I realised that I preferred journalism to a career as a (philologie espagnole). Au cours de ses études, elle a tratranslator. It was then that I managed to get a job at TVP the Polish public television, first in the news as a vaillé comme traducteur pour la chaîne de la télévision reporter and, after a while, as presenter.» publique espagnole TVE. C’était à l’époque dite de « transition » en Pologne, lorsque le pays est passé du commuArabian horses would enter her life when it crossed that nisme à la démocratie et à l’économie de marché. « Au bout of Krzysztof Duzynski who would become her husband. de cinq ans, j’ai réalisé que je préférais le journalisme à une He was very fond of Arabian horses and had dreamt to carrière de traducteur. C’est alors que j’ai réussi à trouver own one since he was a child. «He persuaded me to buy un emploi à TVP, la télévision publique polonaise, d’abord
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tivement que possible. Ses connaissances, tout comme son engagement total à la cause de l’élevage des chevaux arabes, ne me laissaient pas supposer qu’il y eut un pan de sa vie au cours duquel les chevaux ne jouèrent aucun rôle. Mais Monika Luft n’est pas une femme comme les autres, comme sa trajectoire personnelle en témoigne.
Dubai
International Horse Fair
TEXTE & PHOTOS Anette Varjonen
Dubai Horse Show, un rendez-vous que notre photographe finlandaise n’aime pas manquer. Environ deux cent chevaux étaient ont été présentés et la fête fut belle. Anette nous a confié ses impressions.
A
Dubaï, l’atmosphère est toujours agréable et amicale, et, en même temps le show est si sophistiqué et élégant. Les gens sont heureux de se retrouver et l’expriment chaleureusement. Il y a beaucoup de sourires et les blagues fusent. J’aimerai juste qu’il y est plus de femmes. Pour la première fois j’avais un stand à la Dubai International Horse Fair où j’ai pu exposé mes photos et quelques oeuvres d’art. J’aime montrer mes photos et parler d’elles avec les gens. Mon amie Zari Zafri tenait le stand avec moi, ce qui m’a permis de me concentrer sur mon travail et d’aller photographier les chevaux en compétition dans l’autre hall. J’ai aimé montrer et parler de mes photos avec les personnes qui les regardaient. Mais ce que j’aime le plus, c’est donner mes photos à des gens. J’aime rencontrer les propriétaires et les entraîneurs sur mon stand, discuter avec eux de la manière de photographier les chevaux. Le moment le plus excitant, cette année, fut quand j’ai pu donner une épreuve au prince d’Ajman. C’était très agréable de le rencontrer et de le voir. Beaucoup de photographes viennent aussi sur mon stand et nous discutons et partageons des informations. Et comme toujours, un de mes moments préférés est de voir ces incroyables et magnifiques stallions seniors, dansant sur le sable de la carrière. Cela est à couper le souffle !
AJ KAFU - junior male GOLD CHAMPION
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Dubai Horse Show, a rendez-vous that our Finnish photographer, Anette Varjonen, doesn’t like to miss. About two hundred horses were competing this year and the show was beautiful. Here are Anette’s impressions. In Dubai, the atmosphere is always nice and friendly and, at the same time the show is so sophisticated and elegant. People are happy to meet and they greet each others warmly. There are a lots of smile and jokes. I just wish there would be more women. For the first time I had a stand at Dubai International Horse Fair where I could exhibit my photos and some art pieces. I like to show my photos and talk about them with people. My friend Zari Zafri was staying with me at the stand and it allowed me to concentrate on my work at the same time, going to the other hall to photograph the horses entered in the show.
I liked showing my photos and talk with the persons who look at them about those pictures. But what I like best is when I give my photos to some people. I like to meet horse owners and trainers at my stand and have a chat with them about horse photography. The most exciting moment for me this year was when I was able to give a print to HH the Prince of Ajman. It was very nice to meet and see him. Many photographers came to my stand too and we were able to discuss and share information. And like always, one of my favourite moment is seeing those incredible and gorgeous senior stallions dancing in the arena. It’s breathtaking !
