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RHÔNE-ALPES
Construire En Bois
Cette région est la deuxième en matière de surface ( 2 595 000 ha ), elle représente 15 % de la couverture forestière nationale.
Majoritairement en forêt de production ( 92 % ).
La région produit chaque année, dans ses 342 scieries, 3,3 Mm 3 de bois d’œuvre destinés à la construction. La forêt appartient, à 80 %, à des propriétaires privés regroupés en syndicats.
« Ce n’est pas facile de mobiliser une grande quantité de propriétaires de petites parcelles » témoigne Jean-Pierre Mathé, prescripteur Bois Construction au sein de FIBOIS AURA. En Auvergne, pour 700 000 ha de forêt, on compte 200 000 propriétaires forestiers.
Des résineux et des feuillus
Riches de résineux et de feuillus quasiment dans les même proportions, ces forêts recèlent une essence qui arrive à maturité : le Sapin Blanc, ou Pectiné. « Planté après-guerre pour redensifier les massifs forestiers, il arrive au terme de son cycle. Tombé en désuétude depuis les années 60, au profit de l’Epicéa, le Sapin Pectiné souffre d’un taux d’humidité très élevé, autrement dit, d’un temps de séchage long. Bois de proximité abondant, avec 80 cm de diamètre pour des troncs droits et lisses de 13 m de hauteur en moyenne, l’essence fait l’objet d’une étude de l’interprofession afin d’être caractérisée et d’explorer les usages de ses gros bois.* » Dans l’univers des feuillus, deux essences sont également mises en avant : « Le Hêtre, le Chêne. Le premier est un bois clair que nous essayons de promouvoir en ameublement intérieur. Comme l’essence est locale et qu’elle peut être thermotraitée, certains architectes s’en servent aussi pour habiller les façades » . Quant au Chêne, toutes les variétés ne présentent pas les mêmes qualités. « Depuis des années, beaucoup de grumes partent en Chine pour revenir en France sous forme de parquets et de meubles bon marché. Mais désormais tout bois vendu à l’exportation doit subir au moins une transformation en France pour gagner en valeur ajoutée et mieux se négocier. Ces ventes nous aident parce que l’on ne sait pas quoi faire de tous ces bois, le Chêne est presque aussi présent sur le territoire que les Epicéas et les Sapins. Certaines scieries se sont spécialisées dans sa coupe mais elles sont peu nombreuses comparé aux volumes à transformer. Et cela demande de gros investissements. »
L’utilisation des bois de proximité
Les constructeurs savent l’importance de l’utilisation des bois de proximité, encore plus depuis la mise en place des fiches de données environnementales et sanitaires ( FDES ) et de la RE 2020. Ce sont des sésames vers de nouveaux marchés. C’est le sens de la démarche de l’entreprise Guilhot Construction Bois afin obtenir la certification BTMC™, Bois des Territoires du Massif Central. « Cette certification, validée en 2021, nous aide à aller sur des marchés publics qui exigent un bois tracé » , confirme Chrystel Guilhot. « Plusieurs chantiers ont été obtenus ainsi, à la fois sur notre territoire, et sur des territoires Bois des Alpes puisqu’il y a une équivalence dans le process de traçabilité entre ces deux certifications. Les maitres d’ouvrage publics ont une volonté marqué de bâtir responsable, avec du bois certifié. Ces sont souvent des chantiers, intégrant la dimension bois local, mais aussi techniques faisant appel à des matériaux de type CLT. On vient nous chercher parce que nous sommes certifiés et que nous savons aussi mettre en œuvre le CLT » « Pour nous, travailler avec des bois locaux certifiés, a autant de valeur que de se lancer dans un chantier hautement technique ». Pour autant, comme le reconnait Chrystel Guilhot, travailler avec des essences locales, ne met pas à l’abri des conséquences de l’inflation. « L’inflation s’applique à tous les produits, y compris sur les ressources locales. Aujourd’hui, ce n’est plus le bois qui coûte le plus cher, c’est l’énergie. Celle dont ont besoin les scieurs pour usiner. Le fait de travailler en bois local nous simplifie les transports et amoindrit le coût, mais ne compense pas d’autres augmentations » . Après les années COVID, voici les années " hausse de prix " « avec très peu de possibilité de répercuter sur nos clients » . Les marges des entreprises souffrent. Les premiers mois de 2023 s’annoncent mieux : « nous ressentons une certaine stabilisation des prix, dans le bois surtout » . Beaucoup ont un carnet de commandes plein pour l’année. « Avoir des chantiers, c’est bien, mais le prix ne suit pas le coût de l’inflation. Nous ne pouvons pas répercuter toutes les augmentations. Nous prenons donc sur notre marge. Chez les particuliers, certains suspendent leurs projets en attendant que la situation s’apaise, que les prix redeviennent accessibles car les budgets ne sont pas extensibles et les banques refusent de suivre » . Même constat pour Stéphanie Klinger, responsable communication chez Maisons booa. Mais l’entreprise, adossée au groupe Burger & Cie, affiche plus d’optimisme avec l’ouverture de nouvelles agences à Annecy et BourgoinJallieu. « Comme nos confrères, nous restons
Vidéo : prudents. La demande est toutefois présente et nous souhaitons pouvoir y répondre avec des équipes et agences de proximité. Dans les agences, les primo-accédants ont disparu. A leur place, une clientèle de quadras, voire de quinquas avec de beaux projets. Dans le contexte actuel, ce sont des projets ambitieux avec des volumes importants. Sur le nouveau site de production en place depuis 2019 à Châtenois ( 67 ) pour augmenter la production, les équipes ont doublé. Tous postes confondus, nous sommes aujourd’hui 160 salariés auxquels nous assurons une formation complète en interne » . Stéphanie Klinger, elle-même, est arrivée dans l’entreprise avec un BTS en alternance ; « Je suis passée par tous les services pour en comprendre tous les modes de fonctionnement ; c’était passionnant. Aujourd’hui, cela fait 26 ans et la passion est toujours là » . Former en interne, c’est aussi la solution adoptée au sein de Guilhot Construction Bois « Pour les métiers de la charpente, nous avons besoin de gens extrêmement qualifiés, impossibles à trouver sur le marché de l’emploi. Le système de formation d’excellence, pour nous reste l’alternance. Mais les candidats ne sont pas assez nombreux. Tous les profils sont les bienvenus dès lors qu’ils sont motivés. Nous assurons leur formation en interne avec nos collaborateurs expérimentés » . Pour autant, la filière bois n’a jamais été autant sollicitée. Au sein de l’interprofession, les formations s’annoncent nombreuses pour répondre à ceux désireux de travailler avec le bois. Le Prix régional de la Construction Bois offre une belle visibilité sur la qualité des ouvrages, notamment certains réalisés par des signataires du PACTE Bois-biosourcés.
Webinaire 1 heure pour mieux comprendre... le bois dans l’habitat + Coup de Coeur du public 2022.
Nous ressentons une certaine stabilisation des prix, dans le bois surtout.