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E.S. HARIR - senior male GOLD CHAMPION
Le Festival équestre du
Souq Waqif
TEXTE & PHOTOS Monika Luft - polskiearaby.com Traduction en anglais par Joanna Krawczyk / traduction en français par Louis Lenoir
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u’est-ce qui surprend le plus les visiteurs européens quand ils assistent à l’un des shows du Moyen-Orient, comme on en voit au Qatar ? C’est sans doute tout d’abord les réactions pleines d’entrain. Les propriétaires, éleveurs et tout l’entourage des chevaux n’hésitent pas à faire étalage de leurs émotions, et la joie suscitée là par la victoire dépasse toutes les réactions que l’on observe habituellement, notamment en Pologne : peu importe la taille de l’événement, il y a une véritable éruption d’enthousiasme, une explosion d’émotions et de bonheur. Ceux qui participent aux shows en Pologne savent à quel point les sentiments sont réprimés dans notre pays. En attendant, voir une foule joyeuse - car chaque remise de prix est une fête pour des familles entières ainsi que leurs cousins éloignés et amis - est une expérience des plus plaisantes qui montre aux visiteurs que les efforts
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What are European visitors most surprised at when they visit one of the Middle Eastern shows, such as in Qatar? First of all the lively reactions. The exhibitors are not ashamed of emotions and the joy from winning surpasses all that we usually observe – for example in Poland. Each time, even when it is a small event, there is a true eruption of enthusiasm, an outburst of positive emotions and happiness. The participants of Polish shows know that in our country the emotions are restrained. Meanwhile the sight of a joyful crowd – because each award ceremony is a celebration for entire families together with their distant cousins and friends – is an extremely pleasant experience. It shows visitors that the effort of breeding and later preparing horses for the show can be a source of great satisfaction, not just frustration. Of course, the prize money that the Qatari breeders are used to could make the heads of Polish Ara-
qui passent dans l’élevage et la préparation des chevaux pour le show peut être une source de grande satisfaction, et pas uniquement de frustration. Bien évidemment il ne faut pas ignorer le prix des récompenses auxquelles les éleveurs qatari sont habitués, et qui feraient tourner la tête des amateurs de chevaux arabes en Pologne car eux ne peuvent pas compter sur une telle reconnaissance de leurs efforts. Les récompenses en argent au Moyen-Orient sont données jusqu’à la septième place, et les sommes sont importantes. Les participants au Souq Waqif Arabian Peninsula Horse Show, qui s’est tenu lors de la deuxième semaine d’avril (du 9 au 10) à Doha, la capitale du Qatar, pouvaient aussi s’attendre à beaucoup d’argent. La dotation s’élève au total à deux millions et demi de riyals qatari. Le show était ouvert au public et beaucoup de personnes qui visitaient le Souk Waqif - le marché traditionnel multiséculaire - se sont également jointes aux spectateurs. Le soir, le Souk attire autant les touristes que les habitants de Doha car c’est peut-être le dernier lieu d’une ville en constant développement où l’on a conservé l’architecture traditionnelle avec sa trame de rues étroites, de coins secrets et d’ateliers d’artisans, qui contient aussi de nombreux restaurants où l’on mange bien et où l’on peut apprécier les longs narguilés. Le Souk Waqif essaie régulièrement de proposer diverses attractions et ses visiteurs savent qu’ils peuvent compter sur les événements culturels qui y sont organisés. Un de ces événements est le Festival du Souk Waqif, où le Show mentionné ci-dessus a eu lieu et où deux ventes aux enchères
Julaibeeb Al Fahed - Silver junior colts
bian enthusiasts spin because they can’t count on such recognition of their efforts. In the Middle East, prize money even goes to the seventh in class and the amounts are large. The Souq Waqif Arabian Peninsula Horse Show organized on the second week of April (9-10.04) in the capital of Qatar, Doha was no exception with an overall purse worth 2,5 million Qatari Riyals. The event took place at Souq Waqif, the traditional market that has been existing here for more than a hundred years. The show was open to the public and many people just walking across the Souq came by to watch. In the evenings the Souq attracts both the tourists and inhabitants of Doha, because, in that rapidly developing city, it is perhaps the last place where traditional architecture has been retained with its urban structure of narrow streets, where you can find secret nooks and craftsman workshops, as well as numerous restaurants where you can eat well and take advantage of long shishas (arabic water-pipes). Souq Waqif tries to regularly provide additional attractions and its visitors know that they can count on cultural events here. One of such events was the Souq Waqif Festival, during which the aforementioned show was held and two Arabian horse auctions were conducted (on the 8th and 11th of April). The promo slogan of the event – «Family Friendly Festival» – was justified, because entire families enjoyed themselves while wat-
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Al Jood Al Naif - Gold junior fillies
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La Vision du Cheval TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Claudia Duffé, Martine Salvetat & Kyoto University
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The vision of the horse
n s’est souvent interrogé sur la vision du cheval. Les idées courantes voulaient que les équidés voient mal. Au cours des années et des travaux entrepris par des vétérinaires et des chercheurs, nous en savons davantage et sommes revenus sur ces idées préconçues. Rappelons que dans la nature, le cheval est une proie, sa survie dépend de sa capacité à fuir et, entre autre, de l’utilisation qu’il fait de ses sens.
Visual ability of equines has long been debated. It was once commonly thought that they didn’t see very well. Over time researches have been conducted by veterinarians and scientists so we know more about it and we are getting rid of preconceived ideas. Let us recall that horses are prey in the wild, their survival depends on their ability to flee and the way they use their senses.
De tous les mammifères vivant sur terre, le cheval est celui qui a les yeux les plus grands. Ils sont situés de chaque côté de sa tête, ce qui est un avantage quand on est une proie, car cela permet d’avoir un large champ de vision circulaire total, environ 340° (190° pour l’homme) et de détecter des animaux arrivant par derrière. Cette vision panoramique est monoculaire c’est-à-dire qu’elle leur permet de voir de chaque côté avec chaque oeil. Le cheval possède également une vision binoculaire, dirigée sous son nez. Quand un cheval broute, il regarde sur le sol devant lui ou utilise sa vision monoculaire. S’il détecte quelque chose, il va lever la tête et passera à une vision binoculaire, plus précise, en relief, tournant son corps et sa tête en direction de l’objet repéré. Le cheval bouge la tête chaque fois qu’il veut passer en vision binoculaire car cela accroît sa perception des choses. Si le cheval peut voir de sa hanche gauche à sa hanche droite, il ne voit pas sous son nez, quand il a la tête levée, ni derrière sa croupe. Ces espaces sont dits aveugles.
Of all the mammals living on land, horses have the largest eyes. They are positioned on the sides of the head, which is an advantage when you are a prey animal as it offers a wide, circular range of vision, about 340° (men’s is 190°), to detect animals sneaking behind them. This panoramic vision is monocular and it enables them to see on both sides with either eye. Horses also have a binocular vision which is directed down their nose. When a horse is grazing, his vision is directed on the ground in front of him or he uses is monocular vision. Should he see something, he will raise his head to bring his binocular vision, which is more accurate and in relief, into force, while turning his body and his head to look at the spotted object. The horse moves his head to bring the object into his binocular field, which also gives better depth perception. If the horse can see from the point of his left hip to his right one, he can’t see beneath his nose when his head is raised, nor behind his croup. Those are blind spots.
Les yeux des chevaux possèdent une pupille horizontale responsable de ce champ de vision très large et qui permet également à une grande quantité de lumière de pénétrer dans l’oeil. Les yeux sont sensibles à une faible lumière, les chevaux peuvent donc voir assez bien au crépuscule, la nuit et à l’aube grâce aux cellules de sa rétine, les bâtonnets, et au tapetum lucidum, « tapis clair », situé en arrière qui réfléchit la lumière captée sur la rétine - les humains n’en possèdent pas. Mais leurs yeux ne peuvent pas s’adapter à une brusque obscurité - cela explique pourquoi ils n’aiment pas passer brutalement du soleil à l’obscurité.
Horses have an horizontally oval pupil which enables them to have tremendous peripheral vision and let in more light. Their eyes cope well in dim light so they can see at dusk, night and dawn thanks to the cells in the retina, the rods, and the tapetum lucidum lying immediately behind which reflects the light back through the retina - humans lack this retroreflector. However the eyes of horses don’t adapt to sudden obscurity - it explains why they don’t like to go from light into darkness.
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Contrary to what people commonly think, horses can see
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STYLE & CULTURE arabian horse
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Nos coups de coeur P108 Exposition à Newmarket P112 Rock Art, les anciens dessins d’Arabie saoudite P120 Symposium à la Sorbonne P124 Artiste : Joseph Zbukvic P128
Page de gauche / left page : Joseph Zbukvic
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THE RIDER
Un film écrit et réalisé par Chloé Zhao avec Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lily Jandreau, Cat Clifford, Derrick Janis, 104 mn, USA, 2017 Written and directed by Chloé Zhao, with Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lily Jandreau, Cat Clifford, 104 mn, USA, 2017
Avec The Rider de la cinéaste chinoise, Chloé Zhao, nous découvrons le Dakota du sud, au coeur d’une réserve sioux, celle de Pine Ridge. Prix Art Cinéma à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, Grand Prix du Festival de Deauville, cette fiction repose sur la rencontre entre la cinéaste et Brady Jandreau, un jeune sioux des Brûlés. Depuis qu’il a huit ans, le jeune homme débourre des chevaux sauvages et espère faire une carrière en rodéo. Cependant, un grave accident compromet cette trajectoire car les médecins lui conseillent de ne plus remonter à cheval, au risque d’y perdre la vie. La réalisatrice a construit son film à partir du combat de Brady, tant sur le plan physique qu’émotionnel. “Les scènes tournées avec Brady et Lane (son ami paralysé) ont été les plus grandes leçons d’humilité de ma vie, des moments passionnants” analyse Chloé Zhao. “Nous avons débuté la production le 3 septembre 2016 et le tournage s’est déroulé en cinq semaines à l’intérieur de la réserve et dans ses alentours, la région des Badlands. Brady, qui travaille comme dompteur de chevaux professionnel, dressait ses montures tous les matins afin de les tenir prêtes à la vente. Nous avons donc eu de nombreuses occasions de saisir des instants authentiques où Brady les entraîne et interagit avec eux, tout en profitant des couchers de soleil féeriques du Dakota du sud. Nous avons travaillé en équipe réduite, tournant chez les gens des situations et des événements réels » explique la cinéaste « Je souhaite également proposer un portrait fidèle du coeur de l’Amérique, rocailleux, véritable et de toute beauté, que j’aime et que je respecte profondément.”
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C U LT U R E
With Chinese filmmaker Chloé Zhao’s The Rider, we discover South Dakota, within a Sioux reservation, Pine Ridge. Winner of the Art Cinéma Award at the Director’s Fortnight of Cannes Film Festival, Grand Prix of the Deauville Festival, this fiction story focuses on the encounter between the director and Brady Jandreau, a young Sioux man of the Brulés. Since he was eight years old, the young man has broken wild horses and hoped to start a career as a bronco rider. However, a grave rodeo accident compromises this path as doctors advise him to never ride a horse again, lest he lose his life. The director assembled her film around Brady’s physical and emotional fight. «The scenes shot with Brady and Lane, his paralyzed friend, were the greatest lessons in humility of my life - fascinating moments !» says Chloé Zhao. «We started production on September 3, 2016, and the shooting spanned five weeks, set within the reservation and its surroundings, the Badlands. Brady, who works as a professional wrangler of horses, spent time taming his horses every morning so that they might be sold. This gave us plenty of occasions to catch authentic moments when Brady trains them and interacts with them, and to enjoy the magical sunsets of South Dakota. We worked with a small team, shooting real situations and real events in people’s homes,» the director explains. «I wished to faithfully portray a side of America, its heart, rocky, genuine and beautiful, for which I have an undying love and respect.»
THE RIDE
The Ride, la chevauchée, un film écrit et réalisé par Stéphanie Gillard, 87 mn, FRA-USA, 2016 The Ride, a film written and directed by Stéphanie Gillard, France, 2016
Wounded Knee. Ces deux mots évoquent un triste épisode de l’histoire américaine, opposant l’armée aux tribus sioux qui se solda par le massacre de trois cent cinquante Lakotas, le 28 décembre 1890. Chaque hiver, un groupe de cavaliers de la réserve de Standing Rock se rassemble et traverse les grandes plaines du Dakota du sud, pendant 450 km, pour se rendre à Wounded Knee. La documentariste française Stéphanie Gillard a filmé cette chevauchée, suivant au plus près des cavaliers Lakotas. « Le film permet de comprendre comment l’Histoire a façonné le présent. Pendant ce voyage, les cavaliers nous racontent leur vie et ce qui s’est passé sur cette même route il y a 125 ans » raconte la cinéaste, « Au galop dans les prairies, ils redeviennent, le temps de deux semaines, sinon des guerriers, du moins les membres d’un peuple qui jadis fut libre. Ils se ressaisissent de leur Histoire pour qu’elle ne soit pas oubliée, pour dire l’importance de la mémoire et pour la transmettre, en même temps que leurs valeurs, à la jeune génération. C’est un cheminement pour devenir soi, simplement, redevenir Lakota. » Stéphanie Gillard a vécu et a chevauché avec ces hommes, partageant cette expérience avec eux ; elle s’est aussi intéressée aux jeunes Lakotas et à cette double culture qui est la leur aujourd’hui : « Je me suis demandée comment vit-on avec une si étrange dualité : être Américain et Sioux en même temps, se poser personnellement cette question, pour souvent ne pas connaître la réponse. »
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Wounded Knee. These two words bring to mind a sad chapter of American history, pitting the military against the Sioux tribes and ending with the outright slaughter of three hundred and fifty Lakota on December 28th, 1890. Every winter, a group of riders from the Standing Rock reservation gathers to cross 450 kilometers of the great plains of South Dakota in order to assemble at Wounded Knee. French documentarian Stéphanie Gillard filmed this ride, closely following the Lakota riders. «The movie allows us to understand how History fashioned our present. During this journey, the riders tell us about their lives and what happened on this road over a century ago,» says the director. «Galloping in the plains, they are once more, for the span of two weeks, warriors, or at the very least members of a people who used to be free. They take back their history so that, lest it be forgotten, they may tell how important their collective memory is, and so that they may pass it down, along with their values, to the younger generation. It’s a journey to become who you are, as simple as that ; to become a Lakota again.» Stéphanie Gillard has lived and ridden with these men, sharing this experience up close ; she also spent time with the young Lakota and took an interest in this twofold culture they take part in. «I asked myself how one might live this uncanny duality : to be an American and a Sioux at the same time, to wonder what that means and to, often, fail to find a satisfactory answer.»
Arabian Horse from the Desert to the World une exposition Ă Newmarket du 22 mars au 13 juillet 2018 TEXTE Virginie Bauer PHOTOS Anne Brown, Arabian Horse Society & Claudia DuffĂŠ
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C’est donc dans un lieu hautement emblématique que s’est ouverte l’exposition « From the Desert to the World ». « Pour la première fois une exposition sur une race de chevaux autre que pur-sang anglais est organisée dans ce lieu » souligne Anne Brown, de l’Arab Horse Society, qui préside le comité du Centenaire « Nous sommes revenus à nos racines ». Rappelons, en effet, que c’est du croisement d’étalons orientaux avec des juments locales que sont nés les pur-sang anglais. 85% des coursiers modernes descendent de The Darley Arabian, importé de Syrie en Angleterre, où il arriva en 1704. L’Arab Horse Society a contacté la conservatrice Faith Carpenter, directrice de The Company Curator, pour monter Wilfrid Scawen Blunt on the stallion Pharaoh, painted by his wife Lady Anne
ARABIAN HORSE: FROM THE DESERT TO THE WORLD An exhibition in Newmarket from March 22 to July 13, 2018 The Arab Horse Society of Great Britain is celebrating its centenary this year. To commemorate the event, the oldest association dedicated to the Arabian horse is organizing several events, including an exhibition at the National Heritage Centre for Horseracing & Sporting Art, the Newmarket museum of horses. Since the 17th century, the city of Newmarket - located a hundred kilometres north of London - has been intimately connected to the racing world, having first welcomed in its midst the British Jockey Club in the 1750s. It is also home to the Palace House, a palace built by King Charles II (1630-1685) between 1668 and 1671. The palace would be partly adjusted and demolished several times in its lifetime while sheltering the stables of several members of the Rothschild family along with their trainers. But ever since 1985, the stables lay empty and the premises were deteriorating. With the help of the English Heritage, the Forest Heath District Council (FHDC) bought them in 1992 ; thanks to funds allocated by the Heritage Lottery Fund and the English Heritage, the buildings and the stable court yard were restored, and the museum and the Sir Peter O’Sullevan arena were established - all for fifteen million pounds. On November 3, 2016, Her Majesty Queen Elizabeth II inaugurated there the National Heritage Centre for Horseracing & Sporting Art there. It’s therefore in a highly emblematic location that the exhibition «From the Desert to the World» opened. «It’s the first time that an exhibition about a breed other than the English Thoroughbred has been held in this location,» says Anne Brown, of the Arab Horse Society’s Centenary committee chairman. «We are returning to our roots.» Let’s recall that indeed Thoroughbreds were
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’Arab Horse Society de Grande Bretagne fête ses cent ans. Pour célébrer cet anniversaire, la plus ancienne des associations dédiées au cheval arabe organise plusieurs manifestations dont une exposition au National Heritage Centre for Horseracing & Sporting Art, le musée du cheval de Newmarket. Depuis le XVIIe siècle, cette ville située à une centaine de kilomètres au nord de Londres est intimement liée au monde des courses, accueillant le Jockey Club anglais dès le début des années 1750. Elle abrite également le Palace House, palais construit par le roi Charles II (1630-1685) entre 1668 et 1671. Le palais va connaître de nombreux aménagements et démolitions, tout en abritant les écuries de divers membres de la famille Rothschild et leurs entraîneurs. Mais depuis 1985, les écuries demeuraient vides et les bâtiments se dégradaient. Le Forest Heath District Council (FHDC) avec l’aide de l’English Heritage le rachetèrent en 1992 et, grâce à une bourse de l’Heritage Lottery Fund et de l’English Heritage, le bâtiment et la cour des écuries ont pu être restauré, le musée installé ainsi que la carrière Sir Peter O’Sullivan. Le tout pour la somme de 15 millions de livres. Le 3 novembre 2016, SM la Reine Elizabeth II y inaugurait le National Heritage Centre for Horseracing & Sporting Art.
Symposium Sorbonne
Biodiversité, langage et cultures équestres
TEXTE Marie Lesconnec PHOTOS Raynald Aubert, collections le Symposium et AHS
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our la deuxième année consécutive, Arabian Horse Spirit est partenaire média de cet événement destiné à exposer les avancées dans nos connaissances sur le cheval grâce au travail de chercheurs et au témoignage d’experts. Souvenez-vous, en janvier 2017, le 1er symposium dédié à l’équitation sur le thème « langage et cognition » s’était tenu à la Sorbonne, prestigieuse université parisienne. Forts de ce succès, Isabelle de Oliveira, directrice du département LEA (langues étrangères appliquées) au sein de l’université de la Sorbonne et Francis Stuck, écuyer et chercheur indépendant, ont réitéré cet évènement les 26 et 27 avril derniers au sein de cette université. Des personnalités diverses issues tant du monde scientifique qu’équestre et institutionnel se sont côtoyées pendant ces deux journées, partageant ainsi leurs compétences et échangeant par-delà les frontières géographiques et culturelles. Cette année, le thème choisi était « biodiversité, langage et cultures équestres ». Pourquoi un tel événement ? L’équitation n’est pas seulement un sport équestre, de nombreuses disciplines équestres issues de cultures séculaires sont porteuses de traditions qui méritent que l’on en maintienne l’héritage. Le cheval ne conceptualise pas, il assimile de manière directe toutes les informations et est capable de les restaurer à tout moment. Voilà une réalité passionnante qui ouvre de nombreuses perspectives. Le jeudi 26 avril le Symposium fut ouvert dans la Salle Bourjac, salle d’honneur de la Sorbonne, par Isabelle de
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For the second year in a row, Arabian Horse Spirit has been media partner of this event dedicated to the advancement of our knowledge regarding horses thanks to the work of researchers and the testimony of experts. Remember, in January 2017 the first symposium dedicated to equestrianism on the theme «language and cognition» took place at the prestigious Sorbonne university in Paris. The success of the event led Isabelle de Oliveira, director of the Applied Foreign Languages (LEA) department at the Sorbonne and Francis Stuck, ecuyer and independent researcher, to start again. So on April 26th and 27th, various personalities from the scientific, equestrian and institutional worlds met at the university and shared their knowledge beyond geographical and cultural borders. This year the chosen theme was « biodiversity, language and equestrian cultures ». Why such an event? Riding is not just an equestrian sport, many equestrian disciplines originated from century old cultures. We inherited their traditions which deserve to be maintained. Horses don’t conceptualise, they learn information and can give them back. That exciting reality opens many perspectives. Francis Stuck et Christine Stückelberger
Les conférences se sont poursuivies, l’après-midi, sous la présidence de Jean-Luc Blouet, ancien conseiller du Ministre de la Culture et de la Communication. Oleg Ryzhkov, directeur du Centre d’étude de préservation et de développement des territoires historiques et culturels auprès de l’Institut de recherches stratégiques de Russie, nous a parlé de l’École d’application des officiers de cavalerie en Russie, de 1809 à 1956. C’est toute une frange de l’histoire de l’équitation russe qui fut ainsi révélée à un public passionné. A l’image de l’équitation perpétuée par l’École espagnole de Vienne, l’équitation de tradition française est classée au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Jérémie Mercier, délégué de la Commission nationale française pour l’UNESCO est donc intervenu pour présenter le rôle majeur des cultures et traditions équestres au sein de cet organisme mondial. La deuxième journée s’est déroulée dans l’amphithéâtre de l’Institut du Monde Anglophone. La matinée était placée sous la présidence du comte Michel Gaudart de Soulages. Venu de Belgique, l’écuyer Denis Soyer débuta les conférences en traitant de l’équitation en amazone. Il fait partie des rares instructeurs spécialistes ayant des connaissances historiques et pratiques de cette tradition équestre fortement délaissée depuis l’après-guerre, lorsque les femmes adoptèrent la position à califourchon. Symbole d’élégance, l’équitation en amazone fait intégralement partie de la tradition équestre. Alain Francqueville, entraineur national, a su retracer une chronologie de l’équitation
On Thursday April 26th, the Symposium was opened by Isabelle de Oliveira in Salle Bourjac, the salle d’honneur of the Sorbonne. The theme of this first day was mostly dedicated to biodiversity. Researcher Reto Stöcklin from Geneva, a scientist who specializes in venom, presented his work about the extraction of the molecules which are contained in venomous substance to produce medicine which can cure pathologies like heart attack, hypertension or diabetes, as well as in some veterinary pathologies including equine ones. Conferences continued in the afternoon under the chairmanship of Jean-Luc Blouet, former adviser to the Ministry of Culture. Oleg Ryzhkov, director of the Centre of Studies for the Preservation and Development of Cultural and Historical Territories for the Institute of Strategic Researches in Russia, talked about the Officers’ Cavalry School in Russia from 1809 to 1956. Thus we discovered an important part of the history of Russian equestrianism. It was most interesting. Like the tradition of the classical art of riding of the Spanish School in Vienna, Equitation in the French tradition was inscribed to the UNESCO’s List of Intangible Cultural Heritage of Humanity. Jérémie Mercier, a representative of the French national committee at the UNESCO, explained how important equestrian cultures and traditions are within this world organisation. Day two was spent in the amphitheatre of the Institut du Monde Anglophone. Comte Michel Gaudart de Soulage was chairman in the morning. The conferences started with Denis Soyer, an ecuyer from Belgium. He is a specialist of sidesaddle riding, one of the rare instructors with historical and practical knowledge regarding this equestrian tradition, which has been neglected when the women started riding astride after the World War II. A symbol of elegance, sidesaddle riding is an integral part of equestrian traditions.
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Oliveira. Cette première journée fut plus particulièrement consacrée à la biodiversité. Le chercheur Reto Stöcklin de Genève, scientifique spécialiste des venins, a présenté ses travaux portant sur l’extraction des molécules composant des substances venimeuses pour en produire des médicaments permettant de soigner des pathologies telles que l’infarctus, l’hypertension ou encore le diabète et certaines pathologies vétérinaires dont celles qui peuvent affecter les chevaux.
Portrait Joseph
Zbukvic
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écouvrir un artiste est toujours un moment extrêmement excitant. Brusquement vous êtes face à une oeuvre, puis à une autre et vous vous demandez qui se cache derrière les tableaux qui viennent d’entrer dans votre vie. Joseph Zbukvic est passé maître dans l’art de l’aquarelle. Elle lui permet de capturer un moment qui passe, les entraînements au petit matin sur les hippodromes, dans une lumière dorée, le souffle des pur-sang au galop sortant du brouillard, l’éclat rouge d’une casaque et d’une oeillère… l’univers des courses, faites de petites histoires quotidiennes.
«On ne choisit pas d’être artiste, c’est l’art qui vous choisit. C’est une vocation, et non un choix. Si vous devez être artiste, cela a été décidé à l’instant de votre naissance. D’aussi loin que je m’en souvienne, je gribouillais sur tout ce que je trouvais. J’ai grandi dans une petite ferme en Croatie et il n’y avait certainement pas beaucoup d’art dans les environs ; juste du labeur. Néanmoins, il y avait une petite peinture à l’huile représentant un moulin à vent au-dessus de mon lit. Je m’en souviens encore dans les moindres détails, c’était une oeuvre très simple aux tons bruns. J’ai essayé de la retrouver la dernière fois que je suis allé en Croatie, mais malheureusement elle a disparu. Je passais beaucoup de temps à la contempler avec un regard semblable à celui que j’ai maintenant. Il s’agit très certainement de ma toute première expérience de l’art.» C’est en ces termes que Joseph Zbukvic a répondu à la toute première question que je lui ai posée, quant à sa vocation, aux peintres ou aux oeuvres qui ont pu l’influencer. De retour de Chine où il était parti peindre, il a pris le temps de nous parler un peu de lui et de son oeuvre. Né à Zagreb, en Croatie, en 1952, il entre à l’université en 1967 pour étudier les langues et la littérature. Loin de se destiner à une carrière dans les arts, malgré des dons de dessinateur évidents, il se tourne vers celle d’enseignant. Mais en 1970, alors que la Croatie connaît des tensions politiques et économiques, sa vie prend un cours nouveau lorsque sa famille décide d’immigrer en Australie. Il poursuit alors ses études à Melbourne. «Je n’ai jamais
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eu l’intention de devenir un artiste professionnel. C’est juste arrivé comme ça, par un accident de la vie, comme tout ce que nous faisons. J’imagine que le tournant a été mon émigration en Australie quand j’avais dix-huit ans. C’est un pays riche qui offre la possibilité de vivre en tant qu’artiste professionnel. C’est là que mon obsession a été récompensée quand j’ai été découvert par le milieu artistique local. Je suis rapidement devenu un artiste à plein temps et le suis depuis 1976. J’ai bien obtenu un diplôme d’art pour le dessin industriel ; c’est lors des ces cours que j’ai découvert l’aquarelle et que je suis tombé amoureux de sa vitesse, de sa spontanéité, de son originalité et de son esprit.» L’aquarelle est une pratique ancienne, utilisée depuis très longtemps en Orient ; les Chinois inventèrent le papier au Ier siècle et perfectionnèrent ensuite la technique de la peinture à l’eau. De grands artistes ont utilisé l’aquarelle au cours des âges, de Dürer et Holbein, aux XVe et XVIe siècles, à William Turner ou John Singer Sargent aux XIXe et début du XXe siècles. Cette méthode demande beaucoup de virtuosité et une exécution technique rapide, requérant des pigments de couleur, du papier et de l’eau. «L’aquarelle a une vie propre et c’est cette qualité qui la différencie des autres disciplines. N’importe quelle autre
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© C.Tanière
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